philosophie moderne : kant 6

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KANT : Cours 6 Marcel Weber

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KANT : Cours 6

Marcel Weber

Les éléments de la logique transcendantale

- Les catégories de l’entendement pure (reine Verstandesbegriffe)

- Les schémas transcendentaux (Schematismus)- Les principes de l’entendement pure

(Grundsätze des reinen Verstandes)

Les éléments de la logiquetranscendantale

- Les catégories de l’entendement pure (reine Verstandesbegriffe)

- Les schémas transcendentaux (Schematismus)- Les principes de l’entendement pure

(Grundsätze des reinen Verstandes)

Le schématisme

Le schèma transcendantal : « un troisième termequi doit entretenir une relation d'homogénéitéd'un coté avec la catégorie, de l'autre avec le phénomène, et rendre possible l'application de celle-là à celui-ci. Cette représentationmédiatisante doit être pure (dépourvue de tout élément empirique) et cependant d'un cotéintellectuelle, de l'autre sensible. » (224-5)

Le schématisme

Le problème : Les catégories et les intuitions sensibles ne sont pas congénères parce qu’elles naissent de différentes pouvoirs de l’esprit (la sensibilité et l’entendement).Par exemple, il n’y a pas d’intuitions correspondant directement aux catégories telles que la substance ou la causalité (ceci était déjà noté par Hume)

Le schématisme

Donc il se pose la question de savoir comment les catégories pures de l’entendement peuvent être appliquées aux phénomènes sensibles.Kant propose comme représentation intermédiaire (vermittelnde Vorstellung) les schémas transcendentaux, qui sont purs (=a priori) et à la fois intellectuels et sensibles (sinnlich)

Le schématisme

Kant caractérise les schémas comme des «règles de synthèse de l’imagination» (Regel der Synthesis der Einbildungskraft)Ex. le schéma d’un triangle est une règle qui nous permet de construire des triangles dans notre penséeKant considère cette sorte de synthèse parconstruction comme étant successive et donc temporelle

Le schématisme

En fait, toute synthèse d’un divers implique une succession temporelle selon Kant.Quand je perçois un objet composé telle que ma table, je dois successivement assembler le tout à partir des différentes impressions fournies par le sens visuelAinsi, toute synthèse d’un divers exige le temps.

Le schématisme

Le rôle principal du temps dans les schémas transcendentaux :Le temps est la condition formelle du sens interne et de toute liaison du divers de l'intuition, mais seulement condition formelle –l'intuition seule n'est pas capable de lier le divers des sens.

Le schématisme

« Or, une détermination transcendantale du temps est homogène à la catégorie (qui en constitue l'unité), en ce qu'elle est universelle et repose sur une règle a priori. Mais elle est, d'un autre coté, homogène au phénomène, en ceci que le temps se trouve contenu dans toute représentation empirique du divers. » (225)

Le schématisme

Question : Pourquoi le temps (plus précisément : une détermination transcendantale de celui-ci) et les catégories sont-ils homogènes (gleichartig, congénères) ? Et pourquoi le temps est-il aussi homogène par rapport aux phénomènes ?

Le schématisme

La raison pour cette homogénéité se trouve dans l'unité originairement synthétique de l'aperception. Kant considère le temps comme la forme de l'intuition du sens interne. Mais le sens interne n'est rien d'autre que l'aperception. Donc quand le sujet devient conscient d'un phénomène, celui-ci a déjà une forme temporelle. Ainsi, le temps est homogène aux phénomènes.

Le schématisme

Mais pourquoi le temps est-il homogène par rapport aux catégories ? La raison est pareillement l'unité originairement synthétique de l'aperception. Quant à elle, elle existe grâce aux catégories. Le « je pense » qui doit pouvoir accompagner toutes mes représentations exige les catégories (toute forme de pensée n'est possible qu'à l'aide des catégories !). Cette conscience de soi aussi présuppose l’idée de persistance temporelle.

Le schématisme

La détermination transcendantale du temps (attention : pas le temps lui-même ni le concept de temps !) permet l'application des catégories à des phénomènes (225).Cette détermination est expliquée par Kant dans le schématisme.

Le schématisme

Le schématisme de l'entendement pur :« Cette condition formelle et pure de la sensibilité, à laquelle le concept de l'entendement se trouve restreint dans son usage, nous l'appellerons le schéma de ce concept » (225)Donc à chaque catégorie correspond un schéma, qui est toujours « un simple produit de l'imagination » (225-6).

Le schématisme

Le schéma n'est pas une image. Aucune image d'un triangle n'est adéquate pour le concept de triangle. Le schéma du triangle est « une règle de la synthèse de l'imagination par rapport à des figures pures dans l'espace » (226) et sert à « déterminer notre intuition conformément à un certain concept général ».

Le schématisme

Le concept (schéma) du chien signifie une « règle d'après laquelle mon imagination peut tracer dans sa dimension de généralité la figure d'un quadrupède, sans être limitée a quelque figure particulière que m'offre l'expérience ». (226)Il semble s'agir donc d'une sorte de structure abstraite qui unifie toutes les formes possibles d'un chien.

Le schématisme

Le schéma de la catégorie de substance :« la persistance du réel dans le temps… un substrat, donc, qui demeure, tandis que tout le reste change » (228)

Le schématisme

Le schéma de la catégorie de causalité :« le réel auquel, une fois qu'il est poséarbitrairement, quelque chose d'autre succèdetoujours » [dans le temps]

Le schématisme

Le schéma de la catégorie de communauté :« la simultanéité de déterminations de l'une[substance] avec celles de l'autre d'après unerègle générale » (228)

Le schématisme

Le schéma de la catégorie de possibilité :« l'accord de la synthèse de différentesreprésentations avec les conditions du temps engénéral (comme, par exemple, celle selonlaquelle ce qui est contraire ne peut se trouverdans une chose en même temps, maisseulement de façon successive) »

Le schématisme

Le schéma de la catégorie de réalité :« l'existence dans un temps déterminé »

Le schématisme

Le schéma de la catégorie de nécessité :« l'existence d'un objet en tout temps »

Le schématisme

Donc les schémas semblent être des idées abstraites qui nous permettent de nous imaginer un objet (ou plusieurs objets et leur relations) qui est déterminé par rapport au temps. Donc Kant voit un rôle important de l’imagination dans toute perception et tout jugement empirique.

Les éléments de la logiquetranscendantale

- Les catégories de l’entendement pure (reine Verstandesbegriffe)

- Les schémas transcendentaux- Les principes de l’entendement pure

(Grundsätze des reinen Verstandes)

L'analytique des principes

Les deux emplois des catégories :(1) L'application des catégories aux données des sens est réglée par les schémas de l'entendement pur et nous permet de produire des jugements a posteriori. (2) Mais les catégories peuvent aussi être utilisées pour prouver certains jugements synthétiques a priori, à savoir les principes de l'entendement pur (Grundsätze des reinen Verstandes)

Le système des principes

1. Axiomes de l'intuition

2. Anticipations de la perception 3. Analogies de l'expérience

4. Postulats de la penséeempirique en général

Les principes et les catégories

Les axiomes de l'intuition

Les axiomes de l'intuition semblent être des axiomes mathématiques. Kant ne nous dit pas lesquelles, mais les axiomes de la géométrie y figurent très probablement.Kant nous ne donne que le principe de tous les axiomes :« Toutes les intuitions [phénomènes] sont des grandeurs extensives » (239)

Les axiomes de l'intuition

Définition de grandeur extensive :« celle où la représentation des parties rend possible la représentation du tout » (240)Exemples : une ligne, le tempsSelon Kant, toutes les mathématiques sont fondées sur l'opération de succession dans l'imagination.

Les axiomes de l'intuition

« C'est sur cette synthèse successive de l'imagination productive, telle qu'elle intervientdans la création des figures, que se fonde la mathématique de l'étendue (géométrie) » (240)« L'arithmétique se forme ses concepts de nombre par addition successive des unités dans le temps » (Prolegomena 57).

Les anticipations de la perception

Kant distingue entre la forme et la matière dans la perception. La forme est donnée par l'espace et le temps, ce qui permet certaines connaissances a priori (la géométrie et l’aritméthique). Les axiomes de l’intuition portent uniquement sur la forme.En ce qui concerne la matière, elle n'est évidemment pas connaissable a priori. Mais nous pouvons anticiper de façon a priori un principe qui caractérise toute perception :

Les anticipations de la perception

« dans tous les phénomènes, le réel, qui est un objet de la sensation, possède une grandeur intensive, c'est-à-dire, un degré » (242).Exemples donnés : les couleurs, une surface éclairée, la densité de la matière, la chaleurLa grandeur intensive joue un rôle principal dans les sciences empiriques parce qu'elle est au fond de toute mesure.

Les anticipations de la perception

Un argument pour ce principe ?« [T]oute sensation est susceptible de subir unediminution tant et si bien qu'elle peut décroîtreet ainsi, peu à peu, disparaître » (244)

Les analogies de l'expérience

Les analogies de l'expérience sont les seuls principes qui sont présentés par Kant sous deux formes, à savoir une forme générale et abstraite et une forme plus concrète qui fait appel à des catégories spécifiques. En fait, il y a exactement une analogie pour chaque catégorie de la relation (substance, causalité et communauté).

Les analogies de l'expérience

La forme générale des analogies :« l'expérience n'est possible que par la représentation d'une liaison nécessaire des perceptions » (249).

Les analogies de l'expérience

L'argument : Les sensations ne sont associées que de façon contingente. Les concepts a priori de l'entendement seuls sont capables de les lier dans la conscience. Ces concepts effectuent une détermination des objets relativement au temps (voir le schématisme). Parce que les règles selon lesquelles la synthèse se fait sont a priori, toute expérience comporte une sorte de connexion nécessaire (p. ex. par le concept de causalité)

Les analogies de l'expérience

À noter ici :Kant distingue rigoureusement la sensation de l'expérience. La sensation présente un divers sans aucune liaison dans la conscience. Par contraste, l'expérience consiste en des jugements (=propositions) qui, bien qu'ils soienta posteriori, contiennent ou impliquent des concepts a priori.

Les analogies de l'expérience

La première analogie : le principe de la permanence de la substance« Dans tout changement connu par les phénomènes, la substance persiste, et son quantum ne se trouve dans la nature niaugmenté ni diminué » (253). Mode temporel : la permanence

Les analogies de l'expérience

L'argument ?Tout changement se passe dans le temps. De plus, tout changement exige un substrat qui ne change pas, qui demeure. Tout changement n'est qu'une détermination de la substance (par des attributs). Donc le changement ne peut que changer les attributs, mais pas la quantité de la substance.

Les analogies de l'expérience

La deuxième analogie : le principe de la succession chronologique suivant la loi de la causalité« Tous les changements se produisent d'après la loi de la liaison de la cause et de l'effet. » (258). Mode temporel : la succession

Les analogies de l'expérience

L'argument ?Parmi les catégories, le concept de cause seule peut imposer un lien nécessaire entre des phénomènes successifs. Mais un tel lien est nécessaire selon le principe général des analogies.

Les analogies de l'expérience

La troisième analogie : le principe de la simultanéité suivant la loi de l'action réciproqueou de la communauté« Toutes les substances, en tant qu'elles peuventêtre perçues dans l'espace comme simultanées, entretiennent une relation d'action réciproqueuniverselle. » (272). Mode temporel : la simultanéité

Les analogies de l'expérience

L'argument ?La simultanéité c'est la succession réciproque (si un événement succède à un autre et vice versa alors les deux sont simultanés). La catégorie de l'action réciproque est donc le seul concept qui peut lier le divers des sensations simultanées en lui imposant une nécessité.

Les analogies de l'expérience

À noter : les trois principes appelés « analogies de l'expérience » ne sont pas imposés aux phénomènes par la nature des choses en soi, mais par l'esprit ! Ce sont les processus de synthèse effectués par l'entendement qui sont responsables des « analogies ». Selon Kant, aucune expérience n'est possible qui ne respecte pas ces principes.

Les analogies de l'expérience

voir, p. ex. ce passage de l'introduction à la déduction transcendantale : « Si excessif et absurde qu'il semble donc de dire que l'entendement est lui-même la source des lois de la nature et par conséquent de l'unitéformelle de la nature, une telle affirmation estcependant tout à fait exacte et conforme àl'objet, c'est-à-dire l'expérience » (195).

Les postulats de la pensée empirique

Premier postulat :« Ce qui s'accorde avec les conditions formellesde l'expérience (quant à l'intuition et aux concepts) est possible. » (277)

Les postulats de la pensée empirique

Deuxième postulat :« Ce qui est cohérent avec les conditions matérielles de l'expérience (de la sensation) estréel. » (277)

Les postulats de la pensée empirique

Lors de l'élaboration du deuxième postulat, Kant présente de façon un peu abrupte une «réfutation de l'idéalisme » et le théorèmesuivant :« La simple conscience, mais empiriquementdéterminée, de ma propre existence prouvel'existence des objets dans l'espace hors de moi.» (283)

Les postulats de la pensée empirique

L'argument :La conscience de soi est une représentation d'un objet (moi-même) comme déterminé dans le temps. Or, toute détermination du temps exige quelque chose de permanent dans la perception. Cet élément permanent doit se trouver hors de moi. Donc je ne peux que me représenter dans le temps s'il y a des objets hors de moi que je perçois.

Les postulats de la pensée empirique

Question :Est-ce que dans cet argument Kant parle de l'existence des objets en soi (Ding an sich) ou des objets comme apparences (Ding als Erscheinung) ?

Les postulats de la pensée empirique

Troisième postulat :« Ce dont la relation de cohérence qu'ilentretient avec le réel est déterminé suivant les conditions générales de l'expérience estnécessaire (existe nécessairement). » (277)

Les postulats de la pensée empirique

À noter : la conception kantienne des modalités« Les catégories de la modalité … ne font qu'exprimer le rapport au pouvoir de connaître »Question : de quelle sorte de conception s'agît-il?