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Une jeunesse courtisée 2012 approche et, magie élec- torale oblige, la jeunesse réap- parait soudainement comme l’alpha et l’oméga de la poli- tique. 13 % du corps électoral aura l’année prochaine entre 18 et 24 ans. Abstentionniste traditionnelle, cette jeunesse s’était mobilisée en 2007 pour retomber depuis dans une profonde léthargie. Du coup, chacun y va de son colloque et de ses projets pour réveiller ces jeunes qui consi- dèrent la politique comme un jeu d’adulte où l’on perd à tous les coups. De Rama Yade à François Hollande en passant par Martine Aubry, Cécile Duflot, Jean-Louis Borloo et beaucoup d’autres, voilà des mois qu’ils partent chasser sur les terres des moins de 25 ans. Découvrant tardi- vement que sans l’adhésion de ceux qui feront la France de demain, point de projet de société crédible. Ils n’ont pas tort. Paradoxe : à force de s’inquiéter du jeunisme envahissant dans les médias, on a fini par oublier de s’intéresser aux jeunes, à leur éducation, à leur formation, à leur insertion professionnelle. De nombreuses réformes se sont empilées depuis 15 ans, sans visibilité aucune. Un millefeuille d’initiatives disparates qui n’ont en rien réglé la question majeure : le chômage de ces garçons et filles qui frappent en vain à la porte des adultes. Espérons que ces promesses ne finiront pas dans les poubelles de la campagne électorale. Dans tous les cas, les candidats devront batailler ferme pour convaincre ces jeunes, naturellement tentés par les extrêmes. Les paroles ne suffiront pas. 85 C’est le chiffre officiel du nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en Europe et qui vient d’être révélé par la Commission européenne. L’exclusion sociale et les nouvelles formes de pauvreté sont désormais les fléaux contre lesquels l’Europe doit se battre en priorité. Ce n’est plus seulement le système financier qui doit être amélioré, mais bien celui de notre modèle social. Le chiffre Et aussi P as de surprise, la campagne pré- sidentielle a commencé, les urnes à peine remisées jusqu’en 2012. Cette semaine, Martine Aubry présen- tait le projet socialiste. Un document d’une centaine de pages dont on n’a toujours pas compris s’il était une bible intangible ou une sorte de boîte à outils dans laquelle le ou la futur(e) candi- dat(e) se contentera de puiser ici ou là. Ce que l’on a bien compris en revanche, c’est qu’à la droite des socialistes, l’élec- torat centriste parfois considéré comme quantité négligeable, sera au contraire l’une des clés essentielles de la pro- chaine présidentielle. En 2007 Fran- çois Bayrou avait réalisé un score excep- tionnel de 18 %. Où sont aujourd’hui ces électeurs qui sont sans doute plus à droite qu’à gauche, mais qui en aucun cas ne se retrouvent dans le langage sécu- ritaire et parfois d’exclusion tenu à la droite de l’UMP. Conséquence : les can- didats sont nombreux aujourd’hui à vouloir occuper ce centre, objet de toutes les convoitises. Le problème, c’est qu’on ne sait jamais vraiment s’ils sont dedans ou dehors. De Morin à Borloo en pas- sant par Villepin et Bayrou, allez savoir ? De fait, aujourd’hui dans une quasi- opposition, où seront-ils demain ? La question est d’abord posée à Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, qui s’apprête à quitter l’UMP. Sera-t-il can- didat ? Et si oui, pourquoi ? Certains craignent qu’avec une telle candidature, celle de Sarkozy soit définitivement hypo- théquée. D’autres, à l’inverse, la juge indispensable. Mais, dans cette hypo- thèse, dans quel but au second tour ? Autrement dit, pour qui roule Jean-Louis Borloo, sachant qu’une partie de ses élec- teurs ne le suivraient pas s’il se ralliait au candidat de l’ UMP entre les deux tours. Même minoritaires, ces centristes qui diront non à l’UMP peuvent faire la dif- férence et porter à l’Élysée le candidat de gauche. De quoi faire réfléchir l’ancien ministre d’État. R.N. > Lire en p. 2 et3. Au sommaire Agora : Laurent Hénart, Jean-Claude Gaudin > P. 2-3 L’opinion de Michèle Cotta > P. 4 Initiatives : La Basse- Normandie réinvente ses villes >P. 6-7 Focale : Noël Mamère >P. 8 Expertises : Polémique sur le gaz de schiste Jean-Louis Caffier >P. 10 Témoignage : Un grand reporter de l’AFP Karim Talbi en Libye > P. 11 Culture : « La ville fertile » au Palais de Chaillot avec Nicolas Gilsoul > P. 12 2.0 : Chômage : le Web en colère > P. 14 Déblogage : L’après-cantonales sur la Toile > P. 15 NUMÉRO 405 — MERCREDI 6 AVRIL 2011 — 1,30 ¤ Éditorial Robert Namias Directeur de la publication : Bruno Pelletier Directeur : Robert Namias BERTRAND GUAY / AFP JOEL SAGET/AFP PATRICE COPPEE PHILIPPE HUGUEN Centristes : un électorat très convoité FRANCOIS LO PRESTI / AFP lhemicycle.com millions de personnes Au PS, toujours pas de candidat mais un projet. À l’UMP le débat sur la laïcité fait pschitt. Et les centristes attendent leur heure ; leur choix sera décisif pour 2012. Sondage Les 18-24 ans tentés par les «anti-système» Bayrou, Le Pen et Besancenot C’est ce qu’affirme un sondage réalisé par Ipsos-Logica Business Consulting pour le groupe de radio numérique Goom. > L’article de Brice Teinturier en page 4 Laurent Hénart > P. 2 Jean-Claude Gaudin > P. 3 BORIS HORVAT / AFP ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

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l'Hémicycle numéro 405 du mercredi 6 avril 2011

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Page 1: l'Hémicycle - #405

Une jeunessecourtisée

2012 approche et,magie élec-torale oblige, la jeunesse réap-parait soudainement commel’alpha et l’oméga de la poli-tique. 13 % du corps électoralaura l’année prochaine entre18 et 24 ans. Abstentionnistetraditionnelle, cette jeunesses’étaitmobilisée en2007pourretomber depuis dans uneprofonde léthargie. Du coup,chacuny vade soncolloqueet

desesprojetspour réveiller ces jeunesqui consi-dèrent lapolitiquecommeun jeud’adulteoù l’onperdà tous les coups.DeRamaYadeàFrançoisHollande en passant par Martine Aubry, CécileDuflot, Jean-LouisBorlooetbeaucoupd’autres,voilà des mois qu’ils partent chasser sur lesterres des moins de 25 ans. Découvrant tardi-vement que sans l’adhésion de ceux qui ferontla France de demain, point de projet de sociétécrédible. Ils n’ont pas tort. Paradoxe : à force des’inquiéter du jeunisme envahissant dans lesmédias, on a fini par oublier de s’intéresser auxjeunes, à leur éducation, à leur formation, à leurinsertion professionnelle. De nombreusesréformes se sont empilées depuis 15 ans, sansvisibilité aucune. Un millefeuille d’initiativesdisparates qui n’ont en rien réglé la questionmajeure : le chômage de ces garçons et fillesqui frappent en vain à la porte des adultes.Espérons que ces promesses ne finiront pasdans les poubelles de la campagne électorale.Dans tous les cas, les candidats devrontbatailler ferme pour convaincre ces jeunes,naturellement tentés par les extrêmes. Lesparoles ne suffiront pas.

85C’est le chiffre officiel du nombre de personnesqui vivent sous le seuil de pauvreté en Europe et quivient d’être révélé par la Commission européenne.L’exclusion sociale et les nouvelles formes de pauvretésont désormais les fléaux contre lesquels l’Europedoit se battre en priorité. Ce n’est plus seulementle système financier qui doit être amélioré, maisbien celui de notre modèle social.

Le chiffre

Et aussi

Pas de surprise, la campagne pré-sidentielle a commencé, les urnesà peine remisées jusqu’en 2012.

Cette semaine, Martine Aubry présen-tait le projet socialiste. Un documentd’une centaine de pages dont on n’atoujours pas compris s’il était une bibleintangible ou une sorte de boîte à outilsdans laquelle le ou la futur(e) candi-dat(e) se contentera de puiser ici ou là.Ce que l’on a bien compris en revanche,c’est qu’à la droite des socialistes, l’élec-torat centriste parfois considéré commequantité négligeable, sera au contrairel’une des clés essentielles de la pro-chaine présidentielle. En 2007 Fran-çois Bayrou avait réalisé un score excep-

tionnel de 18 %. Où sont aujourd’huices électeurs qui sont sans doute plus àdroite qu’à gauche, mais qui en aucuncasne se retrouventdans le langage sécu-ritaire et parfois d’exclusion tenu à ladroite de l’UMP. Conséquence : les can-didats sont nombreux aujourd’hui àvouloir occuper ce centre, objet de toutesles convoitises. Le problème, c’est qu’onne sait jamais vraiment s’ils sont dedansou dehors. De Morin à Borloo en pas-sant parVillepin et Bayrou, allez savoir ?De fait, aujourd’hui dans une quasi-opposition, où seront-ils demain ? Laquestion est d’abord posée à Jean-LouisBorloo, le président du Parti radical, quis’apprête à quitter l’UMP. Sera-t-il can-

didat ? Et si oui, pourquoi ? Certainscraignent qu’avec une telle candidature,celledeSarkozy soitdéfinitivementhypo-théquée. D’autres, à l’inverse, la jugeindispensable. Mais, dans cette hypo-thèse, dans quel but au second tour ?Autrementdit, pourqui roule Jean-LouisBorloo, sachantqu’unepartie de ses élec-teurs ne le suivraient pas s’il se ralliait aucandidat de l’ UMP entre les deux tours.Même minoritaires, ces centristes quidiront non à l’UMP peuvent faire la dif-férence et porter à l’Élysée le candidat degauche. De quoi faire réfléchir l’ancienministre d’État.

R.N.>Lire en p. 2 et3.

Au sommaire • Agora : LaurentHénart, Jean-ClaudeGaudin>P. 2-3 • L’opinion deMichèle Cotta>P. 4 • Initiatives : La Basse-Normandie réinvente ses villes>P. 6-7 •Focale :NoëlMamère>P. 8•Expertises : Polémique sur le gazde schiste Jean-LouisCaffier>P. 10•Témoignage : Un grand reporter de l’AFP Karim Talbi en Libye>P. 11 • Culture : « La ville fertile » au Palais de Chaillot avecNicolas Gilsoul>P. 12 • 2.0 : Chômage : leWeb en colère>P. 14•Déblogage : L’après-cantonales sur la Toile>P. 15

NUMÉRO 405 —MERCREDI 6 AVRIL 2011 — 1,30 ¤

ÉditorialRobert Namias

Directeur de la publication : Bruno Pelletier Directeur : Robert Namias

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JOELSAGET/AFP

PATRICECOP

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Centristes : un électorat très convoité

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PRESTI/AFP

lhemicycle.com

millions depersonnes

AuPS, toujours pas de candidatmais un projet. À l’UMPle débat sur la laïcité fait pschitt. Et les centristes attendentleur heure ; leur choix sera décisif pour 2012.

SondageLes 18-24 ans tentés parles «anti-système» Bayrou,Le Pen et BesancenotC’est cequ’affirmeun sondageréalisé par Ipsos-LogicaBusinessConsultingpour le groupede radionumériqueGoom.

>L’article deBrice Teinturier en page 4

LaurentHénart>P. 2

Jean-ClaudeGaudin>P. 3

BORISHORVAT

/AFP

ANNE-CHRISTINEPO

UJOULAT/A

FP

Page 2: l'Hémicycle - #405

NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE 3

Regretteriez-vous le départ deJean-Louis Borloo de l’UMP ?Oui, bien entendu. Jean-Louis Bor-loo est un homme très sympa-thique. Il a été unministre sérieux.Il a le contact facile avec les Fran-çais. Mais je pense que, s’il quittaitl’UMP, il commettrait une faute.Les Français qui croient en nousveulent le rassemblement, l’unité etsurtout pas la division. Jean-LouisBorloo et le parti radical ont toutesleurs places dans la majorité pré-sidentielle. Je ne me souviensd’ailleurs pas les avoir entendus seplaindre quand nous avons négo-cié la composition des listes quel’UMP a présentées à l’occasiondes européennes de 2009 et desrégionales de 2010. Oui à la diver-sité, non à la division !

Mais Jean-Louis Borloo estimeque l’UMP s’est trop éloignéedu centre…Nous n’allons pas doser en perma-nence. Nous ne sommes plus autemps de l’UDF et du RPR et deleurs hostilités incessantes au par-lement ou ailleurs. À l’UMP, depuis2002, les centristes et les libérauxont toute leur place. Pierre Méhai-gnerie, Marc-Philippe Daubresse,Hervé Novelli oumoi-même nousl’avons. Et si en novembre, à l’oc-casion du remaniement d’alors,j’ai pu regretter que certaines de sespersonnalités ne figurent plus augouvernement, je trouve depuisque Jean-François Copé semontreau parti très respectueux des diffé-

rentes familles qui le composent.Lors des bureaux politiques del’UMP, chaque mercredi, chacunpeut s’exprimer comme il l’entend.Il y a de vrais débats.

Vous êtes donc également opposéà une candidature de Jean-LouisBorloo en 2012 ?Seul le président de la Républiqueactuel est susceptible de nousmener au succès. Il est déterminé,courageux, volontaire, reconnu sur

le plan international. Il a sumenerdes réformes qui aujourd’hui pro-duisent leurs fruits, tenir le gouver-nail alors que les crises se succé-daient… Je ne vois pas ce qu’onpeut lui reprocher. Je le redis : laplace de Jean-Louis Borloo et desradicaux est dans l’UMP, dans unpartage juste et équilibré. L’an pro-chain, il faudra que nous nous bat-tions ensemble. Unis, nous comp-tons. Séparés, il est probable quenous ne résisterions pas à l’électionprésidentielle.

Certains dans la majorité craignentque son départ soit un coup mortelpour l’UMP.Et vous ?

Non. Je le regretterais, mais lesforces du parti radical, même sousl’impulsion de Jean-Louis Borloo,me semblent identiques à cequ’elles ont été par le passé…

Vous êtes un des fondateursde l’UMP.Vous êtes depuis 2002dans ses instances dirigeantes.Comment expliquez-vous la criseque traverse le parti ?Nous sommes vilipendés et carica-turés en permanence. Toutes nos

propositions sont déformées parles biens pensants qui les relaientdans desmédias complaisants. Pre-nons l’exemple du débat sur la laï-cité. Il a été présenté comme unemanœuvre hostile à l’Islam alorsque tout ce que nous faisons dansles villes que nous dirigeons prouvele contraire ! Évacuons aussi le plusvite possible les proposmaladroits,mal interprétés, lesmauvaises pen-sées Nous devons tous être der-rière le président de la République.François Fillon a le soutien total duSénat et de l’Assemblée. L’UMP seflatte de personnalités diverses quipeuvent envisager des succès à longterme… mais c’est à long terme !

Je leur conseillerais donc de neplus en parler.

Comment lutter contre la nouvellepoussée du FN?Longtemps, on m’a expliqué quele FN n’était qu’un abcès qui neconcernait que le sud de la France.« Réglez le problème comme vousl’entendez, me disait-on, mais quele mal ne nous atteigne pas ! »Aujourd’hui ce mal s’est répandu.Le FN a peut-être une allure plusmoderne, un visage plus attrayant,mais ses idées restent les mêmes.Ses moteurs demeurent la haine,l’exclusion, la différence d’avec lesautres. Ses propositions écono-miques, culturelles sont en totaleopposition avec ce que nous pro-posons. Nous, nous défendons lesvaleurs d’égalité, de justice, de tolé-rance. Jamais un rapprochementne sera envisageable avec lui.

Quelle conséquence aura la défaitede la majorité aux cantonalessur les élections sénatorialesde l’automne ?Tous les sénateurs UMP candidatsaux cantonales ont été réélus, àl’exception d’un seul. Ces résul-tats auront peu d’impact. L’échecaux municipales de 2008 en auradavantage. Malgré tout, je restepersuadé que le Sénat restera ausein de la majorité présidentielle.

Propos recueillispar Ludovic Vigogne

Chef du service politiquede Paris Match

Le sénateur-maire de Marseille, président de la commission desinvestitures de l’UMP, dénonce l’hypothèse d’une candidature Borlooqui, selon lui, risquerait de faire perdre Nicolas Sarkozy.

Agora

JEAN-CLAUDE GAUDIN

Les centristes se voientpousser des ailes� Le nouvel échec électoral del’UMP, un an après les régionales,dégage un espace politique auxcentristes et conforte leur désirde candidature autonome en2012. Mais pour qu’ils yparviennent, il leur faudradépasser leurs divisions etles ego de leurs leaders.Jean-Louis Borloo ne cache plusson intention de constituer uneforce politique, après l’échec descantonales marquées par uneabstention record et une tentationdu vote extrême, preuve sansdoute d’une société bloquée etinquiète de la mondialisation.Mais c’est aussi pour les Françaisl’occasion de redire leur déceptionvis-à-vis d’un pouvoir qui nes’occupe pas des vrais problèmestels ceux engendrés par la crise.Les centristes ont donc lesentiment d’ une responsabiliténouvelle dont Jean-Louis Borlooporte et incarne l’ambition sociale.L’ex-ministre de l’Écologie etpatron des radicaux, ne cachaitplus ces dernières semaines sonintention de quitter l’UMP. Ilattendait de passer les cantonalespour ne pas être accusé d’avoirfavorisé la défaite de son camp.Sentant le vent tourner, NicolasSarkozy a mis en garde « ceuxqui voudraient mettre en causel’unité » de sa famille politique.Mais cela sera-t-il suffisant pourempêcher la famille centristede s’unifier.« En se déportant à droite,Sarkozy a ouvert un espace aucentre pour un candidat UDFhistorique », confirme FrédéricDabi de l’ IFOP. Le potentielélectoral d’un tel candidat sesituerait entre 16 et 20 %. Maisl’espace est aujourd’huiextrêmement concurrentiel,constate le politologue, citantoutre Borloo, les noms de Morin,Bayrou ou Villepin.

Joël Genard

«SEUL LE PRÉSIDENTDE LARÉPUBLIQUEACTUEL EST

SUSCEPTIBLEDENOUSMENERAU SUCCÈS. »

« Si Jean-Louis Borloo quittait l’UMP,il commettrait une faute !»

ANNE-CH

RIST

INEPO

UJOULAT/A

FP

2 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

Agora

Leparti radical s’apprêteàquitterl’UMP?Pourquoi?Aujourd’hui, il y a au sein de lamajorité une aile conservatrice –pour laquelle la sécurité, l’ordre, lalutte contre l’immigration sont despriorités – et une aile sociale quiestime qu’il faut renforcer la cohé-sion entre les Français de manièreapaisée. Aujourd’hui, nous voulonsconstruire cette dernière option.Elle prendra la forme d’une confé-dération, composée duparti radical,des centristes, des républicainssociaux, des gaullistes…Elle ne serapas intégrée à l’UMP,mais sera uneforce à côté de l’UMP, liée dans uncontrat de gouvernement clair. Cechoix sera validé mi-mai lors d’uncongrès du parti radical, en mêmetemps que le nouveaumanifeste denotre formation. Cette force poli-tiquenouvelle servira toute lamajo-rité : celle-ci sera plus forte qu’avecune seule voix monocorde.

Quelle est savocationà terme?Elle doit défendre unprojet lors desprochaines échéancesprésidentielles

et législatives et avoir une organi-sation parlementaire et locale. Enclair, elle doit avoir des idées, descandidats, des élus.

Necraignez-vouspasdesturbulencesàdroite?Non. Les débats que nous avonseus sur la déchéance de nationa-lité, la laïcité, l’attitude vis-à-vis duFNdans l’entre-deux-tours des can-

tonales ont montré qu’il y avaitd’ores et déjà deux grandes famillesau sein de la majorité. Et puis nousavons toujours été très loyaux et neprenons personne de court. Dès lelendemain des élections régionalesdemars 2010, nous avons souhaitéun rééquilibrage des forces au seinde la majorité. Déjà, nous avionssouligné la remontéeduFrontnatio-nal et la forte abstention. Depuis ily a eu les Roms, la surenchère de

propos sécuritaires, la rafale de son-dages – qui ont montré que la stra-tégie actuelle de la majorité étaitloin de porter ses fruits– et bien sûrle résultat des cantonales…

Vousn’avezpaspeurd’affaiblir unpeuplusNicolasSarkozyet l’UMP?Aujourd’hui, ce qui affaiblit lamajo-rité, ce sont les tensions et les riva-lités personnelles qui existent entre

le président, le premier ministre etle secrétaire général de l’UMP. C’estaussi la dérive à droite entaméedepuis l’été 2010qui a réduit son ter-ritoire politique.

En revient-onau tempsduRPRetde l’UDF?Oui et non. Oui, car cela aura pourconséquencequ’un seul parti n’aurapas tous les pouvoirs. Cela donneral’impression d’un équilibre rassu-

rant pour les Français. Non, car laforce que nous créons ne sera pasl’UDF. La France a changé. Les éco-logistes indépendants y auront leurplace, tout comme des représen-tants des milieux syndicalistes ouassociatifs (telle Fadela Amara) ouencore des gaullistes.

Ladoubleappartenanceavecl’UMPsera-t-ellepossible?

Laquestionn’est pasdéfinitivementtranchée, mais pour le moment, ilnousparaît souhaitableque, jusqu’àl’été2012,despersonnalitésmembresd’une autre formation puissentparticiper à nos travaux. Il ne fautd’ailleurs pas poser cette questionuniquementpar rapport à l’UMP.Lepérimètre de la majorité présiden-tiellepourra s’ouvrirdans l’autre senségalement. En revanche, ceux quiauront cette double appartenancen’auront qu’une voix consultative.

Allez vouscréer votrepropregroupeà l’Assemblée?Ce n’est pas pour nous la priorité.L’organisation parlementaire vien-dra après l’organisation politique.Elle se fera après des élections géné-rales plutôt qu’avant. L’affaire del’amendement de la déchéance denationalité a d’ailleurs montré quel’absence de groupe n’empêchaiten rien de faire valoir nos convic-tions et de l’emporter.

Que représenteBorlooauxyeuxdesFrançais ?Sur le fond, la cohésion sociale ; surla forme une société réconciliée.Avec la crise quenous traversons, lesFrançais se disent qu’on ne peutplus fonctionner avec des querellesidéologiques permanentes.

Doit-ilseprésenteràl’Élyséeen2012?Beaucoupauparti radical le pensent.C’est mon cas.Mais aujourd’hui, la priorité de Jean-Louis Borloo est de faire un tour deFrance pour voir si ses idées ren-contrent l’écho des Français et d’ac-quérir des alliés. Pour lui, le choixde personnes se fera à l’automne.

Oùensont ses relationsavecFrançoisBayrouetDominiquedeVillepin?Il n’a de rapports belliqueuxni avecl’un, ni avec l’autre. Tous les deuxont créé leur propre formationpoli-tique et sont sur une logiqueperson-nelle qui leur est propre.ConcernantFrançois Bayrou, j’ajouterai que sonambiguïté depuis 2007 et son posi-tionnement ni droite, ni gauchefait qu’il n’a aucunallié.Or, laVèmerépublique oblige à choisir desalliances claires.

Etavec leNouveauCentre?J’ai trouvé Hervé Morin, lors denotre dernière réunion, très allant.Plus personnen’a d’hésitation pourbâtir cette confédération.

Propos recueillispar Ludovic Vigogne

Chef du service politiquede Paris Match

Proche de Jean-Louis Borloo depuis son passage au gouvernement au côté de l’ancienministred’État, Laurent Hénart souhaite ardemment la candidature du président du parti radical.

«LANOUVELLE FORCE AUTOURDU PARTI RADICALDOITAVOIRDES IDÉES,DESCANDIDATS,DESÉLUS.»

LAURENT HÉNART

«Ladériveàdroite entaméedepuis l’été2010a réduit le territoirepolitiquede lamajorité»

BORI

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FP

Les grandes manœuvresde l’après-cantonales�Alors qu’à gauche comme prévuFrançois Hollande a annoncé sacandidature aux primaires, enattendant celle de Martine Aubryou de Dominique Strauss-Kahn,chez les écologistes, NicolasHulot est lui aussi dans lesstarting-blocks. L’homme dupacte écologique de 2007,plébiscité dans les sondages

de popularité où il devance mêmeDSK, devrait, sauf surprise, déclarersa candidature dans la semainedu 11 avril. À droite, la défaite descantonales a mis en lumière uneligne de fracture profonde dansla majorité présidentielle sur lastratégie de « droitisation »adoptée par Nicolas Sarkozy. Aprèsles tensions du débat sur le « ni ni »(ni FN, ni front républicain) del’entre-deux-tours, la tenue mardi

du débat controversé sur « lalaïcité» a encore radicalisé lespositions, avec en point d’orgue,un affrontement violent entre lepatron de l’UMP, Jean-FrançoisCopé et le Premier ministreFrançois Fillon. Le FN compteégalement tirer parti d’uneimplosion de l’UMP pour créerautour de lui « un rassemblementdes patriotes de droiteet de gauche ». J.G.

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Le sondage Ipsos-Logica Busi-nessConsulting, réalisé pourGoom Radio auprès d’un

échantillon national représentatifde 500 jeunes, fait apparaître aumoinsquatre grands enseignements.

1er enseignement : les jeunes s’in-téressent à la politique : enmoyenne, 52 % le disent, soit uneproportion quasi identique à cellede l’ensemble des Français. Mais ilserait plus juste de dire que certainsjeunes s’intéressent à la politique,tant le sexe, la niveau d’études etla profession sont discriminants.Ainsi, ce sont les jeunes hommes(57 %) plutôt que les jeunes filles(47 %) qui s’intéressent à la poli-tique ; les diplômés du supérieur(70 % des bac + 3 et plus) plutôtque les non-bacheliers (43 %) ; lesfoyers de cadres moyens ou supé-rieurs (63 %) plutôt que les foyersouvriers (42 %).

Deuxième enseignement : la sen-sibilité à l’offrede candidatures estextrêmement élevée : le sondageIpsos-Logica Business Consultingconfirmeainsi des éléments connus ;par exemple, le hautniveau attribuédans cette classe d’âge à OlivierBesancenot (entre 11 % et 15 %d’intentions de vote), à FrançoisBayrou (entre 12 % et 16 %) ou àMarine Le Pen (entre 20 % et 23 %d’intentionsdevote), seporte surdescandidats qui se situent enmargeoucontre le système. Mais il en révèled’autres : l’élasticité du vote poten-tiel est en effet considérable suivantle candidat socialiste testé : 30% s’ils’agit de Dominique de Strauss-Kahn, soit un niveau très proche de

celui relevé auprès de l’ensemble dela population ; en revanche, beau-coupplus que lamoyennedes Fran-çais pour Ségolène Royal, quiconfirme là son ancrage chez lesjeunes, et beaucoup moins pourMartine Aubry ou François Hol-lande, particulièrement pénaliséschez les 18-20 ans. Tout se passecomme si les jeunes accordaient

une forte prime à ceux d’une partqu’ils connaissent et d’autrepart, quiincarnent une promesse expliciteou implicite de renouvellement.

Troisième enseignement : c’est lasensibilité à l’offre de candida-tures qui bouscule le plus les rap-ports de force gauche-droite. Sui-vant leshypothèses testées à gauche,

ce bloc obtient entre 31 % et 47 %des intentions de vote. C’est direcombien le jeu est ouvert…

Quatrième enseignement : il nesuffit pas d’être écologiste pourséduire les jeunes : Eva Joly n’ob-tient que 2 % à 3 % des intentionsde vote, sans doute parce qu’ellereste peu connue mais également,parce qu’elle ne séduit pas cetteclasse d’âge. La candidature deNicolas Hulot est souhaitée par49 % des jeunes tandis que 48 %la pronostiquent. Et 60 % de ceuxqui pronostiquent que NicolasHulot sera candidat le souhaitent.C’est un bon début. Mais ce n’estcertainement pas l’assurance d’unscore important. Nicolas Hulotserait-il davantage le candidat desplus et non des moins de 25 ans ?Nous en aurons peut-être la confir-mation ou l’infirmation dans lesmois à venir.

Brice TeinturierDirecteur Général délégué d’Ipsos France

Plan large

Un sondage Ipsos Logica Business Consulting, réalisé pour le groupe de radionumérique Goomsur les intentions de vote des jeunes âgés de 18 à 24 ans,montre que cette tranche d’âge flirte avec tous ceux qui refusent unsystèmebi-partisan. À l’exception deDominique Strauss-Kahn et SégolèneRoyal, les autres candidats socialistes ne font pas recette. Nicolas Sarkozyest largement distancé. En attendantNicolas Hulot ?

Les jeunesséduitspar les«anti-systèmes»

L’appel de TulleRien d’inattendu dans la déclara-tion de candidature de FrançoisHollande. Il avait, depuis long-temps annoncé son intention,s’il était reconduit à la présidencede la Corrèze, de se lancer dans labataille. Et pourtant, beaucoupde choses ont changé depuis lenouvel appel de Tulle.D’abord, c’est la transformationphysiquedunouvelHollandequi asautéauxyeux.À juste titre.Carelleest à lamesurede sadétermination.On ne perd pas quelques dizainesde kilos, -trop disent certains- sansune volonté de fer d’aller jusqu’aubout du chemin, c’est-à-dire, pourcommencer, auxélectionsprimairessocialistes de l’automne.Ensuite, la présence de FrançoisHollande modifie bien évidem-ment les plans de DominiqueStrauss-Kahn : celui-ci, dans unpremier temps, ne voulait pas deprimaires. Il aurait été possible deles éviter si les candidats en liceavaient été sans danger, sansbataillons. Avec Hollande, ce n’estplus le cas : c’est un poids lourd,même s’il mène, depuis plusieursmois déjà, une campagne endehors du Parti socialiste. Ce seradonc à un véritable débat, poli-tique, économique programma-tique, que se livreront, le momentvenu les deux hommes. Domi-nique Strauss-Kahn ne pourra paséchapper à la confrontation. Lepacte avec Martine Aubry ne luisera d’aucun secours.À n’en pas douter, il y a du Mitter-rand dans François Hollande. Passeulement dans certaines de sesattitudes à la tribune, coude posésur le pupitre, mais aussi dans lestyle oratoire, classique, alternantpropos sérieux et ironiques, et sur-tout dans le fait qu’il ait, lui, et per-sonne d’autre, imposé son rythmeau débat pré-présidentiel. Il y aplus : se situant au centre du PS,même s’il n’est pas soutenu par sadirection, il se veut, pour l’heure,le plus rassembleur : avec le cen-tre, il partage la conviction euro-péenne ; la gauche de la gauche,incarnée par Jean-Luc Mélenchon,ne lui manifeste pas la même hos-tilité qu’à DSK. Et les verts, qu’il abien traités lorsqu’il était premiersecrétaire du PS, le considèrentcomme interlocuteur légitime.Même si une récente enquête leplace désormais devant MartineAubry, les sondages font encore ladifférence. Hollande a choisi de nepas s’y arrêter.

PATRICKKOVARIK/AFP

Sondage réalisé par Ipsos / LogicaBusiness Consulting sur unéchantillon de 500Français inscritssur les listes électorales, âgés de 18à 24 ans, du 28 au 30mars 2011pour le groupe de radio numérique :

L’opinionde Michèle Cotta

DR

«LA CANDIDATURE DE NICOLASHULOT EST SOUHAITÉE PAR UN

JEUNE SUR DEUX, MAIS POUR AUTANTVOTERONT-ILS POUR LUI ?»

4 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

Question :

Demanièregénérale, diriez-vousque

vousvous intéressezà lapolitique?

Question :

Et souhaitez-vousqueNicolasHulot se

présenteà laprochaineélection

présidentielle?

Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, plutôt pas Non, pas du tout

Page 4: l'Hémicycle - #405

habitants des quartiers, nous souhai-tons apporter de la chaleur humaine ».Pour les associations, « Réinven-tons la ville » est un appel à faireémerger des projets, et à dévelop-per des actions nouvelles afin d’ai-der les populations des quartiers àtrouver leur place dans un contextede transformation urbaine etsociale. « La participation régionale

est un levier pour des projets appelésà devenir pérennes. Nous sommes trèsexigeants vis-à-vis des porteurs deprojet ». Et en s’élargissant auxactions expérimentales, le pro-gramme s’est ouvert à d’autrestypes d’associations que celles habi-tuellement impliquées dans la poli-tique de la ville. Artistes, compa-gnies de théâtre, associations devulgarisation scientifique appor-tent désormais leur talent et leursavoir-faire aux quartiers.

À la ville et à la campagne« Toute action est intéressante en soi.Réinventons nos villes réunit unemultitude de succès. Naturellement,certains projets n’aboutissent pas

comme espérés, mais pour toutes lesactions réussies, et la vie que celaamène dans les quartiers, c’est unsuccès ». Portée par cette réussite,la Basse-Normandie étend depuis2008 l’opération à la campagne.L’occasion également de se démar-quer d’une étiquette trop urbaine.Parmi les projets développés : com-ment faire pour qu’un ménage

s’installe dans une commune ruralede Basse-Normandie et y vive bienet durablement, permettant la créa-tion d’un lieu de vie, d’échange,facilitant l’accès à la culture etencourageant le mieux vivreensemble, ou encore réinventantle travail à la campagne. « Les deuxprogrammes se rapprochent. C’estl’idée aussi qu’un territoire pour vivredoit être stimulé. La Région soutientdes actions qui apportent une valeurajoutée et redynamisent les quartiers,ou améliorent l’accueil en secteurrural. Ce qui me ravit, c’est la qua-lité des projets. La richesse et le renou-vellement des initiatives sont autantd’objets de satisfaction ».

Ludovic Bellanger

NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE7

Entre tradition et modernité,construit sur l’ancien site de

Météo France (racheté par la Russiel’an dernier), le futur Centre spiri-tuel et culturel russe s’annoncecomme le nouveau monument dela capitale.Œuvre d’architectes pari-siens etmoscovites, le projet retenuau terme d’une consultation inter-nationale a séduit par « sa synthèsede la tradition orthodoxe et de lamodernité à laquelle peut prétendreune ville comme Paris », a soulignél’archevêqueMarc d’Egorievsk, auxi-liaire du patriarche à Moscou.Cinq bulbes dorés, dont le plushaut s’élèvera à 27m, s’élancerontau-dessus d’un léger voile en verre.Pour son créateur espagnolManuelNuñez Yanowsky, la toiture trans-

lucide ne sera pas seulement ungeste d’architecture moderne. Ilévoquera symboliquement « levoile de la mère de Dieu ». Ainsienveloppée, l’église sera entouréede nature, l’autre élément essentieldu projet. Un vaste jardin quis’étendra aussi bien au sol que surdes terrasses et en toiture. « C’estun beau compromis entre la tradi-tion orthodoxe et l’architecturecontemporaine qui s’impose aucœur à Paris » a souligné Mgr Nes-tor, représentant de l’Église russe.« Les travaux de constructionseront lancés au début de 2012 »précise Vladimir Kojine, présidentdu jury. Ils seront principalementfinancés par l’État russe et l’Égliseorthodoxe de Russie. �

Unvoile russe surParis

«Réinventons laville».Potagerdansunquartier deCaen.PHOTOERIC BIERNACKI

VENDÉEUNENOUVELLEPRISON?� Les établissements pénitentiairesde Fontenay-le-Comte (dont lafermeture est envisagée pour 2016),et de LaRoche-sur-Yon pourraientfusionner et donner naissance à unenouvelle prison de 300places,a annoncé le Garde des SceauxMichelMercier. « Une opportunité » pourle président du Conseil général BrunoRetailleau et le sénateur deVendéeJean-ClaudeMerceron. « Le nouvelétablissement serait un atout pourle fonctionnement de la justice etpour les familles rendant visite à leursproches détenus. Il permettrait lemaintien d’un établissement carcéralmoderne et de qualité dans notredépartement ».

VAUCLUSELESTAXISLOW-COSTSURLASELLETTE� Affichant des tarifs défiant touteconcurrence, Easy Take a suscité lacolère du syndicat des artisans taxisduVaucluse. Présente àAvignondepuis 2010, la société de transport àbas coût a perdu « temporairement »sa licence de voiture de tourisme avecchauffeur,mais conserve une licence« transport routier de voyageurs ».Elle entend s’étendre àNîmes,Cavaillon etMontpellier. Àmoinsque la cour d’appel àNîmes saisiedu dossier n’en décide autrement.

AQUITAINELAMISSIVED’ALAINROUSSET� Comme suite aux événementsdu Japon, Alain Rousset – présidentdu Conseil régional d’Aquitaine et del’Association des régions de France –a interpellé par courrier François Fillonsur l’avenir énergétique de la France.Il dénonce « le lien entredéveloppements de l’énergienucléaire et l’État centralisé ». Et desouligner : « Les régions ont un rôlemajeur à jouer, à l’instar des Länderallemands ou des Communautésautonomes espagnoles, avec uneapproche de bouquet énergétique.Les régions (…) ont une expertiseparticulièrement utile et des projetsdans le développement des énergiesrenouvelables ».

PACAAPRÈSLECALME,LATEMPÊTEÀMARSEILLE� Les relations se tendent entre lesélus et les organisateurs deMP2013,désignée capitale européenne de laculture. Après le récent « départ » deson directeur emblématique BernardLatarjet,laprésidentedelacommunautéd’Aix –Maryse Joissains – a prévenudans un entretien à LaProvence :«Nous n’irons pas jusqu’au bout sil’0on nousméprise ». La presse localede fustiger une culture qui bafouille.« La vie culturellemarseillaise estsinistrée.Drôlede façonde sepréparerà 2013 » assèneAlainHayot, ancienvice-président à la culturede la région.

En bref

Modernité. Implantéprèsde laTourEiffel, le futurCentre culturelrussecomprendrauneégliseorthodoxeauxcôtésd’unebibliothèqueetd’un jardin. PHOTODR

À l’heuredudébat sur la laïcité, l’ambassadedeRussieadévoilé l’architecturede son futur Centre culturel. Érigé au cœur de Paris, il abritera une égliseorthodoxe surmontée d’un voile de verre.

LAURENT SODINIPHOTOE.BIERNACKI/CRBN

«LES HABITANTS :DES ACTEURS DE

LEUR QUARTIER. »Laurent Sodini, conseiller régio-nal délégué au Développementnumérique des territoires, aux soli-darités et à l’habitat. Il confie :« L’idée est de faire confiance auxassociations, de les aider à trouverleur place afin qu’elles apportent unplus à un quartier. On permet à la vieassociative de se renouveler et d’ap-porter de nouvelles formes d’actions ».

Au cœur des quartiersUn appel à projet inédit qui s’ins-crit dans la continuité de l’actionrégionale sur la politique de la villeet de la rénovation urbaine. En2006, la Basse-Normandie a étél’une des premières à contractua-liser avec l’ANRU, Agence natio-nale de rénovation urbaine, etl’État, afin de soutenir des actionsde rénovations urbaines dans lesquartiers prioritaires. « L’idée initialeest d’accompagner ces investissements,en soutenant la vie associative. Noussouhaitons nous impliquer auprès despopulations, et être un marchepiedpour permettre à des opérations de seréaliser, et des projets de se dévelop-per » poursuit Laurent Sodini.« Intervenir sur le logement, la voi-rie, l’urbanisme est toujours une actiondélicate qui affecte profondément les

De Lisieux à Cherbourg, enpassant par Caen, Alençonou encore Honfleur, ateliers

d’esthétisme, jardins partagés,espaces culturels et représentationsthéâtrales rythment désormais lequotidien des quartiers bas-nor-mands. Autant de prétextes à larencontre et à la création de lieuxde vie. Lancé à titre expérimentalen 2005, l’appel à projets « Réin-ventons la ville » vise à soutenir lesidées portées par les associationsdans les quartiers urbains en fortesdifficultés sociales. Qu’ils relèventdes domaines de la parentalité etde la veille éducative, de la santé,de l’intégration professionnelle oubien de l’accompagnement social,plus de 200 dossiers ont d’ores etdéjà été soutenus par la région,soit près d’une trentaine par an.Des démarches particulièrementinnovantes ou originales sontégalement encouragées, à l’imagedu plasticien jardinier qui cultiveavec les habitants cænnais un carréde potager au milieu des toursd’immeuble.« Nous souhaitons construire le déve-loppement des régions à partir de leursrichesses, et faire des habitants desacteurs de leur quartier » souligne

6 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

Initiatives

LAURENTBEAUVAISPRÉSIDENTDELARÉGIONBASSE-NORMANDIE

Àquelsenjeux répond lestatutde région intermédiairequevoussoutenez ?« Ce statut s’intercalerait entre celui des régions de convergence d’unepart, et de compétitivité d’autre part. C’est unemesure d’équité. Ce pro-jet concerne les régions dont le PIB par habitant représente 75 à 90 %de la moyenne européenne. Il concerne actuellement la Corse, le Lan-guedoc-Roussillon, le Limousin, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, laPicardie, les Poitou-Charentes et la Basse-Normandie. Le futur statutpermettrait de bénéficier d’une meilleure dotation de fonds de cohé-sion européenne.

Àtraverscettedémarche, l’ambitionest-ellede renforcer le rôledes régions?L’objectif dans une région comme la Basse-Normandie est de pouvoirfinancer les programmes de formation, d’innovation et de moderni-ser notre économie. L’enjeu est de réindustrialiser les territoires. Un exer-cice de solidarité européen doit s’exercer. En période de restrictionbudgétaire, le gouvernement préfère jouer la PAC sur les fonds de cohé-sion. Il nous semble qu’il faille miser sur les deux leviers. Les régionsdoivent jouer un rôle plus important à l’avenir pour sortir de la crise.Nous souhaitons réaffirmer nos compétences et les renforcer dans les

domaines majeurs que sont la formation et le développement. Ladécentralisation doit faire un pas en avant. On a le sentiment en Francede ne pas être sur le même tempo que les autres pays.

Commentceprojetportépar laBasse-Normandie est-il partagépar lesautres régions?La problématique que nous soulevons trouve des alliés. Elle est partagéepar les forces vives des territoires. La mobilisation des régions apporteune confiance supplémentaire. Il s’agit d’une démarche globale faitesous la coordination de Jean-Yves Le Drian, président de la Bretagne.Nous comptons aussi sur le soutien du Parlement européen.

Précisément, l’avenir des régionspasse-t-il par l’Europe?Oui. L’Europe constitue un espace d’action qui permet aux territoiresde présenter des initiatives à des échelles pertinentes, à l’image de l’ArcAtlantique. Elle est une source de coopération dynamique sur des thé-matiques telles la mer, la recherche, l’agriculture. L’espace européenapporte des moyens supplémentaires aux régions qui ont un rôle demise en dynamique et de cohérence.

« Créer un statut de région intermédiaire »3 questions à

LaBasse-Normandieréinvente sesvilles

PHOTOE.BIERNACKI/CRBN

Inédit.Depuis6ans, laBasse-Normandieaccompagne leshabitantsdesquartiers urbainsen fortedifficulté socialegrâceà l’appel àprojet«Réinventons la ville». PHOTOERIC BIERNACKI

Initié en Basse-Normandie, le programme«Réinventons la ville » s’élargit au secteurrural. Chaque année, ilmobilise les associations et suscite les initiatives locales.Une démarche sur fond de rénovation urbaine et d’animations des quartiers.

Page 5: l'Hémicycle - #405

Plus de 138 millions de personnestravaillent hors de leur pays de naissance.Bienvenuedans un monde d’opportunités.

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isAu sentiment du fer,travaille du cha-peau » avait cou-tume de lui direson maître d’armes.

Mamère a retenu la leçon. Depuislongtemps il nemanie plus le fleu-ret mais les mots. Des mots depique et d’estoc. Des formules assas-

sines. Parfois il fait mouche. Unpour tous, et tous pour l’écologie !Parlementaire depuis 1997, lemaire de Bègles ferraille toujoursavec gourmandise. Il détientmêmele record des rappels à l’ordre (trois)prononcés à l’encontre des dépu-tés. C’est vrai que les Gascons ontle sang chaud. Fidèle à son habi-tude, Mamère est sur tous lesfronts. Aujourd’hui avocat, hierjournaliste, il fait danser micros et

caméras. C’est un orfèvre de laphrase ciselée, de celle qui cogne.Le petit mondemédiatique adore.Réducteur ? Certes. Il le sait. Maisc’est le prix à payer pour se faireentendre. Alors, il ne va pas bou-der son plaisir.Son cheval de bataille : le nucléaire,encore et toujours. « Il y a eu le

11 septembre 2001 et le 11 mars2011. Un changement demonde !dit-il de sa voix grave. Fukushimaprécipite la fin d’un capitalismevorace et arrogant. C’est unecatastrophe naturelle, industrielleet morale ! Le pire, c’est quecette catastrophe est démultipliéepar la responsabilité humaine ».Pour un peu il se mettrait encolère… Dans la foulée il fustigela complaisance des communistes

(la CGT tient EDF), dénonce lelobby du corps des ingénieurs desmines qui règnent sur l’atome etmet en garde les socialistes. « Queles choses soient claires ! S’il n’y apas d’accord sur la sortie progres-sive du nucléaire, il n’y aura pasd’accord programmatique et pasd’accord électoral. » Il parle d’une

voix ferme en détachant bien lesmots et les mains jointes.« Avec ce qui se passe au Japonon est obligé d’avoir un candidaten 2012. » Noël, lui, a déjà donné.Alors qui ? Eva (Joly) ou Nicolas(Hulot) ?… Son cœur penche pourl’anciennemagistrate. De l’anima-teur de TF1, il se méfie et s’inter-roge : « Si Hulot décide de fairecavalier seul, en dehors d’EuropeÉcologie les Verts, il fera exploser

le mouvement ! » Pour Mamère,une vision de cauchemar. Il n’apas tort. La famille écologiste adéjà eu tellement de mal à se ras-sembler…Bretteur acharné,Mamère ne lâchejamais sa proie. Pellerin par exem-ple. L’homme qui avait soutenuque le nuage de Tchernobyl s’étaitarrêté à la frontière. Après dix ansde procédure, il a gagné. Dans l’af-faire de l’Erika, à force de ferrail-ler, la justice a reconnu « un pré-judice écologique ». Un premierpas. Mamère voit plus grand. Avecl’avocat William Bourdon, il sou-haite lancer une procédure pour« crimes écologiques » à l’encon-tre de TEPCO, l’ EDF japonais. Biencalé dans son fauteuil, dos à lafenêtre il s’arrête, rectifie son nœudde cravate et se demande : « Est-ceque l’incontrôlable a sa place dansune société démocratique ? ». Vastesujet. Plus terre-à-terre, l’inflationdes textes au Parlement. Mamèredémarre au quart de tour, non sansraison. « Nous sommes victimesd’une diarrhée législative ! Le pou-voir fonctionne à l’émotion. On

fait voter des lois sans prendre letemps de les faire appliquer. L’As-semblée nationale ? Une serpillèresur laquelle le président s’essuieallègrement les pieds ! ». La sailliene manque pas de panache. Cetaprès-midi-là, Noël Mamère étaittrès en forme. Comme d’habitude.

Jean-FrançoisCoulomb des Arts

Focale

NOËL MAMÈREDÉPUTÉDELA3E CIRCONSCRIPTIONDEGIRONDEGAUCHEDÉMOCRATEETRÉPUBLICAINE

Il y a dumousquetaire chez cet homme là. Toujours prompt à tirer l’épée pour défendre ses idées.

La faconde verte

3 dates

1982Naissance de son filsAdrien. Aujourd’hui,

il est avocat au barreau de Paris.

1989« Depuis cette date,je passe tous les étés

avecma femme dans notre maison duCap Corse. »

1991L’équipe de rugbyde Bègles est sacrée

championne de France. Mon plus beausouvenir demaire.

PHOTO JACQUESDEMARTHON /AFP

8 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

«

«L’ASSEMBLÉE NATIONALE, UNE SERPILLÈRESUR LAQUELLE LE PRÉSIDENT S’ESSUIE

ALLÈGREMENT LES PIEDS.»

Page 6: l'Hémicycle - #405

Dansquelles conditions êtes-vousentré enLibye?Il y a deuxmanières d’entrer dans lepays.Lapremièreestd’obtenirunvisapresse auprès du régime. Auquel casvous atterrissez à Tripoli et vous êtesviteconfinédansunhôtel.Aumieux,onest«embedded1»,promenéspar leshommes du colonel Kadhafi sur leszonesqu’ilsveulentmontrer, commela reconquête des villes deMisurata,Ras Lanouf ou Zaouïa, à quelqueskilomètres à l’ouest de Tripoli. L’au-treoption,cellequenousavonschoi-sie, commeRobertoSchmidtetDaveClark, les deux confrères qui ont étédétenuspar les forces gouvernemen-tales, est de passer par Le Caire. Delà, on rejoint la Libye par la route.C’est bien sûr plus risqué parce queKadhafi amis à prix la tête des jour-nalistes non autorisés.

La rébellion encadre-t-elleles journalistes?Pas vraiment, les gardes-frontièressont tous passés à la rébellion. Unefois la frontière passée, ils nousdemandent qui nous sommes, ilsregardent les passeports. Mais enréalité, il n’y a pas de tampons, justeun registre dans lequel ils notentnotre présence, avant de nous indi-quer la route vers la zone des com-bats. Il n’y a de structure qu’à Ben-ghazi même, auprès du Conseil

national de transition (CNT). Il y aun centre de presse, où l’on peuttrouver des volontaires pour les tra-ductions et des responsables dumouvement. Tout est concentrédans l’ancien tribunal, le siège de larébellion, le centre de presse y estattenant. Tout est là. Au fur et à

mesure des jours, nous suivions l’ac-tualité dupoint depresse quotidien,mais notre objectif était de nousrapprocher de la ligne de front. Endéfinitive, nous avions un journa-liste à Benghazi pour suivre l’aspectpolitique du conflit, et une équipeen voiture pour suivre les rebelles.

Le fait d’être un journaliste françaisa-t-il une influence?Oui, assurément, cela offre encoreplus de facilités dans ce contexte. Laposition de la France qui a reconnuen premier le CNT comme interlo-cuteur légitime joue ennotre faveur.Le soir du vote à l’ONU de la réso-lution 1973, la place centrale deBenghazi était en liesse. Les dra-peaux de la rébellion se mêlaientaux drapeaux tricolores. Dès quenous étions repérés comme fran-çais, nous étions félicités aux cris de« Merci Sarkozy, merci Sarkozy ! ».

Qui sont les rebelles?Ontrouve soit des anciensmilitaires,qui connaissent le maniement desarmes, soit des jeunes entre 18 et35, des étudiants, des commerçants.Ce sontdes civils qui ont trouvéunearme. Ils sont plus ou moins enca-drés par les militaires qui ne veu-lent pas s’encombrer d’eux. Mêmede ceux qui ont passé trois, quatrejours au petit centre de formationmilitaire de Benghazi. On a ainsi vucertains d’entre euxpartir avec justeun couteau, pensant trouvermieuxen route. D’autres s’entraînent avecdes lance-roquettes RPG, parfoistenus à l’envers,maisheureusementsans trouver la gâchette…

Ya-t-il eudesprisonniers faitspar les rebelles?A priori, oui, quelques-uns. Cer-tains ont été transférés à Benghazi.Nous avons demandé si nous pou-vions les interroger. Les rebellesvoulaient bien nous répéter cequ’ils disaient,mais jamais ils n’ontaccepté de nous laisser un accèsdirect. Au début des combats,c’était possible, mais cela s’est vitearrêté.

Quelles impressionsavez-vouseuesdes cadresde la révolution?Sur les trente membres, cinq sontdes jeunes. Mais les autres sontdes anciens ministres. De fait, leCNT à besoin de personnalitésexpérimentées. Ils ne sont pas d’ail-leurs si opportunistes, puisqu’ilsprennent de vrais risques. L’autreinterrogation que nous avons eue,concerne les islamistes. Il y a, àl’est de Benghazi, une petite régionqui abrite d’anciens combattantsd’Irak. Ils nous ont accueillis alorsque Benghazi était sur le point detomber. Leur commentaire était lesuivant : « Vos avions français pro-tègent nos hommes en ce moment,donc c’est à nous de vous protéger ».

Propos recueillispar Antoine Colonna

NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE 11

Àdistance

Libertéd’expressionàBenghazi,presse surveilléeàTripoli

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Avec les rebelles libyens, les journalistes français travaillent librement.Karim Talbi, grand reporter à l’AFP est parmi eux depuis le début du conflit.Il raconte.

PATR

ICKBA

Z/A

FP

DaveClarketRobertoSchmidt,deux journalistesde l’AFPontétédétenuspar les forcesdeKadhafi.Commentavez-vousgérécettecrise?

Avec beaucoupd’attention et d’en-gagement.Notre seul souci était deles faire revenir au plus vite à Parisdans les meilleures conditions.Ce qui a été fait. L’équipe de direc-tion s’est coordonnée immédia-tement, entre le directeur de l’in-formation et moi-même, plusquelques collaborateurs, notam-mentnos journalistes sur le terrain,des deux côtés de la ligne de front.Pour nous, il était très importantde savoir s’ils étaient vivants. C’estcomme cela que nous avons puintervenir auprès de Kadhafi, pourlui dire qu’il était comptable, ànos yeux, de leurs vies.

Comment les journalistessont-ilspréparésàcessituations?Il y a des consignes de précautionetd’attention très claires. Leprofes-sionnalisme des collaborateurs de

l’AFP est reconnu également à ceniveau. Ils sont régulièrement for-més à l’appréciation des prises derisques dans le cadre du suivi de cetype de conflits. Aujourd’hui, avecl’exemple du Japon, ils ont à faireface à d’autres types de risques.Heureusement, grâce aux techno-logies, le contact est permanententre la rédaction et le terrain. Ilsne sont jamais longtemps seuls.

Quels sontvoscontactsavecleministèrede laDéfenseet leQuaid’Orsaydanscegenredecirconstances?Nous avons des contacts réguliersavec les hiérarchies des différentsministères dans une vraie relationprofessionnelle. En temps de crise,on est aussi une agence française,il y a une solidarité nationale quis’exerce.

EMMANUEL HOOGPDGDEL’AFP

3 questions à

1. Terme utilisé dans la presse après les interventions américaines en Afghanistan et en Irak,qui décrit le fait pour un journaliste d’être accompagné par lesmilitaires durant son reportage.

DR

10 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

Expertise

Voici encore un bel exemplede la pagaille insensée quirègne dans notre politique

énergétique. On avait déjà le débatsur le nucléaire relancé en raison duJapon. On avait aussi les incerti-tudes liées à la sortie des énergies fos-siles pour protéger le climat. Onavait encore l’augmentationduprixdu baril et donc des carburants etdu gaz, sans oublier les hausses pro-bables de l’électricité en raison del’ouverture du marché. On avaitenfin la guéguerre sur le finance-ment des renouvelables. Onn’avaitdonc franchement pas besoin decet emballement de plus, dû à cesfameux gaz de schistes qui doiventreprésenter, soyons généreux, 0,1%de la question énergétiquenationalesur la décennie à venir !L’affaire débute il y a un an. Enpleine discussion sur la loi Gre-nelle 2, Jean-Louis Borloo autorisecurieusement et quasiment sousle manteau la prospection de cesgaz de schistes sur trois secteurssitués dans les Cévennes et le Lar-zac (des autorisations sont égale-ment offertes pour de l’huile deschiste plus au nord). Le feu prendd’abord localement dans les cinqdépartements concernés et s’étendpeu à peu à tout le pays.Aujourd’hui, on a beau chercher,mais on ne trouve personne pourdéfendre ces projets ! Nathalie Kos-ciusko-Morizet, prudente, attendles rapports d’experts qui serontremis à la mi-juin. En attendant, lemoratoire est prolongé jusqu’à cette

date. La ministre de l’Écologie adéjà prévenu qu’il n’y aurait pasd’extraction « si les procédésavaient une incidence écologiquedésastreuse ».

« NKM » aura pour une fois moinsde mal à faire entendre sa voix ausein d’une majorité peu sensibili-sée aux questions d’écologie. Leprésident du groupe UMP à l’As-

semblée (concerné directement parles huiles de schistes dans sondépartement de Seine et Marne)évoque « une aventure dangereusepour l’environnement ». Il réclamecarrément « unmoratoire prolongéad vitam aeternam. »Cette prise de position radicalerejoint celles des Verts-Europe-Ecologie, du Parti de Gauche, maisaussi du Front national !Laurence Rossignol, responsablede l’environnement au PS, réclameégalement une « suppression pureet simple » et signale que son partis’engage résolument au sein desmouvements « anti-schiste » quiprogramment une journée d’ac-tion le 17 avril.À l’UMP, beaucoup estiment qu’il

serait plus malin de mettre unterme à cette polémique inutile carchacun mesure que ce projetn’aboutira jamais, d’autant qu’ilfaudrait, conformément à la pro-messe de François Fillon, instaurerun débat public dont on connaîtpar avance les résultats.Opposé lui aussi aux gaz de schiste,Bertrand Pancher, député UMP dela Meuse, qui fut l’un des rappor-teurs des lois Grenelle, entrouvreune porte de sortie qui pourraitsatisfaire tout le monde : « Je vaisdéposer un projet de loi pour créerun débat national sur l’énergiedans son ensemble ».L’usine à gaz de schiste aurait ainsipeut-être servi à quelque chose…

Jean-Louis Caffier

Pasdeschismesur leschisteDroite, gauche : entente chez les partis politiques pour suspendre les travauxde prospection de gaz de schiste, en attendant les conclusions de lamissiond’évaluation sur les enjeux environnementaux

Il s’agit d’un gaz formé enprofondeur et qui est resté

dans les roches mères (argile oumarnes). Ces roches sont peuporeuses et peu perméables ce quirend l’exploitation difficile. La seuletechnique d’extraction connue à cejour s’appelle la fracturationhydraulique. On injecte de trèsgrosses quantités d’eau chargéesde produits chimiques pourfracturer les roches. Cette opérationest menée quatre fois en peu detemps. Il faut ensuite injecter du

sable pour éviter que les fissureslibérant le gaz de ne se referment.Ce type d’extraction nécessitedes infrastructures importantesen surface pour le stockage et ladépollution qui ne peut être quepartielle. Le gaz de schiste a étéexploité pour la première fois auxÉtats-Unis en 1821, ce qui avaitpermis d’éclairer New York.Le gisement avait été abandonnéen raison de la pollution des nappesphréatiques et de la faiblerentabilité.

Gaz de schiste, mode d’emploi

Legazdeschiste est-il unproblèmepour l’environnement?Oui, mais pas beaucoup plus que d’autres énergies fossiles. Le gros dan-ger, c’est la contamination des nappes phréatiques. C’est ce qui s’estpassé près de New York, mais le gaz n’a pas été exploité à une profon-deur suffisante, quelques dizaines demètres seulement. Les nappes phréa-tiques qui se trouvaient au-dessus ont été contaminées, notammentpar du méthane.

EnFrance,onparlede foragesà2ou3000mètres, c’estdoncplus sûrpourl’environnement?Je n’y crois pas une seconde. Je ne vois pas de rentabilité possible au-delà d’une profondeur de 1000 mètres. Et il serait indispensable queles forages se situent très loin des nappes phréatiques.

L’EXPERTYVES MATHIEU

Questions à

«AUCUN INTÉRÊT DE L’EXPLOITER ENFRANCE, SAUF EN CAS DE GUERRE ! »

PATR

ICEDE

RÉ/A

FP

Auteur du livre « Le dernier siècle

du pétrole, la vérité sur les réserves

mondiales » (éditions Technip)

LedéputéeuropéenEurope-Ecologie JoséBové fermementopposéà l’exploitationdugazdeschiste. PHOTOPHILIPPEDESMAZES /AFP

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SERVICE

MONDECROISSANCE

FINANCEVISIONDEBATS

ENGAGEMENT

PUBLIC

EXPERTISEMazars est un groupe international d’audit et de conseil qui rassemble les compétences de 13 000 professionnels présents dans 61 pays.

Grâce à ses équipes pluridisciplinaires, Mazars accompagne les grandes sociétés internationales et les PME

dans/à toutes les étapes de leur développement : création, gestion, développement, cotation, transmission,

expansion internationale, fusions…

laquelle elle évolue et a toujours eu la volonté de s’impliquer dans le débat d’idées.

C’est dans cet esprit qu’en 2004 Mazars a créé avec L’Hémicycle des rendez-vous privilégiés, réunissant personnalités politiques et dirigeants d’entreprises

juridiques ou encore l’attractivité du territoire.

vous donner rendez-vous dans ces pages pour de prochaines rencontres autour d’invités passionnants.

12 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

Culture

Bruno Mantovani, le jeunedirecteur du Conservatoirede Paris et compositeur pro-

lifique, avait déjà signé un opéra,« L’Autre Côté », qui abordait aussila question de l’artiste face à l’im-posture d’une utopie politique.

« Akhmatova », composé sur unlivret de Christophe Ghristi, estprésenté jusqu’au 13 avril dansune mise en scène du directeur del’Opéra de Paris, Nicolas Joël.Fil conducteur de l’œuvre : untableaudeModigliani, sorte d’épure,

représentant Anna Akhmatova,tableau omniprésent dans le décor,presque tout du long noir et blanc.Entre les scènes, un panneau noiroccupant tout l’espace glisse len-tement d’un côté du plateau à l’au-tre et sert parfois de toile de fond

à l’intrigue, comme lorsque desréfugiés partent en longues filesavec leur valise ou que les femmesfont la queue devant les murs desprisons de Leningrad.Sous la direction de Pascal Rophé,la musique, d’où jaillissent desarabesques, évoque le chaos, l’an-goisse, la sombre pulsation d’uncœur qui bat. « Ce n’est pas unorchestre traditionnel, au sens oùil n’y a pas d’instruments réson-nants, mais des instruments quitirent vers le grave, beaucoup detrombones, cors, deux clarinettesbasses », souligne Bruno Manto-vani. « C’est un orchestre qui aune couleur d’orgue, avec un rôleprépondérant de l’accordéon quidonne ici la couleur locale ».L’œuvre est chantée en français etnon en russe, le rôle d’Akhmatovaayant été spécialement conçu pourla mezzo Janina Baechle, qui faitses débuts à l’Opéra à Paris.« À cet orchestre grave, il fallaitune voix qui s’accorde, qui puisseplonger aux tréfonds de l’âmehumaine », indique BrunoManto-vani. Face à elle, le fils d’Akhma-tova, qui fut déporté deux fois augoulag, est incarné par le ténor.

Atilla Kiss-B.L’intrigue, statique, reste difficile àsuivre et les voix émergent diffici-lement de l’orchestre – qui gardela part belle –, de même que l’élé-gante mise en scène.Après une scène violente où le filsd’Anna AKhmatova lui reproche den’avoir rien fait pour lui, l’orches-tre seul continue de jouer dans undéferlement musical, offrant uneouverture placée à la fin du spec-tacle et non à son début.« Il s’agit justement d’une ouvertureà la poésie », selon Bruno Manto-vani, et à unemusiqueplus contem-plative, « une sorte d’extase ».Née dans un milieu aisé, bohême,très célèbre en Russie, Anna Akh-matova voit sa vie basculer avec laRévolution de 1917. Sa poésie,considérée comme bourgeoise, estmise à l’index. Refusant de partirpour ne pas trahir sa culture et salangue, la poétesse traverse les som-bres années du stalinisme. Elle écritalors des poèmes de guerre et dedeuil, comme « Le Requiem »,connus de ses seuls amis, avantd’être réhabilitée après la mort du« petit père des peuples ».

Dominique Simon

La vie tragique de la poétesse russe AnnaAkhmatova (1889-1966),bâillonnée par le stalinisme, a inspiré BrunoMantovani pour un ouvrage crééà l‘Opéra-Bastille,marqué par unemusique expressionniste et violente.

AnnaAkhmatova revit à l’opéra

FRAN

COISGU

ILLOT/A

FP

Une forêt luxuriante au pieddes tours de la Défense, laSeine transformée en plans

d’eau arborés avec le retour desbarques et des guinguettes, desprairies suspendues, les toits desimmeubles aménagés en terrassesverdoyantes, des oiseaux tropicauxdans le ciel parisien : c’est un Parisfantasmé, dès l’affiche officielle,qui interpelle le visiteur.Poursuivant son exploration de laville de demain, la Cité de l’archi-tecture invite ainsi à une réflexionsur la place de la nature dans la cité,bousculant lemodèle actuel urbain.

« Le zoning urbain avec ses espacesdédiés à l’habitat, d’autres à l’acti-vité économique, le tout soumis audiktat de la circulation de la voi-ture, est bel et bien révolu », estimeFrançois deMazières, président dela Cité de l’architecture.L‘exposition affirme l‘existenced‘une nouvelle approche de l‘urba-nisme : un courant qui remet l‘arti-culation entre le construit et lemilieu naturel et vivant au cœurde la réflexion sur la ville contem-poraine.Après une rétrospective de l’œuvredu paysagiste brésilien Roberto

Burle Marx, le visiteur est invité àune immersion des sens dans un« jardin des luxuriances », impres-sionnante forêt tropicale de 3 000plantes, sous forme d’un théâtrevégétal onirique dans une aile duPalais de Chaillot.Entre les bananiers, les ficus etles lianes constituant ce décormagique et inattendu, sont pré-sentées les plus belles réalisationspaysagères en milieu urbain, àParis, à New York en passantpar Chicago, Buenos Aires, Rio,Munich et Stockholmpour démon-trer comment la nature peut recon-quérir la ville.« La Ville fertile est un projet desociété très moderne. Il repose surun pacte visant à ce que leshommes habitent leur monde enaccord avec toutes formes de vie etplus précisément avec les milieux

naturels. L’enjeu consiste à pen-ser la ville comme un grandmilieuvivant et d’en respecter les règlesde fonctionnement et d’équilibredont on a cru, à tort, pouvoir s’ex-traire », résument Michel Pena etMichel Audouy, commissaires etscénographes de « La Fabrique duPaysage », l’une des sections decette exposition-événement.Un atelier « Jardiner dans la ville »accueille les plus jeunes visiteurs(7-12 ans) et les invite à explorerl’avenir écologique des villes et àdécouvrir l’ingéniosité des habi-tants pour rendre les cités plushabitables.« La Ville Fertile, vers une natureurbaine » - Cité de l’Architecture etdu Patrimoine - Palais de Chaillot,Paris - jusqu’au 24 juillet.

Jean-François Guyot

Leplaidoyerde laCitéde l’architecturepourunenatureurbaineUne exposition-événement à Paris :« La ville fertile » auPalais deChaillot jusqu’au 24 juillet.

Nicolas Gilsoul.Commissairede l’exposition«Laville fertile».

OLIVIERMOR

IN/A

FP

Bruno Mantovani.«Jevoulais uneorchestrationassezgrave.»

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14 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011

2.0

Moins 0,1%. Cette stabilité du nombre de chômeurs à peine commentéedans lesmédias a en revanche provoqué desmilliers de réactions sur leWeb.Et les internautes sont particulièrement déchaînés quand ils évoquent cettequestion.

Chômage : le Web en colère !

Nombre d’internautes sou-tiennent que la situationn’est pas si mauvaise pour

un grand nombre de Français,comme le souligne un blogueursur Rue89. Mais ils sont très mino-ritaires et l’immense majorité desinternautes expriment un senti-ment d’inquiétude. Beaucoup sonten colère et parlent de mensonge,mettant en cause la véracité deschiffres publiés : «Nous savons tousque ces données sont continuellement

arrangées (tant par les gouvernementsde gauche que de droite) et qu’ellesn’ont de ce fait aucun intérêt »(TF1.fr). D’autres soulignent queces chiffres, selon eux, masquentune réalité plus grave, reprenantd’autres statistiques publiées surun site gouvernemental : « Rienque les catégories ABCD et E offi-cielles représentent 4,9 millions depersonnes en janvier 2011 soit 16 %de chômeurs officiels » (lefigaro.fr).

L’ironie est aussi utilisée pour expri-mer scepticisme et frustration :« 0,1 % !Mais c’estmagnifique ! Dansmille ans, plus de chômage ! Tenez le

coup les gars, on tient le bon bout ! »(lefigaro.fr). Certains exprimentmême leur désarroi, voire leur dés-espoir : « Je vais crever l’hiver prochaincar il me sera impossible d’en passerfinancièrement le cap. Je suis fatiguée,très fatiguée... » (Rue89)

DesresponsablespointésdudoigtLes internautes ne se contententpas d’exprimer leur insatisfactiondevant la réalité du marché del’emploi, ils désignent aussi ceux

qu’ils prennent pour les respon-sables de cette situation. Les poli-tiques sont pointés du doigt, enpremier lieu lamajorité gouverne-mentale : « Tout ça grâce à l’UMP...principal responsable de la montéedu chômage... qui accusera encore ettoujours les 35 heures, les socialo-communistes, les immigrés, la crise,les syndicats, pas de chance, lesautres... » (lefigaro.fr), mais aussil’État impossible à réformer : « Lespouvoirs publics (état, régions, dépar-tements, communes) sont sans nuldoute incapable de se réformer (pourdes raisons électoralistes) et finirontpar tuer l’économie réelle » (TF1.FR),

ou les grands groupes privés : « lesgrosses boîtes du CAC sont en pleinboum ; en revanche, les PME galè-rent » (Marianne2.fr)

Que faire ?Certains, face à ce qui est de plusen plus perçu comme une réalitééconomique et sociale contrelaquelle personne ne peut rien,cherchent comment retourner latendance. Sur Slate.fr, un inter-naute s’interroge sur la capacité

française à innover : « PourquoiMark Zuckerberg n’est-il pas françaisou européen ? Tout simplement parcequ’en France, on est incapable d’in-vestir sur l’avenir et la jeunesse.»D’autres sont plus lapidaires. Ilsrappellent que le bulletin de vote estaussi une arme : « Toutefois, 5 mil-lions de chômeurs = près de 5millionsde votants » (Marianne2.fr).Un inter-naute au chômage a pris, lui, ladécision de commenter chaquemois sur Agoravox.fr, les chiffresdu chômage. Nom de sa rubrique :« Vrais chiffres chômage ». Il estdésormais régulièrement cité sur leWeb 2.0.

Manifestation de militantsdu Mouvement nationaldes chômeurs et précaires.PHOTO BERTRAND LANGLOIS / AFP

«0,1% ! MAIS C’EST MAGNIFIQUE !DANS MILLE ANS, PLUS DE CHÔMAGE ! »

Le chiffre

600000PME et TPE françaisessont présentes sur Internet,soit une petite entreprise surdeux. Satisfaites à 80 %de cette présence, elles sontcependant 25 % à ne pasavoir le temps de s’en occuperet 9 % avouent leur manqued’expertise sur Internet.

Stephanie VillersSlate.fr

La citation

«LE CHÔMAGE ENFRANCE NE FAIT

PAS L’OBJET DE TOUTESLES ATTENTIONS.»

UN PROCHE DE BARACKOBAMA CHEZ FACEBOOK ?� Robert Gibbs, ancien responsabledes relations presse de laMaisonBlanche entre 2008 et 2010 estcourtisé par Facebook, le premierréseau social planétaire, qui veuts’adjoindre cet homme considérécommeungéniede la communication.Les liens entre l’administrationObamaet Facebook sont ancienspuisque Chris Hughes, cofondateurdu site avait rejoint l’équipe en 2008pour piloter la campagne du candidatdémocrate sur leWeb 2.0

DES POUBELLES À PUCESÉLECTRONIQUES ÀLA ROCHELLE� Afin de permettre unemeilleuregestion du ramassage des déchets etde connaître le poids récolté par foyer,la communauté d’agglomérationsde LaRochelle vient de choisir CitecEnvironnement pour un contratportant sur 110 000 conteneurs.Pour lemoment, les donnéesrécoltées ne serviront pas àmettreen place une tarification incitantles citoyens à produiremoins dedéchets, comme le demandent leslois Grenelle Environnement 1 et 2.

UN VIRUS DANS UNEFAUSSE PUBLICITÉ.� Spotify, un site d’écoutedemusiqueen ligne (streaming)aétéutilisé parune faussepublicité pour diffuser unvirus informatique touchant lesordinateurs sousWindows.Sous leprétextede ladétectionde logicielsmalveillants, la publicité incitait àinstaller un fauxantivirus qui était enréalité un« cheval deTroie».L’entreprise suédoise adepuis retirécette« campagne»de son sitemaiscetteattaquepourrait avoir desconséquences sur cette sourceessentielle de revenuspour elle.

100 MILLIONS D’IPHONES� Apple a sans doute dépassé début2011 les 100millions de ventes de sonsmartphone-vedette, tousmodèlesconfondus. Lancé en 2007, il en està sa quatrième version. Alors quela date de lancement du n°5commence à faire l’objet de toutesles spéculations, les analystes sepenchent sur le futur possible dutéléphoneApple. Parmi les pistessuggérées, un écran plus grand, uneversion low-cost ou une plus grandediversité demodèles.

MICROSOFT PORTEPLAINTE CONTRE GOOGLE� Le géant du logiciel intervient dansl'enquête de la CommissionEuropéennesur lapositiondominantedeGoogle(95 %dumarchéeuropéen)sur lemarché de la recherche et dela publicité en ligne. Il accuseGooglede bloquer des données nécessairesauxmoteurs de recherches de sesconcurrents et attaquepour abusdepositiondominante.Youtube,contrôléparGoogle,estviséparcesaccusations.

En bref

Koz, blogueur de droite,raconte sa décision de voternul lors de ce scrutin :

Koztoujours«Mon vote est nul. J’aifait sciemment la démarched’exprimer une opinion qui ne serapas prise en compte. Mon vote estnul, comme l’a été cette campagne,nulle comme l’orientation queprennent l’exécutif et l’UMP. Nulcomme l’état de la droite. Maisassez geint : quel doit êtrel’avenir ? L’UMP a vécu. Elle étaitréunie autour d’un projet aussiélectoraliste qu’inconsistant : uneunion pour une majorité. Elle n’estjamais parvenue, mêmesymboliquement, à le dépasser.Aujourd’hui, l’UMP est unétouffoir pour toute une partie de ladroite. Il y a près d’un an, : soitreconquérir un centre, soit virer unpeu plus encore à droite. NicolasSarkozy a choisi sa route. Il seraitravi des polémiques lancées parClaude Guéant ces derniers jours,nous dit-on. Ce matin, Jean-François Copé prétend avoir« entendu le message » et restedans la laïcité. Et quand NicolasSarkozy « ceux qui voudraientmettre en cause l’unité de l’UMP »,il devrait s’appliquer cetavertissement le premier.Aujourd’hui, nul ne nous oblige àsuivre Sarkozy, Guéant et Copé.Nul ne nous oblige à taire nosvaleurs, à forcer nos principes, pouraccepter ce que l’on refusait hier. »

Romain Blachier, blogueur, élulocal socialiste à Lyon, s’interrogesur le positionnement très droitierd’une partie de l’UMP.

Lyonnitude(s)« L’UMP comporte une aile encoreplus à droite que les autres.Il s’agit de la droite populaire.Rétablissement de la peine demort, discriminations envers leshomosexuels, méfiance radicaleenvers tout ce qui n’est pas« de souche», le collectif compteplusieurs parlementaires qui sont

passés au tribunal pour proposhomophobes ou incitation àla haine raciale. Sympa non ?La stratégie de ces charmants élusUMP est de coller le plus possibleau FN, sur lequel ils se situentparfois même plus à droite,notamment sur le plan social.Cette stratégie est pourtant,comme vient de le faire observerle blogueur de droite sur Twitter,des plus inefficaces : c’est souventdans les zones où la droitepopulaire est présente que le FNfait ses meilleurs scores. »

Bonapartine, sur le blog RiposteLaïque, proche du Front national,ironise sur la difficulté à droitecomme à gauche, de se position-ner sur le parti de Marine Le Pen.

Riposte Laïque« Devant le spectacle désastreuxdes réactions de la classe politiqued’hier soir, j’ai envie de dire :« Allez, encore un petit effort,continuez à vous perdrecollectivement dans les eaux usées,voire boueuses de la cacophonie.Continuez à livrer, à droite commeà gauche, vos états d’âme sur lastratégie à adopter face à la percéeque je continue de qualifier de« parfaitement prévisible » duFront national depuis 1998, et àce rythme-là, le Front nationaln’aura plus besoin de fairecampagne en vue des électionsprésidentielles de 2012 ! »> ripostelaique.com

Dominique Lemoine, blogueur etélu CAP 21 à Tours, livre ce bilande candidat désabusé :

Détours à Tours« Pendant la campagne électoralej’ai eu l’occasion de discuter avecbon nombre d’abstentionnistes,c’était pour certains d’entre eux unacte citoyen ! Car pendant toutecette campagne, on n‘a pas parlédes vrais sujets ou tout au moins,ceux qui voulaient en parler n’ontpas été invités dans les médias.Et les problèmes de tous les jours

restent entiers : comment me logercorrectement, comment donner àmon enfant toutes les chances deréussite, comment trouver une aidepour rebondir, comment supprimerla pollution insensée de l’autorouteA10 qui saigne la ville enapportant son lot de microparticulesnocives à la santé, commenttrouver des solutions pour mesparents âgés...? »> detoursatours.blogspot.com

Conclusion avecAuthueil, blogueurtrès influent, qui se livre à cetteprospective à propos des présiden-tielles à venir :

Authueil« L’autre question, la plus urgentepour l’UMP, c’est la présidentielle.Les chances de Marine Le Pen d’êtreau deuxième tour sont très fortes(c’est même quasi-certain). Quandon est capable de qualifier pour lesecond tour des octogénaires sur leurseule étiquette FN, je n’ose imaginerle résultat de Marine Le Pen, « bêtemédiatique » surentrainée et « neuve »dans le paysage. Si les socialistessont assez intelligents pour écarterDSK et mettre un candidat solide(Hollande ou Aubry), je ne donnepas cher du candidat UMP, quelqu’il soit. J’ose encore moinsimaginer ce qui va se passer auxlégislatives en cas de victoire ducandidat socialiste au second tourcontre Marine Le Pen, où nombre dedéputés UMP, qui ne penseront qu’àsauver leur peau, ne seront pas trèsregardants sur la provenance desvoix. Les digues risquent de lâcheret l’UMP explosera durablement,car il faudra du temps pour calmerles haines et lever les anathèmes.On aura alors un paysage politiquefrançais très nouveau, avec un bloc«FN-aile droite de l’UMP» qui feradans les 35 % au premier tour etun centre droit qui fera autour des20-25 %. Leur mésentente et leurrefus d’alliance (les reports de voixseront mauvais) au second tourouvriront une voie royale au partisocialiste.»> authueil.org

NUMÉRO 405, MERCREDI 6 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE 15

Déblogage

EIP l’Hémicycle, Sarl au capital de 85 890¤. RCS : Paris 443 984 117.44, rue Blanche - 75009 Paris. Tél. : 01 55 31 94 20. Fax : 01 53 16 24 29. Web : wwww.lhemicycle.com - Twitter : @lhemicycle

GÉRANT-DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONBruno Pelletier ([email protected]). DIRECTEURRobert Namias ([email protected]) RÉDACTEUR EN CHEF JoëlGenard ([email protected]). ÉDITORIALISTESGérard Carreyrou, Michèle Cotta, Bruno Jeudy, Paul Lefèvre, Catherine Nay AGORA Ludovic Vigogne ONT COLLABORÉ À CENUMÉROLudovic Bellanger, Jean-Louis Caffier, Antoine Colonna, Jean-François Coulomb des Arts, Jean-François Guyot, Dominique Simon, Manuel Singeot, Brice TeinturierÉDITIONEdit (Paris) MAQUETTEDavidDumand DIRECTRICEDELACOMMUNICATIONETDELAPUBLICITÉJuliette Boudre ([email protected]) IMPRESSIONRoto Presse Numéris,36-40, boulevard Robert-Schumann, 93190 Livry-Gargan. Tél. : 01 49 36 26 70. Fax : 01 49 36 26 89. Parution chaque mercredi ABONNEMENTSabonnement@lhemicycle.comCOMMISSIONPARITAIRE0413C79258 ISSN 1620-6479

Absents dans les urnes, les abstentionnistes et ceux qui ont voté blancou nul se sont en revanche rués sur Internet pour justifier leur attitudeou leur vote.

Cantonales : explicationdevotessur laToile

Chaquesemaine,le tourde Francedes blogspar Manuel Singeot

AFP/ANNE-CHRISTINEPOUJOULAT

«MON VOTE EST NUL,COMME L’A ÉTÉ

CETTE CAMPAGNE. »

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LE CONT-RAIRE DE SEUL AUMONDE

Seul au monde ? C’est le sentiment que chacun éprouve quand il s’agit de préparer l’avenir, protéger ses proches, anticiper les risques de la vie. Le contraire de seul au monde, c’est la promesse que nous vous faisons. Vous accompagner tout au long de votre vie et pour tous vos besoins en prévoyance, santé, épargne et retraite afin de vous apporter le soutien et la sérénité que vous attendez. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.ag2rlamondiale.fr

PRÉVOYANCESANTÉ

ÉPARGNE RETRAITE