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© S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. EN SELLE pour Mékong Plus DIANE CARDON/MÉKONG PLUS “La Libre” est partie à vélo sur les routes du Cambodge et du Vietnam. La dernière étape du raid cycliste Bruxelles-Saïgon réalisé au profit de l’ONG Mékong Plus, active en Asie depuis 20 ans. Récit et rencontres. Supplément gratuit à La Libre Belgique du mardi 13 janvier 2015

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Supplément LLB du 13 janvier 2015

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© S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

EN SELLEpour Mékong Plus

DIAN

ECA

RDON

/MÉKON

GPLUS

“La Libre” est partie à vélo surles routes du Cambodge et du Vietnam.La dernière étape du raid cyclisteBruxelles-Saïgon réalisé au profitde l’ONG Mékong Plus, active en Asiedepuis 20 ans. Récit et rencontres.

Supplément gratuit à La Libre Belgique du mardi 13 janvier 2015

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© S.A. IPM 2015. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

Dix millebornesde Bruxellesà SaïgonDéveloppement Plus de 200 cyclistespour relier l’Europe à l’Asie et soutenirl’ONG Mékong Plus créée il y a 20 ans.

C’est l’histoire d’une aventure unpeu folle qui mène tout droit versle delta du Mékong, à 10000 kilo­mètres de Bruxelles. Une histoirequi a commencé il y a 20 ans

quand un coopérant belge, Bernard Kervyn, aquitté son emploi à Paris pour s’installer au suddu Vietnam et œuvrer au développement éco­nomique de la région. En faisant le pari de l’in­telligence de ceux à qui il viendrait en aide, deleur volonté à sortir de la pauvreté.

En 20 ans, Bernard Kervyn et l’équipe qu’ilconstitue petit à petit autour de lui ont menéleur association, Mékong Plus, toujours plus pro­fondément dans les campagnes. Jusqu’à dépas­ser les frontières du Vietnam et prendre aussi ra­cine au Cambodge, plus pauvre encore.

Une entreprise un peu follePour soutenir cette croissance, il faut cepen­

dant des moyens. Toujours plus. Mékong pluspeut heureusement compter sur Claire Thibaut,sœur de Bernard et directrice de l’association enBelgique, qui ne manque ni d’imagination ni deculot pour accroître la notoriété de l’ONG et sen­sibiliser à la justesse de sa cause. C’est elle qui,pour marquer le vingtième anniversaire de l’as­sociation, a lancé l’idée un peu folle de monterun raid cycliste reliant Bruxelles à Saïgon. Et quil’a concrétisée. Au final, plus de 200 cyclistess’élanceront sur l’un des 16 tronçons du par­cours qui fait au total 10 000 kilomètres à tra­vers l’Europe et l’Asie. Pas les fontes vides. Leséquipes s’engageaient aussi à récolter des fonds.Soirées dansantes, concerts, soupers, parrai­nage… Tous les moyens étaient bons. Alors que leraid n’est pas encore terminé, le décompte affi­che déjà plus de 300000 euros. Un montant quiviendra financer des projets que la “Libre”, par­tenaire du raid, a pu visiter et qu’elle décrit pourses lecteurs dans ce supplément.

V.R.

Une épopée de 400 kil omètres à travers les rizièresPériple Une quarantaine de cyclistes ontvisité des projets de l’ONG Mékong Plusau Cambodge et au Vietnam. Reportage.

A bicyclette Vincent Rocour au Cambodge et auVietnam

D eux bus suivis de près par un camion tententde se frayer un chemin dans le trafic vibrion­nant de Hô­Chi­Minh. L’improbable convoi

n’a qu’une obsession : sortir de la ville et rejoindre lafrontière cambodgienne à deux heures de route.Une quarantaine de personnes sont entassées dansles véhicules. Il y a des Vietnamiens, les plus nom­breux. Mais aussi des Belges, des Français, des Malai­siens, un Thaïlandais, une Indonésienne même. Lespremiers contacts se nouent. Le groupe comprend

qu’il devra slalomer entre les langues, entre le viet­namien, le khmer, le français et l’anglais –celui quel’on baragouine dans les couloirs des hôtels interna­tionaux.

A l’approche de la frontière cambodgienne, les buss’enfoncent sur un chemin de traverse, toujours sui­vis par le camion. Les véhicules s’arrêtent. Tout lemonde descend, et des vélos sont sortis du camion.C’est là, un peu à l’écart de la grand­route, dans unlieu sans charme, que le vrai départ de la dernièreétape du raid Bruxelles­Saïgon est donné. Une étapequi relie Romdoul au Cambodge ­ où Mékong Plusvient de s’implanter ­ à Long My au Vietnam, où l’as­sociation est installée de plus longue date. Entre lesdeux, 450 kilomètres. Le défi ? Les parcourir à vélo.

Dans le peloton, il y a, en majorité, des travailleursde l’association, ses cadres, ceux qui, sur le terrain,repèrent les familles les plus pauvres, les aident à seconstituer un petit cheptel, qui leur apprennent àaméliorer le rendement de leur petit lopin de terre,enseignent les règles d’hygiène de base aux en­

Traversée d’un bras du Mékong en barge, le 16 décembre. D’abord les vélos, puis les cyclistes…

DIAN

ECA

RDON

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Cao Van Huynh, vétérinaire de Mékong Plus, essaye envain d’aider un porcelet à naître, chez un bénéficiaire dela province de Svay Rieng, au Cambodge, le 13 décembre.

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“ ”

3PRINCIPES

Mékong Plus s’appuie sur troisprincipes : le travail avec les pluspauvres, la participation de tous,

des actions durables et à faible coût.

Une épopée de 400 kil omètres à travers les rizièresfants… Ils sont agronomes, vétérinaires, infirmiers.Ils n’ont jamais fait de si longs trajets en vélo et sontfiers de le faire sur un vélo ­en bambou– produit parMékong Plus. Ce sont des vacances pour eux. Maisdu travail aussi. S’ils sont là, c’est pour voir commentles collègues actifs sur d’autres projets, dans unautre pays travaillent. “Au fond, c’est un team buil­ding”, s’amuse Bernard Kervyn, le fondateur de l’as­sociation.

Au passage de la frontièreIl aurait sans doute été plus facile de conduire tout

le monde directement à l’hôtel de Romdoul, nonloin de la frontière, le lieu choisi par l’équipe localede Mékong plus pour rayonner dans la région. Maisil était compliqué d’expliquer la présence de la cin­quantaine de vélos dans les bagages. Sans douteaurait­il fallu payer une surtaxe pour import­export.Dans la république socialiste du Vietnam, on ne ba­dine pas avec les règlements administratifs. C’estdonc, le guidon d’un vélo dans une main et la poi­

gnée d’une valise trolley dans l’autre, que les partici­pants sont entrés au Cambodge.

L’équipe locale de Mékong plus a mis les petitsplats dans les grands pour recevoir l’équipe. Leslieux d’hébergement, les collations, les trajets versles différents projets, la traduction pour que chacuncomprenne ce qu’il voit… Tout semble avoir étépensé. Comme s’il fallait prouver aux amis vietna­miens qu’au Cambodge aussi, on a le sens de l’orga­nisation. Une rivalité touchante s’installe entre lestravailleurs cambodgiens de Mékong Plus et leurshomologues vietnamiens. Beaucoup de respectaussi. Et de la curiosité.

Deux pays, un monde de différenceAprès deux jours de visite dans les projets soute­

nus par l’ONG, les cyclistes enfourchent le vélo versle Vietnam. Le périple commence sur les cheminsargileux bordant les rizières. Le terrain est plat. Maisla progression est lente. Il faut éviter les trous, con­tourner parfois les flaques de boue.

Le premier soir du voyage –le dernier au Cam­bodge­, le convoi s’arrête dans une pagode, lieu deculte, mais aussi d’accueil et d’hébergement. Unesoirée dansante est improvisée autour d’un feu poursceller l’adieu au Cambodge. Cela donne un curieuxthéâtre d’ombres. Les moines bouddhistes qui occu­pent les lieux n’ont pourtant pas l’air de s’en émou­voir.

Le lendemain, c’est l’entrée au Vietnam. Il faut tra­verser la frontière selon le même modus operandiqu’à l’aller. C’est un monde différent qui attend lepeloton. L’économie vietnamienne est plus dévelop­pée. La vie plus trépidante. Les routes sont larges,macadamisées, empruntées par des véhicules rou­lant à toute allure. Il faut faire attention où on roule.Surtout à cause des enfants, que le passage des cy­clistes amuse beaucoup. Et qui les salueront jusqu’àl’arrivée à Long My, dans cette région façonnée parle luxuriant fleuve Mékong et ses innombrablesbras.

Quelle inoubliable équipée ce fut…

La quarantaine de cyclistes roulant en file indienne, le 18 décembre, sur la route entre Vi Thanh et Long My (Vietnam), emmenée par un membre cambodgien de Mékong Plus.

MAR

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Le Mékong est un lieu grouillant de vie, comme ici, le16 décembre, à la frontière Cambodge-Vietnam. C’estaussi une voie économique.

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“Di, di !”ENCOURAGEMENTS

En vietnamien, l’équivalent de “allez, on y va”. Laphrase rituelle lancée après chaque pause, pourrelancer l’enthousiasme des cyclistes, lors de ladernière étape du raid Bruxelles-Saïgon, qui

rassemblait Vietnamiens, Cambodgiens, Malaisiens,Français, Belges…

Petite éclaircie chez les NguyenABC Handicapé, le jeune Bat Chanhbénéficie d’un soutien scolaire grâce àAnh Duong, l’ONG locale de Mékong Plus.

Reportage Laurence Bertels au Vietnam

Long My, le 19 décembre 2014. Dans dix­huitjours, si l’on se réfère au calendrier lunaire, lesNguyen célébreront l’anniversaire de la mort

de Ba Noi, la grand­mère paternelle de Bat Chanh,âgé de 12 ans. Une photo de l’aïeule trône derrièrequelques bâtons d’encens. Il s’agit de l’autel des an­cêtres comme il en existe chez tous les aînés des fa­milles vietnamiennes pour qui le culte des mortsreste une cérémonie d’une grande importance.

La famille élargie se réunira donc comme il se doitdans la modeste demeure des Nguyen, au bord de larivière et des plants de légumes, dans la moiteur etla chaleur tropicales. Pour trouver un peu de fraî­cheur, il faut chercher l’ombre ou se réfugier dans la

chambre des parents décorée de quelques cassero­les flambant neuves accrochées au mur. Elles ne ser­vent que pour la cérémonie qui coûte environ3 millions de dôngs (plus de 120 euros) aux parentsde Bat Chanh alors que leur revenu mensuel ne dé­passe pas les 2 millions. Ils doivent emprunter cha­que année de l’argent pour honorer leurs morts,acheter le cochon et louer des vêtements convena­bles à défaut de l’habit traditionnel hors de leur por­tée.

La régression de l’enfantBa Noi vivait chez eux. Elle est décédée voici dix

ans des suites d’une maladie qui l’avait immobiliséependant une dizaine d’années. Les deux petits gar­çons étaient très attachés à leur grand­mère. Peuaprès son décès, Bat Chanh a ressenti une douleurau poumon. Six ans plus tard, il a souffert d’un graveproblème de circulation artérielle. Il a fallu l’emme­ner à l’hôpital à Saïgon mais lorsqu’il s’est réveillé, ilsavait à peine ouvrir les yeux. Il est resté trois moisalité et n’a récupéré que peu à peu. De retour àl’école, il n’apprenait plus comme avant. C’était

pourtant un petit garçon vif qui revenait souventavec d’excellentes notes. Après son opération, il n’acessé de régresser et a presque perdu l’usage de samain droite. Ses parents se sont inquiétés. À l’école,ils ont appris l’existence de Anh Duong, l’ONG lo­cale de Mékong Plus. Il suffit de voir aujourd’hui BatChan – avec son t­shirt orné de lettres de l’alphabet– se concentrer sur son livre d’école illustré pourréaliser combien cet enfant­là aime apprendre.

Quand les Nguyen ont rencontré des représen­tants de l’ONG, ceux­ci n’étaient pas sûrs de pouvoirles aider car l’intervention s’annonçait coûteuse etde longue durée. Finalement, ils ont décidé de met­tre un programme d’aide scolaire en place. Tran,une employée, vient plusieurs fois par semaine ets’appuie sur une méthode australienne pour aider lejeune garçon à revoir sa matière. L’ONG octroie aussià la famille un micro­crédit d’un million et demi dedôngs, crédit qui augmente au fil des rembourse­ments et permet la culture de légumes sous mousti­quaire. Malgré ce coup de pouce, il n’y a pas toujoursà manger à midi. Les jours de maigre, les deux gar­çons reçoivent 5000 dôngs pour s’acheter un boutde pain. Le matin, ils avalent un bol de riz avant departir à l’école et le soir, un bol de soupe avec du rizet du canard. La famille élève une trentaine de ca­nards mais Truong Thi Ve, la maman de Bat Chanh,aimerait en élever plus pour les vendre au marché.Elle envisage aussi de changer sa culture de légumescontre des fruits du dragon et des bananes, plus ren­tables. Pour l’heure, sa production permet à peine denourrir les siens.

MoqueriesComme Bat Chanh est handicapé, sa mère doit le

prendre sur le porte­bagages de son vélo pour leconduire à l’école. Il pleure lorsqu’il ne peut pas y al­ler. Pourtant, on se moque souvent de lui et il n’estpas rare que son père doive “descendre sur les lieux”pour le défendre. L’après­midi, Truong Thi Ve tra­vaille avec son fiston deux heures, au moins. Les le­çons sont souvent interrompues car l’enfant se con­centre difficilement.

En revanche, il aime beaucoup travailler avec Tranparce qu’elle ne le réprimande pas, nous raconteTruong Thi Ve, le regard tendre, résigné et fatigué.Ce matin, comme tous les jours, elle s’est levée entre5 et 6 heures. Plutôt 5 heures, d’ailleurs car ce ven­dredi 19 octobre n’est pas une journée ordinaire. Leséquipes de Mékong Plus qui parcourent la dernièreétape du raid Bruxelles­Saïgon et VTV, la télévisionpublique vietnamienne, ont pris sa maison d’assaut.Les flashes n’ont cessé de crépiter et les questions,de fuser. Nous avons attendu le départ du groupe decyclistes pour prolonger la discussion. Quelquesgouttes de pluie sont venues déchirer la torpeur am­biante. Puis les rayons du soleil couchant ont illu­miné les légumes devenus soudain fluorescents. Dela magie d’une éclaircie.Bat Chanh, avec Tran, chez lui dans la région de Long My (Vietnam), le 19 décembre 2014.

DIAN

ECA

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Un commerçant ambulant croisé le 17 décembre sur la route entre TramChim et Vi Thanh.

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Avec sa chair blanche et sa peau rose rugueuse, le“fruit du dragon” ou pitaya fait un en-cas de choix surla route, comme ici le 18 décembre.

Une pause bienvenue, sur le parcours du raid. Lasieste, c’est sacré !

Vong Tha, 30 ans, Noun Sorrya, 31 ans, et leurs deux enfantsCochon. A côté de sa maison, faite de simples feuilles de palmiers séchées, et perdue aumilieu des rizières du district de Rumdoul au Cambodge, Vong Tha a construit un enclos debois pour ses cochons. Son élevage de porcelets a débuté en août 2014. A présent, la tailledes bêtes est impressionnante, ce qui n’empêche pas la jeune femme de rentrer dans l’enclospour abreuver ses quatre protégés. Dans la famille, avec l’arrivée des cochons, la vie s’esttransformée. Avant, comme de nombreuses mamans cambodgiennes, Vong Tha émigrait unepartie de l’année pour travailler. “Moi, c’était dans une plantation de poivre, loin d’ici, au nord-est du pays. Mon mari, lui, travaille dans la construction.” Le couple devait donc laisser sesenfants à la mère de Vong Tha. “C’était vraiment très difficile, ma fille me manquait beaucoup…A présent, la famille n’est plus séparée” dit-elle dans un grand sourire. C’est grâce à un micro-crédit de 50 euros octroyé par l’ONG Mékong Plus que la famille a pu acheter ses cochons. Leprofit est désormais à la clé. “Avant, on avait juste assez pour vivre au jour le jour, à présent, onpeut mettre de côté pour l’école, en cas de maladie… On peut penser à l’avenir.”Mais lorsque lemarchand de cochons vient, Vong Tha doit faire appel à son mari ou ses voisins pour lestransactions : elle est illettrée. Ici, alphabétiser les femmes est un grand défi. Le soir, après letravail, elles sont en effet trop harassées pour suivre des formations. So. De, au Cambodge.

Village de Prah Angkeo (Cambodge)

Pouv Saudy, Ros Neeung (40 ans) et leurs 4 enfantsGlaces. Pouv Sandy est bien connu des enfants du petit village de Trapeang Kret, dans laprovince de Svay Rieng (Sud-Est). En ce moment, il y en a d’ailleurs une dizaine agglutinésautour de lui, et surtout de sa grande boîte jaune en frigolite. A l’intérieur de la boîte : desglaces au goût banane ou chocolat, que les enfants du village achètent pour 500 “riels”-10 cents- à l’heure du goûter, en puisant sur la petite somme remise par les parents pouraller à l’école. Depuis août 2014, Pouv Saudy, 40 ans, se lève chaque matin à 4 heures,pour aller acheter en moto ses esquimaux à la frontière vietnamienne. “C’est en voyantmon frère que j’ai eu cette idée : lui aussi vend des glaces”, explique ce père de 4 enfants.Quand il fait vraiment beau, je vends la totalité de mes 250 glaces. Mais ici, cela veut dire 37ou 38 degrés… Un jour, comme aujourd’hui, à 30 degrés, je ne vendrai pas tout !” Cette mini-entreprise, lancée grâce à l’aide de l’ONG Mékong Plus, complète les rentrées offertes parla petite rizière qu’il cultive avec son épouse, mais qui n’arrivait à combler les besoins dela famille. Tout n’est pas résolu pour autant. Sa fille de 15 ans, Samphors, travaille dansune usine, et sa plus jeune de 10 ans, Srey Sok, passe ses vacances comme ouvrièreagricole, pour compléter les rentrées financières de la famille. So. De, au Cambodge.

Village de Trapeang Kret (Cambodge)

Tep Sok, 74 ans, son fils Tep Oun, 35 ans, et sa belle-filleNouen, 29 ansPaddy. Face à son champ, Tep Sok admire le vert tendre de sa rizière. Depuis 2013, il adécidé de revoir complètement la façon de cultiver son riz, le “paddy” comme on l’appelle ici.“J’avais du temps libre, et du terrain libre, explique-t-il en souriant modestement. Le résultat ?Maintenant, j’ai une plus grande ferme !” Sa réussite et l’amélioration de ses rentréesfinancières sont en effet visibles dans tout le village. Auparavant, il vivait dans une petitecabane un peu plus loin sur la grand-route, à présent il a déménagé dans une grande maisonsur pilotis, où vivent aussi sa belle-fille et son fils qui travaille avec lui. Le riz de la dernièrerécolte est déjà stocké dans des sacs dans une petite hutte de bois, dont la porte est ferméepar un cadenas. Désormais, Tep Sok et sa famille réalisent trois récoltes de riz par an, au lieud’une seule comme c’est le cas en général au Cambodge. Il a changé de variété de riz. “Lesautres sont venus me demander comment je fais. Il y a une dizaine de cultivateurs du coin quifont comme moi, à présent.” Cette transmission, c’est un des objectifs de l’ONG Mékong Plus,qui a formé Tep Sok à de nouvelles techniques de culture, et à l’usage de nouveaux engrais.Bémol : ceux-ci sont chimiques. Les engrais bio (fumier, végétaux…) ne sont utilisés qu’audébut de la pousse, et sont insuffisant pour l’ensemble de l’année. So. De, au Cambodge.

Village de Veart (Cambodge)

Vong Tha, dans son élevage de cochons, en décembre 2014.

SOPH

IEDE

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S

Pouv Saudy avec son épouse, entouré de ses clients, en décembre 2014.

SOPH

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Tep Sok, devant sa rizière, en décembre 2014, au Sud-Est du Cambodge.

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20ANS

Le raid Bruxelles-Saïgon, dontl’ultime étape passe par le Cambodgeet le Vietnam, est destiné à fêter les

20 ans de l’ONG Mékong Plus.

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Bernard Kervyn,économiste au bon cœurAnniversaire Le fondateur belge de l’ONGMékong Plus revient sur vingt années dedéveloppement, au Vietnam et au Cambodge.

Entretien Laurence Bertels, Sophie Devillers et VincentRocour

L e regard bleu et lointain, l’allure sportive et le souriredécidé, Bernard Kervyn, né en 1952 à Bruxelles, fon­dateur de Mékong Plus, incarne l’ONG. Vingt ans

après sa création, il reste passionné et convaincu du bien­fondé de son fonctionnement. L’homme, licencié et maî­tre en administration et gestion à l’UCL, n’est pas écono­miste pour rien. Il n’aurait pu être actif dans 550 villagesau Cambodge et au Vietnam s’il n’avait eu une réelle vi­sion.

Comme beaucoup de jeunes de sa généra­tion, il a d’abord été sensibilisé par la mal­nutrition au Bangladesh. Il postule à “Frèresdes Hommes” en 1976. En 1988, ses parti­sans perdent les élections dans l’associa­tion. Il décide de travailler en entreprise etobtient un poste à Paris chez General Elec­tric. Mais Bernard Kervyn est avant tout unhomme de terrain. Il épouse Than Truong,une dentiste vietnamienne et part au Viet­nam avec deux ONG françaises, en 1993.Puis, en 1994, crée “Mékong Plus” avecd’anciens “Frères des Hommes”.

Entretien entre deux nuages de mousti­ques, un ventilo défaillant et trois bou­teilles d’eau plate au bar de l’hôtel Hoa Maidans le district de Long My (Vietnam).

Comment avez-vous démarré au Vietnam ?On n’avait pas un rond. On a demandé auxfamilles, aux copains. On avait 4000 euros.J’avais 42 ans. Quand on quitte un boulotpour le Vietnam, on sait qu’on prend un aller simple. Audébut, c’était très difficile financièrement. On a montéMékong Plus avec une personne, puis on est devenu uneassociation importante. Aujourd’hui, on brasse plus d’unmillion d’euros pour le Vietnam et le Cambodge. Auquel ilfaut ajouter le budget européen qui couvre les frais de deuxsalariés plein temps. En tout, Mékong Plus organisation etdéveloppement compte 120 salariés dont 100 au Vietnamplus une centaine de temps partiels.

Quelle était l’urgence au Vietnam ?Agir sur le développement humain, communautaire, aiderles gens à vivre le plus dignement possible en intervenant

sur la santé, l’agriculture, l’éducation, l’emploi…. Le micro­crédit me semblait approprié. C’est un créneau très at­trayant. Il est important que les gens se mobilisent. La gra­tuité a beaucoup de défauts. Si c’est gratuit, c’est dangereuxcar on ne sait pas si l’action est pertinente. Qui est dans lebesoin ? Qui l’est moins ?

Comment sélectionner les bénéficiaires ?On fait des formations dans les villages pour repérer lesproblèmes majeurs. On voit qui veut travailler avec nous.Quand le paysan pilote réussit sa culture, il l’explique auxautres villageois. Le paysan reste, c’est un atout dans le vil­lage. Pour les bourses scolaires, quand on apprend qu’unenfant ne vient plus à l’école, on visite les familles et on dé­cide de l’aide à apporter. On doit choisir. Dire “non “restetrès difficile.

Comment mesurez-vous la réussite du projet ?On a fait dix fois plus que ce qu’on espérait. On a com­

mencé sur 4 communes et 40 000 habi­tants. Aujourd’hui, au Vietnam, on travailleauprès de 500 000 habitants mais c’est trèsdur. On doit licencier, pas du côté des pro­jets de développement mais dans l’entre­prise car elle boit la tasse. On vit dans l’an­goisse permanente de ne plus avoir de fi­nancement.L’année 2014 fut positive. Le raid BruxellesSaigon a rapporté plus de 280 000 euros. Leproblème de l’entreprise sociale est qu’ellene peut pas faire du bénéfice. Les quiltsdonnent du travail aux femmes près dechez elles mais on a mis la barre très haut enmatière de qualité. Ikea est venu nous trou­ver. Ils voulaient un container par mois maison ne savait pas pour combien de temps,alors on a refusé.

Comment travailler dans des pays non démo-cratiques où règne la corruption ?La corruption, avec la police, on n’y échappe

pas. Il n’y a pas au Vietnam de droit de réunion, de libertéde presse, de parole… Pour que la police s’occupe de notrecas lors d’un vol, il faut la payer. Avec l’administration, enrevanche, on refuse. Les Vietnamiens ne sont pas prêts àdescendre dans la rue. Ils veulent l’ordre. Ils sont apparem­ment les plus heureux des Asiatiques car ils sortent de 30ans de guerre. Dans les années quatre­vingt, on mourait defaim, ici. Il y a 20 ans, 40 pc de la population étaient dans laplus grande pauvreté contre 10 pc actuellement. Que fairepar rapport à un régime comme celui­là ? Je me pose sou­vent la question. On fait notre travail dans notre coin. En­courager l’éducation permet en tout cas plus de démocra­tie.

Séance de brossage de dents dans une école de la région de Long My,le 18 décembre. La structure locale de Mékong Plus soutient de telsprogrammes d’hygiène dentaires dans 69 écoles du coin.

Le Cambodge‣ Géographie. Le Cambodgesignifie en langue khmère, lalangue officielle du pays, le“Pays des Khmers”. Sa capitaleest Phnom Penh. Le Cambodgeest voisin, à l’ouest, de laThaïlande avec qui il a souvententretenu des relationsconflictuelles, du Laos au nord-est et du Vietnam à l’est.‣ Histoire. Le Cambodge aconnu une période faste entrele XIeet le XVe siècle où ilrégnait sur presque toutel’Indochine. Durant cettepériode, de nombreux templesfurent construits, dont AngkorVat qui attire aujourd’hui desmilliers de touristes chaqueannée. Sous protectoratfrançais jusqu’en 1953, leCambodge voit l’arrivée en 1975à la tête du pays et à la faveurdu désengagement des Etats-Unis de la région, des Khmersrouge de Pol Pot. Ce sera l’undes régimes les plus sanglants.Selon les estimations les pluscommunément admises, la“révolution culturelle” coûta lavie à 1,7 million deCambodgiens. Les Khmersrouges sont chassés du pouvoirpar les Vietnamiens. Mais laguerre continuera à faire rageau Cambodge jusqu’en 1999.‣ Politique. Le Cambodge estune monarchieconstitutionnelle. Le roi actuelest Norodom Sihamani, fils deNorodom Sihanouk, figuremarquante de l’histoire dupays. Mais, pour beaucoup, lepouvoir réel est détenu par HunSen, Premier ministre depuis1998 dans un pays pourtantofficiellement acquis aumultipartisme.‣ Economie. Malgré l’aideinternationale massive, quicorrespond à 10% du PIB, leCambodge peine à décoller.Près de 60% des travailleurssont actifs dans l’agriculture.Plus de 30% des 15 millions deCambodgiens vivent sous leseuil de pauvreté. Le revenu parhabitant était de 813 dollars en2010 selon le FMI.V.R.

Repères

“Nous avons faitdix fois plus quece que nousespérions.”

BERNARD KERVYNFondateur de l’ONG MékongPlus, basé à Saïgon (Hô-Chi-Minh-Ville), au Vietnam.

L.AU

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“Dans la région où l’on est actif,le PNB par tête est d’environ1000 dollars. En Belgique, c’est

36 000 dollars…”TRINH HUYNH

La responsable de Anh Duong, branche de MékongPlus active dans 18 communes près de Long My et

Phung Hiep (Sud du Vietnam).DIAN

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Arrivée à Saïgon, le 20 décembre. Fini le vélo ! Ici, lesscooters imposent un rythme infernal à la circulation.

L.AU

RENC

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“La philanthropie n’est pasle substitut vicieux de la pub”Finance L’économiste Etienne de Callataÿ aparticipé au raid de 2014. Son entreprise estaussi un des soutiens de Mékong Plus.

E tienne de Callataÿ fait partie des quelque 200 cy­clistes à avoir participé à l’une des étapes du RaidBruxelles­Saïgon au profit de l’ONG Mékong Plus.

L’économiste est parti en vélo, en octobre 2014, sur lesroutes du Vietnam et du Cambodge, en compagnie d’unde ses collègues de la banque Degroof qui est aussi undes soutiens financiers réguliers de l’ONGMékong Plus.

Quel est votre souvenir marquant de ce péri-ple ?Pour moi, le caractère tout à fait différenciantde ce voyage, c’était de pouvoir découvrir cesprojets sur le terrain, en compagnie de Ber­nard Kervyn. C’est la figure centrale de l’asso­ciation et quelqu’un qui a une réflexion surles questions de développement depuis plusde 20 ans.

Quel est votre regard sur l’action de l’ONG ?Je ne suis pas expert en développement. Mais à monsens, l’approche de Mékong Plus est originale en ce sensqu’elle garantit que l’on réponde aux besoins de la col­lectivité locale. Elle favorise l’émergence de la prise dedécision au niveau d’un village quant à la préférence àdonner : un investissement routier, un aménagementdans une école… Il faut avoir du répondant, et ce n’estseulement le chef du village qui va répondre. Et tout lemonde va mettre la main à la pâte, en cofinançant leprojet. C’est le petit bémol peut­être : quitte à donner unsentiment de dispersion. Dans un premier village, cesera de l’adduction d’eau, dans un deuxième, des ordi­nateurs à l’école… Cela donne une impression d’uneforme de dispersion, mais parce qu’on part toujours dubesoin de la population.

L’ONG est fortement active dans le microcrédit… C’est juste-ment suppléer le boulot des banques, non ?Non, dans le cas d’espèce, le microcrédit ne vient pas sup­pléer l’activité bancaire, mais un vide du crédit, ou une ac­tivité usurière, avec des taux exorbitants qui créent un en­

grenage d’endettement sur des générations. Nous, à la ban­que Degroof, on a une sympathie particulière pour lemicrocrédit. Cela met la finance sous un jour plus nuancéque ce que la crise financière a exposé et montre que la fi­nance, si elle peut être source de grands maux, peut aussiêtre source d’avancement humain.

Pourquoi est-ce qu’une banque telle que la vôtre s’impliqueauprès d’une ONG commeMékong Plus ou fait de la philanthro-pie au sens large ? C’est une question d’image ?La banque soutient les collaborateurs qui s’engagent, elleencourage ses membres à s’impliquer sur le terrain. Ellesoutient aussi financièrement des projets de MékongPlus de façon ponctuelle, comme par exemple le finance­

ment de l’étape du personnel de MékongPlus au Vietnam. On a aussi une Fondationdans tout à fait d’autres domaines. Jepense qu’il y a effectivement un retour po­sitif en terme d’image pour la banque.Mais il serait erroné d’y voir un calcul et dedire qu’elle ne le fait que pour cela. Sic’était le cas, la banque ferait moins de pu­blicité sous forme “classique” et subven­tionnerait davantage d’opérations de cetype. Or, ce n’est pas le cas. L’investisse­ment philanthropique n’est pas le substi­tut pernicieux, vicieux, caché, de la pub !Vraisemblablement qu’il y a un effet de re­tour positif pour l’image à l’extérieur, et

pour la culture d’entreprise en interne. Mais je crois aussique ça participe de l’idée qu’on est un acteur dans la so­ciété civile, et qu’une entreprise doit s’inscrire dans sonenvironnement et dans sa communauté. Et cette com­munauté est à la fois locale et mondiale. Cela peut sem­bler naïf, mais une entreprise se doit de prendre en con­sidération autre chose que le pur aspect de la rentabilitéimmédiate.

So. De.

Le Vietnam‣ Géographie. Le Vietnam estun pays tout en longueur. Il a laforme d’une sorte d’un “J”. Ilest bordé par la Chine au nord,le Laos et le Cambodge à l’ouestet la mer de Chine à l’est et ausud. Il compte 90 millionsd’habitants. Sa capitale estHanoï.‣ Histoire. Longtemps sousdomination chinoise, leVietnam acquiert sonindépendance en 932, même sil’influence de la Chine demeure.En 1858, la France s’empare dusud du pays, puis 30 ans plustard de l’ensemble du Vietnam,qui intègre ainsi l’Indochinefrançaise. En 1954, la Franceest chassée du pays. Mais lepays devient in dépendant,mais est coupé en deux. Le nordest aux mains des communisteset le sud d’un régime soutenupar les Etats-Unis. Les deuxvont se livrer une guerreimplacable, que remporterontfinalement les communistes quis’emparent, en 1976, de tout lepays. Les Vietnamiens n’enauront pas fini avec la guerre.Fin 1978, l’armée vietnamienneentre au Cambodge pour mettrefin au chaos et chasser lesKhmers rouges du pouvoir. Elley restera 10 ans et devra faireface à de nombreusesinsurrections.‣ Politique. Il n’y a toujoursaujourd’hui qu’un seul parti aupouvoir : le parti communistevietnamien. Le pays estd’ailleurs officiellement unerépublique socialiste. S’il resteautoritaire, le régime atoutefois libéralisé l’économie àpartir des années 90.‣ Economie. L’économie dupays repose beaucoup sur laproduction du riz, trèsimportante au sud du pays, làoù le fleuve Mékong se jettedans la mer, le nord étant plusindustriel. La libéralisation del’économie a permis de doper lacroissance. Mais la pauvretéreste endémique. Le PIB parhabitant était de 1173 dollarsen 2010 selon le FMI. V.R.

Repères

Les parents de Bat Chanh (voir page précédente),rencontrés le 19 décembre, sont aussi soutenus parMékong Plus dans leur culture de légumes.

30UNE TRENTAINE DE PONTS

est construite chaque année par MékongPlus à Long My. Pour aller à l’école,

acheter un cochon au juste prix, se relieraux autres. Un pont, c’est énorme.

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GPLUS

lalibre.beDavantage d’infos à propos du raid

Bruxelles-Saïgonsur www.lalibre.be

ETIENNE DE CALLATAŸParticipant au Raid Bruxelles-Saïgon et économiste en chef

à la banque Degroof.

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