etude technologique d'une collection de 15 bijoux grecs du musée de mariemont

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Université de Liège 01 mai 2011 Travail de fin d’étude en Archéométrie : Etude technologique d’une collection de quinze bijoux en or grec du Musée de Mariemont. Professeur Cécile Oger Julien Biver Troisième Bachelier en Histoire de l’art et archéologie, 2010 2011

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Université de Liège

01 mai 2011

Travail de fin d’étude en Archéométrie :

Etude technologique d’une collection de quinze

bijoux en or grec du Musée de Mariemont.

Professeur Cécile Oger

Julien Biver

Troisième Bachelier en Histoire de l’art et archéologie, 2010 – 2011

Université de Liège

01 mai 2011

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I. Introduction

Le musée de Mariemont a fait une demande d’analyses archéométriques de quinze bijoux grecs

de ses collections à l’université de Liège. Dans la mesure où je désirais faire connaissance avec les

techniques mises en œuvre dans le cadre d’une étude archéométrique, Mr. Mathis m’a proposé de

participer à cette étude pour mon travail de fin de Bachelier.

Ce travail a pour but d’étudier les techniques qui ont été mises en œuvre dans la confection de

ces bijoux. Il a également pour but, s’il en est possible, de tenir compte des analyses et observations

archéométriques 1 qui ont été demandées par le musée à l’université pour préciser ces

interprétations techniques.

Cette étude permettra de confirmer ou non les méthodes décelées par observation, la

composition élémentaire des bijoux et de confirmer par conséquent la tranche chronologique à

laquelle ils appartiennent. Si les analyses sont réalisées et interprétées à temps, elles pourraient

également permettre de définir la provenance de ces bijoux, voir les particularités géographiques

d’un atelier, tout du moins la provenance de la matière première.

La méthodologie utilisée se compose d’une observation minutieuse à l’œil nu et à la loupe

binoculaire ainsi que d’une étude PIXE (Proton-induced X-ray Emission) et PIGE (Proton-induced

Gamma-Ray Emission) effectuée au cyclotron IPNAS de l’université, une série de radiographies aux

rayons-X ainsi que d’une étude au MEB (Microscope Electronique à Balayage).

1 Toutes non invasives.

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II. Description et analyse des objets

A. Présentation des objets

La collection est composée d’un ensemble de quinze bijoux (Figure 1) : une paire de boucles

d’oreilles à tête de lion (Figure 2), une paire de boucles d’oreilles en corne d’abondance (Figure 6),

une paire de boucles d’oreilles à tête de bovidé (Figure 3), une boucle d’oreille en forme d’Eros

(Figure 8), une paire de boucles d’oreilles avec une perle (Figure 10), une épingle à perle glandiforme

(Figure 24), une bague avec une intaille au motif d’ancre (Figure 20), une bague octogonale (Figure

21), un anneau avec une inscription TYXH (Figure 22), une bague avec une inscription DWPON (Figure

23), une chaîne avec des protomes de griffons (Figure 14) et médaillon à tête de Gorgone, un collier

en perles (Figure 17), une chaîne avec médaille d’Isis-Fortuna (Figure 18).

La collection fut achetée par le musée en 1970 à O. Stojanovic en Yougoslavie. Nous n’avons

aucune information quant au contexte archéologique dans lequel les bijoux ont été découverts, nous

ne savons pas s’ils proviennent d’un même site, ni ne connaissons leur date de découverte. Une

datation stylistique réalisée par le musée de Mariemont classe ces objets dans une fourchette

chronologique allant du IVe siècle au Ie siècle avant Jésus-Christ.

Figure 1 : De gauche à droite Chaîne d'Isis-Frortuna, Boucles d'oreilles en corne d'abondance et Epingle à perle glandiforme, chaîne à la Gorgone et boucles d'oreilles à perle, Collier de perles, boucle d'oreille en forme d'Eros, les bagues à inscriptions et à incrustation, les deux boucles d’oreilles à tête de bovidé et les boucles d’oreilles à tête de lion.

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B. Description détaillée des objets2

1. Les boucles d’oreilles

1. Boucles d’oreilles à tête de lion : Ac.70/32 a et b

Matériau : or et pâte de verre bleue; Dimensions : Ø ext., 1,8 cm, Ø de la tête, 0,7 cm l. des triangles

de la couronne, 0,4 cm ; Etat de conservation : traces de concrétions, la plupart des émaux sont

manquants.

Les têtes de lion sont composées de deux feuilles symétriques d’or estampées – ou travaillée sur

un moule en relief – et soudées. La gueule du lion est matérialisée par une petite perforation, celle-

ci accueillant l’extrémité de la boucle. Au niveau des yeux, on observe un émail bleu qu’il serait

intéressant d’analyser, ainsi que quelques restes de sédiment. Les éléments des moustaches du lion,

autour des yeux ainsi que de la crinière sont finement ciselés.

Suivant la tête de lion, on retrouve un fil d’or plat tors lui-même suivi d’un fil creux tordu plus fin.

Suit un espace comblé par deux spirales constituées de

fils d’or plat tors dont le centre est surmonté d’une

granule d’or et dont l’extrémité est repliée en ‘ S ’. Les

vides entre les deux spirales sont comblés par deux

granules d’or. Enfermant ce « cadrant » on retrouve un

deuxième fil plat tors identique au premier cité, lui-

même suivi d’un fil creux tordu. Une couronne de

triangles d’or termine la tête de la pièce où sont

plaqués soulignant les bords cinq filigranes composés

de fils plat tors. Les cavités ainsi crées ont été comblées

par de l’émail bleu qui a pratiquement disparu.

Quatre fils d’or massifs plus imposants enroulés

sur eux-mêmes constituent le corps de la boucle et

sont martelés à leur extrémité. Ces fils sont

certainement des fils massifs roulés. Cependant, Ces

fils pourraient être des fils creux tordus, une analyse a la loupe binoculaire ou au MEB nous

permettrai de lever cette inconnue.

Leur datation stylistique est avérée entre le IIIe et le Ier siècle BC3 comme le montrent bon

nombre d’exemples comme celui du IVe siècle BC à Samothrace4.

2 Toutes ces observations ont été réalisées avec l’aide de Maxime Callewaert, responsable du Musée de Mariemont présent lors des analyses ainsi que César Dumora, étudiant en 2e Master en histoire de l’art et archéologie de l’université de Bordeaux. 3 LAFFINEUR Robert, Bijoux en or grecs et romains, p. 399 et DESPINI Aikaterini, Ancient Gold Jewelry, P. 114 –

115, 231 – 232. 4 Pièce retrouvée en contexte, HOFFMANN H., DAVIDSON P.F., Greek Gold : Jewelry from the Age of Alexander,

p. 106.

Figure 2 : Boucle Ac.70/32a

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2. Boucles d’oreilles à tête de bovidés :

Ac.70/34 a et b

Matériau : or ; Dimensions : Ø, 2,3 cm, l. de la tête, 1,9

cm ; Etat de conservation : Corps de la boucle dessoudé

pour les deux pièces, tête légèrement écrasée.

Ces boucles d’oreilles sont composées de deux

parties. La partie allant des oreilles jusqu’aux yeux des

deux têtes de bovidés est composé de deux feuilles d’or

soudées – comme le montrent des traces longitudinales

sur la base et le haut de la tête (Figure 4) – finement

estampées – ou réalisées à l’aide d’un moule en relief.

Les parties des yeux jusqu’au museau sont composées

d’une feuille repliée sur elle-même en cône. La crinière

et les poils de l’animal au niveau supérieur de la tête

ainsi que sur les joues ont été finement ciselés.

Figure 5 : Corps des boucles. On remarque aisément le fil carré tors utilisé.

Les yeux sont symbolisés par deux spirales de fil creux tordu – il serait intéressant d’analyser ces

pièces au MEB afin de déterminer si des stries hélicoïdales trahissent cette technique – dont les

extrémités rejoignent la base de la tête. Ils sont encadrés par deux fils plat tors filant jusqu’à la base

de la tête à un point de confluence rejoignant les trois fils. Une bille d’or surmonte le centre des

spirales symbolisant les yeux. On retrouve également deux sphères d’or situées au niveau de la fin de

la spirale. L’extrémité du museau est décorée de deux fils creux tordus agencés en V (le tout formant

un W) terminés à chaque extrémité par une granule d’or. Le corps de la boucle du bijou est dessoudé

de la tête de bovidés dans les deux cas et se compose d’un fil d’or carré tors à arêtes vives (Figure 5).

L’extrémité de ce fil a été martelée.

Figure 3 : Boucle Ac.70/24a et b sans le corps de la boucle

Figure 4 : Détail de la soudure. On remarque deux feuilles distinctes

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3. Boucles d’oreilles en corne

d’abondance : Ac.70/31 a et b

Matériau : or ; Dimensions : Ø, 2 cm, Ø extérieur de la

corne, 4 mm ; Etat de conservation : Une corne est

légèrement écrasée, l’anneau est légèrement tordu.

Les deux bijoux sont composés d’une feuille d’or

repliée sur elle-même en cône soudée à l’intérieur de la

boucle. L’extrémité de la corne est terminée par un anneau

d’or entourant la corne comportant un repli servant de

fermoir. Le corps de la boucle est constitué d’un fil massif

roulé attaché à la corne à l’aide d’une soudure et d’une

bande rectangulaire d’or nervurée. Les boucles d’oreilles

sont couvertes d’environ une soixantaine de granules d’or dispersées de manière aléatoire sur la

corne. La boucle d’oreille Ac.70/31a (Figure 6) présente une granulation bien plus fine que la pièce

Ac.70/31b comme le montre ce

détail (Figure 7). Elle apparaît peut-

être comme une tentative

d’imitation de la granulation grâce à

un repoussage bien maîtrisé. Cette

« fausse granulation » a peut-être été

réalisée pour augmenter la valeur

marchande de l’objet. De même,

cette « fausse granulation » pourrait

être le résultat d’un mauvais contrôle

de la soudure des granules.

4. Boucle d’oreille en forme d’Eros : Ac.70/35

Matériau : or ; Dimensions : Ø, 2,4 cm ; Etat de conservation : bras gauche manquant.

La boucle est constituée d’un fil massif roulé (Figure 9) sans décoration graduellement plus fin à

son extrémité soudé à la figure d’Eros au dos de la figure en son tiers. La figure d’Eros est estampée

sur une petite plaquette d’or. Les ailes de la figure sont soudées à l’aide d’une tige d’or en forme de

V au même niveau que le corps de la boucle. Il est affublé d’un baudrier constitué d’un fil d’or plat

tors garni d’une alternance d’assemblement de trois granules d’or d’un côté et d’une granule de

l’autre. Une granule est également apposée sur son sexe. Le bras gauche manque mais devait se

situer au même niveau que le bras droit comme le laisse suggérer une certaine rugosité sur la hanche.

Figure 6 : La boucle d'oreille Ac.70/31a semble de meilleure faction que sa paire.

Figure 7 : Boucle d'oreille Ac.70/31b où l'on remarque la « fausse granulation ».

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La figure d’Eros est couronnée

d’une rosace filigranée (Figure 8) de

sept pétales à l’aide de fils plat tors

surmontés d’un granule d’or en son

cœur. La troisième dimension donnée

au niveau des jambes est réalisées à

l’aide d’une pliure effectuée dans

celles-ci. Les pieds de la figure

reposent sur un piédestal (composé

de deux carrés enchâssant un anneau

nervuré) soudé à un autre anneau nervuré servant de fermoir à la

boucle. Les détails du visage sont encore présents, celui-ci comme le

reste de la figure a certainement été estampé.

5. Paire de boucles d’oreilles avec une perle: Ac.70/33 a et b

Matériau : or et terre cuite (?) ; Dimensions : Ø, 2,2 x 1,2 cm, perle, 4 mm ; Etat de conservation :

traces de dorures perdues aujourd’hui

La boucle ovale est composée d’un fil d’or de section carrée tors affiné aux extrémités (Figure

10). Une rainure effectuée au niveau des médianes du fil afin de donner l’impression que l’on a

utilisé deux fils (Figure 11). L’une des extrémités est un crochet l’autre est un « nœud de pendu »

formant la boucle du fermoir. La décoration se compose d’une perle, peut-être en terre cuite,

montrant des vestiges de dorure.

Figure 9 : Boucle d'oreille Ac.70/35, vue de profil.

Figure 8 : Boucle d'oreille Ac.70/35 vue de Face

Figure 10 : Boucle d'oreille Ac.70/33a Figure 11 : Détail du fil carré tors rainuré

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2. Les colliers

1. Chaîne avec des protomes de griffons et médaillon à tête de Gorgone : Ac.70/27 a

et b

Matériau : Or, pierre sombre ; Dimensions : L. de la chaîne, 38,5 cm, Ø du médaillon 2,7 cm, tête de

griffon, 1,6 cm, mailles, 2 mm, crochet, 1,2 cm ; Etat de conservation : Une pierre sombre est abîmée,

trois yeux en émail manquent.

La chaîne est composée d’un assemblage de maillons en huit (loop-in-loop) composés de fil

creux tordu. Ils ont été réalisés à l’aide de bandes d’or roulées autour d’une tige comme le montrent

les stries hélicoïdales sur les mailles de la chaîne (Figure 15). Les protomes de griffons forment le

fermoir de la chaîne. Les protomes sont composés d’un manchon tronconique constitué de pierre

sombre emmanché par deux disques d’or présentant une rainure importante en leur centre. Suit

ensuite une tête de griffon (Figure 13) composé de deux feuilles estampées et soudées puis

travaillées au repoussé.

Les griffons sont composés d’une corne centrale nervurée entourée de deux cornes enroulées

sur elles-mêmes. Deux oreilles viennent s’insérer à l’extrémité des deux têtes par une petite

perforation. Les yeux étaient sertis de pierres ou d’émail dont l’un est encore en place. L’une de ces

têtes est terminée par un crochet, l’autre par une boucle composant le fermoir du collier.

Le médaillon (Figure 12) est composé d’une médaille en or circulaire présentant en son centre

une figure féminine interprétée comme une Gorgone souligné par un filigrane. Cette figure a été

estampée comme le suggère la précision des détails et a été ciselée au niveau des cheveux de la

Gorgone. Le fil utilisé pour le filigrane est un fil d’or carré tors à arêtes vives. Afin de soutenir la

médaille, un anneau d’or rectangulaire (Figure 16) est soudé au dos de celle-ci au niveau du front de

la Gorgone s’enroulant sur lui-même aux extrémités, permettant de recevoir la chaîne.

Selon Laffineur, ce type de collier est typique du début de la période hellénistique même si les

exemples repris dans son article ne présentent pas de médaillons5.

5 LAFFINEUR R., op. cit., p. 394.

Figure 12 : Médaillon de la Gorgone

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Figure 15 : Détail de la chaîne. On remarque les stries hélicoïdales typiques du fil tors creux.

Figure 16 : Système d'attache de la médaille

Figure 13 : Détail d’un griffon. Figure 14 : Chaîne Ac.70/27 muni du médaillon à tête de Gorgone

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2. Collier en perles : Ac.70/28

Matériau : Argent, perles vertes, perle en terre cuite,

or ; Dimensions : L. Du collier, 39 cm, Ø des perles en argent,

1 cm, L. des perles verte de 5 à 8 mm ; Etat de

conservation : Grosse perle en terre cuite érodée.

Le collier en perles est composé de vingt-six perles

en argent doré, de treize perles en verre ainsi que d’une

perle en terre cuite enchâssée dans deux broches d’or.

Deux perles en argent doré sont alternées d’une perle en

verre. Les perles en argent sont composées de deux

feuilles d’argent estampées et soudées en forme de

corolles. Chaque partie de section trapézoïdale alterne

une dépression et une élévation. Les extrémités de ces

perles sont serties d’un filigrane composé d’un fil plat

tors. Les perles en verre sont rectangulaire hexagonales

et semblent très corrodées tout comme la perle en terre cuite de forme ovoïde. Les attaches en or

sont composées d’une « agrafe » d’or finement ciselée composée de trois triangles et de neuf fils

d’or ronds tors aménagés en boucles de manière régulière autour de la boucle d’attache d’un fil de

laine. Ce fil de restauration récente relie l’ensemble des perles et est attaché aux boucles à l’aide

d’un « nœud de pendu » présent sur les extrémités d’un fil de fer qui a été inséré dans la perle en

terre cuite.

3. Chaîne avec médaillon d’Isis-Fortuna : Ac.70/29

a et b

Matériau : Or ; Dimensions : médaillon ovale, 2 cm X 1,5 cm,

médaillon de 8 mm à 1 cm, fermoir, de 2,2 cm, L. de la chaîne, 45 cm;

Etat de conservation : Bon

Les cinquante mailles de la chaîne sont constituées d’un fil d’or

plat dont les deux extrémités ont été repliées pour former une

boucle. Le fermoir est composé d’une boucle formée par deux fils

plats d’un côté refermé de l’autre par la dernière maille, plus longue

que les autres voyant le fil se replier sur lui-même à la manière d’un

« nœud de pendu ».

Le médaillon est constitué d’une scène centrale représentant

une figure debout réalisée à l’estampage interprétée comme Isis-

Fortuna. Sur les bords du médaillon on remarque un fil bobiné serré

(dit gaditan selon Nicolini) suivi de deux fils ronds tors terminé par le bord du médaillon qui montre

un vestige de fil bobiné tous quatre très usés. Il est attaché à la chaîne à l’aide d’une boucle simple

composée de deux bandes d’or soudées ensemble de moins bonne facture.

Figure 17 : Collier en perles Ac.70/28

Figure 18 : Chaîne Ac.70/29

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Figure 19 : Médaillon d'Isi-Fortuna. On peut observer les différents fils utilisés ainsi que l'anneau d'attache.

3. Les bagues et anneaux

1. Bague avec une intaille au motif

d’ancre : Ac.70/36

Matériau : or, améthyste ; Dimensions : Ø diamètre

extérieur, 2,6 cm, Ø intérieur, 1,5 cm, Ø de l’intaille, 5 mm

X 4 mm, épaisseur la plus grande, 8 mm, forme ovale : 2,6

cm X 2,3 cm ; Etat de conservation : Bon

La bague est composée d’un anneau épais d’or

légèrement plus large au niveau de l’intaille. L’intaille

est une améthyste dans laquelle on a taillé un motif

d’ancre. Vu la légèreté de l’objet, la bague est

vraisemblablement composée d’une feuille aménagée en cylindre creux.

2. Bague octogonale : Ac.70/37

Matériau : or et agates ; Dimensions : Ø extérieur, 2cm, Ø intérieur, 1,5 cm ; Etat de conservation :

deux agates sont manquantes.

La bague semblerait être composée d’un anneau fin d’un millimètre d’épaisseur sur lequel a été

soudé un second anneau comprenant huit alcôves dont six

contiennent encore leur perle parallélépipédique en agate. Les

bords de la bague sont très usés. Il est difficile d’expliquer la

marche à suivre quia été suivie pour la confection de cette bague.

Figure 20 : Bague Ac.70/36 et son intaille en améthyste

Figure 21 : Bague octogonale Ac.70/37 serti d'agates

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3. Anneau avec inscription TYXH : Ac.70/38

Matériau : Or ; Dimension : Ø 2,1 cm ; Etat de conservation : Bon

La bague est composée d’un anneau d’or uni légèrement aplati en chaton au niveau de

l’inscription. L’inscription ΤΥΧH (Tyre), du grec pour bonne chance, a été réalisée à l’aide d’une

bouterolle par de grands enlèvements dont les extrémités prennent une forme sphérique.

4. Bague avec inscription DWPON : Ac.70/39

Matériau : or ; Dimension : Ø 1,3 cm ; Etat de conservation : Bon

La bague est un anneau d’or uni légèrement aplati en chaton au niveau de l’inscription.

L’inscription ΔωΡΟΝ (Doron) du grec pour cadeau a été ciselée par petits enlèvements. Ce type

d’anneau ainsi que le précédent, comme le montre un exemple du musée de Thessaloniki qui

présente une inscription similaire, seraient connus depuis le IVe siècle BC6.

6 DESPINI Aikaterini, Ancient Gold Jewelry, p. 207.

Figure 22 : Anneau avec inscription TYXH.

Figure 23 : Anneau avec inscription DWPON

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4. Autre

1. Epingle avec perle glandiforme : Ac.70/30

Matériau : or, céramique ou pierre (?); Dimension : 9,5 cm ; Etat de conservation : Traces de dorure.

L’épingle est composée d’une tige d’or pleine de 8 cm (Figure 24) qui à trois reprises est

marquée de deux rainures faisant le tour de la tige, autour desquels on retrouve des incisions en

triangles ou en « couronne » lesquelles contiennent une incrustation noire (Figure 26), peut-être

vestige d’une nielle. Au niveau de l’attache à la perle, on remarque un filigrane sur un cercle d’or.

L’extrémité de l’épingle est composée d’une perle glandiforme de nature inconnue qui présente des

traces de dorure. Elle est attachée à la tige par une colle récente.

Figure 24 : Epingle à perle glandiforme Ac.70/30

Figure 26 : Détail de l'épingle. Incrustation noire, peut-être vestige d'une nielle.

Figure 25 : Détail de l'épingle. On aperçoit clairement une colle récente ainsi que des traces de dorure.

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C. Répertoire des techniques utilisées

1. Les feuilles

La technique la plus simple pour confectionner une feuille d’or est celle qui consiste à marteler à

l’aide d’un marteau convexe – en bois dur, en pierre ou en cuivre7 – un lingot incandescent

régulièrement réchauffée (afin de conserver sa ductilité) sur une enclume. Bien souvent, sont

réalisées des feuilles épaisses (+/- 0,5 mm) qui permettent de réaliser un travail de repoussé sans

que la feuille ne perce. Il arrive que l’on martèle une feuille de manière à ce qu’elle ait une épaisseur

beaucoup plus fine (0,005 mm) permettant la dorure8. Ces feuilles étaient découpées et agencées

pour former diverses pièces de bijouterie.

Occurrence dans les pièces étudiées

La plupart des bijoux étudiés présentent deux feuilles d’or soudées : il s’agit d’une des

techniques les plus fréquentes9. Les boucles d’oreilles à tête de lion, à tête de bovidés, les protomes

de griffons sont réalisées à l’aide de cette technique. La paire de boucles d’oreilles en corne

d’abondance sont composées d’une simple feuille d’or repliée sur elle-même tout comme les

museaux des têtes de bovidés. Une dorure est appliquée sur l’épingle à perle glandiforme comme sur

les perles du collier à perles en argent. De même, la bague avec une intaille en améthyste au motif

d’ancre est certainement composée d’une feuille d’or aménagée en tube. Dans le cas de la boucle

d’oreille en forme d’Eros, ce n’est pas vraiment une feuille qui est travaillée pour la figure d’Eros,

mais une plaquette plus épaisse.

2. Le travail de la feuille en volume

Ce travail reprend cinq techniques différentes : la technique de l’estampage (Stamping ou

Prägen) qui consiste à appliquer un élément sculpté en relief sur le revers d’une feuille d’or posée sur

un élément semi-rigide, ou dans un moule reprenant la forme du relief (négatif)10 ; La technique de la

frappe (Striking ou Ausstanzen) consiste à frapper la matrice à l’aide d’un marteau découpant ainsi la

pièce présentant un relief (exemple concret : frappe de monnaies) ; La technique du repoussé

(repoussé and chasing ou Treiben, Punzieren) consiste à créer un relief – à l’aide de burins à tête

émoussée (bouterolles, poinçons) – à partir du verso de la pièce sur un support mou (poix, cire, etc.).

Les parties les plus fines sont parfois retravaillées sur le recto pour plus de précision : on dit de la

pièce qu’elle est alors ciselée11 ; La technique du travail sur matrice (Working into a die ou

Formentreiben) où l’on force le métal dans un moule creux ; La technique du travail sur un moule en

relief (Working over a model ou Modellieren) consiste à appliquer une feuille sur un modèle en relief.

7 HOFFMANN H., DAVIDSON P.F., Greek Gold Jewelry from the Age of Alexander, p. 25.

8 HIGGINS R.A., Greek and Roman Jewelry, p. 8 – 9.

9 OGDEN J., WILLIAMS D., Greek Gold of the Classical World, p. 18. 10

HIGGINS R.A., op.cit., p. 9 - 13 et OGDEN J., WILLIAMS D., op. cit., p. 18 – 19. 11 HIGGINS R.A., op. cit., p. 9 – 13.

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Pour des raisons évidentes de rapidité, de similarité des pièces et d’économie de matière

(comparé à la fonte)12, les feuilles d’or étaient souvent repoussées à l’aide d’un moule ou d’une

estampe.

Occurrence dans les pièces étudiées

Les boucles d’oreilles à tête de lion et à tête de bovidés, les protomes de griffons et les perles en

argent sont tous composés de deux feuilles d’or soudées ont été vraisemblablement réalisés à l’aide

de la technique sur un moule en relief. En effet, comme en est convaincu Hoffmann après

expérimentation, l’utilisation d’un moule en bois sur lequel on applique une feuille d’or semble être

plus plausible que l’utilisation d’un moule creux. Les exemples n’utilisant pas cette technique

d’ailleurs sont plus que rare.13. La figure d’Eros, la figure d’Isis-Fortuna et de Gorgone ont plus

vraisemblablement été réalisés à l’aide d’un estampage.

Toutes ces méthodes étaient connues depuis longtemps déjà au IVe siècle, ce qui empêche de

donner une date à partir de la technologie pour des pièces utilisant celles nommées ci-dessus. Ces

données n’entrent pas en contradiction avec les datations stylistiques.

3. Les fils14

La technique la plus fréquemment – et probablement la plus ancienne – utilisée pour

confectionner des fils est celle de la Band Stripped Wire ou du fil massif roulé. De longs copeaux d’or

étaient roulés ensemble sur une surface dure à l’aide d’une pierre jusqu’à ce qu’ils obtiennent une

section circulaire. De là, on pouvait éventuellement les étirer afin d’en faire des fils plus longs15. On

retrouve également des fils dit Stripped twisted wire, ou fil creux tordu. Ces fils étaient confectionnés

à l’aide de copeaux d’or enroulés autour d’une tige. A l’observation, on remarquera une série de

stries hélicoïdales, vestiges des différentes bandes d’or ayant été roulés autour de cette tige. Une

autre technique consiste à découper un fil de section carrée, de le tordre puis de le rouler entre

deux surfaces dures, ces fils sont appelés Block twisted wire ou fils pleins tordus. Dans la même idée,

on retrouve les fils plats tors, c’est-à-dire une bande rectangulaire torse dont la circularité peut être

accentuée en roulant les fils de la même manière que les fils pleins tordus. Cependant, il est

également probable que les fils étaient martelés ou coulés dans un moule puis étirés16.

Une autre technique est le tréfilage : un fil de métal est inséré dans une plaque percée et étirée.

Cette technique se remarque très facilement sur les fils par une conformité du diamètre et surtout

par des stries continues que l’on retrouve sur l’entièreté du fil17. La section de la perforation utilisée

pour le tréfilage peut également prendre des formes carrées, rectangulaires. Selon Ogden et

12

Que nous n’aborderons pas vu le fait qu’aucune des pièces ne semble avoir été réalisée à l’aide de cette technique. 13En effet, lorsqu’on tente de les réaliser à l’aide d’un moule creux, l’or a tendance à craquer, HOFFMANN H., DAVIDSON P.F., op.cit., p. 28 – 29. 14

La terminologie varie d’un ouvrage à l’autre et d’une langue à l’autre, Cependant, je me suis principalement inspiré de la terminologie de Nicolini et de Hoffmann et Davidson. 15 HIGGINS R.A. op. cit., p. 13 – 14. 16

NICOLINI Gérard, Techniques des ors antiques : La bijouterie ibérique du VIIe au IV

e siècle, Vol. 1, p. 108.

17 HIGGINS R.A., op. cit., p. 14.

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Williams, cette technique n’aurait pas été appliquée à l’orfèvrerie avant le VIIe voir le VIIIe siècle AD

et aucune évidence ne montre l’utilisation de cette technique par des orfèvres grecs18. Cependant

Nicolini fait remonter l’utilisation de la technique du tréfilage à l’Egypte ancienne du IIe millénaire BC.

Il indique également que la technique est utilisée abondamment durant toute l’antiquité et la

présence de cette technique est certaine à partir du Ve siècle BC dans l’art étrusque19.

Ces fils une fois constitués peuvent subir toute une série de torsions et de modification de leur

forme dans un but décoratif : les fils peuvent être torsadés, martelés, bobinés, perlés, etc. De même,

on retrouve une série de sections différentes (triangulaire, carrée, circulaire). La technique consistant

à appliquer des fils d’or sur une pièce en orfèvrerie est appelé la technique du filigrane.

Occurrence dans les pièces étudiées :

Après observation à l’œil nu, on peut remarquer que les boucles d’oreilles à tête de lion

présentent des fils massifs roulés, des fils plats tors et des fil creux tordus, le médaillon à la Gorgone

présente sur son périmètre un fil tors carré tors, le collier à perles présente également des fils carrés

tors (élément en or et extrémités des perles en argent), la médaille d’Isis-Fortuna présente des fils

plats tors à bord arrondis et un fil-bobine gaditan, l’épingle à perle glandiforme présente un fil plat

tors très serré juste à son point de contact avec la perle, les boucles d’oreilles à perle en terre cuite

présentent un fils carré tors, les boucles d’oreilles à tête de bovidés présentent des fils creux tordus

ainsi que des fils plats tors tandis que leur boucle est un fil d’or carré tors, la boucle d’oreille en

forme d’Eros présente un fil plat tors au niveau de son baudrier.

Certains fils présentant des stries trahiraient l’utilisation du tréfilage et remettrai en cause la

datation du IIIe au Ier siècle BC si l’on poursuit la théorie d’Ogden et de Williams. Dans la plupart des

cas étudiés, les techniques utilisées n’entrent pas en contradiction avec les datations stylistiques.

4. La granulation20

La granulation consiste en la création et la disposition de petites sphères de métal sur un objet.

Selon Jochem Wolters, ceux qui travaillent avec le métal savent pertinemment que les petites

particules métalliques, une fois chauffées, ont tendance à se rassembler en une forme sphérique plus

ou moins parfaite21. C’était donc une production à grande échelle et non la production elle-même qui

posait problème, contrairement à ce qu’affirme Despini. Les granules étaient donc réalisées à l’aide

de poudre d’or ou de petits copeaux qui, une fois chauffé, formaient des sphères plus ou moins

parfaites. Selon Nicolini, une autre technique de confection de granules était celle consistant à verser

dans de l’eau ou de la sciure de bois des goutes de métal en fusion22. L’opération plus complexe

consiste à disposer et souder ces granules sur l’objet à décorer.

18 OGDEN J., WILLIAMS D., op. cit., p. 23. 19

NICOLINI Gérard, op. cit., vol. 1 p. 100 – 112. 20

DESPINI A., op. cit., p.24 – 25 et WOLTERS Jochem, The Ancient Craft of Granulation : A Re-Assessment of Established Concepts, p. 124 – 127. 21

Hoffmann y fait aussi référence, HOFFMANN H., DAVIDSON P.F., op. cit., 37 22 NICOLINI G., op. cit., Vol. 1, p. 142 - 144

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Afin de maintenir en place les granules, on appliquait sur la surface de contact un adhésif

organique composé d’une colle naturelle animale (colle à base de peau de bœuf ou de résine de

poisson) ou végétale (gomme arabique ou pâte de farine). Afin de joindre définitivement les granules

aux pièces, on ajoutait à cet adhésif un élément de soudure à sel de cuivre comme la malachite

(CuCO3.Cu(OH)2) ou l’azurite (2CuO3.Cu(OH)2)23. Comme l’explique Coche de la Ferté, cette pâte

collante a pour propriété à 100°C de transformer les sels en oxydes, à 600°C de carboniser la colle et,

grâce à ce carbone à 850°C, à se combiner à l’oxygène de l’oxyde de cuivre pour s’évaporer. Une fois

l’oxygène évaporé, il ne reste plus que le cuivre qui se combine à l’or par diffusion à la température

de 890°C24.

Occurrence dans les pièces étudiées :

On retrouve l’utilisation de granules sur la plupart des objets étudiés : les boucles d’oreilles à

tête de lion et de bovidé, sur la boucle d’oreille en forme d’Eros et sur les boucles d’oreilles en corne

d’abondance. Cependant, dans le dernier cas, on remarque que cohabitent deux cas : l’un est une

occurrence d’une bonne maîtrise de la technique, l’autre présente un cas où soit, on aurait tenté

d’imiter la technique à l’aide du repoussé ou un cas où la pièce aurait été exposée trop longtemps au

feu ou à une trop haute température, faisant fondre les granules et percer la feuille d’or. Une analyse

MEB permettrait de donner plus d’informations quant à cette pièce.

Une fois de plus, les techniques utilisées ne permettent pas de donner une chronologie plus

précise mais n’entrent pas en contradiction avec la datation stylistique.

5. Les émaux et sertissages

L’émail n’est pas une technique d’orfèvrerie à proprement parler – car on ne travaille pas

directement ledit métal – mais plutôt une technique de décoration utilisant une pâte colorée vitrifiée

appliquée sur un objet, celle-ci obtenue à partir de poudre de verre et d’oxydes métalliques25. Le

sertissage consiste, lui, à insérer un élément (en général une pierre précieuse ou semi-précieuse)

dans un bijou. On préparait de petites langues de métal autour de l’alvéole qui accueille l’élément à

sertir. On l’y place puis l’on replie ces langues26.

Occurrence dans les pièces étudiées :

Des émaux tels que décrit sont repérables dans plusieurs cas : les yeux des lions et des griffons

comprennent un émail de couleur bleu qu’il serait intéressant d’analyser au MEB, de même que les

couronnes terminant les têtes de lions. Malheureusement peu de ceux-ci ont été conservés. C’est un

sertissage qui est utilisée pour accrocher les agates de la bague octogonale ainsi que l’améthyste de

l’anneau Ac.70/36. Cependant, on pouvait également faire passer un fil au travers de l’élément à

sertir, comme c’est le cas pour les deux pierres sombres des protomes de griffons.

23

Information corroborée par Pline, ROBERTS P.M., Gold Brazing in Antiquity, p. 117 – 118. 24 COCHE DE LA FERTE E., Les bijoux antiques, p. 18. 25

COCHE DE LA FERTE E., op. cit., p. 22. 26 COCHE DE LA FERTE E., op. cit., p. 24.

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6. La dorure

La dorure consiste à appliquer une très fine couche d’or sur un objet qui n’est pas en or. Il existe

différents types de dorures : la dorure à l’eau, la dorure au mercure (au feu), etc. Dans la période qui

nous concerne, c’est une utilisation de la première technique qui est la seule connue, en effet, la

technique de dorure au mercure n’est connue qu’à partir de l’époque romaine. La dorure à l’eau est

l’applique d’une feuille d’or à l’aide d’un adhésif animal. La dorure au mercure est une technique qui

utilise la propriété d’amalgamation de l’or et du mercure : était mélangé les deux métaux puis le tout

était appliqué sur la surface à dorer. On chauffait la pièce jusqu’à atteindre la température

d’ébullition du mercure déposant ainsi l’or sur la pièce27.

Occurrence dans les pièces étudiées :

On retrouve des traces de dorure sur les perles des boucles d’oreilles décorées d’une perle, sur

les perles en argent du collier à perles ainsi que sur la perle glandiforme de l’épingle. Il serait

intéressant de savoir si la dorure a été réalisée au mercure ou non.

7. La gravure

Elle consiste à réaliser un enlèvement de métal dans la masse de l’objet. Hoffmann suggère

qu’étaient utilisés comme outil des pointes en métal (fer ou cuivre), bien qu’il soit également

possible que l’obsidienne et le silex aient été utilisés. On disposait l’élément à graver sur un élément

souple puis à l’aide de pointes, on éliminait une fine lamelle de métal. Hoffmann suggère également

après expérimentation que cette technique ne pouvait être précise du fait de l’inexistence d’un

matériau suffisamment solide pour ne pas plier.28 Il tient ici à souligner que la gravure n’est pas

similaire à la ciselure qui consiste à repousser le métal sans réaliser un enlèvement dans celui-ci.

Occurrence dans les pièces étudiées :

Les deux bagues portant une inscription présentent une gravure peu raffinée. Dans le cas de

l’inscription ΔωΡΟΝ, ce sont de petits enlèvements successifs et circulaires qui ont été réalisés alors

que dans le cas de l’inscription TYXH, ce sont des enlèvements longs rectilignes alternés

d’enlèvements circulaires. De même, l’épingle à perle glandiforme présente des enlèvements

typiques de la gravure. Les boucles d’oreilles à tête de lion, à tête de bovidés, la boucle d’oreille à

figure d’Eros ainsi que le médaillon d’Isis-Fortuna présentent quand à eux, des ciselures.

8. Le nielle

Cette technique consiste à appliquer dans une cavité préalablement réalisée d’une pièce en or,

un mélange de sulfures d’argent et de cuivre et de borax (qui sert alors de fondant). Après passage

au feu, ce mélange prend un aspect noir brillant (une fois poli) qui contraste avec son support en or29.

27

GUERRA M.F., CALLIGARO Th., Gold cultural heritage objects: a review of studies of provenance and manufacturing technologies, p. 1531. 28

HOFFMANN H., DAVIDSON P.F., op. cit., p. 34. 29 ARMINJON C., Niellage ou Niellure, 2011

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Occurrence dans les pièces étudiées :

Un seul objet présenterai cette technique, l’épingle avec une perle glandiforme qui dans ses

enlèvements triangulaires, présente un élément noir qui serait un vestige de nielle. Une analyse au

MEB nous permettrai d’en apprendre plus.

D. Analyses au MEB, Binoculaire et Rayons-X

1. Analyse MEB et Binoculaire

Les analyses à la loupe Binoculaire permettent de donner une grande quantité d’informations,

confirmant ou infirmant des informations observées à l’œil nu. Elle permet également de repérer des

points qui sont digne d’intérêt pour une étude au MEB-EDS (Microscope électronique à balayage à

dispersion d’énergie). L’étude au MEB nous donnera des informations sur les techniques et les outils

utilisés pour mettre en œuvre les pièces,

tout en restituant la composition en

éléments majeurs et mineurs de celle-ci. Par

ailleurs, une étude au MEB est plus précise

qu’une étude PIXE et PIGE car pour ceux-ci,

la taille du faisceau est plus important (800

µm pour le cyclotron du CEA).

Dans un premier temps, les analyses

réalisées sur la chaîne Ac. 70/27 confirment les

observations faites à l’œil nu. Comme on peut le remarquer au binoculaire, on remarque les stries

hélicoïdales des fils creux tordus (Figure 27). L’analyse au MEB enlève les doutes qui pourraient

encore planer quant à la technique utilisée

(Figure 28).

Si l’on observe au binoculaire le corps

de la boucle de la pièce Ac.70/32a, on

retrouve les mêmes stries hélicoïdales

caractéristiques de la technique des fils

creux

tordus.

Figure 27 : Stries hélicoïdales de la chaîne Ac.70/27, grossissement au binoculaire

Figure 28 : Détail de la chaîne Ac.70/27, Grossissement MEB 27X

Figure 29 : Stries hélicoïdales de la boucle Ac.70/32a

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Dans le cas des boucles d’oreilles

en corne d’abondance, l’analyse

binoculaire et MEB indiquent que la

boucle Ac.70/31b ne présente pas une

fausse granulation, mais un mauvais

contrôle de la cuisson. En effet,

comme le montre la Figure 30, on

remarque que les granules se sont

littéralement « fondues » à la feuille

d’or, jusqu’à la percer, comme le

montre la Figure 31 prise au

binoculaire. Afin d’analyser la soudure,

une analyse quantitative des éléments

a été réalisée, sans succès. En effet, si l’on supporte

l’idée que les granules étaient soudées à la feuille à

l’aide d’oxydes de cuivre, un pic de cuivre devrait apparaître sur l’analyse. Dans notre cas, les pièces

n’ayant pas été nettoyées et présentant des incrustations, il est difficile d’avoir des données fiables.

De plus, selon Craddock30, les cuivres présents en surface

ont bien pu être oxydés naturellement.

Le MEB peut permettre de mettre en évidence l’âge

des objets. On sait que naturellement, l’or est inaltérable.

Cependant, les objets étudiés ne sont pas faits d’or pur.

Les alliages d’or se corrodent par oxydation préférentielle

des métaux moins nobles à savoir le cuivre et l’argent lors

de l’enfouissement. Même si dans la plupart des cas, une

observation à l’œil nu est suffisante pour remarquer une

usure caractéristique du temps, une étude au MEB nous

a permis de confirmer cette supposition. En effet, on

observe sur la Figure 32 les marques caractéristiques

d’une corrosion intergranulaire vraisemblablement

naturelle31.

L’analyse MEB permet également de préciser la

technique utilisée pour réaliser les enlèvements de la

bague présentant l’inscription DWPON. Sur la Figure 33,

on observe que le sens de la frappe est opposé au sens de

travail. De plus, on remarque aisément un problème au

niveau de la bouterolle utilisée pour réaliser les

enlèvements. Un défaut laisse à chaque enlèvement, une

marque circulaire.

30

CRADDOCK, P., Gold and Silver, p. 369 – 386. 31 MEEKS N., A Greek gold necklace: A case of dual identity, p.127 – 138.

Figure 30 : Détail de la boucle d'oreille Ac.70/31b, grossissement 34X au MEB

Figure 31 : Détail de la boucle d'oreille Ac.70/31b au binoculaire grossi 15X

Figure 32 : Détail d'une surface altérée de la boucle Ac.70/33a grossi 1814X

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2. Analyses aux Rayons-X.

Les analyses aux Rayons-X ont été réalisées à

la clinique vétérinaire du C.H.U. de Liège. Elles

permettent de donner une image de la structure

interne des pièces étudiées de manière

totalement non destructive.

Dans le cas de l’épingle à perle glandiforme,

l’observation à l’œil nu et au binoculaire indique

la présence d’une colle récente. Avant la présence

de cette colle, un autre moyen d’attache devait

exister. Comme on le remarque sur la Figure 34, la perle est perforée en son centre et accueille une

petite tige de métal. Il devait y avoir une résine qui maintenait le tout qui désormais est remplacée

par de la colle récente.

Une radiographie de la bague à intaille au

motif d’ancre indique que la bague est

creuse mais la structure interne est

difficile à lire. Elle ne confirme pas

l’utilisation d’une feuille d’or repliée

sur elle-même mais ne l’infirme pas

pour autant. Une hypothèse possible

est que cette pièce ait été réalisée à l’aide de la

technique de la cire perdue, ce expliquerait

l’absence de ligne de soudure.

Figure 33 : Détail de la taille de l'inscription DWPON

Figure 34 : Radiographie de l'épingle à perle glandiforme.

Figure 35 : Radiograhie de la bague à intaille.

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E. Analyses PIXE et PIGE

1. Analyses PIXE

Ces analyses on pour but de déterminer la composition chimique des pièces et de caractériser

les éléments d’incrustation présents sur certains objets (verre, gemmes, etc.). Les analyses PIXE ont

été réalisées au moyen du cyclotron de l’IPNAS de l’Université de Liège par le Centre Européen

d’Archéométrie (CEA). C’est à l’aide d’un faisceau de protons d’énergie de 3 MeV d’intensité de 5 nA

que les pièces ont été analysées. Deux détecteurs de rayons X ont été utilisés, le premier détectant

les rayons X de faible énergie équipé d’un filtre d’1 µm de Carbone donnant les pics de la matrice des

alliages. Le deuxième a été équipé d’un filtre de Cuivre de 30 µm afin d’atténuer les raies de l’or pour

détecter les éléments traces.

Compte tenu du peu de temps qui nous était concédé pour réaliser les analyses, de très courtes

mesures, s’étalant sur 300 secondes, ont été réalisées afin de pouvoir étudier l’intégralité des pièces.

Ces mesures ne sont pas suffisantes pour établir une quantification précise des éléments traces et

donc une étude de provenance. Elles permettent en revanche de donner une idée des principaux

composants des pièces.

Les résultats nous ont permis de séparer les bijoux en trois groupes en fonction de leur

concentration en or (Au), argent (Ag) et Cuivre (Cu). Le collier de perles Ac.70/28 a été écarté des

analyses pour des raisons stylistiques (ce collier est composé de perles en argent).

La concentration en cuivre ne dépasse jamais 3,4% et ne descend jamais en dessous de 1% ce

qui correspond à un or non allié. La concentration en Fer est en moyenne de 0,5% ce qui est

également normal pour un or natif32. Les ors utilisés n’ont donc pas été raffinés.

32 OGDEN J., Jewelery of the Ancient World, 1982.

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Dans le cas des incrustations (boucle d’oreille Ac.70/32a), l’analyse PIXE indique la présence de

Silicium, de Magnésium, de Potassium et de Phosphore, les principaux constituants des émaux.

L’incrustation est donc bien volontaire et n’est pas une concrétion due à l’enfouissement. Par ailleurs,

l’analyse des pierres semi-précieuses incrustées dans les bagues Ac.70/36 et Ac.70/37 indique

clairement que l’on a bien affaire à une améthyste dans le premier cas et à des agates dans le

deuxième cas, les résultats présentant un taux d’oxyde de Silicium (SiO2) de 99%.

Les deux boucles d’oreilles Ac.70/31 présentaient une granulation différente. Après l’analyse

PIXE, on remarque une composition chimique similaire ce qui tant à prouver que ces objets font bien

parie d’une seule et même paire et que le cas de granulation différente n’est en réalité qu’un

mauvais contrôle de la granulation. Dans le cas de l’épingle Ac.70/30, le manque de temps en

laboratoire ne nous a pas permis de réaliser une analyse PIXE.

2. Analyses PIGE

Afin d’analyser les verres du collier Ac.70/28, il nous a fallut faire recourt à une analyse PIGE. En

effet, les verres de ce collier étaient beaucoup trop corrodés en surface, empêchant ainsi toute

interprétation de donnée valable. La technique d’analyse PIGE est beaucoup plus pénétrante pour la

matière ce qui permet d’atteindre des zones encore non corrodées. Les analyses PIGE tendent à

prouver que les verres sont des verres au Natron, largement utilisés à la période hellénistique

vraisemblablement importé d’Egypte.

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III. Conclusion

Personnellement, cette étude m’a permis de prendre contact avec les techniques en

archéométrie et m’a permis d’en apprendre plus sur les marches à suivre dans le cadre de ce genre

d’étude. Je ne manquerai pas d’utiliser les compétences acquises lors de ce travail dans le cadre de

mon mémoire de Master que je compte faire en archéométrie. Il est évident qu’une étude beaucoup

plus exhaustive aurait pu être réalisée sur ces bijoux. Cependant, dans la mesure où je n’avais qu’un

accès limité aux pièces et dans le cadre de mes connaissances et des critères à respecter pour ce

travail, il m’était impossible de réaliser un travail plus complet. De plus, étant donné le temps qui

nous était donné en laboratoire, il nous était impossible de réaliser des analyses plus profondes et

plus nombreuses.

Cependant, nous pouvons déduire, après étude approfondie à l’œil nu et au binoculaire ainsi

qu’après les analyses archéométriques, que ces pièces sont toutes relativement anciennes et ne

présentent pas de caractéristiques modernes. Les résultats obtenus ne rentrent pas en contradiction

avec la datation stylistique de ces œuvres (entre le IVe et le Ie siècle BC). En effet, l’entièreté des

techniques utilisées correspondent à celles connues à cette époque (tout du moins celles qui nous

sont parvenues jusqu’à nos jours). Elle nous a également permis de préciser les méthodes de

confection de ces bijoux.

Malgré tout, ces analyses ne nous ont pas permis de préciser cette chronologie, mais

simplement de confirmer celles déjà réalisées. Cette étude n’apporte pas toujours de réponse

concrète quand à la confection de certaines pièces ni la provenance de ces objets. Une étude plus

approfondie, utilisant de manière plus longue la technique PIXE pourrait permettre de mettre en

évidence une provenance de l’or.

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IV. Annexes

A. Bibliographie

- COCHE DE LA FERTE Etienne, Les Bijoux Antiques, Paris, 1956.

- CRADDOCK Paul, Gold and Silver in Scientific investigation of copies, fakes and forgeries, Elsevier,

2009 pp. 369 – 386.

- DAVIDSON Patricia F., OLIVER Andrew Jr., Ancient Greek and Roman Gold Jewelry in The Brooklyn

Museum, The Brooklyn Museum, New-York, 1984.

- DESPINI Aikaterini, Greek art: Ancient gold Jewelry, 2nd éd., 2 volumes, Ekdotike Atheon, Athens,

2006.

- GUERRA Maria Filomena, CALLIGARO Thomas, Gold cultural heritage objects : a review of studies

of provenance and manufacturing technologies in Measurement science and Technology, Vol. 14,

n°9, p. 1527 – 1537, 2003.

- HIGGINS R.A., Greek and Roman Jewelry, Methuen’s Handbooks of Archaeology, London 1961.

- HOFFMANN Herbert, DAVIDSON Patricia F., Greek Gold : Jewelry from the age of Alexander, Mainz,

1965.

- LAFFINEUR Robert, Bijoux en or grecs et romains in Bulletin de correspondance hellénique,

volume 104, livraison 1, Collection Paul Canellopoulos, 1980, pp. 345-457.

- MEEKS N., A Greek gold necklace : a case of dual identity, Williams, 1998, pp. 127 – 138.

- NICOLINI Gérard, Techniques des ors antiques : la bijouterie ibérique du VIIe a IVe siècle, A. et J.

Picard, Paris, 1990.

- OGDEN Jack, WILLIAMS Dyfri, Greek Gold Jewelry of the Classical World, Harry N. Abrams

Incorporated, New York, 1994.

- OGDEN Jack, Jewelry of the Ancient World, Rissoti, New-York, 1982.

- ROBERTS P.M., Gold Brazing in Antiquity: Technical Achievements in the Earliest Civilisations in

Gold Bulletin, Vol. 6, n°4, p. 112 – 119, 1973.

- ARMINJON Catherine, Niellage ou Niellure sur http://www.universalis.fr/encyclopedie/niellage-

niellure consulté le 23 avril 2011.

- SPIER Jeffrey, Ancient Gems and Finger Rings, Catalogue of the collections, The J. Paul Getty

Museum, Malibu, California, 1992.

- WOLTERS Jochem, The Ancient Craft of Granulation: A Re-Assessment of Established Concepts,

Endeavour, Volume 6, Issue 1, 1982, p. 119 – 129.

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B. Table des matières

Introduction ........................................................................................................................... 2

Description et analyse des objets .......................................................................................... 3

Présentation des objets....................................................................................................... 4

Description détaillée des objets .......................................................................................... 4

Boucles d’oreilles .................................................................................................................... 4

Boucle d’oreille Ac.70/32 ........................................................................................................ 4

Boucle d’oreille Ac.70/34 ........................................................................................................ 5

Boucle d’oreille Ac.70/31 ........................................................................................................ 6

Boucle d’oreille Ac.70/35 ........................................................................................................ 6

Boucle d’oreille Ac.70/33 ........................................................................................................ 7

Colliers ................................................................................................................................... 8

Chaîne Ac.70/27 ..................................................................................................................... 8

Chaîne Ac.70/28 ................................................................................................................... 10

Chaîne Ac.70/29 ................................................................................................................... 10

Bagues et anneaux ............................................................................................................... 11

Bague Ac.70/36 ................................................................................................................... 11

Bague Ac.70/37 ................................................................................................................... 11

Bague Ac. 70/38 ................................................................................................................... 12

Bague Ac.70/39 ................................................................................................................... 12

Autre .................................................................................................................................... 13

Epingle Ac.70/30 .................................................................................................................. 13

Répertoire des techniques utilisées.................................................................................. 14

Les feuilles ............................................................................................................................ 14

Le travail de la feuille en volume ........................................................................................... 14

Les fils .................................................................................................................................. 15

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La granulation....................................................................................................................... 16

Emaux et sertissage .............................................................................................................. 17

Dorure .................................................................................................................................. 18

Gravure ................................................................................................................................ 18

Nielle .................................................................................................................................... 18

Analyses au MEB, Binoculaire et Rayons-X ....................................................................... 19

Analyses MEB et Binoculaire ................................................................................................. 19

Analyses aux Rayons-X .......................................................................................................... 21

Analyses PIXE et PIGE ....................................................................................................... 22

Analyses PIXE........................................................................................................................ 22

Analyses PIGE ....................................................................................................................... 23

Conclusion ........................................................................................................................... 24

Annexes ............................................................................................................................... 25

Bibliographie ............................................................................................................. 25

Table des matières .................................................................................................... 26