l'utilité du rapport d'audit

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http://www.procomptable.com UNIVERSITE DE SFAX POUR LE SUD École Supérieure de Commerce Mémoire présenté pour l’obtention de la Maîtrise en Études Comptables L’utilité du rapport d’audit Dirigé par : Mr. Nabil ALOULOU Élaboré par : Yosra MNIF Date de soutenance : Juin 2001

Author: ngokhanh

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    UUNNIIVVEERRSSIITTEE DDEE SSFFAAXX PPOOUURR LLEE SSUUDD

    cole Suprieure de Commerce

    Mmoire prsent pour lobtention de la Matrise en tudes Comptables

    LLuuttiilliitt dduu rraappppoorrtt ddaauuddiitt

    Dirig par : Mr. Nabil ALOULOU

    labor par :

    Yosra MNIF

    Date de soutenance : Juin 2001

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    Table des matires :

    Introduction............................................................................................................................ 2 1re Partie : Lutilit contractuelle de laudit........................................................................ 4

    Chapitre Introductif : Thorie dagence et Audit ......................................................... 4 Chapitre I : La demande daudit comme solution aux problmes dagence .............. 6

    Introduction ....................................................................................................... 6 1. Laudit dans le cadre de la relation dirigeants et actionnaires..................... 7 2. Laudit dans la cadre de la relation actionnaires-dirigeants et cranciers... 9 Conclusion ...................................................................................................... 10

    Chapitre II : La demande daudit comme solution aux problmes dasymtrie dinformation ............................................................................................................. 11

    Introduction ..................................................................................................... 11 1. Rsolution du problme dasymtrie dinformation en prsence daudit.. 12 2. Lindpendance de lauditeur...................................................................... 14

    Conclusion................................................................................................................ 15 2me Partie : Utilit dcisionnelle du rapport daudit........................................................ 16

    Introduction............................................................................................................... 16 Chapitre I : Perception de lutilit du rapport daudit par le march financier........... 16

    1. Hypothse des marchs efficients.............................................................. 16 2. Modles dvaluation des cours des titres.................................................. 17 3. Les tudes de raction concernant limpact du contenu informatif du rapport daudit sur le march financier........................................................................ 17 Conclusion ...................................................................................................... 27

    Chapitre II : Perception de lutilit du Rapport daudit par les banquiers et les analystes financiers .................................................................................................. 28

    Introduction ..................................................................................................... 28 1. Les tudes exprimentales portant sur la perception de lutilit du rapport daudit par les banquiers et les analystes financiers ...................................... 29 2. Etude empirique.......................................................................................... 37

    Conclusion ........................................................................................................................... 42 Bibliographie........................................................................................................................ 44 Liste des abrviations....................................................................................................... 45 Annexes................................................................................................................................ 45

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    Introduction

    Le terme audit a connu une large diffusion durant ces dernires dcennies. Il ne sagit plus dune terminologie professionnelle, mais, du terme devenu lui-mme courant dans le monde moderne des affaires. En effet, le dveloppement dactivits gographiquement disperses, le recours sans cesse des financements extrieurs et le dveloppement des marchs boursiers ont fait de lentreprise une entit complexe dont un suivi fiable ncessite un contrle frquent et en profondeur. Compte tenu de limportance de cet enjeux, il est indispensable que les diffrents dispositifs des contrles interne et externe simposent constamment lentreprise afin damliorer lefficacit et le fonctionnement de la socit.

    Laudit a pour objectif deffectuer des travaux rigoureux et systmatiques afin dtudier, de vrifier et dvaluer les diffrentes facettes de lactivit de lentreprise. Ces exigences peuvent tre apprhendes par diffrents niveaux daudit sattachant chacun une dimension de lentreprise : laudit comptable et financier, laudit interne, laudit oprationnel, laudit informatique

    Lun des aspects majeurs de laudit concerne aussi bien la vrification des donnes financires, que la rgularit et la sincrit des comptes prsents par les dirigeants de lentreprise.

    Lobjectif assign laudit dans ce contexte est dexprimer une opinion indpendante sur les tats financiers tablis selon des rgles et principes comptables gnralement admis et les normes professionnelles en vigueur. La mission de lauditeur externe comprend aussi lvaluation des contrles internes et le bon fonctionnement du systme dinformation de lentreprise.

    La vrification des tats financiers par lauditeur externe dbouche sur ltablissement dun rapport dans lequel lauditeur exprime son opinion sur la qualit des informations examines.

    Lobjectif essentiel de ce rapport est dinformer les parties concernes sur la situation comptable et financire de lentreprise. A cet gard, ce rapport reprsente une composante importante de linformation intgre dans le processus dcisionnel de tous les utilisateurs des tats financiers.

    Aussi, tant donn que les utilisateurs pris dans leur ensemble sont une des raisons dtre du processus de communication daudit, le rapport de lauditeur sera structur de faon ce quil soit pertinent et crdible aux yeux des parties intresss.

    Par consquent, vu que le rapport de lauditeur est souvent considr comme un support majeur de communication envers les utilisateurs des tats financiers, il est intressant dtudier le rle de lauditeur en tant quintermdiaire entre lentreprise et les utilisateurs externes, travers une analyse thorique et pratique de lutilit du rapport de lauditeur lgard de ses principaux utilisateurs et notamment des rserves quil a formules.

    Plus prcisment, les questions qui constituent le trame de ce mmoire sont les suivantes :

    Comment le rapport de lauditeur est-il peru par les diffrents partenaires de lentreprise ? En dautres termes, comment le march financier, les institutions bancaires et les analystes financiers prennent-ils en compte les divers types dopinions et dinformations contenues dans le rapport de lauditeur ?

    Mais avant de rpondre a ces questions qui mettent en vidence lutilit dcisionnelle du rapport daudit, on va sintresser lutilit contractuelle de ce dernier.

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    Ce mmoire sera prsent en deux parties :

    Dans la premire partie intitule lutilit contractuelle de laudit , il convient dabord de dfinir la thorie dagence et ses principaux fondements pour ensuite traiter successivement la demande daudit comme solution aux problmes dagence et aux problmes dasymtrie dinformation.

    Dans la deuxime partie intitule lutilit dcisionnelle du rapport daudit , il convient de traiter dabord la perception de lutilit du rapport daudit par le march financier. Ensuite, on traitera la perception de lutilit du rapport daudit par les banquiers et les analystes financiers pour enfin prsenter les rsultats dune tude empirique ralise dans le contexte tunisien (dans la ville de Sfax) sur limpact du rapport daudit sur la dcision doctroi de crdit par les banques.

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    1re Partie : Lutilit contractuelle de laudit

    Selon Jensen et Meckling (1976), lentreprise est constitue de divers agents conomiques qui cherchent tous maximiser leurs propres intrts. Une firme existe en raison de la ncessit dharmoniser les intrts des intervenants, ce qui exige un systme de contrle comptable (audit) dont lobjectif est de rduire lattitude opportuniste des agents qui cherchent maximiser leur utilit.

    Afin de rduire les conflits et les divergences dintrts entre eux, il devient primordial de rdiger des contrats formels et informels. En matire comptable, deux types de contrats jouent un rle dcisif : ceux liant les dirigeants aux actionnaires et ceux liant les actionnaires aux cranciers.

    Jensen et Meckling ont montr que tout dirigeant, ne dtenant pas la totalit du capital de son entreprise, a intrt utiliser une partie de la richesse de la firme pour des satisfactions personnelles puisque, le cot de celle- ci est rparti entre tous les actionnaires ; il nen supporte quune fraction proportionnelle sa part dans le capital.

    Lopposition des intrts entre les actionnaires et les dirigeants ( salaris) implique un certain nombre de cots que Jensen et Meckling regroupent sous la rubrique de cots de mandat . Dans ce contexte, laudit est largement connu comme un moyen pour rduire les cots dagence. Plus les cots dagence sont levs, plus la demande est croissante pour une qualit daudit plus leve.

    Chapitre Introductif : Thorie dagence et Audit La thorie dagence a pour objet de traiter les conflits dintrts qui naissent des relations au sein e lentreprise. Jensen et Meckling ( 1976) dfinissent une relation dagence comme tant un contrat par lequel une personne ( mandant , actionnaire , principal ) engage une autre personne ( mandataire , dirigeant , agent ) daccomplir un travail sa place et pour son propre compte , ce qui implique lexistence dune dlgation de pouvoir . Entre ces deux individus peut natre de srieux conflits dintrts dans lventualit o lagent prendrait des dcisions qui ne seraient pas conformes lintrt du principal.

    La divergence dintrts entre le principal et lagent est explique par deux phnomnes, dune part les dirigeants ont une partie majeure de leur patrimoine (leur capital humain) investi dans leur socit, et sont par consquent beaucoup plus sensibles la variabilit des rsultats de la socit que les actionnaires qui peuvent facilement diversifier leurs portefeuilles. Dautre part, lhorizon des dirigeants est limit leur prsence dans lentreprise. Ils vont avoir, par consquent, intrt investir dans des projets moins risqus et plus rentables court terme.

    Dans ce contexte, lanalyse de la thorie dagence est base sur trois hypothses comportementales fondamentales :

    - La premire consiste supposer que les dirigeants cherchent maximiser leur richesse personnelle au dtriment des actionnaires ;

    - La deuxime hypothse stipule que les individus sont rationnels et capables de prvoir limpact de ces problmes dagence sur la formation de leur richesse ;

    - Lincertitude, limparfaite observabilit des efforts des dirigeants et des cots dtablissement et dexcution des contrats.

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    Pour russir sa mission et continuer exister , lentreprise doit arriver harmoniser les intrts des intervenants , ce qui exige un systme de contrle comptable dont lobjectif est de rduire lattitude opportuniste des agents qui cherchent autant que possible , viter le travail et semparer davantage accessoires

    Un systme de contrle comptable reste le seul moyen permettant dobserver les actions des dirigeants. Ceci est vrifi par lobjet mme de la comptabilit qui depuis son apparition restera un mcanisme qui permet ses diffrents utilisateurs de sinformer sur la performance de lentreprise et sa capacit honorer ses engagements . Elle constitue aussi bien pour les actionnaires que pour les cranciers un moyen qui tmoigne de la qualit de la gestion du dirigeant et de la capacit de lentreprise rgler ses dettes .

    La comptabilit nest autre quun systme dinformation o on considre le gestionnaire comme lmetteur de linformation comptable , les documents comptables comme le moyen de communication et lutilisateur externe comme le rcepteur . Mais en tant que prparateur et metteur de linformation comptable, le dirigeant a tendance utiliser le systme comptable pour servir ses intrts personnels et maximiser son utilit.

    Arrow (1985) suggre quil est impratif de rsoudre deux problmes si lon veut tablir une relation contractuelle optimale entre un propritaire et un gestionnaire aux intrts divergents. Dabord, il y a linobservabilit de leffort du gestionnaire et puis il y a lasymtrie dinformation entre les actionnaires et les dirigeants qui peuvent dtenir des informations utiles lvaluation de la performance de lentreprise.

    Deux solutions sont possibles dans le cadre de la thorie dagence pour faire concider les intrts du dirigeant et ceux des actionnaires :

    - Rmunrer les gestionnaires sur la base de certains indicateurs de performance dont notamment le rsultat comptable (pratiques amricaines).

    - Dsigner un vrificateur externe qui va contrler le travail du gestionnaire et attestera que ce dernier a bien gr le capital qui lui avait t confi.

    Ces mmes solutions sont valables pour faire converger les intrts des dirigeants et ceux des cranciers :

    - Des clauses contractuelles restrictives ( pratiques amricaines ) peuvent tre prvues pour limiter les manipulations des managers .Les clauses peuvent porter par exemple sur la politique dendettement ( fixer un ratio dendettement ) ou sur la politique de distribution des dividendes ( fixer le ratio de distribution des dividendes ).

    - Exiger la vrification des documents comptables par un auditeur indpendant qui va attester la fiabilit de ces documents.

    Pour comprendre lutilit de laudit en tant qulment de lquilibre contractuel de la firme, il est important dtudier la demande daudit.

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    Chapitre I : La demande daudit comme solution aux problmes dagence

    Introduction La demande daudit a t tudie dans le cadre de la thorie dagence et la thorie positive contractuelle qui repose sur deux thories conomiques, savoir la thorie de la firme et la thorie de la rglementation :

    - Selon la thorie de la firme, lentreprise est un ensemble de contrats qui lient des intervenants intrts souvent divergents.

    - Selon la thorie de rglementation, le processus politique est vu comme une lutte entre des personnes qui veulent maximiser leurs utilits personnelles par des transferts de richesse.

    La littrature comptable a souvent considr laudit comme un lment essentiel de lquilibre contractuel de la firme , puisquil permet non seulement la rsolution des conflits dagence mais aussi de faire concider les intrts des diffrents intervenants et de limiter les manipulations comptables .

    Selon Jensen et Meckling ( 1976) la divergence dintrts qui peut apparatre entre dirigeants salaris( agents ) et actionnaires ( principal, propritaire de lentreprise) gnre un certain nombre de cots appels cots dagence . Ces derniers sont soit internes soit externes.

    Ils sont internes lorsquils traitent des divergences entre les dirigeants et les salaris. Ils sont externes lorsquils traitent des divergences entre le dirigeant et les autres actionnaires ou entre les actionnaires et les bailleurs de fonds. Ce cot dagence se compose donc de cot de surveillance, de cot de signalisation et de cot rsiduel.

    - Le cot de surveillance : reprsente lensemble des dpenses engages par les actionnaires pour contrler les actions des dirigeants et pour sassurer du respect des clauses contractuelles ( contrats dintressement ou autres ) qui ont t tablis. Il reprsente galement lensemble des dpenses engages par les dirigeants pour satisfaire les exigences des cranciers et notamment les banquiers.

    En effet ,ces derniers ont lhabitude dexiger des socits qui sollicitent auprs deux des crdits bancaires de soumettre leurs tats financiers au contrle dauditeurs indpendants afin de sassurer que les dirigeants nont pas manipul les chiffres comptables et quils nont pas transfr la richesse des actionnaires leur profit .

    - Le cot de signalisation : reprsente lensemble des frais engags par les dirigeants pour mettre des signaux crdibles en ce qui concerne leurs performances de gestion concernant des caractristiques vritables des entreprises quils grent.

    - Les cots rsiduels , appels encore pertes rsiduelle, qui rsultent de limpossibilit dexercer un contrle total sur les actions des dirigeants et se traduisent par une perte de valeur de la socit.

    Dans le premier et le deuxime type de dpenses on trouve les dpenses en audit, dune part laudit est utilis par le dirigeant pour signaler sa performance de gestion et son respect des clauses contractuelles tablies dans le cadre dun contrat dintressement bas sur les chiffres comptables ; dautre part, laudit est utilis par les actionnaires pour sassurer que le dirigeant

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    agit dans lintrt de lentreprise et pour faire savoir aux investisseurs potentiels ainsi quaux banquiers que les tats financiers sont sincres et rguliers et quils sont tablis en respectant les principes et mthodes comptables gnralement admis.

    La thorie contractuelle et la thorie dagence nous renseignent dons sur limportance de laudit en tant que mcanisme de contrle permettant de rsoudre les conflits dintrts entre dune part actionnaires et dirigeants et dautre part entre dirigeants et cranciers .

    1. Laudit dans le cadre de la relation dirigeants et actionnaires

    1.1 Problme dagence entre dirigeant et actionnaires Dans le cadre de la relation dirigeantsactionnaires, Jensen et Meckling (1976) tudient la valeur de la firme selon quelle est dirige par un manager dtenant la totalit du capital de son entreprise ou seulement une faible partie de ce capital.

    En effet, si lentrepreneur est lunique propritaire de lentreprise, il prendra des dcisions qui maximiseront son utilit. Il sagira, non seulement de lutilit de ses revenus pcuniaires mais aussi de lutilit de tous les avantages non pcuniaires dont il profite.

    Par contre, si lentreprise nest pas dirige par son unique propritaire mais par un propritaire ne dtenant quune partie du capital , des cots dagences surgissent cause de la divergence entre les intrts des dirigeants et actionnaires .

    En effet , Jensen et Meckling (1976) ont montr que le dirigeant actionnaire minoritaire a intrt utiliser une partie de la richesse de la firme pour une satisfaction personnelle puisque le cot de celle-ci est partag entre tous les actionnaires , il nen supporte quune partie proportionnelle sa part dans le capital. Un tel comportement invitera les actionnaires minoritaires dpenser davantage pour contrler les comportements opportunistes du dirigeant.

    Selon Arrow (1985), deux problmes doivent tre rsolus si lon veut tablir une relation contractuelle optimale entre les actionnaires et les dirigeants.

    Dabord , il y a labsence dobservation de la part des actionnaires des actions entreprises et des dcisions prises par le dirigeant et ensuite , il y a le problme dasymtrie informationnelle entre ces deux intervenants .

    En effet, en premier lieu les actions poses et les dcisions prises par des dirigeants sont, dans la majorit des cas, non observables directement par les actionnaires. Etant donn que les rsultats obtenus par une entreprise ne rsultent pas uniquement des actions et dcisions des dirigeants , ces derniers pourront alors expliquer une mauvaise performance de lentreprise par le contexte conomique . Leur manque de dynamisme ou leur paresse ne pouvant pas tre observs, on ne pourra pas vrifier si son allgation est vridique ou non.

    En second lieu, il pourra exister une importante asymtrie en ce qui concerne linformation dtenue entre les actionnaires et les dirigeants. Pour lvaluation de leur performance, les dirigeants pourront conserver leurs fins personnelles certaines informations pertinentes portant sur lexploitation de lentreprise , mme si ces informations permettraient aux actionnaires de mieux valuer les actions et les dcisions de leur dirigeant .

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    1.2 Rsolution des problmes dagence entre dirigeants et actionnaires Dune manire gnrale, deux solutions sont possibles pour faire concider les intrts divergents des actionnaires et des dirigeants : llaboration dun contrat dintressement et la dsignation dun auditeur.

    1.2.1 Rsolution des problmes dagence par des mthodes autres que laudit

    Les problmes dagence qui peuvent natre entre ces deux intervenants peuvent tre rsolus par llaboration dun contrat de rmunration fond sur des indicateurs de performance des dirigeants lis la gestion des biens des propritaires ou actionnaires. La solution est donc dans ltablissement dun contrat dintressement qui puisse motiver les dirigeants de faon quils agissent dune manire compatible avec les intrts des actionnaires.

    En effet, selon Tremblay et al (1993), un rgime de rmunration li aux rsultats amne le gestionnaire communiquer de linformation aux actionnaires portant sur les conditions dexploitation de lentreprise susceptible de rduire le risque auquel il a faire face.

    Les actionnaires tiendront compte de cette information dans leurs valuations de la performance de lentreprise pour ne pas pnaliser le gestionnaire pour des lments qui ne sont pas sous son contrle. De la mme manire, un contrat de rmunration fonde sur le partage des rsultats sera plus sensible dattirer des gestionnaires comptents et motivs qui cherchent maximiser la valeur de la firme dont ils assurent la gestion pour maximiser leurs rmunrations.

    1.2.2 Laudit comme solution aux problmes dagence

    Les problmes dagence entre actionnaires et dirigeant peuvent galement tre rsolus par lengagement dun troisime intervenant qui pourra faire un rapport aux actionnaires concernant les actions et les dcisions des dirigeants. Cest lembauche dun auditeur qui pourra aussi faire tat de la fiabilit des signaux mis par le gestionnaire quant sa performance.

    Dans ce contexte, laudit apparat comme une solution aux problmes dagence permettant de rduire les comportements opportunistes des dirigeants et de donner plus de crdibilit quant aux tats financiers tablis par ces derniers.

    Ainsi, on voit que laudit est dune part utilis par les dirigeants en tant que signal leur permettant de montrer leurs performances de gestion et leur respect des principes et mthodes comptables gnralement admis lors de leur prparation des tats financiers et dautre part constitue pour les actionnaires un moyen pour contrler les dirigeants et palier limparfaite observation de ses actions par les actionnaires.

    Or, comme les contrats dintressement (pratiques amricaines) utiliss pour rsoudre les conflits dagence entre actionnaires et dirigeants sont souvent bass sur les rsultats comptables et comme ces rsultats sont tablis par les dirigeants eux-mmes, il y aura un risque que ces derniers utilisent des mthodes comptables qui maximisent le rsultat comptable et par suite leur rmunration.

    Do la ncessit de contrler les dirigeants travers un audit effectu par un expert indpendant afin dviter dventuelles manuvres et manipulations qui peuvent affecter la valeur de la firme. Cet audit attestera la sincrit et la fiabilit des comptes et le respect des principes et mthodes comptables gnralement admis.

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    2. Laudit dans la cadre de la relation actionnaires-dirigeants et cranciers

    2.1 Problmes dagence entre actionnaires et cranciers

    Dans le cadre de la relation dirigeants-cranciers, on considre que les actionnaires agissent travers les dirigeants.

    Selon Raffournier ( 1990), il est facile dans cette condition de montrer que les cranciers et les actionnaires sont galement engags dans une relation contractuelle, puisque les premiers confient aux seconds des ressources en change dune promesse de rmunration et de remboursement lchance.

    En tant que gestionnaires des fonds emprunts, les actionnaires peuvent tre considrs comme mandataires des cranciers. De ce fait, des relations conflictuelles peuvent exister si les dirigeants et les actionnaires, dont les intrts sont supposs confondus, dtournent une partie de la richesse de la firme au dtriment des cranciers.

    La thorie dagence identifie trois sources de conflit entre actionnaires et cranciers :

    La politique de dividende :

    La premire source vient de la politique de dividende. Si les cranciers ont valu leurs crances en supposant que le niveau de distribution actuel allait tre maintenu, tout accroissement non anticip des dividendes, finance par lmission de nouvelles dettes ou par la rduction du programme dinvestissement, entranera une diminution de la valeur de la dette (Kalay 1982).

    La politique dendettement :

    La deuxime source de conflit, trouve son origine dans le fait quun niveau dendettement excessif entrane un risque de faillite qui incite les actionnaires entreprendre les projets dinvestissements les plus risqus.

    Enfin, soulignons quune mauvaise anticipation de lendettement venir peut aussi tre source de conflit. Tel est le cas si les nouvelles dettes sont importantes et augmentent significativement le risque de faillite de la firme et/ou si elles bnficient de conditions plus favorables que les anciennes dettes. Ainsi, un accroissement fort et imprvu du niveau dendettement et / ou du taux de rendement lmission plus lev entranent une rduction non anticipe de la valeur des obligations mises antrieurement.

    La politique dinvestissement :

    La troisime source de conflit identifie par la thorie dagence trouve son origine dans le caractre sous- optimal que peut avoir la politique dinvestissement. Myers (1977) et Jensen et Meckling (1976), avancent que les actionnaires dune entreprise endette peuvent tre amens suivre une politique dinvestissement sous-optimale en rejetant des projets valeur actuelle nette positive, dont les avantages reviendraient essentiellement aux cranciers.

    2.2 Rsolution des problmes dagence entre actionnaire et cranciers Dune manire gnrale, ces sources de conflits antre actionnaires et cranciers peuvent tre rsolus selon les trois catgories de mthodes qui ont une incidence sur la politique financire de la firme. Laudit pourrait tre galement une mthode importante de rsolution des conflits dagence.

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    2.2.1 Rsolution des problmes dagence par des mthodes autres que laudit

    La premire mthode consiste insrer dans les contrats de prts des clauses restrictives visant limiter la libert des actionnaires et des dirigeants en matire dinvestissement ( clauses limitant la possibilit de fusion, de prise de participation dans dautres firmes), de financement ( clauses restrictives fixant le ratio dendettement...) et de distribution des dividendes ( clauses fixant un montant maximal de dividendes...).

    La deuxime mthode permettant de minimiser les conflits dagence consiste mettre des actifs financiers particuliers. Il sagit notamment des obligations convertibles en actions et les obligations bons de souscription ( Jensen et Meckling) et les clauses de remboursements anticipes (Bodie et Taggart 1978 ).

    En outre, dautres moyens ont t cits par Jacquillat et Levasseur (1984) permettant de rsoudre les conflits dagence dus lexistence de la dette. Il sagit notamment de lendettement court terme (Myers 1977), les mthodes damortissement des obligations (Myers 1977) et le crdit Bail (Brealey et Myers 1981).

    2.2.2 Laudit comme solution au problme dagence

    Cherchant obtenir des crdits auprs des cranciers (dont notamment les banquiers), les dirigeants et actionnaires dont les intrts sont supposs convergents, vont utiliser laudit et notamment le rapport de lauditeur pour maximiser la valeur de ses actions et augmenter la crdibilit des tats financiers quils ont tablis. Jensen et Meckling (1976) avancent que, vu la prparation par le dirigeant de ces informations pour dautres utilisations, la socit aura tout intrt prparer les tats financiers et les faire certifier par un auditeur indpendant.

    Quant aux cranciers dont notamment les banquiers, laudit constitue un parfait moyen leur permettant de sassurer dune part que les tats financiers tablis par les dirigeants sont fiables et sincres et dautre part du respect par les dirigeants des clauses contractuelles restrictives qui ont t tablies.

    Conclusion Pour stimuler lesprit dentreprise, les actionnaires doivent laisser leur pouvoir de gestion au profit dun pouvoir du dirigeant efficace capable de prendre les dcisions rapides en vue de raliser les meilleures performances.

    A linverse, il ne faut pas que ces dirigeants soient omnipotents.

    Afin dassurer la protection des actionnaires de la socit, il est ncessaire de leur permettre de vrifier et de contrler lexercice que lorgane dirigeant fait des pouvoirs qui lui ont t confis (Djian 1965).

    Il est donc logique que les actionnaires qui ont alin une partie de leurs prrogatives puissent exercer directement ou par des personnes interposes un contrle sur la gestion du dirigeant et des collaborateurs.

    Tout aussi ncessaire apparat la protection des cranciers ; de part le risque quils ont accept de courir en prtant de largent la socit, ils sont intresss la marche des affaires sociales. Il importe pour eux tout autant que pour les actionnaires que la gestion des dirigeants et de leurs collaborateurs soit efficacement surveille puisquen dfinitive, cest de la manire dont sera mene cette gestion que dpendra la solvabilit de la socit.

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    Le dirigeant quant lui, et vue ses responsabilits envers les actionnaires et les cranciers ont aussi tout intrt contrler la gestion des affaires qui ne sont pas sous son contrle direct.

    Jensen et Meckling (1976) proposent laudit comme lune des solutions du problme dagence. La mission de lauditeur externe a un triple but :

    La protection des actionnaires et la minimisation des cots dagence dus lexistence des actionnaires extrieurs ;

    La protection des cranciers et la minimisation des cots dagence dus lexistence des cranciers ;

    Et laide du dirigeant dans la matrise de la gestion de son entreprise et la minimisation des cots dagence internes.

    Vu de cet angle, la mission de lauditeur est limite la dtection des fraudes et des erreurs possibles.

    La pratique des missions daudit exige de la part de lauditeur de ne pas se limiter au contrle de la gestion du dirigeant et de ses collaborateurs, mais elle doit stendre aux rapports prpars par ces derniers. La notion dasymtrie dinformation est une notion qui fait partie du problme dagence et qui montre aussi la ncessit de recourir aux services dun auditeur.

    Chapitre II : La demande daudit comme solution aux problmes dasymtrie dinformation

    Introduction Laspect essentiel de lentreprise moderne est la sparation entre lactionnariat et la direction de lentreprise. Dans cette situation, le dirigeant sera mieux inform de la situation financire de lentreprise. Donc les personnes ne possdent pas toutes les mmes renseignements, ce qui permet certaines de tirer avantage de la situation. Ainsi, lagent est suppos avoir des informations prives auxquelles le principal ne peut pas accder sans engager un cot lev.

    Tremblay et al (1993) prcisent, cependant, que jusqu la signature du contrat, le principal et lagent possdent tous les deux la mme information et partagent les mmes attentes.

    Cest aprs ltablissement du contrat et devant la complexit des tches managriales que le principal se trouve dans une situation o il ne peut plus avoir une observation directe des efforts dploys par lagent dans laccomplissement de ses obligations. Cette situation gnre donc une asymtrie dinformation entre le principal et lagent.

    En effet, la situation financire relle de lentreprise ne sera connue que par le dirigeant. Lactionnaire quant lui ne sera en mesure de connatre la situation de son entreprise qu travers les tats financiers qui lui seront prpars et prsents par le dirigeant. Lactionnaire base son valuation de laction du dirigeant en se basant sur cette information. La rmunration de ce dernier peut tre aussi sur la base de cette information comptable.

    Dans une situation caractrise par une asymtrie dinformation, il sera intressant de savoir si le dirigeant va rendre compte de la situation relle de lentreprise sans falsifier les tats financiers.

    Ng (1978a) et Ng et Stoeckenius (1979a) dmontrent que si le dirigeant est rmunr sur la base des chiffres comptables, il a tout intrt rendre compte dune situation financire incorrecte afin de maximiser lutilit de ses revenus tout en minimisant ses efforts.

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    Aucun systme dincitation, lexception du contrat de travail, ne peut donc rsoudre ce conflit entre le dirigeant et lactionnaire. Mais, il faut noter que le contrat de travail entrane des problmes de motivation du dirigeant.

    En effet, lorsque laction du dirigeant, les revenus ne sont pas observables par lactionnaire, le dirigeant adoptera une stratgie qui minimise son effort et qui maximise son utilit en falsifiant les tats financiers.

    Devant une telle situation, on peut stonner de la navet de lactionnaire qui continue laccepter.

    La thorie comptable positive stipule que les producteurs dinformations comptables sont opportunistes. Ils utilisent toutes les latitudes que leur offrent les rgles comptables qui leur conviennent le mieux.

    Les recherches en la matire considrent que les manipulations comptables peuvent rpondre deux types exclusifs de motivations. Pour certains, linformation comptable est manipule dans le but dattnuer les effets dans les comptes dune situation dgrade. Pour dautres, les manipulations sont entreprises parce quelles maximisent la part de la rmunration des dirigeants indexe sur les rsultats comptables, parce quelles entranent des conomies fiscales, parce quelles constituent le seul moyen dont dispose lentreprise pour respecter les clauses restrictives de ses contrats de prts ou, enfin, parce quelle attnuent la visibilit de la firme et diminuent les cots politiques quelle supporte.

    Laudit sera propos par Ng (1978a) et Ng et Stoeckenius (1979) pour rsoudre les conflits engendrs par le problme dasymtrie dinformation.

    Antle (1982 et 1984) soulve une limite cette solution qui est lindpendance de lauditeur.

    1. Rsolution du problme dasymtrie dinformation en prsence daudit Nous avons indiqu que Ng et Stoeckenius (1979a) ont dmontr que si le contrat dincitation est bas uniquement sur les performances comptables de lentreprise, le dirigeant sera tent de se limiter falsifier les rsultats de lentreprise pour maximiser son revenu. Le contrat de travail, quant lui, entrane des problmes de motivation du dirigeant.

    Devant une telle situation, le dirigeant aura recours aux services dun auditeur. Il reste savoir si cette technologie a une action convergente avec celle de la rmunration.

    Ng et Stoeckenius (1979a) avancent que le dirigeant peut tre intress choisir une fonction de reporting1 compatible avec les intrts de lactionnaire dans les conditions suivantes :

    Il faut quil existe un niveau daudit capable de dtecter les erreurs de reporting quelles quelles soient.

    Lauditeur nmet pas de rserves lorsque les rapports financiers ne le ncessitent pas. Un meilleur niveau daudit permet de dtecter plus derreurs. Le systme de rmunration est bas sur les performances comptables.

    Lexistence de laudit a t explique par Ng et Stoeckenius (1979a) non pas par les textes rglementaires, mais par le besoin ressenti par lactionnaire victime dune asymtrie dinformation.

    1 Qui est celle qui exprime les revenus de lentreprise en termes financiers

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    La russite de laudit est intimement lie non pas seulement aux caractristiques de laudit mais au systme de rmunration du dirigeant. Ce systme doit non seulement prendre compte des performances comptables mais surtout prvoir une fonction de pnalit permettant de sanctionner le dirigeant qui prpare des tats financiers non conformes la ralit. Cette conformit la ralit est dfinie par rapport aux principes comptables gnralement admis.

    Cependant mme en respectant les principes comptables gnralement admis, on peut toujours tablir des tats financiers qui favorisent les objectifs des dirigeants. La notion dimage fidle soulve un dbat entre les auditeurs (Dumontier et Raffournier 1989) surtout que la rglementation comptable laisse toujours des marges de manuvres aux dirigeants leurs permettant de grer leurs rsultats.

    Ce cadre thorique explique limportance de laudit mme en labsence dun cadre rglementaire obligeant y recourir. Cependant, Ng et Stoeckenius (1979a) expliquent que leur modle souffre dune insuffisance.

    En effet, cette thorie explicitant la demande daudit est incomplte parce quelle ignore le problme de motivation de lauditeur afin de comprendre son comportement (voir aussi Gjesdal 1981 ; Antle 1982 ; Baiman 1979 ; Roberts 1979). Lauditeur doit tre considr comme tant un agent dont le but est la maximisation dutilit. Dans ce cadre dides, un modle englobant lactionnaire, le dirigeant et lauditeur a t dvelopp par Antle (1982).

    La mission de lauditeur est dmettre un avis sur les rapports financiers prpars par le dirigeant. En contrepartie, son but sera de maximiser lutilit de ses revenus qui sont les honoraires quil peroit suite laccomplissement de sa mission. Cette nouvelle situation aura deux implications :

    Recourir aux services dun auditeur peut crer de nouveaux problmes de motivation que lactionnaire doit prendre en considration lors de la prise de dcision.

    Il sera possible de faire supporter lauditeur une partie du risque. En effet, les actionnaires peuvent demander lauditeur en rpartition des consquences dommageables rsultant des fautes ou des ngligences commises par eux dans lexercice de leurs fonctions. Pour accepter ce risque, lauditeur demande des honoraires trs levs.

    Le modle prsent par Antle (1982) est dvelopp dans le cadre dune asymtrie dinformation o lactionnaire nest pas en mesure de connatre les revenus raliss par son entreprise. Il est, cependant, en mesure de connatre la valeur des revenus qui apparat dans les tats financiers prpars par le dirigeant.

    Lauditeur en acceptant sa mission, se trouve face un problme de reporting similaire celui du dirigeant. Lauditeur choisit sa fonction. Cette dernire reprsente le rapport daudit et sera observable par lauditeur, le dirigeant et lactionnaire.

    Devant cette situation, chaque agent va essayer de maximiser lesprance de son utilit et ceci peut influencer la formulation du problme dagence. En effet, la prise en considration des motivations de lauditeur a totalement chang la nature du problme. Nimporte quel plan dincitation adopt par lactionnaire cre un jeu entre deux personnes : lauditeur et le dirigeant. Ils auront dterminer chacun deux son action et sa fonction de reporting compte tenue de la rmunration fixe par le dirigeant. Ce jeu est appel le sous-jeu rsultant du plan dincitation.

    Lauditeur et le dirigeant joueront un quilibre de Nash dans ce sous jeu. Plusieurs quilibres de Nash peuvent rsulter du plan dincitation. En dautres termes, le dirigeant et lauditeur peuvent avoir, compte tenu du plan dincitation, plusieurs stratgies pouvant maximiser leurs utilits.

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    Parmi tous les quilibres de Nash, on suppose que le dirigeant et lauditeur choisit lquilibre le plus profitable pour lactionnaire (maximisant son utilit).

    Aucune raison ne peut motiver la gnralisation de cette hypothse. Lauditeur et le dirigeant peuvent trs bien choisir dautres stratgies autres que celle profitant lactionnaire.

    Il ressort de ce qui prcdent un raisonnement trs important en matire daudit. Il sagit de lindpendance de lauditeur.

    2. Lindpendance de lauditeur Un doute existe sur la personnalit de lauditeur qui doit tre indpendant, faute de quoi, son intervention ne serait quun gaspillage inutile.

    Lindpendance, lment essentiel du modle propos par Antle (1982), est le choix de lauditeur de la stratgie qui maximise lutilit de lactionnaire. Lauditeur ne doit pas entrer en collusion avec le dirigeant au dtriment de lactionnaire. En effet, un auditeur non indpendant va essayer dobtenir des revenus supplmentaires du dirigeant.

    Plusieurs auteurs dfinissent lindpendance comme tant la rsistance la pression et linfluence des dirigeants (Stettler 1976, 57). Cette dfinition parat concider avec le concept de refus de revenus supplmentaires.

    Cette dfinition est aussi conforme aux rsultats de ltude de Pany et Reckers (1980). Ces derniers concluent que si les auditeurs acceptent des cadeaux ou des rductions exceptionnelles de la part de leurs clients, leurs indpendances sont srieusement mises en cause. Stettler (1975) avance que le praticien comptable qui fait un contrle afin de certifier la sincrit des documents financiers du client, doit agir en parfaite indpendance.

    Le statut de lauditeur vis vis du dirigeant ne doit pas tre une simple indpendance formelle mais une vraie attitude desprit (Stettler 1975).

    Cette importance na rien perdu de sa primaut. Clikeman (1998) avance que : lindpendance est la base de laudit . Il sagit donc de savoir si lon peut accorder toute confiance lauditeur. Ce dernier peut dans certaines conditions tre incit laborer un rapport non conforme lexigence de sincrit. Les dirigeants peuvent trouver des arguments pour linfluencer dans cette perspective. Ainsi, lactionnaire doit il tre conscient et sinquiter dune telle ventualit.

    Dans cette situation, lactionnaire et lauditeur auront chacun deux sa propre stratgie :

    Lactionnaire se trouve devant un problme de motivation de lauditeur. Si laction de lauditeur nest pas observable, il est ncessaire de le motiver afin quil rend compte de la ralit de ses conclusions. Cependant, si lactionnaire suppose que le vrificateur quil a engag est fortement indpendant, il rmunrera le dirigeant et lauditeur sur cette base.

    Lauditeur a tout intrt ne fournir aucun effort et nmettre aucune rserve (Antle 1984). Lauditeur et le dirigeant peuvent en effet atteindre nimporte quelle incitation propose par lactionnaire travers les revenus supplmentaires suit leur collusion. Dans ce cas, lauditeur et le dirigeant se mettront daccord au dtriment de lactionnaire.

    Devant cette situation, lactionnaire peut avoir toujours peur de limpossibilit pour lauditeur de prserver son indpendance. Il peut soit vendre ou louer son entreprise au dirigeant, soit la liquider.

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    Lindpendance doit donc tre la caractristique essentielle de lauditeur qui lactionnaire a recours pour se prserver de lasymtrie dinformation.

    Si lactionnaire peut contrler les transactions entre lauditeur et le dirigeant, il pourra mieux dcider de sa stratgie face lauditeur et au dirigeant. Si par contre il nest pas en mesure de le faire, le recours au service dun auditeur sera sans intrt.

    Conclusion Les dveloppements qui ont prcd, ont expliqu le recours par les entreprises laudit par les problmes dasymtrie dinformation qui existent entre lactionnaire et le dirigeant et qui laissent lactionnaire en dehors de toute garantie de qualit de linformation comptable dont il dispose. Laudit vise donc garantir cette information.

    Cette garantie pourrait tre donne aussi aux cranciers puisque le mme problme dasymtrie dinformation existe entre les actionnaires dune part (le dirigeant dans ce cas, uvre dans lintrt des actionnaires) et les bailleurs de fond dautre part.

    Cependant, ces dveloppements connaissent des limites importantes. Il sagit du doute qui rgne sur la personnalit de lauditeur. Lindpendance, lment essentiel du modle propos par Antle (1982), est le choix de lauditeur de la stratgie qui maximise lutilit de lactionnaire. Dailleurs, selon cet auteur, aucun indice ne permet davancer que lauditeur choisit une stratgie indpendante. Ceci remet en cause lutilit de laudit et explique les propos dArchavlis et Richard (1957) qui avancent que parmi les rgles professionnelles, celle de lindpendance est la plus importante ; elle comprend et conditionne toutes les autres . Les lgislateurs et les organismes professionnels sont intervenus pour protger cette indpendance et donner une garantie de la qualit de laudit.

    Si les travaux de Jensen et Meckling dans le cadre de la thorie dagence nous permettent de mettre en vidence limportance de laudit comme mcanisme de contrle et de dmontrer son utilit contractuelle pour les diffrents intervenants , ils ne peuvent pas cependant statuer sur le contenu informationnel du rapport daudit et sur son utilit pour la prise de dcision, dou la ncessit de faire appel une thorie capable dexpliquer lusage qui sera fait du rapport daudit dans le processus dcisionnel des utilisateurs des documents comptables.

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    2me Partie : Utilit dcisionnelle du rapport daudit

    Introduction Lutilit dcisionnelle du rapport daudit a fait lobjet de deux types de recherche : les tudes de ractions et les tudes dinterprtation dites galement comptabilit comportementale . En effet, certains chercheurs tudient les relations entre le rapport daudit et la valeur en march des actions pour expliquer les changements dans la valeur des titres et pour prdire le comportement des investisseurs comme groupe.

    Ces chercheurs considrent alors le march financier comme une reprsentation de lensemble des dcideurs cest dire comme le dcideur moyen .En fait, ils tudient indirectement la relation entre linformation comptable et son utilisation par les investisseurs. Ces recherches qui ont t effectues dans le cadre de lhypothse de marchs efficients sont dsigns par la littrature d tudes de raction .

    Dautres chercheurs tentent de mesurer lutilit du rapport daudit en observant le comportement des utilisateurs, non pas comme groupe, mas plutt en tant quindividus (groupe homogne dutilisateurs) ; ils tendent de mesurer le contenu informationnel du rapport daudit vis vis de lutilisateur individuel. Cette catgorie de recherche est dsigne par lexpression : comptabilit comportementale . Cette dernire a comme principale caractristique demprunter des modles ou des thories la psychologie et aux sciences du comportement.

    Dans cette partie, on va sintresser lanalyse de limpact du rapport daudit respectivement sur la dcision dinvestissement sur le march financier et sur le comportement des banquiers et des analystes financiers afin de dduire la perception de lutilit de cette source dinformation par les principaux utilisateurs.

    Chapitre I : Perception de lutilit du rapport daudit par le march financier

    Une manire de sassurer que linformation comptable est pertinente pour les investisseurs consiste analyser la raction de ces derniers a la suite de sa publication. Sil y a raction du march (sous la forme dun accroissement du volume ou dune variation du cours dun titre), nous pouvons supposer que linformation aura t pertinente et utile aux investisseurs.

    Le contenu informationnel du rapport daudit a t tudi partir de la raction des marchs la publication de lopinion de lauditeur.

    Dans le cadre de lhypothse de marchs efficients et en utilisant diffrents modles dvaluation des prix des actions comme indicateur de lutilit dcisionnelle du rapport daudit, plusieurs chercheurs ont pu tablir le lien entre le contenu informationnel du rapport daudit et la ralisation des rendements anormaux ( Firth 1978 ).

    1. Hypothse des marchs efficients La thorie defficience est apparue aux Etats-Unis la fin des annes soixante. Elle a connue son premier dveloppement avec Fama et al (1969).

    Lefficience informationnelle se ramne ce que lensemble dinformations pertinentes lvaluation des actifs se trouve instantanment reflter dans les cours.

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    Fama 1965 dfinie lefficience comme tant un grand nombre dagents rationnels qui sont en comptition pour la maximisation de leurs profits et ou chacun essaie de prdire la valeur futur des titres individuels et o une masse importante dinformations est disponible pour tout les agents : cest la forme faible defficience.

    Fama 1970 a complt la formulation du concept defficience et dfinie un march efficient comme tant celui sur lequel les prix refltent pleinement les informations disponibles : cest la forme semi-forte defficience.

    Fama 1976 propose une dfinition dans laquelle il considre que le march utilise correctement les informations disponibles et les distributions des prix futurs tablis par le march sont identique la distribution correcte qui rsulte des informations publies : cest la forme forte defficience.

    Lhypothse des marchs efficients permet dtablir un lien entre linformation et le comportement des prix boursiers. Si le march est efficient, lensemble des informations sera intgr tout de suite ou de faon presque instantan dans le processus dcisionnel de linvestisseur.

    2. Modles dvaluation des cours des titres Plusieurs modles ont t utiliss pour valuer les cours des titres suite la publication dune information comptable. En ce qui concerne le rapport daudit, le principal modle dvaluation des cours des titres utilis par les chercheurs pour tudier le contenu informationnel du rapport daudit est le MEDAF.

    Ce modle qui est cens donner la valeur thorique dquilibre dun titre, permet disoler leffet de la publication de rapport daudit sur la valeur au march dun titre. Ce rapport daudit est porteur dinformation sil modifie les attentes des investisseurs, et comme leffet global de ces attentes se manifeste par une raction touchant le volume et /ou le cours des titres, la publication de lauditeur a alors un contenu informationnel.

    3. Les tudes de raction concernant limpact du contenu informatif du rapport daudit sur le march financier Le rapport daudit a fait lobjet de plusieurs tudes de raction .Elles rvlent que ce rapport a un contenu informationnel et donc utile la prise de dcision dinvestissement notamment quant il contient certaines rserves.

    En dpit de lintrt de ces tudes qui tentent de prsenter la communication tablie par le rapport daudit, elles traitent cependant des problmatiques assez diversifies.

    Etant donn que ces tudes sont construites partir dune mthodologie de recherche reconnue en finance : la mthodologie des tudes dvnement, nous allons prsenter notre revue de littrature en suivant cette dmarche gnralement poursuivie par les auteurs.

    Par consquent, on prsentera dabord la problmatique de chaque tude et la question laquelle elle essaye de rpondre. Ensuite on va dfinir la mthodologie de recherche employe par les auteurs. Enfin, on procdera la synthse des rsultats obtenus par ces diffrents travaux de recherche.

    3.1 Principes et problmatiques Le principe de ces tudes est de tester la raction du march financier la divulgation de lopinion de lauditeur, qui est le plus souvent publie avec rserves, tant donn que le droulement normal de la vie des affaires saccompagne par lmission de la part de lauditeur dun rapport sans rserves.

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    La mesure de cette raction est fournie par la diffrence entre la rentabilit du titre concern et sa rentabilit attendue en labsence de lvnement, cest dire si aucune rserve daudit nest formule. Ces recherches permettent ainsi de comparer la raction des investisseurs face aux diffrentes opinions qui peuvent tre exprimes par les auditeurs.

    Il est noter que la dmarche de ces tudes est base sur lhypothse faite priori que la publication par lauditeur dun rapport avec rserves doit avoir un impact sur les cours boursiers des titres de la socit concerne.

    En effet, une rserve fournit aux investisseurs des lments nouveaux dapprciation de la situation financire relle de lentreprise. Elle peut aussi indiquer aux utilisateurs des tats financiers que la socit aura engager un certain nombre de frais pour rgulariser une pratique comptable contestable, ou procder une rorganisation. On sattend ainsi observer une raction plutt ngative du march la publication dune rserve.

    Le principe de cette approche relve de lhypothse defficience des marchs (Fama 1970) qui prvoit quun march efficient est celui qui ragit rapidement linformation nouvelle rendue publiquement disponible tout investisseur un cot relativement bas.

    En matire de contenu informationnel du rapport daudit, de nombreuses voies dinvestigation ont t adoptes.

    Certains auteurs ont concentr leurs travaux sur une seule catgorie de rserve.

    En effet, certains chercheurs ont consacr leurs travaux lanalyse de limpact de la rserve lie aux changements de mthodes ou de principes comptables : une question ayant fait lobjet de dbats trs controverss aux Etats-Unis.

    Ainsi, Baskin (1972) a men une recherche empirique sur la bourse de New York, en recensant toutes les entreprises ayant opr un changement de mthode comptable entre 1966 et 1969. Afin dexaminer le contenu informationnel peru relatif aux changements de mthodes comptables, sous lhypothse du march efficient, lauteur a slectionn les firmes dont le rapport daudit portait la mention de cette exception.

    De mme, Mittelstaedt et al. (1992) se sont intresss lincidence de la rvlation dun changement de mthode comptable. Ils ont analys lvolution des cours en bourse de deux chantillons dentreprises classes selon quelles avaient fait lobjet dune rserve ou non.

    Paralllement, plusieurs recherches sinscrivent dans le dbat touchant au contenu informationnel de la rserve subject to dans laquelle lauditeur exprime lopinion que les tats financiers sont fiables en dpit de certaines incertitudes dont leffet na pas t correctement intgr lors de ltablissement des comptes de lentreprise.

    Elliott (1982) a class les rserves subject to en quatre catgories :

    Continuit dexploitation (going concern) souvent mise la suite dvnements conomiques dfavorables (problmes de production, perte de contrats ).

    Ralisation des actifs (asset realization) qui signifie que lauditeur est en dsaccord avec la direction sur la valeur de ralisation dun actif.

    Litige (litigation) pour lesquelles lincertitude est lie lissue dun procs.

    Rserve concernant le niveau de consommation dnergie (utility rate) dans le cas des socits de gaz et dlectricit.

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    Dodd et al. (1984), quant eux, ont class les rserves subject to comme suit :

    Litige (litigation)

    Evaluation des actifs (asset realization)

    Incertitudes multiples (multiple incertainty) : dans de tels cas, les auditeurs et managers sont en dsaccord sur plusieurs points.

    Mode de financement (future financing) : qui exprime un doute sur les possibilits pour lentreprise de se procurer des fonds lavenir.

    Dans ce sens, Elliott (1982), et Loudder et al. (1992), se sont intresss exclusivement limpact des rserves subject to rendues publiques sur le march amricain, respectivement entre 1973 et 1978, et de 1983 1986.

    Dans une tude comparable celle dElliott (1982), Davis (1982) a essay de vrifier si la rserve subject to peut contenir une information additionnelle utile la prise de dcision dinvestissement.

    Dopuch et al. (1986), quant eux, ont tent dexaminer lassociation entre les rendements boursiers anormaux ngatifs et la divulgation dans la presse de la rserve subject to sur la priode 1970-1982.

    Dun autre ct, ltude de Chen et church (1996) a eu pour objectif de tester le pouvoir de la rserve going concern de prdire la faillite de la socit concerne.

    Dans une tude diffrente des prcdents, Banks et Kinney (1982) ont essay de fournir une preuve empirique de la distribution des prix de march des actions conditionnes par laspect quantitatif et qualitatif des rsultats comptables.

    Cette recherche prend en considration deux variables supplmentaires non retenues par les autres tudes :le signe des rsultats (bnfice ou perte) et la prsence ventuelle de la rserve dite dincertitude dans lannexe alors que le rapport daudit ne la contient pas.

    Dautres chercheurs, ont compar linfluence sur les rendements boursiers de diffrents rapports daudit contenant divers types de rserves.

    Parmi les premiers traiter cette question, Firth (1978) qui a ralis une tude dont lobjectif est de mesurer limpact de la divulgation de lopinion de lauditeur avec rserves sur le prix des actions dans lenvironnement britannique.

    Pour atteindre cet objectif, lauteur a observ les rendements des titres de toutes les socits britanniques cotes ayant fait lobjet dune rserve entre 1974 et 1975. Il a ainsi pu analyser linfluence des six rserves les plus couramment exprimes en Grande-Bretagne :

    Image fidle : les auditeurs doivent apprcier si les comptes prsents aux actionnaires donnent une image fidle de ltat des affaires de lentreprise la date de larrt des comptes et si les postes de charges et de produits donnent une image fidle des pertes et profits de la priode couverte par les tats financiers prsents.

    Audit des filiales : ce type de rserve se justifie si les comptes dune filiale nont pas t contrls, ou lont t par un cabinet sans renom.

    Non-conformit avec les principes comptables : cette rserve signale que les comptes de lentreprise nont pas t tablis conformment aux normes imposes pour les socits cotes : les SSAP, mises par lIASC.

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    Rptition de rserves : si les tats financiers des deux exercices prcdents avaient dj donn lieu au mme commentaire de la part de lauditeur, il doit en faire mention dans son rapport.

    Continuit dexploitation Valorisation des actifs Selon une dmarche comparable, Ball et al. (1979) ont examin leffet de la publication des

    rapports daudit avec rserves dans le march australien sur les jugements que portent les investisseurs sur les valeurs boursires. Ils ont mis lide que les auditeurs hsitent souvent mettre des rserves dans la mesure o ils pensent que la publication de celles-ci aura un effet ngatif sur les dcisions des investisseurs.

    Leur analyse a port sur lensemble des diffrentes formulations de rapports avec rserves des socits cotes entre 1965 et 1972 que les auteurs ont class en sept catgories distinctes :

    Dprciation des btiments : la norme D5 publie par LICAA en novembre 1970 a impos aux entreprises de pratiquer un amortissement sur les constructions, contrairement la pratique australienne : ceci explique que de nombreuses rserves concernant cette rgle comptable aient t formules sur la priode de rfrence pour cette tude.

    Provision pour imposition diffre : un grand nombre de cas de dsaccords entre auditeurs et dirigeants dentreprises sont ns de la norme D4 publie elle aussi en novembre 1970, et prcisant les recommandations de lICAA en matire de calcul de provision pour imposition diffre.

    Evaluation des titres dtenus ou crances vis vis des filiales Provision pour dprciation des crances douteuses Changement des mthodes comptables Valorisation des actifs Rserves multiples

    Dodd et al. (1984) sont parvenus, quant eux, trouver une solution en dveloppant une mthodologie originale. Cette mthodologie a consist dune part, identifier avec une grande prcision la date dannonce, et dautre part, choisir un chantillon leur permettant danalyser les effets sur les cours des divers types de rserves mises par lauditeur sur deux principales places boursires Amricaines (NYSE et ASE) entre 1973 et 1980.

    Lobjet de ltude est dexaminer les rendements anormaux des actions survenus pendant la priode dannonce des principales catgories de rserves prvus par la les normes daudit amricaines. Sont ainsi envisages les rserves suivantes :

    Disclaimers of opinion : ces rserves correspondent aux refus de certifier (ou dngation de responsabilit) des normes franaises de commissariat aux comptes.

    Elles sont prononces sil y a une incertitude releve ayant des effets potentiels tels que lauditeur ne sestime pas en mesure de certifier les comptes.

    Subject to : Litige, Evaluation dactif, Incertitudes multiples et Mode de financement.

    Plus rcemment, Soltani (1996) a ralis une recherche similaire sur le march franais en observant les consquences boursires de toutes les rserves publies par les commissaires aux comptes des socits cotes Paris entre 1980 et 1990.

    Dans cette recherche, les opinions exprimes par les auditeurs sont rparties en quatre grands groupes : les rapports sans rserves et sans observations ; les rapports avec rserves ; les rapports avec observations, remarques et constatations ; et enfin les rapports avec refus de certification .

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    Il est noter que Soltani (1996) a intgr dans sa recherche les rserves pour :

    Incertitudes : suivant Soltani (1996) Dans certaines circonstances, les dirigeants de lentreprise ne disposent pas dinformations suffisantes pour prendre une dcision concrte, par exemple en cas de risques provisionns avec approximation, le commissaire aux comptes ne peut pas, dans cet exemple, obtenir des lments probants suffisants pour justifier la dcision des dirigeants en matire de provision. En outre, un risque concernant la continuit dexploitation peut constituer un cas particulier dincertitude .

    Limitation des travaux : suivant Soltani (1996) selon les normes de la CNCC, il y a lieu dmettre cette rserve lorsquil y a impossibilit pour le commissaire aux comptes de mettre en uvre les diligences quil a estim ncessaires et notamment celles qui concernent la collecte dlments probants .

    Dsaccord sur les principes comptables : Suivant Soltani (1996) cette rserve est mise lorsque le commissaire aux comptes ayant mis en uvre les diligences quil a jug ncessaires, constate une irrgularit comptable que la direction refuse de corriger. Ce dsaccord est suffisamment significatif pour avoir un impact sur la certification .

    Non-comptabilisation doprations et provisions Non-conformit avec les principes consolids. Lauteur a ainsi pris en compte dans son tude, non seulement les anomalies ou dsaccord ayant fait lobjet de rserves, mais aussi ceux qui ont simplement t relevs par des observations ou des remarques. Toutefois, il est intressant de rappeler que les rserves les plus prsentes dans les rapports tudis lors de cette recherche sont les trois premires cites ci- dessus.

    Dans une recherche diffrente de celles exposes prcdemment, Melumad et Ziv (1997) ont tent d'observer la raction du march financier la publication des rserves. La particularit de cette tude rside dans le fait que les auteurs ont distingu entre deux types de rserves seulement :

    Les rserves non vitables : qui sont celles que le manager ne peut pas viter par la rectification ou la correction des tats financiers. Elles visent notamment les rserves quant la continuit d'exploitation et les financements futurs des entreprises en difficults.

    Les rserves vitables : qui dsignent celles qui peuvent tre vites par correction des tats financiers avant approbation par l'assemble des actionnaires et donc elles font l'objet de ngociation entre l'auditeur et le dirigeant. Concrtement, il s'agit des rserves autres qu'invitables.

    Il est signaler que cette approche a le mrite d'une part, d'intgrer le dirigeant en tant qu'lment dterminant de la problmatique opinion d'audit-raction du march financier et d'autre part, de classer d'une autre faon les opinions de rserve et sortir du classement classique prvu par les organismes professionnels : subject to ; disclaimer of opinion going concern .

    Dans une tude fonde sur une mthodologie originale, Mutchler (1985) examine la relation entre la rserve going concern et l'information publiquement disponible. L'auteur a cherch dterminer dans quelle mesure les dcisions des auditeurs d'mettre cette rserve peuvent tre anticipes en utilisant l'information publiquement disponible.

    Pour complter cette prsentation, il convient d'voquer les travaux de Fields et Wilkins (1991) qui ont choisi d'orienter leur recherche selon une direction oppose l'ensemble des tudes que nous venons de citer.

    Au lieu de mesurer l'impact sur les cours de la mauvaise nouvelle que constitue priori la publication d'un rapport d'audit avec rserves, ils se sont intresss aux consquences boursires d'une information a priori favorable l'entreprise, la publication d'un rapport d'audit sans rserves aprs un ou plusieurs exercices d'opinion rserve. Les auteurs ont recens pour cela tous les retraits de rserves annoncs entre 1978 et 1987.

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    Aprs ce rapide aperu des principales tudes menes au sein de ce courant de recherche, il convient d'tudier de plus prs la mthode de recherche employe pour ces travaux.

    3.2 Mthodologie de recherche L'analyse dtaille des tudes cites antrieurement nous a montr que tous les auteurs ont mis en uvre, d'une faon presque similaire, la mthodologie des tudes d'vnements, organise autour de quelques tapes-clefs.

    3.2.1 Dfinition des paramtres Une des premires tches du chercheur est de clairement identifier la date d'annonce qui doit tre retenue pour l'observation. Il doit ensuite dfinir les priodes sur lesquelles l'observation et l'estimation des paramtres seront ralises. Le chercheur doit enfin prciser le modle de rfrence choisi pour organiser l'observation et modliser l'analyse des rsultats.

    Dtermination de la date d'annonce : Parmi les tches les plus difficiles, voire impossibles, la dtermination avec prcision de la date d'annonce. En effet, il est bien dlicat de dfinir quel moment les diffrents intervenants sur le march boursier ont eu connaissance de l'information vnement , et surtout quelle date choisir afin d'liminer au mieux l'impact de toute information concomitante l'vnement tudi qui pourrait fausser les conclusions du chercheur. Cette date doit galement garantir que l'observation qu'il met en place permet bien d'tudier le phnomne qui fait l'objet de son tude.

    Dans le contexte anglo-saxon, comme le soulignent Dodd, Dopuch, Holthausen et Leftwich (1984), l'annonce publique du rapport d'audit peut tre fixe l'une des quatre dates suivantes :

    La premire annonce des rsultats comptables annuels. La publication des tats financiers, celle du l0-K ( cest la version des tats financiers qui

    doit tre remise par les socits cotes lorganisme amricain : la SEC ). La publication du rapport annuel si ce dernier a t publi avant le 10-K. La publication de toute information spcifique dans la presse.

    Parmi les travaux auxquels nous nous rfrons, les recherches de Elliot (1982), Banks et Kinney (1982) et Dopuch et al. (1986), sont construites avec une date d'vnement correspondant la publication des rsultats dans la presse spcialise, le Wall Street Journal ou the Dow Jones News.

    Cependant, c'est la date de remise des rapports annuels aux autorits boursires qui semble satisfaire le plus grand nombre d'auteurs, notamment, Baskin (1972), Firth (1978) ou Ball, et al. (1979).

    Dfinition des priodes d'vnement et d'estimation : L'laboration du calendrier de l'tude consiste dfinir une nouvelle chelle temporelle, organise autour de deux priodes :

    o La priode d'estimation : Cette priode servira pour estimer les rendements normaux anticips ; elle sert en fait de rfrence pour la dtermination des paramtres du modle retenu ; elle est le plus souvent situe avant ou autour de la priode d'vnement.

    o La priode d'vnement la priode dobservation : Au cours de laquelle on estime que les rendements anormaux peuvent tre observs ; elle est gnralement centre autour de la date d'annonce d'vnement afin de permettre de relever les tendances avant, pendant, et aprs l'vnement tudi.

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    Concernant la priode d'estimation, c'est au chercheur de dfinir sa longueur compte tenu des contraintes lies au cot de traitement des informations et la ncessit d'arrter une dure suffisamment longue pour favoriser le calcul des paramtres. De l'arbitrage entre ces deux exigences rsulte une grande diversit dans les choix oprs par les auteurs.

    Ainsi, Firth (1978) qui utilise dans son tude des cotations quotidiennes, a dfini les paramtres de son modle sur une priode de 60 mois s'achevant 1 mois avant lannonce de la rserve. Elliot (1982) a relev les donnes boursires quotidiennes ncessaires la construction de son modle pendant 60 semaines, au cours de l'anne prcdant l'annonce de la rserve. Dans l'tude de Soltani (1996), l'auteur a opt pour une priode d'estimation de 180 jours avant lannonce de l'vnement.

    La dfinition de la priode d'vnement semble plus dlicate.

    En effet, Dodd et al. (1984) mettent en vidence un paradoxe qui complique la dfinition de la priode d'vnement. Un des principaux soucis des chercheurs est d'viter l'interfrence des publications dinformation sur le march pendant l'observation, une telle opration est capable de perturber l'interprtation des rentabilits anormales calcules. Ceci, les incite limiter la dure de la priode d'vnement afin de rduire la probabilit qu'un vnement concomitant survienne au cours de l'tude.

    Toutefois, il n'est pas recommand de rduire excessivement la priode d'vnement car toute restriction considrable est de nature augmenter la probabilit de dfinir une priode qui n'inclut pas la date relle d'annonce. Ainsi, le choix d'une priode d'tude plus longue permet d'augmenter la probabilit d'y intgrer la vraie date, mais une priode d'vnement longue se heurte deux difficults principales :

    L'instabilit des paramtres estims qui peut biaiser les rentabilits anormales. L'annonce d'informations concomitantes modifiant l'interprtation des rsultats.

    Les dures retenues par les diffrents chercheurs sont, ici encore, trs variables. Dans chacun des cas, les auteurs justifient le choix de leur dure dobservation par l'importance qu'ils accordent l'un ou l'autre des lments du paradoxe expos plus haut. Firth (1978), par exemple, a choisi une priode d'observation courte (40 jours), comme Ball et al.(1979) (5 Semaines) et Soltani (1996) (60 jours).

    D'autres ont prfr mener leur tude sur une priode plus longue, comme Baskin (1972) (65 semaines), Elliot(1982) (60 Semaines) et Dopuch Holthausen et Leftwich (1986) (360 jours).

    Dfinition du modle de rfrence : Une fois l'vnement tudi est clairement identifi, il convient de dfinir le modle qui permettra de calculer la norme de rfrence. Une fois la norme est dfinie, il est possible de calculer la rentabilit anormale des titres subissant l'influence de l'vnement tudi de la manire suivante :

    RAit = Rit E (Rit)

    O:

    RAit : rentabilit anormale du titre (i) la date (t)

    Rit : rentabilit observe du titre (i) la date (t)

    E (Rit) : rentabilit attendue ou espre du titre (i) la date t (la norme de rfrence). Le pouvoir de la mthodologie dpend de la dfinition des E (Rit).

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    La plupart des travaux auxquels nous nous rfrons sont bass sur le modle de march comme ceux de : Baskin(1972), Firth (1978), Elliot (1 982), Davis (1982), Dodd et al. (1 984), Dopuch et al.(1986) et Loudder et al. (1992).

    Une fois dfini les paramtres du modle adapts l'tude, il revient au chercheur de fixer les modalits concrtes du droulement de ses travaux.

    3.2.2 Le processus de droulement des travaux

    Le principe de l'observation mise en place dans ce type d'tudes, consiste relever les cotations boursires des entreprises concernes, afin de pouvoir tudier leur comportement par rapport une norme, qui, dans la plupart des cas, prend la forme d'un groupe de contrle, autour d'une date d'vnement spcifique.

    Dfinition de l'chantillon : Lors de la constitution de l'chantillon, le chercheur doit s'assurer qu'il rpond certaines exigences. D'une part, toutes les entreprises retenues doivent rpondre aux caractristiques que l'tude se propose d'analyser. Dans le cas des recherches menes sur le contenu informatif des rapports d'audit, les auteurs recensent les rserves publies au cours d'une priode prcise.

    D'autre part, pour pouvoir appliquer la mthodologie de l'tude d'vnement, il est indispensable d'avoir un certain nombre d'informations. Si les diffrentes sources d'informations (bases de donnes, registres de places boursires, ....) ne permettent pas de collecter toutes les donnes ncessaires sur certains titres, les entreprises concernes sont gnralement exclues de l'chantillon.

    De ce dernier, seront limines aussi toutes les socits ayant ralis d'autres vnements pouvant affecter la valeur de leurs titres en mme temps que l'vnement tudi. Paralllement, comme dans l'tude de Elliot (1982), les auteurs sont parfois amens rduire volontairement la taille de l'chantillon constitu lorsqu'il se rvle trop important par rapport aux contraintes matrielles de la recherche. Ils ont recours pour cela un tirage alatoire, dans le but de limiter le biais introduit sur la composition de l'chantillon.

    Dfinition d'un groupe de contrle : Dans le cas du modle de march, une mesure correcte de la rentabilit anormale exige que la norme soit parfaitement dfinie partir d'un groupe de contrle qui doit prsenter des caractristiques comparables l'chantillon exprimental et dont le comportement sert de rfrence au calcul des rentabilits anormales. Ce choix a t Opr par Baskin (1972), Firth (1978), Banks et Kinney (1982)...

    Collecte des donnes : Les donnes peuvent tre mensuelles, hebdomadaires, voire quotidiennes. Toutefois, l'analyse de l'impact d'un vnement sur des donnes mensuelles Suppose qu'aucun autre fait marquant n'ait influenc le comportement du march au cours du mois considr, ce qui constitue une hypothse difficile vrifier dans le cadre des marchs financiers actuels. C'est la raison pour laquelle aucun des auteurs voqus n'a opt pour ce type de donnes.

    Dans leur majorit, les auteurs (comme Firth (1978), Elliot (1982), Dodd et al. (1984), Dopuch et al. (1986), Loudder et al (1992) et Soltani (1996)) font le choix des donnes quotidiennes dans le souci d'atteindre un plus haut degr de prcision.

    3.2.3 Le traitement des donnes

    A partir des donnes recueillies sur les cours des titres de l'chantillon exprimental et du groupe de contrle identifi, ou sur l'volution de l'indice de march retenu, le chercheur est en mesure,

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    pour chacune des dates de la priode d'observation qu'il a fix de calculer la rentabilit anormale associe chaque titre, puis la rentabilit anormale moyenne de l'chantillon chaque date.

    C'est partir de la rentabilit anormale moyenne de l'chantillon que les chercheurs procdent l'analyse des rsultats de l'tude. Ensuite, ils ont recours des tests statistiques pour dterminer le caractre significatif des rentabilits observes.

    3.3 La synthse des rsultats L'ensemble des rsultats obtenus ne permet pas de tirer une conclusion trs nette sur la ralit de l'utilit des rapports d'audit perue par les investisseurs.

    En effet, les rsultats de l'tude de Firth (1978) indiquent que certaines rserves contiennent une information significative qui est utilise par les investisseurs lors de la composition de leur portefeuille, immdiatement aprs la publication des rserves surtout lorsque ces rserves sont conformment ce qui est attendu.

    Toutefois, Firth (1978) soulve d'une part, que les investisseurs ragissent diffremment selon le type de la rserve publie et d'autre part, que ces rsultats peuvent tre causs par l'mission d'informations concomitantes.

    De mme, dans le contexte amricain, Loudder et al (1992), ont relev une raction ngative significative du march l'annonce de la rserve subject to.

    Cette mme rserve a fait l'objet de l'tude de Dopuch et al. (1986), dont les rsultats rvlent que les annonces de la rserve subject to sont rares mais lorsquelles se produisent, elles induisent des effets ngatifs sur les cours des actions concerns. Ce rsultat na pas t dmontr par les tudes antrieures. Par ailleurs, les auteurs montrent que limpact sur les cours des actions des rserves publies dans le Wall Street Journal est diffrent de celui des rserves publies de faon routinire dans les 10-K ou dans le rapport annuel. Les auteurs nont pas pu fournir des explications suffisantes quant cette diffrence.

    Banks et Kinney, quant eux, ils ont montr que le rendement des titres ajust par le risque pour les entreprises qui ont des pertes comptables imprvues (Accounting Loss Contingency) est considrablement mauvais par rapport celui des entreprises du portefeuille de contrle.

    De plus, la rentabilit anormale est plus grande pour les entreprises dont les rapports d'audit comportent des rserves que pour celles dont seules les annexes (des rapports supplmentaires) mentionnent des rserves, et aussi cette rentabilit est plus grande pour les entreprises dont les annonces de perte sont publies dans le Wall Street Journal.

    Dans un contexte diffrent, celui du march franais, Soltani (1996) dmontre qu'aussi bien: les diffrentes rserves tudies; les observations et les Constatations formules dans le rapport d'audit ; et surtout le refus de certification du commissaire aux comptes, ont tous un impact ngatif sur les cours boursiers.

    Nanmoins, les rsultats obtenus (montrant que les rentabilits anormales moyennes sont ngatives autour de la date d'vnement) dpendent du type de rserve, ou plus exactement de leur niveau de gravit.

    Durant la mme anne, Chen et Church (1996) concluent que les opinions avec rserves sur la continuit d'exploitation ont un impact ngatif sur les cours boursiers. L'excs des rendements ngatifs observs autour des dates de dpt du bilan sont plus important que pour les opinions sans rserves. Ceci renforce la valeur informationnelle des rapports daudit comprenant des rserves.

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    Fields et WiIkins (1991), quant eux, ont dcel un ajustement positif des cours l'annonce du retrait d'une rserve aprs une srie d'exercices relevant une opinion rserve.

    Mme s'ils ont identifi une raction du march, d'autres chercheurs n'ont pas attribu l'origine la publication du rapport d'audit.

    Ainsi, Dodd et al. (1984) indiquent que l'effet sur les prix des actions de la publication des rserves subject to est non significatif alors que celui des rserves disclaimer est significativement ngatif (mais 5 effectifs seulement attestent ce rsultat) d'o, les auteurs notent qu'il faut prendre ces rsultats avec prcaution.

    Par consquent, ces chercheurs signalent que le contenu informatif du rapport de l'auditeur pour le march est assez faible et surtout limit au cas des rserves les plus graves. Aussi, il est trs difficile d'isoler l'effet de la publication de ce contenu d'autres informations publies en mme temps, surtout lorsque ces dernires permettent au march d'anticiper les rvlations du rapport.

    Les rsultats obtenus par Elliot (1982) et Davis (1982) suggrent galement que les investisseurs sont en mesure d'anticiper la publication de rserves travers les informations concomitantes. En effet, ces chercheurs ont trouv que la rserve subject to ne peut pas contenir un supplment d'information vue qu'elle est prcde par des publications d'autres informations contenues dans le rapport d'audit et les tats financiers.

    Ainsi, les auteurs en concluent que les rapports d'audit transmettent une information pertinente pour les marchs financiers, puisque ceux-ci y ragissent, mme d'une faon non significative en fonction de la nature de la rserve, mais dont les intervenants sur ces marchs ont avant mme la publication des tats financiers.

    Dans ce sens, BalI et al. (1979) montrent que les rserves concernant la dprciation des btiments engendrent un effet considrable sur les prix des actions. Ceci, peut tre expliqu par le fait que cette rserve modifie les estimations des actionnaires en ce qui concerne la valorisation de l'actif immobilier. Pour les autres rserves tudies, leur impact sur le prix des titres, mesur par la rentabilit anormale, est faible.

    Des rsultats comparables sont rvls par l'tude de Mutchler (1985) qui stipule que, globalement, le contenu informatif de l'avis de l'auditeur avec la rserve going concern pour la plupart des entreprises concernes est faible, mais qu'il existe cependant des cas spcifiques dans lesquels cette rserve prsente un contenu informatif.

    Certaines recherches, enfin, n'ont permis de dceler aucune raction particulire des marchs la publication des rapports d'audit avec rserves.

    Suivant le travail de Baskin (1972), l'opinion sur le changement des mthodes comptables ne contient pas pour les investisseurs une information additionnelle. Ces investisseurs sont souvent incapables de mesurer la qualit de l'information comptable fournie.

    Aussi, les cours boursiers observs par Mittelstaedt et al (1992) n'ont pas t affects par la publication des rserves conscutives des changements de mthodes comptables.

    Plus rcemment, l'tude mene par Melumad et Ziv (1997) montre que :

    Pour les rserves non vitables : la raction du march est ncessairement ngative surtout avec une opinion going concern plutt que asset realization. Il est en fait clair que la publication de rserves invitables ne peut avoir que des effets nfastes sur la valeur de l'entreprise.

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    Pour les rserves vitables : les conclusions montrent que leur impact peut tre positif. Ce rsultat n'est que la combinaison d'une raction ngative la rserve de l'auditeur avec une raction positive de cette dcision peut dominer l'effet ngatif de l'objection de l'auditeur.

    Pour conclure, il est clair que les rsultats obtenus par les diffrentes tudes menes dans le cadre de notre problmatique, testant l'impact du contenu informatif du rapport d'audit sur le march financier, constituent bien un bilan contrast et htrogne.

    Conclusion Les analyses concernant les rapports d'audit, construites sur la base d'tudes de raction, reposent sur une mthodologie solide et reconnue en finance : la mthodologie des tudes dvnements.

    Cependant, le bilan des recherches prsent prcdemment nous conduit sinterroger sur les enjeux et limites de ces recherches. En effet, sous l'hypothse d'efficience des marchs, les ajustements de prix relatifs l'annonce d'informations nouvelles sont supposs se produire au moment o celles-ci sont transmises au march.

    Or, comme le souligne la plupart des auteurs eux-mmes, la dfinition de la date d'vnement constitue une tape trs dlicate dans le cadre de cette mthodologie et aucun procd ne permet d'identifier de manire certaine quel moment le march a pris connaissance de la rserve publie.

    Lun des soucis majeurs exprims par les chercheurs tient la difficult d'isoler dans l'tude le seul vnement qui en fait l'objet. Il semble en effet impossible de contrler l'absence de toute autre annonce concomitante pendant la priode retenue.

    Il est rare, en particulier, que l'opinion des auditeurs soit rendue publique de manire isole et il parat contestable d'imputer ces seuls rapports les ventuelles rentabilits anormales observes.

    Dun autre ct, la mthode suppose que le rapport d'audit constitue une information part entire. Or, comme l'indique Craswell (1985) on peut considrer que les rapports d'audit ne sont pas importants en eux-mmes, mais seulement dans la mesure o ils influencent le jugement des investisseurs sur les tats financiers. Il peut donc paratre contestable de dissocier les rapports d'audit des documents auxquels ils se rapportent et de mesurer leur seul impact sur les cotations.

    Ainsi, pour BaiIey (1982), si les investisseurs ragissent diffremment des signaux comportant des rapports d'audit distincts, leur raction n'est pas ncessairement gnre par l'information spcifique ces rapports. Pour lui, aucune conclusion concernant le contenu informatif des rapports d'audit ne peut donc tre tire partir de cette approche mthodologique: elle permet simplement de montrer que des signaux distincts prsentent des contenus informatifs diffrents.

    La majorit de ces problmes peut tre rsolu en tudiant le comportement de lutilisateur directement sans passer par les cours des actions. Cette mthode sinscrit dans le courant des recherches sur la comptabilit comportementale (tude dinterprtation) et plus prcisment dans les recherches sur le traitement humain de linformation qui sintressent tudier lutilit dcisionnelle du rapport daudit vis--vis dun groupe homogne dutilisateurs ou dun utilisateur individuel.

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    Chapitre II : Perception de lutilit du Rapport daudit par les banquiers et les analystes financiers

    Introduction Lutilit des donnes comptables pour l la prise de dcisions a donn naissance une voie de recherche connue sous le nom de comptabilit comportementale . Cette dernire qui a emprunt des thories la psychologie et aux sciences de comportement est venue pour pallier aux insuffisances des tudes de raction sur le march financier notamment celle relative la difficult didentification de la raction des cours boursiers la seule publication de linformation tudie. En effet, la raction du march peur tre explique par dautres sources informatives. La comptabilit comportementale va permettre dtudier lutilit dune information comptable non pas vis vis dun groupe htrogne dutilisateurs comme cest le cas pour les tudes sur le march financier , mais plutt vis vis dun utilisateur individuel ( groupe homogne dutilisateurs ). Dans ce chapitre , on exposera le courant