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LE FOND DOCUMENTAIRE
Ce petit document dit « fond documentaire » est organisé en deux parties.
La première est consacrée aux moyens méthodologiques à mettre en œuvre pour vous
permettre de confectionner votre fond documentaire personnel.
La seconde présente un exemple de fiche dont l’objet est de présenter de façon synthétique un
thème qui fait nécessairement partie de tout fond documentaire digne de ce nom.
Méthode de confection et d’exploitation du fond documentaire
La confection de votre fond documentaire, véritable boîte à outils de l’épreuve de culture
générale, s’échelonnera sur plusieurs mois. C’est un travail au long cours qui suppose de votre part,
au préalable, d’avoir compris quels en sont les impératifs fondamentaux (I). Sa confection (III)
débutera par la collecte des informations qui en feront la substance (II), lesquelles seront exploitées
de façon systématique en préparation du jour de l’épreuve (IV).
I. Les impératifs fondamentaux
Trois impératifs vont s’imposer à vous dans les prochains mois de préparation. Le premier est
relatif à la gestion du temps. Une des clefs de votre succès, tant pour la préparation que pour
l’épreuve-même le jour J, réside dans une gestion maîtrisée du temps (A). Le deuxième impératif
est la gestion de votre espace. Souvent négligé, il est malheureusement facteur de perte de temps
(B). Enfin troisième impératif, probablement le plus important : la production d’un travail de
qualité; qui ne se mesure pas au temps passé sur votre préparation, mais au caractère exploitable de
votre fond documentaire (C).
A. La gestion du temps
Avant de vous lancer dans la préparation, prenez le temps de réfléchir à la gestion de
votre emploi du temps. La culture générale n’est pas la seule épreuve de votre concours, vous
serez tenu de vous consacrer aux autres matières. Alors posez-vous la question suivante :
« Combien de temps puis-je affecter à la préparation de la culture générale ? ». De la réponse
à cette question dépend l’organisation de votre travail.
Tout d’abord, une première remarque s’impose : ne perdez pas de temps. Commencez
votre préparation le plus tôt possible. Rappelez-vous La Fontaine : « Rien ne sert de courir, il
faut partir à point ». Vous entrez dans une période pendant laquelle vous êtes un coureur de
fond. Il faut trouver très rapidement un rythme de travail comme le coureur va chercher à
rythmer sa foulée. Ce rythme doit être tenu pendant toute la durée de la préparation. Prévoyez
des temps de respiration pendant lesquels votre travail sera moins soutenu. Cette course de
fond se finira par un sprint qui vous mobilisera le dernier mois avant le concours. Le rythme
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idéal est de consacrer à la culture générale environ une heure à une heure et demi par jour sur
sept jours. Bien sûr, ce temps est indicatif et ne doit pas être pris au sens formel, comme nous
le verrons un peu plus tard.
Ensuite, réfléchissez à un programme de travail. Il organisera le temps consacré à la
culture générale. Prévoyez, par exemple, de traiter un nouveau thème tous les trois jours.
Ecrivez-le et prenez un engagement vis-à-vis de vous-même. Soyez souple et ferme à la fois.
Fixez-vous des objectifs (tel thème sera traité au plus tard pour telle date) et laissez-vous de la
marge dans les moyens pour les atteindre (la collecte est parfois tributaire de la chance ou du
hasard des lectures).
Prenez conscience du fait qu’il y a un certain plaisir intellectuel à préparer cette
épreuve. Elle vous oblige à vous ouvrir au monde et à essayer de le comprendre, à saisir le
sens des évolutions en cours. Chaque activité de la journée peut être utile à enrichir votre fond
documentaire et pourra être imputée sur le temps de préparation. Une sortie au cinéma, au
théâtre ou au concert est un moment où, tout en vous distrayant, vous pourrez collecter des
informations qui vous seront utiles pour vous enrichir. Votre esprit doit être en éveil
permanent, soyez à l’affût de tout, systématisez cette attitude réceptive. Toute votre vie,
personnelle et professionnelle, peut être une source d’informations exploitables.
Enfin, réservez-vous une période de la journée ou de la semaine pendant laquelle vous
exploiterez les informations que vous aurez collectées et notées. Cette période sera passée
devant votre bureau à confectionner votre fond documentaire (voir II B ci-dessous).
Pour cela, vous aurez eu le souci d’organiser votre espace.
B. La gestion de l’espace
Les conditions matérielles sont essentielles; pourtant, elles sont souvent négligées par
les candidats. Ayez dans votre appartement un endroit réservé à votre préparation. Il s’agit
d’une évidence. Malheureusement, l’expérience prouve que de nombreux candidats perdent
un temps précieux tout simplement par manque d’organisation de l’espace. Ce conseil est
valable pour toutes les épreuves du concours.
Dans l’endroit ainsi déterminé (votre bureau par exemple), vous stockerez votre fond
documentaire de culture générale constitué d’un certain nombre de dossiers. Pour chaque
thème traité, un dossier rassemblera de façon synthétique les définitions, informations et
références utiles au thème (voir II A ci-dessous).
La confection de ce fond suppose de votre part la production d’un travail de qualité.
C. La production d’un travail de qualité
Travailler beaucoup n’est pas nécessairement synonyme de travail de qualité. Méfiez-
vous des réflexes de l’écureuil : stocker une masse de documents. Dans le contexte de votre
préparation, la photocopieuse ou le scanner est le meilleur ami comme le pire ennemi. Il ne
sert à rien de photocopier l’ensemble d’un ouvrage, d’un article ou d’une fiche de synthèse
sans travail d’appropriation. Passer des heures devant la photocopieuse ou Internet vous
rassurera peut être, mais sera totalement inefficace le jour de l’épreuve.
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Pour être efficace, votre travail de préparation, qui s’appuiera sur le programme de
travail que vous aurez eu le souci d’établir au tout début de la préparation, sera organisé en
deux temps.
Un premier temps sera consacré à la collecte des informations. Dans un deuxième
temps, à partir des informations collectées, vous vous attacherez à la confection de votre fond
documentaire.
II. La collecte des informations
La collecte d’informations, pour être efficace, doit s’appuyer sur une grille de lecture. Votre
grille de lecture sera constituée par des thèmes (pour le choix des thèmes voir V A ci-dessous). A
chaque fois que vous collectez une information que vous considérez comme intéressante ou
importante, demandez-vous pour quel thème elle est pertinente. Si aucun thème ne semble pouvoir
l’accueillir alors qu’elle vous paraît importante malgré tout, constituez un nouveau dossier
thématique.
Pour que votre collecte soit fructueuse, il y a lieu de se demander quelles sont les sources à
exploiter (A), puis comment les traiter (B).
A. Identification des sources d’informations
Par définition, vos sources d’informations sont multiples et variées. Bien évidemment,
une place de choix sera laissée aux informations écrites. A ce sujet, on ne peut que conseiller
de suivre un petit stage de lecture rapide ou au moins d’acquérir un ouvrage qui traite du
sujet. Ce type de méthode vous apprendra à lire de façon rapide et efficace des documents et à
repérer dans un texte les informations qui vous intéressent. Si l’écrit est important dans la
collecte d’informations, d’autres sources peuvent bien sûr être exploitées.
Les sources d’information peuvent être regroupées en sept catégories :
1. La première catégorie est constituée par tous les documents, cours et séminaires
qui vous sont proposés dans le cadre de votre préparation
Ces informations ont l’avantage d’être parfaitement adaptées à l’épreuve de
culture générale de votre concours. Bien entendu, il va sans dire que les différents
thèmes traités pendant les cours ou TD sont autant de documents qui ont été élaborés
pour vous aider à confectionner vos dossiers. En outre, toutes les connaissances que
vous êtes tenus d’acquérir pour les matières techniques du concours sont autant de
sources à exploiter. Bien entendu, elles seront utilisées dans l’optique spécifique de la
culture générale.
2. Une deuxième catégorie est constituée par la presse quotidienne
La lecture du « Monde » chaque jour est indispensable. Si vraiment ce quotidien
vous semble définitivement rébarbatif, reportez-vous sur « Libération » ou le « Figaro ».
Préférez toutefois le premier. N’hésitez pas à exploiter les publications annexes comme
« Les Dossiers et Documents du Monde » ainsi que le cd-rom du quotidien. Cette lecture
est indispensable pour être au fait de l’actualité, mais aussi des débats qui agitent la
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société française et internationale. Mais prenez garde de ne pas perdre trop de temps lors
de la lecture de votre quotidien. Privilégiez les articles de fond aux articles factuels. « Le
Monde » propose régulièrement des dossiers sur un thème d’actualité. La lecture d’un
article doit se faire le crayon à la main pour noter les informations utiles. Il est rare de
trouver un article qui mérite d’être photocopié et de figurer tel quel dans vos dossiers.
3. La troisième catégorie regroupe les revues
Parcourez régulièrement, sans forcément les lire, les revues telles que « Le
Débat », « Commentaire », « La Revue des Deux Mondes », « Esprit »…Leurs
sommaires vous donneront une idée des problématiques actuelles. N’oubliez pas, elles
constituent des sources inépuisables de sujets de concours.
4. Portez une attention particulière aux ouvrages de synthèse
Toutes les collections de type « Que sais-je », les différents ouvrages comme la
collection « Repères » éditée aux éditions La Découverte, la collection « Mise au Point »
édité par Ellipses sont une autre source facilement exploitable. Les éditions de La
Documentation Française sont riches de ce type de collections : « Problèmes politiques
et sociaux », « Les Cahiers Français » ou « Les documents d’Etudes ». Tous ces
ouvrages ou collections peuvent vous faire gagner un temps précieux. Ils font, de façon
synthétique, le point sur un sujet et vous donnent des clefs de compréhension des
problématiques en œuvre. Ces collections sont de véritables mines d’informations.
5. Les encyclopédies sont également une source possible, bien que difficile à manier
Je suis un adepte de « Encyclopaedia Universalis »; d’autres éditions existent sur
le marché. Attention cependant à ne pas vous laisser noyer par la masse d’informations
qu’elles contiennent. Il faut, pour utiliser cette source d’information, faire un gros effort
de résumé et de synthèse des articles que vous y trouverez. Ne négligez pas les formes
électroniques de ces encyclopédies. Ainsi le dernier cd-rom de « Encyclopaedia
Universalis » représente un excellent outil, avec la contrainte d’un travail de synthèse.
6. La catégorie des informations audiovisuelles ou les Web est également une source
intéressante
Les sources classiques, bien sûr, comme le cinéma, certaines émissions de
télévision (« Envoyé spécial » sur F2, «Théma » sur Arte), mais aussi celles plus
modernes comme Internet sont autant de gisements inépuisables d’informations.
Attention cependant, pour le Web, le risque est grand de perdre du temps : maîtriser
parfaitement un ou plusieurs moteurs de recherche est une condition sine qua non de
succès. Sinon, évitez cet outil impérativement, il est extrêmement chronophage. De plus
recouper toujours les informations, beaucoup de bêtises circulent sur la toile. .
7. Enfin votre vie quotidienne, vos activités professionnelles, culturelles ou autres ne
sont pas des sources à négliger
En effet, votre vie personnelle, culturelle et professionnelle est autant de sujets de
réflexion.
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L’ensemble de ces informations ainsi collectées sera traité pour être facilement
exploitable au moment des révisions.
B. Le traitement de l’information
C’est une phase essentielle de votre travail. Aucune information ne doit être intégrée
dans vos dossiers sans avoir été, au préalable, traitée. En mettant l’accent dans un deuxième
temps sur certaines erreurs à éviter (2), on se concentrera d’abord sur les caractéristiques d’un
bon traitement de l’information (1).
1. Les caractéristiques d’un bon traitement de l’information
Tout d’abord, lisez les documents que vous sélectionnez pour vos dossiers. C’est
une évidence, mais de nombreux candidats se contentent de les stocker sans vraiment
les lire. S’il s’agit d’un document suffisamment synthétique et exploitable pour être
intégré à votre fond, n’hésitez pas à utiliser le surligneur pour mettre en évidence les
points importants.
Ensuite, familiarisez-vous avec la prise de notes. Lorsque vous lisez un article du
« Monde », d’une revue ou d’un manuel, faites-le un crayon à la main. Par exemple,
dans un article de journal, il est rare de trouver plus de deux ou trois idées exploitables.
Ces idées doivent être notées. Le reste (les effets de style, « la mayonnaise » dont tout
article est constitué) sera oublié et éliminé. Cette réécriture vous assure une bonne
mémorisation et favorise l’appropriation de l’idée ou de l’exemple.
Enfin, évertuez-vous à vous constituer toute une série de mots clefs qui vous
rappelleront un ensemble d’informations. Ces mots clefs vous facilitent le travail de
traitement et améliorent votre productivité. Dans tous les cas, aucune information ne
doit figurer dans votre dossier sans avoir, au préalable, été traitée.
Le traitement des informations que vous aurez collectées sera effectué de façon
régulière. Votre emploi du temps doit prévoir des plages pendant lesquelles vous ferez
ce travail. L’idéal est de programmer deux séances de travail par semaine. L’une en
milieu de semaine, l’autre en début ou en fin de semaine (par exemple le samedi et le
mercredi). Une séance par semaine est un minimum.
Certaines erreurs sont à éviter.
2. Les erreurs à éviter
Une des premières erreurs à éviter est l’utilisation de documents longs et
complexes. Ces documents ne sont pas exploitables. Le fait de les conserver dans vos
dossiers ne vous apportera aucune plus-value.
Evitez également de vous constituer des dossiers trop épais. Un dossier
thématique opérationnel ne contient que dix à quinze pages au maximum. Ce qui vous
fait tout de même, pour un fond documentaire contenant cinquante dossiers
thématiques, de 500 à 750 pages de documents. Il sera très difficile d’aller au-delà.
Ces deux erreurs seront facilement évitées si vous ne tombez pas dans l’illusion
déjà évoquée de la photocopieuse, du scanne à tous prix ou du téléchargement à tout va.
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Enfin, une dernière erreur consiste à classer dans vos dossiers des documents non
traités au préalable. Ne commettez jamais cette erreur. Si vous ne pouvez traiter une
information, quelle qu’en soit la raison, gardez-là de coté et remettez ce travail à plus
tard. Ne la classez pas dans votre dossier en vous disant que vous la traiterez plus tard.
Ce comportement deviendra très vite habituel et obérera le caractère opérationnel de
votre fond.
Il est temps maintenant d’aborder de façon concrète la réalisation de votre fond
documentaire.
III. La confection de votre fond documentaire
La confection de votre fond documentaire est la clef de voûte de votre préparation à l’épreuve
de culture générale. Il vous permet de disposer d’un outil qui structure la masse d’informations que
vous devrez traiter. Le jour de l’épreuve, vous disposerez d’une véritable boite à outils facile
d’utilisation et très efficace.
Ce fond documentaire sera organisé de façon thématique (A). On détaillera ensuite le contenu
d’un dossier thématique-type (B).
A. Le principe mis en œuvre : l’approche thématique
L’approche thématique, pour la préparation de l’épreuve de culture générale, n’est pas
évidente a priori. Elle recèle un caractère artificiel dans la mesure où le choix du thème est
toujours discutable. De plus, le classement d’une information dans un thème plutôt que dans
un autre est souvent un exercice difficile, à la limite de l’arbitraire surtout lorsque
l’information se situe à la marge de l’un ou de l’autre desdits thèmes.
Pourtant les inconvénients de l’approche thématique peuvent, à la réflexion, présenter
un avantage décisif pour la préparation de l’épreuve de culture générale. Le choix des thèmes
suppose au préalable un travail personnel de réflexion. Qu’est-ce qu’un thème pertinent ?
Comment l’identifier ? Quelles sont les limites à lui fixer ? Quel type de thèmes choisir ? Il
n’y a pas de réponse univoque à toutes ces questions.
Cependant, il est possible d’identifier trois caractéristiques auxquelles le thème choisi
répondra nécessairement pour être pertinent : il doit être suffisamment large (1), ouvert (2) et
retracer les problématiques actuelles ou incontournables (3). Quelques exemples vous
permettront d’amorcer votre réflexion (4).
1. Etre large
Il sera suffisamment large. Il rassemblera toute une série de sous-thèmes qui le
nourriront. Un thème trop étroit deviendra très vite sec et ne pourra être utilisé de façon
efficace pour la recherche de l’information. Par exemple, un thème sur « le mariage »
apparaît trop étroit. En effet, s’il peut s’agir d’un thème à part entière pour la
préparation d’une épreuve de droit civil, il est inadapté à l’épreuve de culture générale.
Le mariage n’est qu’une des formes, aujourd’hui nombreuses, de constitution de la
cellule familiale de base. C’est pourquoi un thème plus adapté serait « la famille ». Le
mariage en est une des thématiques, mais l’union libre, le PACS ou la recomposition
après divorce sont autant de sujets qui donnent de la richesse au thème de la famille.
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Une précision s’impose : il n’est pas nécessaire que le thème choisi se résume en
un seul mot; il peut être l’association de plusieurs notions comme par exemple
« démocratie et citoyenneté ». Les relations entre les notions seront la complémentarité,
l’opposition...
2. Etre ouvert
Le thème doit être suffisamment ouvert à des enjeux connexes et autoriser des
liaisons aisées avec d’autres thèmes. Ainsi, pour reprendre le thème de « la famille »,
celui-ci non seulement permet d’avoir une vision des problématiques liées à la cellule
familiale, mais donne également une ouverture vis-à-vis des thèmes comme les
politiques publiques qui ont des effets sur la famille, le rôle de cette dernière dans les
problèmes de violence juvénile ou de tensions dans les banlieues. Ce travail de liaison
entre les thèmes est un des plus profitables. Il vous entraîne à exercer une réflexion
personnelle sur les thèmes.
3. Refléter les problématiques actuelles ou incontournables en utilisant le
prisme du concours que vous préparé.
Le thème retracera des problématiques actuelles ou incontournables. En fait, il
s’agit des thèmes que doit maîtriser « l’honnête homme du XXIème siècle » et qui sont
a fortiori indispensables au haut fonctionnaire territorial que vous aspirez à devenir. Les
thèmes seront en phase avec l’actualité. Si vous n’échapperez pas à une réflexion
traitant, par exemple, de la mondialisation, il faudra également évoquer les thèmes
incontournables comme « démocratie et citoyenneté ».
4. Quelques exemples de thèmes
Pour vous aider dans le choix de vos thèmes, une liste vous est proposée ci-
dessous. Toutefois, elle n’est pas exhaustive.
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Argent
Art
Civilisation
Corps / Moi
Culture
Citoyenneté / Démocratie
Crimes contre l’Humanité / Totalitarisme
Education
Ecologie
Economie
Egalité / Inégalité / Equité
Elite / Sélection
Etat / modernisation
Europe (L’idée de l’)
Famille
Femme
Francophonie
Guerre
Histoire / Mémoire
Humanité
Idéologie
Identité / Minorité
Immigration
Individu / Individualisme
Intellectuel / Engagement
Informatique / Internet
Jeunesse / Enfance
Justice
Justice internationale
Justice / Prison / Peine
Langues / Francophonie
Liberté / Libéralisme
Médias
Modernité / Post modernité
Mondialisation
Morale / Valeurs
Mythe / Utopie
Nation / Nationalisme / Patrie
ONU *
Organisations internationales
Pauvreté / Exclusion / Marginalité
Philosophie
Politique / Partis
Pouvoir / Responsabilité
Progrès
Racisme
Religion / laïcité
République
Retraite
Risques et principe de précaution
Sciences / éthique
Sport
Société de consommation / Publicité
Solidarité
Syndicats / Associations
Travail / Loisirs
Terrorisme
Urbanisme
Vieillesse / Mort
Ville
Violence
…….
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Le choix des thèmes est forcément critiquable et doit être critiqué. Faites ce travail
critique. Il vous obligera à réfléchir à la pertinence des choix opérés en fonction de votre
propre sensibilité et du concours que vous préparez..
Une fois que vous aurez choisi votre liste de thèmes – liste qui doit être évolutive
tout au long de la préparation – vous constituerez pour chaque thème un dossier.
Le contenu de ce dossier est fondamental pour disposer d’un outil de travail
performant.
B. Le contenu d’un dossier type du fond documentaire
En pratique, chaque dossier doit être confectionné sous forme de chemise. Cette
chemise rassemblera impérativement et au minimum la définition des notions et des termes
clefs du thème (1), quelques rappels historiques (2), une ou plusieurs fiches de synthèse (3),
une ou plusieurs références (4) et éventuellement, en fonction de l’objet du thème, quelques
éléments chiffrés (5).
1. La définition des notions et des termes- clefs du thème
Ce travail de définition est important, car il vous permettra au moment de l’épreuve
d’économiser beaucoup de temps. En effet, au moment d’aborder un sujet, vous devrez
avoir le réflexe de définir les termes clefs. Effectuer ce travail tout au long de la
préparation vous donnera une habitude de cet exercice qui n’est pas toujours, loin s’en
faut, aussi évident qu’il n’y paraît.
Méfiez-vous des simplifications abusives et ayez toujours à porté de mains un bon
dictionnaire. Car définir un terme comme « culture » par exemple n’est pas aisé.
Plusieurs approches sont possibles. Il faut tenter de poser correctement les termes de la
définition, surtout si plusieurs sens sont possibles.
Pour des exemples de définitions, reportez-vous aux thèmes traités.
2. Quelques rappels historiques
Il ne s’agit pas de faire un travail historique complet, mais de rappeler les grands
événements qui ont marqué le thème que vous traitez. C’est indispensable. On ne peut
comprendre les évolutions contemporaines sans une dose d’histoire.
N’oubliez pas que le correcteur, le jour de l’épreuve, attend de vous la capacité de
replacer le sujet dans son contexte historique. Les correcteurs reprochent souvent aux
candidats leur faible faculté de se situer dans le temps.
3. Plusieurs fiches de synthèse
Ces fiches explicitent les différentes problématiques liées aux thèmes ou qui
exposent un point saillant. Attachez-vous à rédiger des fiches qui reprennent les faits et
chiffres nécessaires à la compréhension du thème, qui traitent des notions fondamentales
et qui présentent les évolutions en cours.
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Ces fiches devront être facilement exploitables. En aucune façon, le dossier ne doit
contenir des documents qui n’ont pas été au préalable traités par vous. Vous devez vous
approprier ces fiches.
De même, ces fiches sont autant d’occasions pour réaliser des plans détaillés; ce qui
sera un entraînement à l’épreuve proprement dite.
4. Plusieurs références bibliographiques ou artistiques
Les références sont des ouvrages littéraires, les œuvres artistiques au sens large,
qui, le jour de l’épreuve, seront utilisées dans votre copie pour montrer au correcteur que
vous êtes ouvert sur le monde et que vous savez exploiter ce que des grands auteurs ont
écrit en vous appuyant sur ce qu’ils ont exprimé sur le sujet en question pour étayer vos
arguments. Ces références seront très variées.
Certaines sont incontournables comme celles constituées par les grands mythes de
la culture occidentale tels Antigone, Faust, Don Quichotte...ou celles qui convoquent les
grands auteurs français ou étrangers, d’hier et d’aujourd’hui. Ainsi n’hésitez pas à
exploiter les classiques que vous aurez forcément rencontrés pendant vos études
secondaires (Rousseau, Flaubert, Hugo…). N’oubliez pas les textes qui ont fait date : la
Déclaration des Droits de l'Homme par exemple.
D’autres références peuvent être constituées par les œuvres cinématographiques, la
peinture ou la sculpture.
L’efficacité commande de choisir des références susceptibles d’être utilisées dans
plusieurs thèmes. Cependant, elles doivent impérativement illustrer le thème de façon
pertinente. Méfiez-vous des contresens dans l’utilisation de références mal maîtrisées.
5. Éventuellement des éléments chiffrés
Certains thèmes doivent être illustrés par des chiffres. La palette est très large. Ce
sont des chiffres émanant de statistiques la plupart du temps qui marquent l’évolution
quantitative du thème étudié. Pour un thème comme « démographie », par exemple, vous
ne pouvez faire l’économie de quelques statistiques.
IV. L’exploitation du fond documentaire avant le concours
Votre fond documentaire ne sera pas une simple boite de stockage, mais un outil qui va vivre et
évoluer tout au long de la préparation à l’épreuve de culture générale. Vous ne devez pas passer une
semaine sans avoir enrichi votre fond à partir des informations collectées. Les moments où vous
travaillerez sur votre fond et qui vous permettront de vous approprier et de maîtriser vos
connaissances doivent être prévus dans votre emploi du temps; c’est un impératif.
Un mois avant la date du concours, l’exploitation de votre fond documentaire deviendra la
priorité. Le but est de mémoriser le maximum d’informations contenues dans vos dossiers. Il ne
s’agit pas de bachoter, mais de vous imprégner de toutes les problématiques que vous aurez
développées dans votre fond documentaire tout au long de la préparation. En outre, apprenez par
cœur les citations extraites des œuvres que vous aurez choisies en références. Elles pourront vous
servir en phrase d’accroche pour une introduction bien « balancée » ou pour illustrer les
développements de votre dissertation.
Pendant ce mois de sprint final, astreignez-vous à lire vos dossiers pendant une heure chaque
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jour. Rattachez tout ce que vous aurez classé dans vos fiches à l’actualité immédiate en essayant
d’analyser les événements dont vous êtes le spectateur (ou l’acteur).
Faites systématiquement un travail de mise en perspective historique de ces événements. Cet
exercice vous entraîne à utiliser votre fond documentaire comme une boite à outils, faculté qui vous
sera très utile le jour du concours.
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CULTURE
Définitions
Définir le terme « culture » est un exercice qui semble voué à l’échec tant le mot contient des
conceptions différentes, parfois contradictoires. KROEBER et KLUCKHOHN ont, en 1952, dressé
l’inventaire des multiples manières d’utiliser le terme « culture » depuis le XVIIIe siècle, au cours
duquel il a commencé à être appliqué aux sociétés humaines. A partir de cet inventaire, Jean Pierre
MARTINON déduit deux types de définitions possibles : une définition restreinte, qui utilise le terme
de culture pour la description de l’organisation symbolique d’un groupe, de la transmission de cette
organisation et de l’ensemble des valeurs étayant la représentation que le groupe se fait de lui-même,
de ses rapports avec les autres groupes et de ses rapports avec l’univers naturel; une définition plus
large utilise le terme de culture aussi bien pour décrire les coutumes, les croyances, la langue, les
idées, les goûts esthétiques et la connaissance technique que l’organisation de l’environnement total
de l’homme, c’est-à-dire la culture matérielle, les outils, l’habitat et plus généralement tout
l’ensemble technologique transmissible régulant les rapports et les comportements d’un groupe social
avec l’environnement. En rester là serait nécessairement partiel. La culture est aussi un concept plus
universel encore, qui décrit la volonté de s’élever et de travailler son âme, de cultiver ses idées;
développée à son terme, cette culture des idées devient la philosophie, ce qui fait dire à CICERON :
« Cultura animi philosphia est » (la philosophie est la culture de l’âme). Cette approche trouve son
apogée au siècle des Lumières, où les efforts de la raison sont tendus vers la définition d’une
conception unique de la culture, qu’elle soit scientifique ou littéraire. Ainsi l’Homme, dans la
diversité de ses usages et de ses modes de vie, serait un et la culture une ouverture sur l’autre. La
culture permettrait de distinguer la spécificité de l’humanité dans sa diversité à celle de l’état de
nature, de l’animalité brute. Pourtant, la culture apparaît également dans son sens traditionnel comme
le legs de certaines œuvres qui constituent une sorte de système de références obligées (Racine,
Corneille, Shakespeare, Beethoven, Léonard de Vinci…) que doit maîtriser tout individu dit cultivé.
Dans ce sens, la culture est perçue comme un moyen de sélection et un instrument de reconnaissance.
Elle devient alors le privilège d’une classe sociale. Finalement, la définition de la culture reste un
débat qui n’est pas près de s’achever. D’autant plus qu’aujourd’hui une conception unifiée de la
culture semble s’éloigner un peu plus encore. En effet, la culture est perçue comme mouvante
puisqu’elle recouvre pour certains toute production humaine. En bref, tout est culturel : cette vision
domine dans le milieu des sciences sociales. De même, au nom d’une revendication différentielle,
souvent nationale (voire régionale), une culture pour tous les hommes est rejetée pour une affirmation
d’une pluralité des cultures. Enfin, de nouveaux concepts ont vu le jour telle la culture de masse qui
s’attache au mode de transmission culturelle.
Notions en rapport :
C’est aux Etats-Unis qu’ont été créés les néologismes de « mass media » – terme qui englobe la
grande presse, le cinéma, la radio, la télévision – et de « mass culture » traduit par « culture de
masse » – qui embrasse la culture produite, jouée et diffusée par les mass media. Ce rapprochement
de deux notions extrêmement équivoques, « culture » et « masse », ne peut se soustraire aux
contradictions que rencontre le terme « culture ». Cependant, pour définir la culture de masse, on
peut retenir celle proposée par Edgard MORIN dans son article consacré à cette notion dans
l’Encyclopaedia Universalis : « Entendons ici la culture de masse comme une culture produite en
fonction de sa diffusion massive et tendant à s’adresser à une masse humaine, c’est-à-dire à un
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agglomérat d’individus considérés en-dehors de leur appartenance professionnelle ou sociale ».
Ainsi, ce type de culture est entièrement déterminé par le support qui la véhicule. En fait, c’est au
cours de la première moitié du XXème siècle, et singulièrement à partir des années trente, avec
l’entrée dans le champ de préoccupations des grandes firmes qui les utilisent, de la classe politique,
de l’intelligentsia, de larges secteurs de l’opinion publique des mass media que la culture de masse
s’est développée. Très rapidement, dès la première décennie de l’après guerre, l’intelligentsia ressent
très fortement le fait que ce type de culture dont la caractéristique est la diffusion de masse peut être à
la fois une menace contre ses valeurs artistiques et intellectuelles et une source d’abêtissement ou
d’aliénation pour les populations qui la subissent. Si la culture de masse est devenue un objet
d’études, les intellectuels, dans les années d’après guerre, aux Etats-Unis comme en Europe, tendent
à voir dans la culture de masse une pseudo-culture, un « kitsch », du toc. Certains adoptent un mépris
hautain pour la « barbarie » de cette prétendue culture, la vulgarité plébéienne, la marchandise de
série et de grande consommation; d’autres voient dans la culture de masse l’instrument fondamental
de l’asservissement, de l’aliénation, de la manipulation du peuple. Cette opposition à la culture de
masse se retrouve paradoxalement dans tout le champ politique, de l’extrême droite à l’extrême
gauche.
Éléments chiffrés
Quelques chiffres sur les pratiques culturelles des Français
(Source : ministère des affaires étrangères)
Les Français consacrent environ 6 heures par jour à la télévision, à la radio et à la presse. Ils
regardent la télévision pendant 3 h 20, écoutent la radio pendant 2h et lisent les journaux durant 37
minutes.
La télévision, bien qu’étant le média le plus pratiqué, est à la fois moyen d'information et
véhicule culturel; elle a vu son audience diminuer ces dernières années. Cette baisse, qui peut paraître
contradictoire à un moment où le nombre de chaînes diffusées par satellite ou par câble ne cesse de
s'accroître, s'explique par un certain désintérêt des téléspectateurs pour les programmes présentés. Un
Français sur deux n'est plus satisfait par la télévision.
La radio demeure un média très utilisé, malgré la concurrence de la télévision. Les Français
l'écoutent chez eux (64%), mais aussi en voiture (17%), sur leur lieu de travail (16%) ou dans les
magasins. Ils possèdent en moyenne 6 postes (radio-cassette, radio-réveil, tuner, autoradio...).
Concernant la presse écrite, les Français lisent 7 millions de quotidiens nationaux par semaine
et 18 millions de quotidiens régionaux. Il est à noter que ces chiffres sont très inférieurs à ceux de la
plupart des grands pays industrialisés. En effet, 20 quotidiens pour 1 000 personnes se vendent en
France, soit deux fois moins qu'au Royaume-Uni, mais également qu'en Allemagne et en Italie (34)
ou en Espagne (31). Actuellement, 36,5 % des Français lisent un quotidien tous les jours ou presque,
14,5% trois à cinq fois par semaine, 23,5% une à deux fois par semaine, 17% au moins une fois par
semaine, 10,1% deux à trois fois par mois, 15,4% moins d'une fois par mois. Le titre le plus lu est le
quotidien sportif « L'Equipe » (2,5 millions de lecteurs). Ils lisent en revanche beaucoup de
magazines (1,4 par jour en moyenne), disposant d'un large choix parmi les 2 500 titres diffusés dans
les kiosques.
Le cinéma
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Plus d'un Français sur deux va au cinéma en moyenne de quatre à cinq fois par an. Ce sont les
jeunes qui constituent l’essentiel de la clientèle (85% des moins de 25 ans contre 25% des plus de 60
ans) : ils représentent 40% des entrées. Par catégories socio-professionnelles, 80% des chefs
d'entreprises, cadres et professions libérales vont au cinéma au moins une fois par an, contre 60% des
professions intermédiaires, 41% des ouvriers et 26% des retraités. Les habitants des villes,
notamment de Paris et de ses environs, sont plus nombreux que ceux des petites villes ou des villages
(72% contre 47%).
Le théâtre
Environ 700 000 spectateurs assistent en moyenne aux quelque 1 600 représentations données
par les cinq théâtres nationaux. 2,9 millions se rendent aux 28 700 représentations des 61 scènes
nationales tandis que les théâtres privés de Paris accueillent 2,4 millions de spectateurs pour 11 800
représentations. Il est à noter que 8% des Français font du théâtre en amateur.
La musique
Les Français ont acheté environ 145 millions de CD et plus de 45 millions de cassettes. Leurs
goûts les portent vers les variétés internationales (49% de leurs achats), les variétés nationales (43%)
et la musique classique (8%).
L'opéra et la danse
Environ 600 000 spectateurs (350 000 pour les opéras et 250 000 pour les ballets) ont assisté
aux quelque 300 représentations de l'Opéra de Paris. Environ 700 000 autres spectateurs se sont
partagés les spectacles présentés par les 13 théâtres lyriques de France (880 représentations). 75%
d'entre eux ont suivi les opéras, 15% les ballets et 15% les concerts.
Les musées
Environ 13 millions de Français ont visité des musées l'an dernier (ils n'étaient que 10 millions
en 1980). Les seuls musées de la ville de Paris ont accueilli 1,3 millions de personnes pour des
expositions temporaires et 350 000 pour des collections permanentes.
La lecture
Contrairement à ce qui est souvent dit, les Français sont de plus en plus nombreux à lire : 91%
lisent au moins un livre dans l'année, contre 75% en 1989 et 70% en 1973. Si l'on compte moins de
"gros lecteurs" (17% lisent plus de 25 livres par an, contre 19% il y a dix ans), on trouve plus de
"petits lecteurs" (32% lisent moins de 10 livres par an contre 28% il y a dix ans). En revanche,
globalement, le nombre de livres achetés stagne, voire diminue (l'édition a connu en 1996 une baisse
d'activité de 3%, son plus mauvais résultat depuis quinze ans). Les Français semblent s'intéresser
davantage à la littérature générale et à la bande dessinée qu’aux ouvrages scientifiques et techniques.
Les dépenses culturelles des Français
(Source : ministère des affaires étrangères)
Les Français consacrent 4% de leur budget aux dépenses culturelles. Elles se répartissent ainsi
(en milliards d’euros) :
Presse : 5,6
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 15
Livres : 4,2
Disques et vidéocassettes : 3,8
Redevance et abonnement TV : 3,6
Spectacles : 2,9
Radio et télévision : 2,6
Hi-fi et magnétoscopes : 2,3
Objets d'art : 1,7
Photo : 0,8
Cinéma : 0,8
Les dépenses culturelles publiques
Le budget du ministère de la culture est de 2,78 milliards d’euros en 2005. Ce montant ne rend
pas complètement compte du financement public de la culture qui s’établit autour de 13 milliards
d’euros, répartis par moitié entre l’Etat et les collectivités territoriales.
La culture, un marché parmi d’autres
(Source : ministère des affaires étrangères)
Les Français dépensent près de 24 milliards d’euros dans l’acquisition de matériel et de
supports audiovisuels ainsi que dans l’achat de livres, de journaux, de revues et de places de
spectacles. Ajouté à cette consommation culturelle des ménages, celle des entreprises, de l’Etat et des
collectivités territoriales, le marché qui en découle représente un montant d’environ 30,5 milliards
d’euros.
Ce marché connaît une croissance soutenue depuis plus d’une décennie. En tête de ce marché,
avec un chiffre d’affaire de plus de 15,2 milliards d’euros, se trouvent les entreprises de presse,
l’édition et les industries graphiques. Le secteur de l’audiovisuel comprenant la télévision, les
industries du disque et du cinéma, avec un chiffre d’affaires d’environ 10,67 milliards d’euros, se
place en deuxième position. Le marché de l’art représente lui aussi un enjeu économique non
négligeable (cf. la fiche consacrée au thème de l’art).
Les entreprises du secteur culturel emploient plus de 440 000 personnes réparties comme suit :
Professions de l’audiovisuel et du spectacle vivant 117 000 Dont Artistes des spectacles 45 000
Cadres, techniciens et ouvriers des spectacles 72 000
Professions des arts plastiques et des métiers d’art 125 000 Dont Artistes plasticiens 22 000
Stylistes/décorateurs 43 000
Photographes 16 000
Métiers d’art 44 000
Professions littéraires 72 000 Dont Journalistes et cadres de l’édition 61 000
Auteurs littéraires 11 000
Cadres / techniciens de la documentation et de conservation 52 000
Professeurs d’arts 35 000
Architectes 39 000
(Source INSEE)
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Quelques repères
La contre-culture (d’après Alain TOURAINE, Encyclopaedia Universalis)
C’est aux Etats-Unis que la notion de contre-culture est née. L’influence américaine s’est
étendue surtout à l’Europe occidentale. Partout la contre-culture s’est mêlée aux nouveaux
mouvements contestataires, en particulier parmi les étudiants, sans jamais se confondre avec eux et
parfois en marquant nettement la distance entre le changement culturel et le conflit politique.
La contre-culture est d’abord le fait de ceux qui rompent soit avec les études, soit avec les
formes habituelles de la vie professionnelle. C’est le refus de l’« aliénation ». Cette forme de contre-
culture correspond à l’état de la société des Etats-Unis des années 60, qui ne connaît pas de grands
conflits sociaux internes, à cause à la fois d’une très forte croissance économique et de l’acuité de la
guerre froide et des conflits internationaux. Parce que la classe dirigeante et l’élite politique se sont
identifiées à un type d’économie et de culture, le refus ne peut être que total et on ne peut que rejeter
un type de société, d’institutions et d’organisations qui apparaît comme intégrateur et manipulateur,
égoïste et, selon le mot de Herbert MARCUSE, « unidimensionnel ».
Cet abandon est une protestation, l’expression d’un manque et le désir d’échapper à une
organisation sociale qui apparaît comme étouffante. Des premiers beatniks au personnage de « Easy
Rider », un nouveau mythe de la route du voyage apparaît aux Etats-Unis, qui avaient si longtemps
vécu en repoussant leurs frontières et qui se sentent de plus en plus enfermés dans des limites non
seulement géographiques, mais surtout professionnelles et morales. Ce refus est le fait de jeunes gens
de niveau social élevé : 55 à 70% des beatniks et des hippies viennent des classes moyenne et
supérieure, de la bourgeoisie.
Plus nombreux, les hippies ont souvent été des jeunes gens rompant avec leur famille ou leur
école, prenant la route, surtout en direction de la Californie. San Francisco, le quartier de Haight-
Ashbury en particulier, devint le centre principal du mouvement : des milliers de hippies s’y
rassemblèrent, notamment à l’occasion du gigantesque « love-in » de 1967.
De jeunes Européens, surtout du Nord, se mêlent aux Américains. Vers 1972, environ 1500
jeunes Français se trouvent ainsi en Inde. Si Katmandou est le lieu le plus fréquenté, Goa constitue
aussi un centre important et, en Europe même, les Baléares, et surtout Ibiza et Formentera, sont des
lieux de rassemblement.
Cette culture parallèle oppose souvent des valeurs à d’autres, l’expression de soi à
l’instrumentalisation de l’individu, la personne à la règle, le groupe à la bureaucratie. Elle n’est pas
constamment contestataire puisqu’elle ne se préoccupe pas souvent de nommer et d’attaquer un
adversaire. Cette contre-culture ne peut être analysée qu’en termes culturels. Elle est aussi
l’expression d’un conflit de générations. C’est aussi une action politique qui analyse la société dite
capitaliste ou technocratique, définie par sa capacité à manipuler non plus seulement le travail, mais
la consommation, l’information, les transports, l’éducation. La figure de MARCUSE domine cette
contestation culturelle et sociale, menée à la fois au nom de FREUD et au nom de MARX et qui voit
dans les « marginaux » l’agent principal de la lutte contre une intégration sociale remplaçant la
contrainte par la tolérance.
Cependant, il serait faux d’identifier la contre-culture à un mouvement social et politique et de
considérer que la jeunesse a remplacé la classe ouvrière comme acteur central des luttes sociales.
Mais il serait plus faux encore de n’y voir que déviance et marginalité ou, à l’inverse, pure innovation
et créativité. Cette contre-culture se développe au moment où un changement de culture et de société
n’est pas encore accompagnée par une transformation de la scène sociale et politique, qui se trouve
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 17
ainsi vide : les anciens conflits sont pris en charge par les institutions, les nouveaux sont encore
confus.
Dans les années 1969-1975, un recul net, parfois presque complet, de la contre-culture peut être
observé. Pourtant, l’entrée en crise économique des sociétés occidentales, l’abandon de l’espoir de
transformations sociales, associés au recul très rapide de l’idéologie marxiste, ont provoqué un
certain retour à la contre-culture. Ainsi, par exemple, les mouvements régionaux en France, qui ont
connu des échecs politiques répétés, se replient sur une action culturelle dans laquelle se retrouvent
ex-révolutionnaires et ex-traditionalistes. De la même façon, l’entrée en lice des mouvements
écologistes, comme en Allemagne, porteurs d’une « culture alternative », semble marquer la
renaissance de cette contre-culture liée à des enjeux politiques. Les rassemblements des alter-
mondialistes dans le Larzac sont aussi les prémices d’une nouvelle contre-culture qui se cherche.
L’art public aujourd’hui en France
(d’après Caroline CROS, Encyclopaedia Universalis)
Depuis les années 1980, en France, la politique de commandes d’œuvres d’art a connu une
véritable impulsion et s’est développée en partenariat avec les régions et les collectivités territoriales.
Un véritable « art public » semble avoir émergé. Celui-ci ne concerne pas uniquement l’érection
d’une statue (équestre, funéraire, ornementale…), d’un monument figé pour l’éternité, ni même la
conception d’un décor, mais bien au contraire, il traduit la volonté tant des commanditaires que des
artistes de confronter le passant de la fin du XXe siècle à des formes nouvelles : une inscription
murale (Lawrence WEINER sur le phare de Calais ou dans le jardin des Tuileries à Paris), des
caissons lumineux (Mario MERZ à Strasbourg)…
Pour faire état de cette tendance, il convient de constater qu’elle n’est pas nécessairement
récente (I), mais qu’elle a connu du fait des innovations en matière d’art plastique (II) une nouvelle
impulsion avec pour corollaire une certaine décentralisation (III).
I. La commande publique : une pratique ancienne
Pour ne remonter qu’au sortir de la Révolution, la commande publique est essentiellement un
outil au service du pouvoir servant à magnifier l’image de l’Etat. Le XIXe siècle multiplie les
commandes de sculptures destinées à orner arcs historiés, façades d’édifices, monuments funéraires,
civils ou religieux. La commande assure aussi le maintien de la peinture d’histoire, du décor, du
portrait ou de l’ornement, peint ou sculpté.
Pour financer ces réalisations, de nombreuses souscriptions publiques sont alors ouvertes par
une municipalité, une société savante ou un groupe de personnes. La souscription publique
s’accompagne de la mention « Monument offert par souscription », qui a plus d’importance dans
certains cas que le nom du sculpteur. La fidélité au programme défini en amont – thème, support,
dimensions, matériaux ou iconographie – demeure essentielle et prime souvent sur la qualité
artistique des projets retenus.
Avec la commande des Bourgeois de Calais (1889), Rodin est le premier artiste à rompre avec
cette soumission aux contraintes imposées par le commanditaire. Il réussit à imposer son point de
vue, en réduisant la hauteur du socle, habituellement monumental et inaccessible, pour mettre le
groupe sculpté à la portée du public. Il installe ainsi la première sculpture publique « indépendante »
dans la ville. Mais cette « audace » devait provoquer, pour plusieurs décennies, le « divorce » entre la
sculpture contemporaine, dont le musée allait devenir l’unique lieu de présentation, et l’opinion
publique.
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 18
Ce n’est qu’à partir des années 1930, avec l’arrivée de Jean Zay au ministère de l’Education
nationale, que les premiers signes avant-coureurs d’un retour de l’art dans l’espace public peuvent
être constatés. Le ministre relance la commande publique et encourage une rupture avec la tradition
monumentale qui a marqué tout le XIXe siècle. La contrainte du programme trop strict est
abandonnée, les commandes peuvent être ouvertes à des artistes exclus de l’Académie. L’Etat tente,
en réaffirmant son soutien à la création vivante, de réconcilier le public avec l’art de son temps.
A Paris, l’Exposition internationale de 1937 est l’occasion de lancer un important ensemble de
commandes pour la décoration du palais de la Découverte (Léger, Herbin, Lipchitz et Laurens) ainsi
que pour les nombreux pavillons temporaires : celui des Temps modernes (Le Corbusier), des
Artistes modernes (Pingusson et Gleizes pour « l’accompagnement d’architecture ») ou de l’Air
(Robert et Sonia Delaunay). Neuf cents commandes ont accompagné cette manifestation
exceptionnelle.
Parallèlement à ces commandes, marquées par un souci d’ouverture aux courants novateurs,
Jean Zay ébauche les prémices du 1 p. 100 (enveloppe budgétaire réservée sur le budget global d’une
construction publique et destinée à la commande d’une œuvre d’art) en proposant une mesure selon
laquelle 1,50 p. 100 des crédits de construction d’établissements d’enseignement seraient destinés à
la commande de travaux de décoration, confiés à « des artistes en difficulté ».
De la même façon, les années d’après-guerre sont marquées par le retour de la sculpture dans
l’environnement quotidien qu’est la ville ou le jardin public. Plusieurs expositions temporaires à
l’extérieur du musée en sont à l’origine. Parmi celles-ci, citons Espace Architecture Forme Couleur,
organisée par le groupe Espace à Biot en 1954.
II. Une nouvelle impulsion
Les années 1960-1970 sont marquées par l’émergence de courants artistiques novateurs qui
échappent au seul domaine des musées. Le « Land Art », le « Earth Art », l’art minimal et
conceptuel, qui revendiquent l’inscription de l’œuvre dans un site élargi (paysage, désert, espace
urbain), rendent alors inévitable et supposent le renforcement de la commande publique. En France,
des artistes comme Jean DUBUFFET, Jean TINGUELY ou encore Jean Pierre RAYNAUD font
aussi évoluer la notion de commande publique. Ils entreprennent, sans l’aide de l’Etat, la construction
de projets utopiques qui relèvent davantage de l’architecture que de la sculpture traditionnelle. Au
même moment, le ministère de la Culture, dirigé par André MALRAUX, commande respectivement
à Marc CHAGALL et à André MASSON le décor des plafonds de l’Opéra Garnier et du Théâtre de
l’Odéon. Une attention à la qualité des villes nouvelles apparaît également en 1974.
Mais c’est l’arrivée de Jack LANG au ministère de la Culture qui marque un véritable tournant
dans l’histoire de la commande publique. Le ministre renforce la commande publique en affectant un
fonds budgétaire important à la Délégation aux arts plastiques. Parmi les engagements du ministre,
on peut citer par exemple sa visite à Jean DUBUFFET en 1983 pour lui commander une œuvre
monumentale pour Paris. L’artiste propose la Tour aux figures, conçue en 1970, construite (hauteur :
24 mètres) sur l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux; entre autres réalisations : Les Deux
Plateaux, commandés à Daniel BUREN pour la cour d’honneur du Palais-Royal; la polémique qui a
entouré ce projet symbolise la difficulté qu’éprouvent les Français à concilier patrimoine et
modernité.
Les projets suscités en province sont plus nombreux encore et attestent de cette nouvelle
impulsion politique. Apparaissent les premiers partenariats et les conventions de villes avec Nîmes,
Strasbourg, Amiens, Blois, quelques-unes des municipalités les plus soucieuses d’inscrire l’art dans
la ville.
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 19
Le souci d’inscrire la création contemporaine dans des sites aussi divers que la ville, les jardins,
le paysage, les édifices cultuels et historiques, de rompre avec le mode allégorique et narratif de la
commande, de valoriser le point de vue de l’artiste, d’encourager les initiatives en-dehors de Paris et
de veiller à la pluridisciplinarité des réalisations constitue désormais les principaux enjeux de l’art
public. Devant l’enthousiasme des partenaires et la nécessité de répondre à la diversité des demandes,
l’Etat a pris la décision de déconcentrer la commande publique auprès des Directions Régionales des
Affaires Culturelles (D.R.A.C.).
De nouveaux modes opératoires sont inventés. Des comités d’experts (un groupe restreint
constitué de spécialistes issus de plusieurs disciplines), chargés de définir la nature des commandes
en tenant compte du contexte, de son histoire, de sa topographie urbaine et de ses besoins, sont mis
en place. Des commandes photographiques, littéraires ou historiques sont suggérées pour préparer ce
travail d’analyse. Le retour des tramways dans plusieurs grandes villes et les restructurations urbaines
nécessaires sont autant d’espaces de réflexion et d’expérimentations pour le renouvellement de la
commande publique. Les interventions d’artistes, de paysagistes, de designers ou d’architectes
permettent alors une véritable intégration de l’art dans la cité.
Plan détaillé : « La politique culturelle en France »
En se fondant sur son histoire et sur des considérations politiques, économiques et sociales (I),
la France a développé une politique culturelle interventionniste non dénuée de toute contradiction
(II).
I. Les fondements de la politique culturelle en France
a) Des fondements historiques et politiques
historique
La tradition d’intervention du pouvoir en matière culturelle remonte à François
Ier et Louis XIV, qui soutiennent les artistes par des bourses et commandent des
oeuvres d’art. Cette tradition s’est perpétuée après la révolution. Les commandes
publiques et les grands travaux tels que réalisés sous la présidence de Georges
POMPIDOU ou François MITTERRAND procèdent de cette même logique.
De plus, l’idée d’une politique culturelle a été érigée en un droit
constitutionnel. Le préambule de la constitution de 1946, repris dans celle de 1958,
stipule que la « nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction,
à la formation professionnelle et à la culture. ». Dans cette logique, le ministère de
la culture, créé en 1956 sous la direction de d’André MALRAUX, est une grande
nouveauté; il regroupe des domaines autrefois dispersés : les arts et lettres
relevaient jusque-là de l’éducation et le cinéma de l’industrie. L’existence de ce
ministère est, du reste, une spécificité française.
politique
Pour un auteur comme Adam SMITH, la culture est une nécessité politique.
Elle dissipe, comme il le dit, la mauvaise humeur des nations. Une vie culturelle
riche, un grand nombre de spectacles…améliorent la qualité de vie générale. Les
spectacles et les fêtes contribuent à apaiser les tensions collectives.
Ainsi, l’Etat organise-t-il des festivals et événements qui sont autant de rituels
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 20
modernes qui assurent la cohérence du lien social. La vie culturelle d’un pays est
gage de liberté. L’art est un élément essentiel de la vie politique en démocratie.
Les oeuvres d’art révèlent les conflits, posent les questions de fond; le théâtre
est un lieu de réflexion politique, c’est d’ailleurs pourquoi les régimes totalitaires
ont tous encadré leurs artistes et généré un art officiel.
La culture est un élément du prestige international d’un Etat. A ce titre, il est
un enjeu de pouvoir.
b) Des considérations économiques et sociales
économiques
Le soutien à la création artistique aurait d’abord des conséquences indirectes
sur les industries culturelles. Le théâtre est un laboratoire de recherche et un vivier
pour le cinéma, le cinéma d’auteur pour le cinéma grand public, lequel engendre
d’importants profits.
De la même façon, les arts et la culture contribuent au tourisme. En France,
l’investissement culturel est ainsi devenu partie intégrante des politiques
d’aménagement du territoire. Le conflit des intermittents de l’été 2003 a rappelé,
s’il le fallait, que les festivals, au-delà de leur impact culturel, ont également un
impact parfois de tout premier plan pour les économies locales.
Enfin, au niveau international, l’existence d’une vie culturelle riche et de haute
qualité est un argument pour la venue d’étudiants étrangers comme pour
l’installation de sièges sociaux de multinationales ou d’organisations
internationales. Dépenser pour la culture, c’est attirer des populations fortunées qui
dépensent sur place leurs revenus.
L’intervention de l’Etat en matière culturelle est également justifiée par la
particularité du produit culturel. Si les arts ont bien une influence positive sur la vie
économique, c’est sous la forme d’une externalité. De fait, le bien culturel a un
caractère de bien collectif : sa consommation par un individu n’est pas exclusive de
la consommation de la même quantité du même bien par un autre individu. Il est
indivisible et profite globalement à l’ensemble de la communauté. Ainsi l’Etat, en
répartissant le financement de ce bien entre tous les contributeurs fiscaux, évite
qu’une partie des citoyens adoptent un comportement de « passagers clandestins »,
c’est-à-dire se refusent à financer un bien dont ils profitent, directement ou
indirectement.
Enfin, le développement culturel, par les aides à la création, a pour but de
constituer un legs pour les générations futures; et l’entretien du patrimoine vise à ne
pas épuiser les biens dont nous avons hérité.
Sociales
Des considérations sociales sont également présentes dans la politique
culturelle de la France. Elle vise à assurer un minimum de subsistance aux artistes.
En effet, même si les chiffres concernant l’écart sont variables et controversés, les
artistes touchent globalement moins que les autres professions. Il existe de grandes
disparités entre les générations (le salaire augmente plus qu’ailleurs avec l’âge) et
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 21
entre les branches (les acteurs et metteurs en scène sont mieux payés que les
danseurs et les musiciens). Il existe surtout d’énormes disparités entre les
individus : certaines stars ont des revenus très élevés, tandis que la majorité des
artistes se contentent de revenus très faibles.
Les carrières des artistes sont incertaines; le succès peut ne jamais venir; il peut
ne pas durer, d’autant plus que le monde des arts entretient modes et reniements
pour des raisons commerciales (renouvellement des produits qui incite à la
consommation).
L’organisation même de l’activité, autour de projets, entraîne un recours massif
à l’intermittence, qui là encore n’assure pas la stabilité aux artistes. Pour s’assurer
une certaine stabilité, ou tout simplement parce qu’ils ne parviennent à vivre de leur
activité artistique, particulièrement dans leur jeunesse, les artistes exercent une
activité secondaire. Celle-ci peut être directement en lien avec leur art
(enseignement de la musique pour les musiciens…), ou plus distante (vendeur à la
FNAC, hôte d’accueil pour les comédiens).
II. Une politique culturelle très interventionniste et non dénuée de contradictions
a) Les modes d’interventions des collectivités publiques
La politique culturelle se traduit par un interventionnisme qui est d’abord
financier. Le budget de l’Etat comme celui des collectivités territoriales (cf.
« Eléments chiffrés ») permettent de financer des activités culturelles soit
directement par des subventions, soit indirectement par la construction de biens
d’équipement, par exemple. Ce n’est d’ailleurs pas toujours le budget du ministère
de la culture qui porte les projets. Le ministère de l’éducation nationale ou même
dans une moindre mesure d’autres ministères contribuent également à la mise en
œuvre de la politique culturelle en France.
Ensuite, l’intervention de l’Etat est également réglementaire : quotas imposés
aux chaînes nationales et radios, statut particulier pour les intermittents du
spectacle…
Enfin, les budgets publics n’étant pas extensibles, l’Etat comme les
collectivités territoriales essayent de favoriser la pratique du mécénat privé. Si
celui-ci est une pratique très ancienne, qui remonte à l’Antiquité, il est aujourd’hui
le mode de financement principal de la culture dans les pays anglo-saxons,
notamment aux Etats-Unis. La France reste encore en retrait par rapport à ces
modèles, mais tente de développer cette pratique par des incitations fiscales.
b) Une politique non dénuée de toute contradiction
Le ministère de la culture, à mi-chemin de l’éducation et de l’industrie, doit
remplir une double mission : favoriser d’une part l’entretien du patrimoine et la
création culturelle et favoriser d’autre part l’accès du plus grand nombre à la
culture. Or ces deux missions sont parfois en contradiction l’une avec l’autre. Le
débat se centre autour de l’opposition entre élitisme et démocratisation de la
culture. En effet, ce sont les plus riches et les plus instruits qui vont au spectacle, au
musée…Une politique de hausse de la qualité a de ce fait des effets anti-
redistributifs.
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 22
De plus, certaines politiques de subventions signeraient le triomphe de l’intérêt
du producteur sur l’intérêt des consommateurs. L’excès de subventions dans
certains domaines peut entraîner une politique de surqualité, qui privilégie les
expositions les plus savantes, les spectacles les plus novateurs, par laquelle les
artistes cherchent à plaire avant tout à leurs pairs, et qui entraîne un risque de
rupture avec le public.
De la même façon, certains analystes remettent en question les effets externes
bénéfiques des dépenses culturelles. D’une part, rien ne prouve que des sommes
comparables dépensées autrement n’auraient pas entraîné des retombées
comparables, voire supérieures. D’autre part, dans le cas du tourisme, il est possible
que les dépenses culturelles n’enrichissent une ville ou une région qu’au détriment
des autres.
En outre, l’argument de l’externalité positive a des conséquences
potentiellement néfastes : la volonté de rechercher des retombées à court terme pour
toute dépense culturelle conduit à privilégier folklore et arts formatés au détriment
de projets plus ambitieux ou à plus long terme, dont les retombées sont moins
certaines.
Par ailleurs, les objectifs d’une politique culturelle peuvent être très différents,
voire contradictoires. Une politique de prestige international ou de qualité de vie
locale mobilise des moyens différents, mais qui peuvent s’exclurent. La culture
peut être conçue comme le maintien d’une tradition (nationale ou locale) qui
cimente une identité déjà existante, ou comme un lieu de recherche et de réflexion
sur l’avenir, qui ouvre le pays à l’étranger; les moyens à mettre en œuvre pour
favoriser ces deux pans peuvent également se télescoper.
La difficulté d’arbitrage entre ces contradictions fait de la politique culturelle
une politique difficile à manier.
Autres pistes de réflexion
Culture et science : La science fait-elle partie de la culture ? Existe-t-il une science de
la culture ?
Culture et enseignement : La culture doit-elle être enseignée ? En quoi l’enseignement
procède-t-il de la culture ?
Culture et cultures : Existe-t-il une culture universelle ? Y a t-il une culture générale
ou des cultures générales ?
…
Références et bibliographie
Jean DOMENACH : « Une culture qui ne serait pas une insurrection permanente de
l’esprit ne serait qu’une industrie de plus »
Marin KARMITZ : « Une société sans créations, sans créateurs est une société sans
H. SIMON * IPAG PREPAS CONCOURS 2011/2012 Page 23
mémoire, sans identité, sans cohérence sociale – sinon celle de regarder les mêmes
émissions de « loisirs » à la même heure, et d’avoir ainsi une paix sociale qui est celle
des cimetières » extrait de « La création face aux systèmes de diffusion », rapport du
commissariat général au plan
FONTENELLE : « Un esprit cultivé est pour ainsi dire composé de tous les esprits
des siècles précédents »
Pierre DEHAYE : « Si le savoir est collecte et ramassage, la culture est travail de
l’esprit sur soi-même » extrait de « Un même mystère », Albin Michel, 1985
André MALRAUX : « On ne peut pas faire un art qui parle aux masses quand on n’a
rien à leur dire » extrait de « Antimémoires », Gallimard, 1987
Ferdinand FOCH : « Il n’y a pas d’homme cultivé, il n’y a que des hommes qui se
cultivent »
Mac MAHON : « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert »
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Pierre BOURDIEUX et Jean Claude PASSERON : « Les héritiers », 1964
Alain FINKELKRAUT : « La défaite de la pensée »; Gallimard, 1987
Hannah ARENDT : « Crise de la culture »; Gallimard, 1989
Julien BENDA : « La trahison des clercs »; Grasset, 1990
Walter POMMEREHNE et Bruno FREY : « La Culture a-t-elle un prix ? Essai sur
l’économie de l’art » Commentaire; Plon, Paris, 1993
Marc FUMAROLI : « L’Etat culturel. Essai sur une religion contemporaine »; Edition
de Fallois, 1991
Gilles LIPOVETSKY : « L’empire de l’éphémère : la mode et son destin dans les
sociétés modernes »; Gallimard, 1991