philosophie moderne : kant 11

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KANT : cours 11 Marcel Weber

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KANT : cours 11

Marcel Weber

À la recherche de la loi morale

Rappel : Kant cherche un principe général de la moralité qui est absolument indépendant de toute expérience et qui peut déterminer la volonté d’un agent sous toute circonstance et sans aucune influence des inclina>ons (Neigungen) subjec>ves (disposi>ons psychologiques) d’une personne

À la recherche de la loi morale

Il y a exactement deux formes de contrainte sur la volonté :1) L’impéra>f hypothé>que2) L’impéra>f catégorique« [T]ous les impéra>fs commandent soit hypothé-quement, soit catégoriquement » (FMM 414).

L’impératif hypothétique

Les impéra'fs hypothé'ques « représentent la nécessité pra>que d’une ac>on possible, en tant qu’elle cons>tue un moyen de parvenir à quelque chose d’autre que l’on veut » (FMM 414)Exemple (pas de Kant) : Si tu veux rester sain, lave tes mains fréquemment.

L’impéra=f hypothé=que

Une propriété remarquable des impéra3fs hypothé3ques : Ils sont capables de mo3ver directement une ac3on.L’impéra3f « Si tu veux rester sain, lave tes mains fréquemment » implique que si je veux rester sain, alors je veux aussi laver mes mains fréquemment. Dans ce sens, un impéra3f hypothé3que est analy%que (et donc pas un candidat pour la loi morale selon Kant)

L’impéra=f hypothé=que

La fonc>on de la raison ici est purement instrumentale et soumise à la volonté ; elle dirige le choix des moyens nécessaires à aUeindre un but tandis que le volonté fournit la mo>va>on.

L'impératif catégorique

« celui qui représenterait une ac>on considérée pour elle-même, sans rela>on à une autre fin, comme objec>vement nécessaire » (FMM 414).Exemple : « Il ne faut pas men>r ».Ici, il n’y a pas de but. La ques>on « à quelle fin ne faut-il pas men>r ? » n’a pas de sens.L’impéra>f catégorique commande de manière qui est indépendante de tous mes buts.

L'impératif catégorique

À noter : tradi>onnellement, les impéra>fs catégoriques sont conçus comme des commandements provenant d’une source externe (Dieu, un souverain).Ce n’est pas du tout comme Kant comprend les impéra>fs catégoriques.Chez Kant, c’est uniquement la raison (humaine ou non) qui a le droit de commander de manière catégorique.

L'impéra=f catégorique

Il convient aussi de noter l’importance de ceUe idée pour les lumières, mouvement dans lequel Kant est souvent impliqué.« Au4lärung ist der Ausgang des Menschen aus seiner selbst verschuldeten Unmündigkeit […] Sapere aude! Habe Mut dich deines eigenen Verstandes zu bedienen! ist also der Wahlspruch der Au4lärung. »

L'impéra=f catégorique

« Qu’est-ce que les Lumières ? La sor>e de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. […] Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. »[Publié en 1784 dans un ar>cle in>tulé Beantwortung der Frage : Was ist Au4lärung ?]

L'impératif catégorique

La forme gramma>cale d’un impéra>f peut être trompeuse (I) :« Fais tes exercices d’allemand ! » est ellip'quepour « Si tu veux maîtriser l’allemand, fais tes exercices » ou « si tu veux passer tes examens de maturité, fais tes exercices d’allemand ».

L'impératif catégorique

La forme gramma>cale d’un impéra>f peut être trompeuse :« Si tu vois une personne en danger, va à son secours ! »Ici, la condi>on n’indique pas un but mais une condi>on d’applica>on. L’impéra>f lui-même est bien catégorique.

L'impéra=f catégorique

En général, ce qui différencie les impéra>fs hypothé>ques des impéra>fs catégoriques est la raison qui est donnée pour effectuer l’ac>on ordonnée.Si l’impéra>f con>ent un but pour l’ac>on, l’impéra>f est hypothé>que, sinon il est catégorique.

L'impéra=f catégorique

À noter : un impéra>f catégorique ne peut pas être annulé par le sujet.(Par contre, un impéra>f hypothé>que s’annule si son but est abandonné ou aUeint.)Si je promets quelque chose à une personne, pour n’importe quelle raison, je ne peux pas annuler la promesse (seule la personne concernée peut m’en libérer) même si je n’ai plus de raison pour tenir la promesse.

L'impératif catégorique

La nature catégorique de l’impéra>f est aussi u>lisée par Kant afin de différencier entre des règles morales et des règles de prudence ou d’habilité [Regeln der Klugheit oder der Geschicklichkeit]. Ces dernières sont toujours exprimables par de impéra>fs hypothé>ques, tandis que des règles morales ont la forme catégorique.

L'impératif catégorique

Ques>ons importantes :- Pourquoi (est-ce raisonnable de) suivre un

impéra>f catégorique ?- Comment un tel impéra>f peut-il être jus>fié ?- D’où vient sa force norma>ve ?Rappel : C’est l’impéra>f catégorique qui fonde la bonté de la volonté ainsi que le devoir. Donc Kant nous doit une jus>fica>on (Sec>on III).

L'impéra=f catégorique

Kant insiste que l’IC ne con3ent que la forme d’une loi :« l’impéra3f [catégorique] ne con3ent en dehors de la loi que la nécessité, pour la maxime, de se conformer à ceMe loi et [que] la loi ne con3ent aucune condi3on à laquelle elle soit astreinte, il ne reste rien que l'universalité d'une loi en général, à laquelle la maxime de l'ac3on doit être conforme, et c’est seulement ceMe conformité que l'impéra3f nous représente proprement comme nécessaire » (FMM 420).

L'impéra=f catégorique

Mais si l’IC ne con>ent rien d’autre que la forme d’une loi, comment peut-il nous instruire moralement ?Réponse : Ce sont les maximes qui sont conformes à l’IC qui con>ennent les instruc>ons morales spécifiques.L’IC est synthé'que parce qu’il n’implique pas ces maximes, mais il permet une discrimina>on des maximes morales d’autres maximes.

L'impératif catégorique

La forme impéra've est due à l’imperfec>on de l’homme, qui est soumis aussi aux inclina>ons et passions non-ra>onnelles. Une volonté sainte n’aurais pas besoin de l’impéra>f ; elle serait nécessairement conforme à la loi morale.

Les formulations de l’IC

- La formula>on nomologique- La formula>on « humanité »- La formula>on téléologique(Liste incomplète ; dans l’ensemble de son œuvre, Kant donne une bonne dizaine de formula>ons différentes de son principe fondamental d’éthique)

La formula=on nomologique

« Handle nur nach derjenigen Maxime, durch die du zugleich wollen kannst, dass sie einallgemeines Gesetz werde. »« Agis seulement d'après la maxime grâce àlaquelle tu peux vouloir en même temps qu'elledevienne une loi universelle » (FMM 421).

La formula=on nomologique

Explica>on : Ce que la forme nomologique fournit est une sorte de test de généralisabilité.Elle nous amène à imaginer qu’une maxime sous considéra>on soit élevée en loi universelle (« Et si tout le monde faisait cela ?»). Est-ce que je peux vouloir sans contradic>on que ce soit la cas ? Si peux répondre «Oui !» alors la maxime a passé le test.

La formulation nomologique

Ques>on : Est-ce la même chose que la « règle d’or » («Traite les autres comme tu voudrais être traité ») ?

La formulation nomologique

Ques>on : Est-ce la même chose que la « règle d’or » («Traite les autres comme tu voudrais être traité ») ?Kant cri>que que ce « quod -bi non vis fieri » ne peut pas fonder des devoir envers soi-même (FMM 430, note de bas de page).En plus, ce principe dépend des désirs individuels d’un agent et n’est donc pas suffisamment objec>f pour Kant.

La formula=on « humanité »

« Handle so, dass du die Menschheit sowohl in deiner Person, als in der Person eines jedenanderen jederzeit zugleich als Zweck, niemalsbloß als MiWel brauchst. »« Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en mêmetemps comme une fin, et jamais simplementcomme un moyen. » (FMM 429)

La formula=on « humanité »

Explica>on : En parlant de « l’humanité » Kant ne se réfère pas à un être humain individuel ni à la totalité des êtres humains. Il faut lire « Menschheit » ici plutôt dans le sens de la capacité à agir de façon ra>onnelle et autonome [donc peut-être plutôt « Mensch-heit » ou « human-ness » ou bien « humanitude », c’est-à-dire la propriété d’être doué d’une raison humaine].

La formulation « humanité »

La formula>on est souvent lise dans le sens d’une interdic>on de toute instrumentalisa>on d’autres personnes. Or, ce n’est pas ce que dit Kant. La vie commune serait impossible avec une telle interdic>on. C’est plutôt une instrumentalisa>on totale qui est exclue par ceUe version de l’IC.La ques>on de savoir qu’est-ce que cela implique pour des cas concrets n’est pas triviale.

La formulation « humanité »

Avec la formula>on « humanité », Kant veut exprimer que la raison seule peut fixer des fins ; elle est la source ul>me de toute finalité et ainsi la source de la bonté de toute volonté, qui cons>tue la seule valeur intrinsèque et la source de toute autre valeur. Afin de ne pas empêcher des volontés bonnes il faut toujours tenir compte de la capacité à choisir des fins d’autres êtres raisonnables.

La formula=on « humanité »

Donc il faut comprendre la formula>on « traiter l’humanité toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen » dans le sens de « traiter toute personne comme un être autonome capable de choisir des fins lui-même et non seulement de m’aider à réaliser mes propres fins ».

La formula=on téléologique

« [H]andle nach Maximen eines allgemein gesetzgebenden Gliedes zu einem bloß möglichen Reich der Zwecke. »« Agis selon les maximes d’un membre qui légifère universellement en vue d’un règne des fins simplement possible ». (FMM 439)

La formulation téléologique

Explica>on : L’idée d’un règne des fins (Reich der Zwecke) est celle d’une communauté d’agents qui choisissent leurs fins et leur maximes à ce que celles-ci forment une unité consistante, cohérente et mutuellement favorable.Il faut toujours agir comme si nous é>ons tous des membres d’une telle communauté idéale.

L'unité des formulations

Kant pense que toutes les formula0ons de l'impéra0f catégorique sont logiquement équivalentes (même s’il accorde une certaine priorité à la formula0on nomologique). Si c'est correct, il devrait être possible de dériver chacune de ces formula0ons à par0r d'une autre formula0on quelconque.Une preuve complète de ceDe équivalence ne se trouve nulle part dans l'œuvre de Kant.L'unité des formula0ons est controversée à ce jour.

Qu’est-ce qu’une maxime ?

Ce concept se trouve dans toutes les formula0ons.La défini0on donnée par Kant :« le principe subjec0f du vouloir » (FMM 400, note de bas de page)Le « principe objec0f (c’est-à-dire celui qui servirait aussi subjec0vement de principe pra0que à tous les êtres raisonnables si la raison avait plein pouvoir sur la faculté de désirer) : la loi pra0que » (ibid.)

Qu’est-ce qu’une maxime ?Donc Kant d’abord caractérise l’agent comme suivant des principes dans toutes ses ac7ons. Le sujet, il semble, peut déterminer ses propres maximes de façon libre.L’impéra7f catégorique nous donne une règle pour déterminer quelles maximes sont bonnes (dans un sens moral), et donc pour choisir une maxime.Une maxime est bonne si et seulement si l’agent peut vouloir sans contradic7on que son principe subjec7f devienne objec7f, c’est-à-dire obligatoire pour tout le monde.

Les quatre exemples de Kant

1) l’homme désespéré2) le prêt d’argent3) le talent4) le je-m’en-fou0ste

Les quatre exemples de Kant

1) l’homme désespéré (FMM 421-422)Un homme désespéré envisage de se suicider. Il considère comme maxime :« Par amour de moi-même j’érige en principe d’abréger ma vie si, par son prolongement excessif, elle me menace de m’infliger davantage de maux qu’elle me promet de sa0sfac0ons ».

Les quatre exemples de Kant

1) l’homme désespéré (FMM 421-422)Est-ce que l’homme pourrait vouloir que ceDe maxime devienne une loi naturelle [une version de l’impéra0f catégorique formulée en termes de loi naturelle].Kant : Non, une nature dont la loi est la destruc0on de la vie serait contradictoire. Donc la loi morale interdit le suicide dans toute circonstance.

Les quatre exemples de Kant

2) Le prêt d’argent (FMM 422)Un individu se voit pressé d’emprunter de l’argent tout en promeDant de rembourser le montant ultérieurement, sachant qu’il sera dans l’incapacité de le rembourser.La maxime en ques0on : « Quand je me crois à court d’argent, j’accepte d’en emprunter et de promeDre de le rendre, bien que je sache que tel ne sera jamais le cas. »

Les quatre exemples de Kant

2) Le prêt d’argent (FMM 422)CeDe maxime, élevée en loi universelle, serait nécessairement contradictoire en elle-même, parce que dans un monde dans lequel tout le monde croit avoir le droit de faire n’importe quelle promesse sans aucune inten0on de la tenir la promesse en tant que telle n’aurait aucun sens (« tout le monde rirait de telles déclara0ons »).Donc la loi morale exige de tenir ses promesses

Les quatre exemples de Kant

3) Le talent (FMM 422-423)Un individu sait avoir un talent qui pourrait être u0le avec un peu de cul0va0on, mais préfère de s’abandonner aux diver0ssements.Ici, Kant insiste simplement qu’un être raisonnable veut nécessairement développer toutes les facultés qui lui sont données parce qu’elles peuvent servir à toutes sortes de fins possibles.

Les quatre exemples de Kant

4) Le je-m’en-fou0ste (FMM 423)Un individu pour lequel tout va bien voit d’autres personnes en difficultés, auxquelles il pourrait porter secours. « En quoi cela m’importe-t-il ? »Je ne peux pas vouloir sans contradic5on qu’une telle maxime devienne une loi parce que je pourrais me trouver moi-même dans une situa0on dans laquelle j’aurais besoin des secours ou de la sympathie des autres.

Interpréta=on

Dans tous ces exemples, Kant considère comme contradictoire l’idée qu’un agent (ra0onnel) peut vouloir que les maximes sous considéra0on deviennent des lois. Mais de quelle sorte de contradic0on s’agit-il ?

Interprétation

Deux possibilités (il y en a d’autres) :a) Contradic0on logique des maximes elles-

mêmes ou des maximes généralisées. b) Contradic0on pragma5que, c’est-à-dire

incompa0bilité de la maxime généralisée avec les condi0ons mêmes de communica0on et d’agence ra0onnelle

Interprétation

a) l’interpréta0on logique :Tandis qu’il ne semble pas y avoir une contradic0on logique directe (du type « P et non-P »), on peut peut-être trouver des inconsistances conceptuelles.Exemple : dans le prêt d’argent, il pourrait être inconsistant de donner une promesse sans avoir l’inten0on de la tenir : une promesse sans une telle inten0on n’étant pas vraiment une promesse mais une fausse promesse

Interpréta=on

b) l’interpréta0on pragma0que Personne ne serait disposé à prêter de l’argent (sous un régime moral plutôt que légal) sans la pra0que de donner et de tenir des promesses.CeDe pra0que évidemment peut être exploitée par des escrocs. Mais si la fraude devient la norme, la pra0que ne peut plus fonc0onner. Ainsi, une incompa0bilité émerge entre la pra0que est la maxime élevée en loi.

Interpréta=on

Est-ce qu’il y a une démonstra0on des implica0ons de l’impéra0f catégorique aussi plausible pour le cas du je-m’en-fou0ste ?(les normes morales que Kant veut jus0fier dans les cas de l’homme désespéré et du talent étant plus controversés aujourd’hui)

Interprétation

L’interpréta0on logique est peu plausible pour ce cas ; Kant lui-même admet qu’une loi naturelle selon laquelle tout le monde s’en fiche des autres (ou a le droit de s’en ficher) pourrait exister (sans contradic0on), il constate un conflit (Widerstreit) à l’intérieur de la volonté si elle accepte comme loi la maxime de ne pas porter secours aux personnes en difficultés et la possibilité d’avoir besoin de secours elle-même. Je ne peux pas ra0onnellement vouloir qu’aucun secours ne soit disponible pour moi en cas de difficultés.

Interprétation

Problème avec cet argument :Il risque de prendre une forme conséquentaliste.Selon Kant, il faut évaluer ses ac0ons et les maximes les dirigeant indépendamment de leur conséquences. Ici, il semble que Kant doit faire référence aux conséquences néga0ves pour l’agent, ce qui semble aller à l’encontre de sa propre théorie

Interpréta=on

Mais heureusement pour Kant l’interpréta0on pragma0que est aussi plausible pour ce cas.On peut argumenter que tout agent qui veut profiter de secours en cas de difficulté doit aussi vouloir, sous peine de conflit pragma0que, que les condi0ons nécessaires pour la disponibilité de tels secours soient réalisées. La maxime je-m’en-fou0ste, si elle devient la norme, empêche ceDe réalisa0on.

La formula=on « humanité »

« Agis de façon telle que tu traites l’humanite, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.» (FMM 429)

La formulation « humanité »

Le cas de l’homme désesperé :« Si, pour fuir une situa0on pénible, il se détruit lui-même, il se sert d’une personne simplement comme un moyen en vue de préserver une situa0on supportable jusqu’à la fin de la vie. » (FMM 429).

La formulation « humanité »

Interpréta0on :L’homme désespéré, en se suicidant, détruit sa propre capacité à poser des fins et la soumet complètement à son hédonisme. Ainsi, il agit contre la loi morale elle-même.

La formula=on « humanité »

Le cas du prêt d’argent :« [C]elui qui a en tête de faire à d’autres une promesse mensongère apercevra aussitôt qu’il veut se servir d’un autre être humain simplement comme un moyen, sans que ce moyen con0enne en même temps en lui la fin. » (FMM 429)

La formula=on « humanité »

Interpréta0on :La promesse mensongère empêche les des0nataires du mensonge de fixer et réaliser leurs propres buts de façon ra0onnelle parce que cela exige que toute personne concernée dispose de bonnes informa0ons concernant les aspects per0nents d’une ac0ons.

La formulation « humanité »

Le cas du talent :« [P]our ce qui touche au devoir con0ngent (méritoire) envers soi-même, il ne suffit pas que l’ac0on ne contredise pas l’humanité dans notre personne considéré comme fin en soi : il faut aussi qu’elle s’accorde avec elle. » (FMM 430)

La formulation « humanité »

Interpréta0on :Il semble que Kant étend le principe d’humanité ici d’une prescrip0on néga0ve à un devoir posi0f, à savoir l’encouragement de l’humanité. Il est difficile à voir comment la formula0on humanité peut tenir compte de ce devoir. Cela pourrait être une raison pour considérer la formula0on nomologique comme étant plus strict.

La formula=on « humanité »

Le cas du je-m’en-fou0ste :« [À] propos du devoir méritoire envers autrui, la fin naturelle qui poursuivent tous les hommes réside dans leur bonheur personnel. Or, certes, l’humanité pourrait con0nuer à exister si personne ne contribuait en quoi que ce soit au bonheur d’autrui, mais se bornait à ne pas y porter aDeinte délibérément ; cela ne procurerait pourtant qu’un accord néga0f et non posi0f avec l’humanité comme fin en soi. » (FMM 430)

La formula=on « humanité »

À noter : Si Kant considère le bonheur comme « fin naturelle » ou « fin en soi » de l’humanité n’implique pas qu’il prend le bonheur comme valeur fondamentale. Le bonheur est peut-être une fin qui n’est pas instrumentale par rapport à d’autres buts, mais rappelons qu’il n’est pas bon sans restric0on selon Kant. Kant ne propose pas que ceux qui ont une volonté bonne soient nécessairement misérables, seulement que la loi morale doit prendre une priorité sur la recherche du bonheur.

La formulation « humanité »

Il convient aussi de noter que Kant qualifie l’idée de la nature ra0onnelle (=l’humanité) comme fin naturelle de « Postulat » (FMM 429, note de bas de page) et de « principe subjec0f de l’ac0on humaine » (FMM 429). Les « postulats » chez Kant sont des exigences de la raison pra0que qui ne sont pas prouvables mais qui s’imposent à notre pensée.

La formulation « humanité »

Dans la Cri8que de la raison pra8que Kant proposera l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme comme postulats qui ne sont, bien sûr, pas nécessaires pour mo0ver la volonté bonne mais qui peuvent assurer un lien entre la intégrité morale d’une personne et son bonheur. Ces postulats sont nécessaires seulement pour penser la possibilité d’une vie qui est à la fois heureuse et proprement mo0vée par la moralité.

La formula=on humanité

Problème : préciser les condi0ons sous lesquelles une ac0on traite l’humanité « simplement » comme moyenL’essence de la formula0on humanité est l’interdic0on d’instrumentaliser des personnes. Mais il convient de noter que la formula0on n’interdit pas l’instrumentalisa0on mais seulement l’instrumentalisa0on sans considéra5on des propres fins d’une personne.

Résumé

Dans la deuxième sec0on de la FMM, Kant a proposé plusieurs formula0ons, considérées comme étant équivalentes, de l’impéra0f catégorique, qui nous donne une méthode pour évaluer nos ac0ons dans une perspec0ve éthique.Il a discuté de quatre exemples pour démontrer comment l’impéra0f catégorique peut être appliqué à des cas concrets.Il montre ainsi comment des devoirs envers soi-même ainsi que des devoirs envers autrui peuvent être jus0fiés.

Résumé

Dans tous les cas, Kant montre que la raison rencontre des contradic0ons pragma0ques si elle ne choisit pas les maximes (principes) de ses ac0ons de manière qui s’accorde avec l’impéra0f catégorique.Ainsi Kant a montré que l’IC peut servir de loi morale qui implique des règles concrètes de manière a priori et indépendante de nos inclina0ons.Mais quelle est la jus0fica0on de l’IC lui-même ?