rezo mag nº4

76
Soyez réalistes, 3,50· demandez L’IMPOSSIBLE LE SENS EST AILLEURS

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Le sens est ailleurs. Le magazine des français à l'étranger et des francophones.

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Page 1: REZO Mag Nº4

3,50 3,50€ 3,50

Soyez réalistes,

3,50€ ·

demandez

L’IMPOSSIBLE

LE S

ENS

EST

AILL

EURS

Page 2: REZO Mag Nº4
Page 3: REZO Mag Nº4

3

4 Collaborateurs

5 Edito

6 Entre les lignes

10 L’œil de Rézo

18 Ces inventions qui ont changé le monde

20 Dossier

38 Portfolio

48 Humeur

50 Petit manuel des dîners en ville Rézo

60 Tendances

68 Humour

in mojito veritas

74 Horoscope

RÉZO SURREJOIGNEZ-NOUS SUR FACEBOOK ET

SUIVEZ EN TEMPS RÉEL L’ACTUALITÉ DE VOTRE MAGAZINE FRANCOPHONE

SOMMAIRE

60

20

10

50

38

Page 4: REZO Mag Nº4

CYRILLE GEORGESChroniqueurDe formation marketing et management, fraîchement trentenaire et en quête d’évasion, il a tout quitté, Paris et le Canada, pour Barcelone et l’écriture.

4

COLLABORATEURS

Editeur : NIF : Y-0611107-B

Publication Co-fondateurs : Valérie Zoydo, Philippe Cusumano

Rédactrice en chefValerie [email protected]él. 661 12 09 27

Publicité et communicationPhilippe [email protected]él. 603 78 18 39

Production et communicationEmmanuelle [email protected]

Création graphiqueJuliana Peña (Peña Design)[email protected]

Illustrations : Philippe GeluckIllustrations couverture et dossier : Juliana Peña

Impression : CEVAGRAF

Dépôt légal : B-25.239-2010

Nous [email protected]

Points principaux de distribution :

Consulat de France, Consulat de Belgique, Consulat Suisse, Maison du Québec, Institut français, Lycée français, Ecole primaire française Ferdinand Lesseps, Axel/Harrira, Le Comptoir Marseillais, librairie Jaimes…

Ambassade de France, Consulat de France, Ambassade de Belgique, Ambassade du Canada, Ambassade de Suisse, Ubifrance, Chambre de commerce franco-espagnole, La Maison de la France, Institut français, lycées et écoles françaises.

Paris-Madrid, Paris-Barcelone, Genève-Barcelone, Madrid-Barcelone

Rézo n’est pas responsable des opinions, illustrations et articles de ses collaborateurs.

Remerciements : Pédro Zoydo, Gilles Le Bail

MARJORIE GRASSLER Journaliste

Quelques expériences et son diplôme de l’Institut

des Médias de Paris, spécialisation documentaire en poche, elle file tenter sa

chance à Barcelone.

CLAUDIA CARRILLO IllustratriceIllustratrice et styliste barcelonaise, elle est l’étoile montante artistique catalane, ses dessins ont été exposés récemment au CCCB. http://claudiacarrillo.blogspot.com/

ADÈLE CANY StylisteStyliste photo et designer d’accessoires, elle a suivi des études de mode et textile à Paris avant de s’orienter sur l’accessoire. Actuellement basée entre Barcelone et Paris.

ANDREA GONZÁLEZ Photographe

Photographe et caméraman, diplômée d’une licence en

sciences humaines et d’un master en reportage TV de L’Université Pompeu Fabra de Barcelone. A étudié la photographie à l’IEFC.

ALBERT BONSFILLS PhotographeNé en 1982 à Barcelone. A étudié la photographie au Centre d’Estudis Fotogràfics de Catalunya. Travaille comme free lance pour particuliers et entreprises. www.albertbonsfills.com

CARLOS RIVADULLA OLIVAChroniqueur

Inventeur et avocat spécialisé en propriété industrielle et intellectuelle. Fondateur de l’entreprise Ecofrego.

Conseille des inventeurs et entrepreneurs et enseigne le droit de la propriété intellectuelle dans

plusieurs universités de Barcelone.

AURÉLIEN LE GENISSEL Journaliste

Licencié en journalisme, philosophie et histoire, travaille

actuellement comme journaliste freelance avec plusieurs revues

culturelles en France et en Espagne.

EMMANUEL HADDAD JournalisteDiplômé de Sciences Politiques de Rennes et d’un master 2 de journalisme culturel à Paris La Sorbonne Nouvelle. Journaliste radio sur le Moyen-Orient puis web sur l’Europe pour le site cafebabel.com

ADÈLE M. Chroniqueuse

Chroniqueuse imaginaire, diplômée d’un master

de psychologie comportementale,

ex-journaliste chez Elle, ex-chroniqueuse de TV

Moustique.

NOÉ MOULIN ChroniqueurLicencié en Traduction de l’École d’Interprètes Internationaux (Belgique).Documentaliste pour l’agence de presse DowJones. Intérêts : musique indie et électronique, deejaying, art contemporain.

UGO LOU Chroniqueur

La presque quarantaine, trois enfants, entrepreneur,

patron de bar et d’une e-boutique d’articles de

Poker, il dédie ses heures libres à son vrai plaisir,

l’écriture.

MARIE-LORRAINE RAVETONRédatrice

Après un premier roman et un passage en librairie, elle s’est installée à Barcelone où elle écrit en freelance pour des sites et magazines. http://

malibrairie.net/

AYMERIC JANIER Chroniqueur Diplômé de l’Institut Pratique de Journalisme de Paris (IPJ), dont il est sorti major en 2006, il est spécialiste des questions internationales, en particulier moyen-orientales. Il travaille comme journaliste au Monde.fr.

Page 5: REZO Mag Nº4

Quel est le sens des choses ? Quel est le sens de la vie ? Un vaste débat

que le philosophe André Comte-Sponville -venu promouvoir son livre Le

goût de vivre et cent autres propos à Barcelone en avril dernier- a initié à

l’aide d’une citation empruntée à l’humoriste Pierre Dac. “À l’éternelle triple

question toujours demeurée sans réponse : qui sommes-nous ? D’où

venons-nous ? Où allons-nous ? Je réponds : en ce qui me concerne

personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne !” Cette

réponse absurde, destinée bien sûr à faire sourire, a eu aussi pour but de

montrer que le mot “sens” contient plusieurs acceptions : la sensation, la

signification et la direction. Finalement, selon le philosophe, le sens, quel

qu’il soit, renvoie toujours à autre chose, à l’extrinsèque. A l’Autre. Le sens

n’est jamais où l’on est, mais où l’on va. “Les seules per-

sonnes qui ne peuvent se rendre à Paris sont celles

qui y habitent”, s’est-il amusé. Paris ou Barcelone

font sens donc, lorsque l’on n’y est pas. Et le

philosophe de conclure : “Le sens est tou-

jours ailleurs”.

Cette phrase a fait écho à l’esprit que nous

voulons donner à notre magazine : l’ail-

leurs. Et à son objectif : la quête de sens.

Car s’il est fabriqué à Barcelone, Rézo en

réalité, n’a pas de frontières. A partir de ce

numéro 4, il sera distribué (en plus de nos

points de vente habituels) en Business class

et en 1ère classe dans les trains reliant Barce-

lone à Madrid, Paris et Genève -en passant par

Lyon et Milan-. En réalité, il se destine à tous les fran-

cophones, où qu’ils soient. Ses maîtres mots : la liberté,

l’ouverture d’esprit, la rencontre. Ainsi, à l’image de ces trains qui se dépla-

cent d’un point vers un autre, Rézo a une ligne directrice vers un ailleurs,

là où le sens se cache... Cet “autre part” est polyfacétique : il se trouve

dans l’art contemporain, la philosophie, la société, l’économie, le dévelop-

pement durable, les initiatives citoyennes, la photographie, la gastronomie,

la mode...

En somme, nous souhaitons vous inviter à réaliser cette odyssée avec

nous. Et si on refaisait le monde, ensemble, depuis l’étranger ? Rézo se

construit comme un voyage initiatique, un récit d’aventures, un road movie,

où chaque rencontre, chaque sujet a son importance. Le sens est partout

à condition de savoir le chercher. La réalité a définitivement du génie.

VALÉRIE ZOYDORédactrice en chef

Diplômée de l’Institut d’Etu-des Politiques de Lyon et de l’Institut Pratique de Journa-lisme (IPJ), elle a collaboré pour l’Express, Matin Plus, Avantages

et 20minutes.fr, spécialisée dans les sujets de politique et d’économie. Installée à Barcelone depuis février 2009, elle s’est tournée vers l’audiovisuel et le documentaire. Elle renoue

avec la presse écrite en devenant la rédactrice en chef de Pilote Urbain

en mars 2010, puis de Rézo.

5

EDITO

Page 6: REZO Mag Nº4

S

6

ENTRE LES LIGNES NOUVELLES TECHNOLOGIES

teve Jobs, le PDG d’Apple -que l’on croyait ab-

sent pour maladie- s’est chargé himself de pré-

senter le nouvel iPad. Qu’a-t-il dit ? Que la ta-

blette nous fait entrer dans l’ère post-PC. Rien

que ça. C’est pourtant ce qui avait déjà été

dit pour la première version, il y a tout juste un

an. Malgré ses adulateurs, l’iPad fait quelques

sceptiques. Car, il s’agit bel et bien d’une mer-

veille dont on peut se pâmer ou encore d’un

gadget dont on peut se passer. Il est temps de

constater que l’arrivée de la nouvelle mouture

n’apporte rien de concret au concept. Disons-

le, la grande avancée est qu’elle est désormais

disponible en blanc, avec deux caméras bas

de gamme (comme le révèle clubic.com “iPad

2 : le test” très complet).

LA SEULE ÉVOLUTION : LE CONTRÔLE TACTILE MULTIPOINTSC’est vrai, l’iPad 1 a apporté une évolution

indéniable : le contrôle tactile multipoints. Un

doigt, deux doigts, trois doigts sur l’écran et les

fonctionnalités varient : sélection, défilement,

navigation entre pages précédente et suivante.

Plus de vingt ans après l’introduction de l’inter-

face graphique proprement dite -les icônes à

sélectionner grâce à la souris et son bouton-

Apple a réaffirmé sa marque de fabrique : une

ergonomie quasi ludique pour une utilisation in-

novante. Le nouvel iPad reprend cette naviga-

bilité d’un nouveau genre, sans rien y apporter.

DÉPENDANCE À L’ORDINATEUR ET AVÈNEMENT DE L’ APPUn des premiers reproches fait à la tablette

repose sur sa dépendance à l’ordinateur et au

logiciel iTunes. Jetons un oeil au dos de son

emballage : il est toujours précisé noir sur blanc

iPad2, L’ un non-événement ?

La nouvelle version de l’iPad était présentée le 2 mars dernier par

Apple en conférence de presse : le fameux Special Event

(vidéo disponible sur le site internet de la marque).

Mais quelle est sa réelle valeur ajoutée ?

Notre spécialiste des nouvelles

technologies, décrypte l’ “événement”.

qu’un ordinateur avec le logiciel iTunes vous

sera nécessaire afin de mettre en route ou

déboguer la bête. L’appareil reste donc esclave

de votre ordinateur.

Au-delà de toute considération matérielle, la

réussite de l’iPad 1 tient de l’avènement de

l’App. Diminutif du terme application, il s’agit

d’un mix entre le programme traditionnel lancé

par un clic sur son icône et le widget interactif

(“application interactive permettant à un inter-

naute d’afficher sur son écran des informations

variées -météo, actualité, bloc-notes- sans

passer par son navigateur”, d’après le Grand

Robert). Ainsi l’App est esthétiquement plus

sympathique car elle surfe sur les technolo-

gies de développement de ce qu’on appelle

le web 2.0. Ici encore, il n’y a rien de nouveau.

Le remplaçant utilise le même concept, les

mêmes Apps, et qu’apportent-elles de nou-

veau ? Rien sinon davantage de dépendance.

Ce seraient les Apps qui feraient de l’iPad un

produit “magique”, pour tout faire, partout y

compris en entreprise ou à l’école. L’utilité en

entreprise se cantonne aux fonctions de com-

munication. Quant à l’école, l’enseignant qui té-

moigne dans le publi-reportage en ligne d’Apple

met en évidence l’attrait des enfants pour le

côté ludique de l’appareil, pas pour les conte-

nus. En fait, toutes les Apps les plus populaires

ont une utilité du domaine du “cool” : publier des

photos et vidéos sur Facebook, envoyer des

mails... Pour ce qui est de l’iBook dont on parle

tant : un livre de poche est moins encombrant et

moins cher. Quant à la démonstration que l’on

peut s’en servir comme instrument de musique,

elle tourne au ridicule. Des gammes de piano

ou arpège de guitare ne s’exécutent pas sur un

écran de neuf pouces : devenir musicien avec

seulement le GarageBand (ndlr : logiciel d’enre-

gistrement et de création musicale développé

par Apple) paraît un pari fort osé.

L’ iPAD, UN CHEVAL DE TROIELe vrai changement c’est qu’avec ses produits

nomades, Apple est devenu un distributeur,

rentable qui plus est. Son fameux “App store”

détient déjà 65 000 Apps uniquement dédiées

à sa tablette. Elles sont créées par des indé-

pendants ayant acheté le kit de développe-

ment ou d’autres majors de l’informatique que

sont aujourd’hui Google, Yahoo!, Facebook...

Et si l’accès au magasin en ligne ne vous oblige

pas à renseigner un moyen de paiement, la

Pomme détient déjà plus de deux cent millions

de numéros de cartes bancaires.

Elle s’est également félicitée des

deux milliards de dollars payés

aux développeurs. Le business

rapporte. Voilà de quoi regarder

son iPad comme un cheval de

Troie ou… un caddie. C’est un fait,

les Apps, nous les consommons

comme le regrette John Swansburg, journaliste

culturel de Slate.com (voir le sujet “Mon iPad

ne me sert à rien” sur www.slate.fr). L’iPad est

un produit de consommation et non pas de

réelle invention informatique. En somme, l’iPad

est présenté comme le successeur de l’ordina-

teur. Il n’en est rien et c’est désolant.

Source : Apple Special Event March 2011, en ligne

“L’iPad est un produit de consommation et non pas de

réelle création informatique. ”

Page 7: REZO Mag Nº4
Page 8: REZO Mag Nº4

D

ENTRE LES LIGNES GÉOPOLITIQUE

8

Au-delà d’un éveil salutaire des consciences, conséquence

d’une aspiration démocratique largement bridée par plusieurs

décennies d’autocratie sans contrepoids, le “printemps arabe” a

jeté une lumière crue sur la sourde querelle d’influence que se

livrent l’Iran et l’Arabie saoudite aux abords du golfe Persique.

--

-

-

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-

L’IRAN VEUT ÉVITER L’ ARRIVÉE DES SUNNITES AU POUVOIR EN SYRIE

-

-

-

irano-saoudien Des dangers du “Grand jeu”

“Une défiance réciproque

directement liée à l’engagement militaire saoudien dans le

modeste royaume de Bahreïn,

à la mi-mars. ”

Page 9: REZO Mag Nº4

9

Turquie

ChypreSyrie

IrakJordanie

Koweït

QatarBahreïn

Arabie saoudite

La Mecque

Médine

Jérusalem

Émirats arabes unis

Oman

Yémen

Iran

Azerbaïdjan

Afghanistan

Inde

Turkménistan

Ouzbékistan

Kirghizstan

Cachemire

Tadjikistan

Pakistan

Géorgie

Arménie

Russie

Égypte

Soudan Érythrée

Djibouti

Éthiopie

Israël

Somalie

Liban

-

-

UNE COURSE AUX ARMEMENTS NUCLÉAIRES ?

nolens volens -

-

-

Sunnites Principales villes saintes de l’IslamChiites

Les chiites sont majoritaires dans le golfe Persique (où se trouvent également 60 % des réserves mondiales de pétrole connues aujourd’hui) . Pour-

tant, les chiites ne constituent que 12 à 15 % de la population musulmane mondiale. Ils sont majoritaires en Iran, mais aussi à Bahreïn, en Irak et en Azer-

baïdjan. Des minorités chiites plus ou moins importantes se trouvent aussi en Arabie saoudite, au Koweït, en Afghanistan, au Pakistan, en Inde.

Page 10: REZO Mag Nº4

10

L’ŒIL DE RÉZO EN PARTENARIAT AVEC LA GALERIE ARTEVISTAS

Culte de la beauté et de

la jeu nesse éternelle,

soci été de consomma-

tion, s tandardis ation,

déve loppement tech-

nologique… La beauté

change et évolue sui-

vant les é poques. Que

représente-t-elle réelle-

ment aujour d’hui ? S’il

n’y a pas une beauté

mais bien des beau-

tés, Rézo a choisi de

con fronter le point de

vue de deux artistes,

Cesar Biojo et Guim

Tió i Zarraluki, dont le

travail se base autour

d’une réflexion sur ce

que représente le beau,

en toute subjectivité.

Regards croisés.

la société contemporaine

La beauté dans

Guim Tió Zarraluki

Page 11: REZO Mag Nº4

Guim Tió i Zarraluki

-

Cesar Biojo

-

-

Cesar Biojo

Page 12: REZO Mag Nº4

“12

L’ŒIL DE RÉZO

RÉZO : En 1863, Baudelaire écrivait dans Le Peintre de la Vie moderne : “Le

Beau est fait d’un élément éternel, invariable dont la quantité est excessive-

ment difficile à déterminer et, d’un élément relatif, circonstanciel qui sera si

l’on veut, tour à tour ou tout à la fois l’époque, la mode, la morale, la pas-

sion (...). Je défie qu’on découvre un échantillon quelconque de beauté qui

ne contienne pas ces deux éléments”. Partagez-vous cette conception de la

beauté ?

Cesar Biojo :

Cesar Biojo

Page 13: REZO Mag Nº4

13

-

-

Guim Tió :

-

-

“Nous ne sommes jamais autant

humains que lorsque nous sommes

plongés dans l’échec absolu. C’est à ce moment-là que nous sommes

connectés à notre vraie nature. ”Cesar Biojo

Cesar Biojo

Guim Tió Zarraluki

Page 14: REZO Mag Nº4

14

L’ŒIL DE RÉZO

En effet, comme vous l’avancez, la distinc-

tion entre ce qui est beau et ce qui ne l’est

pas varie selon les individus. Mais aussi les

époques... David Hume, écrivait d’ailleurs

au XVIIIe siècle : “La beauté n’est pas une

qualité inhérente aux choses elles-mêmes,

elle existe seulement dans l’esprit qui la

contemple, et chaque esprit perçoit une

beauté différente”. Mais alors la beauté est-

elle multiple ? Y a-t-il de la beauté dans la

laideur ?

Cesar :

-

-

Guim :

Cesar Biojo

Guim Tió Zarraluki

Page 15: REZO Mag Nº4

15

-

Dans “Le désir de peindre” (Le Spleen de

Paris) Baudelaire écrit : “Elle est belle, et

plus que belle ; elle est surprenante”. Pour

autant, existe-t-il encore une place pour la

surprise, l’originalité, le mystère ou l’âme

dans notre société standardisée, globalisée

et consumériste ?

Cesar :

Cesar Biojo

Guim Tió Zarraluki

“L’art, comme la beauté,

perdent leur sens sans le

protagonisme de l’observateur. ”Guim Tió

Page 16: REZO Mag Nº4

16

L’ŒIL DE RÉZO

-

-

-

Cesar Biojo

“De nos jours il est plus facile de tendre vers l’homogénéité collective que vers l’idiosyncrasie

individuelle. ” Cesar Biojo

Page 17: REZO Mag Nº4

Mai/Juin 17

Guim :

-

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-

-

-

En conclusion, quelle est votre propre

définition de la beauté dans la société

contemporaine ?

Cesar :

-

-

Guim :

Galerie ArtevistasPassatge del Crèdit 408002 BarcelonaTél/Fax. 935 13 04 [email protected]

Guim Tió Zarraluki

Cesar Biojo

Page 18: REZO Mag Nº4

18

SOCIÉTÉ CES INVENTIONS QUI ONT CHANGÉ LE MONDE

NEW YORK : de la terre aux... gratte-ciel

Carlos Rivadulla, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et inventeur

de l’Ecofrego, raconte à chaque numéro une invention qui a changé la

face du monde. Cette fois, il dévoile l’histoire de l’ascenseur Otis, qui a fait

de New York ce qu’elle est aujourd’hui. Récit.

L-

-

LE TEMPS DE LA VILLE HORIZONTALE…

-

-

PLUS DE 2000 ASCENSEURS VENDUS EN 1870

-

-

-

Page 19: REZO Mag Nº4

LA FIBULA Poble sec

Page 20: REZO Mag Nº4

20 • Rézo • Mai/Juin 2011

dossier

Soyez réalistes,

L demandez ’impoSSible*

*(Che Guevara)

Page 21: REZO Mag Nº4

“A Blanca et Inés. Pour une nouvelle génération qui continue à croire que c’est possible”, écrivait dans les remerciements d’un de ses ouvrages, La RSE ante el espejo, (La Responsabi-lité Sociale en Entreprise devant le miroir), Fernando Casado, docteur en Economie en Espagne. Et si ce que nous croyions impossible jusqu’à aujourd’hui, devenait enfin possible et donc réel ? Le printemps arabe en a été la preuve : l’effet domino initié par la révolution tunisienne a eu lieu. Au-delà du monde arabe, ce vent de révolte pacifique portée par une jeune géné-ration éprise de liberté, de justice et d’équité, pourrait souf-fler sur d’autres pays. Et surtout sur d’autres sphères. Au-delà des pouvoirs politiques ; les pouvoirs financiers, les oligopoles, les grandes industries, les médias contrôlés par le pouvoir lui- même, ont maintenu le citoyen dans une certaine peur, une inertie et une incapacité à prendre son destin en main en rai-son d’un sentiment d’impuissance. Or le Web 2.0 est passé par là... L’internet a permis de faire circuler l’information, éveil-ler les consciences, mettre en relation des peuples éloignés mais partageant les mêmes valeurs et un ennemi commun : une certaine oligarchie mondiale (incarnée entre autres par les pouvoirs financiers) omettant l’être humain et l’environnement. Bref, une conscience mondiale populaire semble émerger.

Car oui, nous sommes bel et bien en train de vivre des ré-volutions simultanées : géopolitique, sociétale, économique permises entre autres par la révolution du numérique (Twit-ter, Facebook, démocratisation des smart Phones). C’est ce que Joël de Rosnay a appelé d’une façon très prophétique en 2006, La révolte du pronétariat, des mass média aux médias des masses en guise de titre d’un de ses livres. Ce mouve-ment annonce ainsi d’autres révolutions à commencer ou à poursuivre. A travers ce dossier, Rézo vous invite à analyser le changement des mentalités, le printemps arabe et le numé-rique, l’avènement du bio-pétrole, l’entreprise sociale, la sim-plicité volontaire... Grâce à l’engagement citoyen -politique ou associatif- une nouvelle forme de résistance est en marche, les réseaux (virtuels) s’organisent, il est désormais possible de ne pas laisser son destin entre les mains des grands pouvoirs de la planète, à condition d’en avoir le désir. A coeur vaillant... rien d’impossible !

Page 22: REZO Mag Nº4

22 • Rézo • Mai/Juin 2011

dossier

!Citoyens du monde,

unissez-vous NoN violeNce et caméra au poiNgC’est indéniable, ce succès exhale un parfum de ré-voltes. Elles sont d’abord individuelles et deviennent peu à peu collectives. Le maître mot : la non-violence. Les armes de combat ? L’internet, les smart Phones, l’intelligence collective, l’engagement citoyen... et la caméra au poing. Les cahiers de doléances de 1789 ont ainsi laissé place aux documentaires engagés, impulsés par Michael Moore, et ses coups de gueule réguliers contre le système libéral, notamment dans son dernier film Capitalism : A Love Story. En France, la journaliste Marie-Monique Robin s’est élevée contre les lobbies et “les vampires de l’agro-chimie” à travers son dernier livre et documentaire Notre poison quoti-dien. Un autre documentaire fait fureur en Espagne, intitulé La obsolescencia programada (l’obsolescence programmée), qui pointe du doigt les dérives du sys-tème productiviste et ses méfaits pour la planète. Sans oublier, le metteur en scène de théâtre américain, devenu réalisateur, Josh Fox, nominé aux Oscars pour son documentaire Gasland. Il s’insurge contre le scan-dale écologique et sanitaire de l’extraction des Gaz de

Nous avons fait tomber le mur de Berlin, nous ferons tomber le mur du capitalisme financier !” Cette phrase n’a pas été pro-noncée par le stéréotype de l’anti-système, coiffé de dreadlocks et couvert de ta-touages, mais par un homme cravaté et droit dans ses bottes, il y a quelques semaines à l’Institut français de Barce-lone. Il a... 93 ans et il s’appelle Stéphane

Hessel. Les temps changent. Ce sont désormais nos personnes âgées qui nous poussent à la rébellion et à la désobéissance : nous n’allons pas nous priver du plaisir de faire passer le mot. Cet ancien résistant, dé-porté, rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, semble parvenir à faire circuler son message : son récent manifeste Indignez vous ! est devenu un phénomène mondial. Vendu à plus d’1,7 mil-lion d’exemplaires, à toutes générations confondues, -le plus vieux lecteur a 100 ans- ce bréviaire citoyen invite au réveil des consciences et à la résistance, face aux défis écologiques, économiques et géopolitiques comtemporains.

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Page 23: REZO Mag Nº4

Mai/Juin 2011 • Rézo • 23

schistes. Ou encore, cet acteur et réalisateur américain, Kelly Nyks, qui revient fin mai en Espagne pour une nou-velle diffusion de son film, Split, a divided America. Il y dénonce la division de l’Amérique, traversée par une pro-fonde crise de valeurs et d’identité. Il veut ainsi montrer à l’Europe, à travers l’exemple des Etats-Unis, que le modèle libéral et capitaliste a atteint ses limites. Et puis il y a aussi, l’indispensable et rageant Inside Job, réalisé par Charles Ferguson. Véritable pamphlet sur la crise financière où même Christine Lagarde, la ministre de l’économie et des finances française, se pique dans une interview de criti-quer les oligarques (et voyous) du système financier : “Ils n’ont pas compris qu’ils devaient proposer des systèmes pour financer l’économie et non pas des systèmes qui leur permettent de se financer eux-mêmes”.

les révoltés chic, bobos et créatifs culturelsEt en effet, la rébellion n’est plus l’apanage de l’extrême gauche, des anars, bohêmes, insoumis et marginaux. Elle touche toutes les franges de la société et n’a plus de frontières. Les anti-systèmes n’ont plus le monopole de la transgression. Naissent ainsi, les révoltés chic, les bourgeois bohêmes ou les créatifs culturels qui veulent devenir acteurs du changement ou encore les geeks ou pirates, capables de faire frémir le Pentagone. Ces résis-tants et révolutionnaires, s’appellent entre autres, Julian Assange. Certes controversé pour ses méthodes, il a incarné, à travers son action menée avec son site web d’informations et de révélations diplomatiques Wikileaks, une certaine forme de résistance vis-à-vis des pouvoirs en place et a bénéficié d’un grand appui sur la toile. Quant à José Bové, figure emblématique du gaullois résistant aux invasions barbares, autrefois considéré comme infré-quentable en raison de ses actions anti-OGM est devenu désormais un invité régulier des plateaux de télé où ses discours font office de paroles d’évangile.

coNcours de laNcers de peNsées, de co-lères et jeté d’idéesEt puis, le printemps arabe, inespéré, qui a eu lieu sous les yeux ébahis de la planète entière : l’impossible est devenu réalisable... Il y a eu aussi cette désespération

face à l’accident de Fukushima, inédit dans l’histoire du nucléaire. Oui, cette graine de révolte semée ici et là, se propage. Dans la littérature, aussi, avec par exemple, l’ouvrage Tomates de Nathalie Quintane et son concours de lancers de pensées, de colères. Et... son jeté d’idées.

Quant à une intelligence collective émergente, elle a été confirmée par ce chiffre : 1 million d’articles sont désor-mais disponibles sur la version française de Wikipedia, rédigés par 300 000 contributeurs. Et enfin, une autre manifestation de ce vent de mutinerie pacifique : ce mail envoyé par l’Association des Amis du Désert de Boisdé à Vasselay (au nord de Bourges) invitant à la RRR les 2 et 3 juillet prochains, la Rencontre des Réseaux Résis-tants. Et qui écrivait ceci : “La RRR veut rendre à la Ré-publique ses valeurs initiales, dont on l’a éloignée : celles qui nous ont été transmises, au lendemain du chaos, par le Conseil national de la Résistance. Rendre au citoyen sa fonction étymologique, le remettre au cœur d’un sys-tème décisionnaire participatif. Rendre à la presse libre, audacieuse et indépendante le poids dont les arrange-ments entre oligarques l’ont privée. Rendre aux nou-veaux résistants la dignité dont l’éloignent, chaque jour un peu plus, les concessions que l’on fait aux raccourcis populistes, à la crainte entretenue. Non, l’indignation, l’engagement, la résistance ne sont pas des valeurs du passé : elles sont les bases d’un monde plus juste et moins arbitraire”.

la révolutioN des fourmisIl ne s’agit donc plus de scander Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! mais plutôt Citoyens du monde, ras-semblez-vous ! Car en effet, la résistance à laquelle nous invite Stéphane Hessel semble bel et bien s’organiser d’une manière globale, sur les réseaux virtuels, cette fois. L’auteur à succès Bernard Werber avait vu juste avec son livre La révolution des fourmis publié en 1996. Son idée : faire un manuel qui dessine les principes d’une révolution qui ne fait pas couler de sang mais qui utilise Internet. Un système qui à l’image de celui des fourmis, fait cir-culer les idées d’une manière fluide. En somme, la prise de pouvoir n’est permise que par l’évolution des menta-lités, comme le préconise le philosophe William James : “la plus grande révolution, c’est d’avoir découvert qu’en changeant leur tournure d’esprit, les humains peuvent modifier leurs conditions de vie”. VALéRIE ZOyDO

“nous avons fait tomber le mur de berlin, nous ferons tomber le mur du capitalisme financier !”

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dossier n les peNseurs du chaNgemeNt

André Comte-Sponville : “les mouvements qui émergent sont des anti-utopies”

Rézo : Le printemps arabe, le succès mondial du livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous ! , la prise de conscience écologique semblent avoir en com-mun un parfum de révolte globalisée. Que vous inspirent ces mouvements ? Vit-on des révolutions croisées ?

André Comte-Sponville : on avait le sentiment que le monde arabe était coincé entre la dictature et l’islamisme. Ce mouvement démocratique est une bonne nouvelle,

d’autant plus qu’il y a quelques mois, personne ne s’en doutait. Cette révolte, ce mouvement populaire sont la preuve du pouvoir de séduction de la démocratie. au fond, la démocratie est indéniablement le meilleur des régimes. Quant au succès du livre de stéphane Hessel, il reflète en effet, la capacité à dire non, même si j’avoue avoir quelques divergences avec lui.

Ces mouvements de révolte qui émer-gent, sont des anti-utopies, alors que les révolutions d’inspiration marxiste -comme mai 68- ont constitué le

dernier simulacre d’une société d’abondance. aujourd’hui nous avons compris que la société d’abondance n’aurait jamais lieu. a l’ ère de l’ écologie, du développement du-rable et de la décroissance, nous allons devoir apprendre à vivre dans une pénurie continue, sortir du nucléaire, faire moins de voyages...

La crise et l’état de la planète ont permis de poin-ter du doigt les méfaits du capitalisme. Dans votre recueil de propos, Le goût de vivre, vous avez d’ail-leurs écrit des propos intitulés “Moraliser le capita-lisme ?” Croyez-vous en une autre alternative ?

andré Comte-sponville, philosophe humaniste, militant d’une spiritualité laïque, vient de publier Le goût de vivre et cent autres propos en espagne, intitulé El placer de vivir. il revient pour Rézo sur les actuelles révolutions géopolitiques, écologiques et autres... rencontre.

Le saviez-vous ?dans ses essais, montaigne écrit que “le sommet de la sagesse humaine et de notre bonheur” réside dans “l’amitié que chacun se doit”, sans laquelle nul ne sau-rait aimer la vie et les autres. il conclut : “pour moi donc, j’aime la vie”. c’est-à-dire la vie, telle qu’elle est, heureuse ou malheureuse.

A. C-S : l’ alternative au capitalisme, c’est un modèle social-démocrate. il ne faut pas supprimer l’économie de marché mais imposer au marché des conditions non-mar-chandes et non-marchandables. C’est pourquoi le mar-ché a besoin des etats pour imposer des limites. interdire le travail des enfants, garantir les libertés syndicales, créer un impôt sur le revenu, interdire le harcèlement sexuel ou psychique, c’est cela moraliser le capitalisme. sans oublier toutefois que jamais en aucune autre époque, les plus faibles n’ont été aussi protégés. en réalité, il faut poursuivre les progrès déjà réalisés. le monde ne cesse jamais de se transformer.

Dans ce contexte de crises multiples et de chan-gements globaux, quelle est la véritable sagesse, selon vous ?

A. C-S : la sagesse, c’est d’aimer la vie et la philosophie peut nous y aider, y compris quand elle est douloureuse et angoissante. Dans la vie, il n’y a pas que du plaisir. C’est pour ça que j’aime l’amertume. Cela dit, les gens heureux m’ennuient ! Ceux que j’aime le plus, ce sont les plus sincères, les plus fragiles, les plus humains. D’ailleurs, l’humanité est encore plus importante que la sagesse, disait Montaigne. la vie n’est pas une énigme... elle est à vivre. et c’est l’amour qui fait sens. PROPOS RECUEILLIS

PAR VALéRIE ZOyDO

“il ne faut pas supprimer l’économie de marché mais imposer au marché des conditions non-marchandes et non-marchandables. ”

© anDrea gonzalez

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Fernando Casado : “Nous n’avons pas encore transformé nos modèles en profondeur”

Rézo : Les révolutions arabes ont réveillé un certain espoir de modifier une situation politique consi-dérée jusqu’alors comme figée. Si l’impossible est devenu réel, alors cela est de bon augure pour les autres combats à mener tels que les révolutions écologique, énergétique, sociale avec en toile de fond une lutte contre les dérives du capitalisme financier. Partagez-vous cette analyse ?

Fernando Casado : Jamais on ne s’est imaginé l’avène-ment du printemps arabe, ainsi que la gravité de la crise économique survenue il y a deux ans et demi... Ces grands bouleversements s’accompagnent en plus de catastrophes naturelles, de crises environnementales et autres crises so-ciales. il est indéniable que nous vivons des changements systémiques, synonymes de renouveau : c’est la première fois que des millions de jeunes arabes manifestent sans brûler des drapeaux américains !

Pourtant le chemin semble encore long pour trans-former nos modèles actuels...

FC : il se peut que la crise économique soit en passe d’être résolue trop rapidement. Quand elle est survenue, je me suis dit : “enfin on va prouver que le modèle actuel ne fonctionne pas”. et aujourd’hui je vois que les entreprises se redressent peu à peu, sans que nous ayons vraiment pris le temps de bien réfléchir sur les causes de ces multi-crises. nous n’avons pas poussé notre réflexion sufi-samment loin sur les manières de faire les choses d’une façon alternative, comme changer les modes de produc-tion. nous n’avons pas encore, en effet, transformé nos modèles en profondeur.

Parmi ces crises, les révolutions en cours et celles à venir, voyez-vous un point commun, un élément qui fasse sens ? Quel est le véritable combat à mener ?

FC : les multiples crises impliquent en réalité une crise réelle qui est celle des valeurs. Celle-ci se manifeste dans notre manière d’entrer en relation entre êtres humains et avec notre écosystème. il existe effectivement une synergie

fernando Casado, fondateur de l’ong CaD, le Centre d’alliances pour le Développement, vient de co-écrire “no somos hormigas”,

(nous ne sommes pas des fourmis), un ouvrage qui dresse les lignes des grands défis que doit relever

l’espèce humaine. rencontre.

de mouvements, engendrée par un éveil des consciences, notamment grâce aux réseaux sociaux, générateurs d’informations. Ce changement systémique engendre une évolution des mentalités et vice-versa. il reste beaucoup de choses à combattre et en même temps, ces outils vont nous y aider. il faut notamment lutter pour une redistribution des richesses, résister vis-à-vis des pouvoirs centralisés, s’élever contre les dégâts de certaines activités produc-tives qui n’assument pas leurs responsabilités, limiter la concentration du pouvoir économique mais aussi la concentration du pouvoir médiatique…

Cela a l’air plus facile à dire qu’à faire... Lutter, oui, mais comment ?

FC : les contre-pouvoirs s’organisent : les problèmes s’étant globalisés, les challenges aussi ! en effet, aucun acteur ne peut être une solution à lui tout seul : les gouver-nements, les ong, les multinationales, les entreprises et les citoyens doivent collaborer ensemble pour affronter les problèmes multidimen-sionnels, tels que les problèmes d’équité, de distribution des richesses et l’accès aux besoins basiques (éducation, eau potable, énergie, santé, logement, information et... liberté). C’est intolérable qu’au XXième siècle tout cela ne se soit pas généralisé au niveau mondial. Com-ment lutter ? a travers la mobilisation, la solidarité, la revalorisation de notre temps libre, le volontariat, la création, l’innova-tion, une consommation réfléchie, une autre utilisation des moyens de transports, l’information, la communication... le changement est possible, nous sommes en train de gagner la bataille grâce au pouvoir citoyen. PROPOS RECUEILLIS PAR VALéRIE ZOyDO

“le changement est possible, nous sommes en train de gagner la bataille grâce au pouvoir citoyen. ”

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?dossier n révolutioN Numérique

internet est dépeint comme l’engrais du printemps arabe, mais s’il est vrai que les révolutionnaires ont

troqué tracts et syndicats contre facebook et twitter, ces armes peuvent toujours se retourner contre eux.

Facebook et Twitter : amis ou ennemis des révolutions

imanche 27 mars, jour du rendez-vous à Paris avec Fabrice Epelboin, l’éditeur du site ReadWriteWeb qui vient de rendre son dernier souffle. Evoquer le pouvoir révo-lutionnaire d’Internet avec ce scientifique de formation est passionnant pour deux raisons : l’homme a édité les textes du blogueur tunisien Slim Amamou et a lancé un WikiLeaks tunisien, Tunisie Leaks. Puis, il n’est pas seulement censuré pour son engagement sur la toile : il est traqué. Quand on lui demande s’il habite près de notre lieu de rendez-vous, il répond, laconique : “Je n’ai plus vraiment de “maison”

en France. Depuis le début de la révolution tunisienne, je suis suivi et mis sur écoute. J’ai reçu des menaces légères mais très claires. Je suis en quelques sortes un fugitif.”Qui de mieux placé que lui alors, pour comprendre le rôle paradoxal d’Internet dans les révolu-tions arabes, émancipateur et castrateur à la fois ? Quand la maison mère américaine du blog d’informations high tech décide de fermer sa version française, il écrit : “La participation active de l’édition française et de plusieurs de ses auteurs à la révolution tunisienne n’est pas forcément étrangère à cette soudaine décision. Internet est un espace d’échange à la vocation neutre. Les dissidents des dictatures l’utilisent pour fomenter leurs révoltes, avec l’aide de soutiens comme ReadWriteWeb jusqu’à peu ou Cyberdissidents.org. Les despotes, éclairés ou pas, s’en servent pour les faire taire”.

iNterNet, arme à double traNchaNt“Facebook et Twitter étaient les outils d’une jeunesse aussi seule que désœuvrée. Depuis quelques mois, on sait qu’ils ont été essentiels aux mouvements contestataires. On va bientôt comprendre qu’ils sont aussi une arme de choix pour précisément les mater”, précise la jour-

naliste Flore Vasseur sur France Culture le 22 mars. Règle numéro un, dans le monde numérique, les frontières s’érodent, tant entre les nations qu’entre les systèmes politiques. Fabrice Epelboin distingue par exemple “les dictatures nu-mériques issues de dictatures IRL (“In real life”, ndlr) et celles issues de régimes démocratiques”… Comme les Etats-Unis. Anonymous avance que l’armée américaine vient d’investir 2,76 millions dans un programme de cyber-influence. Pendant ce temps, le Wall Street Journal révèle que les entreprises américaines MacAfee et Blue Coat Systems vendent leurs services de filtrage d’Internet aux régimes d’Arabie saoudite et de Bahreïn. La France, avec les lois Hadopi et Lo-ppsi, et l’Espagne avec le vote récent de la loi Sinde, ne sont pas mieux loties.

“le rôle d’internet en tunisie est le même que celui qu’a joué l’imprimerie pour la révolution française. ”

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En décembre 2009, le magazine Books titrait “Internet contre la démocratie”. A l’intérieur, un article d’Evegueni Morozov, spécialiste américain d’origine biélorusse sur les nouveaux médias, listait toutes les manœuvres des dictatures, de la Biélorussie à la Chine en passant par l’Iran et la Birmanie, pour contrôler et étouffer toute vel-léité contestataire.

les putschistes soNt des geeksVoilà pour le côté obscur d’Internet. Celui-ci est assez peu évoqué en ces temps de “révolution numérique”, de “révolution 2.0” et autres slogans accrocheurs du moment. Oui, c’est vrai, sans Facebook et Twitter, pas de révolte en Moldavie, pas de contestation en Iran, pas de peuple violet en Italie ni de vague révolutionnaire au Maghreb. Les héros des révolutions tunisienne et égyp-tienne s’appellent Slim Amamou, militant de l’internet libre et blogueur, et Wael Ghonim, chef du marketing pour Google dans le Moyen-Orient et blogueur. Loin des généraux à la Nasser, les putchistes du XXIe siècle sont des geeks. Calé devant son café vide, Fabrice Epelboin use du détour historique pour faire comprendre l’impor-tance de l’outil numérique dans les changements ac-tuels : “Le rôle d’Internet en Tunisie est le même que celui qu’a joué l’imprimerie pour la Révolution française. La différence, c’est que là où il a fallu 200 ans pour que l’imprimerie de Gutenberg débouche sur la révolution française, 20 ans auront suffit pour que l’arrivée du web entraîne le départ de Ben Ali.”Indéniablement, révolution numérique et révolution poli-tique se sont combinées pour aboutir au résultat du dé-part de Ben Ali le 14 janvier 2011 et celui de Moubarak le 11 février. Encore faut-il avoir le bon décodeur pour comprendre en quoi l’outil accompagne-t-il l’histoire.

grille de lecturePremier rappel important : “Ce sont des hommes qui sont descendus manifester, pas des ordinateurs por-tables”, souligne Fabrice Epelboin. Plus important, sous un régime dictatorial, les spectateurs européens ne peuvent savoir ce qui se passe qu’à travers un filtre médiatique bien impuissant. Là-dessus, Fabrice est impitoyable : “La France est le premier partenaire com-mercial de la Tunisie. Les intérêts croisés sont multiples entre les deux pays et on a eu affaire à une censure pure et dure où la presse française s’est tue jusqu’au dernier moment et où les politiques ont soutenu Ben Ali jusqu’à son départ... Bon, ce n’était pas un black-out total, France24, Libération ou Rue89 en ont parlé avant le 14 janvier, mais malgré nos coups de fils répétés à toutes les rédactions, la grande majorité ont attendu le renversement du pouvoir pour aborder la question.” Censure d’un côté, méconnaissance d’internet de l’autre : “Lors de la révolution verte iranienne en 2009, Twitter a été utilisé pour sortir de l’information à l’exté-rieur. Point barre. Après les journaux ont avancé que ce réseau social avait servi d’outil de coordination au mouvement de révolte. Tout cela est faux. Le problème c’est que les journalistes qui comprennent les nouvelles technologies en France se comptent sur les doigts de la main.” C’est donc sur Twitter que le blogueur égyptien

Quand Microsoft copine avec Ben Ali

fabrice epelboin, fournit dans cet extrait d’entretien des révélations sur les méthodes de microsoft, qui sembleraient avoir été étouffées par le service de presse de celui-ci. récit par l’éditeur du site readWriteWeb. “on enquêtait sur le “phishing” (“hameçonnage”, opération frauduleuse sur internet qui consiste à obtenir des renseignements personnels par des voies détournées, ndlr) opéré par la cyberpolice depuis juin 2010 quand slim amamou a découvert une opéra-tion de phishing. a l’époque, on avait compris la technique employée et microsoft était hors écran-radar. en janvier 2011, des attaques beaucoup plus sophistiquées ont eu lieu, qui ont vraisemblablement mené à pas mal d’arrestations suite à des intrusions sur des comptes mails et des comptes facebook (bylasko, une figure de la cyber-résistance et auteur sur readWriteWeb s’était vu piraté son compte facebook et il était en cavale). on n’avait aucune idée de la façon dont ben ali avait procédé, puis un hacker a trouvé le pot aux roses et nous a renseigné : c’est grâce à une “faille” délibérément laissée par microsoft qu’ils ont réussi ce qui, somme toute, n’était pas une telle prouesse (avec une telle complicité, tout est possible). tunileaks (officiellement archives-tunisie.org) est un projet né durant la révolution, qui fonctionne de la même façon que Wikileaks. la diffé-rence, c’est qu’il vise à interpeller la justice, en partenariat avec la fidh, là où Wikileaks s’adresse aux médias. si on a précipité la révélation sur le comportement de microsoft, c’est qu’après la révolution, la société de bill gates s’est accaparée tous les budgets d’etat et a forcé la main pour équiper la commission en charge de faire des enquêtes sur l’ère ben ali… or celle-ci est justement censée enquêter sur microsoft ! cela a d’ailleurs provoqué la démission d’un de ses membres. la semaine qui a suivi cette révélation, le mode sécurisé a mystérieusement été désactivé sur tout un tas de pays pour hotmail (un service microsoft), ce qui a permis a pas mal de dictatures d’afrique et d’ailleurs de pirater leurs citoyens. bref, ils continuent. leur service de presse a été remarquable, l’affaire a été promptement étouffée. ceci dit, ça ressortira...” PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL HADDAD

Fabrice Epelboin

“(...) on a eu affaire à une censure pure

et dure où la presse française s’est tue jusqu’au dernier moment et où

les politiques ont soutenu ben ali jusqu’à son départ.”

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dossier n révolutioN Numérique

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Ramy Raoof a précisé que “la révolution 2.0, la révolu-tion Facebook, la révolution Twitter sont des expressions dénuées de sens”.

la guerre du Net aura bieN lieuPour parler d’e-révolution, comme l’a fait le magazine en ligne espagnol Periodismo Humano à propos de la situation syrienne le 5 avril, mieux vaut donc utiliser un vocabulaire militaire. Car c’est bien d’une lutte qu’il s’agit. En Syrie, Facebook est officiellement interdit. Mais il était toujours possible de surfer en masquant son numéro de DNI, avec l’aide de TOR par exemple, une plate-forme qui permet de préserver son anonymat face à la surveillance numérique. Récemment, Facebook a été autorisé, et tout est allé très vite : “Sans Internet,

nous n’aurions pas pu voir les vidéos et les images des crimes du régime d’Asad. Internet a actionné le premier mouvement quand les membres des groupes anti-Asad ont manifesté à Damas le 15 mars. Quand les médias ont repris les vidéos des manifestations postées sur Inter-net, plus de Syriens les ont vues, et ça a aidé à rompre le mur de la peur” a révélé Ahed al Hendi, responsable de la section du monde arabe à Cyberdissidents.org, sur Periodismo Humano. Alors, si Internet est l’imprimerie du printemps arabe comme l’avance Fabrice Epelboin, reste à ne pas le laisser entre les mains des clercs, les-quels peuvent toujours utiliser cette arme à mauvais escient. Et personne ne souhaite revivre la Terreur après avoir vu l’espoir levé par le printemps révolutionnaire.

PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL HADDAD

Pour aller plus loinles archives du site français de readWriteWeb : http://fr.readwriteweb.com/ le site de cyberdissidents : http://www.cyberdissidents.org/

“Quand les médias ont repris les vidéos des manifestations postées sur internet, plus de syriens les ont vues, et ça a aidé à rompre le mur de la peur ”

“la révolution n’est pas encore aboutie”, entretien avec Annabelle Sreberny

annabelle sreberny a déjà vécu une révolution. C’était en 1979, elle était en iran. Dans Small media, Big revolution (1994), elle évoque les

cassettes de Khomeiny et les graffitis des murs de téhéran, ancêtres de twitter et de facebook. et à l’inverse de 1979, la professeur de médias et

communication à l’ecole d’études orientales et africaines de l’Université de londres ne qualifie pas les événements du printemps arabe par le

mot “révolution”… Jusqu’à maintenant. entretien.

Internet a-t-il été un moyen d’exporter la révolte tu-nisienne chez ses voisins égyptiens, libyens, syriens et d’ailleurs ?

Annabelle Sreberny : Je ne suis pas convaincue qu’in-ternet ait été le seul instrument à jouer un rôle dans le prin-temps arabe. Quand il s’est agi d’articuler les différentes révolutions au Maghreb et au Moyen-orient, al Jazeera et la bbC en arabe étaient au moins aussi consultés que facebook. ils ont été des plateformes panarabes de la révolte. Maintenant, c’est vrai que le réseau social face-book, quand il est autorisé par les autorités, peut devenir une plateforme politique. en egypte, les pages facebook “nous sommes tous Khaled said” et “le Mouvement de

la jeunesse du 6 avril” ont chacune au moins 100 000 “followers”. Pour les manifestants, c’est un bon moyen de briser la spirale du doute, car s’ils voient que tant de personnes partagent leurs convictions et leurs valeurs, ils n’ont plus peur de les affirmer haut et fort.

Oui, mais encore faut-il avoir accès à ces outils de communication. Les mouvements iraniens, tunisiens et égyptiens nés sur le web ne sont-ils pas réservés aux jeunes éduqués et informés ?

A. S. : en tunisie comme en egypte et en iran, on a affaire à une population en majorité âgée de moins de 30 ans, ayant souvent suivi des études supérieures mais sans

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Pour aller plus loin : - blogistan: the internet and politics in iran, annabelle sreberny et gholam khiabany, 2008- small media, big revolution: communication, culture, and the iranian revolution, annabelle sreberny, ali mohammadi (1994)

possibilité de les concrétiser vu les failles du marché du travail. est-ce que cela en fait une élite ? Je ne crois pas. et puis à un moment donné, la contestation ne peut être menée par 100% des gens d’un pays, donc je ne vois pas la forte propension de personnes éduquées et informées comme un manque de légitimité. au contraire !

Et pourquoi la situation iranienne ne se débloque pas là où la Tunisie a été jusqu’au bout ?

A. S. : La différence entre l’Iran et les pays du Maghreb et du Moyen-orient dans leur révolte tient à ce que la république islamiste est déjà dans une situation de post-révolution. la révolution qui a renversé le shah en 1979, je l’avais décrite dès 1994 dans Small media, Big revolution, n’a pas attendu facebook ou twitter. a l’époque, les petits médias de la révolution, c’était la voix de Khomeiny qui se diffusait sur les cassettes audio, les graffitis, les tracts, etc. en 2009, quand le mouvement Vert s’est soulevé contre l’élection d’ahmadinejad, leur revendication était le recompte des voix. Mais suite au silence des autorités, cer-tains dissidents ont commencé à critiquer les bases même de l’etat islamiste. a l’inverse, d’autres sont attachés à ce régime car il est un des acquis de la révolution de 1979.

alors au-delà de l’instrument commun des réseaux sociaux, il faut bien garder à l’esprit l’histoire politique de chaque pays. la tunisie a une longue histoire syndicale. en egypte, le mouvement des Kefaya blogue depuis des années et poste des vidéos youtube pour dénoncer les tortures policières et les manifestations de la faim. en iran, le mouvement féminin est un des plus progressistes, on compte par ailleurs 70 000 blogs en langue farsi et l’his-toire syndicale est aussi très forte.

Rézo : Il faut donc faire attention à ne pas mettre ces pays dans le même panier…

A. S. : oui, c’est très dommage de constater le regard limi-té des occidentaux et surtout de ceux qui écrivent sur les nouveaux médias. ils sont capables de parler du dernier iPhone américain puis de passer au rôle de twitter dans la révolte égyptienne. il faut laisser plus de place à l’histoire de chaque pays !

Et en donnant sa place à l’histoire, on s’étonne déjà moins que les femmes aient un rôle si déterminant.

A. S. : bien sûr, c’est tout sauf une surprise ! il manque une vue culturaliste du Moyen-orient dans l’analyse que font les médias de l’ouest sur les mouvements sociaux du Maghreb et du Moyen-orient. on y imagine encore des femmes voilées complètement asservies par des maris polygames et fous de Dieu, quand il y a déjà eu auparavant de nombreux combats remportés par la femme dans ces régions. Mais il est vrai que pour les femmes, le combat pour la reconstruction de la nation n’est pas le seul à me-ner ; elles ont aussi leur propre page à écrire, et le combat est loin d’être fini.

En Egypte, le blogueur de 26 ans Maikel Nabil Sanad a été condamné à trois ans de prison pour “insulte à l’armée égyptienne”. Cela signifie que la révolution ne fait que commencer ?

A. S. : il est beaucoup trop tôt pour parler de révolution ! il faut se demander d’où vient ce mot et comment a-t-il été propagé pour commencer. en tunisie comme en egypte, ils ont réussi à se débarrasser d’un etat autocrate, mais en egypte, le plus dur reste à faire pour passer d’un gouverne-ment militaire temporaire à un nouveau système de partis librement élus. les citoyens vont devoir réinventer voire inventer un système politique !

Avez-vous l’espoir que la situation actuelle dé-bouche à terme sur une révolution aboutie ?

A. S. : Pour cela, il faudra commencer par garantir la diversité de la presse, le libre accès à internet, les droits de la femme… Mon enthousiasme premier est en train de devenir politiquement plus réaliste. PROPOS RECUEILLIS

PAR EMMANUEL HADDAD

“Pour les femmes, le combat pour la reconstruction de la nation n’est pas le seul à mener ; elles ont aussi leur propre page à écrire.”

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? la révolution écologique et énergétique aura-t-elle lieu

Les scientifiques l’avaient prévu, les industriels le craignaient. Il finira dans un futur très proche par nous faire préférer le métro ou le vélo à la voi-ture. Le pic pétrolier. C’est un fait, les cours du pétrole flambent, encore et encore. Entre le 1er trimestre 2010 et le 1er trimestre 2011, le Brent a subi une hausse de pas moins de 38% ! Les réserves de pétrole exploitables s’épuisent, les dirigeants le savent et pourtant l’or noir constitue encore la clef de voûte de notre système productiviste mondialisé. Or, le pic pétrolier mondial -moment où la production mondiale de pétrole plafonne avant de commencer à décliner- aurait même déjà été atteint. Pour preuve, le 5 avril 2011, François Fillon, le Premier ministre, déclarait lors de la séance des questions au gouvernement : “Nous avons, en 2009, atteint le pic de production en matière de pétrole. La production ne peut maintenant que décroître, alors même que la croissance de l’économie mondiale a retrouvé un train de 4,5 %. La catastrophe de Fukushima aura forcément des conséquences sur les investissements dans le monde en matière nu-cléaire.” Cette phrase, révélatrice de l’urgence à chercher des alternatives énergétiques, confirme que nous sommes déjà bel et bien en train de vivre cette crise prévue déjà depuis les années 50 par le géologue Marion King Hubbert et confirmée par le rapport annuel de 1998 de l’AIE (Agence Inter-nationale de l’Energie) qui situait le pic pétrolier au cours des années 2010. Si la France pensait contourner le problème avec un système mixte basé sur le nucléaire et les énergies renouvelables, le drame de Fukushima a marqué les esprits en démontrant que le nucléaire comportait des risques réels. Il ne reste alors comme alternatives sûres que l’énergie solaire, l’éolien, et tout récemment, l’invention du pétrole à base de micro-algues. Mais avant de crier victoire, essayons plutôt de comprendre l’efficacité de cette technique et se poser la question de son applicabilité et son rende-ment. Apparemment, contrairement à ce qu’annoncent ses promoteurs, si l’invention a de l’avenir, il faudra encore attendre quelques années avant qu’elle ne soit effective. En somme, elle est prometteuse, mais elle ne verra pas le jour avant cinq à dix ans ! Enquête.

dossier n révolutioN verte

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micro-algues et biopétrole : effervescencemédiatique etréalitésscientifiquesentre le 30 janvier et le 2 avril 2011 les médias français ont diffusé de nombreux reportages et articles concernant la société bfs (biofuel systems, basée à alicante) et son pétrole bleu obtenu à partir de micro-algues. face à la disparité et l’optimisme des chiffres annoncés, il convient de faire un point sur l’état de la recherche scientifique dans le domaine afin de dresser un portrait objectif -mais prometteur- de ce biocarburant de troisième génération.

ans un contexte énergétique marqué à la fois par la nécessité de développer des énergies renouvelables plus respectueuses de l’environnement et par l’épuisement à moyen terme des ressources pétrolières, les micro-algues constituent un enjeu d’avenir pour la production de biomasse (Ensemble

des matières organiques d’origine végétale, animale ou fongique pouvant devenir source d’énergie par combus-tion) et de biocarburants. Inépuisable et recycleur de CO2, la production de ce biocarburant ne nécessite pas

de terres arables et son rendement à l’hectare est très élevé.Cet enjeu, la société BFS l’a bien compris. BioFuel Sys-tems (BFS) est une entreprise espagnole dont l’ingénieur français Bernard Stroïazzo-Mougin est le président fon-dateur. Avec une équipe de scientifiques et d’ingénieurs et le soutien des universités espagnoles d’Alicante et de Valence, M. Stroïazzo-Mougin a conçu et développé un “procédé de conversion énergétique accélérée” qui per-met de fabriquer de la biomasse puis du biopétrole de troisième génération à partir d’algues microscopiques.

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“nous avons, en 2009, atteint le pic de production en

matière de pétrole. ”

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dossier n révolutioN verte

Le saviez-vous ?Les micro-alguesles micro-algues sont des micro-organismes photosynthétiques unicellulaires dotées d’une croissance rapide et qui ont la particularité de produire des métabolites (petites molécules) industriellement intéressants (polysaccharides, pigments, lipides). elles constituent un matériel photosynthétique de choix pour capturer du co2 et fabriquer de la biomasse. leur grande diversité biologique, leur adaptabilité, un rendement supérieur à celui des plantes pour la production de biocarburants ainsi que la non compétition avec la production alimentaire sont autant d’atouts pour la valorisation de leurs constituants polysaccharidiques (bioéthanol, biogaz) ou lipidiques (biopétrole).Les biocarburants on distingue généralement trois générations de biocarburants : tout d’abord les agrocarburants produits à partir de cultures destinées traditionnellement à l’alimentation, puis les biocarburants produits à partir de sources végétales non alimentaires (bois, feuilles, paille, etc.) et enfin les biocarburants à base d’algues. La société BFSle siège de bfs se trouve à alicante tandis que l’équipe bfs-france basée à paris gère la représentation commerciale de la technologie bfs pour l’hexagone. le service scientifique de l’ambassade de france en espagne ce service réalise une activité de veille qui se concrétise en particulier par la production d’une newsletter mensuelle, publique et gratuite : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/pays/espagne.php

Le concept, encore expérimental, est déve-loppé depuis environ cinq ans par la société qui dispose actuelle-ment d’une usine pilote située près d’Alicante. Tout l’intérêt du système repose entre autres sur la proximité d’une cimen-terie Cemex qui fournit les rejets de CO2 -récu-

pérés via des tuyaux- nécessaires au développement des micro-algues. L’ usine pilote fonctionne selon le principe suivant : en suspension dans l’eau et exposées au soleil dans des photobioréacteurs, les algues sont alimentées en CO2 ce qui permet d’obtenir une croissance rapide. Selon BFS, leur nombre peut ainsi doubler en 24 heures. Une partie de ce liquide concentré est ensuite prélevée et la bio-masse est séparée de la phase liquide par centrifugation. Cette biomasse d’algues peut alors être transformée en biopétrole (aussi appelé pétrole algal) et autres copro-duits tels que les omégas 3.

reNdemeNts : la guerre des chiffresSans remettre en cause les développements promet-teurs de cette technologie, on peut néanmoins s’inter-roger sur les rendements annoncés. Ainsi le directeur associé de BFS France, Pierre Baros, a affirmé dans le journal télévisé de TF1 du 30 janvier 2011 qu’une usine BFS permettrait d’atteindre un rendement de 914 000 litres de biopétrole algal par hectare et par an, chiffre qui a été relayé par d’autres médias jusqu’à la fin mars. Selon Jean-Paul Cadoret, spécialiste du Laboratoire Physiologie et Biotechnologie des Algues de l’IFREMER à Nantes, il apparaît que le rendement annoncé par BFS est presque trois fois supérieur à la valeur théorique limite. Lors d’un entretien téléphonique ultérieur réalisé par un scientifique, collaborateur de Rézo, M. Stroïazzo-Mougin a rectifié ce rendement à 290 175 litres de bio-

pétrole par hectare et par an. Il convient de préciser que ce chiffre est déjà très prometteur par rapport aux ren-dements maxima des plantes supérieures utilisées pour la fabrication de biocarburants, le record actuel étant attribué à l’huile de palme avec 6 000 litres par hectare et par an (les chercheurs espèrent atteindre bientôt les 20 000 litres).

le bilaN éNergétique reste défavorableL’autre nerf de la guerre concerne la rentabilité du bio-pétrole algal. Dans l’état actuel des recherches, l’énergie mise en œuvre pour produire le biopétrole est supérieure à l’énergie que l’on peut espérer obtenir lors de sa com-bustion. Ainsi, même si le processus de photosynthèse permet de capter et fixer du CO2, le bilan énergétique reste lui défavorable. Il existe également d’autres enjeux, comme la maîtrise du rendement, le développement de mesures de précau-tion pour limiter les risques de prolifération des micro-algues dans le cas de culture extensive, la nécessité de réaliser des études d’impact environnemental et enfin l’optimisation des coûts de production. Les chercheurs ont bon espoir de lever ces verrous technologiques d’ici quelques années, mais viendra ensuite la question du prix de vente. En effet, une partie seulement de la biomasse obte-nue à partir d’algues est transformée en biocarburant. De la fraction restante sont extraits d’autres produits à forte valeur ajoutée comme les omégas 3 et le charbon actif par exemple. Le prix du baril de brut obtenu avec les micro-algues dépend donc de la valorisation de ces coproduits dont il est difficile de prévoir l’évolution du marché. Ainsi, même si le prix de 30 dollars le baril de biopétrole algal brut a été évoqué dans les médias, cela semble à la fois optimiste et prématuré : les scientifiques comme les responsables de BFS estiment que cinq à dix ans de recherche et de développement sont encore nécessaires pour parvenir à une production industrielle et rentable de ce type de biocarburant... Il faudra donc encore quelque temps avant de pouvoir se targuer de “rouler aux algues” ! VALéRIE ZOyDO

“Dans l’état actuel des recherches, l’énergie mise en

œuvre pour produire le biopétrole

est supérieure à l’énergie que l’on peut espérer obtenir lors

de sa combustion. ”

Page 33: REZO Mag Nº4

Mai/Juin 2011 • Rézo • 33

intégrer un système pour mieux le dépasser,

c’est la philosophie de Muhammad yunus,

économiste et prix nobel de la paix en 2006, qui

redéfinit l’entreprise sociale comme un outil au service

de la collectivité. alors, l’entreprise sociale, un

modèle révolutionnaire ? Décryptage.

la révolution du capitalisme à travers l’entreprise sociale

algré la crise financière, le capitalisme fait toujours office de religion officielle. Son Dieu ? L’argent. Ses pratiques : la réalisation de bénéfices au détriment de l’humain et de l’environnement. Pourtant, les crises multiples, financière, écono-mique, environnementale et sociétale, invitent l’homme à redéfinir ses repères et ses valeurs. Le capitalisme tel qu’il est organisé aujourd’hui, résistera-t-il à cette crise multiple ? Pas si sûr. S’il ne s’agit pas de déclarer que le Dieu argent est mort, force est de constater que la remise en question de l’institution s’impose,

notamment dans sa base : investir un euro pour en récupérer deux. Des initiatives laissent croire qu’une alternative plus humaniste et plus environnementale se dessine : l’entreprise sociale.

“chaNger le moNde”Si le système économique et énergétique atteint sa limite, la révolution ne se fera pas en un jour. Certes, les mentalités commencent à changer, mais nécessitent une adhésion à l’échelle de l’économie mondiale. A l’heure où le monde occidental cherche des alternatives au capitalisme, les pays émergents en découvrent les joies. Des joies qui masquent pour l’instant les perver-sions d’un système. Ainsi, malgré une mort tout de même programmée (cf Niño Becerra auteur de El crash del 2010), les apôtres du capitalisme financier voient encore de beaux jours à leur religion. L’ “intégriste” trader ou investisseur préfère encore aller jusqu’au bout de sa croyance, et tel un kamikaze, se faire exploser dans un krach boursier plutôt que d’avouer que “le capita-lisme doit faire des compromis sur les questions humaines et éthiques.” Ces belles paroles ne viennent pas d’un illuminé mais bien d’un entrepreneur social qui se dit lui-même au service de la collectivité. Fabio Rosa que l’on découvre dans les documentaires en ligne de Canal+, appe-lés docs, dans la rubrique “changer le monde” est un entrepreneur social brésilien. Il souhaite électrifier les régions les plus isolées du Brésil pour que la population puisse consommer de l’électricité à moindre coût.

M

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34 • Rézo • Mai/Juin 2011

les Nouvelles richesses : l’homme et l’eNviroNNemeNtLe projet est beau. Tellement beau qu’il n’est pas capi-taliste pour un sou ! Peut-on se demander si le géant capitaliste va pouvoir remettre en question ses propres bases de maximisation de bénéfices pour promou-voir cette fois le capital humain et environnemental ? Et une fois l’objectif atteint, pourra-t-on toujours l’ap-peler capitalisme ? Celui qui entretient ce mythe de pouvoir construire des entreprises pour résoudre des problèmes sociaux s’appelle Muhammad yunus et il a bien failli perdre la foi en ce capitalisme. “A l’Université, j’enseignais des concepts auxquels je ne croyais plus”, confesse-t-il lors d’une conférence donnée en début d’année à l’Université Mc Gill au Canada.

les règles de l’eNtreprise socialeLes entreprises sociales n’ont rien de nouveau, elles s’inscrivent seulement comme un moyen pour remettre la collectivité au centre des préoccupations des entre-preneurs. Aujourd’hui elles ont assez d’espace et de couverture médiatique pour attirer les investisseurs et

les futurs entrepre-neurs et même les universités. “On me demande souvent si Danone [l’un de ses premiers partenaires au Bangladesh, NDLR] m’utilise, mais c’est moi qui utilise Danone. Avant de tra-vailler avec eux, per-sonne ne connaissait

le “social business”, maintenant tout le monde sait !”, expliquait yunus lors d’un salon d’entrepreneurs orga-nisé en France. Les précisions qu’apportent yunus à la définition d’en-treprise sociale donne une vision idéaliste certes, mais pas utopique. Les Européens -les Etats-Unis et l’Italie semblent plus avancés- définissent l’entreprise sociale

Muhammad Yunus, le banquier des pauvres

“les seules personnes solvables lors de la crise en 2008 étaient les pauvres”, plaisante muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en 2006. ce professeur d’économie a réussi à propager d’abord dans son pays, le bangladesh, puis dans le monde entier, le micro-crédit. lorsque dans les années 70, il a découvert que seulement quelques dollars pouvaient sortir de la misère une douzaine de femmes qui avaient contracté des prêts pour financer leur entreprise, il a pensé naïvement que si une telle somme sortait les pauvres d’une misère sans fin, les banques lui prêteraient sans difficulté le moyen de résoudre ce problème. mais ce n’est évidemment qu’en se portant garant qu’il pouvait le faire. l’ idée donc était de créer une banque pour les pauvres, la grameen bank, une banque qui prêterait de petites sommes aux gens sans moyen pour développer leur propre entreprise. Née en 1977, la grameen (village) bank ne deviendra officiellement une banque que quelques années plus tard mais donnera des ailes à un peu plus de 300 millions de personnes dans le monde. et c’est sous le nom de grameen danone foods, que depuis 2006, danone fabrique des produits laitiers nutritifs à bas prix pour que tous les enfants du pays puissent avoir les apports en vitamines nécessaires et de manière accessible. c’est ainsi que la grameen danone foods répond aux critères d’entreprises sociales de muhammad Yunus. MARJORIE GRASSLER

“ le capitalisme doit faire

des compromis sur les

questions humaines et éthiques. ”

comme “des activités économiques marchandes mises au service d’un but social” (L’économie de A à Z par Jacques Defournier, 2006 éditions Alternatives économiques). Dans son livre the Social Business, yunus donne sept règles à appliquer pour ce modèle d’entreprise sociale. La première définit totalement le sujet : “L ’objectif du commerce est de surpasser la pauvreté, ou résoudre un ou plusieurs problèmes qui menacent la population et la société (comme l’édu-cation, la santé, l’accès à la technologie, l’environne-ment), ne pas maximiser les profits.”

l’objectif social plus que la reNtabilité“Tout ce qu’ils veulent c’est du pognon.” C’est pour dépasser cette phrase prononcée par Michel Rocard, lors d’une intervention devant les syndicats d’ensei-gnants au début du mois d’avril, s’exprimant sur le capitalisme d’après-guerre et sur les actionnaires, que yunus veut lutter pour un nouveau monde d’en-treprise. Et l’ ancien Premier ministre d’ajouter que le capitalisme a évolué dans un contexte où seuls les capitaux ont un statut, l’entreprise n’a même pas celui de collectivité humaine productive. Il s’agit donc pour les entreprises sociales non pas d’être dans l’obsession de rentabilité ni même dans celui de la création de besoin artificiel mais dans la résolution d’une situation, d’un problème social ainsi que dans l’anticipation d’un besoin. L’ investisseur de ce type d’entreprise sociale ne pourra récupérer que la somme correspondant à son investissement de départ. Les bénéfices auront en effet pour objectif de faire grandir l’entreprise, de construire de nouveaux projets et d’employer des travailleurs. L’ entreprise ne se montre plus alors comme un produit purement capitaliste. Le modèle de yunus pourrait permettre à l’avenir de repenser les fonctions et la nature même de l’entreprise. Muhammad yunus donne ainsi une vision de l’entreprise sociale comme celle qui tiendra les promesses que n’a pas tenu la libre entreprise. “Il faut changer de mentalité”, plaide Muhammad yunus.

MARJORIE GRASSLER

dossier n révolutioN écoNomique et sociale

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?Mai/Juin 2011 • Rézo • 35

S’iNDiGNeR oui, mais après

a France qui a vu naître les Droits de l’Homme et du citoyen, connaît une crise économique, sociale, culturelle et démocratique qui s’est amplifiée à partir de la crise mondiale de 2008. Les résultats des élections cantonales montrent une abstention record et la confirmation d’une amplification du vote en direction des candi-

dats du Front National. Le manque d’intérêt des français et la prise de distance vis-à-vis des élus républicains sont préoccupants. Cette crise est loin d’être nouvelle et constitue un danger pour la démocratie.Déjà en Janvier 2010, une enquête réalisée par le CEVI-POF pointait les partis politiques comme l’institution dans laquelle les Français avaient le moins confiance à 76%. La proximité atténuait ce sentiment car 69% affichaient leur confiance envers les conseils municipaux, 65% à l’encontre des conseils généraux et 64% vis-à-vis des conseils régionaux. Un an plus tard, la même enquête montre que les élus et les partis voient la poursuite de la dégradation de leur image y compris à l’échelon local. Les élus locaux, bien qu’ils restent les plus populaires, maires et conseillers généraux ne bénéficient que de 56 % de confiance. Les résultats des élections cantonales n’ont fait que confirmer cette tendance. Les Français ont l’impression que les élus sont impuissants pour ré-pondre aux problèmes de la société. Cette défiance est à la mesure de la demande de protection économique et

L sociale, mais aussi culturelle de nos concitoyens. Pour-tant dans la même étude, 58% des Français continuent à s’intéresser à la politique.

alors que faire ? Il existe à l’évidence plusieurs explications à ce phéno-mène. Sur le plan politique, on pourrait pointer qu’elle est devenue essentiellement un objet de communication, qui souffre d’un cruel manque de renouvellement. Sur le plan économique, on observe la paupérisation de la population, alors que la redistribution des richesses fra-gilise l’espérance de progrès social. Mais il faut mettre en lumière la gestion du pouvoir par les élus, qui réduisent le plus souvent l’Homme à un simple consommateur, à un producteur, à un client, à une personne assistée ou à un objet de décision. Pour défendre et promouvoir la démocratie en danger, ne faut-il pas réveiller et renforcer la prise de responsabilité ? La personne ne doit-elle pas redevenir à la fois le sujet et finalité d’une société républi-caine humaniste ?Alors que la démocratie est au cœur du projet d’émanci-pation des êtres humains, il est indispensable de trans-former l’exercice du pouvoir en incitant à la prise de res-ponsabilité citoyenne. En effet, la citoyenneté, à l’échelle d’une nation débouche sur la notion d’appartenance. La citoyenneté fonde l’exercice des libertés publiques. C’est aussi la participation active à la vie de la Cité, dans des

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s

“le plus important pour redevenir un citoyen actif, c’est de faire l’expé-rience de la participation, voire de l’engagement, tout au long de sa vie. ” gilles le bail

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la simplicité volontaireais qu’est-ce que la simplicité volontaire sans le retour à la pré-histoire ? Ren-contre avec Gabriel, jeune franco-améri-cain ayant testé le concept, bien malgré lui ! Gabriel est de ceux qui ont vécu la crise de plein fouet. Il a perdu son emploi,

sa voiture, son appartement, son mode de vie. Ou plutôt il a tout changé, car il a su rebondir.

Flashback, nous voilà un an après le début de la crise des subprimes et quelques mois avant le début de la crise des liquidités, Gabriel fait un rapide état des lieux. Il va perdre son emploi auprès d’un motoriste, celui-

ci proposant des congés sans soldes à tour de bras : mieux vaut accepter de négocier une légère prime de départ que de tout perdre peu après. Il a travaillé dans l’aérien et donc en connaît les faiblesses en période de crise, inutile de tenter de ce côté-là se dit-il alors. Opti-miste, il va tenter l’expatriation à l’étranger qu’il a toujours mise de côté, n’ayant plus rien à perdre c’est le moment d’oser, c’est ainsi qu’il arrive en Espagne. Franco-américain, il parle couramment deux langues. Misant sur l’action plutôt que la procrastination, il opte pour un travail en call center après quelques jours à vendre des chaussures en boutique. Une véritable re-mise en cause de ses acquis techniques, il n’est plus

dossier n le passage à l’actioN : l’eNgagemeNt citoYeN

36 • Rézo • Mai/Juin 2011

lieux aussi différents que les associations formelles ou non formelles, les syndicats, ou les partis politiques. En-fin, la citoyenneté est une forme de civisme où les valeurs fondent son exercice pratique. C’est l’intérêt pour les affaires publiques, le sens du bien commun, le respect des obligations collectives.

le citoYeN doit se preNdre eN chargeComment obtenir alors, l’adhésion des personnes aux valeurs de la République ? Pour sortir de la crise démo-cratique, la France doit recréer les conditions pour re-connaître l’expertise citoyenne. “Bien légiférer” ne suffit pas si ce sont toujours les mêmes personnes qui, de l’ex-pression à la décision, s’impliquent dans les processus démocratiques. Il faut encourager et donner pleine re-connaissance à une éducation politique et ne pas seule-ment se préoccuper de la formation des seuls candidats aux élections. Par l’éducation à la citoyenneté, la confron-tation des identités propres crée de la coopération et la nécessité de développer de la solidarité, des liens et de la communication. Cette éducation passe par l’accom-pagnement des personnes dans leurs projets vers l’autre ou de la prise de responsabilité. Le plus important pour redevenir un citoyen actif, c’est de faire l’expérience de la participation, voire de l’engagement, tout au long de sa vie. Le citoyen doit se prendre en charge, s’organiser sans tout attendre de l’Etat ou de la sphère publique.

partager des objectifsCes expériences de vie développent la compréhension

des autres et des enjeux de société. Comprendre ce qui est souhaitable, préciser ce qui est possible. Elles per-mettent des interactions avec d’autres adultes, parents, éducateurs, amis. On se trouve en situation de partager des objectifs, des règles, des contraintes de fonctionne-ment communément acceptées par tous. La personne se trouve dans une dynamique de projet, où elle fait le lien entre les actions et le sens. C’est à ce titre, par exemple, que les associations se référant à un projet d’éducation populaire fournissent les terrains d’expérimentation et d’expériences nécessaires. Provoquer et organiser les conditions de la prise en compte de l’expertise citoyenne, c’est impliquer les per-sonnes en co-construisant, en co-décidant et en co-évaluant. Ne faut-il pas favoriser sur toutes les questions de société des “parlements” de simples citoyens ? Elargir l’espace public au sens où l’entend Jürgen Habermas, c’est-à-dire “la réunion de personnes privées faisant une utilisation publique de leur raison critique” ? Ne faut-il pas repenser et étendre les compétences des conseils de quartier, s’engager dans des procédures de budgets participatifs et mettre en place une réelle démocratie dé-libérative et décisionnelle de proximité ? Engager cette transformation de l’usage du pouvoir, c’est aussi vouloir réduire, par la prise de responsabilité, la distance entre la population et les élus. C’est ainsi, que les élus républi-cains permettront à la France de retrouver, à la fois une capacité de transformation sociale, par et avec le corps social, et de réduire la distance entre eux et la population française. Il y a urgence. GILLES LE BAIL

M

Pour aller plus loinEt pour que Marianne chante à nouveaujacques andré editeureditions cei, 17 euros.

Qui est Gilles Le Bail ?diplômé de l’iep de paris et de l’ehess, il est actuellement délégué général de la fédération française des maisons de jeunes et de la culture qui regroupe deux mil-lions d’adhérents dont 500 000 jeunes. il est le dernier président du cNajep représen-tant en france 430 000 associations, six millions de bénévoles, 18 milliards d’euros de budget cumulé, soit 1,4% du pib.

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Mai/Juin 2011 • Rézo • 37

question de trouver un travail dans lequel il s’accomplit sinon qu’un salaire. Avec ce salaire, plus question de superflu ni même d’un mode de vie américain. Exit l’appartement climatisé et les deux cent chaînes de télévision, il opte pour la colo-cation, must barcelonais oblige. Plus de salle de sport dans l’immeuble ni de sauna sinon course à pied et bains en bord de mer. Plus d’assurance-vie ni tout autre produit financier. Iront de pair les moyens de communi-cation : carte téléphonique pré-payée ou taxi-phone et cyber-café pour l’internet. Enfin plus question de week-ends shopping, il fait chaud et aucun uniforme de travail n’est de mise, c’est ainsi que les dépenses vestimen-taires passeront par Zara et compagnie, les meubles seront d’occasion ou carrément chiné dans les rues les soirs de ramassage des objets encombrants, les week-ends découvertes dans les auberges de jeunesse de la province de Catalogne.

quels soNt mes vrais besoiNs, quels soNt mes buts ?

Ça n’est pourtant pas la fin de tout sinon le commen-cement. Au contact de son nouvel environnement, Gabriel va apprendre à vivre en et à travers une com-munauté. Ses sorties seront rythmées par les hauts et les bas du groupe. Prendre une bière après le travail ou

devant les matches du Barça. Très vite, il va remettre en cause cette appartenance, de peur de se laisser aller, de s’endormir. “Il n’y avait pas de prise de tête, mais, il n’y avait personne, non-plus pour te tirer vers le haut”. Ainsi, à mi-chemin entre la société de consommation et les roots comme il les décrit : ensemble de personnes qui se laissent porter par ce système sous-jacent, ont la révolte facile mais l’action plus lente, il entre dans le dilemme qui pour lui consiste à choisir un camp entre “les riches égoïstes ou les pauvres qui trinquent”, toute une éthique à refondre. En est-il seulement devenu plus heureux ? La réponse est oui. Davantage de temps libre lui a permis de re-découvrir les valeurs humaines. Sa baisse de pouvoir d’achat a remis en cause tout achat d’impulsion et lui a permis de changer de mode de consommation : faire autant ou mieux avec moins. Sa critique est ter-rible : “aux US, si tu ne peux pas gaspiller tu es pauvre” remarque-t-il. Et en découle alors les vrais questions : “quels sont mes vrais besoins, quels sont mes buts ?” Et la réponse qui passe par l’établissement d’un équi-libre propre à chacun donc afin d’éviter la démesure de mise dans nos société et économie contemporaines.Gabriel l’a appris à ses dépends, la simplicité n’est pas toujours volontaire, mais ça n’est en rien l’obligation d’un retour à l’âge de pierre. A chacun son déclic, à chacun ses propres solutions. CyRILLE GEORGES

“Davantage de temps libre lui a permis de redécouvrir les valeurs humaines. ”

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38

PORTFOLIO

Mathieu Vladimir Alliard

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Nu-ame,

Mai/Juin 2011 • Rézo • 39

Avec un zeste de provocation, Inés Troytiño Peréz,

auteur du blog Nu-Name a eu l’idée de réunir dif-

férents artistes photographes autour de Fashion

meets art, une exposition de photos de mode

sans... vêtements. Les maîtres mots : nudité,

carnation, singularité. Et Art. Car il s’agit surtout

d’inviter à réfléchir sur la société, sans artifices,

sans ornements, sans carapace. Nul schéma

pré-établi, ni modèle à suivre. Entre dénument

et introspection. D’un état de mort annoncée

jusqu’à une résurrection promise, l’idée est de

se ré-incarner, renaître, reprendre possession

de nos individualités, de nos âmes, notre liberté

d’être, loin du prêt-à-porter et du prêt-à-penser.

ou les âmes nues

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PORTFOLIO

“ Facebook, les télévisions privées, la mode mainstream, contribuent chacun à leur manière, à provoquer des comportements moutonniers, créer des clones.”

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2

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REDONNER CORPS AU… CORPS ET RÉAF-FIRMER NOTRE SINGULARITÉ.

Nu-Name

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L’ABSENCE DE RÉFLEXION ET DE COURANTS ARTISTIQUES

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Demain les post-humains

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1 Eva Marquès Requena

2 Irene Moray

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PORTFOLIO

Réaffirmer notre singularité3

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“ Nous avons désormais affaire (…) à des hommes disposés à se débarrasser de leur intériorité au profit d’une étourdissante propension à communiquer tout azimuts les signes de leur subjectivité appauvrie.” Jean-Michel Besnier dans Demain les post-humains

4

5

1

3 Ines Rojo

4 Irene Moray

5 Daniel Tejedera

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PORTFOLIO

6

Souvent en pensant à l’érotisme, je pense à Georges Bataille. Il y a, disait-il, trois érotismes : celui des corps, celui des coeurs et celui des âmes. Le sexe, l’amour et le sacré. C’est un peu à la croisée de ces trois chemins que j’ai essayé de faire ces quelques images.”

Mathieu Vladimir Alliard

Page 45: REZO Mag Nº4

Aujourd’hui, ce quart

d’heure de célébrité

devient un désir

constant

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ALE

RIE

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6 Mathieu Vladimir Aillard

7 Alfonso Vidal Quadras

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PORTFOLIO

“J’ai voulu représenter la nudité en partant d’un point de vue introspectif. Une femme nue, en état d’hypnose, de révélation

émotionelle. Je ne cherche pas à représenter la beauté du corps, mais plutôt la manifestation de sa pensée. Elle se trouve en dehors de la réalité : elle est seule avec ses pensées. J’ai voulu lui donner un aspect pictural, comme s’il s’agissait d’une icône religieuse, à l’image du sentiment mystque que cette femme évoque”.

Elena Bofill

8 Mathieu Vladimir Alliard

9 Rafael Andreu

10 Elena Bofill

9

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10

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LE CHAT

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PETIT MANUEL DES DÎNERS EN VILLE CULTURE

Les nouvelles séries TV en vogue, le programme de la croisette,

l’exposition à ne pas manquer, les sorties ciné, les nouveautés

littéraires… Rézo vous fournit le B-A BA de l’actualité tendance et

culturelle pour assurer dans vos dîners en ville !

Comme chaque année à cette époque, les analyses, paris,

extrapolations, théories (selon le degré d’engagement de

chacun) se multiplient sur les possibles gagnants du Festival

de Cannes. Et, comme chaque année, on murmure à nou-

veau que, oui, cette fois-ci oui, Pedro Almodóvar va rempor-

ter sa première Palme. Il faut dire que le réalisateur espagnol,

chouchou du public hexagonal, semble à chaque fois pré-

parer son nouveau film pour une présentation à la Croisette.

Une attention toute particulière que le festival lui rend bien

en sélectionnant souvent ses nouvelles productions. Sans

toutefois lui avoir offert le prix escompté.

Cette année encore la concurrence de La piel que habito

(son nouvel opus) est rude. A commencer par le retour de

quelques “habitués” du festival comme les frères Dardenne

(deux palmes d’Or et un Prix du scénario), avec Le gamin au

vélo où l’on retrouve (comme d’habitude) Jérémie Renier et

(plus surprenant) Cécile de France, Lars Von Trier, et son allé-

chant Melancholia qui semble marquer un retour à son style

Dogma, et Nanni Moretti, qui présente Habemus Papam.

Si cela n’était pas suffisant, le toujours énigmatique et peu

prolifique Terrence Malick revient avec son nouveau film,

Tree of Life, interprété par Sean Penn et Brad Pitt. Coque-

luche des critiques et cinéphiles de tous bords, le cinéaste

américain part avec une longueur d’avance sur ses com-

pétiteurs tant son aura de génie silencieux est grande. Plus

commercial, mais toujours efficace, Paolo Sorrentino pré-

sente son nouveau film après le succès de Il Divo. En ce qui

concerne le cinéma d’auteur légèrement plus exotique, le

danger pour Almodóvar peut venir de l’univers mélancolique

et subtil du turc Nuri Bilge Ceylan, qui présentera Once upon

a time in Anatolia, et de la poésie de Naomi Kawase avec

Hanezu no tsuki.

Côté potins et anecdotes politiques (qui ne devraient pas

inquiéter le réalisateur espagnol au niveau artistique), Cannes

2011 est surtout marqué par la présentation de La Conquête,

biopic de Nicolas Sarkozy dirigé par Xavier Durringer, et le

film d’ouverture, Midnight in Paris, le nouveau Woody Allen,

où l’on pourra voir Carla Bruni. Sans oublier la présence de

Gus Van Sant, Bruno Dumont, Kim Ki-Duk et Hong Sang-

soon, avec leurs nouveaux films respectifs, dans la catégorie

“Un certain regard”. Une belle cuvée 2011

Cannes : Almodóvar aura de la concurrence

printemps

Lars Von Trier

PHOTOS : EL DESEO S.L.U © JOSÉ HARO

La piel que habito de Pedro Almodóvar

Tout le monde en parle ce

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Ce n’est pas vraiment un scoop : l’un des principaux moteurs de la créa-

tion artistique est la beauté féminine et le désir que celle-ci réveille chez

l’artiste. Garry Winogrand, l’un des grands photographes de la deuxième

moitié du XXème siècle, n’est pas une exception et c’est sûrement pour

cela qu’il a tout simplement décidé d’appeler l’une de ses séries de por-

traits féminins “Women are beautiful”.

Une évidence qu’il démontre grâce à 85 photographies, prises entre

1960 et 1975, où la grâce, l’innocence et la fraîcheur de la femme sont

captées à travers un style proche, naturel, presque anodin. Car le photo-

graphe ne veut pas en rester à l’image stéréotypée et formatée de l’idéal

féminin classique mais plutôt mettre à jour les changements sociaux,

économiques et culturels qui se dessinaient dans ces années-là. Il le

fait en matérialisant l’esprit d’une époque, en surlignant subtilement

quelques gestes, quelques sourires confiants et quelques poses artifi-

cielles et faussement provocatrices. La femme s’est libérée et Winogrand

a été le témoin amusé et complice de cette profonde révolution.

La Fondation Foto Colectania présente cette série, dont le fameux

directeur de photographie du MoMa John Szarkowsk a tiré un livre,

jusqu’au 4 juin. Largement le temps de profiter de cette ode amoureuse

et esthétique en sifflotant, avec Julio Iglesias, “vous les femmes, vous le

charme…”.

Vous les femmes…

Les séries pour les beaux joursAvec l’arrivée du beau temps, l’ambiance est plus propice aux promenades et

aux apéros sur les terrasses qu’aux séances télé dans le salon. Pourtant rien ne

vaut un petit épisode à l’heure de la sieste. D’autant que la traditionnelle accal-

mie télévisuelle pré-estivale a laissé place à la créativité des chaines du câble

qui profitent des rediffusions qui envahissent les grands networks ces mois-ci

pour présenter leurs meilleures séries.

Et l’offre est alléchante. La plus créative d’entre elles, HBO,

programme depuis quelques années plusieurs de ses

plus grands succès à cette époque. True Blood, la série

de vampires fashion d’Alan Ball et Treme, portrait ultra réa-

liste de la Nouvelle Orléans après le passage de l’ouragan

Katrina, signé David Simon, reviennent ainsi pour leur qua-

trième et deuxième saison. Mais le vrai pari de la chaîne

pour les mois à venir est Game of Thrones, une superpro-

duction fantastique qui représente sa première incursion

dans un univers lyrique à la Tolkien. L’attente, l’engoue-

ment et la réception ont été tels que la série a été renouve-

lée pour une deuxième saison dès le jour de l’émission de

son Season Premiere.

Après le succès critique et commercial de The Walking

Dead, AMC joue la carte de la prudence avec une seule

nouveauté ces mois-ci : The Killing, l’adaptation d’une sé-

rie policière danoise qui a déjà conquis le public. Tout le

contraire de FX, l’autre petite chaîne du câble, qui semble

vouloir profiter de cette période pour diversifier son public. Pour cela, elle propo-

sera, dès le 23 juin, Wilfred, une série complètement surréaliste où Elijah Wood

interprète un jeune dépressif qui imagine que le chien de sa voisine est en fait

un homme déguisé. Scènes comiques, idées cocasses et beaucoup d’ironie

décapante sont au rendez-vous. Sans oublier la nouvelle saison de Louie, la co-

médie corrosive et politiquement incorrecte de l’humoriste Louie C.K.

Pour finir, Showtime tente de rebondir sur la fin de The Tudors avec The Bor-

gias, une production très ressemblante où l’esthétique léchée, l’érotisme bien

dosé et les secrets d’alcôve se focalisent cette fois sur la famille italienne de la

Renaissance qui donne son nom à la série. Une belle brochette d’idées origi-

nales pour profiter du petit écran entre séances de plages et soirées estivales.

The Tudors

True Blood

Sin título 1969

© THE ESTATE OF GARRY WINOGRAND, CORTESÍA FRAENKEL GALLERY, SAN FRANCISCO

The Borgias

Page 52: REZO Mag Nº4

52

PETIT MANUEL DES DÎNERS EN VILLE CULTURE

Cinéma :le classement de Rézo

Les nouvelles sorties cinéma sont dans Rézo.

Nous vous proposons une

sélection des films en salle et le

classement réalisé par notre

spécialiste du grand écran.

L’OVNITournéeExcessif, histrionique et baroque dans ses interprétations, Mathieu Amalric est un acteur qui laisse peu de gens indifférents. Soit on adhère à son style débridé, soit on le trouve hyperbolique et exa-géré dans son jeu. Dans les deux cas, c’est sans surprise qu’on le retrouve dans un univers de cabaret, à diriger une tournée de strip-teaseuses américaines “New Burlesque” cherchant à conquérir un Paris fantasmé, dans sa nouvelle réalisation intitulée Tournée.

Un rôle, un scénario, un personnage et un univers cinématographique qui collent parfaitement avec l’idée qui se dégage de l’acteur/réalisateur et qui a conquis le Festival de Cannes 2010 en remportant le Prix de la mise en scène. Le public, quant à lui, adhérera sûrement en fonction de sa sympathie pour Amalric.

Le plus attenduMidnight in ParisWoody Allen continue son European Trip et, après Londres et Barcelone, il atterrit à Paris avec Midnight in Paris, un film dont on parle plus en France à cause de la participation de Carla Bruni que de l’histoire en soi. Il faut dire que les derniers films européens

du réalisateur américain étaient presque de touristiques et plats vaudevilles amoureux. Cette dernière réalisation semble suivre la tendance et, à juger par les premières images, le spectateur va avoir droit à son lot de clichés sur “la ville de l’amour”. Vin rouge, Tour Eiffel, nénuphars impressionnistes, cabaret des années 30… Tout y passe. Il ne reste plus qu’à voir si Owen Wilson, le protagoniste du film, va réussir à se balader sur les berges de la Seine avec une baguette sous le bras.

Le navetÁguila Roja: La película Adapté d’une série espagnole diffusé sur TVE et qui rencontre un certain succès d’audience, Águila Roja: La película a le même niveau que sa consœur télévi-suelle. C’est-à-dire plutôt pauvre. Aguila Roja, le héros masqué qui donne son titre au film et à la série, doit ainsi tenter de démasquer des complots et mettre à jour des trahisons dans l’Espagne du Moyen Age tandis qu’il assiste à des scènes de marivaudage érotique (finement calculé) et cavale dans des décors de carton-pâte. Mieux vaut opter pour les séries améri-caines The Borgias, The Tudors ou Rome.

A voir sans risqueEl amor y otras cosas imposibles Tourné juste avant Black Swan, El amor y otras cosas imposibles, le dernier film de Don Roos (scénariste de Marley & Moi), peut se voir a posteriori comme une répétition parfaite pour Natalie Portman en vue du rôle qui lui a offert son premier Oscar. Car, comme dans le film d’Aro-nofsky, l’actrice joue ici une femme dont les névroses internes commencent à s’extérioriser, rendant sa vie impossible. Dans ce cas c’est la mort prématurée de son enfant qui détruit les relations personnelles et affectives d’Emilia, une jeune avocate new yorkaise. Des tourments quelque peu prévisibles et stéréo-typés doublés d’une grande dose de sentimentalisme.

La bonne surprisePequeñas mentiras sin importancia

(Les Petits Mouchoirs)

-Mon Idole Ne le Dis à Personne

-

Les Petits Mouchoirs

-

Page 53: REZO Mag Nº4

Services immobiliers à Barcelone,

Sant Cugat, Gava-Castelldefels, Sitges

Page 54: REZO Mag Nº4

54

PETIT MANUEL DES DÎNERS EN VILLE CULTURE

Concerts, festivals, expos, soirées,

Rézo vous propose une sélection des

événements à ne pas manquer.

FESTIVAL SÓNAR - A VENDRE : Mise en vente d’un fes-tival annuel avec projections internationales importantes

Placardé depuis quelques semaines sur les murs des grandes

villes d’Espagne, c’est le slogan qui a été choisi pour illustrer la

campagne publicitaire de cette nouvelle édition de l’un des pre-

miers festivals de musique électronique du vieux continent. Né à

Barcelone il y a 18 ans, le Sónar peut en effet se targuer, bou-

tade mise à part, d’être devenu

une véritable marque de fabrique

sur le panorama musical interna-

tional au même titre que la Miami

Winter Music Conference, la Love

Parade ou le Mutek.

Le Sonar parcourt le monde

Pour son édition 2011, le Sónar redessine la carte du monde de la

musique électronique en invitant des artistes en provenance des

5 continents à se produire à Barcelone ou en Galice. On pourra

y découvrir de nouveaux talents tels que Nicolas Jaar (New-

York), le collectif Numbers (Londres), Dominique Young Unique

(Tampa), Toro Y Moi (Colombia) aux côtés des poids lourds de la

musique “qui se danse” que sont Underworld, M.I.A., The Human

League, Aphex Twin, Global Communication ou James Holden.

La scène française sera également bien représentée cette année

avec la french touch 2.0 de Discodeine, l’electro-pop acidulée

de la bretonne Yelle ou encore le showcase du label Lyonnais

Infiné avec en point d’orgue un live diurne du génial Agoria qui

présentera Impermanence, un nouvel album où le jazz flirte avec

la techno de Detroit.

Fidèle à cette recherche constante de la nouveauté, le festival a

également décidé de s’exporter cette année ; à Londres, Tokyo et

La Corogne, mais aussi dans différents lieux de la ville de Barce-

lone habituellement peu enclins à ce genre de manifestations. Le

Teatre Grec, par exemple, accueillera la rencontre entre le pianiste

japonais Ryuichi Sakamoto et l’électronicien allemand Alva Noto.

Enfin, comme à l’accoutumée, la dernière journée du festival sera

réservée aux enfants qui pourront aussi profiter de cette grande

fête cosmopolite.

www.sonar.esDu 16 au 18 juin 2011 à Barcelone et à La Corogne.Tickets et abonnements en vente sur http://www.ticketmaster.es

Musique, art… à

Nicolas Jaar

M.I.A

Underworld

Shellac

Sónar @ l’Auditori - Steve Reich + BCN216 + Synergy Vocals Reconnu comme l’un des compositeurs les plus imaginatifs de son temps, l’un des plus iconoclastes, mais aussi l’un des plus virtuoses, Steve Reich a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire de la musique contemporaine des 50 dernières années. L’artiste américain sera accompagné de l’ensemble instrumental BCN216 et du groupe vocal britannique Synergy Vocals pour ce double concert inaugural où seront présen-tées deux de ses œuvres les plus emblématiques : Double Sextet (Sextet pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano et bande magnétique) et Music for 18 Musicians (violon, vio-loncelle, clarinettes, pianos, marimbas, xylophones, métallo-phone, maracas, et voix féminines amplifiées)

Jeudi 16 juin / 20h00 / L’auditori / 30 €http://www.auditori.cat/

Sonar KidsNé il y a trois ans, le Sónar Kids est un festival de musique et d’expé-riences créatives réservé aux enfants et à leurs parents. Profitant des infrastructures du festival “pour les grands”, dans l’enceinte du MACBA et du CCCB, le “Kids” propose aux mélomanes en culottes courtes de s’initier à la musique électronique tout en interagissant avec les artistes. Alors que ce nouveau concept a accueilli des artistes tels que Laurent Garnier, Puppetmastaz ou Jimi Tenor au cours des précédentes éditions, cette année, ce sont les portugais de Buraka Som Sistema et le célèbre DJ britannique Gilles Peterson qui auront la lourde tâche de faire danser vos bambins. Divers ateliers seront éga-lement organisés dans l’enceinte du festival. Au programme : cours de DJ et de beatboxing, initiation au break dance, atelier de graphisme, master class de hip-hop, ludothèque, etc.

Dimanche 19 juin / 11h00 / MACBA / 10-15 €http://www.sonarkids.com

SONAR 2011 (Barcelone / La Corogne)

Page 55: REZO Mag Nº4

voir et à écouter

HEINEKEN Jazzaldia 2011

(San Sebastián)

55

Alors qu’il s’apprête à souffler ses 46 bougies, le Festival de

Jazz de San Sebastián, Jazzaldia, est au meilleur de sa forme.

Depuis sa première édition en 1966, qui a accueilli le guitariste

de blues américain Mickey Baker entouré de quelques groupes

locaux, cet événement musical n’a cessé de grandir et d’innover

pour devenir le rendez-vous le plus attendu des aficionados

du jazz en Espagne. Pendant ce long parcours, plus de 1500

musiciens ont fait escale au Pays basque et parmi ceux-ci, de

nombreux maîtres et légendes du jazz et du blues tels que Keith

Jarrett, Maceo Parker, Charles Mingus, Herbie Hancock, Miles

Davis, ou encore Ray Charles.

JAZZ, SOUL, BLUES, ROCK ALTERNATIFLa 46e édition, qui se déroulera du 21 au 25 juillet, repose à

nouveau sur une programmation éclectique faisant la part

belle au jazz sans pour autant bouder la soul, le blues ou le

rock alternatif. L’autre attrait majeur de ce festival réside dans la

variété d’ambiances proposée aux spectateurs qui sont invités à

découvrir de nombreux lieux emblématiques de la ville : l’Audito-

rium Kursaal à l’architecture futuriste qui recevra les artistes les

plus populaires, le musée de San Telmo dans le cadre enchan-

teur de cet ancien couvent ou encore la plage de la Zurriola où

se donnent rendez-vous chaque année les amants du rock et

de la musique indie. Si le roi de la musique blues, B.B. King, ou-

vrira le festival, c’est l’harmoniciste bruxellois Toots Thielemans

qui le clôturera. Pendant les cinq jours du festival, se produiront,

entre autres, Dave Douglas, l’un des meilleurs trompettistes sur

la scène jazz actuelle ; Medeski, Martin & Wood, trio newyorkais

de jazz contemporain accompagné pour l’occasion de Randy

Brecker et Bill Evans ; Mavis Staples, diva du gospel et de la

soul ; Cyndi Lauper qui, une fois n’est pas coutume, délaissera

ses plus grands succès pour explorer les sonorités du blues et

la musique noire ; Return to Forever, le projet de jazz-rock fusion

du claviériste Chick Corea ou encore la grande chanteuse

Cassandra Wilson. N’oubliez pas d’aller faire un tour du côté du

Théâtre Victoria Eugenia, les têtes d’affiche viennent souvent y

“faire un bœuf” en fin de soirée !

http://www.heinekenjazzaldia.com Du 21 au 25 juillet 2011 à San SebastiánTickets et abonnements en vente sur http://www.generaltickets.com/kutxa/

PhotoEspaña fête sa XIVe édit ion et présente une section officielle

s’articulant autour des “Interfaces”. Judicieusement choisi, ce thème abstrait offre une liberté d’interprétation aux artistes pré-sents. Outre cette section, le festival propose de nombreuses expositions de photographie présentées dans différentes gale-ries, institutions et salles de toute la capitale, soit au total 68 expositions auxquelles participent 370 artistes de 55 nationali-tés différentes. Parmi la multitude d’œuvres présentées, Rézo a sélectionné les deux expositions suivantes :

Contes de la modernité (Nicolas Grospierre)Particulièrement attaché aux sujets architecturaux , le photo-graphe suisse présente cette année “Glass House” et “Kolo-robloki”, deux projets inspirés de l’architecture de verre très en vogue en Pologne, le pays où il réside actuellement. Ses clichés seront exposés à l’Institut Polonais de la Culture du 1er juin au 24 juillet.

PhotoEspaña 2011 (Madrid)

Cassandra Wilson

BB King

Retratos, la mirada (Alberto Shommer)Récemment grati f ié de la médaille d’or du Mérite des Beaux-Ar ts par le gouvernement espagnol, Alberto Shommer s’est fait connaître du grand public au travers des nombreux portraits qu’il publia dans le journal El País durant la Transition démocratique. Ces portraits de person-nages publics espagnols (Dalí, Manuel Fraga, Adolfo Suarez…) ou internationaux (Andy Warhol, Roy Lichenstein…) seront visibles à la Galería Alexandra Irigoyen du 2 juin au 2 juillet.

http://www.phedigital.com/ Museo Thyssen-Bornemisza. Paseo del Prado, 8. Madrid.

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Wong Hoy Cheong - Piscina. De la serie Crónica del crimen, 2006

Page 56: REZO Mag Nº4

56

PETIT MANUEL DES DÎNERS EN VILLE CULTURE

À l’heure où Milan Kundera est

en passe de devenir immortel,

grâce à la publication de son

œuvre dans la prestigieuse édition

La Pléiade, Rézo vous propose

de revisiter son classique,

L’ Insoutenable légèreté de l’être.

e 24 mars dernier, Milan Kundera connaissait la plus

grande des consécrations, en rentrant dans le cercle très

restreint de ceux qui sont publiés aux éditions La Pléiade,

qui plus est, de son vivant ! En effet, seulement treize écri-

vains depuis 1931, date de création de la maison, ont eu

ce privilège, comme André Gide ou Claude Lévi-Strauss.

L’ occasion de se repencher sur son chef d’œuvre, L’ insoutenable légèreté de l’être, l’un des plus beaux titres

de la littérature française.

UN CONTE PHILOSOPHIQUE L’ Insoutenable légèreté de l’être est un conte philosophique où l’auteur ébranle le socle des croyances, revisite

les mythes fondateurs pour mieux les faire s’écrouler. Milan Kundera, comme son personnage Tomas -chirur-

gien- dissèque l’âme humaine de sa plume fine et acerbe et remet tout en question, Dieu, la Genèse, la place

de l’homme dans l’univers, le sens de la vie, la dualité du corps et de l’âme, l’amour et le désir…

Il évoque Nietzsche et “l’éternel retour” pour démontrer l’ absurdité de la vie et le Banquet de Platon pour ex-

pliquer la difficulté d’aimer. L’ homme et la femme, moitiés du même être, sont condamnés à

chercher cet Autre, qu’ils ne trouveront jamais. L’ écrivain se sert aussi du mythe d’Œdipe pour

dénoncer la politique communiste de son pays et l’invasion de Prague par les Russes, en posant

cette question fondamentale : “Est-on innocent parce qu’on ne sait pas ?” Mais cette notion de

responsabilité est en réalité bien plus universelle et renvoie à tous les totalitarismes.

Les arts deviennent alors les seules armes de résistance. Le livre pour Teresa, qui cherche à

combattre la grossièreté environnante, ou la musique, pour Franz, l’anti-mot, qui permet à l’âme

de se libérer.

Au-delà de son aspect philosophique, l’auteur insuffle une dimension psychanalytique à son

roman, où rêve et réalité se confondent parfois. Les rêves agissent ainsi comme des catalyseurs

de conscience, révélant aux personnages ce qu’ils vivent.

Face à l’ oppression politique et intellectuelle qu’il a connue, Milan Kundera s’impose comme un

philosophe des temps modernes car il est l’homme qui interroge. Il aime déconstruire les mythes

et les idées reçues pour injecter les siennes. Il jongle avec l’absurde et pousse à la réflexion, car

son plus grand ennemi, est ce qu’il appelle le kitsch communiste, cette politique qui uniformise,

espionne, pousse à la délation et enferme l’homme dans des croyances qui le privent de sa

liberté.

L’ Insoutenable légèreté de l’être, un mythe moderne

Le saviez-vous ?Exilé depuis 1975 en France, l’auteur qui fut déchu de sa nationalité tchèque devint Français en 1981 et ce livre, qui est à mi-chemin entre un roman et un essai, est son premier, écrit dans notre langue.

A découvrir :Les amours risibles, écrit entre 1959 et 1968, est un recueil de nouvelles, dans lequel on retrouve déjà tous les thèmes de prédilection de Milan Kundera, le système communiste avec ses délations, manipulations et espionnages ainsi que les femmes et la séduction. Cette œuvre, com-mencée avant son premier livre, est à la source de sa vocation d’écrivain.

L’histoireKundera raconte l’histoire entre-mêlée de deux couples et à travers eux, les affres de l’amour. Teresa est serveuse dans un café de pro-vince, lorsqu’elle rencontre le beau Tomas, chirurgien, un livre ouvert devant lui. Elle y voit le signe d’une fraternité secrète et se met à l’aimer. Elle débarque chez lui, à Prague peu de temps après et il en tombe éga-lement amoureux. Mais leur amour est entaché par le besoin viscéral de Tomas de séduire d’autres femmes. Puis, c’est le Printemps de Prague, les chars russes envahissent la ville, le couple émigre un temps en Suisse, mais les infidélités de Tomas ne cessent et Teresa décide de repartir. Poussé par la compassion, il finit par la retrouver, mais ne peut exercer son métier, refusant de se sou-mettre au régime. MLR

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PETIT MANUEL DES DÎNERS EN VILLE LES BONNES ADRESSES DE RÉZO

secret et gastronomique

-

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select

Rézo vous fait découvrir

un restaurant caché de

Barcelone. Tenu secret, il

s’est fait un nom grâce au

bouche à oreille et

au maître des lieux, un

chef étoilé, Jordi Vilà.

El Dopo 26, Carrer de Loreto BARCELONEJOAN : 608 77 98 20

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PIZZA “D’AUTEUR”

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Eyes wide shut

Bacalao con caponata

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Bacalao con caponata

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MARGARITA BLUE

C/ Josep Anselm Clavé, 6 Tel. (+34) 93 412 54 89

08002 BARCELONA(Metro) Drassanes L3

Lundi/Mercredi de 19h à 02hJeudi de 19h à 02h30

Vendredi/Samedi de 19h à 03hDimanche de 19h à 02hwww.margaritablue.com

GOVINDA

Plaza Vila de Madrid, 4Tel. (+34) 93 318 77 29

08002 Barcelona(Metro) Catalunya L3-L1

www.amalteaygovinda.com d

PACO ALCALDE

C/Almirall Aixada, 12

Tel. (+34) 93 221 50 26

08003 Barcelone

Ouvert tous les jours de 12h à 23h30

(Metro) Barceloneta L4

www.pacoalcalde-restaurante.com

RESTAURANTE OLSEN

Tel. (+34) 91 429 36 5928014 Madrid

Lundi à jeudi et dimanche de 13h à 17h – 20h à 02h Vendredi et samedi de 13h à 17h – 20h à 2h30www.olsenmadrid.com, [email protected].

Restaurants : la magie d ’une

oiréesA la Carte propose à tout gourmet de Rézo

quelques excellentes adresses pour découvrir ou

redécouvrir la gastronomie ibérique mais aussi

pour mettre à l’épreuve les papilles de ceux

qui souhaiteraient se laisser séduire par

de nouvelles saveurs venues du

monde entier.

MICHEL GARNIER Chef cuisinier à domicile.

Michel Garnier “Chef privé”.Tél. (+34) 650 755 104BarceloneDîners entre amisdéjeuner d’affairescommunionsdîners en tête-à-têtewww.michelgarnier.net

Un concept unique : un chef cuisinier français sedéplace à votre domicile et s’occupe de tout !

L’ effervescence barcelonaiseavec un subtil mélange

de cocktails, nachos, fajitas, hamburgers !

L’univers des fruits de mer et des poissons frais, des tapas

marinières, riz et fideuas.

Un restaurant gastronomiqueoù se mêlent artistes,entrepreneurs, politiciens et personnes de la mode.

AMALTEA

C/Diputació, 164 Tel. (+34) 93 454 86 1308011 Barcelona(Metro) Urgell L1

Deux restaurantsvégétariens qui ont pour dicton : Manger bien pourse sentir mieux !

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V60

TENDANCES POUR ELLE & LUI

La styliste Adèle Cany est allée à Londres pour dénicher

les tendances. A l’image de la classique petite robe noire,

le “rétro” devient une base de garde robe. Elle explique

le style, donne son conseil shopping, en collaboration avec

Zamira Paladini qui propose sa sélection de photos de

coolhunting dans les rues de Londres.

Carnets de modepar Mademoiselle Cany à Londres

Le Style : “Retro is the new black”

-LE VINTAGE LAISSE PLACE AU RETRO

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Adèle Cany

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VINTAGE IS AN ATTITUDE

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Le conseil modeVous cherchez du Retro ? Alors ça vaut peut-être le coup, d’aller à Londres. Car, Topshop, le temple du shopping londonien est une véritable caverne d’Ali Baba pour les afi-cionados des styles recyclés : les franges 60’s, les robes 50’s, le pantalon 80’s, les imprimés 90’s… Et pour peaufi-ner votre look rétro, ne lésinez pas sur les accessoires et les combinaisons improbables : chapeau melon, capeline, bretelles, derbies. Le style rétro a comme avantage de convenir à toutes les silhouettes : minces, rondes, petites ou grandes. Tout le monde y trouve son compte. Cela indi-vidualise le style mais aussi le caractère ! Et en plus, il est plus facile de s’accepter et de s’imposer lorsque l’on se

sent bien dans ses baskets ou dans… ses derbies ! AC

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68 Mai/Juin 2011

HUMOUR TRANCHE DE VIE

Telle une reporter de guerre, Adèle M. explore

le terrain miné des hommes romanesques qui

croisent son chemin. Libre, passionnée et pour

jamais inconsolable, elle vient de découvrir qu’elle

détient une véritable thèse sur les cas sociaux. Elle

vous offre en exclusivité un échantillon, toujours

avec sa verve rieuse et sa gouaille guillerette. Récit.

Adèle M. a testé... les cas sociaux !

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L’homme expliqué aux femmes

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L’AMATEUR DE THÉ DE CHINE AU MIEL

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“Cas social : situation très

compliquée d’un individu

nécessitant une prise en charge

par la société ”

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HUMOUR TRANCHE DE VIE

Qui est Adèle M ?Ex-parisienne aux allures de Kiraz, nouvellement bar-celonaise, femme de son temps, Adèle M cherche juste à être elle-même. Libre. Adèle s’atèle à cohabiter avec ses défauts, ses déboires, ses victoires, ses étourde-ries, ses drôleries, ses petites faiblesses en tournant le tout en dérision. Elle est maladroite, elle est gaffeuse. Elle est passionnée. Elle est rêveuse, elle est inspirée. Elle est touchante. Elle dit qu’elle testera tout et qu’elle nous surprendra.

JAUME, L’ ARNA-COEUR

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LA CAPACITÉ À AFFRONTER SES PEURS

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HUMOUR IN MOJITO VERITAS OU LA PETITE PENSÉE DISTILLÉE

Et Dieu créa le Côte-Rôtieselon Monsieur Lou

““““““““ -

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Monsieur Lou, patron du Bar Premier à Barcelone et originaire

de Lyon, raconte derrière son comptoir, un verre à la main, des

retrouvailles : une vieille histoire d’amour lyonnaise a ressurgi

dans sa vie, sans prévenir. Après 20 ans d’absence. Il la

reconnnaît, l’interpelle et voilà ce qu’il lui dit...

Qui est Mr Lou ?Quadragénaire, il paraît tout droit sorti de la série Californication : il déride, titille, bouscule les codes établis. Avec son regard d’oiseau de nuit, Monsieur Lou distille sa pensée au fil des numé-ros, à travers des tranches de vie. Son ego-trip se libère de toute cosmétique sociétale pour ne garder que la pensée brute sur le temps qui passe, trépasse et nous surpasse. Il boit la vie en jaune au rythme frénétique des allées et venues, des rires et de ses angoisses mais sur-tout de ses clients, des passants, des voisins, des on-dits, vacillant entre le léger, le doux-amer et l’anisé.

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Le saviez-vous ?Le côte-rôtie est un vin rouge d’ap-pellation d’origine contrôlée produit sur les communes d’Ampuis, de Saint-Cyr-sur-le-Rhône et de Tupin-et-Semons, sur la rive droite du Rhône, en face de la ville de Vienne, au sud de Lyon. Il s’agit d’un des crus les plus prestigieux du vignoble de la vallée du Rhône. Ampuis, un ancien comptoir grec puis romain (emporion) est le vignoble le plus ancien de la vallée du Rhône. Il serait le site originel de la culture de la vigne en Gaule. Il est attesté être cultivé depuis plus de 2400 ans. (Source : Wikipedia)

Page 73: REZO Mag Nº4

BARCELONE

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PSYDr. Michèle RodriguezPsychanalyste, psychothérapeute,éducatrice spécialisée enfants, ados, adultes

DENTISTESDr. Christian EickhoffClinique dentaire : deutsche-zkChirurgien dentiste spécialiste en odontologie, implantologie, orthodontie

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PSYDr. Martine Burdet-DombaldPsychologue, psychanalyste C/ Asura 91, 5ª E

DENTISTESDr. Mya Choufani, DDSDr. Victor Begara MedinaEquipe spécialisée en Implantogie, orthodontie, pédiatrie dentaire et dentisterie esthétique

Dr. Sophie-Karine GrasChirurgien dentiste, implantologie, chirurgie parodontale, odontologie générale, équipe spécialisée en orthodontie et en esthétique

KINÉSITHÉRAPEUTEDr. Roberto Ucero LozanoMasseur Kinésithérapeute D.E. Spécialisé en thérapie manuelle et acupuncture, kinésithérapie générale, respiratoire, rééducation périnéale. Soins au cabinet et à domicile. Urgences 24 heures.

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Page 74: REZO Mag Nº4

LE CHAT

74

L’HOROSCOPE DE VÉRONIQUE ANDRÉE

BELIER (21/03 - 20/04)Voici venu le temps des cerises chers

Béliers, tant d’agitation et de décisions

ces derniers mois devraient enfin porter

leurs fruits. Le mois du muguet vous sourit

et votre charme sera rehaussé par Vénus, que

de poésie dans votre cœur ! Vous rechercherez

la compagnie et celle-ci sera au rendez-vous. Si

vous voulez déménager, la nouvelle Lune du mois

de Juin vous soutiendra.

TAUREAU (21/04 - 21/05)Vous êtes la vedette ces jours-ci ; les Astres entrent dans

votre signe. La nouvelle Lune du mois de mai vous donnera

des ailes et qui sait… Une nouvelle romance ? Des arrivées

d’argent ? En juin vous trépignerez ; il est temps pour vous de

sortir de votre enclos et de vous diriger vers des pâturages plus

vastes, Jupiter vous envoie des opportunités à ne pas manquer.

Bonne chance et bon anniversaire !

GEMEAUX (22/05 - 21/06)“En mai fait ce qu’il te plaît”, les Astres vous laissent respirer et vous pour-

rez reprendre des forces. Ce que vous avez commencé le mois dernier se

consolidera de façon remarquable. Votre soif de connaissance sera com-

blée avec l’arrivée des hirondelles, prenez le temps de les écouter car elles

vous apporteront de l’inspiration et votre sens artistique sera décuplé.

CANCER (22/06 - 22/07)Enfin le temps des réconciliations ! Le stress n’est plus qu’un mauvais souvenir et

l’on prendra soin de vous. Ce n’est pas encore votre anniversaire, et pourtant vous

serez gâtés : les planètes transitant votre XIème maison vous apporteront le soutien

d’amis très chers, laissez-vous bichonner et immergez-vous dès que possible dans la

mer, l’eau, votre élément préféré et curatif.

LION (23/07 - 22/08)Aïe… Des soucis professionnels ? Ne vous fâchez pas surtout, l’orgueil n’est pas de mise durant

ce printemps, sachez tolérer et pardonner avant de prendre des décisions hâtives. Ce n’est qu’en

juin que vos efforts seront appréciés à leur juste valeur. Votre intégrité sera mise à l’épreuve et des

disputes sont possibles, patience ! Saturne vous envoie l’assurance d’un travail constructif bien que

difficile à réaliser.

VIERGE (23/08 - 22/09)La routine vous lasse… Et pourquoi ne pas vous évader ? Les questions philosophiques et les pays

lointains vous attireront, de nouvelles études vous séduisent et vous vous sentez capables de soulever des

montagnes. Le beige ne vous convient plus et vous vous ferez remarquer plus que de coutume, les planètes

vous rendent heureux et par conséquence votre vie sera plus souriante.

BALANCE (23/09 - 22/10)Les temps difficiles s’éloignent enfin et les doutes sur vos relations s’allègent. Quel ménage ! Votre libido sera exa-

cerbée en Juin par les Planètes transitant votre VIII ème maison, et Vénus s’approchant, l’amour sera présent.

Des transactions financières importantes se profilent à l’horizon. De même des déplacements agréables sont

à prévoir en juin, bon voyage !

SCORPION (23/10 - 22/11)Le Scorpion ne pique que lorsqu’il est dérangé. Vous déprimez ? Vous vous fâchez avec les gens que

vous aimez ? Votre seul ennemi n’est que votre disposition passagère à broyer du noir. Vous voulez

ruer dans les brancards mais l’on vous met des bâtons dans les roues, c’est énervant ! Ne vous

cachez pas et faîtes du sport afin de libérer ces tensions provoquées par un trop plein d’énergie.

SAGITTAIRE (23/11 - 21/12)Votre santé vous préoccupe en ce moment, vous prendrez soin de vous et vos excès

naturels pour les plaisirs de la vie seront contrôlés. Vous continuez sur votre lancée des

mois derniers en peaufinant les détails des secteurs importants de votre vie. Vous êtes

sages et l’on appréciera vos justes conseils. L’amour rayonne en vous et vous l’attirerez

comme il se doit, quelle chance !

CAPRICORNE (22/12 - 20/01)Mesdames et Messieurs vous voici sur la scène ! Sortez les shorts et les belles

robes car la fête est de mise. Vous pouvez enfin laisser les problèmes familiaux

afin de vous consacrer à vous-mêmes. Le joli mois de mai vous transporte

vers les sphères de l’amour et des plaisirs. Vous pourriez même investir sans

grand risque car votre jugement est sûr et la chance est avec vous, pro-

fitez-en !

VERSEAU (21/01 - 19/02)Rien ne pourra ébranler votre optimiste, même les planètes en Tau-

reau qui remettent en question des problèmes familiaux. On vous

reprochera sans doute votre individualisme, mais sans celui-ci

vous ne seriez pas vous-même. Le pollen vous agace et on

vous demande des explications à n’en plus finir ? Courage,

en juin vous pourrez répondre tranquillement et continuer sur

votre lancée.

POISSON (20/02 - 20/03)Le printemps vous sied à merveille ! Vous êtes heu-

reux et ne culpabilisez plus à tout bout de champ.

Vos amis l’apprécieront et vous surprendront. Votre

imagination culmine et vous sera utile pour entre-

prendre de nouveaux projets. Les célibataires ne

devraient plus l’être et les amoureux se tiendront

par la main. Voici une période propice pour les

gains financiers, que rêver de plus ?

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