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Pauline ANDREY, Rozenn DERRÉ,
Daniela RENDINA & Sandy RUCHTI
LIFESTYLE : BIEN-ÊTRE DANS VOS ACTIVITÉS, UN PROGRAMME DE
PROMOTION DE LA SANTÉ BASÉ SUR LES OCCUPATIONS
Étude de faisabilité au sein d’un hôpital de jour vaudois accueillant des personnes âgées
souffrant de troubles psychiques
Partie 1 : Travail de bachelor
Travail présenté à la Haute école de travail social et de la santé – EESP – Lausanne
pour l’obtention du
Bachelor of Science HES-SO en ergothérapie
Le jury d’évaluation finale :
Directeur : Docteur Nicolas Kühne
Codirectrice : Madame Christine Garcia-Adamez
Lausanne, octobre 2015
2
REMERCIEMENTS
Nous exprimons toute notre gratitude aux deux ergothérapeutes du service où s’est déroulée
cette étude. Si celle-ci a été possible, c’est parce qu’elles l’ont voulu. Leur implication tout au
long de l’adaptation et de l’expérimentation nous a motivées à donner le meilleur.
Nous tenons à remercier ici les intervenants externes ou consultants qui donnèrent un peu de
leur temps et de leur bon sens critique pour nous guider dans ce projet : le médecin de l’hôpital
de jour, la diététicienne intervenue dans un des modules ainsi qu’une ergothérapeute
spécialisée en sexualité. Nous adressons également un remerciement particulier à l’équipe de
l’hôpital de jour pour l’accueil fait au programme.
Une pensée reconnaissante à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à ce travail : nos
proches, nos amis, nos camarades et nos collègues.
Une intention particulière est destinée à la codirectrice de ce travail pour ses remarques
pertinentes qui nous ont été précieuses et nous ont permis d’affiner l’adaptation du
programme.
Finalement, nous adressons notre plus chaleureuse reconnaissance à notre directeur pour
l’enthousiasme dont il a su faire preuve afin de nous encourager dans ce projet et pour sa
présence tout au long de ce travail. Sa bienveillance, son expérience et ses questionnements
habiles ont permis des échanges qui nous ont aiguillées avec brio. Si ce travail est tel qu’il est
à ce jour, c’est grandement grâce à lui.
Notes des auteurs
Les citations directes et indirectes sont toutes issues de traductions personnelles car la
majorité des sources utilisées dans ce travail sont de langues étrangères.
Ce travail est constitué de deux parties. La seconde partie nommée « Partie 2 : Lifestyle : bien-
être dans vos activités, programme adapté » est l’adaptation du programme expérimenté à
l’hôpital de jour.
« Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un travail de bachelor pour l’obtention de 15 ECTS.
Le contenu et les opinions émises dans le travail n’engagent que les auteurs. La responsabilité
de l’école se limite à la définition et au contrôle de l’atteinte des objectifs pédagogiques relatifs
aux travaux de bachelor ».
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RÉSUMÉ
Introduction : Les programmes de promotion de la santé de type Lifestyle Redesign basés sur
les occupations se développent dans le monde. Ces interventions de groupe menées par des
ergothérapeutes ont été le sujet de plusieurs études et leur efficacité a été prouvée dans
différents contextes. Les programmes permettraient également une diminution des coûts de
la santé et l’extension du champ de pratique de l’ergothérapie, des enjeux importants en
Suisse. Cependant, plusieurs études relèvent des obstacles institutionnels et organisationnels
qui entraveraient la mise en place de ces approches.
Objectifs du travail et population à l’étude : Le but de cette étude qualitative est d’évaluer si un
programme de promotion de la santé basé sur les occupations est faisable et réalisable dans
un hôpital de jour romand. La population à l’étude sont les professionnels du service,
principalement les deux ergothérapeutes facilitant le groupe. Les participants au programme
sont des personnes âgées souffrant de troubles psychiques et vivant à domicile.
Méthodologie : Une version adaptée des programmes est créée sur la base des besoins et
des difficultés de personnes âgées avec des troubles psychiques récoltés à l’aide de l’Échelle
Lausannoise d’Auto-évaluation des Difficultés Et des Besoins (ELADEB). Ensuite, le
programme est expérimenté au sein d’un groupe de six personnes durant dix semaines. Les
six participants sont tous des clients de l’hôpital de jour, ils ne présentent pas de trouble cognitif
majeur ou de comportement pouvant mettre en péril le groupe. La facilitation est menée par
une ergothérapeute expérimentée ainsi que par un co-facilitateur. Les ergothérapeutes
participant au projet et les autres professionnels impliqués donnent un retour sur les aspects
de faisabilité du programme au sein de leur institution. Les informations recueillies sont
classées selon les cinq critères définis par Rogers (2003) pour l’adoption d’une innovation.
Conclusion : Le programme est faisable et réalisable dans une structure telle que l’hôpital de
jour. Il propose une approche prometteuse qui correspond aux valeurs du service où
l’expérimentation a eu lieu. Les professionnels le perçoivent comme un outil intéressant et
facile d’utilisation qui viendrait compléter l’offre de l’institution. Néanmoins, des études plus
larges devraient suivre afin de pouvoir généraliser ces résultats encourageants pour la
pratique et le développement des programmes de type Lifestyle Redesign.
4
Mots-clés
Promotion de la santé – Lifestyle Redesign – ergothérapie – personnes âgées – troubles
psychiques.
5
LISTE DES ABRÉVIATIONS
ACE Association Canadienne des Ergothérapeutes
ASE Association Suisse des Ergothérapeutes
ELADEB Échelle Lausannoise d’Auto-évaluation des Difficultés Et des Besoins
ENOTHE European Network of Occupational Therapy in Higher Education
GRAAP Groupe romand d’accueil et d’action psychiatrique
LR Lifestyle Redesign
OFS Office Fédéral de la Statistique
OBSAN Observatoire suisse de la santé
OMS Organisation Mondiale de la Santé
SNIPH Swedish National Institute of Public Health
WHO World Health Organisation
6
TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION 9
2. RECENSION DES ÉCRITS 11
2.1 Vieillissement de la population ........................................................................... 11
2.2 Vieillissement et santé ......................................................................................... 12
2.2.1 Processus de vieillissement .................................................................................... 12
2.2.2 Engagement dans les occupations ......................................................................... 12
2.2.3 Concepts de vulnérabilité et de fragilité .................................................................. 13
2.3 Promotion de la santé .......................................................................................... 14
2.3.1 Accès aux programmes de promotion de la santé pour les personnes souffrant de
troubles psychiques dans le canton de Vaud .......................................................... 16
2.4 Les programmes de type Lifestyle ...................................................................... 17
2.4.1 Caractéristiques des programmes de type Lifestyle................................................ 17
2.4.2 Développement dans le monde et efficacité des programmes de promotion de la
santé basés sur les occupations ............................................................................. 18
2.4.3 Débuts des programmes de type Lifestyle en Suisse ............................................. 20
2.4.4 Intérêt d’adapter ce programme à des personnes présentant une problématique
psychiatrique .......................................................................................................... 21
2.5 Présentation du contexte de l’expérimentation et de la population à l’étude .. 22
2.6 Implantation d’une innovation dans le milieu professionnel ............................ 24
3. MÉTHODOLOGIE 26
3.1 Première phase : développement du programme .............................................. 26
3.1.1 Analyse des besoins et des difficultés des personnes âgées avec des troubles
psychiques ............................................................................................................. 26
3.1.2 Création du programme destiné à la Suisse romande ............................................ 28
3.1.3 Adaptation des modules ......................................................................................... 29
7
3.2 Deuxième phase : expérimentation du programme ........................................... 31
3.2.1 Type de recherche envisagée ................................................................................ 31
3.2.2 Population à l’étude ................................................................................................ 32
3.2.3 Recrutement des participants de l’hôpital de jour pour le groupe Lifestyle .............. 32
3.2.4 Méthode de collecte des données .......................................................................... 33
3.2.5 Méthode d’analyse des informations ...................................................................... 34
3.2.6 Considération éthique ............................................................................................. 35
4. PRÉSENTATION DU DÉROULEMENT DE L’ÉTUDE 36
5. PRÉSENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS 38
5.1 Analyse et discussion des résultats ................................................................... 38
5.2 Réponse aux questions de recherche ................................................................ 53
6. CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS FUTURES 56
6.1 Critiques du travail ............................................................................................... 56
6.1.1 Forces .................................................................................................................... 56
6.1.2 Limites .................................................................................................................... 56
6.1.3 Chercheuses novices ............................................................................................. 57
6.2 Retombées du travail dans le milieu professionnel ........................................... 59
6.3 Conclusion ............................................................................................................ 60
7. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 62
8. ANNEXES I
8
TABLE DES ANNEXES
Annexe I : Feuille de transmissions pour les modules ....................................................... I
Annexe II : Feuille de transmissions pour les séances individuelles .................................. II
Annexe III : Canevas pour les séances individuelles ......................................................... III
Annexe IV : Documents d’informations destinés aux participants et
aux professionnels ........................................................................................ IV
Annexe V : Formulaires de consentement libre et éclairé destinés aux
participants et aux professionnels ............................................................... VIII
9
1. INTRODUCTION
Dernièrement, plusieurs groupes de recherche se sont intéressés au développement de
programmes de promotion de la santé basés sur les occupations destinés aux personnes
âgées (Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015 ; Craig & Mountain, 2007 ; Daniels, Mountain, De
Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Ferber et al., 2012). Si cet intérêt est aussi important, c’est
que ces programmes répondent aux défis à venir. En effet, avec l’accroissement du
vieillissement de la population, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tend à développer
de plus en plus la promotion de la santé et les interventions auprès des personnes âgées
(OMS, 2012c ; WHO, 2013).
En parallèle de cela, l’Association Suisse des Ergothérapeutes (ASE) souhaite agrandir le
champ de pratique de l’ergothérapie à la promotion de la santé et considère ces programmes
comme une piste à explorer (ASE, 2015 ; Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015 ; Galli, 2012).
Cependant, les chercheurs soulignent les barrières institutionnelles et organisationnelles qui
entravent leur mise en place (Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ;
Kuiper, Van’t Leven, Van Nes & Daniels, 2010 ; Lévesque, 2014 ; Mountain, Mozley, Craig &
Ball, 2008). Ce travail présente une étude qualitative évaluant la faisabilité d’un programme
de promotion de la santé basé sur les occupations en Suisse romande.
Plusieurs auteurs encouragent leur développement auprès de populations plus fragiles comme
les migrants ou les personnes souffrant de troubles psychiques (Biehl, Page, Beck & Lüscher,
2015 ; Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Dieterle, 2014). La
recherche-action menée ici s’effectue auprès de personnes âgées présentant une
problématique psychiatrique. Celles-ci vivent à domicile et fréquentent un hôpital de jour
romand.
L’analyse des besoins des participants est une étape obligatoire du développement de tout
programme en promotion de la santé (Fazio, 2010). Elle est effectuée à l’aide de l’Échelle
Lausannoise d’Auto-évaluation des Difficultés Et des Besoins (ELADEB) (Pomini, Reymond,
Golay, Fernandez & Grasset, 2011). Le programme soumis à l’expérimentation intitulé
« Lifestyle : bien-être dans vos activités » est une combinaison des résultats des ELADEB et
de trois programmes préexistants : Lifestyle Redesign (Mandel, Jackson, Zemke, Nelson &
Clark, 1999), Lifestyle Matters (Craig & Mountain, 2007) et Tatkraft : Gesund im Alter durch
Betätigung : Programm zur Gesundheitsförderung (Ferber et al., 2012).
A la suite de l’adaptation, une expérimentation est menée durant dix semaines avec un groupe
10
de six participants. Le groupe est facilité par une ergothérapeute expérimentée ainsi que par
un co-facilitateur. Le co-facilitateur est soit une deuxième ergothérapeute soit un autre
professionnel de la santé.
Les programmes de type Lifestyle Redesign (LR) ne sont pas encore développés en Suisse
romande malgré leurs bénéfices reconnus. Les premiers acteurs de cette éventuelle
implantation sont les professionnels de la santé. Ainsi, pour répondre à la question de la
faisabilité, il s’agit d’évaluer si, selon les professionnels, un programme adapté peut être mis
en place au sein d’un hôpital de jour romand. Les retours des professionnels impliqués durant
l’expérimentation sont recueillis et classés d’après les cinq critères proposés par Rogers
(2003) pour l’adoption d’une innovation. Ces critères sont l’avantage relatif, la compatibilité, la
complexité, la possibilité d’essayer et l’observabilité des résultats.
Dans un premier temps, une partie théorique expose les raisons qui ont encouragé les auteurs
de ce travail à s’intéresser aux programmes et à la population dont sont issus les participants
du groupe. Les arguments présentés dans cette partie reposent sur des études menées au
sein de divers pays ainsi que sur des recommandations de pratiques probantes. Le chapitre
suivant expose la méthodologie de ce travail réalisée en deux temps : le développement du
programme adapté et l’expérimentation du programme sous forme de recherche-action.
S’ensuit la présentation du déroulement de l’étude qui introduit l’organisation et présente les
points importants de la phase expérimentale. Le cinquième chapitre comprend la présentation,
l’analyse et la discussion des résultats. Dans l’analyse, les observations et les données
recueillies auprès des professionnels de l’hôpital de jour sont classées selon les cinq critères
de Rogers (2003). Afin de faciliter la lecture, la discussion des résultats suit chaque partie
d’analyse. Une synthèse répondant aux questions de recherche qui porte sur la faisabilité des
programmes de promotion de la santé basés sur les occupations est présentée au terme de
ce chapitre. La partie qui conclut ce travail aborde les forces et les limites de l’étude et présente
les retombées attendues dans le champ de pratique de l’ergothérapie.
11
2. RECENSION DES ÉCRITS
2.1 Vieillissement de la population
« Le vieillissement de la population est l’une des plus importantes transformations de la
société » (Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 2012b). Ce constat décrit un phénomène
universel qui touche autant les pays occidentaux que ceux du tiers monde. La population de
plus de 60 ans a doublé depuis les années 80 (OMS, 2012c). D’ici 2050, le taux de personnes
âgées de 80 ans et plus sera quadruplé (OMS, 2012a). L’accroissement de la population âgée
témoigne de l’amélioration de la santé mondiale (OMS, 2012c). Le vieillissement
démographique constitue un nouvel enjeu auquel la société est appelée à faire face. En effet,
l’augmentation de la longévité, la diminution de la fécondité, la hausse des maladies
chroniques, la baisse de la qualité de vie font partie des défis de l’avenir concernant la santé
publique (OMS, 2014). L’OMS reconnaît l’importance de préparer les professionnels dans le
domaine gériatrique ainsi que la société afin d’améliorer leur prise en charge et la réponse aux
besoins spécifiques de la population âgée (OMS, 2012c). De ce fait, il est important de
sensibiliser les jeunes à cette réalité sociodémographique car ces derniers seront directement
impliqués dans l’accompagnement des personnes âgées. Certaines données européennes
démontrent que la population des 15 à 64 ans amenée à prendre en charge les personnes
âgées de plus de 65 ans sera réduite de moitié d’ici 2050 (Swedish National Institute of Public
Health (SNIPH), 2007).
Concernant les données helvétiques, le taux des personnes âgées a augmenté de 5 % cette
dernière décennie (Kohli, Bläuer Hermann & Babel, 2010). L’Office Fédéral de la Statistique
(OFS), en présentant les scénarios de l’évolution de la population, « prévoit que la part des
personnes de 65 ans et plus progressera de 17 % en 2010 à 24 % en 2030 et atteindra jusqu’à
28 % en 2060 » (Observatoire suisse de la santé (OBSAN), 2011, p. 1). Cela démontre que le
vieillissement de la population est également une réalité en Suisse (Kohli, Bläuer Hermann &
Babel, 2010 ; OBSAN, 2011). Parmi les défis de l’avenir, Meyer (2008) nomme la hausse des
maladies chroniques et mentales, l’augmentation des coûts sanitaires, l’amélioration de la
santé des personnes âgées actives. Ceci s’accorde avec la volonté de l’OMS de réduire les
inégalités chez les personnes âgées en agissant sur la prévention des maladies chroniques
et sur le développement du bien-être, notamment en ce qui concerne la gestion des handicaps
physiques ou des troubles psychiatriques entravant la participation (World Health Organisation
(WHO), 2013, p. 84).
12
En réponse à cet appel, le canton de Vaud a mis spécifiquement en place une politique
« Vieillissement et santé » (Canton de Vaud, 2015b). La prise de conscience du vieillissement
de la population met en avant l’importance de s’intéresser davantage aux besoins des
personnes âgées afin d’offrir des prestations de qualité, de les aider à rester actives et de
prévenir la fragilité du sujet âgé.
2.2 Vieillissement et santé
2.2.1 Processus de vieillissement
Le vieillissement est un « processus irréversible qui débute ou s’accélère lorsque l’organisme
atteint sa maturité » (Fülöp, 2007). Influencé par l’environnement de la personne, il touche aux
dimensions biologiques, psychologiques, sociales et émotionnelles.
Le processus de vieillissement débute dès l’âge adulte avec des changements physiologiques.
Il en résulte une diminution des capacités à maintenir un équilibre interne en présence de
facteurs stressants ce qui rend un individu vieillissant plus vulnérable (Fülöp, 2007 ; Kalfat &
Sauzéon, 2009). Afin de comprendre le vieillissement pathologique d’une personne, il est
nécessaire de s’intéresser au fonctionnement dit « normal » d’un organisme en évolution.
Ceci dit, la frontière entre un vieillissement normal et pathologique n’est pas spécifiquement
définie tout comme les facteurs intrinsèques et extrinsèques qui influencent ce processus
(Fülöp, 2007).
Le vieillissement pourrait amener d’autres changements notamment en ce qui concerne la
personnalité de l’individu. Les caractéristiques individuelles influencent l’adaptation au
vieillissement de la personne âgée et ont ainsi un impact sur le niveau de bien-être
psychologique (Vézina, Cappeliez & Belzil, 2007, p. 45). De plus, le déclin biologique et ses
conséquences modifient la santé mentale de l’individu (Vézina, Cappeliez & Belzil, 2007, p.
46). Ces mêmes auteurs décrivent toutefois que le déclin des fonctions cognitives et affectives
de la personne âgée n’est pas uniquement lié au fait de prendre de l’âge mais découle
également d’autres facteurs : les problèmes de santé physique étant le plus important d’entre
eux.
2.2.2 Engagement dans les occupations
Étant donné que les problèmes de santé physique diminuent les capacités fonctionnelles de
la personne, l’engagement dans les activités significatives se trouve également entravé.
13
De ce fait, le bien-être psychologique risque d’être perturbé car les rôles développés au sein
de ces activités valorisantes ne sont plus exploités (Vézina, Cappeliez & Belzil, 2007). Selon
ces mêmes auteurs, il se peut que la personne abandonne et/ou limite certaines occupations,
ce qui diminue ses relations avec les différents réseaux sociaux. Ces changements et ces
restrictions occupationnelles peuvent aboutir à une absence d’engagement de l’individu dans
ses activités.
Cette rupture ou déprivation occupationnelle est étroitement en lien avec les changements et
les pertes des rôles de la vie active qui peuvent être une source de stress, d’isolement social
ou encore de détérioration de l’état de santé en général (Whiteford, 2010). Scaffa, Pizzi et
Chromiak (2010, p. 336) démontrent que des événements stressants influencent fortement la
survenue de troubles psychiques.
Les troubles psychiques affectent la capacité d’agir des personnes dans leur quotidien et
compromettent les relations familiales. Ces troubles augmenteraient également la
stigmatisation sociétale. Les personnes atteintes de troubles psychiques peuvent ressentir du
désespoir, un sentiment d’abandon et de la solitude. Ces sentiments peuvent être dramatiques
au point que des hospitalisations deviennent nécessaires (Cara & MacRae, 2013, p. 6).
2.2.3 Concepts de vulnérabilité et de fragilité
Pour les personnes âgées souffrant de maladies chroniques, Kalfat et Sauzéon (2009)
soutiennent l’idée que les aspects physiques et l’environnement proche jouent un rôle très
important pour un vieillissement réussi. Un dysfonctionnement, une difficulté dans le domaine
comportemental, environnemental, physique ou personnel peut au contraire engendrer une
désadaptation psycho-socio-affective, considérée comme la première cause de fragilité de la
personne âgée (Kalfat & Sauzéon, 2009).
Guimón (2004) utilise le terme de « vulnérabilité biologique » pour expliquer qu’un trouble
mental est relié à une fragilité héréditaire biologique qui fait que l’individu a plus de difficulté à
répondre à des stimuli stressants de manière adéquate. Les différents facteurs de stress
peuvent déclencher un débordement et une décompensation psychique (Guimón, 2004, p.
34).
Les personnes atteintes de troubles psychiques et celles ayant une situation socioéconomique
précaire sont considérées comme plus vulnérables (Aday, 2001, cité dans Arnold & Ribsky,
2010, p. 141).
La vulnérabilité augmente le risque d’inégalité face à la santé. Cet auteur nomme des facteurs
prédicteurs de vulnérabilité : le statut social, l’âge, le genre, la race et l’ethnicité. La
14
vulnérabilité accompagnée d’une rupture occupationnelle comme celle qui peut être vécue lors
du passage à la retraite augmente les risques de fragilisation de la personne âgée.
Le concept de fragilité est décrit par Nouvel et Jouaffre (2009, p. 33) comme un « état
d’instabilité exposant au risque majeur de décompensation, associé souvent à des
phénomènes de cascades, source de perte d’autonomie, d’institutionnalisation ou de décès ».
La fragilité se compose de trois caractéristiques bien distinctes : « un état de risque accru ou
de vulnérabilité, une réduction des aptitudes permettant de faire face aux exigences de la vie,
le risque ou la présence d’incapacité » (Kaethler, Molnar, Mitchell, Soucie & Man-Son-Hing,
2003, cité dans Bergman, Hogan & Karunananthan, 2007, p. 85). Elle peut entraîner
davantage d’incapacités mais les « personnes âgées en incapacité ne sont pas toutes
fragiles » (Nouvel & Jouaffre, 2009, p. 36). A cela, ces auteurs ajoutent l’évidence d’un lien
entre la restriction d’activité et la fragilité. Celle-ci ne touche pas uniquement le physique de la
personne mais également les dimensions psychoaffective, cognitive, sensorielle et/ou sociale
du sujet âgé (Michel, Guilley, Armi & Robine, 2005). Il est important de prendre en
considération ce dernier concept et de le comprendre afin de favoriser la mise en œuvre de
mesures préventives (Bergman, Hogan & Karunananthan, 2007).
2.3 Promotion de la santé
Comme expliqué précédemment, les personnes vulnérables vivant une rupture
occupationnelle sont susceptibles de subir une inégalité dans la santé. Pour cette raison, il
serait pertinent de développer des interventions spécifiques auprès de cette population visant
à promouvoir un état de bien-être ainsi qu’un engagement dans leurs occupations
quotidiennes. En effet, l’occupation est décrite par l’Association Canadienne des
Ergothérapeutes (ACE) comme un facteur déterminant de la santé des individus (ACE, 2002,
p. 35).
L’OMS soutient l’idée que chaque personne doit avoir un rapport équitable face aux soins et
a droit à une prise en charge individualisée, ce qui justifie la mise en place d’interventions
spécifiquement adaptées aux personnes plus vulnérables (WHO, 2013). Ces interventions
visent à promouvoir la santé des individus.
Afin d’avoir une vision commune des buts et des caractéristiques de la promotion de la santé,
voici une définition soumise par l’OMS :
15
« La promotion de la santé a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de
leur propre santé et davantage de moyens de l'améliorer. Pour parvenir à un état de
complet bien-être physique, mental et social, l'individu, ou le groupe, doit pouvoir
identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou
s'y adapter. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et
non comme le but de la vie ; c'est un concept positif mettant l'accent sur les ressources
sociales et personnelles, et sur les capacités physiques » (OMS, 1986, p. 1).
La politique suisse de la vieillesse s’inscrit dans la logique de ces concepts. Elle souhaite
donner une importance particulière à la prévention et la promotion à la santé (Rielle, Wirz &
Wiesli, 2010). En effet, les derniers rapports nationaux de la santé publique visent une prise
en charge des maladies en agissant sur les déterminants de la santé qui sont liés au
comportement individuel et aux facteurs environnementaux (Meyer, 2008). Stuck, Born et
Meyer (2009, p. 21) estiment que des programmes de promotion et de prévention à la santé
auprès de la population âgée suisse pourraient diminuer les dépenses sanitaires d’environ
deux milliards de francs suisses d’ici 2030.
Aujourd’hui, nous assistons au développement du concept de la prévention occupationnelle
qui vise à promouvoir la santé, le bien-être ainsi qu’à prévenir les limitations par le biais de
l’engagement dans les occupations qui sont significatives pour l’individu (Arnold & Ribsky,
2010, p. 148).
Reitz, Scaffa, Michael Campbell et Atwell Rhynders (2010) identifient des théories et modèles
génériques appliqués dans les domaines de la santé et du social afin de guider l’intervention
en promotion de la santé. Parmi ces modèles ils nomment la Diffusion of Innovations Theory
de Rogers (2003) utilisé dans ce travail pour répondre aux questions de recherche. Les
différents modèles peuvent suppléer ceux existants en ergothérapie et ceux mis en œuvre
dans la promotion de la santé.
Dans un contexte de santé mentale, la distinction entre la promotion, la prévention et le
traitement des troubles psychiques se situe dans la manière d’atteindre les buts d’intervention
(Scaffa, Pizzi & Chromiak, 2010).
La promotion de la santé mentale est définie comme « un ensemble d’actions, d’activités et
de stratégies choisies afin de soutenir, protéger et augmenter le bien-être psychique des
individus, des familles, des groupes, ou des communautés » (Scaffa, Pizzi & Chromiak, 2010,
p. 335).
La prévention primaire serait plutôt axée sur la prévention du début de la maladie ; la
prévention secondaire vise à réduire la durée et les incapacités qui sont reliées à la maladie ;
16
la prévention tertiaire essaie de réduire les conséquences négatives de la maladie (Scaffa,
Pizzi & Chromiak, 2010, p. 335).
La recherche concernant les interventions liées au domaine de la santé mentale et des aspects
psychosociaux qui y sont reliés est actuellement une priorité, car cette thématique n’a jusqu’ici
fait l’objet d’investigations suffisantes (Cara & MacRae, 2013, p. 69). Les approches de
promotion de la santé mentale restent applicables à une population en général, à des groupes
vulnérables et aux personnes avec troubles psychiques (Scaffa, Pizzi & Chromiak, 2010, p.
338).
Un des moyens de mise en place des concepts en promotion de la santé mentale serait
l’établissement de programmes pour une population spécifique. Fazio (2010, p. 196) explique
que le développement d’un programme commence par la formation d’une idée ou
l’identification d’un besoin. Dans l’idéal c’est la communauté et/ou le groupe qui identifie ses
besoins spécifiques. Cet auteur soutient également l’idée que le but des programmes est de
faire en sorte que la structure et les activités soient adaptées aux besoins d’une population
particulière (personne âgée, personnes avec des troubles psychiques, etc.). En effet, il est
reconnu qu’ « une action de promotion de la santé sera d’autant plus efficace qu’elle fera l’objet
d’une participation active des personnes concernées » (SNIPH, 2007, p. 9).
2.3.1 Accès aux programmes de promotion de la santé pour les personnes
souffrant de troubles psychiques dans le canton de Vaud
Il existe plusieurs associations en Suisse romande qui proposent des cours et des activités de
groupe en lien avec la vie quotidienne dans une optique de prévention et de promotion à la
santé. Ces associations offrent également des conseils et des aides diverses (administratives,
ménagères, etc.) (Canton de Vaud, 2015a). Certaines associations du Nord vaudois sont
particulièrement actives en ce qui concerne la promotion de la santé.
L’Association pour la Santé, la Prévention et le Maintien A Domicile (ASPMAD) a mis en place
l’Espace Prévention - un pôle de prévention à la santé et de renseignement - en partenariat
avec d’autres associations suisses ou régionales (ASPMAD, 2012 ; Espace Prévention, 2008).
Cependant les différentes associations spécialisées pour les personnes âgées n’offrent pas
de cours ou d’activités spécialement adaptés aux personnes présentant des problématiques
psychiques. Les activités sont très (voire trop) stimulantes1. De plus, les associations exigent
1 Garcia-Adamez, C., ergothérapeute, communication personnelle, Lausanne, juin 2015.
17
que les participants soient autonomes, l’encadrement n’étant pas effectué par des
professionnels des domaines de la santé, de l’animation ou du social2. Le GRoupe d’Accueil
et d’Action Psychiatrique (GRAAP), une fondation qui met en place des activités pour les
personnes souffrant de maladies psychiques et leurs proches, ne propose pas d’activité
spécialement adressée aux aînés3. Ainsi l’offre est inexistante pour ces clients, outre l’accueil
dans des structures comme les centres d’accueil temporaire spécialisés.
2.4 Les programmes de type Lifestyle
2.4.1 Caractéristiques des programmes de type Lifestyle
Les programmes de type Lifestyle sont des programmes de promotion de la santé basés sur
les occupations. Ils sont inspirés d’un premier projet américain - le LR - publié à la fin des
années 90.
Selon une approche de prévention occupationnelle, les programmes permettraient d’entretenir
et d’améliorer la santé physique ainsi que le bien-être mental par l’apprentissage de nouvelles
compétences et d’un nouveau style de vie basé sur des occupations significatives (Clark et
al., 2001 ; Mountain, Mozley, Craig & Ball, 2008). Leurs effets mesurés sont décrits plus en
détail au point suivant. Les interventions consistent en des sessions de groupe hebdomadaires
menées sur plusieurs mois et facilitées par un ergothérapeute ainsi que par un assistant. Une
séance de rencontre individuelle est prévue chaque mois en dehors des séances de groupe.
Les buts principaux de cet accompagnement individualisé sont de discuter du vécu de
l’individu dans ce programme et d’approfondir certains thèmes abordés au sein du groupe.
Plusieurs thématiques, regroupées en modules, sont abordées. Les modules varient selon la
culture et la population ciblée. Cependant, tous concernent des activités de la vie quotidienne
(Craig & Mountain, 2007 ; Ferber et al., 2012 ; Mandel et al., 1999).
Le but des programmes n’est pas d’inciter les participants à s’approprier certaines occupations
mais à leur offrir des informations, à leur permettre de réaliser leur propre potentiel pour ainsi
les encourager à donner du sens aux activités qui leur tiennent à cœur. Ceci vise à prévenir
les ruptures occupationnelles et permet de vieillir dans un état de bien-être général (Jackson,
Carlson, Mandel, Zemke & Clark, 1998). Les séances de groupe offrent la possibilité aux
2 Secrétariat du Mouvement des Aînés – Vaud, entretien téléphonique, 21 juillet 2015 ; Secrétariat de direction Pro Senectute Vaud, entretien téléphonique, 13 août 2015. 3 Secrétariat du GRAAP, entretien téléphonique, 21 juillet 2015.
18
participants de partager leurs expériences, d’analyser les occupations problématiques, de
mettre en lien leurs stratégies pour ainsi encourager une pratique réflexive autour des
différentes occupations et des éléments favorisant le bien-être physique et psychique dans le
vieillissement.
2.4.2 Développement dans le monde et efficacité des programmes de
promotion de la santé basés sur les occupations
Les programmes de type Lifestyle répondent aux enjeux actuels mondiaux et suisses en
matière de promotion de la santé et de prise en charge des personnes âgées vivant à domicile.
Ainsi, ils sont de plus en plus diffusés, en Europe principalement, et expérimentés dans divers
contextes.
Le tout premier programme référencé - le LR - est issu de l’étude USC Well Elderly Study,
menée aux États-Unis en 1997 (Mandel, Jackson, Zemke, Nelson & Clark, 1999) : il s’adresse
à des personnes retraitées, aucun critère de condition de santé particulière n’est évoqué.
Les auteurs concluent que le LR a des effets bénéfiques sur la qualité de vie des participants.
Ils relèvent une vie « plus saine » et plus satisfaisante selon les critères de cinq différents
instruments de mesure et en comparaison avec un groupe de contrôle. De plus, ces effets
sont maintenus six mois après la fin de l’expérimentation (Mandel, Jackson, Zemke, Nelson &
Clark, 1999, pp. 7-8).
La Doctoresse Florence Clark, présente lors de la première étude, a mené récemment une
nouvelle recherche sur l’efficacité du LR : le programme est non seulement bénéfique pour les
patients mais permet aussi une intervention à coûts réduits qui promeut la santé et plus
spécifiquement un vieillissement sain (Clark et al., 2011). A l’image des actuels enjeux des
différents systèmes de santé à travers le monde, l’argument des coûts a été repris dans
d’autres études car les programmes de promotion de la santé basés sur les occupations
permettraient une diminution significative des frais médicaux à long terme (Hay et al., 2002 ;
Lévesque, 2014 ; Lis, 2011). Il s’agit d’une des raisons qui incite l’ASE à s’intéresser de plus
près à ces interventions (Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015).
Le European Network of Occupational Therapy in Higher Education (ENOTHE) a formé un
groupe de travail international autour du développement des programmes inspirés du LR
(Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008). Ils ont publié un ouvrage afin
d’encourager les ergothérapeutes européens à développer leur propre programme de
promotion de la santé sur la base de leurs recommandations (Daniels, Mountain, De Vriendt,
Martins & Jakobsen, 2008, p. 9). En parallèle des explications détaillées sur les programmes,
19
les auteurs donnent également un retour sur les actuelles versions « officielles » des
programmes développées dans les cinq pays participant au projet (Angleterre, Belgique
flamande, Norvège, Pays-Bas et Portugal).
Aux Pays-Bas, une adaptation du LR a été expérimentée dans différents contextes dont des
centres de traitement ambulatoires et auprès d’une population de migrants avec des effets
positifs sur la qualité de vie et le bien-être des participants (Abma & Heijsman, 2013). En
Angleterre, Mountain et Craig (2011, p. 56) relèvent des retours narratifs positifs des
participants sur leur participation et leur sentiment de bien-être mental, ce qui a été confirmé
par l’analyse des données quantitatives. Une version flamande a également été relayée dans
une publication d’un groupe de travail international consacrée au rôle de l’ergothérapie dans
la prévention et la promotion à la santé (Kuiper, Van’t Leven, Van Nes & Daniels, 2010).
De manière plus générale, Lévesque (2014, p. 31) rapporte que les programmes de type LR
et les interventions qui s’en inspirent sont évalués comme des pratiques probantes avec une
forte recommandation. Elle relate les bénéfices économiques de ces programmes « pour faire
face aux changements démographiques à venir » (Lévesque, 2014, p. 30).
Pour ce qui touche à l’analyse des effets sur les participants, Lévesque (2014, p. 33) classe
les résultats des différentes études à l’intérieur du Modèle de l’Occupation Humaine
(Kielhofner, 2008) et conclut que les programmes ont des effets bénéfiques sur la participation,
l’adaptation et la capacité de rendement. Ces résultats sont en accord avec ceux de la revue
de Mountain et Craig (2011). Lévesque (2014, p. 31) précise que « les bénéfices sont plus
importants sur le plan de la santé mentale que de la santé physique », argument qui encourage
à s’intéresser à l’expérimentation d’un tel programme auprès d’une population présentant une
problématique psychique.
Cependant Lévesque (2014, p. 32) relève aussi les doutes des ergothérapeutes quant à
l’applicabilité des programmes au Canada car ils nécessitent des aménagements au sein du
système de santé qui exigent beaucoup d’implication de la part des ergothérapeutes.
Ces questionnements ont également été soulevés dans d’autres études car de nombreux
chercheurs sont confrontés à la difficulté de recruter des participants et de trouver des
financements pour la mise en œuvre des programmes (Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins
& Jakobsen, 2008 ; Kuiper, Van’t Leven, Van Nes & Daniels, 2010 ; Mountain, Mozley, Craig
& Ball, 2008).
Les aspects de faisabilité auprès des professionnels et au sein du système de santé suisse
sont abordés plus loin car ils sont à la base des questions de recherche de ce travail.
20
2.4.3 Débuts des programmes de type Lifestyle en Suisse
La quasi-totalité des auteurs et chercheurs recommande une adaptation culturelle des
programmes (Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015 ; Craig & Mountain, 2007 ; Daniels, Mountain,
De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Ferber et al., 2012 ; Lévesque, 2014 ; Mandel,
Jackson, Zemke, Nelson & Clark, 1999 ; Mountain & Craig, 2011). Abma et Heijsman (2013),
après une expérimentation du programme auprès de migrants, insistent particulièrement sur
l’importance de l’adaptation culturelle : transférer le LR tel quel à une autre culture ou
population ne garantit en rien son efficacité. Le groupe ENOTHE mettait déjà l’accent sur ce
point (Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008).
Il est important de préciser que l’adaptation est non seulement en lien avec la culture du pays
mais également avec la population cible. Par exemple, des ergothérapeutes norvégiens ont
développé un programme qui s’adresse spécifiquement à des personnes âgées défavorisées
(Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Kirkens Bysmisjon, 2005). Daniels,
Mountain, De Vriendt, Martins et Jakobsen (2008, p. 29) concluent que le programme est riche
et flexible mais demande d’être entièrement réadapté à chaque population cible, y compris au
sein du même pays.
Pour toutes ces raisons, les auteurs de ce travail ont adapté entièrement le programme à la
culture romande et aux besoins des personnes âgées avec des troubles psychiques. Le détail
de cette adaptation est présenté dans le chapitre 3 « Méthodologie ».
Comme évoqué précédemment, l’ASE est très intéressée par le développement des
programmes de type Lifestyle dans une volonté d’élargir l’offre proposée par les
ergothérapeutes en Suisse ; l’association met en place différents groupes de projet pour
répondre à ces attentes (ASE, 2015 ; Galli, 2012). Ces objectifs correspondent aux
recommandations du groupe ENOTHE qui cherche également à développer la place de
l’ergothérapie dans la promotion de la santé (Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins &
Jakobsen, 2008, p. 37).
L’intérêt de l’ASE est probablement aussi porté par les prédictions et recommandations de
l’OBSAN qui souhaite encourager le maintien à domicile des personnes âgées et la prévention
auprès de cette population vulnérable de plus en plus importante (OBSAN, 2011 ; Stuck,
Meyer & Born, 2009). L’expérimentation proposée dans ce travail est donc en accord avec les
perspectives communes d’ENOTHE, du gouvernement suisse et de l’ASE.
21
2.4.4 Intérêt d’adapter ce programme à des personnes présentant une
problématique psychiatrique
En parallèle des conclusions de Lévesque (2014), d’autres éléments ont encouragé les
auteurs de ce travail à expérimenter le programme auprès de personnes âgées présentant
des troubles psychiques. Tout d’abord, le premier retour du groupe de travail suisse-
alémanique autour d’un projet similaire. Lors des prémices de l’expérimentation d’une
adaptation du Tatkraft (Ferber et al., 2012), les chercheuses (des étudiantes en ergothérapie)
sont confrontées au manque d’intérêt de la part de la clientèle ciblée car les personnes âgées
dites « en bonne santé » ne semblaient pas ressentir le besoin de suivre un tel programme4.
Cette observation avait déjà été relatée lors de l’expérimentation de la version anglaise où les
participants les plus « en forme » avaient suggéré de proposer le programme à des personnes
âgées en situation de fragilité (Mountain, Mozley, Craig & Ball, 2008, p. 409). Puis, est né Bliib
gsund, un programme suisse-allemand dont l’expérimentation est conduite dans le courant de
cette année par des chercheuses chevronnées en partenariat avec un médecin responsable
d’un centre de santé. La clientèle est semblable au premier essai. Malgré d’importantes
difficultés dans la recherche de solutions de financement, la nouvelle approche marketing
utilisée a permis de recruter suffisamment de participants (Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015).
Les chercheurs alémaniques suggèrent d’expérimenter ce programme auprès d’une
population plus fragile comme les migrants ou les personnes souffrant de troubles psychiques
(Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015, p. 24). Cette possibilité de développer le programme pour
une population atteinte de troubles psychiques avait également été amenée par le groupe
ENOTHE (Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008).
Si plusieurs sources encouragent l’expérimentation des programmes auprès de personnes
souffrant de troubles psychiques (Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015 ; Daniels, Mountain, De
Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008), les preuves scientifiques concernant l’efficacité de telles
interventions sont encore faibles (Scaffa, Pizzi & Chromiak, 2010).
Une revue de littérature américaine relate les effets bénéfiques d’un programme de promotion
de la santé auprès d’une population adulte souffrant de troubles psychiatriques (Cabassa,
Ezell & Lewis-Fernandez, 2010).
4 Kühne, N. Retour sur le projet Alternsgerechte Gesundheitsförderung und Prävention für Menschen in der zweiten
Lebenshälfte (AGP) II. Discussion, Lausanne, 10 juin 2014.
22
Les interventions sont toutefois orientées uniquement sur la santé cardiovasculaire et le poids
des participants et ne font pas intervenir d’ergothérapeutes. Elles ne sont pas basées sur les
occupations, élément-clé du LR. Ce type de programme aurait des effets positifs sur la
condition de santé physique des participants et, à plus long terme, sur leur qualité de vie
(Cabassa, Ezell & Lewis-Fernandez, 2010). Ces conclusions diffèrent des résultats des études
des programmes de type Lifestyle auprès d’une population âgée. En effet, les interventions
LR auraient un faible impact direct sur la santé physique mais des bénéfices sur la santé en
général, le sentiment de bien-être et principalement sur les éléments du domaine psycho-
social : confiance en soi, reprise ou affirmation de ses rôles, sentiment d’efficacité personnelle
accru, amélioration des aspects relationnels de sa vie (Lévesque, 2014 ; Mountain & Craig,
2011). Ces aspects sont des éléments indispensables à la réhabilitation psychiatrique (Scaffa,
Pizzi & Chromiak, 2010) et sont des facteurs qui influencent un vieillissement dit « réussi »
(Pizzi & Smith, 2010). L’OMS tend aussi à développer la promotion de la santé mentale via
différents programmes et recommande activement leur utilisation ainsi que la mise en place
d’études rigoureuses sur le sujet (WHO, 2004). Il est donc actuellement encore difficile de
recueillir des preuves de l’efficacité des programmes de promotion de la santé basé sur les
occupations auprès de personnes présentant une problématique psychique, malgré l’évident
enthousiasme des chercheurs et les recommandations de l’OMS.
Néanmoins, les programmes basés sur le support social, l’empowerment et la communauté
montreraient d’intéressantes perspectives pour les personnes souffrant de troubles
psychiques (Scaffa, Pizzi & Chromiak, 2010, p. 338).
Scaffa, Pizzi et Chromiak (2010) donnent des pistes pour le développement de la promotion
de la santé auprès d’une population présentant les mêmes caractéristiques que les
participants à l’expérimentation de ce travail : ils encouragent des interventions développant
les stratégies de coping, l’estime de soi, le sens dans les occupations, la participation, … à
l’image de ce que proposent les programmes de type Lifestyle.
2.5 Présentation du contexte de l’expérimentation et de la
population à l’étude
La recherche-action présentée ici a été menée dans un hôpital de jour du canton de Vaud. Il
s’agit d’une structure prenant en charge des personnes âgées présentant des troubles
psychiques et vivant à domicile.
23
Un suivi ambulatoire ainsi qu’un encadrement interdisciplinaire leur sont proposés. La finalité
de la prise en charge vise l’autonomie, l’indépendance et le bien-être du client dans ses
activités ainsi que dans son environnement de vie habituel (De Mendoca Lima, Kühne &
Ramseier, 1999, p. 37). L’accueil de jour promeut la place de la personne âgée au sein de la
communauté en lui redonnant un rôle reconnu dans son propre réseau social (De Mendoca
Lima, Kühne & Ramseier, 1999, p. 38). Ces valeurs sont pleinement en accord avec celles
véhiculées par les trois programmes de base utilisés pour l’adaptation du programme
expérimenté dans ce travail. L’offre de soins proposée à l’hôpital de jour comprend des
activités groupales et des entretiens individuels. Ainsi le lieu de pratique choisi pour
l’expérimentation est déjà proche de la structure proposée par les programmes. Selon
Chaudoir, Dugan et Barr (2013), le niveau structurel (niveau qui définit l’organisation spécifique
d’un setting) est également un facteur à prendre en compte dans l’analyse pour implanter une
innovation.
Ce contexte a été choisi principalement afin de faciliter les questions relatives au financement
et au recrutement des participants. D’autre part, cette recherche-action est une première en
Suisse romande : expérimenter un programme dans un contexte avec des valeurs voisines à
celles proposées augmente les probabilités que le programme soit bien reçu par les
professionnels. Une première étude avec des conclusions positives permettrait d’ouvrir ensuite
la porte à d’autres recherches de plus grande importance et dans des contextes diversifiés, à
l’image du développement qui s’est produit aux Pays-Bas (Daniels, Mountain, De Vriendt,
Martins & Jakobsen, 2008, p. 26). Les éléments relatifs aux éventuelles retombées de ce projet
seront discutés dans le chapitre 6 « Conclusions et implications futures ».
La recherche-action proposée dans ce travail est une étude de faisabilité5 : elle s’intéresse à
l’avis des professionnels sur l’implantation du programme dans leur institution.
Les questions de recherche sont directement en lien avec les facteurs favorisant l’implantation
d’une innovation dans le milieu professionnel.
Les potentiels effets sur les participants sont recensés et utilisés dans un second temps car
leur retour positif influence la perception des professionnels sur l’efficacité du programme.
5 « Caractère de ce qui est faisable, réalisable, compte tenu des possibilités techniques et économiques » (Robert,
2011, p. 1005).
24
2.6 Implantation d’une innovation dans le milieu professionnel
Bien que, comme évoqué précédemment, le programme adapté du LR n’est pas une
révolution complète des pratiques du service, il s’agit tout de même d’un outil nouveau pour
les professionnels. La mise en place d’une nouveauté au sein d’une institution implique un
processus d’adoption par le service ainsi que par les professionnels qui y travaillent. Rogers
(2003, pp. 15-16) définit cinq critères facilitant l’acceptabilité6 et l’adoption d’une innovation par
les professionnels :
a) L’avantage relatif : l’innovation est perçue comme meilleure par rapport à la pratique
actuelle et ce qu’il existe déjà ;
b) La compatibilité : l’innovation correspond aux valeurs, croyances, besoins et
expériences passées de l’individu ;
c) La complexité : l’innovation est perçue comme difficile et complexe à utiliser ;
d) La possibilité d’essayer : l’utilisateur peut modifier ou réaliser une innovation à petite
échelle ;
e) L’observabilité des résultats : elle permet de prouver et de rendre visible le(s)
avantage(s) de l’innovation aux yeux de l’utilisateur.
Le modèle de l’innovation présenté par Rogers (2003) a été utilisé pour explorer la perception
qu’ont les professionnels de la mise en œuvre d’une nouveauté (Lee, 2004) et est cité comme
une référence en matière d’implantation de programme en promotion de la santé (Pizzi &
Smith, 2010, pp. 460 ; Reitz, Scaffa, Campbell & Atwell Rhynders, 2010, pp. 52-53).
Les cinq critères de Rogers (2003) ont été repris dans les questions de recherche de ce travail
qui sont soumises dans le chapitre 3 « Méthodologie ».
En plus de ces critères, il existe d’autres facteurs pouvant influencer l’acceptabilité et
l’implantation d’une nouveauté au sein d’un service.
Lee (2004) ainsi que McHugh et Barlow (2010) évoquent le niveau de perception et la
motivation initiale. Le niveau de perception est la représentation (positive ou négative) qu’ont
les professionnels de l’innovation.
Cette représentation influence directement la motivation à l’implanter dans un système existant
fonctionnant avec des valeurs et des croyances spécifiques.
6 « Caractère d’être acceptable, tolérable. Caractère d’une phrase, un énoncé acceptable pour la syntaxe et pour
le sens (correcte et signifiante) » (Robert, 2011, p. 15).
25
Pour ce travail, les professionnels ont été motivés à s’impliquer dans l’expérimentation pour
deux raisons principales : la concordance du programme adapté aux valeurs du contexte et
les recommandations de pratique probante. Il faut noter qu’une des ergothérapeutes s’était
déjà intéressée à ce type de programme et avait envisagée de s’investir dans une recherche.
26
3. MÉTHODOLOGIE
Dans ce chapitre, les auteurs s’intéressent aux aspects méthodologiques cette étude. La
recherche envisagée est de type qualitatif. La découverte, l’exploration, la description et la
compréhension font partie des buts de ce type de recherche (Fortin, 2010, p. 26). Une étude
qualitative vise à comprendre l’expérience personnelle des participants selon leur perception
(Gross Portney & Watkins, 2009, p. 306). Cette démarche permet aux chercheuses de
comprendre les valeurs, les attitudes, les perceptions, les préjugés et les intérêts de la
population à l’étude (Christiansen & Matuska, 2010, p. 533). Ces critères sont pertinents pour
une étude de faisabilité car ils permettent ensuite d’interpréter les facteurs qui influencent le
comportement et l’implantation d’une innovation chez les professionnels.
Les méthodes de récolte de données en recherche qualitative peuvent être variées (Gross
Portney & Watkins, 2009, p. 310). Selon Fortin (2010, p. 459), « l’analyse qualitative est un
processus de révision, d’organisation, de catégorisation, de synthèse et d’interprétation des
données». Cette analyse consiste en des interactions constantes entre les données
représentant la réalité des participants à l’étude et la conceptualisation théorique de cette
réalité (Gross Portney & Watkins, 2009, p. 311).
Le présent travail a été réalisé en deux phases. La première phase a consisté à étudier les
difficultés et les besoins des personnes hospitalisées dans un hôpital de jour du canton de
Vaud afin d’adapter les programmes de base aux personnes âgées avec troubles psychiques.
La deuxième phase concerne l’expérimentation du programme préalablement adapté.
3.1 Première phase : développement du programme
3.1.1 Analyse des besoins et des difficultés des personnes âgées avec des
troubles psychiques
Afin d’adapter culturellement le programme aux besoins et difficultés des clients de l’hôpital
de jour, l’ELADEB (Pomini, Reymond, Golay, Fernandez & Grasset, 2011) a été utilisée. Cet
instrument évalue les difficultés et les besoins de la personne dans 21 domaines de la vie
quotidienne.
27
Ceux-ci sont : le lieu de vie, les finances, le travail, le droit et la justice, le temps libre, la gestion
des tâches administratives, l’entretien du ménage, les déplacements, la fréquentation des lieux
publics, les connaissances/amitiés, la famille, les enfants, les relations sentimentales,
l’alimentation, l’hygiène personnelle, la santé physique, la santé psychique, les addictions, le
traitement, la sexualité ainsi que la spiritualité et les croyances. Ce moyen de récolte de
données correspond aux habitudes du service car il est utilisé couramment par les
professionnels de cet hôpital de jour. Il présente également de bonnes qualités
psychométriques. La validité apparente évaluée par les clients est bonne. La validité de
construit est également bonne car les résultats sont corrélés avec d’autres échelles telles que
celles utilisées dans l’évaluation de la dépression. La fidélité test-retest est très satisfaisante
(Pomini, Golay & Reymond, 2008 ; Pomini, Reymond, Golay, Fernandez & Grasset, 2011).
L’analyse des besoins et des difficultés d’une population âgée souffrant de troubles
psychiques a été effectuée à partir de 28 ELADEB administrées à l’hôpital de jour. Ceci a
permis d’orienter l’adaptation des modules. Les clients ne correspondent pas aux mêmes
personnes qui ont participé au groupe Lifestyle durant l’expérimentation.
Les besoins et les difficultés exprimés par les clients dans les différents domaines qui
composent l’ELADEB ont été classés selon leur fréquence d’apparition et leur intensité.
L’intensité est cotée dans l’ELADEB de 0 à 3, plus le chiffre est élevé plus l’intensité de la
difficulté est importante. Les auteurs de ce travail ont choisi les domaines dans lesquels un
maximum de personnes avait spécifié des difficultés. Le nombre de réponses obtenues variait
entre 0 et 25. Dans un premier temps, neuf domaines ont été retenus : 10 à 25 personnes
ressentaient des difficultés dans l’accomplissement de ces derniers. Le degré d’intensité relaté
par les clients a permis d’affiner le choix.
Les neuf domaines retenus après l’analyse sont : le lieu de vie, le temps libre, les
déplacements, la fréquentation des lieux publics, l’alimentation, la santé physique, la santé
psychique, le traitement et la sexualité. Les deux domaines ayant obtenus le plus de réponses
sont la santé psychique (25 réponses) et le traitement (16 réponses). Aucun module n’a été
créé spécifiquement pour ces derniers car ils correspondent à des sujets qui sont abordés
quotidiennement à l’hôpital de jour. Cependant, du fait de leur importance dans l’interaction
avec les activités de la vie quotidienne, ils ont été pris en considération dans la construction
des modules. Parmi les sept autres domaines, certains ont été regroupés d’après leurs
similitudes ou leurs liens, la fréquentation des lieux publics et les déplacements en est un
exemple.
À la suite de cette première sélection, ces résultats ont été présentés à l’ergothérapeute du
service. Elle a complété ce choix en insistant sur l’importance qu’ont les relations sociales sur
28
la vie des clients, domaine qu’ils banalisent et mettent de côté couramment. Bien que cet item
n’ait pas été relaté comme problématique dans les ELADEB analysées, il a été décidé de
l’intégrer tout de même au programme. L’expérimentation a révélé que ce choix était judicieux
car il y avait un réel besoin de la part des participants.
3.1.2 Création du programme destiné à la Suisse romande
Sur la base de l’analyse des difficultés et des besoins de la patientèle de l’hôpital de jour, un
nouveau programme intitulé « Lifestyle : bien-être dans vos activités » a été élaboré. Les
modules ont été créés sur la base des trois programmes de base.
Comme il l’a déjà été mentionné dans le chapitre 2 « Recension des écrits », une simple
traduction ne garantit pas l’efficacité du programme, tous les auteurs et chercheurs insistant
sur l’importance de l’adapter à la culture et aux besoins des participants (Abma & Heijsman,
2013 ; Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015 ; Craig & Mountain, 2007 ; Daniels, Mountain, De
Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Ferber et al., 2012 ; Lévesque, 2014 ; Mandel, Jackson,
Zemke, Nelson & Clark, 1999 ; Mountain & Craig, 2011).
Le programme de type Lifestyle adapté dans ce travail a pour but d’être au plus proche des
besoins des participants. L’analyse des besoins est une étape-clé de la pratique en promotion
de la santé et communautaire (Fazio, 2010 ; Scaffa & Brownson, 2014) et fait partie intégrante
du processus d’adaptation des programmes (Craig & Mountain, 2007 ; Daniels, Mountain, De
Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Ferber et al., 2012 ; Mandel et al., 1999). Ainsi, l’ELADEB
a été administrée aux sept participants recrutés pour l’expérimentation afin de déterminer les
domaines dans lesquels ils rencontraient des difficultés. Suite à l’analyse de ces ELADEB,
certaines modifications du programme ont été effectuées. Le module « Tâches administratives
et finances » a ainsi été élaboré. Le module abordant le lieu de vie n’a pas été évalué comme
problématique par les clients de l’étude. Il a donc été annexé comme complémentaire durant
l’expérimentation mais fait partie intégrante du programme. En plus des modules d’introduction
et de conclusion, le programme comporte sept modules thématiques. Les premiers modules
introduisent des concepts théoriques tels que le vieillissement, la relation entre l’occupation et
le vieillissement ou encore le lien entre activité et santé.
L’organisation du programme en entier avec une brève description de chaque module se
trouve ci-dessous. Les titres des modules ont été choisis par les auteurs de ce travail.
29
I. Introduction : permet aux facilitateurs et aux clients de faire connaissance, la
passation de l’ELADEB est effectuée pour organiser et ajuster le programme
préalablement construit.
II. Qu’est-ce que l’occupation ? : définit les concepts d’occupation, d’activité
significative et de santé. Ces termes sont mis en relation les uns par rapport aux autres.
III. Vieillissement & occupation : discute de l’impact du vieillissement sur les
occupations.
IV. Et si on changeait quelque chose ? : comprend la gestion du temps libre et aborde
le concept d’équilibre occupationnel.
V. Se déplacer dans la communauté : comprend l’utilisation des différents transports
que les personnes utilisent.
VI. Tâches administratives et finances : aborde la gestion des deux thèmes nommés.
VII. Relations : réunit les thèmes de relations sociales en abordant l’influence de ces
dernières sur leur santé et les activités. Il traite de l’influence de l’apparence extérieure
sur les relations et évoque quelques éléments de la sexualité.
VIII. « A table on ne vieillit pas » : aborde le thème de l’alimentation équilibrée et du choix
des produits pour un repas.
IX. Conclusion : permet aux facilitateurs et aux clients de prendre congé les uns des
autres ainsi que de faire un bilan sur le programme.
Module complémentaire : Se sentir bien et en sécurité chez soi : aborde la sécurité
à domicile, les facteurs influençant le risque de chute ainsi que différentes manières
de les prévenir.
3.1.3 Adaptation des modules
L’organisation générale du programme adapté, qui se veut très flexible, est inspirée de celle
des trois programmes de base. En effet, l’organisation des thèmes, des activités et des
discussions de groupe est modulable. Les modules peuvent également intervenir dans un
ordre différent de celui proposé comme l’explique la fiche introductive dans le fascicule du
programme disponible dans la partie 2 : « Lifestyle : bien-être dans vos activités, programme
adapté ».
Les auteurs de ce travail ont tenu à respecter ce critère qui fait partie des éléments-clés des
programmes (Abma & Heijsman, 2013 ; Craig & Mountain, 2007 ; Daniels, Mountain, De
Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008 ; Ferber et al., 2012 ; Mandel, Jackson, Zemke, Nelson &
Clark, 1999).
30
La structure de base des modules (la construction des chapitres) est directement inspirée de
celle proposée dans le programme allemand (Ferber & al., 2012) qui est claire et facile de
lecture pour les professionnels. Ensuite, certains titres ont été librement adaptés aux besoins
spécifiques des modules.
Les titres des modules, les thèmes et les bases théoriques (ou les informations
supplémentaires) ont été entièrement rédigés par les auteurs de ce travail, car le contenu de
ces chapitres nécessitait d’être adapté à la culture suisse romande.
Les objectifs de chaque module - qui peuvent parfois sembler identiques à ceux proposés
dans les programmes - ont été posés sur la base des besoins des participants suite à la lecture
des parties qualitatives des 28 ELADEB qui ont permis d’orienter l’adaptation des modules.
Plus de la moitié des questions (environ 57 %) sont issues de traductions de celles présentes
dans les programmes de base. Selon les thématiques, l’un ou l’autre programme a été préféré.
Les activités d’introduction et les activités pour aller plus loin ont été en partie (à environ 50
%) inspirées des trois programmes et sont également issues d’autres références théoriques
ou de l’expérience des auteurs. L’entier des annexes proposées sont issues des programmes
de base.
Une grande partie du travail a été d’adapter les questions, les activités et les annexes aux
particularités de la clientèle de l’hôpital de jour. La grande fatigabilité des personnes âgées
souffrant de maladie psychique exige de favoriser des activités comportant des images ou
d’adapter les annexes. En effet, une approche multisensorielle est à préférer à une intervention
purement cognitive pour ce type de population (Zietsman & Casteleijn, 2014). De plus, les
activités doivent être simplifiées afin de limiter leurs exigences en ce qui concerne l’abstraction
et la mentalisation (Beukes, 2014, p. 469). Ces éléments ont incité les auteurs de ce travail à
adapter les annexes et à limiter les tâches exigeantes sur le point cognitif, telle la rédaction de
longues phrases.
Un soin particulier a également été porté à la taille de la police des annexes utilisées par les
participants car les personnes âgées peuvent être sujettes aux troubles visuels (Kergoat,
Olivier & Marinier, 2007).
Après cette phase de construction du programme de type Lifestyle adapté à la Suisse romande
et à une population âgée souffrant de troubles psychiatriques ainsi que suite à l’adaptation des
modules, la phase d’expérimentation a pu débuter.
31
3.2 Deuxième phase : expérimentation du programme
La deuxième phase de ce travail consiste à expérimenter le programme adapté au sein de
l’hôpital de jour. Cette expérimentation fait l’objet d’une étude qualitative évaluant si un
programme tel que le LR (Mandel, Jackson, Zemke, Nelson & Clark, 1999), une fois adapté
culturellement, est faisable et réalisable au sein d’un hôpital de jour accueillant des personnes
souffrant de troubles psychiques. Il s’agit d’investiguer si un tel programme peut être adopté
par le service selon les différents professionnels qui sont intervenus au cours des trois mois
d’expérimentation. Afin de mener cette étude, il est possible de s’appuyer sur les critères
élaborés par Rogers (2003) cités dans le chapitre 2 « Recension des écrits », point 2.6
« Implantation d’une innovation dans le milieu professionnel ».
Voici les questions de recherche élaborées en fonction de ces critères :
a) Avantage relatif : selon les professionnels du service, quels sont les éléments du
programme adapté qui permettraient un changement dans le style de vie des usagers ?
Avantage relatif : selon les professionnels du service, quels bénéfices pourrait
apporter le programme à leur pratique actuelle ?
b) Compatibilité : selon les professionnels du service, en quoi le programme est-il
compatible, ou non, avec les valeurs et l’organisation du service ?
c) Complexité : selon les professionnels du service, quels sont les éléments du
programme qui permettent une utilisation facilitée ? Et quels sont les éléments qui
posent davantage de problèmes ? Comment rendre ces éléments moins complexes à
utiliser ?
d) Possibilité d’essayer : selon les professionnels, en quoi le programme offre-t-il la
possibilité d’être modifié ? Le dispositif expérimental de ce travail induit que les
professionnels auront la possibilité d’essayer le programme.
e) Observabilité des résultats : quel effet ce programme a sur les participants ? En quoi
ce programme permet-il un gain financier ? En quoi ce programme permet-il un gain
de temps ?
3.2.1 Type de recherche envisagée
La recherche effectuée dans cette deuxième phase du travail est de type recherche-action :
« courant de pensée qui vise à rapprocher la théorie et la pratique » (Michaud & Bourgault,
2010, p. 362). Cette approche offre la possibilité aux chercheurs de considérer les participants
à l’étude comme des partenaires de recherche définis comme des « cochercheurs » (Michaud
32
& Bourgault, 2010, p. 362). La collaboration avec les participants à la recherche doit être
présente tout au long de l’étude. En effet, « les acteurs ne doivent pas être consultés
seulement sur certains éléments, mais être vraiment considérés comme des membres à part
entière de l’équipe de recherche » (Seekins & White, 2012, cités dans Camden & Poncet,
2014, p. 388). Dans cette étude, le dispositif de recherche-action a été choisi afin de bénéficier
des connaissances pratiques des professionnels de l’hôpital de jour, population à l’étude. La
collaboration étroite avec ces « cochercheurs » a pour but de mener une étude en cohérence
avec la population et le service.
3.2.2 Population à l’étude
Préalablement à l’expérimentation, les auteurs ont présenté oralement le programme afin de
captiver l’intérêt de l’équipe interdisciplinaire du service. Le but de cette présentation était de
la motiver à prendre part au programme en intervenant comme co-facilitateur. L’idée principale
de cette collaboration interprofessionnelle était d’enrichir les modules par les compétences
spécifiques de chacun. La présentation a également permis aux professionnels de prendre en
considération ce programme et d’intégrer cette phase expérimentale à l’organisation habituelle
du service.
La population à l’étude dans ce travail sont les professionnels d’un hôpital de jour du canton
de Vaud ayant participé au programme. Deux ergothérapeutes pratiquant dans le service ont
facilité les séances de groupe. Toutes deux bénéficient d’une grande expérience dans le
service : plus d’une dizaine d’années pour la première, et plus d’une vingtaine pour la
deuxième. Elles sont également issues de formations différentes : la première a obtenu son
diplôme en Suisse et la deuxième en Belgique. Malgré ces différences, les deux
ergothérapeutes ont pu évoluer dans une vision commune de l’ergothérapie en psychiatrie de
l’âge avancé. L’ergothérapie est reconnue dans ce service par les autres collaborateurs.
3.2.3 Recrutement des participants de l’hôpital de jour pour le groupe
Lifestyle
La première étape de la phase d’expérimentation a été la sélection des participants au
programme. Le recrutement s’est déroulé en deux étapes. Tout d’abord, une présentation du
contenu et des objectifs du groupe a été soumise à l’ensemble des personnes hospitalisées à
l’hôpital de jour. Après cette présentation, quatre volontaires se sont annoncés. Les deux
ergothérapeutes de l’hôpital de jour ont alors procédé à une sélection des participants parmi
les volontaires en respectant deux critères prédéfinis : ils devaient présenter des capacités de
raisonnement suffisantes pour s’interroger sur leurs activités de la vie quotidienne et devaient
33
pouvoir respecter les règles du groupe imposées par le service. Ces critères avaient déjà été
mis en place lors de l’expérimentation des autres programmes (Clark et al., 2011 ; Dieterle,
2014 ; Ferber et al., 2012). Deux personnes parmi les quatre volontaires ont dû être écartées
car elles ne répondaient pas aux critères. Pour compléter le groupe, les deux ergothérapeutes
ont approché d’autres clients en entretien individuel. Au cours de celui-ci, les bénéfices
supposés du programme sur leur santé et leur bien-être leur ont été exposés. Cette démarche
a motivé cinq personnes à participer au programme. Sept personnes ont ainsi été conviées à
participer à la première séance.
3.2.4 Méthode de collecte des données
Le dispositif expérimental de recherche-action vise « la collecte des expériences et des
perspectives des acteurs » (Michaud & Bourgault, 2010, p. 368) en utilisant différents moyens.
Dans ce travail, des moyens de récolte écrits et oraux ont été mis en place. En ce qui concerne
les informations écrites, le dispositif prévoit que les ergothérapeutes facilitatrices remplissent
une feuille de transmissions après chaque module (annexe I).
Ce moyen de récolte de données a été choisi par les étudiantes chercheuses car il leur semble
être un moyen efficace de structurer la récolte d’informations. Ce document a été élaboré dans
l’esprit d’une check-list, afin que les professionnels n’oublient pas d’émettre leur avis sur tous
les aspects des modules. Les quatre premières questions de ce document explorent l’intérêt
des sujets de discussion, des activités proposées, des bases théoriques (ou informations
supplémentaires) et des lectures conseillées. La cinquième question aborde le critère de la
compatibilité définit par Rogers (2003) : elle demande aux professionnels de se prononcer sur
l’adaptation du module à la population en question.
La sixième question s’intéresse au critère de complexité (Rogers, 2003) : elle demande aux
professionnels quels éléments du module mériteraient d’être clarifiés. Enfin, la dernière
question propose aux facilitateurs de formuler des suggestions pour améliorer le module. Elle
vise à leur offrir la possibilité d’apporter des modifications au programme, comme prévu par le
quatrième critère définit par Rogers (2003) concernant la possibilité d’essayer.
Le dispositif prévoit également un document à remplir par les professionnels après chaque
séance individuelle (annexe II). Les questions qui y figurent ont également été formulées par
les auteurs de ce travail. Elles demandent aux professionnels de lister les sujets abordés au
cours de cette session et de s’exprimer sur l’intérêt des séances dans le déroulement du
programme. Le document prévoit aussi un espace pour permettre aux professionnels de faire
figurer les commentaires, suggestions ou remarques supplémentaires.
34
Le dispositif prévoit que ces données écrites soient complétées par des informations orales
recueillies avant et/ou après les séances du programme lors d’entretiens informels entre les
ergothérapeutes facilitatrices et les étudiantes. Ces entretiens ne sont pas préparés par les
étudiantes chercheuses : ils laissent l’entière liberté aux professionnels de s’exprimer sur les
sujets qu’ils désirent concernant chaque module. Si besoin, des questions complémentaires
étaient posées par les chercheuses novices aux ergothérapeutes et autres intervenants dans
le programme. Les données récoltées oralement sont notées dans le carnet de bord des
étudiantes sous forme de notes manuscrites. Le dispositif expérimental ne prévoit pas
d’enregistrement audio des entretiens.
3.2.5 Méthode d’analyse des informations
L’analyse des données de la recherche-action vise à rendre compte de deux éléments :
l’expérience de la population à l’étude ainsi que la procédure de catégorisation des données
(Michaud & Bourgault, 2010, p. 369). Dans ce travail, l’expérience de la population à l’étude a
été recueillie selon les moyens présentés au chapitre 3, point 3.2.4 « Méthode de collecte des
données ».
En ce qui concerne la procédure de catégorisation des données, la première phase a consisté
à classer les données écrites transmises par les ergothérapeutes facilitatrices au moyen de la
feuille de transmissions (annexe I) en fonction des cinq critères de Rogers (2003) (avantage
relatif, compatibilité, complexité, possibilité d’essayer et observabilité des résultats). Ensuite,
ces données ont été regroupées par thèmes et complétées par les notes manuscrites prises
par les étudiantes chercheuses dans leur carnet de bord lors des entretiens informels avec les
professionnels.
Si certaines informations du carnet de bord ne pouvaient pas s’insérer dans un des thèmes
prédéfinis, de nouveaux thèmes étaient alors créés. Pour chacun de ceux-ci, les auteurs de
ce travail ont ensuite défini un titre afin de faciliter la lecture des résultats. Cette présentation
a été inspirée du travail de Lee (2004), qui a étudié l’acceptation d’une innovation dans un
service de soins infirmiers.
Afin de vérifier l’adéquation de la retranscription des propos tenus par les professionnels, le
contenu de l’analyse des données a ensuite été transmis à une des ergothérapeutes ayant
facilité le groupe. Cette dernière phase méthodologique avait pour but de confirmer, de
préciser ou de modifier la description et la signification des éléments du programme tels qu’ils
ont été perçus par les professionnels (Careau & Vallée, 2014, p. 499 ; Fortin, 2010, p. 57).
Toutes les informations communiquées par l’ergothérapeute lors de la procédure de validation
des données ont été ajoutées aux données de base.
35
La présentation structurée des données qui a résulté de l’ensemble de ce travail d’analyse a
permis de mettre en évidence les éléments du programme qui coïncidaient ou pas avec les
facteurs décrits par Rogers (2003) et ainsi de répondre aux questions de recherche. Cette
présentation a été effectuée dans le but de permettre à d’autres chercheurs d’anticiper les
éventuelles améliorations et adaptations pour les expérimentations futures de ce programme.
3.2.6 Considération éthique
Lors de la première phase du travail, toutes les ELADEB ont été rendues anonymes avant
d’être transmises aux étudiantes tout comme les données recueillies durant l’expérimentation.
Les informations relatives aux clients permettant de les reconnaître ont été supprimées par les
ergothérapeutes. Les données subjectives exprimées avant et durant l’expérimentation ont été
retranscrites sans que leurs auteurs soient nommés.
Une demande pour la réalisation de cette étude a été adressée à la commission d’évaluation
des demandes d’enquête de l’institution. Cette commission exige des chercheurs de tenir
informés les participants à l’étude de leurs droits et d’établir un formulaire de consentement.
De ce fait, les professionnels facilitateurs ainsi que les clients qui ont participé à l’étude ont
reçu un document d’informations relatives au programme (annexe IV) et ont signé un
formulaire de consentement (annexe V). Le premier document décrit le type de programme
expérimenté au sein de l’hôpital du jour, le but de l’étude de faisabilité menée dans le service
ainsi que la confirmation que toutes les données seront rendues anonymes avant d’être
transmises aux étudiantes.
Le second formulaire résumant les informations relatées dans le premier document, rappelle
que l’engagement est volontaire et que chacun peut se retirer en tout temps de l’étude sans
subir de préjudice.
En fin de document, l’accord des clients participant au groupe d’expérimentation du
programme ainsi que ceux des professionnels est acquitté par une signature. Les auteurs de
ce travail ainsi que le directeur et la codirectrice ont attesté d’avoir pris les dispositions
nécessaires pour répondre aux obligations liées à l’étude par une signature également. Des
copies de ces deux formulaires ont été distribuées aux professionnels ainsi qu’aux clients
intervenant dans l’étude.
36
4. PRÉSENTATION DU DÉROULEMENT DE L’ÉTUDE
En accord avec l’organisation du service, il a été décidé que les séances du programme se
dérouleraient chaque lundi après-midi pendant une heure dans une salle de l’hôpital de jour.
La première séance du programme a eu lieu le lundi 4 mai 2015 avec sept participants et deux
facilitatrices ergothérapeutes. Suite à ce module d’introduction, un participant a exprimé son
souhait de se retirer du programme. Il a confié aux professionnels sa difficulté à envisager de
se dévoiler en groupe et à faire part de ses soucis à un autre professionnel qu’un médecin. Il
a évoqué notamment une peur de se confronter à ses propres limites et de perdre son temps
en se retrouvant face à des problèmes sans solutions. En conformité avec les règles éthiques
de l’étude, ce participant s’est donc retiré du programme. Le groupe Lifestyle a ainsi été formé
de six clients qui se sont engagés durant les dix semaines qu’a duré le programme. Celui-ci
s’est ainsi terminé le 13 juillet 2015. Entre la sixième et la septième séance, une des
participantes au programme a fait part de son désir de cesser la prise en charge à l’hôpital de
jour, décision approuvée par l’équipe interprofessionnelle. Elle a cependant choisi de continuer
à participer au programme Lifestyle et s’est donc rendue à l’hôpital de jour en ambulatoire
uniquement pour ces séances.
De manière générale, les séances ont été facilitées par les deux ergothérapeutes du service.
Cependant, trois séances sur dix ont bénéficié de la présence et/ou de la co-facilitation de trois
autres professionnels du service (un infirmier, un médecin et une diététicienne).
Lors de chaque rencontre, les facilitatrices demandaient aux participants de rappeler ce qui
avait été fait dans la séance précédente avant d’énoncer et expliquer en quelques mots le
thème du jour. S’ensuivait une activité d’introduction ou une réflexion de groupe sur la base
des questions proposées dans le module. De manière générale, les discussions ont occupé
une part plus importante que les activités. Les facilitatrices relèvent que les participants se
sont montrés intéressés et partageaient volontiers leurs idées, expériences ou stratégies avec
les autres membres du groupe. Les séances se terminaient par un temps d’expression par
rapport au vécu des participants dans le module et la parole leur était laissée pour qu’ils
fassent part de leur avis sur la qualité du module en question. La facilitatrice concluait en
énonçant le thème de la prochaine séance et en remerciant les participants de leurs partages.
En marge des sessions de groupe, les programmes de base proposent des séances
individuelles permettant d’approfondir certains sujets. Il a été prévu d’en réaliser deux à trois
durant les dix semaines d’expérimentation.
37
Bien que les buts de ces séances soient exposés dans la fiche introductive du programme, les
ergothérapeutes facilitatrices ont trouvé leur contenu peu clair. Suite à cette constatation, les
étudiantes chercheuses ont créé, au cours de l’expérimentation, un canevas comportant des
questions pour guider les entretiens individuels (annexe III). Ces questions, inspirées des
objectifs des séances individuelles des programmes de base (voir chapitre 2, point 2.4.1
« Caractéristiques des programmes de type Lifestyle ») ont été formulées intuitivement par les
étudiantes.
Le dispositif de recherche choisi prévoyait une vérification des données présentées dans
l’analyse des résultats auprès d’une des ergothérapeutes. En plus de cette démarche de
confirmation, de précision et de modification des données (Fortin, 2010, p. 57),
l’ergothérapeute a apporté des éléments supplémentaires à sa réflexion sur la faisabilité d’un
tel programme dans son service. Ceux-ci sont analysés et discutés dans le chapitre suivant.
Les étudiantes chercheuses ont profité de cette rencontre pour poser des questions qui
subsistaient après la démarche de catégorisation et d’interprétation des résultats. L’entretien
était également l’occasion d’approfondir les réflexions menées dans la discussion des
résultats.
Bien que le dispositif de cette étude ne vise pas à évaluer l’efficacité du programme sur les
participants, les professionnels ont exprimé leur volonté de rendre observables les bénéfices
du programme. Face à cette demande, les étudiantes ont proposé aux ergothérapeutes de ré-
administrer l’ELADEB afin de comparer les besoins et les difficultés des participants entre le
début et la fin de programme. Ce choix a été effectué pour maximiser les chances
d’acceptation de l’innovation par les professionnels. En effet, Rogers (2003) considère que
rendre les résultats de l’innovation visibles aux yeux de l’utilisateur est un des critères
d’acceptation d’une innovation. Les résultats de cette comparaison ne pouvant pas être
considérés comme représentatifs de l’efficacité du programme, les auteurs ont choisi de ne
pas les faire figurer de manière détaillée dans ce travail. Cependant, la réponse à cette
demande de l’équipe interdisciplinaire est soumise dans le chapitre suivant.
38
5. PRÉSENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES
RÉSULTATS
Dans ce chapitre, les résultats sont présentés selon les cinq critères de Rogers (2003). Ils sont
ensuite analysés et discutés en mettant en lien l’expérimentation du programme avec la
littérature. Cette réflexion vise à amorcer une formulation des améliorations à apporter à ce
programme dans le futur. Afin de faciliter la lecture, les discussions suivent directement la
présentation des résultats de chaque critère. Ce chapitre se termine par la réponse aux
questions de recherche en guise de synthèse des données.
5.1 Analyse et discussion des résultats
a) Avantage relatif
Innovation. Le programme a été perçu comme innovateur par rapport aux autres groupes de
l’hôpital de jour, car une importance particulière a été donnée aux activités de la vie
quotidienne. Le programme s’est aussi révélé innovateur sur le partage d’expériences et de
stratégies entre les différents membres du groupe. En effet, le médecin de l’hôpital de jour
présent au module « Relations » a relevé que la séance a permis aux participants d’apprendre
des expériences des autres. Ceci a été confirmé par les ergothérapeutes facilitatrices qui ont
observé cet élément dans les autres modules du programme.
Cohésion de groupe. Les ergothérapeutes facilitatrices ont remarqué que le fait que les
participants restent les mêmes tout au long du programme a permis de favoriser les échanges
au sein du groupe. Elles relèvent également que l’activité autour du collage proposée au
module « Vieillissement & Occupations » a encouragé une bonne dynamique en début de
programme.
Impact du programme sur la vie quotidienne des participants. Les ergothérapeutes ne
s’attendaient pas à percevoir un changement dans le style de vie des participants après les
trois mois d’expérimentation. En effet, la prise en charge de cette population est longue
(Giannakopoulos, 2010), elles savent par expérience que leur évolution est lente. Elles avaient
imaginé que le programme pourrait initier une réflexion, mais sans prétendre un changement
du style de vie des participants au groupe Lifestyle. La prévision des ergothérapeutes s’est
avérée correcte pour la plupart des personnes, qui leur ont confié qu’elles n’avaient pas
modifié leur manière de gérer leurs activités de la vie quotidienne.
39
Deux personnes ont toutefois relevé que les échanges et les stratégies évoquées pourraient
leur être utiles par la suite (voir point ci-dessous « Observabilité des résultats - Expérience des
participants »). Les résultats sont considérés comme positifs pour une participante, qui a
déclaré aux ergothérapeutes que suite au programme elle a mis en place une stratégie de
gestion de ses activités : elle fait dorénavant un programme de sa journée la veille pour le
lendemain. Ceci l’a aidée à mettre les priorités dans sa journée et à se préparer aux imprévus.
Outre le fait que le programme ne pouvait pas prétendre à un changement sur le temps imparti
avec des clients âgés présentant des troubles psychiques, il a également été notifié que les
participants avaient des difficultés à se rappeler du contenu et des activités de chaque module.
Il est légitime de penser que cet élément ait pu empêcher un processus de changement dans
la gestion des activités de la vie quotidienne. Face à ce constat, les ergothérapeutes ont
remarqué que les activités concrètes, comme par exemple le collage proposé dans le module
« Vieillissement & occupations », ont été plus facilement mémorisées que les discussions. Il
serait donc pertinent selon les facilitatrices d’inclure davantage d’activités pratiques dans
chaque module. Cette modification pourrait permettre aux participants de mieux se rappeler
des thèmes abordés, ce qui améliorerait l’impact sur leur vie quotidienne.
Sujets de discussion proposés. Les sujets de discussion proposés dans chaque module ont
été perçus comme pertinents par les facilitatrices. Une seule réserve est émise pour certaines
questions proposées dans le module « A table on ne vieillit pas » : les facilitatrices trouvent
que les questions en lien avec le restaurant ou les courses par internet ainsi que la question
« Y a-t-il des aliments que vous mangez très rarement ? » n’avaient pas d’intérêt dans ce
module. Elles suggèrent de cibler les discussions davantage sur l’alimentation à domicile.
Pertinence des activités proposées pour atteindre les objectifs des modules. Dans l’entier du
programme, seules deux activités proposées ont été perçues comme peu pertinentes en
regard des objectifs du module. Il s’agit de l’activité concernant la chanson dans le module
« Relations » et de l’activité de dégustation en pleine conscience dans le module « A table on
ne vieillit pas ».
Informations supplémentaires/bases théoriques des modules. Cette rubrique n’a pas été
utilisée par les ergothérapeutes facilitatrices. Les informations relatées sont perçues comme
assez basiques et peu utiles pour des professionnels expérimentés ayant des connaissances
sur la population en psychiatrie ainsi que sur leurs besoins quotidiens.
En revanche, les ergothérapeutes relèvent que cette rubrique intéresserait certainement les
collaborateurs novices en recherche d’approfondissement. Elles ajoutent que les références
bibliographiques utilisées dans ces textes ou proposées dans le point « Lectures conseillées
pour ce module » sont pertinentes pour creuser les sujets des modules.
40
Charge de travail. Les ergothérapeutes ont apprécié le fait que le programme propose une
grande quantité de sujets de discussion et d’activités. Elles relèvent que leur construction et
leur organisation bien réfléchies leur ont permis de préparer les séances en peu de temps.
Collaboration interprofessionnelle. Trois autres professionnels exerçant dans le service ont eu
l’occasion de participer à des séances. Un infirmier de l’hôpital de jour était présent au module
« Se déplacer dans la communauté » en tant que co-facilitateur mais n’a pas animé le groupe.
Le médecin de l’hôpital de jour a assisté au module « Relations ». Après la séance, il a proposé
un entretien à l’ergothérapeute facilitatrice pour discuter de ses observations faites pendant le
module. Lors de cet entretien, il a notamment relevé qu’il lui semblait nécessaire de prévoir
plus de temps pour ce thème. La troisième personne qui est intervenue dans le programme
est la diététicienne. Elle a mené le module « A table on ne vieillit pas » en co-facilitation avec
une des ergothérapeutes sans suivre la structure de base proposée par les auteurs de ce
travail. De ce fait, aucun avis de sa part n’a été recueilli sur le module et son organisation.
Séances individuelles. L’organisation de base prévoyait que les séances individuelles soient
effectuées chaque mois soit deux à trois fois au cours de l’expérimentation. Celles-ci n’ont
cependant eu lieu qu’une seule fois, à la fin du programme. Selon l’une des facilitatrices, cela
est dû à un manque d’anticipation et d’organisation de leur part renforcé par une
incompréhension du but de ces séances. De plus, les ergothérapeutes ne cernaient pas la
pertinence de ces séances dans le contexte de l’hôpital de jour où un suivi individualisé est
déjà prévu dans la prise en charge de base du service. Elles ne remettent cependant pas en
doute leur utilité dans un contexte où les personnes assisteraient uniquement au programme
sans prise en charge parallèle. Suite à l’expérimentation, les ergothérapeutes ont relevé que
ces séances individuelles n’ont pas permis de mettre en évidence des éléments intéressants
ou exploitables pour la plupart des participants. En effet, ils avaient de la difficulté à se rappeler
de ce qui avait été effectué dans chaque module. Il est pertinent de se demander si ce facteur
aurait été présent dans le cas où les séances individuelles avaient été effectuées aux
intervalles prévus. Une des ergothérapeutes énonce tout de même deux éléments positifs de
ces séances. Premièrement, celles-ci peuvent permettre d’initier une prise en charge
individualisée en ergothérapie.
Deuxièmement, les séances individuelles peuvent permettre de transmettre des éléments
importants concernant le client aux professionnels référents qui ne sont pas forcément
ergothérapeutes. Au sein de l’hôpital de jour, les référents assurent un suivi régulier dans la
prise en charge de l’usager afin de garantir un accompagnement adapté et rassurant pour le
client. Ils sont également sollicités par le reste de l’équipe pluridisciplinaire lors de décisions
importantes et/ou de situations problématiques. Pour illustrer cela, il est possible de se référer
41
à la situation d’un participant au groupe Lifestyle qui a parlé au cours d’une séance
individuelle d’un élément relationnel difficile qu’il avait vécu avec un soignant, le souvenir de
cet événement ayant été ravivé par le module « Relations ». Cette information a été transmise
à son infirmier référent afin d’approfondir la discussion.
Redondance. L’ergothérapeute ayant animé le module « Conclusion » relève qu’elle a eu
l’impression de reposer les mêmes questions que lors des séances individuelles au cours de
ce module. Elle propose de choisir un moyen plus original de conclure le programme. Tout au
long de l’expérimentation, aucune autre redondance n’a été soulevée par les ergothérapeutes
ou par les autres professionnels intervenus dans les séances.
Discussion sur l’avantage relatif
Le programme présente des aspects innovateurs intéressants, tel que le fait qu’il soit axé sur
les activités quotidiennes et que les participants soient les mêmes sur toute la durée. Le
groupe permet des échanges interpersonnels qui sont à la fois source de valorisation et
d’apprentissages pour les membres (Cole, 2008). Le programme ne semble pas contribuer à
un changement sur le style de vie des participants mais peut aider à initier une réflexion sur
des modifications de l’organisation des activités quotidiennes. Selon Duncan et Prowse
(2014), cette démarche est très utilisée en santé mentale car elle correspond au premier pas
que fait la personne dans le sentiment d’une reprise de contrôle sur ses occupations en leur
(re)donnant du sens. Cet élément permet à l’individu de se sentir pleinement participatif dans
sa vie et dans sa communauté.
L’expérimentation du programme confirme l’importance de l’expérience dans une approche
occupationnelle, tel que le décrit la littérature (Pizzi, 2010 ; Pizzi & Smith, 2010 ; Ramsey,
2014 ; Strecker Neufeld, 2014). Les activités pratiques ont plus d’impact dans la vie
quotidienne et renforcent les apprentissages surtout pour une population âgée souffrant de
troubles psychiques qui peut présenter des troubles cognitifs (Beukes, 2014 ; Homer, 2014).
Les expériences pratiques permettent également de motiver les individus à initier certaines
activités ainsi qu’à les rassurer en créant une première expérience dans un setting facilité par
l’ergothérapeute (Roberts, 2008, p. 374).
Les programmes de type Lifestyle donnent de l’importance aux activités de sortie
(d’expérimentation) qui n’ont pas pu être réalisées au cours de cette expérimentation en raison
de l’hétérogénéité du groupe (voir point ci-dessous « Possibilité d’essayer - Homogénéité du
groupe »). Bien que le contenu des discussions de groupe représente le caractère pratique
des activités quotidiennes, l’absence de mise en situation concrète et pratique a eu pour effet
de rester dans une sphère abstraite.
42
Par exemple, une place trop importante a été donnée aux discussions de groupe dans des
modules tels que « Se déplacer dans la communauté », « Tâches administratives et finances »
ou « A table on ne vieillit pas », qui en soi sont très pratiques. Il aurait été intéressant de
favoriser les activités de groupe et de les expérimenter concrètement comme le suggère la
littérature.
Bien que l’interprofessionnalité soit mise en avant par les auteurs de ce travail pour favoriser
l’adoptabilité d’une innovation, la collaboration entre les ergothérapeutes et les autres
professionnels a été plutôt pauvre. Les ergothérapeutes facilitatrices relèvent que le caractère
interdisciplinaire du programme ne représente pas une innovation au sein de leur contexte de
travail. En effet, la collaboration avec les autres professionnels de la santé est une dimension
ancrée dans les valeurs du service depuis de nombreuses années.
Les ergothérapeutes estiment qu’un programme spécifiquement ergothérapeutique serait plus
bénéfique à leur pratique et permettrait de promouvoir leur identité professionnelle au sein de
la multidisciplinarité. Les deux ergothérapeutes du service facilitent déjà un groupe
hebdomadaire ensemble, spécifique à leur profession. Ce programme offre la possibilité de
créer un nouveau groupe et d’étendre l’offre des prestations ergothérapeutiques. Ce type
d’approche permettrait de mettre l’accent spécifiquement sur le rôle de l’occupation dans le
bien-être et la réhabilitation de la personne souffrant de troubles psychiques (Van Nieke,
2014), élément-clé de la pratique psychiatrique (Blair, Hume & Creek, 2008). Ceci
représenterait un bénéfice à la pratique actuelle des deux ergothérapeutes. Elles relèvent
cependant qu’une collaboration interprofessionnelle dans d’autres contextes où
l’interdisciplinarité est moins développée reste très intéressante. En effet, comme le
vieillissement et la maladie psychiatrique touchent tous les domaines de la personne (Pool,
2008), il est primordial de mettre en place une approche interdisciplinaire afin que tous les
intervenants adoptent une vision commune du projet d’accompagnement de l’individu (Pool,
2008, p. 436).
L’utilité des séances individuelles est remise en question par le fait que leur mise en place n’a
pas été anticipée par les ergothérapeutes facilitatrices.
L’incompréhension de l’objectif de ces séances ainsi que la proximité avec l’accompagnement
individualisé offert par le service font partie des raisons qui ont fait qu’elles ne les ont pas
retenues comme indispensables au déroulement du programme. Néanmoins, la littérature
soulève l’importance d’un travail individuel en parallèle aux activités de groupe (Craig &
Mountain, 2007 ; Ferber et al., 2012 ; Mandel, Jackson, Zemke, Nelson & Clark, 1999). De
plus, les ergothérapeutes facilitatrices ont reconnu certains avantages que ces séances
pourraient apporter à la prise en charge du sujet âgé. Effectivement, elles peuvent proposer
43
un suivi spécifique en ergothérapie ou adresser le client vers un autre professionnel selon la
situation problématique qu’il a rencontrée tel qu’a été le cas pour un participant lors du module
« Relations ». Lors d’une expérimentation future, il serait nécessaire de mieux anticiper et
organiser les séances individuelles afin de respecter la fréquence d’une session mensuelle
suggérée dans les programmes de base. Cependant, ces programmes ont été conçus pour
une population âgée sans problème de santé. Afin d’offrir un accompagnement individualisé
adapté aux participants du groupe Lifestyle, les facilitateurs doivent évaluer la régularité de
ces séances.
b) Compatibilité
Durée estimée des modules. Le temps prévu pour chaque module ne permettait pas de
pouvoir travailler tous les objectifs présentés. En effet, les questions et les activités proposées
sont trop conséquentes pour pouvoir être réalisées dans le temps imparti avec une clientèle
âgée présentant des troubles psychiques. Cette erreur d’estimation temporelle a parfois eu
des conséquences sur la démarche méthodologique : dans le module « Introduction » par
exemple, les facilitatrices ont dû adapter la passation de l’ELADEB en choisissant de ne pas
procéder à l’analyse des besoins des participants. Seule l’analyse des difficultés a été
effectuée. Ce choix a été fait premièrement dans une optique de gain de temps, mais aussi
car l’analyse des besoins ne leur semblait pas indispensable pour la sélection des modules du
programme. De plus, il est courant qu’il soit difficile pour cette population de formuler ses
besoins (Duncan & Prowse, 2014). Cette constatation a également été relevée par les
ergothérapeutes : l’analyse de leurs difficultés est plus aisée pour les patients car elle est plus
concrète.
Le fait que les auteurs du programme n’aient pas prévu assez de temps pour effectuer les
modules a conduit les ergothérapeutes expérimentées à opérer des choix dans la sélection
des activités du programme. Dans le module « Et si on changeait quelque chose ? » par
exemple, la facilitatrice savait avant d’effectuer la séance de groupe que les deux annexes
proposées ne pourraient pas être exécutées dans le temps imparti.
Elle a alors choisi d’effectuer l’annexe « J’aimerais changer quelque chose » qui lui semblait
plus susceptible d’atteindre les objectifs de ce module que l’annexe « Pour moi une journée
habituelle c’est… ».
Face à ces difficultés temporelles, les deux ergothérapeutes facilitatrices ont alors entrepris
d’utiliser chaque module comme un « réservoir d’idées » de discussions ou d’activités dans
lequel elles ont sélectionné ce qui leur semblait pertinent en fonction des objectifs du module,
de la dynamique groupale et du temps à disposition.
44
Adaptation des activités proposées aux caractéristiques des personnes âgées souffrant de
troubles psychiques. De manière générale, les ergothérapeutes ont trouvé que les activités
proposées étaient adaptées aux participants. Elles ont néanmoins émis des réserves sur des
objectifs trop ambitieux et sur des activités trop complexes ou trop contraignantes à réaliser
avec un groupe formé de ce type de clientèle. Les activités proposées à des personnes
présentant des troubles cognitifs doivent être simplifiées (Beukes, 2014 p. 469). Les
ergothérapeutes citent en exemple l’annexe « Quels sont mes rôles ? » du module « Qu’est-
ce que l’occupation ? » comme pouvant être compliqué à réaliser en groupe. En effet, elles
estiment que le concept de rôle peut paraître difficile à assimiler pour les participants. Par
exemple, cerner la différence entre « être grand-père » et « avoir le rôle de grand-père », c’est-
à-dire différencier leur statut en tant que personne du rôle qu’ils doivent jouer socialement,
peut être complexe pour eux. Les facilitatrices envisagent cependant cette annexe en séance
individuelle où la personne âgée pourrait mieux être guidée dans sa compréhension du
concept et dans sa réflexion sur ses rôles.
Les deux ergothérapeutes ont signalé que le second objectif du module « Vieillissement &
Occupations » était trop ambitieux pour la clientèle. L’objectif est le suivant : « Les participants
échangent des stratégies sur la gestion de leurs activités en considérant l’impact de la
vieillesse ». Celui-ci n’a finalement été abordé qu’en surface ; la séance s’est davantage
orientée sur les représentations de la vieillesse.
Au module « Et si on changeait quelque chose ? », les ergothérapeutes ont choisi de ne pas
donner un apport théorique sur le concept d’équilibre occupationnel. Elles ont préféré le faire
uniquement sous forme de discussion avec le groupe afin de favoriser l’attention des
participants. Ces facilitatrices auraient souhaité un moyen plus concret d’aborder le concept
d’équilibre occupationnel, en ne le nommant pas tel quel mais en apportant uniquement l’idée
du changement porté par ce concept. Elles suggèrent, par exemple, d’effectuer une liste des
activités loisirs-plaisir et de réfléchir à la façon de les organiser en fonction des tâches
ménagères ou plus rébarbatives, de manière à atteindre un équilibre occupationnel qui leur
convient.
Une des facilitatrices signale également que l’annexe « Pour moi une journée habituelle
c’est… » risquait d’être trop confrontante pour les participants présents dans le groupe et les
aurait uniquement amenés à faire un constat de leur absence d’activité au cours de la journée.
De plus, dans le même module, l’annexe « Ma journée idéale ce serait… » lui semble
inadéquate pour sa clientèle. Il serait en effet trop difficile pour ces personnes souffrant de
troubles psychiques de se représenter mentalement une nouvelle conceptualisation de leur
journée.
45
L’ergothérapeute souligne qu’il est plus facile pour ses clients de discuter des éléments qu’ils
vivent concrètement dans leur journée et de partir de cette réflexion pour initier des
changements. La mentalisation est, en effet, un exercice complexe pour cette population
(Beukes, 2014). Les bases théoriques du module « Et si on changeait quelque chose ? »
présentent des critères pour un engagement optimal des personnes âgées retraitées dans les
occupations (Jonsson, 2010, p. 221). Parmi ceux-ci figure le critère d’engagement dans une
activité à visée productive comme le bénévolat. Une des facilitatrices a relevé la difficulté pour
cette clientèle de pouvoir se projeter dans ce type d’occupation sans un suivi thérapeutique
individualisé. Elle propose de retenir davantage les autres critères présentés, plus abordables
lors d’une séance de groupe.
Le médecin de l’hôpital de jour relate une activité intéressante et tout à fait adaptée aux
personnes âgées souffrant de troubles psychiques. Il s’agit de l’activité d’introduction du
module « Relations » nommée « les qualités de mon ami ». Selon lui, cette activité a mis en
évidence l’impact de la maladie psychique sur la manière de se percevoir et de s’estimer. En
effet, les participants ont eu de la facilité à lister les qualités de leur ami et plus de peine à
imaginer quelles qualités cet ami aurait citées pour les décrire.
Discussion sur la compatibilité
Il est vrai que l’implantation d’un programme de type Lifestyle dans un hôpital de jour qui
présente une organisation similaire à celle des contextes d’utilisation des programmes devait
être un facteur facilitateur. Malgré cela, les professionnels soulèvent une incompatibilité
partielle en ce qui concerne l’estimation de l’organisation temporelle par rapport aux besoins
et aux caractéristiques des participants. En effet, les personnes souffrant de troubles
psychiques présentent un ralentissement psychomoteur qui exige de prévoir plus de temps
pour atteindre des objectifs (Henry, Védie, Witjas, Azulay & Poinso, 2006).
Afin de trouver une solution adaptée à ce problème de temporalité, plusieurs adaptations ont
été étudiées en collaboration avec les ergothérapeutes : augmenter la durée totale du
programme, augmenter la durée des séances d’une heure à une heure et demie, augmenter
la fréquence hebdomadaire des modules, diminuer les objectifs des modules ou diminuer le
nombre de modules.
Voici les arguments qui ont conduit à envisager une adaptation temporelle des programmes
qui pourrait convenir à un contexte tel que l’hôpital de jour et à une population âgée présentant
des troubles psychiques :
46
Augmenter la durée totale du programme : le temps prévu dans les programmes de
base est d’une durée de trois mois minimum pour une population sans problème de
santé (Craig & Mountain, 2007 ; Ferber et al., 2012 ; Mandel, Jackson, Zemke, Nelson
& Clark, 1999). Guimón (2004, p. 344), définit qu’une thérapie groupale brève dure
au maximum 25 séances. Toutefois, nombre de professionnels semblent douter de
l’efficacité de ces interventions de courte durée. D’ailleurs, la majorité des patients
suivis en psychiatrie fréquenteraient des groupes dits de longue durée, c’est-à-dire,
de plus de six mois (Guimón, 2004, p. 345). Au vu des difficultés que présente la
population souffrant de troubles psychiques, il semble pertinent d’augmenter la durée
du programme. Cependant, une des ergothérapeutes facilitatrices considère qu’un
engagement du client pour plus de 12 séances n’est pas envisageable. Elle sait par
expérience que la clientèle qu’elle prend en charge accepterait difficilement de
s’engager pour du plus long terme. Cet élément a notamment été relevé lors de
l’expérimentation où l’ergothérapeute a perçu que l’engagement des participants a
été favorisé par l’étude en cours. Elle imagine que sans ce dispositif, les participants
se seraient plus facilement retirés du groupe. Augmenter la durée totale du
programme est donc une solution qui n’a pas été retenue.
Augmenter la durée des séances : il a été envisagé d’augmenter la durée des séances
de groupe d’une heure à une heure et demie. Cette solution permettrait de travailler
davantage les objectifs des modules. Cependant, les personnes souffrant de troubles
psychiques présentent une grande fatigabilité et une capacité d’attention réduite, ce
qui peut les mener à un sentiment de confusion qui nuirait à l’apprentissage de
nouvelles stratégies (Roberts, 2008, p. 374). Ainsi, il semble avisé de ne pas prévoir
de séance de plus d’une heure. Toutefois, les professionnels savent, par expérience,
que lors de sorties de groupe il est possible de prolonger la session jusqu’à deux
heures.
Augmenter la fréquence hebdomadaire des modules : une des solutions
envisageables serait de proposer des modules d’une heure deux fois par semaine.
Ceci permettrait de respecter le temps d’engagement maximal pour le programme
estimé par l’ergothérapeute, soit 12 semaines, tout en augmentant le temps à
disposition pour travailler les objectifs des modules. Cependant, cette proposition
demanderait beaucoup d’organisation autant aux professionnels qu’aux clients.
En effet, ces derniers sont pris en charge à des fréquences différentes : ils viennent
entre une a cinq fois par semaine à l’hôpital de jour. Il serait donc difficile de concilier
la prise en charge de tous les participants au groupe Lifestyle. De ce fait, cette solution
ne semble pas optimale dans le contexte de l’hôpital de jour.
47
Diminuer le nombre d’objectifs des modules : l’ergothérapeute considère que tous les
objectifs présentés sont pertinents et qu’il ne serait pas judicieux d’en supprimer. Ceci
prétériterait la qualité du programme.
Diminuer le nombre de modules sur la durée du programme : il serait intéressant de
proposer moins de modules et d’approfondir davantage les thèmes retenus. Ce choix
impliquerait de prévoir plus de temps pour le premier module qui est consacré à
l’analyse des difficultés et des besoins. Cette démarche nécessiterait une passation
complète de l’ELADEB en évaluant de manière précise les besoins et les difficultés
des participants. Celle-ci aiderait au choix des modules pendant le programme. La
durée des modules serait alors cohérente avec les capacités des participants.
Cette dernière proposition est celle qui semble le meilleur compromis entre ce qui est soutenu
par la littérature et ce qui convient à un contexte tel que l’hôpital de jour avec des personnes
âgées souffrant de troubles psychiques.
De manière générale, la structure et le contenu des modules sont compatibles avec la pratique
actuelle du service. Néanmoins, certaines annexes et certains objectifs des modules ne
semblaient pas adaptés aux capacités des personnes âgées avec des troubles psychiques.
En effet, ils étaient trop confrontants ou trop exigeants au regard des difficultés liées à leur
maladie. Comme évoqué précédemment, ces limitations sont essentiellement en lien avec la
difficulté de cette population à mentaliser et à réfléchir sur des notions abstraites (Beukes,
2014). Guimón (2004, p. 329) relève que la majorité des thérapeutes proposent des
interventions de groupe établies de préférence sur le « ici et maintenant » que sur le « alors
et dehors », autrement dit les discussions sont axées sur ce que le patient vit dans son
quotidien et non pas sur des projections futures.
En considérant les capacités physiques et mentales du sujet âgé avec des troubles
psychiques, il est important de veiller à proposer des activités de sorties adaptées. Pour ce
faire, il est conseillé qu’elles soient organisées en fonction de la proximité avec l’hôpital de
jour, de l’accessibilité financière et des exigences physiques et psychiques demandées. Ces
activités de sortie ne devraient pas dépasser une durée de deux heures. Le respect de ces
conditions permettrait de soutenir les éléments travaillés en séance tout en ne mettant pas en
échec les participants. En effet, un sentiment de sécurité encourage la personne à s’engager
dans le groupe et dans l’activité, si la personne associe la tâche à des émotions agréables
(sentiment de réussite et de valorisation), elle tendra davantage à reproduire cette expérience
dans son quotidien (Roberts, 2008, p. 372).
c) Complexité
48
De manière générale, les ergothérapeutes ont trouvé que le programme était simple
d’utilisation et compréhensible.
Structure. Les facilitateurs ont apprécié avoir accès à la fiche introductive (voir partie 2 :
« Lifestyle : bien-être dans vos activités, programme adapté ») qui présente la structure des
modules et permet une bonne compréhension de l’utilisation de ceux-ci. La structure des
modules en elle-même facilite la recherche rapide des informations importantes. Les
ergothérapeutes trouvent intéressant d’avoir accès à des lectures conseillées en cas de
besoin.
Clarté du contenu des modules. Les ergothérapeutes n’ont pas relevé de difficulté concernant
la compréhension du contenu des modules.
Clarté du contenu des séances individuelles. Les ergothérapeutes soulèvent que l’objectif visé
par les séances individuelles était peu clair malgré les informations présentes sur la fiche
introductive du programme. Elles ont eu de la difficulté à comprendre leur sens et leur intérêt.
Le canevas (annexe III) a été nécessaire pour guider l’entretien, pour comprendre sur quels
éléments elles devaient cibler les séances individuelles ainsi que pour clarifier l’objectif de
celles-ci.
Discussion sur la complexité
Un point fort de cette adaptation des programmes de type Lifestyle est la facilité d’utilisation
et de compréhension, accessible même à un facilitateur moins expérimenté. Il ne semblerait
pas y avoir de propositions d’amélioration à ce sujet, hormis l’idée d’introduire un canevas pour
les séances individuelles qui a été nécessaire aux ergothérapeutes. Celui-ci, élaboré au cours
de l’expérimentation, présenterait deux avantages et un inconvénient.
Ce document favorise la cohérence entre les facilitatrices en ce qui concerne les questions
posées étant donné qu’elles se sont partagées le travail en menant trois entretiens chacune.
En plus de cela, les données exprimées par les participants sont catégorisées plus aisément.
Néanmoins, le canevas limite le facilitateur dans sa liberté de choisir le contenu de la séance.
Ce document reste une suggestion, un outil qui permet de faciliter la prise en charge
individuelle. Il ne faut pas le considérer comme un dispositif rigide à appliquer de manière
protocolaire.
d) Possibilité d’essayer
Homogénéité du groupe. Les ergothérapeutes pensent qu’il serait intéressant de former un
groupe plus homogène au niveau des capacités physiques afin d’organiser une sortie qui ne
mette pas en échec un participant. Cette réflexion a été menée dans le cadre du module « Se
49
déplacer dans la communauté » durant lequel un seul participant rencontrait des difficultés
très importantes à se déplacer. La sortie prévue dans ce module n’a pas été effectuée car elle
risquait de confronter ce participant à ses difficultés.
Organisation des modules. Les deux ergothérapeutes facilitatrices ont apprécié la construction
du programme. Elles ont spécifié que les quatre premiers modules permettaient d’introduire
efficacement les modules thématiques. Elles ont cependant réfléchi à certaines modifications
possibles de l’organisation chronologique des modules dans le programme. Premièrement,
elles ont relevé leur difficulté dans le second module « Qu’est-ce que l’occupation » à rester
dans le constat des activités que les participants ne font ou ne peuvent plus faire. Elles auraient
aimé les amener à réfléchir à des adaptations possibles de ces activités mais ne l’ont pas fait
car ceci allait être repris au quatrième module « Et si on changeait quelque chose ? ». Ainsi,
elles ont émis l’idée d’insérer ce quatrième module directement après le second. Après avoir
effectué le module « Et si on changeait quelque chose ? », les facilitatrices se sont cependant
interrogées sur la place qu’a ce module à ce moment du programme. Elles suggèrent de faire
intervenir le concept d’équilibre occupationnel en fin de programme. Ceci aurait peut-être
permis une réflexion plus riche, car les participants auraient bénéficié des discussions menées
dans les différents modules thématiques. Ces modifications d’organisation restent cependant
des propositions : les ergothérapeutes soulignent que l’organisation des modules proposée
fonctionne telle qu’elle a été définie initialement.
Organisation des activités et des discussions au sein des modules. De manière générale, les
ergothérapeutes n’ont pas exprimé de remarques particulières sur l’organisation des activités
et des discussions au sein des modules.
Une des facilitatrices relève uniquement que l’activité d’introduction du module « Tâches
administratives et finances », qui consistait à faire une liste d’activités gratuites, lui semblait
mal placée dans le déroulement des activités proposé par les auteurs du travail. Elle suggère
de repenser la structure du module en deux parties distinctes : une première concernant les
activités administratives et une deuxième concernant les moyens d’économiser de l’argent par
exemple en choisissant des loisirs peu chers. Dans le module « A table on ne vieillit pas »,
l’ergothérapeute propose de placer les questions en lien avec les facteurs nutritionnels avant
dans le module.
Adéquation du programme. Les ergothérapeutes ont jugé ce programme adapté car il
correspond aux valeurs et à la philosophie du service. Il est pertinent car sa finalité est proche
de celle des autres traitements proposés à l’hôpital de jour. Elles encouragent d’autres
services à essayer une partie du programme afin d’apprécier ses bienfaits sur un autre type
de population ainsi que sa flexibilité à s’adapter à d’autres contextes.
50
Discussion sur la possibilité d’essayer
L’acceptabilité d’une innovation, telle que la définit Rogers (2003), dérive aussi de la possibilité
de pouvoir la réaliser et la modifier même à petite échelle.
L’hétérogénéité du groupe a limité la possibilité d’effectuer des activités de sortie. Il aurait
cependant été possible de réfléchir à une autre manière d’inclure le participant, par exemple
en lui proposant des moyens auxiliaires pour se déplacer ou en mobilisant les services des
transports.
La possibilité d’apporter des changements dans l’organisation interne des modules et dans
leur temporalité semble être un des points forts du programme. La flexibilité de celui-ci fait que
des activités similaires à celles proposées peuvent être suggérées par les facilitateurs selon
leurs connaissances spécifiques et leur sensibilité au sein de leur domaine professionnel.
Grâce à sa facilité d’utilisation, de compréhension et de son adéquation avec les valeurs, la
philosophie et la finalité de traitement du service, le programme est aisément réalisable dans
d’autres structures.
e) Observabilité des résultats
Expérience des participants. Le point de vue des participants n’est pas le sujet de recherche
mais il est intéressant de le prendre en considération car il peut influencer l’avis des
professionnels.
Les deux ergothérapeutes facilitatrices ont eu la possibilité de demander aux participants quel
était leur avis sur le programme au cours des modules ainsi que lors des séances individuelles.
Voici les avis récoltés :
Participante A : Elle a trouvé le programme intéressant et bien structuré. Elle a apprécié le fait
qu’il touche à beaucoup de domaines. Elle a reçu des conseils qui pourraient l’aider sur du
plus long terme.
Participante B : Cette participante revient sur son doute par rapport au programme au départ
de celui-ci, mais dit avoir été « déçue en bien ». Elle l’a trouvé intéressant et s’est sentie libre
de parler au sein du groupe. Elle dit que le groupe lui a permis d’organiser son programme de
la journée, qu’elle fait la veille pour le lendemain. Le programme lui a permis de mieux se
préparer aux imprévus et de savoir mettre les priorités dans ses activités.
Cette participante ajoute que le module « Et si on changeait quelque chose ? » était peu clair,
elle avait de la difficulté à s’en rappeler en fin de programme.
51
Participante C : Pour cette participante, le programme s’est bien déroulé. Elle a apprécié le
fait que les questions soient ciblées, car ceci a permis selon elle de ne pas partir dans tous les
sens.
Elle spécifie cependant que le thème de l’activité de collage dans le module « Vieillissement
& Occupations » lui semblait trop vaste. Elle a également approuvé que toutes les personnes
du groupe participent en fonction de leur expérience. Pour conclure, elle trouve que le
programme constitue un tour d’horizon assez complet de tous les problèmes qui peuvent
survenir en prenant de l’âge. Par ailleurs, le programme ne lui a pas été utile dans l’immédiat,
mais elle relève qu’il le sera certainement par la suite.
Participant D : Ce participant a apprécié les échanges au sein du groupe. Ceux-ci l’ont aidé
dans certains domaines où il rencontrait des difficultés. Ce participant a particulièrement aimé
le module « Relations » et constate qu’il est en manque de relations sociales. Ce module lui a
également permis de verbaliser un événement relationnel difficile qui s’était déroulé avec son
infirmier à domicile et d’en parler avec ses référents de l’hôpital de jour. Il mentionne finalement
que le module « Et si on changeait quelque chose ? » l’a confronté à l’inconnu et aux
changements qu’il perçoit comme angoissants. Ce module a généré des appréhensions chez
lui.
Participante E : Cette participante note que les échanges et les interactions au sein du
programme ont été riches pour elle. Elle a trouvé le programme intéressant.
Participant F : Ce participant a apprécié le programme. Il regrette cependant que celui-ci ait
eu lieu en même temps que le groupe musique qui se déroule à l’hôpital de jour. Il relève qu’il
avait un intérêt particulier pour le module « A table on ne vieillit pas ».
Comparaison des ELADEB. Bien que les étudiantes chercheuses aient expliqué les raisons
qui font qu’une évaluation des bénéfices du programme ne serait pas représentative, les
professionnels ont maintenu leur désir de pouvoir avoir un aperçu du changement effectué par
le programme. La comparaison des difficultés évoquées par les six participants avant et après
le programme révèle des résultats très aléatoires. Chez deux participants, on remarque une
diminution du nombre de domaines où des difficultés sont rencontrées. Chez un autre
participant, le nombre de difficultés restait le même : deux difficultés n’étaient plus présentes
mais deux autres ont été ajoutées. Une autre participante mentionne des difficultés dans deux
domaines non évoqués avant l’expérimentation et un domaine où elle n’en a plus. Une
participante a complétement changé la nature de ses difficultés : elle en rencontrait dans six
domaines de la vie quotidienne qui ne sont plus présents à la fin du programme, mais relève
cinq nouvelles difficultés. La dernière participante en cite dans trois domaines qu’elle n’a pas
52
perçus comme problématiques avant l’expérimentation, et un domaine n’est plus considéré
comme une difficulté.
Face à ces résultats divergents, l’ergothérapeute facilitatrice confie que certains clients
nécessitent un temps de réflexion avant de mettre en œuvre les éléments travaillés en
thérapie. Elle considère donc le fait que les effets du programme peuvent prendre du temps à
se concrétiser et qu’une évaluation lors du module de conclusion ne semble pas adéquate.
Discussion sur l’observabilité des résultats
Puisqu’il s’agit d’une étude de faisabilité, les auteurs de ce travail ne mettent pas en discussion
le critère d’observabilité des résultats. Il semble cependant pertinent de soulever des aspects
positifs qui ne peuvent qu’encourager le développement d’un programme de type Lifestyle
auprès d’une population souffrant de troubles psychiques. En effet, globalement, les
participants ont apprécié le programme en le considérant comme utile pour leur avenir. La
variété des domaines proposés a également été appréciée. L’organisation au sein du groupe
et sa dynamique favorisée par le partage d’expériences et des stratégies d’autrui se sont
révélées comme des facteurs importants d’appréciation.
Le dispositif d’évaluation mis en place en fin de programme par les étudiantes chercheuses
sur la demande des professionnels n’est pas pertinent. Ceci se justifie par deux raisons. Tout
d’abord, l’efficacité du programme n’est pas le sujet de cette étude.
En effet, ce travail vise à investiguer si un programme de type Lifestyle peut être adopté dans
un hôpital de jour accueillant des personnes souffrant de troubles psychiques selon les
professionnels qui auront facilité le programme. Deuxièmement, un dispositif d’évaluation
n’aurait pas pu permettre de relever des résultats significatifs. En effet, il n’aurait pas été
possible de distinguer quels changements dans l’organisation de la vie quotidienne des
participants étaient dus au programme, à des événements de vie des participants ou à la prise
en charge effectuée en parallèle à l’hôpital de jour. Les résultats de l’évaluation post-
expérimentation ne sont donc pas exploitables tel que l’avait prévu les étudiantes
chercheuses. Fazio (2010, p. 203) suggère que le meilleur moyen d’évaluer l’efficacité d’un
programme de promotion de la santé est de proposer une évaluation compréhensive plus
complète via des données qualitatives et quantitatives. Dès lors, il aurait été nécessaire de
conjuguer l’avis des participants et des professionnels aux résultats d’un instrument de mesure
standardisé.
53
5.2 Réponse aux questions de recherche
La réponse aux questions de recherche suivantes démontre que ce programme basé sur les
occupations adapté est faisable et réalisable au sein d’un hôpital de jour accueillant des
personnes âgées souffrant de troubles psychiques.
a) Avantage relatif
Selon les professionnels du service, quels sont les éléments du programme adapté qui
permettraient un changement dans le style de vie des usagers ?
L’activité pratique, caractéristique spécifique des programmes de type Lifestyle, est un
élément qui a un impact important sur le changement du style de vie. Les professionnels
soutiennent cette idée que la population âgée avec troubles psychiques semble retenir plus
facilement ce qu’ils ont fait et expérimenté en pratique au sein de groupe que les discussions.
Les activités proposées dans le programme favorisent le lien direct avec la vie de tous les
jours à domicile. Le partage d’expériences et de stratégies est un moyen de soutenir la
réflexion initiée par les activités. En parallèle à cette constatation, il est intéressant de soulever
que les séances individuelles prévues pour les participants ne semblent pas avoir contribué à
soutenir un changement dans leurs habitudes de vie. Ce résultat est cependant remis en
question car le dispositif prévu pour ces séances n’a pas été respecté.
Selon les professionnels du service, quels bénéfices pourrait apporter le programme à
leur pratique actuelle ?
Premièrement, le programme permet aux professionnels de cibler et répondre aux besoins du
groupe en gagnant du temps sur la préparation des séances par la grande variété des
discussions et activités proposées. Par sa souplesse d’organisation, le programme est
également facilement adaptable aux caractéristiques des participants de chaque groupe. Le
fait que les membres du groupe soient les mêmes tout au long du programme représente aussi
un bénéfice à la pratique usuelle du service. Ceci semble favoriser la cohérence, la confiance
entre les participants ainsi que la progression du groupe. Ces aspects apportent une aisance
et une efficacité dans le rôle des facilitateurs. La possibilité de créer un groupe spécifiquement
ergothérapeutique représente un bénéfice dans l’exercice de la profession au sein de l’hôpital
de jour. Ces éléments permettent de dire que le programme pourrait représenter une offre
supplémentaire intéressante dans le service.
b) Compatibilité
54
Selon les professionnels du service, en quoi le programme est-il compatible, ou non,
avec les valeurs et l’organisation du service ?
Les objectifs du programme et le contenu des modules sont compatibles avec les valeurs et
la philosophie du service. Ils s’inscrivent aisément dans la logique de la finalité de traitement
visée par le service. Le programme semble globalement compatible avec l’organisation du
service dans les exigences spatiales et temporelles attribuées.
Quelques activités proposées dans les modules ont été soumises à des propositions de
modifications dans le but de perfectionner la compatibilité aux personnes âgées présentant
des troubles psychiques. Par le caractère souple du programme, celles-ci ont pu être adaptées
directement par les professionnels.
Le programme ne semble pas être compatible en ce qui concerne la durée estimée des
modules. Les besoins institutionnels ainsi que les caractéristiques des participants font que
les exigences temporelles demandées par le programme ne peuvent pas être respectées. Les
facilitateurs considèrent qu’il est possible de surmonter cette impasse en envisageant de
diminuer le nombre de modules et de les travailler de manière plus approfondie.
c) Complexité
Selon les professionnels du service, quels sont les éléments du programme qui
permettent une utilisation facilitée ? Et quels sont les éléments qui posent davantage
de problèmes ? Comment rendre ces éléments moins complexes à utiliser ?
Les éléments facilitant l’utilisation sont la clarté des informations et la structure du programme.
Il ne semble pas y avoir d’éléments qui soient complexes à utiliser. Il faut cependant relever
que l’objectif des séances individuelles était peu clair pour les ergothérapeutes. Le canevas
d’entretien créé par les étudiantes chercheuses en cours d’expérimentation a permis aux
professionnels une meilleure compréhension de cet élément du programme.
d) Possibilité d’essayer
Selon les professionnels, en quoi le programme offre-t-il la possibilité d’être modifié ?
Les professionnels ont pu essayer le programme. Dès le début, ils étaient engagés dans cette
étude grâce aux explications diverses fournies par les auteurs du travail. Ils ont participé à la
55
sélection des usagers en respectant les critères prédéfinis. Les professionnels ont apprécié la
construction du programme.
Ils ont pu émettre des suggestions quant à la chronologie des modules et leur organisation
interne. Ils estiment que le programme proposé tel quel est fonctionnel et pourrait être essayé
dans d’autres contextes.
e) Observabilité des résultats
Quel effet ce programme a sur les participants ? En quoi ce programme permet-il un
gain financier ? En quoi ce programme permet-il un gain de temps ?
Les participants ont pu exprimer leurs avis sur le programme par l’intermédiaire des
ergothérapeutes facilitatrices. Ce programme a pu initier une réflexion sur les changements
qu’ils pourraient appliquer dans leurs activités quotidiennes sur du plus long terme.
Néanmoins, il n’a pas apporté d’amélioration significative dans leur style de vie durant les dix
semaines d’expérimentation. Afin de considérer les aspects tels que le gain de temps, le gain
financier et les effets sur les participants, il serait judicieux d’envisager une étude de plus
grande importance avec des instruments de mesure adaptés.
56
6. CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS FUTURES
6.1 Critiques du travail
Les choix méthodologiques effectués dans ce travail ont soulevé plusieurs interrogations.
Celles-ci sont exposées ci-dessous en s’intéressant aux éléments qui ont constitué les forces
et les limites de ce travail. Afin de compléter cela, au terme de ce chapitre, une partie nommée
« Chercheuses novices » est conçue spécifiquement pour ainsi exposer le vécu des auteurs
en tant que chercheuses novices et pour relater certains événements survenus au cours de
ce travail.
6.1.1 Forces
La collaboration avec les professionnels par le dispositif de recherche-action représente la
première force de ce travail. Ce partenariat a rencontré un certain succès grâce aux choix
effectués par les auteurs. Tout d’abord, la présentation des programmes de type Lifestyle ainsi
que des intérêts de l’adaptation de celui-ci en Suisse romande à l’ensemble des professionnels
de l’hôpital de jour a permis de les motiver à adhérer au projet. L’expérimentation du
programme a été prise au sérieux et intégrée à l’offre de l’hôpital de jour tel qu’aurait pu l’être
un autre groupe thérapeutique. La littérature qui a appuyé les propos tenus dans la
présentation ont apporté une certaine crédibilité au travail. Ensuite, la facilitation du groupe
par des professionnels expérimentés a très certainement favorisé le succès du programme.
6.1.2 Limites
Les méthodes de récolte de données choisies ont mis en évidence des limites. Les formulaires
de transmissions que les professionnels devaient rendre par écrit représentaient une charge
de travail supplémentaire. Le formulaire concernant les modules n’a ainsi pas été rempli de
manière systématique et le formulaire des séances individuelles n’a pas été utilisé du tout par
les ergothérapeutes. Celles-ci ont préféré transmettre leurs remarques par oral. L’usage des
formulaires à remplir par écrit était incohérent avec l’organisation institutionnelle en ce qui
concerne le temps que les professionnels pouvaient accorder à la rédaction de leurs critiques.
Une autre limite relevée est le manque d’expérimentation pratique durant les sessions de
groupe.
57
Malgré un manque d’anticipation souligné par une des ergothérapeutes facilitatrices
concernant l’organisation de sorties ou d’activités pratiques, les chercheuses novices auraient
pu insister davantage sur l’importance et la mise en place de ces activités.
Il faut également mentionner que le choix de ne pas faire l’activité de sortie proposée dans le
module « Se déplacer dans la communauté » est incohérent avec les objectifs de celui-ci. En
effet, le fait qu’un des participants ait exprimé sa difficulté à se déplacer aurait dû être une
raison pour effectuer la sortie. La partie qualitative de l’ELADEB, qui consiste à expliquer les
difficultés et les besoins, aurait permis aux auteurs de ce travail ainsi qu’aux facilitateurs de
comprendre la nature des difficultés à réaliser cette activité.
Les deux critères de sélection étaient bien réfléchis, car ils ont contribué au bon
fonctionnement du groupe. Les auteurs ont cependant relevé qu’il aurait été judicieux de
penser à une certaine homogénéité dans les capacités physiques des clients. Ceci aurait
permis de faciliter la sortie de groupe, activité qui aurait été intéressante car elle aurait apporté
davantage d’aspects pratiques. Ces derniers auraient favorisé les liens entre le programme et
la vie de tous les jours des six participants.
6.1.3 Chercheuses novices
Le premier pas dans la recherche du terrain ne s’est pas révélé de toute simplicité pour les
quatre étudiantes. Motivées par l’entrain des professionnels de l’hôpital de jour à vouloir
expérimenter un programme de type Lifestyle dans leur service, les chercheuses novices ont
de suite croché au projet d’adapter les modules aux besoins de la population hospitalisée dans
cette structure. Malgré cet enthousiasme, certaines limites sont rapidement apparues. En effet,
débutant ce travail durant le printemps de leur deuxième année d’étude, les étudiantes avaient
réalisé un seul stage pratique. Bien qu’ayant parcouru de nombreux ouvrages sur le sujet de
la santé mentale, elles ont eu de la peine à s’imaginer réellement quelles étaient les
caractéristiques d’une personne âgée souffrant de troubles psychiques, ses difficultés au
quotidien, son besoin d’aide, les symptômes de la maladie et les altérations sur sa capacité
de raisonner ainsi que l’hétérogénéité des manifestations des troubles. De plus, les étudiantes
n’ont pas été autorisées à entrer en contact avec les participants par la commission éthique
de l’institution, ce qui a rendu le travail d’adaptation compliqué. Pour ce faire et afin d’être au
plus proche de la réalité des clients, elles ont pu compter sur l’aide de leur directeur et de leur
codirectrice. Un exemple attestant ce manque d’expérience a été l’élaboration des objectifs
des modules. En effet, ces derniers se sont révélés trop ambitieux pour la population en
question. Ils ont été discutés avec la codirectrice et le directeur de ce travail et revus à la
baisse.
58
Il faut également relever que le manque d’expérience des étudiantes dans le processus de
recherche a parfois conduit à des erreurs méthodologiques. Les auteurs de ce travail ont, par
exemple, omis de recueillir dans leur carnet de bord les remarques positives exprimées par
les facilitateurs suite à l’expérimentation, estimant que ces commentaires avaient moins
d’importance que les jugements destinés à améliorer le programme. Les étudiantes ont ainsi
rencontré des difficultés à analyser les résultats et à émettre des avis positifs sur leur travail.
Cependant, ceci a pu être rattrapé lors de la démarche de vérification réalisée avec une des
ergothérapeutes facilitatrices. Parfois, les chercheuses novices n’ont pas démontré
suffisamment de rigueur dans le respect des choix de base prévus dans le dispositif de cette
étude. En effet, la passation de l’ELADEB n’a pas été réalisée par les ergothérapeutes
facilitatrices dans son entier. Elles ont choisi de ne pas effectuer l’analyse des besoins des
participants en raison du temps prévu pour l’entier de la séance. Elles ont considéré plus
judicieux de s’intéresser uniquement aux difficultés de cette population qui a plus de peine à
exprimer ses besoins. Au terme de la rédaction finale de ce travail, les étudiantes se
questionnent sur cet incident et se demandent si elles n’ont pas perdu des données
essentielles en administrant cet instrument de manière non standardisée.
Réaliser un travail de bachelor sur un sujet concret tel que l’adaptation et l’expérimentation
d’un programme de promotion de la santé a été une grande source de motivation pour les
quatre étudiantes. Elles étaient en effet fort intéressées par ce projet qui tenait à cœur depuis
plusieurs années au directeur et qui était déjà présent dans l’esprit d’une des ergothérapeutes
du service. Les retombées positives sur les bienfaits de ce type de programme sur la santé
des personnes âgées lues dans la littérature ainsi que la pertinence d’implanter cet exemple
de prise en charge en Suisse a favorisé l’engouement des étudiantes tout au long du projet.
La rédaction d’un travail de bachelor à quatre ne fait pas partie des normes usuelles décrites
par l’école pour un mémoire de fin d’études, mais a tout de même été accordé par le directeur
de ce travail malgré ses appréhensions. Les étudiantes relèvent l’excellente collaboration et
l’entente qui régnaient au sein du groupe. En effet, elles supposent qu’une des clés de la
réussite de la collaboration réside dans le respect des forces et limites de chacune. L’entraide,
l’énergie et la bonne humeur ont permis aux chercheuses novices de prendre du plaisir à
réaliser ce travail de bachelor.
59
6.2 Retombées du travail dans le milieu professionnel
Ce programme axé sur les activités de la vie quotidienne pourrait représenter un soutien au
développement de l’orientation communautaire de l’ergothérapie en psychiatrie. Ce
mouvement, initié à la fin des années 80, encourage le développement d’une prise en charge
ergothérapeutique dans le milieu écologique du client et se distancie d’une pratique confinée
dans les ateliers (El Nadi, 2006, pp. 274-275). Il accorde de l’importance aux activités de la
vie quotidienne et met progressivement de côté les moyens d’interventions moins significatifs
pour la personne (El Nadi, 2006, p. 275). Dans le contexte de l’hôpital de jour, cette évolution
de la pratique est déjà bien initiée. Le programme pourrait cependant représenter une
consolidation de ce développement dans un service où deux ergothérapeutes proviennent de
formations et de générations différentes. Ceci pourrait se généraliser à d’autres milieux de
pratique.
Les deux ergothérapeutes, convaincues par la pertinence du programme, envisagent de le
reprendre avec un nouveau groupe de clients. Des étudiantes mèneront une nouvelle étude
auprès d’une population avec des caractéristiques similaires. Le groupe ENOTHE reconnaît
l’intérêt de l’implication d’étudiants dans ces projets : ils sont, dans un contexte économique
complexe, de la main-d’œuvre bon marché et surtout, ils représentent les professionnels de
demain qui sauront promouvoir les programmes en promotion de la santé basés sur les
occupations. Ces futurs ergothérapeutes pourront alors encourager eux-mêmes le
développement des programmes de promotion de la santé dans leur lieu de pratique (Daniels,
Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008).
Une présentation du programme adapté et, de manière plus générale, des programmes de
type Lifestyle a été faite à des ergothérapeutes travaillant en psychiatrie. Ceux-ci se sont
montrés intéressés à expérimenter le programme avec des adultes ou des adolescents.
D’ailleurs, un ergothérapeute prenant en charge des adolescents s’est renseigné directement
auprès d’une des ergothérapeutes de l’hôpital de jour pour en savoir davantage sur ce genre
de programme. Les portes au développement semblent s’ouvrir mais des questions
subsistent : Serait-il réellement possible d’implanter ce type de programme dans d’autres
contextes suisses tels que des centres d’accueil temporaire, avec une population migrante, en
psychiatrie aigue et/ou en ambulatoire ? Et comment favoriser cette démarche ? La pertinence
de l’adaptation des programmes à d’autres populations a été soulevée par plusieurs
chercheurs (Biehl, Page, Beck & Lüscher, 2015 ; Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins &
Jakobsen, 2008) et contribue à leur expansion.
60
Finalement, la mise en place de ces programmes en Suisse romande permettrait d’étendre le
champ de pratique de l’ergothérapie en promotion de la santé. A l’image des conclusions du
groupe ENOTHE (Daniels, Mountain, De Vriendt, Martins & Jakobsen, 2008, p. 38), les auteurs
de ce travail considèrent cette première étude de faisabilité comme les prémices vers le
développement des programmes en promotion de la santé basés sur les occupations. Les
auteurs espèrent ainsi inciter d’autres professionnels de différents milieux à s’intéresser à ces
approches prometteuses pour l’avenir de l’ergothérapie et pour le développement de la
promotion de la santé en Suisse auprès d’une population âgée présentant des troubles
psychiques.
6.3 Conclusion
Les activités pratiques, le partage d’expériences et de stratégies ainsi que le lien direct avec
la vie quotidienne des participants sont les principaux éléments du programme « Lifestyle :
bien-être dans vos activités » qui pourraient être porteurs d’un changement dans le style de
vie des usagers. Par sa structure, son organisation ainsi que la variété des activités proposées,
il permet aux professionnels un gain de temps dans la préparation des séances. Les
ergothérapeutes du service perçoivent le programme comme un potentiel outil spécifiquement
ergothérapeutique qu’elles désireraient s’approprier pour maintenir et développer leur identité
en tant que spécialistes de l’occupation au sein de l’équipe interprofessionnelle. Le programme
a été accepté par les professionnels car il correspond à leurs valeurs et s’inscrit dans la finalité
des prises en charge proposées à l’hôpital de jour. Il est facile d’utilisation, son caractère
flexible et modulable est apprécié car il s’adapte aisément aux caractéristiques des
participants. De plus, il permet d’amorcer une réflexion concernant un changement dans le
style de vie des individus ainsi que dans la manière de gérer leurs activités quotidiennes.
Finalement, le programme soutient une approche ergothérapeutique inscrite dans le nouveau
paradigme de l’occupation décrit par Meyer (2010, pp. 29-30), centré sur les activités
significatives pour la personne. Il légitime ainsi cette pratique professionnelle au sein de
l’institution.
Cette expérimentation a également permis de mettre en évidence des améliorations à apporter
au programme. Premièrement, les activités pratiques sont à considérer davantage car elles
sont un soutien à la réflexion et à l’apprentissage de nouvelles stratégies. Ensuite, il serait
judicieux de reprendre le programme Lifestyle sur la même durée en réduisant le nombre de
modules pour les approfondir et atteindre les objectifs élaborés.
61
Enfin, la fréquence des séances individuelles devra être déterminée en fonction des
caractéristiques des clients mais auront lieu au minimum une fois par mois.
Ce nouvel outil « Lifestyle : bien-être dans vos activités » répond donc favorablement à trois
des cinq critères de Rogers (2003) : l’avantage relatif, la complexité d’utilisation et la possibilité
d’essayer. Le dispositif expérimental ne se penche pas sur l’observabilité des résultats. Le
critère de compatibilité n’est que partiellement atteint. Toutefois, les inadéquations relevées
dans ce point pourront être adaptées et modifiées selon les propositions faites dans ce travail
pour de futures expérimentations. Ces adaptations étant aisément exécutables, il est possible
d’affirmer que le programme de type Lifestyle adapté culturellement à la Suisse romande est
faisable et réalisable au sein d’un hôpital de jour accueillant des personnes souffrant de
troubles psychiques. Les différents intervenants ont conclu l’expérimentation avec un
sentiment positif et l’envie d’améliorer cet outil afin qu’il corresponde davantage aux besoins
des participants et s’inscrive mieux dans l’organisation du service.
L’enthousiasme des professionnels, des auteurs de ce travail, de leur directeur et codirectrice
ainsi que des étudiantes qui mèneront une nouvelle étude sur ce programme adapté constitue
un tremplin pour que les programmes de type Lifestyle s’implantent dans d’autres contextes
et avec d’autres populations en situation de vulnérabilité.
Ce travail est, par ailleurs, un premier pas dans le soutien du développement des programmes
en promotion de la santé basés sur les occupations spécifiques à une population psychiatrique
en Suisse romande. Il est peu représentatif dans la mesure où il concerne principalement l’avis
de deux professionnels. Des recherches plus larges avec des dispositifs plus conséquents
permettront d’explorer avec rigueur l’efficacité des programmes sur les participants et leurs
bénéfices dans le contexte du système de santé suisse. Ces études rendraient visibles les
bénéfices de ce type de programme et faciliteraient la mise en place de cette innovation.
Une certitude reste au terme de ce travail : les programmes de type Lifestyle offrent une piste
de réponses aux défis que les ergothérapeutes tendront à relever dans l’avenir.
62
7. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Wiley Blackwell.
I
8. ANNEXES
Annexe I : Feuille de transmissions pour les modules
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Feuille de transmissions - modules
Nom du module :
Date de l’expérimentation :
Questions sur les modules :
1. Selon vous, y a-t-il des questions qui n’ont pas d’intérêt dans ce module ? Si oui,
laquelle / lesquelles ?
2. Selon vous, y a-t-il des activités qui n’ont pas d’intérêt dans ce module ? Si oui, laquelle
/ lesquelles ?
3. En quoi les bases théoriques / informations supplémentaires vous ont-elles été utiles,
ou peu utiles ?
4. Vous êtes-vous inspirés des lectures conseillées? Si non, pourquoi ?
5. En quoi le module vous semble-t-il adapté, ou peu adapté, aux participants ?
6. Quels sont les éléments du module qui seraient à clarifier ?
7. Quelles suggestions pourriez-vous proposer pour améliorer ce module ?
Commentaires / remarques supplémentaires :
II
Annexe II : Feuille de transmissions pour les séances individuelles
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Feuille de transmissions – séances individuelles
Date de la séance :
Dernier module abordé :
Questions sur les séances individuelles :
1. Quels sujets ont été abordés au cours de cette séance ?
2. Comment les séances individuelles contribuent-elles, ou non, au bon déroulement du
programme ?
Commentaires / suggestions et remarques supplémentaires :
III
Annexe III : Canevas pour les séances individuelles
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Canevas pour les séances individuelles
Nom : Date :
1. Quel est votre vécu au sein du groupe Lifestyle ? Comment se passe ce groupe
pour vous ? Rencontrez-vous des difficultés ?
2. Y a-t-il des sujets délicats qui ont été soulevés par les discussion de groupe sur
lesquels vous aimeriez qu’on discute ?
3. Aimeriez-vous approfondir des éléments relatifs aux modules suivants ?
Lesquels ?
Module d’introduction - Module « Qu’est-ce que l’occupation » - Module
« Vieillissement et occupations » - Module « Et si on changeait quelque
chose ? » - Module « Se déplacer dans la communauté » - Module « Tâches
administratives et finances » - Module « Relations » - Module « A table on ne
vieillit pas » - Module de conclusion
4. Depuis le début du programme, avez-vous effectué des changements dans votre
manière de gérer vos activités ? Avez-vous remarqué des progrès ?
5. Aimeriez-vous ajouter quelque chose ?
IV
Annexe IV : Documents d’informations destinés aux participants et
aux professionnels
Travail de Bachelor en ergothérapie
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Document d’informations destiné aux participants
Madame, Monsieur,
Nous vous remercions d’ores et déjà du temps que vous consacrerez à la lecture de ce document.
Dans le cadre de notre travail de fin d’études en ergothérapie, nous souhaitons investiguer l’intérêt d’un
programme de promotion/prévention de la santé pour les personnes âgées présentant des troubles
psychiques.
Ce programme, le Lifestyle Redesign, d’origine américaine, a déjà démontré son efficacité à l’étranger.
Nous souhaitons l’adapter en français et étudier son intérêt pour des personnes prises en soins dans un
service ambulatoire de psychiatrie de l’âge avancé. Ce projet a été conçu en collaboration avec l’Hôpital
de Jour du Service Universitaire de Psychiatrie de l’Âge Avancé (SUPAA) du Département de Psychiatrie
du CHUV.
Des professionnels de l’Hôpital de Jour mèneront un groupe de six à huit personnes, une heure par
semaine, pendant trois mois environ. Lors de ces rencontres, les sujets abordés seront en lien avec les
difficultés rencontrées dans la gestion et la réalisation des activités journalières.
Le but de ces rencontres est de vous permettre de partager vos expériences, positives et négatives, dans
la réalisation d’activités. Ce programme devrait permettre d’améliorer votre vie quotidienne. Durant les
partages du groupe, il est toutefois possible que des sujets sensibles soient explorés.
Votre participation permettra d’évaluer l’utilité d’un tel programme dans un processus de rétablissement.
De ce fait, votre motivation à participer est importante car elle peut contribuer à l’amélioration continue
de la qualité des soins.
Des informations personnelles vous concernant (par exemple sur votre participation, sur les difficultés
que vous rencontrez ou sur les bénéfices que vous retirez du programme) peuvent être utilisées dans le
cadre de notre étude.
Le cas échéant, elles seront rendues complètement anonymes par les professionnels de l’Hôpital de Jour,
AVANT de nous être transmises.
Le résultat de notre travail pourrait être publié dans une revue professionnelle/scientifique. Le cas
échéant, les informations personnelles vous concernant seront complètement anonymes.
Anonyme
Haute école de travail social et de la santé | EESP, Filière Ergothérapie, Ch. des Abeilles 14, 1010 Lausanne Suisse Etudiante référente : Sandy Ruchti, email : [email protected] Professeur HES responsable : Nicolas Kühne, email : [email protected] V
Annexe IV (suite)
Une copie finale du travail de Bachelor sera fournie au centre de documentation de la HETS+S-EESP
ainsi qu’à la bibliothèque universitaire du CHUV.
Votre participation ou votre non-participation à notre étude n’affecte en rien le reste de votre traitement à
l’Hôpital de Jour. Votre coopération est par ailleurs volontaire : vous pouvez en tout temps décider de
vous retirer de l’étude.
Notre travail est supervisé par un professeur de la Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale et par
une ergothérapeute de l’Hôpital de Jour. Il est réalisé avec l’accord du Pr. von Gunten, de la direction des
soins du SUPAA et de la Commission d’évaluation des demandes d’enquête du CHUV.
Nous restons bien évidemment à disposition en cas de questions et de nécessité d’informations
supplémentaires et vous adressons, Madame, Monsieur, nos cordiales salutations.
Pauline Andrey, Rozenn Derré, Daniela Rendina et Sandy Ruchti
Etudiantes en ergothérapie, HETS+S-EESP, Lausanne
Anonyme
VI
Annexe IV (suite)
Travail de Bachelor en ergothérapie
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Document d’informations destiné aux professionnels
Madame, Monsieur,
Nous vous remercions d’ores et déjà du temps que vous consacrerez à la lecture de ce document.
Dans le cadre de notre travail de fin d’études en ergothérapie, nous souhaitons investiguer l’intérêt d’un
programme de promotion/prévention de la santé pour les personnes âgées présentant des troubles
psychiques. Ce projet a été conçu en collaboration avec Christine Garcia-Adamez, de l’Hôpital de Jour
du Service Universitaire de Psychiatrie de l’Âge Avancé du Département de Psychiatrie du CHUV, qui
co-dirige notre travail et avec Nicolas Kühne, qui le dirige.
Le programme Lifestyle Redesign, d’origine américaine, a démontré son efficacité à l’étranger pour
différentes populations ne présentant pas spécifiquement des troubles psychiques. Nous souhaitons
l’adapter en français et étudier son intérêt pour des personnes prises en soins dans un service
ambulatoire de psychiatrie de l’âge avancé.
Nous souhaitons investiguer davantage les besoins spécifiques de ces patients, afin d’adapter les
interventions préventives et d’étudier la faisabilité d’un tel programme. Ce dernier se base sur l’analyse
des occupations, la modification ou le maintien d’un mode de vie satisfaisant afin d’améliorer la qualité
de vie.
Deux professionnels, dont au moins un ergothérapeute - dans les rôles de facilitateurs - animeront un
groupe de six à huit personnes, durant une heure hebdomadaire. Lors de ces rencontres, les sujets
abordés dans les modules seront en lien avec les besoins exprimés et les difficultés rencontrées lors de
la gestion et la réalisation de leurs activités. Le but de ces rencontres est de permettre aux patients de
partager leurs expériences, d’analyser les occupations problématiques, de mettre en lien leurs stratégies
adoptées pour ainsi encourager une pratique réflexive autour des différentes occupations et des éléments
favorisant le bien-être physique et psychique dans leur réalisation.
Durant cette étude de faisabilité et de recherche-action, vos réflexions et vos avis seront recueillis, dans
un carnet de transmissions. Ils permettront d’évaluer l’intérêt du programme.
Les informations que vous nous communiquerez durant l’étude seront rendues anonymes, aussi bien en
ce qui vous concerne qu’en ce qui peut concerner les patients suivis.
Le résultat de notre travail pourrait être publié dans une revue professionnelle/scientifique. Le cas
échéant, les informations personnelles vous concernant seront complètement anonymes.
Anonyme
Haute école de travail social et de la santé | EESP, Filière Ergothérapie, Ch. des Abeilles 14, 1010 Lausanne Suisse Etudiante référente : Sandy Ruchti, email : [email protected] Professeur HES responsable : Nicolas Kühne, email : [email protected] VII
Annexe IV (suite)
Une copie finale du travail de Bachelor sera fournie au centre de documentation de la HETS+S-EESP
ainsi qu’à la bibliothèque universitaire du CH .
Votre coopération est volontaire : vous pouvez en tout temps décider de vous retirer de l’étude, sans avoir
à vous justifier.
Notre travail est réalisé avec l’accord du Pr. von Gunten, de la direction des soins du SUPAA et de la et
de la Commission d’évaluation des demandes d’enquête du CHUV..
Nous vous remercions de l’attention portée à la lecture de ce document ainsi qu’au temps que vous
consacrerez à l’expérimentation de ce programme. Nous nous réjouissons de collaborer avec votre
service et votre équipe.
Nous restons bien évidemment à disposition en cas de questions et de nécessité d’informations
supplémentaires.
Dans l’attente de vous revoir, nous vous adressons, Madame, Monsieur, nos cordiales salutations.
Pauline Andrey, Rozenn Derré, Daniela Rendina et Sandy Ruchti
Anonyme
Haute école de travail social et de la santé | EESP, Filière Ergothérapie, Ch. des Abeilles 14, 1010 Lausanne Suisse Etudiante référente : Sandy Ruchti, email : [email protected] Professeur HES responsable : Nicolas Kühne, email : [email protected] VIII
Annexe V : Formulaires de consentement libre et éclairé destinés aux
participants et aux professionnels
Travail de Bachelor en ergothérapie
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Formulaire de consentement libre et éclairé destiné aux participants
Je confirme avoir reçu et compris toute l’information nécessaire, par écrit et par oral, au sujet de cette
étude et de ma participation à ce programme.
Le cas échéant, j’ai reçu des réponses claires aux questions que je me posais en relation avec ma
participation.
J’ai eu suffisamment de temps pour prendre ma décision de participer à l’étude.
J’ai été informé(e) que :
- les données recueillies par les professionnels de l’Hôpital de Jour à propos de ma participation à
ce programme sont soumises aux règles de confidentialité et qu’elles seront rendues anonymes
avant d’être transmises aux étudiantes ;
- les données seront détruites à la fin du projet et ne seront pas utilisées à d’autres fins ;
- le travail de Bachelor pourrait faire l’objet d’une publication, mais qu’aucune information permettant
de m’identifier n’y figurera ;
- des personnes tenues par le devoir de confidentialité appartenant à l’institution qui a donné
l’autorisation de faire l’étude peuvent être amenées à contrôler les données.
J’ai compris que je peux me retirer à tout moment de l’étude, sans avoir à donner une raison et sans que
je ne subisse de préjudice. Le cas échéant, les informations me concernant seront détruites.
Lieu et date Nom et signature du patient
Nous attestons avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour répondre aux obligations liées à cette
étude, notamment en terme de confidentialité/anonymat.
Lieu et date Pauline Andrey, Rozenn Derré, Daniela Rendina et Sandy Ruchti
Etudiantes en ergothérapie, HETS+S-EESP, Lausanne
Lieu et date Nicolas Kühne (directeur du travail de Bachelor)
Lieu et date Christine Garcia-Adamez (ergothérapeute responsable Hôpital de Jour) Anonyme
Haute école de travail social et de la santé | EESP, Filière Ergothérapie, Ch. des Abeilles 14, 1010 Lausanne Suisse Etudiante référente : Sandy Ruchti, email : [email protected] Professeur HES responsable : Nicolas Kühne, email : [email protected] IX
Annexe V (suite)
Travail de Bachelor en ergothérapie
Lifestyle : bien-être dans vos activités
Formulaire de consentement libre et éclairé destiné aux professionnels
Je confirme avoir reçu et compris toute l’information nécessaire, par écrit et par oral, au sujet de cette
étude et de ma participation à ce programme.
Le cas échéant, j’ai reçu des réponses claires aux questions que je me posais en relation avec ma
participation.
J’ai eu suffisamment de temps pour prendre ma décision de participer à l’étude.
J’ai été informé(e) que :
- les données recueillies à propos de ma participation et des patients que j’aurai suivis dans le cadre
de ce programme sont soumises aux règles de confidentialité et qu’elles seront rendues anonymes
pour l’analyse et la diffusion ;
- les données seront détruites à la fin du projet et ne seront pas utilisées à d’autres fins ;
- le travail de Bachelor pourrait faire l’objet d’une publication, mais qu’aucune information permettant
de m’identifier n’y figurera ;
- des personnes tenues par le devoir de confidentialité appartenant à l’institution qui a donné
l’autorisation de faire l’étude peuvent être amenées à contrôler les données.
J’ai compris que je peux me retirer à tout moment de l’étude, sans avoir à donner une raison et sans que
je ne subisse de préjudice. Le cas échéant, les informations me concernant seront détruites.
Lieu et date Nom et signature du participant
Nous attestons avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour répondre aux obligations liées à cette
étude, notamment en terme de confidentialité/anonymat.
Lieu et date Pauline Andrey, Rozenn Derré, Daniela Rendina et Sandy Ruchti
Etudiantes en ergothérapie, HETS+S-EESP, Lausanne
Lieu et date Nicolas Kühne (directeur du travail de Bachelor)
Lieu et date Christine Garcia-Adamez (ergothérapeute responsable Hôpital de Jour)
Anonyme