Étude technologique des collections lithiques de nord-patagonie orientale (argentine) pendant...

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Article original Étude technologique des collections lithiques de Nord-Patagonie Orientale (Argentine) pendant l’Holocène récent Technological study of lithic collections of North-Eastern Patagonia (Argentina) during the Late Holocene Gabriela Marisol Armentano AnTET-UMR 7041-CNRS, Anthropologie des Techniques, des Espaces et des Territoires au Pliocène et au Pléistocène, maison René-Ginouvès 21, allée de l’Université, 92023 Nanterre cedex, France Disponible sur Internet le 9 mars 2016 Résumé Le cours inférieur du fleuve Colorado est considéré comme la limite géographique entre les régions Pampéenne et Patagonique d’Argentine. Notre principal objectif est d’établir les caractéristiques propres du point de vue des comportements technologiques des populations qui habitèrent la région tout au long de l’Holocène récent (3000250 BP). Pour atteindre ce but, nous avons identifié les types et natures de matières premières et leur agencement pendant la période considérée. Nous avons aussi caractérisé les méthodes de débitage et effectué l’analyse techno-économique des collections. Le tout, dans le cadre théorique et méthodologique des chaînes opératoires. Les informations extraites de notre étude suggèrent que pendant l’Holocène récent, la base de connaissance technologique demeura constante. Les changements des comportements techniques pendant les occupations finales (3000250 BP) auraient été liés à des choix plus efficaces de méthodes, techniques et outils connus auparavant et mieux adaptés à l’organisation sociale de la phase finale de l’Holocène récent. # 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Nord-Patagonie orientale ; Holocène récent ; Technologie lithique ; Matières premières ; Débitage de galets www.em-consulte.com Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect L’anthropologie 120 (2016) 69106 Adresse e-mail : [email protected]. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.02.001 0003-5521/# 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Article original

Étude technologique des collections lithiques deNord-Patagonie Orientale (Argentine) pendant

l’Holocène récent

Technological study of lithic collections of North-Eastern Patagonia(Argentina) during the Late Holocene

Gabriela Marisol ArmentanoAnTET-UMR 7041-CNRS, Anthropologie des Techniques, des Espaces et des Territoires au Pliocène et au Pléistocène,

maison René-Ginouvès 21, allée de l’Université, 92023 Nanterre cedex, France

Disponible sur Internet le 9 mars 2016

Résumé

Le cours inférieur du fleuve Colorado est considéré comme la limite géographique entre les régionsPampéenne et Patagonique d’Argentine. Notre principal objectif est d’établir les caractéristiques propres dupoint de vue des comportements technologiques des populations qui habitèrent la région tout au long del’Holocène récent (3000–250 BP). Pour atteindre ce but, nous avons identifié les types et natures de matièrespremières et leur agencement pendant la période considérée. Nous avons aussi caractérisé les méthodes dedébitage et effectué l’analyse techno-économique des collections. Le tout, dans le cadre théorique etméthodologique des chaînes opératoires. Les informations extraites de notre étude suggèrent que pendantl’Holocène récent, la base de connaissance technologique demeura constante. Les changements descomportements techniques pendant les occupations finales (3000–250 BP) auraient été liés à des choixplus efficaces de méthodes, techniques et outils connus auparavant et mieux adaptés à l’organisation socialede la phase finale de l’Holocène récent.# 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Nord-Patagonie orientale ; Holocène récent ; Technologie lithique ; Matières premières ; Débitage de galets

www.em-consulte.com

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirect

L’anthropologie 120 (2016) 69–106

Adresse e-mail : [email protected].

http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2016.02.0010003-5521/# 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract

The lower Colorado River is considered the geographical boundary between the Argentinean regions ofPampa and Patagonia. The aim of this study is to define the technological patterns of hunter-gatherer groupswho inhabited the studied area during the Late Holocene (3000–250 BP). In order to do so, the nature andpresentation of raw materials exploited is stated, and the different methods of débitage and economicanalysis of the lithic assemblages are identified, within the theoretical and methodological approach ofchaîne opératoire. The results allow concluding that during the Late Holocene the basis of technologicalknowledge is kept constant. The technological changes experienced in behavior toward the final LateHolocene (1000–250 years BP) are due to the choice among methods, materials, and types of instrumentsknown and available, of those with proven efficacy, whose production was intensified in the last 1000 yearsBP. The behavioral changes linked to lithic technological system are accompanied by – or produced as aresult of – reorganization of the social system as a whole.# 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: East-northern Patagonia; Late Holocene; Lithic technology; Raw materials; Débitage of pebbles

1. Introduction

Les commencements des études lithiques en Argentine et au Brésil furent influencés par latypologie française (Bordes, 1950,1961 ; Brézillon, 1968). Tandis que le regard typologiqueinspira des adaptations locales en espagnol et portugais (Aschero, 1975 ; Laming-emperaire,1967), l’approche technologique développée à partir des années 1980 en France (Tixier, 1984 ;Balfet, 1991 ; Pèrles, 1991) est mal connue en Amérique du Sud et l’identification des chaînesopératoires demeure une alternative assez peu utilisée. Néanmoins, cette situation a commencé àchanger au cours des dernières années au Brésil, à partir des recherches menées par les équipes derecherche de nombreux états du pays. Notamment à Goiás, Minas Gérais, Tocantins ; Pará ; Piauíet Rio Grande do Sul (Alonso et al., 2007 ; Bueno, 2007 ; Rodet et al., 2007 ; Rodet et al., 2008 ;Rodet, 2009 ; Isnardis, 2009 ; Lourdeau, 2010). En Argentine, cette tendance est moins répandue,toutefois, nous pouvons signaler les travaux de Barros (2009, 2011) dans la région Pampéenne etceux de Hoguin (Hoguin et Restifo, 2012 ; Hoguin et Yacobaccio, 2012) dans la région nord-ouest du pays.

1.1. La vallée inférieure du fleuve Colorado

La Patagonie australe fut occupée par des groupes nomades depuis 12 000 BP (Pléistocène).Cependant, dans la vallée inférieure du fleuve Colorado, au sud de la Province de Buenos Aires(Fig. 1), les vestiges archéologiques des chasseurs-cueilleurs sont beaucoup plus récents, ilscorrespondent à l’Holocène récent (3000–250 BP). Le contexte géomorphologique de la régionexpliquerait l’absence de registre archéologique plus ancien. En effet, les études paléo-climatiques ont permis d’identifier des conditions arides et semi-arides avec des processusalternants de morphogenèse et pédogenèse pendant tout l’holocène dans cette région (Schäbitz,1994 ; Abraham de Vázquez et al., 2000 ; Schäbitz, 2003). Lesdits processus jouèrent un rôlemajeur dans la destruction des sites par érosion (Martínez et Martínez, 2011) de sorte quel’évidence d’une occupation humaine de la région d’étude contraste avec la chronologie desoccupations des régions voisines.

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Le fleuve Colorado est considéré comme la limite géographique entre les régions Pampéenneet Patagonique. Cependant, cette région est en réalité un espace de confluence de différentesrégions, sous-régions et domaines phytographiques, zoographiques et ichtyographiques,autrement dit, un écotone biogéographique (Martínez 2004–2005, 2008–2009 ; Stoessel,2012). En termes plus explicites, l’énorme extension de terres plates doucement vallonnées avecune végétation de pâturage qui fait partie de la plaine – pampa –, (Fig. 1) commence au-delà de laville de Bahía Blanca à présenter des caractéristiques plus proches de l’environnementpatagonique. Or, dans le sud de la province de Buenos Aires, les graminées laissent la place auxarbustes xérophiles – monte – (Winschel, 2002). Les traits patagoniques typiques s’exprimentdans la géomorphologie sous la forme d’un relief de plateaux et une composition lithologique quipermettent de la considérer comme la partie la plus septentrionale de la Patagonie (Zárate etRabassa, 2005).

Du point de vue géomorphologique, le bassin du fleuve Colorado est un élément structurelnégatif qui inclut la partie la plus à l’est d’une étendue de plaine d’aggradation d’originefluviatile placée entre les fleuves Colorado et Negro (Fig. 1). Cette plaine se compose de

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Fig. 1. Région d’étude.Study area.

sédiments de la transition Miocène/Pliocène largement étalés dans la province de Río Negro et lesud de la province de La Pampa. Ces dépôts sédimentaires descendent très doucement selon uneorientation sud-est vers la côte atlantique. La plaine est coupée par une succession de terrassesvers les rives littorales ou fluviatiles actuelles (Martínez et Martínez, 2011 ; Zárate et Rabassa,2005). La présence de ces niveaux de terrasses retravaillés par le vent est le vestige du processusd’incision de la vallée du fleuve Colorado (Zárate et Rabassa, 2005). Le relief des dunes quicouvre le sommet des terrasses est le résultat du remodelage éolien surimposé aux ancienspaysages fluviatiles et côtiers. Dans le secteur ouest de la région d’étude, l’action éolienne estplus marquée et elle a produit deux couloirs de dunes placés suivant un axe ouest est (Spalletti etIsla, 2003 ; Zárate et Rabassa, 2005 ; Martínez et Martínez, 2011).

1.1.1. Le modèle archéologique proposéLa compréhension des modes de vie des chasseurs-cueilleurs qui habitèrent la vallée

inférieure du fleuve Colorado pendant l’Holocène récent initial (3000–1000 BP) et l’Holocènerécent final (1000–250 BP) a été le principal objectif des investigations conduites par l’INARCO1

depuis le début du XXIe. Les recherches menées permirent d’abord d’établir un modèlearchéologique pour la région qui, par la suite, fut mis en rapport avec la dynamique dedéplacement des populations entre le nord de la Patagonie et la Pampa pendant l’Holocène récentfinal (Martínez, 2008–2009).

Selon le modèle archéologique proposé par Gustavo Martínez (2008–2009), les occupationshumaines initiales de l’holocène récent (3000–1000 BP) eurent un système d’organisation socialpropre. Dans chaque région s’est constituée une combinaison particulière de stratégies etd’aspects environnementaux spécifiques en accord avec différentes organisations comporte-mentales. Cela ne signifie pas que ces chasseurs-cueilleurs ne partagèrent pas certainscomportements avec les groupes des régions voisines. Pendant les occupations finales del’Holocène récent (1000–250 BP) se seraient ajoutées quelques nouvelles composantesorganisationnelles, telles que l’accentuation sur la production de certains outils lithiques, un typesubsistance plus diversifiée, avec plus d’environnements employés et une intensification del’exploitation de certaines espèces. En outre, certains traits apparaissent seulement dans les sitesde cette phase finale, comme, les zones formelles d’enterrements et les enterrements secondaires.

En résumé, l’information donnée par les différents axes de recherche (Martínez et FiguereroTorres, 2000 ; Armentano, 2004a, b ; Bayón et al., 2004 ; Martínez, 2004–2005 ; Martínez et al.,2005 ; Stoessel, 2006 ; Armentano, 2007a, b ; Stoessel, 2007 ; Bayala, 2008 ; Flensborg, 2008 ;Stoessel et al., 2008 ; Martínez, 2008–2009 ; Martínez et al., 2009 ; Armentano, 2010 ; Bayala,2010 ; Flensborg, 2010 ; Stoessel, 2010 ; Flensborg et al., 2011 ; Martínez et Martínez, 2011 ;Alcaráz, 2012 ; Armentano, 2012 ; Stoessel, 2012) suggère l’existence d’un modèle d’adaptationspécifique, particulier et propre à la région d’étude pour l’Holocène récent initial. A contrario,l’Holocène récent final est caractérisé par une intense dynamique des populations, des réseauxd’interaction et une complémentarité sociale, avec une occupation humaine de la région,simultanée et/ou alternante, par des groupes locaux et d’autres, provenant soit de la Pampa, soitde la Patagonie.

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1 Investigaciones Arqueológicas en el Curso Inferior del Río Colorado (INARCO-INCUAPA-CONICET). L’équipedes recherches archéologiques dans le cours inférieur du fleuve Colorado a encadré la thèse doctorale à l’origine de cettepublication. Cette équipe est dirigée par le Dr Gustavo Martinez, chercheur au sein du Conseil National des RecherchesScientifiques et Technologiques d’Argentine et professeur à la Faculté de Sciences Sociales de l’Université National duCentre de la Province de Buenos Aires.

1.1.2. Dynamique des populations pendant l’Holocène récent final (1000-250 BP)La dynamique des populations de chasseurs-cueilleurs des régions Pampéenne et Patagonique

pendant l’Holocène récent final (1000–250 BP) fut proposée comme une toile complexe decontacts interethniques et de réseaux de circulation entre groupes à différentes échelles : locale,régionale et transandine (Nacuzzi, 1998 ; Madrid et al., 2000 ; Politis et Madrid, 2001 ; Berón,2004 ; Mazzanti, 2007 ; Politis, 2008 ; Martínez, 2008–2009 ; Favier Dubois et al., 2009 ;Gordón, 2010).

Poursuivant cette idée, Barrientos et Pérez (2004) affirment qu’il y a eu un remplacement despopulations du sud-est de la région Pampéenne à la fin de l’holocène récent par l’arrivée degroupes humains de nord-Patagonie (cf. Martínez, 2008–2009). Cette proposition est ancrée surl’analyse et la comparaison des caractères morphométriques des crânes des individus récupérésdans le sud-est de la Pampa et le nord-est de la Patagonie. Des observations sur des modesd’enterrements, la variabilité des outils trouvés, les styles décoratifs (poteries et gravures) et lachronologie ont complété ce postulat. Selon ces auteurs, la région du cours inférieur du fleuveColorado aurait été un espace de passage obligé des groupes provenant de la Patagonie et lesprocessus de remplacement des populations s’y seraient opérés (Fig. 1).

En contrepartie, Martínez (2008–2009) estime que les groupes de la Patagonie en expansionvers le nord n’eurent pas d’avantage compétitif par rapport aux groupes préexistants, comme celaa été postulé par Barrientos (2001) et par Barrientos et Pérez (2004). En conséquence, le secteurdu cours inférieur du fleuve Colorado aurait été une frontière « souple », un territoire perméable,habité et partagé par des groupes sociaux provenant de différentes régions, générant ainsi unedynamique de population plus complexe que celle qui considère les expansions seulement dans lesens géographique sud nord (Martínez, 2008–2009).

2. Étude technologique

2.1. Problématiques et objectifs

Nous considérons que les collections lithiques sont à la fois une réponse conceptuelle,technique et économique des groupes humains à plusieurs facteurs déterminants ou incitatifs(physiques, économiques, sociaux, etc.). Un système technique (lithique) s’appuie sur unestructure sociale et culturelle sous-jacente ; il n’est pas seulement la somme des faits stylistiquesou de différents traits. La culture est le principe organisationnel d’un mode de vie en général etdes comportements techniques en particulier (Leroi-Gourhan, 1965 ; Balfet, 1991 ; Schlanger,1994). La culture est aussi à la source de différences à l’intérieur des normes établies (Pigeot,2004). L’attention est portée sur la caractérisation du système lithique considéré comme lerésultat d’une production artisanale dans laquelle ont un rôle important non seulement lescontraintes physiques, mais aussi les contraintes culturelles des producteurs, la tradition,l’objectif de la production et le savoir-faire de l’artisan.

En appliquant cette conception au registre lithique de la vallée inférieure du fleuve Colorado,nous nous posons la question suivante. . .

Quelles sont les caractéristiques propres du point de vue des comportements technologiquesdes groupes de chasseurs-cueilleurs qui ont habité la région du cours inférieur du fleuve Coloradotout au long de l’Holocène récent ? Dès lors, notre principal objectif est d’établir les intentions,les techniques et les choix qui ont guidé la production lithique de la région d’étude.

Pour répondre à cette interrogation, nous avons ponctuellement étudié chacune des collectionslithiques en :

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� identifiant les différents types de matières premières employées, leur provenance, disponibilitéet accessibilité à l’échelle locale, régionale et allogène ; aussi bien que leur gestion pendant lapériode considérée ;� déterminant les caractéristiques techno-typologiques générales des ensembles ;� reconnaissant les techniques, les méthodes de taille et les chaînes opératoires représentées,� effectuant l’analyse techno-économique des collections.

2.2. Matières premières

La disponibilité, l’accessibilité, la qualité et la forme de la matière première sont autant decontraintes naturelles qui vont éventuellement pouvoir jouer un rôle sur les stratégiesd’acquisition et de production, voire d’utilisation des artefacts.

Les groupes de chasseurs-cueilleurs qui habitèrent la vallée inférieure du fleuve Coloradopendant l’Holocène récent eurent accès aux roches locales, sous la forme de petits galetsprincipalement de roches volcaniques, disséminées en surface très près des sites (entre 0–10 km)ou plus éloignées, néanmoins accessibles (10 km) et finalement, nous avons constaté l’emploi desroches provenant des régions voisines – entre 150 km et ca. 700 km – (Armentano, 2012a, b).Deux formations géologiques présentes dans la région d’étude ont un intérêt pour ce travail dont :la formation Río Negro qui correspond au grès et la formation Tehuelche qui est composée degalets. Il y existe aussi d’autres dépôts de galets d’origine fluviatile moderne et de galets côtiers(Fig. 2).

Les affleurements de roches allogènes correspondent à des quartzites provenant du centre dela province de Buenos Aires. L’obsidienne a été identifiée par des analyses XRF (fluorescence derayons X) comme originaire de la province de Neuquén (Durán et al., 2004 ; Stern, 1999).Finalement, un certain type de calcédoine translucide se différencie remarquablement de celuides galets, elle présente des caractéristiques macroscopiques similaires à la calcédoine du plateaude Somuncurá, dans la province de Río Negro (Fig. 1).

2.2.1. Formation Rıo Negro

Cette formation fut identifiée par Alcide D’Orbigny (1842) et nommée Grès Azuré ouAreniscas del Río Negro, depuis sa découverte dans la vallée du fleuve du même nom. Les dépôtsRionegrenses s’étendent depuis la cordillère jusqu’à la mer, en suivant la plaine entre les fleuvesColorado et Negro. L’origine de cette formation est fondamentalement éolienne, avec quelques

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Fig. 2. Grès Río Negro et galets.Sandstone Río Negro and pebbles.

apports fluviatiles et marins sur le secteur côtier (Zavala et Freije, 2001). Le sommet est couvertpar un conglomérat fluviatile du Pléistocène (les galets Tehuelches) qui atteint jusqu’à deuxmètres d’épaisseur (Fig. 2).

Les grès se composent de psammites d’une granulométrie moyenne à fine, avec des couchesintermédiaires en limonite, des argiles limonitisées. La stratification est entrecroisée. Leurminéralogie est constituée par pâtes volcaniques, plagioclases basiques, magnétite etl’hypersthène (del Río et al., 1991 ; González Díaz et al., 1986). Ce sont des grès très friables,à exception des secteurs où ils furent cémentés par du carbonate de calcium.

L’exploitation archéologique de ce grès fut attestée dans la région d’étude et dans les régionsvoisines pendant l’Holocène récent. Il a été utilisé pour la confection des outils de broyage et demouture (Torres, 1922 ; Armentano, 2004a, b ; Bayón et al., 2004 ; Carrera Aizpitarte, 2006 ;Prates, 2008). Cette roche se trouve très abondamment, bien que sa distribution soit isolée ethétérogène. De fait, elle se présente avec des affleurements ponctuels, plutôt couverte par dessédiments éoliens plus récents, représentant ainsi un surplus d’effort pour l’acquisition.

2.2.2. Formation Tehuelche, galets fluviatiles et galets côtiersLes galets patagoniques ou galets Tehuelches sont des dépôts de gravier qui couvrent la

plupart de la Patagonie depuis le fleuve Colorado jusqu’à la Terre de Feu. L’origine de cesdépôts a été contestée pendant plus de 50 ans. Fidalgo et Riggi (1970) proposent que lesgalets Patagoniques ou Tehuelches stricto sensu soient seulement les dépôts qui se trouventrépartis en surface ou faisant partie des anciennes terrasses fluviatiles et piémonts. Ils seseraient formés avant les sédiments glaciaires et fluviaux glaciaires de la Patagonie.En conséquence, il faut les considérer séparément des dépôts de graviers produits par lesglaciers qui font partie des moraines et terrasses fluvio-glaciaires plus modernes, autant quedes dépôts de galets ayant pour origine les terrasses marines, plages et barres côtières(Fig. 2).

Dans la vallée inférieure du fleuve Colorado, le niveau intermédiaire parmi les terrasses quirecoupent la plaine correspond aux dépôts fluviatiles anciens et très étendus, avec une couche degalets. Il est alors possible de considérer que les dépôts de galets Patagoniques stricto sensu setrouvaient dans ce niveau, à l’intérieur de ces terrasses érodées et couvertes par des manteauxéoliens modernes ou étalés en surface suite à la dégradation des terrasses (Martínez et Martínez,2011).

Dans la plaine, entre les fleuves Colorado et Negro (Fig. 1), les galets correspondentprincipalement à des roches volcaniques et tuf. Les basaltes sont aussi fréquents. La rhyolite, latrachéite et l’andésite sont moins représentées. Parmi les roches granitiques se trouvent lesgranodiorites, les diorites et les granites. Les roches sédimentaires (psephites ou psammites) sontprincipalement pélites solidifiées et grès quartzeux. Le quartz est toujours laiteux. La présence decalcédoine s’est avérée en proportion très faible (Cortelezzi et al., 1968). Lors de notre recherche,nous avons vérifié les déterminations de Cortelezzi et al. (1968).

Ces roches procèdent de trois unités lithologiques très répandues en Patagonie : la sérieporphyrique, la série andésitique et la série des basaltes, placées principalement dans la régiondes Andes et aux alentours (Fidalgo et Riggi, 1970).

Pour leur part, les fleuves Colorado et Negro au moment du plus grand accroissement(déglaciation) auraient été les principaux agents des distribution des galets Patagoniques sur laplaine. Actuellement, ils transportent seulement de matériaux affleurant dans le secteur dessources de ces cours d’eau (Cordillère des Andes). Ils transportent aussi des graviers dontl’origine est plus récente.

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En particulier pour le fleuve Colorado, les dépôts de galets fluviatiles furent repérés par Blasi(1986, 1988, 1991) exclusivement dans le secteur du bassin supérieur, le seul actif où lacompétence du courant lui permet de transporter des galets. Ce secteur se trouve à plus de 500 kmde la région d’étude, de sorte qu’il n’y a pas de galets fluviatiles récents dans la vallée inférieuredu fleuve Colorado.

Ces galets fluviatiles sont principalement des roches volcaniques (basalte et andésite rhyolite,trachyte et ignimbrite) ; les granites (gris, rosé et vert, granodiorite et pegmatite granitique) et lesroches sédimentaires (tillite, calcarénites, limonite et tuf) sont moins fréquents. La proportion deces roches reflète la distribution et l’étendue des affleurements des roches effusives seulementdans le secteur des sources. Dans le bassin inférieur du fleuve Colorado, il y existe exclusivementle transport de limon, sable et argiles.

Enfin, les galets côtiers disponibles sur la côte Atlantique ont été apportés de la plateformemarine par la décharge des fleuves patagoniques, surtout pendant le dernier interglaciaire, et parl’érosion côtière. Postérieurement, ils furent roulés par la mer et une fois que le niveau moyen del’océan a monté, pendant la déglaciation, ils ont été redéposés sur les plages (Perillo etKostadinoff, 2005).

Nous avons différencié les galets selon leur origine, en espérant pouvoir reconstituer lescircuits d’approvisionnement, leur accessibilité, les critères de sélection et les stratégiestechniques développées par les groupes de chasseurs-cueilleurs de la région d’étude. Sur la basedes informations géologiques et un échantillonnage des matières premières (cf. Armentano,2012a), nous proposons l’existence possible de trois types de sources secondaires de matièrespremières disponibles dans la région d’étude :

� des petits galets (30–50 mm), étalés en surface de façon homogène dans toute la région etimmédiatement disponibles aux alentours des sites, dits galets locaux. Ces galetscorrespondent aux galets Patagoniques stricto sensu ;� des galets moyens (51–70 mm) ou grands (plus de 71 mm). Ils sont aussi autochtones mais plus

difficiles à trouver, même s’ils sont disponibles dans la région d’étude. Leur distribution estplus hétérogène et ils sont moins fréquents que les petits galets. Leur assignation en tant quegalets Patagoniques est plus difficile puisqu’il n’est pas possible de connaître leur localisationtopographique précise. Toutefois, on peut assurer qu’il ne s’agit pas de galets fluviatiles vu que,dans le cours inférieur du fleuve Colorado, la compétence du courant n’est pas suffisante pourtransporter des galets (cf. Blasi, 1988, 1991) ;� des galets aplatis (plutôt moyens et grands) dans les dépôts côtiers.

2.2.3. Systèmes de collines de Tandilia et Ventania

Les systèmes de collines de Tandilia et de Ventania ont été les seules sources de quartzite de larégion Pampéenne. Leur composition géologique et leur exploitation archéologique régionalesont bien connues (. Bayón et al., 1999 ; Flegenheimer et Bayón, 2002 ; Bayón et Flegenheimer,2004 ; Catella et al., 2010 ; Colombo, 2011).

Bayón et al. (1999) ont établi les différentes variétés pétrographiques des quartzites pampéenset en ont ajusté les critères d’identification. D’après ces auteurs, dans le système de Tandilia, setrouve de l’ortho-quartzite tandis que, dans les collines de Ventania y affleure de la méta-quartzite.

Dans les collections lithiques provenant de la vallée inférieure du fleuve Colorado, les méta-quartzites sont plus fréquentes que les ortho-quartzites, étant employées dans la plupart des cas,dans la confection des outils de broyage et de mouture (Armentano, 2004a, 2012).

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2.2.4. Obsidienne du Mont Huenul

Parmi les différentes matières premières repérées dans les sites, un groupe de possiblesobsidiennes a été identifié. Un échantillon de celles-ci fut analysé par fluorescence de rayons X(XRF). Onze profils de composition ont été obtenus, lesquels ont été comparés avec les bases dedonnées disponibles en Argentine (Glascock, 2010). Un seul de ces profils a pu être identifiécomme provenant de l’affleurement de la Formation Tilhué au Mont Huenul dans la province deNeuquén, à environ 680 km de la région d’étude (Barberena et al., 2010a, b).

2.2.5. Plateau de SomuncuráLe plateau de Somuncurá se trouve dans le centre sud de la province de Río Negro, à 650 km

environ, en direction sud-ouest depuis la région d’étude. L’intérêt de l’inclure dans les sourcespotentielles de matières premières repose sur la découverte d’artefacts confectionnés aux dépensd’une calcédoine translucide provenant probablement de ce plateau. Nous avons comparé lesoutils faits en calcédoine translucide et ceux confectionnés sur des calcédoines disponibles sousla forme de galets (petits et moyens) locaux et zonaux. Nous avons réussi à établir des points dedifférentiation :

� la calcédoine translucide est une matière première très homogène (Hermo, 2008) ;� elle n’a pas de traces de cônes incipients, fait très fréquent sur les matières premières issues de

galets ;� les dimensions des artefacts effectués à partir de ce type de calcédoine sont supérieures que

celles observables pour les galets de la région du fleuve Colorado.

2.3. La taille des galets : méthodologie

Les collections lithiques étudiées furent, en grande partie, confectionnées sur des matièrespremières disponibles dans la région d’étude (environs 90 %), selon la collection considérée.Comme nous l’avons signalé, ces types de roches sont fondamentalement des galets accessiblespendant toute l’année. D’ailleurs, il existe une ample variété de dimensions, morphologies et detypes de roches (silex, dacite, basalte, calcédoine, tuf, trachyte, andésite, granite, rhyolite, agate,quartz, grès siliceux) représentées dans ces sources secondaires.

Nous avons aussi constaté que les galets ont des configurations générales variées, autrementdit, la forme géométrique du contour et les sections transversales de chacun sont distinctes.Ainsi, il existe des galets à contour elliptique, trapézoïdal, rectangulaire, carré ou indéfini, et àsection biconvexe, plan-convexe, trapézoïdal, triangulaire, rectangulaire ou complètementirrégulière. Toutes les combinaisons possibles de contours/sections sont envisageables. À celas’ajoutent des galets aplatis (forme de lentille) des plaquettes et des rebords sur les extrémités degalets (nez).

En conséquence, dans un but comparatif, il a été nécessaire d’établir une façon de décrire levolume des nucleus sur des galets morphologiquement différents (Schidlowsky, 2001). Ladescription de la gestion volumétrique des nucleus devait aussi être applicable à l’identificationdes différents produits de taille (i.e. supports et déchets), afin de distinguer la variabilitémorphologique, due à la silhouette brute des matières premières (i.e. galet elliptique ouplaquettes), des conséquences de l’utilisation d’une méthode de débitage particulière. Cettedifférenciation contribue aussi à reconnaître les stratégies économiques développées au cœur dela production. Étant donné que ces stratégies peuvent se combiner à différents moments de la

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production lithique dans une même collection, l’identification de la gestion volumétrique desmatières premières s’est avérée indispensable (Pèrles, 1991).

En suivant la proposition de Schidlowsky (2001), la systématisation à l’approche du volumedes galets s’est appuyée sur les axes et plans de symétrie qui permettent l’identification desenlèvements et leur organisation par rapport aux premiers (Fig. 3). De cette façon, les nucleus onttoujours été orientés à partir de leur axe longitudinal (la longueur la plus grande) lequel a été misen relation avec deux autres axes transversaux (perpendiculairement à l’axe longitudinal sur laface la plus grande, ou dans l’épaisseur du bloc). Le volume est alors décrit à l’aide de deux plansvirtuels de symétrie longitudinaux (l’un parallèle à la grande face du bloc et l’autreperpendiculaire à celle-ci) et un plan virtuel de symétrie transversal – Fig. 3 – (Schidlowsky,2001).

Ainsi, la position des enlèvements est précisée par rapport à la grande face, le plan desymétrie longitudinal (parallèle à la grande face) et/ou dans l’épaisseur du galet (plan desymétrie transversal ou le plan de symétrie longitudinal perpendiculaire à la grande face) –

Fig. 3. En fonction de l’emplacement des surfaces de débitage par rapport aux axes etplans de symétrie, ou au plan d’intersection virtuelle entre deux faces taillées d’un mêmenucléus (Fig. 3) ; les enlèvements sont décrits comme sécants (ils coupent de façon obliquel’un des axes ou plans), parallèles, transversaux ou orthogonaux (ils coupent en angle droit undes axes ou plans). Ces différents critères peuvent se combiner sur un même galet. Enemployant cette méthodologie, nous avons identifié trois conceptions volumétriques dunucléus.

2.3.1. Conception volumétrique longitudinale : elle correspond aux débitages dont lesenlèvements sont parallèles à l’axe longitudinal et se développent le long de la grande facedu galet ou dans le plan longitudinal (parallèle à la grande face)

Débitage bipolaire (sur enclume) : dans ce cas, l’application de la force est toujours axiale(à 908). Il existe un plan de frappe et un contrecoup. Souvent, la même orientation est gardéejusqu’à l’abandon du nucléus ; moins fréquemment le galet peut être retourné pour obtenirdes éclats sur le plan de symétrie transversal. Aucune étape de mise en forme du nucléusn’est nécessaire. Les galets les plus généralement employés sont ceux au contour elliptique.

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Fig. 3. Axes et plans de symétrie (modifié d’après Schidlowsky, 2001).Axes and planes of symmetry (modified from Schidlowsky, 2001).

Les éclats obtenus sont allongés, dont les bords bruts parallèles ou subparallèles sontnaturellement coupants. Leurs talons sont fréquemment mâchurés, moins souvent en ce quiconcerne le contrecoup. L’épaisseur et la forme rectiligne des éclats sont constantes, d’uneextrémité à l’autre (Fig. 4).

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Fig. 4. Conceptions volumétriques (1re partie).Volumetric designs (part 1).

En parallèle au débitage bipolaire, nous avons constaté l’emploi de la percussion sur enclumepour la fente de galets. Les hémigalets ainsi obtenus s’insèrent soit dans d’autres méthodes dedébitage, tels que le centripète ou le discoïde ; soit ils sont directement façonnés pour obtenir desoutils (Fig. 4).

Débitage unipolaire : dans ce débitage, la morphologie plutôt pyramidale des nucléus estdéfinie par deux faces asymétriques non interchangeables : un plan de frappe et une surface dedébitage. Le plan de frappe est soit installé par une simple décapitation préalable des galets afinde créer une surface lisse ; soit il se développe sur une face présentant des caractéristiquespropices au détachement : la section plan-convexe des rebords de galets (nez), des hémigalets oudes éclats épais. La surface de débitage se développe pour sa part, sur le plan d’asymétrielongitudinal parallèle à la grande face du nucleus (Fig. 4). Les enlèvements s’organisent demanière sécante par rapport au plan de frappe. Un angle d’éclatement assez aigu (658 et 758) peutêtre considéré comme un moyen d’éviter les réfléchissements. Plus la face de débitage devientconvexe, plus les enlèvements sont subparallèles, courbes et convergent vers la base du nucléus.Au contraire, plus la face débitage est rectiligne, plus les enlèvements seront parallèles et droits.Au fur et à mesure que le processus de taille avance, les éclats ont des dimensions plus réduites.Leur longueur est déterminée par trois facteurs : l’angle d’éclatement, la longueur du nucléus etla convexité de la face de débitage. En somme, les éclats obtenus sont peu épais, allongés etparfois courbes.

2.3.2. Conception volumétrique dans l’épaisseur : c’est le cas des débitages qui s’agencentà partir du plan de symétrie transversale ou dans le plan de symétrie longitudinal,perpendiculaire à la grande face. Les enlèvements (sécants, orthogonaux, transversaux)s’organisent toujours dans l’épaisseur du galet

Débitage en tranches : les enlèvements se succèdent de manière sécante à l’axe longitudinal dugalet, dans le plan de symétrie transversal de celui-ci (Fig. 4). L’entame s’accomplit à partir del’enlèvement d’un rebord (ou nez) d’un galet dont le contour est elliptique et la sectiontriangulaire ou subtriangulaire. Le plan de frappe est installé sur la face la plus large (en relationavec la section transversale du galet). L’angle de débitage varie entre 70p et 75p ; tandis que leplan de frappe se place à angle aigu (� 458) par rapport au plan transversal du galet. Les éclatsainsi obtenus sont larges, courts, légèrement courbes, avec une épaisseur irrégulière, et au moins,un bord cortical. L’épaisseur maximale concerne un des deux bords (souvent le cortical) àproximité du talon. Le bord opposé, plus mince, constitue un tranchant naturel. Le taux deréfléchissements est faible et l’entretien du nucléus se résume à la conservation de l’angle dechasse qui, en général, ne se voit que peu déformé par la succession d’enlèvements. Il n’existe pasde réduction progressive des dimensions des éclats puisque celles-ci sont déterminées parl’épaisseur du galet (Fig. 4).

Débitages (uni) faciales : il existe deux modalités du débitage unidirectionnel facial,l’orthogonale et la transversale (Fig. 5). Leurs enlèvements se développent de manièreperpendiculaire au plan de symétrie longitudinal (Fig. 3). Dans ces modalités, les enlèvementssont unidirectionnels, parallèles, légèrement chevauchés entre eux, mais ils ne sont jamaissécants, ni convergent vers la base du nucléus. L’angle de débitage est proche de l’angle droit(� 858). La surface de débitage correspond à une des petites faces transversales du galet, soit laface sommitale ou basale du galet (orthogonal), soit une face latérale (transversale). Ce sont dedébitages que se développent aux dépens d’une seule face du galet ; pour cette raison, nous lesavons identifiés comme (uni) faciales pour ne pas les confondre avec le mot utilisé pour lefaçonnage uni-facial.

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Fig. 5. Conceptions volumétriques (2e partie).Volumetric designs (part 2).

Dans la modalité orthogonale, quand il existe plus d’une série d’enlèvements, lesnervures formées par la première série guident la suivante. Le déroulement du débitagefait reculer le front de taille dans l’axe longitudinal, sans déborder latéralement. Leséclats ainsi obtenus sont courts, larges, plutôt carrés et rectilignes avec une épaisseurconstante. Dans la modalité transversale, la largeur maximale des enlèvements correspond àla longueur du galet et l’avancement du débitage se fait aux dépens de la largeur du nucléus.Dans les deux modalités, la section des galets est de préférence rectangulaire ou carré(Fig. 5).

Enfin, une variante de la modalité (uni) faciale transversale est la modalité sécantetransversale. Dans cette dernière, les enlèvements ont une inclinaison sécante par rapport au plande symétrie longitudinal (perpendiculaire à la grande face) – Fig. 3. L’angle de débitage est aigu(> 808) et la section des galets employée peut être arrondie (Fig. 5).

2.3.3. Conception volumétrique à partir du plan d’intersection virtuel délimitant deuxsurfaces taillées : dans cette dernière conception volumétrique se trouvent deux méthodesavec récurrence dans l’exploitation et une certaine prédétermination morphologique deséclats : le débitage discoïde et le débitage centripète

Débitage discoïde : cette méthode a été l’objet d’études technologiques, expérimentales etcomparatives détaillées qui ont permis de définir les critères techniques participants à laconstruction volumétrique des nucléus discoïdes (cf. Boëda, 1993). Le volume du nucléus estconçu à partir de deux surfaces sécantes, convexes et asymétriques en délimitant un pland’intersection. La structure volumétrique se maintient stable pendant toute la chaîne opératoire.Les surfaces ne sont pas hiérarchisées, leur fonction peut changer pendant une même séquence dedébitage. Le plan de frappe peut devenir une surface de débitage et vice-versa (Fig. 5). Il existeune préparation d’une convexité périphérique plus ou moins prononcée. Cette convexité a pourobjectif de contrôler l’extension latérale et distale des enlèvements prédéterminés. Le plan defrappe est orienté toujours perpendiculairement à l’axe de débitage. Tandis que l’angle dedébitage se développe toujours de manière sécante par rapport au plan d’intersection délimitantles deux surfaces. L’emploi systématique de cette inclinaison a pour conséquences de nucléusconiques ou bi-coniques (selon que le débitage soit uni-facial, bifacial ou alterne), mais jamaisplat. Le mode de percussion directe au percuteur dur se maintient pendant tout le processustechnique.

Cette méthode est une procédure essentiellement récurrente. La position sécante de l’angle dedébitage par rapport au plan d’intersection constitue le critère technique principal qui rendpossible la récurrence. Celle-ci doit être adaptée aux conditions laissées par la séried’enlèvements précédents (Inizan et al., 1995).

Débitage centripète : comme dans le cas précédent, le volume du nucléus est conçu à partirde deux surfaces asymétriques et sécantes délimitées par un plan d’intersection ; lamorphologie du support du nucléus est donc, la même. À la différence du débitage discoïde,dans la méthode centripète les surfaces sont hiérarchisées, l’une étant le plan de frappe etl’autre la surface de débitage. Cette situation demeure constante jusqu’à la fin du débitage, enconséquence de quoi les nucleus sont toujours unifaciaux. Il existe un contrôle moins marquéde la convexité périphérique. Le plan de frappe se situe de manière que la ligne créepar l’intersection avec la surface de débitage soit toujours perpendiculaire à l’axe dedébitage. L’angle d’éclatement reste constamment parallèle ou subparallèle au pland’intersection délimitant les deux surfaces. Le mode de percussion est toujours la percussiondirecte dure.

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3. Les résultats

Dans la région d’étude, ont été identifiés plus de 30 sites de surface et en stratigraphie. Le choixdes quatre sites à analyser a été porté sur les critères géographiques et chronologiques. L’objectifétait d’avoir des collections lithiques de l’intérieur et proches de la côte Atlantique se répartissant ausein de deux phases identifiées de l’Holocène récent (3000–1000 BP et 1000–250 BP).

3.1. El Calden

Le site El Caldén est placé à 398 130 500 de latitude Sud et 628 570 1000 de longitude Ouest. Il faitpartie de la Localidad Arqueológica Caldén Guazú, à 60 km de la côte atlantique et à 340 m del’ancien cours du fleuve Colorado. Le site est installé sur un des deux corridors éoliens de larégion et fut attribué aux occupations initiales de l’Holocène récent (3000–1000 BP). Lachronologie a été estimée par rapport à l’étude de deux séquences stratigraphiques des dunes,dont les sédiments ont été datés à partir de la méthode de Oxidizable Carbon Ratio (Martínez,2008–2009). Aucun reste osseux ni céramique n’a été retrouvé à El Caldén, toutefois, les témoinslithiques ont permis d’interpréter ce dépôt comme un site d’habitat dans lequel se sont dérouléesdifférentes activités (infra).

La collection lithique du site El Caldén (n = 2003) a été récupérée lors d’un ramassage desurface. L’assemblage se compose principalement de déchets de débitage (58 %), les déchetscorrespondant au façonnage et à la finition des outils arrivent ensuite à 18 %. Les nucléusreprésentent 9 % des vestiges. Les pièces esquillées et les outils taillés atteignent chacun la mêmeproportion (4 %). Les outils non taillés et les possibles outils représentent respectivement 3 % desvestiges. Finalement, les ébauches et les préformes complètent l’ensemble (1 %).

Concernant les matières premières, les calcédoines locales ou régionales sont les plusfréquentes, avec 31 %, suivies par le basalte ou andésite à 20 % et le silex à 16 %. D’autresmatières premières comme la tuffite, la dacite, la rhyolithe, l’obsidienne du mont Huenul et lesroches indéterminées, atteignent des pourcentages entre 8 et 3 %. D’autres roches ayant desfréquences inférieures à 2 % (i.e. roches quartzitiques, grès Rionegrese, un type de silexsédimentaire, le granite et la calcédoine translucide) ont pu aussi être identifiées.

Parmi les outils taillés (n = 75), il existe une variabilité typologique développée sur un amplerépertoire de supports. En fait, la plupart des outils furent confectionnés sur des éclats bipolaires(29 %) et des éclats conchoïdes indéterminés (20 %). Les autres supports utilisés sont : les éclatsdiscoïdes ou centripètes (15 %), les galets, (13 %), les plaquettes (13 %), les éclats issus du débitage(uni) facial latéral et orthogonal (7 %), les éclats « en tranches » (1 %) et des déchets Kombewa (1 %).

Concernant les outils (Fig. 6), les plus nombreux sont les grattoirs (n = 17). Nous avonségalement identifié des galets et plaquettes taillés – type choppers – (n = 14), des pièces« martelées » (n = 7), des éclats retouchés (n = 6), des raclettes (n = 5), des fragments deplaquettes à bord bifacial retouché (n = 4), des pointes de projectile (n = 4), des denticulés(n = 3), des encoches (n = 3), des outils composites (n = 2), des outils indéterminés – retouchés –

(n = 2) un racloir (n = 1) et des fragments d’outils (n = 7).Étant donné la quantité des classes d’outils, nous ne pouvons pas décrire ici chacune en détail

(Armentano, 2012) donc, nous allons remarquer deux caractéristiques qui semblent principales :

� deux groupes de supports ont été employés pour les outils : les débités (éclats bipolaires,conchoïdes, ébauches) et les naturels (galets et plaquettes) ;� il existe une différentiation par classe d’outil selon l’épaisseur du support utilisé.

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Fig. 6. Mobilier lithique du site El Caldén.Lithic furniture of El Caldén.

Pour les outils manufacturés sur des supports très épais (> 7 mm) sont employés des supportsnaturels ou des éclats d’entame très épais, issus du débitage bipolaire, (uni) facial transversal ouencore, en tranches. Ces éclats furent obtenus à partir de galets de basalte ou andésite, de tuffite,de rhyolithe et de dacite. C’est le cas, des pièces « martelées », des encoches, des denticulés et desgalets taillés type choppers (Fig. 6).

Un autre groupe d’outils renvoie à ceux confectionnés sur des supports débités épais(5–7 mm). Dans ce cas, les éclats du débitage centripète ou discoïde et les ébauches servirent à lamanufacture de pointes de projectile (sans pédoncule) moyennes, d’outils composites et d’unracloir. Les matières premières représentées dans ce groupe sont la calcédoine (locale etallogène) et l’ortho-quartzite de Tandilia (Fig. 6).

Les outils à supports peu épais (3–5 mm) sont les plus nombreux. Dans ce groupe, nous avonsidentifié majoritairement des éclats centripètes, discoïdes, (uni) faciaux, des déchets Kombewa etdes éclats bipolaires. Les matières premières employées sont la calcédoine (locale), le silex,l’ortho-quartzite de Tandilia et le basalte ou andésite. Les classes d’outils correspondent à despointes de projectile petites (sans pédoncule), des éclats retouchés, des raclettes et des fragmentsde plaquettes retouchés bifacialement (Fig. 6).

Le groupe des grattoirs présente une telle variabilité d’épaisseur et de types de supports qu’ilconstitue une catégorie à part. Toutes les classes d’épaisseur sont représentées, tandis que leséclats employés sont : centripètes, discoïdes, (uni) faciaux, Kombewa et bipolaires. Les matièrespremières utilisées sont : la calcédoine (locale), le basalte ou andésites et le silex (Fig. 6).

Nous avons repéré que pour la plupart des outils, à l’exception des pointes de projectile(infra), le support choisi avait déjà les caractéristiques volumétriques de l’outil fini. Autrementdit, il n’existe pas de façonnage dans la grande majorité des cas, les outils sont exclusivementconfectionnés par la retouche. Cette dernière peut être unifaciale ou bifaciale, par pression oupercussion (selon l’outil), mais sans modification du volume original du support.

Pour compléter, nous voulons détailler certaines classes d’outils. Les pièces « martelées »correspondent à des outils robustes, où la position du martelage dépend de la morphologie dusupport ; par exemple sur les demi-galets et les éclats d’entame bipolaires, il se place sur un ou surles deux pôles. Il est important de remarquer qu’a contrario du cas des pièces esquillées, le pôlemartelé ne constitue pas un bord tranchant sinon une surface plate et rectiligne. Quand le supportest légèrement moins épais, les enlèvements se développent vers la face inférieure du support(Fig. 6).

Concernant les raclettes, nous voulons indiquer que deux pièces furent confectionnées sur deséclats d’ortho-quartzite de Tandilia obtenus par percussion tendre (Fig. 6). Ces pièces constituentune des classes d’outils typiques des sites aux alentours des affleurements de cette matièrepremière (i.e. centre de la province de Buenos Aires). Ces outils ont probablement été amenés surle site déjà finis. Par contre, d’autres raclettes manufacturées sur des matières premières localesfurent aussi repérées. Pour celles-ci, ce sont des éclats bipolaires de silex, calcédoine et basalte ouandésite qui ont été employés (Fig. 6).

Pour ce qui est des pointes de projectile, nous avons repéré deux morphologies : les unes sonttriangulaires, petites, sans pédoncule, peu épaisses et à base rectiligne. Les autres sonttriangulaires, moyennes, sans pédoncule, très épaisses et à base concave (Fig. 6). Pour lespremières, une série d’enlèvements de façonnage sur un éclat peu épais pour régler l’équilibrebifacial suivie d’une série de retouches (pas forcément continue) semble le schéma suivi. Lefaçonnage peut être partiel sur une des deux surfaces (Fig. 6). Pour les autres pointes de projectile(confectionnées exclusivement sur de calcédoine translucide), ont été employés des ébauches oudes éclats très épais à larges dimensions (60 mm de longueur pour 30 mm de largueur). Dans ce

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cas, le façonnage peut ne pas atteindre le centre des deux surfaces de la pièce, mais il existe plusd’une série d’enlèvements. La retouche est ponctuelle sur certaines parties du bord (Fig. 6).

Les outils composites sont au nombre de deux. Le premier est un éclat de calcédoine localecombinant un bord retouché en raclette, un front de grattoir, une encoche et un autre bordretouche à inclinaison aiguë. Les différents types de retouche couvrent tout le contour (Fig. 6). Lesecond est un grand éclat d’ortho-quartzite de Tandilia associant un bord retouché rectiligne àinclinaison aiguë et une encoche. Ces deux parties affectant un même bord.

L’information provenant des préformes et ébauches indique, d’une part, que toutes lespréformes sur roches locales ou régionales correspondent à la confection de pointes de projectiletriangulaires petites et peu épaisses. Une seule préforme sur ortho-quartzite de Tandilia a ungabarit plus proche des pointes de projectile moyennes. D’autre part, les supports utilisés pour lesébauches renvoient, soit à des éclats résultant du débitage (uni) facial ou en tranches, soit à desgalets de taille réduite. Il existe deux groupes de dimensions pour les ébauches : le plus fréquent,provient d’éclats en tranches ou de petits demi-galets dont les dimensions ne dépassent pas les30 mm de longueur, destinés probablement à la manufacture de pointes de projectile petites(Fig. 6). Ce premier groupe présente souvent des erreurs de taille (Armentano, 2012). L’autregroupe, moins nombreux, inclut des ébauches qui dépassent les 40 mm de largueur, ceci suggèrel’emploi d’éclats ou demi-galets moyens ou grands.

Parmi les outils non taillés, se distinguent ceux qui sont associés aux activités de mouture et debroyage (manufacturés sur des grès Rionegrense, des galets et des fragments tabulaires de méta-quartzite), de ceux associés à la taille (percuteurs et enclumes). Pour ces derniers, ce sont desgalets de grande taille (poids compris entre 100–400 g) de rhyolithe, basalte ou andésite, silex,granite, quartz et méta-quartzite de Ventania qui furent employés. Quelques percuteurs ont destraces qui peuvent être liées à leur emploi en tant que meules et/ou mollettes (Armentano, 2012).

En ce qui concerne les nucléus (n = 191), la plupart sont en calcédoine locale ou zonale(24 %), suivi par la tuffite (20 %), le basalte ou andésite (16 %). Ont aussi été utilisés la dacite(15 %), la rhyolithe (10 %) et le silex (10 %). L’obsidienne du mont Huenul représente 4 % et lesroches quartzitiques 0,5 % chacune. Près de 26 % des nucléus ont été débités de façon bipolaire,dans 20 % des cas selon une des modalités (uni) faciales ; 18 % correspondent au débitage entranches. Le débitage unipolaire représente 12 %, le débitage discoïde 6 %, le centripète 4 %,enfin l’entame de plaquettes correspond à 5 %. Tous les états d’avancement dans le débitage sontreprésentés, avec une légère prédominance de la phase d’entame et de test de la matière premièrede manière bipolaire. Cette phase d’entame semble portée sur des galets locaux (petits) etsecondairement zonaux (moyens et grands).

Parmi les déchets, les éclats de débitage correspondent à 52 % des vestiges. Les éclats defaçonnage atteignent 18 %. Les éclats correspondant à la phase d’entame représentent 16 % et leséclats de retouche 13 %. Les matières premières concernées sont la calcédoine locale ou zonale(32 %), le basalte ou andésite (23 %) et le silex (18 %).

La reconstruction des chaînes opératoires sur chaque roche a permis d’établir que le mêmeschéma opératoire fut employé pour les roches locales et de la région. Logiquement on note unedifférence pour les chaînes opératoires de l’ortho-quartzite de Tandilia et du méta-quartzite deVentania. Leurs séquences de production sont fragmentées différemment dans l’espace et letemps. Les vestiges des roches quartzitiques dans le site correspondent majoritairement auxderniers moments de finition des outils. Sur l’ortho-quartzite de Tandilia, il y eut une productionindifférenciée de supports (éclats) et les outils se différencient au moment de la retouche.L’ensemble des pièces sur méta-quartzite de Ventania a permis d’identifier l’emploi de cetteroche dans diverses activités (taille et mouture) selon la taille des nodules. Les autres matières

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premières allogènes sont l’obsidienne du Mont Huenul et la calcédoine translucide. La premièrea la même forme de présentation que les roches locales (petits galets) et fut exploitée de façonsimilaire à celles-ci. En revanche, la seconde se trouve seulement dans le site sous la formed’outils finis.

En somme, tout au long du processus de taille, sur les roches principalement locales etrégionales, c’est produit différents éclats, employés ensuite pour différents types d’outils. Il n’y acependant pas une seule chaîne opératoire. Même si la production des grattoirs et des pointes deprojectile (ou plutôt leurs ébauches) semble être l’objectif principal, ces outils ont été faits sur dessupports provenant de différentes méthodes de débitage et selon différentes techniques de taille.En conséquence, on peut postuler qu’il n’y a pas de règle spécifique commandant la productionvers un type particulier de support pour chaque classe d’outil.

Les activités déployées étaient aussi bien domestiques qu’orientées vers la préparation desarmatures (pointes de flèches). À El Caldén, nous avons remarqué différents niveaux de savoir-faire dans la production des grattoirs, tranchants et des ébauches, renvoyant potentiellement àdifférents tailleurs, plus ou moins expérimentés. Enfin, un fait notable fut observé sur lesraclettes. Nous avons identifié l’adaptation de la morphologie d’un outil allogène (raclettesconvergentes à apex non pointu sur ortho-quartzite de Tandilia) à des supports locaux (esquillessur des roches siliceuses, basalte ou andésite). Cette dernière observation peut paraîtreanecdotique, mais la présence de raclettes dans la région d’étude se produit seulement dans dessites où il y a aussi de l’ortho-quartzite de Tandilia (site Loma Ruiz) et c’est seulement à ElCaldén que l’on a trouvé une version locale du même outil.

Finalement, l’étude des matières premières allogènes a permis de soupçonner des contactsponctuels, ayant donné lieu à des échanges de quelques pièces, avec des individus du nord (centrede province de Buenos Aires), de l’ouest (centre de la province de La Pampa) et du sud (nord de laprovince de Río Negro).

3.2. Loma Ruiz 1

La deuxième collection étudiée appartient au site Loma Ruiz 1. Celui-ci se trouve localisé au398 130 1200 de latitude Sud et 628 380 3800 de longitude Ouest. Ce site est implanté au milieu d’unepetite dune isolée aux alentours de deux lagunes, à 35 km au nord du cours actuel du fleuveColorado et à 30 km de la côte. Il se situe dans le même corridor éolien que la LocalidadArqueológica Caldén Guazú mais à environ 25 km plus à l’est, dans un espace de dunes basses,sans terrasse. Les datations radiocarbone sur des os de Guanaco ont cadré l’occupation humainedu site entre 1900–1600 BP. Probablement elle s’est déroulée en deux temps, l’un à 1900 BP etl’autre à 1800–1600 BP (voir données des datations en Martínez et Martínez, 2011). Lachronologie place ce site parmi les occupations initiales de l’Holocène récent (3000-1000 BP).

Nous avons eu l’accès à une série lithique provenant du ramassage sur la surface de la dune,aussi bien qu’à la collection obtenue lors de la fouille (Armentano, 2012). L’assemblage desurface (n = 161) se compose principalement de déchets de débitage (66 %). Les déchets defaçonnage et finition des outils correspondent à 14 % de l’ensemble. Les nucléus atteignent unefréquence de 8 %. Les outils non taillés 7 % et les outils taillés représentent quant à eux, 3 % de lacollection. Enfin, les pièces esquillées ont 1 % et un possible outil 0,6 %. En ce qui concerne lesmatières premières, la plus fréquente est le silex (19 %) suivi par le basalte ou andésite (17 %).Les calcédoines locales ou régionales atteignent 17 % tandis que la calcédoine translucide(allogène) représente 6 %. D’autres roches allogènes sont plus fréquentes : la méta-quartzite deVentania (10 %) et l’ortho-quartzite de Tandilia (9 %). Le grès Rionegrese est présent dans

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l’outillage de mouture et broyage représentant 6 % de la collection de surface. Les rochesrestantes atteignent des fréquences au-dessous de 5 % (i.e. roches indéterminées, tuffite, dacite,un type de grès indéterminé, rhyolite et obsidienne).

L’assemblage lithique issu de la fouille (n = 395) fut retrouvé en bon état, sans altérations nipatines. Il se compose d’autant de déchets de façonnage et de finition des outils (48 %) que dedéchets de débitage (47 %). Les pièces esquillées et les outils taillés, représentent tous les deux2 % des vestiges. Les nucléus se retrouvent à hauteur de 1 % de l’ensemble. Les matièrespremières les plus fréquentes sont les calcédoines (locales ou régionales) avec 26 %. Le silexatteint 20 % et le basalte ou andésite 16 %. En ce qui concerne les roches quartzitiques, leurfréquence à Loma Ruiz 1 est la plus haute dans la région d’étude. L’ortho-quartzite de Tandiliareprésente 13 % tandis que la part prise par la méta-quartzite de Ventania correspond à 2 % de lacollection. Les matières premières restantes sont la dacite (8 %), la calcédoine translucidepossiblement allogène (5 %), les roches indéterminées (4 %), la tufite (2 %), la rhyolite (1 %) etune possible obsidienne (1 %).

Nous avons comparé les deux assemblages et les différences détectées font référence à uneplus haute fréquence en stratigraphie, de pièces de petite taille (éclats de retouche) et à l’absencedes artefacts de grande taille (nucléus et outils de mouture et broyage). Les deux séries présententdes proportions de roches semblables et une composition similaire. Leurs différences semblentêtre le résultat des processus de formation du site, tel qu’un enfouissement rapide des petitespièces et l’érosion des bords de la dune. Cette dernière, aurait exposé du matériel à l’origine placéen stratigraphie (Armentano et al., 2013). Les différences indiquées ne semblent pas liées à descontraintes technologiques, au choix de matières premières différentes ou encore, auxchangements dans les objectifs de taille. En conséquence, les deux assemblages sontcomparables du point de vue technologique.

En ce qui concerne les 11 outils taillés retrouvés lors du ramassage et de la fouille, lesroches représentées dans cette catégorie sont principalement le silex et la calcédoine locaux ouzonaux, avec l’apport de l’ortho-quartzite de Tandilia (Fig. 7). Parmi les outils taillés, les plusnombreux sont les grattoirs (n = 5). Ils furent confectionnés sur des éclats centripètes,discoïdes et bipolaires. Leurs dimensions sont comprises entre 13–23 mm de longueur,12–25 mm de largueur, alors que l’épaisseur est plus variable, quelques-uns sont peu épais(3–5 mm) et d’autres épais (5–7 mm). Nous avons aussi récupéré un outil composite quiprésente un front de grattoir ainsi qu’un autre bord retouché de manière aiguë et irrégulière,peut être lié à l’emmanchement (Fig. 7). Cet outil montre les mêmes caractéristiquesmorphologiques que les grattoirs décrits précédemment et a été fait sur un petit éclat de silex.Un deuxième outil composite combine un front de grattoir, une retouche longue qui conformedeux bords coupants et une pointe dégagée par retouche (Fig. 7). Le support utilisé est ungrand éclat centripète de basalte ou andésite (47 mm de longueur, 35 mm de largueur et 7 mmd’épaisseur).

Une raclette a été identifiée. Elle a été manufacturée par retouche écailleuse, directe, régulière,continue, abrupte (808) et ultra-marginale, sur un fragment d’éclat centripète d’ortho-quartzite deTandilia (Fig. 7). Ces dimensions sont 30 mm de longueur, 16 mm de largeur pour 7 mmd’épaisseur.

Un éclat retouché a été récupéré en surface (Fig. 7). Le support utilisé est un éclat centripètefragmenté de dacite, probablement issu d’un débitage discoïde à l’aide de la percussion dure. Lesdimensions sont : 38 mm de longueur, 23 mm de largueur et 12 mm d’épaisseur. La retoucheaffecte la partie proximale de l’éclat de manière transversale à l’axe de débitage. Elle estunifaciale, directe et marginale et avec une inclinaison aiguë (< 458).

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Fig. 7. Mobiler lithique du site Loma Ruiz 1.Lithic furniture of Loma Ruiz 1.

Enfin, le dernier outil est, typologiquement considéré comme un couteau (Fig. 7). Il estconfectionné sur un grand éclat centripète de silex (43 mm de longueur, 28 mm de largeur et10 mm d’épaisseur). Le bord retouché a une délinéation rectiligne, les enlèvements sontécailleux, unifaciaux, continus, en position directe, avec une inclinaison aiguë (308).

En prenant en compte toute l’information provenant des outils taillés, nous observons qu’ilexiste deux groupes de dimensions d’outils : d’un côté tous les grattoirs dont les dimensions nedépassent pas les 30 mm (de longueur ou largueur). De l’un autre les outils grands (entre30–47 mm de longueur), dont les supports sont toujours des éclats produits du débitagecentripète. Ces derniers proviennent probablement de nucléus en roches régionales et de taillemoyenne ou grande (> 50 mm) ; nucléus très peu représentés dans le site. Nous constatons quetous les outils ont été confectionnés sur des éclats qui, dans de rares cas, sont bipolaires. Ladifférentiation par type d’outil se produit au moment de la retouche (dans tous les cas unifaciale)par la présence ou non de régularité, par l’inclinaison et l’extension des enlèvements. Enconséquence, la production d’outils taillés à Loma Ruiz 1 semble être concentrée sur laconfection de grattoirs et d’outils à bords coupants unifaciaux.

Le façonnage, est uniquement représenté par des déchets (infra) et les outils non taillés(n = 12) se retrouvent seulement dans l’ensemble de surface. Nous avons repéré des outils demouture et broyage en grés Rionegrense ainsi que quelques enclumes et percuteurs sur des galetsde tailles moyennes et grandes.

Concernant les nucléus (n = 17), la plupart furent récupérés en surface. Le support estprincipalement le galet (83 %) et très rarement, des nodules et éclats très épais (Fig. 7). Parmi lesnucleus sur galet, la moitié est de petites tailles, 35 % sont des galets moyens et le 15 % restantsont grands. En ce qui concerne l’avancement du débitage, la majorité des nucléus (65 %)correspondent à des tests de matière première. Les nucléus dans un état avancé du débitage et lesnucléus épuisés représentent l’un et l’autre 18 % de la catégorie. Presque 60 % des nucléuscorrespondent au débitage bipolaire, nous avons aussi identifié le débitage centripète et (uni)facial transversal. L’état avancé du débitage a été repéré sur des nucléus (centripètes et faciales)sur des galets ou demi-galets de grande taille (roches régionales ou allogènes). Toute cetteinformation nous indique qu’il a existé dans le site un test et une entame de petits galets à l’aidedu débitage bipolaire, qui ne correspond pas aux supports les plus choisis pour confectionner lesoutils. Sur les roches allogènes, l’emploi de la percussion sur enclume semble être une ultimetentative d’exploitation de la matière première (Fig. 7O). De même, nous n’avons pas détectédans les collections la phase d’entame et de dégrossissage des galets de gabarit plus grand.

Dans la catégorie générale des déchets (n = 501), nous avons identifié 36 % d’éclats deretouche, 31 % de débris de taille, 13 % d’éclats indéterminés, 11 % d’éclat de dégrossissage etenfin 0,2 % de déchets thermiques. Les matières premières présentes sont : les calcédoines(locales et régionales) à 23 %, le silex à 20 %, le basalte ou andésite à 18 % et l’ortho-quartzite deTandilia avec 13 %. La dacite, la calcédoine translucide, les méta-quartzites de Ventania, latuffite et la rhyolithe ont des faibles fréquences. Les dimensions des déchets se trouvent entre11–20 mm pour toutes les matières premières. Tous les éclats d’entame sont bipolaires. Parmi leséclats de débitage, la plupart sont bipolaires (72 %), quelques-uns sont indéterminés (12 %), et lesautres furent obtenus à l’aide par percussion directe dure (9 %) et tendre (7 %). La majorité deséclats de façonnage furent produits avec la percussion tendre et il faut remarquer une hautefréquence (32 %) d’ortho-quartzite de Tandilia parmi ces déchets. Enfin, les éclats de retouchesemblent avoir été effectués par pression.

En résumé, les étapes de la chaîne opératoire les mieux représentées par les déchets sont lesphases intermédiaires et finales, associées à l’emploi des modes de percussion directe (dure et

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tendre) et la pression. Les déchets des premières étapes de la chaîne opératoire sont associés à lataille bipolaire de petits galets. Les déchets de façonnage nous indiquent clairement des activitésd’amincissement du volume de certaines pièces que nous n’avons pas pu récupérer dans lescollections.

L’information de l’ensemble lithique indique deux schémas opératoires : l’un s’organise selonun débitage centripète sur des matières premières de la région (galets moyens et grands) etallogènes (quartzites et calcédoine translucide), très probablement entamé à l’extérieur du site.Le second, plus circonstanciel, est initié sur le site et vise la production d’éclats bipolaires surpetits galets locaux. Dans les deux cas, les outils finis résultent uniquement de la retouche uni-facial.

La plupart des outils ont été confectionnés sur des éclats centripètes de grande taille, dont leurmanufacture implique un transport de roches à moyenne distance (galets de la région) et unpossible échange à longue distance (ortho-quartzite de Tandilia et calcédoine translucide) sousforme d’éclat support. Enfin, les déchets de façonnage traduisent la confection d’outils à partir dela réduction du volume des supports, dont le résultat n’a pas été retrouvé sur le site. En somme,Loma Ruiz 1 serait un site d’habitat où furent effectuées des activités domestiques etaccessoirement la préparation à l’avance de l’outillage lithique (y compris des outils façonnés).La faible densité des artefacts lithiques, la faible variabilité typologique des outils, l’emploi desmatières premières de la région et allogènes pour la principale production du site, ainsi que lesindices de transport des outils en dehors du site, plaident pour des occupations de courte durée.Probablement étaient-elles liées à l’exploitation des ressources disponibles associées au procheplan d’eau.

3.3. El tigre

Le site El Tigre se trouve à 398 460 4900 de latitude Sud et 628 220 3200 de longitude ouest. Il sesitue dans la région de l’ancien delta du fleuve Colorado, à proximité d’un paléochenalabandonné nommé Colorado Viejo. Placé à environ 20 km de la côte Atlantique, cet espace secaractérise par la présence d’un système de méandres anastomosés très sinueux, qui furentréactivés pendant le siècle dernier.

Lors de la fouille nous avons récupéré du matériel lithique, de la céramique et de la faune dansun bon état de conservation. Du fait que le site se trouve à l’intérieur d’une dune, nous n’avonspas pu individualiser des événements précis d’occupation. Néanmoins, les datationsradiocarbone sur os de Guanaco, comparées avec les datations de sédiments à travers laméthode Oxidizable Carbon Ratio (OCR) font remonter les occupations humaines de ce site auxenvirons de 900–400 BP (voir données des datations en Martínez et al., 2009).

El Tigre est interprété comme un site d’habitat successivement occupé pendant la phase finalede l’holocène récent. La séquence stratigraphique relevée montre un processus d’aggradationplus ou moins continu pendant les derniers 3000 ans. Une seule discordance d’érosion futidentifiée entre 1210 et 823 BP. Le matériel archéologique se concentre dans un horizon A de solenterré et « scellé » par des sables fluviatiles liés à un épisode de débordement du chenal. Cedernier événement protégea les dépôts sous-jacents de la perturbation et destructiongéomorphologique (Martínez et al., 2009).

Concernant la faune, il existe une grande variété d’espèces terrestres, parmi elles, la principaleest le Guanaco. Les os de Guanaco sont les seuls avec des indices nets de consommation : tracesde découpe et fractures hélicoïdales. Sont aussi présents le Nandou, le Cerf des pampas, desrongeurs et des oiseaux indéterminés. Parmi l’ensemble des restes de poissons, on trouve autant

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d’espèces marines que fluviatiles. Toutefois, seulement une espèce fluviatile (Perche) présentedes traces de consommation (Stoessel, 2012).

La céramique est assez abondante et quelques tessons gardent des traces de résidus et de suiedans leurs surfaces internes. Enfin l’ensemble se complète avec des outils de mouture et broyageen grès Rionegrese récupéré en surface.

Pour ce qui est de l’ensemble lithique (n = 2428), plus de 50 % des pièces ont des altérationsqui recouvrent partiellement leurs surfaces. Ces altérations sont la précipitation de carbonate decalcium, produite pour les longues racines de graminées (genres Stipa) et les taches demanganèse liées à la fluctuation de la nappe phréatique. Il existe aussi une légère corrasionéolienne sur un groupe réduit des pièces (sans nervures et sans angles émoussés).

La composition de l’assemblage correspond principalement à des éclats de retouche etaffûtage (63 %). Les déchets de débitage (dégrossissage inclut) représentent 24 %, tandis que lesdéchets produits pendant le façonnage atteignent 7 % de l’ensemble. Les outils tailléscorrespondent à 3 % et les déchets thermiques représentent quant à eux, 1 % des vestiges. Lesébauches et les préformes constituent 0,9 % de l’ensemble. Les nucléus peu nombreux, seretrouvent à hauteur de 0,6 %. La part par prise par les pièces esquillées correspond à 0,12 % de lacollection. Enfin, l’outillage non taillé complète le tout (0,08 %).

Concernant les matières premières, le choix préférentiel a été porté sur le silex et lescalcédoines. Le silex représente 42 %, tandis que la calcédoine translucide, probablementallogène, atteint 27 %. La calcédoine provenant des galets (locaux ou zonaux) correspond à25 %. Les roches restantes se trouvent en fréquences beaucoup moins élevées. La part prisepar la tuffite représente 4 %, le basalte ou andésite correspond à 2 % de la collection.L’ensemble des roches indéterminées représente 0,7 % des vestiges. Le grès Rionegrese, lexylopale, la dacite, la rhyolithe, aussi bien que d’autres roches allogènes comme la méta-quartzite de Ventania, et une possible obsidienne sont toutes dans les mêmes proportions(0,5 % chacune).

Cette première approche de l’ensemble lithique livre quelques pistes sur les activités deproduction lithique sur le site. Elles concernent essentiellement les dernières étapes de la chaîneopératoire et sont agencées principalement sur des galets de silex et calcédoine (locaux etzonaux), avec un apport considérable de la calcédoine translucide, dont la provenance se trouveà � 650 km en direction du sud-ouest.

Les outils taillés sont exclusivement représentés par des pointes de projectile (n = 43) et desgrattoirs (n = 15). La plupart des pointes de projectile ont une morphologie triangulaire, sanspédoncule et à base concave ou rectiligne. Leurs dimensions sont comprises entre 10–22 mm delongueur, 10–23 mm de largueur et l’épaisseur varie entre 2–3 mm. Nous avançons l’hypothèseque les petits éclats issus du débitage discoïde ou centripète, peu épais (3–5 mm) et obtenus àpartir des galets locaux ou zonaux seraient des supports idéals pour confectionner ces outils. Defait, leur épaisseur réduite et leur faible courbure éviteraient la phase d’ébauche nécessaire surdes supports plus épais et moins plats (Fig. 8). Le constat, sur la plupart de ces pointes deprojectile, est que le façonnage n’affecte que partiellement le support original va dans ce sens. Ence qui concerne les matières premières, 59 % de ces petites pointes ont été effectuées sur silex, etle restant sur calcédoine.

Seulement trois pointes de projectile dépassent considérablement les dimensions précédentes.Elles correspondent à des pointes des projectiles triangulaires moyennes ; deux à base concave etl’autre à pédoncule. Quant à leurs dimensions, elles ont une longueur entre 46–48 mm, lalargueur est comprise entre 21–28 mm et l’épaisseur entre 8–9 mm. Ainsi, pour ces pointes enparticulier, il a fallu l’emploi de supports plus grands pour lesquels ils n’existent pas de traces

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certaines de leur production sur le site (infra). Les roches utilisées pour ces autres pointes deprojectile sont le silex, la dacite et la calcédoine translucide (probablement allogène).

Concernant les grattoirs, ils ont tous un gabarit standardisé entre 10–22 mm de longueur,12–27 mm de largueur, tandis que l’épaisseur est toujours très épaisse entre 7–11 mm. Cesdimensions nous permettent d’envisager l’emploi d’éclats débités à partir de petits galets (Fig. 8).

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Fig. 8. Mobilier lithique du site El tigre.Lithic furniture of El tigre.

D’ailleurs, dans 11 cas, nous avons réussi à identifier le type de support utilisé. Nous avonsdistingué des éclats issus du débitage (uni) faciale transversale (n = 5), centripète et/ou discoïde(n = 4) et bipolaire (n = 2). Enfin, l’outillage taillé est complété par quelques fragments d’outilsunifaciaux et bifaciaux (n = 10). L’outillage non taillé se compose d’un outil passif de mouture(i.e. petite plaquette en grès Rionegrense avec une des surfaces émoussée) et d’un fragment depercuteur sur galet.

En ce qui concerne l’état des nucléus (n = 16), la plupart (90 %) se placent à un niveau avancéou très avancé du débitage et la moitié se trouve fragmenté. De ce fait, la reconnaissance dessupports a été problématique. Néanmoins, dans les dix cas où cela fut possible, le galet de petitetaille prédomine. Concernant les méthodes de débitage, le bipolaire est le plus représenté. Ilpermet d’exploiter les petits galets elliptiques locaux. Les autres méthodes, moins fréquentes,furent reconnues pour d’autres types de supports : le discoïde sur un hémigalet ; l’(uni) facialorthogonal sur un galet rectangulaire et le débitage en tranches sur un galet moyen, de sectiontriangulaire. Trois autres nucléus (un uni-facial et deux bipolaires) ont été débités aux dépensd’éclats conchoïdaux assez grands (50 mm) et épais (> 7 mm) qui ne proviennent pas des galetsde petite taille. Enfin, une plaquette a été débitée de manière transversale selon le mode sur appui.Quant aux matières premières des nucléus, la calcédoine (50 %) et le silex (38 %8) sont les plusfréquents alors que la tuffite et la rhyolithe n’atteignent que 10 % chacune. Toutes ces roches setrouvent dans les galets locaux ou zonaux, tandis que la calcédoine translucide non. Cettedernière a seulement été identifiée pour les nucléus sur éclat (Fig. 8).

Les fréquences des différents types de déchets de taille mettent en relief la haute proportiond’éclats liés au façonnage et à la finition des outils (n = 1705). Parmi les éclats de retouche, nousavons retrouvé quelques éclats (n = 7) qui peuvent être associés au ravivage des fronts de grattoir.Pour ce qui est des matières premières, il existe une haute proportion de calcédoine translucide(28 %), plus élevée que la calcédoine provenant des galets locaux ou zonaux (23 %), mais moinsque le silex (40 %). Les modes de percussion identifiés dans cette catégorie sont la percussiontendre et la pression.

Les éclats de débitage (n = 362) sont principalement des éclats centripètes et discoïdes, il y aquelques éclats bipolaires et deux déchets Kombewa. Ces éclats ont été obtenus par percussiondure ou par fracturation en split. Les matières premières les plus représentées sont le silex (43 %)la calcédoine locale ou zonale (25 %) et la calcédoine translucide (20 %). Les éclats dedégrossissage sont très peu nombreux (n = 42), il s’agit principalement d’éclats issus du débitage(uni) facial transversal et sécant transversal. Ils existent aussi des déchets à section triangulaireproduits de l’ouverture des plaquettes de calcédoine locale et quelques éclats bipolaires. Lesmatières premières utilisées sont majoritairement le silex (50 %) et la calcédoine locale ou zonale(38 %). La tuffite (5 %) et le basalte ou andésite (5 %) sont beaucoup moins fréquents. Les modesd’obtention sont soit la percussion dure, soit la percussion sur enclume. Les observations sur letype de cortex, les dimensions et les matières premières suggèrent l’entame de galets de petitetaille.

Par rapport aux schémas opératoires présents dans ce site, nous observons une certainevariabilité des méthodes de débitage mises en œuvre sur des galets locaux et zonaux (i.e.centripète, discoïde, bipolaire, uni-facial orthogonal et transversal) qui procurèrent deséclats généralement de petites dimensions et de morphologies variées. Parallèlement, nousavons constaté l’emploi en tant que support d’outils et de nucléus, d’éclats conchoïdes(nous ne pouvons pas affirmer quelle méthode de débitage) de plus grandes dimensions eteffectués sur une matière première allogène (calcédoine translucide). Pour ces derniers, nousn’avons pas d’indices de leur production in situ (i.e. pas des éclats de dégrossissage ni

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nucléus qui en correspondent). Une production de différents types d’éclats sur place,complétée par l’apport de supports déjà débités et/ou d’outils finis provenant d’ailleurs, estdonc envisageable.

En ce qui concerne le façonnage et la finition des outils, plusieurs options sont possibles, enfonction de l’épaisseur du support choisi et de l’outil désiré. Dans le cas des grattoirs,l’aménagement d’un front à l’aide de retouche par percussion dure constitue la finition de cesoutils. Les fronts sont longs et la morphologie des enlèvements est plutôt courte et écailleuse,quelques fois scalariforme. La position des enlèvements est en général directe. Le recul du frontdu grattoir et l’installation d’un angle de plus en plus obtus dû à la réactivation de celui-ci ont étéattestés dans 40 % des cas. Enfin, comme nous l’avons indiqué précédemment, il y a une légèreprépondérance pour l’emploi d’éclats du débitage (uni) faciale transversale, mais tous les typesde support furent utilisés. Le seul critère de sélection de ces derniers semble être l’emploi d’éclatstrès épais (> 7 mm).

Pour les petites pointes de projectile, ils existent deux acheminements possibles : lefaçonnage bifacial (total ou partiel) suivi de la retouche, ou directement la finition parretouche. Le choix entre l’un ou l’autre semble lié à la morphologie et l’épaisseur du supportutilisé. Comme nous l’avons noté précédemment, les petits éclats peu épais (3–5 mm) dudébitage centripète, voire discoïde, apparaissent comme les supports les plus adaptés pour laplupart des pointes de projectile. L’amincissement par façonnage bifacial total des deuxsurfaces n’est pas toujours nécessaire. De manière générale, les deux premières sériesd’enlèvements bifaciaux sont destinées à délinéer la base concave ou rectiligne de l’outil et lemême geste va aussi régler une partie de la courbure de l’éclat (proche du talon). Ensuite, lesautres séries d’enlèvements de façonnage se développent à partir des bords, parfois, il n’y a pasbesoin de continuer à amincir une des surfaces (souvent la ventral) et la délinéation du bords’effectue par la retouche (Fig. 8).

Quand le support employé est un éclat un peu plus épais (5–7 mm) ou un demi-galet, unephase d’ébauche est nécessaire. Celle-ci est attestée par les ébauches abandonnées sur place,fragmentée ou avec des erreurs de taille (réfléchissements, mauvais angle, etc.). Leursdimensions suggèrent qu’ils se trouvent dans la chaîne opératoire des petites pointes de projectile(Fig. 8). Enfin, quand le support choisi s’approche suffisamment des paramètres volumétriquesde l’outil recherché, il est possible de seulement délinéer le contour par la retouche bifacial, sansfaçonnage (Fig. 8).

Les pointes de projectile moyennes présentent des caractéristiques qui nous obligent à lesdécrire séparément. En effet, les dimensions estimées des supports et une des matières premièresutilisées pour leur manufacture ne correspondent pas avec la production d’éclats in situ. Ellesaussi semblent avoir suivi une phase d’ébauche (depuis leur schéma diacritique) puis, une étapede finition par retouche que n’affecte que partiellement leur contour. Un trait mérite d’être relevé,à savoir que la base des pointes (dont une avec pédoncule) fut la dernière partie confectionnée.Cet aménagement est effectué dans les trois cas, par une petite retouche unifaciale associée à unou plusieurs enlèvements larges et relativement profonds sur la face opposée. Cette doubleopération provoque un amincissement asymétrique de la base des pointes potentiellement lié aumode d’emmanchement (Fig. 8).

Notons, pour finir ici, que l’un des traits marquant de l’industrie exhumée à El Tigre concernela calcédoine translucide. L’apport de celle-ci dans ce site est le plus élevé parmi toutes lescollections étudiées. Cette roche aurait été importée sous forme de nucléus sur éclats,d’ébauches, de préformes et/ou d’outils finis. Les déchets de taille de cette matière premièreindiquent des activités de façonnage et de finition in situ. Étant donné la quantité, les étapes de la

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chaîne opératoire représentées dans le site et la distance estimée aux sources de cette matièrepremière (� 650 km), nous envisageons la possibilité d’un échange systématique (non ponctuel)entre des groupes qui aurait permis l’accès à un volume assez considérable de roches et nonseulement à des outils finis.

3.4. Localidad Arqueologica San Antonio

La localité archéologique San Antonio se trouve à 398 390 3400 de latitude Sud et 628 090 3600 delongitude Ouest, à 4 km de la côte atlantique. Cette région archéologique se compose de six sitesproches les uns des autres (entre 300 m et 700 m), placés dans l’espace occupé par l’ancien deltadu fleuve Colorado. La stratigraphie et la géomorphologie présentent des traits caractéristiquesd’une ancienne plateforme deltaïque et de plaines d’inondation des fleuves Colorado (ColoradoViejo et Colorado Nuevo). Ces cours d’eau constituèrent une toile de canaux principaux, entouréede cours méandreux, sinueux et anastomosés. Les sites prennent place sur des dunes éoliennesqui couvrent les dépôts fluviatiles plus anciens (Holocène moyen), achevés par des transgressionsmarines. Les dunes se trouvent partiellement affectées par des processus de déflation (Martínez etMartínez, 2011).

À la suite des ramassages de surface, sondages et fouilles, nous avons récupéré du matériellithique, osseux et céramique. La collection lithique étudiée ici correspond seulement auramassage de surface effectué en 2005. La chronologie des occupations humaines pendant ladernière phase de l’Holocène récent (1000–800 BP) fut établie sur la base des datationsradiocarbones issues des échantillons d’os de Guanaco et d’humains de deux des sites (Martínez,2008–2009 ; Martínez et Martínez, 2011).

Sur l’ensemble de la faune, nous avons identifié des espèces terrestres telles que le Grand tatouvelu, le Guanaco, le Cerf des pampas et des rongeurs. Le guanaco est la seule espèce avec destraces d’exploitation humaine (i.e. déchets de fracture hélicoïdale, os altéré thermiquement).Quelques os de guanaco ont aussi été employés pour faire des outils (i.e., retouchoir).Néanmoins, la faible fréquence des vestiges de cette espèce indique une économie de subsistancedirigée vers d’autres types de ressources.

Parmi les poissons, les espèces marines sont les plus représentées. Le Poisson-chat estl’espèce la plus fréquente, avec des traces de consommation (i.e. évidences de découpe, os brûléset calcinés). L’exploitation d’autres espèces de poissons comme le Tambour rayé (courbine), lesChondrichtyens, les Raies et les Sciénidés indéterminés a aussi été identifiée. La Perche est laseule espèce fluviatile exploitée. En ce qui concerne la céramique, nous avons récupéré plus de200 tessons lisses non décorés (Stoessel, 2012).

Les séries lithiques de chacun des sites composants la localité archéologique San Antoniofurent étudiées séparément et postérieurement comparées (Armentano, 2012). Compte tenu deleur ressemblance constatée et pour des raisons pratiques dans ce travail, nous présentonsl’industrie lithique de ces sites comme un seul assemblage.

La collection lithique (n = 557) provenant desdits sites est en bon état de conservation, sansmodification mécanique importante (patine). Nous avons repéré seulement sept pièces avec unesurface luisante, d’aspect gras, issu d’un léger processus de corrasion (leurs nervures et leursangles n’étaient pas encore émoussés). Ces pièces ont une dernière série d’enlèvements nonlustrés qui suggèrent leur reprise.

L’assemblage lithique se compose à 41 % d’éclats de retouche et d’affûtage. Les déchets dedébitage (dégrossissage inclut) représentent quant à eux 29 % des vestiges. Les éclats defaçonnage représentent 11 % de pièces. La part prise par les outils taillés atteint 7 % et l’outillage

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non taillé 4 %. Les déchets thermiques sont présents dans les mêmes proportions (4 %). Lespièces esquillées se retrouvent à hauteur de 2 %. Les ébauches et les préformes constituent 1 % del’ensemble. Enfin, aucun nucléus ne fut recensé dans la collection. Cette absence de nucléus et lesfréquences élevées d’éclats de retouche et affûtage suggèrent des activités de finition et deréaménagement/remplacement de l’outillage.

Concernant les matières premières des pièces taillées, nous avons constaté l’utilisation quasiexclusive de roches locales sous la forme de petits galets et galets marins. Les rochesemployées sont : le silex (55 %), la calcédoine (28 %) ; le basalte ou l’andésite (3,41 %), la dacite(1, 79 %), tuffite (1,61 %), rhyolithe (1,43 %), le xylopale (1,43 %) et l’agate (0,17 %). Pourl’outillage de mouture et de broyage, seul le grès de dépôts Rionegreneses zonaux (4,13 %) futemployé. Les matières premières allogènes sont représentées seulement par quelques déchetsnon diagnostiques de méta-quartzite de Ventania (1,43 %) et deux déchets d’une possibleobsidienne – 0,53 % – (sans détermination possible de sa source). En résumé, la productionlithique s’est essentiellement portée sur l’emploi du silex et la calcédoine, avec un apport plusréduit d’autres roches de la même provenance.

Les outils taillés sont principalement des grattoirs à fronts larges (n = 14), cinq pointes deprojectile petites et peu épaisses (avec et sans pédoncule), un tranchant sur outil fragmenté, unfragment de perçoir et dix autres fragments d’outils (Fig. 9). Les outils non taillés (n = 25)correspondent principalement à des fragments non classifiables d’outils de mouture et broyage etune molette entière. Nous avons aussi récupéré un fragment de percuteur et une enclumerespectivement faits sur de grands galets de dacite et de rhyolite.

Étant donné l’absence des nucleus, les méthodes de débitage ont été identifiéesexclusivement à partir des éclats de débitage. Nous avons principalement identifié des éclatsissus du débitage centripète et discoïde, quelques éclats bipolaires et très peu d’éclats dudébitage (uni) facial transversal. Les modes d’obtention de ces supports furent principalement lapercussion directe dure et la percussion sur enclume pour les éclats bipolaires. La suite desschémas opératoires est assez simple, la plupart des outils (grattoirs et tranchants) ont étéconfectionnés à partir de la retouche par percussion du front ou bord tranchant, sur des éclatsbruts de débitage. Dans ce cas, il n’existe pas une modification du volume du support. Les outilssur éclats centripètes sont les plus fréquents, mais tous les types de supports sont utilisés. Le seulcritère de sélection de supports que nous avons repéré est l’épaisseur, la plupart des grattoirsayant été confectionnés sur des éclats très épais (> 7 mm) ou épais (5–7 mm), parfois corticaux,produits des premières étapes du débitage (e.g. dégrossissage). Le support du tranchant est aussiun éclat épais (Fig. 9).

Un deuxième schéma opératoire fut identifié. Celui-ci correspond au façonnage bifacial desupports débités, suivi de la retouche. Il a été employé pour les ébauches et les pointes deprojectile. L’identification du mode d’obtention des supports reste difficile compte tenu del’étendue des enlèvements sur les surfaces de pièces bifaciales. En ce qui concerne les ébauches,leur épaisseur est entre 9 et 7 mm, leur section reste concavo-convexe et nous arrivons encore àdistinguer certains stigmates caractéristiques des faces supérieures et inférieures d’éclatsconchoïdaux. Pas plus de deux séries d’enlèvements envahissants bifaciaux par percussion tendreont été effectuées pour amincir ses surfaces. Mais, dans aucun cas, ni l’équilibre (symétrie)bifacial, ni l’équilibre bilatéral n’ont été établis. La régularisation du contour est partielle,certaines pièces ont gardé des résidus de cortex sur un quart de leur périphérie. Une micro-retouche est avérée sur des petites portions du contour de deux pièces ce qui suggère leur finitionen tant qu’outils. Pour les pointes de projectile, à partir d’un éclat peu épais (3–5 mm), unepremière série d’enlèvements bifaciaux est destinée à régler la courbure de l’éclat. Toutes les

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Fig. 9. Mobilier lithique du Localidad San Antonio.Lithic furniture of Localidad San Antonio.

pointes de projectile et les préformes ont des sections biconvexes. Compte tenu de l’épaisseur dessupports employés, la préforme de la pointe de projectile peut être esquissée rapidement à traversune deuxième série d’enlèvements subparallèles. Enfin, la finition des bords en micro-denticuléet le dégagement du pédoncule (pour certaines pièces) est effectué par la retouche par pression(Fig. 9).

Le dernier schéma opératoire correspond à l’obtention des pièces esquillées. La plupart de cespièces se trouvent au stade 18 de Tixier (1963), fait qui a permis de reconnaître l’emploi desupports résultant de la fracturation en split comme de la fracture conchoïdale. En ce quiconcerne l’épaisseur, toutes les dimensions (depuis peu épais à très épais) sont représentées. Iln’existe pas plus de deux séries d’esquillements bifaciaux sur deux pôles d’éclats effectués parpercussion dure sur enclume. L’axe d’esquillement coïncide avec l’axe de débitage des supports.Parfois, les pièces sont retournées et travaillées sur l’axe transversal. Les esquillements ont unemorphologie principalement écailleuse, parfois un ou deux enlèvements isolés glissent jusqu’aumilieu de la pièce. Sur peu de pièces, il existe une dernière ligne de micro-retouches,probablement liée à l’utilisation.

Ces trois schémas décrits furent identifiés sur toutes les matières premières, mais avec unefréquence nettement plus marquée pour le silex et la calcédoine.

Comme nous l’avons noté précédemment il n’existe pas de nucléus dans la collection.Néanmoins, nous avons identifié parmi les déchets, un éclat de ravivage du plan de frappe d’unnucléus et deux autres éclats associés au réaménagement de la surface de pièces bifaciales(Armentano, 2012). Ces informations indiquent que l’entame des nucléus n’a pas été une deprincipales activités dans les sites. Une première hypothèse est qu’il s’agirait d’une réponse aumanque de matière première. Elle est peu probable, étant donné la disponibilité des petitsgalets locaux éparpillés en surface et les galets marins (les sites sont placés à 4 km de la côte).D’ailleurs, les seuls éclats de dégrossissage (n = 8) retrouvés dans la collection, ont étéobtenus à partir des petits galets et un galet marin. Donc, il semble bien possible que ce soit laconséquence d’un choix, lié au fait que les supports et outils nécessaires (ou ébauches) étaientdéjà obtenus auparavant ailleurs, et que leur débitage sur place aurait été la réponse à un besoinponctuel.

Pour ce qui est des éclats de façonnage, plus de 50 % d’entre eux furent identifiés comme lerésultat de la percussion directe tendre. Parmi les éclats de retouche quelques-uns ont étéidentifiés comme relevant de l’affûtage d’un front de grattoir par percussion directe dure. Leséclats de retouche restants ne dépassent en aucun cas les 10 mm de long et de large, l’épaisseur setrouvant comprise entre 1 et 3 mm. Les talons de ces éclats ont des lèvres. L’ensemble de cescaractéristiques est diagnostique de l’emploi de la pression.

En somme, toutes les matières premières font l’objet de chaînes opératoires fragmentées dansle temps (moment de production et moment d’utilisation) aussi bien que dans l’espace (entre leslieux d’approvisionnement et d’obtention des supports, le contexte de finition, d’utilisation et deravivage). Sur ces bases, on peut dire qu’il y a eu une légère tendance à l’économie du débitage. Ilest possible que les groupes de chasseurs-cueilleurs qui occupèrent la localité, transportèrent deséclats ou ravivèrent les outils et/ou réutilisèrent des pièces abandonnées auparavant (supra). Lafragmentation de ces chaînes opératoires ne se produit pas sur des matières premières demoyennes ou longues distances sinon sur des roches locales. Ce dernier constat informe surl’organisation spatio-temporelle d’un même groupe humain.

Finalement, la collection lithique et les résultats des analyses faunistiques (Stoessel, 2012)livrent des indices d’occupations courtes, peu intenses et répétées au sein d’un système demobilité logistique. Ces occupations, étaient liées probablement à un site d’habitat proche et

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orientées vers l’exploitation de la variété des ressources faunistiques disponibles dans le delta dufleuve, notamment les poissons marins.

4. Synthèse

En somme, le modèle technologique commun aux sites de la région d’étude inclut :

� un traitement volumétrique similaire des galets locaux et de ceux de la région ;� les mêmes méthodes de débitage employées avec une intensité différentielle selon la période

considérée ;� le choix des supports selon l’épaisseur nécessaire pour chacune des classes des outils ;� les grattoirs furent effectués sur différents types de supports dans tous les sites.

Les différences entre les sites sont liées à des options culturelles puisqu’il n’y a pas decontraintes techniques qui s’imposent différemment pour chaque période. Dans ce sens, lesobservations effectuées montrent, d’une part, que dans le modèle technique commun, il y a euune tendance vers la phase finale de l’Holocène récent à une moindre application de certainesméthodes de débitage, accompagnée d’une baisse de la variabilité des certains types d’outils.D’autre part, on a observé une augmentation de la fréquence du débitage centripète qui devient lemode de débitage principal et presque exclusif dans les sites d’Occupations Finales del’Holocène récent.

En référence aux matières premières allogènes, leur représentation change aussi au fil dutemps. On propose de manière générale que, dans les sites des Occupations Initiales, l’obtentionde ces roches aurait été produite à partir de contacts ponctuels avec des individus ou groupesvoisins, alors que pour les sites des Occupations Finales. Les évidences archéologiquessuggèrent des contacts plus systématiques ou prolongés (de type réunion de groupes) produisantun autre type de registre des matières premières allogènes dans les sites (plus hautes fréquenceset plusieurs catégories d’artefacts). On suggère aussi une modification géographique deséchanges. Ainsi, pendant la première période de l’Holocène récent, le contact avec les groupesou individus proches du système de collines de la province de Buenos Aires a probablement étéplus intense qu’avec ceux de l’ouest ou du sud. Pour la phase finale de l’Holocène récent, onpropose en revanche une atténuation, voire une disparition du contact avec les groupes du nord etune obtention de matières premières allogènes par des contacts systématiques avec les groupesdu sud.

Toutes ces tendances générales ne constituent pas une division abrupte entre les périodes,bien au contraire : elles signalent un changement subtil et graduel dans le même systèmetechnique, au sein duquel il n’y a pas eu d’inventions ou d’incorporations techniques. Par contre,dans le système général, il y a eu l’introduction/adoption d’une nouvelle technologie : lacéramique.

Les changements des comportements techniques pendant les Occupations Finales sont liés àdes choix plus efficaces de méthodes, techniques et outils connus auparavant et mieux adaptés àl’organisation sociale de la phase finale de l’holocène récent. En termes généraux, cette situationest partagée (avec des particularités) dans les régions voisines. Au cours des derniers 1000 ans,les populations de chasseurs-cueilleurs de la Région Pampéenne et Patagonique ont connu uneaugmentation démographique, une circonscription spatiale, des sites d’habitat plus stables, unecroissance de la mobilité logistique, l’amplification de la base des sources exploitées et

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l’intensification dans la confection de certains types d’outils (Barrientos et Pérez, 2004 ;Martínez 2004–2005, 2008–2009 ; entre autres).

5. Conclusion : dynamique des populations pendant l’Holocène récent final dans larégion d’étude

Les tendances signalées s’accordent avec le modèle archéologique postulé pour la régiond’étude (Martínez, 2008–2009). L’information des comportements techniques a des implicationssur la discussion de la dynamique de population de la région pendant l’Holocène récent final.

L’information tirée des matières premières allogènes suggère pour cette période unediminution des contacts avec des individus ou des groupes du nord ou de l’ouest du coursinférieur du fleuve Colorado. Le modèle de transport des roches quartzitiques postulé par Bayónet Flegenheimer (2004) considère que, pendant l’Holocène récent, un contrôle social de l’accèsaux carrières placées dans les collines de la province de Buenos Aires est plus marqué. Enconséquence, si ce contrôle a été intensifié pendant la phase finale de l’Holocène récent, cecipourrait expliquer l’absence ou la diminution de ces roches dans la région d’étude. Parallèlement àla diminution du contact avec les groupes du nord, le registre lithique donne des indices d’un contactplus systématique avec les groupes du sud de la région d’étude (province de Río Negro). Il y auraiteu un contact plus systématique et prolongé avec les groupes du sud (Nord-Patagonie), maiscertainement pas un remplacement des populations comme cela a été postulé par Barrientos etPérez (2004). Comme nous l’avons dit, dans le système technologique de la région, lesconnaissances partagées ne changent pas, les choix se font dans le même système. S’il y avait eu unchangement des populations, nous relèverions des indices dans le registre lithique, pas seulementsous forme d’objets exotiques qui d’ailleurs sont présents dans d’autres sites de la région (plaquettesgravées, éléments de parure corporelle dans le site La Petrona), mais plus marqués par des manièresdifférentes de faire les choses. Par exemple, la présence du débitage laminaire est bien connue enPatagonie (Borrero et Franco, 2008 ; Carballo Marina et al., 1999 ; parmi des autres), alors que pourle moment, aucun outil sur ce type de support n’a été trouvé dans toute la région d’étude et, engénéral, dans l’Est de la Patagonie septentrionale (Prates, 2008). Nous pouvons alléguer à ce proposque les matières premières locales et de la région ne permettent pas l’emploi de cette méthode maisnous avons présenté des évidences d’un large circuit d’approvisionnement/échange de roches dedimensions plus importantes et de très bonne qualité pour la taille, sans présence d’élémentslaminaires. En conclusion, l’information donnée par les études lithiques ici développées propose unscénario d’interactions et de complémentarité sociale.

Remerciements

Cette recherche a été possible grâce aux financements suivants : Wenner Gren Foundation forAnthropological Research (Grant No 6780), Fundación Antorchas (Proyecto 14022-2), leConsejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas, Argentine (PIP-CONICET No.6147/05) et l’Agencia Nacional de Promoción Científica y Tecnológica, Argentine(PICT No 264). La thèse à l’origine de ce travail a été favorisée par une bourse CONICET(Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas, Argentine) et une bourse Saint-Exupéry (gouvernements d’Argentine et France). La cotutelle internationale de thèse a faitl’objet d’une aide à la mobilité internationale de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense,France (92001 Cotutelles de thèse) et de la région Île-de-France (Soutien à l’encadrement dethèses en cotutelle internationale).

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