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© S.A. IPM 2014. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. Qui serez-vous demain ? Supplément gratuit à La Libre Belgique du 24-25 décembre 2014 REPORTERS / SPL “L’économie partagée est la seule façon de créer une société très productive tout en sauvegardant la planète”, Jeremy Rifkin.

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Supplément LLB du 24 décembre 2014

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© S.A. IPM 2014. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

Qui serez-vous demain?

Supplément gratuit à La Libre Belgique du 24-25 décembre 2014

REPORTERS / SPL

“L’économie partagée est la seule façon de créer une société très productivetout en sauvegardant la planète”, Jeremy Rifkin.

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2 Supplément à La Libre Belgique -

2045,la vie rêvéed’Olivier,“prosomateur”

2045, c’est après-demain, mais il nefaudra pas patienter jusque-là pour voir lemonde changer. Comme elle le faitquotidiennement dans ses pages Planète, “LaLibre” vous ouvre les portes de ce “présent”encore expérimental, de ce futur qui n’en estplus tout à fait un, de cette réalité qui secompose, initiative après initiative.“Qui serez-vous demain ?”, ce sont 24 pagesde prospective inspirées de réalisationscontemporaine. Toutes présentent un goût departage. Cette tendance se généralisera-t-elle,comme le pressent Jeremy Rifkin, cetéconomiste reconnu pour son sens desprévisions? A voir, bien entendu.

Qui serez-vous demain ?

Prospective Sophie Devillers

I l est 16 heures, ce 27 décembre 2045,et Olivier, 33 ans, vient de boucler son“shift”, sa journée de travail. Son boulot :chef d’équipe au service postal, au granddépôt de Zaventem. Olivier se souvient en­

core vaguement de la “bpost” de son enfance. C’estdepuis longtemps terminé. A présent, c’est Googlequi a repris le transport de colis dans la région. Etaux quatre coins du monde, d’ailleurs. Et les su­bordonnés d’Olivier, ce sont 1500 “smart machi­nes”, des robots intelligents, qui trient et transpor­tent les colis, avant de les placer sur les drones quipartiront ensuite pour destination à la livrai­son. Un seul souvenir des facteurs d’antan à laveste siglée “bpost” subsiste : c’est la couleur rougeet bleu des drones que Google a adoptée en clind’oeil, afin, assurait­il, de se fondre dans la couleurlocale.

Olivier, qui est ingénieur, est chargé de supervi­ser le bon fonctionnement des robots. Ceux­ci fonten tout cas bien moins d’erreurs que leurs prédé­cesseurs humains, cela a été prouvé par de très sé­rieuses études. La supervision d’Olivier se fait sou­vent à distance, depuis son appartement bruxel­lois, via une sorte de “joystick” notamment. Dansce genre d’entrepôt, dont le précurseur a été Ama­zon il y a plusieurs décennies, les humains ontquasiment déserté les lieux.

Psychologiquement invivableLa raison ? Les premiers utilisateurs ont réalisé

que, passé un certain nombre de robots, la “coha­bitation” devenait invivable psychologiquementpour les humains restants.

Dans quelques minutes, Olivier a rendez­vous

pour une longue course à pied à travers la forêt deSoignes, du moins dans la partie qui a résisté à ladernière des grosses tempêtes, de plus en plus fré­quentes ces dernières années. Olivier est un desseuls de son groupe d’amis à occuper un postede travail dans une entreprise.

Désormais, une grande partie de l’activité éco­nomique de production s’est concentrée entre lesmains de cette “technologie intelligente”, supervi­sée par des petits groupes de travailleurs (techni­ques et intellectuels) ultra­qualifiés. Quand samère et sa grand­mère lui racontent qu’il y a quel­ques décennies, on visait le plein­emploi, Olivier ades difficultés à se l’imaginer. Et quand elles ajou­tent qu’elles allaient au bureau pour payer (entreautres) leur facture d’énergie, cela lui semble car­rément surréaliste.

A présent, lui – comme tous ses prochesd’ailleurs­ produit sa propre énergie renouvelablechez lui. Le surplus est revendu. Plus question deréseau centralisé, comme au temps de grand­ma­man, mais c’est tout l’inverse. Son ami Joseph uti­lise la géothermie – la chaleur qui monte de laterre sous sa maison –, sa copine Mélanie, unemini­éolienne. Olivier, a préféré les panneaux so­laires. L’énergie peut être stockée grâce à l’hydro­gène – les recherches à ce niveau se sont intensi­fiées depuis les années 2010 ­ et est connectée à un“Internet de l’électricité verte”.

Exactement comme les humains vivant 25 ansauparavant le réalisaient avec l’information. Etprécisément, comme l’annonçait en 2014 l’écono­miste Jeremy Rifkin.

L’énergie à un coût quasi nulAinsi, des milliards de personnes dans le monde

partagent désormais le courant, avec un coût quasi

Qui serez-vous demain ?

‣ Les objets pp.4-5

‣ Les robots pp. 6-7

‣ Les avions pp. 8-9

‣ L’alimentation pp. 10-11

‣ La médecine pp. 12-13

‣ L’habitat pp. 14-15

‣ La monnaie pp. 16-17

‣ La voiture pp. 18-19

‣ La ville pp. 20-21

‣ L’information pp. 22-23

Sommaire

Supplément gratuit à La Libre Belgiquedu 24/25 décembre 2014.

Administrateur délégué - éditeur responsable:François le Hodey.

Directeur général: Denis Pierrard.Publicité: Dominique Flamand et Pierre-EugèneWintgens.

Qui serez-vous demain?

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3- Supplément à La Libre Belgique

UNIVER

SALPICTUR

ES

nul. Les experts les plus officiels dans le domainele prévoyaient déjà avant 2015 : en 2040, on assis­terait à la montée en puissance très forte des éner­gies renouvelables, notamment dans la produc­tion d’électricité. Energies renouvables qui se­raient le “moteur de la transformation” dupaysage énergétique mondial, avait annoncél’agence internationale de l’énergie. (Dès 2040, lesénergies renouvelables représentaient un tiers dela production électrique dans le monde et leurpart dans le mix électrique des pays considérésautrefois comme émergents ou en développe­ment ont doublé depuis 25 ans. Une hausse tiréepar la Chine, l’Inde, l’Amérique latine et l’Afrique,qui explique aussi la baisse de la part du pétroledans les approvisionnements mondiaux par rap­port au passé.)

Une voiture qui dialogueCet Internet de l’électricité verte est aussi con­

necté à des moyens de transport à “énergiezéro”. Olivier, assez individualiste, il faut bien ledire, est adepte de la voiture électrique, qu’il peutrecharger à des bornes placées un peu partoutdans la ville. La voiture dans laquelle il montepour se rendre au départ de la course à pied etqu’il a louée pour quelques heures à un autre par­ticulier, est une voiture “intelligente”. Equipée decapteurs, elle dialogue avec les autres automobilis­tes et les équipements routiers.

Elle et les cinq milles objets qu’Olivier possèdesont tous “connectés” à l’Internet. C’est le cas deson téléphone et de sa tablette évidemment maisaussi de son ouvre­porte électrique, du badge deson bureau, de sa brosse à dents électrique… Et deses survêtements de sport, qui comportent descapteurs enregistrant son rythme cardiaque

ou son taux d’hydratation….

Des traitements ultra-adaptésLe tout ira alimenter les mégabanques de don­

nées que les médecins utilisent désormais poursoigner leurs patients et choisir un traitement ul­tra­adapté. Une des nombreuses conséquences de“l’Internet des objets”, cette révolution qui a dé­sormais connecté l’ensemble des machines, desentreprises, des domiciles et des véhicules au seind’ un seul réseau intelligent. Et quiintègre à la fois un Internet de lacommunication, de l’énergie et de lalogistique.

Fab labDevant la forêt de Soignes, Joseph

et Mélanie attendent déjà Olivier.Leurs horaires sont souples; ils n’ontpas d’emploi fixe. Cependant, l’“In­ternet des objets” permet aussi àMélanie et Joseph, d’être égalementdes travailleurs. Ou plutôt, commeon dit maintenant, des prosomma­teurs, c’est­à­dire à la fois des pro­ducteurs (d’énergie, de biens…) etdes consommateurs. Tous les deuxsont ainsi des habitués de la micro­fabrication, via imprimantes 3D,machines assez accessibles dans des laboratoirescommuns (fab lab). Facile : un logiciel en sourceouverte sur le Net “guide” une matière pour fabri­quer un objet physique couche par couche.

Mélanie vit pour sa passion de la pratique spor­tive, mais s’est tout de même spécialisée dans l’in­fofabrication d’accessoires de jogging personnali­sés, une mini­entreprise dont elle fait de la pub

gratuitement sur le site Etsy. Ce site de marketingcréé il y a plus de trente ans pour mettre en rap­port petits fournisseurs et utilisateurs. La livrai­son, en véhicule à zéro énergie, ne lui coûte quasirien. Et les premières sommes, elle les a emprun­tées via Lending Club, un site web qui permet leprêt entre particuliers. Elle arrondit en outre sesfins de mois en louant pour de brève période unechambre de son appartement, via Internet.

Des voitures sans conducteursJoseph suit le même modèle en

préférant partager sa voiture sansconducteur. Mais il est aussi adeptedu micro­travail via Task Rabbit,cette plateforme créée pour délé­guer les boulots ingrats il y a plusd’un quart de siècle et qui permet àses utilisateurs (particulier et PME)de faire appel à d’autres pour réali­ser des tâches ponctuelles. Des sitesqui sont désormais des rois de la“sharing economy”, l’économie col­laborative.

Certains, comme la Fondation In­ternet Nouvelle Génération,l’avaient prévu dès 2014 : noussommes désormais dans l’ère duself­emploi, dans le règne de l’em­

ployé autonome, du freelance, de l’auto­entrepre­neur. Ou encore du “slasher” (mot inspiré de labarre/sur nos claviers) qui ajoute une activité ré­munératice mais peu épanouissante, à une passionainsi qu’une activité via “l’économie collabora­tive”. Une conséquence du morcellement du tra­vail et de sa précarisation, déjà bien entamée il ya trois décennies, en 2014.

Dans lesateliers où

les robots sontnombreux,les humainsdésertent carl’environneme

ntpsychologiqueen devientpesant.

Qui serez-vous demain ?

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4 Supplément à La Libre Belgique -

Les objets connectés font déjà partie de lavie des plus branchés d’entre nous. Latendance n’est pas près de s’inverser. Malgréles craintes concernant le respect de la vieprivée, toutes ses avancées risquent bien devous faciliter la vie.

Qui serez-vous demain ?

I l ne faut pas être un “geek”, un fan de tech­nologie, pour savoir que les magasins re­gorgent en cette fin d’année d’une fouled’objets électroniques qui ont la caracté­ristique commune de communiquer via

Internet.Des smartphones, bien sûr, mais aussi des bra­

celets plus ou moins sophistiqués qui disent àleurs propriétaires de se bouger les… membreslorsqu’ils mènent une vie trop sédentaire, desthermostats intelligents qui fontéconomiser de l’énergie, des télé­visions connectées qui répondentà la voix,…

C’est un véritable déferlement.Il est même possible de suivre

son chien par satellite et de mesu­rer à distance le taux d’hygromé­trie de la terre de ses plantes gras­ses.

Ridicule ? Pas du tout : le mondeen veut, de ces montres connec­tées qui guident leurs posses­seurs, font des photos, vérifientleur pouls, les pistent au mètreprès. On a déjà oublié les critiquesacerbes à l’encontre d’Apple et deses premiers iPhones capables derestituer à la demande le parcours de ses utilisa­teurs. C’était en 2011, et sous la pression popu­laire, Apple avait dû modifier le système d’exploi­tation de ses téléphones trop intelligents pourmettre fin à cet espionnage intolérable installépar défaut, et le remplacer par… le même systèmeinstallé à la demande, à la suggestion, à l’appelsubliminal : si vous voulez qu’on vous aide à par­tir au boulot à la bonne heure, il faut que l’on sa­che où vous êtes, où vous allez et à quelle fré­quence.

Et comme tout ça marche à merveille et quec’est fascinant, on ouvre toutes les grandes lesportes de notre vie privée.

C’est un assistant vocal qui sait dans quel coinvous déjeunez et qui vous suggère un restaurantcorrespondant à vos goûts personnels.

Votre chaudière calcule votre heure d’arrivéeVotre chaudière ? Elle se met en marche lorsque

son thermostat connecté apprend que commetous les jours vous rentrez vers 18 heures et qu’en

plus, vous n’êtes plus qu’à cinq kilomètres de mamaison en roulant à une vitesse moyenne de 30 àl’heure grâce au trajet dicté par le GPS del’auto qui vous fait éviter un embouteillage.

Une application gratuite vous permet même detrouver facilement une place de parking libre àquelques mètres de chez votre caviste préféré(elle le connaît) et une autre, de vous souvenir duvin que vous aimez et que dont vous avez partagél’appréciation avec vos amis Facebook. Une appli­cation gratuite, sympa et qui fait tourner le com­

merce !Parce que derrière ce service

gratuit, et c’est vrai pour tout cequi est apparemment gratuit surInternet au travers de ces objetsconnectés en permanence, il y ades modèles économiques quitournent très bien aussi. Le mo­teur qui produit leur dynamique,c’est vous, enfin, nous.

Vos données servent de moyen depaiement

Une des valeurs qui permettentà ces modèles de fonctionner etde générer des milliards de béné­fices, c’est ce paquet d’informa­

tions que vous répandez à tout va, le sourire auxlèvres. Elles sont traitées en temps réel pour vousapporter de l’aide, des solutions. On est déjà dansle domaine de l’intelligence artificielle.

Il y a tellement d’infos à traiter et à stocker quel’industrie s’en inquiète : sera­t­elle demain capa­ble de stocker ces masses d’informations ?

Hier, on parlait de mégaoctets de données (10exposant 6 octets), aujourd’hui, de pétaoctets, dezettaoctets et il faut se préparer à intégrer les yot­taoctets (10 exposant 24), une mesure inimagina­ble pour le commun des mortels mais qui traduiten chiffres l’existence d’immenses usines à stoc­ker vos données, les “data centers”. Des centressécurisés, qui tournent jour et nuit, et surtout,coûtent des fortunes.

Et elles rapportent quoi, ces fortunes investiespour stocker des données ? Le stockage a un prix,certes, c’est le “cloud” qu’on vous vend sans tropvous en expliquer la substance. Ce qui rapporte,c’est les “big datas”. Dans ce monceau de don­nées, il y a des perles. Pour les chercheurs et les

Il y a tellementd’infos à traiteret à stocker quel’industrie

s’inquiète : sera­t­elle demaincapable destocker cesmasses

d’informations ?

2007IPHONE

Apple lance le premiermodèle de sa gamme desmartphones, baptisé

“iPhone”. Une révolutionqui sera rapidement

saluée, décriée, snobée,puis adoptée et… copiée. DP

A/RE

PORT

ERS

1960LE PROJET GPSLe Global PositioningSystem est initié à lademande du président

américain Richard Nixon.basé sur le principe de lagéolocalisation via des

signaux radio émis par unréseau de satellites, il nedeviendra accessible au

public qu’en 1983.

D.R.

2009PÈSE-PERSONNESeptembre Withingslance le premier pèse-

personne branchés sur lewi-fi, avec un logiciel quicalcule l’IMC (Indice de

Masse Corporelle)instantanément. SE

PTEM

BREWITHING

S

2011BRACELETCONNECTÉ

Jawbone lance “Up”, quimesure et analysel’activité de sonpropriétaire, ses

paramètres physiques etsurveille les cycles de son

sommeil.

JAWBO

NE

2011SIRI

Apple, qui a racheté unesociété américaine(Stanford ResearchInstitute ou SRI)

développant un assistanten ligne, lance

officiellement Siri. Leprincipe : poser des

questions ou donner desinstructions vocales

traitées à distance par desordinateurs. Samsung etMicrosoft proposent

rapidement des serviceséquivalents.

APPLE

Qui serez-vous demain ?

2012MÉTÉO

Une jeune sociétéfrançaise Netatmo lance

une station météoconnectée consultable

depuis un smartphone ouun ordinateur. Elle est

associée à un logiciel quicalcule le niveau de

confort atmosphériquede l’habitation, y compris

le taux de CO2.

NETA

LMO

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5- Supplément à La Libre Belgique

Les objetsconnectés,c’est nous !

Grâce au stylo connecté, le récepteur capture et affiche les notes manuscrites et dessins instantanément sur l’ordinateur.

EQUIL

génies, il y a des indices qui permettront de dé­couvrir les médicaments de demain. Pour les en­treprises, il y a une manne de données permet­tent de cibler les clients au plus près, partout dansle monde. Plus on est près du client, plus il rap­porte.

La montre qui vous parle de vousPrès, près, très près ? Pourquoi Apple et ses con­

currents veulent­ils absolument vous vendre une

montre alors que l’heure est visible partout ?Parce cette montre va en dire encore plus à votrepropos, à propos de votre santé, notamment.C’est un enjeu gigantesque pour l’industrie de lasanté au sens large. Pour les groupes pharmaceu­tiques, il y a là une opportunité extraordinaire :étudier les cas en temps réel, créer des soins etdes médicaments adaptés, puis les vendre.

Et ce n’est pas horrible à dire puisque cela vapermettre aux humains (les plus aisés, s’entend)

de vivre mieux et plus longtemps. En détectant àtemps certaines maladies, en surveillant des pa­ramètres (comme le taux de glycémie des diabéti­ques via des lentilles intelligentes) la collectivitéva aussi économiser sur le coût des soins de santé.

Les capteurs connectés sont déjà entrés dansnotre vie, ils nous collent à la peau et vont bientôtêtre intégrés à nos organismes. Les objets connec­tés, au centre de cette toile, c’est nous.

Patrick Van Campenhout

Qui serez-vous demain ?

2014BROSSE À DENT

Oral-B commercialise lespremières brosses à dentsélectriques connectées.Elles rappellent aux

distraits que l’on ne vapas dormir sans se

brosser les dents et fontun rapport en temps réel

du travail effectué.

ORAL-B

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6 Supplément à La Libre Belgique -

Les robots,ces amis quivous veulentdu bien

Quelle déception. L’air est moite, le maga­sin bondé, les bonnes affaires volatili­sées, et comme d’habitude je ne trouverien.

“Tu es déçu ?” Délicatement assis surune pile de pulls, un petit robot huma­

noïde m’interpelle et m’agrippe de son sourire ra­vageur. “Regarde, j’ai trouvé ce qu’il te faut”, enchaî­ne­t­il en me présentant une chemise à ma taille etparfaitement conforme à celle que je cherche.“Fonce à la caisse huit, ce sera la plus rapide. Et puis tuas vu tes cernes ? Va prendre un bon café en face. Ils ontde l’Argentin, ton préféré. Déguste­le àma santé, si j’enavais eu l’occasion je te l’aurais of­fert.”

J’ai à peine le temps d’esquisserun sourire que ce bonhommeagile attrape une veste qu’il pro­pose à un autre client aussi perduque moi. Qu’importe finalement.En affrontant les bourrasques dela rue, je me souviens de la multi­tude de ces humanoïdes quicommencent à envahir les maga­sins, reléguant les vendeurs à desvestiges du passé.

La vie en partageCes robots aux aspects humains, s’ils partageront

notre quotidien de demain ont déjà fait leur appa­rition. Le surnommé Nao commercialisé par lefrançais Aldebaran donne depuis ce mois de dé­cembre un coup de pouce aux vendeurs des maga­sins Darty en France. Mieux mêmes, plusieurs mai­sons de repos en Flandre l’utilisent comme répéti­teur et “animateur enjoué”. Leurs potentialités, sielles n’en sont qu’à leurs débuts sont en effet déjàimpressionnantes.

Très mobiles, connectés aux données que l’on li­vre sur Internet, la plupart de ces robots sont enplus dotés d’applications qui ont pour qualité decomprendre et lire les émotions.

Le robot Pepper (un frère de Nao) lit la moindreinflexion de votre visage. En 2014, Moodies, uneapplication disponible pour les smartphones se dé­veloppait considérablement pour analyser la voixet vous aider à comprendre l’humeur ou même ledegré de franchise d’un de vos proches.

Les questions liées à ces développements sont

déjà innombrables, tant au point de vue intime,commercial, politique, que sécuritaire.

Ces technologies “vont tout simplement réorienterle réel et ce que l’on nommait autrefois l’intime” s’in­quiétait auprès de Mediapart l’écrivain ThomasRoussot en novembre dernier. “Le paradigme du vi­vre­ensemble sera redéfini à l’aune d’un utilitarismejamais vu, doublé d’un voyeurisme inquisitorial sanslimite […]. Chaque passant deviendra une niche infor­mationnelle vérifiable en ligne, à la façon d’une vul­gaire plaque d’immatriculation.”

Un partage totalFace aux autres, c’est aussi face

aux robots qu’il faudra sansdoute assumer notre intimité,tant les projets en robotique sontambitieux.

L’objectif affiché d’une sociétételle que Aldebaran est de fairedu robot “un nouveau membre dela famille” et, à terme, notremeilleur ami capable de conseilset de la gestion de notre mé­moire.

Une expérience organisée par l’association Autis­tes sans frontières a donné des résultats éloquents :des jeunes autistes sont sortis de leur mutisme faceà ces robots, patients et capables de répondre exac­tement à la plupart des émotions.

Si beaucoup éprouvent une empathie pour ces ro­bots, seront­ils à leur tour capables de sentiments ?Les spécialistes interrogés restent prudents. Googlede son côté tente une expérience en créant un cer­veau en silicium apte à apprendre par lui­même.Mais le pire serait peut­être qu’ils n’en soient pascapables et deviennent des machines à tuer commel’envisagent des ingénieurs militaires. Faudra­t­ildès lors les doter d’une personnalité juridique ? Laquestion est étudiée très rigoureusement.

Et en 2020, nos robots pleureront­ils de joie lors­qu’ils gagneront le marathon des JO pour robotsque rêve d’organiser le Japon ? Et si au sein d’uneusine gérée par leurs soins les robots à naître semettaient­ils à douter de leur origine humaine ?

La fiction n’est jamais loin lorsqu’on évoque la ro­botique, mais le plus passionnant demeure lesquestions, pour l’heure, toujours ouvertes.

Bosco d’Otreppe

1milliardPUISSANCE

En 2045, elle sera un milliard de foisplus puissante que l’ensembledes cerveaux humains réunis

selon Ray Kurzweil,ingénieur en chef de Google.

Les robots posent des questions de leurpropre initiative, ou presque, car si l’hommeperçoit les risques liées à ces développements,il oublie souvent qu’il en est lui-même le maîtred’oeuvre.

Qui serez-vous demain?

1850CHARLES BABBAGELe scientifique a réaliséune machine capable

d’effectuer des calculs. Ilconçoit également lapremière machine

programmable et donc lepremier ordinateur. SC

IENC

EMUS

EUM

-330ARISTOTE

Le philosophe développela théorie du syllogisme,que l’on peut voir commeune première tentative

de mécaniser leraisonnement qui resteencore pertinente. UN

IVER

SALIM

AGES

GROU

P/RE

PORT

ERS

1997DEEP BLUE

Un ordinateur développéchez IBM bat le

champion d’échec russeGarry Kasparov. La

première RoboCup defootball est également

organisée cette année-là. STAN

HOND

A/EPA

2014MOODIES

Une application deBeyond Verbal lève

2,6 millions d’euros. Elleanalysera les voix pourdétecter avec une grandeprécision les émotionsintimes de chacun. M

OODIES

2015PEPPER

Le nouveau robotde Aldebaran

est commercialisé pour1500€. Le Japon proposed’en louer pour veiller,entre autres, sur lespersonnes âgées. AL

DEBA

RAN

Qui serez-vous demain ?

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7- Supplément à La Libre Belgique

La fiction n’est jamais loin lorsqu’on évoque la robotique.

REPO

RTER

S/M

PTV

Qui serez-vous demain ?

3 Questions à

1Comment définissez­vous l’intelligence

artificielle ?Il n’y a pas de consensusentre les scientifiques,mais je la définiraiscomme un ensemble detechniques de program­mation qui permettent àun ordinateur de résou­dre des tâches qui, quandelles sont réalisées par deshumains font que ceshumains sont considéréscomme intelligents. Lors­que le champion d’échecsKasparov a été battu parun ordinateur, il a étédépassé par une formed’intelligence artificielle.

2L’astrophysicienStephenHawking

s’est inquiété de sapossible domination surl’humanité. Faut­il par­tager ses craintes ?Prévoir l’avenir est tou­jours délicat. Des robotspourront­ils accroître leurinfluence sur l’Huma­nité ? Peut­être, mais pasdans l’immédiat. Cepen­dant, les risques relatifs àl’intelligence artificiellesont plus liés au compor­tement des humains qu’àla technologie elle­même.Si nous confions auxrobots des décisions, sinous leur soumettons deschoix politiques commecertains romanciers l’ontimaginé alors oui, nousrisquons d’abdiquer faceà leurs performances.

3Ces robots seront­ilsun jour capables de

sentiments ?Pas à moyen terme, maisils seront capables de lessimuler et de développerun comportement quisera considéré par cer­tains comme de l’empa­thie. Nous nous attache­rons à eux comme nousnous attachons à nosanimaux de compagnie.

PASCAL GRIBOMONTProfesseur d’informatique etd’intelligence artificielle pour

l’ULG

ULG

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8 Supplément à La Libre Belgique -

Bruxelles-Sydney en 1h30

Evocation Raphaël Meulders

Le réveil est difficile pour Gustave. Six heu­res trente. Dans 25 minutes, le jeunehomme doit être au “Brussels West En­ghien Airport”. La navette de la “BransonJunior Airlines” ne l’attendra pas. Gustave

sourit : dans trois heures, il pourra embrasser sa ten­dre Kimberley, jeune Australienne qu’il a rencontrélors de son échange Erasmus aux îles Fidji. Mais iln’est pas encore sur les plages de Sydney. Gustavepeste. Il y a une file énorme pour le triple passage dedouanes à Enghien. Encore une histoire belge. De­puis que l’aéroport de Zaventem a été déplacé à En­ghien en 2030, suite à une grève de la faim au finishdu mouvement des riverains “No pasaran”, les pro­cédures administratives se sont multipliées. Lecompromis était le suivant : deux pistes du nouvelaéroport ont été construites sur le territoire fla­mand et deux autres en région wallonne. Si le trai­tement des bagages se fait en Wallonie, le contrôlede sécurité se réalise sur le territoire flamand. De­puis la scission de la Belgique en 2032, c’est devenuun véritable casse­tête pour lesvoyageurs qui présentent leur pas­seport numérique en permanence.

Un Boeing 7890 pour Sydney ?C’est fait, Gustave se retrouve en­

fin dans le Terminal 1, celui despour les vols “très long courrier”. Lejeune homme jette un oeil sur sa na­vette qui l’emmènera vers l’Austra­lie. Finalement, Richard Bransons’était trompé en annonçant qu’onpourrait rejoindre l’Europe àl’Océanie en deux heures via des vols orbitaux.

Son petit­fils, Peter, qui a repris la compagnie“Branson”, propose à ses voyageurs de le réaliser enune heure trente. Le génial anglais aurait certaine­ment aimé voir son rêve se réaliser, mais on a perdusa trace dans l’espace, il y a vingt ans, suite à saénième tentative de voyage vers la Lune en mon­tgolfière. Le regard de Gustave est attiré par le der­nier Boeing 7890 à quadruple étage de Ryanjet, néde la fusion entre Ryanair et Easyjet. Gustave se re­mémore son premier voyage en avion depuis Char­leroi. Il avait quatre ans et avait été impressionnépar l’allure des hôtesses. Une autre époque, tout estdésormais automatisé à l’intérieur des avions et na­vettes qui se partagent le marché de l’aérien.

Ce denier marché a explosé : on est passé de3,3 milliards de passagers en 2014 à 14 milliards en2045. Gustave a du mal à garder les yeux ouverts. Sacarte “Volib”, qui lui permet de voyager à travers lemonde de manière illimitée, via un forfait mensuel.

L’idée a été lancée en par deux astucieux Belges en2014. Ils sont respectivement 45 et 65e sur la listeForbes des hommes les plus riches en 2045. Depuis,toutes les compagnies se sont soumises à cette règlede l’illimité. Mais le marché a été complètementchamboulé, lorsque la compagnie Molair du kazakhMikhael O’Learev a lancé un forfait mensuel illimitéà 9,99 euros par mois pour les vols transatlantiques.Des prix au plancher, tout comme les passagers quine disposent pas de place assise dans les vols de lacompagnie “ultra très low cost”.

L’Afrique, “là où ça se passe”Un Airbus A990 de la compagnie “German Brus­

sels Airlines” se prépare à décoller. L’ex­compagniebelge, entièrement rachetée par l’AllemandeLufthansa en 2022, a sauvé sa peau en se concen­trant uniquement sur ses vols africains. Une bonneidée : l’Afrique et ses deux milliards d’habitants,“c’est là où cela se passe” en 2045.

On parle désormais de la “Silicongolaise Valley” àtravers la planète entière. Pas pour rien que “WestEnghien Brussels­Kinshasa” soit l’une des liaisons

les plus fréquentées et convoi­tées au monde. Mais l’ex­com­pagnie belge a aussi profitéd’un autre phénomène : lesavions volent désormais avecde l’huile de friture. Et dans ledomaine, l’ex­Belgique, qu’onsurnomme la puissance de lafrite, a un savoir­faire ancestral.Par deux fois, “German Brus­sels Airlines” a même tenté deracheter EthiEmi, la célèbrecompagnie du Golfe. Sans suc­

cès jusqu’ici.

Avions de 20 places à hélicesDans le Terminal 3, les avions de Tecteo Airlines et

d’Idelux Airways embarquent leurs passagers. Pourdésengorger le trafic aérien, on a aussi créé des avi­ons de 20 places propulsés par des hélices, qui per­mettent des décollages et des atterrissages courts.Une pile à combustible produit l’énergie électriqueà bord. Le but est de distribuer le trafic sur des aéro­ports plus petits et plus nombreux. En Wallonie,chaque commune a son petit aéroport et chaque in­tercommunale sa compagnie.

Gustave entra dans la navette de la Branson Junior.Il n’y a pas de hublot mais un écran interactif proje­tant l’environnement à l’extérieur de l’appareil.Une idée lancée en 2014 par des Anglais et qui a faitson chemin. Le ciel est gris. Gustave s’assoupit. Dansmoins de deux heures, il embrassera sa dulcinée.Sous le soleil australien.

14milliards

PASSAGERSDe 3,3 milliards de passagers en 2014,on est passé à 14 milliards en 2045.

Les distances raccourcissent au fil desinnovations technologiques. Quelles sontdonc les limites qui ne manqueront pas d’êtredépassées ?

Qui serez-vous demain ?

2013LA FOLIE BRANSONRichard Branson annonce

qu’il va décliner sesnavettes spatiales dansdes formes plus petitesafin de rallier l’Europe àl’Australie en 2 heures,via un vol orbital. Lecrash du vol d’essai du

vaisseau spatial“SpaceShipTwo” en 2014dans le désert de Mojavemet un coup d’arrêt au

projet.

AP

2014LE VOL A VOLONTÉDeux jeunes Belges,créateurs de la

compagnie Take Air,introduisent le vol àvolonté, via un forfaitmensuel en Europe.

Le concept a été inventéun an auparavant aux

Etats-Unis.

TAKEAIR

2003FIN DU CONCORDEDernier vol de l’avionsupersonique Concordequi reliait Paris à NewYork en 3h30. Suite à

différents facteurs, dontles attentats du

11 septembre 2001, lesecteur connait un freinimportant en terme

d’innovation.

REPO

RTER

S/SW

NS

1927NEW YORK-PARISPremière traversée del’Atlantique nord sansescale (20-21 mai), deNew York à Paris, par

Charles Lindbergh à borddu Spirit of Saint Louis

REPO

RTER

S/RU

EDE

SAR

CHIVES

1853PREMIER VOLUn aéroplane

transportant un hommepar Sir George Cayley.

D.R.

Qui serez-vous demain ?

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9- Supplément à La Libre Belgique

Solar Impulse vole à l’énergie solaire. L’idée n’est pas de remplacer les modes de propulsion actuels mais bien de faire la promotion des énergies renouvelables.

CATERS

/REPOR

TERS

Qui serez-vous demain ?

Quand posséder une voiture devient moins important qu’y avoir accèsUne petite révolution est en marche dans le mondedu transport. Elle est portée par la génération Y (les18­34 ans actuellement) qui préfère son smart­phone à une voiture personnelle. L’automobilen’est plus l’objet rêvé numéro un de la jeune géné­ration. D’après plusieurs études, menées en Europeet aux Etats­Unis, les jeunes pourraient ainsi plusfacilement se passer de la possession d’une voitureque de leur téléphone portable. “Les jeunes sont entrain de transformer leur rapport à l’automobile,explique le spécialiste en prospective Jeremy Rifkin.Ils privilégient l’accès plutôt que la propriété. Dans lemonde entier, l’auto­partage est devenu populaireauprès des 218­34 ans.”D’autres études ont montréque 80 % des membres de services d’auto­partagequi possédaient une voiture l’ont vendue aprèss’être inscrits à ces services.

En fait, c’est surtout le système de géolocalisationintégré dans la plupart des téléphones portablesqui apporte une vraie révolution. Ce système per­met de partager, louer un véhicule, d’appeler unchauffeur, de proposer un covoiturage… où l’onveut, quand on veut. Encore faut­il une plateformenumérique qui gère le tout. Des géants financiers sesont lancés dans ce créneau qui s’annonce très

porteur. Google mise sur la start­up californienneUber; le milliardaire Richard Branson a fait le parid’investir dans l’un des grands adversaires d’Uber(avec Lyft), dénommé Sidecar. Il y a en a beaucoupd’autres. Buzzcar, Drivy, BlaBlacar ou Flightcar…Ces noms ne vous disent peut­être rien, mais cesont sans doute les futures grandes plateformes detransport de demain. BlaBlacar, un système decovoiturage pour longues distances, est ainsi entrain d’exploser en France. Et pour cause : le sitepropose des tarifs à un tiers du prix de ceux de laSNCF. L’opérateur ferroviaire a répondu immédia­tement en lançant lui­même sa plateforme decovoiturage (IDVroom).

Nouveaux acteursCes nouveaux acteurs numériques ne s’attaquent

pas qu’aux parts de marché des constructeursautomobiles. Les transports publics sont aussi enligne de mire. Des sociétés de cars au Québec ontdû ainsi mettre la clé sous le paillasson après l’arri­vée d’un opérateur de ce type. Le système estdisruptif : il met en danger des milliers d’emplois,tout en en créant d’autres. A travers le monde, leschauffeurs de taxis se sont ligués contre le service

de covoiturage Uber, qu’ils voient comme un ser­vice de taxis déguisés. Selon eux, les chauffeurs“Uber” leur font une concurrence déloyale en nepayant pas de taxes. Plusieurs gouvernements, dontcelui de la Région bruxelloise, ont suivi cet avis eninterdisant tout simplement ce service sur leursterritoires. En fait, le cadre juridique reste encoretrès flou en Europe sur ce type de plateforme.Beaucoup de questions se posent sur le respect dela vie privée. Les loueurs, chauffeurs, copilotesdoivent chacun faire connaître leur identité, leurprofil. Ils sont cotés, “likés”, ce qui évite, d’après lesplateformes le danger des mauvaises rencontres.

Pour certains, malgré les interdictions, la ten­dance est irrévocable : la voiture individuelle vit sesdernières heures. Demain, on “partagera”, maisrarement gratuitement. “On gardera sans douteencore une voiture par ménage, explique un spécia­liste.Mais ce véhicule, on va le rentabiliser unmaxi­mum en le louant ou en partageant des parties detrajet avec des inconnus trouvés sur des réseaux so­ciaux. Le secteur des assurances est déjà en train des’adapter pour ce genre de “partages de responsabili­tés”.

R.Meu.

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10 Supplément à La Libre Belgique -

Rêverle futurde l’alimentation

En ce début de XXIe siècle, on n’a jamaisparlé autant de cuisine, notamment grâceau succès de la téléréalité culinaire. Etpourtant, on n’a jamais aussi peu cuisiné…Selon une étude de l’ULG Gembloux pa­

rue en 2013, entre 1961 et 2009, la part du budgetd’un ménage belge consacré à l’alimentation estpassée de 36 à 15 %. Par contre, les dépenses enachats de plats préparés augmentent chaque an­née en moyenne de 1,7 %… En 2009, 92% des mé­nages belges consommaient des plats préparés(pizzas, soupes, sandwiches…). Alors que le rythmede la société ne cesse de s’accélérer et que l’on tra­vaille toujours plus, il y a peu de chance que la ten­dance s’inverse…

Consommer de manière différentePourtant, depuis des années, on

voit monter un besoin de consom­mer de façon différente, plus res­ponsable. En 2013, on a ainsi vunaître à Naninne, “D’ici”, premiersupermarché “locavore” de Belgi­que, qui propose des ingrédientsessentiellement locaux et artisa­naux. Fin 2013, “Färm”, supermar­ché bio et coopératif, ouvrait sesportes à Bruxelles. Imaginée par unAméricain expatrié, “La Louve”s’apprête à importer le même con­cept, né à Brooklyn, à Paris… Tandisque se multiplient, à Anvers (“Ro­buust”), Bruxelles (“Almata”) ouParis (“Day by Day”), des épiceriesoù tous les produits (alimentaires et autres) sontproposés en vrac, pour réduire les emballages et lesprix.

La grande distribution a bien compris ces évolu­tions et est déjà en train de réagir. En région pari­sienne, le groupe Carrefour teste en ce momentdes “Carrefour Bio”. Tandis que, pour contrer ledéveloppement des magasins à la ferme, qui per­mettent de réduire les intermédiaires entre pro­ducteurs et consommateurs, le groupe Colruytvient d’ouvrir à Overijse “Cru”, un marché couvertgourmet haut de gamme axé sur la saisonnalité etl’artisanat, sans aucune marque connue de l’agroa­limentaire dans ses rayons.

Ces questions environnementales et sanitaires seretrouvent dans la réflexion des chefs, qui se tour­

nent de plus en plus, eux aussi, vers une approcheplus locale, développant, sous l’impulsion d’AlainPassard en France, leurs propres potagers parexemple. Cette tendance, qui est en parfait accordavec le succès actuel de la gastronomique nordi­que, très locavore, ne fera que se poursuivre dansles prochaines années.

La consommation de viande devra diminiuerC’est une nécessité, la consommation de viande

et de poisson, dont la production de masse est unemenace pour l’environnement et la biodiversité,devra diminuer. Cela n’a pas fait la Une des jour­naux mais l’humanité, désormais entrée dans l’èrede l’anthropocène, a connu à l’été 2013 un tour­nant majeur : l’homme est passé de la cueillette àl’agriculture en termes de produits de la mer. On

consomme en effetaujourd’hui plus de poissonsélevés que de poissons pêchés.Et ce n’est pas une bonne nou­velle quand on sait que pourproduire 1 kg de saumon oude bar, il faut 4 à 5 kg de fari­nes de poissons sauvages (etmême 20 kg pour le thonrouge !)…

Face à ce nouvel impératifécologique mais aussi pourdes raisons éthiques et philo­sophiques face à l’horreur dela production à échelle indus­trielle de viande, le végéta­risme et le végétalisme de­

vraient continuer de gagner du terrain. Tandis que,soutenue par la FAO et un lobby de producteurs, laconsommation d’insectes pourrait devenir unenouvelle source de protéines plus écologique. En­core faudra­t­il que, une fois passé l’effet de curio­sité, le public occidental se fasse à l’idée de mangerdes criquets ou des vers de farine, fût­ce en tapena­des ou en veggie burgers ! Pas sûr qu’il sera plusgourmand de la viande produite in vitro (déjà uneréalité au niveau de la recherche) ou de l’impres­sion 3D de nourriture… Ce n’est pas demain qu’oncommandera son repas sur McDo.com avant de sel’“imprimer” à domicile. Certains y croient pour­tant. La preuve, un congrès sur le sujet vient de sedérouler à Liège…

Hubert Heyrendt

1millionDE MEMBRES SLOW FOOD

Le réseau de personnes actives dansle mouvement Slow Food est devenu

le plus important au monde,dépassant Amnesty ou le WWF.

Soit une force de frappe importantepour défendre à l’avenir une

alimentation “bonne, propre et juste”en proposant d’autres modesde production et un autre type

de société.

L’alimentation de demain risque derévolutionner les habitudes de consommation.l’on en est pas encore à imprimer deshamburgers à domicile mais certains y pensentdéjà.

Qui serez-vous demain ?

1492AMÉRIQUE

Découverte de l’Amériqueet, avec elle, des tomates,des pommes de terre,

des petits pois,des piments, du maïs,du café, de la dinde…

REPO

RTER

S/C

CI/M

ARCCH

ARMET

-9000AGRICULTURE

La révolution néolithiquefait passer l’homme du

statut de chasseur-cueilleurà celui d’agriculteur-

éleveur. Il domestique lesplantes et les animaux pour

son alimentation. SWNS

/REPOR

TERS

1926RÉFRIGÉRATEUR

L’apparition du frigidairepermet une conservationplus longue des aliments.

L’amélioration desconditions matérielles

fait exploser laconsommation de viande. D.

R.

1973NOUVELLE CUISINELancement par Henri

Gault et Christian Millaude la “Nouvelle cuisine”,qui allège la cuisinefrançaise classique,autour de Bocuse,Guérard, Troisgros… W

IKI/CC

2000MOLÉCULAIRESous l’impulsion du

Catalan Ferran Adrià, lagastronomie moléculairefait florès, amenant dansles cuisines de nouvelles

techniques souventissues l’agroalimentaire. RE

PORT

ERS

Qui serez-vous demain ?

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11- Supplément à La Libre Belgique

Sana, Yemen, cet été : l’invasion de sauterelles s’est transformée en opportunité commerciale pour les fermiers locaux.

SCAN

PIX/RE

PORT

ERS

Réinventer le terroirLa cuisine de demain ne pourraêtre que le reflet des évolutions dela société.Dans un monde toujours plusmondialisé, les influencesviendront plus que jamais desquatre coins de la planète.Après l’Espagne et la Scandinavie,c’est désormais l’Amérique du Sud,et le Pérou en particulier,qui semblent bien placés sur lesradars des foodies.Mais, quelles que soient cesévolutions, il faut espérer que lacuisine ne poursuive pas le granddéménagement du monde encontinuant à importer des petitspois kényans ou des haricotspéruviens ou en continuant àproduire en Amazonie le soja quisert à nourrir le bétail en Europe…La cuisine devra au contraire êtrecapable de mettre à l’honneur desingrédients produits localementdans le respect del’environnement, des savoir-faireet des producteurs. Relocaliser laproduction alimentaire est en effetune nécessité politique, sociale etenvironnementale.En Belgique en particulier, oùl’industrie agroalimentaire a toutdétruit sur son passage dansl’après-Guerre, il y a tout un terroirà recréer, des spécialités locales àréinventer ou à sauver, comme s’yatèle le mouvement Slow Food àtravers son Arche du goût.Un beau défi à relever dans les 20ans à venir ! H.H.

Epinglé

Qui serez-vous demain ?

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12 Supplément à La Libre Belgique -

À l’ordinateurde poserle diagnosticmédical

Jusqu’où la technologie et l’assistanceinstantanée qu’elle prétend bientôt apporterau patient se substitueront-elles au médecin ?Mais est-ce bien la voie qu’elles prennent ?

Qui serez-vous demain ?

Propos recueillis par Laurence Dardenne

Médecin nucléaire, Erard le Beau deHemricourt est aussi le co­fondateurde Esperity, la première plateformemondiale d’échange multilingue pourles malades atteints du cancer et leurs

proches. Les patients peuvent y expliquer leur par­cours, s’informer, s’exprimer via des blogs, partagerdes informations sur les effets cliniques d’un traite­ment… Particulièrement sensible au développe­ment des nouvelles technologies et possibilités desréseaux sociaux de partage, ce médecin nous livresa vision de la médecine de demain.

De moins en moins d’erreurs humainesOn en voit déjà les premières ébauches actuelle­

ment, mais plus encore au XXIe siècle, prédomine­ront la génétique, la technologie et l’accumulationdes données. Tout cela permettra d’avoir une visionplus rigoureuse de la médecine, plus déterministeet où l’erreur humaine prendra de moins en moinsde place. Alors qu’à l’heure actuelle, la plupart destraitements sont parfois administrés un peu àl’aveugle, au XXIe siècle, cette approche thérapeuti­que et diagnostique un peu aléatoire aura tendanceà nettement diminuer grâce aux moyens technolo­giques mis à disposition. La méde­cine empirique va laisser la place àune médecine déterministe, rigou­reuse et technologique. Plus préciseaussi et plus ciblée. Avec les donnéesgénétiques de chaque individu, onva pouvoir mieux comprendrel’émergence des maladies et com­ment y faire face.

Une médecine plus socialeCe sera également une médecine plus sociale où

les individus auront de plus en plus les moyenstechnologiques pour mieux comprendre leur ma­ladie, y faire face eux­mêmes en se prenant encharge. Dans 20 ou 30 ans, le rôle du médecin seramoins de faire un diagnostic que d’accompagner lepatient informé et donner un traitement adapté. Lediagnostic sera fait peut­être par le médecin, maispeut­être déjà par le patient lui­même qui, contrai­rement à la plupart des médecins, est déjà devenuun pro en matière de réseaux sociaux et d’Internet.On assiste en effet à un clivage technologique digi­

tal entre les patients qui sont motivés dans leur ma­ladie et les médecins qui n’ont pas le temps de seconsacrer à ces nouvelles technologies et moyensde communication.

La révolution des applicationsDéjà bien répandues, les applications téléchar­

geables sur smartphones ou sur tablettes vont en­core se multiplier. Si les patients s’y intéressentdéjà, les médecins les considèrent encore commedes gadgets. On voit actuellement un mouvementtrès important des sociétés non médicales pourrentrer dans le monde médical, que ce soit Google,Microsoft, Apple ou d’autres acteurs du mondetechnologique. Des millions de dollars sont investispour avancer dans la recherche et la compréhen­sion de tous les outils qui pourraient faciliter laprise en charge des maladies. Il existe des applica­tions en tous genres : pour aider les patients diabé­tiques, ceux qui ont le Parkinson, des jeux pouraméliorer les capacités de mémoire…

Plus d’intérêt pour la préventionOn devrait aussi assister au développement des

outils technologiques de prévention, pour aider lespatients à soigner leur santé au quotidien : qu’ils’agisse d’enregistrer le rythme cardiaque, le som­

meil, le stress… Dans beaucoup depays, on assiste déjà à une escaladeau niveau du coût; la médecine de­vient hors de prix, il y a des médica­ments très ciblés qui sont extrême­ment chers. D’ici quelques années,on va assister à un écueil où les pa­tients n’auront plus accès à certainstraitements hyper coûteux, que cesoit aux Etats­Unis parce que les pa­

tients devront y aller de leur poche ou en Europeparce que les gouvernements ne pourront plusfaire face. Nous serons donc bien obligés à un mo­ment de privilégier une autre voie que nous avonstrop négligée pendant longtemps, et qui est la pré­vention. Les applications pourraient, dans une cer­taine mesure, aider les patients à jouer eux­mêmesun rôle dans la prévention et la prise en charge deleur maladie.

Le super ordinateur Watson arriveCe qui, à mon avis, devrait considérablement im­

pacter le monde médical, ce sera la mise au point,

En route versunemédecineplus sociale,rigoureuse ettechnologique

1998CELLULES SOUCHESLes cellules souchesembryonnaires ont étédécouvertes en 1981

chez la souris et en 1998chez l’Homme.

Leur utilisation posedes problèmes éthiques.

JOHA

NNADE

TESSIÈRE

S

2005GREFFE DU VISAGELe 26 novembre 2005, lePr Benoît Lengelé (UCL)réalise ainsi avec BernardDevauchelle et SylvieTestelin à Amiens lapremière allogreffepartielle de la face.

DARP

A

2014PROTHÈSE

L’agence américainedes médicaments (FDA)a donné son feu vert

le vendredi 8 mai 2014à la commercialisation

aux Etats-Unisd’une prothèse bionique.

REPO

RTER

S

2003GÉNOME DÉCRYPTÉC’est en avril 2003 que lepremier génome humainsera déclaré entièrementséquencé, après unepremière annonce deséquençage partiel en

2000.

PHAN

IE/REPOR

TERS

1996LA BREBIS DOLLYLe 5 juillet 1996,

les chercheurs du RoslinInsitute à Edimbourg

annonçaient la naissancedu premier mammifèrecloné à partir de cellulesadultes, la brebis Dolly. RE

PORT

ERS

Qui serez-vous demain ?

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13- Supplément à La Libre Belgique

Le patient ne sera pas de plastique, mais les organes imprimés en 3D pourraient devenir de routine, d’ici une quinzaine d’années.

RUEDE

SAR

CHIVES/REPOR

TERS

par la firme IBM, du super ordinateur Watson, des­tiné à aider les médecins à faire leurs diagnostics.Des tests sont en cours avec les hôpitaux dans le butde fournir d’ici 2020 à tous les médecins un outilinformatique qui leur permettra sur base de symp­tômes décrits par le patient, du mode de vie, deproposer au médecin une série de diagnostics pos­sibles. Lorsque cela entrera de plain­pied dans lemonde médical, les médecins se rendront compteque ces applications vont devenir incontournables,contrairement aux applications actuelles qui n’ontpas d’impact sur le mode de pensée du médecin. Etquand on sait qu’à l’heure actuelle, environ 20 %des diagnostics sont erronés… On peut espérer queWatson aide les médecins dans leur raisonnementintellectuel pour faire un bon diagnostic et choisirle meilleur traitement. Cela se fera sur base de cri­tères génétiques, moléculaires, épigénétiques pré­cis…, car il y aura une masse grandissante d’infor­mations que le cerveau humain sera totalement in­capable d’accumuler. À l’avenir, pour traiter uncancer, on devra connaître non seulement la carted’identité moléculaire du cancer mais aussi le ré­seau qui se crée au sein de la cellule cancéreusepour choisir deux, trois ou quatre traitements ci­blés, qui vont chacun agir sur une voie bien spécifi­que de la cancérogenèse et qui vont bloquer l’évo­lution de la maladie cancéreuse.

Des prothèses bioniques, de plus enplus sophistiquées

En 2014, la FDA a donné son accord pour com­mercialiser la première prothèse bionique qui de­vrait permettre aux personnes amputées de menerune vie presque normale. On vient de développer

des prothèses qui, grâce à des capteurs placés aubout des doigts, permettent de redonner la sensa­tion de toucher aux personnes amputées, les ter­minaisons nerveuses qui subsistent dans le moi­gnon étant raccordées à des terminaisons électri­ques. Dans 5 à 10 ans, on devrait avoir lespremières ébauches commercialisées de ces pro­thèses très sophistiquées.

Les cellules souches, source d’espoirLes progrès considérables déjà réalisés dans le do­

maine des cellules souches ne devraient faire ques’accentuer. Nous avons à présentles moyens technologiques pourpurifier les cellules souches dans lesang et la peau des individus; nousavons des moyens moléculairespour faire revenir au stade précoce,embryologique, des cellules quiétaient déjà au stade différencié. Àpartir de cellules cutanées, on peutainsi faire pousser des cellulesneuronales. Cela se fait depuisquelques années en laboratoire. L’étape suivantesera l’être humain.

Les possibilités de l’impression 3 D desorganes

Une autre chose qui va très certainement révolu­tionner les années à venir est l’impression 3D. Destentatives d’impressions 3 D ont déjà été faites surdes mâchoires, des trachées des vessies ou encoredes petits vaisseaux sanguins qui ont été transplan­tés chez l’être humain. Il faut évidemment encoretrouver le bon type de support pour lequel il n’y a

pas de rejet par l’organisme. Pour certains typesd’organes, on a déjà quelques résultats. En tout cas,le mouvement est lancé, et connaissant la vitessed’évolution des technologies, cela ne pourra ques’accélérer dans les années à venir.. Les cellules sou­ches et l’impression d’organes en 3D, cela devraitêtre de la routine d’ici une dizaine voire une quin­zaine d’années.

Le cancer et Alzheimer, encoreParmi les maladies qui seront prédominantes, il y

aura toujours le cancer. Le nombre de cas continued’augmenter, tandis que la morta­lité diminue, le cancer étant entrain de devenir une maladie chro­nique. Une pathologie qui, tantque l’on n’aura pas découvert sacause, continuera de progresserest la maladie d’Alzheimer. Celareste un enjeu de santé public,avec le vieillissement de la popula­tion et l’augmentation de l’espé­rance de vie, de l’ordre de 3 mois

chaque année. On atteindra une espérance de viede 100 ans au cours de ce siècle­ci.

Les médecines complémentairesLes médecines complémentaires ou alternatives

vont prendre une place de plus en plus importantepuisque les patients auront besoin de comprendreleur maladie et le souhait de la prendre eux­mêmesen charge. L’homéopathie, par exemple, gardera seslettres de noblesse, pas seulement par le produitmais par la relation de mise en confiance qui s’éta­blira entre le médecin homéopathe et son patient.

2ANNÉES DE VIE EN PLUS

EN BONNE SANTÉL’Union européenne s’est fixécomme objectif d’augmenter le

nombre d’années de vie en bonnesanté de 2 ans, d’ici à 2020.

Qui serez-vous demain ?

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14 Supplément à La Libre Belgique -

Abbeyfield,un projetd’habitationinnovant

Un habitat groupé offre une nouvelledynamique et un projet de vie aux seniors.Et c’était le regard de la société entière sur lavieillesse qui s’en trouvait modifiée ?

Qui serez-vous demain ?

Abbeyfield est un nom qui sonnecomme une vieille ballade anglaise. Etpourtant, il s’agit d’un concept inno­vant en matière d’habitat co­géré pourseniors qui nous vient d’Angleterre.

C’est une nouvelle manière d’entrevoir la vieaprès 65 ans, une nouvelle façon de vivre et, pourbeaucoup, cela signifie un nouveau projet.

Responsable et autonomeSur quoi se base ce concept d’habitation ? “Ab­

beyfield met à la disposition de seniors à revenusmodestes un habitat groupé basé sur la co­gestiond’un immeuble dans lequel chacun dispose d’un petitappartement et de pièces communes. Chacun a sapropre boîte aux lettres, par exemple. La cuisine, leliving, la salle à manger et la buanderie sont des es­paces communs. Contrairement aux apparences, ilne s’agit pas d’un bail de location classique ni d’uneco­location”, explique Chantal Couvreur, Prési­dente d’Abbeyfield Belgium. Chaque maison dis­pose aussi d’un jardinet dans lequel, parfois, unpotager est cultivé.

Qu’est ce qui distingue ces maisons Abbeyfieldd’une co­location classique ? Les habitants de cesmaisons se fédèrent en ASBL. Cette ASBL va louerl’immeuble et le gérer. Il s’agit donc, au­delàd’une location, d’un engagement dans une ASBLqui a un projet de vie commune.

Chacun se sent ainsi responsable et partie pre­nante du projet. Les immeubles appartiennentaux communes, CPAS ou parfois, à la FondationRoi Baudouin. “C’est un concept novateur basé surla convivialité et la solidarité. Ce concept permet dedonner aux personnes plus âgées un nouvel élan ense lançant dans un nouveau projet de vie qui impli­que aussi des responsabilités. Chacun est en effet res­ponsable d’un domaine bien précis au sein de cetteco­gestion”, ajoute Chantal Couvreur.

Une liberté individuelle conservéeUne personne va s’occuper de la cuisine un cer­

tain jour de la semaine, une autre sera responsa­ble des comptes et un autre locataire prendra encharge l’entretien du jardin, par exemple. Cha­que personne reste cependant indépendante etdispose d’un mini­appartement composé d’unechambre, d’une salle de bain et d’un living aveckitchenette. Elle conserve la liberté de vaquer àses occupations habituelles tout en étant respon­sable d’un aspect de la maison.

“C’est important que chacun garde son autono­mie, sa liberté et ne se sente pas contraint dans unecommunauté”, souligne Chantal Couvreur. Cetteformule d’habitat groupé permet à des personnesâgées de garder leur indépendance tout en ne vi­vant pas seules et de garder encore une vie active.

Isabelle de Laminne

1910KIBBOUTZ

Communauté ou villagecollectiviste d’Israëldéveloppée par lemouvement sioniste

d’influence socialiste. Lepremier kibboutz est

fondé à Degania en 1910. CHAT

ELIN/REPOR

TERS

1847PHALANSTÈRE

Communauté qui se formepar le libre choix et

l’affection des résidents.Cet utopique conceptde l’idéaliste français

Charles Fourier n’a jamaisété effectivementmis en place.

MAR

YEV

ANS/RE

PORT

ERS

1992TÜBINGEN

La ville allemandeentame sa reconversionet opte pour le “durable”,

mais aussi pourl’originalité. On y vientpuiser l’inspiration departout dans le monde. IJU

LIAN

/FLICK

R/CC

1956ABBEYFIELD

Le projet avait pour but devenir en aide aux

personnes âgées les plusdémunies. Il tire son nomde la rue londonienne oùfut installée la premièrehabitation du genre. AB

BEYFIELD

50’iesRICHARD

CARR-GOMMC’est dans le cerveau dece major anglais à la

retraite que germe l’idéed’Abbeyfield. Une idéequi a fait son chemindepuis plus de 60 ans. AB

BEYFIELD

Qui serez-vous demain ?

Une personne va s’occuper de la cuisineun certain jour de la semaine, une autresera responsable des comptes et unautre locataire prendra en charge

l’entretien du jardi.

La résidence Abbeyfield d’ Etterbeek, un habitat en communauté onne peut plus paisible et stimulant pour les seniors.

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15- Supplément à La Libre Belgique

BORT

ELS

Qui serez-vous demain ?

Des habitant co­optésVivre en communauté ne s’improvise pas, c’est un autreart de vivre. Certaines personnes ne sont résolument pasfaites pour ce genre d’habitat groupé. Il faut aussi que lespersonnalités s’accordent comme les instruments d’unorchestre pour que l’harmonie règne au sein de la mai­son. La sélection des habitants est donc une étape impor­tante dans la constitution de ces maisons Abbeyfield.

Co­optation et médiateurComment sont sélectionnés les co­habitants ? « Les co­

habitants se choisissent par co­optation. Ces maisons re­groupent entre 7 et 10 personnes du troisième et quatrièmeâge qui doivent être autonomes et en bonne santé. Chaquemaison a un visage différent selon les habitants », reconnaîtChantal Couvreur. Et que faire si une Tatie Danielle vientmettre son grain de fiel dans une de ces maisons ? La vieen communauté n’est pas toujours facile et il faut pouvoirdégager des intérêts communs à tous les habitants. Dansles cas de conflits, les habitants peuvent faire appel à unmédiateur qui viendra calmer les désaccords. « Chaquemaison dispose d’un accompagnateur bénévole pour tous lesaspects comptables et techniques. Parfois un habitant recon­naît que cette formule ne lui convient pas. Dans ce cas, il peutquitter l’ASBL et il sera remplacé par un nouveau co­habi­tant qui sera à nouveau co­opté par les autres résidents »,ajoute Chantal Couvreur. Comment se crée une nouvelle

maison ? « Nous donnons des conférences dans différentscoins de Belgique. Ensuite, nous lançons des inscriptions etnous organisons des réunions entre 7 et 10 personnes pourvoir avec elles si elles peuvent créer une communauté de vie.Nous ne dépassons jamais 10 personnes pour des questionsd’intendance : cuisiner pour plus de 10 personnes devientfastidieux ! », avoue Chantal Couvreur. Il faut chaque foistrouver des endroits adéquats. Actuellement, quatremaisons sont disponibles en Belgique et plusieurs projetsd’implantation sont prévus dans le Brabant Wallon etdans une commune bruxelloise.

Ces maisons n’ont pas pour vocation de remplacer lesmaisons de repos et de soins. Ce sont des espaces de vieinnovants. Il y a peu d’innovations qui concernent lesainés. Or, avec le vieillissement de la population, ces ini­tiatives devraient être encouragées. « Nous comptons tou­jours sur l’Etat pour assurer notre avenir,mais, ici, nousmet­tons en place une innovation sociale basée sur une nouvelledynamique dans les rapports sociaux de nos aînés. Nousnous développons également en Flandre », note ChantalCouvreur. Ce genre d’initiatives vise essentiellement lespersonnes âgées à revenus modestes qui veulent garderune certaine autonomie, avec de nouvelles responsabili­tés, tout en bénéficiant d’un tissu social stable et finale­ment… réconfortant. Isabelle de Laminne

Un peu d’histoireInitié dans la banlieue de Londresdans les années 50 par Richard Carr­Gomm, major anglais à la retraite, leprojet Abbeyfield avait pour but devenir en aide aux personnes âgées lesplus démunies en leur offrant unlogement. Le projet a pris le nom de larue dans laquelle il a vu le jour :Abbeyfield Road. Le concept a évoluéau fil des années et s’inscritaujourd’hui comme modèle innovantdans la prise en charge des seniors.Le mouvement Abbeyfield compteaujourd’hui, en Angleterre, 700 mai­sons occupées par 7000 seniors. Dansle monde, 111 maisons sont répartiesdans 15 autres pays sur les 5 conti­nents qui abritent plus de 1000seniors.La première maison belge va fêter sesdix ans à Etterbeek. Toutes ces mai­sons sont soutenues par un réseau debénévoles qui vient en aide aux habi­tants.

I. de L.

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16 Supplément à La Libre Belgique -

Monnaiessonnanteset citoyennes

Des communautés instaurent leur propremonnaie pour renforcer l’économie locale.La conversion vers celles-ci est irréversible.La tendance l’est-elle également ?

Qui serez-vous demain ?

Généralement, la monnaie est définiedepuis l’Antiquité comme une réservede valeur et comme un instrument in­termédiaire dans les échanges. Sa va­leur est avant tout basée sur la con­

fiance et son émission est centralisée en procé­dant du droit régalien. C’est l’Etat qui a le droit debattre monnaie. Cependant, on voit apparaîtredes monnaies locales (appelées aussi complémen­taires) qui n’ont une valeur que dans une certainerégion, c’est à dire auprès d’une communautéd’adhérents spécifiques. Qui sont ces monnaiesqui sont aussi qualifiées de citoyennes et com­ment fonctionnent­elles ?

Bons d’achatEn Belgique, le Réseau Financité accompagne

huit projets de monnaies locales et citoyennes :l’Epi Lorrain (Gaume), le Valeureux(Liège), le Ropi (Mons), le Minuto(qui permet l’échange de minutes àBraine­le­Comte), Le Volti (Roche­fort), le Solatoi (Ath), le Talent (Lou­vain­la­Neuve) et un projet à Grez­Doiceau. Ces monnaies sont crééesdans chacune de ces régions et ontvaleur d’échange auprès d’une com­munauté restreinte d’adhérents.“Ces monnaies sont souvent crééesautour d’une même thématique à sa­voir, redynamiser l’économie locale etstimuler les échanges au sein des cir­cuits locaux entre producteurs, arti­sans et consommateurs d’une localité.Les grandes enseignes et les multinationales sont ex­clues de ce circuit d’échange monétaire”, expliqueAntoine Attout, Coordinateur de la cellule partici­pation, éducation et formation au Réseau Finan­cité.

Nouvel outil d’échangeComment fonctionnent ces monnaies ? Au dé­

part, un groupe de citoyens bénévoles se rassem­ble avec une volonté de créer un nouvel outild’échange. Au début, il s’agit d’une association defait qui se muera en ASBL lorsque le projet pren­dra sa forme définitive. Une charte est rédigéepour déterminer les contours du projet et lesprestataires qui seront admis dans ce réseau. “Engénéral, ces monnaies sont basées sur l’euro. Un eurovaut ainsi un Epi, par exemple. Les consommateursconvertissent une certaine somme d’euros en mon­naies locales. Ces euros sont déposés sur un compte

bancaire ou auprès de la coopérative Crédal. Lesmonnaies locales sont alors considérées comme desbons de soutien à l’économie locale, des bonsd’achats”, ajoute Antoine Attout.

On n’est donc pas si éloigné des bons échangéslors des fêtes scolaires pour acheter boissons, fri­tes ou autres friandises. Ces monnaies sont utili­sées pour les petits échanges dans l’économie lo­cale. A priori, il n’y a pas de limites géographiquesprédéterminées pour ces monnaies. Ce sont lesinitiateurs du projet qui vont définir si elle auracours dans une région, une ville, un village.

IrréversibleA noter que la conversion en monnaies locales

est irréversible pour les consommateurs. Lesbillets émis sont sécurisés pour éviter les contre­façons et Crédal octroie des micro­crédits locaux

avec les sommes déposées en con­trepartie des monnaies locales.Pour octroyer ces micro­crédits,l’ASBL qui a lancé la monnaie lo­cale achète des parts de coopéra­teur de Crédal.

Avec ces sommes, Crédal octroiealors des micro­crédits en eurosdans la région couverte par la mon­naie locale. Cette monnaie circuledonc à un double niveau : à la foispour les échanges et aussi pour lefinancement de l’économie locale.Les prestataires de services (lescommerçants) peuvent repasser àl’euro moyennant une commission

de 3 %. Les commerçants appliquent bien sûr laTVA sur les biens vendus. Ils doivent dès lors tenirune double comptabilité : une en euro et une enmonnaie locale.

Certains prestataires acceptent en outre dejouer le rôle de comptoir d’échange d’euros versla monnaie locale. Tous les achats sont bien sûrréglés en cash puisqu’il n’existe pas encore demoyen de paiement par carte ou virtuel pour cesmonnaies. Il n’existe pas non plus de produits deplacements libellés dans ces monnaies. La FSMAvalide ces monnaies locales au cas par cas dans lamesure où elles sont assimilées à des bonsd’achat. Ces monnaies alternatives veulent en­courager le développement d’une économie so­cialement responsable en favorisant les circuitscourts et le soutien à l’économie et à l’emploi lo­caux.

Isabelle de Laminne

On n’est pas siéloigné des

bons échangéslors des fêtesscolaires pour

acheterboissons, fritesou autresfriandises.

1472MONTE DEI PASCHI

DI SIENALe groupe MPS est la

banque la plus ancienneau monde encore en

activité. Elle a été fondéeen 1472, à Sienne enToscane (Italie). M

ONTE

DEIP

ASCH

IDIS

IENA

-560PREMIÈRESMONNAIES

Les premières pièces demonnaies auraient été

frappées dans le royaumede Lydie et plusieurs citésindépendantes d’Asie

Mineure.

WIKI/CC

1287BILLET DE BANQUEPas de billet de banquesans papier. Il n’est doncpas étonnant que l’ontrouve l’origine du

premier là où est apparule second, en Chine.

TOKY

OCU

RREN

CYMUS

EUM/FLICK

R/CC

1998PAYPAL

Ce service de paiementen ligne permet à la foisde payer des achats,

de recevoir despaiements, ou d’envoyeret de recevoir de l’argent.

DPA/RE

PORT

ERS

Qui serez-vous demain ?

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17- Supplément à La Libre Belgique

Les marchés sont des endroits propices à l’utilisation de monnaies locales.

JOHA

NNADE

TESSIÈRE

S

Qui serez-vous demain ?

Un guide monétaire pratiqueLe Réseau Financité a édité un guide pour aiderles personnes qui souhaiteraient lancer un projetde monnaie complémentaire dans leur région.

La première question qui est posée est de savoirquelle est la finalité de cette monnaie. Pourquoicréer une monnaie complémentaire ? Il existeprès de 5000 projets de ce type à travers lemonde.

Comme le souligne le Réseau Financité, cesmonnaies ont un objectif commun : “se réappro­prier un outil financier classique pour en faire unoutil social, ancré dans l’économie réelle et centré surles échanges locaux, en renforçant l’identité et la co­hésion au sein d’une région donnée”.

La crise financière de 2008 et la perte de con­fiance dans l’euro ont été des déclencheurs pourle développement de ces monnaies. Ces monnaiesn’ont cependant pas pour but de remplacer l’euromais elles espèrent limiter les impacts négatifs decette monnaie transnationale.

Le but est de redynamiser le tissu économiquelocal.

Une fois le projet défini, il faut le mettre enplace. Grâce au guide édité par le Réseau Finan­cité, chaque étape à la création d’une monnaie ci­

toyenne est détaillée. Il faut d’abord qu’il existeune dynamique de groupe : on ne crée pas unemonnaie à trois ou quatre. Cela suppose l’adhé­sion d’une communauté suffisamment large.

Quelle convertibilité?Il faut aussi définir les objectifs de la monnaie,

les principes qui régiront sa convertibilité. Com­ment va­t­on favoriser sa circulation ? Le cadre lé­gal doit aussi être déterminé. Sous quelle forme lacommunauté va­t­elle fonctionner ? Faut­il appli­quer la TVA et des charges sociales sur les bienséchangés et payés dans ces monnaies ?

A noter, que pour la monnaie Minuto qui con­siste à s’échanger des prestations comptabiliséesen minutes, il y a exemption d’impôts et de TVA.Ce n’est pas le cas pour l’Epi, par exemple. Ce fas­cicule explique aussi comment financer ce projet,comment le pérenniser, le gérer et comment com­muniquer. Ce guide attire aussi l’attention sur lerisque d’inflation monétaire. Lancer une monnaiecitoyenne n’est donc pas d’un projet de doux rê­veurs. Ces monnaies d’échange particulières exigela mise en place un cadre rigoureux.

I. d. La

Quel impact ?Ces monnaies citoyennes permettent de payer lescommerçants affiliés au réseau dans la région con­cernée. Elles ont donc pour but de favoriser l’éco­nomie et l’emploi au niveau local. Est­ce que ce butest atteint ?

“C’est très difficile de mesurer l’impact de ces mon­naies. Nous comptons réaliser une étude sur cet im­pact. Aujourd’hui, il y a 35000 euros en circulation et100 prestataires pour l’Epi qui a été lancé en 2012.Pour l’instant, ces projets sont très limités et très jeunes.Il faudrait avoir un recul d’au moins cinq ans pourpouvoir définir cet impact”, estime Antoine Attout.

A l’étranger, de tels projets permettent d’aug­menter les échanges locaux et d’accroître le chiffred’affaires des prestataires de 2 à 10 %. Cela permetaussi de fidéliser une clientèle locale. “En Angle­terre, ce système est beaucoup plus développé. Une pro­portion de certains salaires est payée en monnaies lo­cales demême que certaines allocations sociales ou desprimes de naissance”, note Antoine Attout.

Ces monnaies sont apparues comme alternative àl’euro et comme réaction à la crise de 2008. Cesprojets restent locaux mais sont porteurs de sens etd’une certaine forme d’ambition sociétale.

I. de L.

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18 Supplément à La Libre Belgique -

L’auto-mobile

L’automobile connectée, c’est déjà del’histoire ancienne. Mais celle-ci continue des’écrire, pour le plus grand confort et pour laplus grande sécurité des usagers. Et commel’erreur de conduite est humaine, pourquoi nepas écarter cet aléa des routes en confiant levolant à un conducteur plus fiable?

Qui serez-vous demain ?

L’automobile connectée, c’est déjà unevieille histoire, qui remonte au GPS. Et lavoiture autonome ? Les prémices sontlointaines, qui remontent si pas à la di­rection assistée, au moins à l’ABS qui

évite le blocage des roues et rend le freinage plus ef­ficace : en assistant le conducteur qui actionne le vo­lant ou qui enfonce la pédale de frein, la voiturecommence déjà à prendre le pouvoir.

Entre­temps, les choses ont fortement évolué, lais­sant entrevoir une voiture aussi reliée qu’un télé­phone multifonction, et capable de rouler touteseule. C’est déjà le cas, dans une certaine mesure,pour les automobiles haut degamme. Volvo, Mercedes­Benz, Ja­guar, Audi, Tesla, BMW : toutes cesmarques ont leur système de con­nectivité, avec carte Sim ou télé­phone multifonction embarqué, quicombine les systèmes GPS, télépho­nie mobile et réseaux de données 3ou 4G.

À partir de là, tous les services peu­vent suivre, à commencer par l’eCall,appel d’urgence automatique en casd’accident, combiné à une géolocali­sation du sinistre. Première étape de connectivitérendue obligatoire par l’Europe, eCall devrait inté­grer toutes les voitures homologuées dans l’Union àpartir du 1er octobre 2015.

Applications de confortConnectivité et automatisation se focalisent

d’abord sur la sécurité. Volvo, qui s’en est fait lechampion, a introduit son système City Safety enéquipement standard depuis 2008. Il s’agit d’unfreinage automatique face à un obstacle. Le systèmea permis d’éviter 25 % d’accidents par collision de­vant soi. En six ans, City Safety a énormément évo­lué. Au départ, le système reconnaissait seulementles automobiles, de jour. Puis ce furent les piétons etles cyclistes, puis le tout de nuit.

Les systèmes comme Connected Drive et Teleser­vices de BMW ont déjà de multiples applications deconfort : Internet embarqué, info trafic en tempsréel, diagnostic technique, prise de rendez­vouschez le garagiste, etc. Et sur la voiture électrique i3,via un iPhone, l’on peut préchauffer les batteries, vé­rifier leur état de charge, etc.

L’assistance à la conduite se développe aussi, avecun régulateur de vitesse tenant compte de la dis­tance entre véhicules : dans un embouteillage, la voi­ture s’arrête et redémarre automatiquement. Repo­sant. Et pas obligé : comme la plupart, ces systèmesd’assistance sont débrayable, “mais il faut encore te­nir le volant”, précise Christophe Weerts, porte­pa­role de la marque.

Ce ne sera bientôt plus le cas. De multiples essaisde voiture à pilote automatique ont lieu partoutdans le monde. Après de multiples tests, Volvo vapasser à l’acte en 2017 avec cent clients qui roule­ront en pilote automatique sur un tronçon de 50 km

sur le ring de Göteborg. “Je ne crois pasà la voiture 100 % automatique tout letemps, dit René Aerts, Jr. (Volvo), maisseulement en certaines circonstances,sur certains tronçons.”Quid de Google,comme nouvelle marque de voitureautonome ? “Ce sera un constructeurde mobilité, pas d’automobiles, renvoieChristophe Weerts; nous offrons l’en­semble des possibilités d’une voiture. Lespublics seront différents.”

Les constructeurs voient au­delà del’horizon 2 025. Le principe de l’auto­

mobile restera le même, avec plein de nouvellesfonctionnalités. Pour 2 020, BMW vise la conduiteautomatisée sur les autoroutes européennes avecdes modèles de série. Mais la voiture, qui est déjà ca­pable d’aller se garer toute seule, ne le fera que si lesinfrastructures de parking sont adéquates. Idempour les autoroutes.

Voitures interconnectéesInterconnectées entre elles, les voitures pourront

se transmettre des informations sur l’état de laroute, du trafic, etc. Encore faut­il que les construc­teurs et équipementiers harmonisent leurs stan­dards, car l’interconnexion n’a d’intérêt que généra­lisée.

Quant au programme 2020 de Volvo, il ambi­tionne zéro mort et zéro blessé grave dans les voitu­res de la marque. Avec senseurs à 360° et de nom­breux systèmes pour pallier les déficiences du con­ducteur, à l’origine de 95 % des accidents. Bien sûrc’est une utopie, mais la barre a le mérite d’être pla­cée au plus haut.

Dominique Simonet

En 2017, centclients Volvorouleronten pilote

automatiquesur un tronçonde 50 km.

1886TRICYLE BENZ

L’ingénieur allemand KarlBenz dépose son brevet

pour son véhiculepropulsé par un moteur àcombustion interne, le

Benz Patent-Motorwagen. D.R.

1769FARDIER DE CUGNOT

Avec une machine àvapeur, Joseph Cugnot

conçoit son fardier pour letransport de canons, nonplus tiré par des chevauxmais roulant tout seul

(automobile). RUEDE

SAR

CHIVES/REPOR

TERS

1978ABS

L’équipementier Boschplace un systèmed’antiblocage

automatique des roues aufreinage (ABS,

Antiblockiersystem)sur les Mercedes classe S

et BMW série 7.

D.R.

1932AUTORADIO

Le premier autoradioest commercialisé

par la firme allemandeBlaupunkt,

c’est l’Autosuper AS5.La voiture connectéedate d’avant-guerre. D.

R.

1946TÉLÉPHONELe 17 juin 1946,

des ingénieurs de BellLabs inaugurentle premier servicede téléphonie en

automobile à St. Louis,dans le Missouri. AT

&T

Qui serez-vous demain ?

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19- Supplément à La Libre Belgique

Les voitures actuelles regorgent déjà d’assistance, mais l’assistance au parking est particulièrement attendue par les trop nombreux conducteurs qui n’ont pas le compas dans l’oeil.

VOLVO

Qui serez-vous demain ?

Mon smartphone, ma voiture, ma liberté?L’automatisation existe dans bien des secteurs, notamment dans le transportaérien, le métro, la logistique. Mais l’automobile, c’est autre chose. Quandassumera­t­elle pleinement son étymologie d’auto­mobile, quand roulera­t­elle toute seule ? En la matière, toute la question est de savoir où l’on veut alleret à quelles fins. Confort ? Sécurité ? Mobilité ? Environnement ?

Deux obstacles s’opposent à la mise en circulation d’une voiture à piloteautomatique : l’être humain et la loi. Dans le temps, lorsque les crises pétroliè­res et la furie taxatoire des politiciens l’accablaient, l’homo automobilus trou­vait un peu d’apaisement en apposant à l’arrière de son (trop) cher véhiculel’autocollant stipulant : “Ma voiture, ma liberté”. Mais la liberté individuellebute sur celle d’autrui, la preuve par la congestion toujours croissante du trafic.

La voiture connectée et autonome pourrait être une solution, “mais, en cemoment, on n’est pas prêt à abandonner cette liberté”, estime Joost Kaesemans(Febiac). “Imposer du jour au lendemain d’abandonner le volant n’a aucune chancede réussir. Après cela, peut­on faire des projections de nos états d’âme dans un futurassez proche ? Il n’y a pas si longtemps, personne n’imaginait d’être joignable tout letemps. Maintenant, on ne peut s’empêcher de regarder son courrier électroniquetoutes les dix minutes.”

Pour Jean­Marc Ponteville (Volkswagen chez D’Ieteren) la différence entreune voiture basique et autonome est la même qu’entre un téléphone fixe et unmobile multifonction : “Comprendre un smartphone, c’est comprendre l’automo­bile de demain”, dit­il. Pour lui, “la voiture va être équipée de plus en plus d’assis­tants, jusqu’à arriver à l’autonomie.”Où sera ce plaisir de conduire que veulentvendre la plupart des constructeurs ? “Mais quel plaisir y a­t­il dans un em­bouteillage ?” relève Jean­Marc Ponteville. “On travaille en priorité à soulager le

conducteur des tâches lassantes et répétitives, qui réduisent l’attention et augmen­tent le risque, et à l’assister dans les conditions difficiles.”

Que le conducteur s’habitue progressivement lâcher le volant est une chose,mais encore faut­il que la loi l’y autorise. “La technologie va plus vite que la loi”,constate Jean­Marc Ponteville. Pour l’heure, en Belgique, la conduite autonomeest autorisée jusqu’à 10 km/h, “pour pouvoir utiliser le système de stationnementautomatisé”, précise Joost Kaesemans. Au­delà ? Quatre états américains ontavalisé la voiture autonome, Nevada, Floride, Californie, Michigan.

Droit de la responsabilitéLa question du droit de la responsabilité se pose bien évidemment. Comment

cela se passe­t­il en aéronautique commerciale ? La généralisation des enregis­treurs de voix et de paramètres – les boîtes orange, dites noires – aide à établirla responsabilité d’un accident. Des enregistreurs de paramètres existent déjàdans les poids lourds. Doivent­ils se généraliser dans les automobiles ? Maisdans une voiture autonome, que serait la responsabilité d’un conducteur ?Droit des assurances, droit à l’indemnisation en seraient bouleversés.

Et puis la voiture connectée et autonome qui dit tout à son garagiste poseaussi bien des questions quant au droit à la vie privée. Dans les camions, laboîte noire, c’est le mouchard. Les données transmises par une automobile,notamment sur l’automobiliste, pourraient être exploitées tant par les cons­tructeurs, les fournisseurs d’équipements et de communication, les assureurs,banquiers, etc. A des fins qui ne plairaient peut­être pas au citoyen conducteur.Mon smartphone, ma voiture, ma liberté ?

DS

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20 Supplément à La Libre Belgique -

Vertusancienneset villesverticales

Rencontre Guy Duplat

Que deviendra l’architecture ? Et que de­viendront nos villes quand il n’y auraplus de pétrole, plus de matières pre­mières, que les villes seront surpeu­plées, que le niveau des mers auramonté ? Quel peut être l’impact des

technologies nouvelles ?Ingénieur et architecte, Philippe Samyn a tou­

jours été passionné par ces questions et vient depublier aux éditions de l’Académie royale de Belgi­que, un petit essai théorique sur “La ville verticale”.

Il évoque, pour “La Libre”, quelques aspects dufutur en architecture et dans l’urbanisme de nosvilles.

Et tout d’abord, la question des technologies etdes matériaux. “Les progrès technologiques et scienti­fiques dépassant l’imagination humaine, on a inventédes tas de choses dont on ne sait pas toujours bien àquoi elles vont pouvoir servir.”

Il cite des exemples de technologies neuves, malutilisées comme l’introduction au lendemain de laguerre, puis la prolifération, du châssis en alumi­nium, avec joint en silicone et double vitrage réflé­chissant, qui ont transformé les bâtiments enaquariums très peu respectueux de la jouissanceélémentaire de nos sens. Il prend plus précisémentl’exemple du verre “float”, le verre plat poli, quidonne un verre sans aucun défaut. “Saufqu’aujourd’hui, quand on rénove un bâtiment du pa­trimoine, on ne trouve plus du verre à l’ancienne avecses belles irrégularités. Et que ce verre “float” laissemoins entrer la lumière, abîme les couleurs. On en ar­rive maintenant au triple vitrage, plus isolant maissurtout épais, lourd et cher.” “Or, ajoute Philippe Sa­myn, il y a déjà 16 ans, les premiers verres sous videétaient produits au Japon permettant, en 7mmd’épaisseur, la même isolation que le triple vitrage deminimum60mmd’épaisseurmais tout en étant beau­coup plus léger, offrant une plus grande transmissionlumineuse, et un bienmeilleur rendudes couleurs. Trèsbonne nouvelle, AGC Glass Europe travaille ardem­ment sur cette technologie et cela bouleversera l’ar­chitecture !”

Morale de cette histoire : Ce n’est que maintenant,16 ans plus tard, qu’on s’intéresse peu à peu à ce verresous vide. Il faut donc une période de digestion des

avancées technologiques avant qu’elles n’entrent dansl’architecture.”

Un savoir ancienA côté des avancées technologiques, il faut, dit

encore Philippe Samyn, redécouvrir des stratégiesmillénaires. Après tout, “l’énergie quasi gratuite n’aduré que quelques décennies, une paille dans l’His­toire, et a conduit à une architecture débridée. Avantcela, on a vécu durant des millénaires avec une éner­gie rare, en économisant lesmatériaux et en recyclantsystématiquement les matériaux des bâtiments an­ciens.”

Il cite l’exemple simple à redécouvrir de la “stra­tégie de l’oignon” que Philippe Samyn a appliquépar exemple, à une maison en arc de cercle, dansles cantons de l’Est. On divise le bâtiment en diffé­rentes zones concentriques en fonction des tempé­ratures souhaitées. Et on oriente le bâtiment, enorganisant aussi son “ouverture”, en fonction deces zones, avec la réintroduction d’un corridor vi­tré au sud “isolant” et captant l’énergie solaire.

Le recyclage futur des bâtiments peut impliquercomme dans le passé leur “démontabilité” mais ilexiste aussi maintenant des “insectes gloutons” quipeuvent dévorer proprement et sans (trop de)bruit le béton armé quand on “enlève” un bâti­ment, et permettent donc de continuer à utiliserles vertus du béton armé.

Les nanotechnologies peuvent aussi influencerl’architecture comme le montre l’invention de col­les nouvelles qui peuvent avantageusement,comme les soudures actuelles très performantes,remplacer les clous, les boulons ou le “clamsage”pour réaliser l’économie de matière des assembla­ges qui représentent souvent plus de 15 % du vo­lume et du poids total de l’élément assemblé.

Pour économiser les matières premières, ajouteencore Philippe Samyn, on redécouvre les vertusde la légèreté.

Il estime que l’esthétique découlera de ce quepourra faire la technologie. La domotique dont onparle beaucoup (les technologies de l’informationau service du bâtiment), a pour lui, ses limites quisont la fiabilité des logiciels. “J’ai connu des logicielsutilisés sur des engins de chantier qui, une fois enpanne, demandaient qu’on fasse venir un spécialistedu bout dumonde”.

La ville du futur s’inspirerait de certainescités existantes. Sans surprise, elles sontverticales. Etonnantes, elles réintégreront desfonctions aujourd’hui écartées des centresurbains.

Qui serez-vous demain ?

1931102 ÉTAGESInauguration de

l’Empire State Buildingà New York.

Il compte 102 étages.

EVER

ETT/RE

PORT

ERS

1902FLATIRON

Le Flatiron est le premierbuilding de New York.Il compte 22 étages

PHOT

O12/RE

PORT

ERS

1952CITÉ RADIEUSEInauguration dela Cité radieuse,à Marseille,

conçue par Le Corbusier.

GIELEN

/REPOR

TERS

1960BRASILIA

Inauguration de Brasilia,la capitale fédérale

du Brésil,pensée et construitepar Niemeyer et Costa

IMAG

O/RE

PORT

ERS

2008828 MÈTRES

La tour Burj Khalifa,à Dubaï,

atteint 828 m de hautet compte 160 étages.

SOLENT

NEWS/RE

PORT

ERS

Qui serez-vous demain ?

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21- Supplément à La Libre Belgique

Les tours deviendraient des lieux de vie et de sociabilité, créant des liens entre les habitants.

SAMYN

Qui serez-vous demain ?

Philippe Samyn a conçu un modèle théorique de ville polycentrée composée de petites villes de 30000 habitants avec au centre de chacune d’elle une tour de 170 étages

SAMYN

170 étagesDans son étude sur la ville verticale, Philippe Samyndémontre qu’une ville monocentrique fonctionne jusqu’à30000 habitants. Ensuite, le poids des réseaux (eau, gaz,électricité, data, égouts, circulation, routes vers l’école et letravail, etc.) devient tel que la ville doit devenirpolycentrique. “Il faudra aussi, dit-il, ramener les industriesvers la ville en réintroduisant des usines verticales.”Philippe Samyn dessine un modèle théorique de villepolycentrée composée de petites villes de 30000 habitantsavec au centre de chacune d’elle une tour de 170 étages, etautour d’elle, des tours plus petites, reliées entre elles pardes ponts. Cela permettrait de dégager au sol des surfacesimportantes pour le loisir ou la production agricole. Les tourspeuvent devenir non pas consommatrices mais productricesd’énergie (solaire, éolien, géothermie). Il n’y a pas deproblèmes techniques à construire de très hautes tours quiseraient “haubannées” l’une avec l’autre. Il y a certes, pourl’instant, une opposition des gens à l’idée de tours, mais ilestime qu’elle peut être vaincue en concevant des escaliers etdes ascenseurs qui ne sont plus opaques et claustrophobes,mais d’où à chaque instant, on peut avoir des vues surl’environnement comme dans la rue verticale du village demontagne. Ils deviendraient une attraction. Il faut aussiimaginer des tours qui deviendraient des lieux de vie et desociabilité, créant des liens entre les habitants, comme ill’avait dessiné pour son projet de Tour Signal à Paris avec,dans la verticalité, la création d’espaces publics,d’ouvertures, de différences de niveaux. “A Hong Kong déjà,on se marie parfois d’étage à étage. Et à Caracas, quand on aabandonné une tour de 47 niveaux dont le gros-œuvre était toutjuste terminé, elle fut squattée, preuve qu’une tour peut être unchoix pour tous. Finalement penser aux habitants deRiomaggiore à Cinque Terre dont les ruelles s’échelonnent surquinze à vingt étages !” Philippe Samyn espère qu’il n’y aurapas qu’en Chine où l’on testera un jour cette idée de villeverticale. Et il rappelle que “ce n’est pas parce que les utopiesdes années 50 ne se sont pas réalisées, qu’elles ne seréaliseront pas un jour.” Des utopies parfois proches de laville verticale

Epinglé

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22 Supplément à La Libre Belgique -

Les nouvellesvoies d’accèsà l’information

L’ information déborde de partout. Elleforme un flot ininterrompu qui a ten­dance à submerger tous ceux qui “veu­lent savoir”. Victimes d’infobésité, cer­tains se détournent de cette montagne

de news aux allures de plus en plus monstrueuses;au risque de se couper de la marche du monde et dese réfugier dans un monde coupé des réalités.D’autres, encore nombreux, font de la résistance ettentent de trouver les voies qui les mèneront versune meilleure compréhension de ce qui se joue iciet là­bas, maintenant et demain. Ce sont les “con­sommateurs d’infos”. Qui sont­ils ? Comment font­ils ? Que cherchent­ils ? Où sont­ils ?

Plus que jamais, ce “consommateur­client­usa­ger” est roi. Il dicte sa loi. L’ère médiatique est au “ceque je veux, quand je veux et où je veux !”. C’estdonc bien lui qui impose les nou­veaux contours de la grande “fa­brique de l’info”. Bousculés,groupes de médias et journalistesse dotent de nouveaux outils(voir ci­contre). Ils s’adaptenttant bien que mal aux nouvellesdemandes et aux nouveaux com­portements, d’autant plus que lespros de l’info n’ont plus le mono­pole de la production de conte­nus.

Digital, mobile et socialAlors, qui est ce consommateur, client, usager

d’infos ? Dans un rapport paru en juin de cette an­née (1), l’institut Reuters d’étude du journalismenous en livre les contours. Sa consommation desmédias est devenue très clairement “digitale”, “mo­bile” et “sociale”. On assiste à une explosion del’usage des smartphones “téléphones intelligents”)et des tablettes pour accéder aux infos en tous gen­res. Un même usager combine d’ailleurs les sup­ports : selon l’endroit où il se trouve, il fera usage deson smartphone, de sa tablette ou de son ordina­teur portable pour accéder aux contenus qu’il con­voite, par l’intermédiaire d’applications ou de sites.Il optera en priorité pour les contenus gratuits. Maisne le croyez pas radin : lorsqu’il veut un contenubien précis, et s’il a la garantie qu’il en aura pour sonargent, il mettra volontiers la main au portefeuille.

L’usager, en tout cas, ne se laisse plus aussi facile­ment séduire par la seule réputation des “marques”média. “Quand j’interroge mes étudiants sur la ma­nière dont ils s’informent, la réponse est très claire : ils

suivent avant tout les recommandations de leurs amissur les réseaux sociaux”, indique Alain Gerlache,journaliste “médias” à la RTBF et maître de confé­rences à l’Université de Liège. Cette tendance defond bouscule tout l’univers médiatique, notam­ment en matière de “hiérarchisation des infos”, esti­me­t­il. La nouvelle génération –celle des “digitalnatives”– n’accède plus aux médias par les portesd’entrée des sites des journaux, des télés ou des ra­dios, mais “par la fenêtre, la porte du garage ou le sou­pirail”. Concrètement, c’est le réseau social (Face­book, Twitter, etc.) qui constitue la voie d’accès versles news.

La recommandation de ses pairsAutres traits caractéristiques de ce consomma­

teur d’infos : il aime prendre part aux discussionsen ligne et partager ce qu’iltrouve digne d’intérêt. “Noussommes entrés dans un univers derapport de forces entre individus”,diagnostique Damien Van Ach­ter, “journaliste­entrepreneur” etprofesseur à l’Ihecs. “Le levier leplus puissant, sur le réseau social,est devenu la recommandationfaite par ses pairs. Quand on veuts’informer, on se connecte à Face­book pour y voir ce qu’il y a sur son“newsfeed” (fil d’actu).Mais on veut

aussi dialoguer, prendre part aux discussions et parta­ger tout ce qu’on veut recommander aux autres”.

Dans cet univers de plus en plus numérique et in­teractif, médias et journalistes sont contraints à seréinventer rapidement, au risque de disparaître pu­rement et simplement des radars de l’info. De nou­velles manières de “raconter” et de “mettre enscène” l’info apparaissent. “Comment, dans les rédac­tions, va­t­on parvenir à offrir des expériences d’infosimmersives, sensorielles, pédagogiques, etc., qui per­mettront de recréer une confiance avec son public ?”,résume Damien Van Achter.

Pour ces deux experts, l’info n’est plus une ques­tion de support et de marque média. Ce qui im­porte, désormais, c’est la recommandation et lepartage de contenus que la communauté de sespairs juge pertinents, Qu’il s’agisse de textes, d’ima­ges, de sons,… Et si tout converge dans un “contenuenrichi”, c’est encore mieux.

Pierre-François Lovens

U (1) http://www.digitalnewsreport.org/

1,3MILLIARD DE FACEBOOKIENS

Un peu moins de 3 milliards depersonnes sont connectées àInternet. Parmi elles, plus de

1,3 milliard sont sur Facebook. AvecGoogle, c’est devenu une porte

d’entrée déterminante vers les news.

Tous producteurs, tous émetteurs, tous relais.L’information n’a jamais été si foisonnante. Lamultiplication des canaux augmente l’effetd’écho. Dans ce qui pourrait facilement devenirun fouillis, l’avenir ne serait-il pas au tri ?

Qui serez-vous demain ?

1845ROTATIVE

Richard Hoe crée unsystème de rouleauxcylindriques allié à un

mouvement rotatif, ce quipermet une impressionbeaucoup plus massiveque son ancêtre, lapresse cylindrique.

MAT

HEWBR

ADY-LIBRA

RYOF

CONG

RESS

1631LA GAZETTE

Théophraste Renaudot,médecin de Louis XIII,

obtient le monopole de lapresse. Le 30 mai, illance “La Gazette”,considéré comme le

premier journal français. D.R.

1980CNN

Cable News Network(“réseau câblé

d’information” enfrançais) est fondée parTed Turner. CNN introduit

le concept de l’info24 heures sur 24. CN

N

2001LALIBRE.BE

“La Libre Belgique”débarque sur Internet.Fin 2014, on y recense,chaque jour, 155000“browsers” uniques,195000 visites et

700000 pages vues. D.R.

2004FACEBOOK

La première version du“réseau social” est lancée

le 4 février par desétudiants de Harvard,

dont Mark Zuckerberg. En2010, ce dernier est

désigné “Personnalité del’année” par le “Time”.

FACE

BOOK

Qui serez-vous demain ?

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23- Supplément à La Libre Belgique

Qui serez-vous demain ?

S’ORGANISER

Le journaliste d’aujourd’hui est déjà demain,donc hyperconnecté. Il synchronise tous sesécrans (ordinateur, smartphone, tablette),ses carnets d’adresse et ses agendas –

agenda personnel, professionnel et agendacommun avec les collègues de son service.

- > L’app du chef ? Sunrise couplée àToDoist, pour ne rien oublier et ne jamais

faire double agenda.

RÉDIGER

Fini les carnets de note. Unjournaliste de terrain peut écrire

directement sur son téléphone ou satablette, en ajoutant images et sons et

envoyer le tout à son journal enquelques secondes. Il peut ensuiteréécrire un article sur son ordinateuren récupérant ses contenus. Mieux :

les algorithmes de certainesapplication retrouvent

automatiquement ses articlesantérieurs sur le même sujet.

- > L’app du chef : Evernote, qui permetle travail collaboratif, et ses add-on

Web Clipper et EverClip pour archiverdepuis le web.

ENREGISTRER

Tablette et smartphone (et demain i/e-watch) enregistrent. Des apps permettentde prendre notes pendant un entretien,avec un marqueur temporel, qui offre ungain de temps à la retranscription. Il

existe aussi des apps de reconnaissancevocale, qui retranscrivent en direct uneconversation. Encore imparfaites, elles

deviendront vite fiables.- > L’app du chef : Audionote, à la fois

enregistreur et carnet de note.

PHOTO ET VIDÉO

Nos écrans mobiles sont aussi appareilsphotos et caméras, d’une qualité largementsuffisante pour le web. Avec une coque(comme le padcaster) idoine, une tablettepeut être fixée à un pied de caméra ou à unmonopod, pour une meilleure stabilité.Avec un micro professionnel, elle est unparfait équipement audiovisuel qui tientdans un sac plus petit que celui d’unphotographe. Les” smart glasses”

rempliront bientôt un office similaire.- > L’app du chef : iMovie (Apple Friendly),banc de montage virtuel hyper efficace etintuitif, et PixlR, éditeur photo en ligne.

STOCKER ETPARTAGER

Les apps professionnellessauvegardent directement dansleur propre cloud. A défaut, lesclouds classiques type GoogleDrive ou Dropbox permettent departager des contenus avec descollègues. Les compresseurs type

iZip trasnfèrent les fichiersvolumineux. Des apps commeEvernote permettent le travail àquatre ou six mains dans un

même document. Pratique pourcouvrir un événement en direct.- > L’app du chef : Jolicloud, quipermet de gérer tous ses clouds

dans la même app.

AGRÉGER ETDIFFUSER

Aujourd’hui, le flux des infos ressembleaux chutes du Niagara. Pour les filtrer etne surfer que sur les eaux calmes d’unétang, le journaliste peut recourir auxagrégateurs de contenus. Tweetdecks

ou Hootsuite offrent une vuesynthétique de vos réseaux sociaux etpermettent des recherches ciblées.

IFTTT. com ou dlvr.it font travailler lesalgorithmes du web pour vous en

alimentant vos réseaux sociaux et voscloud. (A.Lo.)

- > L’app du chef : Cloze. Bienprogrammée, elle devient la meilleurerevue de presse. La mal nommée OneMore Tab cible exclusivement les sitesfrancophones.

La boîte à apps du journaliste 2.0Alain Lorfèvre

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