essai de sériation chronoculturelle du néolithique ancien : apport des industries lithiques de la...
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Mémoire de Master 2 mention Histoire, Arts et Archéologie
Spécialité Arts et Cultures de la Préhistoire et de la Protohistoire : Europe, Afrique
Année universitaire 2011-2012
ESSAI DE SÉRIATION CHRONOCULTURELLE DU NÉOLITHIQUE ANCIEN : APPORT DES INDUSTRIES LITHIQUES DE LA BAUME DE
RONZE, ORGNAC-L’AVEN, ARDÈCHE.
Présenté par Elsa DEFRANOULD
Sous la direction de Thomas PERRIN
Mémoire présenté le 19/06/2012 devant le jury du Master composé de :
Alain BEECHING, Thomas PERRIN, Nicolas VALDEYRON
Illustration de couverture : vue de l’intérieur de l’aven de la
Baume de Ronze, cliché Guillaume Roguet, Juillet 2011.
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REMERCIEMENTS
Il m’est particulièrement agréable de remercier Thomas Perrin, qui cette année encore par sa
disponibilité, ses conseils toujours avisés et la rigueur de ces corrections, a permis de donner une
dimension plus accomplie à ce travail.
Je voudrais également remercier Alain Beeching pour toutes les informations, parfois inédites
qu’il m’a gentiment communiquées et pour l’honneur qu’il me fait d’être présent dans ce jury.
Mes remerciements s’adressent aussi à Nicolas Valdeyron qui pour la deuxième année
consécutive a bien voulu faire partie de mon jury.
Je voudrais encore exprimer ma gratitude à Sylvie Philibert qui a bien voulu consacrer du
temps à l’examen de quelques armatures et m’a largement guidée à la reconnaissance de certaines
traces.
C’est avec plaisir que je remercie les membres du labo au CNED, particulièrement mes
camarades de la salle 16, Célia, Magali et Will pour les échanges fructueux (et moins fructueux !)
autour de ces spirouli goût-tout-sauf-citron qui nous ont permis de terminer l’année dans de
bonnes conditions climatiques.
Un grand merci encore à toute la clique : Joséphine, Agathe, Tiphaine, Élisa, Ana, Théo et la
daurade pour les divers conseils et les discussions motivantes.
Enfin, Mémette et Robin ont été d’un grand secours dans la lutte finale pour l’achèvement du
mémoire. Á la première pour ses méticuleuses relectures et au second pour l’aide précieuse en
anglais : Merci !
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RÉSUMÉ
Résumé : Le gisement de la Baume de Ronze, situé sur la commune d’Orgnac-l’Aven au sud de
l’Ardèche, est un site majeur de la Préhistoire récente du sud de la France. En effet, ce vaste abri
témoigne d’occupations humaines s’échelonnant du Paléolithique supérieur au Chalcolithique. La
séquence du Néolithique ancien se développe sur un mètre d’épaisseur. Elle consiste en une
quarantaine de dépôts stratifiés et offre ainsi une opportunité exceptionnelle de percevoir le
dynamisme évolutif des productions matérielles des premiers paysans. Ce travail de
caractérisation des industries lithiques s’inscrit dans cette perspective, puisque son objectif
principal, outre une classique étude typo-technologique, est de mettre en évidence des
changements dans la mise en œuvre des productions de pierre. L’analyse a permis de distinguer
trois ensembles lithiques, considérés comme autant de phases évolutives de ce sous-système
technique, et qui permettent dans une certaine mesure de préciser les attributions
chronoculturelles établies à partir des données céramique.
Mots-clés : Industrie lithique, Néolithique ancien, Baume de Ronze, Dynamisme évolutif, Groupe
Cèze-Ardèche.
Abstract : The site of “La Baume de Ronze”, located on the district of Orgnac-l'Aven southern in
Ardeche, is a recent Prehistory major spot in the south of France. Indeed, this large shelter testify
of human occupations from the late palaeolithic until the Chalcolithic. The sequence of the early
Neolithic is situated on one meter thick. It consists of about forty stratified sedimentary deposits
and give us an exceptional opportunity to discern the evolutive dynamism of material productions
of some first peasants. This work of characterization of lithic industries follow on this vision,
since it principal objective, apart a classical typo-technologic study, is to underline some changes
in the implementation of stone productions. The analysis has allowed to distinguish three lithic
sets, considered as many evolutive phases of this technical subsystem, and which enable in a
certain way to precise the chrono-cultural attributions established by the ceramic data.
Keys-words : lithic industry, Early Neolithic, Baume de Ronze, Evolutive dynamism, Cèze-
Ardèche group.
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SOMMAIRE
REMERCIEMENTS…………………………………………………………………... p. 1
RESUMÉS……………………………………………………………………………… p. 2
INTRODUCTION……………………………………………………………………… p. 5
PARTIE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE………………………………………… p. 6
LE SITE DE LA BAUME DE RONZE………………………...………………………. p. 6
CADRE CHRONOCULTUREL….…………………………………………………….. p. 8
Le néolithique ancien méridional : périodisation et historique des recherches p. 8
Le groupe Cèze-Ardèche…………………………………………………….. p.10
PROBLÉMATIQUE…………………………………………………………………… p. 11
PARTIE 2 : L’INDUSTRIE LITHIQUE DE LA BAUME DE RONZE………….... p. 12
MÉTHODOLOGIE…………………………………………………………………….. p. 12
GESTION DES MATIÈRES PREMIÈRES……………………………………………. p. 13
Les différentes variétés de matières premières………………………………. p. 13
Economie des matières premières…………………………………………… p. 14
PRODUCTION LAMINAIRE………………………………………………………… p. 16
PRODUCTION D’ÉCLAT……………………………………………………………. p. 18
OUTILLAGE RETOUCHÉ…………………………………………………………… p. 18
SYNTHÈSE ET COMPARAISONS RÉGIONALES…………………………………. p. 20
PARTIE 3 : ÉVOLUTION DES PRODUCTIONS LITHIQUES AU COURS DE LA
SÉQUENCE DU NÉOLITHIQUE ANCIEN………………………………………… p. 22
MÉTHODOLOGIE : LA CRÉATION D’ENSEMBLES COHÉRENTS…………….... p. 22
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STABILITÉ DE CERTAINS CRITÈRES…………………………………………... . p. 24
Morphométrie des supports laminaires…………………………………….. p. 24
Modalités d’occupation de l’abri……………………………………………. p. 25
GESTION DES MATIÈRES PREMIÈRES…………………………………………. p. 26
ÉVOLUTION DES ARMATURES…………………………………………………. p. 28
Typologie…………………………………………………………………... p. 29
Dimensions des bitroncatures……………………………………………… p. 34
SÉLECTION DES SUPPORTS……………………………………………………... p. 35
UNE ÉVOLUTION DE L’ÉCONOMIE DU SILEX BÉDOULIEN ?........................ p. 36
SYNTHÈSE………………………………………………………………………….. p. 36
CONCLUSION………………………………………………………………………. p. 39
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………... p. 42
TABLE DES FIGURES……………………………………………………………... p. 47
TABLE DES TABLEAUX………………………………………………………….. p. 48
ANNEXES……………………………………………………………………………. p. 49
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INTRODUCTION
A partir des années 1950, les recherches sur le Néolithique ancien du sud de la France
s’intéressent particulièrement à la structuration chronologique et culturelle de ces contextes
archéologiques à céramique imprimée. Les travaux fondateurs de Max Escalon de Fonton à la
Font-des-Pigeons et à la Baume de Montclus et plus tard, ceux de Jean Guilaine à la grotte Gazel,
permettent de poser les bases du cadre évolutif du Néolithique ancien par la reconnaissance de
deux faciès culturels principaux : le Cardial et l’Épicardial. Ce sont les productions céramiques
qui furent essentiellement mobilisées dans la sériation de ce Néolithique ancien essentiellement à
cause de la grande variabilité de leur décor. En ce qui concerne les études lithiques, il faut
attendre la fin des années 1980 et la thèse de Didier Binder puis celle de François Briois dans les
années 1990 pour voir apparaître des travaux de synthèse concernant les régions de Provence et
du Languedoc occidental. Si les lacunes de la documentation se comblent peu à peu dans certaines
régions, par exemple dans le Gard et la plaine nîmoise avec l’étude récente ou en cours des séries
épicardiales du Taï et du Mas de Vignoles, des vides persistent dans certaines régions. La
multiplication des études permet alors de définir un cadre comparatif plus étoffé nécessaire à la
documentation d’autres contextes.
Au sud du couloir rhodanien, à la confluence des mondes languedociens et provençaux, une
quinzaine de gisements a livré un mobilier céramique original qui a conduit à les regrouper dans
un faciès régional appelé « groupe Cèze-Ardèche ». Parmi ceux-ci, le site de la Baume de Ronze,
situé sur la commune d’Orgnac-l’Aven, dans le département de l’Ardèche, présente une
importante stratigraphie, qui se dilate sur près d’un mètre d’épaisseur pour les seuls niveaux du
Néolithique ancien. La configuration de ce vaste abri de 1250 m² a encore permis la fouille
extensive d’une zone qui a livré les restes d’une architecture domestique. Ainsi, ce gisement invite
d’une part à établir des comparaisons régionales avec les industries lithiques du sud de la France,
et d’autre part à envisager dans la diachronie la série issue des niveaux du Néolithique ancien.
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PARTIE 1 :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
LE SITE DE LA BAUME DE RONZE
L’aven de la Baume de Ronze
se situe sur le territoire de la
commune d’Orgnac-l’Aven, à
l’extrême sud du département de
l’Ardèche. Il prend place sur le
plateau urgonien de Saint-
Remèze, à mi-chemin entre les
vallées de l’Ardèche et de la
Cèze. L’aven, partiellement
effondré se présente comme une
vaste ouverture de 70 m de
diamètre sur le sol de la garrigue.
Il offre une surface abritée de
1250 m² orientée plein sud (fig. 1 et 2).
Du fait de ses dimensions importantes, le gisement passe difficilement inaperçu ; dès lors, on
comprend aisément l’attention que lui portèrent les premiers préhistoriens ardéchois dès le XIXe
siècle. Les premiers travaux connus sont ceux de P. Raymond qui, aux alentours de 1885, identifie
des niveaux néolithiques et de l’âge du Bronze. C. Gaillard entreprend de nouvelles recherches
entre 1910 et 1913, puis R. de Saint-Perrier entre 1920 et 1935, et enfin l’abbé Roux de 1950 à
1957. En décembre 1977, Alain Beeching entreprend une première fouille de sauvetage, qui se
prolongera par de nombreuses campagnes de fouilles programmées quasiment ininterrompues
entre 1978 et 1996. Ce chercheur explore le gisement à partir de deux zones de fouille et de deux
sondages, dans des secteurs apparemment non perturbés par les fouilles clandestines ou anciennes
(Beeching, 1980). L’exploration à la fois stratigraphique et planimétrique permet de répondre à un
double questionnement, visant d’une part à renseigner la séquence chronoculturelle d’occupation
de l’abri et, d’autre part, à proposer une approche palethnographique des occupations successives
Figure 1 : Vue de l'intérieur de l'abri, les piquets matérialisent la zone de fouille n° 1, cliché J. Caro, juillet 2011.
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(Beeching, 1989). C’est d’ailleurs grâce à la fouille planimétrique que des possibles traces
d’architecture domestique ont pu être identifiées dans la zone 1 (Thirault et Beeching, 2009).
Figure 2 : Coupe schématique de l'Aven, in Beeching 1989.
L’abri a été occupé durant tout l’Holocène. Des niveaux anciens attribués à du Sauveterrien et à
un second Mésolithique mal caractérisé ont été reconnus lors des fouilles anciennes, tandis que la
stratigraphie établie par Alain Beeching témoigne d’une fréquentation de la grotte durant toute la
séquence du Néolithique, depuis sa phase ancienne cardiale jusqu'au Néolithique final Ferrières.
Treize datations radiocarbones permettent de bien caractériser les périodes d’occupation. Pour la
séquence du Néolithique ancien qui nous intéresse ici, une série de cinq datations réalisées dans la
zone 1 et la zone 2 nous permet de caler chronologiquement ces phases d’occupation1 entre 5 600/
5 400 et 4 800 avant notre ère (fig. 3).
Figure 3 : Datations radiocarbones du Néolithique ancien de la Baume de Ronze, calibrées à 1σ (Courbe Intcal 09).
Le Néolithique ancien de la zone 1 à livré 4941 pièces lithiques, réparties sur une quarantaine de
couches archéologiques et un peu plus d’une quarantaine d’anomalies de nature diverse (trous de
poteau, fosses, foyers, cuvettes, terriers…).
1 Ces datations sont inédites, et je remercie Alain Beeching pour leur communication.
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CADRE CHRONOCULTUREL
Le Néolithique ancien méridional : périodisation et historique des recherches
Le Néolithique ancien du Midi de la France peut être scindé en trois entités distinctes :
Impressa, Cardial et Épicardial, qui ne s’articulent pas entre elles de manière strictement
chronologique, les unes succédant aux autres, mais par des phénomènes encore assez mal perçus,
qui traduisent plutôt une évolution non linéaire de l’implantation des premiers agriculteurs dans
ces régions. Des travaux récents proposent une périodisation en trois phases (Manen et Guilaine,
2010 ; Manen et Sabatier, 2003) :
- La phase I, qui voit la mise en place de l’économie de production, peut être scindée en
deux : une première implantation sur le littoral de colonies Impressa datée entre 5 800 et
5 600 cal. B.C., et une seconde implantation plus continentale qui correspond au
développement du Cardial franco-ibérique entre 5 500/5 400 et 5 000 cal. B.C.
- La phase II, entre 5 300 et 4 900 qui voit apparaître, sur la rive ouest du Rhône,
l’Épicardial ancien, qui coexiste avec un Cardial récent présent en Provence ;
- La phase III, datée entre 4 800 et 4 500 cal. B.C., qui correspond à une phase récente de
l’Épicardial, documentée surtout à partir de sites languedociens.
Toutefois, cette sériation chronoculturelle repose essentiellement sur des données issues de la
typologie céramique, au détriment de l’étude des autres sous-systèmes techniques de production,
pour lesquels les études de synthèse sont rares (Binder, 1995). Pour ce qui concerne les études
lithiques, trois régions ont fait l’objet de tels travaux synthétiques : il s’agit de la Provence, du bas
Languedoc occidental et des travaux sont en cours pour des sites du Gard et de la plaine nîmoise
(fig. 4).
En Provence, les travaux de Didier Binder montrent que l’industrie lithique est réalisée à partir de
ressources locales ou en silex blonds bédouliens. La part respective de chaque matière première
dans les assemblages dépend de la position du site dans les réseaux d’échange en silex blond du
Vaucluse, ainsi que de la distance avec les gîtes (Binder, 1998). Deux schémas opératoires
coexistent sur ces gisements : la production est tournée d’une part, vers l’obtention de supports
laminaires débités à la percussion indirecte et, d’autre part, vers la production d’éclats. Les
supports laminaires seront par la suite utilisés bruts ou serviront à façonner des armatures de
projectiles, comme les bitroncatures géométriques à retouches inverses, de types BG3. selon la
typologie établie par Didier Binder (Binder, 1987), tandis que les éclats sont utilisés pour
confectionner des coches clactoniennes et de pièces esquillées (ibid.).
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François Briois montre dans sa thèse que l’industrie lithique du Néolithique ancien du bas
Languedoc occidental, réalisée au dépend de ressources locales ou régionales, est tournée
principalement vers la production d’éclats obtenus par percussion directe à la pierre, même si des
évidences de production laminaire peuvent être envisagées à Leucate. L’ensemble de l’outillage
du fond commun est ensuite réalisé sur ces éclats, qui en fonction de leur module serviront de
pièces esquillées, de denticulés, de grattoirs, de bec ou d’armatures de flèches tranchantes de type
Jean Cros ou Montclus (Briois, 2005).
Figure 4 : Carte de répartition des sites du Néolithique ancien méridional. Les ronds rouges figurent les gisements dont l'industrie lithique est publiée. 1 : Baume de Ronze, 2 : Baume d’Oullins, 3 : Grotte de l’Aigle, 4 : Les Petites-Bâties, 5 : Le Baratin, 6 : Le Taï, 7 : Mas de Vignoles X, 8 : La-Font-des-Pigeons, 9 : Le Jardin du Capitaine, 10 : Grotte de l’Eglise, 11 : La Baume de Fontbrégoua, 12 : Grotte Lombard, 13 : Grotte Gazel, 14 : Leucate-Corrège (Carte T. Perrin, 2012).
Des travaux récents ou en cours sur l’industrie lithique des sites gardois du Mas de Vignoles X et
du Taï mettent en évidence des modes opératoires plutôt similaires à ceux de la Provence, dans le
sens où les ressources minérales exploitées mettent en jeu des silex blond bédouliens de bonne
qualité. L’exploitation du quartz prend également une part importante dans l’industrie lithique de
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ces sites. Le débitage est nettement orienté vers une production laminaire à la percussion indirecte
(Perrin et al., 2011 ; Perrin et Remicourt, 2005), tandis qu’une production d’éclats en silex
tertiaires régionaux, débités sur place, est attestée au Mas de Vignoles X (Perrin et al., 2010).
Le Groupe Cèze-Ardèche
Si l’industrie lithique du Néolithique ancien semble relativement homogène à l’échelle du
sud de la France, des variations régionales sont perceptibles par exemple dans les productions
céramiques. Ce qui autorise à définir des faciès culturels restreint à de plus petites aires
géographiques. C’est notamment le cas du groupe Cèze-Ardèche, situé à l’ouest du Rhône, dans
une zone qui couvre le sud du département de l’Ardèche et le nord du Gard, et pour lequel la
majorité des gisements prennent place entre les deux rivières éponymes de la Cèze et de
l’Ardèche. Ce faciès culturel particulier a été défini par Alain Beeching dès 1987 à partir des
stratigraphies établies à la Baume de Ronze et l’aven du Rochas à Saint-Remèze (Beeching,
1987). Il en a par la suite proposé une sériation en quatre phases chronoculturelles sur la base de
l’évolution des décors céramiques d’une quinzaine de sites (Beeching, 1995). Si les phases 1 et 2,
qui présentent un décor à la coquille de Cardium, sont à rattacher au Cardial tel qu’on le connaît
dans les régions voisines, les phases 3 et 4, qui présentent une disparition progressive de l’emploi
de la coquille de Cardium au profit d’un décor de cannelure et de cordon, sont quant à elles
qualifiées de tardi-cardiales par ce chercheur. Il a choisi de ne pas les qualifier d’épicardiales car
« les rapports avec le décor à la coquille restent trop flous pour qu’on arrête sous [le terme
d’Épicardial] une définition culturelle originale » (ibid., p. 96).
Si les productions céramiques de ce groupe culturel sont actuellement bien connues, les données
sur l’industrie lithique sont elles, beaucoup plus lacunaires. La monographie sur la grotte de
l’Aigle, distante d’une vingtaine de kilomètres de la Baume de Ronze, nous livre des indications
essentiellement typologiques sur le mobilier lithique de la couche 5 attribuée au Néolithique
ancien Cardial de la phase 1 d’Alain Beeching. Elle mentionne également la présence de
nombreux éclats et de quelques supports laminaire, en quartz et silex. Elle présente les dessins
d’une grande partie des armatures exhumées. Les informations technologiques sont toutefois
absentes de cette étude (Roudil et Soulier, 1979).
Le gisement de la Baume d’Oullins, situé à environ 5 km de la Baume de Ronze, est actuellement
le seul site du groupe Cèze-Ardèche à avoir fait l’objet d’études technologiques en ce qui
concerne l’industrie lithique. La couche 5 est attribuée par Alain Beeching au Tardi-cardial (phase
3 du groupe Cèze-Ardèche), ou à l’Épicardial par Jean Louis Roudil (Roudil, 1987, p. 526). Elle a
été récemment datée entre 5250 et 5050 cal. B.C. (AA 53292 et AA53293 in Fernandez et al.,
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2006). La couche 6, attribuée au Cardial (Phase 1 du groupe Cèze-Ardèche), a quant à elle fourni
une vingtaine de datations qui placent l’occupation de ce niveau entre 5 500 et 5 000 cal B.C.
(Fernandez et al., 2006 ; Van Willingen et al., 2010). L’étude du mobilier lithique issu de ces
deux niveaux montre globalement la coexistence sur le site de plusieurs ensembles de
productions spécifiques en fonction des matières premières mises en œuvre : le premier réalisé au
dépens de ressources locales, débitées sur place, à pour objectif une production d’éclats et de
quelques rares lames. Le second effectué sur silex bédoulien vise une production de lames
régulières (et secondairement de quelques éclats) débitées en percussion indirecte. En ce qui
concerne les différences dans l’industrie lithique, les avis des auteurs divergent : Jean-Louis
Roudil indiquait en 1984 qu’en « l’état actuel des recherches, l’industrie lithique [épicardiale] ne
peut se distinguer du Cardial » (Roudil et Soulier, 1984). Roberta Bevilacqua démontre une
gestion différenciée du silex bédoulien qui serait débité sur place dans la couche 6 (affirmation
fondée sur la présence de 11 fragments de lames à crête, et de 2 lames à pans corticaux), tandis
qu’il serait introduit sous forme de produits finis dans la couche 5 (Bevilacqua, 1995). Pour Didier
Binder, en revanche, les pièces en silex blond de la couche 6 « procèdent de l’acquisition indirecte
d’un outillage fini et/ ou semi-fini, sélectionné principalement au sein de l’optimum de plusieurs
débitages sur silex bédouliens et accompagné d’une réserve d’éclat […] Ces tendances se
renforcent avec l’horizon à sillon et cannelures » (Binder, 1998, p. 120).
PROBLÉMATIQUE
Ainsi, pour Oullins, le seul site directement voisin de la Baume de Ronze, qui présente
plusieurs niveaux du Néolithique ancien et pour lequel l’industrie lithique à été étudiée, les
publications sont en contradiction sur la nature de l’évolution entre les industries lithiques
cardiales et épicardiales. C’est pourquoi il apparaît intéressant d’avoir une vision diachronique de
ce sous-système technique à la Baume de Ronze, intensivement occupée durant tout le
Néolithique ancien. Cette étude répond donc à un double objectif, d’une part caractériser
l’industrie de pierre de cette région qui a livré de nombreux sites, et de la comparer aux schémas
opératoires mis en œuvre dans d’autres gisements du Néolithique ancien du midi français. Et,
d’autre part, d’essayer de dégager des schémas évolutifs dans la gestion des outillages de pierre
taillée tout au long de la séquence. En outre, des changements dans les savoir-faire techniques
sont perceptibles par l’étude de la céramique, qui reconnait cinq phases typo-technologiques à la
Baume de Ronze (Baron, 2000) et il sera intéressant de confronter les résultats de l’analyse des
systèmes techniques céramique et lithique.
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PARTIE 2 :
L’INDUSTRIE LITHIQUE DE LA BAUME DE RONZE
L’industrie lithique de la série présente des constantes dans les schémas techniques mis en
œuvre par les tailleurs néolithiques, c’est pourquoi j’ai choisi de la présenter dans un premier
temps dans sa globalité, et non ensemble par ensemble, afin d’éviter la redondance. La discussion
sur l’évolution des productions viendra dans un second temps.
METHODOLOGIE
L’objectif des études typo-technologiques est de replacer les outils retouchés, considérés
comme des produits finis, dans le cadre plus vaste de leur conception et de leur production. Elles
reposent particulièrement sur la restitution des chaînes opératoires. Il s’agit de reconstruire une
séquence de gestes à l’origine de l’objet étudié, pour par la suite, distinguer les modes opératoires
résultants d’un choix des tailleurs de ceux dus à un déterminisme, tel que la nature du matériau
par exemple.
Les matières premières ont été discriminées à partir d’observation macroscopiques à l’œil nu et à
la loupe binoculaire, selon un tri qui avait été initié par Thomas Perrin et Céline Bressy. Le
vocabulaire technologique employé dans ce travail, renvoie à celui défini dans l’ouvrage de
référence Technologie de la pierre taillée (Inizan et al., 1995). La diagnose des techniques de
détachement n’est possible que par l’identification de plusieurs stigmates caractéristiques sur les
parties proximales des pièces étudiées, on doit l’établissement de ces critères de reconnaissance au
travail des expérimentateurs, notamment ceux de Jacques Pelegrin (Pelegrin, 2000). La typologie
utilisée pour définir l’outillage retouché correspond à celle définie par Didier Binder (Binder,
1987), qui a le mérite de considérer à la fois la localisation, la nature, et la délinéation des
retouches en fonction du support et qui est également fréquemment usité par les néolithiciens du
sud de la France. La catégorisation des différents types de supports laminaires à encore été
empruntée à cet auteur (Binder, 1991), elle permet de rendre compte de la place de support dans la
chaîne opératoire, distinguant d’une part les produits qui ont servi à initier ou ré-initier le débitage
(A1 et A2) de ceux de première intention. Parmi ces derniers, on peut encore ajouter un niveau de
description supplémentaire entre les lames à trois pans (C1 et C2), qui présentent un haut degrés
de standardisation, et les lames dont la face supérieurs livre des négatifs de deux ou plus de trois
enlèvements antérieurs (B1 et B2), donc moins régulières. Toutes les pièces de la série ont été
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enregistrées dans une base de données, réalisées sur Filemaker Pro, dont les rubriques prenaient
en compte les critères classique d’une étude typo-technologique.
GESTION DES MATIÈRES PREMIÈRES
Les différentes variétés de matières premières
La plupart des matières premières peuvent être regroupées en deux groupes allochtones et
locaux, auxquels il faut rajouter certaines matières de provenances indéterminées.
La région d’Orgnac est très riche en ressources lithiques, parmi lesquelles de nombreuses variétés de
silex tertiaires, qui présentent une grande variabilité de faciès, formés durant le Ludien, un sous-étage
de l’Eocène supérieur (Bressy, 2010). Je n’ai pas jugé nécessaire pour cette étude de distinguer tous
les types de silex entre eux, étant donné qu’ils semblent de qualité équivalente, et étaient directement
accessibles aux préhistoriques d’Orgnac dans un rayon maximum de 10 km. Il faut encore faire part,
dans les ressources locales, de l’utilisation en quantité restreinte des jaspes de Laval Saint-Roman, eux
aussi d’origine locale, qui présentent une grande diversité de couleur, mais qui sont reconnaissables à
l’importance quantitative des inclusions de manganèse (Bressy, com. orale).
Les assemblages du Néolithique ancien de la Baume de Ronze présentent également quelques pièces
en silex blond et dans une moindre mesure gris, à grain fin, à structure homogène contenant une
quantité importante d’oxyde de fer et de grains de quartz, qui peuvent être rattachés à des formations
crétacées, plus précisément au sous-étage bédoulien (Binder, 1998). Deux régions à proximité du site
peuvent être considérées comme des gîtes potentiels : il s’agit d’une part du secteur de piémont du
Mont Ventoux dans le Vaucluse, situé à une soixantaine de kilomètres à l’est du site, et d’autre part du
secteur de Meysse et de Rochemaure, dans le Vivarais ardéchois, situé à une quarantaine de kilomètres
au nord. La distinction entre les deux types de provenance demeure incertaine. La plupart des
publications sur le Néolithique mettent toutefois en évidence une exploitation des silex du Vaucluse,
ce qui est sans doute à mettre en relation avec un contexte historiographique plus fourni dans cette
région que pour le nord de l’Ardèche qui a livré moins de sites pour cette période. On retrouve, par
ailleurs des silex bédouliens en position secondaire dans les alluvions du Rhône, mais l’insuffisance
des pièces corticales dans la série ne permet pas de tirer des conclusions quant à un approvisionnement
en position primaire ou secondaire.
Il faut également mentionner la présence dans la série d’un silex blond, à grain fin et à structure
homogène, mais sans oxyde de fer, et qui ne présente pas de microfossiles permettant d’attribuer une
provenance à ce matériau. On trouve encore des pièces en quartz filonien, et quelques rares artefacts
en quartz hyalin.
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Figure 5 : Carte des gîtes de matières premières utilisées à la Baume de Ronze, d'après Perrin 2005, modifiée.
Economie des matières premières
Il est possible d’appréhender l’économie des matières premières à partir de l’identification
des chaînes opératoires attestées sur le site grâce à la reconnaissance de certaines pièces typiques
(fig. 6). On peut les diviser en deux ensembles : d’un côté les éléments caractéristiques de la
conduite, d’une partie au moins, des débitages sur place (esquilles, débris, nucléus, éclats
corticaux, éléments de mise en forme) et de l’autre, ceux qui concernent la finalité du débitage
avec les supports de première intention (lames et éclats bruts).
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Figure 6 : Représentation des pièces technologiques par types de matières premières.
Il apparaît clairement que les ressources siliceuses locales, qui dominent largement la série en
terme d’effectif, ont été débitées sur place, comme en témoigne l’abondance d’esquilles, de
débris, ainsi que la présence d’éclats corticaux et de nucléus. La finalité des débitages en
ressources locales semble double : une production d’éclats majoritaire coexiste avec une
production laminaire, et il conviendra d’examiner plus tard les liens que ces productions ont pu
entretenir entre elles.
Le cas du silex blond indéterminé est un peu plus problématique, mais la présence d’un nombre
important d’esquilles, de débris et d’éclats corticaux semble plutôt plaider pour la conduite des
débitages in situ, même si cette observation est à pondérer par l’absence de nucléus. L’objectif de
la production dans cette matière première semble tourné vers l’obtention de supports lamino-
lamellaires (n= 43) et secondairement vers l’obtention d’éclats (n=33).
Le silex bédoulien semble quant à lui être introduit sur le site sous la forme de produits finis ou
semi-fini, essentiellement laminaires (n= 57), accompagné de quelques éclats (n= 15), comme en
témoigne la faible représentation d’éléments caractéristiques des phases de mise en forme et
d’entretiens du nucléus, ainsi qu’un faible nombre d’esquilles et de débris. Il convient tout de
même de mentionner la présence dans la couche 56 d’un petit nucléus à lamelles débité
vraisemblablement par pression, mais qui est plutôt caractéristique du Chasséen ancien (Vanessa
Léa, com. pers.), donc probablement intrusif, comme d’ailleurs une armature de grande dimension
à retouches bifaciales issue du même niveau.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
%
Silex Locaux
Silex Bédouliens
Blond Indéterminés
16
PRODUCTION LAMINAIRE
La série n’a livrée aucun nucléus qui présente des négatifs d’enlèvements laminaires au
moment de leur abandon. Il est donc malaisé de caractériser complètement ces schémas de
production. La présence de deux lames de type A2 en silex blond indéterminé semble indiquer
que le débitage de cette matière première a été initié au moyen de lame à crête, tandis que leur
absence dans l’assemblage tertiaire au profit de lames latérales à un pan cortical montre plutôt que
les nucléus ne sont pas préparés, mais exploités directement à partir d’une arrête naturelle. La
présence ou l’absence de phase de mise en forme des nucléus doit être conditionnée en partie par
la morphologie des matières premières mises en œuvre. Par exemple, le silex tertiaire d’Orgnac se
rencontre fréquemment sous la forme de plaquettes, une morphologie qui offre naturellement les
convexités nécessaires à la mise en œuvre d’un débitage initié à partir de l’interface flan
cortical/table naturelle. On remarque très peu de négatifs d’enlèvements dans le sens inverse du
débitage sur les lames, ce qui invite à considérer que le débitage est unipolaire, et qu’un
réaménagement des convexités s’opère plutôt avec l’enlèvement d’éclats épais dans le sens du
débitage plutôt qu’au moyen de petits enlèvements opposés. Les phases de mise en forme des
nucléus en silex bédouliens ne peuvent quant à elle être appréhendées, étant donné que ce
matériau est débité à l’extérieur du site.
La technique de détachement des lames de plein débitage, lorsqu’elle a pu être déterminée, montre
que la percussion indirecte entre majoritairement en jeu, et ce quelle que soit la matière première
employée (fig. 7). Par ailleurs, les talons sont quasiment toujours lisses, et la corniche est réduite
par de petits enlèvements en direction de la surface de débitage.
Figure 7 : Effectif des types de percussion des produits laminaires de plein débitage.
0
5
10
15
20
25
Bédoulien
Blond Ind.
Tertiaire
17
On observe, en outre, une différence dans la
régularité des supports en fonction des
matériaux utilisés. Ainsi, les effectifs des
différentes catégories de lames de plein
débitage, en fonction de la matière première
employée (fig. 8), montrent qu’il existe deux
tendances dans la production : les lames en silex
blond indéterminé ou en silex bédouliens se
répartissent de manière globalement équivalente
entre des supports de section trapézoïdale (C1 et
C2) et des supports moins standardisés (B1 et
B2) ; tandis que les lames en silex tertiaire sont
de facture beaucoup moins régulière, avec une
grosse majorité de supports présentant les
négatifs de deux ou plus de trois enlèvements
antérieurs (B1 et B2).
Il semble difficile d’affirmer à quoi est due cette différence de facture entre les matières
premières. Néanmoins, deux facteurs explicatifs peuvent être avancés, qui sont ou non liés :
- L’un est dû à la nature du matériau employé : les silex blonds présentent une structure à
grain fin qui leur confère une bonne aptitude à la taille, tandis que les silex tertiaires,
même s’ils sont parfois de bonne qualité, présentent une plus grande variété de faciès, qui
les rende parfois moins propice à la taille. Enfin, la forme des blocs de matière première
détermine encore largement la mise en œuvre de schémas opératoire laminaires (par
exemple les silex en minces plaquettes rendent difficile la mise en œuvre de tels schémas).
- L’autre de nature plus culturelle, évoquée dans certains travaux (par exemple Binder,
1998), suppose l’existence d’un gradient dans le savoir-faire technique des tailleurs, qui
ne travaillent pas les mêmes matériaux, ce qui implique l’existence d’ateliers de taille
spécialisés qui redistribuent ensuite les produits. Or, une partie de la production de lame
0
20
40
60
B1 B2 C1 C2 D
Tertiaire
0
20
40
60
B1 B2 C1 C2 D
Blond indéterminé
0
20
40
60
B1 B2 C1 C2 D
Bédoulien
Figure 8 : Proportion du type de support laminaire, selon les codes définis par Didier Binder, en fonction de la matière première employée.
18
de bonne qualité (en silex blond indéterminé) est réalisée sur place. Dès lors, il devient
difficile d’expliquer cette disjonction spatiale et technique.
Dans tous les cas, il semble qu’il y ait trois productions distinctes de lames : l’une, réalisée sur le
site, au dépend de silex tertiaires locaux, et qui a livré des produits assez irréguliers ; l’autre en
silex blond indéterminé et qui a pour objectif la production de lames de section trapézoïdale,
également réalisée sur le gisement ; et une troisième produite à l’extérieur, à partir de ressources
bédouliennes, qui a livré des produits laminaires plutôt standardisés.
PRODUCTION D’ÉCLATS
Les 19 nucléus retrouvé ont, dans leur dernière phase productive, tous servi à produire des éclats.
Ils ne présentent pas, dans leur état d’abandon, de schémas opératoires récurrents. Ils sont
généralement à plusieurs plans de frappe, et aucune face d’exploitation ne semble privilégiée, les
blocs paraissent plutôt exploités de manière opportuniste, en fonction des aléas de la matière. La
technique de débitage mise en œuvre ici est la percussion à la pierre dure. La présence d’une
quinzaine de blocs testés, mais non productif indique que la matière première est amenée sur le
site puis testée sur place.
Par ailleurs, il me semble que l’industrie de la Baume de Ronze peut répondre à une question
posée à la Baume d’Oullins, et qui visait à savoir si les éclats en silex locaux étaient des sous
produits prélevés au sein d’une chaîne opératoire laminaire ou s’ils résultaient d’une production
autonome (Binder, 1998). Plusieurs arguments permettent d’affirmer qu’une partie au moins des
éclats est produite pour elle-même à la Baume de Ronze : d’abord parce que leur nombre est
considérable comparé au nombre de lames en silex tertiaire (respectivement 603 et 171 sur
l’ensemble de la série), ensuite parce que les nucléus, dans leur dernière phase d’exploitation ont
tous servi à produire des éclats. Et même en envisageant qu’il s’agit d’une réutilisation de nucléus
à lames arrivés à exhaustion, on peut considérer que l’intention réside dans une production
d’éclats.
OUTILLAGE
Le premier constat concernant l’outillage retouché de la Baume de Ronze est que les
tailleurs ont largement privilégié le silex bédoulien pour confectionner leurs outils, puisque 48 %
des pièces de cette matière sont retouchées. Secondairement c’est le silex blond indéterminé qui
est sélectionné, avec un taux de retouche de 21 % et enfin les ressources locales, alors même
19
qu’elles sont les plus abondantes, sont très peu affectées par cette transformation (tableau 1). Là
encore, cette différence de traitement renvoie à la nature des matières premières mises en œuvre et
éventuellement à l’importance symbolique que peuvent revêtir les matériaux plus lointains.
Retouché
Lames et éclats Brut
Effectif % Effectif %
Bédouliens 37 48,1 40 51,9
Blond Ind. 20 22 71 78
Tertiaire local 20 2,6 754 97,4 Tableau 1 : Effectif et proportion d'outils par matières premières.
Le tableau de décompte des distributions des outillages selon la nature des supports (tableau 2)
amène plusieurs constatations. D’abord, on peut remarquer que les outils sont majoritairement
réalisés sur les lames de plein débitage, aux dépens des éclats et des lames corticales ou de mise
en forme. Deux groupes typologiques se détachent nettement des autres en terme d’effectifs, celui
des armatures et celui des enlèvements irréguliers, qui recoupe à la fois des retouches
intentionnelles, et des retouches d’utilisation, qui occupant généralement la partie latérale des
lames.
total Eclat A1 A2 B1 B2 C1 C2 D
Armatures 38 4 0 0 8 6 8 3 9
Troncatures 1 1 0 0 0 0 0 0 0
Bords abattus 3 2 0 0 0 0 0 0 1
Grattoirs 3 1 0 0 1 0 1 0 0
Racloirs 1 1 0 0 0 0 0 0 0
Burins 1 1 0 0 0 0 0 0 0
Microburins 1 0 0 0 1 0 0 0 0 Enlèvements irréguliers 32 7 2 1 7 7 5 2 1
Total 80 17 2 1 17 13 14 5 11 Tableau 2 : Distribution des groupes typologiques selon la catégorie de produits.
De cette première approche globale, on peut retenir que la composition de l’outillage est
semblable à celle que l’on retrouve habituellement dans les séries du Néolithique ancien. La
présence d’un microburin, issu de la couche 70 est à noter, mais si l’on considère que les
microburins disparaissent des assemblages du Néolithique ancien (Binder, 1987), on peut
légitimement considérer qu’il est intrusif et qu’il provient des niveaux du second Mésolithique
sous-jaccents. On peut encore remarquer que les pièces esquillées sont absentes de l’outillage de
la Baume de Ronze, alors qu’elles sont bien représentées dans d’autres contextes du Néolithique
ancien méridional (Binder, 1987 ; 1991 ; Perrin et al., 2005).
20
SYNTHÈSE ET COMPARAISONS RÉGIONALES
Ainsi, dans la série du Néolithique ancien de la Baume de Ronze, on peut reconnaître
quatre chaînes opératoires, une qui a pour objectif la production d’éclats ; les trois autres visent
une production laminaire. Ces trois dernières chaînes opératoires sont réalisées au dépend de trois
matières premières différentes, et doivent être distinguées même si elles partagent ponctuellement
des méthodes et techniques communes lors de certaines étapes. Le schéma suivant (fig. 9), établi
sur le modèle de celui proposé par Thomas Perrin pour les industries de la grotte du Gardon
(Perrin, 2001) permet de récapituler les chaînes opératoires présentes sur le site. Il ne s’agit là que
d’un modèle théorique du schéma opératoire, certaines phases restent incertaines, par exemple il
n’a pas été possible de déterminer si les silex bédouliens arrivent sur le site sous forme de produits
bruts et/ou d’outils déjà retouchés ou bien si la phase de façonnage s’effectue sur le site. En
somme, le schéma opératoire du Néolithique ancien de la Baume de Ronze est similaire à celui
décrit dans d’autres contextes proches comme la grotte de l’Aigle (Roudil et Soulier, 1979), la
Baume d’Oullins (Bevilacqua, 1995), le Taï (Perrin et Remicourt, 2005), avec une opposition
entre une production d’éclats et une production laminaire, qui présentent tout de même diverses
modalités opératoires. En revanche l’économie de débitage diffère de celle du Baratin et des
Petites-Bâties (Binder, 1998), où seul le silex bédoulien est exploité, ce qui s’explique sans doute
par la plus grande proximité des gisements du Vaucluse de ces deux sites.
Enfin, il faut également mentionner la présence d’une industrie sur quartz, qui est relativement
marginale, limitée à une douzaine d’éclats (auxquels peuvent être ajoutées deux lamelles en cristal
de roche). Cette faible représentation de cette matière contraste avec ce que l’on peut observer par
exemple au Taï (60 à 70 % de l’industrie) à la grotte de l’Aigle qui a livré 500 éclats de quartz
pour un millier de pièces en silex (Roudil, 1979), au Mas de Vignoles, où ce matériau occupe 63
% de l’industrie (Perrin et al., 2011), et à la Baume d’Oullins où il occupe 12 % de l’industrie de
la couche 5 (Bevilacqua 1995). On peut éventuellement avancer l’hypothèse que le faible intérêt
porté au quartz par les tailleurs de Ronze est imputable à l’abondance des matières siliceuses
locales.
21
Figure 9 : Proposition de restitution du schéma opératoire des industries du Néolithique ancien de la Baume de Ronze.
22
PARTIE 3 :
ÉVOLUTION DES PRODUCTIONS LITHIQUES AU COURS DE LA
SÉQUENCE DU NÉOLITHIQUE ANCIEN
METHODOLOGIE : LA CRÉATION D’ENSEMBLES COHÉRENTS
Afin de vérifier l’existence d’une évolution des productions lithiques dans la séquence du
Néolithique ancien de la Baume de Ronze, et de mettre en évidence le dynamisme évolutif de ces
industries, il est nécessaire de comparer terme à terme l’ensemble des unités stratigraphiques.
Cependant, l’importance numérique des couches et des anomalies ne permet pas de les étudier
individuellement, d’autant que le nombre de pièces que chaque unité stratigraphique est disparate
(variant de 2 à 359 pièces par couches), et ne permet pas toujours un traitement statistique des
données recueillies. D’où la nécessité de créer des ensembles cohérents fondés sur différents
critères et de les comparer entre eux. Le premier critère retenu concerne la répartition des vestiges
lithiques selon la séquence stratigraphique (fig. 10). Le nombre de restes par couches peut en effet
être interprété comme un témoin de l’intensité des occupations, et permet par là de mettre en
évidence des ruptures dans la séquence. On observe ici d’importantes césures de représentation,
entre les couches 79 et 79 ; 68 et 66 ; 62 à 58 ; 49 et 47. Au dessus de la couche 38, la fin de la
séquence n’a livré que trop peu de matériel pour pouvoir l’inclure à cette étude, d’autant qu’à
partir de la couche 34, du mobilier typiquement chasséen fait son apparition. Il s’agit d’armatures
de grande dimension façonnées sur éclats par retouches bifaciales ou de lamelles très
standardisées en silex bédoulien, parfois chauffées, et débitées à la pression.
La série comporte, en outre, 63 anomalies qui ont livré en tout 1165 pièces lithiques. Elles n’ont
pas été prises en compte pour établir le découpage car l’abondance ou non du mobilier lithique qui
en est issu dépend essentiellement de leur nature, et induiraient dans le graphique des césures
artificielles. Néanmoins, il apparaît important de les intégrer au maximum dans les ensembles afin
de prendre en compte le plus de données possible. Le parti a été pris d’inclure directement le
mobilier issu des anomalies dans les ensembles en fonction de leur position stratigraphique.
Malgré tout, certaines associations sont à rejeter, soit à cause des indications fournies par le
fouilleur (mention de « terrier », ou de « problèmes chronologiques ») soit en raison de la
présence de pièces typiques d’autres contextes chronoculturels. C’est le cas pour les anomalies
136 et 118 qui ont livré chacune des petites armatures trapézoïdales et deux nucléus de petit
module, semblables à ceux que l’on retrouve durant le premier Mésolithique. De la même manière
23
l’anomalie 86 a livré un petit nucléus qui, dans sa dernière phase d’exploitation, a produit des
petits éclats, en silex bédouliens gris possiblement chauffé, que l’on ne peut donc pas attribuer de
manière certaine au Néolithique ancien. Enfin, les anomalies 95 et 85 sont marquées du signe
« = », alors qu’elles appartiennent à deux ensembles sédimentaires distincts ; elles ne seront donc
pas prises en compte pour cette étude.
Figure 10 : Histogramme du nombre de restes par couche.
Cette première analyse du nombre de restes par couche nous permet de proposer de regrouper les
couches en 5 ensembles :
- L’ensemble A comprend les couches 82 à 77 et les anomalies 137, 135, 134, 133,
132, 131, 129 et 127;
- L’ensemble B les couches 76 à 69 et les anomalies 128, 126, 125, 124, 121, 120, 110,
103, 102, 99, 98 et 96;
0 100 200 300 400
25
27
29
31
33
35
38
40
43
45
47
49
52
54
56
58
62
64
66
68
70
72
75
77
79
81
nombre de restes
Co
uch
es
Ens. A
Ens. B
Ens. C
Ens. D
Ens. E
24
- L’ensemble C correspond au couches 66 à 60 et aux anomalies 87, 84, 83, 82, 80, 79, 76
et 74 ;
- L’ensemble D couvre les couches 59 à 48 et les anomalies 71, 67, 66, 64, 63, 62, 61 60,
59, 58, 57, 55, 54 et 52 ;
- L’ensemble E équivaut aux couches 47 à 38 et aux anomalies 51, 49, 48, 47, 46, 45, 44 et
43.
Les ensembles ainsi crées recoupent peu ou prou ceux établis à partir des données céramiques et
les césures observées se superposent aux ruptures sédimentaires observées entre les couches 67 et
66 et entre les couches 60 et 59. Lorsqu’une confrontation des données couche par couche est
impossible, c’est ce premier découpage qui sera mobilisé. La suite de l’étude permettra de
préciser, confirmer ou infirmer ce postulat de départ.
STABILITÉ DE CERTAINS CRITÈRES
Morphométrie des supports laminaires
Divers critères ont été testés afin de cerner l’évolution techno-typologique de
l’assemblage. Certains ne permettent pas de rendre compte de changements dans la mise en œuvre
et la gestion de l’industrie lithique, mais leur constance permet tout de même de tirer certaines
conclusions ou comparaisons suprarégionales, ce qui justifie qu’on les évoque brièvement.
Dans d’autres gisements de la
région, on constate une
augmentation de la robustesse
des produits laminaires au
cours du temps. Les largeurs
moyennes des lames varient
par exemple entre 12 à 20 mm
(Perrin et al., 2011). A la
Baume de Ronze, c’est plutôt
par leur constance
dimensionnelle que les
lames se distinguent, la
largeur des produits tournant
autour de 12 mm (fig. 11).
Figure 11 : Boites à moustache de la distribution des largeurs des produits laminaires de plein débitage, selon les groupes définis par le nombre de restes (la moyenne est figurée par la croix rouge).
25
Modalités d’occupation de l’abri
Ensuite, il semblait intéressant de voir si l’on pouvait discriminer différents types
d’occupation à travers l’analyse du mobilier lithique, selon un protocole qui a fait ses preuves à la
grotte du Gardon (Perrin et al., 2002). Quatre critères sont pris en compte pour cette analyse :
- la proportion de pièces entières par rapport aux fragments de pièces débitées, qui est
révélatrice, entre autres, de l’importance du piétinement, donc de l’intensité de
l’occupation ;
- l’importance des pièces brûlées dans la série ;
- la quantité de débris et d’esquilles par rapport à l’ensemble de l’échantillon, qui permet là
encore de percevoir l’intensité du piétinement ;
- le taux d’esquilles par rapport au nombre total d’esquilles et de débris, qui permet de
pondérer le critère précédent : les esquilles étant considérées comme des témoins d’un
débitage in situ, tandis que les débris peuvent avoir une signification recoupant d’autres
champs d’action, tel que le piétinement.
Figure 12 : Diagramme représentant la proportion des divers critères pris en compte. La droite rouge figure la courbe de tendance linéaire et permet de lisser l’amplitude des variations dues à des problèmes d’échantillonnage. Les pointillés indiquent l’incertitude quant à la représentativité de la courbe linéaire, qui peut gommer certain pics de représentation.
0,00
0,20
0,40
0,60
0,80
1,00
c38
c42
c45
c48
c52
c55
c58
c64
c67
c70
c73
c77
c80
Proportion de produits entiers
0,00
0,20
0,40
0,60
0,80
1,00
c38
c42
c45
c48
c52
c55
c58
c64
c67
c70
c73
c77
c80
Proportion de pièces brûlées
0,00
0,20
0,40
0,60
0,80
1,00
c38
c42
c45
c48
c52
c55
c58
c64
c67
c70
c73
c77
c80
Proportion d'esquilles et de débris
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
c38
c42
c45
c48
c52
c55
c58
c64
c67
c70
c73
c77
c80
Proportion d'esquilles
26
L’objectif était de voir s’il existait des modalités d’occupations différentes entre les sols liés à la
cabane et les niveaux supérieurs. Cependant, les résultats n’ont pas permis de mettre en évidence
des différences, chaque critère pris en compte présentant un taux globalement stable au cours de la
séquence stratigraphique (fig. 12). Il demeure malgré tout possible que le taux de pièces brûlées
enregistre quelques pics d’abondance que le diagramme ne permet pas de distinguer des pics
parasites. Il conviendrait de vérifier par les données de la fouille à quoi correspond chaque pic. Il
serait encore intéressant de comparer ces données à celles de la grotte du Gardon, afin de préciser
si l’on se situe dans la fourchette des occupations temporaires, des habitats ou des grottes
bergeries.
GESTION DES MATIÈRES PREMIÈRES
L’analyse factorielle des correspondances (fig. 13), réalisée à partir du tableau de
répartition des matières premières par couches, montre que ce critère est pertinent pour tester
la validité des ensembles créés par l’examen du nombre de restes par couche, et en affiner la
résolution. Le premier axe factoriel (71,54 % d’inertie) oppose le silex blond indéterminé aux
autres matières premières (quartz, silex tertiaire et bédoulien), tandis que le second (23,26 %
d’inertie) oppose cette fois le quartz aux autres matériaux. Les silex tertiaires et bédouliens
constituent de fait l’essentiel des assemblages et ne permettent pas de distinguer les couches
entre elles, au contraire des silex blonds indéterminés et des quartz.
27
c38
c39
c40
c42
c43 c44 c45 c46 c47 c48 c49 c51
c52 c53
c54
c55
c56 c57
c58
c59 c62 c63 c64
c65
c66 c67 c69
c70
c71 c72 c73
c75
c76
c77 c78
c79 c80 c81
c82
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
-2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
F2 (
23
,26
%)
F1 (71,54 %)
c56
c57
c66
c58
c62
c69
c43
c44
c52
c53
c63
c64
c49
c45
c51
c47
c75
c46
c54
c67
c48
c59
c65
c70
c42
c55
c76
c73
c71
c72
c80
c81
c79
c78
c77
c82
c39
c38
c40
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Figure 13 : En haut : Plans factoriels 1-2 de l'analyse factorielle des correspondances réalisée à partir du tableau d’effectif des matières premières par couches, les ronds rouges figurent les variables (types de matières premières), les ronds bleus représentent les couches. En bas : dendrogramme de classification ascendante hiérarchique issu des coordonnées factorielles.
Présen
ce de q
uartz
Présen
ce de silex
blo
nd
Ind
.
Ab
sence
de m
atières m
arg
ina
les
Quartz
Blond Ind.
Tertiaire
Bédoulien
28
Le dendrogramme issu de la classification ascendante hiérarchique (fig. 13), réalisé à partir
des coordonnées factorielles, indique que l’on peut regrouper les couches en trois ensembles,
toujours à partir de la part des matériaux employés dans chaque couche :
- Les couches 82 à 71 qui présentent un plus fort taux de silex blond indéterminé dans
leur assemblage ;
- Les couches 70 à 42, pour lesquels la part du quartz et du silex blond indéterminé est
faible ;
- Les couches 40 à 38 qui présentent cette fois un taux de quartz plus important.
Ainsi, bien qui restant toujours minoritaires, l’emploi de certains matériaux permet de
distinguer des évolutions dans l’usage de certaines matières premières au sein de la séquence
du Néolithique ancien. Le silex blond indéterminé se retrouve essentiellement dans la partie
basse tandis que le quartz est lui plutôt présent dans le haut. L’exploitation des silex tertiaires
locaux et bédouliens exogènes reste constante signant là une permanence des réseaux
principaux faisant écho à la permanence des schémas opératoires.
ÉVOLUTION DES ARMATURES
La série a livré quarante pièces qui sont classiquement interprétées comme des armatures.
Sur l’ensemble du lot, dix pièces présentent des fractures perpendiculaires soit à l’axe supposé du
tir soit à l’angle formé par une troncature et la grande base. Ces fractures sont similaires à celle
observées expérimentalement sur des pièces qui ont servi de pointes de projectiles (Gassin, 1991).
D’autre part, certaines pièces présentent un émoussé sur une troncature à l’angle entre celle-ci et
une des bases (fig. 15, n° 4 et fig. 16, n° 7), et pour un spécimen l’émoussé est associé à des stries
transversales, liées à l’abrasion. A Dourgne, de telles traces ont été interprétées comme les
témoins d’une abrasion de la partie active des armatures dans le but de réduire les forces de
friction et assurer ainsi une meilleure pénétration (Vaughan, 1993). On note encore des résidus sur
l’un des angles d’une pièce, qui peut être interprété comme étant des restes de colle (S. Philibert,
com. pers). Ces indices, même si leur observation mérite d’être affinée, autorisent donc à
considérer ces pièces comme des armatures de projectile, d’un point de vue fonctionnel, et plus
seulement typologique.
29
Figure 14 : Dessin et photographie de l’armature présentant des résidus de colle.
Typologie
La représentation des différents types d’armatures par couche (tableau 3) met d’abord en
évidence une césure au niveau des couches 40 et 39. Elles n’ont, en effet, livré que des pièces à
troncatures bifaciales rasantes, réalisées sur éclats du type PB 31 de Thomas Perrin (Perrin, 2001)
ressemblant fortement aux armatures typiques du chasséen ancien (Léa et al., 2009). En revanche,
les ensembles inférieurs, n° 1 à 4, présentent tous une même composante de bitroncatures
géométriques issues de supports laminaires et dont la troncature est façonnée par retouches
inverses et qui présentent souvent des retouches rasantes sur leur face supérieure (BG 32 et 34
selon les codes typologiques de Thomas Perrin et Didier Binder). Ces mêmes ensembles
comportent également des pièces dont la troncature est réalisée par retouches directes abruptes de
type BG2. Parmi ce dernier type de pièces, il est possible de pister une tendance évolutive entre
les niveaux inférieurs qui ont livré des armatures asymétriques donc avec des troncatures
d’obliquité différente et les niveaux supérieurs qui ont fourni des pièces plus symétriques (la
faiblesse numérique de l’échantillon ne permet toutefois pas de conclure définitivement).
Enfin, la partie médiane de la séquence a livré quatre pièces qui n’appartiennent à aucune
catégorie typologique définies par Didier Binder, et que j’ai choisi de classer sous le code BG4
« autres bitroncatures géométriques ». Il s’agit de pièces dont une troncature est façonnée par
retouches bifaciales et l’autre par des retouches directes (sous-type 41) ou inverses (sous-type 42)
(fig. 17, n° 1 à 4).
30
BG 21 BG 22 BG 32 BG33 BG34 BG 41 BG42 PB 31
c 39 1
c 40 1
c 49 2
c 52 1
c 55 1 1
c 56 1 1
c 57 1
c 58 1
A 82 1 1
c 64 1
A 83 2 1 2
c 65 3 2 1
c 66 1
c 73 1 1
A 124 1
c 76 1
c 78 1
c 79 1
c 81 1 1
c 82 1 Tableau 3 : Distribution des types d'armatures en fonction des couches archéologiques.
Ainsi, l’analyse typologique des pointes de projectile permet de mettre en lumière une nette
dichotomie entre les couches 39-40 (fig. 17, n° 6 et 7) et les niveaux sous-jacents (fig. 15, 16 et 17
n° 1 à 4) qui présentent une double composante : à la fois un groupe de pièces à troncatures
inverses et retouches rasantes de la face supérieure, assimilable à des flèches de Montclus et
typique du Néolithique ancien et un groupe plus marginal de bitroncatures réalisées par des
retouches directes.
31
Figure 15 : Bitroncatures géométriques à troncatures directes (type BG2.), n° 1-3 : bitroncatures asymétriques (BG 21), n° 4-12 : bitroncatures symétriques (BG 22), n° 11 : fragment indéterminé.
32
Figure 16 : Bitroncatures géométriques à troncatures inverses (type BG3), n° 1-9 : à troncatures inverses et retouches directes
rasantes (BG 32), n° 10-11 : à troncatures alternes (BG 33), n° 12-14 : à troncatures alternes et retouches rasantes (BG 34).
33
Figure 17 : n° 1-4 : Armatures à une troncature directe ou inverse et une troncature bifaciale (type BG4.), n° 5-7 : armatures à retouches bifaciales (type PB31).
34
Dimensions des bitroncatures
La seule étude typologique des armatures ne permet pas cerner une évolution des
modalités de façonnage de ces outils au cours du temps. Alors que l’étude des caractères
morphométriques des armatures a montré sa pertinence pour pister une évolution des standards de
pointes de projectiles, là où la typologie classique n’était que de faible secours. Il s’agit par
exemple de l’analyse des triangles
sauveterriens de Fontfaurès-en-Quercy
(Valdeyron, 1991), de celle des
bitroncatures à retouches directes
abruptes et à piquant trièdre de l’abri
Gaban (Perrin, 2005).
Pour cette étude, trois critères
dimensionnels ont été pris en compte :
les longueurs des petites et grandes
bases des armatures, ainsi que leur
largeur. Seules les bitroncatures
géométriques à retouches abruptes (BG)
ont été considérées ici, ce qui implique
de rejeter les armatures des couches 39
et 40 qui correspondent à une autre
classe typologique. Par ailleurs, la
représentation des armatures par
couches est insuffisante, c’est pourquoi
j’ai choisi de réutiliser ici les ensembles
définis par le nombre de restes (voir
supra), mais là encore l’échantillon
demeure trop faible numériquement et
ne permet pas de conclure de manière
définitive. Il indique simplement des
tendances dans l’évolution
dimensionnelle des pointes de
projectiles. Les critères qui observent le
plus fort taux de variation sont les
longueurs des bases, essentiellement Figure 18 : Boites à moustache de dimension des armatures. En haut : dimension de la grande base, au milieu : petite base, en bas : largeur.
35
de la plus petite. Mais ce qui frappe surtout, c’est la césure observée entre les ensembles A-B et
C-D. Le bas de l’ensemble stratigraphique a donc livré des armatures de plus petites dimensions,
tandis que la partie médiane fournit des bitroncatures plus grandes, et ce quel que soit le critère
pris en compte (fig. 18). Cela nous conduirait, en outre, à ne considérer que trois ensembles : A-B
d’une part, C-D d’autre part et E.
SÉLECTION DES SUPPORTS
Comme cela a déjà été dit, la taille des produits laminaires n’augmente pas au cours du
temps. Dès lors, le seul facteur explicatif de l’accroissement dimensionnel des armatures réside
dans un choix qui s’oriente de plus en plus vers des lames parmi les plus larges et épaisses de la
production. C’est bien ce qui semble se dessiner lorsqu’on observe la répartition des largeurs et
épaisseurs des produits retouchés par rapport aux produits bruts (fig. 19) : les produits retouchés
des ensembles A et B présentent des dimensions similaires à celles des produits bruts, il n’y a
donc pas de sélection des supports, alors que les supports des outils des ensembles C et D sont
sélectionnés parmi les produits laminaires les plus larges. La faiblesse numérique de l’ensemble 5
(qui a livré seulement 2 outils sur lame) empêche qu’on le prenne en compte pour cette analyse.
Figure 19 : Dispersion de l'épaisseur (en ordonnée) et de la largeur (en abscisse) des produits bruts (carrés rouges) et des produits retouchés (losanges bleus). L’unité de mesure est en mm.
0
2
4
6
8
0 5 10 15 20 25
Ensemble A
0
2
4
6
8
0 5 10 15 20 25
Ensemble B
0
2
4
6
8
0 5 10 15 20 25
Ensemble C
0
2
4
6
8
0 5 10 15 20 25
Ensemble D
36
Avec ce critère, on observe comme pour l’analyse dimensionnelle des armatures une rupture entre
les ensembles A-B et C-D.
UNE ÉVOLUTION DANS LA GESTION DU SILEX BÉDOULIEN ?
En regard de ce qui se passe à la Baume d’Oullins, où les avis sont partagés quant à la
tenue sur place du débitage de silex bédoulien dans les niveaux cardiaux (voir supra), il me
semble intéressant de voir ce qu’il en est à la Baume de Ronze. Le corpus de pièces en silex
bédoulien est insuffisant pour proposer une étude statistique. Par ailleurs, j’ai choisi de rassembler
les échantillons des ensembles A-B et C-D, afin de proposer un échantillon plus conséquent pour
la comparaison. Ce choix se justifie d’autant plus que la césure semble se situer entre les
ensembles B et C, quels que soient les critères pris en compte.
Ens A et B Ens C et D Ens E
Débris - - -
Esquilles - - -
Nucléus - - -
Éléments de mise en forme 1 - -
Eclats non corticaux 2 2 5
Lames 11 18 3 Tableau 4 : Décompte des éléments caractéristiques des phases du débitage, pour le silex bédoulien (les pièces typiques du
Néolithique moyen de la couche 56 n’ont pas été prises en compte ici).
Ainsi, seul un éclat qui présente peut-être un flan cortical peut être interprété comme un élément
de mise en forme, alors qu’on retrouve seulement des produits de première intention dans les
niveaux supérieurs (tableau 4). Malgré tout, cet indice ne constitue pas un argument suffisant pour
conclure à un débitage du silex bédoulien in situ. Il convient toutefois de rappeler que l’intégralité
du mobilier lithique n’a pas été étudiée et que d’autres témoignages des phases de mises en forme
des nucléus bédouliens peuvent peut être se retrouver dans la zone 2, ou dans une partie du site
qui n’a pas été fouillé. Néanmoins, ces résultats, qui restent à étayer, suggèrent que le silex
bédoulien à été apporté sur le site sous la forme de produits de plein débitage et ce quels que
soient les niveaux considérés, et donc vont plutôt dans le sens de l’hypothèse de Didier Binder
(Binder, 1998)
SYNTHÈSE
Pour résumer, cinq principaux critères permettent de proposer une sériation du corpus
(tableau 5). L’analyse de la dimension des armatures et celle de la sélection ou non de
supports laminaires dans la confection de l’outillage retouché repose toutefois sur la partition
établie à partir du nombre de restes par couches.
37
Nombre de
restes par
couche
Gestion des
Matières
Premières
Typologie
Armatures
Dimension
Armatures
Sélections des
supports
Proposition de
sériation
lithique
C 47-38 :
Ens. E
C40-38 :
Ensemble à
quartz
C40-39 :
Pièces
bifaciales Pas de données
Pas de données.
Ens. 3 :
C 40 à 38
C 70-43 :
Ensemble
sans matières
premières
marginales
C 82-49 :
Bitroncatures
géométriques
?
C 59-48 :
Ens. D
Ens. C-D :
Grandes
bitroncatures
géométriques
Ens. C-D :
Sélection des
supports
laminaires de
grande
dimension pour
le façonnage des
outils
Ens.2 :
C66 à 48
b
C 66 -60 :
Ens. C a
C 76-69 :
Ens. B Ens. A-B :
Petites
bitroncatures
géométriques
Ens. A-B :
Absence de
sélection des
supports
laminaires pour
le façonnage des
outils
Ens.1 :
C82 à 69
b
C82-77 :
Ens. A a C82-71 :
Ensemble à
Silex blond
Ind.
Tableau 5 : Corrélation des découpages établis en fonction des différents critères évolutifs et proposition d’ensembles lithiques.
Ainsi, il semble que la série lithique du Néolithique ancien de la Baume de Ronze présente trois
ensembles distincts, qui correspondent à autant de phases évolutives. La phase 1 correspond aux
couches 82 à 69, elle regroupe les ensembles A et B définis par le nombre de restes par couche,
elle a livré des petites bitroncatures géométriques et les outils qui la composent sont façonnés sans
qu’une sélection dimensionnelle des supports laminaires ne soit observé. Au sein de cet ensemble,
il est possible d’envisager une subdivision sur la base du nombre de restes par couches qui
38
présentent une césure au niveau des couches 77 et 76, d’autant que le bas de la séquence mobilise
le silex blond indéterminé, contrairement aux niveaux supérieurs.
La phase 2 se distingue de la précedente par des armatures de plus grandes dimensions, par des
outils réalisés sur des supports laminaires parmi les plus larges de la production et elle ne fait cette
fois plus du tout appel au silex blond indéterminé. Il est là encore possible de subdiviser cet
ensemble sur la base du nombre de restes qui est presque nul au niveau des couches 60 et 59,
césure qui correspond, en outre, au positionnement d’une rupture sédimentaire.
Enfin, la phase 3 se caractérise par l’emploi du quartz et par une rupture typologique avec les
ensembles sous-jacents. Toutefois, les critères mobilisés pour la distinction de cet ensemble et
relevant strictement de l’industrie lithique (et non plus du nombre de restes par couche) sont
présents uniquement à partir de la couche 40. Le statut des couches 47 à 41 demeure donc
incertain : ces niveaux n’ayant pas livré d’éléments diagnostiques, ils ne peuvent pas être
rattachés à ensemble.
39
CONCLUSION
L’étude des industries de pierre taillée du Néolithique ancien de la Baume de Ronze a
permis sans surprise de restituer des schémas opératoires constants sur l’ensemble de la séquence
stratigraphique du Néolithique ancien. Elles présentent des similarités avec les industries
contemporaines du Languedoc oriental et de la Provence. La pérennité des chaînes opératoires
observée sur l’ensemble de la séquence semble confirmer l’impression de stabilité technique des
industries lithiques au cours du Néolithique ancien (Manen et al., 2010).
La sériation des productions lithiques met en évidence au moins trois phases évolutives. Des
attributions chronoculturelles avaient déjà été proposées à partir des données céramiques et en
comparaisons avec d’autres séries du groupe Cèze-Ardèche, mais celles-ci demeurent
hypothétiques pour trois raisons (Beeching, 2002, p.62-63) :
- Une forte variabilité des caractères typo-technologiques des productions céramiques ;
- une fiabilité irrégulière des séries mobilisées ;
- une déficience de datations absolues.
Les données lithiques permettent dans une certaine mesure de les affiner (fig. 20). Les productions
lithiques de l’ensemble 1 confirment sans trop de problème l’attribution au Cardial ancien,
semblables à celles décrites par exemple pour la couche 6 d’Oullins. Les schémas opératoires qui
se divisent en fonction des matières premières mobilisées sont similaires à ceux décrits dans les
assemblages de la couche 6 d’Oullins et des niveaux 45 à 47 de Fontbrégoua (Binder, 1987 et
1998). Les armatures semblent se situer dans la fourchette typologique et dimensionnelle de celles
de la grotte de l’Aigle, même si ces observations reposent uniquement sur la comparaison avec les
dessins publiés (Roudil et Soulier, 1979). Enfin, les datations obtenues dans le bas de la séquence
stratigraphique aux alentours de 5 400 cal B.C. sont également cohérentes avec une attribution au
début de la séquence du Néolithique ancien (Manen et Sabatier, 2003 ; Manen et Guilaine 2010).
En revanche, l’attribution de l’ensemble 2 demeure problématique, et, comme pour la céramique
il est plus difficile de l’interpréter. S’agit-il de la phase 2 du groupe Cèze-Ardèche ou est-ce de
l’Épicardial ? Force est de constater que les différences entre phase 1 et 2 sont ténues, et bien que
l’on constate une tendance à l’accroissement des armatures, ces dernières restent de petites
dimensions comparées à celles que l’on peut trouver dans l’Épicardial du Languedoc oriental
(Perrin et Remicourt, 2005). De plus, la totalité des séries lithiques épicardiales du sud du couloir
40
rhodanien présentent une part importante de leur industrie réalisée en quartz. C’est le cas, au Taï
(ibid), au Mas de Vignoles (Perrin et al., 2011), à la Baume d’Oullins (Bevilacqua, 2005) alors
que cette matière est totalement absente à la Baume de Ronze. Ces quelques éléments tendent
plutôt à rejeter une attribution de l’ensemble 2 à l’Épicardial, et conduisent alors à l’identification
de cet ensemble à une seconde phase du Cardial. Il conviendrait malgré tout de vérifier s’il existe
ou non une continuité d’occupation entre les ensembles 1 et 2 par des datations radiocarbone.
Enfin, l’ensemble 3 se distingue nettement des ensembles sous-jacents. Parmi les rares pièces
caractéristiques qu’il a livrées, on retrouve uniquement des armatures façonnées par retouches
bifaciales sur des éclats, issues de procédés techniques nettement différents de ceux conduisant au
façonnage des bitroncatures géométriques sur lames caractéristiques du Néolithique ancien. Ces
pièces sont classiquement interprétées comme des fossiles directeurs du Chasséen ancien et
conduiraient alors à rattacher cet ensemble au Néolithique moyen si l’on ne tenait compte que de
la seule industrie lithique. Mais, l’ensemble céramique qui lui est associé fait appel à des décors à
la coquille de Cardium et reste ancré dans l’univers typo-technologique du Néolithique ancien
(Beeching, 2002). Il convient toutefois de noter que B. Baron décrit dans cet ensemble un « vase à
très probable embouchure carrée » et des pièces dont la cuisson serait conduite en atmosphère
réductrice (Baron, 2000 p. 86), que l’on retrouve plutôt au Néolithique moyen. Il est donc légitime
de voir dans cet ensemble le témoin d’une phase de transition entre le Néolithique ancien et
moyen, qu’il faudrait pister par l’étude d’autres sous-systèmes techniques.
À l’issue de ce travail, certaines questions demeurent en suspens. Il serait possible d’esquisser des
réponses par la multiplication des études lithiques de gisements stratifiés de la région ou dont
l’attribution chronoculturelle est fiable. Mais, il faudrait également systématiser et affiner la
confrontation des données des différents sous-systèmes techniques, en regard des datations
absolues afin de vérifier si les découpages observés sont synchrones ou non. Ainsi, il me semble
que ce travail démontre une fois de plus la pertinence d’intégrer les données lithiques, au même
titre que celles des autres domaines de la production pour établir une sériation des séquences
d’occupations au Néolithique, et d’en proposer des interprétations en termes d’organisation
sociale des différentes sociétés préhistoriques.
42
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47
TABLE DES FIGURES
Figure 21 : Vue de l'intérieur de l'abri…………………………………………………………… p. 6
Figure 22 : Coupe schématique de l'Aven, in Beeching 1989…………………………………… p. 7
Figure 23 : Datations radiocarbones du Néolithique ancien de la Baume de Ronze………..….... p. 7
Figure 24 : Carte de répartition des sites du Néolithique ancien méridional.....……….………... p. 9
Figure 25 : Carte des gîtes de matières premières utilisées à la Baume de Ronze…………...… p. 14
Figure 26 : Représentation des pièces technologiques par types de matières premières……....... p. 15
Figure 27 : Effectif des types de percussion des produits laminaires de plein débitage………... p. 16
Figure 28 : Proportion du type de support laminaire en fonction de la matière première
employée………………………………………………………………………………………… p. 17
Figure 29 : Proposition de restitution du schéma opératoire des industries du Néolithique ancien de la
Baume de Ronze………………………………………………………………………………….. p. 21
Figure 30 : Histogramme du nombre de restes par couche……………………………………… p. 23
Figure 31 : Boites à moustache de la distribution des largeurs des produits laminaires de plein
débitage…………………………………………………………………………………………… p.24
Figure 32 : Diagramme représentant la proportion des divers critères pris en compte…..……… p. 25
Figure 33 : Plans factoriels et dendrogramme de classification ascendante hiérarchique issu de
l’analyse factorielle des représentations de matières premières par couche……………………… p. 27
Figure 34 : Dessin et photographie de l’armature présentant des résidus de colle……….……… p 29
Figure 35 : Bitroncatures géométriques à troncatures directes (type BG2.)……………………... p. 31
Figure 36 : Bitroncatures géométriques à troncatures inverses (type BG3.)…………………….. p. 32
Figure 37 : Armatures à retouches bifaciales (types BG4. Et PB31)……………………………. p. 33
Figure 38 : Boites à moustache de dimension des armatures……………………………………. p. 34
Figure 39 : Dispersion de l'épaisseur et de la largeur des produits bruts et des produits retouchés p. 35
Figure 40 : Corrélation des données sédimentaires, céramiques et lithiques……………………. p. 41
48
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 6 : Effectif et proportion d'outils par matières premières………………………………. p. 19
Tableau 7 : Distribution des groupes typologiques selon la catégorie de produits……………… p. 19
Tableau 8 : Distribution des types d'armatures en fonction des couches archéologiques………... p.30
Tableau 9 : Décompte des éléments caractéristiques des phases du débitage, pour le silex bédoulien
…………………………………………………………………………………………………….. p.36
Tableau 10 : Corrélation des découpages établis en fonction des différents critères évolutifs… p. 37
TABLEAUX DE DÉCOMPTES
TOTAL
SERIE Bédoulien Blond Ind. Silex locaux Quartz Indéterminé/Brûlés Total
Blocs 1 2 12 3 4 22
Esquilles 2 137 917 11 459 1526
Débris 1 217 1022 78 943 2261
Total 1 4 356 1951 92 1406 3809
Eclats 20 45 603 12 97 777
Lame(lle)s
A1 0 1 23 0 3 27
A2 0 2 0 0 0 2
B1 16 14 60 0 11 101
B2 13 7 36 0 13 69
C1 11 9 5 0 11 36
C2 4 2 3 0 3 12
D 10 11 44 2 8 75
Total laminaire 54 46 171 2 49 322
Nucléus 1 1 15 0 1 18
Total 2 75 92 789 14 147 1117
Total général 79 448 2740 106 1553 4926
ENS 1 Bédoulien Blond Ind. Silex locaux Quartz Indeterminé/Brûlés Total
Blocs 0 1 2 0 0 3
Esquilles 0 98 59 0 75 232
Débris 0 184 74 0 160 418
Total 1 0 283 135 0 235 653
Eclats 3 27 78 0 11 119
Lame(lle)s
A1 0 0 1 0 2 3
A2 0 2 0 0 0 2
B1 2 4 5 0 1 12
B2 1 3 2 0 1 7
C1 5 2 0 0 0 7
C2 1 1 1 0 0 3
D 2 4 7 0 4 17
Total laminaire 11 16 16 0 8 51
Nucléus 0 0 1 0 0 1
Total 2 14 43 95 0 19 171
Total général 14 326 230 0 254 824
ENS 2 Bédoulien Blond Ind. Silex locaux Quartz Indéterminé/Brûlés Total
Blocs 1 0 11 1 2 15
Esquilles 0 22 380 5 101 508
Débris 0 21 463 2 300 786
Total 1 1 4 854 8 403 1270
Eclats 3 11 275 1 42 332
Lame(lle)s
A1 0 1 11 0 1 13
A2 0 0 0 0 0 0
B1 4 9 23 0 6 42
B2 6 4 20 0 3 33
C1 4 2 2 0 9 17
C2 1 1 2 0 1 5
D 7 4 21 2 3 37
Total laminaire 22 21 79 2 23 147
Nucléus 1 0 6 0 0 7
Total 2 26 32 360 3 65 486
Total général 27 36 1214 11 468 1756
ENS 3 Bédoulien Blond Ind. Silex locaux Quartz Indéterminé/Brûlés Total
Blocs 0 0 1 2 0 3
Esquilles 0 2 348 6 212 568
Débris 0 0 356 68 324 748
Total 1 0 2 705 76 536 1319
Eclats 5 1 157 10 16 189
Lame(lle)s
A1 0 0 8 0 0 8
A2 0 0 0 0 0 0
B1 2 0 20 0 2 24
B2 1 0 8 0 6 15
C1 0 1 0 0 0 1
C2 0 0 0 0 0 0
D 0 0 10 0 1 11
Total laminaire 3 1 46 0 9 59
Nucléus 0 0 4 0 0 4
Total 2 8 2 207 10 25 252
Total général 8 4 912 86 561 1571
Planche 1 : Supports et outillages de l'ensemble 1. n° 5, 7, 8 : lames à enlèvements irréguliers (IR22), n° 9 : Perçoir à bord abattus alternes (BA34E), n° 8 : Néocrête. Matières premières : n° 1 : silex bédoulien gris, n° 1, 2, 3, 5 : silex bédoulien blond, n° 4, 6, 8, 9 : silex blond
Indéterminé.
Planche 2: Produits laminaires de l'ensemble 2. Matières premières : n° 1, 2, 3, 7 : silex bédoulien blond, n° 4, 5, 6, 8 : silex tertiaire.
Planche 3 : produits laminaires de l’ensemble 2, n° 1 : lame à enlèvements latéraux irréguliers (IR22), n° 2 : grattoir sur lame et enlèvements latéraux irréguliers (GR22 et IR22). Matières premières : n° 1, 2, 5 : silex bédoulien blond, n° 3 et 4 : silex tertiaire, n° 6 et 7 : silex blond indéterminé.
Planche 4 : Outillage divers, ensemble 2. n° 1, 2 : lames à enlèvements latéraux irréguliers (IR22), n°3, 7 : pièces à 2 bords abattus (BA3), n° 4, 5 : éclats tronqués (TR11 et TR12), n° 6 : racloir (RA11). Matière première : silex tertiaire.