les trésors (monétaires) antiques : le mot, les choses et les chercheurs. in : baratte...

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LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QUES :LE MOT, LES CHOSES ET LES CHERC H E U R S

G é ra rd AU B I N *

Dans le vo c abu l a i re arch é o l og i q u e, la term i n o l ogie re l at ive aux découve rt e sm o n é t a i res est assez imprécise et même simpliste qui distingue deux grandes cat é go-r i e s, basées sur le nombre : les trésors et les monnaies isolées. Cette distinction, peu eff i-c a c e, n'a guère favorisé la réfl exion sur l'usage de la monnaie ou sur la fonction desd é p ô t s. Mais dans la mesure où elle est d'usage courant et figure dans de nombre u xo u v rage s, examinons-la avec ses nuances pour mieux la re j e t e r.

L ' a n a lyse de quelques cas me conduira à re ch e rcher les critères qui présidentà l'interp r é t ation des découve rt e s1 et à souligner l'importance que dev rait pre n d re lec o n t exte arch é o l ogique dans toute élab o ration de typolog i e. Enfin examinant la démar-che des ch e rch e u rs et son évo l u t i o n , je plaiderai en faveur d'un traitement arch é o l og i-que des ensembles monétaire s.

UN TERME POLYS É M I QU E

Une histoire

Commençons par une histoire. Nous sommes le 28 nove m b re 1900, dans lev i g n o ble nantais touché par le phy l l ox é ra et contraint à rep l a n t e r. La plantation duchamp nommé Le Renfe rm é, au lieu-dit Les Cléons, dans la commune de Haute-Goulaine (Loire - A t l a n t i q u e ) , est décidée malgré les réticences de l'arch é o l ogue localFélix Chaillou qui craint de ne plus pouvoir accéder avant longtemps aux substru c t i o n sga l l o - romaines entrevues quelques années plus tôt, mais qui se console en pensant quele terrain sera défoncé jusqu'à 50 cm de pro fo n d e u r.

Huit bœufs excités par deux jeunes hommes qui brandissent l'aiguillon, sont attelés à ladéfonceuse sur laquelle un troisième bouvier se tient debout pour augmenter la profondeur du labour,pendant qu'un quatrième et solide gaillard la maintient de ses bras nerveux et fortement musclés. [ … ]Q u a t re hommes viennent ensuite, nivelant le terrain et faisant disparaître les pierres que la fouilleuse aviolemment arr a c h é e s. Huit ouvriers, enfin, terminant le travail, procèdent à la plantation de la vigne ;quand, tout à coup, en ma présence et sous un vigoureux coup de pelle, apparaissent quelques petits

* Conservateur général du patrimoine ; m e m b re de l'UMR 6566 Civ i l i s ations atlantiques etA rch e o s c i e n c e s, Re n n e s.ge ra rd . a u b i n @ c u l t u re. go u v. f r1 - Cet art i cle s'appuie essentiellement sur des ensembles monétaire s, mais les constat ations et les concl u-sions que j'en tire pourraient aussi s'appliquer à d'autres ensembles mobiliers (va i s s e l l e, b i j o u x , h a ches àd o u i l l e ) , d'où la mise entre parenthèses de l'adjectif « monétaire » dans le titre de la commu n i c at i o n .

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b ro n ze s. La cachette était découverte. […] joignant une substruction de mur, à la profondeur moye n n ede 40 à 45 centimètre s, gisaient pêle-mêle, sur une étendue d'environ deux mètres carr é s, une aggl o m é -ration de petits bro n ze s, avec les morceaux de la partie inférieure d'un pot qui les contenait et dont lefond seul était à peu près intact. ( F. C h a i l l o u , 1 9 0 1 ) .

Cette histoire ord i n a i re du trésor des Cléons, par ailleurs banal dans sa com-position si l'on exc epte la mise en évidence d'un u n i c u m2, fo u rnit l'acception la plusc o m mune du trésor. C'est celle véhiculée par les tex t e s, de La Bibl e3 à La Fo n t a i n e4, e tpar les images : une cach e t t e. E n fouir son argent en terre constituait dans l'Antiquité,en l'absence de coff re s - fo rt s, de comptes d'épargne ou de placements financiers ga ra n-t i s, le plus sûr moyen de le préserver : r é fl exe normal en temps de paix, beaucoup plusfréquent dans les périodes tro u bl é e s. Les « pots à médailles » découve rts par centainesrep r é s e n t e raient des enfouissements que leurs pro p r i é t a i res ne purent jamais récupé-re r. On connaît les théories liant trésors et insécurité, notamment la mise en évidencedes invasions du IIIe et du IVe s i è cle popularisées au début du siècle précédent parA . B l a n chet (A. B l a n ch e t , 1900 ; A . B l a n ch e t , 1 9 3 6 ) , leur succès près des historiens etdes arch é o l og u e s, en dépit de leur remise en cause (R. D e l m a i re, 1 9 9 5 ) . J'y rev i e n d ra i .

Ju r i s t e s, c o n s e rvat e u rs et arch é o l og u e s

Cette découve rte correspond parfaitement à la définition juridique du trésortelle que la fo rmule l'art i cle 716 du Code civil : « toute chose cachée ou enfouie surlaquelle personne ne peut justifier sa propriété et qui est découve rte par le pur effet duh a s a rd ». A i n s i , selon le Code civ i l , la qualification de trésor suppose la réunion de qua-t re conditions, chacune d'elles étant suscep t i ble d'interp r é t ations et ayant été préciséepar une jurisprudence re l at ivement abondante (C. S a u j o t , 2 0 0 0 ) . Mais cette définitionest à la fois plus large (tout chose mobilière, y compris un sarc o p h age ou des objetsdéposés dans une tombe) et plus re s t r i c t ive (chose découve rte par le pur effet duh a s a rd ; ne s'applique pas aux objets trouvés au fond des mers ou dans le lit des riv i è-res nav i gables) que celle des arch é o l og u e s, même si elles se re n c o n t rent sur la dissimu-l ation (chose cachée ou enfo u i e, bien qu'en droit la nécessité d'une interve n t i o nhumaine à l'origine de cette dissimu l ation semble fa i re débat5) . Au total, les sens ne sere c o u v rent pas : un trésor juridique ne l'est pas toujours arch é o l ogiquement et vice-ve rs a .

2 - TA F, I I I , p. 84 n° 11 (avec bibl i ographie) ; l 'u n i c u m est un antoninien de l'empereur Domitianu s, par ail-l e u rs totalement inconnu , ce qui a fait longtemps douter de l'authenticité de la monnaie ; un réexamen parS. Estiot conclut à une frappe authentique, qui pourrait pre n d re place au début de 271, après l'assassinatde Vi c t o r i n . Un deuxième exe m p l a i re a été récemment découve rt dans le trésor de Chalgrove II,O x fo rd s h i re (S. E s t i o t , G. S a l a ü n , 2 0 0 4 ) .3 - Voir la parabole des talents : « pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre » dit le serv i t e u rau maître (Mat h i e u , 2 5 ) . D ' a s s ez nombreuses occurrences de trésors enfouis dans la comédie (Ménandre ;Plaute : l 'A u l u l a r i a, le Tr i n u m m u s ; T é rence : l 'E u n u q u e) , les sat i res (Horace : S a t i re s, I , 1 , S a t i re s, I I , 6 ; Pe rs e :S a t i re s, 2 , 10 ; Sénèque : De vita beata, X X I V, 2 ) .4 - « Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait. Il avait dans la terre une somme enfouie… » (La Fo n t a i n e,l iv re 4, fable 20 : L ' ava re qui a perdu son trésor) .5 - Le cara c t è re vo l o n t a i re de la dissimu l ation qui re s s o rt de la jurisprudence récente permet d'excl u re lesbiens égarés (épave s ) , abandonnés ou perdus (mobilier provenant de dépotoirs ou de fosses d'aisance).M a i s, pour le Doyen Cornu (cité par C. S a u j o t , 2 0 0 0 ; C. S a u j o t , 2 0 0 3 , p. 4 7 ) , le trésor peut être « enfo u ipar l'effet de travaux ou de désord res (ru i n e s, t re m blements de terre, b o m b a rdement) ». Se pose aussi end roit la qualification des objets déposés dans une tombe (voir i n f r a) .

Venons-en à la position des arch é o l og u e s. En fa i t , il s'agit surtout de celle dec o n s e rvat e u rs de musées ou de nu m i s m at e s, c o n f rontés aux ensembles monétaire s. L emot a souvent été utilisé pour désigner toutes sortes de découve rt e s, dans un sens géné-rique en quelque sort e.

« Nous nommons trésor un ensemble de monnaies trouvées dans un mêmelieu » écrivait simplement Victor Godard - Fa u l t r i e r, c o n s e rvateur du musée d'Ange rs,dans son Inve n t a i re des collections du musée en 18676. Un siècle plus tard , H a n s -G e o rg Pfl a u m , s avant épigrap h i s t e, lui faisait écho :

Je pense qu'il est inutile de définir longuement ce que l'on entend par trésor monétaire : c'esttout simplement un ensemble plus ou moins grand de pièces anciennes re t rouvé sans que l'on puisse enc o n n a î t re le pro p r i é t a i re ( H . - G. P fl a u m , 1 9 7 7 , p. 1 ) .

Cette opposition du trésor aux découve rtes isolées, h abituelle ch ez les nu m i s-m at e s, est à l'origine de bien des confusions, car elle place le débat sur la question dun o m b re. La discussion fut vive dans les années 1960-1970 :[…] un ensemble de pièces cachées ou déposées volontairement dans un endroit choisi […] constitue ceque nous appelons un trésor, quelle que soit, par ailleurs, sa valeur numismatique, arc h é o l ogique ou com -m e rciale. Nous avons admis, arbitrairement, que le terme de trésor ne s'applique qu'à un ensemble decinq monnaies au moins, sauf pour l'or, pour lequel deux pièces trouvées ensemble seront accep t é e s.( M . Th i r i o n , 1 9 6 7 , p. 9 ) .

Cette définition du conservateur bru xellois suscite ch ez son collègue parisienJ. - B. G i a rd (1967) l'interrogation suiva n t e7 : « Combien faut-il de monnaies dans une n s e m ble pour qu'il constitue un trésor ? » Et d'évoquer le sorite de Zénon d'Éléec o n nu sous le nom d'argument du tas : un tas de blé reste un tas si on en re t i re un gra i n ,deux gra i n s, e t c. Mais à partir de combien de grains retirés de sa masse cesse-t-il d'êtreun tas ? Et s'il n'en reste qu'un ? Dans la théorie des ensembl e s, peu importe le nom-b re d'éléments. Mais en nu m i s m atique ? On peut en effet env i s ager qu'une seule mon-naie d'or puisse constituer une cach e t t e8.

Au cours des années postérieure s, d ive rs inve n t a i res régionaux suscitèrent den o u velles définitions. Retenons celle donnée dans le c o rp u s de l'Yonne (J. - P. Jacob et al.,1 9 8 3 , p. 302-303) :

Nous appellerons « trésor » tout ensemble de monnaies, quel qu'en soit le nombre, volontai -rement rassemblées et déposées en un endroit choisi de façon à en garantir l'intégrité et à en perm e t t re larécupération ultérieure.9

Ces définitions, beaucoup plus strictes, se limitent à un sens précis du mot tré-s o r, celui d'enfouissement délibéré et plus exactement de cachette destinée à être récu-p é r é e. En toute rigueur les bourses perdues en sont excl u e s. C'est le sens re t e nu par leC o rpus des trésors monétaires antiques de la Fr a n c e ( TAF) qui distingue les « trésors cert a i n sou pro b ables », les trésors douteux (quant à leur nat u re, leur provenance ou leur anti-

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6 - R é p e rt o i re arc h é o l ogique de l'Anjou, 1 8 6 7 , p. 3 0 9 .7 - J. - B. C o l b e rt (1973, p. 154) critiquait également cette démarche de M. Th i r i o n , lequel en conçut quel-que amertume et fit re m a rquer qu'il avait lui même qualifié sa délimitation « d'arbitra i re » (Bulletin du Cerc l ed'Études numismatiques, 1 1 , avril-juin 1974, p. 7 5 ) . Par ailleurs, J. - B. C o l b e rt écrivait « user du terme de tré-sor comme d'un synonyme du mot tro u vaille » (i d. , p. 1 5 5 ) , ce qui ne simplifie pas les ch o s e s.8 - Ce point est évoqué à maintes reprises dans les volumes consacrés à l'or monnayé (J. - P. C a l l u , X . L o r i o t ,1 9 9 0 , p. 1 9 - 2 5 , e t c. ; C. B re n o t , X . L o r i o t , 1 9 9 2 , p. 96 [G. Au b i n ] , 106 [J. H i e rn a rd ] , 114 [D. N o ny ] ) . Vo i raussi X. L o r i o t , 2 0 0 3 .9 - Cette définition venait préciser celle que j'avais donnée dans le répert o i re des trésors de Loire -Atlantique (A rc h é o l ogie en Bre t a g n e, 1 9 , 1 9 7 8 , p. 40) ; nous avons sans doute eu tort , les uns et les autre s, d er é d u i re ainsi à un seul sens un mot ch a rgé de tant de significat i o n s, au lieu de lui substituer un mot pro-p re à désigner la réalité que nous souhaitions étudier, c ' e s t - à - d i re les cach e t t e s.

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quité) ou écartés (en cas de doute avec des monnaies de site), les « dépôts significat i f s »qualifiés suivant les volumes de funéra i re s, vo t i f s, dépôts de fo n d e u r1 0.

Un manuel récent – de nu m i s m atique médiévale – présente une typologie desd é c o u ve rtes qui affine l'ancienne distinction entre découve rtes isolées et trésors, c o u-p able de mêler modalités de découve rtes et circonstances d'enfouissement : sont qua-lifiées de « tro u vailles » les pièces ou séries de pièces trouvées séparément, fo rt u i t e m e n tou au cours de fo u i l l e s, y compris des pertes ou des dépôts résultant de jets réitérés, p a rexemple dans des gués. Elles re c o u v rent donc les abandons vo l o n t a i res et les pert e s.L ' ap p e l l ation « trésors » tend à être réservée aux « ensembles de monnaies retirées dela circ u l at i o n , et en général destinées à y re t o u rn e r. La notion de dépôt d'un ensembl eréuni préalablement est centrale dans la définition d'un trésor. C ' e s t , p o u rrait-on dire,le pot marquant la constitution d'un dépôt, qui fait ainsi le trésor, plus que le nombredes pièces. » (M. B o m p a i re, F. D u m a s, 2 0 0 0 , p. 2 3 3 ) . Les mêmes auteurs distinguentt r é s o rs de circ u l ation (parfois qualifiés « d'urgence » dans d’autres typologies) et trésorsde thésaurisation (ou d'éparg n e ) .

En reva n ch e, le D i c t i o n n a i re de Numismatique ( M . A m a n d ry, 2 0 0 1 , p. 586) enrevient à une définition large et générique du mot trésor (« un ensemble de monnaiesréunies au moment de leur enfouissement ») englobant quat re cat é gories : les pert e sfo rt u i t e s, les enfouissements d'urge n c e, les trésors d'éparg n e, enfin les trésors liés à unrite (dépôts de fo n d at i o n , dépôts de gué, o ff randes de pèlerins, dépôts funéra i re s )1 1.Mais c'est aussi l'optique de la revue Trésors Monétaire s qui publie toutes sortes de décou-ve rtes « groupées ».

Finalement les nu m i s m ates sont souvent mal armés pour caractériser les tré-s o rs autres que les cach e t t e s, car se tro u vant en bout de ch a î n e, ils ne le re ç o ive n t , fa u t ed'un dialogue suffisant entre eux et les arch é o l og u e s, que comme un mobilier détach éde son contexte arch é o l og i q u e. Cette situation est aggravée en cas de découve rte fo r-t u i t e1 2. Bien souve n t , l ' i n t e rp r é t ation se fonde alors sur le faciès qualitat i f ou quantita-t i f de la découve rt e1 3.

10 - Daniel Nony et Xavier Loriot, d i re c t e u rs scientifiques de cette entreprise de re fonte de l'inve n t a i re desc a chettes monétaires de Blanch e t , s'en expliquent dans l'introduction du premier volume (TA F, I , 1 9 8 2 ,p. 7) : « ce terme [trésor], aussi familier qu'ambigu, exprime, indépendamment de toute idée de va l e u r, la notion de cachette,d'enfouissement délibéré. Aussi n'avons-nous pris en considération que les lots de monnaies volontairement réunies dans unmême ensembl e, à l'exclusion de toute accumulation réalisée au cours des temps (offrandes de gué, de sourc e, dans une gro t t e, le‘ t ro n c ’ d'un temple, etc.). Nous avons en revanche retenu des ensembles constitués par quelques monnaies pouvant appart e n i r,par exemple, à une bourse. Mais où fallait-il s'arrêter pour éviter de tomber dans le catalogue des monnaies de site ? Pour re t e -nir un maximum d'inform a t i o n s, nous avons institué la liste complémentaire des trésors douteux et dépôts divers : nous som -mes parfaitement conscients de l'arbitraire de nos choix dans certains cas litigieux, s'agissant notamment de dépôts votifs des a n c t u a i res ou de petites collections monétaires dans des sépulture s. Le critère déterminant a bien souvent été la présence, ou auc o n t r a i re l'absence, d'un récipient contenant les monnaies. »11 - On tro u vait déjà cette typologie dans P. G r i e rs o n , 1 9 7 6 , p. 164-183 et dans une moindre mesure dansC. M o rr i s s o n , 1 9 9 2 , p. 1 0 2 - 1 0 8 .12 - Voyez la préface de Trésors Monétaire s, I I , 1 9 8 0 , dans laquelle J. - B. G i a rd regrette le manque de contactavec les inve n t e u rs, et celle de Trésors Monétaire s, V I , 1 9 8 4 , p. 5 , où il écrit : « Faute d'informations précises sur lesc i rconstances de sa découvert e, tel ensemble de monnaies peut même échapper à tout classement […] le silence des inventeurscondamne le numismate à l'incertitude. »13 - À titre d'exe m p l e, je re l è ve l'ambiguïté de la qualification de « La tro u vaille de La Vi l l e n e u ve - a u -Châtelot (Aube) », p u bliée dans Trésors Monétaire s, V I , 1984 : dans la préface de la rev u e, J. - B. G i a rd ra n gecet ensemble des monnaies, d é c o u ve rt en 1973 […] dans la cat é gorie des tro u vailles de site, p a rce qu'ilc o m p rend de manière erronée le texte de l'auteur qui se contente de signaler qu'il n'a « aucune info rm a-tion sur le récipient qui contenait les pièces » et que ces dern i è res avaient été ramassées sur une étenduede quelques mètres carr é s. Mais il y avait bien deux vases et une coupelle (G a l l i a, 3 3 , 1 9 7 5 , p. 4 0 2 ) .

Les arch é o l ogues cl a s s i q u e s, pour leur part , attendent des identificat i o n s, d e sd at at i o n s, mais n'associent pas toujours assez les nu m i s m ates à l'interp r é t ation des don-nées re c u e i l l i e s. En outre, leur vo c abu l a i re demeure, dans ce domaine, tout aussi impré-cis : trésor est le plus fréquent, et semble synonyme de cachette ou d'enfo u i s s e m e n t ,mais lot, d é p ô t , t ro u va i l l e, s e m blent employés indiff é re m m e n t1 4. En reva n ch e, nos col-lègues pro t o h i s t o r i e n s, spécialistes de l’Âge du Bro n ze, ont fo rgé le néologisme « dépo-sition » pour désigner l’action de ra s s e m bl e r, d é p o s e r, e n fouir des objets de bro n ze,sans préjuger de son interp r é t at i o n1 5.

Faut-il viv re avec la polysémie ?

R é s u m o n s. Un terme ambigu et poly s é m i q u e. Ta n t ô t , il re s s o rt du « vo c abu-l a i re interp r é t at i f » , véhiculant ainsi des notions de valeur et de fonction (cach e t t e ) .Ta n t ô t , du « vo c abu l a i re descriptif » qualifiant tout ensemble ou groupement moné-t a i re quelle que soit sa fo n c t i o n . L'ajout d'un déterminant (d'urge n c e, d ' é p a rg n e, d ' o f-f ra n d e, e t c.) n'est sans doute pas un service rendu car on mêle ainsi sous une mêmeap p e l l ation des réalités fo rt diff é re n t e s, des ensembles dont la constitution re l è ve demodalités variées et dont l'étude et l'interp r é t ation ne peuvent être de même nat u re.C o l b e rt de Beaulieu soulignait lui aussi l'ambiguïté du terme et, m a l gré tout, son inadé-q u ation – au même titre que ceux de tas ou d'amas – à désigner toutes les variétés dedépôt monétaire. Mais il recommandait de s'en accommoder, en le considérant commeun concept générique1 6. Au contra i re, pour P. B runeau et P. - Y. B a l u t , « toute scienceest contrainte de bâtir une term i n o l ogie tendant à la ‘ m o n o s é m i e ’ et de dénommer dif-f é remment les réalités distinguées par l'analyse ; ils appellent ainsi à un effo rt d'élab o-ration term i n o l ogique : un mot par objet, et un objet par mot ». ( P. B ru n e a u , P. - Y. B a l u t ,1 9 9 7 , p. 2 8 , p ropositions 9 et 10).

Pour autant, une typologie précise et une term i n o l ogie adaptée sont diff i c i l e sà élab o rer et supposent déjà de réaliser l'accord sur les interp r é t at i o n s1 7. S ' agissant d'en-

G é ra rd AU B I N 53

D ' a i l l e u rs l'auteur, dans sa concl u s i o n , utilise les termes de « trésor » et d'« enfouissement ». Mais cettei m p e c c able étude nu m i s m atique – dont le manuscrit était ach evé en 1978 – n'avait pas bénéficié desap p o rts de l'arch é o l ogie qui entre 1976 et 1984 avait mis au jour deux enclos re c t a n g u l a i res à fonction cul-tuelle et localisé le dépôt découve rt en 1973 entre les deux fo s s é s.14 - Le dépouillement, à des fins de synthèse, de la revue G a l l i a ou des fascicules de la C a rte arc h é o l ogique dela Gaule ( C AG) est à cet éga rd instru c t i f. Les exemples ab o n d e n t . Un entre cent : dans la même ch ro n i-que de G a l l i a ( X X I X , 1 9 7 1 - 2 , p. 221 et 227), l ' ex p ression « trésor de bro n zes » est employée à six pages dedistance pour désigner deux découve rtes de nat u re bien diff é re n t e, l'une de statuettes de div i n i t é s, m é d a i l-l o n s, t r é p i e d s, e t c. , à Bavay (Nord ) , l ' a u t re de monnaies soudées en bloc de Gordien à Valérien en forêt deCompiègne (Oise).15 - C. M o rdant et al., 1 9 9 8 . Les dépôts de cette période – outils, p a ru re s, va i s s e l l e, a rmes – sont interp r é-tés de manières très dive rses : s t o ck de marchand colport e u r, s t o ck de métal destiné à la re fo n t e, dépôts àc a ra c t è re funéra i re ou vo t i f. L’ é vo c ation de la cachette dans un cl i m at d’insécurité semble délaissée au pro-fit de l’interp r é t ation sociale et cultuelle qui permet de souligner le rôle des élites manifestant leur pre s t i gel o rs de cérémonies ostentat o i re s.16 - Colbert de Beaulieu, 1 9 7 3 , p. 1 5 5 . Il faisait part en note de la re m a rque d'un linguiste de ses amis [Je a nG agepain ?] selon lequel « si le langage scientifique vise à la monosémie, la polysémie n'en est pas moinsun élément fondamental de la pensée : sous peine de ne pouvoir plus écrire ni parl e r, il faut bien conser-ver des mots de cara c t è re poly s é m i q u e. »17 - En tout état de cause, « dépôt » ap p a ra î t , comme ap p e l l ation générique, plus neutre que « trésor ».18 - Il est vrai que de nombreux trésors mis au jour par des trava u x , des lab o u rs, des terra s s e m e n t s, d é c o u-ve rtes fo rtuites sont de ce fait orp h e l i n s, p r ivés de contexte arch é o l ogique et qu'il en va de même pour les

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s e m bles monétaires découve rts en fo u i l l e, ces dern i è res ne peuvent découler que d'unec o n f ro n t ation entre les conclusions tirées de l'enreg i s t rement des données arch é o l og i-ques et celles issues de l'étude nu m i s m atique intern e. Je ne le tenterai pas dans ce cadre,me contentant, en examinant une série de cas, d ' ê t re at t e n t i f à la distinction entre des-cription et interp r é t ation et d'appeler l'attention sur la dive rsité des situations et les dif-ficultés de leur identificat i o n .

DES RÉALITÉS VARIÉES

D e rr i è re le mot « trésor » se cachent – on l'a dit – des réalités antiques diff é-renciées qu'il s'agit d'identifier et donc d'ab o rd de cl a s s e r. Pour ce fa i re, il peut être pro-f i t able de fa i re appel aux cat é gories de l'arch é o l og u e1 8. Dans sa réfl exion sur les mat é-riaux de l'arch é o l og i e, C. - A . M o b e rg oppose tro u vailles closes et accumu l ations (C. -A . M o b e rg, 1 9 7 6 , p. 6 2 ) . La « tro u vaille close » est composée d'éléments gro u p é s,constituant une entité homog è n e, déposés vo l o n t a i rement dans un endroit ch o i s i ,g é n é ralement à un moment défini, l o rs d'un acte singulier. Les « accumu l ations » sontcomposées d'éléments successivement déposés. Elles résultent de la sédimentat i o np ro p re aux lieux occupés et fréquentés par l'homme. Accidentelles ou parfois vo l o n-t a i re s, elles se fo rment « à partir d'objets perd u s, jetés ou abandonnés », donc dem a n i è re progre s s ive.

Cette distinction qui ne recoupe pas exactement celles, t ra d i t i o n n e l l e s, d e snu m i s m at e s, citées précédemment mérite d'être testée. Elle peut servir de cadre à unep r é s e n t ation de quelques cas bien identifiés et de leurs critères d'interp r é t ation avec lesd i fficultés de leur mise en œuvre.

Tro u vailles closes

La tro u vaille close résulte, on le répète, d'un acte vo l o n t a i re et suppose una m é n age m e n t . C'est donc une des ra res stru c t u res de l'Antiquité, comme la tombe, ànous parvenir dans son état d'origine ou à peu près. Et pourt a n t , on peine à citer desp u bl i c ations décrivant des aménagements de dépôt ou de cach e t t e, comme si la nat u remême de la découve rte poussait à s'intéresser dava n t age à ses constituants qu'à sac o n s t i t u t i o n .

Les études de tro u vailles closes s'at t a chent à caractériser leur nat u re et à déter-miner leur fo n c t i o n . Une pre m i è re diff é re n c i ation peut concerner leur destination :s ' agit-il d'un dépôt prov i s o i re ou d'un dépôt définitif ? Comment en décider ?Examinons les fa i t s.

d é c o u ve rtes (non fo rtuites) effectuées de manière frauduleuse après utilisation d'un détecteur de métaux.Ils sont donc difficilement utilisables dans l'établissement d'une typolog i e. On notera que l'interp r é t at i o nc o rrecte de certains trésors (Vi l l e n e u ve, s u p r a n . 13 ; M o rd e l l e s, i n f r a) n'a été assurée que postérieure m e n tà leur publ i c at i o n , grâce à la réalisation de fouilles sur le site de découve rt e. Pour d’autre s, l ’ i n t e rrogat i o nest légitime : le trésor de Fave rges (Haute-Savo i e ) , p u blié en 1981 (Trésors Monétaire s, I I I , 1 9 8 1 , p. 3 3 - 7 6 ,p l . . IX-XIV) et re m a rq u able par sa composition – 2 308 deniers et antoniniens de Néron à Tr é b o n i e nGalle dont 30 % antérieurs à 193 – ne serait-il pas un des éléments du trésor du sanctuaire de l’antiqueC a s u a r i a , d é c o u ve rt et fouillé entre 1988 et 1992, comme le note judicieusement Joël Serralongue (M.A m a n d ry et al., 1 9 9 7 , p. 10) ?19 - S. Pepy s, A . D o m m e rg u e s, 1 9 9 4 , p. 8 4 8 - 8 5 0 , 8 5 7 , 862 (décision de cacher et récit des péripéties liéesà la cachette du trésor, les 12 et 13 juin 1667), p. 1017-1018 (récupération malaisée du trésor, les 10 et 11o c t o b re 1667).

Dépôts pro v i s o i re s– Cachettes d'urgence et d'éparg n e

Cette cat é gorie est la plus connue et constitue l'interp r é t ation la plus fréquentedes ensembles monétaire s. D ' a i l l e u rs, de nombreux trésors ne nous sont pas parve nu sp a rce qu'ils ont été récupérés par leur pro p r i é t a i re. C'est ce qui arr ivait sans doute leplus souvent nous dit P. G r i e rson en re l atant les mésave n t u res de Samuel Pepy s1 9 fa i-sant cacher en juin 1667 son trésor, puis le déterrant en octobre, non sans quelquep e rte (P. G r i e rs o n , 1 9 7 6 , p. 1 6 4 ) . Les at t e s t ations arch é o l ogiques de telles récupérat i o n sne semblent pas très fréquentes2 0.

Le critère le plus habituellement employé est la présence d'un récipient, g é n é-ralement une céra m i q u e, sans doute à tort puisque ce type de conditionnement estaussi utilisé pour des dépôts funéra i res ou des stock ages d'off randes (i n f r a) . La cach esuppose aussi un accès re l at ivement aisé (pro fo n d e u r, p roximité d'un hab i t at , points derep è re ) . E n t rent également en jeu la composition interne du dépôt et sa cohérence parrap p o rt à la circ u l ation monétaire de l'époque. C'est ce qui a conduit les ch e rch e u rs àdistinguer « trésors d'urgence », composés de monnaies soustraites brutalement à la cir-c u l ation et qui en constitueraient donc un échantillon statistique fidèle, et « trésors det h é s a u r i s ation », re flets de l'épargne et composés d'espèces sélectionnées, amassées par-fois depuis longtemps. Cette distinction est sans doute trop sch é m atique et la majoritédes trésors se situe entre ces deux pôles. D ' ab o rd parce que, à côté des désirs en mat i è red ' é p a rgne et de sélection, le trésor re flète aussi le possibl e. Ensuite parce qu'un trésorn'est figé que par l'événement qui empêche sa récupération : r é s e rve d'espèce, e tm a n i è re normale de dissimuler ses espèces disponibl e s, il vit et évo l u e. Il peut gro s s i rou maigrir au gré des besoins et des possibilités. B re f, re flet d'états de la circ u l at i o nm o n é t a i re et de comportements thésaurisat e u rs, il est aussi le re flet d'histoires indiv i-d u e l l e s2 1. On notera pour mémoire que les trésors mixtes contenant, à côté des liqui-d i t é s, des objets précieux (bijoux, va i s s e l l e, s t at u e t t e s ) , témoignent autant de l'urge n c eque de l'éparg n e.

– Encaisses militaire sÀ côté des trésors de part i c u l i e rs, il convient d'env i s ager des trésors à cara c-

t è re public tels des encaisses militaire s. Elles se distingueraient soit par le nombre, s o i tpar la composition. On a env i s agé le cas pour le trésor d'Évre u x , r i che de 110 000 anto-niniens (TA F, I V- 1 , p. 7 9 , n° 30), mais sa composition (de Septime Sévère à Pro bu s,

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20 - À Saint-Fr é gant (Finistère ) , R . Sanquer signale sous le dallage de la grande salle centrale de la v i l l a, u n ec a chette vidée dans l'antiquité : « Cette cach e t t e, où se voyait l'emplacement de deux va s e s, avait été reb o u-chée au IVe s i è cl e, après la découve rte du trésor » (R. S a n q u e r, Bulletin de la Société Arc h é o l ogique du Finistère,XC V I I I , 1 9 7 2 , p. 105 ; i d. , G a l l i a, 3 1 - 2 , 1 9 7 3 , p. 3 7 7 ) .21 - J. - P. Callu re l at ivise aussi cette cl a s s i f i c ation : « L'entre-deux couvre la majorité des tro u vailles et leursp ro p r i é t a i res s'effo rcent de conserver les meilleures espèces, tout en étant, à des degrés dive rs, o bligés d'ac-c epter dans leurs réserves la monnaie alors prédominante. » (J. - P. C a l l u , 1 9 6 9 , p. 4 ) . Et ailleurs, en com-mentant les « queues » de trésor nombreuses pendant tout le Bas-Empire : « un épargnant décide de fige rson stock en réaction à des données tout ensemble monétaires et de conjoncture politique (Autun) ; c e l ane l'empêche pas d'incl u re un ajout qui, après une phase d'at t e n t i s m e, d ate l'enfouissement et non pas l'en-s e m ble stru c t u rellement réuni auparavant » (i d. , R . N. , 1 9 9 4 , p. 3 4 2 ) .22 - Il n'en reste pas moins que ce trésor contenu dans 10 sacs de toile enfe rmés dans un coff re en bois,et pesant 340 kg est le plus gros dépôt jamais découve rt en France (M. A m a n d ry, 2 0 0 1 , p. 2 1 9 ) . Po u rN a n cy Gauthier (in CAG, L'Eure, p. 4 6 ) , « une pareille somme exclut une possession privée ».

56 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

avec de très nombreux exe m p l a i res des empere u rs ga l l o - romains) ne permet pas deretenir cette hy p o t h è s e2 2.

La découve rte à Genas (Rhône), en 1826, de plusieurs milliers (2 000 à 5 000selon les sources) de deniers, à fleur de coin, à l'effigie de Clodius A l b i nus et toutes( p a raît-il) du même type, est généralement mise en re l ation avec « la bataille de Lyon defévrier 197 entre les troupes de Septime Sévère et celles de Clodius A l b i nus » ; la défa i t ede ce dernier et la déroute de ses partisans auraient empêché la récupération de cettep a rtie de la solde, f ra î chement frappée (TA F, V- 1 , p. 4 8 , 52 ; F. P l a n e t , 1 9 9 9 , p. 1 7 2 ) .

– Dépôts de rebu tCette ap p e l l ation (dépôt de fondeur ou rebu t ) , c o n nue pour l'Âge du bro n ze,

s ' applique-t-elle à l'époque romaine et aux monnaies ?Les dépôts at t r i bués aux artisans bro n z i e rs sont identifiés par leur composi-

tion mêlant monnaies et objets métalliques souvent brisés. Ainsi dans l'aggl o m é rat i o nd ' A rl e u f ( N i è v re ) , deux cachettes vo i s i n e s, d é c o u ve rtes dans la couche de démolitiondu théâtre des Bard i a u x , c o n t e n a i e n t , l ' u n e, des éléments de décoration de char enb ro n ze, l ' a u t re, d o u ze imitations radiées de T é t r i c u s, un millier de flans monétaires vier-ges et des déchets de coulées. Elles sont interprétées comme la réserve métallique d'unb ronzier (D. H o l l a rd , 2 0 0 0 b ) .

Sylviane Estiot a appelé l'attention sur l'hypothèse d'une démonétisation dunu m é ra i re ga l l o - romain qui interv i e n d rait sous le règne de Pro bus (276-282). Le décridu monnayage des usurp at e u rs ga l l o - romains (260-274) pourrait en effet re n d recompte au moins pour partie d'une vague d'enfouissements dat ables des années 275-2 8 5 , et non récupérés par leurs pro p r i é t a i res parce que désormais sans valeur ou dumoins de peu de valeur si l'on imagine un taux d'éch a n ge très peu favo rable (S. E s t i o t1 9 9 6 b, p. 6 1 - 6 3 ) . En ce sens, ils pourraient également re l ever de la cat é gorie suiva n t ede dépôts définitifs.

Le trésor de la Po rte de Chaillouet à Troyes (Aube) avec ses 180 000 mon-naies – à 98 % des imitations d'antoniniens – révèle une sélection de nu m é ra i re re t i r éde la circ u l at i o n2 3. Par qui et dans quel but ? Collecte officielle dans un cl i m at d'assai-nissement monétaire ou liquidités deve nues inu t i l i s ables d'un particulier ? Po u rq u o il ' e n fouir dans un secteur de la ville extra muro s et semble-t-il en déshérence ? Stock agep rov i s o i re ou définitif ? Ces imitations étaient-elles promises à la re fonte ou à un re cy-cl age hors de Gaule – pour alimenter le circuit africain (J. - P. C a l l u , 1 9 6 9 , p. 3 0 3 , n . 3 ;S. E s t i o t , 1 9 9 6 b, p. 63) –, ou bien étaient-elles stockées par pru d e n c e, en cas de re t o u rde périodes tro u blées et de pénurie monétaire ?

23 - Ces ch i ff res proviennent d'estimat i o n s. Le dépôt pesant 102 kg, le nombre de monnaies a été obtenuen adoptant pour chaque monnaie un poids moyen (0,54 g) constaté sur deux échantillons de 1 kg.L ' examen visuel avait montré qu'il était composé presque excl u s ivement d'imitat i o n s, ce qui avait conduità proposer dans un premier temps une cara c t é r i s ation du trésor, notamment pour évaluer l'import a n c edes liaisons de coins et mettre en évidence un éventuel atelier tricasse (G. Au b i n , Troyes (Aube). Po rte deChaillouet-Dépôt monétaire. Mission du 25 avril 1995, rap p o rt en date du 9 mai 1995 adressé à la sous-dire c t i o nde l'arch é o l og i e, 4 p. ) . Trois échantillons totalisant 1 502 ex . ont été étudiés par Marie-Laure Le Bra z i d e c(Trésor de Troye s, 1994. Po rte de Chaillouet. Étude de trois lots prélevés en diff é rents points de l'ensembl e, rap p o rt mu l t i-grap h i é , B n F, avril 1996, 219 p.) : 25 monnaies officielles dont 23 des empere u rs ga l l o - ro m a i n s, et 1 477i m i t ations ; une seule liaison interne de coins, mais trois ex t e rn e s. En dernier lieu, C AG, L'Aube, 2 0 0 5 ,p. 5 7 0 , avec la bibl i ograp h i e.24 - J'ai utilisé R. D e l m a i re, 2 0 0 1 , q u i , dans le cadre d'une réfl exion sur l'utilisation des monnaies dans la

La question du dépôt de butin métallique se pose aussi pour la vaisselle d'ar-gent mise en pièces, et parfois accompagnée de monnaies comme à La Riv i è re (Isère )( F. B a rat t e, 1 9 8 9 , p. 11 ; TA F V- 2 , p. 5 0 , n° 24).

Dépôts définitifsIl s'agit de dépôts que le déposant n'a pas l'intention de récupére r, pour des

raisons qui peuvent être dive rses : il les donne, ce n'est pas à lui, c'est sans valeur (s u p r a,dépôts de rebu t ) . En généra l , ce sont des dépôts « cérémoniels ». Le plus évident estconstitué par les off randes funéra i re s. Re l è vent aussi de cette cat é gorie les dépôts defo n d ations ou les trésors de temples. Mais leur mise en évidence est loin d'être aisée.

– Dépôts funéra i re sLe dépôt funéra i re se définit obl i gat o i rement par son association à une sépul-

t u re. On connaît la traditionnelle obole à Charo n , destinée au paiement du passeur desâmes d'une rive à l'autre de l'Ach é ron : en généra l , une pièce de monnaie placée dansla bouche des cadav re s. L ' a rch é o l ogie révèle des pratiques variées quant au nombre ouà l'emplacement de ce viat i q u e2 4. Il semble bien que ce rituel, i n t roduit en Gaule ave cla ro m a n i s at i o n , d e m e u re minoritaire. L ' e m b a rras vient dava n t age des dépôts parfo i smentionnés comme trouvés dans des sépulture s2 5 : des bourses de quelques unités àquelques dizaines de monnaies, mais parfois des ensembles de plusieurs centaines, c e r-tains contenus dans des va s e s. S ' agit-il du bien du défunt, d'une off rande (et dans cec a s, i n d ividuelle ou collective ?), ou d'une cachette postérieure – « en raison de la sûre t éprésumée » des lieux selon C. Saujot – et donc indépendante de tout rituel funéra i re ?Seules des fouilles minutieuses pourraient distinguer diff é rentes phases de cre u s e m e n t .Saint Jérôme re l ate l'histoire d'un moine de Nitrie (au sud-ouest d'Alex a n d r i e ) , « plutôtéconome qu'ava re » qui laissa en mourant cent sous d'or gagnés à tisser le lin. Q u ' e nfa i re ? Les distribuer aux pauvre s, les donner à l'église ou les re m e t t re à sa famille ? LesP è res décidèrent qu'on les enfouît avec leur pro p r i é t a i re : « Que ton argent t'accompa-gne pour la perdition ! » (Saint Jéro m e, J. L ab o u rd , 1 9 8 2 , p. 1 4 8 - 1 4 9 )2 6.

Au t re cas exc ep t i o n n e l , celui d'une sépulture féminine datée de 20 av. J. - C.dans la nécropole essentiellement aristocratique de Goebl a n ge-Nospelt (Luxe m b o u rg ) ,

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d at ation des tombes, fo u rnit de nombreuses références pour les départements du Nord et du Pa s - d e -C a l a i s, mais aussi quelques monographies récentes, par exemple V. B e l , 2002 (p. 1 5 3 ) , pour la Narbonnaise.On consultera avec profit le colloque organisé par le groupe suisse pour l'étude des tro u vailles monétai-re s : O. F. D u buis et al. 1999 (compte-rendu de S. Estiot dans R . N. , 2 0 0 1 , p. 5 1 7 - 5 2 2 ) . Pour des réfl ex i o n ssur les pratiques et leur interp r é t at i o n , voir L. B a ray (dir. ) , 2 0 0 4 . A rc h é o l ogie des pratiques funéraire s. Ap p ro c h e sc r i t i q u e s. Actes de la table ronde de Bibra c t e, 7-9 juin 2001, G l u x - e n - G l e n n e, C e n t re arch é o l ogique euro-p é e n , 316 p.25 - Quelques exemples de bourses dans A . G e i s e r, 1 9 9 7 . R . D e l m a i re (2001, p. 2 1 1 , n . 28) cite quelquest r é s o rs, mais les re l ations des découve rtes du XIXe s i è cle sont souvent imprécises sur la localisation ex a c t e(dans la tombe ou à côté ?). C e rtains volumes du C o rpus des trésors monétaires antiques de la Fr a n c e (TA F) intro-duisent une cat é gorie « Dépôts funéra i res ». Ainsi à Pa r i s, re l è ve-t-on dans une inhumation un petit va s econtenant 307 antoniniens (TA F, I X , p. 2 7 , n° 21) ; dans une sépulture, un vase de bro n ze contenant 17i n s t ruments de ch i ru rgie et 75 antoniniens (TA F, I X , p. 2 8 , n° 22). À Epiais-Rhus (Va l - d ' O i s e ) , t rois sépul-t u res ont livré chacune une bourse (8, 1 7 , 26 bro n zes du IVe s i è cle (TA F, I X , p. 8 1 , n° 14). À Vro n( S o m m e ) , dans une tombe du IVe s i è cl e, 7 monnaies au-dessus du corps ; e n t re les jambes, un couteau etune bourse en cuir contenant 3 bagues de bro n ze et 77 monnaies en petites piles (R. D e l m a i re, C. S e l l i e r,1 9 8 1 ) .26 - Je dois la connaissance de ce texte à l'amitié de Roger Hanoune.27 - D. H o l l a rd (2000a) précise toutefois que la dat ation du dépôt, ve rs 280, « n'étant pas compat i ble ave c

58 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

fouillée en 1993. Le tumulus re c o u v rant cette sépulture était creusé « de nombre u s e spetites fo s s e s, de la grandeur d'un trou de poteau moye n , contenant des ossementsd'animaux incinérés et 58 monnaies […]. Ces monnaies datent de l'époque d'Au g u s t ejusqu'au milieu du IIe s i è cle après J. - C. et attestent un culte des ancêtres pratiqué pen-dant plus d'un siècle et demi sur la tombe de cette fe m m e. » (J. M e t z l e r-Zens et al. , 1 9 9 9 ,p. 3 8 5 ) . Comme l'indique l’auteur, la distinction entre monnaie(s) déposée(s) dans latombe et monnaie(s) contenue(s) dans des fosses creusées dans le re m blai de la tombeest primord i a l e, tant pour la ch ro n o l ogie que pour l'interp r é t ation symbolique.

– Dépôts de fo n d at i o nIls sont identifiés en raison de leur emplacement dans les niveaux de fo n d a-

tion d'un édifice, et de la difficulté de récupérat i o n , mais aussi de leur taille ou de lan at u re du contenant.

– À Besançon un dépôt de huit a u re i d ’ Auguste (1 incert a i n , p e u t - ê t red ’ O r i e n t , 1 de Nîmes ou de Colonia Pat r i c i a , 6 de Lyon) et trois bagues en or,e n fe rmé dans une boîte cylindrique en tôle de bro n ze, a été trouvé sous le sold’une grande salle de 220 m2 d’un bâtiment que l’on suppose publ i c, plus pré-cisément dans une fosse cre u s é e, le long d’un mu r, dans les re m blais dec o n s t ruction servant d’assise au bâtiment. Cette interp r é t ation s’appuie surd ive rses constat ations : n at u re du dépôt (a u re i et bagues maintenus ensembl epar une cordelette) et de son contenant ; i n s t a l l ation rapide d’un sol maçonnéde 0,35 mètre d’épaisseur rendant toute récupération impossible ; b â t i m e n tp u blic (J. - O. G u i l h o t , C. G oy, 1 9 9 2 , p. 7 0 - 7 4 , 1 2 8 , 1 3 4 , 1 4 0 - 1 4 1 ) .

Quelques autres cas peuvent être cités.– À Corseul (Côtes-d’Arm o r ) , chef-lieu de la c iv i t a s des Coriosolites, l ’ hy p o-thèse d’un dépôt de fo n d at i o n , à l’époque augustéenne, est avancée pourexpliquer la présence dans l’argile sous-jacente aux pre m i e rs niveaux d’occu-p ation d’un petit coff ret en bois contenant trois deniers de la Républ i q u e( e n t re 112 et 42 av. J. - C.) ; t o u t e fo i s, aucun édifice contemporain de ce dépôtne peut être désigné (H. K é rebel et al., 2 0 0 1 , p 24, 1 6 6 ) .– À Mâlain (Côte-d’Or), aggl o m é ration secondaire, le groupement de quat rea u re i (de 63 à 71) dans un petit vase de plomb re t rouvé dans une couche dedébris et de gravats supposés provenir de la destruction du temple voisin esti n t e rprété comme une off rande (M. Ro u s s e l , 1 9 7 5 ) .

Que penser du dépôt du théâtre du sanctuaire d'Eu (Seine-Maritime), e n fo u isous le montant d'une porte située à l'intérieur du théâtre ? Contenu dans un va s e« scellé par la maçonnerie », il se compose de 1 616 antoniniens et imitations de Gallienà Au r é l i e n . Mais sa composition, c a ractéristique des cachettes effectuées sous le règnede Pro bu s, est considérée comme un prélèvement de la masse monétaire en circ u l a-t i o n2 7. S ’ agit-il d’un dépôt unique ou de celui d’une communauté ?

La difficulté est la même pour le dépôt de fo n d ation d’un bâtiment de la v i l l ade Fro t ey - l è s - L u re (Haute-Saône) : dans le radier servant d’assise à une colonne sup-p o rt d’une ch a rpente parap l u i e, 27 monnaies réparties sur toute la hauteur de la cav i t é ,

celle proposée par les arch é o l ogues pour la construction du deuxième état du théâtre (début du IIIe s i è-cl e ) , celui-ci témoigne donc vra i s e m bl ablement d'une re s t a u ration tard ive dont la portée reste à définir. »( p. 3 3 - 3 4 ) .

dans les interstices situés entre les pierres (un sesterce de Marc - Aurèle et 26 monnaiesdans l’arc ch ro n o l ogique 309-350 dont huit de Magnence) ; l ’ i n t e rp r é t ation présentéeretient un rite de j a c t a t i o appelant la prospérité sur la demeure2 8. L’ a c c u mu l ation sera i tdonc due à plusieurs individus mais au même moment.

– Vœux et donsC e rtains temples possédaient des trésors, notamment de vaisselle précieuse à

B e rthouville (Eure ) , N o t re-Dame d'Allençon (Maine-et-Loire ) , de feuilles vo t ives ena rgent à Vi chy (Allier), d'objets en bro n ze à Neuvy-en-Sullias (Loire t ) . François Barat t e(1993) pose bien les pro blèmes de leur éva l u ation et de leur rep r é s e n t at ivité et, a u - d e l à ,de la cara c t é r i s ation d'un trésor de temple. Comme pour les dépôts en milieu funéra i redoit se poser la question de leur ap p a rtenance : l ' e n s e m ble de bijoux découve rts prèsdu mur nord du portique du f a n u m de Cracouville (Le Vi e i l - É v re u x , E u re ) , dans desc o u ches de démolition, est-il une off rande à une divinité ou une cachette placée sousla protection du dieu ? Par ailleurs, il faut distinguer ex voto et mobilier du culte. E n f i nquelle part de « l'inve n t a i re sacré » est-elle inaliénable ?

Les monnaies re t rouvées dans les fouilles de sanctuaire sont-elles un re flet deso ff randes déposées, qu'il s'agisse de l'accomplissement d'un vœu ou d'un don ? End ' a u t res term e s, quels sont les circuits de la monnaie dans un sanctuaire ? On sait quede ra res inscriptions mentionnent des sommes pour l'entretien de statues ou de tem-ples (Y. De Kisch , 1 9 7 9 ) , que des gra ffites tels ceux gravés sur les enduits peints duf a n u m de Châteauneuf ( S avoie) promettent des off randes exprimées en deniers, o ud ' a u t res gravés sur des tuiles mentionnent des dons (C. M e rm e t , 1 9 9 3 ) . Mais comments ' e ffectuaient ces off randes et qu'en reste-il ? L'identification de stru c t u res d'off ra n d e sn'est pas toujours évidente.

Avec Jacques Meissonnier, nous avons appelé l'attention il y a quelques annéessur les monnaies mu t i l é e s. Les monnaies gauloises et romaines de Juvigné (Maye n n e ) ,entaillées par des coups de ciseau ou écrasées entre des pierre s, nous sont ap p a ru e scomme des monnaies sacrifiées, s o u s t raites à l'usage pro fane (G. Au b i n , J. M e i s s o n n i e r,1 9 9 4 ) . Cette interp r é t ation rituelle et sa ch ro n o l ogie assez brève – de la conquête àT i b è re, vo i re Claude – semblent confirmées par de nouvelles découve rt e s2 9. Dans cetteé t u d e, nous nous sommes également intéressés à deux fo rmes de dépôts : les tro n c sque je cl a s s e rai dans la cat é gorie des accumu l ations (i n f r a) , et les dépôts de stock agedont le trésor de Mordelles off re une bonne illustrat i o n .

Le cas du trésor de Mordelles (Ille-et-Vilaine) me semble exe m p l a i re : c o n t e nudans un vase en terre, il était composé de monnaies armoricaines en billon, at t r i bu é e sau peuple des Riedons ; la plupart étaient « entaillées au reve rs d'un ou deux petitscoups de ciseau peu pro fonds », i n t e rprétés par J. - B. C o l b e rt comme des marq u e sd ' é p re u ve destinées à s'assurer de la valeur réelle du métal monnayé : une entaille dans

G é ra rd AU B I N 59

28 - J. - P. M a z i m a n n , 1 9 9 5 . « Le dépôt de fo n d ation de la v i l l a ga l l o - romaine de Fro t ey - l è s - L u re (Haute-Saône) », Bulletin de la société française de Numismatique, 5 0 - 4 , av r i l , p. 1 0 3 4 .29 - Douze nouvelles monnaies d'Auguste à Claude entaillées à Alésia (L. Po p ov i t ch , 1 9 9 5 ) . La mentiond'as de Nîmes portant des traces de coups de burin ou de cisaille parmi les monnaie recueillies au templeC des Bouchauds (Charente) nous a été connue après la rédaction de notre art i cle (A q u i t a n i a, 1 0 , 1 9 9 2 ,p. 1 4 5 - 1 9 4 ) . De même pour les dégra d ations des monnaies du f a n u m de Montjustin (Haute-Saône)( N. B o nva l o t , A . R i ch a rd , 2 0 0 3 , p. 9 0 ) . Plus récemment, un stat è re osisme et deux ou trois as d'Au g u s t eau type de l'autel de Lyo n , dans le sanctuaire de Ke rgroas à Paule (Côtes-d'Armor) fouillé par Yves Menezet Anne Vi l l a rd-Le Tiec (inédit). Le même phénomène est constaté en Gra n d e - B re t agne (A. K i n g, G.S o ffe, 1 9 9 4 , p. 38) dans les temples de Hayling Island (Hampshire ) , de Harl ow (Essex) et dans le trésorde Snettisham (Norfo l k ) .

60 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

le flan permettait de s'assurer à l'œil de la qualité du cœur de la monnaie. C o l b e rt écar-tait « la supposition d'une pratique rituelle, car ce petit trésor a été placé dans un pot etconfié à la terre dans un souci manifeste de conservation et non d'off ra n d e. » (J. -B. C o l b e rt , É . G u i b o u rg 1952, p. 2 3 0 ) . En fa i t , le trésor de Mord e l l e s, h o rs contex t el o rs de sa découve rte en 1893, était enfoui à proximité d'un f a n u m dont la fouille récentea livré quelques monnaies dont deux stat è res riedons (G a l l i a, 1 9 9 0 , p. 4 6 - 4 7 ) . La mu t i-l ation des monnaies et le contexte arch é o l ogique (temple) amènent à conférer à cedépôt un cara c t è re vo t i f et plus précisément à y voir un stock age d'off ra n d e s3 0 ap r è sn e t t oyage du sanctuaire (G. Au b i n , J. M e i s s o n n i e r, 1 9 9 4 ) . Le mot trésor re t ro u ve ici sonsens primitif de lieu qu'il avait avant qu'un glissement sémantique ne lui fit désigner unech o s e. Mais ce dépôt peut être qualifié de secondaire, en ce qu’il résulte d’un regro u p e-ment d’off randes monétaires isolées qui se présentaient sous la fo rme d'accumu l at i o n spour ga rder notre vo c abu l a i re.

A c c u mu l at i o n s

Accumulations votiv e sLes monnaies déposées une à une re l è vent de cette cat é go r i e, avec des diff i-

cultés pour séparer off randes et mobilier d'usage et perd u . Dans les sanctuaire s, l e squantités ne sont jamais considérabl e s. L ' a rgent était régulièrement collecté et utilisépour fa i re des dons à la divinité (W. Van A n d r i n ga , 2 0 0 2 , p. 1 2 1 ) .

– Tro n c s, c o ff res et fo n t a i n e sLes troncs posent un pro blème liturgique part i c u l i e r. Ils semblent être desti-

nés à recueillir des off randes sacrificielles et sans doute à être vidés régulière m e n t . L ap l u p a rt sont re t rouvés vides et même brisés3 1. Mais celui de Crain (Yonne) était à dou-ble fond (inv i o l able ?) et contenait encore 207 monnaies en bro n ze d'Auguste àCommode malgré un pillage tard i f ( J. - B. D eva u ge s, 1 9 7 3 ) . La publ i c ation du t h e s a u ru sde Sola (Italie) ne mentionne que 50 monnaies, as et deniers, ne dépassant pas le règnede Caligula (F. C at a l l i , J. S ch e i d , 1994) que les auteurs considèrent comme le pro d u i tdes taxes rituelles déposées depuis la dern i è re ouve rt u re du tro n c.

Dans certains cas, l ' i n t e rp r é t ation est délicat e. En voici deux exe m p l e s. Le cof-f re de Niort (Deux-Sèvre s ) , en calcaire, d é c o u ve rt fo rtuitement dans la cour d'un gra n dm o nument public interprété comme un temple, e n t re-t-il dans la cat é gorie des tro n c s( r é c ep t a cle prov i s o i re) ou dans celle des stock ages (définitifs) ? Il contenait lors de lad é c o u ve rte au moins 400 monnaies en place, 350 autres ayant été re t rouvées aux alen-t o u rs. Sur 490 monnaies gauloises et 242 romaines de la République à Domitien, a umoins 95 étaient sacrifiées, ce qui orienterait plutôt ve rs l'hypothèse d'un dépôt scellé( J. H i e rn a rd , 1 9 8 4 ) .

À Lons-le-Saunier (Ju ra ) , au milieu d'une petite place publ i q u e, une gra n d e

30 - Cette hypothèse nous a semblé préférable à celle d'une off rande indiv i d u e l l e. Voir l'exemple du sanc-t u a i re des sources de la Seine, à Saint-Germ a i n - S o u rce-Seine (Côte-d'Or) avec un vase portant une ins-cription à la déesse Sequana et contenant des off randes dive rses et d'époque diff é rentes (G. Au b i n ,J. M e i s s o n n i e r, 1 9 9 4 , p. 1 4 9 ) .31 - À la liste fo u rnie dans G. Au b i n , J. M e i s s o n n i e r, 1 9 9 4 , p. 1 4 9 - 1 5 0 , on peut ajouter : Ju blains (Maye n n e )où un fragment d'un possible tronc monétaire a été découve rt dans le niveau de destruction du port i q u eex t é r i e u r, à quelques mètres d'un petit bassin destiné sans doute aux ablutions (J. N aveau [dir. ] , R e c h e rc h e ssur Ju blains (Mayenne) et sur la cité des Diabl i n t e s. Re n n e s, 1 9 9 7 , p. 1 7 , 191-192) ; Fa n u m de Pupillin (Ju ra ) , s e l o nune info rm ation orale de J. - L . O d o u ze, s a n c t u a i re de Ley t ro n ; en Valais (Suisse) signalé par D. Pa u n i e r,R evue du Nord, X X X , 1 9 9 8 , p. 246 et n. 5 7 .

dalle percée d'un trou re c o u v rait une fosse dans laquelle a été recueilli un ensemble de240 monnaies en cuiv re ou alliage cuiv reux s'étalant d'Hadrien aux Théodosiens : 2 ex .du IIe s i è cl e, 48 du IIIe s i è cl e, 160 du IVe et 30 indéterminées du IIIe ou du IVe s i è cl eP l u s i e u rs interp r é t ations ont été examinées et successivement écartées : c a ch e t t e( absence de contenant ; a rc ch ro n o l ogique trop large ) , t ronc monumental (dispositifi n a d apté ; n o m b re de monnaies peu élev é ) . L ' ex p l i c ation finalement re t e nue est celled'un puisard surmonté par une fontaine dont la dalle est la base avec bonde de vidange.Des monnaies étaient jetées dans la fontaine : les monnaies non récupérées – négl i ge a-bles ou inv i s i bles car mêlées aux boues – étaient emportées par les eaux lors des opé-rations de nettoyage (L. Po p ov i t ch , 2 0 0 2 ) . Au total, il s'agit bien de monnaies offe rt e sune à une (s t i p e s) , puis accidentellement et invo l o n t a i rement regro u p é e s.

Dans les sanctuaires de sourc e, les off randes déposées pouvaient l’être dansla source même, donc inaccessibles ou y séjourner très longuement3 2.

– Dépôt de guéAu nord de Maye n n e, le gué de Saint-Léonard permet à la voie Ju bl a i n s -

Av ra n ches de fra n chir la Maye n n e. À la suite de travaux d'ap p ro fondissement du lit dela riv i è re en 1864, on découvrit un radier submergé re n fo rcé par une ch a rp e n t e. L e sfouilles du radier ont liv r é , en deux lots, plus de 26 000 monnaies antiques et du petitmobilier (TA F I I I , 1 9 8 4 , p. 5 0 ) . Le pre m i e r, de 10 641 ex . , fut publié en 1865. Dans lap u bl i c ation d'ensemble parue en 2004, P. - A . B e s o m b e s, s ' at t a chant à définir la nat u rede ce dépôt écrit :

Ce n'est évidemment pas un trésor, puisqu'il n'y a pas de contemporanéité dans l'offrande desm o n n a i e s. Il s'agit d'une accumulation de monnaies qui ont été volontairement jetées durant une longuepériode de temps dont il faut fixer les limites ( P. - A . B e s o m b e s, 2 0 0 4 , p. 3 ) .

Le contexte de découve rt e, le passage d'une vo i e, l ' a m é n agement du gué, l acomposition intern e, les objets d'accompagnement considérés comme des ex voto( a rmes miniat u re s, s t atuettes de déesses mères) suffisent à écarter toute ambiguïtéquant à l'identification de cette cat é go r i e.

Pe rt e sComment distinguer un trésor perdu d'un trésor caché ? Moins que le nom-

b re (bien que l'on parle souvent de bourses perdues pour de petits ensembles qu'oni m agine mal voir dissimu l é s ) , c'est le milieu de découve rte qui tra n che : p u i t s, d é p o t o i r,n iveau d'incendie, milieu subaquat i q u e. En voici un exe m p l e.

Le « trésor de Garonne » est en fait le produit d'opérations de dragages des ables et de grav i e rs : d ' ab o rd des découve rte fo rtuites (des sesterces mêlés au sable) en1 9 6 5 , puis des découve rtes surve i l l é e s, enfin une re ch e rche organisée en 1970. Au total,3 977 monnaies de cuiv re furent re c u e i l l i e s, des sesterc e s, d u p o n d i i et a s allant de Claudeà A n t o n i n , avec un t e rm i n u s en 159-161. Il est interprété comme un accident de nav i ga-tion fluviale : la caisse d'une gab a re romaine comptant initialement au moins 5 000 piè-c e s, essentiellement des sesterc e s. Les dragages ont aussi ramené des pièces de bois tra-va i l l é e s, des grands clous de ch a rp e n t e, p o u vant provenir d'un nav i re, des céra m i q u e set autres objets de fer et de plomb ; mais ce mobilier « assez disparate » couvre deuxp é r i o d e s, l'une du Ie r s i è cle av. J. - C. au IIIe, puis du XVe s i è cle au XXe s i è cl e. Les auteurspensent toutefois que, pour la période antique, se dessine une double concentrat i o n ,

G é ra rd AU B I N 61

32 - F. B a rat t e, 1 9 9 2 , p. 1 1 9 - 1 2 0 . Le TA F V I I , Au ve rgne (1991), mentionne plusieurs dépôts dans dess o u rces d’eau minéra l e.

62 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

l'une fin Ie r- d é but IIe s i è cl e, l ' a u t re mi IIe s i è cl e, t é m o i g n ages de deux naufrage s. E n f i n ,c e rtaines monnaies portent des traces noirâtre s, typiques d'un incendie (R. É t i e n n e,M . Ra ch e t , 1984 ; Trésor de Garo n n e, 1987 ; TA F, V I , 1 9 9 0 , p. 2 0 ) .

Il faut ra n ger dans cette cat é gorie les petits ensembles découve rts dans lesd é c o m b res d’un hab i t at , qu’il soit ruiné ou incendié puisque ces ensembl e s, p r i m i t ive-ment cachés ou en cours d’usage, se tro u vent en position secondaire.

Quelques considérations sur les critère s

L’ examen des faits montre bien que la distinction entre tro u vaille close eta c c u mu l ation n’est pas aisée et est sans doute insuff i s a n t e. En effe t , elle repose sur lacombinaison va r i able d’au moins trois éléments : l ’ i n t e n t i o n , l ’ a u t e u r, le temps. La tro u-vaille close résulte d’un acte vo l o n t a i re, réalisé généralement par une seule pers o n n emais pas toujours, à un moment donné. L’ a c c u mu l ation résulte d’un acte vo l o n t a i re oui nvo l o n t a i re, réalisé généralement par plusieurs pers o n n e s, sur la durée. Les pertes cl a s-sées ci-dessus dans les accumu l ations dev raient sans doute fo rmer une cat é gorie part i-c u l i è re car elles sont les seules à être invo l o n t a i re s. Dans chacun de ces cas, les moda-lités de constitution des ensembles ne sont pas les mêmes et les enseignements qu'onpeut en tirer diff è re n t , notamment au plan ch ro n o l ogique puisque les éléments d’undépôt ne sont pas obl i gat o i rement synch ro n e s.

Quoi qu’il en soit, nous constatons de multiples usages de la monnaie et den o m b reuses causes d'abandon d'ensembles monétaire s, vo l o n t a i rement ou invo l o n t a i-re m e n t . A i n s i , l ' ex p l i c ation unique des « trésors » doit-elle être considérée ave cm é f i a n c e. Elle peut corre s p o n d re à des modes ou à des préoccupations contempora i-nes : les vagues d'invasion au début du siècle précédent, puis le culte des eaux (To u t a i nen 1918), les sacrifices et off randes en ce début de XXIe s i è cle (P. - R . G i o t , 1998) ou lesm a n i fe s t ations de pre s t i ge3 3.

L ' a rch é o l ogue doit remonter du constat – un ensemble – à l'intention et auxc i rc o n s t a n c e s. Dans la mesure du possibl e, il faut cumuler les données ex t e rnes (env i-ronnement arch é o l og i q u e, c o n t exte strat i grap h i q u e, disposition) et internes (composi-t i o n , p a rticularités indiv i d u e l l e s ) , et croiser les indices pour fo rmuler une interp r é t at i o n .Le nombre, c r i t è re important n'est pas suffisant pour caractériser une découve rte et enfa i re l'interp r é t at i o n . On aura noté qu’on se hasarde ra rement à interpréter une seulemonnaie comme un dépôt, s a u f dans des cas très part i c u l i e rs de disposition.L ' existence d'un contenant n’est pas dava n t age contra i g n a n t e. Cette idée que le pot fa i tle trésor, bien ancrée3 4, doit être nuancée car elle confond la fin (cacher un bien) ave cl'outil (un contenant) alors que le même outil peut être utilisé à d'autres fins (stocke rsans volonté de récupérat i o n ) .

Mais tout ceci n'est ni fa c i l e, ni évident, et le passage de la description à l'in-

33 - J'invite les curieux à lire la fiction écrite par le directeur du cabinet des Médailles de Bru xe l l e s, c o n c e r-nant un tronc placé au début de 1992 au sommet du grand escalier d'entrée de la Bibliothèque Roya l eA l b e rt Ie r à Bru xelles pour at t i rer l'attention du public et des décideurs politiques sur les difficultés bu d g é-t a i res rencontrées par l'institution. Le site, d é t ruit en décembre 1992, est exhumé lors de fouilles en 2169.L ' a rch é o l ogue voit dans ce trésor d'urgence le témoin d'une invasion tandis que la nu m i s m ate défend lathèse d’un trésor d'accumu l ation dû aux pèlerins (F. de Callat a ÿ , 1 9 9 3 ) .34 - Voir TA F I , 1982 (s u p r a n . 10) ; J. - B. G i a rd , 1 9 8 4 . Trésors Monétaire s, V I , p. 5 ; M . B o m p a i re, F. D u m a s,2 0 0 0 , p. 2 3 3 .

t e rp r é t ation résulte souvent de l'intuition ou du bon sens. En fonction de l'état dec o n s e rvation des stru c t u res et de la qualité des observat i o n s, cette interp r é t ation seraplus ou moins fo n d é e. On s'explique alors mieux combien l'interp r é t ation des donnéesanciennes transmises par la littérat u re est sujette à caution. Le trésor de Mâcon qui està l'origine de ce colloque en est un bon exemple dont on ne sait dire s'il s'agit d'un dépôtde sanctuaire, d'une cachette part i c u l i è re. Mais ne croyons pas que les découve rt e srécentes soient toujours mieux loties. Voyez un autre trésor mixte, celui de Lyo n - Va i s e,et notre conclusion collective : « Petit trésor fa m i l i a l , trésor de sanctuaire ou butin demalandrins […] » (G. Aubin et al. , 1 9 9 9 , p. 1 6 8 ) .

D ' a u t res découve rtes attendent encore une interp r é t ation arg u m e n t é e. A i n s ile trésor de Saint-Denis-lès-Sens (Yo n n e ) , de 242 stat è res en or (gl o bules à la cro i x ) ,re n fe rmés dans un vase en céramique déposé dans le re m p l i s s age d'un trou de poteaufo rmant l’ossat u re d’une maison à deux nefs. L’étude préliminaire ne se prononce passur sa significat i o n , mais note simplement sa valeur considérable (J. - N. B a rrandon et al.,1 9 9 3 )3 5.

LES CHERCHEURS FACE AUX T R É S O R S

Il n'est pas possibl e, dans le cadre de cette commu n i c at i o n , de passer en rev u etous les ap p o rts scientifiques attendus de l'étude des trésors. La bibl i ographie esti m m e n s e. Je me limiterai à une réfl exion sur diff é rentes manières d'ab o rder les trésors.L ' h i s t o i re en reste à fa i re, en tentant une ap p ro che quantitat ive, d'autant que l'évo l u t i o nn'est pas linéaire. Pendant longtemps, les réactions des « antiquaires » face aux décou-ve rtes de trésors sont surtout celles de collectionneurs, isolant des exe m p l a i res re m a r-q u abl e s. A m o rcée à la fin du XIXe s i è cl e, l'étude des séries monétaires livrées par lest r é s o rs ne s'est aff i rmée qu'au XXe s i è cl e. D epuis quelques décennies, sous l'infl u e n c edes arch é o l og u e s, le trésor tend à être considéré comme une stru c t u re à part entière.Pa ra l l è l e m e n t , a rch é o l og u e s, historiens et nu m i s m ates ont affiné leurs méthodes pourt i rer parti de données primaires plus abondantes et mieux info rmées et peuvent désor-mais fonder leurs interp r é t ations sur des mises en série systémat i q u e s.

Le contenu : d é n o m b rements et cat a l ogage s

La nu m i s m atique s'est d'ab o rd intéressée aux indiv i d u s, puisant dans les tré-s o rs de nouveaux exe m p l a i re s, des « inédits », p e rmettant peu à peu de compléter lescollections publiques ou privées et de dresser des cat a l ogues de la production moné-t a i re. É t ape indispensable à la constitution de C o rp u s. Mais cette quête de la ra reté a par-fois conduit à négl i ger l'intérêt des ensembles monétaires comme documents histori-q u e s. Voyez les propos d'érudits normands lors de la découve rte d'un trésor àFo rm i g ny (Calva d o s )3 6 : « Cette découve rte sous le rap p o rt nu m i s m atique n'off re ab s o-lument aucun intérêt. […] la fab r i c ation est gro s s i è re, les types sont communs et àpeine peut-on signaler quelques petites ra retés qui perdent tout leur prix par la gro s s i è-

G é ra rd AU B I N 63

35 - La CAG de l’Yonne (2002), sous la signat u re de J. - P. D e l o r, ne fo u rnit pas de bibl i ographie complé-m e n t a i re.36 - Découve rt en juin 1871, il se composait de deux vases contenant plus de 1 200 monnaies deTrébonien Galle à Pro bu s, des bagues « avec et sans camées » dont quelques ch eva l i è res et deux cuillersen argent (Bull. Soc. Ant. Norm a n d i e, 6 , 1 8 7 0 - 1 8 7 3 , p. 1 2 0 - 1 2 1 , 1 6 6 - 1 7 4 , 3 0 1 - 3 0 2 ) . Le répert o i re de Blanch e t( A . B l a n ch e t , 1 9 0 0 , n° 421) ne mentionne que les monnaies.

64 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

reté et l'imperfection des types » (Gerva i s, 1 8 7 0 , p. 1 6 7 ) . Ou encore : « malheure u s e-m e n t , la majeure partie de l'ensemble est sans valeur aucune ; j'ai dû les ab a n d o n n e rcomme vieux cuiv re. » (Anony m e, 1 8 7 0 , p. 1 7 0 ) .

À la même époque, l ' attitude d'Eugène Huch e r, c o n s e rvateur du musée duMans et nu m i s m ate de talent, est tout à fait nouve l l e, qui estime que « l'art gaulois […]mérite […] d'être étudié à fond aussi bien dans ses spécimens les plus parfaits que dansses produits hâtés et irr é g u l i e rs créés sous l'empire du tro u ble et de l'incertitude destemps »3 7. A i n s i , il mène à bien l'édition de quat re importants trésors ga l l o - ro m a i n s3 8.D ressant de patients cat a l og u e s, c o m p a rant les trésors entre eux, il parvint à perc evo i rle phénomène du monnayage d'imitation qu'il qualifie déjà de « produit local et si l'onpeut dire provincial »3 9 e t , dès 1879, il développe longuement une théorie sur les pre u-ves nu m i s m atiques des inva s i o n s4 0. Mais ce souci de publ i c ation monographique n'estpas généra l .

En 1900, le liv re d'Adrien Blanchet (A. B l a n ch e t , 1900) clôt une époque.S'ensuit une longue trave rsée du désert , ava re en enreg i s t rements de découve rtes et sur-tout en cat a l ogues utilisabl e s. Il faut at t e n d re les années 1940 et surtout l'ap r è s - g u e rreet le re n o u veau des re ch e rches arch é o l ogiques pour renouer avec des inve n t a i res et desc at a l ogues exhaustifs et détaillés. P i e rre Le Gentihomme à Pa r i s, P i e rre Merl at enB re t ag n e, puis une pléiade de ch e rch e u rs autour du Cabinet des Médailles alors animépar Jean Lafaurie (Jean Gricourt , Je a n - B aptiste Giard , Claude Bre n o t , Hélène Huve l i n ,P i e rre Bastien, e t c. ) . En 1979, une étape décisive est fra n chie avec le lancement par laB i bliothèque nationale de Trésors Monétaire s, collection spécialisée dans la publ i c at i o ndétaillée et largement illustrée des ensembles monétaire s. Relisons quelques lignes de lap r é face de Je a n - B aptiste Giard :

D epuis quelques années, l'étude des tro u vailles est devenue plus exigeante. Il ne suffit pas dec o m p a rer des trésors, de trouver des éléments de datation, de re c o n n a î t re l'ampleur des aires de circ u l a -tion monétaire : il faut encore éviter les confusions entre monnaies officielles et monnaies d'imitation, iden -tifier avec plus de rigueur les ateliers monétaires (en particulier ceux de l'Occident romain du Ie r s i è c l eaprès J.-C.), décrire même les récipients dans lesquels les monnaies sont re n fe rm é e s. Ces détails sont indis -p e n s a bles à une meilleure intelligence du monnayage antique [ … ] ( J. - B. G i a rd , 1 9 7 9 , p. 7 ) .

En dépit des considérations sur sa conception et son rôle, c'est la monnaie quiest au centre des préoccupations du ch e rch e u r, qu'elle vienne de trésors ou de tro u va i l-les de site. Le contenu l'emporte logiquement sur le contenant.

Quelques années plus tôt, la publ i c ation du trésor de Landébaëron (Côtes-d ' A rm o r ) , e n fouissement mu l t i p l e, i l l u s t rait bien cette distance des nu m i s m ates avec let e rrain :

Selon le rapport de M. J. Bousquet, directeur de la circonscription arc h é o l ogique de Rennes,les monnaies proviendraient de deux trésors distincts, enfouis dans la même parcelle du champ (elles sontd'ailleurs parvenues au Cabinet des Médailles en deux lots à un mois d'intervalle). Mais comme nous

37 - E. H u ch e r, 1 8 7 5 - 1 8 7 6 , p. 8 7 . Il fait ici allusion aux imitations locales des antoniniens de l'empire ga l l o -ro m a i n .38 - Beaufay (Sarthe) en 1875-1876, Ju blains (Mayenne) en 1880, Rennes (Ille-et-Vilaine) en 1883,Plourhan (Côtes-d'Armor) en 1889-1890, soit un total de 17 028 monnaies.39 - Il combat l'opinion admise par les meilleurs auteurs que ces pièces ont été frappées longtemps ap r è sla mort des Tétricus et date cette production irr é g u l i è re des dern i è res années de l'empire ga l l o - ro m a i n . I lisole des séries qu'il pense émises en pays cénoman telles ces monnaies des Tétricus aux légendes inhab i-tuelles (CAES TETRICVS PIVS F AVG) ou fa u t ives (LAETITAS pour L a e t i t i a, C OVAX pour C o m e s)e t c.40 - E. H u ch e r, 1 8 8 0 , notamment p. 2 2 3 - 2 3 7 . Il est sans doute un des pre m i e rs à mettre en re l ation tré-s o rs, d e s t ructions de villas, c o n s t ruction de re m p a rts et tex t e s.

n ' avons pu faire toute la lumière sur cette aff a i re, nous avons considéré qu'elles ne constituaient qu'unseul et même trésor, dont la physionomie est au demeurant classique. Il s'agit en effet d'un de ces innom -b r a bles trésors d'a n t o n i n i a n i dont l'enfouissement fut provoqué par les invasions barbare s, les tro u bl e spolitiques et les répressions militaires de la fin du IIIe s i è c l e ( J. - B. G i a rd 1965, p. 1 9 5 ) .

En 1979, un art i cle marquant de J. - P. Callu appelait l'attention sur ces « cach e t-tes monétaires multiples » qui peuvent écl a i rer les processus d'accumu l at i o n , de sélec-tion des espèces, de thésaurisat i o n , b re f les comportements de l'usager et ses réactionsface à la politique monétaire et à la circ u l ation (J. - P. C a l l u , 1 9 7 9 ) . Les éditeurs de trésorsen tinrent compte.

Plus récemment, l’étude des trésors fo u rnit parfois la mat i è re de pro bl é m at i-ques nécessitant le re c o u rs à des analyses métalliques qui sont essentielles pour distin-guer les alliage s, s u iv re leur évolution et tenter de compre n d re les systèmes métro l og i-ques mis en place et leur accueil par les usage rs4 1.

La mu l t i p l i c ation des publ i c ations de trésors provoque progre s s ivement uneu n i f i c ation des méthodes d'étude, même si l'édiction de normes se heurte à des diff i-cultés (H. H u ve l i n , C. M o rr i s s o n , 1 9 9 2 ) . Pour la période médiéva l e, un manuel récent,déjà cité, détaille avec minutie la démarche conduisant de l'identification au cat a l ogage,de la composition à l'interp r é t ation (M. B o m p a i re, F. D u m a s, 2 0 0 0 ) .

Le contenant et le contexte : pour une étude arch é o l og i q u e

L ' a rch é o l ogie des cachettes est un domaine peu fréquenté ; elle n'est en géné-ral possible que dans le cas de fouilles programmées ou préve n t ive s. Un re l evé reste àe ffectuer de l'aménagement des cach e t t e s. Le plus souve n t , une fosse ménagée dans uns o l , quelques tuiles, et un va s e. J’ai déjà cité une cachette vide (s u p r a n . 2 0 ) .

Une tendance plus récente concerne la strat i graphie interne des dépôts. L ' i d é ede fouiller un dépôt monétaire comme on fouille un site stratifié ou une urne cinéra i re,peu originale en soi, est pourtant peu souvent mise en ap p l i c at i o n , g é n é ralement en ra i-son des modalités de découve rt e4 2. Mais même dans le cas de contenants récupérésdans leur état originel, vo i re découve rts en fo u i l l e, les exemples de démontage n'ab o n-dent pas, sans doute faute de pro bl é m at i q u e4 3. Une enquête documentaire engagée surce thème à la suite de la découve rte d'une cachette multiple à Pannecé (Loire -Atlantique) ne m'a fo u rni que six cas depuis 19804 4. Leur analyse montre que le vidagep rogre s s i f ou le prélèvement minutieux pouvait conduire à des constat ations sur lacomposition du dépôt ou sur son orga n i s at i o n . A i n s i , à Saint-Maurice-de-Gourd a n s( A i n ) , le démontage d'un trésor fut effectué par l'inve n t e u r, spécialiste de strat i f i c at i o n

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41 - M. A m a n d ry, 1 9 9 9 . En Fra n c e, le Centre Ern e s t - B abelon (CNRS, O rléans) joue un rôle moteur dansle développement des méthodes d'analyse non destru c t ive. Un ouvrage, en phase finale d'ach è ve m e n t , e s tannoncé qui présentera un bilan méthodologique et bibl i ographique de 25 années d'analyses de mat é r i a u xa rch é o l og i q u e s.42 - Les découve rtes fo rtuites sont souvent « éventrées » et éparpillées d'ab o rd par les outils ou les enginsqui les provo q u e n t , et ensuite par la curiosité des inve n t e u rs. La situation est bien évidemment pire pourles découve rtes cl a n d e s t i n e s, qui peuvent être amputées, t ronquées ou re m a n i é e s.43 - Ainsi des occasions d'étudier le re m p l i s s age de dépôts intacts n'ont pas été saisies dans la décennie1 9 7 0 - 1 9 8 0 .44 - J'ai présenté la pro bl é m atique du re m p l i s s age des contenants de trésors au CTHS (Comité desTravaux Historiques et Scientifiques, Pa r i s ) , le 8 mars 2004 dans le cadre d'une commu n i c ation sur la stra-t i graphie des trésors. La liste des trésors ayant donné lieu à une étude strat i graphique et des résultats estfo u rnie sous fo rme de tableau dans G. Aubin et al., 2 0 0 5 , p. 2 8 .

66 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

p é d o l og i q u e, qui préleva huit couches horizo n t a l e s, soit 1 272 antoniniens. S e l o nS. Estiot qui a interprété ces données et distingué trois étapes de thésaurisat i o n , la cru-che en bro n ze aurait fonctionné comme une tire l i re au fil du temps (S. E s t i o t , 1 9 9 6 a ,1 9 9 7 ) . À dire vra i , la mise en évidence du fonctionnement d'un récipient comme tire-l i re4 5 re c evant des dépôts successifs peut se heurter à des considérations prat i q u e stenant au comportement de l'usager antique (taille de l'éparg n e, re t raits possibl e s, o p é-rations régulières de comptage) sauf à env i s ager des bourses physiquement séparées.O r, les re ch e rches strat i graphiques montrent la prat i q u e, ap p a remment coura n t e, d era n ger les monnaies dans des sacs ou des ro u l e a u x4 6.

En s'inspirant de ces travaux et de leurs résultat s, le Service régional de l'ar-ch é o l ogie des Pays de la Loire, c o n f ronté à l'étude d'un dépôt monétaire encore intactdans un va s e, a élaboré un cahier des ch a rges en vue d'étudier son mode de re m p l i s-s age. Un projet d'interve n t i o n , inspiré du protocole d'enreg i s t rement appliqué hab i t u e l-lement pour la fouille d'urnes funéra i re s, a été mis au point par Christian Cécillon,ch a rgé d'études à l'INRAP. La micro - fo u i l l e, d'une durée de quat re semaines, en mars -avril 2004, a produit des résultats très intéressants quant à l'agencement du dépôt : a l t e r-nance de sacs (10 à 11) et de couches de vra c, mise en évidence d'une bours e, p r é s e n c ede cordelettes et de petites plaquettes de bois. L ' ex p l o i t ation des données n'est pasa ch evée et plusieurs hypothèses demandent confirm at i o n , sur la nat u re des contenants(emploi de vessies de porc ?), le contenu des sacs (nombre ou poids ?), l ' absence de tris é l e c t i f du nu m é ra i re lors de la constitution des sacs, la fonction des plaquettes de bois(étiquettes du type des tessères nu m mu l a i res connues principalement à Rome et enI t a l i e4 7 ? ) .

Par ailleurs, l'étude carp o l ogique des résidus végétaux associés au trésor, e ffe c-tuée par V. M at t e rn e, a révélé la présence de blé amidonnier, espèce exploitée dura n tl'époque ga l l o - ro m a i n e. Mais leur fa i ble nombre indique que leur présence est sansdoute due à une pollution par infiltration dans le va s e. D ' a u t res trésors ont livré des re s-tes végétaux : à Liffré (Ille-et-Vi l a i n e ) , la corrosion de surface de monnaies gauloises apiégé des fragments de tiges et d'enveloppes végétales, essentiellement d'épeautre,céréale d'hive r. Les auteurs concluent à l'adjonction vo l o n t a i re de balle de céréales pourd i s s i muler les monnaies ou les pro t é ger de la corro s i o n , en absorbant l'humidité exc é-d e n t a i re (K. G ruel et al., 2 0 0 3 ) . Il en va de même à Neftenbach , près de Zurich , où laprésence de millet commun à l'intérieur d'un vase en bro n ze accompagnant des denierset des antoniniens du IIIe s i è cl e, est interprétée comme un ajout vo l o n t a i re destiné àabsorber l'humidité de la cach e, en outre re c o u ve rte de fo i n .

Ces études sont encore l'exc ep t i o n , car elles supposent, o u t re le maintien de

45 - À Mandeure (Doubs), une fente pratiquée sur la panse d'une cru che en terre cuite, au goulot tro pé t ro i t , a suffi à la tra n s fo rmer en tire l i re ; elle contenait un bro n ze de T i b è re et 25 deniers du IIe s i è cl e( N. B o nva l o t , A . R i ch a rd , 2 0 0 3 ) .46 - À Neftenbach (Suisse), dans un trésor contenu dans une cru che en bro n ze et composé de 4 denierset 1 239 antoniniens de Septime Sévère à Po s t u m e, on a re c o n nu huit rouleaux de 8 à 22 pièces ch a c u n( H . - M . Von Ka e n e l , 1 9 9 3 ) . Au T i t e l b e rg (Luxe m b o u rg ) , dans un trésor de 615 monnaies, c o n t e nu dansune mat i è re orga n i q u e, fe rmé sous T é t r i c u s, on a isolé 43 rouleaux ou parties de rouleaux de 2 à 17 mon-n a i e s. La publ i c ation de ce dernier trésor comporte en annexe un re l evé de 65 tro u vailles antiquesd ' A l l e m ag n e, Belgique et France déposées en rouleaux et/ou comportant des restes de tissu (R. We i l l e r,1 9 9 9 ) .47 - Généralement en ivo i re ou en os, elles portaient des marques ga rantissant que des sacs de monnaiesavaient subi un contrôle de leur titre, de leur poids et de leur type.

l ' i n t é grité de la découve rte et du terra i n4 8, la réunion d'une équipe pluridisciplinaire, c equi suppose du temps et des moye n s. Sur ce dernier point, la fixation récente d'un délaide détention par l'État est bienve nu e.

La mise en série : pour une étude ethnograp h i q u e

Passant de l'individu à la série, nous rejoignons le thème du colloque, « Luxeet quotidien », et son ap p l i c ation aux dépôts. La mise en série des dépôts est en géné-ral ch ro n o l ogique et vise à mettre en évidence soit des événements, soit des phénomè-nes monétaire s, grâce aux coupes pratiquées dans la circ u l ation ou l'éparg n e.

La pre m i è re orientation est ancienne. En 1866, V. G o d a rd - Fa u l t r i e r, c o n s e r-vateur du musée arch é o l ogique d'Ange rs écrivait : « Il ne sera peut-être pas impossibl e,un jour, de fa i re l'histoire de nos tourmentes sociales à l'aide des pots à médailles »4 9.E n t e n d ez un récipient, le plus souvent en céramique commu n e, m oyen classique dera n ger ses espèces et donc de les cach e r. Dans la mesure où ces trésors sont interp r é-tés comme des épargnes indiv i d u e l l e s, leur non récupération suppose un événements u b i t .

On a déjà cité Blanch e t , s y s t é m atisant l'idée que les enfouissements de trésorssont liés « aux faits de guerre ». D ' a u t res savants ont suivi cette voie et ont proposé desc a rt ographies (I.J. M a n l ey, H . Ko e t h e, P. Van Gansbeke, E . D e m o u ge o t , D. G r i c o u rt ) .Cette démarche a été largement remise en cause (R. D e l m a i re, 1 9 9 5 ; S. E s t i o t , 1 9 9 6 b ) .To u t e fo i s, elle ne peut être totalement ignorée. La carte des trésors monétaires enfo u i sen 259-260 sur le terr i t o i re ga u l o i s, p roposée par Xavier Loriot dans la publ i c ation dutrésor de Va i s e, e s t , comme il l'écrit, un document « certes impre s s i o n n a n t , mais de lec-t u re et d'interp r é t ation difficiles ». Peut-on re t racer des itinéra i res de bandes d'Alamansen Gaule et en Italie ou de Ju t h u n ges en Rhétie et en Italie du Nord ? Il faut rester prag-m atique (X. L o r i o t , 1 9 9 9 ) . Les cart ographies par périodes sont indispensables et on ent ro u ve ra de bons exemples récents dans la série Trésors Monétaire s. Mais elles sont sus-c ep t i bles d’autres interp r é t at i o n s. On rap p e l l e ra ainsi que l'hypothèse d'un décri dunu m é ra i re de l'ex - e m p i re ga l l o - romain (monnaies officielles et imitations ra d i é e s ) , s a n sdoute à la fin du règne de Pro bu s, s u ffit à re n d re compte d'une importante vague d'en-fouissement (S. E s t i o t , 1 9 9 6 b ) .

La deuxième, utilisant les « coupes de synch ro n i s ation » fo u rnies par les tré-s o rs, est mag i s t ralement illustrée par la thèse de Je a n - P i e rre Callu sur la politique moné-t a i re des empere u rs romains de 238 à 311, qui met en re l i e f l ' i n fl ation monétaire duI I Ie s i è cle marquée par l'échec de l'antoninien et les trois réfo rmes monétaires de 274,294 et 311 (J. - P. C a l l u , 1 9 6 9 ) . Cet ouvrage a ouve rt de nouveaux horizons de re ch e rch eet suscité bien des ému l e s. Pa rmi les plus récents, on citera une monographie britanni-que traitant des re l ations entre l'empire romain dit « central » et l'empire dissident ga l l o -ro m a i n , e n t re 260 et 274, qui utilise la documentation nu m i s m atique pour cerner les

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48 - On re l è ve ra , à près de 150 ans de distance, l'emploi des mêmes termes pour dénoncer les causes ded e s t ruction des info rm ations ch ez B. F i l l o n , en 1856 (« l'incurie de quelques-uns des inve n t e u rs, l ' â p re désirdu gain des autre s, l ' i g n o rance de presque tous ») et ch ez K. G ruel (K. G ruel et al., 2 0 0 3 , p. 37 : « souve n tpar ignorance ou désintérêt, p a r fois par excès de curiosité ou de cupidité »). On lira aussi les constats deT. Ben Re d j eb et B. Fo u c ray (1989, p. 91) sur les réactions irraisonnées entourant les découve rtes de tré-s o rs.49 - V. G o d a rd - Fa u l t r i e r, 1 8 6 6 . « Rap p o rt sur des découve rtes récentes faites dans le département duM a i n e - e t - L o i re », Bulletin Monumental, X X X I I , p. 4 0 2 .

68 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

é ch a n ges économiques entre Italie, Gaule et B r i t a n n i a5 0, ou encore la mise en série dest r é s o rs et des monnaies livrés par les fouilles pour mettre en évidence ce qui re l è ve dephénomènes globaux ou régionaux dans la circ u l ation monétaire de l'arc alpin occiden-tal (S. E s t i o t , 2 0 0 2 ) .

En reva n ch e, l ' attention ne s'est guère portée sur les usage rs, lesquels utilisentla monnaie pour leurs pro p res fins sociales comme nous le rappellent les ethnolo-g u e s5 1. Il ap p a raît donc ra i s o n n able de tenter une ap p ro che économique et sociale,vo i re ethnographique des dépôts monétaires même si l'exe rcice est diff i c i l e. Les basesd o c u m e n t a i res existent (P r é - i n v e n t a i res de la carte arc h é o l ogique de la Gaule, C o rpus des trésorsm o n é t a i res antiques, re s s o u rces de la carte arch é o l ogique info rm at i s é e, l i t t é rat u re gr i s eissue des PCR…) qui perm e t t raient de dépasser l'anecdotique et de passer au quanti-t at i f. A i n s i , la mise en série des contenants5 2, des objets d'accompagnement (bijoux,va i s s e l l e, s t at u e t t e s )5 3, de la valeur métallique des contenus (c'est-à-dire leur équiva l e n ten argent métal et en pouvoir d'ach at) et leurs re l ations avec les cat é gories de dépôts etla nat u re des sites reste généralement à fa i re, par époques et par régions. Plus que desc a rtes des inva s i o n s, de l'insécurité ou de la peur, on dev rait dresser des cartes de la thé-s a u r i s ation et de la richesse ou des usages funéra i res ou rituels.

X avier Loriot s'est récemment essayé à dresser le profil du pro p r i é t a i re d'a u re i( X . L o r i o t , 2 0 0 3 ) . François Barat t e, pour sa part , a ch e rché à apprécier la valeur desobjets précieux à la fin de l'antiquité et leur rôle dans la vie économique et sociale( F. B a rat t e, 2 0 0 3 ) . L'un et l'autre, tout en soulignant le rôle social de l'or ou de la va i s-selle d'arge n t , en re l at iv i s e n t , s e m bl e - t - i l , l ' i m p o rtance économique. Pour s'en tenir àl ' o r, les dépôts s'échelonnent de quelques exe m p l a i res à plusieurs centaines, vo i re plusde mille aux époques antonines et sévériennes.

À partir du IIIe s i è cl e, les pro p r i é t a i res d'or sont issus de tous les milieux : cl a s-ses possédantes bien sûr, mais aussi soldat s, a rt i s a n s, m a rch a n d s, é v ê q u e s, moines etp ay s a n s. Comme l'écrit J. - P. Callu : « Avant le s o l i d u s, l'or irriguait déjà l'Empire » (p. 2 1 9 ) .C e rtes on ne placera pas sur le même plan la fo rtune de Titus Sennius Sollemnis,m ag i s t rat municipal et délégué de la cité des Viducasses à l'assemblée des Trois Gaulesqui reçoit ve rs 220 sa solde de tribun semestriel, soit 25 000 sesterces payés in auro, d o n c250 a u re i (CIL XIII, 3162) et celle d'un simple légionnaire re c evant des d o n a t iva de deuxou trois a u re i. Mais où passe la limite ? Deux pièces d'or sont une fo rtune pour tel, e tcinquante ne le seront pas pour un autre. J. - P. C a l l u , e n c o re, citait un frag m e n td ' H e rm og é n i e n , à l'extrême fin du IIIe s i è cle qui dénomme p a u p e re s ceux qui possèdentmoins de cinquante a u re i.

La diff é rence entre « luxe et quotidien » s'ap p r é c i e rait mieux en connaissant lap a rt que représente le nu m é ra i re, notamment l'or, dans un pat r i m o i n e. C e rt e s, n o u sn ' avons ni les inve n t a i res après décès des modern i s t e s, ni les actes de successions, m a i seux n'ont guère les espèces métalliques souvent dissimulées au fisc. Les quelques tré-s o rs re t rouvés dans les ruines de v i l l a e p rovinciales ne représentent très vra i s e m bl abl e-

50 - R.J. B o u rn e, 2 0 0 1 . D. H o l l a rd en a rendu compte de manière détaillée dans la R evue numismatique, 2 0 0 3 ,p. 4 9 2 - 4 9 7 .51 - Te rr a i n, n° 23, o c t o b re 1994 (Les usages de l’arge n t ) .52 - L'art i cle pionnier de A . B l a n chet (1904) n'a guère fait d'ému l e s, en dépit des possibilités qu'off rent lest r é s o rs de contribuer à la dat ation de la céra m i q u e. La relance de cette pro bl é m atique par la SociétéFrançaise d'Étude de la céramique antique en Gaule (J. - P. Jo s p i n , J. - P. M oy n e, 2003) dev rait avoir plus des u c c è s.53 - Voir à titre d’exemple la carte des bijoux monétaires en Gaule (C. B re n o t , C. M e t z ger i n C. B re n o t ,X . L o r i o t , 1 9 9 2 , p. 3 1 3 - 3 7 0 , p l . 1-4 ; C. M e t z ger i n G. Aubin et al. , p. 1 3 1 . )

ment qu'une part infime des biens fo n c i e rs de leurs pro p r i é t a i res mais les cach e t t e sd ’a u re i ch ez les potiers surp re n d ront toujours (X. L o r i o t , 2 0 0 3 , p. 6 2 ) .

C O N C LU S I O N

La fo rtune du mot « trésor » s'explique par sa polysémie qui a répondu auxbesoins des juristes, des nu m i s m at e s, des historiens et finalement du grand publ i c. M a i speut-on s'en contenter ? La confusion constante entre son sens descriptif d ' a c c u mu l a-tion et son sens interp r é t at i f de cachette est gênante. Doit-il continuer à fa i re partie del ' o u t i l l age de l'arch é o l ogue dont la pre m i è re tâche est de décrire avant d'interpréter ?Une entreprise de précision du vo c abu l a i re serait bienve nu e.

L ' h i s t o r i ographie des trésors, d epuis leur découve rte jusqu'à leur tra i t e m e n t ,est à fa i re. J'en ai seulement esquissé quelques pistes. Ce fa i s a n t , j’ai également sugg é r édes utilisations plus arch é o l ogiques des trésors déjà découve rt s, nécessitant la réunionde plusieurs compétences.

Je plaide aussi pour que le trésor, cesse à l’avenir d'être considéré seulementcomme objet mobilier, mais qu'il soit rega rdé comme une stru c t u re. En d'autres ter-m e s, qu'il ne soit pas seulement l'objet d'une étude nu m i s m at i q u e. Il ap p a rtient auxa rch é o l ogues de s'en saisir d'ab o rd , et comme pour toute stru c t u re d'en analyser lac o n s t i t u t i o n , ce qui se fait en le démontant et en lui appliquant les méthodes d'enreg i s-t rement de la discipline en vue d'analyser l'agencement des éléments. B re f, il faut fa i rede l'arch é o l ogie avant de songer à fa i re de la nu m i s m at i q u e. Il faut « arch é o l ogiser » let raitement des trésors5 4.

B i bl i ograp h i e

A M A N D RY M., 1 9 9 9 . « Bibl i ographie commentée des analyses de lab o rat o i re ap p l i-quées aux monnaies grecques et romaines de bro n ze (1972-1998) », R evue belge de numis -m a t i q u e, C X LV, p. 1 7 3 - 1 8 3 .A M A N D RY M. ( d i r ) , 2 0 0 1 . D i c t i o n n a i re de numismatique, Pa r i s, L a ro u s s e, 628 p.A M A N D RY M., RÉMY B. , S E R R A LONGUE J. , 1 9 9 7 . Les Monnaies de fouilles du sanc -t u a i re de Viuz-Fav e rg e s, Fave rge s, 102 p. , 2 pl. (Les Amis de Viuz-Fav e rg e s, Bulletin d'Histoireet d'Arc h é o l og i e, 3 5 - 3 6 , 1 9 9 5 - 1 9 9 6 ) .A N O N Y M E , 1 8 7 0 - 1 8 7 3 . « À Monsieur le secrétaire de la Société des A n t i q u a i res deN o rmandie », Bulletin de la Société des Antiquaires de Norm a n d i e, V I , p. 1 6 9 - 1 7 4 .AUBIN G. , MEISSONNIER J. , 1 9 9 4 . « L'usage de la monnaie sur les sites de sanc-t u a i res de l'Ouest de la Gaule et de la Bourgogne », in Les Sanctuaires de tradition indigèneen Gaule ro m a i n e, actes du colloque d'Arge n t o m ag u s, 8-10 octobre 1992, Pa r i s, É d i t i o n sE rra n c e, p. 1 4 3 - 1 5 2 .

G é ra rd AU B I N 69

54 - C'est d'ailleurs à mon sens la justification de la législation sur les découve rtes fo rtuites (Code duPa t r i m o i n e, A rt . L . 531-14 à L. 5 3 1 - 1 6 ) . La décl a ration obl i gat o i re à l'État n'est pas une simple fo rm a l i t éa d m i n i s t rat ive. Elle doit être « immédiate ». Son fondement est de perm e t t re à « l'autorité administrat ivecompétente en mat i è re d'arch é o l ogie » de pre n d re les mesures nécessaires à leur conservation et à leurex p l o i t ation scientifique (par exemple des fo u i l l e s ) . Et c'est aussi à cet effet que les découve rtes sontconfiées à l'État « pendant le délai nécessaire à leur étude scientifique. » Au terme de ce délai qui ne peutexcéder cinq ans, leur propriété demeure réglée par l'art i cle 716 du Code civ i l. L ' ap p l i c ation stricte de cesdispositions serait de nat u re à favoriser un re n o u vellement de l'étude des « trésors ».

70 LES TRÉSORS (MONÉTAIRES) A N T I QU E S

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G é ra rd AU B I N 71

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