rezo mag nº2

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3,50€ Janvier/Février 2011 • n°2 REPORTAGE : QUE RESTE-T-IL DES UTOPIES ? PARIS ET LONDRES : UN NOUVEAU REGARD LE CRADLE TO CRADLE UNE RéVOLUTION LA FAMILLE EN ESPAGNE EN MUTATION VERS LA FIN DU COUPLE ? LES TENDANCES DE L’HIVER Le croyez n’est pas ce que bonheur vous

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Magazine de francophones en Espagne

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Page 1: REZO Mag nº2

3,50€ Janvier/Février 2011 • n°2

reportage :que reste-t-il des utopies ?

paris et londres : un nouveau regard

le cradle to cradle une révolution

la Famille en espagne en mutation

vers la Fin du couple ?

les tendances de l’hiver Le

croyezn’est pas ce que

bonheur vous

Page 2: REZO Mag nº2

2 • Rézo • Janvier/Février 2011

CINÉMATV5MONDE LA PLUS GRANDE

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Page 3: REZO Mag nº2

Janvier/Février 2011 • Rézo • 1

2 Collaborateurs

3 Edito

4 ActuFrance/Espagne

6 L’œildeRézo L’équilibre du pouvoir

10 L’invitédeRézo Daniel Cordoba Mendiola et Marta Marín Anglada

12 Politiqueetéconomie - Le système capitaliste sous monitoring - l’Ambassadeur de Belgique fait le point sur la crise

16 Développementdurable Le Cradle to Cradle la nouvelle révolution industrielle

18 Société Ne pas avoir d’enfant, un choix décomplexé

22 Quejusticesoitfaite! Assistance juridique gratuite en Espagne et en Europe

24 Dossier Le bonheur n’est pas ce que vous croyez

30 Reportagephotos Que reste-t-il des utopies ? Par Andres Arias

36 Petitmanueldesdînersenville Rézo vous aide à lancer des sujets de conversations dans vos dîners ! Culture : ciné, expos, musique,…

46 Tendances - J’ai testé : Adèle M. - Shopping pour elle et lui - Humeur in mojito veritas

54 Plaisirs - La touche du chef - Le conseil du sommelier, Eric Lahon

58 Escapades - Tourisme : Au cœur de l’Espagne - Petites astuces pour rouler intelligent

62 Coupleetsexualité Vers la fin du couple ?

64 Horoscope

rézosurrejoignez-noussurfacebooket

suivezentempsréell’actualitédevotremagazinefrancophoned’espagne

sommaireJanvier/février 2011 • nº2

24

1430

18

6

Page 4: REZO Mag nº2

collaborateurs

2 • Rézo • Janvier/Février 2011

Editeur:cif : b 64203847

Publicationco-fondateurs :valérie ZoydoPhilippe cusumano

Rédactriceenchefvalerie [email protected]él. 661 12 09 27

PublicitéetcommunicationPhilippe [email protected]él. 603 78 18 39

Productionetcommunicationemmanuelle [email protected]él. 650 41 32 03

Créationgraphiquechristine risé [email protected]él. 660 21 30 27

DesignlogoPierre moreau

IllustrationsPhilippe Geluck

RemerciementsDanae fischer (mannequin de couverture), eric lahon, tanja lederer (mannequin), rudy van Der berg (maquilleur)

Impression:imGesa

Dépôtlégalb-25.239-2010

[email protected]

Pointsprincipauxdedistribution:• Barcelone : consulat de france, consulat de belgique, consulat suisse, maison du Québec, institut français, lycée français, ecole primaire française ferdinand lesseps, boulangeries Paul, le comptoir marseillais…• Madrid : ambassade de france, consulat de france, ambassade de belgique, ambassade du canada, ambassade de suisse, ubifrance, chambre de commerce franco-espagnole, la maison de la france, institut français, lycées et écoles françaises.

Rézo n’est pas responsable des opinions, illustrations et articles de ses collaborateurs.

marjoriegrassler Journaliste

Quelques expériences et son diplôme de l’Institut des

Médias de Paris, spécialisation documentaire en poche,

elle file tenter sa chance à Barcelone.

claudiacarrillo Illustratrice

Illustratrice et styliste barcelonaise, elle est l’étoile montante artistique

catalane, ses dessins ont été expo-sés récemment au CCCB. http://

claudiacarrillo.blogspot.com/

adèlecany StylisteStyliste photo et designer d’accessoires, elle a suivi des études de mode et textile à Paris avant de s’orienter sur l’accessoire. Actuellement basée entre Barcelone et Paris.

andreagonzález Photographe

Photographe et caméraman, diplômée d’une licence en sciences humaines et d’un master en reportage TV de L’Université Pompeu Fabra de Barcelone. A étudié la

photographie à l’IEFC.

albertsoro Chroniqueur

Publicitaire de formation à la Facultat de Comunicació Blanquerna,

coolhunter et responsable des pages Tendances de Rézo.

aurélienlegenissel Journaliste

Licencié en journalisme, philosophie et histoire, travaille actuellement

comme journaliste freelance avec plusieurs revues culturelles en France

et en Espagne.

ugolou ChroniqueurLa presque quarantaine, trois enfants, entrepreneur, patron de bar et d’une e-boutique d’articles de Poker, il dédie ses heures libres à son vrai plaisir, l’écriture.

emmanuelhaddad JournalisteDiplômé de Sciences Politiques de Rennes et d’un master 2 de journalisme culturel à Paris La Sorbonne Nouvelle. Journaliste, radio sur le moyen-orient puis web sur l’Europe pour le site cafebabel.com

andresariasPhotographeArchitecte et photographe à Barcelone pour a+. Ses photos ont été publiées et primées dans de nombreux médias.

marcmarkus ChroniqueurCoolhunter, il a reçu une formation de publicité et de relations publiques à la Blanquerna à Barcelone. Il collabore avec Rezo pour les pages tendances femme.

adèlem. Chroniqueuse

Chroniqueuse imaginaire, diplômée d’un master

de psychologie comportementale,

ex-journaliste chez Elle, ex-chroniqueuse de TV

Moustique.

lucianoinsua Photographe de mode

Argentin basé à Barcelone, il collabore avec de nombreux

médias comme Hercules, Woman, Vanidad,

Tendencias Mag, H Mag, Spend-IN, LeCool…

http://www.lucianoinsua.com

noémoulin ChroniqueurLicencié en Traduction de l’École d’Interprètes Internationaux (Belgique).Documentaliste pour l’agence de presse DowJones. Intérêts : musique indie et électronique, deejaying, art contemporain.

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Page 5: REZO Mag nº2

eDito

une idée neuve semble faire son chemin… le bonheur. et comme il paraît qu’il est

contagieux, nous avons envie de vous le faire partager à travers notre dossier, pour

bien commencer l’année 2011.

ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas de devenir des “imbéciles heureux” et

d’ignorer la situation dans laquelle nous sommes ! c’est vrai, nous craignons, sur le

plan économique, une année compliquée pour l’espagne, avec son taux de chô-

mage record et sa dette qui lui donne droit de faire partie du quatuor des piGs

(portugal, irland, Greece, spain), les quatre pays de la zone euro les plus fragiles.

Quant à l’euro, il est entré dans la guerre des devises. enfin, l’u.e. doit faire face à un

défi énorme pour ne pas risquer d’être ruinée.

c’est vrai, l’heure est aussi à l’urgence écologique, nous vous le rappelions dans

le dernier numéro de rézo. certains vont même jusqu’à décider de ne pas avoir

d’enfants au vu des faibles perspectives du monde à offrir en hé-

ritage. d’autres encore, parient sur la fin du couple. Mais…

détrompons-nous !

les crises, qui revêtent parfois des allures apocalyp-

tiques, sont au contraire l’occasion d’un change-

ment de société. dans l’apocalypse selon saint

Jean, il ne s’agit pas de la fin du monde, mais

bien du passage d’un monde vers un autre.

alors dans ce marasme, chez rézo, nous

avons envie d’entrevoir, avec vous, des bribes

de solutions : pourquoi ne pas réfléchir en-

semble à de nouveaux  modèles ? soyons

spontanés ! soyons créatifs ! réinventons-nous !

réapproprions-nous notre avenir ! et si c’était ça le

bonheur ? au menu : en apéro, nous vous proposons

une révolution industrielle avec l’avènement du Cradle to

Cradle qui réinvente la production : les déchets et la pollution

n’existent plus, puisque “rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme”.

ensuite, en guise d’entrée, nous vous proposons des utopies… nous allons vous

faire voyager à travers le reportage du photographe andrés arias Fuentes. il est parti

sur les terres oubliées du Mexique, dans le Michoacán, pour revisiter les villages

utopiques battis par l’humaniste espagnol vasco de Quiroga, il y a 500 ans. Que

reste-t-il de ces utopies ? vous apprendrez au fil des pages que ces modèles ont

persévéré et n’ont pas été altérés par la mondialisation.

en plat principal, nous vous avons mijoté du bonheur altruiste. Figurez-vous qu’il s’in-

sinue peu à peu comme alternative à la société individualiste. il se fraye un chemin

dans notre actualité et n’échappe désormais pas aux penseurs, écrivains, moines

bouddhistes, politiques et même les scientifiques. car avant de vendre père et mère

pour relancer la croissance, supporter un job sclérosant et faire du chiffre à tout prix,

la question du bonheur mérite d’être posée : la croissance nous rend-elle heureux ?

depuis les années thatcher, et leurs cortèges de Golden boys, l’humeur aurait

été davantage aux cocktails d’anxiolytiques et autres antidépresseurs qu’aux bulles

de champagne. au revoir tristesse, bonjour l’altruisme. le bonheur au contact des

autres est arrivé. on n’arrête pas le progrès !

valériezoydoRédactrice en chef

Diplômée de l’Institut d’Etu-des Politiques de Lyon et de l’Institut Pratique de Journa-lisme (IPJ), elle a collaboré pour l’Express, Matin Plus, Avantages

et 20minutes.fr, spécialisée dans les sujets de politique et d’économie. Installée à Barcelone depuis février 2009, elle s’est tournée vers l’audiovisuel et le documentaire. Elle renoue

avec la presse écrite en devenant la rédactrice en chef de Pilote Urbain

en mars 2010, puis de Rézo.

Janvier/Février 2011 • Rézo • 3

Page 6: REZO Mag nº2

actu france/esPaGne

4 • Rézo • Janvier/Février 2011

ActualitéFrance, espagne

Figueras-paris, ça y est !

Désormais ce ne sont plus que 5h30 qui séparent Figueras de Paris. Depuis le 19 décembre dernier, la ville connue pour son musée Dali accueille le train à grande vitesse. “La France n’a pas voulu attendre la finalisation de la ligne Barcelone- F igueras”, exp l ique

La Vanguardia qui indique éga-lement qu’il faudra attendre 2012 pour voir la finalisation de ce tronçon. “La connexion avec l’Espagne à travers le couloir mé-diterranéen”, rapporte toujours La Vanguardia “constitue l’une des priorités de la France”. Ce sont deux trains par jour qui partiront de Figueras, à 11h06 et à 15h02 et de Paris, à 7h20 et à 15h20. Et afin de fermer le corridor mé-diterranéen entre Barcelone et Paris, le réseau ferré de France a également dans ses projets de réaliser la ligne Montpellier-Perpignan. Mais comme le précise à La Vanguardia Édouard Parant, ingénieur au réseau ferré de France (RRF) : “La ligne sera terminée en 2012 seulement s’il y a l’argent”. Le même jour, Madrid et Valencia n’étaient plus qu’à 90 minutes l’une de l’autre en train.

rézo vous propose un tour d’horizon de l’actualité française et espagnole de ces dernières semaines et de celles à venir. une revue de presse qui vous donnera une

idée des informations que vous avez manquées et qui vous attendent.

L’Espagne,championne…européenneduchômage“le plus austère de ces dernières années”. il ne s’agit pas du budget français, mais bien de l’espagnol. cette phrase a été prononcée par elena salgado ministre de l’économie espagnole en parlant du budget 2011, approuvé en septembre dernier. après avoir vécu au-dessus de ses moyens, l’heure est à la resaca pour l’espagne et à la diète surtout ! une réduction de près de 8% des dépenses est prévue. D’ailleurs, les champions du monde de football 2010 vont devoir assu-mer un autre titre mais, cette fois, moins glorieux : en 2011 ils seront les champions européens du chômage. “l’économie espagnole paie encore les conséquences de l’éclatement de sa bulle immobilière et de la crise financière internationale de 2008 et 2009”, explique LaTribune.fr. le retour du pape en espagne en Juillet prochain pourra peut-être générer de l’argent, bien que lors de sa venue à barcelone, les hôtels n’avaient pas fait le plein.

n “le pape en espagne” saison 2après Barcelone, Madrid ! le pape revient en espagne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse en juillet 2011. la page Facebook de l’évènement avait déjà atteint plus de 200.000 adhérents au début du mois de décembre ! les nombreuses protestations qu’avaient entraînées la visite de Benoît Xvi ainsi que les divers Flashmob n’avaient pas empêché celui-ci de défiler à bord de sa papa-mobile dans les rues de Bar-celone lors de sa venue en novembre dernier. son déplacement avait coûté pas moins de 1,8 millions d’euros à la

communau té ca-talane. ses propos également avaient fait l’objet de vives réactions de la part des médias et des associations pour la défense des malades du sida. Quelques semaines plus tard, i l avait encore une

fois choqué en intégrant, cer tes le terme préservatif dans son livre, mais en jugeant pénible la focalisation sur le …préservatif ! en attendant, on se sou-vient notamment que José luis Zapa-tero avait refusé de le rencontrer tandis que toute la famille royale avait pu être bénie par le chef de l’eglise. 

n la loi anti-tabac : du tout au rien !l’espagne a commencé l’année sans fumée. une des lois anti-tabac les plus dures d’europe est appliquée depuis le 1er janvier 2011. non seulement les lieux publics ont été rendus non-fumeur mais en plus les airs pour enfants, les zones extérieures des écoles et des hôpitaux. cette loi met fin à la législation précé-dente qui était considérée comme la plus laxiste du continent européen !

WikileakstrahitAznarC’est une des infos révélées par le site Wikileaks, l’ancien président espagnol José Maria Aznar, durant un dîner avec l’ambassadeur américain Eduardo Aguirre en juillet 2007, révélait sa désespération de voir l’érosion de l’Espagne par l’attribution croissante de pouvoirs à la Catalogne et aux Pays Basques. Monsieur Aznar, connu pour ses phrases chocs, en 2009, avait aussi recommandé aux parents ca-talans d’envoyer leurs enfants apprendre le castillan. Le nouveau président de la Catalogne Arthur Màs lui avait, quant à lui, suggéré d’aller en Cata-logne et d’y apprendre la langue : “ça lui ouvrira un peu plus le cerveau et il pourra mieux parler l’anglais”. Ambiance ! En attendant, Arthur Màs consa-crera son mandat à l’obtention de l’autonomie financière de la Catalogne. C’est Aznar, qui va être content… ! MARJoRIE gRASSLER Arthur Màs

Page 7: REZO Mag nº2

LE COMPTOIR MARSEILLAISCalle Rosselló, 290 - Mº Verdaguer

Tél. 93 457 07 85www.lecomptoirmarseillais.es

• Jeudi 20 JanvierApéro de lancementde la page FacebookRICARD en Barcelona

• Jeudi 24 FévrierSoirée Ferme, Tapas, Ricard & ambiancepoulailler

f a c e b o o k / l e c o m p t o i r m a r s e i l l a i s

L ’apéro tapas français de Barcelone

Page 8: REZO Mag nº2

6 • Rézo • Janvier/Février 2011

l’Œil De réZo avec la Galerie artevistas

Matt Sesow explore une série d’inégalités qui existent dans la vie politique, la famille, l’amour, et le règne animal. Il a commencé à peindre en 1994 comme

passe-temps les soirs et les week-ends comme pour échapper à sa vie de programmeur pour IBM. Cette envie de s’exprimer par la peinture lui vient de son enfance. Il a grandit sur les terres cultivées du Nebraska aux USA et vit maintenant à Washinghton DC. À 11 ans, Matt Sesow a été heurté par le propulseur d’un avion lors de son atterrissage, qui a provoqué l’amputation de sa main dominante. Ce traumatisme d’enfance est pour lui le facteur principal qui l’a conduit à prendre la décision de s’exprimer par la peinture… Matt Sesow a exposé dans des galeries du monde entier et ses œuvres font parties intégrantes de nombreuses collections d’Art Brut. Il explique à Rézo son regard sur l’équilibre du pouvoir, à travers cinq de ses œuvres. Revue de détail.

la politique d’obama, le pouvoir, la tauromachie, les guerres en irak, en afghanistan… autant de sujets que traite l’artiste américain Matt sesow, exposé à Barcelone pour son exposition “Balance of power”. tous ont en commun, le rapport de forces, le rapport dominants-dominés, en somme, l’équilibre du pouvoir. explications de cinq de ses œuvres.

l’ équilibre du pouvoir

Page 9: REZO Mag nº2

Janvier/Février 2011 • Rézo • 7

BalanceOfPower(140 x 135 cm)“avec cette œuvre, je souhaitais dénoncer le mécontentement des gens par rapport au manque de changement dans la politique américaine sous la présidence d’obama. les encarts dans la partie gauche du tableau représentent les politiques impopulaires et les actions adoptées par le gouvernement d’obama ou héritées de la présidence de bush. Je souhaitais montrer la relation pré-dateur/prisonnier qu’il y a dans chaque poli-tique ou décision. sur la partie droite, j’ai fait une de mes versions de la célèbre affiche de campagne d’obama utilisée pour son élec-tion. la tête d’obama y est plus grande que la normale, l’espace utilisé à droite du tableau est plus important qu’à gauche, à l’image de son style Hollywoodien. il reçoit davantage d’attention que les politiques réelles suscep-tibles de changer la vie des gens. c’est là où le pouvoir ment.”

Obama’sWar(75 x 100 cm)“ce tableau se réfère à la guerre en afghanistan héri-tage du président bush et assumé par notre président obama les personnages de cette œuvre semblent être en équilibre. mais en y regardant de plus près et face aux horreurs décrites, tout paraît déséquilibré. les deux grandes figures de chaque côté, telles deux montagnes qui s’érigent, représentent l’afghanistan qui prend forme humaine. et pourtant, des trous percent leurs entrailles. ces figures nues, révèlent les stigmates de traumatismes… Des cicatrices marquent la colonne vertébrale. les bras amputés de la main, essaient d’at-teindre le ciel pour écraser le parachute diabolique et le missile qui descend vers la vallée pour tuer les inno-cents civils depuis un avion prédateur. Dans la partie inférieure gauche et droite, il y a des soldats aux com-mandes d’avions. Devant leurs ordinateurs, comme dans un jeu vidéo, ils jouent à la guerre mais toujours hors du champ de bataille réel.”

Page 10: REZO Mag nº2

l’Œil De réZo

8 • Rézo • Janvier/Février 2011

TopDogMadDog(100 x 100 cm)“le terme top Dog, le chien d’en haut, se réfère aux per-sonnes qui sont au pouvoir. sur le chien, on reconnaît une ébauche du drapeau américain et le capitalisme est symbo-lisé à gauche par l’homme-porc. le lapin mort représenté à gauche sous les traits d’un ange symbolise les victimes innocentes des politiques et des ac-tions du “chien d’en haut”. l’homme-porc ne le voit même pas. le petit viking à côté du chien symbolise la conquête et l’impérialisme. le chien fou, celui du dessous est probablement la victime du “chien d’en haut”. Pour moi le chien fou est plus inno-cent, il est symbolisé par les lapins qui vivent dans son cœur et son ventre. le phénix à l’envers représente la chute, une certaine chute en quelque sorte du capitalisme.”

BalancingAct(100 x 100 cm)“cette œuvre s’inscrit dans le sujet de l’exposition, l’équilibre du pou-voir, et a de plus un rapport direct avec l’espagne. les toréadors sont ici représentés face au taureau. Je suis végétarien, logiquement j’espère que le taureau ne sera pas le plus lésé. le taureau porte un lapin sur son cœur. le lapin est pour moi l’image même de l’innocence. le taureau porte sur son dos les trois signes de ma cicatrice – traumatisme. il s’agit d’une image que j’utilise pour montrer la tristesse et la douleur dans ma peinture. les toréadors paraissent innocents voire même heureux. ils soutiennent le taureau majestueux. l’étoile nous rappelle qu’il y a une inévitable bataille à vivre par rapport au sujet de la tauromachie.”

CrossingtheRubicón(127 x 120 cm)“franchir le rubicon” est un terme communément utilisé par l’adminis-tration bush pendant la guerre en irak en 2003. il signifie le fait de passer le point de non retour et il fait référence à Jules césar qui traversa la rivière rubicon en italie en 49 avant J.c. Dans ce tableau, le cowboy américain monte son poulet fantastique et part en guerre le poing levé. a droite, l’avion bombardier lâche un phénix, peut-être mort. Quant au cowboy, il a perdu sa main gauche dans une guerre précé-dente. lorsqu’il aura franchi la ligne, l’équilibre sera rompu.”

Page 11: REZO Mag nº2

Rosé LouVariedades: garnacha tinta y Syrah

nota de cata: Intenso color frambuesa con destellos azulados, límpios y brillantes. En nariz despliega un amplio abanico de frutas silvestres: fresas, frambuesas, arándanos, grosellas, que junto a otros aromas hacen un rosado diferente, único y de intensas sensaciones aromáticas.Su paso por boca es lento, suave, y amplio, con una potencia inusual para un rosado. Es a la vez fresco, con una buena acidez que equilibra perfectamente el alcohol.Servir a temperatura entre 8 y 10 grados.

Il n’est pas nécessaire d’être un professionnel pour entrer dans l’intimité

d’un vin et l’apprécier à sa juste valeur.

Il a une vie qui lui est propre, arôme, saveurs, année, origine, toutes

ces caractéristiques font qu’un vin est unique et reconnaissable.

L’ambition de Mas Lahon est de produire des vins naturels, à forte typicité,

privilégiant les cépages autochtones et permettant au terroir de s’exprimer

par une vinification douce… tout en laissant la magie

s’exprimer naturellemnent.

Eric Lahon

Tous les mois, Mas Lahon organise pour des groupes des dégustations de vin thématiques dans son local situé au centre de Barcelone -

Calle Arago 145.Il est reconnu qu’un apprentissage répété permet, généralement, de passer

du statut d’amateur à celui de connaisseur… alors à vous de jouer.Pour en savoir plus, contactez-nous au 666 40 99 71

ou [email protected]

Le Lou Rouge

Variedades: garnacha tinta, Mazuelo y Syrah.

Cosecha: 2008 (14,5ºC)

Crianza: Envejecimiento de 6 meses en barricas de roble.

nota de cata: Vino tinto de color cereza con menisco violáceo, buena capa, limpio y brillante. En nariz destaca un primer plano de fruta madura, fresa, grosella, cassis y en un segundo lugar las notas de la barrica, torrefactos y especias.En boca tiene un buen ataque, es denso, de tanino firme pero redondeado. Una buena acidez y persistente. Vino complejo que invita a disfrutar de un Montsant moderno lleno de matices y elegante. Servir entre 16 y 18 grados.

Variedades: Elaborado 100% con la variedad garnacha Blanca

Cosecha: 2008 (14,5ºC)

nota de cata: De color amarillo pajizo, limpio y brillante con destellos verdosos.En nariz, intensidad media y elegante. Floral, con cítricos, piña, fruta de la pasión.Muy fresco en boca, elegante e intenso pero con un toque de complejidad y personalidad.Vino graso, con volumen y muy bien equilibrada la acidez con el alcohol y la fruta. Servir entre 8 y 12 grados.

Le Lou BLanc

Commentselesprocurer?

- Adresse du magasin :

C/ Aragó 145, Bjos 1º

Tél. 93 452 46 93 / 666 40 99 71

- Par mail : [email protected]

- Par la web : www.maslahon.com

Page 12: REZO Mag nº2

l’invité De réZo

10 • Rézo • Janvier/Février 2011

daniel cordoba Mendiola, l’analyste de tendances le plus reconnu d’espagne, et Marta Marín anglada, professeur experte en art, proposent un regard différent sur paris et londres, loin des clichés touristiques, à travers un nouveau concept de guide de voyage.

Exit la Tour Eiffel. Pour le coolhunter Daniel Cordoba Mendiola et la spécialiste en esthétique Marta Marín Anglada, Paris est aussi celui de Daft Punk, l’immeuble où a vécu Proust, ou un chocolat chaud chez Angelina. Quant à Londres, au-delà du Big Ben, il est possible aussi de lui découvrir un autre visage : le quartier de Kensington vu par Virginia Wolf, les

influences de Vivienne Westwood ou Alexander Mc Queen. Daniel Cordoba et Marta Marín Anglada nous proposent, à travers la lecture de leurs guides Retorno… a Paris et Retorno… a Londres et de leur regard d’espagnols, de les suivre dans leurs flâneries urbaines, empruntes de poésie, d’art, de mode, de culture et surtout d’art de vivre. Etat des lieux de la marque Paris et Londres sur la scène internationale. Interview.

Vous avez sorti deux livres Retorno… a Paris et Retorno… a Londres, d’ailleurs conseillés dans les must have du quotidien espagnol El Mundo. D’où vous est venue l’idée de ce nou-veau concept de guide de voyage ? Daniel Cordoba Mendiola : L’idée était de proposer un objet à mi-chemin entre les guides et la littérature de voyage. Nous avons voulu faire un produit différent : très peu de guides touristiques ont

une dimension émotionnelle. Le livre s’adresse à ceux qui connaissent déjà Paris ou Londres et qui cherchent un autre regard. Marta Marín Anglada : Ce livre a été fait pour des gens qui veulent quelque chose de plus. L’idée principale était de s’éloigner d’un “tu dois être ici, ici et ici sinon tu n’auras rien vu”.

Ces livres ont été écrits d’un point de vue espagnol ? N’y a-t-il pas un risque qu’ils soient perçus par les parisiens ou les londoniens de la même façon que

les barcelonais ont accueilli le film Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen ?D.C.M. : Des amis à moi de Londres ont lu le livre et ils ne l’ont pas apprécié ! Ils ont dit “mais on n’est pas du tout comme ça !”. En effet, ces deux livres n’ont pas été écrits d’un point de vue anglais ou français ! Nous avons plutôt cherché à décrire l’impact et les émotions que ressentent les étran-

gers en visitant ces deux villes. Effectivement, Woody Allen a eu avec son film beaucoup plus de succès à l’étranger qu’en Catalogne !  Entre le Londres de Virginia Wolf, Alexander Mc Queen et Vivienne Wes-twood et le Paris de Gainsbourg, Proust ou Coco Chanel, le choix de vos flâneries est assez élitiste. Que vient faire le personnage de Carrie Bradshaw dans le guide parisien ? D.C.M. : Les livres sont très fidèles à l’esprit des deux villes. Une ville au-jourd’hui n’est pas seulement le produit de son histoire, mais elle est aussi modelée par la musique, le cinéma, l’art, etc. Dans le livre Retorno … a Paris, il y a beaucoup de personnages comme gainsbourg que les gens en Espagne ne connaissent pas forcément. En revanche, Carrie Bradshaw fait partie des personnages que les Espagnols connaissent. C’est la petite touche frivole ! Dans les épisodes de Sex And The City, elle est à Paris et mange des maca-rons Ladurée. Elle finit par associer son image à Paris dans l’imaginaire des étrangers. C’est vrai que cela met surtout mal à l’aise le lecteur français de la

même façon que les artistes Jeff Koons ou Mourakami ne font pas l’unanimité en France quand ils “envahissent” Versailles. Ce qui a été amusant c’était de prendre tous ces axes et essayer de les véhiculer dans un discours cohérent.

Les étrangers perçoivent Paris comme la ville de l’amour. Cette image, un zeste cliché, per-siste-t-elle ? D.C.M. : Dans les campagnes publicitaires on continue à vendre Paris comme la ville de l’amour et dans l’imaginaire symbolique on respire l’amour. Même si la ville de l’amour c’est Venise, Paris se vend comme la ville de la lumière, du romanticisme, de la gastronomie, de la mode, etc.

Un autre regard sur Paris et londres

Paris n’a pas un seul ADN, elle en a plusieurs !

C’est ce phénomène qui la rend spéciale.”

Marta Marín Anglada et Daniel Cordoba

Mendiola.

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Page 13: REZO Mag nº2

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Au-delà du cliché, que se passe-t-il à Paris aujourd’hui ? Est-elle toujours en ébullition ? M.M.A. : Paris est underground, encore plus que ne l’est Berlin. En ce moment, il y a un mouvement d’art qui est en pleine ébullition, subversif, dans le Marais, Ménilmontant, Belleville, etc. La France a toujours eu une tradition culturelle très marquée, parce que les Français naissent et s’éduquent à travers la culture, et ce grâce à leurs institutions. En France la culture est un droit, un art de vivre. Les gens consomment de la littérature, de l’art, vont aux expos, n’ont pas peur d’entrer dans une galerie d’art, etc.Tandis que les touristes, qui n’ont pas cette éducation, vont chercher à Paris de la culture institu-tionnelle, par exemple l’art dans les musées (ex : Le Louvre). Mais, comme je vous le disais, la rue lance aussi de nouvelles propositions d’art : elle vous parle constamment, avec des propositions singulières, innovatrices. Ce qui est dommage, c’est que les touristes aillent voir les clichés…

Dans une ville, quelles sont les différences entre les quartiers inconnus ou secrets et les quartiers émergents ? D.C.M. : A Barcelone par exemple, émergent serait “El Born” ou “El Raval”. Quant au quartier de gracia, il est secret car il se renferme hermétiquement au tourisme. Il s’ouvre au public seulement deux semaines par an pour les fêtes de gracia et se retire à nouveau. Berlin, par exemple s’inscrit dans l’émergence et se vend dans l’occulte. Tout le marketing de Berlin est là : il vend cet apparent état de secret alors qu’il est facilement accessible ! Quant à Londres, la ville a beaucoup de choses occultes et émergentes, mais elle vend directement l’émergent, c’est plus facile.

Finalement, quel est l’ADN de la marque de Paris ? D.C.M. : Paris n’a pas un seul ADN, elle en a plusieurs ! C’est ce phénomène qui la rend spéciale. C’est LE référent universel. Chaque personne porte l’image de son propre Paris dans son espace personnel. Paris a volé cette image à Rome dans le passé, qui a été volée à son tour par New York… Il y a des villes qui naissent et qui meurent dans le panorama du positionnement mondial, mais Paris reste toujours présente.

S’il fallait donner un qualificatif aux villes, Londres serait par exemple l’alternative, Berlin l’efferves-cente, le Japon la vitrine, le Disney world asiatique, et Paris au lieu de vendre une seule chose, elle vend tout. Cela vient du XVIIIe siècle quand les rois de France voulaient que Versailles devienne une référence mondiale. Il existe une cohérence entre l’image qu’elle projette et la position de sa marque. Ce n’est pas le cas de Barcelone, par exemple. L’image de Barcelone est très faible, elle se vend comme une ville cool et elle ne l’est plus. on pourrait dire que son ADN serait la confusion, elle ne sait pas ce qu’elle veut être. En revanche, Londres, quant à elle, est à nouveau en ébullition, en pleine expérimentation. PRoPoS RECUEILLIS PAR ALBERT SoRo

Un autre regard sur Paris et londres

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économie

le système capitaliste sous monitoring

L’ère de la guerre virtuelle est finalement arrivée. Les conflits ne sont plus réso-lus à coup de bombes sur les posi-tions stratégiques de l’ennemi mais à

coup de milliards de dollars, de privatisation des banques, de relèvement des taux d’intérêts, de dévaluation des devises. Les batailles portent des noms de valeurs, les armes sont remplacées par

les avoirs, assurances-vie et autres investissements. Quant aux soldats en costumes cra-vates et chaussures vernies, leur cri de guerre invoque le ca-pitalisme et le dollar. Ils prient le Dieu de la bourse, lui supplient

d’être stable et généreux. Les conseils de guerre s’appellent g8, g20, g27. Finance, économie, em-ploi : la guerre monétaire ou guerre des devises est déclarée.

“réflécHir à une tactiQue De combat efficace Pour sauver l’euro”Leuro a fini en hausse en 2010, un rebond qui mi-nimise sa baisse de 6,7% dans l´année alors que la devise europénne a commencé l’année vers 1,45$ avant de plonger jusqu’à 1,19$ début juin puis d’en-

tamer une remontée chao-tique en fin d’année. Des chiffres qui en disent long sur l’instabilité du système monétaire international. “Il a montré ses limites pendant la crise financière mondiale”, confirme Christine Lagarde, la ministre de l’économie lors d’un séminaire à Paris.Ainsi, la devise chute et se reprend, mais ses vacille-ments fréquents font palpiter les portefeuilles de plus d’un actionnaire. Les pays à dette record mais à économie for te se réunissent donc pour réfléchir à une tactique de combat efficace. Réformer, voilà le terme qui pourrait sauver le système monétaire mondial. C’est en tous cas la priorité que s’est fixée la France depuis qu’elle a pris la présidence du g20.

bientôt Plus asseZ De crans Pour serrer la ceinture euroPéennePendant ce temps, tour à tour, les pays s’effondrent et se relèvent à coup d’aides européennes et du FMI. La grèce fut le premier pays à devoir répondre de ses actes, 110 milliards d’euros lui ont été accor-dés. Malgré cette aide, les déficits sont régulièrement revus à la hausse et le FMI n’exclut pas de refaire un autre prêt. L’Ir lande, quant à el le, en chute libre, a d’abord hésité jusqu’à se réveiller pour demander de l’aide et imposer un plan de rigueur drastique. En dé-cembre, un accord a donc été signé pour renflouer les banques et le budget du pays de près de 85 milliards d’euros. Et pour-tant, en novembre dernier, DSK soutenait encore que l’Irlande n’avait pas besoin de l’aide du FMI. En atten-dant, les Irlandais vont de-voir se serrer la ceinture au moins durant quatre ans.

les Droits Des PoPulations Et les citoyens, justement, dans tout ça ? Leur impo-ser la rigueur est-elle la solution ? “La program-mation de l’austérité a été instaurée en 1991 avec le Traité de Maastricht”, affirme la professeur en sciences sociales à l’Uni-versité libre de Bruxelles, C o r i n n e g o b i n . E l l e explique que “les plans d’austér i té s’inscr ivent dans une politique bien en place, de reconquête intégrale du libre-échange contre les droits démocra-tiques des populations”. Et en ef fet, à force de donner des chiffres, des plans, des solutions finan-

une nouvelle manière de faire la guerre semble faire son apparition et elle se passe sur les marchés. l’ euro donne des frissons à la communauté

européenne et les plans d’austérité se succèdent. ne serait-ce pas la population, plus que les rentiers, qui souffre de l’essoufflement du système ?

Les plans d’austérité s’inscrivent dans une politique

de reconquête intégrale du libre-échange.”

Verslecrashdel’Euro ?l été a été rude pour la monnaie européenne et c´est non sans mal qu´elle s´est relevée puis a rechuté. l économiste niño becerra et auteur du livre “el crash del 2010” avait annoncé, dans une interview accordée à euronews en janvier 2010, le crash de l´euro durant l´été. une des raisons principales de ce  crash comme il l´appelle,  viendrait de l´incapacité de l´europe à s´unir. “Quand les choses iront réellement très mal, ce sera l’heure de l’examen final pour l’europe et ce sera l’ultime opportunité. en clair, “soit l’europe s’unit maintenant, soit elle ne s’unit jamais”, expliquait-il. (ndlr : voir notre interview sur le bilan de la Présidence belge de l’u.e pages 14-15) Pour l´heure, l´euro poursuit sa glissade en ce début d´année, reste à savoir si les prédictions de l´économiste espagnol vont se confirmer en cette nouvelle année où nicolas sarkozy devra trouver les outils pour la réforme du système monétaire.

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le système capitaliste sous monitoringcières, on en oublierait presque les citoyens euro-péens. “La réduction de l’Etat à un Etat minimal de type régalien, appauvrit la partie la plus fragile de la population (nldr : un minimum de 15% de pauvres en Europe) mais accroît la richesse détenue par les rentiers qui s’alimentent depuis plus de 20 ans des dettes publiques, et des taux d’intérêts scanda-leux.”, explique Corinne gobin au sujet des plans d’austérité.

et si c’était la fin ?En fin de compte, l’obsession de réanimer le sys-tème capitaliste tourne à la dérision. Les Etats ne veulent plus aider les pays en déroute, les banques sont terrifiées à chaque discours de la Présidence

européenne ou à la moindre dégringolade de l’euro. L’Union européenne est prête à imploser, les investisseurs quittent les marchés trop flottants et se réfugient vers des valeurs sécuritaires. L’or bien évidemment est un classique : quand l’économie mondiale est au bord du gouffre, les conseillés financiers ressortent les lingots…Mais l’heure est toujours à la crise, Santiago Niño Becerra en est certain. Il l’avait écrit en 2009 dans un livre intitulé “El crash del 2010” (voir encadré). Dans cet ouvrage il donne aux lecteurs une vision noire des prochaines années. Le début de la fin de la crise ne devrait pas arriver avant 2020 et la fin du système capitaliste serait prévu, selon lui, pour… 2070 ! MARJoRIE gRASSLER

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PolitiQue n interview

u.e. : “Les crises ne sont pas encore jugulées…”la Belgique vient d’achever six mois de présidence de l’union européenne. Quel bilan peut-on en tirer sur le plan économique et financier ? Qu’en est-il de la dette publique européenne ? courons-nous à la catastrophe ? Johan swinnen, ambassadeur de Belgique en espagne, se montre rassurant, sans langue de bois. interview.

L’U.E. s’est lancée dans une grande entreprise de

stabilisation de la zone euro et de gestion de la crise”

Le 1er janvier, la Belgique a passé le flambeau de la Présidence du Conseil de l’U.E. à la Hongrie. Malgré une conjoncture extrêmement compliquée, les objectifs en termes de lutte contre la crise économique et la pauvreté ont-ils été remplis ?Johan Swinnen : De nombreuses avancées ont été réalisées sur le plan institutionnel, économique et financier. Le Traité de Lisbonne est désormais mis sur les rails, le budget 2011, malgré les difficultés, a été adopté. L’U.E. s’est lancée dans une grande entreprise de stabilisation de la zone euro et de gestion de la crise. Mais ne nous leurrons pas. Les crises ne sont pas encore jugulées. Des stratégies se mettent par ailleurs en place comme celle de la croissance et de l’emploi “Europe 2020”, lancée par le Conseil européen de juin 2010. L’année 2010 était, par ailleurs, l’année européenne de la lutte contre la pau-vreté et l’exclusion sociale. Ce thème a naturellement été une priorité de la Présidence, qui a multiplié les initiatives. Mais il ne reste pas moins vrai que l’Europe sociale a encore du chemin à faire…

La Présidence belge a-t-elle permis de dessiner les contours de la future gouvernance éco-nomique et financière de l’Union ? J. S. : Face à la pression croissante sur la zone euro, la première priorité de l’U.E. a été le renforce-ment de la gouvernance économique. Une avancée importante est l’introduction du “Semestre eu-

ropéen”. Les Etats membres devront dorénavant soumettre leur budget à un contrôle préalable des autres Etats membres et de la Commission lors du premier semestre de chaque année. En matière de supervision financière, on peut se féliciter de l’accord obtenu sur la création d’agences européennes chargées du contrôle prudentiel des banques, des sociétés d’assurances et des marchés financiers, ainsi que la création d’un Comité eu-ropéen du Risque systémique (CERS). A cela s’ajoute l’approbation de la directive sur

les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs et la révision de l’ordonnance sur les agences d’évaluation du crédit.

La création au printemps dernier d’un Fonds de secours pour les pays de l’Union monétaire en difficulté financière jette-t-elle les bases d’un mécanisme d’aide ? Pensez-vous que l’Es-pagne se trouve dans une situation critique ? L’Union européenne sera-t-elle en mesure de voler à son secours si nécessaire ?J. S. : Le fonds mis en place au printemps dernier a permis le sauvetage de la grèce, puis de l’Irlande. Lors du Conseil européen de décembre, les Etats membres se sont mis d’accord pour procéder à une réforme limitée du Traité, qui permettra de mettre en place un mécanisme permanent. En décembre également, la Banque Centrale Européenne doublait son capital, afin de disposer de plus de marge de manœuvre.L’économie a d’ores et déjà repris en Allemagne et dans plusieurs pays de l’U.E., dont la Belgique. Dans certains pays, le chômage a déjà reculé. Dans l’ensemble, il y aura de la création d’emplois dès 2011. Ce n’est malheureusement pas le cas partout, mais là aussi les efforts doivent se poursuivre, de concert avec les instances européennes notamment. Qu’en est-il de la dette publique européenne ? J. S. : La situation varie fortement d’un pays à l’autre. Les pays présentant les déficits budgétaires les plus élevés ont adopté des programmes drastiques d’assainissement, afin de restaurer l’équilibre

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u.e. : “Les crises ne sont pas encore jugulées…”

“Dans l’ensemble, il y aura de la création d’emplois dès 2011

“le plus rapidement possible. Je le répète : d’importants ef-forts sont encore nécessaires, comme vient de le rappeler également le gouverneur de la B.C.E. Jean-Claude Trichet.

Courons-nous à la catastrophe comme semble mettre en garde certains intellectuels tels que Jacques Attali, auteur de Tous ruinés dans dix ans ?J. S. : Toute crise doit nous mobiliser plutôt que de nous décourager. Les gouvernements, individuellement et col-lectivement -mais pas seulement eux !- doivent prendre leurs responsabilités. Les Européens sont en train de se doter de remèdes et d’instruments adéquats. Mais le défi reste énorme.

Comment refinancer la dette rencontrée par plusieurs pays en Europe ? Que pensez-vous de l’idée d’émettre des euro-obligations, défendue notamment par le gouvernement belge ? J. S. : La Commission et la Banque européenne d’inves-tissement émettent déjà des euro-bonds pour des projets précis. L’idée serait d’émettre des euro-obligations pour financer les emprunts des Etats membres. Mais le débat vient seulement d’être lancé. Le dossier doit encore être approfondi du point de vue technique et devra également mûrir politiquement.

Où en est, selon vous, la construction euro-péenne ? Est-elle bloquée ? J. S. : Le 1er janvier 2011, l’Estonie est devenue le 17e pays de la zone euro. Si je cite cet exemple, c’est pour mieux illustrer le fait que les dif ficultés rencontrées dans la construction européenne ont parfois tendance à éclipser les progrès accomplis. C’est à petit pas que l’Europe s’est construite et continuera à le faire. Certes, ces derniers mois ont été éprouvants pour l’U.E., mais des avancées consi-dérables, ont été également accomplies, par exemple en matière de gouvernance économique et de supervision financière.

Comment l’Espagne peut-elle contribuer à  l’avancée du projet européen ?J. S. : L’Espagne est un pays fondamentalement européiste et contribue quotidiennement, par son attitude constructive dans les dossiers, à l’avancée du projet européen. La Présidence espagnole a débuté juste après l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Le respect montré par Madrid vis-à-vis des nouvelles institutions a été essentiel pour la bonne mise en œuvre du Traité.

Quelles sont les priorités pour 2011 que devra se fixer le successeur de la Belgique à la Présidence du conseil de l’U.E. ?J. S. : Les priorités de la Présidence hongroise s’inscrivent dans le cadre du programme du Trio de présidences, élaboré fin 2009 par l’Espagne, la Belgique et la Hongrie. La Présidence hongroise souhaite maintenir son action dans ce cadre. La Présidence hongroise ne démarre cepen-dant pas sous les meilleurs auspices. J’ose espérer que les mesures controversées en matière de presse et de fiscalité discriminatoire feront l’objet d’un examen attentif et n’hypothèqueront pas le rôle important que la Hongrie est appelée à jouer. PRoPoS RECUEILLIS PAR VALÉRIE zoYDo

Johan Swinnen, ambassadeur de Belgique en Espagne

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DéveloPPement Durable n Geste éco-citoyen

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Le Cradle to Cradle,la nouvelle révolution industrielle

Vous connaissez le compostage  des matières organiques, épluchures de pommes de terre, os de poulet et autres écorces de clémentine ? Et bien

le Cradle to Cradle se propose de l’appliquer à tous les objets ! Soit le produit retourne au sol et consti-tue un nutriment biologique, comme les feuilles qui tombent des arbres. Soit le produit retourne à l’in-dustrie, comme nutriment technique, indéfiniment réutilisable.

“rien ne se PerD, rien ne se crée, tout se transforme”L’idée : repenser tout le cycle de vie du produit depuis sa création jusqu’à sa transformation. En utilisant une métaphore bouddhiste, c’est un peu

comme si l’on cherchait à ce que le produit se réincarne à travers plusieurs vies.

Ce sont Will iam Mc Donough, archi-tecte et designer et Michael Braungart, chimiste qui sont à l’origine du mouve-ment. Leur livre, Cradle to Cradle est un manifeste pour une philosophie et une pratique nouvelle de la production et de

l’écologie. Les deux auteurs soutiennent une “empreinte écologique positive”, à travers

l’éco-conception et une garantie de qualité. Et cela va bien au-delà du recyclage pratiqué jusqu’alors. Avec le Cradle to Cradle, autrement dit “Berceau à Berceau”, tout est propre dans le pro-cessus de création et tout est recyclable à l’infini. Pourquoi Berceau à Berceau ? Car tout doit revenir d’où il vient. Souvenez-vous de vos cours de Phy-sique-Chimie : “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”, Lavoisier. Le maître mot donc, l’“éco-efficacité” qui n’opposerait plus croissance économique et écologie.

une autre vision De l’économieAinsi, le processus de production n’est plus linéaire mais bien circulaire. “Nous partons du principe que les déchets, quels qu’ils soient, consti-tuent de la nourriture, waste = food”, explique Ignasi Cubiña, directeur et cofondateur de Eco Intelligent Growth, une entreprise qui promeut l’écologie industrielle à travers le procédé du Cradle to Cradle en Espagne. Ce principe change totalement la vi-sion de l’économie. En effet, le capita-

lisme gère la rareté, mieux dit, il crée artificiellement de la rareté pour générer du profit. or, le Cradle to Cradle gère l’abondance. Pour autant, le Cradle to Cradle ne milite en aucun cas pour la décrois-sance : il ne s’agit pas de réduire la consommation, mais plutôt les processus industriels de produc-tion. Un des objectifs : éviter, l’extraction des mi-néraux (pétrole, voir encadré). En somme, il s’agit d’un système redessiné pour devenir entièrement renouvelable.

Promouvoir l’abonDance Ainsi, selon Ignasi Cubiña, il faut pro-mouvoir l’abondance de la matière vivante et non-vivante, et non pas l’accumulation de la richesse moné-taire, pour un monde plus juste. Tout repose sur la circulation de l’énergie. “C’est la seule chose qui ne soit pas limitée !”, s’enthousiasme Ignasi, et de poursuivre : “Nous voulons concevoir un monde pour 9 milliards de personnes. Lorsque nous affirmons que nous nous inspirons de la nature, c’est que nous partons du principe que dans la nature il n’existe pas le concept de déchet ni de pollution”, insiste-t-il. En effet, dans la nature, les espèces animales et végétales cohabitent et s’enrichissent mutuelle-ment : les déchets des uns deviennent la nourriture des autres. La question est d’appliquer ce système à l’économie… or, celle-ci se définit par l’organi-sation politique de la production et de l’échange des richesses sociales. Les solutions existent bel et bien, tout repose donc sur une volonté politique et une détermination individuelle de changer les choses. VALÉRIE zoYDo

le terme est encore peu connu et pourtant, il s’agit de l’actuelle révolution industrielle. le Cradle to Cradle réinvente la production, le processus

de conception des objets, le design, en somme, le système capitaliste. Quant aux déchets, ils n’existent plus ! explications.

FairerevenirleC02danslesol“la véritable crise que nous vivons est celle des miné-raux !”, indique ignasi cubiña. Quant au problème du ré-chauffement climatique, il ne réside pas dans les excès de co2 en soit, mais dans l’accumulation de c02 dans l’at-mosphère au lieu d’être dans le sol. et c’est bien le fait de brûler du pétrole qui dégage un surplus de co2 dans l’at-mosphère. il s’agit donc de récupérer la tenue du carbone dans le sol. Pourquoi ? D’une part, le co2 et les matières organiques fertilisent le sol. D’autre part, pour augmenter la capacité de rétention de l’eau. enfin, s’il existe un bon équilibre entre le carbone, le phosphore et les nitrogènes dans le sol, il n’y a aucun besoin d’utiliser des fertilisants.

Commentmettrelesystèmeenplace?l’étiquetage c2c est un protocole de certifica-tion basé en 5 points : 1 - l’évaluation des ma-tér iaux (composi t ion chimique du produit).2 - la conception et le design de l’emballage et du désembal lage du produit, la prise en compte de la totalité de son cycle de vie.3 - la promotion de sys-tèmes industriels qui ne polluent pas l’eau.4 - l’utilisation d’énergies renouvelables.5 - la responsabilité so-ciale corporative.

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société n la famille en esPaGne en mutation

Finie, l’angoisse de l’horloge biologique. le choix de ne pas avoir d’enfants, c’est la nouvelle tendance incarnée par

le mouvement Child free. un phénomène déjà bien répandu aux etats-unis, et qui prend forme en europe. reportage.

Les enfants, encore et encore”, écrivait Sofia Tolstoï dans  sa biographie Ma vie. Qu’aurait fait la femme de Léon Tolstoï si elle n’avait pas mis au monde 13 en-

fants entre 1863 et 1888 ? Impossible de réécrire l’histoire. Restent les traces nostalgiques d’une jeunesse sacrifiée par le poids de la progéniture : “Comme les rêves d’un avenir se brisèrent contre les soucis quotidiens de la vie familiale.”

en finir avec l’obliGation sociale De la ProcréationCette nostalgie, nombreuses sont les femmes qui souhaitent s’en passer aujourd’hui, en repoussant au plus tard la procréation, voire en y renonçant. Mais ce n’est pas toujours de tout repos. Dans une

Espagne étirée entre post-moder-nisme et traditionalisme catholique, l’acte de procréation reste synonyme de bon sens religieux. Et dénon-cer cet état de fait, en renonçant au calque femme-mère est souvent mal vu :  “Nous voulons en finir avec cette

obligation sociale de la procréation dont nous sommes les victimes, les femmes au premier rang”, s’indigne Théophile de giraud, organisateur de la fête des non-parents à Paris le 15 mai 2010, un rendez-vous fondateur pour ceux que l’on nomme Child free. Nous en avons assez des remarques du style “et si tout le monde fait comme vous, qui paiera vos retraites ?”Les non-parents ont du pain sur la planche. Au premier chef, briser le mythe de l’instinct mater-nel  comme une part essentielle chez toutes les femmes :  “l’hédonisme est plus grand que le dé-sir maternel”, témoigne Cristina, barcelonaise de 32 ans, en couple et sans enfants.

A 52 ans, Maria Teresa n’aura jamais senti le besoin d’être mère : “Le sentiment maternel ne m’a jamais manqué. Pour les femmes, être mère est censé être imprimé dans le cerveau dès la naissance. Mais moi j’ai toujours préféré mon indépendance. L’exemple de ma mère ne m’a jamais trop inspiré non plus”. Idem pour Magenta Baribeau, réalisatrice en plein tournage du documentaire Maman ? non mer-ci !  sur les femmes qui décident de ne pas avoir d’enfants :  “Pour certaines personnes, la question écologique est une raison pour ne pas avoir d’en-fants. Pour moi c’était avant tout l’absence de désir d’être mère.”

entre HéDonisme, Précarité et DémarcHe écoloLe schéma mariage-fécondité s’effrite  dans les mentalités et les chiffres y répondent comme un écho en Espagne : en 2009, aussi bien le taux de natalité que le nombre de mariages religieux ont connu une baisse notable selon l’Institut National de Statistiques. La baisse de la fécondité se ré-sume-t-elle au parachèvement de la modernité et au triomphe de l’individualisme, comme l’avancent les philosophes Jean Baudrillard et Peter Sloterdijk dans le dossier “Pourquoi fait-on des enfants” de mars 2009 de Philosophie magazine ? Les témoignages des non-parents espagnols le nuancent. “Pourquoi sacrifier mon bien-être pour avoir une si grande responsabilité ?” Si la question de Cristina confirme un réflexe hédoniste, la jeune espagnole avance d’autres raisons pressentes : “La situation économique actuelle est compliquée en Espagne. on sait que les femmes ne peuvent avoir d’enfants après un certain âge, or avant 35 ans, il est dur d’envisager matériellement une telle dé-marche. Le travail de mon conjoint n’est pas fixe, il peut se faire virer à tout moment. En plus, on vit dans un logement partagé. Je sais qu’on dit que les enfants s’adaptent à tout mais…”

vivre à contre-courantEt pourtant, ce qui paraît évident pour ces femmes, reste étrange, voire tabou dans une société où l’in-fluence de l‘Eglise catholique dépasse le stade de vieille relique. Lors de son passage à Barcelone pour inaugurer la basilique de la Sagrada Familia le 7 novembre dernier, Benoît XVI a souhaité “que soit défendue comme sacrée et inviolable la vie des enfants dès le moment de leur conception”. Les as-sociations catholiques mènent la vie dure aux non-

ne pas avoir d’enfantsun choix décomplexé

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Pour les femmes, être mère est censé être imprimé dans le cerveau

dès la naissance”

Lesoriginesdumouvementle mouvement, appelé à son origine The National Organization for Non-Pa-rents (n.o.n.) a démarré à Palo alto aux etats-unis, en 1972. l’objectif était d’avancer l’idée que les hommes et les femmes avaient le droit de choisir de ne pas avoir d’enfants. Devenu “national alliance for optional Parenthood” o “national alliance for optional Parenthood”, il a continué dans les années 80 en soutenant ceux qui ont décidé d’être Child free, en luttant contre les politiques de natalité et véhiculant l’idée que la non-parentalité est un mode vie et une solution vis-à-vis de la surpopulation.

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parents assumés. Théophile de giraud se veut rassurant sur cette pression : “C’est un combat d’arrière-garde”, pense l’organisateur de la fête des non-parents. outre ce blocage idéologique, un phénomène plus insidieux limite l’influence de ces non-parents : l’argument économique, “l’Etat espagnol avait instauré un chèque bébé de 2.500 euros pour chaque nouvelle naissance. J’ai entendu beaucoup de témoignages de jeunes couples qui avaient décidé de faire un en-fant pour toucher cette somme.”, raconte Mélanie Tarrier, fille de l’écosophe (écologue-philosophe, ndlr) dénataliste Michel Tarrier auteur de Faire des enfants tue. Eloge de la dénatalité. Sans oublier le problème du financement des retraites.

Pour un autre reGarD sur la ParentalitéSi l’armée antinataliste ne cesse de s’étendre, c’est aussi en réaction à ce sentiment de dénigrement permanent :  “Je reçois une dizaine de commen-taires par semaine sur mon blog “Maman ? Jamais

de la vie !” qui décrivent tous le même ras-le-bol, raconte Magenta Baribeau. La pression vient souvent de la famille : les mères qui demandent quand elles vont enfin être grand-mères, etc. Certaines disent même subir la menace d’être dés-héritées”. En résulte une tension permanente : “Les gens se sentent toujours agressés quand tu parles de dénatalité. J’ignore pourquoi ça choque tant mais tu te retrouves toujours à devoir te défendre ou t’excuser pour au minimum être écouté.”

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Laissepastraînerton fils!“interdit aux enfants”, la formule surprend et pourtant elle fleurit dans cer-tains lieux publics qui sont tout sauf des sex shops. au contraire. c’est ainsi qu’à berlin, le café Prenzlauer Berg, a interdit sans complexes son accès aux enfants, pour permettre à ses clients célibataires et sans bambins de profiter d’un café sans cris et autres poussettes. même La Vanguardia, dans son édition du 15 juillet dernier a publié un article sur ces établissements touristiques Child free qui commencent à proliférer en espagne. c’est le cas de l’hôtel 4 étoiles Magnolia à salou. mais il y en a aussi à majorque ou encore à benidorm. choquée, une espa-gnole, auteur du blog Abracitos dénonce une forme de discrimina-tion à l’égard des enfants. “(…) nous pourrions alors trouver des hôtels sans blonds, sans gros, sans maigres, sans chinois, sans noirs, sans femmes…”, s’insurge-t-elle. attention donc, à ne pas tomber dans la ségrégation anti-enfants ! le terme Child free peut parfois être mal compris et porter à confusion. VALÉRIE zoYDo

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société n la famille en esPaGne en mutation

Et pourtant, qu’ils choisissent de ne pas enfanter par conviction écologique ou par individualisme, les non-parents sont tout sauf des intégristes. “Je n’avais jamais entendu parler des Child free, confesse Manuel Alfonso - un Espagnol de 55 ans qui refuse de procréer parce que “faire des enfants,

c’est amener des esclaves au monde” - “je n’avais jamais en-tendu parler non plus de la théorie dénataliste.” La plupart des non-parents n’ont pas le sentiment de faire un choix :

“Tu ne le décides pas de manière rationnelle… Tout ça résulte d’un ensemble de circonstances souvent imprévues”, confirme Maria Teresa. Et contraire-ment à ce que l’on pourrait penser, ils ne haïssent pas les enfants ! “Je ne veux pas qu’il n’y ait plus d’enfants sur Terre. Au contraire, j’aime les enfants. Je revendique sim-plement “le droit au respect” de ne pas en avoir, au même titre que moi j’aime et je respecte les pa-rents.”

Procréer non, aDoPter ouiFinalement, le comportement des non-parents appelle à déplacer la définition de la parenta-lité :  “Comme on dit en Espagne, “el roce hace el cariño” (ndlr : “la caresse entraîne l’affection”). Je n’ai jamais partagé le désir de certains de mes conjoints d’avoir un enfant biologique, déclare Mé-lanie Terrier, rappelant une étude de Philosophie magazine soulignant que les motivations des pa-rents à se reproduire provenaient toujours de l’égo ou de l’idée de sa propre perpétuité. Le fait est que j’aimerais un jour avoir une famille avec des enfants, mais ce que je refuse c’est d’amener des enfants supplémentaires sur Terre.” La solution envisagée par Mélanie, Maria Teresa et tant d’autres, c’est l’adoption :  “Ce serait la seule manière d’apporter quelque chose à quelqu’un, de me rendre utile, de donner de l’amour et un foyer à un enfant qui était seul sur Terre”, argue Mélanie. En prêtant une oreille attentive à la parole de ces non-parents, mélange de liberté de choix et de respon-sabilité face aux générations futures, on se dit que

les Espagnols comme les autres pourraient bientôt raisonner à l’image de Mélanie Tarrier :  “Le plus cohérent aujourd’hui ne de-vrait plus être de demander aux gens pourquoi ils ne veulent pas d’enfants, mais plutôt pourquoi ils veulent en avoir.” EMMANUEL

HADDAD

Pour aller plus loin : - Le blog de Magenta Maribeau : http://mamannonmerci.blogspot.com/- Michel Tarrier, Faire des enfants tue. Éloge de la dénatalité, Éditions du Temps, 2008.- Corinne Maier - No Kid, Qua-rante raisons de ne pas avoir d’en-fant, 2007 (traduction en espagnol et en catalan).www.corinnemaier.info/

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En tant que présidente d’une association de mères qui sou-haitent allaiter leurs enfants, que pensez-vous des individus Child free ?c’est une décision qui me semble tout à fait respectable. a alba, nous défendons le droit de chaque femme de disposer librement de son corps. et bien qu’entourée de mères et moi-même mère, je me suis posée la question pendant pas mal d’années avant d’avoir un enfant et je ne l’ai fait que parce que j’en avais envie.

Certains individus militent contre la natalité pour des raisons écologiques. Vous le comprenez ? Ça me fait penser aux livres de science-fiction que l’on trouvait dans les années 1990. l’avenir de la planète était dépeint, à cause de la surpopulation, comme noir et apocalyptique. on est en 2010 et rien de tout ça ne s’est produit. Je doute que les

mères aient ce genre de réflexion quand elles décident d’en-fanter et j’ignorais que l’on pouvait adapter son comportement selon ces considérations. Pour ma part, étant incapable de prédire l’avenir, je ne prends pas part à ces spéculations… on verra dans dix ans s’ils avaient raison !

Quels services procure Alba lactancia materna à Barcelone ?Depuis 1992, nous accueillons les jeunes mères qui souhaitent allaiter leur(s) enfant(s). elles reçoivent aide et conseils lors de réunions de groupe hebdomadaires. nous ne nous arrêtons pas sur les motivations personnelles de chacune. aujourd’hui, alba reçoit plus de 1.000 consulta-tions. nous répondons aussi aux demandes de conseils par téléphone et sur le forum de notre site internet www.albalac-tanciamaterna.org  PRoPoS RECUEILLIS PAR EMMANUEL HADDAD

TroisquestionssurlesChild freeàEulàliaTorras,présidented’Albalactanciamaterna:“C’estunedécisiontoutàfaitrespectable”

L’adoption, ce serait la seule manière de

me rendre utile”“

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Le paradoxe espagnol : le pays est réputé pour son lourd passé conservateur et ca-tholique, pourtant, l’Espagne s’avère être à la pointe sur l’accès à la technique de re-

production assistée. La loi de 1988 élargie en 2006 a suivi l’évolution de la société et s’est adaptée aux situations nouvelles ouvertes par cette technique. Du coup, les cliniques et hôpitaux de Barcelone accueillent de nombreuses femmes en provenance des pays européens dont la législation limite ce genre de pratiques, comme la France. Les femmes hétérosexuelles seules ainsi que les couples gays ou lesbiens parmi d’autres cas de fi-gure, n’y ont pas accès. Ce sont surtout ces trois catégories qui sont les plus nombreuses parmi les demandeurs à Barcelone. Ainsi, les cliniques et hô-pitaux qui reçoivent ces femmes sont équipés d’un système d’accueil très performant ainsi que de tra-ducteurs qui accompagnent les demandeurs tout au long de leur périple.

les femmes célibataires QuaDraGénairesParmi les candidates, il s’agit parfois de femmes hétérosexuelles seules ayant dépassé la quaran-taine qui souhaitent devenir mères. Les dons de gamètes mâles et femelles permettent, au-delà de l’acte sexuel, de porter un enfant, fruit de ces dons. Que l’enfant soit conçu par des gamètes mâle et femelle provenant d’un don, n’est pas un cas ex-trême. Au contraire. Au-delà de 40 ans, les Centres de Reproduction Assistée conseillent fortement d’utiliser des ovules de donneuses qui sont des femmes jeunes, ce qui augmente de 30% le taux de réussite.

les couPles lesbiens et GaysPour les couples lesbiens, on peut utiliser l’ovule d’une des deux femmes qui devient donc don-neuse. Des hommes gays peuvent aussi devenir pères en donnant leur sperme qui servira à fé-conder une femme de leur choix. La sexualité au-jourd’hui est, de par ces techniques, dissociée de la parentalité dans ces cas-là. Il se trouve donc même qu’une femme n’ayant jamais eu de rapport sexuel, donc vierge, donne naissance à un enfant. Ces situations semblent rocambolesques mais elles sont devenues relativement courantes. Il s’agira d’enfants conçus en dehors des rapports sexuels, issus d’un désir exclusif de parentalité.

etre Parent : à cHacun sa réPonseComment parlera-t-on à ces enfants de leur His-toire ? Que sauront-ils de leurs origines ? Quelles informations donne-t-on aux parents à propos des donneurs ? Faut-il tout dire à l’enfant ? A l’entourage ? Les femmes et les hommes qui sont confrontés à ces situations se posent de multiples questions, non sans angoisses, souvent provoquées par une certaine culpabilité, la peur de l’inconnu ou de la pression sociale et familiale. Ce que la pratique de la psy-chanalyse nous enseigne, c’est que souvent, il y a derrière ces situations une certaine souffrance qu’il faut savoir entendre. Ces dernières années, je re-çois dans mon cabinet de plus en plus de patients qui se trouvent confrontés à leur désir d’être père ou mère bien que n’étant pas dans les schémas classiques de vie. La rencontre avec un analyste permet de se poser toutes ces questions ou de les faire émerger, et ainsi de se construire et de se pro-jeter en tant que parent, chacun à partir de son dé-sir et selon sa propre histoire. Aujourd’hui, il y a une multitude de modalités parentales, et il convient de ne pas prendre position en fonction d’un moule éta-bli mais d’écouter chacun dans ce qu’il a à dire de sa position.Il n’y a pas de recette, chacun devra trouver ses propres réponses, et nous devons écouter au cas par cas ces sujets qui, face à ces avancées mé-dicales et aux possibilités qu’elles offrent, peuvent traverser ces nouvelles portes ouvertes qui mènent à des situations encore peu explorées. Toutes si-tuations parentales a des effets sur les parents et sur les enfants. Il faut donc donner une place et une écoute à part entière à ce qui aujourd’hui est une réalité dans la construction de ces nouvelles situa-tions. MICHèLE RoDRIgUEz

alors que certains couples hétérosexuels ne veulent pas avoir d’enfants, d’autres, malgré les difficultés telles que le célibat ou l’homoparentalité, désirent en avoir grâce à la reproduction assistée, favorisée par le cadre législatif espagnol. Michèle rodriguez, psychanalyste-psychothérapeute, explique cette technique et ce qu’elle implique.

le désir d’enfant :le cas de la reproduction assistée

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MichèleRodriguezPsychanalyste-Psychothérapeuteeducatrice spécialiséePlaça llibertat, 4, pral08012 barcelonatél. 933 68 62 29 [email protected]çoit adultes, adolescents, enfants.

“Aujourd’hui il y a une multitude de modalités parentales

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Que Justice soit faite !

22 • Rézo • Janvier/Février 2011

Le droit à la justice est un droit reconnu par la Constitution espagnole mais également par les règlements européens, de sorte que tout résident européen y a droit s’il se

trouve dans une situation financière difficile.

J’ai reçu une réclamation judiciaire pour dette non payée, ma situation financière ne me per-met pas de me payer un avocat. Comment puis-

je me défendre ?Etant donné les brefs délais légaux exis-tants pour présenter votre défense, ren-dez-vous le plus vite possible auprès du service SERTRA du barreau des avocats de votre localité et sollicitez la justice gra-tuite. Les conditions économiques pour y accéder sont prévues pour un plafond de rentes familiales totales de 1.065,02 € pour 2010. Sous certaines conditions ce plafond peut s’élever jusqu’à 2.130,04 € par foyer. Le fait d’être propriétaire ne vous épargnant pas de soucis économiques,

l’accès à la justice gratuite n’est pas conditionnée par cet aspect particulier.La justice gratuite sollicitée, les délais de défense sont paralysés jusqu’à ce qu’un avocat commis d’office et un avoué vous soient nommés. Dès lors, il est conseillé de contacter l’avocat dans les meilleurs délais afin qu’il puisse vous défendre au mieux et ce durant toute la durée de la procédure judiciaire.

Mon épouse et moi sommes séparés et elle vit aujourd’hui en France avec mon fils. Ai-je droit à un avocat commis d’office en France si je suis domicilié en Espagne ?Toute personne résidant légalement sur le territoire de l’Union Européenne a accès à la sollicitude de

la justice gratuite dans l’Etat membre dans lequel il a un intérêt légitime afin de défendre ses droits devant les Tribunaux. En effet, d’une part la justice gratuite est un droit européen, qui se demande auprès du barreau de la localité du pays où vous prétendez vous défendre, tant devant une procédure existante à votre en-contre que pour initier vous-même une procédure contre une tierce personne et ainsi faire valoir vos droits. D’autre part, les plafonds et autres conditions économiques requis pour ladite sollicitude de jus-tice gratuite sont soumis à la législation locale. Ainsi, vous devez vous diriger auprès du barreau des avo-cats français de la localité où résident votre épouse et votre fils et y demander ce service dans le respect de la loi française. MARIA E. PoNTIgo DRABS

Attention : Un avocat commis d’office est un avocat imposé, il n’implique pas nécessairement un accès à la justice gratuite, qui elle, doit être sollicitée. L’avocat peut-être imposé soit parce que vous de-mandez ce service, soit parce que vous renoncez au choix de votre avocat dans une procédure pé-nale. Mais si la justice gratuite ne vous a pas été au-torisée, l’avocat commis d’office n’est pas gratuit et vous lui serez redevable des honoraires applicables pour la défense et représentation.

Maître Maria e. pontigo drabs, avocate francophone au barreau de Barcelone répond à vos questions. pour ce numéro de rézo, elle traite

des recours pour faire valoir ses droits gratuitement.

Dansnotreprochainnuméro…si vous souhaitez que maître maria e. Pontigo Drabs traite un sujet en particulier sur lequel vous avez besoin de conseils d’un spécialiste, vous pouvez nous faire parvenir vos suggestions ou interrogations à [email protected] reconnue comme l’avocate des franco-phones en espagne, elle se fera un plaisir d’aborder les thèmes proposés en répon-dant au plus juste à vos préoccupations. Participez à rézo mag !

Maître Maria E. Pontigo Drabs, avocate

francophone au barreau de Barcelone

Assistance juridique gratuite en Espagne

et en europe

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Janvier/Février 2011 • Rézo • 23

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n Dossier

S i le concept philosophique du bonheur s’avère complexe, en tout cas son idée a le vent en

poupe en ces temps de crise. Chez les journalistes d’abord… Ainsi, le 17 décembre dernier, le quoti-dien Le Soir, de Belgique, diffusait sur son site un webdocumentaire intitulé “Le bonheur brut” réalisé par un journaliste indépendant, Arnaud grégoire. “Une première pour un média d’information en Bel-gique francophone”. Chez les politiques ensuite, qui se piquent même de vouloir l’évaluer… Quelques jours avant la diffu-sion du webdocumentaire belge, le Guardian an-nonçait que le premier ministre britannique, David Cameron, s’apprêtait à entamer une vaste étude sur le Bonheur Intérieur Brut des Anglais. Celle-ci devrait être intégrée dès le printemps prochain au sondage traditionnel réalisé par l’office national des statistiques. Le but : mesurer le bien-être et le sentiment de satisfaction des citoyens, comme alternative aux indicateurs de croissance… En 2008, Nicolas Sarkozy s’était lui aussi penché sur le bonheur de ses concitoyens, en comman-dant le rapport Stiglitz.

l’économie du bonheurEn attendant, le bonheur finit par devenir une véri-table science -on parle désormais d’économie du bonheur- il se conjugue aussi avec le monde de l’entreprise, les politiques publiques…Une révo-lution qui prend forme au point que La New Eco-nomics Foundation (Fondation pour les nouvelles économies), un think tank britannique, a réalisé un Happy Planet Index (HPI), rapporte le site de Terra Eco. Les critères ? L’espérance de vie, la satisfac-tion personnelle et l’empreinte écologique. N’en déplaise à David Cameron et Nicolas Sarkozy, les vainqueurs de ce classement sont les pays nor-diques, la Suisse, l’Autriche et la Slovénie. Quant à l’Angleterre, elle arrive à la 21e place sur 30 pays étudiés derrière la France et l’Allemagne !

un phénomène littéraireMais le bonheur n’intéresse pas seulement les po-litiques et les journalistiques, il fait son retour dans la littérature et chez les penseurs depuis quelques années. Ce n’est pas anodin, si Vincent Cespedes, qui figure parmi “la jeune garde” dans un classe-ment effectué par Le Nouvel Observateur sur les

rebellez-vous, soyez heureux ! Malmené, usurpé, détourné, le bonheur est une manière d’être, loin des clichés médiocres qui lui sont infligés. rézo a essayé de comprendre ce qu’être heureux

veut dire. une notion bien plus subversive qu’elle n’en a l’air…

Le Bonheur n’est pas croyez

LeBhoutan,précurseurduBIBle Bonheur Intér ieur Brut a été en réal i té préconisé par le roi du bhoutan, Jigme singye wangchuck en 1972. son but étant de bâtir une économie qui servirait la culture du bhoutan basée sur des valeurs spirituelles bouddhistes.

Et si le bonheur était un concept révolutionnaire ? Le bonheur, le vrai, l’authentique, l’intense. Pas le bonheur vendu dans les kits de vacances, les gorgées de coca-cola, les assurance-vie, ou dans les bocaux de pâte à tartiner. Pas non plus le bonheur des sourires Colgate sur les photos de Facebook. Encore moins la très agaçante expression “Que du bonheur ! », prononcée régu-

lièrement dans les prime time de TF1.Non, pas celui-là. Mais plutôt le bonheur subversif. Celui que l’on “fuit (à tort) de peur qu’il ne se sauve”, celui qui ne cherche pas à tout prix la normalité. Celui qui se moque des mascarades sociales. Celui qui se fout d’être fou. Celui qui ressemble à cette fameuse humeur de champagne, expression si chère à Vincent Cespedes, philosophe et auteur de Magique étude du bonheur. Celui surtout qui s’expérimente au contact de l’autre. Mais, c’est quoi exactement le bonheur ? Peut-on le mesurer ? C’est quand le bonheur ? Tout le monde court après et peine pourtant à le définir… Enquête.

Quand la révolution prend forme

en apparence intemporel, le bonheur semble être une idée neuve, un courant émergent dans un contexte d’une société mondialisée et

pourtant individualisée et consumériste. le bonheur de l’homme redevient d’ailleurs une question politique. et si c’était ça le progrès ?

ce que vous

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Le malheur naît de l’ignorance, qui conduit à l’attachement

égocentrique, au désir et à la haine et, finalement,

à la souffrance.”

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n Dossier

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“50 stars de la pensée”, ainsi que parmi les neuf portraits d’”intellectuels du XXIe siècle” faits par Le Journal du dimanche, se soit, lui aussi, intéressé à la question, avec son livre Magique étude du Bon-heur (voir notre article page suivante). Enfin, on ne compte plus les ouvrages sur le sujet : Vivre Heureux du psychologue Christophe André, Les gens heureux ne s’inquiètent pas de savoir si c’est vrai, ils se racontent de belles histoires, d’Yves Alexandre Thalman… Quant à Roger Pol-Droit, phi-losophe spécialiste des sagesses antiques, il invite à redécouvrir les enseignements des ancêtres, dans son ouvrage Vivre aujourd’hui avec Socrate Epicure, Sénèque et tous les autres, ou encore

Tal Ben-Shahar avec son livre L’apprentissage du bonheur, principe, préceptes et rituels pour être heureux, pour ne citer que ces exemples… Cependant, le phénomène littéraire est tel que des amalgames finissent par avoir lieu entre les ou-vrages servant la pensée et les livres de recettes empêchant justement la spontanéité, et donc le bonheur en tant que tel. Le philosophe Pascal Bruckner finit même, lui, par dénoncer ce devoir pesant d’être heureux à tout prix, dans son livre L’euphorie perpétuelle. S’il ne faut pas avoir peur du bonheur, (ndlr : être heureux ne tue pas ! ) en revanche, trop de recettes du bonheur tue… le bonheur. VALÉRIE zoYDo

Cela ne pourrait être qu’un simple fait divers en Corée du Sud, là où la première cause de décès chez les personnes de 20 à 40 ans est le suicide. Seulement voilà : c’est bien la prêtresse du bonheur et

son mari qui se sont pendus le 8 octobre dernier dans une chambre de motel au nord de Séoul. Choi Yoon-Hee, 63 ans, était l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le bonheur et… l’espoir !Celle qui a remonté le moral de ses concitoyens n’a pas réussi à appliquer ses propres conseils… Dans une lettre, elle explique que depuis deux ans, elle vivait des moments difficiles, souffrant des poumons et du cœur. Cette nouvelle n’a finalement pas été vraiment commentée dans le pays. Mais il a suffit d’une dépêche du Korea Herald pour qu’elle soit reprise partout dans le monde. L’événement n’a bien sûr pas laissé indifférente la blogosphère qui n’a pas manqué de commenter “l’inutilité” des livres de développe-ment personnel. Comme l’auteur d’un blog espagnol qui expose son avis sur les dégâts que peuvent cau-ser ce genre nouveau. “Au fond, les livres de développement personnel font plus de mal que ce que leurs propres auteurs voudraient être disposés à admettre”, médite-il. Et il conclut son dégoût par cette phrase “La pauvre Yoon-Hee a trouvé à l’ombre de ce grand bonheur dont rêvaient ses lecteurs, des raisons pour se suicider”. Quant à son œuvre, et bien disons qu’il n’en reste plus grand-chose. MARJoRIE gRASSLER

la prêtresse coréenne du bonheur… se suicide !

Le bonheur c’est quoi pour vous ?

rezo a interviewé cinq profils différents au sujet de leur conception du bonheur. tous ont en commun dans leur définition le lien

à l’autre. témoignages.

Alexandra Garcia, 37 ans, française, diététicienne

“Ce qui me rend heureuse, ce sont les

autres, être connectée avec mes proches. C’est

d’ailleurs pour ça que je raffole du I-phone,

Wassap et autres Facebook !”

Cristian Oliva Saenz, 35 ans, espagnol, photographe“Pour moi, le bonheur, c’est la liberté, l’harmonie, l’authenticité et l’amour au sens large”.

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Vincent Cespedes

MatthieuRicard,l’hommeleplusheureuxdumondeun journaliste de l’independant l’avait qualifié d’homme plus heureux du monde, et depuis cette étiquette lui colle à la peau. matthieu ri-card, moine bouddhiste, ancien biochimiste chez Pasteur, est en tout cas un homme écouté dans le monde entier pour ses leçons de sagesse sur le bonheur. Pour lui, “c’est une manière d’être, fondée sur la liberté in-térieure, la force d’âme, l’amour altruiste et la sagesse qui donne les ressources néces-saires pour faire face aux hauts et aux bas de l’existence”, écrit-il sur son blog. a l’inverse, le malheur “naît de l’ignorance, qui conduit à l’attachement égocentrique, au désir et à la haine et, finalement, à la souffrance”.

Le bonheur c’est les autres

dans une société qui prône l’individualisme, la compétition, le chacun pour soi, la véritable révolution, c’est d’affirmer que le bonheur, c’est les autres ! c’est la philosophie que propose le penseur en vogue vincent cespedes. explications de ses préceptes.

L’art de l’autre, c’est ce que prône Vincent Ces-pedes, auteur de Magique étude du bonheur.

Pour lui, savoir jouer de l’onde de charme, -c’est à dire cette capacité à rire de la vie, à s’abandonner à l’autre, à lui communiquer sa gourmandise de vivre et son plaisir d’être soi- est garant d’une capacité au bonheur. Car lorsqu’on a la chance d’irradier de l’onde de charme, le bonheur devient contagieux. “Parce qu’il me rend charmant, mon bonheur attire l’autre”, explique à Rézo, Vincent Cespedes. Seul problème, selon lui, la société de consommation endiguerait cette contagion. Car l’onde de charme est subversive, spontanée, elle libère, autorise cette insolence d’être et de devenir soi. “Le bonheur anormalise, comme lorsqu’on chante alors que tout le monde ferme sa gueule ! Le bonheur nous rend spéciaux, fous, subversifs. Il cultive l’authenticité et refuse la mascarade sociale. C’est le diablotin qui sort joyeusement de la boite”, s’enthousiasme Vincent Cespedes.

l’ivresse D’être soi se PartaGe au contact Des autresor justement, la société vend de la normalité. Elle

l’impose. Elle conditionne. Craint la folie. Mode-lée par ce que Vincent Cespedes appelle le bon-heurisme, “le bonheur privé, esseulant”, la société constituerait alors, selon le philosophe une sérieuse entrave à notre propension à être heureux. Car celle-ci propose un bonheur qui a un prix et qui est même une marque dépo-sée. Mais ce bonheur-là n’a pas d’odeur, ni d’aspérité. Aucune onde sensuelle. Et en citant Bau-drillard, Vincent Cespedes va jusqu’à accuser les bonheuristes d’exterminer le bonheur. “Ces gens qui veulent être normaux, ne veulent surtout pas être heu-reux, car ils ont peur de remanier leur identité”.or notre identité, cette ivresse d’être soi-même ne peut se par-tager qu’avec d’autres. Et dans ce partage, ce mélange, l’autre “devient une usine à fabriquer de l’amour”. Ce complice, “entre

Tanja Lederer, 25 ans, Allemande, mannequin“Pour moi le bonheur c’est essentiellement avoir du temps pour voir ma famille et mes amis. En revanche, mon petit plaisir, c’est mon addiction aux chaussures !”.

Frank Diaz, 39 ans, espagnol, chanteur, ancienne vedette du Groupe espagnol Parchis, des années 80“Pour moi, le bonheur, c’est d’être sur scène, et donner à ressentir aux gens des émotions à travers ma musique”.

Ramiro Ochova Gamble, 32 ans, argentin, directeur de la société Scouting BCN“Ce qui me rend heureux, c’est de transmettre des valeurs à mon fils, de partager, d’aider les autres et de vivre des moments uniques. Cela me permet d’évoluer en permanence”.

© photos luciano insua - stylisMe adèle cany

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Dossier

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de plus en plus de personnes consultent un coach. Qu’enseignent-ils ? Frédéric adida travaille la connaissance de soi, la confiance en soi, la

cohérence des projets. interview.

En tant que coach, quelle est votre définition des gens heureux ? Frédéric Adida : Je parle plutôt d’émotions posi-tives. Car les gens heureux savent d’abord maîtri-ser leurs émotions. Ils ont compris que ce sont elles qui déterminent la qualité de leurs expériences, rien de plus. Ils ont aussi la capacité de gérer aussi les émotions d’autrui. Les gens heureux ont des rêves qu’ils vont poursuivre coûte que coûte. Ils vont ar-rêter d’avoir des peurs qui sont souvent alimentées par leur mental. Pour eux, la vie est le moment de tout oser. Ils savent qui ils sont et où ils veulent al-ler et ont la capacité de changer leur approche en fonction de l’environnement.

Trouvez-vous que la pub a usurpé cette notion ? F. A.: La publicité peut quelquefois exagérer ou mentir, mais pas tout le temps. Elle peut nous apprendre beaucoup sur l’état actuel de la société de consommation ou sur nos besoins. La marque Nike, par exemple, prône le Just Do It, elle incarne la peur de rater sa vie. C’est la théorie de l’épa-nouissement personnel très américain. “Bats toi contre toi-même, Eteins ta télé et fais le tour du pâté de maison en courant”. Cette idée publicitaire est une révolution en soi. Une des pre-mières annonces de Nike se termine par : “Après tout, vous n’avez rien à perdre, vous n’avez qu’une vie”. C’est la phrase de Bob Dylan en 1966 dans sa chanson Like a Rolling Stone, “When you got no-thing, you got nothing to lose”. Cela revient à l’idée de “Call her”, appelle-la ! Ces filles qu’on n’ose pas rappeler par peur de se prendre un râteau ! Autre définition du bonheur avec la marque Levi’s : c’est le rock, l’adolescence éternelle.

Ne notez-vous cependant pas un certain

désespoir chez vos clients ? F. A.: Non, les gens que je coache veulent seulement créer une rupture, un changement et être accompa-gnés pendant cette phase. Ils doivent se reconnecter avec leurs racines profondes pour pouvoir grandir. Ils doivent apprendre à ouvrir pour recevoir.

Que viennent-ils chercher en vous consultant ? Quels sont leurs besoins ?F. A.: Les gens qui se font coacher veulent vivre leur existence, pas la consumer. Ils ont besoin de mouvement et d’échanges. Ils veulent apprendre à se dominer pour éviter l’envie et la jalousie. Ils rêvent de projets à long terme. Ce qu’ils veulent accomplir se résume en quelque chose de construit, nouveau, intelligent et drôle. Les gens ne rient pas assez.

N’y a-t-il pas un risque d’une forme de “dicta-ture” du bien-être ?F. A.: oui c’est le fameux “devoir de bonheur”. Si la dictature du bonheur existe, les personnes peuvent s’extraire du formatage, des idées préconçues et de la forme de bonheur que le monde voudrait leur imposer. Le bonheur n’est accessible qu’aux per-sonnes qui apprennent à désirer ce qui est à leur portée et qui acceptent ce qui leur arrive.

Pouvez-vous citer des personnalités qui soient pour vous des modèles de bonheur ?F. A.: Ce sont principalement des philosophes : Alain, Marc Aurèle, Sénèque, Kant…

En résumé, en un mot, le bonheur c’est quoi ?F. A.: Le bonheur, c’est une création collective… c’est se satisfaire des joies simples de la vie …ou alors… c’est l’absence de conflit en soi.

PRoPoS RECUEILLIS PAR VALÉRIE zoYDo

Frédéric Adida

FrédéricAdidacoach spécialisé en car-rière et en management.Président de assaté[email protected]

dans nos plis intimes, nous met dans une sorte d’ébullition”. C’est alors que notre identité selon le philosophe, évolue en permanence, s’enrichit, déborde dans une co-production bienveillante et une spontanéité créa-trice, pour terminer, au final, dans une “partouze existencielle !”, s’amuse Vincent Cespedes.

tout Devient alimentAinsi, ce bonheur -qui ne doit pas être confondu

avec un sourire béat, ni le plaisir en soit-, se nourrit des autres et de l’environnement. Tout, absolument tout, devient aliment. Les émotions, l’imprévu, les peines, les imperfections, les deuils, la maladie, la déception. “C’est une chance d’être déçu, car la blessure montre qu’on a été capable de s’abandon-ner à l’autre”, insiste Vincent Cespedes.La vie, transformée en une soif de l’autre, (“Je veux me saouler de printemps” écrivait Barbara…) en une curiosité permanente, une “mélodie impro-visée”, une danse, une “joie de l’aléatoire” s’écrit comme un roman. Au gré des rencontres des autres, tout devient alors possible. Et le philosophe de conclure : “La vie est une aventure, pas un plan de carrière !”. VALÉRIE zoYDo

Magique étude du bonheur, de Vincent Cespedes est publié chez Larousse (238 pages, 17€).

Lesmarques,marchandesde“bonheur”le marketing vend du rêve et usurpe souvent la notion de bonheur dans ses discours. c’est ainsi, qu’en espagne, par exemple, la marque Happy Pills, vend littéralement des pilules de bonheur, qui ne sont autre que des bonbons ! voici quelques exemples de slogans de marques qui ont fait du bonheur leur a.D.n. : ClubMed: “créateur de bonheur depuis 1950”, “club med : bonheurs tout compris”, “tous les bonheurs du monde”Coca-Cola: “ouvre un coca-cola, ouvre du bon-heur”Nutella: “chaque jour c’est du bonheur à tartiner”Babybel: “babybel, 360° de bonheur”Castorama : “Partenaire du bonheur : chez casto, ya tout ce qu’il faut”MMA: “Zéro tracas, zéro blabas, mma, c’est le bonheur assuré”Président: “le bonheur est dans le beurre”. “Les gens ne rient

pas assez”

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Tout devient aliment. Les émotions, l’imprévu,

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la déception. Le bonheur se nourrit des autres

et de l’environnement.”

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rePortaGe PHotos

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Que reste-t-il des utopies ?

lorsque l’occident découvre le “nouveau Monde”, il entrevoit la possibilité d’y construire des cités idéales. Que reste-t-il de ces

villages-hôpitaux construits dans la province de Michoacán, au Mexique au Xvie siècle et inspirés de l’utopie de thomas More ?

rézo vous emmène sur ces terres oubliées. reportage.

Cinq cent ans se sont écoulés depuis la création de ces villages utopiques ima-ginés par les humanistes occidentaux… En revenant sur ces terres d’Amérique

latine, jadis appelée le Nouveau Monde par l’Europe, le fossé parait grand avec la vision de l’actuel occi-dent. Quel est l’héritage légué par ces utopies de la renaissance, tant dans leurs organisations sociales, que dans leur architecture et leurs coutumes ? Quel apprentissage pouvons-nous en tirer ?Angahuán, Cocucho, Tzintzuntzán… Au vu de

la situation géographique de ces villages, très peu d’étrangers fou-lent ces terres situées dans une grande vallée volcanique (appelée meseta Purépecha). Ce qui permet aujourd´hui de pouvoir apprécier leur héritage. Leur isolement les a déconnectés de l’évolution de la so-ciété post-industrielle. Les photos sont des regards simples qui, en se servant de la réalité immédiate composent une scène dotée d’une esthétique, mê-lant des couleurs, des textures et des espaces que ces peuples sont capables de continuer de produire et de conserver. Les photos ont été prises durant les célébrations de l’Ascension de la Vierge : ce sont des temps de fête, de communion sociale, où les gens habillés pour l’occasion, sortent dans les rues pour l’un des jours les plus impor-tants de leur calendrier.

Mais pour comprendre le fonctionnement de ce peuple, simple, sans histoires et qui semble vivre hors du temps, il est important d’en comprendre ses origines utopiques.

l’utoPie De tHomas more en amériQue latineC’est en 1516 que le mot utopie est créé par Tho-mas More avec la publication de son livre Utopia (du grec : lieu meilleur et/ou pas de lieu). Se servant des nouvelles possibilités techniques et des idées humanistes du début de la Renaissance, il décrit dans son livre la ville idéale tant du point de vue politique, social qu’au niveau de l’organisation du travail. Ces idées-là ne peuvent trouver leur appli-cation ni à Florence, ni dans les autres villes euro-péennes. Celles-ci ont déjà une structure politique et une forme urbaine établies depuis des siècles… Elles se concrétisent alors dans le fertile terrain de la nou-velle culture métisse qui se forme dans l’actuelle Amérique Latine. Là-bas, pratiquement toutes les villes nouvellement fondées ont un tracé urbain de la Renaissance (voir carte page 32). En revanche, peu d’entre elles appliqueront les idées politiques et sociales… En effet, les petits villages de cette sé-rie de photos font partie des rares villes utopiques restées intactes depuis cette période.

l’Humanisme De l’esPaGnol vasco De QuiroGaSi les idées de More ont pu prendre vie en Amé-rique Latine, c’est entre autres grâce à un person-nage de l’élite humaniste espagnole du XVIe siècle, Vasco de Quiroga. Formé à l’université de Vallado-lid, juriste de la cour royale d´Espagne, à oran, dans le nord de l’Afrique, il est envoyé par Charles Quint au Mexique pour entreprendre un voyage d’études et d’inspections dans le Michoacán. Il y découvre la façon inhumaine dont les populations indiennes sont traitées par les Conquistadors. A titre d’exemple, un esclave indien vaut moins cher qu’un chien. A partir de 1531, il commence à préconiser à la juridiction chargée des colonies la protection des Indiens des abus, tortures et autres mises en esclavage en les réunissant dans des vil-lages où leur vie serait réglée par le travail et un bon ordre politique inspiré par la philosophie de Thomas More. En 1535, il écrivit “Información en derecho”,

Biographieandrés arias fuentes né en 1981 à méxico D.f. est architecte et photo-graphe à barcelone. il a réalisé des tra-vaux de photographie et d´architecture en espagne, angleterre et au mexique : la présente série de photos a fait partie de la 8e muestra de documentaires et pho-tographies d´amérique latine et fut ex-posée en espagne, au chilie et en bolivie. il a également fait partie de la biennale de photographie mexicaine Fotosep-tiembre 09. son œuvre de photographe et d´architecte a été publiée et primée dans différents medias. actuellement, il est architecte et photographe pour a+ www.a-mas.com, duquel il est membre fondateur. il actualise régulièrement son site personnel de photographies www.flickr.com/photos/andresandres.

LaculturePurépechaau Xvie siècle, c’était la culture Purépecha qui dominait cette zone… alors qu’elle avait résisté à la poussée de l’empire mexicain (aztèque) durant l’époque précoloniale, une épidémie de variole a changé la donne. totale-ment dévastée et destructurée, elle a laissé place progressivement à une nouvelle culture métisse. un contexte qui permet d’impulser le développe-ment : c’est ainsi que vasco de Quiroga dirige la refondation de ces villages et leurs communautés. utilisant les concepts humanistes de l’utopie comme son tracé urbain de la renaissance typiquement géométrique, son système politique et sociale et son contrôle du travail. A. A. F.

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une information juridique en faveur des indigènes. les Premiers villaGes-HôPitauXNommé en 1538 1er évêque de la région, Vasco de Quiroga peut inscrire ses idées de nouvelle socié-té dans la réalité. Il fonde avec ses propres fonds le premier village utopique, situé à Santa Fé (au-jourd’hui il s’agit du principal district des bureaux de la ville de Mexico). Puis, le second près de la ca-pitale du Michoacán (à l’ouest de Mexico) quelques années plus tard. Ces villages hôpitaux, ainsi appe-lés, sont structurés autour d’une Chapelle-hôpital appelée guatápera. En plus de leurs fonctions respectives, les Cha-pelles-hôpitaux sont des endroits d’accueil pour les orphelins, les centres d’éducation et le pouvoir. “Ce ne seront pas les grandes agglomérations qu’il avait d’abord proposées, mais la base reste le groupe restreint de familles et l’administration repose sur

un système familial et électif. D’autre part, la communauté des biens, la journée de travail de six heures, la distribution des fruits du travail commun selon le besoin de chacun, le refus du luxe et l’abandon des professions inutiles constitue-ront les vraies règles de la vie de ces villages hôpitaux”, écrit Christian Rudel, dans son ou-vrage Le Mexique.

LesvestigesartistiquesetarchitecturauxDans la région du michoacán et notamment dans les chapelles, l’architecture est occidentale avec beaucoup de techniques de constructions autochtones, on y trouve beaucoup de décorations et motifs mudéjares (architecture arabe en espagne). il y a également des peintures intérieures et des plafonds à caissons datés des Xviie, Xviiie et XiXe siècle dont certains des motifs re-ligieux sont abstraits, d’autres, figuratifs. la majeure partie des sculptures religieuses a été pillée. curieusement, il reste encore quelques pièces de l’époque avec des traits asiatiques. les sculptures étaient produites aux Phi-lippines et envoyées aux différents lieux de la domination espagnole. a cause de conflits avec le pouvoir, la capitale de michoacán a déménagé vers une ville avec de nouvelles fondations : nueva valladolid, actuellement morelia. située à une distance considérable du centre du pays, l’éloignant ainsi de la vie politique et économique. A. A. F.

Autresvillesidéales• new atlantis. livre de francis bacon Xviie. • new lanark, new Harmony. roberto owen  XiXe. etats-unis.• Plan voisin, Paris. le corbusier XXe. non réalisé.• brasilia. lucio costa y oscar niemeyer, XXe. • auroville, inde XXie.

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D’Hier à auJourD’Hui : le maintien Du lien socialEncore aujourd’hui, beaucoup de ces chapelles sont utilisées pour des offices religieux mais égale-ment pour la population comme des lieux de réunion sociale. Quant à la variété de métiers que les dif-férents peuples de la communauté Purépecha ont appris, elle est aus-si restée intacte. Dans un contexte de mondialisa-tion, d’uniformisation d’une culture de masse, la préservation de ces acquis et de cette identité cultu-relle Purépecha donne matière à réfléchir sur l’importance du lien social, des rituels et de l’organi-sation sociale du travail au sein d’une communauté. D’ailleurs, la tendance aujourd’hui est au retour à la communauté, à l’esprit de vil-lage et à la culture de proximité, en témoigne l’émergence des “villes en transition”, autosuffisantes et écologiques, à l’image de la ville de Totnes, en Angleterre. Et si les villes-utopies restent par défini-

tion des cas isolés, ou difficiles à mettre en place, préservons-les, car elles donnent de l’espoir : sans l’horizon d’un idéal, les combats sociaux n’ont pas d’âme. ANDRÉS ARIAS FUENTES AVEC VALÉRIE zoYDo

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Petit manuel Des Dîners en ville n culture et autres suJets De conversation

Tout le monde en parle

par ce temps de froid avec son cortège d’écharpes et de manteaux, cette saison invite au pot-au-feu ou coq au vin entre amis. pour rester

au cœur des débats culturels tout en profitant de la chaleur des salons, rien de mieux que le guide tendance concocté par Rézo.

Les séries télé sont toujours une bonne solution pour bien profiter de ses longues soirées au chaud devant son poste tout en cultivant des sujets de conversation intéressants. Et cela est encore plus vrai quand la série en question est une reconstitu-tion historique ou une série d’époque, un genre sur lequel semblent définitivement parier les chaînes outre-Atlantique.Le filon n’est pas nouveau : des mystères médiévaux Au Nom de la Rose aux interprétations symboliques du Da Vinci Code en passant par le dessin animé pédagogique Il était une fois… l’homme, le genre a toujours très bien fonctionné. La révision de l’his-toire a d’ailleurs déjà connu de grands succès avec les sagas Rome (HBo) et Les Tudors (Showtime).

n Le succès des Piliers de la Terre

C’est peut-être pour ça que de nombreuses chaînes ont décidé de s’engouffrer dans la brèche. C’est le cas de la petite Starz qui a diffusé cet été la mini-série de huit épisodes Les Piliers de la Terre. Une adaptation du populaire roman de Ken Follett qui arrive ces mois-ci sur les écrans français et es-pagnols. Et ce n’est pas la première fois. Au début de l’année 2010, Starz avait réussi à se frayer un chemin dans l’abondante programmation américaine avec Spartacus : Blood and Sand, une série de gladiateurs pleine de muscles et de testos-térone. Un succès sur lequel elle surfe en lançant, le 21 janvier, une nouvelle version intitulée Spartacus : Goods of The Arena, qui retrace les événements qui se déroulaient avant la série originale.

n HBO et Showtime dans le coup

Si Starz a probablement choisi ce créneau pour percer dans l’entertainment yankee, d’autres n’ont pas attendu pour faire de même. C’est le cas de HBo et Showtime, les deux grosses pointures du câble. La première avec la sortie, en mars 2011, de Games of Thrones, sa nouvelle superproduc-tion fantastique dans un royaume aux accents moyenâgeux plein de magiciens, chevaliers et prin-cesses. La seconde avec l’arrivée, plus ou moins simultanée, de The Borgias, une série qui racontera l’histoire mouvementée de la tumultueuse famille italienne et qui vient remplacer The Tudors qui s’est conclue en juin dernier. Si à cela on ajoute d’autres séries d’époque, comme Mad Men, Boardwalk Empire, The Pacific ou Mildred Pierce (qui doit arriver sur HBo), on peut dire que les temps passés ont de beaux jours devant eux. Si vous n’avez jamais rien compris, ou voulu comprendre, à vos classes d’histoire, voilà une bonne façon de vous rattraper. AURÉLIEN LE

gÉNISSEL

séries tv n histoire de redécouvrir l’histoire

cet hiver

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Deux images hantent depuis toujours l’imagi-naire collectif de la démocratie en espagne. la première est l’annonce télévisée, devenue quelque peu ridicule avec le temps, de la mort de franco le 20 novembre 1975. la seconde est le fameux coup d’etat du 23 février 1981 au congrès des Députés. tout le monde connaît cette séquence où l’on voit le lieutenant-colonel antonio tejero entrer dans l’hémicycle parlementaire et crier, un pistolet à la main, “Quietos, todo el mundo al suelo”. Pour beaucoup, c’est lors de ce 23-f, comme on l’appelle depuis, qu’est vraiment née la démocratie en espagne.

n 30ansdedémocratiecette année, l’espagne fête les 30 ans de ces événements. tro is décennies pendant lesquelles le pays est entré dans l’union européenne, a connu l’alternance politique, la croissance économique, le 11-m ou l’explosion de la bulle

immobilière. autant de progrès et de difficultés, propres à n’importe quelle démocratie, qui n’auraient pas été possibles si le coup d’etat n’avait pas échoué. l’occasion de revenir un peu en arrière et de se pencher sur cette naissance conflictuelle de la liberté politique espagnole. et pour cela, rien de mieux que de se plon-ger dans Anatomía de un instante, le dernier roman de Javier cercas qui vient d’être tra-duit en français par acte sud (Anatomie d’un

instant, même si l’on conseille évidement la version originale). comme son nom l’indique, ce volumineux et encyclopédique récit documentaire retrace avec d’infinis détails et de mul-tiples anecdotes la façon dont se sont déroulées les choses. un livre passionnant et érudit qui révèle tous les secrets ca-chés de cet “instant” qui aurait pu faire basculer le destin de tout un pays. cercas parle évidement de

ces trois fameux dépu-tés qui n’obéirent pas aux ordres de tejero (adolfo suarez, manuel Gutiérrez mellado et santiago carrillo) et du rôle primordial, mais quelque fois ambigü, du roi Juan carlos en faveur de la démocratie. mais, au-delà de sa minutieuse analyse du 23-f, l’auteur brode surtout une profonde réflexion sur la démocratie, la dictature et le pouvoir politique en général.

n PremioNacionaldeNarrativa2010un document dense et presque académique qui a reçu le Premio nacional de narrativa 2010 et qui s’éloigne du style proche et aérien des anciens romans de l’auteur, surtout le ma-gnifique Les soldats de Salamine. un léger hermétisme qui demande une certaine exigence au lecteur qui veut com-prendre ce qu’a été le 23-f pour l’histoire de l’espagne. Pourtant il ne faut pas baisser les bras face à cette œuvre ambitieuse et magni-fique car, au final, le jeu en vaut la chandelle.

en espagne, il existe un surnom pour la télévision : la “caja tonta”. une réputation de média creux, superfi-ciel et médiocre qui se comprend si l’on regarde les concours de téléréalité et les programmes del cora-zón qui ont envahi nos écrans ces dernières années. Mais n’oublions pas que la culture peut aussi avoir sa place à la télé comme le démontrent des émis-sions mythiques telles qu’Apostrophes ou Cinéma, de notre temps. c’est ce qu’a voulu rappeler le MacBa, dans son ex-position Esteu a punt per a la televisió ?, en montrant le rapport que peut entretenir l’art avec la pensée en général, quand celle-ci quitte l’espace institutionna-lisé du musée pour atterrir sur les plateaux télé.

n Godard, Fellini, Debord… un parcours titanesque, encyclopédique et foison-nant dans lequel le centre met à la disposition du spectateur une infinité d’archives, interviews, émis-sions de vulgarisation et débats intellectuels en tous genres. en flânant dans la salle monumentale, sorte d’énorme cinéma où cohabitent plusieurs écrans de projection, on rencontre Jean-luc Godard, et ses abscondes analyses, Federico Fellini, et ses inter-prétations jubilatoires, Guy debord, et ses critiques poétiques, et bien sûr l’incontournable Bernard pivot. sans oublier tous ces artistes, comme andy Warhol ou richard serra, qui ont largement utilisé la télévi-sion pour communiquer sur leurs activités créatrices.

n L’effet de l’art à la télél’exposition est divisée en dix parties qui abordent chacune, avec leur espace indépendant, un aspect de cette relation complexe mais féconde entre la pensée et la télévision. Que ce soit d’un point de vue politique (Place/Presentation/Public : Televisió i Política), humoristique (El Bromista Insaciable), phi-

losophique (El Matrimoni Grecollatí : Visió de llarg abast) ou novateur (L’impacte de la novetat), l’idée de l’exposition est d’analyser la place, le rôle et l’effet que peut avoir l’art ou la philosophie quand elle passe à la télé ainsi que l’intérêt et les possibilités que peut avoir cette dernière à se rapprocher du domaine artistique. emissions de vulgarisation, débats passionnés et subtils, nouveaux formats, esthétique novatrice, nombreuses sont les problématiques abordées par cette exposition dense.

n Culture élitiste versus culture de masseun rapprochement pour le moins risqué si l’on pense que la télévision a été créée pour être accessible à tous tandis que l’art ou la philosophie ont pour fonc-tion idéale d’être en avance sur leur temps, souvent grâce à une minorité de précurseurs. c’est l’éternel débat entre une vulgarisation de la pensée qui s’avilit en passant par le petit écran et une diffusion nécessaire de la connaissance pour cultiver le grand public. on ne tranchera pas ici cet épineux débat. Mais à découvrir tous les documents qu’Esteu a punt per a la televisió ? expose, on se dit qu’il y a ou il devrait y avoir une place pour la culture dans la programmation audiovisuelle. et on se dit aussi qu’historiquement la France en a été capable. il suffit de voir la quan-tité de matériel issu des médias français que l’exposition utilise, de Lectures pour tous de pierre dumayet à Un certain regard. La logique du vivant de François Jacob en passant par L’Abécédaire de Gilles deleuze. autant d’émissions passion-nantes et d’espaces intellectuels qui prouvent bien que la télévision n’est pas obligée d’être cette fa-meuse “caja tonta”. reste maintenant à le prouver.

AURÉLIEN LE gÉNISSEL

expos n art et télévision

littérature n Anatomie d’un instant : 30 ans de démocratie espagnole

Un certain regard, La logique du vivant : François Jacob rencontre Claude Lévi Strauss. 1966

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Petit manuel Des Dîners en ville n culture

Cinéma:le classement de rézo

les nouvelles sorties cinéma sont dans rézo. nous vous proposons une sélection des films en salle en espagne et le classement réalisé

par notre spécialiste du grand écran.

n l’ovniBalada triste de trompeta

on pensait qu’alex de la iglesia s’était un peu calmé depuis Acción mutante et El día de la Bestia, les deux long-mé-trages débraillés et surprenants qui l’avaient fait connaitre du public espagnol. surtout après Los Crímenes de Oxford et son élection au poste de président de l’académie du cinéma espagnol. il n’en est rien. le réalisateur espagnol revient avec un film où cohabitent des touches de gore, de la fantaisie narrative, du surréalisme visuel et des sujets de sociétés traités de manière tangentielle et indirecte. du pur de la iglesia. avec ses excès baroques et son imaginaire foisonnant. pas étonnant que Quentin tarantino ait décidé de lui donner le lion d’argent cette année à venise.

n le plus attenduEl Cisne negrodepuis les bouleversants Requiem for a Dream et Pi, nous avons un faible déclaré et assumé pour darren aronofsky. si l’on rajoute à cela la présence de la toujours fragile et touchante natalie portman, il est clair que El Cisne negro, le dernier film du réalisateur américain, est l’un de nos paris en ce début d’année. d’autant plus qu’aronofsky retrouve dans ce film son grand do-maine de prédilection : les troubles psychologiques. loin des grandes fresques mystiques (The Fountain) ou des portraits humains et réalistes (The Wrestler), il repart à la conquête de la dimension la plus obscure et ambigüe du cerveau humain. on est déjà prêt à applaudir.

n a voir sans risqueEn el centro de la tormenta

Bertrand tavernier qui décide de filmer l’atmosphère étouffante et renfermée de la louisiane ? cela pourrait paraitre une surprenante et prometteuse idée. Mais finalement cela reste un exercice de style très bien travaillé mais qui ne fait que rendre avec justesse l’ambiance que le spectateur moyen s’imagine trouver dans le sud des etats-unis. un thriller plein de suspense et bien ficelé mais dont l’atmos-phère et le milieu semblent trop peser sur tavernier qui manque quelque peu de lé-gèreté et de distance. un film qui tient ses

promesses (sans aller plus loin) et qui compte avec l’aide prévisible mais toujours intéressante de tommy lee Jones.

AURÉLIEN LE gENISSEL

n la bonne surpriseMonsters en allant voir un film appelé Monsters, au Festival de cinema Fantàstic de sitges, c’est plutôt à un bain de sang, de violence et d’aventures que l’on s’at-tendait. rien de cela dans le premier film de Gareth edwards. au contraire, une œuvre tout en retenue,

non-dits et hors-champs qui se rapproche plus de l’histoire d’amour que d’une énième version d’Al ien. tout cela se déroule dans un monde post-apocalyptique qui donne aux sentiments des deux personnages un contexte idéal pour ne pas devenir neuneu. touchant de simplicité bien comprise.

n coup de cœur

De dioses y hombreson ne va pas découvrir ici

l’énorme et inattendu succès qu’a eu en France le dernier film

de Xavier Beauvois. Une adaptation libre et personnelle de la tragédie vécue

par les Moines de Tibhirine qui, à priori, n’avait rien du blockbuster classique mais a finalement réussi à conquérir le public français. Au-delà de la trouble affaire politique, le réalisateur réussit surtout à transporter le spectateur dans la vie intime et l’étonnante temporalité des moines. Un film subtil et profond qui a remporté le grand Prix du Festival

de Cannes l’année

dernière.

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B A R P R E M I E R

French Music et Cocktail Bar en plein centre de Barcelone by Ugo Lou & Yann Fabregoul

toutes nos infos et niouzletters sur le groupe “premier” : http://www.facebook.com/home.php#!/group.php?gid=6592548709

La mission de Chi Spa est de continuer à marquer les tendances dans le monde de la beauté en of-frant un service personnalisé, différent et une sé-lection innovante de produits.La philosophie de Chi Spa est d’offrir une variété de traitements, de produits de beauté et de bien-être qui soit de la plus haute qualité. Le concept Day Spa créé par Chi Spa est une invi-tation à se relaxer et à profiter des traitements de beauté et de relaxation intégrale. Vous trouverez ainsi l’équilibre corps et esprit à travers les sens et un refuge face au stress quotidien.

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Petit manuel Des Dîners en ville n culture

Musique,artà voir et à écouter

concerts, festivals, expos, soirées, rézo vous propose une sélection des évènements à ne pas manquer à Madrid et à Barcelone.

n expo photos : Gervasio sánchez - desaparecidos le Musac (león), le cccB (Barcelona) et la casa encendida (Madrid) présentent s imul tané-ment Desaparec idos, un impor tant projet de photographie documen-taire s’ar ticulant autour de différents cas de dis-parition forcée recensés dans une dizaine de pays d’amérique latine, d’asie et d’europe. er igée comme un mé-morial contre l’oubli, cette rétrospective rappelle à la mémoire collective que des milliers de personnes ont disparu au nom de la guerre ou de la répression, mais elle offre également un regard différent sur ce sujet trop rarement abordé par les médias traditionnels. - Du 29 janvier au 5 juin : MUSAC (León).- Du 1er février au 1er mai : CCCB (Barcelone).- Du 2 février au 20 mars : La Casa Encendida (Madrid).

n Godspeed you! Black emperorcollectif à géométrie va-riable originaire de Montréal, Godspeed you! Black em-peror est considéré comme l’un des représentants ma-jeurs de la scène post-rock des années 90. influencé par le rock progressif, le punk, la musique classique et l’avant-garde, le combo pratique une musique ins-trumentale alternant pas-sages atmosphériques et envolées lyriques qui laissent parfois l’auditeur dans un état proche de la transe. alors qu’ils étaient occupés par leurs différents pro-jets (a silver Mt. Zion, Fly pan am ou set Fire to Flames) depuis près de dix ans, les membres de GyBe ont décidé de ressusciter l’enfant prodige et d’entamer une tournée qui pourrait bien être la dernière du groupe. ils s’arrêteront à Madrid et à Barcelone à la fin du mois de janvier. 29 janvier - Sala Apolo (Barcelone)30 janvier - Joy Eslava (Madrid)http://www.myspace.com/gybeconstellation NoÉ MoULIN

n ecMBarcelona auditori series 10-11pour la troisième année consé-cutive, le label allemand ecM investit l’auditori de Barcelone pour y présenter quelques-uns de ses meilleurs artistes. Bastion de Keith Jarrett, steve reich, Jan Garbarek ou pat Metheny, ecM a toujours été synonyme d’excellence sonore et musicale en matière de jazz contemporain. parmi les concerts proposés aux cours des prochains mois, nous avons épinglé la visite du steve Khun trio. Grand nom de l’histoire du jazz qui est parvenu à se réinventer à chaque album, steve Khun est un pianiste sublime et sensible dont les composit ions poly-morphes s’apparentent souvent à l’émotion à l’état pur. après avoir joué aux côtés d’ornette cole-man ou de don cherry, le jazz man new-yorkais nous rend visite en format trio pour redonner vie à ces morceaux qui ont marqué sa longue carrière. 1er février, 20h30 à L’Auditorí (Barcelone)www.ecmrecords.com/http://www.auditori.cat

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Petit manuel Des Dîners en ville n culture

Stéphane Juif le jour, “DJ Fudge” la nuit… Solitaire, mystérieux,  cet artiste français âgé de 37 ans, basé à Barcelone de-puis quatre ans, mixe davantage dans le

reste de l’Europe et en Asie, que dans sa propre ville. Il vient d’enregistrer une nouvelle compile, inti-tulée Body Movement. Et ne va pas tarder à s’envo-ler pour Bali pour inaugurer l’hôtel W.Avec des airs de Jean-Marc Barre dans Le grand Bleu, un sourire franc, un regard qui révèle un par-cours sinueux, Stéphane n’est pas seulement un “beau gosse”. Il a ce charme particulier des artistes, des marins et même des brigands. Tous ces per-sonnages qui ont “une gueule”, belle parce qu’un zeste érodée, expressive car riche de plusieurs vies.

Du sPort à la FReNCh TOuChIl faut dire que le parcours de Stéphane est pour le moins romanesque. Ce passionné de jujitsu, an-cien professeur au gymnase Club, puis ex-entre-preneur dans les pompes funèbres, a été aussi… l’un des instigateurs du mouvement de la  French Touch dans les années 90. Mégalo ? Même pas…Mais comment est-il arrivé à la musique ?Fils d’une marocaine et d’un franco-espagnol pied noir, c’est avant tout la banlieue parisienne et la culture black, blanc, beur, qui l’ont façonné. Pas

étonnant alors que sa musique ait des in-fluences éclectiques. Il aime les rythmes afro, latino, la soul, le funk, le jazz, la house, le rock etc, du moment que la musique a du groove, voire de la “négritude”, comme dirait Isabelle Dhordain, animatrice du Pont des artistes sur France Inter.C’est à l’âge de 13 ans, qu’il a commencé à mixer, dans les soirées. A cette époque, il joue du funk et de la disco, “la musique à la mode en banlieue à la fin des années 1980”. Puis il découvre la house lors d’un voyage en Espagne quelques années plus tard. Cette musique, “influencée par Chicago et Détroit, était une house plus organique qui ressemblait aux sons qui m’avaient bercé”.

l’aventure trouble menRapidement, il achète un sampler et commence à produire du Trip Hop et de la Drum’n’Bass avant de créer, aux côtés de Bruno Banner, le groupe Savannah dont le premier maxi atterrit dans le flycase de Laurent garnier. Présageant l’arrivée de la French Touch, les deux produc-teurs changent de cap pour se lancer dans

une nouvelle aventure : Trouble Men. “Avec Trouble Men, on a travaillé exclusivement avec des samples et l’on peut dire que notre groupe est l’un des ins-tigateurs de la French Touch”, confirme Stéphane.Tout s’enchaîne rapidement et le succès est à nou-veau au rendez-vous avec le single  Do It  qui se place dans les charts et lui permet d’aller jouer aux États-Unis et de sortir un album qui marquera son époque.

DJ fuDGeCaméléon, l’artiste décide de mettre fin à ce pro-jet et de se réinventer en solo sous le nom de DJ Fudge dont l’origine est assez cocasse : “Quand j’étais plus jeune, mes potes parlaient le verlan et m’appelaient Feuj. J’ai choisi Fudge, un terme si-milaire, après avoir gouté le chocolate Fudge à Londres”. Mixant alors aux quatre coins du monde, Stéphane se rappelle de cette époque avec un brin de nos-talgie : “Ce sont de très bons souvenirs. A cette époque il s’agissait de quelque chose de nouveau, et c’est ça qui me manque un peu aujourd’hui. C’était très frais, on sortait de la dance et petit à petit la house a pris le dessus. Aujourd’hui les gens sont saturés et la musique n’a plus la même valeur”.Cependant, Fudge n’a jamais perdu la foi. Depuis les années French Touch,  il a sorti un nombre in-calculable de morceaux et de remixes sur des la-bels tels que Defected, Virgin, Kif Records, Sony ou Soulfuric et lancé son propre label Tejal Records. Quant à la nouvelle compilation qu’il vient d’enre-gistrer, Body Movement, c’est un autre style. “C’est assez différent de ce que je faisais avec Trouble Men. C’est un mix de house électro latine. Cepen-dant, j’ai du mal à étiqueter ma musique. Pour moi il y a  juste une différence entre la bonne et la mau-vaise musique.” A découvrir sur Itunes ou sur Spo-tify ! NoÉ MoULIN & VALÉRIE zoYDo

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“la musique n’a plus la même valeur”

deejay français basé à Barcelone, stéphane Juif est l’un des instigateurs de la French Touch. il mixe à Madrid régulièrement et vient d’enregistrer

une nouvelle compilation mixée, Body Movement. portrait.

LaFrench Touchc’est en 1997 que l’appellation  French Touch est employée pour la première fois par un journaliste du magazine bri-tannique muzik qui tente de définir cette soudaine effer-vescence de la scène house en france. Puisant son originalité dans l’utilisation de samples filtrés extraits des classiques du funk ou du disco ce mouve-ment représenté par des ar-tistes tels que laurent Garnier, superDiscount, air, trouble men, benjamin Diamond, Daft Punk, ou encore cassius est aujourd’hui considéré comme une étape majeure de l’histoire de la musique électronique.

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DJFudgepartageavecnoussesbonnesadressesdeBarceloneetMadrid

nMADRIDCharadaClubl’ambiance y est très sympa et la mu-sique de très bonne qualité. Je recom-mande la soirée Madactive Collective Nite et le DJ be.lanuit.TheRoomc’est aussi un des clubs de référence de la capitale qui programme des ar-tistes vraiment intéressants.Week-EndClubcomme son nom l’indique, ce club n’ouvre que le dimanche. on y re-trouve l’ambiance du fumoir du Palace à Paris.

nBARCELONEMarulaCafeun incontournable de la scène Disco, funk et latin Jazz.LaPaladardelSonun bar rikiki de Gracia où l’on retrouve l’ambiance des plus grandes disco-thèques. un vrai voyage au cœur de la Havane. salsa en live et délicieux mojitos.LeBarPremiersoyons un peu chauvins ! comment ne pas parler du Premier à barcelone. le rendez-vous des français mais aussi de tous les amateurs de house, de funk ou de techno. l’ambiance y est chaleureuse et on peut se retrouver à danser sur le bar sans même s’en rendre compte ; avis aux amateurs.

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le cHat PAR PHILIPPE gELUCK / WWW.gELUCK.CoM

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tenDances n J’ai testé

AdèleM. a testé pour vous l’astrologie 2011

Je l’ai trouvée devant ma porte, un soir alors que je rentrais chez moi. Partout, elle me fait escorte, elle est revenue, la voilà. La re-nifleuse des amours mortes, elle m’a suivie,

pas à pas. La garce ! Que le Diable l’emporte ! Elle est revenue, elle est là”. La solituuudeeee… Il faut me rendre à l’évidence : être une femme libérée, c’est pas si facile. Moi, Adèle M., 30 ans, tournant en rond comme un poisson rouge dans son bocal, égarée comme une chaussette sans sa pair à la sortie du sèche linge, abandonnée comme ce petit grain de maïs oublié au fond de sa boite de conserve Bonduelle, et qu’on ne mangera plus jamais. Une vraie Bridget Jones. La grosse culotte-gaine en moins (dépres-

sive et coquette, c’est possible). Je ne chante pas encore All By My Self à tue-tête mais pour l’instant, je me contente de fre-donner le bruit du frigo de Mano Negra : “Quand y’a plus rien, qu’il est parti (ndlr : gonzalo,

le bel hidalgo), y’a plus de voisins, y’a même plus l’chien, quand y’a plus d’bruits, pas plus que celui qui rend mélo… Et je prends un verre pour l’oublier, et je mets ma tête sous l’oreilleeeer…”Quand je mets le nez dehors, je rage, tout aussi seule, sur la Rambla de Catalunya à la vue de tous ces couples. Pfffff… Je sais, c’est moche… Et les poussettes ! Vous aussi vous avez vu toutes ces poussettes ? Alors je rentre à la maison, et je retrouve, à nouveau, le bruit du frigo. Puis, avant de faire une razzia de mousse au chocolat, je dé-couvre sur cette éternelle porte du frigo, un post-it collé avec un numéro au bic : “Véronique Andrée, astrologue, 610 61 62 20”.Véronique ! Voilà la solution ! Décidée à m’en al-ler tordre le cou à cette satanée solitude, je vais consulter les astres. Pluton, Uranus, Jupiter et autres Vénus feront bien un petit effort pour me sortir de cette galère existentielle. Vais-je retrouver gonzalo ? Suis-je condamnée à écouter le bruit du frigo, ou vais-je faire des rencontres ? Allez, hauts les cœurs ! 2011, l’année du gonze !

les astres PréDisPosent mais ne DisPosent PasQue l’on croit ou pas en l’influence des astres sur le cours des choses, on ne perd jamais son temps

en allant consulter Véronique. Elle est comme une grande sœur qui sent tout, voit tout, conseille et console. Véronique est belle, probablement jeune, 40 ans, pas plus. Elle a l’air d’une éternelle adoles-cente et semble avoir l’expérience d’un vieux sage. Elle vous capte en un regard. Ses yeux pétillent à l’idée de découvrir sous quelle bonne étoile vous êtes né. Elle jubile devant la danse des planètes, elle exulte devant les combinaisons astrales.Et quand elle invoque le dieu de l’amour, du travail, de l’argent, c’est avec l’aide de votre date et heure de naissance et des calculs difficiles à comprendre. Attention, si la poésie de l’astrologie ressemble à celle des oracles de la mythologie grecque, elle n’est pas une religion pour autant. D’ailleurs, Véro-nique vous mettra en garde, les astres prédispo-sent, les êtres humains disposent. Vous restez le maître de votre vie. Ah ! J’allais oublier de vous prévenir. on ne com-prend pas toujours quand Véronique parle. Ne rebroussez pas chemin tout de suite, si elle vous annonce que votre soleil se situe en Maison VIII et si elle ponctue ses phrases de “trigone” et d’“Ura-nus”. Ne vous effrayez pas si elle vous explique que vous êtes sauvé par votre Lune. Véronique ne se drogue pas, elle ne se moque pas de vous. Vous n’êtes pas non plus plus piégé par une caméra cachée. Elle est juste super-méga Pro. Posez-lui toutes vos questions, exposez-lui vos doutes, elle prendra le temps de tout vous expli-quer. Bas les masques. C’est parti pour un voyage astral.

la consultation- Adèle, il apparaît dans votre thème la possibilité d’une rencontre à partir de juin, mais si vous êtes toujours amoureuse de gonzalo, vos pensées se-ront dirigées vers lui, donc vous pourriez provoquer des retrouvailles.- oUF !!! Mais si je rencontre quelqu’un ; gonzalo, c’est fini ?- Les trigones d’Uranus et de Jupiter qui vous ont fait rencontrer ce jeune homme début 2010 n’ont pas terminé leur transit, ils sont de retour depuis fin décembre et début janvier.- C’est vrai ça ! Nous nous sommes revus pendant les fêtes de Noël… Il est pire qu’une drogue dure ! Vous êtes forte, on ne peut rien vous cacher !- C’est ce qui me fait dire que votre relation est tou-

Que réserve l’année 2011 pour adèle M. ? elle teste pour rézo une consultation chez l’astrologue, véronique andrée, à Barcelone.

toujours avec sa verve rieuse, un zeste pleureuse parfois et sa gouaille guillerette. entre récit et chansonnette.

Adèle votre Lune est en Verseau, celle-ci rêve de liberté

et d’humanisme, d’originalité et de découvertes…”

VéroniqueAndré[email protected]él. 610 61 62 20Prix de la consultation : 80 €.

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AdèleM. a testé pour vous l’astrologie 2011jours en cours. Mais hélas ! Uranus provoque des ruptures soudaines et bloque la possibilité de vivre pleinement la relation. Je suis désolée. - C’est bien ce que je craignais… C’est toujours pareil avec ce gonzalo, des allées et venues, des hauts, des bas… - Je peux tout de même vous assurer qu’à partir de juin, Jupiter et Neptune seront de votre côté pour stabiliser vos sentiments. Le thème de gonzalo in-dique que lui aussi se stabilise en juin, au même mo-ment que vous. Vous pouvez peut-être coïncider…- Véronique, gonzalo ou pas, vais-je me marier un jour ? (Il faut bien rassurer grand-mère, maman, et toutes ses copines).- ouh la ! Adèle votre Lune est en Verseau, celle-ci rêve de liberté et d’humanisme, d’originalité et de découvertes, d’enseignement et d’avant-garde. Pourrait-elle supporter des chaînes, comme celles du mariage ? Je ne vous vois pas mariée avant vos 40 ans. - Quoi ???????

l’Homme Du PasséL’angoisse m’assaille : j’imagine déjà ma pauvre pe-tite maman se justifiant auprès de ses copines du bridge. - Mais comment Anne-Sophie ? Ta fille n’est pas mariée ? Mais elle a 30 ans, tout de même ! Fiancée au moins ?????- Ecoutez les filles, Adèle est une originâââle. C’est l’artiste de la fââmillle ! Je vous vois froncer des sourcils. Je ne vous ai pas encore parlé de ma petite maman ? Et bien disons que c’est une femme CPCH, Collier de Perles Carré Hermès, (à ne pas confondre avec TTCS, Tasse de Thé Cul Serré). C’est une bourgeoise chic et dé-complexée. Rock’n Roll à souhait, mais ça, elle ne le sait pas encore (je vous laisserai découvrir). En attendant, pas un jour ne passe sans qu’elle ne m’annonce un mariage ou une grossesse parmi les enfants de ses amis.- Adèle, es-tu au courant que la petite Constance de La grosse Chaudière est enceinte ?- Maman, elle a 24 ans ! Et d’ailleurs elle s’appelle Constance de la glausse Chautière.- Et alors ? Elle vient de se marier !- Au secours. Véronique me tire soudain de mes rêveries. - Adèle ! C’est incroyable ! Je viens de voir qu’en dé-but 2012, un homme du passé ressurgit dans votre vie pour vivre une grande histoire d’amour. Et cette fois, c’est pour de bon !- Vous êtes sûre ? C’est gonzalo ?- Peut-être…- Véronique, vous êtes géniale ! ADèLE M.

* Artistes cités dans l’ordre : Barbara, Mano Negra.

QuiestAdèleM?ex-parisienne aux allures de Kiraz, nouvellement barcelonaise, femme de son temps, adèle m cherche juste à être elle-même. libre. adèle s’atèle à cohabi-ter avec ses défauts, ses déboires, ses victoires, ses étourderies, ses drôleries, ses petites faiblesses en tournant le tout en dérision. elle est maladroite, elle est gaffeuse. elle est passionnée. elle est rêveuse, elle est inspirée. elle est touchante. elle dit qu’elle testera tout et qu’elle nous surprendra.

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del’hiverdes couleurs douces et pastel à porter cet hiver,

jusqu’aux accessoires confectionnés avec des animaux empaillés, rézo vous dévoile l’air du temps et de la mode.

Les couleurs

Comme chaque saison, le prestigieux Pantone Color Institute, dicte les cou-leurs tendances. Celles-ci ne sont pas choisies au hasard, elles sont contras-

tées par des études sociologiques sur les mœurs mondiales comme par exemple, les états d’âme de la société ou le bien être économique du monde. Selon l’institut Pantone, cet hiver, ce sont les cou-leurs pastel, douces et peu brillantes qui sont les protagonistes, en raison de la situation écono-mique actuelle, fragile. C’est pour cette raison que les couleurs Bling Bling ne sont pas au rendez-vous parce que les consommateurs croiraient à une réa-lité tout à fait erronée. Aux couleurs Pantone, on peut ajouter les propo-

sitions des patrons de la mode comme le doré, le camel ou le vert militaire ou encore le classique et éternel noir. Ce mélange de couleurs, tissus et nou-velles propositions dévoilent un hiver riche en op-tions pour les plus difficiles à satisfaire d’entre vous.La couleur pour cheveux tendance cet hiver est la couleur grise. Des stars et bloggeuses comme Lady gaga, Tavi ou encore Kate Moss ont déjà adopté cette couleur. Et si on suit les couleurs make-up tendance de cet hiver comme par exemple le rose (dans toutes ses versions) pour les lèvres et le vi-sage et des ongles longs et ovales en gris, violet, turquoise ou vert safari, on réussit le look le plus rock’n roll et glamour du moment. MARC MARKUS

(TRADUCTIoN ALBERT SoRo)

le nouveau cHic…La taxidermie, l’art de donner l’apparence du vivant à des animaux morts a commencé à être à la mode il y a quelques mois. Et elle est partout : en objet de décoration, dans les décors de théâtre, les films, les vidéoclips ou encore les vitrines. C’est le retour

au baroque, à la nature, à la mort. Il y a un point de provocation et de transgression. Tout cela, comme un pied de nez au discours écolo ambiant. Derrière ces propositions, une marque reconnue : la maison Deyrolle. Le plus amusant c’est qu’elle n’aime pas les chasseurs et se voit obligée d’acheter les ani-

maux morts dans les zoos !

Des nŒuDs PaPillon avec Des têtes De HamsterQuant au monde artistique, un collectif débarque dans le monde de la mode pour proposer par exemple des nœuds papillon avec des têtes de hamster. La proposition a un point morbide mais les animaux sui-vent un scénario, ils n’expriment pas de souffrance, ils sont naturels et sont présen-tés au public de la meilleure façon possible. Cette évolution est logique : dans les époques de crise il y a toujours des pro-positions de tendances qui deviennent ba-roques. Elles sont éphémères, plastiques et s’approprient la vie et la mort. Le pre-mier impact de cette tendance a été lors du film de Sex And The City, lorsque Carrie Bradshaw était coiffée d’un grand chapeau avec un oiseau. PRoPoS RECUEILLIS PAR

ALBERT SoRo

les animaux empaillés, la nouvelle tendance parisienne selon Daniel cordoba mendiola, coolhunter et marta marín anglada, spécialiste en esthétique

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tenDances n sHoPPinG

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cet hiver les filles ont le choix ! parmi tous les looks ou propositions on peut trouver par exemple le doré ou le cuir rouge chez pierre Balmain. l’animal print du coté de alexander McQueen. les jupes amples de chloé. le cuir classique de Met ou Blumarine et si l’hiver devient encore plus froid on peut retrouver des fourrures dans la maison chanel ou du mouton façon aviator chez Burberry prorsum. pour les accessoires les colliers oversize de Marni sont les must have de cet hiver ainsi que les bottines Peep Toe d’alexander McQueen et les ceintures effet corset de alaïa. les sacs à main cet hiver c’est la taille moyenne qui est à la mode. chic et pratiques, façon lady bag. PAR MARC MARKUS

Animalprintla tendance pour elle

Pullen laine grise à manches courtes, un classique qu’il faut avoir, Mexx

Sac à main carréanimal print imitation léopard, Zara

Sac à mainbleu zippé façon lady bag, MexxManteau

ample blanc imitation fourrure, encore un autre Must have, Zara

Robe grisedécontractée grise parfaite pour cet hiver. l’élégance dans la simplicité, Mexx.

Escarpinen tulle, un must have cet hiver, Zara

Jupetoile en animalprint,

imitation léopard. un indispensable pour un look du soir tendance

pour cet hiver, Zara

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la tendance pour lui

Oversizingl’hiverl’époque de crise économique toucherait-elle à sa fin ? les maisons de mode lancent

des propositions sobres et élégantes avec des couleurs simples et qui ont toujours été là. l’hiver se veut discret, avec du noir, blanc et gris et le classique se réinvente avec

une touche d’oversize, laissant en arrière les jeans slim ou les chemises de couleurs. Finis, les costumes pour homme qui s’ajustaient au millimètre près façon viktor & rolf,

maintenant les maisons de couture comme dior homme, Krys van asche, Kenzo ou comme des Garçons, voient l’homme cet hiver avec des vêtements amples,

confortables et totalement rock’n roll. revue de détail de la sélection de rézo… PAR ALBERT SoRo

Veste noire très rockpour un look jeune et alternatif, le must have de l’hiver, Zara

Chemisebleue entaillée en coton, parfaite pour une soirée décontractée chic, Mexx

Pantalonen coton, couleur camel, un classique, Mexx

Look Mexxpantalon gris, chaussures et

chemises bleues, pull couleur lavande,

une des couleurs pour homme de cet

hiver, Mexx

Chemisecamel en coton, parfaite pour un tour en ville cet hiver, Zara

Sneakers montantesune parfaite combinaison de noir et blanc, les couleurs tendance de cet hiver, Zara

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tenDances n Humeur : in moJito veritas ou la Petite Pensée Distillée

le mardi soirde Monsieur Lou

Mardi 18h, premier jour de la semaine des amis de comptoir. Voilà déjà trois jours que l’homo-sapiens sapiens re-prend un rythme de vie normal. Il est

grand temps qu’il se réunisse avec ses semblables pour cet incontournable moment appelé “L’ apéro”…  Hormis sa définition qui serait à peu près celle “d’en-trer en appétit”, il est souvent symbole aussi de co-chonailles, cochonneries diverses et avariées.Car oui, l’apéro est une tradition de transmission bu-vable qui s’hérite depuis des générations de père en fils ou filles… Je pourrais en faire des phrasés et autres couplettes sur ce moment ô combien vi-ril, tonifiant, chaleureux et néanmoins parfois aussi source de douce engueulade, et amère réprimande de la part de celles qui ont du mal à croire que votre dentiste utilise une anésthesie à la Chartreuse.Mardi donc, 18h15. J’ouvre les portes, la mise en place faite, je suis en train de prendre une jolie dé-culotté au 421 par un portugais et néanmoins ami.- Quieres tu revancha ?- Claro mon biquet ! Tu que crees ?  Nénette !- Hola, buenas tardes Mr. Lou ! - Hola mademoiselle ! Que tal desde la semana pa-sada ? Je vous sers la même chose que d’habitude ?- oui, merci beaucoup mais…- oui le Coca sans glaçon, non ?- oui, merci ! Sourire.

Cela fait cinq ans que ce couple inaugure les mardis. Même table cachée sous les escaliers, mêmes murmures, mêmes sou-rires… Ça fait du bien de les voir, ils me ras-surent. Pendant longtemps je me suis de-mandé s’ils étaient deux amants du mardi, deux amis très très proches, ou peut-être simplement un couple qui se réserve deux heures pour eux sur un canapé. J’ai ma ver-sion, celle qui me fait sourire, mais je me la garde ! Savoir vivre et discrétion assurés à tous les étages.ouah nan de diou ! 6 en l’air à fond… pas bon ça !- oh Loulou ! Comment tu vaaaaaaaaas ?- Salut les mectons !- Dis donc va falloir que tu penses à ouvrir le lundi bientôt, parce qu’on fait quoi, nous, sinon ?! on reste sur les graviers, à sec, le museau tout gercé ! Hahaha !Huit années le même refrain, mais ça aussi ça fait grand bien !Mes trois piliers privilégiés franchissent bon

pied bon œil le pas de ma porte. Ils se sont connus ici un soir tard, accoudés au bar, bavards fêtards. - Qu’est qu’on prendra mes biquets ?- on va commencer par trois binouzes pour la soif !Je replie la piste de dé, je m’en sors bien, heheLe bistrot se remplit, j’adore, le ton monte, ça va être une belle soirée, croyez-moi !Un groupe de jeunes femmes vient de prendre place à la table 5, place ô combien stratégique pour se moquer des hommes (oui cela arrive… paraît-il) mais aussi pour y exhiber deshinibées leurs nouvelles bottes Bimba & Lola, chaussées par de longues jambes souriantes, mais également pour ne pas perdre un détail du barman-bogosse en train d’agiter les  quatre Cosmopolitans dans ce shaker-consola-teur… le tout dans un silence provisoire et salivaire.Les tournées se suivent mêlant bruits de verres, de glaçons et de “patron !” Je monte de quelques déci-bels l’intégral “Costes”…21h. Les momies de pastis ont remplacé les “quintos de cerveza”, beaucoup plus efficace en effet !Le couple vient de partir aussi discrètement qu’il est arrivé en laissant un billet de 5 euros devant la caisse avec un sourire qui vaut mieux que deux tu l’auras. Merci à vous mes amis et à la semaine prochaine.- Bon les moutards qu’est ce qui se raconte de croustillant ?- Ah, mort de rire ! T’es pas au courant ?- Ben ça dépend ? Au courant de quoi ?- Mais si tu es au courant ! (Voilà ce que l’on appelle une conversation de bistrot, ça ne s’apprend pas, ça se prend comme ça vient !)- Moooooui mais encore…- Bon ok, tu te rappelles de Moustache ?- Evidemment !- Bon et bien grincheux a raconté à Rigolard qu’il se serait fait arrêté par les mossos beurré comme un petit Lu…- Ah ouais ?- Yes mais attend, attend, en plus il était en train de se faire faire une gâterie a tutti plenti par une bom-basse !- Naaaaan ! Et on la connaît ?- Mais ouais !!! C’etait TA SŒEEEEEEEEEEEUR !!!Pourquoi je demande moi ? Hein tu peux me le dire ?Ils ne sont pas mignons ces trois gredins là, tota-lement dilatés de rire à se taper dans le dos à s’en décrocher la légion d’honneur à la blague la plus foi-reuse de la soirée. Pour ce qui est du reste de la soirée, mes souvenirs sont plutôt vagues…

vous l’adorerez ou le détesterez. en tout cas, il ne vous laissera pas indifférent. Monsieur lou, patron d’un bar jet set de Barcelone,

nous embarque cette fois derrière son comptoir, un mardi soir, à l’heure du sacro-saint apéro. a consommer sans modération.

QuiestMonsieurLou?Quadragénaire, il paraît tout droit sorti de la série californication : il déride, titille, bouscule les codes établis. avec son regard d’oiseau de nuit, monsieur lou distille sa pensée au fil des numéros, à travers des tranches de vie. son ego-trip se libère de toute cos-métique sociétale pour ne garder que la pensée brute sur le temps qui passe, trépasse et nous surpasse. il boit la vie en jaune au rythme frénétique des allées et venues, des rires et de ses angoisses mais surtout de ses clients, des passants, des voi-sins, des on-dits, vacillant entre le léger, le doux-amer et l’anisé.

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a la carte • barcelone

LA FIBULA • Poble Sec

Situé dans la charmante rue piétonne de Poble sec, Carrer Blai, ce restaurant-salon de thé est une véritable merveille tant par son décor que par la qualité de ses produits. C’est la porte ouverte sur le Maroc, dès votre entrée vous êtes surpris par la reproduction fidèle du style architectural, des lampes et autres objets de décoration. Les plats maison font honneur à la réputation de la cuisine marocaine et le tout est couronné avec succès par une large sélection de thés et de pâtisseries arabes. Une invitation au voyage dans un lieu authentique, fier de pouvoir partager les richesses de sa culture.Les meilleurs couscous et tajines de Barcelone !

Calle Blai, 46 • Tél. 93 442 48 35 • Mº Poble SecOuvert tous les jours de 9h à 00h www.pasteleria-arabe.com

LES 7 PORTES • Barceloneta

Situé sous les portiques “d’en Xifré”, édifice classé monument historique, le restaurant Les 7 Portes reste depuis 1836, fidèle à la plus pure tradition culinaire catalane. Cette enseigne emblématique de Barcelone a vu passer les plus grandes personnalités de ce monde, de Dali à gaudi en passant par Miro et Picasso, ce restaurant fait partie intégrante de la grande histoire de la capitale catalane. Sachez que plus de 80 % de la clientèle opte pour la paëlla qui est déclinée en quatre versions. Vous pourrez y déguster, dans l’intimité ou dans l’un de ses salons privés, les meilleurs crus et cavas d’Espagne, qui reposent à l’abri de la grande cave située sous le restaurant.

Pg. Isabel II, 14 • Tél. 93 319 30 33 • Mº BarcelonetaOuvert tous les jours de 13h à 1h. www.7portes.com - [email protected]

Restaurants : la magie d’une soirée

A la Carte propose à tout gourmet de rézo quelques excellentes adresses pour découvrir ou redécouvrir la gastronomie ibérique mais aussi pour mettre à l’épreuve les papilles de ceux qui souhaiteraient se laisser séduire par de nouvelles saveurs venues du monde entier.

LA DOLÇA HERMINIA • Gótico

La Dolça Herminia est située où dans le temps se trouvaient les magasins de textiles de la maison Nobeal et en plein centre ville de Barcelone. Ce restaurant offre à ses clients une carte permettant de déguster une large variété de plats inspirées d’une cuisine méditérranéenne. Des carpaccios, des rizs, des viandes et des poissons, diverses salades, sans oublier des desserts faits maison. La décoration du lieu et la qualité de service font de La Dolça Herminia un endroit irréprochable et séduisant par la chaleur de son établissement. Vous serez également agréablement surpris par le rapport qualité-prix !

C/ Magdalenes, 27 • Tél. 93 317 06 76 • Mº UrquinaonaRéservation pour les soirées et fin de semaine. Cuisine ouverte de 13h à 15h45 et de 20h30 à 23h30. www.ladolcaherminia.com

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Plaisir n secrets De cHef

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Les ravioles de langoustine au crabe Xanguro, sauce bisque

Jérôme Perraudin•L’Office

L’office, c’est un incontournable à Barce-lone pour ceux qui éprouveraient une nos-talgie de la France, de ses brasseries, et autres plats traditionnels mijotés. Car là-

bas, le tartare est inimitable, l’onglet, à se pâmer. Bien placé dans l’Eixample, ce restaurant est deve-nu la cantine de (luxe) des consulats. “Certains des clients travaillent au Consulat Français, d’autres dans les Consulats mexicain, japonais, péruvien, anglais”, s’amuse le chef et d’ajouter : “Ils viennent surtout pour le bœuf car en Espagne, on n’a pas forcément la culture du bœuf”.Le petit goût de bœuf justement… Voilà la touche

finale qui donne à la recette de ravioles de langoustine au crabe Xanguro, sauce bisque, ce goût si particulier. Car un des secrets de Jérôme c’est d’y ajouter un jus de bœuf réduit juste avant de servir. “J’aime mélanger la terre et la mer”, explique-t-il. Il faut dire qu’il peut se permettre de réinven-ter les plats traditionnels, car ceux-ci n’ont pas de secrets pour lui. originaire du pays

basque, sa culture de Brasserie s’est façonnée Chez Flo à Paris, puis chez le Père Claude, avenue de La Motte Piquet grenelle. Mais il a “explosé” professionnellement en de-venant traiteur à Biarritz. “J’avais Karl Lagerfeld comme client”, s’enorgueillit ce chef qui peut se permettre de s’attribuer quelques lauriers (sans mauvais jeu de mots !). Car en plus d’être sympa-thique, ses plats valent vraiment le détour. Rézo vous le confirme, L’office est une valeur sûre !

VALÉRIE zoYDo

ProGression Du travailPour la farce : faire revenir dans l’huile d’olive les oignons et les poireaux. Ajouter le crabe, juste le faire fondre. Ajouter la tomate en dés, et en dernier mettre le pastis, le cognac, le persil hâché et le pi-ment d’Espelette.La bisque : prendre une grande casserole, ad-joindre l’huile d’olive, la faire fumer.Jeter les coffres de homard, l’oignon cise lé, la carot te en gros dés.

Jérôme perraudin est surtout connu pour son légendaire tartare. Mais comme celui-ci s’avère inimitable, rézo a choisi de vous faire découvrir le secret de ses ravioles de langoustine au crabe Xanguro, sauce bisque… rencontre avec le chef du restaurant l’office, une institution de la French

Touch gastronomique à Barcelone.

Pour4personnes16 queues de langoustineacheter de la pâte à raviole dans un supermarché chinois (type won tong… made in france !)•FarcedeXanguro:250g de chair de crabe75g d’oignons ciselés50g de blancs de poireaux75g de dés de tomate10cl d’huile d’olive2cl de pastis25g de persil hâchéPiment d’espelette•Labisque (sauce armoricaine)2 coffres de homard (peuvent être remplacés par des coffres de langoustine)50g d’oignons1 carotte1 bouquet garni1 tête d’ail50g de tomates concentrées5cl de vin blanc1/2 litre de jus de moules (ou de l’eau minérale)100cl de cognac

Calle Villarroel 227, Barcelona.

Tél. 934 44 22 88.

L’Office

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ValmadorVinproposé:Valmadorvaldamor est situé aux environs de salnés, au sein de la célèbre région de rias baixas (Galice). son cépage phare est l’emblématique albariño, de plus en plus reconnu comme un des grands cépages blancs du monde. ce sont les moines bénédictins qui rapportèrent les ceps d’albariño d’europe centrale au cours de leur pèlerinage à st Jacques de compostelle, les laissant ainsi au soin des monastères. aujourd’hui, le plus grand vin de la Galice cristallise ces destins singuliers, avec finesse et complexité.

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Faire revenir deux minutes, le tout, flambé au Cognac. Adjoindre le vin blanc, l’eau (ou le jus de moule). Porter à ébullition.Ajouter le bouquet garni, la tête d’ail coupée en deux et le concentré de tomates.Laisser mijoter à petite ébullition 20mn.Passer à la passoire fine tout ce mélange.La laisser réduire de moitié jusqu’à obtenir une consistance un peu épaisse.Rectifier l’assaisonnement avec le sel et le poivre.Confection de la raviole : sur la table de cuisine, installer les 16 pâtes à raviole, prendre un pinceau propre et les nettoyer pour enlever la farine.

Mettre 20g de farce de Xanguro et poser dessus la queue de langoustine préalablement décortiquée.A l’aide d’un pinceau et d’un peu de blanc d’œuf, badigeonner les rebords de la pâte et confection-ner les 16 ravioles. Les cuire 3mn dans une cas-serole à petite ébullition, les retirer délicatement à l’aide d’un écumoire.Mettre 4 ravioles dans une assiette creuse, verser la sauce armoricaine et servir très chaud.Secret du chef : ce plat peut-être agrémenté de champignons, il est possible de mettre un peu de jus de bœuf très réduit qui va donner un mélange “terre et mer”. Bien relever.

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Nos offresgastronomiques

rézo et eltenedor.es vous proposent une sélection d’offres gastronomiques à Madrid et Barcelone

Internationale - Méditerranéenne

situé en plein centre de madrid, le restaurant Le Café vous propose une expérience gastronomique unique. Dans un décor moderne et cosmopolite, vous profiterez d’une cuisine maximaliste où Le Café sublime par ses mariages culinaires de qualité, talent qui lui a valu le prestigieux prix martin berasategui. ses spécialités : tartare de cerf aux oignons confits, noix de cajou à la mayonnaise de wasabi et thon rouge au poivre noir avec guacamole, coriandre et sauce soja.

THE CLOVER HOUSE • Moncloa

Spectacle - Méditerranéenne

retrouvez l’ambiance typique d’une taverne irlandaise, sa chaleur d’accueil et son décor intérieur entièrement fait de bois. la carte de The Clover house combine finement plats traditionnels et nouveautés surprenantes comme un carpaccio de viande fourrée de fromage idiazábal avec de la mangue et de la roquette. a découvrir !

AMAyRA • Centre Madrid

Moderne - Méditerranéenne

ce charmant restaurant a élu domicile dans la rue alcalá où il vous propose des produits méditerranéens de haute qualité. son ambiance distinguée, sa décoration élégante et sa cuisine saine et naturelle en font un lieu privilégié. la qualité du service confirme que le restaurant Amayra est une référence pour la ville de madrid.

LE CAFé • Salamanca22€

-30%

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elteneDor.es n barcelone

Janvier/Février 2011 • Rézo • 57

GUANA • Sarrià-Sant Gervasi

Moderne - Méditerranéenne

une décoration urbaine, moderne, influencée par le style new-yorkais. la Guana et son chef santi santfeliu optent pour une cuisine qui valorise la fraîcheur et la qualité des produits. Parmi les spécialités on note les carpaccios, les risottos, les dés de thon rouge sur un lit de confiture de tomate avec une allioli à la noisette et une sauce teriyaki, un foie au sel préparé maison… une large sélection de desserts est également disponible à la carte !

MADRID – BARCELONA • Eixample

Traditionnelle - Catalane

le nom du lieu est dû au train qui passait autrefois devant les vitrines de ce restaurant ! Madrid-Barcelona vous propose une cuisine catalane du marché où l’on retiendra tout particulièrement sa “esqueixada”, de la morue salée. la relation rapport-qualité-prix est excellente ! les palais les plus exigeants seront eux aussi comblés.

BRASSERIE DU GOTHIQUE • Gotic

Moderne - Française

un endroit privilégié, située à quelques mètres de la cathédrale, la Brasserie du Gothique fait honneur à la cuisine française. ses spécialités sont la fondue, le steak tartare, le cassoulet… de nombreux plats sont cuisinés à la braise de charbon de bois façon traditionnelle. vous profiterez de son décor élégant et de son jardin japonais.

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escaPaDes n tourisme

58 • Rézo • Janvier/Février 2011

L’Espagne regorge de petits coins inconnus et de plaisants secrets encore à découvrir. L’un d’eux se trouve à seule-ment 2 heures et demie de voiture de Barcelone et à un peu plus de quatre heures de Madrid. C’est au nord de la

province de Teruel que l’on trouve cette masia du XVe siècle recon-vertie en hôtel de luxe. Un bâtiment qui rappelle le faste qui régnait il n’y a pas si longtemps, parmi l’aristocratie de ce que l’on a appelé la “España profunda” (L’Espagne profonde). De cette magnificence, La Torre del Visco en a fait un lieu accueillant et familial qui permet de profiter aussi bien des influences méditerranéennes que des pay-sages majestueux du centre de l’Espagne. Placé au cœur d’une pro-priété de cent hectares dans la vallée de la rivière Tastavins, l’hôtel permet d’apercevoir les montagnes qui surplombent le domaine ou d’aller faire un tour sur les bords de la rivière qui coule à ses pieds.

Découverte GastronomiQueUn havre de sérénité dans lequel on vient pour oublier les contraintes et les exigences de la vie quotidienne. Comme le disent les pro-priétaires, “Ici, l’idéal c’est de ne rien faire mais si vous préférez…”. Car en plus de ce cadre reposant, l’hôtel offre d’autres attraits qu’il ne faudrait pas négliger. A commencer par une excellente gastro-nomie qui peut transformer le voyage en une véritable découverte gastronomique grâce aux produits du terroir comme l’huile d’olive, le pisto ou le cordero. Si à cela on ajoute les cours de cuisine, de Miguel oscar Verdú et Fanny oliva, l’agréable terrasse avec vues sur les montagnes, les légumes et les herbes écologiques cueillis directement du potager, on comprend que le plaisir des papilles soit au rendez-vous.Pour les plus casaniers, La Torre del Visco offre un salon rustique et

pas besoin de partir dans les Bermudes pour pouvoir profiter d’un week-end de détente. rézo vous suggère son nouveau coup de cœur en espagne, la torre del visco, un hôtel charmant près de valderobres, à quelques kilomètres du delta del ebro.

Au cœur de l’espagne

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Janvier/Février 2011 • Rézo • 59

convivial, où il fait bon profiter du piano ou de la chemi-née, une cave intéressante pour découvrir les vins de la région et une bibliothèque pour lire et se détendre. Au contraire, les plus aventureux pourront aussi dé-couvrir la nature environnante. Que ce soit avec les randonnées près de la rivière, pour découvrir les pis-cines artificielles, ou avec des activités plus physiques, comme le VTT, le cheval ou la marche à pieds dans la montagne.

loin Du stress De barcelone et De maDriD…La Torre del Visco apparait comme un bon compromis pour oublier le stress de Barcelone ou de Madrid, puisqu’il propose le grand air, la douceur champêtre, la tranquillité romantique et le bien-être d’un endroit isolé. Tout cela sans rien sacrifier de l’élégance et des dispositions que l’on peut attendre d’un hôtel qui fait partie des Relais & Châteaux. Mention spéciale pour le service, attentif ! Sans oublier aussi le bâtiment, majestueux, ses chambres qui bé-néficient d’une belle luminosité. Indéniablement confortables, elles ont le mérite d’allier la commodité des prestations modernes sans perdre le style ancien et l’ambiance d’époque qui font tout le charme de l’endroit. Une bonne idée d’escapade qui devrait permettre à tout un chacun de découvrir quelques-uns des délices que nous offre l’Espagne. AURÉLIEN LE gENISSEL

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eLaTorredelViscoHotel restauranterelais & châteaux tél. 978 76 90 15 / 978 76 90 [email protected] www.torredelvisco.com

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escaPaDes n Petites astuces Pour rouler intelliGent

60 • Rézo • Janvier/Février 2011

les pneusFaites votre pression des pneus aussi souvent que possible, c’est-à-dire au moins une fois par mois. Car des pneumatiques sous gon-flés feront augmenter votre consommation de carburant et ce d’une façon considérable. Petit aparté concernant les pneumatiques, n’achetez pas des pneus d’une marque de grande surface ou d’une marque inconnue ! En Espagne l’expression “lo barato cuesta caro”, autrement dit, “le bon marché revient cher” se vérifie assez facile-ment. Souvent ces pneumatiques bon marché ont une très faible durée de vie.

l’air conditionnéSon utilisation engendre un surcoût de consom-mation de 1 litre/100 km. Le compresseur de cli-matisation puise de l’énergie sur votre moteur. Par exemple, votre véhicule dispose de 100ch/din, il en perdra 10 (ch) une fois la climatisation en-clenchée, d’où le surcoût de consommation pour compenser la perte de puissance. L’air condi-tionné n’a rien d’écologique, et pour la santé rien de bon non plus. Savoir régler la température est primordial. Et baisser, voire arrêter la climatisation avant d’arriver à destination l’est tout autant.

couper (arrêter) son moteur quand vous êtes à l’arrêtCela peu paraître absurde, mais dans des em-

bouteillages, ou au feu rouge, nous laissons nos moteurs tourner. L’idée toute simple est de couper son moteur quand il n’a aucune raison de fonctionner. Un arrêt d’une minute suffit ! Petite recomman-dation cependant : ne le faites que quand celui-ci est chaud, car re-démarrer un moteur froid dépense plus d’énergie. Certains véhicules disposent du système “stop and start” ou “stop and go” qui s’active dès que le véhicule s’immobilise.

le covoiturageL’une des très bonnes idées de ces dernières années. Partagez la route ! Frais d’essence et de péage : l’économie est surprenante ! De

plus, vous ferez des rencontres souvent enrichis-santes, et votre voyage vous paraîtra beaucoup moins long.

les accessoiresRemorques, galeries de toit : Les enlever en cas de non-nécessité. Une galerie de toit par exemple offre plus de résistance à l’air, et donc augmente votre consommation de manière excessive (40 % environ).

Pourquoi pas changer votre itinéraire ou le rendre plus économique ?Avec un gPS, ou grâce aux infos routières, gé-rez vous-même votre itinéraire !  Evitez ainsi des zones de forte concentration, privilégiez les routes annexes qui ne vous prendront pas beaucoup de votre temps. Et profitez de la vie !

BERTRAND goURMELIN

economiser du carburant et respecter l’environnement, en adoptant une nouvelle façon de conduire, est à la portée de tous… Bertrand Gourmelin, spécialiste en

automobile, vous donne quelques conseils.

BertrandGourmelinfrançais vivant à barcelone, conseiller commercial automobile indépendant, il a 20 ans d’expérience chez ford. Pro en indications et autres conseils de conduite. il est le roi des bonnes adresses pour acheter un véhicule neuf ou d’occasion sur barcelone et le vaucluse (france-Provence).http://lautentic.e-monsite.com [email protected]él. +34 633 29 37 06

Moins de carburant …plus d’environnement

Faites le plein… d’idées pour réduire votre consommation de carburant, pour le bien de votre porte-monnaie, et pour l’environnement !

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n BARCELONE n

n ophtalmologuedr. Juan a. garcia de oteyzaOphtalmopédiatrie, chirurgie de la cataracte et réfractive. Lentilles de contactc/ Dr. carulla 31-33, bajos08017 barcelonatél/fax. 934 18 67 [email protected]

n psydr. michèle rodriguezPsychanaliste, psychothérapeute,éducatrice spécialisée enfants, ados, adultesPlaça llibertat, 4, pral 08012 barcelonetél. 934 15 30 [email protected]

n dentistesdr. christian eickhoffclinique dentaire : deutsche-zkChirurgien dentiste spécialiste en odontologie, implantologie, orthodontiec/ consell de cent, 249 bajos 08011 barceloneHoraire : lundi-vendredi 10-14h et 16-21htél. 933 23 96 [email protected] associées : aXa, allianz

dr. Jorge hernan BrionOdontologie générale, orthodontie, implants, esthétique dentaire, chirurgie dentaire, réhabilitation intégralec/ capitan arenas, 28 1º- 4ª, esc.a08034 barcelonetél. 932 80 33 [email protected]

n médecine vasculairedr. maya gracia graellscentre des maladies vasculairesMédecine vasculaire, angiologue, phlébologueronda sant Pere 25, pral 1° 08010 barcelonetél. 933 43 61 29 672 30 96 [email protected]

n MADRID n

n psydr. martine Burdet-dombaldPsychologue, psychanaliste c/ asura 91, 5ª e 28043 madridtél. 913 88 73 10 [email protected]

n dentistesdr. mya choufani, DDSdr. victor Begara medinaEquipe spécialisée en Implantogie, orthodontie, pédiatrie dentaire et dentisterie esthétique clinica cloeavda. de los Prunos, 5-7 28042 madrid tél. 913 71 79 [email protected]

dr. sophie-Karine grasImplantologie, chirurgies parodontalesc/ almirante, 11 28004 madridtél. 915 22 91 [email protected]

n BARCELONE n

me maria e. pontigo drabsc/ Diputación, 302 3º 1ª08009 barcelonetél. 933 42 99 [email protected]

n MADRID n

me miguel morillonPº castellana 102, 2 Dha. 28046 madrid tél. 911 85 17 37 - 670 222 258fax. 914 11 64 85 mmorillon@morillon.eswww.morillon.eswww.morillon-avocats.comwww.miguelmorillon.com

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envoyez-nous vos coordonnées, sans oublier votre justificatif de paiement à :

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62 • Rézo • Janvier/Février 2011

CarinaBentolilaPsychologue

Psychothérapeuteadultes, enfants,

adolescents, thérapie individuelle, de couple

et de famille.tel : 639 926 795

c/ clara del rey, 79, 4ºD madrid.

metro alfonso Xiii

le contexte socio-économique a modifié le couple. celui-ci ne parvient plus à s’afficher dans le temps. carina Bentolila, psychotérapeute à Madrid, analyse pour rézo

les causes de ces changements. le couple est-il condamné pour autant ? pas si sûr.

Nombreux sont les auteurs qui pensent que le couple actuel est en crise et qu’il va disparaître. Ils se basent sur les taux de divorce élevés, la diminution des ma-

riages, l’existence de couples homosexuels, de familles homoparentales ou multiparentales (voir l’enquête sur la famille en Espagne pages 18-22) qui imposent de nouveaux systèmes de relation. A cela, il faut ajouter les conflits classiques du couple tels que les jalousies, les infidélités, et de nouvelles situations comme la peur de l’intimité émotionnelle. zygmunt Bauman, dernier lauréat du prix Principe de Asturias, caractérise la modernité comme un “temps liquide”, nous passons d’une modernité so-lide et stable à une modernité liquide et flexible, où les structures sociales ne durent pas le temps né-cessaire pour se solidifier afin de servir de référence aux êtres humains. Le leitmotiv n’est pas d’accu-muler des biens mais de les utiliser et s’en défaire pour faire place à de nouveaux biens.

En général les êtres humains ont de grandes at-tentes dans les relations de couple. Nous voulons tomber amoureux, sentir la passion. Mais l’idéal du “jusqu’à ce que la mort nous sépare” et le mythe de “mon autre moitié” ont changé et sont remplacés par une relation consensuelle pendant un temps in-déterminé entre deux personnes qui cherchent des relations sexuelles dans un cadre affectif d’intimité et de camaraderie.

la peur d’établir des relations stablesBauman explore les conséquences de la globali-sation, de ce qu’il appelle “l’amour liquide”, la peur d’établir des relations stables et la fragilité des liens qui semblent ne dépendre que des bénéfices qu’ils génèrent. Il postule que l’amour a dégénéré à tel point que la mentalité commerciale imprègne tout et les relations se mesurent en termes de coûts et de bénéfices. Trouver la personne idéale est planifié comme le serait un bon investissement.

Vers la findu couple ?

couPle et seXualité

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Janvier/Février 2011 • Rézo • 63

Les individus sont à la recherche de compagnons de voyage qui leur ressemblent (classe sociale, em-ploi, éducation, amitiés…). or l’idée qu’il n’existe qu’un seul schéma de couple idéal est fausse, sur-tout parce que le couple est changeant. Comme dit le psychanalyste Miguel Spiwakof, auteur de Clinica psicoanalitica con parejas, chacun évolue différemment, personne n’est éternellement idéal, il s’agit plutôt d’accepter ces changements et de les vivre positivement, comme un enrichissement. Les crises existent, bien sûr, mais elles peuvent être surmontées si le désir vient des deux côtés.

se connaître prend du tempsLa société actuelle appuie la stabilité du couple mais elle stimule aussi le changement de partenaire. Les gens veulent être heureux ici et maintenant : les couples ne se marquent pas un temps d’attente, les situations tendent à être résolues le plus rapide-ment possible sans essayer d’améliorer la situation. Souvent, les individus se séparent sans que ce soit le moment adéquat pour rompre. Ces personnes cherchent à résoudre de façon compulsive leurs conflits non résolus dans leur enfance et exigent à leur couple de remplir leur vide intérieur. Quand la passion finit, le couple rompt puisque la tendresse et la compagnie ne suffisent pas, l’engouement est confondu avec l’amour. Et se connaître prend du temps.

l’indépendance des femmes : la fin du partage des rôlesLes limites rigides entre les rôles des hommes et des femmes ont disparu, les femmes sont de plus en plus indépendantes et sont capables de prendre leurs propres décisions. Elles ne recherchent plus dans le couple une stabilité économique et sociale. Selon Ramon Corominas, auteur de La pareja en conflicto, en Espagne, la femme se sent puissante et utilise désormais son pouvoir. Maintenant c’est elle qui crie “si tu ne fais pas ceci je me sépare”. Elle ne se rend pas compte qu’elle peut aussi profiter du plaisir de vie en commun et ce n’est qu’en se sépa-rant qu’elle s’aperçoit ce que c’est de vivre seule. Aussi, je retrouve souvent dans mon cabinet des femmes qui ont étudié, travaillé durement pour at-teindre un statut et qui ont des difficultés à devoir abandonner tout ce pour quoi elles ont lutté pour suivre leur conjoint, dans le cas d’une expatriation par exemple. Ces femmes sentent que leur vie est vide et trouvent injuste de ne pas pouvoir exercer leur métier alors qu’elles ont fait des études aussi importantes que leur époux. C’est pourquoi, il est très important d’arriver à un consensus dès le dé-but, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, pour que les rôles soient partagés.

Quand l’amour rime avec narcissismeDe nos jours les individus ont besoin de se sentir aimés pour pouvoir se sentir formidables. Ils cher-chent le coté romantique de leur union, les émo-tions prennent de l’importance, la séduction, le cortège, l’érotisme sont intensément vécus. La su-révaluation des attributs physiques et économiques sur le choix d’un conjoint est aussi l’un des aspects qui ont un impact négatif. Il semble que notre es-time va dépendre du partenaire, et narcissiquement parlant nous avons besoin d’avoir à nos côtés “su-

perman ou superwoman” pour nous sentir épaulés. Pourquoi ne pouvons-nous pas être avec quelqu’un simplement parce qu’il nous fait rire, nous traite bien ou nous rend heureux ?

la liberté sinon rien…Actuellement la tendance va vers des relations sexuelles superficielles dépourvues d’affection, détachées de la reproduction, de l’amour, de la sécurité et de la permanence des liens. La jalou-sie et les infidélités provoquent des traces difficile-ment réparables dans des liaisons où s’installent le manque de confiance et l’insécurité. Les relations durables, disparaissent, former une famille et avoir des enfants sont des projets qui représentent de véritables obstacles pour la liberté que les sujets liquides réclament. Si les besoins de sécurité et d’affectivité n’ont pas cessé d’être présents pourquoi avoir peur de l’inti-mité émotionnelle, du compromis ?

manque de maturité et d’altruismeCrainte de se montrer tel qu’on est devant notre partenaire, peur de la vulnérabilité devant l’amour, d’être heureux, de se donner : pour éviter la frustra-tion, on aime mais avec prudence, par morceaux. Nous retrouvons le cas de personnes qui préfèrent arrêter une relation de peur que ce soit l’autre qui l’abandonne. Il serait bon de commencer à laisser de côté notre besoin d’être heureux à outrance, égoïstement, et chercher aussi à rendre heureux notre partenaire, être attentif à ses besoins, à ses silences, à ses changements. Apprécier les mo-ments de complicité, d’échanges.

accepter l’autre tel qu’il estMalgré un manque de maturité pour affronter les relations, en tant que psychologue je pense que la vie en couple ne va pas disparaître. Elle est sujette à des modifications, c’est un projet de vie en com-mun avec des nouveaux codes et des nouvelles valeurs. Vivre en couple demande une adapta-tion, un échange continu, faire l’effort d’accepter l’autre tel qu’il est. Les couples qui consultent un thérapeute sont de plus en plus nombreux. Ils demandent une aide pour connaître et résoudre les motifs de leur désenchantement ou de leurs discussions constantes. Les psychologues de couples offrent un espace pour penser ensemble, apprendre à se comprendre, à se parler en évitant les reproches, dans une attitude de respect mutuel.

CARINA BENToLILA

Certainschangementsdelasociétéactuelle- Participation active de la femme dans le monde du travail et dans l’économie familiale- moindre pression sociale sur la durabilité du couple- rapide succès économique- Plus grande participation de l’homme dans la vie familiale- acceptation des familles homoparentales- acceptation des couples homosexuels- utilisation de contraceptifs- contacts à travers internet- sexualité sans tabous

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l’HoroscoPe De véroniQue anDrée

le cHat PAR PHILIPPE gELUCK / WWW.gELUCK.CoM

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belier (21/03 - 20/04)enfin ! Jupiter entre dans votre signe, une énergie nouvelle vous poussera à prendre de grandes décisions, les affaires sont en expansion et de nouveaux départs s’annon-cent. Mars vous stimule et vos décisions seront rapides et justes. restez tout de même prudents et ne foncez pas tête baissée car saturne en Balance vous demande encore de mettre un frein à votre impatience. côté cœur, des rencontres et des retrouvailles se profilent à l’horizon, l’année s’annonce bien !

taureau (21/04 - 21/05)des nouvelles et encore de la paperasse en ce début d’an-née : il se pourrait fort que l’on arrive à vous faire sortir de votre calme légendaire ! ne laissez pas une petite dispute meurtrir une grande amitié. Ménagez-vous car les astres vous mettent à l’épreuve, cela ne durera pas car vénus vous enverra des ondes positives en février et votre charme fera de nouveau son effet.

GemeauX (22/05 - 21/06)le ciel est avec vous, de vieilles affaires se résoudront et des liens se resserreront, cronos (saturne) vous aidera à vous concentrer sur des pro-jets qui auront de grandes chances de longévité, pourquoi pas l’achat d’une maison ? vous aurez des allures de guerriers et les conquêtes se profilent à l’horizon, vous ne devriez pas être seuls pour la saint valentin, préparez-vous mesdames !

cancer (22/06 - 22/07)soyez patients, même si la pleine lune dans votre signe vous fera rêver plus que d’ordinaire, saturne rétrograde en Balance, vous demandera de rester ancrés dans la réalité. profitez-en pour vous débarrasser de l’innécessaire et de faire le ménage pour la nouvelle année. des nouvelles du passé referont surface, surtout, ne vous laissez pas déborder par les obligations familiales, votre sensibilité en souffrirait un peu plus que de coutume et vous obligerait à rentrer dans votre coquille…

lion (23/07 - 22/08)envie de créer en ce moment ? de voyager ? Jupiter devrait vous apporter de nouvelles oppor-tunités, ne les laissez pas s’échapper ! Mais prenez garde de ne pas vous surestimer car Mars en opposition à votre signe pourrait vous faire prendre des risques inconsidérés. ne vous fâchez pas même si l’on vous provoque, laissez place à votre bon cœur. les coups de foudre sont normalement rares en hiver, mais l’influence de Jupiter est à saisir, sortez le soir !

vierGe (23/08 - 22/09)après une année 2010 mouvementée mais surprenante, vous allez enfin pouvoir souffler un peu. de bonnes nouvelles venant d’hermès (Mercure) annoncent des transactions intéressantes et du renouveau professionnel. vos finances devraient s’améliorer car les trigones de vénus vous aideront à retrouver une vie agréable, vous l’avez bien mérité, des soirées “cheminée” et de la tendresse en perspective.

balance (23/09 - 22/10)des remises en question seront nécessaires pour aller de l’avant, surtout pour les Balance du second décan. attention, vous pourriez vous disputer avec vos supérieurs ! où est donc cette merveilleuse diplomatie qui vous caractérise ? rassurez-vous, le soleil et Mars vous donneront l’énergie de prendre

de bonnes décisions et vos amis de toujours seront là pour vous soutenir.

scorPion (23/10 - 22/11)rengainez vos épées car les disputes ne seront pas en votre faveur, utilisez plutôt

votre magnétisme et vos dons psychologiques pour résoudre le casse tête dans lequel vous vous trouvez en ce moment, celui-ci ne devrait pas durer et les mots de tête disparaîtront.

Bientôt aphrodite (vénus) mettra du baume sur vos plaies et qui sait, fin février, une nouvelle romance ? Je vous souhaite bonne chance !

saGittaire (23/11 - 21/12)c’est la fête ! voyages et plaisirs à la carte, de belles rencontres vous rem-pliront de bonne humeur. les célibataires ne le seront peut être plus et vous

serez au top de votre forme. votre goût pour les découvertes est rehaussé par Jupiter, si vous comptez entreprendre de nouvelles études le moment est bien choisi. Mais attention à votre budget car vous aurez tendance à dépenser sans

compter…

caPricorne (22/12 - 20/01)vous aurez la bougeotte en janvier, des déplacements et beau-coup de travail en perspective. ne vous submergez pas trop de

responsabilités ou votre dos s’en ressentira. vénus vous apportera de la détente en février, des rentrées d’argent sont à prévoir, alors soufflez

un peu et amusez-vous pour démarrer cordialement cette nouvelle année !

verseau (21/01 - 19/02)vos nerfs seront mis à rude épreuve car Mars est

dans votre signe, vous devrez prendre des décisions rapides concernant vos amis proches, il vous sera parfois difficile

de garder votre calme. Fort heureusement les relations sentimentales se consolideront et vous aurez la capacité

mentale de démarrer de nouveaux projets basés sur de solides fondations. tout se calmera après votre anniversaire. Mes meilleurs vœux !

Poisson (20/02 - 20/03)un peu de répit en ce début d’année, Mars le guerrier vous laisse enfin tran-

quille, vous pourrez vous laisser porter par les courants doux du calme après la tempête.

de la poésie et des cadeaux seront en votre honneur, sachez les recevoir. les astres vous laissent en paix, profitez-en pour

vous refaire une santé et vous occuper de vous mêmes sans culpabiliser.

Bonne année !

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