contribution à l'étude des tapisseries d'époque song

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Contribution àl'étude des tapisseries d'époque Song Author(s): Jean-Pierre Dubosc Source: Artibus Asiae, Vol. 11, No. 1/2 (1948), pp. 73-89 Published by: Artibus Asiae Publishers Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3248124 . Accessed: 17/06/2014 01:35 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Artibus Asiae Publishers is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Artibus Asiae. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.209 on Tue, 17 Jun 2014 01:35:25 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Page 1: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

Contribution àl'étude des tapisseries d'époque SongAuthor(s): Jean-Pierre DuboscSource: Artibus Asiae, Vol. 11, No. 1/2 (1948), pp. 73-89Published by: Artibus Asiae PublishersStable URL: http://www.jstor.org/stable/3248124 .

Accessed: 17/06/2014 01:35

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Page 2: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

ed with membranes. This peculiar quality lends the eyes a strange expression. It reminds

of a bird of prey, enhancing thus the demoniac character of the fancy born being. A unique

idea, worthy of a unique master!

Although expressive and fanciful, this most interesting small bronze head is no mere

carricature. It is the result of a deep and careful study. Every detail of it is well pond-

ered, free of mannerism. It contains few but massive forms, everyone of which having its full significance. A noble and intelligent countenance is expressed by this head, con-

trasting to late archaisms, inspired apparently also by Wu Tao-tziu's originals, like the

manneristicly conceived Atlantean demons on the sockle of the XVIII. century marble

pagoda on the Jade Fountain.

Summing up: in this case we have to do with and undisputable invention of the greatest of all painters of the Far East, transposed by one of his contemporaries to a decorative

piece of modest destination. It helps us to risk a step on the track of the divine master.

JEAN-PIERRE DUBOSC:

CONTRIBUTION A L'ETUDE DES TAPISSERIES

D'EPOQUE SONG

DANS L'ETAT ACTUEL DE LA DOCUMENTATION, UNE ETUDE APPROFONDIE DES

k'o-sseu ou (tapisseries)) chinoises est une entreprise malaisee, lorsqu'il s'agit surtout d'attri-

buer une date aux specimen existants.

Divers points de repere sont cependant acquis: c'est ainsi que les travaux deja publies par M. S. Cammannl permettent de fixer avec precision la date de certains textiles de la fin des

Ming et du debut des Ts'ing, parmi lesquels figurent precisement des (ctapisseries). Dans les Notes qui font suite a la presente etude, M. Cammann, en analysant les sources

1 Schuyler Van R. Cammann, Notes on the Development of Mandarin Squares-Some newly discovered Ming textiles, in "The Bulletin of the Needle and Bobbin Club", vol. 261 , I942. Voir egalement un autre

article publie par le meme auteur dans le Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 8/2, 1944.

ed with membranes. This peculiar quality lends the eyes a strange expression. It reminds

of a bird of prey, enhancing thus the demoniac character of the fancy born being. A unique

idea, worthy of a unique master!

Although expressive and fanciful, this most interesting small bronze head is no mere

carricature. It is the result of a deep and careful study. Every detail of it is well pond-

ered, free of mannerism. It contains few but massive forms, everyone of which having its full significance. A noble and intelligent countenance is expressed by this head, con-

trasting to late archaisms, inspired apparently also by Wu Tao-tziu's originals, like the

manneristicly conceived Atlantean demons on the sockle of the XVIII. century marble

pagoda on the Jade Fountain.

Summing up: in this case we have to do with and undisputable invention of the greatest of all painters of the Far East, transposed by one of his contemporaries to a decorative

piece of modest destination. It helps us to risk a step on the track of the divine master.

JEAN-PIERRE DUBOSC:

CONTRIBUTION A L'ETUDE DES TAPISSERIES

D'EPOQUE SONG

DANS L'ETAT ACTUEL DE LA DOCUMENTATION, UNE ETUDE APPROFONDIE DES

k'o-sseu ou (tapisseries)) chinoises est une entreprise malaisee, lorsqu'il s'agit surtout d'attri-

buer une date aux specimen existants.

Divers points de repere sont cependant acquis: c'est ainsi que les travaux deja publies par M. S. Cammannl permettent de fixer avec precision la date de certains textiles de la fin des

Ming et du debut des Ts'ing, parmi lesquels figurent precisement des (ctapisseries). Dans les Notes qui font suite a la presente etude, M. Cammann, en analysant les sources

1 Schuyler Van R. Cammann, Notes on the Development of Mandarin Squares-Some newly discovered Ming textiles, in "The Bulletin of the Needle and Bobbin Club", vol. 261 , I942. Voir egalement un autre

article publie par le meme auteur dans le Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 8/2, 1944.

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itteraires et les donnees linguistiques et archeologiques relatives a la question, projette sur

l'origine de l'art de la tapisserie en Chine une lumiere entierement neuve. La conclusion

qui semble bien s'imposer, c'est que la technique, nouvelle pour les Chinois, qui leur a per- mis de developper ulterieurement avec un raffinement extreme l'art de tisser en soie des

c gobelins)), n'a ete introduite en Chine et utilisee par les Chinois eux-memes que vers le

debut du XI? siecle, c'est-a-dire au commencement de la dynastie des Song. Les specimen

provenant d'Asie Centrale seraient donc, non pas des k'o-sseu chinois de l'epoque T'ang comme on l'admettait jusqu'ici mais des tapisseries dont la fabrication doit, a bon droit, etre

attribuee a des artisans ouigours, et qui trahissent d'ailleurs une influence occidentale plutot

que chinoise.

La question des origines se trouvant ainsi elucidee, il reste a dresser un inventaire des spe- cimen de k'o-sseu qui se trouvent aussi bien dans les collections chinoises que dans les mu-

sees et collections etrangeres et de s'efforcer, avec toute la rigueur possible, de les classer

chronologiquement, a partir de la dynastie des Song. On n'y parviendra pas sans une cooperation effective de tous ceux qui s'interessent a ]a

question; il faut souhaiter, en particulier, que les collections de peintures et de calligraphies du Musee du Palais puissent bient6t reprendre leur place a Pekin; une mine extremement

riche sera alors de nouveau ouverte: on y decouvrira en effet un grand nombre de kko-sseu anciens qui furent utilises pour recouvrir exterieurement des rouleaux de peintures et de

calligraphies et il ne sera possible d'entreprendre une etude d'ensemble que lorsque ces

collections redeviendront accessibles.

En attendant, il est souhaitable de chercher a poser encore quelques jalons en tentant d'a-

morcer une etude typologique de groupes de textiles determines. C'est le but de la presente recherche.

Nous nous proposons, en effet, d'examiner ici un groupe bien distinct forme de plusieurs

pieces de k'o-sseu qui presentent entre elles de grandes similarites, lesquelles font ressortir

des caracteristiques particulieres. II sera ensuite permis d'en tirer quelques conjectures quant

a la date qu'il convient d'attribuer a ces documents.

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Page 4: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

Le plus important parmi ces specimen a ete publie dans le Tsouan tsouying houa,2 catalogue illustre d'une collection de tapisseries et de broderies chinoises qui a d'abord appartenu a

un collectionneur tres erudit, M. Tchou Ki-k'ien, avant d'aller enrichir, pour un temps seu-

lement, le musee de Moukden.3

II s'agit d'une longue bande verticale (P1. A) representant un motif de fleurs et d'oiseaux

qui se re'pete. La composition est centree et les oiseaux s'affrontent par paires a l'exception de ceux qui occupent le milieu du motif. II est a noter que ce panneau de k'o-sseu se pre- sente apparemment dans toute la largeur du metier sur lequel il a ete tisse. Remarquons

egalement que tous les oiseaux, sauf celui qui est caracterise par un bec de perroquet et

dont le vol est dirige vers le bas, tiennent dans leur bec une tige qui se termine par une

forme trilobee dans laquelle on peut identifier le "champignon de la longevite " (Cf. detail,

PI. B).

M.Jiro Harada, dans le texte anglais etabli par lui qui accompagne les planches, donne une

description de ce k'o-sseu qui appelle les remarques suivantes:

a) M. Harada se contente d'affirmer, en premier lieu, que cette tapisserie doit etre la

reproduction d'un brocart et que le motif represente semble avoir ete assez repandu parmi les brocarts et les broderies d'epoque plus ancienne. II ajoute assez gratuitement que si

l'origine des tapisseries remonte effectivement a l'epoque des T'ang, nous pouvons suppo- ser que les plus anciennes couvertures de makemonos etaient soit en brocart soit en tapis- serie et comportaient un motif semblable. En admettant que ces suppositions soient fon-

dees, conclut M. Harada, "then the pattern on the present tapestry may be said to be one

of the oldest types to be found in the Tsuan tsu ying hua."

M. Cammann fait justice des arguments invoques par M. Harada et qui ont malheureusement

ete repris en Occident par plusieurs auteurs' pour tenter d'etablir que les Chinois connais-

2 Tsuan tsu ying hua, [Tapestries and Embroideries of the Sung, Yuan, Ming and Ch'ing Dynasties treasured by the Manchukuo National Museum; ..... The Zauho Press, Hongo, Tokyo, Japan, I935], P1. XV et XVI. 3 L'ensemble des pieces reproduites dans le Tsouan tsouying houa se trouve maintenant au Musee du

Palais a Pekin. 4 Cf. les Notes redigees par M. Cammann qui font suite a cette etude (footnote 13).

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Page 5: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

PI. A. Ancien Coll. Tchou Ki-k'ien. i32, 4 x 5 , 8cm

saient, des la dynastie des T'ang, I'art

de tisser des tapisseries de soie.

Retenons neanmoins l'opposition que M. Harada fait ressortir entre l'exem-

plaire unique a motif de ((fleurs et oi-

seaux ) qui figure dans le Tsouan tsou

ying houa et les autres specimen inspi- res par des motifs empruntes a l'art

pictural qui sont reproduits dans le

meme ouvrage. A 1'encontre de ceux-

ci, qui avaient une fin purement arti-

stique et qui etaient destines a etre

montes en feuilles d'album ou en kake-

mono, le morceau de tapisserie qui re-

tient notre attention semble bien avoir

ete execute dans un but different; la

repetition du motif implique qu'une telle bande de k'o-sseu n'avait pas, en

soi, d'unite propre et l'on conSoit

qu'elle ait pu etre employee fragmen- tairement: en fait, en songe immedi-

atement a l'usage, atteste par les textes, de tapisseries de soie pour en revetir, comme d'une parure et aussi comme

couverture protectrice, les joyaux les

plus precieux dus au pinceau des maltres

de la peinture et de la calligraphie. C'est ainsi que les autres specimen que nous examinerons successivement dans

la presente etude, et qui s'apparentent

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P1. B (Detail) bien nettement a 1'exemplaire de l'ancienne collection de Moukden, ont tous servi de

couverture a des makemonos.

b) M. Harada indique que la trame du k'o-sseu en question est en chanvre et non pas en soie.

Bien que l'on puisse s'attendre a rencontrer des k'o-sseu a trame de chanvre des l'epoque la plus ancienne,5 un doute subsiste a l'egard du specimen decrit par M. Harada: un simple examen microscopique ne permet pas, en effet, de discerner la nature de la fibre. Celle-ci doit etre soumise au prealable 'a une preparation speciale et a plusieurs series d'analyses qui reclament une expertise particuliere. 5 Cf. Cammann, article cit., footnote I6.

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Nous avons hesite sur la nature de la trame de deux specimen semblables (P1. D et E) qui s'est revelee &tre en soie, bien qu'a premiere vue on ait pu croire qu'il s'agissait d'une fibre

vegetale.6 La confusion est peut-etre explicable par le fait que la soie employee pour tisser

des k'o-sseu a l'epoque Song etait, semble t-il, de la soie naturelle dont la fibre, plus lisse que celle de la soie d'eja traitee, est assez semblable, en apparence, aux fibres vegetales telles que le chanvre.7

c) M. Harada souligne d'autre part le fait que la finesse du k'o-sseu a motif de ((fleurs

et oiseaux)) est moins grande que celle des tapisseries Song dont le sujet est purement pictu- ral. 1 en donne pour exemple une feuille d'album representant une feuille de pivoine (Cf. Tsouan tsou ying houa P1. i) qui ne contient pas moins de 380 fils pour la cha'ne et 11 o fils

pour la trame par ((sun)) (i ( sun)) = env. 3 cm2); le specimen a motif de (fleurs et oiseaux))

en contient I45 et 70 respectivement; tandis que les tapisseries d'Arras et de Bruges ont com-

munement 20 fils de trame et de 56 'a 96 fils de chaine.

d) A propos de la gamme de coloris, M. Harada mentionne les couleurs suivantes:

blanc, bleu, vert, rouge, (passe de couleur et ayant pris un ton jaune) et enfin une couleur

violette qui est celle du fond et qu'il croit pouvoir identifier en disant: (ccthe purple ground of this tapestry was obtained by the use of sapan dyes with ferric alum mordant. It appears as if the colour had been stabilised by means of ashes)).

C'est par un procede de rationalisation difficile 'a justifier que M. Harada en arrive a formu-

ler cette affirmation. Rien ne lui a permis, en effet, de reconnaitre dans la couleur violette

une teinture derivee du bois de Casalpinia sappan (L.) La encore une methode d'examen

s'impose et seuls les procedes d'analyse spectographique pourraient nous renseigner sur la

nature des teintures employees; encore faudrait-il que cette analyse puisse se referer a des

specimen de teintures vegetales bien determines. Le fait est que ]es laboratoires industriels

les mieux equipes aux Etats-Unis ne possedent pas l'echantillonnage des teintures vegetales extremement variees qui ont servi a teindre les etoffes anciennes et il parait douteux qu'un 6 Un premier examen fait au Cooper Union Museum, N.Y. ayant laisse des doutes sur la nature de

la fibre, j'ai eu recours au Dr. G. L. Royer, Directeur des recherches physico-chimiques a I'American

Cyanamid Company, Bound Brook, N.J., qui a bien voulu examiner deux fragments de trame appar- tenant respectivement aux specimen E et F. II les a declares tous deux etre en soie. 7 Sur l'emploi de la soie naturelle pour tisser les tapisseries, Cf. M.Cammann, Notes, pp.96/97.

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Page 8: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

examen de cette nature ait pu etre fait dans les conditions requises par les savant japonais. Faute de donnees plus positives on est donc conduit a chercher dans les textes la mention

de procedes anciens de teinture.

C'est precisement d'un texte de cette nature, mal interprete par M. Harada, que celui-ci a

tire des deductions hasardeuses. II s'agit d'un passage du Yen yi i meou, %, 1 , ouvrage ecrit par Wang Yong X 4, de la dynastie des Song, cite par M. Tchou Ki-k'iens et

reproduit dans le Tsouan tsou ying houa (texte chinois); il y est question de la reglemen- tation qui regissait, en matiere de coloris, l'habillement des fonctionnaires, lettres et gens du

commun sous la dynastie des Song. Ce texte nous apprend, en particulier, que l'emploi de

la couleur violette fut tour a tour interdit par decret de la faon la plus stricte en l'an 7 de

l'ere T'ai ping hing kouo (982), puis autorise en l'an 2 de l'ere Touan kong (989) du meme

Empereur T'ai-tsong. Sous le regne de Jen-tsong (0 o23-1056), l'interdition fut renouvelee

avec severite en l'an 7 de l'ere Tche-ho (I 055) mais lorsque la Cour Imperiale se fut etablie dans

le Sud, la mode de porter des vetement violets prevalut de nouveau et devint quasi generale.

Or, il est question dans ce meme texte d'un teinturier venu du Sud sous le regne de Jen-

tsong ((qui utilisait des feuilles de chan-fan reduites en cendres pour obtenir un violet

qui etait de teinte foncee.)

La traduction litterale de chan-fan oi - alun des montagnes - a pu faire croire qu'il

s'agissait d'une variete d'alun, c'est-a-dire d'une matiere minerale.9 En realite, il s'agit d'une

plante qui est decrite dans le Pen ts'ao kang mou0l et dont la particularite est que ses feuil-

les ont la propriete ordinaire de teindre les etoffes en jaune alors que si on les reduit en

cendres elles donnent une teinture violette.

L'ouvrage en question cite un auteur Song de la fin du XIe siecle et du commencement du

XIIeme qui precise que: c dans les regions sauvages du sud-est de la Chine la plante (cting

houa) se trouve en abondance. Les indigenes en cueillent les feuilles qu'ils reduisent en

cendres; la couleur violette obtenue par ce proc'ede de teinture est de nuance foncee. Ceci se

fait sans employer d'alun; j'ai donc change le nom de cette plante en celui d'alun des montagnes.

8 Sseu sieoupi ki, k. I, p. I9. 9 C'est cette interpretation qui est donnee dans le Tsouan tsou ying houa (Introd. p. 7a). 10 Pen tsao kang mou, 36. 42-2.

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P1. C. Musee du Palais a Pekin (Anc. collection 7. C. Ferguson). Fragment.

Si l'identification de cette plante qui porte des noms differents reste malaisee a etablir, il est

certain que la couleur violette derivee de ce vegetal 'a l'epoque Song n'a aucun rapport avec

la teinture du Cesalpinia sappan qui etait emp]oyee avec l'adjonction d'un mordant (sulfate

de fer). M. Harada semble donc avoir melange des donnees tres differentes et sa determination de

la teinture employee pour obtenir en l'occurence le coloris violet n'est nullement fondee.

Si je me suis etendu un peu longuement sur ce point, c'est pour insister ici sur l'importance

qu'il y aurait, du point de vue archeologique, a constituer d'abord un echantillonnage des

matieres colorantes autrefois employees afin de pouvoir ensuite se livrer a une serie d'ana-

lyses systematiques. On obtiendrait ainsi confirmation qu'il s'agit bien, pour un specimen

determine, de telle ou telle teinture et on en tirerait souvent des indications precieuses quant a la date probable de la matiere teinte.

A l'heure actuelle, on en est reduit 'a des conjectures et, dans le cas qui nous occupe, a

penser que, s'il s'agit effectivement d'un specimen de k'o-sseu de l'epoque Song, comme il

y a des raisons de le supposer, la couleur violette que nous retrouvons ailleurs dans tous les

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Page 10: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

P1. D. Collection particulire en Europe. Fragment. H. 3 3 cm.

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specimen reproduits et qui semble precisement caracteristique pour certains textiles de cette

epoque, pourrait bien avoir ete tiree de cet ((alun des montagnes)) que Tarranzano et Stuart

identifient avec le Symplocos prunifolia (L.). Sans nous arreter davantage pour l'instant a l'examen de la Planche A, nous donnerons

maintenant la description des specimen du meme type que nous avons pu reunir:

La planche C reproduit un fragment de k'o-sseu conserve au Musee du Palais a Pekin et

provenant de la Collection du Dr. Ferguson, qui s'apparente d'une fa.on extremement

etroite au panneau etudie precedemment: sur un fond violet se detachent, parmi des fleurs

et des feuilles de style identique, deux oiseaux qui figurent egalement dans le motif de la

P1. A. Remarquons que les oiseaux portent aussi dans leur bec le ((fungus de la longevite.)

Les circonstances ne m'ont pas permis d'obtenir une photographie en couleurs de ce docu-

ment. Mes souvenirs remontant a plusieurs annees, je ne puis que rapporter l'impression

reSue de tons extremement frais et delicats (verts, ocres, violets), nullement decolores et se

mariant d'une maniere exceptionnellement raffinee.

i est a noter que ce fragment a servi de couverture a un makemono mais 'iquetiq te, dont

la trace demeure cependant visible a la partie superieure, a disparu. La planche D reproduit un autre fragment semblable qui se trouve dans une collection

particuliere en Europe; le fond est egalement violet et les oiseaux representes s'identifient a

ceux de la Planche A. Chacun des oiseaux tient dans son bec le ((champignon de la longevite). Ce fragment a d'abord fait partie d'un makemono datant de l'epoque Song dont il constituait

la couverture protectrice. Une etiquette etait collee sur ce morceau de k'o-sseu avant qu'il n'ait ete detache du makemono en question.ll

11 Ce makemono est actuellement dans la collection de M. Tchang Po-kiu A io Zj de Pekin; ii est

forme d'une suite de dix calligraphies qui furent d'abord attribuees a Mi Fei et ensuite reconnues

comme etant de la main de Wou Kiu A* JA qui vivait lui-meme sous la dynastie des Song du

Nord; dix autres calligraphies, egalement de Wou Kiu, et qui completent celles de la Collection de

Tchang Po-kiu, se trouvent dans la Collection du Musee du Palais a Pekin. L'etiquette portait l'in-

scription suivante: tJ. 4 +A Dix calligraphies de Mi Hai-yue des Song - n? 265< et, a la suite, une signature: Lo-hien -# ?e] qui est peut-etre le pseudonyme d'un certain Tchang Sien-san k iL des Ming mentionne par Tsao Jong 6 ,J 1613-1685, dans le collophon qui accompagne les calli-

graphies de Wou Kiu.

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P1. E. Collection 7. P. Dubosc. 21, 2 x 34,3 cm

Le fragment reproduit sur la planche E (Colledion J.P. Dubosc) presente quelques carac-

teristiques particulieres: le fond, au lieu d'etre violet, est jaune mais on retrouve cependant la meme couleur violette en quelques parties du motif; c'est ainsi que la queue et les ailes

des oiseaux affrontes qui figurent des paons sont tissees de violet; il en est de meme pour le

bec de l'oiseau coiffe d'une aigrette qui se trouve en bordure de la partie inferieure, a gauche. Parmi les autres coloris, il y a lieu de relever du blanc, plusieurs tons de vert, de jaune et

d'ocre ainsi q'un bleu turquoise dont nous retrouvons l'equivalent dans le fragment du Mu-

see de St. Louis (P1. F).

Comme les precedents, ce morceau de k'o-sseu a servi de couverture a un makemono mais

I'etiquette qui designait la peinture ou la calligraphie a laquelle il se trouvait joint a disparu; on en voit toutefois la trace a la partie superieure. Une autre particularite de ce k'o-sseu a trait aux nervures des feuilles: un examen microsco-

pique a permis de deceler sur la partie mediane des feuilles la trace de pigments d'un rouge

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Page 13: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

vif sur d'etroites bandes d'une matiere que I'analyse a prouve etre du papier.12 L'indication

nous est ainsi fournie que ces minces bandes de papier etaient, a l'origine, recouvertes d'or, suivant un procede qui est atteste des l'epoque la plus ancienne et qui est encore employe

aujourd'hui.18 La substance rouge dont il reste des traces sur ces lamelles de papier entrait

vraisemblablement en composition dans un alliage qui, par un proc'ede de "couchage", adhe-

rait au papier en lui donnant l'apparence de l'or.14 Au cours du temps, cet alliage s'est oxyde et toute trace de dorure a disparu. 11 nous reste a examiner un dernier fragment de k'o-sseu qui est reproduit en couleurs

(P1. F) et qui appartient au City Art Museum de St. Louis. Tout en rentrant dans la

categorie des documents deja decrits, il s'en distingue cependant dans les details du mo-

tif. Nous en donnons ci-dessous la description: Sur un fond violet se detachent, parmi le feuillage et les fleurs, un animal bondissant, vrai-

semblablement un bouc, et, au-dessus, un oiseau aux ailes deployees ressemblant a un canard

ou une oie sauvage. Le contour des feuilles, qui est cerne d'un trait assez epais de couleur

claire, est arrondi et on ne retrouve pas ici la forme de fourche qui caracterise le feuil-

lage des autres specimen; la nervure centrale, a peine indiquee sur quelques feuilles, est

absente sur la plupart. On croit reconnaitre, au milieu du feuillage, certains elements en

forme de nuage distribues d'une faton qui semble plus ou moins accidentelle. Le plus distinct et le plus important se trouve entre le bec et l'aile de l'oiseau. Sur la gauche,

en partie cachee par l'etiquette qui porte le titre chinois,15 se distingue une bande si-

12 C'est encore a M. Royer que je dois d'avoir pu etablir la presence des pigments rouges et l'iden-

tification des lamelles de papier. 18 Serindia, p. 901. 14 M. Cammann a attire mon attention a ce propos sur un passage du T'ien kong k'ai wou 3. 14. 6, qui mentionne l'emploi du cinabre pour fabriquer une argenture appelee tchou cha yin ,64 dY 4IR. II est

vraisemblable que le cinabre a pu egalement servir a un procede de dorure. En fait, le T'ien kong k'ai

wou donne une indication dans ce sens dans un autre passage (3. 14.3b) oiu il est question d'eventails dores

fabriques a Hang-tcheou en se servant d'argent (ou de simili-argent) comme revetement de base. II s'agit

sans doute de cette meme apparence d'argent obtenue en traitant le cinabre qui est, comme on sait, un

sulfure de mercure: il nous est dit, en effet, que les feuilles d'eventails ainsi preparees etaient presentees

devant le feu et soumises a l'action de la fumee, ce qui semble impliquer qu'une reduction par l'oxyde de

carbone avait lieu dans les conditions indiquees. 15 L'etiquette porte le titre suivant: 1t 'J \ f 1- A .& iPoissons nageant parmi des fleurs tombees,

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nueuse, de couleur bleu turquoise. Remar-

quons encore que l'oiseau ne tient pas dans

son bec le (cchampignon de la longevite))

qui est, en quelque sorte, un attribut des

oiseaux qui figurent sur les autres specimen. Le contour de ses ailes est plus arrondi et

ne forme pas l'angle assez prononci qui donne 'a ceux-la plus de raideur. Enfin la

presence de l'animal qui ressemble 'a un

bouc est unique parmi tous les textiles re-

produits. La gamme des coloris merite que nous y arretions notre attention: nous avons deja

indique que le fond etait violet, caradte-

ristique commune aux specimen reproduits P1. A, C, et D; les autres couleurs prin- cipales sont le vert, le jaune, et l'on dis-

tingue deux tons de bleu: celui de cer- P1. F. 26,8 x Ig,3 cm.

taines feuilles (ou boutons de fleurs), de City Art Museum of St. Louis, Mo.

forme presque triangulaire, et celui de la bande sinueuse qui est en partie cachee par l'etiquette. Nous donnons ci-apres, dans le meme ordre que celui enonce plus haut la liste de ces co-

loris en les faisant suivre d'un indice qui renvoie au catalogue standard Munsell:16

Violet Io. ORP 214 Vert Io. GY 314 Jaune 4. OY 5.5/5 Bleu Io. YR 7i7 Bleu turquoise Io. OB 6.5/4

Nous venons de decrire cinq specimen de k'o-sseu etroitement apparentes et qui cons-

par Lieou Tsai, des Song du Nord; (signe:) Leang Tsiao-lin?. Tsiao-lin etait le )haoc de Leang Ts'ing-

piao . :, Jt I620--691, grand collectionneur du debut de la dynastie des Ts'ing. 16 Munsell Book of Colour, publie g Baltimore, par Munsell Cy.

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tituent un groupe bien determine, lequel se distingue des tapisseries dont le motif, em-

prunte a des modeles picturaux, forme un veritable tableau ayant une fin artistique en

soi (composition de fleurs, paysage etc.).

Quelle date attribuer a ces specimen? - La seule indication qui nous soit donnee emane

de sources chinoises et japonaises: aussi bien M. Tchou Ki-k'ien que les auteurs du Tsouan

tsou ying houa pensent que le panneau reproduit P1. A est d'epoque Song. Nous avons

note que M. Harada est enclin a y voir l'un des plus anciens types de k'o-sseu reproduits dans le catalogue en question mais nous avons pu egalement constater que son opinion

repose souvent sur une interpretation erronee des textes et qu'elle est, par consequent, fort sujette a caution.

D'autre part, le document reproduit P1. C etait egalement tenu par le Dr. Ferguson comme

un fragment d'epoque Song et les connaisseurs chinois ne mettent pas en doute cette attri-

bution.

C'est en examinant du point de vue stylistique le groupe de k'o-sseu qui fait l'objet de la

presente etude et en isolant certains elements caraderistiques que nous allons trouver quel-

ques arguments de nature a etayer l'opinion qu'il s'agit bien de documents appartenant a

l'epoque Song: Parmi tous les oiseaux representes considerons, a titre d'exemple, celui qui figure sur la

Planche F; nous le trouvons egalement sur les autres specimen et nous l'avons decrit

comme etant un canard ou une oie sauvage. A n'en pas douter, c'est le meme type d'oi-

seau que nous voyons, sous la dynastie des T'ang, orner des plats en ceramique polychrome

(voir P1. G) et qui fait egalement partie du decor des miroirs et de l'argenterie de la

mmeme poque. Cette analogie s'etend meme a l'element en forme de nuage sur lequel nous avons deja

appele I'attention et qui se trouve place entre le cou et I'aile de l'oiseau: des formes de

nuages a peine diffierentes entourent egalement l'oiseau sur le plat T'ang dont le motif cen-

tral est ici reproduit.

Quant aux oiseaux qui representent des paons sur les specimen A et E, c'est en Asie Cen-

trale que nous en trouvons les prototypes: il s'agit de deux fragments de tapisserie de tex-

ture assez grossiere ( with peacock-tail pattern in blue, red, yellow and brown colours rather

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Page 16: Contribution à l'étude des tapisseries d'époque Song

faded )7. Ces fragments ont

ete trouves a Karakhodja, dans

l'oasis de Tourfan, oh les Oui-

gours etaient etablis a 1'epoque du Moyen-Age. Les autres elements qui nous

n _ppermettent de faire un rap-

prochement digne d'interet

sont les fleurs et, particuliere-

ment, les fleurs de pivoine et

de lotus qui se distinguent aise-

ment sur les specimen repro-

duits. I1 suffit d'avoir vu ]es d-elicates ceramiques blanches

de Ting-tcheou, dont la deco- P1. G. ration moulee ou incisee dans

Detail d'un plat en ceramique polychrome (Dynastie des T'ang) la pate utilise les memes motifs

floraux, pour que la comparaison paraisse permise; bien que traitees dans des matieres dif-

ferentes, les fleurs sont apparentees, non seulement par leur espece mais aussi par le des- sin et jusque dans la forme incurvee des tiges nous croyons retrouver une elegance qui

n'appartient qu'aux Song. Aussi bien, cette analogie n'est peut-&tre pas fortuite: nous savons que la ville de Ting-

tcheou au Hopei etait connue comme centre de tissage des le VIe siecle.8 Situee a proxi-

mite des regions (notamment du Shensi) oui etait etablie au Xe et XIe siecles une colonie

ouigoure, il n'est pas invraisemblable que ceux-ci, refouls au Hopei par les Jucen au

debut du XlIe siecle, aient eu auparavant des contacts avec les artisans de Ting-tcheou

et qu'ils purent initier ceux-ci a la technique du tissage de ces tapisseries dites ((k'o-sseu))

- nom emprunte, comme le montre clairement M. Cammann, a une langue turque et

vraisemblablement au ouigour. 17 Innermost Asia, P1. LXXXVII and p. 590. 18 Cf. Cammann, art. cit., footnote 2.

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Un auteur chinois du debut du XIIe siecle, Tchouang Tch'ouo19 signale que l'on fabri-

quait deja des k'o-sseu a Ting-tcheou de son temps et il est donc permis de croire que

Ting-tcheou fut, des le XIe siecle, le premier centre repute ou des artisans chinois develop-

perent la technique apprise des Ouigours. A l'origine, les motifs tisses par ces artisans n'eurent sans doute pas la diversite que l'on

rencontre a une epoque ulterieure et le tissage de sujets purement picturaux marquerait, selon toute vraisemblance, un stade plus avance de la technique. Tout indique, d'autre part,

que c'est l'Academie de Peinture des Song qui a inspire le style des tapisseries plus propre- ment ((picturales)) et qui se distinguent precisement du groupe de k'o-sseu que nous avons

isole.

Si nous ne nous trompons pas, nous aurions donc affaire a des documents qui se placeraient au debut du XIIe siecle, sinon a une epoque legerement anterieure, et qui pourraient bien

etre sortis de la main des artisans de Ting-tcheou.

Des lors, ne devrait-on pas s'attendre a relever quelques analogies entre les specimen de

kto-sseu provenant des fouilles d'Asie Cenrtale et les k'o-sseu que nous presumons avoir

ete fabriques a Ting-tcheou a une epoque ou ]'influence ouigoure devait etre encore sen-

sible?

La documentation que nous possedons est trop peu abondante pour que l'on puisse en

tirer autre chose que des presomptions: les fouilles d'Asie Centrale n'ont livre, en effet, que

quelques rares specimen de k'o-sseu; un fragment cependant nous interesse plus particuliere-

ment: il provient de la region de Tourfan et se trouve decrit par von Falke dans l'ouvrage

de von Le Coq qui reproduit en couleurs ce document.20

La comparaison fait ressortir une analogie remarquable entre la gamme de coloris qui le

caracterise et les couleurs que nous avons deja notees en decrivant les specimen qui se

trouvent ici reproduits: violet, jaune, vert, blanc, et bleu turquoise, dans des tons quasiment

identiques.

Jusqu'a plus ample informe, une telle gamme de coloris paraitt radicalement diffrente des

nuances auxquelles nous sommes accoutumes en nous referant a des textiles de la dynastie

19 Ki leip'ien I. 41 et Cammann, Notes, p. go. 20 Chotcho, P1. 49.

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Ming; c'est ainsi que la collection de couvertures de (c sutras)) qui appartient au Musee de

Philadelphie et qui contient un nombre important de fragments de textiles appartenant a

I'epoque Ming (y compris plusieurs fragments de k'o-sseu), ne revele aucun document dont

la gamme de coloris ait le moindre rapport avec celle qui semble typique pour des tapisse- ries qui, tant au point de vue du style que des coloris, presentent des affinites si marquees

avec des documents qui evoquent une epoque beaucoup plus ancienne.

La conclusion que nous nous proposons de tirer de cet examen se formule sous forme

d'interrogation. N'y a-t-il pas lieu de considerer, juqu'a preuve du contraire, que le groupe de k'o-sseu que nous venons d'etudier se place chronologiquement apres les documents

d'origine ouigoure qui ont ete mis a jour par Sir Aurel Stein, Pelliot et von Le Coq

au Turkestan Chinois et avant les k'o-sseu qui sont apparentes par leur style a l'Aca-

demie des Song du Sud? Une reponse categoriquement affirmative ne saurait etre don-

nee avant qu'une etude d'ensemble de la question ait pu etre entreprise, tant du point de vue technique (analyse des matieres colorantes, des procedes de tissage etc.)que du

point de vue stylistique en se referant a des specimen dont la date devra etre sure-

ment etablie. Jusqu'alors il n'est permis que de poser des bases provisoires qui pour- ront servir a d'autres travaux.

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