les antennes n°14

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> numero 14 DÉCemBre/noVemBre 2009 édito Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes Il existe un facteur aggravant quand le travail est devenu une source de souffrance : le silence. Mais les chiffres, eux, sont implacables. Ils n’ont pas peur de dire des véri- tés qui dérangent. Ainsi, l’analyse des suicides en France nous en dit long sur les conditions de la souffrance au travail. Socialement, nous ne sommes pas égaux face à cette souffrance et comme sou- vent, ce sont ceux qui sont au bas de l’échelle sociale qui sont le plus touchés. Parmi les 300 à 400 suici- des qui se produisent sur le lieu de travail en France, certaines catégo- ries professionnelles se suicident moins que d’autres : celles qui sont situées en haut de l’échelle sociale, les cadres, professions libérales et intellectuelles. Depuis la Seconde Guerre mondiale, cela n’a pas évo- lué. Par contre, ce n’est pas le cas des catégories qui enregistrent le plus fort taux de suicide. Jusqu’aux années 1970, c’était les paysans, ensuite, les ouvriers et aujourd’hui, les employés... Ces trois catégories ont cela en commun, d’être au bas de l’échelle sociale. Et ce sont aussi celles qui appartiennent aux caté- gories les plus touchées par des troubles psychiatriques. Autrement dit, ce n’est pas le métier ni la du- reté des tâches qui auraient une in- cidence sur le taux de suicide mais bien le statut, la place qu’on occupe dans la société. Derniers chiffres : les hommes inactifs de 25 à 59 ans se suicident deux fois plus que les hommes actifs... L’absence de tra- vail a donc des effets aggravants sur le taux de suicide. C’est curieux, ces suicidés-là, on n’en entend ja- mais parler à la télé... Anne Benoit-Janin http://www.sante.gouv.fr/drees/ http://www.cite-sciences.fr Et vous... comment ça va au boulot ? Souffrance au travail : prenons le pouls de l’agglo. Pour saisir l’humeur générale dela région grenobloise, nous avons demandé leur point de vue à 324 personnes. Tous les résultats > P 2 à 5 Ne pas jeter sur la voie publique www.lesantennes.org Sommaire Enquête : Souffrance au travail P. 2 à 5 - L’ESS, d’autres valeurs P. 6 à 7 - Des lycéens éco-responsables P. 8 Isoler un immeuble en copropriété P. 9 - Violences conjugales P. 11 - Arstistes et créateurs d’ici ! P. 14 à15 Et le balai parait plus léger ! C’est la recette vendue par Dysney pour trouver le bonheur au travail.... Ben voyons !

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numero 14DÉCemBre/noVemBre 2009

éditoDes chiffres qui parlent d’eux-mêmes Il existe un facteur aggravant quand le travail est devenu une source de souffrance : le silence. Mais les chiffres, eux, sont implacables. Ils n’ont pas peur de dire des véri-tés qui dérangent. Ainsi, l’analyse des suicides en France nous en dit long sur les conditions de la souffrance au travail. Socialement, nous ne sommes pas égaux face à cette souffrance et comme sou-vent, ce sont ceux qui sont au bas de l’échelle sociale qui sont le plus touchés. Parmi les 300 à 400 suici-des qui se produisent sur le lieu de travail en France, certaines catégo-ries professionnelles se suicident moins que d’autres : celles qui sont situées en haut de l’échelle sociale, les cadres, professions libérales et intellectuelles. Depuis la Seconde Guerre mondiale, cela n’a pas évo-lué. Par contre, ce n’est pas le cas des catégories qui enregistrent le plus fort taux de suicide. Jusqu’aux années 1970, c’était les paysans, ensuite, les ouvriers et aujourd’hui, les employés... Ces trois catégories ont cela en commun, d’être au bas de l’échelle sociale. Et ce sont aussi celles qui appartiennent aux caté-gories les plus touchées par des troubles psychiatriques. Autrement dit, ce n’est pas le métier ni la du-reté des tâches qui auraient une in-cidence sur le taux de suicide mais bien le statut, la place qu’on occupe dans la société. Derniers chiffres : les hommes inactifs de 25 à 59 ans se suicident deux fois plus que les hommes actifs... L’absence de tra-vail a donc des effets aggravants sur le taux de suicide. C’est curieux, ces suicidés-là, on n’en entend ja-mais parler à la télé...

Anne Benoit-Janinhttp://www.sante.gouv.fr/drees/http://www.cite-sciences.fr

Et vous... comment ça va au boulot ?Souffrance au travail : prenons le pouls de l’agglo.Pour saisir l’humeur générale dela région grenobloise, nous avons demandé leur point de vue à 324 personnes. Tous les résultats > P 2 à 5

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Sommaire Enquête : Souffrance au travail P. 2 à 5 - L’ESS, d’autres valeurs P. 6 à 7 - Des lycéens éco-responsables P. 8 Isoler un immeuble en copropriété P. 9 - Violences conjugales P. 11 - Arstistes et créateurs d’ici ! P. 14 à15

Et le balai parait plus léger ! C’est la recette vendue par Dysney pour trouver le bonheur au travail.... Ben voyons !

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Dossier

Travail :comment se portent les habitants de l’agglo ?La grande révélation de ce questionnaire : le stress, dans notre région grenobloise n’atteindrait pas le niveau de gravité des derniers sondages réalisés en France. Si les situations sont souvent très particulières, globalement, il y aurait moins de pression au travail ici que dans le reste de la France. La proximité des montagnes y serait-elle pour quelque chose ? Une chose est sûre, il serait difficile actuellement de se soustraire à l’actualité et on peut penser que celle-ci a eu une influence sur les réponses que les habitants nous ont faites. Le besoin de valeurs autres que l’argent et le carriérisme, comme une envie prononcée d’air pur, voilà ce que nous avons surtout entendu chez les personnes que nous avons interviewées.Un grand regret: les ouvriers sont peu présents dans ce sondage qui a été réalisé auprès de 324 personnes dans les rues de Grenoble durant ce mois d’octobre.

Les personnes qui ont répondu au questionnaire auraient -elles dans l’ensemble moins envie d’aller travailler que la moyenne des Français ? En vous levant le matin pour aller travailler, en général vous vous dites ... ? J’ai très envie d’aller travailler : 17 % J’ai plutôt envie d’aller travailler : 52.3 % Je n’ai plutôt pas envie d’aller travailler : 19.7 % Je n’ai pas du tout envie d’aller travailler : 5.5 % Ne se prononce pas : 5.5 %

L’intérêt du métier compte plus que le niveau de rémunération (66,7 %).Qu’est-ce qui est, selon vous, le plus important quand on a un emploi ?Plusieurs réponses possibles : L’intérêt du métier : 66.7 %Le niveau de rémunération : 32.7 %Le fait d’avoir de l’autonomie et des responsabilités : 21.3 %La reconnaissance de son investissement au travail : 20.1 %

Pas très motivés ?Les possibilités d’évolution professionnelle : 18.2 %La relation avec la hiérarchie : 6.2 %Autre : 2.8 %La notoriété de l’entreprise : 1.5 %Rien de tout cela : 0.6 %

L’ambiance est la première source de satisfaction pour les salariés (66.4 %).Dans le fait de travailler, qu’est-ce qui est le plus satisfaisant ?

Plusieurs réponses possibles :L’ambiance, les bonnes relations avec les collègues : 66.4 %Les bonnes conditions de travail : 35.2 %La possibilité d’aménager son temps de travail : 17.6 %La proximité du lieu de travail avec le domicile : 14.5 %Le fait de sortir de chez soi : 11.4 %Le fait de disposer de temps libres importants : 11.1 %Autre : 5.9 %Rien de tout cela : 0.6 %

69.3 % des personnes interrogées dans l’agglo ont « plutôt » ou « très envie » d’aller travailler. Elles sont 84% dans un sondage réalsé auprès des Français (sondage avril 09 du CSA). pulvinar risus

C’est quoi la souffrance au travail ?« Il est 7h 30, encore une journée, j’ai la boule au ventre en allant travailler et je me sens déjà fatigué avant de commencer » Fabien M.Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans la bouche d’un salarié ? Ces symp-tômes sont « souvent » révélateurs d’une souffrance au travail.Mais comment s’installe la souffrance au travail ?L’individu n’a pas les ressources suffisantes pour faire face à son travail et son environ-nement professionnel. Le signal d’alerte est la dégradation précoce aussi bien de sa santé physique (mal de dos, tendinite, ulcère, tension...) que psychique (angoisse, insomnie, perte de mémoire, irritabilité, dé-pression...).

Des résultats très différents dans l’agglomération et dans le paysDans l’enquête conjointe au CSA et au Réseau ANACT réalisée ce printemps, le « niveau de rémunération » (53 %) et les « conditions de travail » (51 %) arrivent en tête dans ce qui compte le plus pour les Français. L’ «intérêt du métier » arrive en troisième position (44 %).

«De manière générale, ce que nous pouvons ressentir chez les salariés que nous suivons, c’est une forme de retrait qui est lié à la non-reconnaissance de leur travail (ou même de leur personne), et à la perte de sens de leur mission. »

Béatrice Hédouin - ACTO Conseil

Des travailleurs moins sous pression !

La pression, dans votre travail, c’est pour vous quelque chose de :permanent : 14.9 %fréquent : 41.4 %rare : 43.7 %

Et cette pression est : peu élevée : 50.5 %élevée : 41.5 %très élevée : 8.0 %

Quelle note attribuer à cette pression sur une échelle de 1 (nul) à 10 (extrême) ?de 1 à 4 : 37.9 %5 : 14.0 %de 6 à 10 : 48.1 %

D’après les résultats de l’enquête, nous semblons moins stressés que la moyenne des Français : 56.3 % des personnes interrogées s’estiment sous pression contre 78 % des Français (Journal du Net Management, novembre 2006).

D’où vient le stress?La surcharge de travail (36,4 %), le fait de devoir mener de front plusieurs tâches à la fois (34,6 %), et l’urgence des tâches à effectuer (33.3 %), sont les premières causes de la pression que ressentent les personnes interrogées.

Quelle est la principale cause de cette pression au travail ?L’urgence des tâches à effectuer : 33.3 % Le comportement de votre hiérarchie : 17.4 %Le volume de travail : 17.4 %Autre : 14.1 %Des objectifs ambitieux à respecter : 11.3 %Les relations difficiles avec vos collègues : 6.6 %

NB : Les cadres interrogés sont les plus nombreux à ré-pondre « mener de front diffé-rentes tâches » (61.9 %) et « être interrompus » (50 %). A l’inverse, ils n’ont jamais cité « un travail trop monotone ». Les lycéens et étudiants, au contraire, sont ceux qui ont le plus choisi « un travail répétitif » (34.1 %) et « ne pas savoir ce que vous avez à faire » (13.4 %).

Le Journal du Net Mana-gement présente, à peu de différences près, les mêmes résultats pour l’ensemble de la France.

Voici une liste de situations qui peuvent être perturbantes dans votre activité professionnelle, quelle est ou quelles sont celles que vous avez éventuellement rencontrées ? Avoir une charge de travail trop importante : 36.4 % Devoir mener de front différentes tâches : 34.6 % Manquer de temps pour souffler : 25.0 %Etre confronté à des situations sur lesquelles vous ne pouvez pas agir : 24.7 %Etre souvent interrompu dans votre travail : 22.2 %Avoir un travail trop monotone : 19.8 %Subir une pression hiérarchique forte : 19.1 %Avoir à suivre des objectifs contradictoires : 17.3 %Ne pas être d’accord avec ce que vous avez à faire ou ne pas le comprendre : 17.0 %Manquer de travail : 14.2 %Etre évalué : 10.2 %Na pas savoir ce que vous avez à faire : 7.7 %Rien de tout cela : 7.1 %

Dossier

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Cette souffrance peut s’amplifier, quand les conditions de travail deviennent de plus en plus pénibles, inadaptées, impactées par des contraintes réglementaires et financières, pour aboutir insidieuse-ment à une usure professionnelle, voire à un épuisement profession-nel appelé « burn-out ».Au-delà des conditions de travail, une vie personnelle fragilisée peut perturber l’équilibre professionnel, mais deux facteurs restent ma-jeurs dans le déclenchement d’une souffrance au travail : la peur et le sentiment d’être inutile. La peur de mal faire ou ne pas faire assez, l’impression d’être ni reconnu, ni important, d’être considéré comme un pion interchangeable...Face à ces sensations, nous ne sommes pas égaux, il n’y a pas d’équité dans la gestion du stress. Pour le surmonter, chacun va essayer dans son quotidien de trouver ses propres solutions pour retrouver du confort et un équilibre avec son travail. Prendre conscience de son niveau de souffrance est déjà un déclic pour un premier pas vers le bonheur. Et j’ai l’utopie de penser que «quand l’instinct grégaire de survie existe, alors chacun d’entre nous trouvera ses ressources pour prendre soin de lui... »

Nathalie GUIGUES - Psychologue du travail – Association Fertilt

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La démission,une solution?Les personnes interrogées ont fait le choix de solutions plus radicales que la moyenne des Français.

Dossier

Que faire face à une situation persistante de souffrance au travail ?Chercher un autre emploi : 32.7 %S’adresser à un délégué du personnel ou à un syndicat : 21.6 %Démissionner : 16 %Consulter son médecin traitant : 13.6 %En parler au médecin du travail : 13.0 %Engager une démarche de reconversion ou de formation : 12.7 %Suivre un traitement psychothérapeutique : 5.2 %Passer en temps partiel : 3.7 %Rien de tout cela : 9.6 %Autre : 8.3 %

« Nous recevons des gens qui sont prêts à abandonner un statut prestigieux pour retrouver des valeurs et du sens, et une meilleure image d’eux-mêmes. »

Lucie Mansard - ACTO Conseil

Les solutions■ Parler avec son entourage.■ Parler avec sa hiérarchie quand cela est possible.■ Rencontrer des professionnels.Ils sa-vent faire la part des choses et l’anony-mat est garanti : délégué du personnel, inspection du travail, syndicats (des permanences hebdomadaires existent à la bourse du travail...■ Rendre le problème plus collectif (que ce ne soit pas uniquement un problème de personnes)■ Rencontrer un médecin du travail quand la santé est atteinte■ Interpeller le CHSCT (Comité d’Hy-giène, de Sécurité et des Conditions de Travail )■ Rassembler des témoignages, garder les mails imprimés, les courriers...

Commencer par identifi er son mal-être«Certains salariés qui poussent la porte de notre cabinet expriment un mal-être dont ils n’identifi ent pas clairement les facteurs. Nous sommes là pour les aider à les appréhender (organisation du travail, pression, conditions de travail...) et envisager avec eux des solutions. Le bilan de compétences est un moyen de prendre du recul, de redevenir acteur de son parcours et d’ouvrir des perspectives (formation, reconversion, mobilité).»

Evelyne Delmas - ACTO Conseil

La souffrance au travail, comment résister ?Cette souffrance morale au travail est aujourd’hui de plus en plus évidente, constatée, mesurée et... croissante.Alors, apprenons à résister, ne nous laissons pas faire, comprenons ce qui se passe ! Revenons aux racines : nous sommes passés d’une souffrance physique (ère du taylorisme - accidents du travail, maladies professionnelles ...) à une souffrance morale (ère de la gestion et du management – stress, suicides, ...). Autrefois les entreprises nous ordon-naient des tâches manuelles, fati-gantes, voire usantes physiquement ! Aujourd’hui, l’entreprise nous fait res-ponsables des profi ts, des clients, des bénéfi ces, de la productivité ! Ainsi, dans notre emploi, si nous savons bien tra-vailler et nous investir au maximum, nous réussirons et nous serons récompensés en conséquence. Mais si nous n’arrivons pas à suivre, nous serons écartés, et notre incapacité sera constatée.Cette responsabilité de nous-même, de ce qui nous arrive, nous la revendi-quons et elle correspond à l’évolution de notre société vers plus d’autonomie, de participation et de démocratie. Mais elle nous piège moralement, car si nos objectifs, ou plutôt ceux qu’on nous don-ne (parents, professeurs, managers), ne sont pas atteints, nous nous sentons rapidement incapables, inadaptés, voire inaptes à tout.D’où ce stress moral qui nous affecte de plus en plus, et qui nous entraîne à nous mettre en cause de façon globale, sans autre recours qu’aller parfois juqu’à des gestes ultimes comme le suicide. Alors, attention, ne nous laissons pas piéger ! Prenons du recul ! Revenons à nos valeurs authentiques. Privilégions des objectifs collectifs plutôt qu’une réussite individuelle. Choisissons nous-mêmes ce que nous voulons réussir. Ne nous laissons pas entraîner, manipuler vers ce qui «fait bien», vers ce qui est récompensé, plus valorisé, et qui, en fait, ne nous motive pas et ne nous correspond pas !Au travail, prenons avec distance les mar-ques de récompenses, de confi ance qui nous font croire que nous sommes les meilleurs, uniques et indispensables... car un jour, cela sera le contraire ! Sachons partager les réussites en équipe, mais aussi échanger sur nos doutes et nos diffi cultés ressenties. Retrouvons nos vraies valeurs !

Claude TRAVERSPsychologue du Travail www.orientation-grenoble.com

Elles envisagent plus facilement de quitter leur emploi : « chercher un autre emploi » (32,7 %), « démissionner » (16 %), « engager une démarche de reconversion » (12,7%)... Dans l’ensemble du pays, on se tourne davantage vers une solution médicale : en consultant son médecin traitant (28 %), ou en suivant un traitement médical (l4 %). (source ANACT et CSA, 2009)

« Je travaille dans une moyenne surface de l’agglomération. Cela fait deux ans que j’ai été embauché comme vendeur polyvalent. C’est mon métier. Au début, ça se passait assez bien et, du jour au lendemain, un des responsables m’a pris en grippe et m’a dit que je ne savais pas vendre. Il m’a mis à la caisse. Pour moi, c’est beaucoup plus stressant car il y a de l’argent en jeu et je n’ai pas l’habitude, c’est trop de responsabilités ! En plus, avec la fatigue, je n’arrive plus à me concentrer et c’est un travail qui demande beaucoup de concentration. La caisse, c’est pas du tout mon truc. Je leur ai fait comprendre mais ils n’ont rien voulu entendre. Moi, j’ai été embauché comme vendeur mais ils ont récemment fait un

avenant à mon contrat disant que j’étais caissier. Donc, je ne peux plus rien dire et je suis démoralisé.Vous me demandez si je suis syndiqué ? Ca, je ne saurais pas vous le dire...

Ensuite, il y a plein de petites brimades. Quand on fait quelque chose de bien, on espère des remerciements, mais rien ! Ce ne sont que des remarques, des reproches...

Aujourd’hui, je reçois également des lettres me signalant des fautes que j’aurais commises mais les motifs ne sont pas valables. Par exemple, je n’aurais pas mis correctement des produits sur le présentoir. On m’a dit que cela ne mettait pas en péril le fonctionnement

du magasin et donc que cela ne justifi ait pas un avertissement. Qui me l’a dit ? Un collègue. Autre exemple : un jour, mon responsable me dit que j’étais mal habillé. Le lendemain, je me suis habillé «classe» pour lui montrer que je pouvais mais il m’a fait faire des rangements à l’extérieur. Le soir, j’étais tout sale... C’est vraiment de la mauvaise foi ! Il y a aussi les

TÉmoignages

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Dossier

Chronique d’un licenciement annoncé...

« Pendant un an, j’ai été formé. Tout s’est bien passé. Lors de l’évaluation, j’avais même été très bien noté. Et puis tout à coup, mon chef de service a com-mencé à me dire que des petites choses n’allaient pas. Et puis, cela est devenu très régulier. Là, tu commences à douter de ton travail et tu te remets en cause. C’est quand le doute s’installe en toi qu’on peut parler de souf-france au travail. Une fois, ce chef de service m’a engueulé comme une gamine. Il m’a dit : « Il ne fallait pas faire comme ça ! ». Mais quand j’ai fait comme il me disait, cela n’allait toujours pas. Aucun dialogue ! Moi, je ne connais personne qui fasse exprès de mal faire, ou alors c’est pour se faire virer. Si tu es quelqu’un qui a des faibles-ses, c’est justement au manager de les identifi er et de t’aider à les corriger. C’est ce qui ne s’est absolument pas fait. Quand tu es à un poste à respon-

sabilités, tu ne peux pas te confi er à ton équipe. Tu te dois de rester discert. Tu ne peux pas aller cla-mer à tes collègues qu’on t’ac-cuse de mal travailler et que tu as des doutes sur tes propres capa-cités. Tu imagines que si tu en parles, tu vas être sous-estimé. Du coup, tu t’enfermes dans le silence. Tu es confi né dans un système. C’est surtout ce qu’il ne faut pas faire. J’ai fi ni par arriver au travail en me disant : « Comment je vais faire pour bien faire ? ». Tu prends donc moins de pause-café, de pause-repas... Cela devient de plus en plus présent, t’obsède. Tu ramènes cette douleur chez toi. Tu dors de plus en plus mal... Tu fi nis par ne plus penser qu’au travail... tu t’énerves facilement, ta situation familiale se compli-que... Pour peu qu’elle soit fra-gile, que tu aies un conjoint qui ne comprenne pas, tu deviens suici-daire. Tu as des idées morbides. Tu es dans un truc de terreur que tu inhibes car tu penses que si tu réagis, ça va être pire. En fait, c’est le contraire.

Moi, cela a duré plusieurs mois. Ce chef me disait : « Regarde ce que je t’ai enlevé comme respon-sabilités». En fait, il me confi ait deux fois plus de tâches concrè-tes. Je crois qu’il s’était focalisé sur moi car je suis quelqu’un de consciencieux et qui prend à cœur mon travail.

Il faut un déclic à un moment pour se dire : « En fait, le pro-blème ne vient pas de moi ! » Moi, j’ai eu ce déclic quand j’ai pu transposer ma situation à quel-qu’un d’autre. J’ai vu mon chef de service maltraiter une autre personne. J’ai constaté les ordres contradictoires et les objectifs inatteignables qu’il donnait. Un soir, je me suis dit : « ça ne peut plus durer ». J’en ai parlé à mon conjoint. Je me suis dit qu’il fallait poser les choses et j’ai écrit une lettre à ce chef de service. Il n’a jamais répondu à mes demandes d’explication.

Nous avons eu ensuite un entre-tien avec la direction des ressour-ces humaines, mais il ne s’est

rien dit. Ca s’est terminé par : «chacun va mettre de la bonne volonté !» Dès le lendemain, à la façon dont les échanges par mail étaient rédigés, je me suis dit qu’il recherchait des témoignages écrits contre moi.Une fois, j’étais dans un tel état de stress (je tremblais d’angoisse), que j’ai appelé le médecin du tra-vail. Celui-ci m’a dit : «vous n’êtes pas la seule !» J’ai eu un arrêt de travail. Mais bon, ce n’’est pas une solution, il faut ensuite retourner au boulot. J’ai ensuite contacté l’inspection du travail, écrit au CHSCT (1) pour qu’une enquête soit réalisée. Aujourd’hui, j’ai été licencié pour raison « autre ». Je suis aussi aux prud’hommes. Je me sens libéré mais à quel prix ? J’ai perdu mon boulot (pour combien de temps ?), avec tout ce que ça veut dire socialement, j’ai perdu 40% de mes revenus. Le chef de service est toujours en poste, il a toujours son salaire et il continue à faire souffrir d’autres personnes. (1) CHSCT : Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail

«Quand je suis arrivé, le chef de service m’a présenté

en me mettant sur un piédestal, comme étant le meilleur.

Le reste de l’équipe s’est senti dénigré. Moi, je ne connaissais

personne. A mon avis, tout part de là.» Témoignage anonyme

illus

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Maltraitance, non respect, absence de considération, humiliation...

Un jeune homme témoigne

remarques désobligeantes devant les clients. Normalement, c’est interdit! Ils me donnent des consignes sur ce que je dois faire mais comme il y a beaucoup de clients, je n’arrive pas à atteindre les objectifs et ensuite, ils me le reprochent.

Dans le milieu de la moyenne distribution, on se fait toujours avoir.

Ce sont des petits détails comme ceux-là qui font que je n’ai plus envie d’y retourner. Je cherche un autre emploi. Si je continue comme ça, mon moral va continuer à descendre.

J’essaie pourtant de faire les choses correctement. J’essaie de leur montrer que je suis capable mais ils ferment les yeux. Moi, je crois que dans le milieu où je suis, je me fais toujours avoir. Et puis, je pense qu’ils veulent que je parte. »

Directeur bénévole, gestionnaire d’un budget de plus d’un million d’euros L’ODTI (Offi ce Dauphinois des Travailleurs Immigrés) a été créé en 1970 par Hubert Dubedout, ancien maire militant de Grenoble. En novembre 2007, cette association a déposé le bilan. Claude Jacquier, son Président, assume depuis sa reconstruction, la fonction de directeur, en plus de ses activités professionnelles. Pour lui, le fait d’être un directeur bénévole a facilité le redressement de cette association.

Ce que fait l’ODTIL’ODTI propose aussi à ces hommes, qui vivent souvent seuls, plusieurs autres services : de l’ac-compagnement sur le plan de la santé, un suivi psy-chologique et un service juridique. « L’Etat ignore sa loi, explique Claude Jacquier. Il édite des règles qu’il ne s’applique pas et nous sommes ame-nés à faire des recours. Par exemple, les retraités ne touchent pas la retraite complémentaire à laquelle ils ont droit. »

04 76 42 60 45 - www.odti.fr

Les associations doivent être plus offensives!

« Le monde associatif va mal. Il est dans le collima-teur d’un certain nombre de fi nanceurs, qui plus est dans le secteur de l’immi-gration. Nous devons donc être impeccables et prou-ver nos compétences. Les aides de l’Etat bais-sent, celles des collectivi-tés restent stables. Donc les budgets diminuent. Mais quand on regarde les choses qui sont faites ou les projets (grand stade, rocade Nord...), où est le social ? Quel est le projet dans les années à venir ? C’est sur le terrain que l’on fait de la vraie politique. Il faut être davantage offensif ! »

« Nous avions atteint 530 000 euros de dettes sur un budget annuel de 1 million cents. L’origine de ce défi cit ? 700 000 euros de subventions en moins pendant trois ans. A cela s’est ajouté un Conseil d’Administration qui ne voulait pas licencier. Après avoir fait une déclaration de cessation d’activité, on respire car, à ce moment-là, les dettes sont gelées et il y a un suivi. Pendant 18 mois, nous avons été sous la tutelle d’un administrateur judiciaire qui signait les chèques et obligeait à licencier quand cela est nécessaire. J’ai ainsi été amené à licencier 14 personnes. J’ai dû faire fi gure de méchant employeur. Mais aujourd’hui je suis content car on s’en est sorti ! C’était un challenge. Ma force ? Je ne

reçois pas d’indemnités pour ma fonction de président, ni de défraiement, ni de décharges d’horaires. Du coup, quand je discute avec des élus, qui eux sont nombreux à toucher des indemnités, j’ai plus de poids. Ici, je ne suis propriétaire de rien. Je ne suis pas là pour faire du fric. Cela change les rapports. On ne peut pas me reprocher les décisions que je prends car il n’y a aucun gain d’argent. Si j’étais directeur, payé, je n’aurais pas la même capacité à faire évoluer les choses. Aujourd’hui, il y a un meilleur climat car il y a plus de transparence. »

Un café des enfants Pascale Yvetot était dans la com. Elle avait toujours eu cette envie de monter un lieu dédié à l’en-fant et à l’art. En mars 2007, elle est licenciée. Comme beaucoup, elle saisit cette occasion pour réaliser son projet.

Elle prend le temps de discu-ter à la sortie de l’école avec d’autres parents et réalise qu’il existe dans le secteur III de la ville de Grenoble (Mistral - Eaux Claires) plusieurs problèmes : absence de lieux d’accueil pour des enfants qui rentrent seuls de l’école ; des problèmes de cantine (saturées, les temps d’attente sont très longs et les enfants n’ont pas le temps de jouer) ; des coûts de repas trop élevés pour les familles qui ont leurs enfants

à l’école internationale (n’habitant souvent pas Grenoble, ces der-nières ne peuvent bénéfi cier des réductions). L’idée du café des enfants paraît alors opportune. Le projet com-mence à se dessiner : ce pour-rait être un lieu où les enfants, accompagnés de leurs parents, de leur nounou ou de leurs-grand-parents se retrouveraient avec leurs copains, prendraient leur goûter. Ce serait un vrai café, un lieu de rencontre, de retrou-vailles, avec une autre ambiance. Ils auraient la possibilité de jouer, d’avoir des activités artistiques, de suivre des ateliers... Ce lieu serait une alternative complémentaire à ce qui existe déjà (MJC, cantine...) pour que parents ou grands-parents, la semaine mais aussi le week-end, viennent manger, prendre une boisson et jouer avec leur enfant ou petit enfant et autres copains.Pascale commence donc à tra-vailler sur ce projet avec l’aide

d’un cabinet conseil préconisé par pôle emploi. Elle découvre alors que ce concept existe dans d’autres villes et rencontre les personnes responsables du « Cafézoïde » à Paris. Pour que ce lieu soit accessible au plus grand nombre, grâce à des tarifs abor-dables, l’association paraît être la forme juridique la plus adap-tée. Outre le fait que, sous cette forme, le projet peut bénéfi cier d’aides publiques ou privées, l’as-sociation facilite une gestion qui associe les enfants et les parents. Avec une assemblée des enfants, par exemple, ces derniers peu-vent s’approprier davantage le lieu en exprimant des besoins, en proposant des projets... Quant aux adultes, s’ils souhaitent deve-nir membres actifs, ils peuvent animer des ateliers, servir au bar, être à l’initiative de projets (avis aux amateurs !).Aujourd’hui, le projet prend forme et l’association « La soupape » a été créée. Elle recense déjà 205

adhérents dont 90 enfants ! Un lieu a été trouvé à proximité des deux quartiers. Un petit jardin permettra de faire un potager, un compost, pour créer le lien entre la terre et l’assiette. Mais seulement voilà, des travaux importants doivent être réalisés. Ce projet est donc conditionné à l’obtention de subventions ! Une chose est sûre, c’est que de nombreuses familles attendent avec impatience leur Café des enfants et que les personnes qui portent ce projet n’ont pas du tout envie de baisser les bras !!http://lasoupape.over-blog.com - contact : 06 15 07 43 89 ou [email protected]

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espaCe assoC

L’Economie Sociale et Solidaire (ESS), pour travailler avec d’autres valeurs

Le Trièves après le pétrole

Ca ne peut à l’évidence pas durer. La raré-faction du pétrole aura des impacts forts sur les transports, bien sûr, mais aussi sur les pratiques agricoles. Actuellement, dans l’agro alimentaire, à travers les engrais, les pesticides, etc... tout ce qu’on qualifi e pudi-quement d’intrants, on en est à une calorie pétrolière fournie pour une calorie alimen-taire obtenue.Une seule certitude : le paysage du Trièves sera toujours aussi beau mais le paysage économique et social, lui, sera sûrement très modifi é. Les axes forts de leur réfl exion:

comment développer la coopération plutôt que la concurrence ? La gratuité plutôt que la marchandisation ? La relocalisation plutôt que la mondialisation ? Et peut-être : com-ment préférer le ralentissement plutôt que le culte de la vitesse, le « slow food » plutôt que le « fast food », se traduisant par « le mâchons bien » plutôt que « le hamburger englouti au lance-pierres » ?On l’aura compris, il ne s’agit pas de recher-cher des solutions technologiques miracles. Puisque c’est toute l’organisation écono-mique et sociale qui est en cause, les solu-

Dans le Trièves, un groupe d’habitants s’est constitué au sein d’une association « Trièves après pétrole », pour imaginer des réponses locales, forcément locales, à la question : comment traverser la période de transition, celle de tous les dangers, sans attendre le choc, encore pire ?

tions seront locales : constitution de réseaux de solidarité, de réseaux économiques, de réseaux d’échanges, de réseaux de dépla-cements (co-voiturage, auto-partage, stop sécurisé), mais aussi extension des fi lières agricoles courtes producteurs-consomma-teurs, des fi lières de composts regroupés, des fi lières bois, avec par exemple un projet de chaufferie collective à Mens (aujourd’hui, un réseau d’économie solidaire est déjà en gestation. On attend la bonne nouvelle...).Pour atteindre ces objectifs, un outil majeur doit être créé ou développé : des monnaies locales, valables à l’intérieur d’un réseau. On connaît « la noix » du réseau « SEL », et « le sol » qui se développe aujourd’hui dans notre région (p. 13), mais on peut aussi envisager la création d’une monnaie papier échappant aux aléas de la spéculation boursière (comme cela existe déjà en Nouvelle-Angleterre, et en Suisse depuis 1934). Un lien avec la NEF (« Nouvelle Economie Fraternelle », un réseau bancaire solidaire sans but lucratif) pourrait peut-être s’avérer fructueux... Cela fait partie de cette utopie directrice, sachant que l’utopie, ce n’est pas l’irréalisable, mais ce qui n’est pas encore réalisé (Théodore Monod).Contact : aprespetrole.unblog.fr, Pierre Bertrand, rue sous la Tour 38710 MENSJean Jonot

Pas si simple d’aider quelqu’un, mais quelle gratification !

« J’ai souvent l’impression de faire de la cou-ture sur mesure car nous cherchons à faire coïncider au mieux le projet de la personne et les caractéristiques de la famille. Je demeure ensuite référente du séjour. Pour effectuer le suivi, chaque semaine une visite dans la famille est organisée. Je constate que les familles d’accueil appor-tent aux personnes des repères essentiels et préalables à une vie autonome : avoir un rythme et une hygiène de vie, donner un coup de main aux tâches quotidiennes, entretenir des relations respectueuses. Pour les person-nes, l’accueil est thérapeutique en premier lieu car des gens leur ouvrent leur porte et les considèrent comme recevables. C’est ensuite la complémentarité de la famille et des pro-fessionnels qui s’avère effi cace dans l’accom-pagnement. C’est pourquoi nous considérons les familles de notre réseau comme des par-tenaires importants avec lesquels il est fon-

damental de nouer une relation de confi ance. Je suis convaincue que l’accueil en famille constitue une opportunité précieuse pour les personnes en démarche de soins. J’ai voulu en témoigner à travers un livre : « Terribles récits ordinaires » Ce livre est particuliè-rement destiné à des familles se posant la question d’accueillir car il relate le parcours de huit personnes en séjour. (1) Centre de soins pour les personnes toxicoma-nes. Dépend du CODASE, une association greno-bloise de 250 salariés.

Nous recherchonsdes familles dans un rayon d’une heure de route autour de Grenoble, en ville ou à la campagne. Une famille est indemnisée à raison de 24 euros par journée d’accueil. Nous lui demandons de mettre à disposition une chambre individuelle et de pouvoir accorder du temps et de l’attention à la personne reçue.

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L’Economie Sociale et Solidaire (ESS), pour travailler avec d’autres valeursespaCe assoC

Filou(extrait de terribles récits ordinaires p15)« Au boulot, cela n’allait pas fort. Il ne se sentait pas à l’aise avec ses collègues. Il les trou-vait brutes et machos. Il aurait voulu changer de métier. Pourtant il était apprécié de son patron qui le trouvait respectueux et sérieux, il aurait pu aller loin dans cette entreprise. La situation dégénéra car il contracta des dettes envers un collègue qui lui fournissait de quoi s’abîmer. Ce gars là n’était pas un plaisantin et la situation deve-nait critique. Filou était si tourmenté qu’il cumulait les erreurs et les maladresses. Il chercha à s’abrutir, à s’anesthésier et il n’y eut plus de frein à ses excès. L’étau se resser-rait autour de Filou car des collègues avaient parlé au patron de son état inquiétant. Il se mit en arrêt maladie.»

Educatrice spécialisée à Point Virgule (1), Suzanne Jioux est coordinatrice du réseau de familles d’accueil. Ces familles reçoivent des personnes qui souhaitent consolider leur abstinence vis-à-vis des drogues ou de l’alcool et qui veulent simplement retrouver un équilibre de vie. Elle raconte, pour donner envie à des familles...

« Au boulot, cela n’allait pas fort. Il ne se sentait pas à l’aise avec ses collègues. Il les trou-vait brutes et machos. Il aurait voulu changer de métier. Pourtant il était apprécié de son patron qui le trouvait respectueux et sérieux, il aurait pu aller loin

Les crêtes du Grand Ferrand dans le Trièves. Photo : Daniel Gueorguievsky

En blanc : la surface de la glace de mer le 14 septembre 2007. En blanc plus en orange : la surface moyenne de la glace de mer au cours des années 1979-2007.

« On a l’impression de vivre

sans rien devoir à personn

e :

on a sorti du poisson de l

a rivière

à la main et on les a

ensuite fait cuire... »

« Là-bas, juste le fait de resp

irer, on a

l’impression d’une qualité de l

’air !!! On a

envie de manger l’air. Il est très sec.

Sans

grand vent, c’est le bonheu

r ! »

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DÉVeLoppemenT DuraBLe

Et si le froid devenait à la mode ?Des professeurs du lycée Argouges ont eu un jour une drôle d’idée : mettre en place un échange sur l’évolution climatique entre Grenoble et le Groenland, une région particulièrement sensible. Cet été, 12 élèves de ce lycée sont partis en plein mois d’Août, découvrir les plages de la banquise.

la pollution transportée par les vents. Ils ont observé que les zones où la neige fond sont de plus en plus grandes. La banquise (glace de mer) a perdu de l’épaisseur et sa surface diminue dramatiquement ; l’enneigement, au Col de Porte, en Chartreuse, a baissé de 14 cm par décennie, entre 1960 et 2006. A partir de toutes ces données, ils ont réa-lisé une exposition au sein de leur lycée qui a eu un large impact sur les élèves mais aussi auprès du personnel : un pingouin en carton pâte, exposé dans le lycée, a même été pris en otage. Une pétition « libérez les pingouins ! » a recueilli 300 signatures. Le pingouin dénommé « Leugême » est devenu leur mascotte. Le projet « G2 » est né en 2007/2008, dans le cadre de l’Année Polaire Internationale (API). Il a été fi nancé par COMENIUS, programme européen pour la coopération et la mobilité entre établissements scolaires de différents pays.

http://www.ac-grenoble.fr/argouges/http://www.123hjemmeside.dk/Nuuk-GrenobleContact : Chantal Decarroz

Pourquoi les pôles sont-ils davantage touchés par le réchauffement climatique et la pollution ? Alors qu’ils n’ont pas d’industrie, des résidus de pesticides, et notamment un taux de mercure élevé, ont été mesurés dans la faune sauvage du Groenland et dans le lait maternel des femmes inuits. Les raisons ? Les vents montent vers l’Arctique et y concentrent les polluants. Le Groenland subit cette pollution qui vient d’ailleurs. « En fait, c’est nous qui leur polluons tout leur espace, explique un jeune. » D’autres paramètres jouent sur ce réchauffement : la couche atmosphéri-que est plus fi ne à cet endroit, une très forte concentration des rayonnements solaires existe, ainsi qu’un effet ampli-fi cateur. Ainsi, plus la banquise dispa-raît, moins il y a de réfl échissement et plus il y a réchauffement. C’est ce qu’on appelle « l’effet Albédo ».

Albédo et glace de merLorsqu’un corps reçoit de l’énergie en provenance du Soleil, il en réfl échit une partie et le reste de l’énergie est absor-bée. Le rapport entre l’énergie réfl échie et l’énergie totale reçue est appelé « albédo ». L’albédo peut s’exprimer en valeurs de zéro à un. Ainsi, comme la neige est blanche, son albédo est très élevé (entre 0,6 et 0,9 si neige fraîche), celui de la glace aussi (0,6 en moyenne). Par contre, celui de l’océan est très fai-ble, aux alentours de 0,1. Ceci signifi e que lorsque l’étendue de la glace de mer est faible, l’océan arctique absorbe une quantité plus importante d’éner-gie. Le réchauffement est donc plus important.

Ce glaciologue propose une exposi-tion ainsi que des animations dans les écoles.Librairie de l’université, FNAC et Presse-tabac du Sappey. [email protected]

Lycéens du Groenland et lycéens de Grenoble, tous unis contre le réchauffement climatique...Ce vaste projet a permis à des élèves en Bac Pro « industries de procédés » et « bureautique et secrétariat » (12 élèves au total : 11 garçons et une fi lle) de rencontrer 13 Groenlandais (12 fi lles et un garçon !...) du lycée de Nuuk. Ces derniers sont venus séjourner plusieurs jours à Grenoble au mois de mars 2009.Au-delà de ces échanges, les élèves investis dans ce projet ont aussi effectué tout un travail pour approcher ce qu’est l’évolution climati-que : visite d’expositions, rencontre avec des spécialistes glaciologues (entre autres, avec M Lefauconnier qui est aussi le parrain de ce projet). Avec leurs enseignants, ils ont aussi réalisé différents travaux scientifi ques : ils ont comparé la neige de notre région avec celle du Groenland. Ils ont alors pu découvrir que le pH de la neige de ce pays est aussi acide que celui de la neige des Alpes à cause de

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Ce glaciologue propose une exposi-tion ainsi que des animations dans les

« Nanuq »., un conte pour enfant sur le réchauffement climatique, écrit par Mr Lefauconnier, parrain de ce projet.

devenait à la mode ?Des professeurs du lycée Argouges ont eu un jour une drôle d’idée : mettre en place un échange sur l’évolution climatique entre Grenoble et le Groenland, une région particulièrement sensible. Cet été, 12 élèves de ce lycée sont partis en plein mois d’Août,

la pollution transportée par les vents. Ils ont observé que les zones où la neige fond sont de plus en plus grandes. La banquise (glace de mer) a perdu de l’épaisseur et sa surface

l’enneigement, au Col de Porte, en Chartreuse, a baissé de 14 cm par décennie, entre 1960 et 2006. A partir de toutes ces données, ils ont réa-lisé une exposition au sein de leur lycée qui a eu un large impact sur les élèves mais aussi auprès du personnel : un pingouin en carton pâte, exposé dans le lycée, a même été pris en otage. Une pétition « libérez les pingouins ! » a recueilli 300 signatures. Le pingouin dénommé

Le projet « G2 » est né en 2007/2008, dans le cadre de l’Année Polaire Internationale (API).

Pourquoi les pôles sont-ils

« Dans le port, les Inuits ne pensaien

t pas

qu’on pourrait sauter dans une

eau à 6°.

Du port, on voyait les baleines... »

Tout doux

l’hiverCopropriétaires, des solutions s’annoncent pour isoler vos bâti-ments. Toujours dans le cadre du Plan Climat Local (1), nous avons rencontré Sébastien Fauvel, de l’Agence Locale de l’Energie (ALE), pour nous parler de la campagne qui va être menée en 2010.

Cette campagne cible le principal potentiel d’économies d’énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’agglomé-ration : la rénovation énergétique des bâtiments.Une grande campagne ciblée vers les copropriétés.Contrairement aux O.P.A.T.B., notamment celle menée sur les Grands Boulevards entre 2005 et 2009, qui sont des opéra-tions expérimentales, limitées dans le temps, restreintes à une zone géographique, et fi nancées majoritairement par la ville de Grenoble, l’ADEME et l’ANAH, cette campagne va concerner toute l’agglomération grenobloise et sera probablement cofi nancée par chaque ville de l’aggloméra-tion et la Métro. Elle vise toutes les copropriétés volontaires qui veulent s’engager dans une réha-bilitation à visée d’isolation ther-mique et d’économie d’énergie sur le bâti.Bénéfi ciant de l’expérience de l’OPATB Grands Boulevards et des diagnostics énergétiques effectués à cette occasion, on sait que 2/3 des déperditions d’éner-gie se font par les surfaces vitrées et les murs, et que 15 cm d’isolant offrent le meilleur rapport entre

l’investissement engendré par une telle rénovation et les écono-mies réelles générées sur la fac-ture énergétique.Fort de ce constat, et avec l’ob-jectif du facteur 4 (cf. Grenelle de l’environnement et les objectifs de diviser par quatre nos consom-mations d’énergie), le but est de réhabiliter prioritairement le parc immobilier des années 1945 à 1975, qui est plutôt énergivore, mais aussi facilement isolable ! Sébastien Fauvel souligne que « l’isolation doit aussi respecter le patrimoine architectural et il est plus facile d’isoler des façades lis-ses que des façades de type haus-smanien ou en rotonde comme sur la place Gustave Rivet, où le surcoût en terme de réalisa-tion peut impacter le retour sur investissement».Objectif : 150 copropriétés sur 4 ansLes aides collectives à la copro-priété concernent l’isolation des murs, des surfaces vitrées, de la toiture et du plancher, éventuelle-ment les systèmes de ventilation, mais aussi à titre individuel, les fenêtres. Elles sont cumulatives : 15% d’aide sur le montant hors taxes des travaux pour un chan-tier d’isolation, 30% si on cumule

trois chantiers (isolation des murs, de la toiture et du plancher) et jusqu’à 40% si le choix se porte sur les 5 opérations (murs, plan-cher sur cave, toiture, ventilation et fenêtres).L’approche reste individuelle et à chaque copropriété, sa solution ou ses priorités.« Notre rôle est d’accompagner les copropriétés en présentant les différents scenarios de réha-bilitation qui leur sont proposés : par exemple, sur une copropriété qui présente plusieurs points de défaillance, en conseillant de commencer par une isolation murs et fenêtres, on sait qu’on obtient approximativement 50% de gain sur la facture énergéti-que, mais aussi une réduction de 30% du temps de chauffe du bâti ; la copropriété pourra ensuite opter stratégiquement pour une chaudière beaucoup moins puissante et beaucoup moins consommatrice d’énergie ! » L’idée est aussi d’amener la copro-priété à s’engager sur le long terme et d’avoir une approche globale sur les bénéfi ces à tirer de ce type d’opération. « Dans les faits, un propriétaire occupant va être plus impliqué qu’un proprié-taire bailleur ; de la même façon, un copropriétaire au 1er étage se sentira moins impliqué quand on lui parle de l’isolation de la toi-

Pub Notre Dame95 x 130

“Il est effectivement plus facile d’isoler des façades lisses que des façades de type haussmanien ou en rotonde comme sur la place Gustave Rivet”.

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Tout doux

l’hiverCopropriétaires, des solutions s’annoncent pour isoler vos bâti-ments. Toujours dans le cadre du Plan Climat Local (1), nous avons rencontré Sébastien Fauvel, de l’Agence Locale de l’Energie (ALE), pour nous parler de la campagne qui va être menée en 2010.

« Dans le port, les Inuits ne pensaien

t pas

qu’on pourrait sauter dans une

eau à 6°.

Du port, on voyait les baleines... »

ture. Tout notre travail, c’est aussi d’amener les copropriétaires à avoir une réfl exion collective sur la notion de partage et de copro-priété justement. ».Le système d’aide est extrême-ment incitatif : plus on engage de travaux, plus on cumule les aides. Par exemple, pour les revenus modestes, avec cette campagne, un simple ravalement de façade devrait coûter plus cher qu’un ravalement couplé avec l’isolation d’une ou deux façades, d’autant que ces aides collecti-ves devraient se cumuler au cré-dit d’impôt et au prêt à taux zéro. Voilà les grands principes de cette nouvelle campagne, pour laquelle Sébastien Fauvel me précise que certains éléments n’ont pas été à ce jour défi nitivement délibérés. A suivre au prochain numéro… En attendant, affûtez votre argu-mentaire pour votre prochaine assemblée de copropriétaires : il n’y a que ceux qui sèment qui récoltent.V. Vermorel

(1) OPATB : Opérations Programmées d’Amélioration Thermique et énergé-tique des Bâtiments.ALE : Agence Locale pour l’Energie, 4 rue Voltaire, Grenoble.ADEME : ANAH : Agence natinale

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L’association MilénaDans ce lieu anonyme et pro-tégé qu’est Miléna, les femmes victimes de violences au sein de leur couple sont écoutées et repartent avec les informations nécessaires pour se protéger. Miléna est aussi une associa-tion qui permet à des femmes, suivies par des professionnels, d’être prises en charge avec leur(s) enfant(s) et d’être accom-pagnées pendant une période qui peut aller de quelques semaines à deux ans. Des professionnels les aident à se reconstruire sur un plan psychologique mais aussi professionnel. Elles peuvent bénéficier des conseils d’une esthéticienne afin

qu’elles reprennent confiance en leur image, qu’elles réappren-nent à se regarder dans la glace (elles ont parfois entendu pen-dant vingt ans qu’elles étaient nulles et moches ). Avec leur(s) enfant(s), elles retrouvent une relation qui se fait autrement que sur un mode violent. Elles ont souvent du mal à se poser comme mères et leurs enfants ont aussi des difficultés pour les intégrer comme des adultes. Aujourd’hui, ce lieu existe grâce à l’Etat et au Conseil Général et dispose de 100 places (fem-mes plus enfants) « Ce qui est encore insuffisant, soulignent les accueillants.».04 76 29 10 21

L’association Solidarité Femmesest une association d’accueil, d’information et de formation pour les femmes victimes de vio-lences conjugales et familiales, affiliée à un réseau national .

04 76 40 50 10 Le Trident. Bât. D - 34 ave de l’Europe à GrenobleCette association gère aussi un restaurant d’insertion « L’arbre fruitier ». Ce lieu permet aux « cassés de la vie » de retrouver un espace et un travail où ils peuvent se remettre sur pied en entrant dans la vie active. 40 personnes en bénéficient chaque année.Le restaurant est en plein cen-tre de la Villeuneuve. Refait à neuf, on y mange un menu com-plet, traditionnel et savoureux pour 8.60e.04 76 22 82 08 Galerie de l’Arlequin à Grenoble

Vous avez un doute sur le comportement de votre conjoint. Vous savez que votre fille est battue par son mari. Vous voulez partir mais vous ne savez pas comment faire... Rencontrez ou appelez les associations de l’agglo. Dans tous les cas, vous pouvez appeler le :

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Des accueillants de Milena témoignent : le parcours que vivent ces femmes pour sortir de cette violence est particulière-ment difficile.« Elles arrivent souvent en situation d’urgence, mais elles ont du mal à identifier toute cette violence qui leur est faite. Pleines de doutes, elles se questionnent d’abord sur leur mari. Quand une femme est sous l’emprise de son conjoint, elle n’arrive plus à se rendre compte de la violence qu’elle subit, qu’elle soit psychologi-que ou physique. - Même quand elles reçoivent des coups, elles ont du mal à se rendre compte de la gravité des actes. Parfois elles viennent nous trouver avec ce questionnement : « Comment aider mon mari ? » Souvent, elles pensent qu’elles méritent ce traitement. Certaines ne sont pas choquées, par exemple, que leur mari ne veuille pas qu’elles portent de pantalon serré. Elles se disent : « S’il est jaloux, c’est qu’il m’aime et s’il m’aime, il a tous les droits...» - Ce que les femmes nous racontent est très dur. Le niveau de vio-lence qu’elles peuvent subir est ahurissant. Nous avons besoin de soutien car cela est très lourd ». - Quelques-unes d’entre elles ne viennent qu’une seule fois, sou-ligne un autre accueillant. Ce qu’elles ont entendu fait ensuite son chemin. Elles ne quitteront peut-être pas leur mari, mais elles auront les outils pour se protéger. »

Et les auteurs de ces violences ?Attaquer le mal à la racine est sans doute le meilleur moyen de réduire ce fléau intolérable. Stigmatiser les auteurs de vio-lence n’est pas non plus une solution. Tout comportement de violence révèle de grandes difficultés psychologiques, c’est pourquoi des lieux d’écoute et de paroles sont indispensables pour aider ces personnes et doi-vent être facilement accessibles. Nous avons encore des progrès à faire de ce côté.La Préfecture, le parquet de Grenoble et le Conseil Général de l’Isère se sont fortement mobilisés sur ces questions. La création d’un lieu de soins spé-cialisés, « Passible », permet à

ces hommes de se faire soigner en même temps qu’ils accom-plissent leur peine. « C’est une grande étape, précise l’une des psychologues qui met en place ce centre. Ils sont coupables, donc responsables, mais recon-naître qu’ils ont besoin de soin, c’est aussi reconnaître qu’ils sont malades, qu’ils ont besoin d’un espace pour intégrer un autre mode de relation à l’autre. Si généralement ils n’admettent pas leur violence, une fois dans une procédure thérapeu-tique, ces hommes saisissent l’occasion pour se soigner. C’est très important de mener ces actions car ces actes au sein des familles ont aussi un impact sur les enfants qui sont souvent les premiers témoins de ces violences. »

Comment en arrivent-ils à une telle violence ?La violence à l’encontre des femmes peut revêtir différentes formes de sévices, qu’ils soient sexuels, corporels ou psychologiques (humi-liations, brimades économiques...). Il n’existe pas non plus de cause unique à la violence conjugale. Ces fonctionnements touchent tous les milieux. C’est parfois un processus de répétition : une personne battue dans son enfance bat à son tour son conjoint ou ses enfants, mais ce n’est pas la majorité. Personne n’est prédisposé à vivre ce drame. Pour en savoir plus sur ce processus : www.lesantennes.org

Violences conjugales ce qu’il faut savoir

informons-nous

Des violences qui en arrivent au pireUne femme meurt tous les 2 jours et demi des coups de son conjoint (146/an). 12 hommes par an meurent d’homicide volontaire de la part de leur conjointe, mais dans les trois quarts des cas, ces hommes battaient leur compagne.

Les femmes de l’Arbre Fruité avec le président de Solidartié Femmes

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A lire sur www.lesantennes.org

Les tarifs de la Compagnie de Chauffage seraient beaucoup trop élevésLes trois fédérations de locataires de l’Isère ont rédigé une lettre ouverte pour alerter sur l’explosion des charges : plus 30% cette année. Les membres de ces confédérations ne comprennent pas cette hausse car au même moment, la Compagnie de Chauffage Urbain a enregistré un résultat net de plus de 3.5 millions d’euros. D’après les calculs de l’Observatoire des Finances et des Politiques Publiques (l’Ofi -PoPu) ces tarifs seraient aussi excessifs et « il n’y aurait aucune raison de faire payer aux usagers du chauffage urbain, des impôts sur les bénéfi ces de plusieurs millions d’euros et des dividendes excessifs. »Pour en savoir plus, mieux comprendre ce qu’est la Cie de chauffage urbain, pourquoi les tarifs sont excessifs, lire la lettre ouverte des trois fédérations de locataires de l’Isère et la lettre n°14 de l’OFiPoPu.

Les balades de Jean-Michel Asselin autour de GrenobleC’est nouveau sur le site, ça nous évade, et c’est chouette ce brin de nature !

Regarder l’actualité à rebours, autour de Grenoblec’est ce que fait régulièrement Jean-Pierre Benoit. Ce journaliste à la retraite fait un pas de côté, en toute indépendance.Retrouvez ses chroniques à rebours sur : www.lesantennes.org.

Le Nouveau Dossier Noir du Vaccin Hépatite BLucienne Foucras habite Grenoble et est professeur agrégée à la retraite. Elle a écrit ce livre suite à la mort de son mari, qui après le vaccin de l’hépatite B a été paralysé et est mort deux ans plus tard.»

Clinatec, vous connaissez ? Si c’est non, c’est normal, c’est classé secret défense !Les élus écologistes de l’agglo viennent de rendre une enquête, très fournie, qui expose les fondements de leurs inquiétudes à propos de Clinatec et des nanotechnologies. Ils s’inquiètent des conséquences qu’il peut y avoir quand la recherche et l’industrie sont liées, ils s’offusquent de l’absence de tout contrôle démocratique quant aux choix budgétaires et aux grandes orientations qui sont faits dans ce domaine. Dans cette publication, certains, beau-coup sans doute, découvriront ce qu’est le Brain Pace Maker (une découverte locale du professeur Benabid) qui, associé à un nano procédé, devient le Brain Computer Interface (autrement dénommé : interface homme-machine). Une superbe découverte locale qui fait rêver pour les progrès qu’elle laisse envisager. Mais attention ! Les éco-logistes appellent à la vigilance : la perspective d’un progrès ne doit pas nous dispenser de prudence... Et de citer les conséquences dramatiques qu’ont eu, après coup, de récentes découvertes... Le 28 novembre: le CENG, un collectif associatif et Les amis de la Terre seront place aux Herbes pour présenter les produits qui sont en vente et compor-tent des nanoparticules.Un débat public aura lieu le mardi 1er décembre à Alpexpo à 19h30.

Pourquoi on est pour, pourquoi on est contre? Un recensement presque exhaustif de tous les arguments des pro et des anti sur : www.lesantennes.org.Et en bonus, des infos qu’on ne trouve pas facilement sur internet...

informons-nous

Votation Citoyenne Grenobloise, les 11, 12 et 13 décembre prochains, pour que les contri-buables grenoblois (depuis au moins 5 ans), extracommunautaires (non ressortissants d’un pays de l’Union européenne) obtiennent le droit de vote et d’être élus aux élections locales. Consulter la liste des principaux bureaux de vote sur : www.lesantennes.orgDepuis 2002, la Votation Citoyenne Grenobloise est organisée par le Conseil Consultatif des Résidents Etrangers Grenoblois (CCREG) avec la Ligue des Droits de l’Homme et des nombreuses autres forces citoyennes asso-ciatives, culturelles, syndicales et politiques.

Le Nouveau Dossier Noir

Votation Citoyenne Grenobloise, les 11, 12 et

Le bouquetin du Vercors. Photo T. Dussange

Simulation du viduc faire par un habitant

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La Votation Citoyenne... c’est à Grenoble qu’elle est née !

Rocade Nord, l’enquête publique, c’est maintenant

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Retour sur le numéro 13Le nucléaire, c’est pas écolo !J’aime beaucoup lire Les Antennes, ce qui me met d’habi-tude en joie, cela change des infos catastrophiques habituelles... Mais le numéro de septembre/octobre m’a chagrinée, et j’aime-rais faire part de ma réaction et la partager avec les lecteurs. Il s’agit d’une question de l’enquête : si vous deviez militer pour trois «solutions écolo», lesquelles choisiriez-vous ? S’ensuit une liste de propositions, dont deux posent problème : les biocarbu-rants et le nucléaire.Pour les «biocarburants», il fau-drait préciser... Certains militent pour qu’on appelle «agrocarbu-rants» les carburants à base de cultures agricoles dont les prati-ques n’ont rien de «bio» ni d’écolo, et ils ont certainement raison ! Concernant le nucléaire, je ne connais pas de fi lière nucléaire «écolo»... Il est vrai que le recours à l’électricité d’origine nucléaire permet d’éviter de produire autant de gaz à effet de serre que le recours à des centrales thermi-ques, mais cela ne suffi t pas à en faire une activité écologiquement recommandable. En effet, depuis l’extraction de l’uranium, jusqu’à la gestion à long terme des déchets, en passant par le retraitement et le recyclage des combustibles, la fi lière génère ou risque de générer des pollutions préoccupantes, bien que peu médiatisées, et expose ses travailleurs à des risques importants pour leur santé.Sans parler des dangers à venir, ni des «erreurs» du passé, parlons des contaminations effectives et qui concernent la fi lière française. L’extraction de l’uranium utilisé en France a lieu actuellement en Afrique, dans des conditions que dénonce le réseau Sortir du Nucléaire : protections insuffi -santes pour les mineurs (mais y a-t-il des protections suffi san-tes en la matière ?), pollution et assèchement des réserves d’eau potable, contamination de l’environnement par dissémi-nation d’objets et de matières radioactives... Le retraitement du combustible à La Hague se fait au prix de rejets importants de polluants radioactifs dans la mer et dans l’atmosphère. Quant au recyclage du combustible retraité en nouveau combustible, il a lieu

en Russie, dans les conditions les plus obscures (sur ces deux der-niers points, voir par exemple le documentaire «Déchets : le cau-chemar du nucléaire»).Sonia DELADERRIÈRE

Malherbe mon bio quartier (suite et faim...)Dans le précédent numéro des Antennes avait été rendu un juste hommage à la boucherie bio, pion-nière dans son domaine. Heureusement, le bio, ça s’attrape aussi ! C’est sans doute la raison pour laquelle s’est installée avenue Jean Perrot, à deux boutiques de là, une Coop bio faisant par-tie de cet important réseau de distribution, auquel on peut tout juste reprocher l’origine parfois lointaine de ses produits. Mais ça n’est pas de leur faute. Vivement la relocalisation du bio !

Rappelez-vous40 000 décès dû à des arrêts cardiaques ont lieu en France chaque année. 12 000 pour-raient être évités si nous étions formés aux gestes qui sauvent. Depuis plus d’un an, M. Caly se démène pour faire bouger les choses. Aujourd’hui, il se réjouit de l’impact qu’a eu son article paru dans le dernier numéro des Antennes (p. 13)) : particuliers, professionnels de la santé et institutionnels, lui ont répondu, et un groupe, initié par la mai-rie de Grenoble, se rencontre dorénavant pour agir et mener des actions de formation et de sensibilisation auprès du grand public. Comme quoi, il n’est pas vain, parfois, d’agir contre des moulins...

06 86 02 65 75

Des lycéens l’ont lu ! Le n°13 des Antennes a pres-que été distribué à toutes les classes du lycée international. Ayant observé le comporte-ment des lycéens, je peux dire que certains ont délaissé rapi-dement le journal (et ne l’ont

même pas ouvert), mais que la plupart l’a lu et apprécié. L’épithète «nouveau» est le mot qu’ils ont le plus employé pour décrire son message. Je pense que certains ne voulaient pas lire le journal, mais dès qu’ils ont su que des élèves du lycée avaient écrit dans le journal, ils se sont tous mis à le lire, sinon l’intégralité, du moins les pages

«consacrées» au lycée. Je pense que ce journal a permis à certains de découvrir l’écolo-gie, et à d’autres d’approfondir leurs connaissances ; dans tous les cas, je pense qu’il a été un très bon vecteur didactique et je vous félicite d’avoir fait appel à des lycéens, car, grâce à ce fac-teur, plus d’adolescents l’ont lu. Vlad, un lycéen journaliste.

en Russie, dans les conditions les

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L’autre monnaie

Depuis deux ans, des Sols circulent dans l’aggloméra-tion grenobloise. Plus d’un millier de personnes et une trentaine de structures parti-cipent à l’expérimentation de cette monnaie complémen-taire. L’objectif ? Développer une économie locale durable et inventer de nouvelles for-mes d’échanges !Pour en savoir plus : www.alpesolidaires.org/monnaie-sol

arTisTes eT CrÉaTeurs D’iCi

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De la viedans du marbreCorinne Chaussabel-Boisadam est sculptrice mosaïste. Que ce soit en peignant ou en sculptant ces petits bouts de pierre, elle a toujours eu envie de retranscrire la vie, avec son côté diffi cile et facile. « Se détruire, se reconstruire, c’est la vie, dit-elle en souriant ».

Attention!détournement d’objetsDominique Blanc Vial est un designer hors du commun, et ce n’est pas peu dire...

Ces créatures naissent d’abord d’une idée, puis viennent les mots, ensuite le dessin, et enfi n la sculpture. Et là, elle casse, elle taille des morceaux, plus ou moins grands, plus ou moins tranchants. Ternes ou éclatants, ces petits carrés, carreaux, ou arcs de cercle, se côtoient. De ce mélange de matières et de couleurs, naissent alors des personnages pétillants, aux multiples facettes. Puzzles de mosaïques, les matériaux les plus éloignés de l’humain pren-nent corps avec une légèreté contagieuse. Le verre circule dans le marbre, si dur à casser, et les miroirs incrustés s’ani-ment d’étincelles de refl ets. Ce sont des personnages très stylisés, toujours à deux faces. Ils portent des noms aussi doux que : « La vie devant soi », «Un

élan de joie », «Chuchotements», «C’est bon de papillonner», «Lucia», «Cette terre si pré-cieuse», «La Dolce vita»... Et si vous remarquez bien, il y a toujours un petit point de cou-leur. « C’est le cœur qui bat, la vie, précise-t-elle. »

Corinne Chaussabel-Boisadam vous accueille dans son atelier à la Terrasse, 27 place de la mai-rie, les week-end du 21, 22 et du 28,29 novembre.www.chaussabel.fr

Un habit à son imageJeune pousse créative de la SCOP 3BIS*, « Falbalas créa-tions » propose des accessoires modulables en textile, en petites séries ou sur-mesure, à adapter à sa propre garde robe.

Amoureuse des matières faites pour suivre nos corps, elle n’aime rien tant que faire plaisir en redon-nant vie à un vêtement adoré, en le remettant au goût du jour, en exploitant ses plus beaux détails pour en faire un autre objet, en manipulant la matière tissées-pour découvrir la beauté de ses

déformations, en associant les motifs, les textures pour les adap-ter à leur destinataire... Et comme elle a le goût des autres, elle aime y mêler son savoir-faire des tis-sus pour délicatement proposer du sur-mesure à une clientèle

confi dentielle. Il s’agit de se faire interpréter l’habit qui va faire de nous le moine que l’on connaît, transfi guré par son regard dis-cret de plasticienne. L’intimité de ce boudoir où l’on se déshabille pour s’habiller est alors bien autre chose qu’une philosophie : une expérience rare de rencontre avec une créatrice, de laquelle il restera un trésor, cette étoffe amoureu-sement façonnée, témoin des heures exquises pendant lesquel-les Sabine fi t de nous une reine. Si l’envie vous en prenait : http://fal-balascreation.blogspot.com/Compter 45 euros pour une jupe simple*coopérative d’activité et d’emploi en artisanat, communi-cation et services à Grenoble.Sylvie Perrier

Il change la destination initiale d’un objet en lui redonnant un autre sens. D’une simple tôle, il fera un enjoliveur de télé, de vases en manguier, des enceintes, d’une malle coloniale, un meuble, cais-son de grave, et support audio. Avec lui, revisiter les standards audio/vidéo/informatiques avec les matériaux de votre choix (plexiglass, acier, aluminium, cui-vre, cuir...).06 26 66 49 45www.phenix.snowboards.com, rubrique « fabrication », « Art design ».

Des tableaux à cirerCloé peint à la cire d’abeille. Une technique très ancienne qui donne à ces tableaux un cachet très personnel. Amoureuse de la nature, elle aime à peindre les montagnes qui nous entourent.Elle expose à l’Offi ce du Tourisme de Lans-En-Vercors jusqu’au 28 novembre.

http://www.artmajeur.com

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Quel quartier de Grenoble se cache

dans ce tableau?Donnez votre réponse au 04 38 12 90 59

(sans oublier de laisser vos coordonnées).

Marianne RaffestinArchitecture de Rêves Intérieurs.www.marianne-raffestin.fr

Au Clair de Lune offre, aux 5 premiers gagants, un plat du jour d’une valeur de 10.Au Clair de Lune, on mange végé-tarien, végétalien, ou pas ! Dans le quartier cosmopolite, près de la place Notre-Dame, rue Très-Cloître, on rejoint Laurence et Laurent sous un lustre féérique fait maison. Cuisine à base de produits biologiques, on se régale de céréales, salades, légumes et fruits frais du marché, mais aussi de poissons de mer et de viandes locales. Truites bio de Saint Jean-en Royans le Samedi.

Recevez «Les Antennes» chez vous pour 1 le numéro. La demande se fait pour 5 numéros.Merci de remplir ce bulletin et de nous le retourner avec un chèque de 5 euros pour participation aux frais d’envoi, à l’association Composite, 1 rue Montorge, 38000 Grenoble.

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(Veuillez libeller votre chèque à l’ordre de l’association Composite)

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Jouez et gagnez !

Les Antennes: association Composite, 1 rue Montorge, 38000 Grenoble. tél. 04 38 12 90 59. E-mail: [email protected] de la publication et rédactrice en chef: Anne Benoit-Janin. Ont participé à ce numéro: Jean-Michel Asselin, Catherine Cayuela, Emmanuelle Fuentes, Jean Jonot, Alice Lagoutte, Yann Lee, Anne-Laurence Mazenq, Sylvie Perrier, Véronique Vermorel.Publicité: Elsa Verbiguier: 04 38 12 90 59. Im-primerie Notre-Dame. Correcteur : François Haÿs. Maquette: LoOka. 25 000 exemplaires. Ce journal est imprimé 100% papier recyclé, 100% désencré. www.lesantennes.org

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Coup de cœur pour un coup de gueule.Extrait de « Psy Souci », une pièce de théâtre entièrement créée par 8 jeunes fi lles de l’agglo qui ont toutes moins de 20 ans.

Je veux être heureuse, mais pas sans les autres !

« J’ai pas réussi à vivre, alors j’ai essayé de mourir, mais même ça j’ai pas réussi. J’ai pas toujours été comme ça. Quand j’étais petite, j’avais une envie folle de vivre, je souriais à m’en faire éclater les gencives, j’avais la vie devant moi, je voulais la remplir. J’ai regardé les gens... C’est dingue... On n’a qu’une seule vie, on veut tous la remplir de joie, être heureux, réussir [...]. Et moi aussi j’veux être heureuse... Mais pas sans les autres. Non non non, je veux être heureuse mais je veux embarquer tout le monde avec moi. Vous croyez que je suis folle ? Peut-être.J’ai vu une petite fi lle qui cherchait des yeux un sourire, juste ça, et elle ne l’a jamais trouvé. On m’a dit que ce n’était pas grave, que cela pouvait être pire, qu’il y a pire. C’est quoi pire, c’est qui pire, c’est quoi ce pire que les gens atten-dent pour réagir ? C’est quoi la limite du pire ?Alors j’ai décidé de me mettre à la recherche du pire et... j’ai vu...J’ai vu... ce que j’ai vu m’a donné envie de vomir.J’ai vu mon père frapper une porte parce qu’il était incapable de parler.J’ai vu une femme se jeter de la fenêtre parce qu’elle avait trop de dettes... les gens ont hurlé, ça a fait une tache sur le parking, effacez-moi ça.J’ai vu des enfants pleurer d’avoir écrasé une araignée, et des hommes se réjouir de tuer par milliers. [...]J’ai appris qu’il y avait... vous allez me dire que vous le savez, que cela fait partie des choses qui vont de soi... mais j’ai appris qu’il y avait 24 000 personnes qui mourraient de faim par jour. Alors je me suis mise à compter avec ma main, mes doigts, et je ne me suis jamais arrêtée de compter. [...]Je voulais être heureuse mais pas sans les autres. [...] Mais je ne peux pas. Je voudrais que ma main s’arrête maintenant.J’ai passé ma vie à chercher le pire en croyant que si je le trouvais, les gens réagiraient.Le pire n’existe pas, c’est un prétexte que l’on se donne pour ne rien faire. Je n’ai pas trouvé le pire, mais je sais une chose, c’est qu’il y a mieux.»

Cie L’Art Donhttp://lardon.blogspot.comElles jouent à l’Ampérage (STUD) le 16 déc à 18h.

Coup De gueuLeCoup De Coeur

Le quartierTeisseirea changé de tête.

C’est la constatation que j’ai pu faire le week-end dernier, en ren-dant visite à ma mère. Teisseire, j’ai grandi là-bas, et mes souvenirs mêlent des immeubles plus ou moins délabrés, une école primaire vieillotte, un centre social grisâtre, terne, et qui effrayait mes dix ans...Aujourd’hui, le paysage a radica-lement changé : les démolitions, rénovations, constructions et autres aménagements ont fait des miracles, et adieu l’air mi-abandonné mi-squatté du quartier. Les nouveaux logements sont jolis, moins entassés sur eux-mêmes, l’avenue Paul-Cocat est claire, dégagée, nette, l’immense terrain vague de l’usine Merlin Gerin a disparu, remplacé par des habi-

tations et, ô joie, une vraie grande étendue d’herbe avec des jeux pour enfants.A côté des rues si fortement béton-nées, ce vaste espace vert, plus étendu et d’un aspect plus naturel que les autres, est une vraie bouf-fée d’air pur.Alors bien sûr, il manque encore beaucoup d’améliorations, et ce peut-être plus au niveau humain, ou social, qu’architectural : 72 % des ménages ne paient pas d’impôts sur le revenu et 35 % bénéficient de la CMU ; l’insécurité est encore présente, l’économie « parallèle » aussi. Mais la ville n’a pas fait l’er-reur d’oublier le quartier. Ca se voit et moi, j’aime bien !Ahn, 23 ans

Des soins bio chez Offi cina ReginaDans le quartier des Antiquaires, Offi cina Regina innove et vous pro-pose désormais une cabine de soins entièrement bio avec la gamme bio et équitable Thémis : Massages du monde, épilations, soins du visage, du corps mais aussi maquillage coup d’éclat ! A l’approche des fêtes, pensez aux bons cadeaux pour faire plaisir autour de vous éthiquement et naturellement.Offi cina Regina est un point de vente gréé Themis.