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Volume II N°2 (novembre 2012) avec Matthias Dandois & Alex Jumelin - Hugo Liard - Jonathan Jean-Philippe - Ben Botta - Welcome To The USA - Baleapop Festival - Mekanism Skateboards - Antiz Market Tour - Sessions Volcaniques 2012 - l'Etiquette ... TransferT | Urban Cultures Magazine

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yanis payetwelcome to the family

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Photo : Pierre Mercier

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Toutes nos pratiques urbaines, qu’elles soient sportives, culturelles ou artistiques ont pour point commun le sentiment de liberté qui les ont fait naître et qu’elles engendrent. Ce que certains nomment l’esprit « freestyle ». Mais de nos jours, à une époque où tout se rattache au consumérisme et à la mode, ces termes sont-ils toujours d’actualité et la liberté est-elle toujours le maître-mot ? Ce qui à l’origine étaient des mouvements considérés comme marginaux, voire un poil révolutionnaires, sont désormais ouverts au grand public. Et ce grâce, ou à cause, de l’influence des médias, de la publicité et de l’intrusion de multinationales, se servant de nous, de vous, pour se donner du crédit en vivifiant leur image d’une manière « fun ». Est-ce donc un bien ou un mal ? Le débat est ouvert et chacun y trouvera son intérêt selon sa posture et son état d’esprit. Quoi qu’il en soit cela va de paire avec l’évolution de notre société et de nos cultures. Vous me direz que cela permet de se faire entendre plus aisément, de toucher plus de personnes, de mieux vivre (pour certains), d’acquérir une certaine légitimité… Bref, d‘exister de manière massive. Mais cela tue aussi l’image underground, le véritable spirit, le sentiment d’appartenance à un mouvement unique… Le “ do it yourself ”, le vrai ! Alors que le skate est né dans la rue il se retrouve aujourd’hui dans des stades. Les graffeurs peignent sur des toiles et exposent dans des galeries, le Bmx est aux Jeux Olympiques… Certes c’est un peu réducteur mais cela résume bien la situation. Il ne reste plus qu’à savoir vivre avec notre temps, sans vendre notre âme au diable et en gardant notre liberté de décision, d’action et d’évolution, avant que tout cela n’aille trop vite et que nous ne parlions de nos pratiques en se référant au passé...

éditorial

Edouard Lassus

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Couverture : Jonathan Jean-Philippe - Fakie flip - Agadir, Maroc. Photographe : Florian Lanniédito & Ours : Monument Valley & Death Valley. Photographe : Thomas Borie

Sommaire : Jean Bulhon - Clermont Fd. Photographe : Rémy Sennepin

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/// MUSIC68 Baleapop Festival

- Report -

The Slide Show- Expo -L'étiquette - Guliver -Illustre- Jérémie Kergroach -

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/// ART6

/// BMXSessions Volcaniques 2012- Report -Alex Jumelin & Matthias Dandois- Interview -

Welcome to the USA- Report -

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/// SKATEAntiz Market Tour- Report -

Hugo Liard- Interview -

Ben Botta- Top Five -

Jonathan Jean-Philippe- Interview -

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Histoire de la marque :Créée en 2002, Mekanism Skateboards était à l’origine une marque française classique qui sponsorisait quelques riders (Franck Barattiero, Geoffroy Leblanc, Bertrand Soubrier…) tout en essayant de tirer son épingle du jeu dans un business en plein développement. Mais après quelques années d’existence la marque se retrouve en difficultés financières. C’est à cette époque que Mekanism prend un tournant qui va changer son existence. En effet, en 2006, la firme décide de se lancer dans un projet artistique en proposant à l’allemande Katharina Grosse de réaliser une œuvre sur des planches vierges. à partir de cet instant la machine est lancée et les collaborations entre Mekanism et des artistes contemporains de toute la planète ne vont cesser. La marque met alors un terme à la commercialisation de planches traditionnelles et se consacre à la création et la vente de skateboards en séries limitées. Depuis cette conversion une quinzaine d’artistes ont eu carte blanche pour réaliser des œuvres sur les plateaux Mekanism.

L’exposition :The Slide Show retrace donc une partie de ces travaux et collaborations entre la marque et les professionnels ayant participé à ce projet. L’exposition est divisée en quatre salles et présente les réalisations de neuf artistes, ce qui constitue au total plus d’une centaine de planches. La particularité de ces projets est que les créateurs ne sont pas dans l’obligation de produire des œuvres en rapport avec la board culture où les cultures urbaines mais sont invités à restituer leur art - souvent abstrait - sur cet objet qui est le reflet et le symbole de celles-ci. L’intérêt réside donc dans la connexion et la rencontre entre ces deux mondes qui tendent aujourd’hui à se rapprocher. Parmi les œuvres exposées certaines nous ont réellement interpellées, que ce soit pour leur rendu esthétique, pour les recherches qu’elles ont nécessitées ou encore pour la technicité de leur conception.

C’est à Clermont-Ferrand que le Fond Régional d‘Art Contemporain Auvergne a accueilli, du 09 Juin au 16 Septembre dernier, l’exposition « The Slide Show » consacrée à la collaboration qui dure depuis plusieurs années entre la marque de skate Mekanism et différents artistes contemporains de renommée internationale.

Texte : Edouard LassusPhotos : Rémy Sennepin

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❸ Olafur EliassonDeux skateboards à l’allure futuriste ont attiré notre regard, il s’agissait de l’œuvre d’Eliasson qui a travaillé ses planches au laser afin de leur donner du relief et un effet de vague. Le tout a ensuite été recouvert de chrome réfléchissant déformant les reflets perceptibles. Un travail fastidieux qui a nécessité la conception de planches spéciales dotées de treize plis de bois au lieu des sept habituels. C’est par ce type de travail qu’Eliasson souhaite entrainer une réflexion sur notre perception du monde et notre place sur Terre.

❶ Katharina GrosseElle figure comme la première artiste à avoir travaillé avec Mekanism et à avoir exposé des planches recouvertes de peintures multicolores projetées au pistolet. Le rendu de cet art abstrait est chaleureux et donne une impression de mouvement dans l’espace et dans l’univers, le but étant d’immerger le spectateur dans sa peinture.

❷ Peter ZimmermannCet artiste allemand a présenté des plateaux peints avec de la résine époxy. Les différentes couches donnant un rendu aléatoire sphérique et très coloré. L’épaisseur de la résine ajoute un certain relief aux planches ainsi que des coulures qui se sont solidifiées au séchage sur le bord des plateaux. Un processus intriguant dont le rendu peut faire penser à du pop art au premier coup d’œil. Il s’agit en fait d’un détournement graphique d’images issues d’internet ou encore de ses propres œuvres qu’il déforme numériquement jusqu’à obtenir le résultat voulu.

ART///Expo

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❸ Wade Guyton et Kelley WalkerFaire dans l’originalité et la difficulté, voici le pari de ce duo américain qui a passé des skateboards dans des imprimantes à jet d’encre. Les contraintes rencontrées ont été de taille puisqu’ils ont dû faire produire des planches spéciales avec un tail, un nose et un shape moins prononcés afin que l’ensemble puisse passer à plat dans la table d’impression. Le grip transparent a lui aussi subi le même procédé et le résultat débouche sur deux skateboards « double face » qui ne représentent pas grand chose visuellement mais dont l’intérêt réside essentiellement dans l’originalité de l’idée.

❷ Anselm ReyleAvec des plateaux peints entièrement à la bombe rose fluo, sur lesquels il a ajouté des aplats de peinture marron raclés dans différentes directions avant d’être enduits de laque industrielle, cet artiste peintre allemand a opté pour le kitsch. Lorsqu’on se trouve face à ses œuvres on décèle bien les influences de l’art abstrait et de l’expressionnisme. La couleur rose est une suggestion du monde de la mode tandis que le procédé du raclage fait référence aux techniques de peintres tels que Gerhard Richter et Pierre Soulages.

❶ Albert OehlenPour sa seconde collaboration avec la marque Mekanism ce peintre a clôturé l’exposition avec dix planches sur lesquelles étaient reproduits des crânes humains avec un nez de cochon. Pigskull est un projet réalisé grâce à des pochoirs et de la peinture à l’huile. La forme première du crâne ne varie pas d’une planche à l’autre, ce sont seulement les détails du visage qui changent et rendent chaque planche unique. Son travail reflète une bonne dose d’humour et tend à s’interroger sur sur l’existence de frontières entre beauté, art et laideur.

The Slide Show était à l’image des œuvres présentées, une exposition dont la beauté n’est pas forcément le sujet mais qui a le mérite de faire réfléchir le spectateur sur le sens profond du travail de chaque artiste et ses influences, ainsi que sur la complexité des techniques utilisées. Cette exposition ne fait que confirmer l’idée que la notion et le critère de « beauté » demeureront toujours des termes subjectifs propres à chaque personne. La beauté n’ayant pas de définition précise et incontestable dans son sens philosophique. Nous regrettons tout de même que les œuvres des artistes Invader, John Maeda, Warren Du Preez & Nick Thornton Jones, Zevs ou encore Delta n’aient pas été présentées au FRAC de Clermont-Ferrand.

② ③

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Cette année 2012 est synonyme d’anniversaire pour la marque européenne Antiz qui fête ses dix ans d’existence. L’occasion pour ses fondateurs, Hugo Liard et Julien Bachelier, d’organiser une énorme tournée française. Le Marketing Tour Antiz n’a pas fait dans la demi-mesure puisqu’il s’est étendu sur près de trois mois avec plus de quarante villes et magasins sillonnés. Le 11 juillet dernier le team a fait une halte à Aurillac, en plein cœur du Cantal. Retour sur une journée au pays de la gentiane.

C’est aux alentours de 14 heures qu’une partie des riders du team Antiz (Steve Forstner, Roland Hirsch, Rémy Taveira, Hugo Liard…) sont arrivés devant le magasin Alternatif Shop, où a eu lieu la traditionnelle photo de groupe avec les locaux. Suite à cela tout ce beau monde s’est dirigé vers la Place des Carmes, emblématique spot de street de la capitale du parapluie. Heureusement ce jour-là le beau temps était également de la partie. Rémy Taveira et Roland Hirsh en ont profité pour passer un gros gap qui, jusqu’à présent, n’avait été plaqué que par un seul rider.

Texte : Edouard LassusPhotos : Jérémy Savel(sauf indiqué)

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13SKATE///ReportHugo Liard - Drop to Bs Boardslide

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Après un bref détour par quelques petits spots de street, puis par un gros handrail qui s’est avéré peu fructueux, l’ensemble du team et les locaux sont partis en direction du skatepark de l’Epicentre pour une session de plusieurs heures sur la partie outdoor du park. À l’heure de l’apéro tout le monde s’est réuni autour d’une bonne bière et d’une partie de pétanque avant de déguster les sandwichs américains délicatement préparés par Vince et son nouveau jouet : la plancha !

Rémy Taveira - Bs Noseblunt

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15SKATE///Report

Une fois les estomacs pleins et les forces retrouvées les mecs d’Antiz sont allés tâter ce qui les démangeait le plus depuis leur arrivée au skatepark : le bowl indoor. Après quelques tours de chauffe amorcés par Roland Hirsch, l’ensemble du team s’est précipité autour du bowl pour nous offrir une session d’anthologie qui restera gravée dans les annales de l’Epicentre. Rémy Taveira nous a gratifié d’un transfert inédit depuis le corner du bowl jusqu’à la vert wall de la partie street tandis qu’Hirschi a enchainé les transferts au dessus du spine et du hip à des hauteurs démesurées. Hugo Liard et Steve Forstner ont également assuré dans une ambiance toujours plus bouillante.

Une journée de skate intense qui s’est conclue par une bonne douche à base de liquide vaisselle avant une nuit bien méritée. Suite à un réveil matinal et un café bien chaud le van Antiz est reparti en direction de Bordeaux, prochaine étape de leur tournée marathon comme le skateboard français en a rarement connu ! Happy Birthday Antiz !

Antiz Family 2012 - Photographe : Loïc Benoit

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Uryann Raudet - Bs Bluntslide

Plus d’une décennie après leur création les Sessions Volcaniques d’Aurillac n’ont pas perdu de leur caractère et poursuivent leur évolution. Pour cette douzième édition, qui a eu lieu les 2 et 3 Juin 2012, les organisateurs et bénévoles de l’association Session Libre ont témoigné d’un bel enthousiasme et d’une motivation à toutes épreuves pour rassembler les acteurs de diverses pratiques lors de leur festival des cultures urbaines.

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Texte : Edouard LassusPhotos Bmx : Simon Cassol

Photos Skate : Nico Petitjean

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Baptiste Souleyti - Invert

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LE mEnu

Comme chaque année la recette des S.V. était la même : réunir les pratiquants et adeptes de différentes activités propres à nos cultures dites « urbaines » dans un environnement convivial et une atmosphère familiale. Au programme de ce rendez-vous étaient proposés les traditionnels contests skate et bmx (professionnels et amateurs), de l’art (graffiti, découpe sur bois…) et bien-sûr une soirée débridée comme le veut la coutume. Les principales innovations de cette cuvée 2012 résidaient dans la réorganisation du skatepark outdoor, notamment avec la création d’une imposante fun-box en bois, l’ouverture du skatepark indoor comme zone de training et le retour de l’AirStar Concept, airbag géant permettant de tester toutes sortes de tricks sans danger.

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L’EntRéE

Après une semaine de préparatifs et d’installations logistiques les Sessions Volcaniques ont débuté progressivement dès le vendredi soir avec l’arrivée des premiers participants. Ainsi dès 18 heures l’accès au park a été autorisé, au moment même où les premières pressions sortaient de la tireuse. Une soirée d’ouverture en comité restreint qui s’est achevée aux alentours de minuit et qui a immédiatement plongé tout le monde dans l’ambiance. Une bonne chose étant donné l’intensité de la journée qui allait suivre.

SKAT

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Maxime « Gordon » Genot - Flip Over

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Michaël Lacombe - Blunt Nosegrab to Fakie

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LE PLAt dE RésistAncE

Le samedi les trainings ont commencé dans la matinée tandis que les contests ont démarré en début d’après-midi par les jams amateurs en skate et bmx. Les runs se sont enchaînés sans interruption de 14 heures à 19 heures grâce à la possibilité d’accéder au skatepark intérieur pour les riders inscrits aux contests, ce qui a permis de désengorger le park extérieur et d’assurer une grande fluidité entre chaque passage. Pendant ce temps les spectateurs avaient également la possibilité de naviguer sur le site pour découvrir les prestations des artistes invités. Etaient présents les graffeurs avignonnais du collectif Peinture Fresh, Butch WoodMaker et ses découpes sur bois, les parisiens de l’agence 2HS Design ou encore Michaël Luppi et Angélique Delabre à l’initiative du projet Visages Volcaniques.Suite aux contests amateurs ce sont les professionnels qui ont fait leur entrée et livré une belle prestation à un public venu en masse, tout en donnant du fil à retordre aux juges. On pense particulièrement au dernier run des skateurs pros qui regroupait quelques pointures comme le basque Mathieu Dupuy, l’antibois Benjamin Botta ou encore Joachim Fromant, Sammy Idri et Uryann Raudet. Ils se sont disputés les trois places du podium pendant un quart d’heure d’une rare intensité. Le tout à base de tricks très techniques et de hammers sur le gros rail. Finalement c’est Ben Botta qui s’est imposé juste devant Mathieu Dupuy et Sammy Idri, suivis par Joachim et Uryann. Du côté du bmx cette année le sensationnel a été mis de côté au profit d’un riding plus technique tel que celui du vainqueur Anthony Perrin, qui nous a distillé un run proche de la perfection. à la troisième place on a retrouvé Théo Zanetacci, dans un registre assez similaire, alors que Baptiste Souleyti est monté sur la deuxième marche du podium avec son style de trail rider, caractérisé par de belles hauteurs et une amplitude ahurissante sur la fun-box. Mais celui qui a conquis l’assistance par son charisme et son talent de performeur est Adrien Rabat qui, après avoir effectué un très bon run, cigarette au bec, a enflammé la foule avec un Ninja Drop intrépide depuis le haut d’une échelle jusqu’à la réception de la box ! Après tant d’efforts et d’émotions ce fut l’heure d’aller se désaltérer et de déguster de bons plats du terroir avant de passer à la suite.

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LE dEssERt

Alors que les bénévoles s’affairaient à boucler l’enceinte du skatepark, l’ensemble des riders et spectateurs étaient conviés autour de la buvette et des stands de restauration pour assister à la remise des prix. Une fois les lots distribués la soirée a pu commencer dans une ambiance torride, avec un best trick skate et bmx sur la table de pique-nique autour de laquelle la foule s’était amassée, pour certains à leurs risques et périls... La soirée battait alors son plein, le public se réunissant devant les enceintes du DJ Car d’une fameuse marque de boisson énergisante tandis qu’une pluie de confettis s’abbatait sur le bar. Les festivités se sont poursuivis jusqu’à deux heures du matin, moment où la musique a cessé, mais les moins rassasiés ont pu profiter des navettes mises en place pour aller finir la nuit en centre-ville. Le lendemain le mauvais temps avait fait son apparition, ce qui n’a pas empêché les moins impatients et les plus téméraires de s’offrir une dernière session sur le skatepark intérieur afin de boucler ce week-end de la meilleure des manières ! Rendez-vous l’année prochaine à Aurillac pour des Sessions Volcaniques 2013 dans un tout nouveau format...

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Nico Cambon - Flair Transfert

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Portraits : Julien Lachaussée

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Interview : Edouard Lassus - Photos : Pierre Blondel

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date de naissance : 23 Novembre 1977

Lieu de résidence : New Orleans - USA

Années de pratique du Bmx : 23 ans

sponsors : St Martin, Freegun, Vans, SPMK.

Honneur aux aînés avec Alex Jumelin, 34 ans, icône internationale du Bmx Flat depuis plus de vingt ans, père de famille et entrepreneur multicartes. Professionnel dans le milieu dès l’ âge de 13 ans, il a participé à cinq finales des X-Games et a été sacré quatre fois champion du monde amateur. Sa longévité sur le circuit et son retour au plus haut niveau depuis quelques années en font une légende de la discipline. Incontestablement, Alex Jumelin est le rider qui a popularisé le Flat à travers l’Hexagone.

• salut Alex, tu as découvert le Bmx très tôt, dès l’âge de 11 ans, peux-tu revenir sur cette période et tes débuts ?

à cette époque je roulais déjà avec un bike pour kiffer et je trouvais que le Bmx était le truc le plus cool dans le vélo.

• As-tu commencé directement par le Flat ou est-ce que tu es passé par d’autres disciplines ?J’ai tout de suite fait du Flat et dès que j’ai eu l’occasion de passer ma première figure j’ai senti que j’allais devenir accroc !

• En prenant des raccourcis on pourrait dire que le Flat est au vélo ce que le break-dance est à la danse, quel est ton point de vue à ce propos ?

Oui je pense que c’est assez logique de voir cela comme du break avec un bike. En plus de ça le Flat évolue énormément et cette évolution fait que c’est selon moi la discipline du Bmx qui change le plus au fil des années.

• Pourquoi avoir choisi de pratiquer le Flat et pas autre chose ? Quelle est la mentalité et l’esprit qui en ressort ?

J’aimerais avoir le temps de faire autre chose et de pratiquer d’autres disciplines mais après une bonne session je t’avoue que je suis juste trop fatigué ! (rires)

• Qu’est-ce que cela t’apporte et qu’une autre discipline comme le dirt, le park ou le street ne pourra jamais t’offrir ?

L’avantage du Flat est que cela te donne la possibilité de pouvoir rider sur tous les types de spots et qu’il est plus facile de trouver un spot adapté à cette discipline qu’à une autre. C’est moins galère qu’en dirt et en park où il faut trouver des spots adaptés et intéressants à rouler. Ajouté à cela je pense qu’il y a encore plus de trucs à inventer dans le Flat !

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• cela date un peu mais est-ce que tu peux nous en dire plus sur les Mexicos et les projets Fast Forward et Alex 75 ?

Les Mexicos c’était vraiment cool, c’était un peu l’histoire d’une bande de potes vivant dans le 15ème arrondissement et ne pensant qu’à être des “ HardCore Riders ” ! Pour moi c’est quelque chose qui n’a pas vraiment changé !Quant à mes projets DVD ils étaient réellements différents l’un de l’autre. Tout d’abord Fast Forward retraçait tout une année à mes côtés, que ce soit lors de déplacements à l’étranger ou dans des moments beaucoup plus lifestyle. J’adore cette vidéo et je reçois encore beaucoup de messages de soutien grâce à ce DVD.En ce qui concerne Alex 75 c’est plus une vidéo qui marque ce que je considère comme l’apogée de mon riding avec des freins. C’est toujours sympathique de pouvoir revoir certains de mes combos de l’époque.

« J’AI TouJouRS PRATIqué Le BMX FLAT dAnS CeT éTAT d’eSPRIT RALLIé à LA CoMPéTITIon ! »

alexjumelin

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• Les contests et l’esprit de compétition ont toujours été très présents dans le Flat, les deux sont-ils nécessaires et indissociables ?

Oui ! Personnellement j’ai toujours pratiqué le Bmx Flat dans cet état d’esprit rallié à la compétition et c’est vraiment deux choses inséparables pour moi.

• tu es également, depuis l’année 2000, le créateur et l’organisateur de la ninja Spin. Quel est le concept de cette jam ?

Alors pour moi c’est une manière de plus de rendre au Bmx ce qu’il m’a apporté et ce qu’il m’apporte encore. Lors de la Ninja Spin les huit premiers ont la chance de repartir avec 1 000€ chacun...

• Lorsque tu as découvert matthias dandois tu as su qu’il irait loin ?Oui j’ai tout de suite vu que Matthias disposait d’un gros potentiel ! Après l’avoir rencontré je l’ai appelé sur son portable pour lui proposer un contrat de sponsoring. Il n’avait que 16 ans et sa voix tremblait au téléphone !

• En plus de ton statut de bmxeur professionnel et de coordinateur événementiel, tu es également à l’origine de la marque et des magasins different Character. à qui est-ce destiné ?

Alors il s’agit d’une marque de vêtements streetwear branchés. Le projet étant de faire des produits différents pour toutes sortes de personnes, ce qui explique le nom.

« J’AI TouT de SuITe Vu que MATTHIAS dISPoSAIT d’un GRoS PoTenTIeL ! »

BMX///Interview

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« Je SuIS PARTI VIVRe à LA nouVeLLe oRLéAnS AuPRèS de MeS AMIS TeRRy

AdAMS eT SCoTT o’BRIen. »

• comment arrives-tu à concilier ces trois activités professionnelles avec ta vie de couple et de père de famille ?

J’ai une femme très patiente ! (rires)

• tu as déménagé aux usA depuis mois de Juillet. Pourquoi avoir choisi de t’installer de l’autre côté de l’Atlantique ?

Je suis parti vivre à la Nouvelle-Orléans auprès de mes amis Terry Adams et Scott O’Brien. Si je me suis installé là-bas c’est dans le but de faire beaucoup de vélo et de voyager. Pour moi les Etats-Unis sont synonymes de simplicité et de liberté. C’est un pays que j’aime depuis toujours et j’ai envie que mes enfants deviennent bilingues.

• As-tu quelque chose à ajouter pour finir ? Merci pour l’interview.

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Place à la relève avec Matthias dandois, 23 ans, jeune prodige du bmx ayant insufflé un vent de fraîcheur à la discipline en fusionnant le flat avec le street, repoussant ainsi les limites de la pratique. Poulain d’Alex Jumelin depuis ses 16 ans, il a acquis, en seulement quelques années, une renommée mondiale et s’est imposé comme le rider le plus influent du moment en infligeant sa domination sur tous les plus gros évents de la planète, avec notamment quatre titres mondiaux depuis 2008.

date de naissance : 6 Mai 1989

Lieu de résidence : En mode gitan, dans des hôtels ou sur le canapé des potes.

Années de pratique du Bmx : 11 ans

sponsors : Red Bull, Sosh, Vans, G-Shock, Odyssey, Ares, Pull-in, ASI Management, Frenchys et Green films.

• Hello matthias, parlons un peu de tes débuts en Bmx et d‘une certaine Evelyne thomas. il parait qu’elle y serait un peu pour quelque chose si tu fais du Flat aujourd‘hui ?

Yeah ! J’ai découvert le Bmx pour la première fois devant ma télévision, pendant l’émission C’est mon choix… Il y avait un mec qui faisait une démo de Flat en direct et je me suis dis : “ C’est ça que je veux faire ! ” Donc merci à la bonne Evelyne d’avoir invité un rider ce jour-là !

• Où et avec qui as-tu commencé à pratiquer le vélo ? J’ai commencé avec mon groupe de potes du collège. On s’appelait les riders in the shit, on faisait tous du skate, du roller ou du Bmx. J’ai fait un peu de tout au début : sauter des bosses pourries dans les bois, grinder sur des trottoirs...etc. Et puis finalement j’en suis venu au Flat.

• comment définirais-tu le Flat et l’état d’esprit qui en découle par rapport aux autres disciplines du Bmx ?

Je pense que le Flat est la discipline la plus “ difficile ” du Bmx. Il faut vraiment passer des heures sur son vélo pour apprendre des tricks. Mais c’est ça qui la rend si chanmé. Tu practices trop longtemps un tricks que tu as envie de rentrer et au moment où tu le rentres c’est la meilleure sensation du monde. C’est la raison pour laquelle j’aime tant ça.

• Avant le vélo tu as pratiqué l’athlétisme, ton goût pour la compétition vient-il en partie de là ?Je viens d’une famille de sportifs, avant de faire du Bmx j’ai fait plein de sports différents : du foot, du handball, de l’athlétisme… Je suis mauvais perdant depuis que je suis gamin et je suis super compétitif. Pour moi quand tu t’inscris à une compétition c’est pour la gagner ! Je ne suis pas du tout hypocrite avec ça et j’assume totalement ce côté de ma personnalité, même s’il y a des gens qui n’aiment pas ça !

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• tu as plus ou moins eu deux « mentors » dans ta jeune carrière : Alex Jumelin et carlos Leal. comment as-tu rencontré ce dernier et que t’a-t-il apporté ?

Carlos Leal donnait des cours de Bmx à Sainte-Geneviève-Des-Bois, dans le 91. C’était juste à côté de chez moi et je m’y suis inscrit. C’est là que je l’ai rencontré. C’est vraiment un type bien. Pendant trois ans il m’a inculqué toutes les bases et m’a énormément appris sur le Bmx en général. Je lui dois vraiment beaucoup !

• à quel âge et comment es-tu devenu pro ? à partir de quand as-tu arrêté tes études ?J’ai eu mon premier contrat pro (avec un salaire) chez Adidas, lorsque j’avais 16 ans. Je n’ai pas arrêté mes études directement parce que je voulais avoir mon Bac. Je l’ai eu et après ça j’ai déménagé à Paris avec Raph Chiquet. Je suis allé à la fac pendant deux mois mais ça m’a saoulé. Juste après j’ai signé avec Red Bull, c’est à ce moment-là que j’ai arrêté les cours. Mes parents ont été juste trop cool avec moi, ils m’ont toujours dit de faire ce que je voulais tant que ça me rendais heureux.

• Arrives-tu à vivre aisément de ta passion aujourd‘hui ?J’arrive aujourd’hui à vivre “ décemment ” plus “ qu’aisément ”. Je ne travaille pas à côté mais ce n’est pas non plus Byzance ! Je ne roule pas en coupé sport et je n’ai pas un 150 m2 à St-Germain-des-Prés. Mais franchement je n’ai pas à me plaindre.

« ALeX éTAIT Mon IdoLe. J’AVAIS deS PoSTeRS de LuI dAnS MA CHAMBRe ! »

matthiasdandois

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• Apparemment tu t‘imposes un entraînement hebdomadaire assez rude, en quoi cela consiste ?Je travaille avec Willy Beljio qui est coach sportif à domicile. C’est Red Bull qui me paye les cours et c’est vraiment de la balle. On se voit deux ou trois fois par semaine pour faire du renforcement musculaire, du fond, de la proprioception… J’imagine que certains doivent trouver ça gay d’avoir un propre coach sportif mais ça m’aide beaucoup, notamment pour les chutes. Quand tu as une bonne condition physique tu te fais moins mal et tu peux rouler plus longtemps. Autrement je ride tous les jours, mais ça c’est parce que j’aime être sur mon vélo en permanence.

• Lorsque tu es à Paris tu rides à Bastille, pourquoi apprécies-tu tant ce spot ? C’était à côté de chez moi quand j’habitais à Paris, il y a toujours des riders, un bon spot de flat mais aussi des bancs et des marches pour streeter. C’est le spot parfait.

• Que représentait Alex Jumelin pour toi lorsque tu débutais ?Alex était mon idole. J’avais des posters de lui dans ma chambre !

• désormais tu concoures sur des events aux côtés d’Alex, vous êtes parfois en concurrence plus ou moins directe. Quels sentiments cela engendre ?

Je ne suis jamais vraiment en conccurence directe avec Alex. C’est mon frère, même quand on a un battle à faire tous les deux il n’y a pas de conccurence. Peu importe qui gagne dans ces moments-là, que ce soit lui ou moi je suis aussi content.

• il y a quelques temps vous êtes partis à chicago et plus particulièrement au park the Bakery. comment as-tu trouvé l’endroit ?

Franchement l’endroit fait plus rêver en video qu’en vrai. C’est au milieu du ghetto de la banlieue de Chicago. Par contre Brian Kachinsky est un mec trop fort en construction de modules donc c’est vraiment fou à rouler.

BMX///InterviewManual to nose 180 - Paris

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« on S’eST PoInTé SuR LA PLAGe à CInq HeuReS du MATIn PouR FAIRe LA PHoTo.

IL FAISAIT un TRuC GenRe -17°C. »

• tu as été le premier rider à faire une double couverture dans Soul (n°74) ? Est-ce un honneur pour toi ? tu peux nous parler un peu de cette photo et des conditions dans lesquelles elle a été prise ?

Ouais je suis trop refait de cette couv’ ! Bien-sûr que c’est un honneur pour moi. Je lisais Soul quand j’étais tout gamin et me retrouver sur la couverture aujourd’hui c’est complètement fou ! La photo n’était vraiment pas cadeau. Nous avons été en Normandie avec Hadrien Picard, en plein hiver. Quand il fait vraiment froid le sable de la plage gèle et tu peux rouler dessus. Donc on s’est pointé sur la plage à cinq heures du matin pour faire la photo. Il faisait un truc genre -17°C. Au final on a pu faire plusieurs photos mortelles et même une vidéo.

• sinon ça fait quel effet d’avoir le visage de tom selleck sur le mollet ?ça va je le vois jamais ! Il est à l’arrière de ma jambe et il me protège ! (rires)

• un dernier mot pour conclure ? Un grand merci à mes parents pour toute leur aide… Merci à mes potes, et bien-sûr un grand merci à mes sponsors qui me permettent de vivre mon rêve. Bisous.

matthiasdandois

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• dans quelle situation avez-vous croisé l’autre la première fois ?matthias dandois : Je l’ai vu pour la première fois à la Ninja Jam IV à Achères. C’était en 2004 je pense. Il organisait un contest chaque année et j’y suis allé pour voir les pro-riders rouler. ça a été un peu le tournant de ma vie… Ces mecs étaient tellement forts ! Alex Jumelin : Moi c’était à Montluçon où il était venu faire une jam. à l’époque il était très maigre et timide !

• La plus grande qualité de l’autre ? son plus gros défaut ?m : Alex est toujours motivé pour voyager et ça c’est une grande qualité. C’est le mec le moins fainéant que je connaisse. Son plus gros défaut c’est qu’il aime beaucoup trop conduire. Tant qu’il n’y a pas d’Océan à traverser il ne prend pas l’avion...  A : Je dirais que sa plus grande qualité est le fait qu’il est toujours partant pour faire des choses et que son plus grand défaut c’est ses pieds !

l’autre en questions

« MATTHIAS eST Le SeuL RIdeR AVeC quI Je SuIS en MeSuRe de RouLeR. »

• comment considèrez-vous l’autre, en tant que rider et en tant que personne ?m : Je respecte grave Alex comme rider et comme personne. Il a complètement changé son riding ces deux dernières années et il est encore au top niveau. En tant que personne c’est mon meilleur pote, mon frère… Et ça me fait grave chier qu’il ait déménagé aux Etats-Unis !  A : Je le considère comme un ami fidèle, à vrai dire j’en ai très peu donc c’est vraiment important pour moi. En tant que rider je l’admire beaucoup car il se donne les moyens de réaliser ses pojets.

Plutôt que de faire une interview collective d’Alex Jumelin et Matthias dandois on a préféré opter pour la classique - mais plus intime - entrevue respective en leur accordant quelques pages à chacun. on en a tout de même profité pour leur poser quelques questions communes sur l’un et l’autre avant d’entrecroiser les réponses. une autre façon de conclure l’ affaire...

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• Qu’est-ce qui vous impressionne le plus chez l’autre ?m : Il a 34 ans et il invente des tricks tous les jours !  A : Sans aucun doute le fait qu’il réussisse sur autant de contests !

jumelindandois

&

• Que souhaiteriez-vous à l’autre et qu’avez-vous envie de lui dire ?m : Merci pour tout et reviens vivre en France, connard.  A : Je lui souhaite de continuer à évoluer comme il le fait en ce moment avec l’influence du street dans son riding. Et bien-sûr qu’il ait toute la réussite qu’il mérite.

« SAnS ALeX, Je n’AuRAIS JAMAIS PeRCé dAnS Le BMX... »

• Qu’est-ce que votre rencontre avec l’autre a apporté à votre carrière et votre riding ?m : Pour être honnête avec toi, sans Alex, je n’aurais jamais percé dans le Bmx... Pas de carrière, pas de sponsors, nada… Il m’a emmené à mes premières compétitions, m’a fait signer mon premier contrat professionnel et m’a appris des centaines de tricks...  A : Matthias est une personne qui me fait vraiment beaucoup rire et c’est le seul rider avec qui je suis en mesure de rouler.

•  Vous avez tous les deux un palmarès incroyable. Qu’envisagez-vous pour la suite, d’autres objectifs à atteindre ?

m : Au niveau des contests je t’avoue que je n’ai plus trop d’objectifs... J’y vais juste parce que j’aime bien ça. J’ai vraiment envie de progresser en street et de continuer à me faire plaisir sur mon vélo.  A : Personnellement je souhaite continuer à marquer le Bmx de mon empreinte le plus longtemps possible !

BMX///InterviewFakie Bus - Paris

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Cela fait longtemps qu’Arnaud Malthieu avait planifié son voyage vers les States. Il nous avait même dévoilé son projet lors de l’interview qui lui avait été accordée dans notre mag il y a plus d’un an. un trip vers les uS ça se prépare comme il se doit : passeport biométrique, bas de contention, vaccin anti redneck, gilet pare-balles et tout le bordel... non je plaisante, Arnaud avait seulement besoin de son vélo et d’un ami. quitte à partir un mois au bout du Monde autant bourlinguer entouré, c’est toujours utile, surtout quand le compagnon de galère en question est un excellent photographe. Thomas Borie a ainsi pu immortaliser quelques très beaux souvenirs de leur périple au pays de l’oncle Sam, qu’il s’agisse de riding ou tout simplement de paysages époustouflants...

Texte : Arnaud MalthieuPhotos : Thomas BorieIntro & Questions : Edouard Lassus

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Condor - Los Angeles

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ça y est on l’a fait ! S’offrir un mois de vacances aux états-Unis, traverser l’Atlantique pour découvrir ce pays qui nous fascine et nous repousse à la fois. C’est un peu comme un pèlerinage pour nous Français d’aller visiter tous ces lieux mythiques qu’on admire dans les films.

Ce qu’il faut savoir avant tout c’est que ce voyage n’avait pas pour unique centre d’intérêt le Bmx, mais plutôt essayer de découvrir le mode de vie à l’américaine, les paysages, les cow-boys, les grosses voitures, les fast-foods, les déserts, la Californie, les fraternités... Toutes ces images et préjugés qu’on a des USA.

Nous avons eu la chance de pouvoir traverser pas mal d’états : du Texas à la Californie, en passant par le Nouveau-Mexique, l’Arizona et le Nevada. Le tout en sillonant les principales mégalopoles du grand Ouest : Las Vegas, Los Angeles, San Francisco... Autant d’états que de paysages différents, tous aussi surprenants les uns que les autres et surtout uniques ! On a pu voir les divers états d’esprit et modes de vie entre un état comme le Texas où l’on peut ressentir un sentiment patriotique très fort et un état comme la Californie, beaucoup plus ouvert et touristique.

à côté de ça il y a toutes les anecdotes de ce trip, les choses ahurissantes qu’on ne peut voir que là-bas et les rencontres qui ne sont pas dans les guides touristiques ou sur internet. Le dépaysement est garanti et ce fut vraiment un voyage enrichissant !

Invert - Santa Barbara

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42 BMX///Report

• meilleur souvenir de votre voyage ?Arnaud : J’en ai plusieurs, que ce soit à Bryce Canyon, Monument Valley… à chaque fois qu’on se posait pour admirer les paysages en fait.thomas : Le lancer de cailloux dans le Grand Canyon !On jouait avec notre vie en lançant des cailloux le plus loin possible alors qu’il y avait un précipice de 100m…

• Le spot le plus agréable à rider ?A : Le skatepark d’Austin sur la 12ème, le bowl en particulier.

• Plat le plus répugnant que vous avez mangé ?A : Ce n’est pas un plat mais une boisson, le Dr Pepper.t : Un sandwich tellement gros qu’on l’a mangé à deux… Ce n’est pas pour autant qu’il était bon.

• ce qui vous a le plus choqué là-bas ? A & t : L’aspect démesuré des objets de la vie courante. Tout est plus grand, que ce soit les sièges dans les salles d’attente, les sodas, les routes et les caddies avec des porte-gobelets…

welcometo the usa

enquête de satisfaction

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• La ville qui vous a le plus scotchée ? Pourquoi ?A & t : San Francisco, bizarrement tu te sens bien dans cette ville, peut-être parce que tout n’est pas démesuré. Et aussi pour sa diversité, son quartier hippie (d’où viennent Jimi Hendrix, Janis Joplin…) et ses rues avec des pentes à 30%. Bref, tout !

• Park le plus fou sur lequel vous êtes allés ?A : On n’a pas vu des masses de skateparks parce que nous n’y sommes pas allés uniquement pour ça. Mais c’est vrai que le bowl Santa Cruz est assez fou, grand et profond. Par contre il est interdit au vélo.t : Ce n’est pas un park mais la pool de Las Vegas, sur le Strip. Abusé.

Toboggan - Los Angeles

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• Rencontre la plus marquante ?A & t : Un métaleux suédois - avec une barbe si longue qu’il pouvait la rentrer dans son buggy - qui a essayé de serrer une MILF avec des seins en plastique.

• Paysage le plus apocalyptique que vous avez eu l’occasion de voir ?

A : La Death valley.t : White Sands, un désert de sable blanc au milieu des montagnes. La folie !

• meilleur plat typique que vous avez pu déguster ?A & t : Des enchiladas dans un restaurant mexicain à San Francisco. Une merveille.

• chose la plus démesurée que vous avez vue ?A : Beaucoup de choses sont vraiment démesurées. Mais le pick-up Ford F650 reste la chose la plus démesurée et la plus inutile qu’on ait pu voir. t : Deux petits obèses de 8 ou 10 ans dans un Subway. Tellement bizarre qu’on aurait dit des petits monstres avec lesquels on pouvait s’amuser.

• L’endroit où vous auriez aimé vous installer pour finir vos jours ?

A : Austin me semble pas mal.t : San Francisco sans hésiter ! Quoique Austin c’est bien sympa aussi.

•  Les trucs les plus “ ricains ” que vous avez fait ?A & t : Assister à un combat de catch et tirer avec un pistolet.

•  Le rider qui vous a fait halluciné ?A & t : Tom Dugan par son aisance et son amplitude. à froid le mec monte 1,5 - 2m plus haut que tout le monde… Et puis il a l’air très bête et très rigolo.

Downside Whip - Austin

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welcometo the usa

•   Pire galère du trip ?A : On n’a pas eu de grosses galères, par contre on a eu beaucoup de mal à se déplacer dans Houston en bus… Finalement on s’est rendu compte que ce n’était pas une ville très intéressante.t : La nuit à Death Valley. On a dormi (du moins essayé) sur la sellerie cuir alors qu’il faisait plus de 40°C.

•  spot le plus dur à rider ?A : Je n’ai pas beaucoup ridé, mais la pool à Las Vegas était plutôt difficile avec des courbes bien raides et surtout une chaleur étouffante. Il devait faire à peu près 45°C…

• Ville la plus photogénique ?A & t : San Francisco. Meilleure ville du Monde ?!

•   chose la plus insensée que vous avez vue ?A : Las Vegas !t : Des gamins qui vont au centre de tir avec leur grand-père pour tirer avec des machines de guerre.

•   comment avez-vous trouvé la mentalité américaine en général ?

A : Les gens sont plutôt abordables et avenants. Il discutent assez facilement par contre ils ne rigolent pas avec la sécurité et le respect des lois.t : Globalement nous avons été très bien accueillis. Tout le monde a été cool avec nous, quel que soit l’endroit. Mais bon ça reste quand même des gros bourrins qui tirent au pistolet, qui polluent à mort avec leurs pick-up et qui bouffent de la merde à longueur de temps.

•   Plus beau paysage vu ?A & t : Le levé de soleil à Monument Valley, avec son immensité à perte de vue. Juste incroyable !

•   cinq raisons d’aller aux states ?A : Il faut y aller au moins une fois dans sa vie pour les paysages, le dépaysement garanti, les parcs nationaux et les lieux mythiques.t : Le Texas, les 47°C en été, les parcs nationaux de l’ouest, le Golden Gate Park de San Francisco et ses clochards/hippies perchés sur Saturne…

Carving - Las Vegas

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Interview : Edouard LassusPhotos : Loïc Benoit

Lorsqu’il était plus jeune Hugo Liard ne se serait jamais imaginé passer ses journées dans un bureau à gérer une entreprise, il se voyait plus retranché à la campagne, profitant des merveilles offertes par la nature. Seulement sa passion pour le skateboard et sa volonté de faire bouger les choses l’ont mené à fonder sa propre marque : Antiz. C’est à la grande époque de Lyon, lorsque la ville était l’une des capitales européennes du skate qu’il s’est lancé dans l’aventure avec quelques amis. Lui qui est sur le devant de la scène skate depuis une quinzaine d’années et qui n’y connaissait pas grand chose en marketing gère aujourd’hui sa marque avec brio. désormais, la firme lyonnaise, reflet de l’identité rock’n’roll de son créateur, a su se faire une place en France et sur le Vieux Continent. une décennie plus tard Hugo et Antiz ont fait du chemin et ne sont pas près de s’arrêter.

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•    salut Hugo, est-ce que tu peux commencer par les traditionnelles présentations ?

Je m’appelle Hugo Liard, j’ai trente-cinq ans et je skate depuis plus de vingt ans. J’ai du monter sur ma première board il y a environ vingt-cinq ans.

• Où as-tu commencé à pratiquer ?C’était à Thonon-les-Bains, sur les bords du Lac Léman, entre la Suisse et la France, avec des gars comme Stéphane Lochon, Nicolas Droz, Titus et tous les mecs de là-bas.

• Au début tu étais plutôt orienté street ou courbe ?J’ai toujours fait beaucoup de street, quand tout le monde allait faire du snowboard et de la mini-rampe moi je partais streeter. J’étais rebelle de la mini, rebelle du skate, je préférais vraiment le street et on était deux ou trois à ne faire que ça. La courbe c’est venu plus tard, car à cette époque on n’avait pas trop de bons skateparks dans le coin, du coup on allait à Genève ou Lausanne pour streeter.

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• Et comment t’es venue l’idée de créer une marque de skate ?J’étais souvent avec Jérémie Daclin et les mecs de Cliché qui se bougeaient le cul pour aller skater mais je n’étais pas dans leur délire skate. Je ridais avec eux mais je n’étais pas forcément dans le même trip de tricks ou de spots. Un jour Jérémie m’a dit de faire mon truc de mon côté et, petit à petit, j’ai commencé à écrire le nom « Antiz » sur mes T-shirts. Ensuite trois de mes potes de colocation s’y sont mis avec moi et on a débuté le truc. C’était il y a un peu plus de dix ans…

• il y avait qui avec toi au commencement de l’aventure ?D’abord il y avait Loïc Benoit qui était mon colocataire, il s’occupait de la paperasse et moi je faisais pas grand chose, je skatais beaucoup… (rires) Après il y a eu Julian Dykmans qui est venu en tant que skateur et qui gérait quelques trucs. Et puis Julien Bachelier nous a rejoint de Paris et s’est installé avec nous à Lyon pour lancer le projet. Aujourd’hui Julian skate toujours pour la marque mais n’est plus dans la partie business, Loïc Benoit s’est retiré pour faire ses trucs indépendamment, notamment de la photographie. Donc maintenant c’est Julien et moi qui sommes aux rênes du carrosse.

« IL y A PAS MAL de SkATeuRS de LA SCène euRoPéenne eT InTeRnATIonALe quI VeuLenT RouLeR PouR AnTIz CAR ILS SAVenT qu’IL y A de VRAIeS VALeuRS HuMAIneS eT une GRAnde LIBeRTé »

• c’était quoi l’état d’esprit d’Antiz au début ? il y avait déjà une certaine volonté de se distinguer des autres marques ?

C’est vrai qu’au départ c’était pour se différencier des autres, être plus dans un délire rock’n’roll, peut-être un peu crado. On n’était pas et on n’est toujours pas axé sur l’apparence. Dans le skate d’un côté il y a les mecs qui rident et qui n’en ont rien à foutre de leur allure ou d’être à l’arrache. Et puis de l’autre côté il y a ceux qui ont l‘habitude de leur petit confort et tout. C’est des façons de skater différentes et nous on représente plutôt la première. On n’a jamais cherché à être quelque chose, on est juste nous- même et on l’est depuis le début, on ne cherche pas à jouer sur tel ou tel aspect. Les mecs qui intègrent le team viennent parce qu’ils se sentent bien comme ça, parce que l’âme et l’humanité d’Antiz leur plaît. De toute manière pour nous, que ce soit la crise, la fin du Monde, ou quoi que ce soit, on aura toujours notre board ! Si on vend des planches c’est pour que ça tienne et que toute l’équipe puisse vivre, on ne fait pas ça pour le profit. C’est le skate avant tout, c’est la première année où on arrive véritablement à se verser des salaires avec Juju. On tient le choc et on n’a pas beaucoup de besoins donc ça nous suffit.

• Le nom « Antiz » vient d’où ?J’ai cherché des noms, au début j’en avais plusieurs en tête dans le style « Viper » ou « Sombrero » puis j’ai trouvé « Antiz ». ça m’a paru cool et ça sonnait bien, en plus avec le « A » à l’envers ça interpelle les gens…

hugoliard

Frontside Smith

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51SKATE///Interview

• comment vois-tu l’évolution de la marque depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?Ce qui est bien c‘est que les racines sont toujours là, notamment le côté humain, la manière dont les riders intègrent le team et notre façon de gérer la barque. On est heureux de voir qu’il y a pas mal de skateurs de la scène européenne et internationale qui veulent rouler pour Antiz car ils savent qu’il y a de vraies valeurs humaines et une grande liberté contrairement à d’autres marques. Malheureusement on est obligé de dire non car on ne peut pas prendre tout le monde. Chaque mec rejoint le team de manière naturelle, en faisant une tournée ou un trip avec nous et si le feeling passe avec tout le monde c’est que c’est bon. Julien et moi on commence à se mettre un peu en retrait pour laisser la place aux plus jeunes. Le dernier à avoir intégré le team c’est « Hirschi » : Roland Hirsch, qui nous a officiellement rejoint au mois de Juillet. Il s’est fait tatoué direct le logo Antiz et c’est son premier tattoo donc c’est évocateur !

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• L’année 2012 est une année importante pour Antiz puisque vous célébrez les dix ans de la marque…

Oui c’est un peu l’année officielle des dix ans même si on ne sait plus trop à quelle date exacte tout cela a commencé.

• c’est la raison pour laquelle vous avez mis en place cet immense marketing tour 2012 ?

Ouais en gros c’était une manière de fêter les dix années d’existence de la marque tout en essayant de regrouper tout le monde, notamment nos riders qui viennent d’un peu partout. Si la tournée s’est appelée ainsi c’est qu’on n’a pas souvent eu l’opportunité de passer voir les shops et d’être en contact avec eux, alors là on en a profité pour aller leur serrer la main et voir les spots où ils sont. Pour nous c’était aussi l’occasion de faire un grand tour de France, de filmer des images et de shooter.

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« dAnS Le MILIeu du SkATe AuJouRd’HuI TouT Se FAIT AVeC LeS SPonSoRS CoMMe LeS BoISSonS éneRGISAnTeS eT SI on ne LeS uTILISe

PAS MAInTenAnT deMAIn ILS ne SeRonT PLuS Là… »

Slappy Fifty Up - Camberra

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55SKATE///Interview

• La tournée s’est divisée en deux parties, une première plus orientée vers le nord de la France et une seconde à destination du sud. il n’y a pas beaucoup de marques qui se lancent dans un tel projet, ce n’est pas un peu trop long et difficile à gérer ?

En effet c’est assez rare qu’une marque fasse une si grosse tournée en France. L’avantage c’est qu’on avait notre van, les tentes, personne ne se plaignait et tout le monde se débrouillait comme ça. On demandait juste à être hébergé de temps en temps, on pouvait tenir trois jours sans charger les batteries, on avait quand même un générateur mais généralement on a été très bien accueillis et les gens étaient super cools. Après on s’est partagé la tournée avec Julien Bachelier, on a alterné pour que ça ne soit pas trop éprouvant. Les riders aussi ont alterné et fait des bouts de tournée, en plus ils sont originaires d’un peu partout (Allemagne, Finlande, Suède, Espagne…etc.) Donc au niveau logistique c’était un peu complexe des fois mais on s’en est quand même bien sorti !

• c’est la plus grosse tournée de la marque depuis sa création ?Oui c’est clair ! En cumulant toutes les dates cela représente deux mois et demi de voyage, donc environ une cinquantaine de shops visités !

• Le tout sans aucun jour de repos ?Non pas de repos, même les dimanches on allait rouler et faire des photos. ça ressemble à notre manière de travailler chez Antiz, on n’a pas d’horaires de bureau, c’est plus du cinquante heures par semaine mais on ne compte pas parce qu’on aime ce qu’on fait !

• Antiz possède une image et un état d’esprit assez underground mais votre tournée était tout de même estampillée monster. Pourquoi avoir fait appel à une marque aux antipodes de la votre ?

Ouais c’est un peu une polémique de ouf mais sans ça on n’aurait vraiment pas pu se payer la location du van - même si on a pris le moins cher et qu’il était bien à l’arrache - l’essence, les péages et tous les frais liés à la route. Dans le milieu du skate aujourd’hui tout se fait avec les sponsors comme les boissons énergisantes et si on ne les utilise pas maintenant demain ils ne seront plus là… Nous on arrive à faire des choses avec eux tout en gardant notre image, ils aident le team comme ils peuvent, sans nous imposer quoi que ce soit mis à part le fait de mettre leur logo sur les affiches et dans la vidéo, ce qui est assez respectueux. Même Thrasher fait ses vidéos avec Monster car c’est vraiment eux qui supportent le skate en ce moment et ils sont vraiment partout. Moi aussi je suis sponsorisé Monster, au début c’était un choix à faire mais en tant que vieux qui a gagné des clopinettes avec le skate maintenant j’essaye de mettre un peu d’argent de côté pour l’avenir, pour ma famille et ma maison, même si je n’ai pas des besoins démesurés. Je respecte ce qu’ils font car ils soutiennent bien et puis c’est Danny Wainwright qui est team manager Europe, donc ils sont vraiment dans le truc. Après les sponsors il faut arriver à s’en servir sans que cela ruine ton image.

hugoliard

« on VIenT de FAIRe Le MARkeTInG TouR à TRAVeRS LA FRAnCe, LA PRoCHAIne éTAPe Ce SeRA CeRTAIneMenT de MeTTRe en PLACe une

TouRnée euRoPéenne SuR Le MêMe PRInCIPe. »

Frontside Rock’n’Roll - Nanterre

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• Quel est votre projet après cette tournée ?On va essayer de sortir une vidéo, pas forcément une vidéo complète comme celles qu’on a fait par le passé mais plus une vidéo promotionnelle avec quelques parts et des bonnes surprises. Il y a également un livre regroupant des photos souvenirs de ces dix années passées qui devrait voir le jour. On va continuer à skater et à bouger un peu partout, on vient de faire le Marketing Tour à travers la France, la prochaine étape ce sera certainement de mettre en place une tournée européenne sur le même principe.

• Pour toi quels sont les riders emblématiques qui ont marqué l’existence d’Antiz ?Il y a tous ceux qui ne sont plus dans le team mais qui font toujours partie de la famille comme Ben Thé qui avait été avec nous dès le départ et qui est artiste maintenant. Love Eneroth, un suédois qui lance son projet de son côté et Tom Derichs qui fait également son truc personnel. Aaron Sweeney ne va plus skater officiellement car il part faire ses études à Londres mais il sera toujours supporté par Antiz. On a également pour projet de faire un crew un peu à part avec tous les anciens de la marque pour donner plus de place aux jeunes.

• Et si on te proposait d’être sponsorisé par Heineken ça te dirait ?Carrément ! Heineken ou Jäggermeister mais c’est complexe pour une marque d’alcool ou de cigarettes de s’investir dans des sports dits « extrêmes »…

• si tu n’avais jamais fait de skate tu ferais quoi aujourd’hui à ton avis ?Je pense que je serais à la campagne, peut-être dans une ferme collective avec d’autres gens. Un truc cool proche de la nature…

« on A éGALeMenT PouR PRoJeT de FAIRe un CRew un Peu à PART AVeC TouS LeS AnCIenS de LA MARque PouR donneR PLuS de PLACe AuX JeuneS. »

Fs Lipslide Bigspin Out - Barcelone Pushing on bridge

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top five

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Par Edouard LassusPhoto : Florian Lanni

Ollie - Aurillac

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Les cinq riders qui t’ont le plus influencé ou qui t’influencent encore beaucoup : Tommy Sandoval Jon Dickson Anthony Schultz Danny Scher Andrew Reynolds

Les cinq meilleurs endroits où tu préfères faire de la planche à roulettes : Bayonne Nice l’Espagne Marseille Antibes

Les cinq vidéos de skate qui t’ont marqué à vie et dans lesquelles tu aurais aimé être : Misled Youth (Zero) New Blood (Zero) Baker 2G (Baker) Yeah Right (Girl) Timebomb (Thrasher)

Les cinq tricks que tu arrives à plaquer tout le temps : Flip Heelflip Back 360 Flip Nollie Flip Nollie Flip Back

Les cinq choses que t’adores faire quand t’es pas sur ta planche : Boire des bières avec mes potes Faire des barbecue Jouer de la gratte Manger Les road-trips avec Denis Noël

Les cinq choses que t’as envie de faire avant de mourir à 122 ans comme Jeanne calment : Bouger au Mexique Filmer une grosse part avec le crew Faire du rock’n’roll Pour le reste je verrai, j’ai encore le temps !

dernière recrue de la marque doble, à 20 ans Benjamin Botta a déjà passé la moitié de son existence sur sa planche. en 2009 ce mordu de hard rock et de gros hammers rivalise avec The Boss en se jetant sur les 18 marches de Bercy. Il replaque mais, comme Andrew Reynolds, ça ne rentre pas... Belle prouesse tout de même ! Aujourd’hui le rider antibois a affiné son style et sa technique ce qui lui permet d’apprécier tous les types de spots et de composer avec un riding riche dans lequel on dénote tout de même une forte prédisposition pour les handrails et les gaps, ainsi qu’une grande

maîtrise du airwalk.

Les cinq groupes que tu écoutes le plus : Black Sabbath UFO 1971 Ted Nugent Pentagram The Machine

Les cinq villes qui t’ont le plus marqué : Bayonne Zaragoza Aurillac Barcelone Paris

Portrait : Lionel Bouffier

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Les cinq trucs que tu préfères dans la culture skate : Les potes L’ambiance Les souvenirs Les voyages La musique

Le top cinq des meilleures réponses de ton top 5 : Black Sabbath Boire des bières avec mes potes Filmer une grosse part avec le crew Faire des road-trips avec Denis Bayonne

SKATE///ProfilAirwalk - Errenteria - Photographe : Clément Le Gall

Le rêve de Ben Botta serait donc de partir en tour, accompagné de Denis Noël, pour filmer une grosse part avec tout le team Doble. Enfin il clôturerait le trip en buvant des bières avec ses potes devant un concert de Black Sabbath dans les arènes de Bayonne. What Else ?

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Interview : Edouard LassusPhotos : Florian Lanni

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Jonathan Jean-Philippe appartient au groupe restreint des riders pourvus d’un véritable don pour le skate. Son habileté étant probablement en relation avec les sports qu’il pratiquait avant de monter sur une planche pour la première fois : le football et la boxe thaïlandaise. quoi qu’il en soit celui qu’on surnomme JJP ne tarda pas à se faire connaître et à être reconnu pour son aisance et ses facilités, puisque, dès sa première année de pratique, il termina deuxième du feu V7 Teenage Tour - édition 2003 - et les sponsors lui firent rapidement les yeux doux. Sourire aux lèvres et bonne humeur permanente font partie intégrante de la personnalité de cet enfant du 93 qui demeure toujours à Saint-denis où il a ses attaches et ses habitudes. Jonathan a tracé sa route, pieds sur la planche. Il est désormais l’un des rares skateurs de notre douce France à pouvoir prétendre (sur-)vivre grâce au skateboard,

discipline qui lui apporte un véritable équilibre dans sa vie quotidienne.

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•   comment considères-tu le sponsoring dans le skate ? Est-ce indispensable selon toi ?

C’est plutôt cool. Me concernant c’est indispensable car à un certain niveau tu uses beaucoup de matos. Et franchement si j’étais amené à le payer je ne m’en sortirais pas financièrement et je ne pourrais pas progresser, ni même continuer à skater comme je le fais aujourd’hui.

•   tu es capable de taper des gros hammers comme de plaquer des tricks très techniques. comment définirais-tu ton style de skate et d’où viennent tes influences ?

Ouais c’est vrai que je peux skater un gros spot entre 15 et 20 marches comme je peux skater le petit curb en bas de chez moi. Mes influences sont aussi bien françaises qu’américaines avec des mecs tels que Bastien Salabanzi, Paul Rodriguez, Evan Hernandez, Chris Dobstaff, Vincent Bressol, ou encore Luy-Pa Sin.

•   Quels sont les types de spots que tu apprécies particulièrement ? Et les endroits où tu skates le plus souvent ?

J’aime bien rider un bon gros ledge mais le rail ne me déplaît pas non plus ! Sinon je skate à Saint-Denis et - proximité avec la capitale oblige - je vais de temps à autre sur les spots parisiens.

•  tu as découvert le skate à l’adolescence, comment et pour quelles raisons as-tu attaqué ?

Le soir, lorsque je rentrais de mes entrainements de football et de boxe thaïlandaise, je passais à pied devant le spot de la mairie de Saint-Denis. Il y avait toujours quelques mecs en train de skater. Un jour je me suis arrêté et j’ai franchi le pas en leur demandant si je pouvais essayer une board. C’est alors que le virus m’a pris et ne m’a jamais quitté...

•  à tes débuts tu skatais avec Heinrick Peccatus, aujourd’hui vous représentez tous les deux Haze Wheels. Est-ce que vous ridez encore souvent ensemble ?

 À vrai dire quand j’ai débuté j’étais plutôt quelqu’un de solitaire, j’aimais bien skater seul dans mon coin. Par la suite j’ai bien sympathisé avec Heinrick et nous nous sommes mis à bouger ensemble sur les spots. Aujourd’hui Heinrick vit en province, on a chacun pris des chemins différents mais c’est toujours un réel plaisir de le revoir et de taper une bonne session avec lui !

jonathan jean-philippe

•  Les sponsors sont vite arrivés vers toi, comment cela s’est passé ?

En fait à la fin de ma première année de skate, Street Machine, le plus gros shop parisien de l’époque, m’a contacté pour que j’intègre leur team. J’ai été grandement surpris car ils avaient déjà un team bien fourni possédant un gros level avec des mecs comme Stéphane Larance, Vincent Bressol…etc. Et dans la foulée je suis aussi rentré chez Osiris.

« J’AIMe BIen RIdeR un Bon GRoS LedGe MAIS

Le RAIL ne Me déPLAîT PAS non PLuS ! »

« TouS MeS VoyAGeS Se SonT FAIT GRâCe Au SkATeBoARd. »

Frontside Boardslide - SaragosseSKATE///Interview

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« J’AuRAIS Pu AVoIR de BonneS oPPoRTunITéS dAnS Le FooTBALL »

•  ta part web pour dc est la preuve de ta polyvalence, comment s’est passé le tournage de cette vidéo et combien de temps cela t’as pris ?

J’ai eu deux ans pour la filmer. Mais bon suite à de multiples contraintes, du fait par exemple que je n’avais pas de cameraman à ma disposition et que j’ai eu pas mal de blessures récurrentes, ça m’a relativement freiné dans le filming. Je me suis tout de même donné le plus possible et je suis vraiment satisfait et fier du résultat car c’est ma première vraie part pour un de mes sponsors.

•  Est-ce que le skate et les sponsors t’ont permis de beaucoup voyager ? Quels sont les trips ou les endroits que tu as le plus appréciés ?

Tous mes voyages se sont fait grâce au skateboard. J’ai vraiment aimé le Maroc, l’Espagne, les pays de l’Est, les States et La Réunion… Je n’ai pas à me plaindre car j’ai pas mal bougé et j’espère que ça ne s’arrêtera pas de sitôt !

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Switch Crooks - Lille

• Hormis cela as-tu d’autres passions ou des passe-temps favoris lorsque tu n’es pas sur ta planche ?

Le football, le chill devant la console et puis je compte bientôt reprendre la boxe pour entretenir un bon physique.

•   à ton avis tu serais où et tu ferais quoi à l’heure actuelle si tu n’étais jamais monté sur une planche ?

J’aurais sûrement eu la place de Zlatan Ibrahimovic à la pointe de l’attaque du PSG… Non je déconne ! Mais il est vrai que j’aurais pu avoir de bonnes opportunités dans le football, certaines portes vers le monde professionnel m’étaient ouvertes… Sinon, dans un scénario plus catastrophique, je serais au Mc Do du coin. La vie est faite de choix et d’opportunités, à nous de savoir les saisir !

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• Aujourd’hui est-ce que le skate te permet de vivre ou as-tu un job à côté ? des études… ?

Pour les études je suis allé jusqu’au Bac Pro Commerce, ensuite j’ai poursuivi une formation pour être technicien sur les réseaux informatiques. En gros c’est l’équivalent du niveau Licence. Maintenant le skate me permet de vivre mais on est loin des salaires américains…

•   tu rides pour Zoo York depuis quelques temps, c’est une marque qui te correspond totalement, est-ce un aboutissement pour toi de skater pour une telle firme?

C’est vrai qu’à mes débuts je me suis toujours dis que voulais rider pour cette marque et c’est une vraie satisfaction personnelle d’y être parvenu. D’ailleurs j’ai de bons projets en cours avec Zoo York mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment malheureusement...

•  Quels sont tes projets pour les mois à venir ?Au niveau personnel c’est de voyager le plus possible, me trouver un nouvel appartement. Sinon du point de vue professionnel c’est de continuer à filmer pour ma prochaine part vidéo.

•  comment vois-tu le milieu du skateboard aujourd’hui ? Est-ce que tu es pour tout le côté commercial, les évènements du type street League ou maloof et les gros chèques qui vont avec ?

De toute manière le skate est devenu une grosse industrie qui brasse beaucoup d’argent. Donc les gros évènements actuels comme la Street League, les X-Games ou bien la Maloof Money Cup ne me dérangent pas du tout. Je ne vois pas pourquoi les footballeurs gagneraient des millions d’euros et pas les skateurs ? Expliquez-moi…

« le skate est devenu une grosse industrie qui brasse

beaucoup d’argent. »

« SkATe PouR ToI MA GueuLe ! »

•  tu participais à pas mal de contests lorsque tu étais plus jeune, pourquoi en fais-tu moins désormais ?

L’explication est simple. Si je ne fais plus beaucoup de contests en France c’est seulement car je me concentre plus sur certains gros évènements qui se passent à l’étranger car je trouve que le niveau y est plus relevé.

•    tu pourrais participer à ce genre de contests ?Oui pourquoi pas, ça permet de dépasser ses limites.

•  Penses-tu que l’industrie du skate est en train de devenir un business colossal ?

En France je ne sais pas trop mais aux USA en tout cas ça a toujours engendré un énorme biz. En même temps le skate est né là-bas donc c’est assez normal...

•  Personnellement comment vois-tu l’avenir et que ferais-tu s’il fallait te reconvertir ?

J’envisage toujours l’avenir avec mon skateboard, concernant ma reconversion je ne peux apporter de réponse car seul l’avenir pourra me le dire.

• une dernière chose pour conclure ?Je voudrais remercier tout particulièrement mes sponsors  : DC Shoes, Zoo York, Haze Wheels, Starcow, Space Monkeys, Jeewin, New Era et bien-sûr ma Mom’, ma chérie, mes potes les plus proches et tous les autres... Skate pour toi ma gueule ! Merci pour cette interview et bonne continuation.

Backside 180 Switch 5-0 •

jonathan jean-philippe

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« Décoller » il faut le dire vite, ou lentement en fait. Aussi lentement que mon fidèle destrier de marque française et dont le modèle comprend les chiffres « deux », « zéro » et « sept » mettra pour rallier la terre promise. Le jet privé habituellement réservé aux journalistes de TransferT étant en panne, notre QG s’établira donc dans ce véhicule à espace réduit (qui fera donc office de chambre, cuisine, salle de bain et salle de réunion). Il est exactement 17h47, le samedi 11 août, quand mon assistante et moi même arrivons sur place. Ouais je vous ai pas dit mais j’ai une « assistante », voyez par là une fille qui s’intéresse à la peinture, la sculpture et toutes ces choses qui rentrent dans la partie « art » du festival. Choses dont je ne pourrais absolument pas parler tout seul. N’est pas aux Beaux-arts qui veut.

« Guéthary est une commune française de 1327 habitants, autrefois port baleinier, puis thonier et sardinier, située dans le département des Pyrénées-Atlantiques et la région Aquitaine. » Bon autant vous dire que vu comme ça et pour parler poliment, Guéthary ça me passait un peu au-dessus. ouais je sais les gars, la côte basque, les plages et les surfeurs c’est « grave la classe ». Chacun son truc. Mais voilà, dans ce village à peine plus grand que le dressing de Paris Hilton, une bande d’irréductibles basques (un pléonasme ?) ont décidé de créer un festival réunissant art et musique. un évènement « pop » en somme. ça tombe bien, ça s’appel Baleapop et on décolle couvrir la troisième édition.

Texte : Jérémy BoisPhotos : Simon Noizat& Edouard Ducos

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Premier constat, le dressing de Mlle Hilton est sacrément engorgé. En fait le festival a déjà commencé depuis deux jours. Même si les concerts commencent réellement le samedi on se rend compte qu’on a loupé pleins de supers animations, des Djs, des apéros sur la plage, un spectacle de danse et toute la partie exposition. Bon du coup la présence de l’assistante aurait pu être dispensable, mais on est comme ça chez TransferT, on a les moyens. Après avoir tourné un bon moment on trouve un spot parfait où se garer. Face à la plage et coup de chance, c’est ici que se dérouleront les concerts l’après-midi. Hormis le fait d’être entouré de vans remplis de mecs vachement plus bronzés, blonds et musclés que moi c’est une aubaine. L’heure tournant on décide donc de se rendre au Parc de Saraleguinea où se situent les temps forts du festival.

« Le PARC eST MAGnIFIque, oRné de PeInTuReS

eT AuTReS CRéATIonS PLASTIqueS du PLuS BeL eFFeT »

The Lookers

Ce qui frappe en premier c’est le cadre. Le parc est magnifique, orné de peintures et autres créations plastiques du plus bel effet et la scène dont la forme rappelle celle d’un bateau est méchamment classe. Le tout dans un lieu à taille humaine où l’atmosphère respire déjà le bon esprit. On rentre facilement grâce à nos cartes de presses en forme de billets de dix euros. On se sent de suite comme à la maison, la bière et le vin sont à deux euros et on nous propose tout un tas de plats, à base de produits régionaux et en basque dans le texte, mais pour des sommes tout aussi modiques.

Quelques verres et rencontres plus tard, c’est à The Lookers de donner le coup d’envoi de la soirée. Cette très jeune formation originaire du coin (Bayonne) distille un garage rock avec une classe qui n’a pas attendu le nombre des années. Le power trio a le bon son, les bonnes compos et on sent que le guitariste ne crache pas sur Johnny Thunders & the Heartbreakers. Manque juste à leurs voix de muer définitivement et on tiendra là le groupe anti-hipsters parfait.

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Après cette très bonne mise en bouche c’est au tour des parisiens de Yeti Lane d’investir la scène. Ces psyché-rockeurs français sont à l’origine d’un très bel album : The Echo Show - sorti au mois de mars - et se sont payés le luxe d’ouvrir pour le Brian Jonestown Massacre sur toutes leurs dates française. Mais ce soir la sauce ne prend pas, faute à un son plus qu’approximatif (voire agressif) mais avant tout au parti pris d’une formation en duo. En effet on est loin ici du blues rugueux des White Stripes ou des Black Keys et le principe même du rock planant est d’accumuler les couches d’instruments.

« kATe wAX AuRAIT éTé PARFAITe dAnS Le RôLe du deRnIeR GRouPe,

CeLuI quI VIde Le PARC SAnS L’AIde de LA SéCuRITé. »

Panda Valium & Polygorn - Yeti Lane - Kate Wax

Outre la guitare et la batterie c’est donc à notre bon vieil ami à la pomme de se charger du reste. Vous allez dire que je suis un vieux con avant l’heure mais moi entendre des boucles qui sortent d’un ordinateur, dans le rock, ça me fait chier. On est confronté à une bouillie sonore où l’on ne sait plus si c’est le batteur ou une boîte à rythmes et quel riff joue vraiment le guitariste sur les vingt- trois qui ont été lancés en appuyant sur « play ». ça enlève aussi toute place à l’improvisation et c’est dommage. On retiendra tout de même une reprise du Barstool Blues de monsieur « Dieu le père, Neil Young » version : Hawkwind fricote avec les robots, et ça c’est plutôt cool.

La nuit est déjà bien avancée, on a libéré nos poches de pas mal de pièces à bords argentés pour supporter la chaleur en irriguant un gosier qui n’a pas fumé que des clopes. Tout le monde commence à être vraiment bien et l’ambiance est toujours aussi bon enfant. Mais là… C’est le drame. Arrive miss Kate Wax. Une jeune suisse d’origine tibétaine à ce qu’on m’a dit. Seulement affublée d’un bassiste mais bardée de tout un tas de niaiseries informatiques (pour changer). La demoiselle se prend pour Björk et ça fait mal. Voix ultra soprano, instrumentation plus que froide tendance néo-gothique, lumière épileptique et musicien inutile.

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« kATe wAX AuRAIT éTé PARFAITe dAnS Le RôLe du deRnIeR GRouPe,

CeLuI quI VIde Le PARC SAnS L’AIde de LA SéCuRITé. »

MUSIC///Report

baleapopfestival

JC Satan - James Holden

C’est sensé être hypnotique mais lentement la seule idée qui vous traverse la tête c’est la fuite. On tente bien de résister mais au final on ne peut qu’écouter son corps et reprendre la route de la plage. C’est dommage parce qu’on aurait vraiment aimé voir JC Satan, ce groupe de Bordeaux complètement fou, pop, garage, punk et lo-fi à la fois dont je vous conseille fortement le dernier E.P. Faraway Land. Peut-être une petite erreur de programmation pour le coup, Kate Wax aurait été parfaite dans le rôle du dernier groupe, celui qui vide le parc sans l’aide de la sécurité.

De retour à la plage, et donc à la voiture, on se rend compte que la nuit va être courte. Le camping du festival se situant juste à côté, on a le droit aux fameux sound systems qui crachent de la merde en barre et en infrabasse jusqu’à six heures du matin. On tente de dormir dans le coffre et ce n’est pas un break. Le seul point positif c’est que la proximité ne nous dérange pas trop. C’est déjà ça.

La pluie sur le pare-brise nous sert de réveil. Mais l’humeur morose passe aussi vite que le soleil réapparait. On se rend compte que l’on était pas si mal quand on voit la gueule des festivaliers à l’ouverture de leurs tentes. Trois cafés et douze clopes plus tard (c’est essentiel un bon petit déjeuner) on s’étale comme des loques sur la plage pour rattraper les heures de sommeils manquantes. Ok j’avoue, c’est chouette quand même l’Océan.

Dès midi les Dj sets commencent et le cadre, ici aussi, est assez fabuleux. Un bel espace de verdure sur une falaise qui surplombe la mer. La plateforme « fabrication maison » permet à Junior Kulte et Rone de poser leurs platines à l’orée du soleil levant. La bière coule déjà à flots, un stand permet de se fabriquer des couronnes de fleurs et les filles dansent en maillot de bain… C’est peut-être ça le Woodstock du futur.

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Vers dix-huit heures on rejoint à nouveau le parc. Les concerts ne commencent que dans une heure mais on en profite pour faire un tour aux stands présents sur le site et regarder un match de pelote basque improvisé sur le terrain en amont.

Dix-neuf heures trente, les Crane Angels s’emparent de la scène. S’emparer c’est le mot sachant que cette formidable chorale pop et rock, sorte d’orgie musicale réunissant la crème de la scène bordelaise, se compose de pas moins de dix membres. Aucun PC à l’horizon donc et c’est déjà exceptionnel par les temps qui courent ! Soyons francs et directs : c’est énorme. Le son est parfait, la puissance apportée par les dix voix à l’unisson scotche sur place. Les membres changent souvent de place et donc d’instrument sans que cela ne paraisse futile. Et les chansons… On pense aux Bewitched Hands forcément, les voix féminines sur les guitares gorgées de fuzz font planer l’ombre des Dead Weather, les Beach Boys ne sont jamais loin et les Beatles non plus d’ailleurs. L’heure passe vite, trop vite et on reprend ses esprits difficilement. On en aurait presque oublié d’aller remplir son gobelet. Heureusement, la grosse heure de battement avant le concert suivant nous permettra de remédier à ça. Et pas qu’une fois.

Les étoiles sont déjà bien en place quand Connan Mockasin prend la sienne. On espère que vous avez entendu parler de ce néo-zélandais complètement barré. Et si ce n’est pas le cas jetez-vous sur son Forever Dolphin Love, album au titre qui annonce d’emblée la couleur. Le gars et son groupe ont commencé à créer l’évènement plus tôt dans la journée en se baladant dans le village. Parce qu’on vous explique, Connan c’est un mec en chemise à jabot, aux cheveux longs et peroxydés (tendance automne-hiver dix-septième siècle) qui s’accompagne de musiciens quasiment tous déguisés en filles. Ouais dis comme ça, ça peut faire peur, mais - et c’est assez inexplicable - c’est juste génial !

baleapopfestival

Ponch & Rello - Crane Angels - Connan Mockasin

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75MUSIC///Report

Le concert commence comme s’ouvre l’album, sur un Megumi The Milkway Above d’anthologie. Clairement on est en face d’un groupe hallucinant. Mention spéciale au bassiste, qui, de mémoire, est le bassiste qui m’a le plus scotché de toute ma vie. Le batteur couplé au percussionniste apportent un son à la fois puissant et d’une finesse incroyable. Le son de guitare lui est aquatique, enrobe le tout et nous prend avec. On est dans une bulle, une faille spatio-temporelle, on ne peut détacher le regard de Connan, présence christique et regard perçant sur voix androgyne de velour.

« RAReMenT un ConCeRT M’AuRA AuTAnT donné

L’IMPReSSIon d’êTRe dAnS un RêVe. »

Les lumières se rallument, tout s’arrête, Connan ne reviendra pas, dur retour à la réalité. Alors on boit pour oublier, dans une ambiance d’euphorie totale. On quitte le festival le sourire aux lèvres, avec deux idées fixes en tête : revoir un concert de Connan Mockasin dès que possible et surtout revenir au Baleapop l’année prochaine tant ce festival et son atmosphère nous ont séduit. Cette nuit là nous n’aurons pas de mal à dormir. L’alcool, la fatigue et j’en passe me direz-vous. Mais je vous assure que non. Et si c’était ça le pouvoir de la musique, la vraie, sans ordinateurs et sans vocodeurs, celle crée et jouée par l’homme, celle qui peut vivre, nous faire vivre et fasciner.

Le public est envoûté, l’impression de recevoir une musique que l’on a attendu toute notre vie. Les Crane Angels sont côté jardin et n’en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles. L’envie que ça ne s’arrête jamais. Le groupe quitte la scène sur une version épique de Forever Dolphin Love de quasiment vingt minutes. Puis viens le rappel, énorme jam de funk spatiale où Connan et son travesti de percussionniste entament un hip-hop au milieu de la foule. Les gens dansent, rigolent, chantent avec lui. Rarement un concert m’aura autant donné l’impression d’être dans un rêve.

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« À ce qu’assurent les doctes pythagoriciens, Calliclès, le ciel et la terre, les Dieux et les hommes sont liés entre eux par une communauté, faite d’amitié et de bon arrangement, de sagesse et d’esprit de justice, et c’est la raison pour laquelle, à cet univers, ils donnent, mon camarade, le nom de cosmos,

d’arrangement, et non celui de dérangement non plus que de dérèglement. »Socrate — Dialogue entre Platon et Gorgias, 507e - 508a

par Yann « Guliver » Martinot & Jean-Pierre « Kris Vitti » Martinot

Photos : Pierre Mercier & Jeff Roques

• Art. VII - TRIP D’ éQUIPES SAUVAGES EN MILIEUX BROUSSAILLEUX... a.k.a. ON POP à 40 - LE FOND - LA FORME, LA DéBROUILLE ET LE JEU...

Aujourd‘hui, L’ étiquette tient à marquer d’une croix, sur ton plan des espaces à -checker- les terrains vagues et autres non-lieux.

“ Alors, d‘ où partir afin d’ y voir un peu plus clair en ces contrées ? Je ne sais pas hormis qu’à la croisée des quatre chemins, vers -St André-, il y a comme un Chiasme, un point où tout se croise... ”

Le regard aiguisé, à l’image de ce triangle sur mon GPS et qui m‘indique la direction à suivre pour trouver... La Friche.Le Principe est rodé, carré, ce n’est qu’une fois le Terrain découvert que les Choses peuvent se passer.

“ - C’est Ici que l‘on pourra s’élever Corps et Âme, au-délà des arbres ou des murailles... ”

Ta Débrouillardise te fait entrevoir la fin d’un parcours... Le début d’un nouveau tracé... Un cercle fameux, plus grand que toi, et vertueux...Ce n’est qu’après avoir contemplé les friches et leurs milieux de tout près, que le temps te rend plus aguéri pour éxecuter les feintes dues à l’outil que cent fois tu manipules. Mais il te permet d’apprivoiser, la force en toi qui fait jaillir de la matière un style toujours plus évolué...

“ ... ainsi les -Phoenix-, cachés en nous-mêmes, pourrons déployer leurs Ailes ... ”

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77ART///Chronique

• Art. VIII - TERRAIN-TEMPLE = MAUSOLéE a.k.a. FIGHT FOR YOUR WRITE(a Tribute to 5 POINTZ N.Y.C - R.I.P.)

“ Ces Temples du Vide, Ces Sculptures du Silence, Il faut les Honorer de nos Lignes... ” Revenons à ce Passage et à cette Brêche, bref ce lieu d‘où tout surgit, d’où tout s‘éveille.Ces Paysages à dorer, et rendus à la Nature de nos instincts qu’on dit les plus Sauvages...

Et pourtant si Civilisés.

CULTIVEZ à BON ESCIENT CES TERRAINS, DéFENDEZ-LES, ENTRETENEZ-LES, même si perdus au beau milieu de Paysages, Urbains, Ruraux ou Rurbains.Ces endroits rassemblent toutes les âmes aventureuses et soucieuses de libérer les trop pleins. Que l’on soient peintre, photographe, maraudeur, rider ou simple promeneur...Qu’importe le lien, on en revient toujours au Terrain.

Ce lien à dénommer... Ce lieu porte un nom. Un lieu très certainement des plus bizarres. Il s’agit d’un lieu qui à vrai dire est une réverbération. “ Un Ciel sur Terre, un espace retourné. ”

Autrement dit, ce lieu ne ressemble à rien. à rien d’autre que cet inconnu dont il a été question depuis le début. En Anglais, cette langue pleine d’onomatopées, ce lieu bizarre est donc appelé spot.

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Le spot est un terrain de jeu improvisé, très loin du terrain de jeu organisé pour un sport.Comme on le constate, sport et spot sont deux mots très proches du point de vue du signifiant.Tous deux, ils peuvent être définis comme relatifs à l’idée de terrain de jeu.Le sens de spot porte plus sur l’idée de terrain, tandis que celui de sport porterait d’abordsur celui de jeu : un jeu pratiqué sur un terrain parfaitement reconnu, établi à l’avance, non improvisé. On peut parier que tout sport commence et s’invente à partir d’un spot !On peut avancer que les uns sont plus portés au terrain, et les autres au jeu !Le joueur se soumet à des règles et à un terrain de part en part établi.Le « spoteur » est lui un inventeur, un explorateur. Le terme de spot, très riche,renvoie à nos démarches les plus improvisatrices, novatrices...

C’est le terrain qui donne l’occasion d’inventer.Il y a donc là un rapport très nécessaire avec un espace non défini, réglé.Cet espace peut-être celui de la nature, mais aussi tout ce que l’urbain n’a pas contenu.Le chercheur de terrain sent et intuitionne cela, avec cette satisfaction à rencontrer un espace fait d’accidents favorables à la mise en forme d’une énergie.

Ainsi, une activité se distingant du sport comme de l’exploration en pleine nature estnée sans doute, une fois de plus, là où nombreux sont ceux qui ne trouvent rien.C’est dans un maquis que prospèrent certains traits de l’humain.Maquis, mackis en Corse, signifie tâche, macula. C’est aussi le cas pour spot : la tâche, l’éclat.Nous pouvons trouver sur un mur quelque « tâche » ou tavelure qui va nous renvoyerà un espace autre. à un espace qui fait participer nos facultés imaginatives, lesquellesne se développent pas uniquement dans la nature, et grandeur nature.

Le SPOT, c’est la tâche, le petit espace... un Micro-Cosmos paumé dans un Macrocosme paysagé.

L’ étiquette épitaphe

“ Le SPOT, c’est là où la ville éCHOUE. Mais de cet échouage, il va ressortir toute une plasti-cité... ”-Kris Vitti- in Venimus Tentacularis Codex. 2012.

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80 ART///Illustration

par Jérémie Kergroach

• Technique : encres de couleurs (écoline)• Support : papier aquarelle 300 gr/m2

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transfert - Vol.ii n°2 -

• PhotographesFlorian LanniLoïc BenoitJulien LachausséeThomas BoriePierre BlondelNicolas PetitjeanSimon CassolClément Le GallJérémy SavelRémy SennepinJeff RoquesSimon NoizatEdouard DucosLionel Bouffier

édité par Session Librerue du Docteur Patrick Béraud15 000 - AURILLACImprimé en Allemagne

• maquetteMickael « Pub » MadrignacEdouard Lassus

• Rédacteur en chef Edouard [email protected]

• RédacteursJérémy BoisYann « Guliver » MartinotArnaud Malthieu

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