tzvetan todorov - la description de la signification en littérature

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Tzvetan Todorov La description de la signification en littérature In: Communications, 4, 1964. pp. 33-39. Citer ce document / Cite this document : Todorov Tzvetan. La description de la signification en littérature. In: Communications, 4, 1964. pp. 33-39. doi : 10.3406/comm.1964.1026 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1964_num_4_1_1026

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Tzvetan Todorov - La description de la signification en littérature

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Tzvetan TodorovLa description de la signification en littratureIn: Communications, 4, 1964. pp. 33-39.Citer ce document / Cite this document :Todorov Tzvetan. La description de la signification en littrature. In: Communications, 4, 1964. pp. 33-39.doi : 10.3406/comm.1964.1026http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1964_num_4_1_1026Tzvetan Todorov Ladescriptiondelasignification enlittrature Les problmes de significationqui sont parmi les plus difficiles en linguistique ou en philosophie secompliquent encore enanalyse littraire.L'uvre littraire contient plusieursplans diffrentsqui n'obtiennentleur significationdfinitive qu'unisdans unrcitparticulier.Nanmoins,pour prsenterunschma intel ligible de cessignifications,nous les distingueronsd'abord les unesdes autres. Le premierplan de descriptionestcelui dessons.L'expression peutdevenir contenu enlittraturegrce la miseen valeur du signe linguistique,produite paruneconvention.Cesphnomnesqui onttoujoursprovoqubeaucoupde discussions, peuvent tre rpartis en trois groupes sans que ces groupes aient des limitesnettesentreeux.Lepremieretlemieuxconnuenlinguistiquec'est l'onomatope, ol'expression du signe reproduitles sonsqu'il dsigne.C'est en mmetempslecasolecontenuintervientobligatoirementpourlacomprhension les onomatopessont diffrentesmme dans les langues trsproches. Le groupe voisin peut tre dsign comme illustration sonore . Ce sont les cas o les mots, sans tre des onomatopes, voquent chez nous l'impression auditive quenousaurionsdu phnomnedcrit(grce lasynesthsieontendcette illustration sonoreaussi sur les autres sens).Le contenu importe moins ici, mais sa connaissance est quand mmetrs utile comme le montrent des exemples o un changement minimal du sens dtruit l'illustration ;c'est pourquoi on peut considrer ces deux cas commefiguresdu langage. Le troisime groupe,c'est ce qu'onaappellesymbolismesonoreetque nouspourrionsdsignerplus simplementcommeladistributionphonmatique(leplanducontenuici n'intervientpas).Il fautse garder(commepartout d'ailleurs en analyse smio- logique) de dchiffrer la signification de cette distribution l, mais cela ne doit pas nous empcher de la dcrireet de comparersonschmaaveclesautresrpartitionsdans le modle del'uvre. Les recherchesde Th. A.Sebeok 2qui dcrit le plan phonmatique en traits distinctifssont rvlatrices en ce sens.Il obtient, par consquent, trois cas diffrents (-{-, ,0), dont la distribution est confronte avec leplan du contenu. 1. I. Fnagy rptedans un article rcent que les grands chantillonsde texteslittrairesprouventstatistiquementl'agressivitdesphonmes/k/,/t/,/r/etc.Cf.I. Fnagy Informationsgestalt von Wortund Laut in der Dichtung ,Poetics. Poetyka. Poetika,Warszawa,PWN,1961. 2. Cf.p.ex.Th.A.SebeokSoundandMeaning inaCheremisFolksong Text, ForRoman Jakobson,TheHague,1956. 33 TzvetanTodorov Un autre plan, propre surtout la posie, c'est le plan prosodique. On ne peut pas le considrer comme li uniquement l'expression, parce que le rythme est le rsultat de la superposition du mtre et de l'intonation propositionnelle qui relve du contenu du texte. En accordavec lesvues que nous adoptons, la mtrique estunesortedesuperstructure, fondesurlesdeux typesd'analyse glottique, celle du matriel sonore et celle de l'aspect smiotique, prciseSebeok 1.Outre leschma gnralnousdevonsindiquer etcomparerlasignificationdesmorphmesmis en positions prosodiques parallles, mis en rime, en enjambement etc. Lesystmedesrimesnous donnetrssouventdes indicationsprcieusessur la construction du pome 2.C'est plutt l le rle significatif du mtre en posie, qui autrement neseraitqu'un indice du genreetn'aurait rien depotique en soi . Le rythme de la prose devrait tre dcrit en termes de squences intona- tionnelleset,parconsquent,sur leplan grammatical. Le plan grammatical(ou le plan de la formedu contenu)joue unrle encore plusimportantpour lasignificationenlittrature.Lasignificationgrammaticale,tantobligatoire etinvitable, estefface dans la langue parle,mais en littrature(en proseaussi bienqu'en posie), otous lesplansdu systmelinguistiquesont actualiss et misenvaleur,elleretrouvesonsenspremier.Il nes'agitpasd'un emploiirrgulieroureprsentantuncartstatistique la distributiondescatgoriesgrammaticales,soumiseauxrapportsstructuraux dans le rcit, apporte unesignification supplmentaire importante.Depuis longtempsles crivains plusque les critiques littraires sesont aperusde la significationaccruedescatgoriesgrammaticalesenlittrature 3;maisc'est surtoutla linguistiquedescriptivequi amontr leurrlevritable,grcela description formelleetprcise.Les recherchesdeTh. A.Sebeok, deS. Levin * ont montr que ce rle important tait d la possibilit de rapprocher des signes au contenu diffrent mais comparable grce une forme identique. Ces catgories seraient,decettemanire,undesmoyensfondamentaux,servantcrerdes couplages sur les diffrentsniveaux. Le plan de la substance du contenu est trait en linguistique par la smantique. Ce domaine peustructur estconsidr enanalyse littraire trssouvent en termesde rhtorique, travers les images .Les classifications des rhtoriques proposes jusqu' ce jour, recouvrent engnral leclassementdes changements dusenstabli parla smantique traditionnelle.On peut le suivresurles deux planssubstantiels(de l'expressionetdu contenu)etsur lesdeux axes, dechoix (ressemblance) et de contigut.Cette classification tientcompte del'origine des tropes,mais non pas de leurs rapportsdans letexte.Nousne pouvons pas distinguerlamtaphore(ressemblanceducontenu)etlamtonymie(contigut du contenu)dansuntextedonn,o touteslesdeux entrentdanslesmmes rapports logiques 5.C'est pourquoi, pour allerdans ce sens,il vaut mieux suivre 1. Sebeok,op.cit. 2. Cf.p. ex.R.Jakobson Grammatika poezii i poezija grammatiki ,Poetics... 3. M.Proust appelleFlaubertun hommequipar l'usageentirement nouveauet personnel qu'il a fait du pass dfini,du pass indfini,du participe prsent, de certains pronoms et de certaines prpositions, a renouvel presqu'autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catgories, lesthories de la Connaissance etde la Ralit du monde extrieur.M.Proust,Chroniques,Paris,1949. 4. S.Levin, Linguistic StructuresinPoetry,'s-Gravenhage, 1962. 5. Cf.J.Pelc, Analysis of the Concept of Metaphor ,Poetics... 34 La descriptiondela significationenlittrature ladistinctionfaitepar Th.A.Sebeok *entrefiguresdesubstitution etfigures d'addition. Quelque importanteque soitune classification destropespour la description delaconnotation,ellenedoitpastrecependantsurestime.Lecaractre imagdel'uvrelittrairenevientpasdel'emploidesfigures, mais du caractre imaginairedetouteuvred'art.L'imageenlittratureneconcide pasavecl'imagedanslalangueparle.Commel'ontmontrM.Riffaterre a et surtoutV. V. Vinogradov 3un trope peut tre employdans le rcit sans qu'il soit peru comme tel ; inversement, des signes essentiellement dnotatifs peuvent avoirfonctiondefiguresgrceuncontexteconvenable.Ilestvraiquela littraturefait unemploiplusfrquentdela connotationque la langue parle et on est souvent tent de prsenter ce phnomne comme sa differentia specifica * on peut en effet dire que la littrature se construit partir de l'image ;mais alors on donne ce mot un sens diffrent de celui qu'il a en rhtorique, c'est une connotationd'un autre degrque celle du langage. Nous ne pouvons pas pour l'instant tablir unerpartitiongnraleducontenu ;cependant,sa substance peut tre tudie dans lecadred'une uvre (surtoutd'un pome)oudans la totalit des uvresd'unauteur.LesanalysesdeSebeok B,JakobsonetLvi-Strauss 6, N.Ruwet 7nousdonnentl'exempledel'analyse smantiqued'unpome ;les travaux des formalist.esrussesnousfournissentdenombreusesindications en cesenspourlesuvresdeprose.Mmeenlinguistiquel'analysesmantique devrait peut-trecommencerpardestexteslittraires,oladistributiondes motsestbeaucoup plusdterminequedans la langue parle,ocettedistributionestpresqueentirementprobabiliste. Il n'ya pas une limitenetteentre lecontenu del'uvre elle-mmeetl'interprtationqui lui estdonne au coursdes diffrentes lectures.Le message littraireestmishorsdetoutcontexteextra-linguistiqueetcelalerendambigu dans sa nature mme.L'interprtation d'une image dans la consciencedu lecteur estncessaire et ellepeut nejamais prendrefin.Mais malgr l'existence invitabled'unesignificationajouteparlelecteur,ilnoussemblequel'analyse littraire ne peut pas l'inclure dans son champd'investigation. R. Jakobson nous prservedu binarisme simpliste qui identifie l'exemple d'une excutionavec l'exempled'uneinterprtation 8.Ilserapluspertinentpournotreanalysede dcouvrir l'appartenancede chaque lment desrelationsfonctionnellesentre luietlesautressignespluttquedervlerl'existenced'uneraction 1. Th.A.Sebeok TheStructureandContentofCheremisCharms,Anthropos, 48(1953). 2. M.Riffaterre CriteriaforStyle Analysis ,Word,v. 15,n.1(1959). 3. V.V.Vinogradov,Stilistika.Teorijapoeticheskojrechi.Poetika, Moskva,1963. 4. Cf.p.ex. Ch.F.Hockett, A Course in Modem Linguistics, N. Y., 1958 :a Probablementunemeilleuredfinition fondamentaledu discourspotique sera que lesassociationssecondairesdes formes qui reprsentent des morphmes sont utilises au maximumcommemoyenderenforcementde l'obscuresignificationlittraledesmots. 5. Th. A.Sebeok, op. cit.;id., Decoding a Text :Levels and Aspects in aCheremis Sonnet,StyleinLanguage,MIT,1960. 6. R.Jakobson,Cl. Lvi-Strauss Les Chats de Charles Beaudelaire ,L'Homme, t.II, No 1(1962). 7. N.Ruwet aL'analyse structuralede laposie,Linguistics,2(dec.1963);id., Analy*structurale d'unpomefranais,ibid.,3(janvier 1964). 8. R.Jakobson,Linguistiqueetpotique,Essaisdelinguistiquegnrale,P., 1963. 35 TzvetanTodorov moyennedeslecteurs,nidedcouvrir, traverslesdiffrences,des images communescachesdan lesubconscientcollectif.Ceprincipenouspermettra, semble- t-il,d'accomplir la description d'un textesans faire intervenir des jugementsde valeur. Nousretrouvonsdans l'uvre littrairedes tracesd'autressystmessignificatifs quin'appartiennent pasaulangage articul,mais dontla littraturese sert trsfrquemment.Cessystmesdrivent de la viesociale, de lacultureet destraditionsnationales.C'est,parexemple,l'emploid'allusionsoudepriphrasesconventionnelles;lasymbolisationd'unconceptparunobjet,etc. L'existencedecessystmesseconds dansle langage estbienillustre parcet exemple emprunt M.Proust :Elle m'avait lanc... ce message...:II serait possible que j'aille demain chezlesVerdurin,je nesais pas du toutsi j'irai, je n'en ai gureenvie.Anagrammeenfantinde cet aveu :J'iraidemain chez les Verdurin, c'est absolument certain, car j'y attache une extrme importance. L'auteurnousfaittoutdesuiteconnatrelargled'encodage:Albertine employaittoujours le .tondubitatif pour les rsolutions irrvocables 1. L'tude deces systmesreste videmmenthors de l'analyselittraireproprementdite. Laplupartdestudesstylistiques traitent des phnomnes que nous venons d'numrerrapidement.Maisellesnetiennentpresquejamaiscomptedes rapportsquilientunlmentparticulierauxautresoul'uvreentire. Cesontcesrapportsquidterminentlasignificationconcrtedetelprocd stylistique,detelleformegrammaticaleoudeteltrope.Rienn'estapport lacomprhensiond'une uvreparlasimpleenumerationdes tropesetdes sensations qu'onyretrouve,nimmeparunclassement logiqueoupsychologique.L'uvreestl'unitprincipaledusystmelittraireetlasignification complten'estobtenueque dans soncadre 2.V.V.Vinogradov snousfournit de nombreux exemplesqui montrent qu'un mme procd, utilis dans des contextesdiffrents,prendunesignificationdiffrente. Cesrapportssontnombreuxetc'est parleuridentificationquecommence notre travail de reconstitution.L'unit premire est lecouplage ,c'est--dire uncoupled'quivalenceselonl'undesaxesdulangage.Ladistinctionentre les types comparables (ex. les chats puissantsetdoux )et lestypes parallles (ex. lesamoureux ferventsetlessavantsaustres)faiteparS.Levin4,se montretrs utile.Commel'a montrN.Ruwet 6cesquivalences peuventtre galement dcouvertes sur tous les plans d'analyse. Les tudes de Th. A.Sebeok prouvent que le folklore surtout possde ungrand nombrede telscouples o les lmentssontenoppositions,engradations,en rptition, etc. (Il est probable qu' unniveauplusprofondonpeutdcouvrir lesmmesrelationsdanstout rcit.)Cependant cestudes tendent versune simplificationinutile des rsultats ces rapports ne servent pas uniquement affirmer l'existence d'une structure ou unifier des lments distincts,mais ilsapportent aussi unenouvellesignification,enrapprochantleslmentsspars.CommeleprciseN.Ruwet, 1. M.Proust, La prisonnire, p.91, Bibl.delaPliade, P., 1963. 2. Ceprincipeatdepuisassezlongtempsundesraisonnementsessentielsd'un courant d'tudes littraires enAllemagne et en Suisse. Cf. p. ex. W. Kayser, Dos sprach- licheKunstwerk,K. IX,6:Stil alsWerkstil.5AufL,Bernund Mnchen,1959. 3. V.V.Vinogradov, op.cit. 4. S.Levin, op.cit. 5. N.Ruwet, L'analysestructuraledelaposie,oc.cit. 36 La descriptionde la significationenlittrature c'est dans des relations smantiques de cet ordre que rsiderait une bonne part du message propre du pome x. L'uvrede proseprsenteralesmmesrapportsdansdesdimensionsbeaucoupplusgrandesl nous trouveronsdesoppositionsde personnages,des situations, de topi ,etc.Leur emploi dpend de la tradition littraire active, qui, pourun certaintemps agit comme un code commun.En mme temps avec la descriptiondes rapportssurunplan seposeaussi leproblmedesrelations entre les diffrents plans.W. Clemen a montr par exemple que dans lespices de Shakespeare l'apparition d'une certaineclasse detropesobit l'apparition d'un nouveau personnage ou un changement dans la situation dramaturgique 2. R. Jakobson a remarqu que la rpartitiondedeux aspectsdu verbe(perfectif et imperfectif)dans le Cavalier de bronze de Pouchkine suit lesdeux personnages principaux du pome,en les opposant l'un l'autre. La derniredmarche dans l'analyse dela significationsera la reconstitution du modle de l'uvre. Le modle rendcompte,quoique d'une manireschmatique,des rapports structuraux l'intrieur de l'uvre et de la manire dont ils sontlis.Cette notionde modle serapporte la dispositionconcrte des diffrentsrapportsappartenantau systme ;c'est la ralisation du systmedans un texte particulier.Par consquent, il restera des rapports qui, nese trouvant pas au niveau de l'uvre, n'appartiennent pas au modle. Cette distinction seraune despremirestchesdel'investigateurdansleclassementdestraitsperus. Certaines de nos affirmations sesitueront un niveau lev degnralisation : elles seront vraies pour tout chantillon linguistique, soit de la langue parle ( non- marqu ),soit potique (marqu );soit dit (cod une fois), soit chant (cod deuxfois).D'autresaffirmationss'appliquerontaudiscourspotique..., mais certainesd'entreelles serontrestreintescegenreseulement.D'autres encore peuvent caractriseruniquement uncertaingroupedechansons, p.ex. letype que nous appellerons lesonnet.Et, enfin,certaines denosaffirmationsneconcernerontque lemessage individuel et nul autre 3.L'tat de nosconnaissances nous impose unedmarche allant du message particulier vers lecode 4et nous n'essayons pas pour l'instant de commencer par la description d'un code, commun plusieursuvresouauteurs. Nousessayeronsd'illustrerlesprincipesexpossjusqu'icil'aided'un exemple,sanspourtant prtendresatisfairelesexigencesposesauparavant, et sansnous arrter tous les dtails que prsente une analyse. Cet exempleest un pome bulgare criten 1916 par D. Dblyanov ;il nousa attir par cequi semble du moins au premier abord un manque frappant de tout caractre structural .Pour faciliter la lecture nous nous limitonsune traductionprosaqueetapproximativedupome. Chansonorpheline Si je tombe la guerre, /douleur n'affligera personne /j'ai perdu ma mre, de femme/je n'ai pas trouv et je n'ai pas d'amis non plus. 1. N.Ruwet, op.cit. 2. W.Clemen,The Development of Shakespeare'sImagery, Cambridge,Mass., 1951. 3. Th.A.Sebeok, Decodinga text...,Stylein Language,... 4. Cf.Th.A.Sebeok, V.J.Zeps,Concordanceand ThesaurusofCheremisPoetic Language,'s-Gravenhage,1961(l'introduction). 37 TzvetanTodorov Mais moncurnesouffrepas /L'orphelinavcu infortun/et comme consolation peut-tre/sa mort attendra la victoire. Je connais mon chemin sans joie, / mes richesses sont en moi, /car je suis riche ensouffrances/eten joies non-partages. Jem'en irai du monde /comme je suis venu sansfoyer/,calmecommela chanson,/apportantunsouvenirinutile. l Le plan de l'expression(phonique) montreunediffrence dans la distribution des voyellesetdesconsonnes.Le nombred'apparitionsd'une voyelledansles strophessuituneligneconstantequidescendoumontepour lesdiffrentes voyelles. p.ex. /a/(15,11,10,9),/e/(4,8, 8,10) etc. Les consonnes les plus frquentessuiventun autreschma qui opposeI etIV II etIII p.ex./n/ (8, 3, 5, 8), /s/(0, 4, 9, 6), /r/(3, 5, 3, 0). Les voyelles accentues dominantes sont au nombrede deux dansII etIV, une seule dans I etIII. Le modle mtrique utilis est le plus rpandu dans la posie bulgare, le vers binaire quatre mesures. Dans la distributiondesrimesonpeut remarquer quelesverbesdisparaissent compltement de la rime dans la deuxime moiti du pome. Lenombredeverbesestdcroissant,suivantlesstrophes(5,3,3,2) ;cela est soulign par la diminution parallle des verbes transitifs (4, 1, 1, 0). L'absence de verbesest surtout sensible dans les deux dernires lignes du pome, o il n'y a pasdeforme verbale conjugue.DansI etIV apparaissentdes verbesuniquementd'aspect perfectif,dansII etIII, d'aspect imperfectif.La forme deconditionnelparlaquelledbutelepomeetl'adverbepeut-tremettentsous conditiontoutel'actiondu pome.Dans l'emploi destemps leprsentabsolu alterneavec lefuturetlepass,cesdeuxdernierssituantl'actiondansun momentconcret,relatif nousavonslasuiteR/A/R/A/R.Il estnoterla relation de dtermination qui lie les formes du prsent avec les formesdu pluriel dessubstantifs.La premirepersonne du singulier estla plusfrquente dans le pome ;uneautredterminationexisteentrelechangementdepersonnedans lesverbesqui dsignentlenarrateur etl'apparition des tropes. Les formes sans article (l'article est postpos aux substantifs ou aux adjectifs) suiventlammetendancedcroissantequelesverbes,avecunnombregal dans II et III (5, 3, 3, 1). Les substantifs fminins qui sont les plus nombreux dans le pome (et qui sont doublement marqus en bulgare) dcroissent aussi (4, 3, 2, 1). Par contre, les adjectifs et les participes deviennent de plus en plus nombreux : les non-thmes sontau nombrede 1,3, 3,7.Le groupeverbal domine dans lestrois premires strophes ;dans la premire le sujet n'est pas prsent.Ce n'est que dansIV qu'apparat un groupe nominal largi.Chaque strophe contient une phrase avec un nombredcroissant de propositions(5, 3, 3,2). A premire vue lepome estpauvre en images ;cellesqu'on ytrouvene driventpasdesperceptionssensitivesetellesnesontpasdes trouvaillesdu pote. On peut noter dans I trois substantifs concrets, lis paralllement aux trois verbessynonymes.DansII lenarrateurestdsignparunesynecdoque, puispar uneantonomasie (dterminspar le changementde personnedans le verbe). Dans III notreattention est attire par le couple souffrances joies , qui rappelle le couple deI mre femme .DansIlehrosdclare l'absence des objets exprimspar des substantifs fminins, singuliers,dansIII la pr- 1.Nous allons noter les strophes avec les chiures romains(I, II, III, IV). 38 La descriptiondela significationenlittrature senced'objetsdsignspardessubstantifsfminins,pluriels.Lecontrastese situeaussisurl'axe concret abstrait .La comparaisondansIV est moins conventionnelleque lesautrestropes.Ellenous fournitl'exemplede l'image en abme .De cette manire nous possdons aussi l'apprciation de l'auteur sur lesens decettechanson. Sur le plan des unitssmantiquesI etIV forment un cadre pour le reste du pome.Cecouple dcritunavenir,suppos au dbut,certainla fin ;ildcrit des vnements rels,commevus de l'extrieur.Le centre form par II etIII, traited'un prsent qui a une valeur absolue, il dcrit des qualits qui sont hors du temps ;lessentimentsdu hros sontprsentsd'une maniredclarative. Tout le pome estemprunt d'ironie,prsentantde nombreusesralisationsconcrtes et qui estsurtout perceptibledans les contrastes crsentre les couplesde lignes l'intrieurde chaque strophe. Sinousessayons maintenantdegrouper,desystmatiserlesrptitions,les oppositions,lesgradations numres(sansprtendrelesavoir puises),nous verronsqu'elles se rpartissent sur deux axes. Pour les nommer nous utiliserons des motsd'un mmelangage que celuidu pome ;mais cesmotsnousservent pour unedescriptionet non pas pour une traduction(lesguillemets indiqueront partoutcemtalangage).Le premier axe peut treappel dynamique ->statique;laflchedoitdsigner lemouvementcontinuel, nous n'avons pas une opposition de qualit, mais de quantit. D'aprs cet axe se distribuent les lments suivants :les voyelles, les verbes, les verbes transitifs, le nombre des propositions parphrase,lesformessansarticle,lessubstantifsfminins(qui pourlehros dsignent lemonde extrieur),lesgroupes prdicats,thmesoppossaux non- thmes. Le deuxime axe unit la premire et la quatrime strophe en les opposant aux deux autres. D'aprs cet axe sedistribuent :les consonnes, l'aspects des verbes ; l'action deI etIV se passe dans le temps et ce sont des vnements perceptibles ; II etIII sonthors du tempsetce qu'elles dcrivent est imperceptible.On peut appeler cetaxeessencephnomnes.De plusfaut-ilajouter l'ironie qui caractrise l'image du narrateur et peut tre dcouverte travers toutautre unit. On peutdresser un schma qui nous prsente cette distribution d'une manire plusclaireetpluspauvre. dynamique I phnomnes ii:m essence IV phn. : statique (ironie) On peut remarquer que certains traits relevs dans cette analyse qui pourtant n'est pasexhaustive,netrouventpasplacedanslemodle,commep.ex.la successiond'uneouplusieursvoyellesaccentues,lechangementdepointde vue surlehros,etc.Il est supposer que cestraitsse rapportentd'autres niveaux(selonSebeok)delastructurelittraire ;maispeut-treuneautre analyse, plusapprofondie,pourrait releverdesrapportsnonaperusjusqu'ici. TZVETANTODOROV Universit deSofia.