helvetas partenaires no. 219 mars 2015

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N o 219 / mars 2015 MAGAZINE PARTENAIRES FOCUS pénurie d’eau – quelles causes, quelles conséquences? TERRE SALÉE la grande soif dans le sud du Bangladesh CAUCASE l’esprit d’entreprise grandit en Géorgie CONCOURS une nuit à gagner au B&B Baumhaus à Fiesch SRI LANKA: APRÈS LE TSUNAMI, LE MANQUE D’EAU

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FOCUS pénurie d’eau – quelles causes, quelles conséquences? +++ TERRE SALÉE la grande soif dans le sud du Bangladesh +++ CAUCASE l’esprit d’entreprise grandit en Géorgie +++ CONCOURS une nuit à gagner au B&B Baumhaus à Fiesch

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Page 1: Helvetas Partenaires No. 219 mars 2015

No 219 / mars 2015

MAGAZINEPARTENAIRES

FOCUS pénurie d’eau – quelles causes, quelles conséquences?TERRE SALÉE la grande soif dans le sud du Bangladesh CAUCASE l’esprit d’entreprise grandit en GéorgieCONCOURS une nuit à gagner au B&B Baumhaus à Fiesch

SRI LANKA:

APRÈS LE TSUNAMI,

LE MANQUE D’EAU

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SOMMAIRE2

SOMMAIRE

HELVETAS – Agir pour un monde meilleur

VISION Nous voulons un monde dans lequel toutes les personnes vivent dignement et en sécurité, de façon autonome et responsable face à l’environnement.

MISSION Nous nous engageons dans des pays en développement pour les personnes et les communautés qui veulent améliorer activement

leurs conditions de vie.

PERSPECTIVESDe là-haut ............................................................................... 04EN CLAIRLa Suisse doit s’engager davantage pour les droits humains ...................................................... 05REPORTAGESri Lanka, 10 ans après le tsunami ........................................... 06FOCUS «PÉNURIE D’EAU – QUELLES CAUSES, QUELLES CONSÉQUENCES?»Détresse hydrique au Bangladesh: l’eau de mer envahit les terres ................................................11Plus de transparence: contre la corruption dans le secteur de l’eau .......................................................... 14Commentaire de l’invitée: Romaine Jean, rédactrice en chef des magazines société RTS .................... 16Années perdues: des maladies de l’eau qui entraînent la sous-alimentation .................................... 17Sur place: des volontaires de Viva Con Agua ont visité un projet pour l’eau au Népal ............................. 18 En savoir plus ......................................................................... 19 ÉVÉNEMENTÉveil en Géorgie: l’esprit d’entreprise comme moteur du développement ..................................... 20SUISSE Une journée peu ordinaire: sous le signe de la solidarité et de l’eff ort .................................................. 23Collectes passionnantes: Zarah Schmidt parle de la campagne Life-Changer .............................................. 25 ACTUALITÉMétéo du développement .................................................... 26Le Manneken-Pis fait sensation .......................................... 26Protéger: SwissRe et Helvetas ensemble contre les dangers du climat ................................................ 27 Pétition pour le climat: dernière ligne droite pour les signatures ............................ 27Agenda ..................................................................................... 27Des parlementaires de Mongolie apprennent de la démocratie suisse ..................................... 28 Les actions des groupes régionaux ....................................... 28 Retour sur le Marché de Noël solidaire 2014 ..................... 28 Impressum .............................................................................. 28Succès théâtral en Afrique de l’Ouest ................................. 29Concours: une nuit à gagner au B&B Baumhaus à Fiesch ....................................................... 29COMMERCE ÉQUITABLEDu shopping, mais équitable! ............................................... 30

Page de couverture: Mahinda Jeevananda

L’eau salubre

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06REPORTAGE

FOCUS

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11litres d’eau de pluie sont nécessaires

pour remplir deux citernes – et permettre ainsi à une famille

d’avoir suffisamment d’eau durant la saison sèche dans

les Sundarbans, sud du Bangladesh.

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FOCUS

3ÉDITORIAL

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HELVETAS Swiss Intercooperation 7-9, ch. de Balexert1219 ChâtelaineTél. +41 (0)21 804 58 00Fax +41 (0)21 804 58 [email protected] 10-1133-7

À secL’eau arrivera-t-elle aujourd’hui ou pas? La question nous hantait presque chaque jour. Il y a 12 ans, en tant qu’ethnologue, j’ai vécu dans une petite ville indienne de l’Himalaya où il en allait pour nous comme pour nos voisins indiens. L’eau ne coulait des robinets que de temps en temps, et nous devions être prêts à remplir rapidement notre réservoir. Ce n’était parfois qu’un filet d’eau. Le système d’approvisionnement était étrange-ment conçu: des grappes de 10, 20 ou 30 tuyaux, un pour chaque mai-son, serpentaient le long des rues. Si la personne en avait les moyens, elle pouvait faire raccorder son tuyau au réservoir d’une façon privilégiée. Et alors que nous devions assez souvent acheter de l’eau au prix fort au camion-citerne, nous pouvions voir, sur le terrain de l’armée proche, comment l’eau se perdait dans le sol en s’écoulant des tuyaux percés. L’eau n’est pas une évidence. Parfois parce que la mauvaise gestion et la corruption ne sont pas loin quand il est question d’infrastructure et de distribution. Nous traitons aussi ce sujet dans notre focus sur l’eau potable.

Susanne Strässle, rédactrice de «Partenaires»

[email protected]

ÉVÉNEMENT

Des petits entrepreneurs-paysans créent des opportunités – et de bonnes affaires – avec un sens du commerce.

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Ben Blumenthal, expert en gouver-nance chez Helvetas, s’exprime sur la cause obscure de la crise de l’eau, sur la méthode d’Helvetas pour l’empêcher dans ses projets et sur les initiatives pour le changement dans les pays partenaires.

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«Dans le secteurde l’eau chacun est confronté d’une façon ou d’une autre à la corruption»

Ben Blumenthal, Helvetas

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4PERSPECTIVES

Le téléphérique de Tahshi-La (en haut), qui monte dans la haute vallée de Khotokha au Bhoutan, a été construit il y a 35 ans. Un conseiller forestier d’Helvetas avait alors planifié que le téléphérique devait transporter du bois mais aussi les récoltes des paysans de la haute vallée et, bien sûr, des gens. C’est une artère vitale pour cette vallée dans la montagne, même si une route forestière y arrive aussi depuis lors. Le téléphérique fonctionne toujours aujourd’hui. C’est le seul du Bhoutan. En Suisse, les téléphériques sont tout autant indispensables pour l’économie de montagne et le tourisme dans les Alpes. Le téléphérique d’Obere Bärchi (en bas) est l’un des 876 que compte la Suisse et l’un des 50 du canton d’Uri, qui détient le plus grand nombre de téléphériques du pays. –SUS

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droit d’opposer le progrès économique aux droits humains.Les droits humains ont été le fruit de luttes souvent acharnées à l’échelle mon-diale pendant des siècles, et ils sont tout aussi indispensables à la communauté suisse. Ils ne protègent pas seulement chacune et chacun de nous, mais garan-tissent aussi une cohabitation pacifi que. Or, nous nous trouvons dans une année électorale et certains milieux n’hésitent plus à compromettre les valeurs et les droits fondamentaux de la société civile, par calcul politique. Cela relève plus que de la simple négligence et mérite d’être clairement rejeté.

Melchior Lengsfeld, directeur d’HELVETAS Swiss Intercooperation

EN CLAIR

La Déclaration universelle des droits de l’homme le postule depuis 1948 avec une force presque poétique: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.» Depuis lors, la communauté internationale a précisé et complété les droits humain à maintes reprises. En 1986 par exemple, l’Assem-blée générale de l’ONU a reconnu que le droit au développement était un droit inaliénable «en vertu duquel toute per-sonne et tous les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un dévelop-pement économique, social, culturel et

politique (…) et de bénéfi cier de ce déve-loppement.»

Ce qui défi nit également le man-dat de base qu’Helvetas s’est attribué: ai-der les individus à mener librement une vie digne dans laquelle leurs droits sont respectés et protégés.

La Déclaration des droits de l’homme comprend trois éléments essentiels: Ils expriment un droit exi-gible de tous. Ils demandent que chacun contribue à sa réalisation. Et ils sont ina-liénables.

Toute personne, sans distinction d’origine, de sexe, de religion, d’édu-cation ou de fortune, a – première-ment – droit à l’eau, à l’alimentation et à l’éducation, aux services de santé, à la participation démocratique et à la liberté d’expression.

La Déclaration des droits de l’homme exige – deuxièmement – de

tous, des gouvernements comme des citoyennes et citoyens, une contribution sous la forme d’un engagement écono-mique, social ou politique. Tous sont appelés à encourager et à défendre leurs propres droits fondamentaux et ceux des autres.

Mais il existe souvent des anta-gonismes entre développement et droits humains. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le progrès n’entraîne pas automatiquement plus de libertés et de droits pour tous. Dans notre travail, nous observons que les droits fonda-mentaux subissent davantage de pres-sion précisément là où il y a croissance économique. Car lorsqu’il y a beaucoup à gagner et à distribuer, les tractations se déroulent volontiers à huis clos. La so-ciété civile est tenue à l’écart et les droits fondamentaux sont limités. De ce fait, il est important – troisièmement – de réaf-fi rmer leur universalité: personne n’a le

«Les droits fondamentaux subissent davantage de pression précisément là où il y a croissance économique»

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DROITS HUMAINS – L’ENGAGEMENT DE TOUS

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Le raccordement à l’eau devant la maison facilite le travail ménager de Sounthary Thamby Rasa.

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7REPORTAGE

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C’est une conséquence peu connue du tsunami de 2004: dans certaines régions touchées, l’eau des puits traditionnels a été rendue saline. Elle est donc devenue impropre à la consommation. Aujourd’hui, un système de conduites amène l’eau potable aux foyers d’une région de la côte orientale du Sri Lanka. Un soulagement pour les familles. Toutefois cet approvisionnement n’est pas gratuit pour les utilisateurs.

Par Christoph Wehrli (texte), Ravindra Ranasinghe et Mahinda Jeevananda (photos)

«Nous avons entendu un bruit fracassant provenant de la mer, raconte Sounthary Th amby Rasa. Une vague immense approchait, alors nous nous sommes mis à courir loin de la côte, aussi vite que possible. Nous avons tous survécu. Mais notre maison a été entièrement détruite.» Pour cette femme, aujourd’hui âgée de 59 ans, et pour toute sa famille, le tsu-nami qui a ravagé entre autres le Sri Lanka le 26 décembre 2004 a marqué un véritable tournant.

Sounthary Th amby Rasa vit avec son fi ls, sa belle-fi lle et leur enfant de quatre ans en bordure de Periyakallar, une localité située sur une péninsule, qui s’étend dans une lagune le long de la côte à 35 kilomètres au sud de Batticaloa. Sa mai-son se trouve au bout d’une des ruelles qui, depuis la route principale, mènent à la mer à travers une zone densément peuplée. Aujourd’hui, Sounthary est veuve. L’un de ses fi ls a été blessé dans un échange de tirs lorsque la guerre civile avait repris en 2006. Alors que le tsunami a suscité une solidarité internationale sans précédent, on sait moins que le confl it qui s’est terminé en 2009, après 25 ans d’aff rontements, par une victoire sanglante des forces gouvernementales, a durement touché les régions côtières à majorité tamoule, déjà dévastées par le tsunami. Cela a rendu les travaux de reconstruction encore plus diffi ciles.

SURVIVANTS

Dix ans après le violent séisme sous-marin dans l’Océan in-dien, deux marques bien visibles subsistent sur la côte orien-tale du Sri Lanka gravement touchée. Premièrement, on re-marque les maisons et les quartiers érigés pour les sans-abris avec l’aide internationale. Puis, à deux pas de la mer où toute construction est interdite depuis 2005, on ne cesse de tomber sur des ruines et des débris. Pour ce qui est des cases ou des maisons modestes, il ne reste souvent au mieux que les fonda-tions et les sols; en revanche, certains murs des constructions plus robustes à deux étages se dressent encore, comme fou-droyés par une puissance dévastatrice. Dans les palmeraies, le contraste entre la vie et la mort est saisissant. Une femme, qui, avec sa famille, a bénéfi cié d’un nouveau foyer à l’intérieur des terres près de la ville de Batticaloa, dit n’être jamais retournée sur les lieux où elle a perdu sa mère. Mais, particulièrement pour les pêcheurs, la proximité de la mer est indispensable et, en dehors de la zone tampon interdite d’accès, les gens sont généralement restés sur leurs parcelles.

Première connexion au réseauLa famille de Sounthary a pu construire sa nouvelle maison grâce à l’aide internationale, aux fonds publics et à ses propres moyens. Juste à côté se dresse encore la case aux murs de tôle

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8REPORTAGEREPORTAGE

ondulée et treillis de feuilles de palmier, ayant servi pendant deux ans et demi d’abri d’urgence. Le puits communautaire qui se trouve sur la parcelle représente, comme pour un bon tiers de la population du Sri Lanka, la source habituelle d’eau potable. Mais l’eau est ici souvent insalubre et ne peut être utilisée que pour arroser les plantes du jardin. Le tsunami a apporté une telle quantité d’eau de mer et d’eau saumâtre dans les bassins aquifères que l’eau du puits, du moins durant la saison sèche, reste très salée. Il est donc vital que le nouvel approvisionnement en eau parvienne aussi jusqu’aux habita-tions limitrophes par un système de canalisations.

Après la catastrophe, l’agence étatique de l’eau a ma-nifestement bien fait de connecter les localités concernées au réseau des communes voisines, plutôt que de miser sur une prompte régénération de la nappe phréatique. Depuis Periya-kallar en direction du nord, la route principale mène par un pont à l’île de la lagune de Koddaikallar. Désormais, l’eau de Periyakallar et de Koddaikallar, les deux vil-lages de la lagune, provient du district voisin d’Ampa-ra, plus au sud. Helvetas a fi nancé le projet à hauteur d’environ un million de francs, dont 80% provenant de la Chaîne du Bonheur. 41 kilomètres de canalisations, qui desservent 2700 ménages, ont été installés. Avant ces travaux, terminés à la fi n 2007, l’eau po-table était transportée par camion-citerne, puis acheminée par des petits véhicules dans les ruelles étroites jusqu’aux citernes des quartiers. Les habitants s’y ravitaillaient à l’aide de seaux et de bouteilles pour répondre aux besoins les plus urgents.

Financement de l’entretien Aujourd’hui, sur presque toutes les parcelles, on voit une conduite qui sort du sol avec un robinet fi xé à un montant. Sounthary Th amby Rasa dispose elle aussi d’un tel robinet à côté de sa maison. Si elle doit cuisiner ou faire la vaisselle, elle transporte l’eau dans sa cuisine avec des seaux; une simple cabane en plein air sert de salle de bains. L’amélio-ration apportée par l’eau courante a cependant un prix. Pre-mièrement, les propriétaires ont dû payer le dernier bout de conduite pour leur raccord personnel. Pour les plus démunis, la taxe ne se monte qu’à un petit tiers du tarif normal; ceux qui ont perdu leur maison à cause du tsunami, à l’instar de Sounthary, ont dû débourser encore moins d’argent, l’équi-valent d’environ 45 francs. Deuxièmement, tous les utilisa-teurs d’eau doivent s’acquitter de taxes de consommation. Le tarif est fi xé en fonction de la situation sociale des familles. On procède chaque mois au relevé du compteur et à l’établis-sement d’une facture.

Monsieur Arulpragasam, chef des autorités locales de la ges-tion des eaux, qui participait déjà au projet, semble très satis-fait du fonctionnement du système. Les recettes permettent non seulement de fi nancer la gestion de l’approvisionnement en eau, mais également son entretien. Personne n’ignore que les infrastructures mises en place avec l’aide internationale menacent, après un certain temps, de se désintégrer pour ainsi dire «naturellement». Le chef de la gestion des eaux estime la durée de vie du réseau de canalisations à cent ans. «Les dégâts peuvent nous être signalés sur une hotline, et nous les faisons réparer aussi rapidement que possible», assure-t-il. De plus cette année, l’approvisionnement en eau deviendra plus fi able là où il n’est pas garanti toute la journée pendant la saison sèche et où il est sujet à des interruptions. Les pertes en eau se situent dans la moyenne nationale. La proportion qui se monte chaque mois entre 8 et 29% peut paraître élevée, mais

en Suisse aussi la perte d’eau potable atteint en moyenne 15%.

Pour que les consom-mateurs paient leurs fac-tures, il existe un système clair de sanctions. Les coûts de l’eau pour un ménage s’élèvent en moyenne à quelque 200 roupies, soit CHF 1.50 par mois, soit la

valeur de trois kilos de riz environ. Lorsqu’une personne doit plus de 2000 roupies, ce qui correspond environ au total des factures de dix mois, l’arrivée d’eau est coupée. Deux mois plus tard, le raccordement est démonté, car les autorités craignent que l’eau ne soit prélevée en amont du compteur. Monsieur Arulpragasam connaît précisément le nombre de personnes concernées: il s’élève à 5% de tous les ménages.

Alors que nous visitons un quartier de Periyakallar, nous tombons sur une parcelle où tout ce qui reste du rac-cord d’eau est le montant en béton. Le fonctionnaire ne peut pas s’occuper de la plainte de la ménagère. Son mari travaille comme surveillant dans un hôtel à Batticaloa et gagne quelque 10 000 roupies (CHF 75) par mois. Les 200 roupies semble-raient donc à priori abordables. Certaines familles mettent les priorités ailleurs ou ont un accès à une source d’eau alterna-tive (voir ci-après «4 questions à…»). Cette famille de quatre personnes utilise principalement l’eau du puits des voisins. Certains habitants sont toutefois mieux lotis. Par exemple, un voisin a installé, pour lui et sa femme, un petit réservoir qui permet de compenser les coupures d’eau. Pour l’arrosage du jardin très luxuriant, un puits et deux pompes à eau sont utilisés.

Sounthary Th amby Rasa s’acquitte des taxes courantes sans se plaindre. «Le prix est abordable», déclare la femme, fi nancièrement dépendante de ses fi ls. L’un travaille à l’étran-

«Nous avons entendu un bruit fracassant provenant de la mer, alors nous nous sommes mis à courir aussi vite que possible»

Sounthary Thamby Rasa, survivante du tsunami de 2004

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Dix ans après le tsunami: Christian Oswald (au centre à d.) évalue l’impact des projets.

La pêche fait vivre de nombreuses familles.

L’eau du robinet: innovation dans le village!

Les prises sont variables, les revenus aléatoires.

La zone tampon avec la plage est inhabitée depuis le tsunami. Un réseau d’eau approvisionne maintenant les habitants de Kallar.

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ger dans un Émirat arabe, l’autre gagne sa vie comme pêcheur. Mais sans son propre bateau, il n’obtient qu’une modeste part des gains, qui sont très variables. La famille paie aussi régu-lièrement l’électricité. «On en a besoin pour la télévision et pour recharger le téléphone portable», explique Sounthary non sans un sourire. La cuisine en revanche se fait au bois. Mais Sounthary tient plus encore à l’eau potable qu’à l’électri-cité. Elle est satisfaite du service étatique. «La qualité de l’eau est bonne, confi rme-t-elle. Une seule fois l’eau était laiteuse à la sortie du robinet, on ne pouvait pas la boire.» Une surdose de chlore avait été ajoutée par erreur. Si elle se souvient de cet épisode, il ne s’est toutefois plus reproduit et remonte à longtemps.

Christoph Wehrli, un ancien rédacteur de la NZZ qui s’occupait notamment des questions de développement, s’est rendu au Sri Lanka, dans les régions dé-vastées par le tsunami, en novembre 2014. Il a accompagné Christian Oswald, coordinateur des projets d’Helvetas au Sri Lanka jusqu’à sa retraite à la fi n 2010, qui a entrepris un voyage d’évaluation sur mandat d’Helvetas. Ce projet d’alimentation en eau a été clos à la fi n 2007.

Traduit de l’allemand par Elena Vannotti

Jusqu’en 2010, vous avez notamment coordonné le programme d’Helvetas au Sri Lanka; vous venez de vi-siter d’anciens projets. Pourquoi, puisque la reconstruc-tion suite au tsunami est terminée depuis longtemps?Une visite six à sept ans après l’issue d’un projet est tou-jours révélatrice et devrait être effectuée plus souvent dans le cadre des projets de reconstruction, mais aussi des pro-jets de développement classiques. On ne peut donner une réponse concluante à la question de la durabilité qu’après plusieurs années.

Comment l’engagement pour l’approvisionnement en eau a-t-il vu le jour à Periyakallar et Koddaikallar?Helvetas travaillait depuis des décennies au Sri Lanka dans le domaine de l’approvisionnement en eau et avait établi des relations avec l’agence étatique de l’eau. Cette dernière voulait étendre le réseau à Kallar, où le tsunami a rendu les puits largement inutilisables. Il était logique de s’engager. Helvetas a pris en charge le financement et a fourni une assistance technique à l’agence de l’eau avec un ingénieur en eau et un conseiller technique externe. C’était un coup de chance que l’agence de développement danoise se soit associée au projet, qu’elle permette l’intégration d’autres villages et construise une tour de réserve d’eau. En outre, le Japon a reconstruit le pont détruit, de sorte qu’aucune structure porteuse n’a dû être construite pour les conduites de l’autre côté de la lagune.

questions à Christian Oswald, ancien coordinateur de programme pour le Sri Lanka

Quelle est votre impression sur l’approvisionnement en eau après sept ans de mise en service?J’ai pu constater avec joie que le système fonctionne à l’entière satisfaction des habitants et des autorités. La qualité de l’eau, le nombre de réparations et les ha-bitudes en matière de paiement

se situent dans les limites usuelles du Sri Lanka.

Aujourd’hui, il faut payer des taxes sur l’eau potable. Une partie de la population n’y semble pas disposée et perd par la suite le raccordement à la canalisation. Hel-vetas aimerait pourtant aider les plus démunis…Avec un pourcentage de 4 à 5%, le nombre de raccorde-ments démontés en raison de factures impayées est mi-nime. J’ai rendu visite à de telles familles: elles sont parfois prêtes à payer les taxes d’électricité nettement plus élevées, pour un téléviseur par exemple. La plupart du temps, elles peuvent puiser de l’eau chez un voisin ou un parent, ou tirer une eau de moins bonne qualité à un puits. Les taxes sont fixées en fonction du revenu. Elles garantissent que l’entre-tien du réseau soit financé et que les consommateurs uti-lisent l’eau potable avec parcimonie.

Arrivée d’eau: la reconstruction a permis des améliorations.

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11FOCUS

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FOCUS Pénurie d’eau – quelles causes,

quelles conséquences?

Procédure de base: Protap Mazumder nettoie et désinfecte le réservoir d’eau de pluie.

Par Susanne Strässle

Le spectacle pour les voisins vient à la fi n. Protap Mazumder enlève sa che-mise, retrousse son dhoti, genre de sarouel traditionnel des hommes, et le noue en une sorte de short, puis se lave de la tête aux pieds. Il enveloppe ensuite ses pieds avec des sacs en plastique qu’il fi xe soigneusement. De plus en plus de curieux arrivent lorsque Protap grimpe dans l’énorme citerne en ciment pour l’essuyer avec un chiff on humide. Rumi Hossain Sakhawat, l’instructeur, presse un citron dans un bol qu’il lui tend. Pro-tap disparaît à nouveau dans la citerne et frotte les parois avec le jus de citron. «Quelle chaleur là-dedans», dit-il en réapparaissant.

Cette petite démonstration a montré à Protap comment il devra net-toyer les citernes de récupération d’eau chaque année avant la saison des pluies, afi n de préserver la qualité de l’eau. Presque tout le hameau s’est maintenant rassemblé devant la maison de Protap. L’occasion pour Rumi de faire une leçon sur les questions de l’eau et de l’hygiène – et de vanter les réservoirs fabriqués dans son atelier. Il incite les spectateurs à aller chercher des échantillons d’eau chez eux puis il démontre, en bran-dissant son appareil de mesure devant leurs yeux, combien l’eau qu’ils puisent dans les étangs est contaminée par les bactéries.

Pour les gens de la région au nord des Sundarbans, ce n’est pas une bonne nouvelle. Ils doivent déjà s’estimer heu-reux d’avoir accès à l’eau. Dans certains

CITERNE SALUTAIRE

Dans le sud du Bangladesh, les habitants sont entourés d’eau. Pourtant ils en manquent cruellement.

villages, les habitants doivent l’acheter au prix fort à des bateaux-citernes. Dans le sud du Bangladesh, la pénurie d’eau est aiguë, qui plus est dans une région où le ciel se refl ète dans les étangs et les canaux, où que le regard se porte. Mais les rives et les bords de ces eaux ne sont pas verdoyantes comme on pourrait s’y attendre sous les tropiques. Les terres sont dénudées, dures comme de la pierre et tellement sèches que de profondes fi s-sures creusent leur surface. Et lorsqu’on y regarde de plus près, on découvre la fi ne croûte blanche qui les recouvre – le sel.

Toute la terre pour les crevettesEn raison des inondations et des cy-clones qui se produisent régulièrement, l’eau salée de l’Océan indien pénètre

profondément dans la terre ferme, ren-dant les sols infertiles et les réserves d’eau douce impropres à la consomma-tion.

Par ailleurs, depuis les années 1980, le sud du Bangladesh est devenu l’eldorado de l’élevage de crevettes, la deuxième plus grande industrie d’ex-portation du Bangladesh. Les innom-brables et longs bassins scintillant au soleil servent à l’élevage. Les prises de crevettes fi nissent aussi chez des grands distributeurs suisses. Le mana-ger du projet Helvetas, Mostafa Kamal, explique que les catastrophes naturelles feraient le jeu des grands investisseurs qu’il surnomme «les hommes musclés». Les champs des paysans se salinisent et les récoltes de riz deviennent si maigres

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Les cuves faites sur place ne sont pas très lourdes et elles sont stables, ce qui facilite le transport.

Le sel rend les sols stériles.

qu’elles nourrissent une famille quelques mois au plus. Beaucoup de paysans sont ainsi prêts à consacrer leur terre à l’éle-vage. Lorsqu’ils résistent, des barrages sont sabotés intentionnellement pour que l’eau salée inonde les champs et les rende non cultivables. Mais le boom des crevettes est aussi à l’origine de l’aug-mentation des inondations: comme la mangrove est toujours plus défrichée, l’eau salée peut pénétrer plus profondé-ment dans la terre.

De l’eau pour le nouveau membre de la familleProtap Mazumder ne dépend pas direc-tement de la fertilité de la terre. Il pour-voit aux besoins de sa famille en tra-vaillant comme couturier. Et pourtant, sa mère se met brusquement à pleurer quand nos questions portent sur la vie au village. Elle a vu trop de souff rance. Cette famille hindoue a été chassée du Bangladesh en 1971 et a perdu tous ses biens. Elle a osé revenir des années plus tard, mais sans la moindre ressource. La vieille femme parle des cyclones dévas-tateurs. Lors de la dernière grande tem-pête en 2011, durant la nuit, avec l’eau arrivant jusqu’à la taille, ils ont fui pour échapper à la mort. La maison a été

détruite. Les fl ots salés ont desséché les arbres fruitiers et le jardin. Sans parler des problèmes d’eau potable.

C’est Sagarika, l’épouse de Pro-tap, qui en parle: «Mon mari et moi al-lons chercher l’eau dans un étang, situé à une demie heure d’ici. Mais l’eau n’y est pas assez propre.» Sagarika le sait. «Sur-tout pour les enfants. Notre fi lle Prianti a parfois la diarrhée et mal au ventre. Mais nous n’avons pas le choix.» De plus, en divers endroits du Bangladesh, les nappes phréatiques contiennent de l’ar-senic, un empoisonnement sournois. Ces jours, Protap doit exceptionnellement se rendre seul à l’étang. Sagarika arrive au terme de sa deuxième grossesse. «Main-tenant que le bébé va naître, quelque chose doit changer», dit Protap. Nous avons réfl échi et choisi d’acquérir deux citernes de récupération d’eau de pluie.»

Une bonne solutionL’eau de pluie collectée peut fournir l’eau potable à une famille durant toute la saison sèche. Lorsque les familles vivent proches les unes des autres, elles forment des groupes d’utilisateurs dans le cadre du projet d’Helvetas «Panii Jibon» (l’eau est la vie) et creusent de vastes bassins communautaires où l’eau

peut s’accumuler derrière des remblais; on la récupère avec des pompes couplées à des fi ltres à sable. Mais dans une petite agglomération isolée comme celle de Kathaltala, où vivent Protap et Saga-rika, il faut des solutions individuelles.

L’usage des citernes d’accumula-tion est alors la réponse la plus appro-priée. La petite entreprise Skywater, dont l’instructeur Rumi est le patron, existe déjà depuis quelques années. La citerne a été développée et perfection-née par un professeur japonais engagé. Aujourd’hui encore, il passe régulière-ment. Le récipient est à la fois léger et solide, durable et hygiénique, d’une forme semblable aux cuves tradition-nelles et d’une grande contenance. Il est facile d’entretien et peut être fabriqué

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La famille est heureuse d’avoir de l’eau propre. Les mesures d’hygiène font partie du projet.Les tuyaux sont installés rapidement.

localement par des artisans chevronnés. C’est un plaisir de les regarder assem-bler les matrices, les couvrir de glaise et de papier journal, puis d’une couche de ciment. Finalement ils frottent le récipient avec une bande de celluloïd de vieux fi lms bangladais pour en égaliser la surface. Lorsque le ciment a durci, ils humidifi ent de nouveau la glaise et retirent les morceaux de la matrice du récipient, qui peut maintenant fi nir de sécher à l’air libre.

Le prix des citernes est tout à fait abordable pour les familles aisées. Les familles plus pauvres, et elles sont nombreuses ici, reçoivent un soutien fi -nancier d’Helvetas et payent 23 des 117 francs prévus pour deux cuves de 1000 litres. L’investissement des familles est décisif, comme le souligne Mustafa Kamal. Au Bangladesh, après des catas-trophes naturelles, on a trop souvent installé dans l’urgence une panoplie d’appareils de secours, pompes ou ré-servoirs qui se détérioraient rapidement car personne n’en était responsable. Ka-mal ne se lasse pas de le répéter aux fa-milles et lors des rassemblements. «Ceci n’est pas un projet de bienfaisance. C’est votre investissement, votre responsabi-lité! Nous vous montrons une alterna-

tive à la pénible corvée d’eau et ce que pouvez faire du temps gagné.»

Helvetas veille à ce que l’infor-mation sur la récupération d’eau de pluie se répande dans les villages et l’associe à une introduction d’installations sani-taires simples. De plus, l’équipe présente aux familles paysannes des sources de revenus alternatives, comme la culture de plantes résistantes au sel ou la pisci-culture saisonnière dans les bassins entre les remblais nouvellement aménagés.

Un chant signale l’arrivée des artisansLes deux réservoirs pour la famille de Protap ont été livrés le matin avant la démonstration sur l’hygiène. Les arti-sans ont arrêté au carrefour leur moto de transport à trois roues. Les réservoirs, qui avaient été fi xés sur de vieux pneus de camion, ont été déchargés et roulés sur l’étroite piste cahoteuse jusqu’à la mai-

son. On entendait les artisans de loin, car ils chantaient pour rester en rythme.

Une à deux heures plus tard, les réservoirs étaient installés. Un tuyau fendu glissé sur le bord du toit de tôle ondulée de la maison sert de gouttière. Les citernes sont reliées par des tuyaux et un déversoir, et les robinets en plas-tiques sont fi xés dans les ouvertures prévues à cet eff et. Protap Mazumder est satisfait. «À l’arrivée de la mous-son, ils se rempliront très rapidement.» Pendant quinze ans encore, Rumi pas-sera chez la famille avec son appareil de mesure pour vérifi er la qualité de l’eau collectée. Ce service est compris dans le prix d’achat.

La mère de Protap a elle aussi sui-vi l’opération de nettoyage. Elle s’essuie les yeux avec un coin de son sari et ose un sourire. Son fi ls l’entoure d’un bras et la serre contre lui. Curieuse, Prianti, la petite fi lle de sept ans, inspecte à son tour les étranges nouveaux ballons de ciment devant sa porte. La mousson peut arriver. Et le bébé aussi.Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

Découvrez comment les citernes sont fabriquées et montées pas à pas: www.helvetas.ch/eaudepluie

«Maintenant que le bébé va naître, quelque chose doit changer»

Protap et Sagarika Mazumder

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Par Susanne Strässle

L’eau semble être ce qu’il y a de plus clair au monde: la raison évidente du manque d’eau est la sécheresse. Et là où il y a de l’eau propre, le principal problème de l’humanité est résolu. C’est pourtant loin d’être aussi simple. Le secteur de l’eau potable exige une infrastructure, des investissements considérables et une importante administration, si bien qu’il prête le fl anc à la corruption. Si une population n’a pas d’eau propre, c’est rarement par manque de sources, mais plutôt par absence de planifi cation transparente et démocratique.

La corruption provoque la pénurie«La corruption rend l’eau non potable, inaccessible et hors de prix», spécifi e

Mozambique – renforcer la collaborationAu Mozambique, où Helvetas soutient la construction de puits locaux, l’adminis-tration piétine. Les autorités responsables sur le plan national, régional et local agissent sans se concerter. Le budget des infrastructures ne comporte pas les sommes prévues pour le secteur de l’eau. Les flux financiers sont totalement opaques et peu fiables, et les fonctionnaires mal formés. Une meilleure collabo-ration entre les différentes autorités et un contrôle renforcé par la société civile devraient débloquer la situation. «Une plus grande transparence sert aussi les intérêts des autorités, car c’est le seul moyen de disposer des fonds nécessaires à leurs tâches», explique Ben Blumenthal. Au Mozambique, Helvetas cherche à collaborer aussi avec des organisations de la société civile: «Nous devons at-teindre une masse critique pour exiger des preuves de réalisations de la part du gouvernement.» Un succès important a été obtenu en 2014, lorsque tout le pays a crié au scandale après la décision du Parlement d’affecter les énormes recettes de l’extraction de pétrole non pas au bien public mais à des projets personnels obscurs. Avec d’autres ONG, Helvetas a écrit une lettre ouverte au gouvernement et a obtenu que les fonds soient utilisés pour des projets de déve-loppement, notamment l’accès à l’eau. Le débat sur la juste répartition des fonds publics est ouvert.

PLUS DE TRANSPARENCE

Aussi révoltant que cela puisse paraître, la corruption sévit même pour des denrées aussi vitales que l’eau. Des outils de lutte efficaces existent, Helvetas les utilise dans tous ses projets liés à l’eau. Mais les défis sont considérables et diffèrent selon les pays.

Transparency International dans son rapport de 2008. L’organisation de lutte

anti-corruption va encore plus loin en affi rmant que «la corruption dans le

secteur de l’eau est la cause et le point de départ de la crise mondiale de l’eau.» La Banque mondiale estime pour sa part que 20 à 40% des fonds aff ectés à ce secteur sont engloutis dans des aff aires frauduleuses. La corruption renchérit d’un tiers le raccord à l’eau d’un foyer. Ainsi, les ménages pauvres de Jakarta, Lima, Nairobi ou Manille paient plus pour leur eau que les habitants de New York, Londres ou Rome.

Des malversations peuvent avoir lieu à chaque niveau de l’approvisionne-ment et du traitement de l’eau: crédits d’infrastructures atterrissant dans des poches privées, contrats attribués en sous-main, revenus des taxes détournés. Les autorités ferment les yeux quand

«La corruption et la mauvaise gestion doivent être abordées différemment selon le contexte»

Ben Blumenthal, Helvetas

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Népal – planification contre la mauvaise gestionAu Népal, les projets à long terme d’Helvetas pour l’eau sont gérés démocrati-quement. Les budgets sont affichés publiquement et, lors des réunions commu-nales, les responsables doivent rendre compte de toutes les dépenses prévues et effectuées. Favoriser une offre surfaite ou trop facturer un travail mal exécuté apparaît vite au grand jour.En 2014, pour la première fois, le ministre concerné l’a reconnu publiquement: «Oui, nous avons un problème de corruption dans le secteur de l’eau.» Avec l’aide d’Helvetas, le gouvernement veut introduire des mécanismes pour une meilleure gouvernance dans ce secteur. Ce qu’Helvetas pratique depuis long-temps doit valoir aussi pour les autorités locales: les projets régionaux et locaux liés à l’eau doivent être rendus publics et toutes leurs données accessibles. L’engagement d’Helvetas va encore plus loin: les radios et les journaux doivent assumer leur rôle critique et rapporter sur le déroulement des projets. Le Népal a l’avantage de compter de nombreux comités locaux et organisations critiques à l’égard du gouvernement. C’est sur cette base que le pays peut s’appuyer.

une entreprise fournit un mauvais tra-vail pour une facture élevée. Des pres-tataires livrent de l’eau de piètre qua-lité sans être inquiétés. Des atteintes à l’environnement causées par des entre-prises ne sont pas sanctionnées. L’argent est investi dans les quartiers riches des villes plutôt que dans des régions ru-rales pauvres.

On triche même sur les petits chantiers locaux. Le népotisme est à l’œuvre lors de l’acquisition du matériel. Les responsables villageois détournent des matériaux de construction pour leur propre usage ou poussent des ONG locales à construire un puits à côté de leur maison. De petits délinquants bradent des tuyaux ou des machines aux ferrailleurs.

Prévenir vaut mieux que guérirCombattre la corruption dans le sec-teur de l’eau n’est pas évident, car l’État a souvent le monopole et la charge de l’infrastructure. Démasquer la corrup-tion peut être lourd de conséquences pour un fonctionnaire honnête, car de nombreux acteurs sont impliqués.

Helvetas parvient pourtant à contenir le risque de corruption dans ses projets sur le terrain. Les équipes locales travaillent en étroite collaboration avec la population et les autorités locales. Le meilleur moyen de lutter contre la corruption dans le secteur de l’eau est d’empêcher son apparition. Pour ce faire, des instruments effi caces existent, qui sont d’une simplicité déconcer-tante: 1. Transparence et participation 2. Responsabilités claires et obligation de rendre des comptes 3. Autorités de surveillance formées et engagées. Prendre des mesures anti-corruption va de soi pour Helvetas dans ses projets pour l’eau: les contrats font l’objet d’une adjudication publique, les off res sont comparées, et les responsables rendent compte de leurs dépenses.

Outre dans ses projets, Helvetas soutient la lutte anti-corruption dans ses pays partenaires. Elle a rejoint le réseau pour l’intégrité de l’Eau WIN, fondé par Transparency International

pour lutter contre la corruption de l’eau à l’échelle mondiale. Tandis que WIN fonctionne comme un laboratoire de ré-fl exion, Helvetas teste l’application des idées et des outils dans un programme, accumulant des expériences profi tables à d’autres, notamment à des ONG, des sociétés actives au niveau international ou des autorités locales.

«Toutes les personnes impliquées dans le secteur de l’eau sont confron-tées d’une manière ou d’une autre à la corruption. Mais nul ne veut en parler. Il faut amener des changements pour que la situation évolue», déclare Ben Blumenthal, conseiller en bonne gou-vernance chez Helvetas et pour le pro-

gramme WIN. Financé par la DDC, ce programme est un champ d’expérimen-tation important. «La corruption et la mauvaise gestion ont des causes mul-tiples et doivent être abordées diff érem-ment selon le contexte.» Trois pays dans lesquels Helvetas mène des projets liés à l’eau jouent un rôle de pionniers: le Gua-temala, le Mozambique et le Népal (voir encadrés dans le texte).

Apprendre et partagerBen Blumenthal est convaincu par le programme WIN: «Avec relative-ment peu de moyens, nous ouvrons de nouvelles voies prometteuses.» Il est confi ant lorsqu’il voit avec quelle éner-

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L’eau qui rend aveugle

Il est des causes qui touchent d’en-trée, des causes qui captent l’atten-tion du monde. Ebola en est une et les risques de contamination mon-diale ont sans doute accéléré la découverte d’un vaccin. Il en va dif-féremment de l’eau. L’eau coule de source. L’eau coule dans les douches des clubs de vacances, de Mar-rakech ou d’Abidjan. L’eau n’est pas un problème «grand public», comme on le dit dans les médias. Et pour-tant le scandale est immense! Je l’ai découvert pour la première fois, en 1983, au Burkina Faso du comman-dant Sankara. «La patrie ou la mort, nous vaincrons!», criaient en riant les marchands de Bobo Dioulasso. Pour Sankara, il n’y aura pas de victoire mais la mort.

Un jour, alors que nous nous prome-nions à moto, un groupe d’enfants s’est approché de nous. Parmi eux, une magnifique petite fille, les yeux fermés purulents. C’est le trachome, nous a expliqué en soirée une sœur de la pension où nous logions. Le tra-chome, maladie du Sud, de la pauvre-té, de l’eau sale, qui entraîne la cécité à l’âge adulte.

Selon l’OMS, 150 millions de per-sonnes dans le monde souffrent de cette maladie infectieuse. En 2000, lors du sommet des Objectifs du Mil-lénaire pour le Développement, les nations se sont engagées à réduire de moitié jusqu’en 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable. Ce but a heureusement été atteint. Aujourd’hui pourtant, je crains que la petite fille du Burkina ne soit devenue aveugle, en silence.

Romaine Jean Rédactrice en chef des magazines société RTS

Commentaire de l’invitée

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Guatemala – tous autour de la tableAu Guatemala, aujourd’hui comme hier, de nombreuses personnes pensent que l’eau est un don de Dieu offert. Le fait que des infrastructures qui fonctionnent ne soient pas gratuites suscite peu de compréhension, ce qui est facilement concevable quand les gens ignorent où passent leurs taxes sur l’eau. Helvetas veut rassembler tous les acteurs de l’approvisionnement en eau. Les autorités, les prestataires étatiques et privés ainsi que les utilisateurs doivent planifier et contrôler ensemble que les crédits sont réellement investis et que les taxes servent à la maintenance des équipements. Les résultats des contrôles doivent être publiés, les faiblesses corrigées et les résultats vérifiés. Le perfectionne-ment doit permettre aux autorités de remplir leur devoir de surveillance. Des comités d’utilisateurs, chargés de veiller sur la gestion de l’eau et des taxes, ont été fondés aussi au Guatemala.

gie et quelle fi erté les collaborateurs locaux s’engagent pour combattre la corruption dans leur pays.

Selon lui, trouver les mots justes dans le dialogue avec les autorités pu-bliques est central: «La corruption est un thème délicat, et nous l’abordons avec discrétion. Nous ne parlons jamais de corruption mais de ce que nous voulons améliorer et renforcer.» Pour obtenir des résultats, il faut gagner les autorités à la cause de la transparence et bâtir la confi ance.

Toutes les parties impliquées dans le secteur de l’eau doivent profi ter de telles expériences. À cet eff et, les équipes d’Helvetas élaborent un guide de travail pour chaque pays. Il réunit des études et des faits sur la corruption, les outils effi caces pour la combattre ainsi que des lois et des lignes directrices. Souvent, les autorités compétentes ne savent pas exactement quelles sont leurs tâches et comment les remplir. Grâce à ce savoir-faire, la responsabilité et le sens du de-voir peuvent se développer.Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle

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Croissance retardée

ANNÉES PERDUES

L’eau sale peut tuer. Même quand des enfants survivent à des maladies hydriques, beaucoup d’entre eux souffrent de malnutrition, par la suite. Ce qui leur vole de précieuses années de vie.

À VIE

Une des causes centrales, mais souvent oubliée, de la sous-alimentation est l’eau sale et le manque d’hygiène. Les diar-rhées sont à l’origine de la malnutrition de la moitié des enfants. Chaque année, 500 000 enfants meurent encore de maladies diarrhéiques. Mais ces chiffres

Défenses immunitaires fragilisées

Vulnérabilité aux infections

(par ex. intestinales et

pulmonaires)

Apport nutritionnel réduit

Développement intellectuel affecté

Mauvaise santé

L’évolution du poids d’un petit enfant dans un village maya au Guatemala: dès que le temps de l’allaitement est passé, la diarrhée devient un problème récur-rent qui empêche un développement en bonne santé.

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ne dessinent que la moitié du tableau: les personnes qui survivent souffrent en-suite souvent d’une santé précaire, qui compromet leur développement et dimi-nue la durée de leur vie. Selon des esti-mations de l’OMS, des millions d’années de vie en bonne santé sont perdues.

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Par Hanspeter Bundi

Alors que plusieurs mois ont passé, Daniela Brunner continue de vanter le climat merveilleux du pays, l’accueil chaleureux de la population, la beauté des rizières et la diversité ethnique. Res-ponsable chez Viva con Agua de la col-laboration avec les organisations sou-tenues dans le secteur de l’eau, Daniela Brunner a accompagné six jeunes âgés de 21 à 27 ans qui récoltent régulièrement de l’argent destiné aux projets d’Helvetas pour l’eau. Viva con Agua est un réseau ouvert de personnes et d’organisations qui s’engagent en faveur de l’accès à l’eau potable et à des installations sani-taires décentes. Viva con Agua mène des actions créatives de récolte de fonds lors d’événements musicaux, artistiques et sportifs. L’organisation s’est fait connaître en collectant des gobelets consignés dans des festivals de musique. Ce voyage au

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PLUS MOTIVÉS QUE JAMAIS

Népal, à leurs frais, était l’occasion pour les bénévoles de voir par eux-mêmes ce qu’il advient de l’argent récolté.

Accompagnés par Mohan Bhatta d’Helvetas Népal, les jeunes ont passé cinq jours dans les montagnes de l’ouest du pays. Ils ont visité plusieurs villages, ont dormi et mangé dans des familles. Ils ont vu pourquoi des villages ont dé-cidé de construire des latrines et se sont fait expliquer comment les habitants planifi ent, réalisent et entretiennent en-semble leur réseau d’adduction d’eau. Ils ont aussi pu constater les changements culturels. Comme le révèle leur carnet de voyage, le groupe a été très impres-sionné par l’abandon progressif de la tradition de la chaupadi, qui veut que les femmes doivent s’isoler dans une étable, un abri ou la forêt pendant leurs règles, du fait de la sensibilisation à l’hygiène.

Les participants au voyage se sont demandé s’il était juste de fi xer un prix pour l’eau alors qu’elle était gra-tuite auparavant, si une organisation de développement avait le droit d’infl uen-cer des coutumes comme la chapaudi ou si le développement n’allait pas trop vite. Mona Sherpa, la directrice de pro-gramme suppléante d’Helvetas Népal, s’est montrée ravie de l’échange avec ses

De jeunes bénévoles de Viva con Agua sont allés au Népal pour voir ce que devient l’argent qu’ils récoltent dans des festivals en Suisse.

visiteurs: «Arrêtons de nous plaindre de la passivité et de l’égoïsme de notre jeunesse. Voilà des jeunes qui aff rontent activement les problèmes d’un pays en développement, en faisant preuve d’es-prit critique», a-t-elle commenté.

La plupart des questions posées ont reçu des réponses: les consomma-teurs savent que la taxe sur l’eau est utili-sée pour l’entretien. Helvetas n’intervient pas directement, mais travaille avec des organisations locales qui remettent en question les traditions discriminatoires. Elle accorde le temps nécessaire à la po-pulation, et ne fi nance la construction de conduites d’eau que si une procédure bien organisée a permis à tous les acteurs concernés de s’exprimer.

À la fi n du voyage, Mona Sherpa n’était pas la seule à être enthousiaste: les membres de Viva con Agua sont ren-trés en Suisse comblés et épatés. «Nous avons parlé avec beaucoup de monde et avons constaté une chose: l’approvision-nement en eau est porté par les Népalais. Ce sont vraiment leurs projets», résume Daniela Brunner. Pour une organisa-tion de coopération au développement, voilà le plus beau des compliments.

Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle

Rencontre amicale: des volontaires de Viva con Agua ont été accueillis au Népal.

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Livres

Liens

Films

EN SAVOIR PLUSSur le thème du focus «Pénurie d’eau – quelles causes, quelles conséquences?»

Allons-nous manquer d’eau? Jean Margat et Vazken Andréassian, éd. Le Pommier 2014 CHF 13.10Deux experts en matière des ressources en eau et d’environnement s’interrogent sur le manque d’eau. L’eau est-elle réel-lement une ressource renouvelable? Combien d’eau utilisons-nous en tout? Comment réduire les impacts des activi-tés humaines sur les ressources? Pour-ra-t-on un jour irriguer les plantes avec de l’eau de mer? Reste-t-il des ressources d’eau inexploitées? Ce petit livre contribue efficacement au débat.

L’empreinte eauDaniel Zimmer, éd. Charles Leopold Meyer 2013 CHF 20.00Le caractère limité de l’eau douce est aujourd’hui une réalité incontestable, ainsi que l’urgence de repenser notre consommation d’eau. Le concept d’em-preinte eau tente d’estimer les quan-tités d’eau dépensées, tenant compte de notre consommation mais aussi de l’eau contenue virtuellement dans les produits. Comment l’eau est-elle devenue source de tensions géopolitiques? Ce livre propose de nouvelles solutions pour tenter de résoudre la crise de l’eau.Commander par e-mail auprès des éditions eclm à Paris: [email protected] télécharger gratuitement: http://docs.eclm.fr/pdf_livre/363EmpreinteEau.pdf

Même la pluie (También la lluvia)Icíar Bollaín, Espagne/Mexique/France 2010, fiction, 104 min., dès 12 ans

CHF 19.90

Un réalisateur espagnol arrive en Boli-vie, pour tourner un film sur Christophe Colomb et l’asservissement des Indi-gènes. Pour cela il a choisi la ville de Cochabamba, où les coûts de production sont bas. Le tour-nage se passe bien jusqu’au moment où des manifestations sociales s’enflamment: une multinationale américaine a rem-porté le marché de la distribution d’eau. Elle ferme les puits et interdit même l’usage de l’eau de pluie. C’est ce qui a mené à la guerre de l’eau qui a réellement eu lieu à Cochabamba durant l'année 2000.

Pour l’amour de l’eauIrena Salina, documentaire 2014, 78 min. CHF 15.00

L’eau représente désormais la troi-sième industrie mondiale après le pé-trole et l’électricité, mais son caractère vital et sa raréfaction accélérée vont en faire à court terme la première source potentielle de profits. Alors que l’or bleu suscite les convoitises, les conflits d’in-térêts se multiplient au cœur du marché de l’eau. Tourné dans différents pays, ce documentaire sur la guerre de l’eau remet en jeu nos conceptions sur les ressources naturelles et leur partage.

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www.alliancesud.ch/fr/politique/eauLe centre de documentation d’Alliance Sud propose en ligne un dossier thématique sur les questions de l’eau, avec notamment la prise de position «Pour une politique durable de l’eau dans l’intérêt public».

www.les-bisses-du-valais.chPour en savoir plus sur les bisses en Valais, qui ont été construits au 14e siècle pour assurer l’irrigation des prairies fournissant le fourrage néces-saire à l’élevage des bovins. La plupart ont aujourd’hui disparu, mais on dénombre encore plus de 200 bisses, de la vallée de Conches au Bas Valais.

www.rts.ch/play/tv emissionsgeopolitisJournée des toilettesGeopolitis – Journée mondiale des toilettesPrès d’un tiers de la population mondiale n’a pas accès à des services d’assainissement de base, des installations qui permettent d’éviter la pro-pagation des maladies mortelles, telles les diarrhées, dont sont victimes des millions de personnes et d’enfants chaque année. L’accès aux toilettes représente un enjeu majeur de santé publique qui concerne en premier lieux les régions pauvres.

www.helvetas.ch/eauHelvetas consacre un dossier en ligne aux questions de l’eau. Les liens sur les informations actuelles, notamment sur le réseau Water Integrity Network (lire à la p. 14) sont disponibles dans la rubrique «eau potable».

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Par Susanne Strässle

Meri Zviadauri nous a accueillis dans sa ferme, les mains pleines de farine. Maintenant elle apporte un plat après l’autre. Tout ce que le pays et l’agricul-ture de l’est de la Géorgie peuvent off rir arrive sur la table: fromage, concombres, tomates, khinkali – des pâtes farcies à la viande et aux herbes – galettes et katchapouri – un gâteau consistant au fromage. À l’extérieur, son mari Besik Kavtaradze alimente le feu du grand gril avec des sarments de vigne pour cuire les brochettes de viande. Et dans la région vinicole du Kachetien, on sert évidemment un vin fait maison.

Besik Kavtaradze, notre hôte, porte un toast. Lors d’un supra, nom donné au banquet géorgien, on trinque tout d’abord à Dieu. D’autres toasts suivent: aux paysans, à la Géorgie, au temps, aux enfants. Et à l’hospitalité. À ce propos, Besik ajoute solennellement: «Certaines personnes se trompent sur son sens. Elles pensent que nous gaspil-lons, mais nous ne faisons qu’honorer nos invités.» Il ne s’agit nullement de tout manger de suite. Ici, rien ne se perd.Les familles paysannes de la région bor-dant l’ancienne République soviétique ne vivent guère dans l’opulence. Elles manquent de tout: d’infrastructures et d’investisseurs, de clients et de marchés, d’eau et de perspectives économiques.

Jeune, Besik n’envisageait pas de faire sa vie dans son village natal de Kvemo Kedi, mais en ville. Il était parti à Tbilissi. Mais après l’eff ondrement de l’Union soviétique, le jeune homme de 21 ans n’a pas eu d’autre choix que de revenir chez ses parents. Là, on pouvait au moins cultiver pour manger.

Aujourd’hui, ce père de quatre enfants vit ainsi de l’agriculture dans

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UN BATTANT

En Géorgie, de par leurs initiatives, certains petits entrepreneurs ruraux compétents contribuent à améliorer le quotidien de centaines de familles paysannes pauvres. La Suisse les soutient dans cette démarche. Besik Kavtaradze en fait partie. En tant que jeune paysan à l’époque, il a dû construire une nouvelle vie à la chute de l’Union Soviétique.

Hospitalité géorgienne: Besik Kavtaradze avec Meri Zviadauri, deux filles et le père Levan.

une région reculée de l’est de la Géorgie. Mais Besik fait plus: il est aussi un petit entrepreneur actif dont des centaines d’autres familles de petits paysans pro-fi tent. La coopération suisse au dévelop-pement soutient de tels entrepreneurs agricoles innovants, dans le cadre d’un projet qui a pour objectif l’ouverture de marchés et l’amélioration des condi-tions de vie dans la région.

Dur labeur et intelligence«Depuis qu’Adam et Ève ont été chassés du Paradis, il ne reste à l’homme que le dur labeur», déclare Besik avec philoso-phie. Seul celui qui s’accroche et qui sait utiliser sa tête s’en sort.

Besik s’y est lancé dès le début: tandis qu’après la chute de l’Union so-viétique, tous détruisaient les granges étatiques servant d’entrepôt, il en a gar-dé une qu’il a rachetée plus tard à l’État. Il a agrandi la ferme paternelle et amé-lioré les techniques de culture. Pour ce faire, il s’est procuré tout ce dont il avait besoin à Tbilissi. Puis il a compris qu’il

pouvait acheter les semences, l’engrais ou les médicaments vétérinaires pour d’autres, afi n de rentabiliser le voyage de cinq heures. Les grossistes de la ville lui ont suggéré d’ouvrir son propre maga-sin de fournitures agricoles dans le vil-lage. C’est ainsi que tout a commencé.

Le petit magasin se trouve au-jourd’hui devant la station d’essence, au bord de la seule route de liaison. Besik n’y est que rarement, car il doit travailler dans ses champs. Il a donc fi xé au-des-sus de la porte un grand panneau avec son numéro de portable. Il est joignable tous les jours de sept heures du matin à tard le soir. Lorsqu’un client l’appelle, il ne lui faut que dix minutes pour arriver.

L’ouverture d’un magasin par ses propres moyens, puis l’investissement dans un moulin à céréales ont permis à Besik d’obtenir l’aide suisse. À ce jour, le projet a soutenu une quarantaine de petits entrepreneurs paysans comme lui. Pour l’instant, on compte peu de femmes. Bien que les épouses colla-borent souvent au sein de l’entreprise,

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Bureau sans gadgets: dans un vieux wagon de train, Besik inscrit les livraisons de céréales.

Bon investissement: Besik moud les céréales des paysans pour nourrir les vaches en hiver.

l’entreprenariat féminin est encore rare dans le Caucase. «Nous misons sur de petits entrepreneurs dans l’élevage, ayant fait leurs preuves comme com-merçants», explique Carsten Schulz, conseiller de projet pour Helvetas. «Sou-vent, ils sont eux-mêmes paysans. Nous étudions avec eux leur modèle d’activi-té: les améliorations les plus profi tables pour eux, pour les clients potentiels et pour les familles de la région.»

Certains petits entrepreneurs gèrent des moulins à céréales, d’autres exploitent des centrales laitières et des fromageries. Ils labourent les champs d’autres paysans contre rémunération, cultivent des céréales ou proposent des produits et services vétérinaires. Ce sont plus de 7000 familles qui profi tent désormais de ces off res.

Deux grandes organisations suisses d’aide au développement colla-borent à ce projet fi nancé par la DDC: l’Entraide Protestante Suisse EPER gère le projet pour lequel elle a mis sur pied une équipe locale. Helvetas apporte le savoir-faire permettant aux familles marginalisées de la campagne d’accéder à des marchés et de créer des sources de revenus. À cet eff et, Helvetas peut recourir à ses larges connaissances et à

sa longue expérience en la matière dans le monde, comme dans l’ouest des Bal-kans, au Kirghizistan – qui est aussi une ancienne république soviétique – ou au Népal.

Bon pour les vaches, bon pour l’hommeAvec son moulin à céréales, Besik Kav-taradze a popularisé un élément crucial pour l’agriculture de la région: les four-rages d’hiver pour les vaches. Aupara-vant, les bêtes mangeaient de l’herbe tant qu’il y en avait dans cette région aride et sèche. Le reste du temps, elles ne recevaient qu’un peu de foin. En hiver, les vaches s’aff aiblissaient et tombaient malades, ne donnant que peu de lait. Et les fromageries locales manquaient de matière première. «Nous avons

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convaincu les paysans de l’utilité d’in-vestir dans le fourrage concentré à base de céréales, afi n de vendre du lait d’ani-maux sains toute l’année et même à un meilleur prix en hiver», explique Elene Tkhlashidze, collaboratrice au projet. Grâce à une participation fi nancière du projet – le petit entrepreneur paie tou-jours un quota – Besik a pu acquérir un nouveau mélangeur et un petit moulin pour le maïs, en plus de son moulin à céréales.

Mais il y a plus important pour Besik: sa nouvelle collaboration avec un grossiste en compléments énergétiques fourragers à Tbilissi. Ce dernier four-nit aux usagers des moulins les miné-raux, vitamines et protéines nécessaires au mélange de fourrage et les forme en contrepartie. Désormais, les paysans qui livrent leurs céréales au moulin peuvent faire produire sur place et à prix avantageux un fourrage concentré d’excellente qualité.

«Autrefois, produire du lait en hiver était diffi cile car ma vache était mal nourrie», raconte Temur Apslaun, un petit paysan du voisinage. «Avec le fourrage amélioré que je fais moudre et mélanger chez Besik Kavtaradze, j’aug-mente la production de lait de ma vache de sept litres par jour et la prolonge de deux mois.» Il envisage d’acheter une autre vache. Actuellement, plus de 150 familles recourent aux services de Besik.

C’est là que réside la clé du succès du projet: qu’il s’agisse du grossiste, des entrepreneurs ou des paysans, chacun y trouve son compte, ce qui rend leur col-laboration attrayante. C’est le meilleur moteur du développement.

Souvenirs de l’époque soviétiqueLa Kakhétie a besoin de gens tels que Besik, des entrepreneurs prêts à inves-tir et à prendre des risques, dont toute la communauté profi te. Levan Kavta-radze, son père, raconte combien la vie était diff érente à l’époque soviétique.

Dans le passé, le gouvernement central avait confi é à la Kakhétie l’engraisse-ment des porcs. Les cochons étaient nourris à la chaîne, sur ordre de Mos-cou. Les concentrés fourragers prove-

naient d’une région lointaine de l’URSS. Le père de Besik travaillait dans l’un de ces kolkhozes. «Le fourrage d’engrais-sement était très sec. Les animaux de-vaient courir la bouche pleine de nourri-ture jusqu’à l’abreuvoir situé 400 mètres plus loin, perdant la moitié du fourrage en chemin. De ce fait, nous utilisions dix fois trop de fourrage. Mais les fonc-tionnaires me disaient: c’est ce qui se fait dans toute l’Union soviétique et tu crois être plus malin? Je répondais: c’est ce que font les paysans et ils savent le mieux comment s’occuper des animaux!»

Il a fi nalement réussi à se faire entendre, mais il n’y avait plus du tout de fourrage lorsque l’URSS s’est eff on-drée. «Il n’y avait plus de raccordement à l’électricité ni à l’eau, et dans la rue on craignait pour sa vie. À cette époque, la misère était immense», dit-il. Il a fallu entièrement reconstruire la société. Les

paysans qui avaient travaillé dans un kolkhoze ont dû apprendre à adminis-trer leur ferme, à gérer leurs fi nances et à trouver des circuits de vente.

Pour Besik, il est donc décisif que le projet suisse propose conseils et formation en gestion d’entreprise. «C’est la contribution la plus précieuse, car ce savoir-faire nous manque le plus. Nous pouvons transmettre ces connais-sances.» Bien qu’il soit un homme d’af-faires, Besik reste fi dèle à ses racines. Il a aménagé son bureau dans un vieux wagon de train dans le hangar à ma-chines. C’est là qu’il préfère travailler. «Moi aussi je suis un paysan, les autres paysans sont mes collègues. Nous avons les mêmes objectifs. Sinon, ça ne mar-cherait pas.»

Besik est satisfait de la marche des aff aires et le gouvernement se montre toujours plus ouvert aux pré-occupations des paysans. Il ne souhaite qu’une chose, qui le lie aux agriculteurs du monde entier: «Suffi samment de pluie. Sans eau, nous ne sommes rien.»

À la fi n du repas, Besik porte un dernier toast: «À l’équipe du pro-jet. Toutes les organisations arrivées en Géorgie après la chute de l’Union sovié-tique ont fait cause commune avec les puissants et les infl uents. Vous seuls êtes allés vers les gens pour leur demander ce dont ils avaient vraiment besoin.»

Traduit de l’allemand par Stephanie Zutter

Besik Topchishvili est aussi entrepreneur: il fait du fromage, aidé par sa collaboratrice.

«Seul celui qui s’accroche et qui sait utiliser sa tête s’en sort»

Besik Kavtaradze, petit entrepreneur

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Par Frédéric BaldiniUn événement pour les membres du Circle for ChangeLes membres du Circle for Change et les donateurs de la région ont été invi-tés à visiter l’exploitation agricole de la famille Bassin à Marchissy, qui a parti-cipé activement en 2014 à l’Année inter-nationale de l’agriculture familiale.

10h00: Les invités sont accueillis dans la fourragère de l’exploitation. 10h15: Denis Bassin explique le fonc-tionnement de son exploitation, le dur labeur du paysan et les diffi cultés aux-quelles lui et sa famille doivent faire face. Pour un producteur de lait comme lui, le prix que les grandes enseignes off rent est bien trop bas. 10h50: Lionel Giron, coordinateur des programmes d’Helvetas en Afrique de l’Ouest, expose les diffi cultés que des petites exploitations agricoles, sou-tenues par Helvetas sur le continent africain et ailleurs, doivent surmonter. 11h15: Pique-nique servi sur les bottes de foin, permettant de savourer notam-

UNE JOURNÉE SOLIDAIRE!

ment une délicieuse soupe à la courge. 12h00: Il est temps de se séparer, en remerciant chaleureusement la famille Bassin de son accueil. Ravis de la ren-contre, les membres du Circle for Change s’informent sur le prochain évé-nement qui leur sera réservé.

Christmas Midnight RunC’est un partenariat unique et innovant, liant eff ort et solidarité, qu’Helvetas a mis sur pied avec la Ville de Lausanne pour la Christmas Midnight Run. Par le biais de la plateforme life-changer.ch, des participant-e-s à cette course festive motivent leurs proches pour apporter de l’eau potable à des enfants au Bénin. La première équipe du FC Lausanne-Sport nous a fait le plaisir de soutenir aussi cette action! (voir Partenaires 12/2014)

18h00: Sur la place de la Riponne, les premiers sportifs viennent chercher leur t-shirt arborant le slogan «Life Chan-ger» au stand Helvetas. 19h15: Départ de la première course destinée aux plus petits. L’ambiance monte alors que la place se remplit peu à peu.

20h45: Départ de la course des «Pères Noël» et des familles. Des centaines d’enfants et d’adultes déguisés battent le pavé. 21h00: Les personnes qui courent sous le signe de la solidarité sont fi ères de leur action: presque toutes ont dépassé les objectifs qu’elles s’étaient fi xés. Enthou-siastes, elles s’informent déjà des pos-sibilités d’autres courses pour soutenir des projets d’Helvetas. 22h00: Les joueurs du FC Lausanne-Sport arrivent. Ils sont heureux de por-ter les couleurs d’Helvetas pour off rir de l’eau à des enfants au Bénin. Chacun d’eux a personnellement contribué à l’action de collecte de fonds. 23h00: Portant notre t-shirt, ils ouvrent la course phare, le long parcours de la Christmas Midnight Run sous les ap-plaudissements du public. 00h00: Fin de la course. Le moment est venu de célébrer cet élan solidaire autour d’un verre de vin chaud! Grâce à l’engagement des personnes ayant cou-ru la Christmas Run et à leurs proches, ce sont 163 enfants de plus qui auront accès à de l’eau potable.

Merci à toutes et tous pour votre intérêt et votre engagement solidaire!

Frédéric Baldini est en charge des partenariats de projets et des médias en Suisse romande pour HelvetasDes membres de Circle for Change ont rencontré la famille Bassin à Marchissy, ainsi que

Lionel Giron (à g.) et Frédéric Baldini (à d.), pour parler des paysans ici et dans le monde.

Prêts: les joueurs du FC Lausanne-Sport vont courir pour offrir de l’eau potable au Bénin.

Le samedi 13 décembre 2014 a été exceptionnel pour Helvetas. Deux événements importants ont permis à nos donateurs de se retrouver autour des valeurs qui nous unissent: la solidarité et l’effort. Récit au fil des heures.

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En inscrivant Helvetas dans votre testament, vous incluez des personnes pauvres et défavorisées dans la communauté de vos héritiers. Votre legs est très précieux: il offre des perspectives de vie dans l’autodétermination, la dignité et la sécurité. Nous vous conseillons volontiers: www.helvetas.ch/legs

Vous pouvez élargir votre cercle familial à une famille en Afrique.

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CHANGER DES VIES

Par Hanspeter Bundi Quand Zarah Schmidt parle de son action de dons pour l’eau potable au Bénin, l’enthousiasme qui l’habite et qui la porte dans ses engagements est bien présent. Que ce soit lorsque, alors gym-nasienne, elle a vendu des gâteaux pour une école en Tchétchénie. Ou en partici-pant à une fl ashmob pour le droit d’asile en tant qu’étudiante. Ou encore comme collaboratrice pour Corris – un service organisant des stands sur les places pour intéresser les jeunes, notamment, à sou-tenir le travail d’associations à but social.

Zarah, 24 ans, étudiante en droit international, a découvert la plateforme d’action life-changer.ch via Facebook, et s’est tout de suite sentie concernée. «Les bulletins de versement ou les tirelires ne sont guère attractifs pour les gens de mon âge. Par contre, life-changer nous touche.»

Life-changer.ch est la plateforme d’Helvetas sur laquelle chacune et cha-cun peut lancer une action de collecte de dons personnelle pour un monde meilleur. Le principe est simple: il s’agit d’inviter des amis, des collègues et des parents à participer, par des contribu-tions grandes ou petites, à une action personnalisée en faveur d’un projet d’Helvetas pour l’eau. Par exemple en cadeau à l’occasion de l’anniversaire de la personne qui a lancé l’action. En sou-tien d’une randonnée à travers la Suisse ou d’une participation à un marathon (voir encadré). Comme encouragement sportif pour acquérir des abdominaux de fer. En récompense d’un examen réussi. La liste des idées – à découvrir en ligne – est aussi longue qu’amusante.

Les dons versés via Life Changer vont à un projet d’approvisionnement en eau potable dans des écoles au Bénin. Dans son action, Zarah a promis en

Sur la plateforme d’actions life-changer.ch d’Helvetas, Zarah Schmidt a promis une carte personnelle à toutes les personnes qui répondent à son appel de dons pour des projets pour l’eau au Bénin. Le succès a dépassé toutes ses attentes.

remerciement d’envoyer à tous les parti-cipant-e-s un courriel personnalisé, une carte postale ou une lettre. Elle a infor-mé ses amis et connaissances de son en-gagement via Facebook et e-mail: deux jours plus tard, la somme de 150 francs qu’elle avait prévu d’atteindre était déjà réunie! Elle a donc fi xé un nouvel objec-tif plus élevé et a rassemblé 800 francs. «Cela m’a fait très plaisir, et à mes amis et collègues aussi. Et au Bénin, 26 éco-lières et écoliers de plus bénéfi cient d’un accès à l’eau potable», se réjouit-elle.

Un engagement qui donne le sourire, ici et au Bénin. Zarah y voit un grand potentiel pour l’avenir. «Sur une plateforme comme Life Changer, je peux partager avec les autres ce qui est impor-tant pour moi: la joie, l’engagement social, des affi nités personnelles», déclare-t-elle. Life-changer.ch est simple à réaliser. Il suffi t d’une idée, d’une série de clics et de quelques mots d’explication. Par ailleurs, personne n’est tenu par une quelconque obligation une fois l’action réalisée. C’est un argument important pour les jeunes.Après une phase de développement

et d’apprentissage, life-changer.ch a pris de la vitesse en 2014 et a compté 45 000 clics. Selon Zarah, le nombre d’utilisateurs/trices peut être bien plus élevé encore. «Découvrez Life Chan-ger! demande-t-elle. Lancez une action personnelle. Et vous serez surpris de découvrir combien faire des dons – ou les collecter – peut être amusant!»

Devenez Charity RunnerHelvetas est partenaire officiel du marathon de Zurich, qui a lieu le dimanche 19 avril 2015. En devenant Charity Runner dans ce marathon, les participant-e-s rendent le monde un peu meilleur avec leur passion de la course. Inscriptions personnelles ou en groupes. Réservez dès main-tenant votre place sur la ligne de départ: www.life-changer.ch

Zarah Schmidt a lancé une collecte en ligne pour de l’eau en Afrique – et a remercié les personnes qui ont participé en leur envoyant de belles cartes postales.

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Météo dudéveloppement

Esclavage moderne

Près de 36 millions de personnes subissent des formes d’escla-vage moderne, selon le Global Slavery Index. Il ne s’agit pas majoritaire -ment de victimes du trafic d’êtres humains, comme on peut l’imagi-ner. Dans les pays touchés, d’autres facteurs sont décisifs tels que les hiérarchies sociales en Mauritanie (1er rang), le recrutement forcé étatique en Ouzbékistan (2e rang) ou les formes de corvées en Haïti (3e rang). –KCA Sans connexion

Grâce à la forte baisse des prix, tou-jours plus de per-sonnes peuvent se permettre un accès à Internet. Mais selon l’ONU, les écarts entre pays industrialisés et en voie de déve-loppement sont énormes. Dans les pays les plus pauvres, seule une personne sur vingt est connectée. Les disparités ville-campagne y sont encore plus marquées. À moyen terme, ce clivage se creusera en-core davantage dans les zones rurales. –KCA

Pauvres sans biodiversité

La diversité biologique décline rapidement dans le monde. Inquié-tante au niveau écolo-gique, cette réalité en-trave aussi la lutte contre la pauvreté, car faute d’écosystèmes intacts, le risque de catastrophes naturelles augmente. De plus, la base pour une alimentation saine et un revenu sûr est menacée dans les zones ru-rales. Les personnes et les régions pauvres ressentent le plus fortement cette évolution négative. –KCA

Qui «urine» dans des fontaines en Suisse?

Le Manneken-Pis dérange lors de la Journée mondiale des toilettes.

Mercredi 19 novembre 2014, Journée mondiale des toilettes à Genève. Une copie du Manneken-Pis belge, en rose criard, est posée sur la fontaine de la place Bourg-de-Four et semble uriner dans l’eau. À Bruxelles, le facétieux gamin est connu de tous et amuse les touristes. Dans la ville du bout du lac, l’installation insolite d’Helvetas a aussi provoqué les sourires des passants in-terloqués. Des membres bénévoles du groupe régional genevois distribuent des fl yers et expliquent qu’il y a tou-jours 2,5 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des installa-tions sanitaires. Elles doivent faire leurs besoins en plein air et participent ainsi involontairement à la pollution de l’eau. Les conséquences sont dramatiques: chaque année, 500 000 enfants meurent à cause de mauvaises conditions d’hy-

Interpeller et informer: à Genève, sur la place de Bourg-de-Four, Stéphanie (à g.), stagiaire chez Helvetas, a expliqué au public le sens de l’action avec le Manneken-Pis.

giène. Ou, dit autrement: «Tous les jours, l’eau contaminée cause le décès d’autant d’enfants que peut compter un Intercity à deux étages.»

Genève est l’une des 15 villes suisses qui ont hébergé le Manneken-Pis sur l’une de leurs fontaines. Des béné-voles ont aussi été actifs notamment à Fribourg, Zurich, Berne et Bienne ainsi que dans plusieurs autres villes. –MSW

Agir aussi?Auriez-vous envie de participer ou de mener une action de rue pour informer le public sur la probléma-tique de l’eau? Informez-vous sur www.helvetas.ch/actions-de-rue ou auprès de [email protected]

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Agenda

21– 28.3.La 29e édition du Festival interna-tional de Films de Fribourg, sous le signe de la liberté et de l’humour! Une sélection des meilleurs films de la production mondiale. Informations et programme: www.fiff.ch

1–31.3.Festival du Film Vert: 30 villes accueillent des films de ce festival consacré aux questions de l’écologie.

31.3.Le film «Tant qu’il pleut en Amé-rique», qui pose un regard nouveau sur l’Éthiopie, est à l’affiche du Café Etiks, à Sion: www.etiks.ch � événe-ments

12.4–7.6.Exposition de peintures Tinga-tinga, Restaurant Va Bene à Coire. Vernissage le 12.4.

17.4-23.8. Exposition Helvetas «Wir essen die Welt», Frauenfeld, Naturmuseum. 16.4. 18h30 Vernissage (en allemand)

27.6. Assemblée générale «Helvetas, 60 ans d’engagement», de 11h à 17h, Zurich (invitation dans Partenaires/mai 2015)

La pétition pour le climat est dans la dernière ligne droite!

Partenariat avec Swiss Re Foundation pour le Pérou: contre le changement climatique

Le climat change. C’est déjà une réalité pour les paysans du haut-plateau péruvien: les condi-tions météorologiques extrêmes se multiplient et menacent les bases de vie. Un projet soutenu par Helvetas et Swiss Re Foundation cherche avec des familles paysannes péruviennes des solu-tions aux dangers que sont le gel, la grêle et la sécheresse, afi n d’assurer des récoltes suffi santes pour couvrir les besoins alimentaires. Le projet associe savoirs locaux traditionnels et connaissances scientifi ques, en testant leur effi cacité. Pour que la protection contre les risques soit globale, des acteurs du secteur pu-blic et privé y participent. Helvetas ap-

porte un soutien fi nancier et l’expertise de Swiss Re est importante en matière de gestion des risques dans l’économie rurale et de micro-assurance. La combi-naison des compétences des partenaires doit conduire à des solutions applicables aussi au-delà de la région de projet. –FPA

Vous voulez que la Suisse ren-force son engagement dans la politique internatio-nale pour le climat, que ses besoins en énergie soient couverts par des ressources renouvelables d’ici à 2050 et qu’elle sou-

tienne les pays les plus frappés par le changement climatique, mais

vous n’avez pas encore signé la pétition? Alors il n'y a plus de temps à perdre! C'est possible jusqu’au

5 avril prochain sur la page en ligne. –SUS

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Impressum No 219/mars 2015 Journal des membres et donateurs d’Helvetas, 55e année. Paraît quatre fois par an (mars, mai, août, décembre) en français et en allemand. Abonnement annuel CHF 30, inclus dans la cotisation des membres. Editeur HELVETAS Swiss Intercooperation, Weinbergstrasse 22a, Postfach, 8021 Zurich, tél. 044 368 65 00, fax 044 368 65 80, e-mail: [email protected], Homepage: www.helvetas.ch CP 80-3130-4 Zurich Bureau Suisse romande, 7-9, ch. de Balexert, 1219 Châtelaine, tél. 021 804 58 00, fax 021 804 58 01, e-mail: [email protected] Uffi cio Svizzera italiana, Via San Gottardo 67, 6828 Balerna, tél./fax 091 683 17 10, e-mail: [email protected] Rédaction: Susanne Strässle (SUS) Collaboration fi xe: Hanspeter Bundi (HBU) Ont collaboré à ce numéro: Frédéric Baldini, Matthias Herfeldt (MAH), Romaine Jean, Kathrin Krämer (KCA), Melchior Lengs-feld, Simon Ming (SMI), Franca Palmy (FPA), Christoph Wehrli, Marie-Schaff er-Wyler (MSW) Rédaction images/Production: Andrea Peterhans Edition française: Catherine Rollandin (CRO) Graphisme: Spinas Civil Voices Zurich Mise en page: Grafi kWerk Zurich Correction: Textmania, Zurich Litho et impression: Imprimerie Kyburz Dielsdorf Papier: Cyclus Print, 100% Recycling

Une délégation de Mongolie apprend à connaître le système politique suisse

Beau succès pour le Marché de Noël solidaire

La Mongolie et la Suisse ont des points communs», affi rme Sainkhuu Ganbaa-tar. Ce membre du gouvernement de Mongolie est venu en Suisse, avec cer-tains de ses collègues parlementaires, pour mieux en connaître les rouages politiques. «La Suisse aussi est un petit pays situé entre deux grandes puissances. Elle nous a servi de modèle au moment de l’indé-pendance de la Mongolie il y a à peine un siècle», explique

Les groupes régionaux de bénévoles

Ganbaatar. Ce pays, environ 37 fois plus grand que la Suisse, est pourtant un nain pris entre deux géants – la Russie et la Chine. En rencontrant des res-ponsables de services commu-naux, cantonaux et fédéraux, la délégation mongole s’est fami-

Le centre socioculturel Pôle Sud à Lau-sanne s’est mué en grand bazar aux couleurs du Sud du 11 au 13 décembre 2014, en accueillant à nouveau le Mar-ché de Noël solidaire avec des associa-tions membres de la Fédération vau-doise de coopération. Près de 2000 personnes sont venues pour y trouver des cadeaux équitables pour un Noël solidaire. Le Fairshop d’Helvetas était aussi de la fête: les calendriers 2015, l’almanach, les cartes de vœux, les dé-corations de Noël et d’autres articles d’artisanat étaient proposés, à off rir à des proches ou à soi-même. –CRO

Rocio, Maléka et Julia, trois des membres du groupe de Genève, lors du festival FILMAR 2014.

Les bénévoles des groupes régionaux soutiennent le travail de sensibilisation d’Helvetas en Suisse. Ils s’engagent acti-vement et relaient le message de soli-darité d’Helvetas, notamment lors de manifestations culturelles comme le Cinéma Sud, ou en menant des actions de rue à l’occasion des Journées mon-diales de l’eau (22 mars) ou des toilettes (19 novembre).

Dernièrement, lors de la 16e édi-tion du festival FILMAR en América latina qui s’est tenu en novembre 2014, le groupe de bénévoles genevois a pré-senté un documentaire tourné au Pérou – un pays partenaire – et a remis le Prix du public fi ction, doté par Helvetas, au réalisateur cubain Ernesto Daranas pour son fi lm «Conducta». Le groupe genevois est également engagé dans le suivi et la recherche de fi nancement de nos projets au Sud: actuellement le groupe suit les projets de promotion de petites entreprises au Guatemala, de sé-curité alimentaire en Bolivie, et de déve-loppement d’énergies renouvelables au Laos. –MSW

Informations en ligne: www.helvetas.ch agir groupes régionaux.

Si vous souhaitez participer à un groupe ou mener une action (par exemple de sensibilisation à l’eau), merci de contac-ter [email protected].

liarisée avec le fonctionnement politique suisse. Helvetas a organisé le voyage. Une visite au zoo de Zurich était aussi au programme. C’est un exemple de collaboration entre les secteurs public et privé. Et pour les invités, un modèle d’avenir intéressant. –SMI

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Concours

Répondez aux questions en lien avec ce numéro de «Partenaires» et gagnez une nuit au B&B Baumhaus à Fiesch:

1) Que signifie le nom de projet «Panii Jibon» au Bangladesh?

2) Comment s’appellent les beignets géorgiens que prépare Meri, la femme de Besik?

3) Quel personnage a trôné sur des fontaines lors de la Journée mondiale des toilettes?

Envoyez vos réponses par poste à Helvetas, «Concours», case postale, 8021 Zurich, ou par courriel (avec votre adresse complète) à [email protected]. Délai d’envoi: 25 avril 2015. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet du concours. Tout recours juridique et paiement en espèces sont exclus. Les collaborateurs d’Helvetas ne peuvent pas participer. Les adresses dans notre fichier peuvent être utilisées pour l’envoi d’informa-tions sur Helvetas, les annulations étant pos-sibles en tout temps. Les adresses ne sont pas transmises à des tiers. La gagnante du concours du Partenaires n°218 est Agatha Gmünder, Cham.

Le prix sponsorisé: une nuit pour deux personnes en chambre double avec petit-déjeuner au B&B Baum-haus, Fiesch.

Baumhaus Fiesch: un grand bol d’air frais à ConchesLe Bed and Breakfast Baumhaus se trouve au cœur du village valaisan de Fiesch. En 2009, Lilian Schmidt et son mari Kurt Imwinkelried ont transformé ce joli chalet en B&B. Chacune des

neuf chambres a été aménagée avec un bois indigène différent. Kurt Imwin-kelried est menuisier: il a fabriqué le mobilier avec l’aide de ses collabora-teurs dans sa propre menuiserie. Au cours de la rénovation, l’accent a été mis sur le développement durable. Les bois sont traités avec des huiles natu-relles, et les murs sont partiellement crépis d’argile. Des panneaux solaires assurent l’approvisionnement en eau chaude. Le buffet du petit-déjeuner est aussi empreint de cet engage-ment écologique. Les hôtes peuvent y déguster des produits bio et issus du commerce équitable. Depuis 2001, la région d’Aletsch est inscrite au patri-moine mondial de l’UNESCO. Le train du Gothard relie Brigue à Fiesch en 30 minutes. En été, Fiesch est le point de départ idéal pour des randon-nées sur les glaciers d’Aletsch et de Fiesch, dans le Binntal ou la région de Conches. En hiver, c’est un paradis du ski de piste, de fond et de randonnée ou de balades en raquettes.

B&B Baumhaus, Schulhausstrasse, 3984 Fiesch, tél. 027 971 01 93, www.baumhausfiesch.ch

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Succès théâtral en Afrique de l’Ouest

Une pièce de théâtre suisse adaptée pour l’Afrique de l’Ouest fait fureur: une mine d’or bouleverse la vie d’un petit village africain. Une société minière suisse obtient les droits d’exploitation, les habitants seront déplacés. Mais une famille, gardienne des traditions, refuse de quitter sa terre. Dans un environne-ment détruit, l’existence devient pour-tant de plus en plus précaire. Pour attirer les touristes, la famille crée un spectacle folklorique dégradant racontant l’his-toire de ses ancêtres. Un manager privé apparaît, l’argent coule à fl ot, mais le bonheur de la famille part à vau-l’eau. «L’or de Yennenga» se base sur la pièce

suisse «Holzers Piepshow», dans la-quelle une famille des Alpes, poussée par la pauvreté, se donne en spectacle comme dans un zoo. La nouvelle ver-sion de Th ierry Hervé Oueda est montée par Roger Nydegger, metteur en scène suisse. Lui et l’extraordinaire théâtre CITO de Ouagadougou, au Burkina Faso, jouent depuis plusieurs années des pièces de la littérature mondiale et de la critique sociale, avec un humour tran-chant. La production actuelle est aussi soutenue par Helvetas. La tournée en cours à travers l’Afrique de l’Ouest est un grand succès. –SUS

Plus sur le théâtre CITO surwww.citotheatre.com

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30COMMERCE ÉQUITABLE

DU SHOPPING, MAIS ÉQUITABLE!HELVETAS FAIRSHOP s’est installé dans son nouveau magasin à Zurich, mais les articles sont aussi disponibles dans divers points de vente en Suisse romande: la vente directe rencontre un grand succès dans toutes les régions!

Par Kathrin Krämer

Mercredi matin, près de la gare centrale de Zurich: bondé, le tram numéro six monte jusqu’au quartier de l’université. Les passagers qui ne sont pas penchés sur leur portable ou leur journal peuvent apercevoir une inscription rouge et blanc se détachant sur la droite: HELVETAS FAIRSHOP. Dans les grandes vitrines, des sacs colorés et des pullovers asymé-triques attirent le regard. Le globe ter-restre qui y est représenté signale claire-ment que des produits viennent d’autres régions du monde.

Ayant fait le trajet spécialement depuis les Grisons, Margrit Jörg fait découvrir le nouveau magasin à sa fi l-leule. L’espace a été transformé et amé-nagé à des conditions équitables par des architectes zurichois réputés: hauts pla-fonds et murs clairs, parquet ancien en chevrons, élégante colonne en fonte. Les étalages en bois sont sobres et espacés. On y trouve entre autres de la jolie vais-selle en céramique, de petits animaux aimantés en matériau recyclé, des bar-boteuses en coton bio.

Tous les articles du Sud sont issus du commerce équitable. Ils garantissent aux producteurs un revenu leur per-mettant d’assurer leurs besoins de base et une prime Fairtrade pour réaliser des projets sociaux. «La qualité et le design sont aussi importants que les condi-tions de production» précise Anita Ris-ler, collaboratrice du FAIRSHOP. C’est une condition pour que le commerce

équitable sorte de sa niche de marché durablement et que son impact soit plus grand pour le Sud. «Après avoir passé huit ans dans l’espace aménagé en bou-tique au siège d’Helvetas situé à quelque mètres dans une arrière-cour, les pro-duits FAIRSHOP sont enfi n présentés dans le cadre qu’ils méritent.»

Les clients apprécient ce magasin clair et moderne. Toujours plus de per-sonnes sont prêtes à payer un peu plus, pour avoir le plaisir d’acheter des pro-duits durables. Le FAIRSHOP répond à cette demande et le succès est au rendez-vous. Il suffi t d’une croissance annuelle du chiff re d’aff aires de 10% au cours des quatre premières années pour que le bénéfi ce soit satisfaisant, malgré le coût du déménagement et du loyer plus élevé. Or ce chiff re s’est élevé de plus de 30% au cours de la première année et a large-ment dépassé nos espérances.

Cette tendance montre par ail-leurs que les gens tiennent toujours beaucoup à pouvoir acheter en magasin, même si le commerce en ligne n’a cessé de gagner en importance ces dernières années. «Nous constatons que bon nombre de nos client-e-s apprécient de tenir les articles entre leurs mains pour

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Clair et vaste: dans le FAIRSHOP HELVETAS à Zurich, acheter des articles est un plaisir.

Venues de loin: la cliente de longue date Margrit Jörg (à g.) de Coire fait découvrir le magasin à sa filleule Isabelle Antognini de Berne.

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Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour commander:

Par Internetwww.fairshop.helvetas.ch

Par téléphone021 804 58 00

Par fax021 804 58 01

COMMERCE ÉQUITABLE

Série de cartes «Légèreté»Six photographies d’enfants à travers le monde dans des moments de jeu, de joie de vivre et de légèreté. Série de 6 x 2 cartes doubles, avec enveloppes. Format 12 x 16,5 cm (DAD) Fr. 23.–Les cartes sont aussi disponibles à l’unité Fr. 3.–

pouvoir faire leur choix», dit Anita Ris-ler. C’est aussi souvent l’occasion de lan-cer la conversation, par exemple sur les projets qui se cachent derrière les pro-duits.

Le succès est dû à la nombreuse nouvelle clientèle formée par les piétons attirés par la devanture attrayante du magasin, mais bien sûr aussi aux per-sonnes fi dèles, comme Margrit Jörg, qui soutiennent le commerce équitable et achètent des produits chez Helvetas depuis plus de vingt ans.

En Suisse romande, bien qu’il n’y ait plus de boutique HELVETAS FAIRSHOP actuellement, les nombreux Magasins du Monde dans tous les can-tons (www.mdm.ch) et le Balafon à Ge-nève (www.lebalafon.ch) proposent des articles de l’assortiment Helvetas. Ils se trouvent donc à disposition et à proxi-mité dans toutes les régions. La colla-boration entre Helvetas et les acteurs du commerce équitable existe depuis longtemps en Suisse romande, notam-ment grâce à l’Association romande des Magasins du Monde (ASRO), qui joue un rôle essentiel pour la coordination du réseau régional. HELVETAS FAIR-SHOP soutient les activités de l’ASRO et des Magasins du Monde.

Kathrin Krämer est collaboratrice en communica-tion chez Helvetas

Traduit de l’allemand par Claudia Gämperle

Visitez notre boutique en ligne:www.fairshop.helvetas.ch

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Linge de plage HelvetasPour les 60 ans d’Helvetas.Un linge de plage en coton éponge de qualité supérieure, moelleux et absor-bant, avec le visuel d’Helvetas qui illustre trois vues du globe ter-restre.100 x 180 cm, 100% coton bio, Inde. Certifi é Max Havelaar.TABC + no de couleur30 (orange)91 (noir) 70 (violet) Fr. 69.–

Étui pour tablette «Ninh Binh»Étui en chanvre pour tablette, avec dou-blure en coton. Avec petit compartiment annexe. Artisanat du Vietnam. 19 x 1 x 25 cmVert/Rouge (VIA50), Jaune/Rouge (VIA40) Fr. 41.–

Assortiment de riz «Khao Sarn»Cinq variétés de riz inhabituelles: colo-rées, savoureuses, excellentes, natu-relles, de première qualité, cultivées de façon traditionnelle par des petits pay-sans et produites équitablement. Hom Mali complet, Hom Mali blanc et Hom Mali rouge sont des riz de la variété jas-min. Le Lüeng-on est un riz complet jaune. Le riz violet est préparé pour les jours fériés. 5 x 200 g (LRA) Fr. 19.90Bonne trouvaille: beaucoup de nouvelles

personnes découvrent le FAIRSHOP.

HELVETAS FAIRSHOP

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Vous trouverez plus d’informations sur l’histoire de Feliciana en couverture de ce magazine. Ou visitez notre site www.helvetas.ch pour savoir à quel point votre parrainage pour l’eau change des vies. Un grand merci!

Ensemble, améliorons le monde

avec un parrainage pour l’eau

«Depuis qu’il y a le puits dans le village, nous avons de l’eau quasiment devant notre maison. Je ne suis plus occupée à la corvée de l’eau qui me prenait des heures et je peux aider mon mari au travail dans les champs. La dernière récolte a été bien meilleure. Mais le plus important est que l’eau est propre. Maintenant, je n’ai plus peur que mes enfants tombent malades à cause de l’eau souillée et en meurent.» Feliciana Mercelo, 38 ans, avec sa famille, Nicueja, Mozambique

Avec 30 francs par mois, vous permettez chaque année à une famille d’accéder à l’eau potable et sauvez des vies.