les antennes n°17

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Sommaire Ne pas jeter sur la voie publique NUMERO 17 OCT/NOV 2010 www.lesantennes.org Sommaire Enquête : les déplacements P. 2 à 6 - Ces pères égarés P. 8 - Les ravages de l’inceste P. 9 - Retraite et précarité P. 10 Parkings, des puits sans fond P. 11- Médecine douce remboursée P. 13 - Artistes d’ici P. 14 - Jeu P. 15 édito « Suivre l’exemple des riches » C’est le conseil que le couple de sociologues, Monique et Michel Pinson, nous donne dans un ré- cent article paru dans Télérama. « Battons-nous ! », disent-ils, « faisons comme les riches. Ce sont des gens qui ont une émi- nente conscience de leur classe, qui sont solidaires, organisés, mobilisés et qui défendent éner- giquement leur intérêt. » Ainsi, pour ces chercheurs qui étudient « la ségrégation du côté de ceux qui profitent », chez nous autres, les moins riches, ces qualités nous feraient défaut. Triste constat, je confirme : le 27 septembre dernier, après avoir manifesté, je me suis rendue à une assemblée générale qui in- vitait à réfléchir sur les suites à donner à cette action. Après un état des lieux des situations des différentes corporations (ensei- gnants, cheminots, étudiants…) des propositions ont été émises sur la manière de poursuivre ce mouvement : ne plus payer ses impôts, bloquer l’économie, les routes, lancer une grève gé- nérale, se regrouper en petits groupes pour organiser le paie- ment des grévistes…. et tout cela dans une ambiance un peu joyeuse, entremêlée de coups de gueule et de rires… Mais quand il a fallu conclure, force a été de constater que le couple Pinson avait raison : aucun moyen n’était prévu pour donner une suite à cette rencontre. Se réunir à nou- veau ? Se tenir au courant des actions qui pourraient être me- nées çà et là ? Faire connaître à ceux qui n’étaient pas présents le contenu de cette rencontre ? Non, rien, pas un site, même pas une petite adresse Facebook. Mais comment ont-ils fait en 1789 ? Anne Benoit-Janin Gratuité des transports collectifs, péage urbain, rocade Nord, transport par câble, 330 personnes habitant la région grenobloise ont répondu à notre questionnaire. Tous les résultats : > P 2 à 76 Déplacement, que voulons-nous pour demain? Graph de NESS www.rocadesud.com, 06 13 15 04 14

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Sommaire

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NUMERO 17OCT/NOV 2010w w w . l e s a n t e n n e s . o r g

Sommaire Enquête : les déplacements P. 2 à 6 - Ces pères égarés P. 8 - Les ravages de l’inceste P. 9 - Retraite et précarité P. 10 Parkings, des puits sans fond P. 11- Médecine douce remboursée P. 13 - Artistes d’ici P. 14 - Jeu P. 15

édito« Suivre l’exemple des riches »C’est le conseil que le couple de sociologues, Monique et Michel Pinson, nous donne dans un ré-cent article paru dans Télérama. « Battons-nous ! », disent-ils, « faisons comme les riches. Ce sont des gens qui ont une émi-nente conscience de leur classe, qui sont solidaires, organisés, mobilisés et qui défendent éner-giquement leur intérêt. » Ainsi, pour ces chercheurs qui étudient « la ségrégation du côté de ceux qui profitent », chez nous autres, les moins riches, ces qualités nous feraient défaut. Triste constat, je confirme : le 27 septembre dernier, après avoir manifesté, je me suis rendue à une assemblée générale qui in-vitait à réfléchir sur les suites à donner à cette action. Après un état des lieux des situations des différentes corporations (ensei-gnants, cheminots, étudiants…) des propositions ont été émises sur la manière de poursuivre ce mouvement : ne plus payer ses impôts, bloquer l’économie, les routes, lancer une grève gé-nérale, se regrouper en petits groupes pour organiser le paie-ment des grévistes…. et tout cela dans une ambiance un peu joyeuse, entremêlée de coups de gueule et de rires… Mais quand il a fallu conclure, force a été de constater que le couple Pinson avait raison : aucun moyen n’était prévu pour donner une suite à cette rencontre. Se réunir à nou-veau ? Se tenir au courant des actions qui pourraient être me-nées çà et là ? Faire connaître à ceux qui n’étaient pas présents le contenu de cette rencontre ? Non, rien, pas un site, même pas une petite adresse Facebook. Mais comment ont-ils fait en 1789 ?Anne Benoit-Janin

Gratuité des transports collectifs, péage urbain, rocade Nord, transport par câble, 330 personnes habitant la région grenobloise ont répondu à notre questionnaire. Tous les résultats : > P 2 à 76

Déplacement, que voulons-nous pour demain ? Gr

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Se préparer à l’aprèspétrole ?75.2 % des personnes interrogées pensent qu’il faut s’y préparer.À votre avis, est-il nécessaire de se préparer à la hausse du prix du pétrole ?Oui, tout à fait : 45.5 %Oui, plutôt : 29.7 %Non, pas vraiment : 10.6 %Non, pas du tout : 2.1 %Ne sait pas : 12.1 %

La solution la plus citée : les transports collectifs (40.3 %). Si oui, que faut-il alors développer -en priorité pour s’y préparer ?

Trois réponses possiblesLes TC : 40.3 %Le covoiturage : 37.3 %Le vélo : 36.4 %La voiture électrique : 21.5 %La voiture propre : 19.4 %Ne sait pas : 18.2 %L’autopartage : 8.5 %Le télétravail : 6.7 %La voiture à l’éthanol : 3.9 %Autre : 2.4 %

Bon à savoirn En France, les transports urbains émettent chaque année

plus de 50 millions de tonnes de CO2 dont près de la moitié pour les déplacements professionnels !

n Un bus peut transporter l’équivalent des passagers de 40 à 50 voitures et un tramway 240 personnes, soit : 3 autobus ou… 177 voitures !

Cled’12, c’est le Plantu, le Cabu de Grenoble

Avec son dernier ouvrage, il raconte avec un humour, un poil féroce, toujours pertinent, extrêmement bien informé, le fiasco de la Rocade Nord. Quel

Nos voitures sont-elles à mettre à la poubelle ?

Goûtez aux transports en commun et vous les aimerez

Des transports collectifs pas assez adaptés aux situations de chacunQuand on utilise les TC et qu’on n’a pas de voiture, c’est le prix qui est le premier frein à leur usage. Quand on a deux voitures, c’est le fait qu’ils ne soient pas assez pratiques et quand on a plus de deux voi-tures, c’est qu’on n’aime pas prendre les TC.Qu’est-ce qui vous empêche, d’utiliser plus souvent les TC ? 

Plusieurs réponses possiblesC’est trop cher : 24.8 %Pas assez rapide : 16.1 %Il n’y en a pas le soir : 15.5 %Pas de TC à proximité : 14.8 %Pas assez pratique : 12.7 %

C’est le fait d’avoir une voiture, deux, ou pas, qui conditionne l’usage des transports en communQuand on utilise peu les TC, on souhaite les utiliser davantage (63.2 %), mais quand on ne les utilise jamais, on n’en veut pas (66.7 %).Souhaiteriez-vous utiliser davantage les TC ?Oui, beaucoup : 16.7 %Oui, un peu : 25.2 %Non, pas vraiment : 35.5 %Non, pas du tout : 7.6 %Ne sait pas : 5.1 %

Comment diminuerles embouteillages ? En développant et favorisant l’usage des TC avant tout (63 %).Pour diminuer les embouteillages, quelles solutions développer en priorité :

Trois réponses possiblesDévelopper d’autreslignes de tram : 31.5 %Faciliter les liaisons entrela voiture et les TC : 31.5 %Développer d’autres modesde transport : 30 %Faire d’autresaménagements routiers : 18.5 %Faire la rocade Nord : 17.6 %Ne sait pas : 15.5 %Mettre en place un péage urbain : 7.3 %Modifier les heures de bureauet d’entrée d’école : 6.4 %Réduire la vitesse surla rocade sud à 70km/h : 6.1 %Autre mode : 2.7 %

La rocade Nord n’est plus la solution miracle : les opposants au projet sont plus nombreux (39.1 % contre 32.7 %).Etes-vous favorable à ce projet de rocade ?Oui, tout à fait : 18.5 %Oui, plutôt : 14.2 %Non, pas vraiment : 16.4 %Non, pas du tout : 22.7 %Ne sait pas : 21.8 %

NB : en 2007, Les Antennes avaient consacré un dossier à la rocade Nord, ils étaient 49.7 % à être « très ou plutôt favorables » à ce projet (n°5).

DOSSIER

En priorité, les personnes interrogées demandent des tarifs adaptés aux ressourcesPour favoriser l’usage des TC, quels tarifs pour l’usager ?

Une seule réponse possibleDes tarifs adaptésaux ressources : 26.1 %Des tarifs encoreplus réduits : 24.5 %Des tarifs quin’augmentent plus : 18.2 %La gratuité : 17.6 %Des tarifs plus élevéspour une plus grande qualité de l’offre (réseau, horaire, fréquence…) : 0.9 %Ne sait pas : 6.4 %Rien de tout cela : 3.3 %Autre : 3 %

délice ! Depuis très longtemps, Cled’12 est un fan d’écologie et lutte contre toutes les ad-dictions. Son ouvrage « Clopin-Clopant » (éteindre le désir d’allumer une cigarette) devrait être reconnu d’utilité publique. Espérons que « Avis défavo-rable » permettra aux accros à la Rocade Nord de changer de point de vue. Il paraîtrait que Marc Baïetto (rocadiste repenti) a lu Cled’12 ! Jean-Michel AsselinEd. « Casamaures association », Orangerie, 8 bis, av. Gal Leclerc, 38950 Saint-Martin-le-Vinoux.

Depuis le 21 août, l’humanité vit à crédit !Le samedi 21 août a marqué une limite symbolique en tant que « jour du dépassement » : nous avons à ce jour entièrement consommé le budget écologique annuel de la Terre. La consommation mondiale en ressources naturelle s surpasse maintenant les capacités biologiques de renouvellement de ces ressources, plongeant tous les habitants de la planète dans une « vie à crédit ».

Appel à stylistes pour vélo !Aux Antennes on aime le vélo ! Une seule résistance : les vêtements de pluie manquent de grâce. Nous offrons une publicité gratuite à tout styliste qui nous permettra de vaincre ce frein de manière efficace et esthétique.

Les Antennes, « renifleurs de tendances », ont parcouru les rues de Grenoble pour décrypter les déplacements d’aujourd’hui et imaginer ceux de demain dans la région grenobloise. À quand la bascule ? Sommes-nous prêts à lâcher la voiture au profit de l’environnement ? Sommes-nous prêts à la rupture comportementale pour amoindrir sa « surpuissance » économique ? Agitateur d’idées, le journal écocitoyen, fidèle à ses principes de démocratie participative, a mené une enquête auprès de 330 personnes (panel fidèle de l’agglomération grenobloise) sur les énergies renouvelables, le covoiturage, l’autopartage, les tarifications, et sur tous nos modes de déplacement. Découvrez dans ce numéro les nouveaux codes précurseurs et les réticences que nous, usagers de la voiture, du vélo et des transports en commun, avons dans nos comportements quotidiens. Tous les résultats de l’enquête sur : www.lesantennes.org.

Vous utilisez déjà très souvent les TC : 11.5 %Pas assez fréquent : 11.2 %Vous n’aimez pas les TC : 10.9 %Trop d’attente : 12.1 %Autre : 10.9 %Manque de sécurité : 10.0 %Trop de correspondances : 8.8 %Rien de tout ça : 8.5 %Ne sait pas : 7.3 %

Bon à savoir Transport  en  Rhône-Alpes  :  moins  75  %  pour  les  petits  revenus. La carte Illico solidaire s’adresse aux bénéficiaires de l’AAH, du RSA, des contrats aidés et aux demandeurs d’emploi. Pour se déplacer pour quelques euros seulement sur tout le territoire de la région Rhône-Alpes et jusqu’à Mâcon ou Genève, il suffit d’en faire la demande sur Internet. Pour cela bien taper le terme de Illico Solidaire sur le moteur de recherche car il est difficile d’en trouver trace directement sur le site www.ter-sncf.com. En fournissant les papiers demandés et une photo, elle vous sera délivrée à domicile. Au moment d’acheter son billet, attention piège : bien faire la différence entre le tarif Illico et Illico solidaire qui est bien plus avantageux !

Les  Antennes  :  association  Composite  : 1, rue Montorge, 38000 Grenoble. tél. 04 38 12 90 59. E-mail : [email protected] de la publication et rédactrice en chef : Anne Benoit-Janin. Ont participé à ce numéro : Jean-Michel Asselin, Alexandre Chureau, Florence Collin, Rosalie Hurtado, Jean Jonot, Yann Lee, Anne-Laurence Mazenq, Véronique Vermorel. Publicité : Annie Louzon-Termier : 06 86 51 31 66. Imprimerie Notre-Dame. Correcteur : François Haÿs. Maquette : Philippe Borsoi. 30 000 exemplaires. Ce journal est imprimé 100 % papier recyclé, 100 % désencré. www.lesantennes.org

soutenu par :

21 avenue de l’ile Brune Cap des H’ 38120 SAINT EGREVETél. : 04 76 17 16 65 www.culturevelo.com

CULTURE VÉLO GRENOBLE

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Dépôt des bus à Eybens.

Bon à savoirLe projet de la rocade Nord abandonnéVoici les propos, on ne peut plus clairs, de Marc Baïetto, président de la Métro : « Mais pour faire plus précisément allusion à l’après rocade Nord, j’estime que, pour partie, il est sans doute nécessaire de penser autrement. »

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DOSSIER

Le péage urbain, il y en a qui sont pour

« Faute d’une information ob-jective, le péage urbain n’a pas bonne réputation en France. Sa  justification  est  pourtant triple  :  il désengorge la voirie, il applique le principe pollueur-payeur, il permet de dégager une ressource nouvelle pour les transports collectifs. À Londres et à Stockholm, les bouchons et les nuisances ont immédia-tement diminué dans la zone soumise à péage et sur ses iti-néraires d’accès ; l’usage des transports collectifs et du vélo a augmenté.

Le  péage  est-il  socialement équitable ?  La réduction de la circulation et l’affectation du produit du péage au transport collectif bé-néficient aux ménages les plus modestes.

Le  péage  urbain  est-il  envisa-geable à Grenoble ?L’agglomération de Grenoble peut être un bon terrain d’expé-rimentation. Les emplois sont

concentrés dans le centre de l’agglomération. Les transports collectifs urbains et périurbains y sont déjà bien développés, mais le financement de l’exten-sion nécessaire du réseau de tramway n’est pas assuré. »

Pour ou contre la gratuité ?Ils argumentent 

Jean Sivardière, président de la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports) soutient le principe du péage urbain.

Clermont-Ferrand, Compiègne, Le Mans, Vitré (près de Strasbourg) Colomiers (près de Toulouse), Compiègne (Oise), Vitré (Ille-et-Vilaine), Châteauroux et Issoudun (Indre), Mayenne (Mayenne) Gap (Hautes-Alpes), Bar-le-Duc (Meuse), Cluses (Haute-Savoie)… et plus récemment l’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile ont franchi le pas de la gratuité. Les transports collectifs sont également gratuits à Seattle aux États-Unis et Hasselt en Belgique (580 000 et 70 000 habitants). Toutes ces villes tirent des bilans très positifs : diminution effective de la circulation des voitures, réduction des dégradations et amélioration des rapports humains. La gratuité ne serait-elle pas également le secret de la ville verte diminuant les effets pervers occasionnés par l’utilisation massive de la voiture ? Alors pourquoi pas nous ? Les Antennes ont sollicité nos élus qui ont donné leur avis.

DOSSIER

les bienfaits du tram. La jour-née gratuite des transports en commun devrait durer une se-maine pour avoir plus d’impact. Au bout d’un an de fonctionne-ment de la tarification solidaire nous allons revenir à la gratuité pour les personnes âgées en heures creuses et pour les plus démunis sachant que ceux-ci ne payent que 2,20 e par mois. La Tag propose 25 à 30 tarifs diffé-rents ce qui est beaucoup trop. Nous mettons de l’espoir sur le PDU (fin 2012) dont la démarche participative et itérative entre les experts et les élus devrait faire émerger des idées nou-velles. Avec l’abandon de la ro-cade nord, il nous faut inventer de nouveaux modes de dépla-cement si nous ne voulons pas mourir asphyxiés ! »

Michel Issindou,  Président du SMTC

La gratuité : c’est la marche arrière « Cette fameuse gratuité est évidemment séduisante dans le principe et certaines villes la pratiquent. On observera ce-pendant que ce sont des villes dotées de réseaux de petite taille. Mais d’ores et déjà, on a pu constater que dans ces villes, ce sont essentiellement une nouvelle clientèle de piétons qui s’est mise à utiliser les trans-ports en commun. En revanche, cela n’a pas conduit les automo-

La gratuité, oui, grâce au versement transport« Nous pensons qu’il faut aller vers la gratuité par étapes en poussant plus loin la tarification solidaire. Cela serait possible financièrement si une loi ga-rantissait le « versement trans-port » tel qu’il est appliqué en Île-de-France. Les entreprises de la région paieraient une taxe (1.5 % de leur chiffre d’affaires). L’association des Régions de France s’est d’ailleurs pronon-cée pour la généralisation du versement transport. Il n’est pas contradictoire que les en-treprises contribuent à la fois au déplacement de ses sala-riés et à la solidarité nationale. La gratuité, nous sommes pour sur le principe, par rapport à notre conception de la société, du développement humain, du développement social et du dé-veloppement durable. »

François Auguste Conseiller régional PC

L’effet incitatif de la gratuité « La gratuité repose le problème du service public. Qui paye : l’usager ou le contribuable sa-chant que la vente de billets ne représente que 16 à 17 % du coût ? À Gières en tant que Maire, j’ai offert des billets pour que les habitants découvrent

bilistes à quitter leur voiture. Les deux raisons principales de cette opposition sont, en pre-mier point : que cette gratuité coûterait extrêmement cher à la collectivité, il faudrait trou-ver des ressources de quelques millions d’euros (à Grenoble) et puis en deuxième point : le risque serait très fort que les transports en commun se can-tonnent à un service minimum. Plus question de faire des ef-forts pour capter de nouveaux publics, assurer un confort supérieur, une sécurité et des fréquences toujours plus per-formants. Ce serait très certai-nement un retour en arrière, cela freinerait le développe-ment de ce type de transport. »

Antoine Jammes, vice-président de l’ADTC (l’association pour le développe-

ment des transports en commun, des pistes cyclables et piétonnes)

La gratuité par le vélo !« Les écologistes sont pragma-tiques : oui pour la gratuité à Au-bagne, dans une ville de 100 000 habitants qui veut développer les TC, non à Grenoble, où le ré-seau est déjà bien développé au service de 450 000 personnes. Par contre, nous sommes fa-vorables à une tarification so-lidaire telle qu’elle se pratique à Grenoble mais encore plus poussée pour les personnes à revenus modestes et les per-sonnes âgées. Mais surtout, la place donnée au vélo dans les déplacements est insuffisante. Pour un coût ridiculement bas (admettons 10 millions d’eu-ros contre 300 pour une ligne de tram), on pourrait mettre en place une politique ambitieuse afin de tendre vers des résultats comme aux Pays-Bas où une personne sur deux se déplace en vélo. Si seulement l’accès aux transports en commun se faisait en vélo, cela résoudrait

une partie des problèmes mul-timodaux de l’agglomération ! »

Olivier Bertand Conseiller général Écologiste

Pas la gratuité mais l’efficacité« Je ne vois pas comment on pourrait rendre gratuit les transports en commun alors que de nombreux problèmes persistent. Par exemple, un TER devrait toujours être à l’heure. Et là je vois devant moi : un panneau lumineux affichant un retard de 25 min. C’est inaccep-table ! Comment voulez-vous que les usagers, dans ces condi-tions, utilisent les transports en commun comme moyen de déplacement principal ? Il faut mener une vraie réflexion, pen-ser aux maillages, comme par exemple entre la future ligne de tram et la gare SNCF, entrete-nir les lignes en très mauvais état, développer une politique tarifaire transparente avec une complète gratuité pour les de-mandeurs d’emploi »

Corinne Bernard Chef de gare à Clelles (Trièves) 

Conseillère régionale Europe Écologie

La gratuité favorise souvent les incivilités« La vie n’est pas gratuite, tout a un coût. La gratuité favorise souvent les incivilités. Nous avons déjà fait beaucoup de progrès. La population n’a plus peur de prendre les transports en commun. Les dégradations sont bien moindres. Entre 1995 et aujourd’hui, les déplace-ments en transports en com-mun sont passés de 45 à 78 millions. En tant que président de la Semitag depuis déjà 2001, je sais que pour l’obtention de la gratuité complète des bus il faudrait trouver 33 millions d’euros. Où trouver ce manque

à gagner sachant que les usa-gers ne paient que 16 % du coût réel et que nous pratiquons une tarification dégressive jusqu’à 2 euros par mois pour les plus défavorisés ?J’estime qu’avec Nantes et Strasbourg nous sommes les villes détenant les meilleurs ré-seaux de transport en commun de France, ce dont je suis parti-culièrement fier ».

Jacques Chiron Conseiller municipal à la Ville 

de Grenoble en charge des transports

La « presque » gratuité dans le Pays du Grésivaudan« 40 euros par an pour les jeunes et 105 euros pour les plein tarif : c’est le prix fixé en 2009 pour se déplacer dans le Pays du Grési-vaudan en bus. Nous atteignons presque la gratuité : les recettes de vente de billets représentent seulement 1 % des dépenses. Nous imposons néanmoins l’usage de cartes d’abonnement,

instruments de fidélisation et de responsabilisation (accès à un service). Si la gratuité entraîne un accroissement de la fréquen-tation au détriment de la marche, ce n’est pas le but recherché. Nous souhaitons au contraire que ce soit une véritable alter-native à la voiture. Mais il n’y a pas de solution miracle. Pour les 6500 véhicules pris dans les bouchons aux heures de pointe, il faudrait mettre à disposition une soixantaine de cars toutes les minutes ! Notre approche plaît aux entreprises locales qui, pour certaines d’entre elles, tra-vaillent en trois/huit, mais elle est marginale. Elle intervient sur un vaste territoire en mi-lieu périurbain et rural jusqu’en montagne. Nous étudions une tarification et un zonage multi-modaux afin d’éliminer les effets de seuils et de frontières quel-quefois mal acceptés par les usagers.

Francis Gimbert vice-président de la communauté 

de commune du Pays du Grésivaudan en charge du transport

Convaincu ? Aux Antennes, on a débattu

Mais qui va payer ? Nombreux sont les opposants qui s’arrêtent sur cette sentence « la gratuité, c’est trop cher ! ». La question mérite d’être approfondie. Mais les dépenses induites par la billetterie, si elles sont supprimées, peuvent-elles financer en partie la gratuité ? Quels sont les coûts cachés que suscite la circulation automobile ? Moins de voitures en ville, c’est moins de pollution (sachant que les transports sont responsables de 50 % de la pollution et que l’automobile représente 98 % de la consommation d’énergie dans les transports). Moins de voitures en ville, c’est aussi toute une infrastructure qui s’amoindrit : parking, voirie... Ce sont aussi bien d’autres intérêts périphé-riques qui ont un coût : maladies, accidents, allergies, etc. À Seattle, la gratuité est financée par les commerçants du centre-ville et dans la communauté d’Aubagne et L’Étoile, elle est prise en charge par « un versement transport » prélevé sur les entre-prises de plus de 9 salariés. Et l’augmentation des incivilités ? Dans tous les cas observés : Colomiers, Compiègne, Vitré (où les voyageurs sont passés de 47 000 à 120 000 passagers par an), Châteauroux et Issoudun

dans l’Indre et à Mayenne (Mayenne), les incivilités n’ont augmen-té qu’en proportion des augmentations de fréquentation. La gratuité a-t-elle des effets positifs ? Dans le cas d’Aubagne, par exemple, elle a provoqué une augmentation de 90 % de la fré-quentation des transports en commun. 20 % de ces adeptes sont de nouveaux utilisateurs des TC. Le sociologue Alain Mergier a constaté lors d’une étude : « la gratuité produit un effet de va-lorisation des transports en commun et du territoire de l’agglo-mération. Ainsi, 80 % des usagers considèrent qu’elle « a rendu l’utilisation des bus plus conviviale. » Les jeunes sont aussi très preneurs car cette solution renforce leur autonomie. Notre conclusion : la gratuité n’est pas une idée folle, elle mérite qu’on l’étudie, elle induit beaucoup d’idées reçues. Elle doit être assortie d’un plan global de circulation, de stationnement, de dé-veloppement des TC…Le vrai débat n’est-il pas : la mobilité est-elle un droit, un service ou une prestation sociale ? Ne doit-elle pas répondre à deux ur-gences : l’écologique et le social ?JMA

Bon à savoir :En 2002, en France, de 6 500 à 9 500 décès seraient directement imputables à la pollution émise notamment par les automobiles !

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Ouvrons-nous des possibles !Écologiquement très positif, économiquement solide, le transport par câble est largement utilisé dans plusieurs pays du monde. Mais nul n’est prophète en son pays : c’est en France que cette solution a été la moins utilisée, alors que la société Pomagalski, majeure dans ce domaine, est grenobloise.

Ce projet a été défendu par l’associa-tion « Le chaînon manquant » lors du débat participatif sur les solutions alternatives à la Rocade Nord orga-nisé le 24 septembre dernier, par le Conseil Général.Site : http://telepherix.free.fr

Photo montage d’Arnaud Oudard pour http://snotag.free.fr

Un projet de transport aérien, élaboré par entreprise locale Pomagalski, aurait dû traverser Grenoble du nord au sud, et d’ouest en est (campus de SMH). Ce train aérien devait fonctionner un peu comme un aérotrain, sur une superstructure en béton qui filait à hauteur R + 2 dans Gre-noble. On peut voir une trace de ce projet dans l’immeuble percé qui se trouve rue Hébert à Grenoble. Les propriétaires du

centre historique, surtout dans le centre haussmannien, étaient très mécontents de ce système futuriste, qui a été abandonné pour faire place au tramway. Ce projet, très controversé, a choqué par son gigantisme, son gabarit... Et a sans doute coûté politi-quement très « cher » à Dubedout !

Merci à Yves Morin et Arnaud Oudard pour leursconseils et leur mémoire vive.

Et dire qu’on pourrait déjà circuler par câble…

DOSSIER

Son principe de base est simple : un câble en boucle, un moteur fixe, des cabines débrayables et une station tous les 600 mètres environ, selon besoin.

Ses caractéristiques et ses avantages sont multiples :n emprise au sol très réduite, n consommation : 0.3 kWh par passager (tram : 1 kWh ; bus : 1,35 ; auto : 4,7),n émission de CO2 nulle,n vitesse commerciale : de 21 à 36 km/h (tram B en heure creuse : 17 km/h),n coûts d’investissement : 5 à

7 Me au km (tram : 20 à 50Me au km ; bus : 16,5 ; auto : 15,4),n coûts d’entretien annuel très faibles : entre 0,3 et 1,5 % de l’investissement,n sécurité : de loin le moins accidentogène des moyens de transport urbain,n et pour l’usager : système fluide, sans attente, confortable, silencieux, accessible aux cycles et aux personnes à mobilité ré-duite, ne dépendant pas des contraintes de trafic au sol.Autre avantage : ce mode de transport franchit sans diffi-culté les obstacles naturels (ri-vière, autoroute, voie ferrée…) et s’adapte aux surfaces hori-zontales comme aux déclivités importantes.

Un seul gros inconvénient : l’obligation d’avoir un tracé en ligne droite. Mais il semble qu’un progrès technique décisif vienne d’être réalisé, qui annule cette contrainte.

Où peut-on envisager ce type de desserte ?n sur les axes lourds entre les principaux pôles urbains de la région grenobloise. (par exemple : en remplacement du futur tram E),n pour franchir des obstacles entre Meylan et le Campus (Isère + autoroute) ; entre Bri-gnoud et Crolles (Isère + voie ferrée + autoroute),

n entre les fonds de vallée et les massifs voisins (par exemple, vers le Vercors qui constitue un important potentiel d’usagers pendulaires).Au vu du dossier technique et des retours d’expérience unanimement positifs, cette solution présente des atouts conséquents, de nature à se substituer souvent au tramway, y compris en milieu urbain.Aux  politiques  d’avoir  le  cou-rage  de  choisir  un  projet  qui soit socialement utile et techni-quement efficace.Jean Jonot

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ESPACE ASSOC QUESTION DE VIE

Pourquoil’inceste est-il si destructeur ?Les victimes d’inceste souffrent d’un grand nombre de pathologies dans des proportions bien plus importantes qu’au sein de la population française (dépression, comportements à risque, addictions, suicides, incapacité à se concentrer…) Voir les résultats de l’enquête : www.fondation-enfance.org

Écouter  d’abord Elle conçoit alors l’intérêt qu’on lui porte uniquement sous la forme du désir érotique… Ces agressions créent une ambiguïté totale dans la relation. Par exemple : l’enfant n’ose pas dire non, on lui fait mal, mais on lui dit qu’il est tellement gentil. Tous les enfants ont envie d’être aimés de leurs parents. Parfois l’inceste se fait avec douceur et la victime pense qu’elle est consentante. Il arrive même qu’elle ressente du plaisir… C’est en fait une réaction physiologique, mais cela a des conséquences très perturbantes. La victime plus tard, pourra par exemple, se sentir en danger dès que l’on s’intéresse à elle, ou au contraire, ne pas percevoir le danger et se mettre en situation de viol ; ou bien encore, croire que ce n’est que par son corps qu’elle peut plaire. Parfois elle se réfugie dans une castration psychique ou s’interdit le plaisir sexuel. Le plus souvent, avoir été victime

d’un inceste perturbe l’identité, dérègle la vie sexuelle et affective : plus  de  la  moitié des hommes hospitalisés en alcoologie ont subi une agression sexuelle dans l’enfance. Quand ils ont été abusés par un homme, ils se posent ensuite la question de leur identité et de leur homosexualité. « Si je prends du plaisir avec un homme, c’est que je suis homosexuel ». Mais rares sont les hommes qui viennent en parler dans notre association. Ils ont souvent peur d’être identifiés comme des agresseurs potentiels. Et puis c’est insupportable pour eux d’entendre ce que les femmes disent des autres hommes. L’inceste  par  la  mère  est  souvent  subtil  et insidieux. Il est très compliqué à identifier comme tel par la victime. Il n’y a pas tou-jours d’acte physique clair, mais un saccage psychologique. ABJ

« Plongé dans des probléma-tiques d’adultes : le drame pas-sionnel de mes parents d’une part et de l’autre la perversité de M., mon seul recours a été de m’enfermer chaque jour davan-tage, de laisser libre cours à mes sentiments d’enfant. Dans cette situation, être joyeux signifiait être bien avec M., être triste jus-tifiait qu’il se rapproche et me console. Mon seul recours pour fuir tout contact avec ce monstre a été de ne plus être ni triste ni joyeux. Un autre aspect de son influence sur moi est venu du côté sentimental qu’il imposait : il prétendait m’aimer et en retour m’imposait de lui dire que je partageais ce sentiment. Aimer est peu à peu devenu pour moi un sentiment indissociable de cette relation malsaine. Dans son délire, nous devions rester ensemble toute notre vie. »Les cahiers de Peau d’Ane n°7, revue publiée par SOS Inceste Pour Revivre

Réunir des jeunes autour d’un projet audiovisuel ambitieux pour les séduire et peut-être leur faire découvrir une vocation à laquelle ils n’auraient jamais osé penser, c’est l’objectif de l’association Shaolin shadow.

Ce que dit la loiLa loi définit comme inceste les viols et agressions sexuelles lorsqu’ils sont commis au sein de la famille, sur un mineur (frère, sœur, concubin, oncle, grand-père…). La notion d’inceste peut être élargie aux relations sexuelles entre un enfant et toute personne investie d’une autorité (enseignant, éducateur, prêtre…).

Ce sont les parents, les adultes qui apprennent les limites aux enfants. Quand un tel acte se produit au sein d’un milieu qui est censé vous protéger, ou que le mal vient d’une personne qui doit vous apporter de la sécurité, les repères sont perturbés. La confiance se construit en famille.

Il témoigne

L’inceste est un abus de pouvoir et la prévenir est très difficile. On peut apprendre à un enfant à dire Non mais comment lui apprendre à dire Non à son papa ?

L’association a mis en place des séances d’écoute téléphonique, des groupes de paroles entre victimes, et des groupes entre les proches de la famille (par exemple la mère dont le fils a été agressé par un oncle). Elle informe et conseille les victimes par rapport à la loi.L’association recherche des bé-névoles.

www.sosinceste.org

04 76 47 90 93

Audiovisuel

Michel Nogara, directeur et fondateur de l’association nous la présente. « Notre première mission est de créer des voca-tions, donner de l’ambition aux jeunes grâce à l’audiovisuel. Nous voulons leur prouver qu’il est possible de réussir même en province. Sans une aide finan-cière de la CAF et de la Metro, la structure - qui vient de se doter d’un local pour les tournages - ne pourrait pas fonctionner,

les formations étant gratuites. Ceci est un principe puisqu’elle s’adresse à des personnes sans moyens. Cette année, nous avons arrêté de bricoler pour nous attaquer à un projet très solide. Nous avons fait un bond en avant : 34 stagiaires se sont formés du 16 mai au 18 juillet aux techniques de l’audiovisuel sur un projet particulièrement conséquent : une mini-série de 2 minutes 30 en 11 épisodes.

Un galop d’essai qui pourrait se traduire par une diffusion sur une télévision grenobloise ou pourquoi pas nationale. Le but de notre association est bien la professionnalisation en com-munication, photographie, info-graphie, prise de vue, tournage, montage. Je me suis rendu à Paris pour montrer notre tra-vail à des professionnels. Les retours sont très bons même s’il y a encore beaucoup de tra-vail et quelques réglages tech-niques. »

Quid de l’écriture du texte et du choix des acteurs ?« C’est un travail collectif des quatre actrices principales et des deux adjoints à la direction. Le sujet donne lieu à des situa-tions rocambolesques : trois colocataires sont surveillées à l’aide d’une caméra que la fille du propriétaire a cachée dans le meuble de télévision. D’un milieu aisé, cette ado de 16 ans s’ennuie. Ces jeunes actrices, qui ne sont pas des profession-nelles, s’impliquent fortement.

À la recherche

Qui n’a pas dans sa famille un père inconnu lointain ou qu’on a voulu effacer ? L’association « les cigognes » née à Grenoble il y a huit ans milite pour que dans une famille, chacun ait sa place. « Si le père ne veut pas assumer son rôle affectif, il en a le droit, mais c’est im-portant pour l’enfant qu’il soit au moins nommé et reconnu comme père biologique. Beau-coup de personnes recherchent leur père, poursuit Plume, mais elles ne savent pas comment s’y prendre. Nous soutenons, écou-tons, échangeons… Nous abor-dons ce thème en prenant en compte le point de vue de tous les personnages de l’histoire, sans juger. La vérité biologique doit donc être écrite sur l’état civil. Cela permet à chacun de trouver sa place. Les situations qui ne sont pas claires peuvent

par exemple créer un conflit de loyauté chez l’enfant. S’il s’est attaché à un père « adoptif », il aura du mal à s’avouer son dé-sir (légitime) de rechercher son père biologique. » « Nous avons aussi un autre objectif, poursuit Plume : nous faisons circuler une pétition pour que soient respectés les articles 7 et 8* de la Conven-tion Internationale des Droits de l’enfant, ratifiée par la France. Il faut  sortir  de  ce  vieux  combat entre l’affectif et le biologique. Un enfant est issu d’une histoire et il a besoin de la connaître. On essaie simplement de dire qu’un enfant s’inscrit dans une histoire familiale. Un homme peut refu-ser, par exemple, de connaître son fils, mais la grand-mère paternelle peut être ravie de le rencontrer. »

Outre son journal, « L’œuf », l’association souhaite organiser des rencontres/débats autour de romans, de films, de chansons, qui regorgent d’histoires de pères absents. Elle  gère  aussi un forum internet national très actif. Ceux qui s’y rendent sont des adultes qui recherchent leur père ou leur grand-père ; des pères qui ont abandonné leur enfant et qui le regrettent, des futurs pères qui vont avoir un enfant et qui n’ont pas envie de le reconnaître ; des femmes qui n’ont plus de traces du père de leur enfant, des femmes qui ont voulu faire un enfant toutes seules ; des hommes et des femmes qui ont eu un enfant hors de leur couple et qui vou-draient ne plus le cacher à leur conjoint... L’association s’inté-resse à la psychogénéalogie et à l’impact des répétitions fami-liales, ainsi qu’aux dégâts cau-sés par les secrets de famille. Il est important que le contexte lé-gal permette à toutes ces com-plexités d’exister. Notre combat, c’est celui de la vérité ! » www.lescigognes.netABJ

Les « cigognes » : une association qui milite pour que chacun ait une place dans une famille. Pourquoi ce nom ? « Les cigognes, ce sont ces femmes qui ont des enfants avec des hommes qui font l’autruche », sourit la présidente, dont le pseudo est « Plume ». Nous l’avons rencontrée.

L’association

* Art 7 et 8 « L’enfant est enregistré aus-sitôt sa naissance et a, dès celle-ci, le droit à un nom, le droit d’acquérir une na-tionalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et être élevé par eux. » ; « Si un enfant est illé-galement privé des éléments constitutifs de son identité ou de certains d’entre eux, les États parties doivent lui accorder une assistance et une protection appropriées, pour que son identité soit rétablie aussi rapidement que possible ».

Responsables institutionnels et associatifs un spectacle pédagogique pour adulte sur la fonction parentale et les frontièresde l’inceste est disponible.Contact : Mary Genty 06 74 49 41 49

La loi est bien curieuseUn homme n’est pas obligé de reconnaître un enfant, sauf si la mère lance un pro-cès de recherche en pater-nité. Inversement, une mère peut accoucher « sous X ». Autre curiosité : pour faire une recherche de paternité, depuis 2005, la mère peut agir jusqu’à ce que l’enfant ait 10 ans et l’enfant, à par-tir de 18 ans et jusqu’à 28 ans seulement (ces délais sont générateurs de pres-sions). Inversement, un père peut reconnaître un enfant tout au long de sa vie. Sous certaines conditions, il peut attaquer un beau-père qui aurait reconnu son enfant et lui demander des dommages et intérêts. « Ces lois ne sont pas logiques, précise la pré-sidente, et elles ne prennent en compte que la volonté des parents ».

du père perduOn évalue à deux millions le nombre des victimes d’inceste dans notre pays*. La moitié des victimes aurait moins de 9 ans. Pourtant, le mot inceste n’est apparu dans le Code pénal que depuis la loi du 8 février 2010. SOS Inceste pour revivre est une des rares associations en France qui permettent aux victimes de parler et d’être écoutées. Deux bénévoles de l’association « SOS Inceste » racontent leurs actions.*Selon un sondage Ipsos

« En parler, pour les victimes, c’est déjà énorme. Il arrive souvent que les personnes viennent après des années de silence. Des gestes ou une activité sexuelle imposés peuvent produire beaucoup de dégâts sur l’individu. Cela dépend, de l’âge de l’agression. Plus la victime est jeune, moins elle est construite et plus les dommages sont importants. L’impact d’un inceste dépend aussi beaucoup de la violence de l’acte et des réactions de l’entourage : l’acte a-t-il été révélé ou pas, l’enfant a-t-il été cru ? L’inceste a surtout une action insidieuse. En avoir été victime, c’est avoir été considéré comme un objet. En tant qu’enfant, c’est avoir été dans l’impuissance. Le  plus  souvent,  ces actes  sont  source  de  confusion.  Une petite fille victime d’un inceste avec son père, par exemple, peut se confondre avec la femme de son père ou s’identifier à une poupée.

SOS Inceste Pour revivre 

Donner de l’ambition aux jeunes

C’est ce que nous demandons avant tout. Pour une bonne co-hésion sociale du groupe, nous sollicitons des jeunes et des personnes plus âgées, avec ou sans qualifications, de classes moyennes ou moins aisées... Seule exigence : l’implication pour créer à terme un réseau de professionnels qui revienne aider et former les nouveaux venus. » Déjà des résultatsSur la soixantaine de membres qui ont fréquenté notre associa-tion : une technicienne du son a créé sa propre activité et deux jeunes de la ZUP d’Échirolles et du Village Olympique ont choisi de reprendre leurs études (au-diovisuel et informatique). Ce dernier d’ailleurs, Haitem Bel-gacem est le nouveau président de l’association. Il est aussi le cousin de l’acteur Sami Boua-jilah (Indigènes)… Comme quoi on peut réussir même en étant né en Isère ! RH

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Elodie Delavelle, Audrey Fresne, Eva Mpolo et Léna Desmerger

Peinture de Nancy “Orpheline”

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Mode d’emploi « chômage » !

Qui comprend comment se calcule le montant de la pen-sion qu’il va toucher lors de sa propre retraite ? Un mathémati-cien digne d’un prix Nobel... ou mieux, le secrétaire de l’équipe de direction de l’Union dépar-tementale de la CGT Isère : Pa-trick Brochier. Pour les Antennes notre spécialiste ès-retraite fait le point. « Pour connaître le futur montant de sa retraite, il faut ef-fectuer une règle de trois qui n’est pas des plus simples. La règle générale : c’est un salaire de référence (1) multiplié par un taux de base (2), multiplié par le nombre d’années cotisées, et di-visé par le nombre d’années né-cessaires pour bénéficier du taux plein (3).(1) Le salaire de référence se calcule dans le privé sur la base du salaire annuel moyen des 25 meilleures années (il y a 25 ans, vous gagniez combien déjà en francs ?). Avant 1993, ce calcul s’effectuait sur les 10 meilleures années, un calcul bien plus avan-tageux.

Venez nous rejoindre pour agir, faire bouger les choses, avancer…

Pour comprendre comment fonctionne le RSA et quels sont vos droits…n Pour rencontrer des gens, échanger des

infos, des expériences, s’entraider…n Pour être acteur de sa vie et ne pas la

subir… n Pour mettre des choses en place, parta-

ger des idées, être force de proposition...

Des clés pour bien calculer votre retraite ! Patrick Brochier spécialiste de la retraite fait le point pour les Antennes.

Il y a forcément un forum près de chez vous.Pour connaître la date et le lieu des forums, demandez à votre référent ou appelez au : 04 38 12 90 59

INFORMONS-NOUS

Pour les plus pauvres, un nouvel impôt voté en douce.

Usagers de la Compagniede Chauffage (CCIAG),ça va chauffer !

800 élèves de la planète réunis à Brasilia...

et Stéphane de VoironEn juin 2010 tous les pays de la planète ont été invités à participer à la Conférence Internationale d’enfants et de jeunes. Le clou de cette manifestation : les deux représentations de la Charte musicale devant une foule de jeunes du monde entier et de personnalités politiques brésiliennes. Que d’émotions pour Stéphane Bordenet, ce jeune Voironnais de quinze ans, lorsque, les drapeaux dressés, main dans la main, les 800 jeunes réunis devant le Congrès de Brasilia, ont entamé cet hymne qu’ils avaient eux-mêmes conçu. « C’était une déferlante d’émotions, de cris de joie et de pleurs mélangés. La musique est faite pour être réellement vivante et pour être partagée sans barrière de langue. Je me suis rendu compte à quel point elle était importante pour l’homme ! », analyse-t-il, désormais sensibilisé à une nouvelle éthique de l’environnement à l’échelle planétaire. C’est grâce à l’association grenobloise, « Monde Pluriel », dont le rôle pédagogique, sur le thème du développement durable, ne cesse de s’étendre auprès des jeunes publics français, américain, philipinois et bientôt indien… R.H.

www.mondepluriel.orgContact : [email protected]

Parkings,des puits sans fond !On connaissait le gouffre financier qu’a représenté le parking de la place de Verdun, héritage du précédent maire. Prévu pour comporter quatre étages souterrains, il fallut s’en tenir à deux niveaux, car les géniaux concepteurs du projet n’avaient pas tenu compte de l’existence de la nappe phréatique. Et le concept de piscine souterraine en centre-ville ne paraissait guère porteur. Résultat : la place de parking, à l’époque, revenait à un prix voisin d’un appartement T3. Merci les Grenoblois pour avoir financé ce « Waterl’eau ». Le record à battre, élevé, vient de l’être. Le maître d’ouvrage, cette fois : la Metro avec le parking du Stade Des Alpes. 440 places pour 12 Me d’argent public. Ce parking devait être tellement attractif que le SMTC a versé 1,1 Me à la Ville de Grenoble. Attractif, jugez plutôt : ouvert en janvier 2008, les entrées payantes et abonnements ont en 28 mois fait rentrer 28 000 e, soit 90 e par jour (27 entrées par jour en moyenne). Que d’argent gaspillé, qui manque pour tant d’autres projets, utiles ceux-là !J. J.

La retraite

Vous êtes au RSA, moi aussi

Des usagers habitants de logements chauffés par la CCIAG, au vu de la hausse de leurs charges, se sont regroupés pour éplucher leurs factures. Ils ont constaté plusieurs anomalies : Une hausse des prix non justifiéeDepuis trois ans, le prix du chauffage urbain a explosé, bien au-delà de la hausse des combustibles. Cette hausse n’est pas justifiée par la nécessité de prévoir des investissements, car ceux-ci figurent déjà dans le budget prévisionnel. Par contre, elle a produit des marges importantes (à noter que l’on parle de marges et non de bénéfices quand il s’agit d’une délégation de service public…). Où passent ces marges ?Pour l’exercice 2007/2008 : la marge a été de 6,8 millions d’euros. Sur ces 6.8 millions, 2,2 millions d’euros ont été prélevés au titre des impôts sur les bénéfices (ceci constitue donc un impôt supplémentaire, payé par les usagers, en plus de la TVA) ; 900 000 euros de dividendes ont été versés aux actionnaires : 48 % au secteur privé (18 % de rémunération du capital pour Dalkia-Véolia), et 52 % aux

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Mes parents sont nés après guerre. Bénéficiant du boom économique des 30 glorieuses, ils n’ont eut aucun problème à trouver du travail. Tombés au bon moment pour leur retraite, ils ont profité d’un départ anti-cipé à 58 ans. Aujourd’hui, ils ont fini de payer leur maison, ils ont des revenus très confor-tables et s’y connaissent assez en matière de fiscalité pour payer peu d’impôts. Toujours en pleine santé et ne manquant de rien, ils coulent depuis près de 10 ans des jours heureux dans un équilibre harmonieux entre voyages, loisirs et repos. Je suis heureuse que mes pa-rents profitent de leurs vieux jours et aurait bien aimé pou-voir penser que je ferai de même. Sauf que moi je suis née à la fin des années 70. J’ai passé plus d’un an à la fin de

mes longues études pour trou-ver mon premier emploi. De-puis j’alterne entre période de chômage et période d’activité. D’après ce que je comprends de la réforme des retraites, il faudra que je travaille jusqu’à 67 ans et encore je ne suis pas du tout assurée d’avoir une retraite convenable. Je ne pourrai donc pas, à moins d’un miracle, profiter d’une bonne décennie d’oisiveté méritée entre la fin de ma vie active et le début de la décrépitude. Conclusion : Rien ne sert de s’éreinter au travail, autant profiter de la vie maintenant, de ce qu’elle offre au jour le jour, des petites choses qui font le bonheur au quotidien et vogue la galère !

Anne-Laurence Mazenq

Histoire

Dans la fonction publique, ce sa-laire de référence correspond à celui des 6 derniers mois (les vei-nards !).(2) Le taux de base est de 50 % dans le privé (complété par 25 % de retraite dite complémentaire, laquelle est constituée par des points - AGIRC et ARRCO - que vous avez acquis par capitalisation au cours de votre carrière) et de 75 % dans la fonction publique. Ces régimes de base concernent la majorité des Français mais sa-chez qu’il existe quelques 40 ré-gimes différents (énergéticiens, cheminots, ecclésiastiques, mili-taires, agriculteurs…).(3) Pour bénéficier du taux plein, depuis 2001, il fallait avoir travaillé 40 ans et demi (ou 162 trimestres, si vous êtes nés en 1950). Le gou-vernement a porté cette échéance à 42 ans. S’il vous manque une année, vous aurez une décote supplémentaire de 5 % par an ! En revanche à 65 ans (et 67 si le gouvernement arrive à ses fins) vous bénéficierez forcément du taux plein. Attention ! Taux plein

L’argent, on sait où le trouverDit par Alain Lipietz dans Charlie Hebdo : « Par rapport aux années 70, le partage du produit national brut a connu un déplacement énorme des salaires vers les profits, de

l’ordre de 5 points* ! Alors sachant que pour financer les retraites en 2050, il faudrait reconquérir 3 % du PNB, on a de la marge. »*certains observateurs, dont ATTAC, parlent de 9 points.

*

n Faire remonter auprès des instances dé-cisionnelles les difficultés que l’on peut rencontrer en étant au RSA.

Alors, venez ! Cela ne vous engage à rien. Vous pouvez apporter votre aide à la concrétisation des projets.Le forum du Trièves et du pays vizillois.* RSA : Revenu de Solidarité Active

ne veut pas dire retraite pleine. Celle-ci est toujours fonction des années prises en compte mais aucune décote n’est appliquée en cas d’annuités manquantes (voir équation ci-dessus).On n’oubliera pas que, en gros, ne sont pas comptabilisées toutes les périodes au cours desquelles on

n’a pas cotisé : année sabbatique, période hors chômage indemnisé. En revanche, les périodes de ma-ladie, de maternité, de chômage indemnisé ou de service national entrent en compte.

J.-M. A

de générations...

Mais où vont les Romsqui ne sont pas expulsés ?À Grenoble comme ailleurs, ils n’ont pas été épargnés. Les expulsions et les politiques de retour volontaire menées tambour battant ont en réalité rapidement conduit à des réinstallations sauvages et à un éclatement de ces populations en différents points de la ville. Aujourd’hui ils sont nombreux, enfants, familles ou vieillards à vivre dans des abris de fortune, dans une précarité absolue, sans eau, ni électricité, ni sanitaires. Une situation jugée inacceptable par le collectif actif depuis la rentrée et composé d’une quinzaine d’associations. Il suit de près la situation de ces populations dont certaines habitent le secteur depuis des années et alerte les pouvoirs publics afin de mobiliser les collectivités et la préfecture autour d’une réponse commune. La dynamique associative et civile ne cesse de prendre de l’ampleur à mesure que la situation humanitaire et sanitaire des roms de l’agglo s’aggrave. Si quelques solutions d’hébergement d’urgence ont bien été trouvées, de nombreuses familles restent pour l’heure sur le carreau. Le collectif a donc sollicité la Metro et plaide pour qu’une solution globale soit proposée en terme d’hébergement. Les bâtiments vacants ou réquisitionnables dont dispose ça et là Grenoble et les communes de l’agglomération font pour l’heure l’objet de toutes les attentions du collectif ! A.L.M.

Pour en savoir plus : le collectif se réunit tous les mercredis à la Maison des associations à 20 h.

municipalités de Grenoble, Échirolles, Pont-de-Claix, etc. Reste 3,5 millions d’euros ? À quoi doivent-ils être attribués ? Les usagers ne le savent pas ! Aujourd’hui, rien n’est défini.Une hausse exponentielleDepuis juillet 2008, la comptabilité du CCIAG de 2007/2008 sert de base pour déterminer les nouveaux tarifs applicables. Résultat : pour l’exercice 2008/2009, en augmentant encore les charges prévisionnelles de l’activité chauffage, la marge est de 7.4 millions d’Euros (1 million de bonus supplémentaire). Avec ce mode de calcul, aucune embellie en vue pour 2009/2010 n’est envisageable.Face à cette situation subie, les copropriétaires vont rencontrer les élus pour leur demander d’intervenir sur cette situation inacceptable. Ils veulent récupérer le trop-perçu des trois années précédentes, obtenir une révision des tarifs de la CCIAG, obtenir une mise en transparence de la comptabilité de la CCIAG, obtenir la présence de représentants des usagers dans le conseil d’administration de la CCIAG à titre d’observateurs. J. J.

Si vous êtes « client » de la CCIAG et que cette démarche vous intéresse, contactez : [email protected] Tél. : 04 76 62 33 46

« C’est un hold-up sur les loyers HLM ! », protestaient les bailleurs sociaux de l’Isère au sujet de ce projet de loi voté fin septembre. Cette loi prévoit de prélever 2 % des loyers perçus par les organismes HLM. En Isère, cela représente 6.5 millions d’euros et pour un foyer : 80 d’euros par an. « C’est une sorte de nouvel impôt », expliquent les bailleurs, que l’État justifie au nom de la diminution des niches fiscales. En Isère, ils ne souhaitent pas que ce soient les locataires, déjà fortement touchés par la crise, qui supportent cette nouvelle taxe (en 2009, le nombre d’impayés et de retards de paiement a augmenté). L’autre solution : diminuer le rythme des nouvelles constructions et leur qualité, notamment en matière d’économie d’énergie. « Ce choix aura bien évidemment des incidences négatives sur le bâtiment et donc sur l’emploi ». « Il y a 10 ans, rappelle un bailleur, les offices HLM n’investissaient pas sur leur fonds propre. Aujourd’hui, ils consacrent déjà 10 % de leur budget aux constructions neuves. » Les plus pauvres participent donc à la construction des logements destinés au plus pauvres. Avec cette nouvelle loi, « c’est encore plus la négation du social qui se confirme » conclue tristement un bailleur.

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Les bailleurs de l’Isère

le 11 septembre, 9 ans après,un tabou dans la presse ?

À lire sur www.lesantennes.org

Page 7: Les Antennes n°17

Bien-être

Médecin généraliste, acupuncteur, et homéopathe, est-ce compatible ?

« D’abord, j’ai fait mes études de médecine, mais je n’imaginais pas qu’un jour je pratiquerai (j’étais un peu révolté contre cette société). Puis, je suis partie en voyage, j’ai rencontré des gens… Ça a été pour moi une ouverture et quand je suis revenue, je me suis mise à l’acupuncture par curiosité, je ne pensais pas en faire une activité professionnelle. Et c’est ce qui m’a fait renouer avec la médecine. Après quelques années, j’ai commencé à piquer des amis. Puis j’ai fait des remplacements et ensuite, j’ai eu envie de suivre mes patients. La médecine occidentale, tu apprends à connaître le corps en le découpant en tranches, tu as une vision segmentée de l’individu. Quand tu as à faire à des gens qui ont mal… et que tu n’as qu’à proposer des infiltrations ou des analgésiques, souvent

sans agir sur les causes du déséquilibre… tu es démuni… cela procure une insatisfaction. Cette vision très objectivante du corps humain ne permet pas de répondre aux problèmes que tu rencontres très souvent dans la pratique quotidienne. Pour les maladies organiques, lésionnelles, graves, la médecine occidentale est géniale, mais pour les maladies chroniques, fonctionnelles, pour les troubles récurrents (par exemple sinusites à répétition) qu’est-ce que la médecine occidentale a à proposer ? Elle essaie d’améliorer les symptômes, mais elle ne traite pas le fond, et bien souvent elle ne guérit pas. Pour toutes ces maladies du quotidien, elle a peu de réponse, ce que les patients expriment souvent. Pour moi, ce n’est pas un fonctionnement satisfaisant. »

Comment peut-on pratiquer une médecine alternative quand on est généraliste, formé à une compréhension très rationnelle du corps ? Un médecin de l’agglo, à la fois généraliste, acupuncteur et homéopathe, nous répond. 

« C’est très simple, notre direction constate que de plus en plus de patients font appel à ce genre de médecines, sans d’ailleurs que l’une empêche l’autre. On peut très bien prendre des antibiotiques, se préparer à une opération chirurgicale et apprécier une séance d’acupuncture. Nous avons une conception de la santé la plus large possible et notre sensibilité n’est pas d’exclure un type de soin au profit d’un autre. Ce n’est pas « fromage ou dessert » et ce choix répond simplement à une réalité socioculturelle. Nous prenons simplement en compte cette nouvelle donne, conscient qu’il est normal de suivre cette évolution quant à la santé.

L’essentiel je crois, c’est que quel que soit notre âge, nous sachions et nous puissions entretenir notre capital-santé. Et dans ce domaine il ne faut pas croire que seul compte l’aspect physique. La santé c’est aussi du psychologique et c’est aussi du lien social. C’est dans ce cadre que nous sommes très ouverts à toutes les approches de médecine alternative. Il est important que chacun puisse expérimenter d’autres approches de la santé et pour cela, nous informons en organisant des conférences (sur les plantes, la respiration, l’estime de soi, la mémoire, etc.) Ensuite, nous organisons des « ateliers ». Nous créons par exemple

Détricoter les nœuds pour enlever les tensionsla pression, on va sentir si les tissus sont durs, mous..., et selon ce que la personne peut accepter, le réflexologue va s’adapter pour agir suffisamment, mais respecter la limite de ce que peut supporter la personne qui reçoit… Le réflexologue va à la rencontre de cette tension, il entame une sorte de dialogue avec le corps. Il s’adapte à la sensibilité de la personne. C’est du sur-mesure ! »(Suite de l’article paru dans le précédent numéro.)

des groupes de parole sur le veuvage. Nous nous intéressons à des pratiques de bien-être comme le Taï-Chi, le Yoga du Rire, les massages. Les gens malades doivent percevoir qu’ils sont autre chose que la maladie et cultiver au quotidien le bien-être. Nous organisons aussi des séjours douceur conçus spécifiquement pour des personnes de plus 75 ans qui vivent une perte d’autonomie. Des bénévoles viennent apporter leur savoir-faire, c’est très riche pour tout le monde. La santé, le bien-être, c’est d’abord du lien ! »

J.M.A.

C’est au soleil, sur un des stands de Yess (comme économie sociale et solidaire de l’Y grenoblois), dans le parc Paul Mistral, que les Antennes ont croisé une responsable de l’action sociale au sein d’une mutuelle. Elle nous a expliqués pourquoi sa mutuelle remboursait, dans certains contrats, les médicaments et les prestations liés à des médecines que l’on dit douces ou alternatives. Démonstration d’une pratique d’automassage pendant la mani-

festation de YESS le 12 septembre dernier

Médecine douce remboursée ?

Monique CailletR É F L E X O L O G I E

Certifiée Fédération Française des Réflexologues

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« La réflexologie est une technique spécifique qui procède à partir du toucher, principalement des pieds (elle peut aussi se faire sur les mains, les oreilles, le visage et même la langue). Nous avons 7200 terminaisons nerveuses sous chaque pied et le travail du réflexologue consiste à stimuler des points suivant un protocole bien précis. « Quand les choses se passent bien, on le sent, explique une réflexologue que nous avons rencontrée. Sous l’effet de

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Jouez et gagnez !

Donnez votre réponse au 04 38 12 90 59 (sans oublier de laisser vos coordonnées si répondeur) avant le 25 octobre 2010.

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Passionné par la photographie depuis l’âge de 16 ans, Frédéric Abramson (Fred) a fait sa première exposition photo en terminale à Perpignan. En rupture familiale après son bac, il est allé rejoindre une « communauté » de néo-ruraux. Il a ensuite témoigné de la vie politique agricole à Paris dans le journal Terre-net en tant que pho-tographe. Dans sa galerie de photos, des hommes politiques, des nus, des danseurs, mais aussi le témoignage de cette expérience vécue dans cette communauté du massif des Corbières.

À travers une série d’images sans artifice, Fred saisit la vie. Il donne accès à un quotidien, banal, intime et ancré dans la terre. Le discours militant se meut en images. Les portraits de ces dissidents sont saisis au plus près de l’action, sur leur tracteur, dans leur étable, au cœur d’une réflexion commune, au milieu d’un potager. Les légumes au-dessus desquels se courbe un corps noueux sont destinés à nourrir la commu-nauté et les touristes.

Eugène

Photos 

Pour la fondatrice Alissa Pe-tit, qui milite pour une diffu-sion aussi large que possible des arts plastiques, « le seul dogme est la mixité des arts et des individus ». Durant cette exposition, deux moments forts sont prévus : une perfor-mance artistique du collectif Intadom lors du vernissage le 15 octobre, et une animation haute en couleur le 16 avec la conteuse bonimenteuse, boni-chanteuse, Véronique Pédrero, mais aussi les Tit Patapons (rock français) et les Defroast (Funk, Drum&Bass et Rock). Le clou peut-être de cette expo : le mixte de photogra-phies, peintures, dessins et

Voyages, voyages...

Peut-être parce qu’à l’âge de treize ans, sa mère lui a lu les poèmes que son père avait écrits juste avant de mourir, peut-être parce qu’enfant, il a reçu le pre-mier prix de récitation, Eugène s’est épris de poésie et de lettres dès ses premiers pas. À l’école, il crée avec ses camarades un journal et mène une « bataille littéraire ». Il édite ensuite son propre journal : « Le journal à Lyre », distribue ses poèmes à tout demandeur et s’essaie

L’association Artisens refuse la frontière entre artistes profession-nels et amateurs. Elle réunit sous son égide, une quinzaine d’artistes. L’exposition « Voyages, voyages » est un de ses temps fort.

Ce que les artistes nous disent sur le voyage...« On pense au voyage avec nos valises, au voyage spirituel, au voyage initiatique, au voyage imaginaire et imaginé, au voyage raté, au voyage prospecté... »Nolwenn Doitteau, Calligraphe« Le voyage est un long glissement qui va de la tête au coeur, dans un espace infini, avec pour toute boussole notre imaginaire... »Roselyne Cusset, photographe« Le trekking au Népal n’est pas le séjour au Club de Djerba. La route 66 n’est pas l’Autoroute du Sud. On ne voyage pas tous de la même façon... L’évasion est à la portée de nos âmes sans traveler chèques »Emmanuel Bertrand, photographe

Eugène aime jouer avec les mots et les lettres. Ici, il prend les poses de toutes les lettres de l’alphabet pour former « un art corps et graphique. »

À  découvrir  :  son livre objet. 13 disques découpés, fixés au milieu avec une attache parisienne. Sur chaque disque, des mots poé-tiques (130 éléments de phrase). En, tournant les disques, on crée des variations de phrases à l’infini (32 milliards).

Stage photosnumériques sur le terrain

Techniques de prise de vues

pour débutantspour débutants et confirmés

Coût : 95 euros demi-journée

180 euros journée350 euros week-end

Demi-journée à Grenoble (3H) Journée et week-end à la Grave06 14 46 67 44

Photographeprofessionnelle, grand reporterDelphine Maratierwww.stagesphotos.fr

d’un réalisme âpre et rugueux

Avec une teinte de poésie, avec un optimisme inquiet, Fred observe ces croyants, et il leur rend hommage. Notre civili-sation est indiscutablement la cible directe de l’objectif de Fred. Peut-être sera-t-elle capable un jour de faire preuve de suffi-samment de sagesse pour bâtir sur une terre vierge, une société nouvelle ?Pour Fred, « la photo n’est pas un art à part entière, mais une pra-tique artistique. Elle est d’abord un témoignage artistique d’une réalité. » Et ici, il rend compte de cette réalité, afin qu’on ne puisse plus la balayer du revers d’une amertume, en désignant l’utopie comme une erreur et un danger.

Maude Grimbert

http://fredericabramson. photoshelter.com/

ARTISTES ET CRÉATEURS D’ICI

vidéo que trois jeunes (Sarah Mazet, Gautier Corentin et Sé-bastien Brochier) ont ramené de leurs cinq mois d’escapade sauvage. Ils retracent avec bonheur ce fabuleux périple de plus de 5 000 km au cœur de l’Amérique latine, depuis Bue-nos Aires jusqu’à Lima, à tra-vers les contrées parmi les plus spectaculaires, et tout cela en immersion totale, émaillée de rencontres chaleureuses et in-tenses. R.H.

Du 16 au 24 octobre,17, rue Élie Cartan à Grenoblewww.artisens.orgwww.suramerica-dd.over-blog.com

Un artiste hors du communmême au chant (il gagne le 2e prix régional d’encouragement d’initiative jeunesse). Il passe ses samedis à lire des clas-siques (chez Larousse) et fait partie d’un club de poésie, « La Licorne de Grenoble ».Plus tard, pour gagner sa vie, il travaille dans une imprimerie, mais, atteint de saturnisme, il passe un concours administratif et entre à la CAF.Depuis, sa passion ne l’a pas lâché. Eugène n’a jamais été

publié chez un grand éditeur national. Gallimard lui a répondu « pas assez littéraire ». Il a un peu désespéré, mais sa passion a été plus forte. Aujourd’hui, il rêve d’in-frastructures surréalistes, « de phares dans les rues pour éclai-rer la nuit, en cas de catastrophe ; de parois réfléchissantes sur les murs pour rendre la nuit plus claire ; de passerelles entre les grands immeubles pour circuler en hauteur… » Par-dessus tout, Eugène Delmastro aime faire partager sa passion. Il a transformé son entrée en salle d’exposition. Sur invitation, si vous lui rendez visite, il sera le plus heureux.A.B.J.www.eugenedelmastro.com04 76 54 25 23

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Il n’y a pas assez de jardins, par rapport à une demande croissante. Et les enjeux écologiques, sociaux et nourriciers sont réels.Si vous avez connaissance d’un ter-rain en friche, contactez la jeune association Brin d’Grelinette :http://brindgre.orgtél. 04 38 21 05 11

Pas assezde jardins urbains !

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  Recevez « Les Antennes » chez vous pour 1e le numéro. La demande se fait pour 5 numéros.Merci de remplir ce bulletin et de nous le retourner avec un chèque de 5 euros pour participation aux frais d’envoi, à l’association Composite, 1, rue Montorge, 38000 Grenoble.

Nom Prénom

Adresse

Tél. Mail

(Veuillez libeller votre chèque à l’ordre de l’association Composite)

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DIVERS

Campesina isla del sol

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En Italie, entre les deux guerres, la pauvreté est un phénomène qui n’épargne aucune famille, notam-ment dans le sud. Le chômage s’accentue, le seul moyen de sur-vivre est de travailler au noir. À 20 ans, Pietro est un homme motivé et plein d’ambition. Il veut sortir sa famille de la misère et gagner sa vie. Il trouve alors un travail auprès d’une famille aisée. Il s’occupe de l’entretien de la mai-son jour et nuit. Dans les années 50, Pietro et Hyppolita se marient et partent en voyage de noces à Grenoble chez le  frère  de  Pietro qui y est déjà installé depuis 5 ans. Ce voyage changera leur vie. Son frère peut lui trouver un emploi en ville car le manque de main-d’œuvre ici se fait assez ressentir. Grâce à cet emploi, Pietro a une chance de pouvoir offrir à sa famille la vie dont elle rêve. Retour à Corato, son frère fait une demande auprès du Centre des immigrants de Grenoble afin de pouvoir le faire venir légalement en France. Pietro quitte le sud en train, première escale à Milan. Pour toutes les personnes qui veulent passer la frontière, les valises sont fouillées, les immigrants sont auscultés par un médecin. En cas de maladie le passeport pour la France n’est pas délivré. Pietro arrive à Grenoble le 26 octobre 1952 et commence le travail dans une entreprise de maçonnerie le 27 du mois. Ce qui le marque, c’est que le premier novembre, on fête la Toussaint ; personne ne travaille mais tout

Ses cimes ne sont-elles pas assez belles ? Le Vercors et la Chartreuse n’ont pas attendu 2010 pour pen-ser à cette écologique solution. Un parc, c’est quand même l’as-surance que l’on va préserver au moins une grande partie de la faune et de la flore d’un massif.Alors, je vous le demande, qui peut  bien  s’opposer  à  cette démarche ? Les chasseurs ? Les directeurs de stations de ski, les rois de l’or blanc ? Y aurait-il du business là-dessous, encore des dollars, des euros et des grands discours de bluff ?Il faut faire quelque chose... Habitants de Belledonne, amou-reux de la nature, passionnés de montagne, unissons-nous, pro-tégeons nos espaces vierges, nos quelques chamois, bouquetins et marmottes, venons les admirer !Dans le massif des Écrins, on voit des chamois à tous les détours des chemins, ils ne se sauvent pas, on peut les admirer. En Belledonne, seuls les chasseurs

ont ce privilège, et oui, les cha-mois le savent... l’homme n’est pas toujours pacifique, donc ils se cachent.Je suis pour la création d’un parc régional ou national ou naturel, enfin peu importe le nom, pourvu qu’il permette à ce massif de res-ter encore pour quelques siècles un trésor de sommets enneigés (sans téléskis...), un refuge pour notre faune et flore sauvages.Il faut AGIR, il est grand temps.Pouvons-nous laisser à nos enfants seulement un ramassis de canons à neige, de télécabineset forêts rases pour piste de skis... Non, ce n’est pas seule-ment cela Belledonne, mais bien aussi sources, eau pure, fleurs et sapins...Je ne vois qu’un Nicolas Hulot ou un José Bové pour nous sortir de là, sortir de ce silence et pour répondre à cette question : qui veut acheter Belledonne ?Une femme qui vit et travaille en Belledonne.

Qui veut acheter Belledonne ?Pourquoi notre massif de Belledonne, symbole des cimes de Grenoble, en photo sur tous les dépliants de notre ville, n’arrive pas à obtenir une petite protection de son environnement ?

Pietro De Palo est né en 1927 à Ruvo di puglia un village près de Corato. Un jour il m’a raconté sa venue en France et j’ai eu envie de faire connaître son histoire.

le monde est payé. En Italie cela n’existe pas.Il trouve un appartement, son salaire mensuel s’élève à 800 francs au lieu de 12 francs en Italie. Au bout d’un an sa vie com-mence à se stabiliser. Sa femme le rejoint à Grenoble. Il exerce deux professions : la journée maçon et la nuit, il travaille dans les fours d’une autre entreprise. Ceci, jusqu’au jour où il se blesse grave-ment sur le chantier. Son handicap ne lui permet plus de travailler. Mais que faire quand on a une famille à nourrir ? L’assurance maladie ne lui donne aucune aide financière car, selon eux, Pietro était déjà malade quand il est venu en France. Heureusement sa femme trouve un travail en tant que femme de ménage. Grâce à son petit salaire, la famille réus-sit à maintenir un niveau de vie raisonnable. Aujourd’hui mon grand-père a 83 ans et vit toujours à Grenoble. Si on lui demande de retourner en Italie, il répond : « quitter ma famille a été un sacrifice néces-saire bien que douloureux. Je ne regrette pas la vie que j’ai eue en France, mes enfants ont pu s’épa-nouir et vivre une vie décente ». Audrey Girardiimprimerie Notre

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Histoire  d’un immigrant

Le grand-père d’Audrey