l’intégration d’un parti islamique comme facteur de renforcement du contrôle religieux et de...

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• 151 L’INTéGRATION D’UN PARTI ISLAMIQUE COMME FACTEUR DE RENFORCEMENT DU CONTRÔLE RELIGIEUX ET DE LA RHéTORIQUE ANTI-ISLAMISTE Le cas du Tadjikstan Hélène THIBAULT le présent article cherche à mettre en évidence l’impact de l’intégration d’un parti islamiste dans les structures officielles de pouvoir sur le renforcement du discours anti- islamiste et les règles encadrant la pratique confessionnelle au Tadjikistan. après cinq ans de guerre civile, la signature des accords de paix effectuée sous l’égide de l’onu en 1997 a conduit à l’intégration des forces d’opposition dans les structures officielles de pouvoir. Phénomène unique en asie centrale post-soviétique, la participation légale d’un Parti islamique [Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan (PriT)] à la vie politique du pays a révélé une nouvelle dynamique étatique. A priori, on peut supposer que l’intégration d’un parti religieux au sein de l’exécutif mènerait à une plus grande ascendance des valeurs religieuses dans la conduite des affaires de l’etat. Pourtant, il semble que l’intégration du PriT, suivie presque aussitôt de sa lente marginalisation, n’ait pas contribué à une valorisation du religieux sur le plan social et politique mais bien à sa détraction. ceci se reflète par le développement d’une rhétorique anti-islamiste qui condamne le zèle et l’extrémisme religieux, la promotion de la laïcité et un encadrement rigoureux des pratiques religieuses jusque dans la vie quotidienne. Cet article se veut une tentative de conceptualisation du phénomène que nous qualifions de « désécularisation laïque » de l’etat qui sous-entend une influence grandissante de l’etat dans les affaires religieuses du pays de laquelle est exclue la question du sacré. Pour les besoins de la démonstration, les stratégies politiques adoptées par les acteurs séculiers et islamistes en lien avec la gestion de la religion seront étudiées par une analyse des pratiques et dans une moindre mesure des discours, qui sera suivie d’une discussion autour de la typologie d’olivier roy sur les stratégies des etats face à la montée de l’islamisme. une attention particulière sera accordée aux lois et aux institutions relatives à la question religieuse, notamment : le conseil des oulémas (indépendant) et le comité des affaires religieuses (officiel). la deuxième partie sera consacrée à l’analyse des stratégies politiques qui ont marqué la période d’après-guerre et au glissement vers une « désécularisation laïque » de l’etat.

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l’inTégrATion D’un PArTi islAmique comme fAcTeur De renforcemenT Du conTrÔle religieuX eT De lA rhéTorique AnTi-islAmisTe

le cas du Tadjikstan

Hélène THibAulT

leprésentarticlechercheàmettreenévidencel’impactdel’intégrationd’unpartiislamistedanslesstructuresofficiellesdepouvoirsurlerenforcementdudiscoursanti-islamisteetlesrèglesencadrantlapratiqueconfessionnelleauTadjikistan.aprèscinqansdeguerrecivile,lasignaturedesaccordsdepaixeffectuéesousl’égidedel’onuen1997aconduitàl’intégrationdesforcesd’oppositiondanslesstructuresofficiellesdepouvoir.Phénomèneuniqueenasiecentralepost-soviétique,laparticipationlégaled’unPartiislamique[PartidelarenaissanceislamiqueduTadjikistan(PriT)]àlaviepolitique du pays a révélé une nouvelle dynamique étatique. A priori, on peut supposer quel’intégrationd’unpartireligieuxauseindel’exécutifmèneraitàuneplusgrandeascendancedesvaleursreligieusesdanslaconduitedesaffairesdel’etat.Pourtant,ilsemblequel’intégrationduPriT,suiviepresqueaussitôtdesalentemarginalisation,n’aitpascontribuéàunevalorisationdureligieuxsurleplansocialetpolitiquemaisbienàsadétraction.cecisereflèteparledéveloppementd’unerhétoriqueanti-islamistequicondamnelezèleetl’extrémismereligieux,lapromotiondelalaïcitéetunencadrementrigoureuxdespratiquesreligieusesjusquedanslaviequotidienne.

Cet article se veut une tentative de conceptualisation du phénomène que nous qualifions de «désécularisation laïque» de l’etat qui sous-entend une influencegrandissante de l’etat dans les affaires religieuses du pays de laquelle est excluelaquestiondusacré.Pourlesbesoinsdeladémonstration,lesstratégiespolitiquesadoptéesparlesacteursséculiersetislamistesenlienaveclagestiondelareligionseront étudiées par une analyse des pratiques et dans une moindre mesure des discours, quiserasuivied’unediscussionautourdelatypologied’olivierroysurlesstratégiesdesetatsfaceàlamontéedel’islamisme.uneattentionparticulièreseraaccordéeauxloisetauxinstitutionsrelativesàlaquestionreligieuse,notamment:leconseildesoulémas(indépendant)etlecomitédesaffairesreligieuses(officiel).ladeuxièmepartieseraconsacréeàl’analysedesstratégiespolitiquesquiontmarquélapérioded’après-guerreetauglissementversune«désécularisationlaïque»del’etat.

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les PremiÈres Annees De l’inDePenDAnce eT l’escAlADe vers lA guerre civile

Le Tadjikistan est parmi les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale sans doutecellequireçoitlemoinsd’attentiondelapartdeschercheursensciencessociales.cecis’expliqueparsonisolementgéographique,sesfaiblesperformanceséconomiqueset son manque de ressources naturelles en comparaison de ses voisins beaucoup plus nantis1.cemanqued’intérêtestd’autantplussurprenantcomptetenudelapositiongéostratégiquequ’occupeleTadjikistan,enpremierlieuvis-à-visdel’afghanistanavecqui ilpartageunefrontièredeplusde1.000kmetoùviventuneimportantecommunauté de Tadjiks. La petite République persanophone de sept millions d’habitants setrouveenclavéeaunord-ouestentrelekirghizstanetl’ouzbékistan,l’afghanistanausudetlachineàl’est.lepaysestégalementrecouvertà93%demontagnes,cequien l’absence de routes carrossables pendant toute l’année limite considérablement les échangesintérieursetextérieurs2.déjàlapluspauvredesrépubliquesàl’époquedel’urss,lesindicateurstémoignentdesondéclinéconomiqueamorcéaumomentdel’éclatementdel’empire,puisaccéléréparlesannéesdeguerrecivile3.

lespremièresannéesdelaPerestroïkaontpermisl’expressiond’intérêtsidentitairesetsocio-économiquesauparavantcensurésparlerégimesoviétique.Parmiceux-ci,l’Islam s’est rapidement imposé comme l’un des enjeux dominants dans le Tadjikistan post-soviétique,unphénomènequis’estmanifestédedeuxfaçons;1)parl’intérêtmarquédespopulationspourl’héritagereligieuxunefoislalibertédecultepleinementrétablie,2) par l’utilisation de l’Islam comme instrument de mobilisation politique contre le régimesuiteàl’établissementduPartidelarenaissanceislamiquecommeprincipaleforced’opposition 4. Au début de l’année 1991, alors que les communistes tentaient tant bienquemald’actualiserleurplateformepolitique,lespartisd’oppositionpressaientlesautoritésd’engagerdesréformesvisantàpromouvoirlalanguenationaleetlareligion.cesforcesétaientreprésentéesparrasthokez,unmouvementcomposéd’intellectuelsnationalistes,lePartidémocrateduTadjikistan(PdT),formédenationalisteslibérauxetlePartidelarenaissanceislamique(PriT)réunissantdesfiguresreligieusesdediversestendances.cesdeuxdernierss’unirontplustardpourformerla«coalitionislamo-démocrate » en vue de participer aux élections présidentielles de novembre 1991faceauParticommunisteduTadjikistan(PcT)dirigéparQahhormakhamovdepuis 1985.

lesélitescommunistesquidirigeaientlepaysaumomentdel’indépendancefirentrapidementconnaîtreleuroppositionaumouvementderenouveaureligieux;ilsfirenttoutefoispreuved’uncertainlaissez-fairesurlaquestiondel’implantationdegroupesreligieuxvenusde l’étranger après l’ouverture des frontières.ainsi, denombreuxgroupesprosélytesvenusd’iran,duPakistan,d’arabiesaouditeetaussideTurquieserépandirentauTadjikistanavecpourbutla«reconversion»desfidèles.l’attitudetolérantedesautoritésvis-à-visdecesgroupespeuts’expliquerparlefaitqueleurprésences’accompagnaitgénéralementdesoutiensfinanciersimportantsquipermirentnotamment la reconstruction de plusieurs mosquées5. Par contre, dès l’apparition des premièresmanifestationsréclamantuneplusgrandeplacedel’islamdanslesaffairesdel’etat,denombreuxdéputésdusovietsuprêmedénoncèrentavecvirulencelamontéedelareligiositéetdésignèrentl’islamréactionnairecommel’ennemipublicnuméroun6.

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abdullaevécritqu’ilfautêtrefamilieraveclarhétoriquedesislamistespourêtreenmesure de discuter avec eux, ce qui n’était évidemment pas le cas des élites soviétiques. lesapparatchikitadjikistanais,légatairesdusystèmecommuniste,étaientincapablesd’engagerundialogueconstructifavecl’opposition7. Visiblement, les élites en place, éduquéesdanslapluspuretraditionathéistesoviétique,étaientplusqueréticentesàl’introductiondepolitiquesfavorisantlareligionetnepouvaients’aventurerau-delàdelapromotiondelalangueetdelaculturenationales.ainsi,dès1990,alorsquelesmouvementspopulairesréclamaientunretourauxtraditionslinguistiquesetreligieuses,lesecrétaireGénéraldusovietsuprême,Qahhormakhamovmitsurpieduncomitédelinguistesetd’historiensdanslebutdeproduireunelistedenomspatriotiquesnon-religieux.suivantl’approcheadoptéeparsonprédécesseuretenseréappropriantundesthèmeschersàl’opposition,rakhmonnabievproposaderéintroduirel’alphabetpersanetdelimiterl’usagedurusselorsdel’ébauchedelaconstitution.Quelquesmoisplustard,nabiev,dansungestequisymbolisaitsonoppositionàunequelconqueorientationreligieuseetaffichantuneattitudequicontrastaitaveccelledesesvoisinshéritiersdesrépubliquesnouvellementcréées,refusadeprêtersermentsurlecoranlors de son intronisation comme Président en décembre 19918.

lesconsidérationsidéologiquesn’expliquentqu’enpartielespositionsdel’élitepolitiquevis-à-visdelaquestionreligieuse;lesenjeuxliésàlaplacedelareligiondanslasociétéétaientintrinsèquementliésàlaluttepourlecontrôledel’espacepolitique.lesdirigeantspost-soviétiquesontprisconsciencequ’unebonneproportionde lapopulationaccordaitsonsoutienauxforcesd’opposition,dontlePriTétaitl’élémentmoteur,etquecelles-cireprésentaientuneréellealternativeàl’élitepolitiqueduPcT9. souhaitantàtoutprixconserversonautoritésurlesstructuresd’etatenmutation,cettedernièrenefitquetrèspeudeconcessionstantsurleplanidéologiquequepolitique,cequimenaàuneimpassepolitiqueinextricable.defait,l’adoptiondelapremièreconstitutiondupaysen1994confirmalecaractèreséculierdel’etat.selonolivierroy,larésurgencedelareligionetl’agitationd’unPartiislamistenereprésentaitpasensoiunemenacepourladémocratie.ilsoutientplutôtquec’estl’intransigeanceetl’obstinationdesélitesàconserverleurpositiondepouvoirfaceauxnouvellesforcespolitiques qui ont mis en péril l’ordre politique10etcetteorientationestundesfacteursayantcontribuéàl’escaladeverslaguerrecivile.ainsi,lapolitisationdel’islamauTadjikistannepeutêtretenueresponsabledel’aggravationdesantagonismespolitiques.enrevanche,cephénomèneaservidecatalyseuràl’expressiondesantagonismesentrelespartiesaumomentdel’éclatementdelaguerrecivile.

auprintemps1991,desmanifestationsfurentorganiséesparlesforcesd’oppositiondevantlesovietsuprême;lesévénementsprirentunetournuredramatiqueenaoût1991suiteàl’appuidemakhamovauputschratécontreGorbatchev,ungestequifutdécriéparl’opposition.devantlapressionpopulaireetcelledespartisd’opposition,makhamovdémissionnale31aoûtdesesfonctionsdepremiersecrétaireduPcTetdupostedeprésidentdelarssduTadjikistan;leprésidentdusovietsuprême,Qadriddinalsonov,leremplaçaenintérim.cedernierfitinterdireleParticommunistele22septembremaissondécretfutannulélelendemainparlesovietsuprêmeetfutremplacéparrahmonnabievlejourmême11.cedernierfutéluprésidentduTadjikistanlorsdespremièresélectionsprésidentiellesdelarépubliqueenoctobredelamêmeannée12.

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devantl’inactiondesélitescommunistesetl’impossibilitépourlespartisd’oppositiondefaireadoptercertainesmotionsausovietsuprême,l’oppositionsemobiliseetdesmanifestationssontorganiséesàduchanbéauprintempsde199213. Ces événements sedéroulèrent sur fondde scandalesfinanciersquimirentà jourmalversationsethistoiresdecorruptiondecertainsélémentsdupouvoir,notammentdelarégiondekhoujand,moteuréconomiquedupays14.deplus,lapériodesuivantlesélectionsfutmarquée par une limitation des libertés d’expression ainsi que par la répression des figuresdel’opposition.enmai1992,desaffrontementséclatententrelesmanifestantsetlagardeprésidentiellenouvellementcréée15.devantl’impasse,nabiev,le11mai,formeunnouveaugouvernementdecoalitioncomposéd’élémentsdel’oppositionetauseinduquel,davlatusmonduPriT,occupelepostedevicePremierministre16. dominé par les représentants des régions deGarm et duGorno-badakshonmaiscontestéparceuxdekoulobetkhoujand17.c’estàcemomentqu’éclatentlesconflitsarmésdanslavilledekouloboùlesfactionspro-gouvernementales18purgentlavilledes sympathisants de l’opposition. Couplée d’une victoire militaire du Front populaire duTadjikistanàduchanbé,lanominationdeemomalirahmon19, un nouveau venu enpolitique,endécembre1992eutpoureffetderétablirl’ordredanslacapitaleoùlescombatsprirentfinenjanvier199320. La lutte pour le pouvoir ne cesse pas pour autantetlescombatsdériventverslesrégionsdusuddupays,notammentdanslesvillesdekourgan-Tioube,Garm,koulobetdanslarégiondubadakshons’étirerontjusqu’en1997.ceconflitauraitfaitentre60.000et100.000victimesetauraitprovoquéàl’intérieurdupays,ledéplacementdeprèsde600.000individus,alorsque80.000auraientfuilepays21.

lesmédiasinternationauxontsouventprésentéleconflitcommeunelutteentreislamistes et communistes pour le contrôle du pouvoir. Pourtant, la dynamique politique quiapris formependant lescinqannéesdeguerrecivilese révèleêtrebeaucouppluscomplexeetlefacteurreligieux,mêmes’iln’estpasàl’origineduconflit,aétélargementinstrumentalisépartouteslesparties.ducôtédesforcesgouvernementales,oninsistaitsurledangerquereprésenteraitunevictoiredesislamistespourlefuturdela nation22;approchequifututilepourlarecherched’alliésextérieurstelsquelarussieetl’ouzbékistanquicraignaientlapropagationduconflitauxrégionslimitrophes23.

leconflitapermisdemettreenlumièrelesdivisionsprofondesquicaractérisaientla société tadjikistanaise au moment de l’indépendance. Ahmed Rashid explique que la guerre a permis aux groupes régionaux de livrer bataille à leurs ennemistraditionnels;c’est-à-direauxcombattantsdelarégiondekurganTebe,alliésàceuxdeGharm,d’affronterlestroupesdekoulobetdesughd24. Certains parlent volontiers d’un affrontement entre groupes régionaux «mafieux» agissant sous le couvertd’allégeancespolitiquesparfoisvariables25. Au moment de l’indépendance octobre 1991,leTadjikistann’avaitpasd’arméeetlagardeparticulièreduPrésidentnabievcrééeauprintemps1992faisaitofficedeforcenationale.demartinoadhèrequantàluiàuneexplicationplusglobaleduconflit,tellequeprésentéeparshirinakiner,quiavancequelaguerreaétélerésultatd’unesuited’antagonismesgénérationnels,idéologiques,régionauxetinter-communauxquisontentrésencollisionde1992à1997.ilsoutientqueleconflitapermisunerecompositiondupouvoiréconomiqueetpolitiquedupaysenpassantd’ungouvernementcentraltraditionnellementcontrôlépar

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lesgensdunord(sughd)àuneéliterésolumentplus«koulobie»26, alliée du Président quiestoriginairedecetterégion.

enl’absencederéellesdissensionsidéologiquesinhérentesauconflit,dumanqued’intérêtouencorederessources,legouvernementnes’estpasengagédansundébatsurlaplacedelareligiondanslasociétéettrèspeudedispositionsreligieusesfurentadoptées. Il n’y a pas ici lieu de discuter de la récupération des valeurs islamiques par lesautoritéstellequ’elleaétéobservéedanslespaysvoisinscommel’ouzbékistanparexemple,oùlePrésidentislamkarimovs’estrapidementsaisidudiscoursreligieuxafinde l’intégrerauprocessusdeconstructionde lanationouzbèke27. En dépit de l’absencededébatsurlesquestionsreligieuses,legouvernementderahmonconvintderéorganiserleQaziyatenmuftiyatetnommaHodjiFathullohkhonsharifzodaà la têtedecette institutionen février1993suiteau renvoiduQaziHojaakhbarTourajonzodal’annéeprécédente.cetteinstitutionreprésentantleclergéofficielétaitdirigéeparTourajonzodadepuis198828.Trèspolitisé,leQazitentadefaireadoptercertainesmotionsausovietsuprêmequivisaientàuneréislamisationmodéréedelasociétéainsiqu’àaffirmerl’autonomieduclergéofficielparrapportàl’etat.devantl’impossibilitédefaireentendresavoix,ilfinitparjoindrelePriTen199229. Le renvoi ducharismatiqueQazidonnaainsil’occasionauxautoritésderéformerl’institutionetd’yinvestirdesimamsfavorablesauxpositionsgouvernementales.cetteréformeapparaîtcommeunpremiergestedesautoritéspourlecontrôledesaffairesreligieusesdans la République. En continuité avec les pratiques soviétiques, l’Etat tadjikistanais venait de s’attribuer allait bientôt devenir un enjeu de pouvoir au sein de la nouvelle dynamiqueétatiqueapparueaprèslasignaturedesaccordsdepaixaveclesforcesd’opposition.

DynAmiques PoliTiques APrÈs lA guerre civile : inTegrATion suivie De mArginAlisATion

silesnégociationsentrelespartiesbelligérantesontcommencédèsl’année1993,ilafalluattendre1997pourquecessentleshostilitésmêmesiquelqueszonessontrestéeshorsducontrôledugouvernementjusqu’en200130. L’impasse politique et le chaos économique et les pressions extérieures31 ont finalement poussé les partiesbelligérantesàsignerlesaccordsdepaixsousl’égidedel’onule27juin199732. Ceux-cireconnaissaientauPriTledroitdeprendrepartàlaviepolitiqueetprévoyaientl’allocationde30%despostesministérielsàl’oTu,uneprovisionquifutlentementexécutée et qui demeura somme toute inachevée33. Néanmoins, en 1999, 5.377 anciens combattantsdel’oTuontjointlesrangsdesforcesarmées,desservicesdepoliceetdesunitésdesurveillancefrontalière34. Parmi les postes-clés politiques attribués auxanciensmembresde l’oTu,oncompteceluidePremierministreoccupéparTourajonzodaainsiqueceuxdeministredessituationsd’urgence,dedirecteurducomitéd’etatdesdouanes,dedéputéenchefducomitédeprotectiondesfrontièresetdePrésidentducomitéd’etatdugazetdupétrole35.

en1999,l’adoptiond’unnouveauprogrammepolitique,quiprésentaitdesobjectifsgénérauxfidèles auxprincipes de l’etat dedroit et insistait très peu sur l’idéederenouveauislamique,confirmal’attitudemodéréeduPriT.

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• Garantir le développement économique, social et culturel dans larépublique

• Garantir ledéveloppementde ladémocratie,desdroitsetdes régulationssociales

• Garantir le développement des valeurs islamiques, ainsi que des valeurshumaines et nationales

• améliorerleniveaucultureletpolitiquedelapopulation,spécialementauseindesjeunesetdesfemmesàtraversleurparticipationàdesactivitéspolitiquesetétatiques.

• Protégerl’unitéetl’intégritéduterritoireduTadjikistan• Garantirl’unitéetlafraternitéentrelescommunautésduTadjikistan• Garantirl’indépendancepolitique,économiqueetculturelleduTadjikistan• réalisercesobjectifsàtraversl’activitédesmembresduPartiauseindes

autoritéspubliquesetlesinstitutionslégislatives36.Les premières élections parlementaires de 1995 procurèrent une majorité au parti de

rahmon,lePartipopulairedémocratique(PdP).Quatreansplustard,lechefdel’etatreconfirmasonautoritésurlascènenationaleenremportantl’électionprésidentiellede1999avec96%dessuffrages37.davlatusmonduPriTfutleseulautrecandidatàentrerdanslacourseprésidentielle,etce,malgrélefaitquesaformationn’aitpasobtenulequotaréglementairedesignatures38. Six partis présentèrent des candidats lors du scrutin de mars 200039quipermitauPdPderafler36siègesalorsquelePdetlePriTobtinrentrespectivementtreizeetdeuxsièges.lesparlementairesde2005aboutirentàdesrésultatssimilairesquipermirentauPdPdeconserversapositiondominanteauseindelachambrebasseduParlement,majlisinamoyandagon.l’électionderahmonaupostedePrésident fut renduepossible grâce àdes amendements apportés à laconstitutionlorsdedeuxréférendumsen1999et2003,quiontpermisrespectivementd’allongerletermedesmandatsdecinqàseptansetàemomalirahmondebriguerplus de deux mandats40.

La victoire de Rahmon en novembre 200641donnalieuàuneréorganisationducabinetministérielquieutcommerésultatdemarginaliser lePriT,quinedétientdésormaisplusaucunposteexécutif42. Peu de temps avant l’élection, le Parti de la renaissanceislamiqueavaitannoncédefaçoninattenduesonrefusdeprendrepartàlacourseprésidentielledenovembre,unedécisionquiafaitl’objetd’interprétationsdiverses.ainsi,aucoursd’unentretienavecradioFreeeurope,lenouveauchefduPriT,muhiddinkabiriasoutenuquesonpartinesouhaitaitpasrendrelepaysetsonpartivulnérablesàlacritiqueaffirmantquedesmouvementsextrémistesétaientactifsauTadjikistan.Paradoxalement,desreprésentantsduPartiontrévéléàl’agencedepresse tadjikistanaise Avestaquelemanquedeconfianceenlacommissioncentraledesélectionsexpliquaitleurrefusdeparticiperauscrutin.certainsobservateursontavancél’idéequelesautoritésavaientexercédespressionssurlePriTafinquelepartineprésentepasdecandidatauxprésidentielles.d’autresontconcluquelepartin’avaitsimplementpasréussiàmobiliserunnombresignificatifdesympathisants,deuxmoisseulementaprèslamortdufondateurduPriT,saïdabdullahnourietl’électiond’unnouveauchef43.

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lerefusduPriTdeparticiperauxélectionsdenovembreaeucommeconséquencedemarginaliserdavantagelepartisurleplanpolitique.lePriTs’estnonseulementprivé d’une certaine couverture médiatique durant la période électorale, mais aussi raté l’occasiondedémontrersonimportancepolitiquevis-à-visdesforcesconcurrentes.eneffet,ilapparaîtévidentquel’abstentionduPartiislamiqueaservideprétexteauxautoritéspourécarterde l’exécutif lesderniers représentantsduPriT.l’évolutiondesrésultatsdesscrutinsainsiqueleschangementsconstitutionnelstémoignentdelaconsolidationdel’autoritédel’exécutifetduprésidentsurl’appareild’etat.malgrélefaitquelesprérogativesdel’exécutifaientétépartagéesaveclePriT,ilapparaîtclairementquelechefdel’etatetsonentourageontréussiàgarderlecontrôlesurdelargespansdesstructurespolitiquesetéconomiques44. En termes de représentation des intérêts,ilsemblequelePriTnesoitpasparvenuàinfluencerdefaçonsignificativelaprisededécisionpolitique,etce,malgrélaprésencedesmembresdecegroupeauseindel’exécutif.lemanqueévidentdecoopérations’estmanifestédèsledébutdelacohabitationlorsqu’en1998,lesdéputésduPdPtentèrentd’adopterunemotioninterdisantlaformationdepartispolitiquessurunebasereligieuse,cequiexcluaitautomatiquementlePriTd’uneparticipationlégaleàlaviepolitique,enviolationdesprovisionsdel’accorddepaix.lamotion,soumiseauvetoduPrésident,futamendéeafind’assurer la légalitéduPriT45,maisdéjà,unclimatdeméfiancedans l’arènepolitique s’était installé. Une des revendications principales du PRIT était de supprimer le terme « séculier » de la Constitution (Article 8)46, une demande restée lettre morte enraisondumanqued’appuiparmilesdéputésduPdP,majoritairesauParlement.c’estunprojetquitrouvaittoujoursappuidanslesrangsduPriTetladirectionduPartientendaitrenouvelercettedemandedechangementconstitutionnelsilePartiobtenaitunnombreimportantdesiègesauxprochainesélectionslégislatives47.

sil’ons’attardeauxconséquencesdel’intégrationduPriTdanslasphèrepolitique,onconstatequ’endéfinitive,lesannéesdecohabitationpolitiquen’ontpaspermisauPriTdes’imposerauseindel’appareilexécutifetlégislatif,niderenforcerl’influencedu parti sur la scène nationale48. Au contraire, il semble que l’incorporation du PRIT auseindel’appareilgouvernementalaeuuneffetplutôtnégatifsurlapopularitédecelui-ci.karagiannisparlequantàluid’unedé-islamisationdelaformationpolitiqueengendréeparlacohabitationquisereflètedanslaplate-formepolitiquetrèsmodéréeduparti,quiafaitperdreaupartidusoutiend’unebonnepartiedesonélectorat49.

surleplansymbolique,unedesconséquenceslesplussignificativespourlepartiaétédedonnerl’impressionqu’ilacompromissonintégritéenraisondesadépendanceenverslePdPpourl’attributiondepostespolitiques.ainsi,lacomplaisancemanifestéeenverslesforcesgouvernementalesaaffectélacrédibilitédupartiquis’estérodéeaufildesannées.defait,lesdirigeantsduPriTn’ontpasélevéleurvoixcontrelesamendementsproposéslorsdesdeuxréférendumsquiontaccrudefaçonconsidérableles pouvoirs du Président50.lemanqued’influenceduPriTdansl’arènepolitiqueestrenforcéparsonmanquedevisibilitésurlascènepolitiquenationale.entermesderayonnement, le Parti publie depuis 1999 un hebdomadaire appelé Najot (Le Salut) imprimé à 5.000 exemplaires ainsi qu’unmagazine destiné aux femmes,Naison (printemps).ilestdifficiledejugerdusoutiendontjouitlaformationpolitiquemêmesilePartiaffirmecompter20.000membresalorsquelesobservateursestimentquesa

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popularitéestendéclin.Globalement,lecaractèrerégionaldelapolitiqueauTadjikistanfaitensortequelespartispolitiquesontdesbasesplutôtlocaliséesetlespartispeinentàs’imposersurl’ensembleduterritoire51. Le parti islamiste semble jouir d’un certain soutiendanslacapitaleetdanslesrégionsruralesetplusparticulièrementdanslarégiondeGarm,bastiondelacoalitionislamo-démocratelorsdelaguerrecivile52.afinderemédieràceproblème,lePriTs’estengagé,aprèsl’électiondenovembre2006,àmettreenœuvrecertainesmesuresvisantàrenforcerlesliensentreladirectiondupartietlesbranchesrégionales,espérantainsigagnerenpopularitéetenvisibilité53. Aussi, l’idéemêmedusoutienàunpartipolitiquereligieuxsemblefairedemoinsenmoinsd’adeptesparmilapopulationquedanslapériodeprécédantlaguerrecivile.malgrél’attachementdelapopulationauxvaleursreligieuses,unsondageeffectuéen2000montrait qu’une minorité de personnes considérait comme nécessaire et souhaitable laparticipationd’unpartireligieuxàlaviepolitiquedupays54.

enfin,olimovaexpliquequelemanquedecohésionduPartisurleplanidéologiqueminesacapacitéàétablirunelignepolitiquecohérenteetmobilisatrice.eneffet,ilsemble que le parti soit divisé entre deux tendances, l’une modérée incarnée par Saïd abdullahnourietsonsuccesseurmuhiddinkabirietl’autreplusradicaleproposantnotamment l’établissement d’unetat islamique, représentée parmuhammadsharifHimmatzodah55. cette dualité dans le discours répond vraisemblablement à unevolontédeplaireàplusd’unauditoireetderassembler lesdiverses tendancesquiseretrouventdanslasociététadjikistanaise.silePriTestaffaiblienraisondesonmanqued’ascendantsurlesaffairespolitiques,ill’estencoredavantageparl’émergencedenouvelles formations politiques islamistes. Il est ici question de l’apparition de groupesplusoumoinsorganiséspolitiquementqui tiennentdesproposassociésàl’islamisme radical56.leurinfluencesembleêtresommetoutemarginalemaisleurexistencetémoigned’uncourantplusintransigeantquelePriTnepeutsatisfaireenraison de sa compromission avec le pouvoir. Quantàlui,leHizbut-Tahrir(HT)57, un partipolitiqueislamisteoriginairedeJérusalem-estfaitdeplusenplusd’adeptesauTadjikistan58depuissonentréedanslepaysagecentre-asiatiqueàlafindesannées199059.cephénomènes’accompagned’unrenforcementdudiscoursdesautoritésquitendentàdiscréditerlePriTenl’accusantd’êtredeconnivenceaveccesgroupes,ouenblâmantsonincapacitéàsatisfairelesaspirationsdescitoyensattiréspardesidées«subversives».dépourvud’ascendantsurlesaffairesdel’etat,incapabled’offrirauxélecteursuneplateformepolitiquesolide,minéparl’émergencedenouveauxcourantspolitiquesseréclamantdel’islametparl’influencegrandissantedesautoritéssurlaquestiondelaviereligieusequiseraabordéedanslasectionsuivante,l’avenirduseulparti islamique d’Asie centrale est incertain.

la dernière partie de l’analyse servira à mettre en parallèle le processus demarginalisationduprincipalpartid’oppositionquenousvenonsdedécrireavecceuxdurenforcementdudiscoursanti-islamisteetdelamainmisedesautoritéssurlaviereligieuse.cettenouvelledynamiquecorrespondàl’émergenced’unphénomènequel’onpeutqualifierde«désécularisationlaïque»del’etat.

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DeseculArisATion lAÏque De l’eTAT La question de la montée de l’islamisme radical et les réponses des Etats concernés

par ce phénomène représentent un sujet d’importance en termes d’enjeux sécuritaires et démocratiquesetontparconséquentfaitl’objetdenombreusespublicationsscientifiques.leschercheurssesontsurtoutpenchéssurlespaysdumaghrebetdumoyen-orientalors que peu d’attention a été portée aux pays d’Asie centrale, qui présentent des caractéristiquessimilairesmaisaussidistinctesliéesàleurpassésoviétique.olivierroyaquantàluirecenséquatretypesdestratégiesadoptéesparlesetatsafindecontenirl’oppositionislamiste:1)intégrationdespartisislamistesaujeupolitique,2)intégrationdoubléed’uneréislamisationmenéeparl’etat,3)concessionsidéologiquestoutenbloquantlaparticipationpolitique,4)aucuneconcessionaccompagnéed’unerépression60.Forceestdeconstaterque lesstratégiesdesautorités tadjikistanaisesrecoupent plus d’une des tactiques mentionnées par Roy et que celles-ci ont été mises enœuvreàdesmomentsdistinctscorrespondantàdesconjoncturesspécifiquesqu’ilimporte de détailler. Par contre, cette typologie qui sous-entend une plus grandeinterventiondel’etatdanslagestiondesaffairesreligieusesneposepasdefaçonexplicite la question de la « désécularisation laïque » de l’Etat dont il importe de rendre compte et de discuter.

affichantuneattitudeplutôthostileàlaquestionreligieusependantlaguerrecivile,lesautoritésontparlasuitemanifestéunsigned’ouvertureenacceptantdepartagerle pouvoir avec le PRIT. A cette ouverture a succédé une approche impliquant une récupérationprudentedudiscoursreligieuxsuivid’uncontrôleaccrudesautoritéssurlaquestionreligieuse.l’associationdesélitespolitiquesauxvaleursreligieusesestapparuetardivementetc’esttoutdesuiteaprèslerèglementduconflitquerahmonacommencéàs’afficherdavantageenmusulmanpratiquanteneffectuantsonpèlerinageàlamecqueenjuillet199761.Petitàpetit,letondesdiscourss’esttransformépours’articulerautourdel’importancedupatrimoinereligieuxpourlanation.ainsi, lePrésidentaposéungestesymboliqueaumomentdesoninvestitureennovembre2006, en jurant, entre autres, au nom de dieu que la destinée et le bien-être dupeuple tadjikistanais étaient de sa responsabilité62.sicelui-cisoulignefréquemmentl’importancedelareligion,lesélitestendentégalementàcapitalisersurl’idéedelanation tadjike ainsi que sur ses liens historiques avec l’Empire Samanide63.enfin,notonsquelesautoritésutilisentfréquemmentl’islamcommedénominateurcommunpour l’établissement de relations diplomatiques avec d’autres pays musulmans64.

cetteappropriationdudiscoursviseàdonnerunecertainelégitimitéàlaclassedirigeante,enquêted’idéologiesmobilisatricesauprèsd’unepopulationdeculturemusulmane65. en considération des défis politiques, économiques et sécuritairesimportantsauxquelsfaitfacel’etattadjikistanais,lalégitimitédesacteurspolitiquesreprésenteunenjeuaussifondamentalquecomplexe.laquestiondelalégitimitéenasiecentralerevêtuncaractèreparticulierenraisonducontextepost-soviétique,quiaimpliquéunchangementsoudaindel’idéologieproposéeparlesélites,quidureste,se sont peu ou pas renouvelées depuis l’indépendance66.defait,laconfrontationavecdesforcesconcurrentesrésultantdel’intégrationduPartidelarenaissanceislamiquedanslesinstancesdepouvoir,apoussélesautoritésséculièresàrevoirleursstratégiesens’identifiantprudemmentauxvaleursislamiques.Parcontre,larhétoriquereligieuse,

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qui se veut très prudente, s’accompagne généralement de mises en garde contrel’extrémismeetd’unedénonciationdunon-respectdestraditionsreligieusespropresauTadjikistan.Finalement,lemessageconvoyéinsistesurlerôleetlaresponsabilitédesautoritésdanslaprotectiondestraditions.cettenouvellestratégieprendformedans les décisions du gouvernement alors que le caractère particulier du systèmepolitiquetadjikistanaisavecunexécutiffort,facilitelasubordinationdesinstitutionsreligieusesàl’agendaduPrésidentetsonentourage67.

deuxinstitutionssontresponsablesdelarégulationdesaffairesreligieusesdanslarépublique.ils’agitsurleplanspirituel,duconseildesoulémasetsurleplanlégislatif,lecomitéd’etatauxaffairesreligieuses(car)68.leconseildesoulémas,dirigéparHojaamunullonegmatzodadepuis1996,estcomposéde27membreséluspourunepériodedetroisansquiassurentlagestiondesinstitutionsislamiquesetlanomination des imams. Plusieursfiguresreligieusesainsiquedesmembresdelaclassepolitiquedéplorent le faitque leniveaudeconnaissances théologiquesdes imamsestpauvreetquececipousselesétudiantsàpoursuivreleursétudesàl’étranger69. Parallèlement,dudoignonreconnaîtquelapauvretédessavoirsreligieuxduclergéaffectesalégitimitéauprèsdesfidèlesetqueceslacunesreprésententenréalitédesfenêtresd’opportunitéspourlesgroupesvenusdel’étrangercommeleHizbut-Tahrir70. eneffet,lesmembresdeceparticlandestinontgénéralementdesformationsthéologiquesnettementsupérieuresàcellesdesimamslocauxetsontsusceptiblesd’apparaîtrecommepluslégitimesauxyeuxdeceuxquisontàlarecherched’uneguidancespirituelle.enthéorie,leconseildesoulémasestindépendant,maisenpratique,ilressortqu’ilestgrandementsoumisàl’influencedel’etatàtraversl’activitéducomitédesaffairesreligieusesetdesautoritéslocalescommeentémoigneleprocessusdenominationdes imams. Traditionnellement, les communautés locales choisissaient leur imam et soumettaientensuitesacandidatureauconseildesoulémas.laprocédureactuelledémontrequelesautoritéslocalesinterviennentfréquemmentdansleprocessusdesélectionafindefairelapromotiondeleurscandidatsfavorisetteniràl’écartceuxqui sont considérés comme « indésirables »71.en2004,leconseilaémisunefatwainterdisantauxfemmesdeserendredanslesmosquéessousprétextequeplusieursd’entre elles ne possédaient pas les installations nécessaires pour permettre aux hommes etauxfemmesdeprierséparémentalorsquelamixitéest,selonleconseil,contraireauxenseignementsducoran72. En dépit de l’impopularité de cette mesure au sein de la République, le président lui a publiquement donné son appui73. Le Conseil a souvent étéaccuséd’êtrelamarionnetteduleadershippolitiqueetfaitl’objetdenombreusescritiquesdelapartdesfidèlesquidoutentdesacrédibilité.muhamadzoda,membredu Conseil, dément ces accusations et se veut solidaire des autorités. Au cours d’un entretienjournalistique,ilremerciedieud’avoirdonnéauxTadjikistanaisunprésidenttelqueemomalirahmon,quileurgarantitlapleinereconnaissancedeleursdroitsreligieux74.

La participation du Tadjikistan dans la lutte au terrorisme depuis les événements de septembre2001sembleavoireuunimpactsurlagestiondufaitreligieux,quisetraduitparunnombrecroissantdecritiquesdirigéesverslesélémentsextrémistesdelasociétéquis’accompagnentd’unerépressionsurleterraindestendancesjugéesindésirablespar les autorités politiques. Akiner75faitétatdel’accroissementdelapressionsurle

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clergéetlesfidèlesenrelatantl’arrestationenjuillet2002dediximamsdelarégiondesughd(nord)enraisondeleurappartenanceauPriTpuisquelaloisurlalibertédeconscienceinterditauximams(ouàtoutautrereprésentantecclésiastiqueofficiel)dejoindreunpartipolitique.Quelquesjoursauparavant,leprésidentétaitenvisitedanslavilled’isfaraetàsonretourdanslacapitale,avivementcritiquélaconstructionillégaledemosquéesetdénoncél’activitédesgroupesextrémistesdanslarégion76. cegestepolitiques’expliquevraisemblablementparlacraintedesautoritésdevoirleshabitantsdecetterégiondériverversdestendancesextrémistespuisquedéjàen2002,onqualifiaitdesignificativelaprésenceduHizb-utTahrirdanslarégion77.

legouvernementarécemmentenvoyéunsignalclairprouvantqu’ilentendaitfairerespecterlaloisurlalibertédeconscienceenlançantuneséried’interventionsauprintemps2007aucoursdesquellesdespoliciersontétéchargésd’inspecterlesmosquéesdelacapitaleafind’yrepérerlaprésenced’enfantsassistantàlaprièreduvendredi pendant les heures d’écoles, une pratique interdite depuis octobre 200578. A la grandemosquéedelacapitalele16mars,l’interventionadégénéréendeséchauffouréesaveclapopulationquis’indignaitdel’intrusiondespoliciersquisortaientlesenfantsdes mosquées79.aussi,aucoursdel’année2007,lapressionsurlescroyantsetleclergés’estaccruedefaçonconsidérableetparmiunesériedemesuresvisantàdébarrasserle pays de « pratiques subversives », plusieurs menacent directement la liberté de culte. lenombrederaidspoliciersdanslesmosquéesaatteintunrecordàl’été2007;ceux-ciontrévélél’existencede148mosquées«illégales»,alorsquelesautoritésdelavillededuchanbénerecensaientofficiellementque29mosquées.suiteàcesinvestigations,etdansungestequiacausébeaucoupderessentimentparmilapopulation,treizedesmosquéesillégalesfurentdémolies,28sevirentattribuéesunpermisdefonctionnementalorsquelesautresfurentsimplementfermées80.desindividusaccusésdeprofesserdesenseignementsreligieuxprivésontégalementétéarrêtés81.

surleplanlégislatif,l’adoptiondedécretsprésidentielsacontribuéaurenforcementdesrestrictionsreligieuses.Parmicelles-ci,oncomptel’interdictionduportduvoileàl’écoleetàl’universitéetl’obligationpourlesimamsdéjàenfonctiondesesoumettreàdestestsvisantàmesurerleurscompétences82.legouvernemententendresserrerencoredavantagelesmesuresentourantlapratiquereligieuseavecl’adoptiond’unenouvelleloisurlalibertédeconscienceetlesassociationsreligieuses,élaboréeparlecaren2006 et qui attend toujours un vote du Parlement. Les observateurs dénoncent cette loicommelaplusrestrictivedelarégiond’asiecentrale.lebureaudesinstitutionsdémocratiques et des droits de l’Homme de l’osce (odHir) a émis beaucoupderéservesquantàl’adoptiondecetteloi,quisielleestadoptéediscrimineraitlesminoritésreligieuses,restreindraitl’activitédesgroupesreligieuxnon-enregistrés,lesdroitsreligieuxdesmineursainsiquedespersonnesquinepossèdentpaslanationalitétadjikistanaise83. La nouvelle loi entend déterminer le nombre de mosquées pouvant êtreétabliesenfonctiondesdivisionsadministrativesetterritorialesdelarépublique.ainsi,danschaquevillagecomptantentre200et2.000habitants,seuleunemosquéeauradroitd’existence.laloiinterdiraitaussileprosélytismeetl’éducationreligieuseprivée.Toute association religieusedevrait s’enregistrer auprèsdes autorités alorsque les procéduresont été complexifiées84.enfin, la loi renforcerait l’interférencede l’etat sur l’éducation religieuse, le pèlerinage à la mecque et imposerait un

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contrôle financier accru en exigeant desmosquées le versement de 30%de leursrevenusàl’etat85. A ce sujet, Rahmon a récemment déclaré : « L’Etat, dans le cadre des lois en vigueur, possède l’autorité de surveiller les activités des associationsreligieusesafindeveilleràlapaix,lastabilitéetàl’expressiondesnoblesvaleursdelanation.l’obligationpremièredeconseildesoulémasestdesurveillerlessermonset les admonitions morales. Conséquemment, les départements d’Etat concernés ont égalementl’obligationdeconsidérerlescasoùlessermonsetlesadmonitionsmoralescontredisent la Constitution et les lois du Tadjikistan »86.cettedéclarationjustifieenquelquesortel’ingérencedesautoritésdanslesaffairesreligieuses,présentéecommeunmoyendegarantirlastabilitédupays.

l’approche restrictive de l’etat envers la pratique religieuse s’accompagnedésormaissouventd’unerhétoriqueanti-islamisteémanantdelapersonneduPrésident;ilsembleeneffetquelaluttecontrelesidéessubversivesaitacquisunedimensionplutôt personnelle. devant les sorties publiques de rahmon contre les habitudesnuisiblesdecertainsélémentsdelapopulation,certainsjournalistessontallésjusqu’àcomparerlePrésidentàl’excentriqueancienprésidentturkmène,saparmuratnyazov.eneffet,enplusdes’attaquerauxtendancesislamisantesdelasociété,ils’enestprisauxdentsenor,auportdedécolletésetdemini-jupesetàl’utilisationdetéléphonesportablesdanslesécolesainsiqu’àl’organisationdecélébrationsdemariageoudefunéraillesjugéestropfastes.Toutescesdénonciationssesontaccompagnéesdedécretsprésidentiels les interdisant87. Lors de son adresse annuelle au Parlement, exprimant sesinquiétudesparrapportàl’éducationreligieusedesenfants,lePrésidentavivementcritiquélesparents«quienvoientleursenfantsétudierauprèsd’unmullahàmoitiééduqué,quiàl’aided’unbâton,leurapprendlecoranparcœur»88.onrelèvedoncuneattitudeambiguëdesautorités,quid’uncôté,utilisentl’islamafindesedonnerunecertaineauradelégitimité,maisdéveloppeenretourundiscoursmoralisateurquicapitalisesurledangerquereprésententlestendancesextrémistes.c’estcequenousexpliquaitVitalinaumkinquien1993écrivaitque:«mêmesil’onassisteàuneprudenteinstrumentalisationdelareligion,lesdirigeantsd’asiecentralesoulignenttoujourslecaractèreanti-démocratiquedel’islampolitiqueafindedécouragercetteavenue »89.cettestratégieasurvécuauxannéesetauxtransformationsqu’ontsubieslesetatsd’asiecentraleets’estvurenforcéedepuisledébutdelalutteauterrorismeislamique sur le plan international.

conclusionen récapitulant les faits et en les soumettant à la typologiederoy,onarrive

àbiencerner lesstratégiesmisesenplacepar lesautorités tadjikistanaisesdepuisl’indépendance. ainsi, la première réaction des élites communistes fut de rejetercomplètementl’idéed’unequelconqueorientationreligieusedel’etataumomentdel’indépendance (stratégien°4).aussi, l’absenced’ouverturepolitiqueamenéversl’éclatementdelaguerrecivile.Parlasuite,l’intégrationdupartiislamiste(stratégien°1),n’apasréellementdébouchésurdesconcessionsidéologiquesetlasituationapeuàpeuévoluéverslamarginalisationetlarépressiondesforcesislamistes(stratégien° 4). Sans pouvoir parler d’une réislamisation menée par l’Etat, on peut tout de mêmeconclureàunerécupérationlimitéedudiscoursreligieuxparlesautoritésqui

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s’associentdavantageauxvaleurssacralesetsoulignentl’importancedupatrimoinereligieux(stratégien°2).enfin,àcetteapproches’ajouteunevolontédesautoritésdecontrôlerlaviereligieuseàtraverslesresponsabilitésdesorganesétatiquesetlecontrôlepolicier.akinerrésumebienleproposenaffirmantque:«ilapparaîtquelanotiondesécularitédel’etatenasiecentraleréfèreplutôtàunesubordinationdelasphèrereligieusequ’àlaséparationdel’etatetdelareligion»90.

lagestiondufacteurreligieuxauTadjikistanadonnénaissanceàunphénomèneparticulier qui remet en question la sécularité de l’etat. il semble en effet que laparticipationd’unparti religieux à la viepolitiqued’unetat n’apas abouti à unedésécularisation de la vie politique dans le sens d’un accroissement du rôle de la religiondanslesaffairesdel’etat.ladéfinitionclassiqueduprocessusdesécularisationcorrespond,surleplansocial,àuneréductiondel’importancedescroyancesetdesvaleursreligieusescommebasedel’actioncollectiveetsurleplaninstitutionnel,àlaséparationduclergéetdel’etat91.sil’onseréfèreàcettedéfinition,lerésultatd’unedésécularisationdevraitcorrespondreauphénomèneinverse,c’est-à-dire,àuneplusgrandeinfluencedelareligiondanslaviepolitiqueetsocialesuiteàl’adoptiondemesures telles que le renforcement des programmes d’enseignement religieux, lamisesurpieddetribunauxreligieuxouencorelaprésenced’unconseildesagesquiguideraitlesautoritésdansleurschoix.

JonathanFox,danssonétudequantitativesurlaséparationdelareligionetl’etatdanslemondecritiquequantàluilesdéfinitionstraditionnellesdusécularismequitendentàinterpréterl’interférencedel’etatdanslesaffairesreligieuseset la restriction despratiquescommeunsignedesécularismepuisquecesmesuresvisentàlimiterl’influencedelareligiondanslaconduitedesaffairespubliques.ilréfutecetteidéeenaffirmantquelarégulationétatiquereprésenteplutôtunereconnaissancetaciteparlesautoritésdel’importancedelareligiondanslasphèrepublique,mêmesil’intentionestdediminuersoninfluenceafindeconserverunepositiondepouvoir92. Nous y voyons pourtantuneproblématiquedifférente.eneffet, s’il est indéniableque la religionconstitueunfacteurquiinfluenceleschoixpolitiquesdelaclassedirigeante,celanesetraduitpasparplusgrandeinfluencedescroyancesreligieusesdanslesaffairesd’etatmaistémoignedelacompétitiondesforcespolitiquesenprésence.

considérantleseffortsmisdanslalutteauxislamistes93,ilapparaîtévidentqueceux-cireprésententunemenacemajeureàl’autoritédugouvernementactueletquececicontribueàl’adoptiondemesuresdestinéesàréduirel’influencedureligieux.aussi,lapromotiondelamodérationreligieuseetdesvaleursséculières,incarnées,entreautres,parl’interdictionpourlesfemmesetlesenfantsd’assisterauxprièresdans les mosquées, l’interdiction du port du voile dans les établissements publics et l’enseignementreligieuxprivé,nepeuventêtreconsidéréescommedespreuvesdel’influencedureligieuxdanslesaffairesdel’etatausensspirituelduterme.ilnousparaîtainsiplusappropriéd’employerleterme«désécularisationlaïque»,quiexclutlesdimensionsreligieusesduphénomèneétudié,maisquiexprimel’interventioncroissantedel’etatdanslesaffairesreligieusesdansunbutdecontrôlepolitiqueetsocial.

ainsi,l’intégrationduPriTdanslasphèrepolitiqueacontribuéàl’établissementd’unenouvelledynamiqued’etatquiamenélesélitesgouvernantesàrevoirsesstratégiesafindeconserverleplusdelatitudepolitiquepossible.lechangementd’attitudedes

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autoritésamenéàlacooptationdesdirigeantspolitiquesislamiquesetàlaréorientationgraduelledudiscoursreligieux,quiaserviàl’acquisitiond’unecertainelégitimitéetaudéveloppementd’unerhétoriqueanti-islamistevisantàmarginaliserleprincipalpartid’oppositionetàdénoncerlefanatismedescertainsélémentsdelapopulation.

noTes1 lespaysd’asiecentralesontrichesengaznaturel.lesréservesdukazakhstanse

chiffrentà3trillionsdemètrescubes,à2,86danslecasduTurkménistanetà1,87pourl’ouzbékistan.britishPetroleum,2007,BP Statistical Review of World Energy June 2007, 48 p., p. 22.

2 Ahmed Rashid, 1994, The Resurgence of Central Asia: Islam or Nationalism ?,oxforduniversityPress,karachi,288p.,p.162.

3 eneffet,de1990à1998,laproductionindustrielleachutéde50%enmêmetempsquel’étatperdaitsescapacitésàmaintenirlesystèmedeprotectionsocialeexistantà l’époque de l’urss.martha brill olcott, 2005,Central Asia’s Second Chance, washington,carnegieendowmentforPeace,389p.,p.27.lasituationéconomiques’est quelque peu redressée au cours des dernières années et la croissance en 2007 a étéde7,3%alorsquel’inflations’estélevéeà11,4%.asiandevelopmentbank,2007,Asian Development Outlook Update 2007, 150 p., pp. 34, 149.

4 saodat olimova et muzaffar olimov, 2006, «musulmanskoe dukhovenstvo vsredneaziatskikh obshestvakh» (le clergé musulman dans les sociétés centre-asiatiques), dans Ethnicheskaya situatiia i konflitki v gosudarstvax SNG i Baltii (Situation ethniqueetconflitsdanslesetatsdelaceietdelabaltique),sousladir.deValeriiTishkovetelenaFilipova,rapportannueldunetworkforethicmonitoringandearlywarning (eawarn), [http://www.eawarn.ru/bin/view/AnnualReport/AnnualReportWebHome2006], consulté le 13 novembre 2007, 440 p., pp. 45-46.

5 Ahmed Rashid, 2003, Jihad The Rise of Militant Islam in Central Asia. New Haven, yaleuniversityPress,320p.,p.5.

6 dilipHiro,1995,Between Marx and Muhammad, The Changing Face of Centra Asia, London, Harper Collins Publishers, 342 p., p. 197.

7 evgeniy abdullaev, 2002, «The central asian nexus: islam and Politics», dansCentral Asia: A Gathering Storm ?, sous la dir. de Boris Rumer, pp. 245-298, p. 278.

8 shahramakbarzadeh,1996,«whydidnationalismFailinTajikistan?»,Europe-Asia Studies, vol. 48, n° 7, pp. 1105-1129, p. 1111.

9 les islamistes jouissaientàcemomentdusoutiend’environ10%de lapopulation.Hiro, Between Marx and Muhammad, p. 217. Il convient de préciser que ce que l’on appellenomenklaturaouélitepolitiquedirigeanteneformepasunblochomogènemaisungroupemarquépardenombreuxclivagesgénérationnelsetrégionauxquisepartagentdeschampsdecompétencesdéfinis.acesujet,voirstéphanea.dudoignon, 1994,«unesegmentationpeutencacheruneautre:régionalismesetclivagespolitico-économiques au Tadjikistan », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, n° 18.

10 olivierroy,2002,L’Islam mondialisé, Paris, Editions du Seuil, 208 p., p. 41.11 bessea.brown, 1995, «la guerre civile auTadjikistan», dansLe Tadjikistan à

l’épreuve de l’indépendance,sousladir.demohammed-rezadjalilietFrédéricGrare,Le Tadjikistan à l’épreuve de l’indépendance, Genève, Institut universitaire des hautes études internationales, 204 p., p. 100.

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aussi,lecontextesocialetéconomiquetémoignaitdéjàd’unefragilitédanslepays.en1990,letauxdechômageauTadjikistanétaitenvironde22%.aumêmemoment,lacessationdestransfertsdemoscouverslesrépubliquesentraînaitunedégradationdesservicesàlacommunauté.akbarzadeh,«whydidnationalismFailinTadjikistan?»,p. 1108.

12 akbarzadeh,«whydidnationalismFailinTadjikistan?»,p.1112.13 brown,«laguerrecivileauTadjikistan»,p.101.14 dudoignon,«unesegmentationpeutencacheruneautre:régionalismesetclivages

politico-économiques au Tadjikistan », pp. 36-38.15 lagardeprésidentielle,relevantdel’autoritépersonnelledenabiev,estcrééele2mai

1992.brown,«laguerrecivileauTadjikistan»,p.102.16 VitaliV.naumkin, 2005,radical islam incentralasia: between Pen andrifle,

Toronto,rowmanandlittlefield,304p.,p.217.17 kirillnourzhanov,2005,«savioursofthenationorrobberbarons?warlordPolitics

in Tajikistan », Central Asian Survey, vol. 24, 2, pp. 109-130, p. 111.18 leskouliabis,menésparsangaksafarovetfidèlesàl’autoritédenabiev,mirentsur

pied des milices armées unies sous l’appellation « Front populaire ». Vitali V. Naumkin, 2005,radicalislamincentralasia:betweenPenandrifle,p.218.

19 Jusqu’en mars 2007, il était connu sous le nom de Emomali Rakhmonov. Il a expliqué sa décisiondesupprimerlaparticulerusse«ov»desonnomdefamilleparundésird’unretouràlatradition.radionFreeeurope/radioliberty,2007,«TajikPresidentwantsToreturnToTraditionalVersionofHisname»,newsline,march22,http://www.rferl.org/content/Article/1143837.html,pageconsultéele24novembre2007.

20 a.i.kuzmin,2001,«Thecausesandlessonsofthecivilwar»,danscentralasia,Political and economic challenges in the Post-soviet era, saqi books: londres,pp. 175-219, p. 191.

21 International Crisis Group, 2001, « Tajikistan: an Uncertain Peace », ICG Asia Report, p. 2.lamajorité desdéplacés sont desrussesqui ont émigrévers larussie pourdesraisonsdesécurité.l’autregrandgroupeestcomposédeTadjiksayantfuiversl’ouzbékistanouencorel’afghanistan.nombreuxsontceuxquinesontpasrevenusà l’issue des combats.akbarzadeh, «why didnationalismFail in Tadjikistan?»,p. 1114.

22 dudoignon,«unesegmentationpeutencacheruneautre:régionalismesetclivagespolitico-économiques au Tadjikistan », p. 17.

23 Stuart Horsman, 1999, « uzbekistan’sinvolvementintheTajikcivilwar1992-1997:domesticconsiderations», Central Asian Survey, v. 18, n.1, pp. 37-48.

24 Rashid, The Resurgence of Central Asia: Islam or Nationalism ?, p. 182.25 le nombre de criminels reconnus ou supposés dans les rangs des deux camps en

témoigne.nourzhanov,«savioursofthenationorrobberbarons?warlordPoliticsin Tajikistan », p. 120.

26 luigidemartino,2005,«Tajikistanatacrossroad:thePoliticsofdecentralisation»,Cimera Situation Reports, Genève, 160 p.

27 islamkarimov,1997,Uzbekistan at the Treshold of the Twenty-first Century, Richmond, curzonPress,224p.,p.23.

28 Au début des années 1990, l’instabilité politique et les volontés autonomistes ont poussélesdirigeantsd’asiecentraleàtransformerlesstructuresreligieusesexistantes

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(Qaziyats)enmuftiyatsnationaux,indépendantsdeceluideTachkentcommec’étaitlecasàl’époquesoviétique.abdullaev,«Thecentralasiannexus:islamandPolitics»,pp. 256-257.

29 stéphanea.dudoignon,1995,«ForcesetpartispolitiquesauTadjikistan»,dansLe Tadjikistan à l’épreuve de l’indépendance, p. 79.

30 nourzhanov,2005,«savioursofthenationorrobberbarons?warlordPoliticsinTajikistan », p. 124.

31 lamontéedesTalibansausudfaisaitcraindreunedéstabilisationrégionale.VitaliV.naumkin,radicalislamincentralasia:betweenPenandrifle,p.231.

32 kuzmin,2001,«Thecausesandlessonsofthecivilwar»,danscentralasia,PoliticalandeconomicchallengesinthePost-sovietera,p.207.

33 muhiddinkabiri,2002,«TheislamicrenaissancePartyinTajikistanasaPartnertorulingauthorities:achievementsandProblems»,dansCimera Conference Procceeding 1: Islam and Society in Central Asia,dushanbe,Tajikistan,14-15avril,100p.,p.55.

34 certainsmembres influentsduPriTrefusèrentcecompromisavec lesautoritésetPriTrentlafuiteenafghanistan.muzaffarolimovetsulmonkhamadov«neformalnoeliderstvovstranaxTsentralnoiazii:kakimibudutnovievojdi?»(leadersinformelsdespaysd’asiecentrale.Quiserontlesnouveauxchefs?),dansMusulmanskie lideri: sotsialnaya rol i avtoritet(lesleadersmusulmans:rôlesocialetautorité),duchanbé,Sharq Research Center, pp. 47-53, p. 52.

35 nourzhanov,«savioursofthenationorrobberbarons?warlordPoliticsinTajikistan»,p. 124.

36 VitaliV.naumkin, 2005,radical islam incentralasia: between Pen andrifle,p. 239.

37 ces élections furent marquées de nombreuses irrégularités; les observateursinternationaux ayant rapporté que plusieurs candidats potentiels avaient échoué dans leurtentatived’amasserles145.000signaturesrequisespourl’enregistrementdeleurcandidature.aussi,lacommissioncentraledesélectionsetdesréférendumsaannoncéune participation de 98,9%, un nombre qui semble peu probable considérant qu’environ 700.000Tadjiksviventàl’étranger.shirinakiner,2001,Tajikistan: Disintegration or Reconciliation ?,london,Theroyalinstituteofinternationalaffairs,96p.,p.59.

38 ilad’ailleurslui-mêmeinitiéuneplainterelativeàcetteirrégularitéauprèsdelacoursuprême que celle-ci a refusé d’étudier, invoquant des difficultés bureaucratiques.Akiner, Tajikistan: Disintegration or Reconciliation ?, p. 59.

39 ils’agitduPartipopulairedémocratique,duPriT,duParticommunisteduTadjikistan(PcT),duPartidémocratiqueduTadjikistan–Plateformed’almaty(PdT),duPartisocialiste(Ps)etduPartinouvelleopposition.officefordemocraticinstitutionsandHumanrights,«TherepublicofTajikistanelectionstotheParliament27February2000 » OSCE/ODIHR Election Observation Final Report, Varsovie, 30 p., p. 23.

40 zafar abdullaev et saida nazarova, 2003, «Tajikistan: referendum resultControversy ». Institute of War and Peace Reporting, 28 juin, [http://iwpr.net/?p=rca&s=f&o=175961&apc_state=henirca2003], page consultée le 22 novembre2006.

41 selon le rapportde l’odiHr, les électionsn’ontpas respecté, àmaints égards, lesstandardsdémocratiques.officefordemocraticinstitutionsandHumanrights(odiHr),«TherepublicofTajikistanPresidentialelection6november2006»,OSCE/ODIHR Election Observation Mission Report,Varsovie,odiHr,28p.

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42 déjàen2000,lePriTavaitperduleministèredel’économie,quiaétéoccupépardavlatusmonde1998à2000,dudoignon,1995,«ForcesetpartispolitiquesauTadjikistan»,p. 126.

43 d a j o d a n a z i mov, 2 0 0 6 , « i s l a m i s t s s h u n Ta j i k e l e c t i o nwith Eye to Future », Institute of War and Peace Reporting, 05 octobre, http://www.iwpr.net/?p=rca&s=f&o=324364&apc_state=henfrca324362, pageconsultée le 25 octobre 2007.

44 en 2002, 68,4% des industriesmanufacturières étaient encore propriétés de l’etatetseulement31,6%descompagniesavaientétéprivatisées.azizulloavezov,2005,«economicaspectsoftheinterrelationbetweencentreandregionsinTajikistan»,dans Tajikistan at a Crossroad, p. 69.

45 saodatolimova,2000,«islamandtheTajikconflict»,dansIslam and Central Asia: An Enduring Legacy or an Evolving Threat ?,sousladir.deronaldz.sagdeevetsusaneisenhower,washington,centerforPoliticalandstrategicstudies,pp.59-71,p.69.le12août1999,lacoursuprêmeleval’interdictionquifrappaitlePriTetd’autrespartis d’opposition. Finalement, l’adoption des amendements constitutionnels lors du referendumdu26septembre1999confirmaledroitd’existencedepartispolitiquesreligieux.VitaliV.naumkin,2005,radicalislamincentralasia:betweenPenandrifle,pp.237-239.

46 l’article 8 de la constitution du Tadjikistan stipule qu’aucune idéologie, incluantuneidéologiereligieuse,nepeutêtreconsidéréecommeidéologieofficielledel’etat.constitution duTadjikistan en ligne:http://www.president.tj/rus/sanadho_rus.htm, consultéle2février2008.

47 VitaliV.naumkin, 2005,radical islam incentralasia: between Pen andrifle,p. 251.

48 malgrélaprésencedeministresduPriTauseindel’exécutif,lenombrededéputésauParlementestnégligeable.

49 emmanuelkaragiannis,2006,«ThechallengeofradicalislaminTajikistan:Hizbut-Tahrir al-Islami », Nationalities Papers, vol. 34, n° 1, pp. 1-20, p 16.

50 enréalité,seullePartidémocratiqueapubliquementboycottéleréférendumde2003afindeprotestercontrelaconcentrationdespouvoirsduPrésident.abdullaevetnazarova,«Tajikistan:referendumresultcontroversy».

51 olimova,«islamandtheTajikconflict»,dansIslam and Central Asia: An Enduring Legacy or an Evolving Threat ?, p. 70.

52 VitaliV.naumkin,2005,radicalislamincentralasia:betweenPenandrifle,p.240,Rashid, Jihad The Rise of Militant Islam in Central Asia. p. 112.

53 bbcmonitoringservice,2006,«TajikislamicPartybossoutlinesFuturePlans»,18 novembre. Extrait de Avesta,dushanbe,16novembre.

54 Toutefois,les chiffres varient de façon considérable en fonctiondes régions et del’âge des répondants. Voir saodat olimova, «dukhovnie lideri v sovremennonmusulmanskom obshestve Tsentralnoiazii.opit Tadjikistana» (leaders religieuxdans la société musulmane contemporaine d’Asie centrale. L’exemple du Tadjikistan), dans Musulmanskie lideri: sotsialnaya rol i avtoritet, pp. 16-33, p. 22.

55 stéphanea.dudoignon,2005,«Fromambivalencetoambiguity?someParadigmsofPolicymakinginTajikistan»,dansTajikistan at a Crossroad, pp. 120-151, p. 127.

56 sanspouvoirdresseruntableauexhaustifdecesgroupes,onpeutmentionnerTaqfir (appellationquisertàdésigneruninfidèle),fondéàGharmen1999.legroupes’oppose

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notammentauPriTqu’ilaccuse«desecompromettreaveclegouvernementetdevendrelesvaleursislamiques».olimova,«islamandtheTajikconflict»,dansIslam and Central Asia: An Enduring Legacy or an Evolving Threat ?, p. 70. Aussi, en 2004, unenouvelleorganisationradicaleappeléebayats’estfaitconnaitredesautorités.legroupequiétaitbaséàchorkudansledisctrictd’isfaraavuvingtdesesmembresarrêtesetpoursuivispouravoirmissurpieduneorganisationillégaledanslebutdedéstabiliserlarégionetdepersécuterdesadeptesdelafoichrétienne.lenaJonson,2006, Tajikistan in the New Central Asia, London, I.B Tauris, 252 p., p. 166.

57 le parti est considéré commeun groupe terroriste par les cinq républiques d’asiecentrale mais pas par de nombreux pays occidentaux dont les états-unis.Farangisnajibullah,2007,«centralasia:Hizbut-TahrirGainssupportFromwomen»,Radio Free Europe/Radio Liberty, [http://rfe.rferl.org/featuresarticle/2007/07/9cf692ee-9dea-4311-9cda-43d0191d3a1c.html], consulté le 14 juillet 2007.

58 mariamabouzahabetolivierroy,2002,Réseaux islamiques. La connection afghano-pakistanaise.Paris,autrement,128p.,p.15.dansunentretiend’ahmedrashidavecundeschefslocauxduHizbut-tahrir,celui-cirévélaitqueleParticomptaitplusde10000adeptesdanslarégiondesughd(nordduTadjikistan).rashid,Jihad The Rise of Militant Islam in Central Asia,p.131.karagiannisestimequeleHTcompteenviron3.000 membres au Tadjikistan, et encore beaucoup plus de sympathisants. Emmanuel karagiannis,2006,«ThechallengeofradicalislaminTajikistan:Hizbut-Tahriral-Islami », Nationalities Papers, v. 34, n° 1, pp. 1-20, p. 4.

59 les autorités du Tadjikistan ont déclaré illégal le HT en 2001mais les premièresaccusations d’appartenance à un groupe terroriste remontent à 1999.lena Jonson,Tajikistan in the New Central Asia, pp. 154-165.

60 olivier roy, 1992, L’échec de l’Islam politique, Paris, Editions du Seuil, 247 p., p. 160.

61 encorefaut-ilnoterqu’ils’agissaitdesritesdu«petitpèlerinage»(umra)etnondeceuxdugrandpèlerinage(Hajj)akiner,Tajikistan: Disintegration or Reconciliation, p. 66.

62 Emomali Rahmon, Adresse du Président de la République du Tadjikistan lors la rencontre publiquesurlarégulationdescoutumesnationalesetdesrituelsreligieux,24mai2007.[http://www.prezident.tj/baromadho240507a.htm#], consulté le 22 octobre 2007.

63 eneffet,emomalirahmonaécritplusieurs livressur l’histoireduTadjikistan.en2002,il publia Les Tadjiks dans le miroir de l’Histoire, des Aryens aux Samanides, dont leseptièmevolumeestparuàl’été2007eten2006,unlivreintituléL’Indépendance du Tadjikistan et la renaissance de la Nation en cinq volumes. « Tajikistan: The Seventh volumeofthecompleteworksbythePresidentwasPublished»,2007,Delovoi Vtornik, n.25, July 17, [http://enews.ferghana.ru/article.php?id=2048], consulté le 20 juin 2008.

64 lePrésidentn’apasmanquédesoulignerlesvaleursislamiquesunissantleTadjikistanetlerestedumondemusulmanlorsdesavisiteofficielleauQatarquiarésultéenlasignaturedenombreuxaccordséconomiquesentrelesdeuxpays,khovarTajikistan’sinformationagency,2007,«nacishenniaprogrammaofitsialnovovisitaglavigosudartsvovkatar»,(leprogrammedelavisiteofficielleduchefdel’etatauQatar),28mai,[http://www.khovar.tj/index.php?id=5563&page=1], consulté le 9 mai 2007, et en un projet de construction d’une mosquée centrale dans la capitale tadjike. Emomali Rahmon, 12 septembre2007,TelevizionnoepozdravlenieprezidentarespublikiTadjikistanemomalirahmonpocluchaiunastupleniyasviashenovomesiatsaramazan,(Voeuxtélévisés

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duPrésidentdelarépubliqueduTadjikistanemomaliàl’occasiondudébutdumoissaint du Ramadan), [http://www.prezident.tj/rus/vistupleniy120907.htm], consulté le 20 octobre 2007.

65 selon le us bureau of democracy, Human rights, and labor, 97% des Tadjikss’identifienten tantquemusulmans,mêmesi leniveaudepratiquereligieusevariegrandement.entre30et40%delapopulationruralepratiquentdefaçonrégulièrecontre5à10%enrégionurbaine.unitedstates,2006,bureauofdemocracy,Humanrights,andlabor,internationalreligiousFreedomreport2006,[http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2006/71412.htm], consulté le 23 mars 2007.

66 PaulineJonesluong,2002,Institutional Change and Political Continuity in Post-Soviet Central Asia: Power, Perceptions, and Pacts,cambridge,cambridgeuniversityPress,344 p.

67 Les amendements constitutionnels votés en 2003 ont accru les pouvoirs du Président. luigidemartino,2004,«Tajikistanatacrossroad:contradictoryForcesattheHeartoftheTajikPoliticalsystem»,Cimera Situation Reports, Genève, pp. 152-159, p. 157. ilestdésormaisresponsabledelanominationdesgouverneursrégionaux,desjugesetdonnesonaccordauxloisvotéesparleParlement.unitednationscommissiononHumanrights,2005,Report of the Special Rapporteur on the independence of judges and lawyers, Leandro Despouy, Mission To Tajikistan, p. 15, [http://daccess-ods.un.org/TMP/3703494.html], consulté le 20 juin 2008.

68 leconseildesoulémasremplacelemuftiyatdepuisjuin1996.kuzmin,«Thecausesandlessonsofthecivilwar»,p.180.

69 l’institut islamique de duchanbé, qui compte plus de 1.000 étudiants, ainsi que21medressahssontresponsablesdelaformationdesfutursimamsdelarépublique.International Crisis Group, 2003, « Central Asia: Islam and the State », ICG Asia Report, n° 59, 54 p., p. 17, [http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=1442&l=1], consulté le 22 avril 2007.

70 stéphanea.dudoignon,2005,«Fromambivalencetoambiguity?someParadigmsofPolicymakinginTajikistan»,pp.132-133.

71 International Crisis Group, « Central Asia: Islam and the State », p. 16.72 iskanderalievanddaisysindelar,2004,«Tajikistan:Topislamicbodybanswomen

Fromattendingmosqueservices»,Radio Free Europe/Radio Liberty, 20 octobre, [http://www.rferl.org/content/article/1055440.html], consulté le 11 mai 2007.

73 brucePannier,2004,«Tajikistan:President’sremarksonwomenandmosquesdrawSharp Reactions », Radio Free Europe/Radio Liberty, 11 novembre, [http://www.rferl.org/content/article/1055829.html], consulté le 11 mai 2007.

74 igorrotar,2006,«Tajikistan:councilofulems-aninstrumentofstatecontrol»,Forum 18 News Service, 8 juin, [http://www.forum18.org/Archive.php?article_id=796], consulté le 4 mai 2007.

75 akinerestcitéedansl’articlederadioFreeeuropedu7août2002,notesuivante.76 Antoine Blua, 2002, « Tajikistan: Government To Vet Islamic Clerics », Radio Free

Europe/Radio Liberty News, 7 août, [http://www.rferl.org/content/Article/1100477.html], consulté le 20 juin 2008.

77 cetterégionenparticuliercontinuedefairel’objetd’uneattentionspécialedelapartdesautorités.en2006,46des90individusarrêtésenraisondeleurappartenanceàdesmouvementsextrémistes,étaientdesmembresprésumésduHizb-utTahrirdelarégiondesughd.bbcmonitoringservice,2006,«about90bannedislamicGroup

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membersdetained in Tajikistan in 2006», 12 décembre,Tajik Avesta, dushanbe,12décembre2006.Plusrécemment,àl’été2008,lechefduconseildesoulémasetladirectriceduconseildesaffairesreligieusessesontrencontrésafindediscuterdunombregrandissantdepratiquantssalafistesdansdiversesrégionsdupays,maisplusparticulièrementaunord.akmalaliyev,2008,«salafisbeginworshipinginFridaymosquesinkonibodom»,asiaPlus,7juillet,[http://www.asiaplus.tj/en/news/50/34181.html], consulté le 9 juillet 2008.

78 igorrotar,2005,«Tajikistan:mosqueVisitsandHijabsbannedForchildren»,Forum 18 News Service, 31 octobre, [http://www.forum18.org/Archive.php?article_id=679], consulté le 20 mai 2008.

79 nafisaPisarejeva, 2007, «Tajikmosqueclampdowncouldbackfire», Institute of War and Peace Reporting. Reporting Central Asia, n° 489, 17 avril, [http://www.iwpr.net/?p=rca&s=f&o=334927&apc_state=henprca], consulté le 11 mai 2007.

80 associatedPress,2007,«Tajikauthoritieslaunchcrackdownonillegalmosquesincapital », 20 mars.

81 bbcmonitoringservice,2007,«TajikleaderVoicesconcernabout«secret»islamicschools », 30 avril, Tajik Television First Channel,dushanbe,30avril2007.

82 Farangisnajibullah,2007,«Tajikistan:authoritiesimposereligiousTestsonimams»,radioFreeeurope/radioliberty,8août,[http://www.rferl.org/content/article/1078040.html], consulté le 15 mai 2008.

83 officefordemocraticinstitutionsandHumanrights(odHir),2006,The Draft Law of the Republic of Tajikistan: Comments,Varsovie,odHir.15p.,p.8.

84 lesmembresdevraientfournirauxautoritéslocalesaumoins200signaturesdecitoyenssoutenant l’établissementd’uneassociation religieuse.ceci réduiraitgrandement lapossibilitépourlespetitescommunautésdemettresurpieduneorganisation.

85 igorrotar,2006,«Tajikistan:councilofulems–aninstrumentofstatecontrol».86 Emomali Rahmon, Adresse du Président de la République du Tadjikistan lors la rencontre

publiquesurlarégulationdescoutumesnationalesetdesrituelsreligieux.87 abconline,2007,«TajikPresidentbansGoldteeth».28mars,[http://www.abc.net.

au/worldtoday/content/2007/s1883856.htm], consulté le 10 mai 2007.88 bbcmonitoringservice,«TajikleaderVoicesconcernabout«secret» islamic

schools ».89 Vitali Naumkin, 1993, « Islam et démocratie dans l’ancienne union soviétique », dans

A l’est, les nationalismes contre la démocratie ?, sous la dir. de Alain Gresh, Bruxelles, Editions complexes, 180 p., p. 142.

90 Shireen T. Hunter, 1996, Central Asia since Independence,westport,connecticut,Praeger,240p.,p.60.

91 anthonyGill,2001,«religionandcomparativePolitics»,Annual Review of Political Science, n° 4, pp. 117-138, p. 122.

92 ceciestd’autantplusvraiselonFoxsilesmesuresadoptéesparl’etatvisentàrestreindrelesreligionsminoritairesauseind’unetat.JonathanFox,2006,«worldseparationofreligionandstateintothe21st Century », Comparative Political Studies vol. 39, n° 5, pp. 537-569, p. 538.

93 ceseffortsconsistentprincipalementenunerépressionpolicièreetjudiciaireetaucoursdes trois dernières années, au moins 400 personnes ont été interpellées et/ou accusées d’affiliationaumouvementislamiqued’ouzbékistan.bbcmonitoringservice,2006,