vietnam : rupture intégration villages dans métropole

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14 rupture dans l’intégration spatiale et économique des villages à la ville : le nouveau projet du Grand Hanoi Sylvie FANCHETTE Ville administrée pendant l’époque collectiviste (1954 à 1986), Hanoi est restée pendant quatre décennies confinée dans un espace limité. Jusqu’au début des années 1990, sous l’effet d’une politique étatique diri- giste, de l’absence d’investissements étrangers, du faible niveau de vie et d’une croissance démographique modérée, la ville stricto-sensu a été contenue dans les quatre arrondissements centraux qui se sont densifiés, alors que les marges rurales de la ville restaient inchangées. Depuis lors, on assiste à un processus de « rattrapage urbain » (Quertamp, 2003 ; voir l’article de Goldblum dans cet ouvrage) pour qu’elle obtienne à la fois le statut de métropole internationale attractive, de capitale d’un pays de 86 millions d’habitants, mais aussi pour qu’elle contrôle un territoire à la hauteur de ses ambitions urbanistiques. Son extension s’accélère sur les marges rurales depuis les années 2000, le développement urbain devient dorénavant le principal moteur de l’économie. Avec l’accélération de la métropolisation, le défi que doit relever la Municipalité de Hanoi est d’ac- compagner l’extension de la capitale, en tenant compte des fortes densités démographiques et de la pluriactivité de ses marges villageoises. Les péri- phéries des grandes villes des plaines asiatiques sont très peuplées. Elles relèvent d’un mode de ville-territoire dont les villages sont parties pre- nantes et, que ce soit en Chine, autour de Shanghai, ou Hanoi au Vietnam, ces périphéries se sont densifiées notamment parce que le pouvoir commu- niste en place a mené pendant longtemps une politique anti-urbaine. La ville millénaire de Hanoi, édifiée dans « le coude du fleuve Rouge » à l’apex du delta, s’est formée en partie sur un substrat de villages qu’elle a absorbés progressivement dans son tissu. Cette intégration des villages s’est effectuée selon des modalités variables tout au long de l’histoire, en fonction de la nature de la politique d’aménagement de l’État en place, du modèle d’urbanisme sur lequel il s’appuyait, des activités économiques des villages et du dynamisme des collectivités locales en présence. Repre- MEP Métropoles aux Suds.indd 205 11/09/13 12:06:20

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rupture dans l’intégration spatiale et économique des villages à la ville : le nouveau projet du Grand Hanoi

Sylvie fanChette

Ville administrée pendant l’époque collectiviste (1954 à 1986), Hanoi est restée pendant quatre décennies confinée dans un espace limité. Jusqu’au début des années 1990, sous l’effet d’une politique étatique diri-giste, de l’absence d’investissements étrangers, du faible niveau de vie et d’une croissance démographique modérée, la ville stricto-sensu a été contenue dans les quatre arrondissements centraux qui se sont densifiés, alors que les marges rurales de la ville restaient inchangées. depuis lors, on assiste à un processus de « rattrapage urbain » (Quertamp, 2003 ; voir l’article de Goldblum dans cet ouvrage) pour qu’elle obtienne à la fois le statut de métropole internationale attractive, de capitale d’un pays de 86 millions d’habitants, mais aussi pour qu’elle contrôle un territoire à la hauteur de ses ambitions urbanistiques. Son extension s’accélère sur les marges rurales depuis les années 2000, le développement urbain devient dorénavant le principal moteur de l’économie. avec l’accélération de la métropolisation, le défi que doit relever la Municipalité de Hanoi est d’ac-compagner l’extension de la capitale, en tenant compte des fortes densités démographiques et de la pluriactivité de ses marges villageoises. les péri-phéries des grandes villes des plaines asiatiques sont très peuplées. elles relèvent d’un mode de ville-territoire dont les villages sont parties pre -nantes et, que ce soit en Chine, autour de Shanghai, ou Hanoi au Vietnam, ces périphéries se sont densifiées notamment parce que le pouvoir commu-niste en place a mené pendant longtemps une politique anti-urbaine.

La ville millénaire de Hanoi, édifiée dans « le coude du fleuve Rouge » à l’apex du delta, s’est formée en partie sur un substrat de villages qu’elle a absorbés progressivement dans son tissu. Cette intégration des villages s’est effectuée selon des modalités variables tout au long de l’histoire, en fonction de la nature de la politique d’aménagement de l’État en place, du modèle d’urbanisme sur lequel il s’appuyait, des activités économiques des villages et du dynamisme des collectivités locales en présence. repre-

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nant le modèle chinois, dont elle avait hérité pendant plus de 1 000 ans de colonisation, l’administration avait intégré dans les limites de la ville une centaine de villages, composant la ceinture verte et artisanale qui approvi-sionnait la capitale. en revanche, à l’époque coloniale (1873-1945), puis à l’époque collectiviste (1954-1986), le modèle urbain alors promu fut une séparation nette entre ce qui était défini comme urbain et comme rural, avec des plans d’aménagement ciblés sur la ville-centre. avec le Doi Moi, ou Renouveau, à la fin des années 1980, l’État fait le choix d’accélérer la transition urbaine et d’intégrer le pays dans l’économie mondiale. les premières réformes se sont soldées par un véritable boom dans l’auto-pro-duction de logements et l’étalement urbain et villageois : un marché foncier est né alors dans un contexte de transition d’un pays communiste vers une économie de marché.

Cet article1 cherche à montrer comment, depuis les années 2000, l’at-tribution préférentielle des terres agricoles devenues constructibles aux promoteurs fonciers nationaux et étrangers remet en cause l’intégration économique et spatiale des villages périphériques dans une capitale en pleine refonte métropolitaine. le faible accès des villageois aux ressources urbaines, notamment ceux des clusters de villages de métier, ne leur permet pas d’augmenter leur envergure de production pour profiter du nouveau marché de consommation en pleine croissance et de l’innovation technique que l’appartenance à la ville aurait pu dynamiser. leur droit à la ville est remis en cause du fait de leurs moyens financiers et politiques insuffisants et de la promotion d’un modèle de ville « mondialisée » dense et « zonifiée » imposé d’en haut. Les villages des périphéries urbaines sont désormais considérés comme des réserves foncières de la ville au détriment de leur développement économique.

le phénomène relatif de lissage entre les villages urbanisés absorbés par la ville et les quartiers résiduels construits dans les interstices agri-coles de ces anciens villages qui s’était opéré jusqu’alors, et avait fait de Hanoi une ville socialement viable est remis en cause et des tensions sociales entre les nouveaux projets et les villages urbanisés commencent à émerger. l’assise villageoise du pouvoir vietnamien jusqu’alors très puis-sant diminue au profit d’une classe sociale entrepreneuriale mondialisée travaillant avec des financements étrangers, en grande partie investis dans le foncier. Par ailleurs, dans cette plaine fortement sujette aux inondations, le nouveau modèle urbain augmente les risques du fait de la construction de grandes plateformes urbaines et du désengagement de l’État dans l’aménagement de l’hydraulique.

1. Cet article a été rédigé à partir d’enquêtes qualitatives effectuées par l’auteur dans une quarantaine de villages de métier de la périphérie de Hanoi de 2003 à 2010. les cartes et les statistiques utilisées ont été collectées et réalisées par l’équipe du projet Périsud (Ird/CaSrad/CIrad).

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Métropolisation, libéralisation du marché foncier et décentralisation : les facteurs de l’accélération de la transition urbaine

L’extension rapide de Hanoi sur ses périphéries : la naissance d’un marché foncier urbain, rural et le développement de l’auto-construction populaire

après trois décennies de gestion collectiviste des terres agricoles et urbaines, un marché foncier s’est petit à petit constitué avec l’ouverture économique de la fin des années 1980. Une fois l’initiative sur les terres agricoles rendue aux paysans avec la fermeture des coopératives, une part élevée du patrimoine foncier constructible des entreprises publiques a été privatisée suite à la mise en place de la politique de « collaboration entre l’État et le peuple ». Face à l’incapacité de l’État d’assurer le droit au logement subventionné pour ses fonctionnaires, ceux-ci se mirent à cons -truire massivement et de façon incontrôlée : un marché noir des terrains à bâtir émergea dans le cadre d’une gestion non marchande des usages du sol.

la population s’engagea massivement dans les brèches déjà existantes du système foncier administré pour acquérir des terrains libres, inutilisés, et ce jusque dans les villages périurbains : des terrains vierges, des jardins paysans ou encore des lacs de la capitale se résorbèrent progressivement sous l’effet des constructions individuelles. en dix ans, de 1990 à 2000, le nombre des lacs de Hanoi est ainsi passé d’une quarantaine à une ving-taine et leur surface totale est passée de 800 à 600 hectares et les problèmes de drainage se sont aggravés (Pandolfi, 2001).

l’importance de l’épargne des foyers urbains et ruraux, cachée pendant l’époque collectiviste, se dévoila par l’importance des transactions foncières et des constructions au fur et à mesure que le marché se libérait. le foncier devenant le lieu le plus sûr pour investir son bien, dans un contexte bancaire plus qu’incertain, la construction légale ou illégale s’est rapidement développée avec les réformes de 1993 (Pandolfi, 2001). Cette auto-construction se traduisit par un étalement de la ville et la densifica-tion des villages périurbains, en manque de terre constructible.

en réponse à ce développement urbain que les experts du ministère de la Construction considèrent comme chaotique et peu digne d’une capitale désirant se hisser au niveau des grandes métropoles asiatiques, et capable d’attirer des investisseurs internationaux, à la fin des années 2000, le gouvernement vietnamien prit des mesures administratives et territoriales destinées à assurer une meilleure maîtrise de la transition urbaine.

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La reprise en main apparente de l’État : un nouveau projet de ville élargie et un schéma directeur ambitieux

en août 2008, le gouvernement vietnamien décide d’étendre les limites administratives de la province-capitale en annexant la province occiden-tale de Hà tây et un certain nombre de communes limitrophes. la capitale englobe dorénavant une population de 6,5 millions d’habitants à 60 %

Figure 1. La Province de Hanoi : périphéries densément peuplées et projets urbains et routiers

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rurale sur un territoire trois fois plus grand. Cette extension s’explique par une volonté politique de l’État de contrôler la croissance de la capitale. Ce choix hautement politique remet en cause le processus de décentralisation en cours, l’État cherchant à contrôler la politique d’aménagement de la province de Hà tây, connue pour la gestion erratique de ses terres, distri-buées sans discernement à de nombreux promoteurs fonciers, en l’inté-grant administrativement dans la capitale. les projets d’urbanisation de la nouvelle province élargie ont surtout une vocation résidentielle et routière, la construction des zones industrielle et commerciale reste limitée par l’incapacité des parcs industriels à attirer durablement les capitaux étran-gers.

Pour organiser l’aménagement de ce nouveau territoire, un schéma directeur a été ratifié en octobre 2011. Sans être opérationnel, il donne les grandes orientations de l’organisation spatiale de cette future métropole, qui, à l’horizon 2030, devrait contenir 10 millions d’habitants. la métro-pole de 2030 sera constituée de plusieurs types d’espaces, aux densités démographiques et aux fonctions variées, censés être adaptés aux configu-rations de ce delta fortement sujet aux risques d’inondations (figure 1).

Décentralisation et accélération du processus d’urbanisation avec des risques de survalorisation du rôle des investisseurs

depuis 2003, les réformes foncières ont assoupli les modalités des transferts des droits d’usage des sols agricoles. Jusqu’alors dévolues à l’État, la gestion du changement de statut des terres, la fixation du prix des compensations pour perte d’usage du sol versées aux villageois et les expropriations sont dorénavant déléguées aux provinces pour une mise en place plus rapide des projets. Puis, en 2006, les autorités provinciales se voient octroyer les outils de maîtrise foncière et d’aménagement par l’éta-blissement d’un plan de développement.

Cependant, l’État et la province-capitale pour financer leur grand projet urbain, notamment les autoroutes, armature du Grand Hanoi, encouragent les projets de type Bot (Built Operation Transfert) dit « terres contre infrastructures », où le promoteur privé peut obtenir de la terre plus aisé-ment et à moindre frais en échange de la construction d’infrastructures publiques (écoles, hôpitaux) ou routières (labbé et Musil, 2011).

on peut suggérer que les choix d’aménagement résidentiels et indus-triels des autorités provinciales sont en partie déterminés par les rapports qu’elles entretiennent avec le secteur privé, notamment les entreprises de la construction anciennement publiques qui ont été privatisées. Ces entre-prises, qui maîtrisent l’accès au foncier, se lient avec des promoteurs et investisseurs privés étrangers dans le cadre de joint-ventures pour financer les grands projets urbains de la capitale. la priorité que le pouvoir poli-tique accorde aujourd’hui aux investissements étrangers et à l’industriali-sation est directement visible dans la loi foncière de 2003, qui réglemente

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mais assouplit les conditions d’accès à la terre des entreprises mixtes ou étrangères (Mellac, 2010).

l’urbanisation « par le bas » rencontre l’urbanisation « par le haut » : les étapes de l’intégration dans la ville

Les différentes modalités d’intégration à la ville

l’intégration des villages périphériques à la ville s’effectue selon plu -sieurs modalités. l’intégration peut-être spatiale, administrative, écono-mique ou sociale. l’intégration autoritaire et imposée par les services admi-nistratifs de la ville n’est pas acceptée par tous les villageois. le passage à l’urbain implique une augmentation du prix du foncier et des taxes, la perte du pouvoir local villageois, l’imposition de normes de construction et la disparition totale des terres agricoles. Cependant, elle est acceptée par certains, en raison d’intérêts financiers, d’un sentiment d’appartenance à une société plus moderne en devenant citadin, du désir de rompre avec la tradition dite villageoise et le pouvoir des aînés, et d’accéder plus facile-ment à des équipements sociaux de meilleure qualité ou commerciaux.

en parallèle à ce processus d’urbanisation impulsé par la ville, un second processus que j’appellerai « par le bas » ou « in situ » est en œuvre dans les villages de la périphérie des grandes villes. dans la plaine densé-ment peuplée du delta du fleuve Rouge, la population se regroupe dans des villages denses et surélevés pour se protéger contre les inondations, et pratique depuis plusieurs siècles des activités artisanales et commerciales en parallèle à la riziculture inondée. Ces villages se sont donc urbanisés socialement avec la division du travail, les différenciations sociales et l’élévation du niveau de vie des foyers les plus actifs économiquement. la rencontre de ces deux processus, l’urbanisation « par le haut » et l’ur-banisation « par le bas » peut, dans certaines conditions, être favorable, la seconde étant dynamisée par la première. en revanche, dans certains cas, la métropolisation trop rapide peut limiter le processus d’urbanisation « par le bas » et freiner le développement économique de ces villages, notamment en raison de la concurrence sur les terres au prix trop élevé et inaccessibles aux villageois, même les plus aisés. Certains entrepreneurs des villages de métier se voient obligés de quitter leur village pour s’ins-taller dans des sites industriels éloignés, au foncier plus accessible, mettant en péril la dynamique des clusters.

l’intégration à la ville a varié selon les époques et la position des villages par rapport au centre-ville et aux axes routiers. en étudiant les villages des différentes couronnes périphériques, on mesure dans le temps et l’espace les modalités de cette intégration et la capacité endogène des communautés villageoises à s’urbaniser de façon spontanée, à savoir

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promouvoir la densification de la population et de l’habitat, les différen-ciations sociales et des moyens de production suffisants pour employer une population de plus en plus nombreuse. les différences de modalités d’intégration des villages de la première couronne dans le périmètre classé comme urbain par rapport à la seconde couronne en voie d’urbanisation sont nombreuses, mais éclairent les problèmes futurs que les nouveaux quartiers urbains auront à affronter.

Les villages de la première couronne absorbés dans les arrondissements urbains depuis le Doi Moi : atouts et inconvénients

au cours des décennies de politique anti-urbaine, la ville de Hanoi a été contenue dans 4 arrondissements urbains. À partir de 1995, la munici-palité a changé le statut de 5 districts ruraux en arrondissements urbains. La ville double alors sa superficie. Cette première couronne à urbaniser est composée d’un semis de villages, qui, à l’époque coloniale, s’étaient densifiés en accueillant les migrants attirés par le développement écono-mique de la ville et grâce aux activités artisanales, maraîchères et commer-ciales liées au marché de consommation urbain. dynamisé par l’ouverture économique et leur proximité de la ville-centre, le laisser-faire des collec-tivités locales, qui ne pouvaient pas empêcher le peuple de construire des logements, l’espace résidentiel de ces villages s’est étendu, grignotant les terres agricoles, et s’est élevé en hauteur. des projets de quartiers résiden-tiels y ont été implantés, mais ils sont de taille relativement modestes, le contexte de l’investissement dans le foncier n’était alors pas très favorable aux promoteurs internationaux.

les habitants des villages devenus quartiers urbains, tout en perdant leurs terres rizicoles, ont gardé leurs jardins et leurs étangs, relevant de la propriété personnelle. Ils y ont construit des habitations en hauteur et vendu une part de leur patrimoine foncier, nourrissant ainsi un marché foncier en pleine expansion avec la venue de migrants. Ils ont bénéficié de la proximité de la ville pour se reconvertir dans l’offre de services. Cepen-dant, la reconversion dans des activités économiques non-agricoles n’est pas à la portée de tous les néo-urbains, en raison de la très faible valeur des compensations foncières. Ces activités sont diverses ; dans certaines communes (voir Nguyên Van Suu 2009, trân 2010 et labbé 2011), les anciens villageois ont investi une part importante de leurs compensations foncières et des revenus de la vente d’une part de leurs terres résidentielles dans des logements construits sommairement pour répondre à la demande croissante des migrants pauvres et des étudiants. Cet afflux de migrants a complètement changé la structure sociale de ces nouveaux quartiers péri-phériques, les villageois d’origine étant devenus minoritaires2. Si selon

2. Voir les villages urbains en Chine, devenus, entre autre, des cités dortoirs pour les migrants, Huang le Quan (2010), HIM Chung (2010), Yuting liu et alii (2010).

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Nguyên Van Suu (2009), les conditions de vie des anciens villageois se sont globalement améliorées sur le plan économique grâce à la vente d’une part de leurs terres résidentielles et la location des chambres, l’orga-nisation sociale et l’avenir des jeunes aux reconversions difficiles ont réel-lement déstabilisé la structure sociale. un cinquième des villageois n’au -rait pas bénéficié de ces revenus et font partie de la couche appauvrie de la localité. en outre, les relations avec les jeunes migrants sont parfois difficiles.

Certains villages de métier intégrés à la ville ont perdu leur activité en raison du changement des modes de vie et de consommation, tandis que d’autres perdurent mais éprouvent de grandes difficultés à étendre leur emprise foncière et à se mécaniser dans un contexte de concurrence sur les terres. en revanche, les anciens villages horticoles au nord du lac de l’Ouest ont bénéficié d’une juteuse rente foncière. En effet, leurs terres de verger faisant partie de leur propriété personnelle ont été reconverties presque intégralement en terres résidentielles où ils ont construit des villas pour les expatriés à partir des années 1995, en pleine bulle foncière. Valo-risant ainsi le site paysager des abords du lac, ces riches rentiers reçoivent des revenus conséquents en devises sans pour autant réinvestir leurs béné-fices dans des activités productives.

Cependant, en passant à l’urbain, un village perd son représentant, le chef de village, et est géré par les services du phuong ou quartier urbain dépendant de l’arrondissement. le nombre des professionnels dans les instances du quartier augmente, notamment dans le domaine de la sécurité et de l’aménagement. Selon les cas, les rapports de pouvoir entre les nota-bilités locales perdant leur statut et celles de la ville sont difficiles. Un bras de fer peut s’opérer entre les chefs de lignages et le Comité Populaire du quartier, dont le président provient pour la plupart de l’extérieur (labbé, 2011) sauf dans le cas de villages où le pouvoir villageois reste fort comme c’est le cas à dông Ky, dans le périurbain de la province de Bac Ninh. les villages urbains sont dorénavant gérés par la municipalité de Hanoi qui impose sa loi. en effet, « le passage à l’urbain s’accompagne également de l’introduction d’un modèle de gestion des affaires locales plus bureaucratique et plus rigide. les gouvernements urbains locaux sont tenus d’appliquer plus strictement les politiques, les lois et les règlements formulés par les autorités provinciales et centrales que leurs pendants ruraux » (labbé d. et Segard J. dans cet ouvrage).

Les villages de la seconde couronne : lieu de l’urbanisation in situ et du développement artisanal et maraîcher à l’avenir remis en cause

À une quinzaine de kilomètres de la ville-centre, la seconde couronne s’étend sur une centaine de communes appartenant aux districts ruraux péricentraux qui doivent être urbanisées totalement d’ici 2030. Cette couronne est composée de villages denses, urbanisés in-situ, qui ont

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étendu leur territoire productif et résidentiel avec le développement écono-mique et la libéralisation de l’usage des terres des années 1990. Certains pourraient être comparés à des bourgs du fait de leurs activités produc-tives (dans le cas des villages de métier ou spécialisés dans le maraîchage) et à leurs densités résidentielles élevées, si ce n’était la faiblesse de leurs équipements sociaux et des infrastructures et l’inefficacité de la gestion locale en matière d’aménagement.

les densités de population des communes rurales des alentours de Hanoi en 2009 s’élevaient en moyenne à 2 000 hab/km2. les enquêtes qualitatives effectuées par l’auteur dans une quarantaine de villages de métier de la périphérie de Hanoi de 2003 à 2010 montrent l’attrait de ces petits bassins d’emplois. Certains regroupent une dizaine de milliers d’ac-tifs embauchés localement ou dans les provinces de la périphérie du delta, tandis que des artisans sont sous-traités dans les villages des alentours. À ces travailleurs occupés la majeure partie de l’année par l’artisanat et la petite industrie s’ajoutent les innombrables travailleurs familiaux et ouvriers d’appoint, qui participent de façon temporaire à l’activité de ces villages et apportent un soutien durant les périodes de commandes impor-tantes.

dans les villages de métier ayant amorcé un début de mécanisation, les artisans les plus entreprenants ont créé des mini-zones artisanales infor-melles. Puis, les comités populaires des provinces ont construit des sites industriels dans les communes les plus dynamiques afin de séparer les activités les plus polluantes de l’espace résidentiel, de donner aux entre-prises mécanisées les moyens d’élargir leur envergure de production et de désenclaver les ateliers. un espace de production à trois vitesses s’est ainsi mis en place : dans les sites industriels formels destinés aux entre-prises en voie de modernisation et grandes consommatrices d’espace et d’énergie ; aux marges de l’espace résidentiel, le long des digues, à l’em-placement d’étangs partiellement comblés et sur les terres autrefois desti-nées au maraîchage ; dans l’espace résidentiel villageois, où seules les activités manuelles ou utilisant des machines de petite taille se maintien-nent (Fanchette, 2011).

Cependant, depuis quelques années, la politique de création des sites artisanaux dans les villages de métier a changé de modalités. la maîtrise d’ouvrage est attribuée à des promoteurs qui se chargent d’exproprier les paysans et de louer à long terme les parcelles au prix du marché libre, au grand dam des villageois les plus dynamiques, qui demandent à être maîtres d’œuvre de leurs propres installations industrielles. la terre peut être affectée à des individus extérieurs à la commune, si les villageois n’ont pas les moyens de les louer. Cela a provoqué une course à la terre et le développement des constructions illégales sur les terres agricoles, notamment sur celles destinées au maraîchage. Cette marchandisation de l’aménagement industriel remet en cause la politique de promotion des petites entreprises rurales par les autorités provinciales et le développe-ment économique local. Celle-ci se fondait jusqu’alors par un accès privi-

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légié des artisans aux terres des sites industriels, leur formation, des taux préférentiels au crédit bancaire et des politiques fiscales favorables.

les espaces agricoles à urbaniser sont très vastes dans ces districts pratiquant encore largement la riziculture. Contrairement aux politiques mises en place dans les années 1990 pour élargir l’espace résidentiel villa-geois, ou celles de reconversion des villageois jusqu’aux années 2007, qui attribuaient l’équivalent de 10 %des terres expropriées aux paysans pour la résidence ou la production non agricole, depuis 2008, les villageois sont contenus dans leur espace résidentiel. Selon le schéma directeur de la pro - vince de Hanoi, la seconde couronne devra être complètement urbanisée et densifiée d’ici 2030. Pour la construction de zones résidentielles et industrielles une superficie d’environ 32 300 hectares de terres agricoles sera expropriée, sur les 60 000 hectares de superficie totale de ces com -munes où vivent 1,4 million d’habitants en 2009. La superficie résiden-tielle des villages concernés par ces changements d’usage des sols s’élève à 8 859 hectares et celle de la production non agricole à 3 558 hec tares3. Ainsi, plus de la moitié de la superficie de cette couronne sera occupée par des zones résidentielles ou des villes denses, construites à 60 % de leur superficie en immeubles de plus de dix étages, sans qu’aucune réserve foncière ne soit attribuée à ces villages absorbés dans le périmètre de la ville4.

on se trouve ainsi devant une répartition injuste des terres. les services fonciers des provinces arguent de la nécessité de construire des zones rési-dentielles et industrielles de qualité ayant des standards urbains et interna-tionaux sur de grandes emprises foncières pour hisser Hanoi au rang des métropoles internationale et exproprient les villageois des terres agricoles. Les terres agricoles appartenant à l’État, les paysans ne bénéficient que d’un droit d’usage des sols pour une durée de vingt ans. Cela permet une maîtrise de la gestion foncière par les autorités et surtout un accès à un prix des terres bien inférieur au marché pour attirer les investisseurs. les prix des compensations sont fixés par les autorités provinciales sur la base du prix des terres agricoles et non pas en fonction de leur usage futur. depuis la loi foncière de 2003, on distingue dorénavant deux modes d’ex-propriations selon la vocation des projets (truong & Perera, 2010) :

– le groupe 1 concerne les projets d’intérêt public. dans ce cas, les terres sont indemnisées aux taux de compensations imposés par les provinces et les tractations se font entre les services fonciers et les villa-geois. les provinces donnent ensuite les terres aux constructeurs.

3. Chiffres tirés des statistiques obtenues auprès des services des districts de la Province de Hanoi par le Casrad et recalculés en fonction des limites de la zone à urba-niser selon le schéma directeur de 2011.

4. Selon le même schéma directeur, cinq villes satellites seront construites dans un rayon de vingt à trente km et reliées entre elles et la ville dense par un réseau autoroutier de grande envergure. elles vont concentrer théoriquement le gros de la création des emplois industriels, notamment dans la ville technopole de Hòa Lạc qui sera dotée d’un parc industriel de plus de 1 500 hectares en cours d’achèvement (voir figure 1).

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– les terres du groupe 2 sont les terres à vocation résidentielle. les promoteurs doivent s’arranger directement avec les villageois à exproprier pour trouver un terrain d’entente. Parfois les premiers font appel aux auto-rités communales pour convaincre les expropriés d’accepter des prix moins élevés. Ceux-ci cherchent à obtenir des prix proches de ceux du marché libre à vocation résidentielle (jusqu’à 2 000 uSd/m2) contre des compensations de 31 USD !

La difficulté à exproprier les villageois se traduit par une faiblesse de l’offre, alors que la demande est grande. Cela entraine un renchérissement des terres réservées pour les grands projets et rendues inaccessibles aux villageois. la résolution des autorités est d’autant plus ferme que depuis l’intégration dans Hanoi, la Municipalité cherche à enrayer l’auto-cons-truction de basse qualité et à installer les infrastructures nécessaires à l’ex-pansion de la ville. Cela pose le problème du droit à la ville de ces villa-geois urbanisés et pluri-actifs aux revenus insuffisants pour concurrencer les classes moyennes montantes nées avec le Doi Moi.

les politiques publiques en faveur des investissements étrangers se sont traduites par l’érection de villes nouvelles et de zones résidentielles visant à densifier la ville, en rupture totale avec l’architecture des villages urbanisés sur les terres desquels elles vont s’implanter. le contraste archi-tectural et social entre les villages encastrés au sein de ces zones urbaines de plusieurs centaines d’hectares destinées aux couches moyennes et supérieures sera ainsi beaucoup plus marqué que dans la première cou -ronne.

Par ailleurs, l’intégration économique à la ville est faible et ne valorise pas les activités artisanales et industrielles existantes. dans la province de Hanoi, en 2009, on compte un total de 12 000 hectares de zones indus-trielles de plusieurs centaines d’hectares en projet ou en cours de construc-tion. Celles actuellement en activité ont une très faible capacité à embau-cher localement, les chefs d’entreprises préférant la main-d’œuvre docile et peu chère des provinces reculées (en 2009, 60 % des ouvriers des zones industrielles de la province de Hanoi sont originaires d’autres provinces), créant un malaise social autour des questions d’accès à l’emploi, aux services de santé et au logement. 129 300 actifs agricoles seront expro-priés de leurs terres agricoles dans cette seconde couronne et devront se reconvertir dans d’autres activités. Contrairement aux villageois de la première couronne urbanisée depuis la fin des années 1990, les possibi-lités de reconversion économique sont faibles. les politiques mises en place sont peu adaptées et très bureaucratiques et touchent peu les actifs de plus de 40 ans.

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La disparition des terres agricoles, les dysfonctionnements des réseaux hydrauliques et de communication et la remise en cause de l’intégration spatiale des clusters de villages de métier

dans les villages de métier, le système de production repose sur un savant mariage de raison entre l’artisanat, le petit commerce, les jardins intensifs, l’élevage et l’agriculture de subsistance. les petits patrons comptent sur ces apports de revenus pour offrir des salaires plus bas qu’en ville. on rencontre deux types de villages artisanaux :

– les villages qui vivent essentiellement de l’artisanat. la mécanisa-tion et le développement de la production artisanale ont détourné ces villa-geois de l’agriculture. Mais, afin de garder l’usufruit de leurs terres, ils les louent ou les prêtent à des paysans des villages voisins. de plus, tout le système de production repose sur une main-d’œuvre pluri-active, sous-traitée de façon saisonnière à domicile et qui a besoin d’assurer son auto-suffisance en riz.

– les villages où l’artisanat constitue un appoint à côté de l’agricul-ture. les terres agricoles, cultivées principalement en riz, apportent l’auto-suffisance en céréales de la famille. Le riz est très peu commercialisé car les surplus sont rares. Il assure la sécurité alimentaire en cas de mévente des produits ou de chômage temporaire des petits artisans sous-traitants. Si elles n’apportent qu’un complément de revenus aux villageois, les terres agricoles participent avec l’artisanat au maintien sur place de popu-lations nombreuses. Si l’agriculture disparait, les revenus des activités artisanales secondaires comme la vannerie, la broderie ou la transforma-tion des produits agricoles, ne suffiront pas pour l’entretien des villageois.

les grands projets urbains en construction sur les terres agricoles créent des dysfonctionnements dans les relations entre les villages et augmentent les risques d’inondation. en effet, ils ne prennent pas en compte l’organisation spatiale et sociale des villages. les relations entre les villages de métier au sein des clusters sont intenses et s’effectuent au sein d’un réseau de communication fait de routes aux gabarits variés, de chemins vicinaux ou de routes-digues non carrossables le long desquels des véhicules de toutes tailles s’affairent. les autoroutes, les zones rési-dentielles et industrielles traversent des finages, isolant des villages, supprimant les axes de communication inter-villageois. tel qu’il est orga-nisé, ce nouveau réseau risque de mettre à mal la dynamique économique au sein de ces systèmes de production localisée où l’échange est fonda-mental.

Par ailleurs, les zones résidentielles et industrielles sont construites sur des remblais élevés à un mètre au-dessus des villages pour se protéger des risques d’inondation. Quand il pleut, les villages en contrebas souffrent alors encore plus des inondations. Normalement, il est stipulé dans les protocoles qui régissent la construction des zones résidentielles et les zones industrielles, que les « développeurs » sont censés aménager un système de drainage autour des villages pour les protéger, mais rares sont

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ceux qui le font. la seule action engagée pour limiter les dégâts est le pompage temporaire à l’aide de grosses machines. aussi les dysfonction-nements du système hydraulique affectent les terres encore cultivées. Certains canaux d’irrigation sont bouchés et l’eau n’arrive plus aux parcelles, notamment celles encastrées entre plusieurs projets. les paysans sont obligés de les abandonner et ne reçoivent pas les compensations nécessaires car, administrativement, elles sont toujours cultivées.

Conclusion

après des siècles d’intégration progressive des villages périurbains dans la ville, et de rapports étroits entre le centre politique et commerciale et ses marges productives, qui ont constitué l’originalité et la spécificité de cette capitale plantée sur un milieu lacustre, la ville de Hanoi élargie remet en cause ses principes urbains fondateurs. le schéma directeur de Hanoi de 2011 prône la séparation des fonctions urbaines (résidentielles, industrielles, commerciales et de loisirs), à l’instar du discours des urba-nistes modernes occidentaux des années 1950, discours fortement remis en cause depuis les années 1980, notamment en France. les périphéries de Hnaoi étant caractérisées par la pluri-activité, ce modèle va à l’encontre du multi-usage des terres et risque de remettre en cause le système de production très consommateur de main-d’œuvre et qui permet à une popu-lation nombreuse de se maintenir sur place dans le delta du fleuve Rouge.

Ce schéma directeur vise à faire table rase de l’existant et à ne pas prendre en compte la spécificité des villages des périphéries, qui vont être noyés dans la nappe urbaine. les nouvelles zones résidentielles et les villes-satellites vont être construites sur les terres rizicoles à côté des villages. et pourtant le tissu industriel et résidentiel dense est un atout pour la ville car il est déjà constitué. des investissements limités, une mise aux normes des constructions et des moyens de production pourraient les intégrer à la ville en leur donnant les moyens de maintenir leurs activités.

ainsi, la récente formation d’un marché foncier et son emballement depuis quelques années, dans le cadre de la libéralisation, en outre mal régulée par des institutions sans moyens de coercitions suffisants et rongées par la corruption, risque d’aggraver les inégalités d’accès aux ressources urbaines et de créer de fortes ségrégations socio-spatiales entre les nouveaux projets urbains et les villages urbanisés pluri-actifs aux dépens desquels ils s’étendent.

l’intégration dans le territoire de la province-capitale implique une perte de pouvoir pour les collectivités locales communales. la province décide et impose aux niveaux administratifs inférieurs un modèle urbain et un mode d’utilisation de leur territoire qui peuvent être incompatibles avec leur système de production et leurs besoins fonciers. les communes

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n’ont pas de plan d’occupation des sols particuliers et constituent des réserves foncières pour l’aménagement urbain. Par ailleurs, en étant intégré dans un quartier urbain, le village perd son chef et ne possède plus de maîtrise de son territoire.

Enfin, les villes deltaïques ne peuvent pas sous-estimer leurs caracté-ristiques lacustres et les risques élevés d’inondation et construire des plateformes urbaines bétonnées et des réseaux autoroutiers à forte emprise foncière contraignant le drainage naturel. les inondations de novembre 2011 à Bangkok ne semblent pourtant pas pousser les déci-deurs vietnamiens à remettre en cause leurs projets urbains, dans un contexte de décentralisation et de libéralisation du marché foncier, qui donne la primeur aux promoteurs cherchant la rentabilité maximale et la plus rapide de leurs investissements.

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