des amphores et des hommes 1996

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Fanette Laubenheimer Des amphores et des hommes. Chronique. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 261-279. Citer ce document / Cite this document : Laubenheimer Fanette. Des amphores et des hommes. Chronique. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 261-279. doi : 10.3406/dha.1996.2311 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1996_num_22_2_2311

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Fanette Laubenheimer

Des amphores et des hommes. Chronique.In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 261-279.

Citer ce document / Cite this document :

Laubenheimer Fanette. Des amphores et des hommes. Chronique. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp.261-279.

doi : 10.3406/dha.1996.2311

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1996_num_22_2_2311

Dialogues d'Histoire Ancienne 22/2, 1996, 261-279

DES AMPHORES ET DES HOMMES*

Chronique 1996

♦Abrégé en DADH

Les lecteurs de cette chronique (non exhaustive) sont invités à l'enrichir en signalant articles et publications à Fanette Laubenheimer , 3 rue Brézin 75014 Paris.

Les études sur les amphores se poursuivent activement, notamment en Gaule, où l'analyse de la circulation des amphores donne lieu à des comptages systématiques de plus en plus nombreux. Une première synthèse régionale est publiée pour le Nord-Est. Mais, il y a également, par ailleurs, des travaux sur les ateliers, la viticulture et la production du vin. Au reste, les données épigraphiques sont abondantes.

GÉNÉRALITÉS

Dans le domaine de l'ethnoarchéologie, nous retiendrons la démarche suivie par Maurice Picon à propos de la céramique traditionnelle marocaine qui montre combien il est nécessaire de tenir compte des données technologiques (pratiques artisanales des potiers, connaissances scientifiques des argiles et matériaux céramiques) pour comprendre les relations qui existent entre une technique et le milieu où elle s'est développée, 1, M. Picon, Pour une

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relecture de la céramique marocaine : caratéristiques des argiles et des produits, techniques de fabrication, facteurs économiques et sociaux, dans Ethno-archéologie méditerranéenne, A. Bazana et M.-C. Elaigne éds., Casa de Velasquez, Madrid, 1995, p. 141-158.

LES AMPHORES JUSQU'AU 2ÈME S. AV. NOTRE ÈRE

En Méditerranée occidentale

- En Italie

L'hypothèse d'une production d'amphores à Locres, en Calabre, entre le 6ème et le 4ème s. avant notre ère, a été confirmée par la découverte d'un chargement écroulé dans un four, 2, M. Barra Bagnasco, Anfore Locresi : documenti a favore di una produzione locale tra VI e IV sec. A.C., dans Estudis sobre cerámica antigua, M. Vendrell-Saz, T. Pradell, J. Molera, M. Garcia eds, Barcelone 1995, p. 77-81.

Le musée Civique de Barletta conserve une intéressante collection d'amphores provenant de diverses fouilles sous-marines. Les amphores gréco-italiques sont les plus anciennes, on compte aussi nombre de Lamboglia 2 (l'une est timbrée BALI), des amphores de Brindes et une quantité appréciable d'amphores nord-adriatiques D6A et B. Plus rares sont les amphores d'Afrique ou d'Orient, 3, G. Volpe, Barletta romana. Il porto, le merci, gli scambi, dans Studi Bitontini, 59-50, 1995, p. 7-24.

- Dans la Péninsule ibérique

Des chercheurs de divers universités et musées espagnols se sont réunis à Jerez de la Fontera, pour un symposium sur l'archéologie du vin en Occident, en réalité, surtout dans la Pénisule ibérique, à l'initiative de l'Office International du Vin. Un bel ouvrage en est issu, 4, Arqueologia del vino. Los origenes del vino en occidente, Jerez de la Fontera 1995, qui parle de vin, plus que d'amphores. Citons, par exemple, la grande fresque peinte par V. Guerrero Ayso sur les origines du vin en Occident, ou l'étude du vin le long du Guadalquivir à l'époque préromaine que donne Diego Ruiz Mata. A une première consommation aristocratique, succède une consommation plus large, avec, dès le - 5ème s. une production locale. Mais c'est plus tôt encore, que l'on a des preuves de la fabrication de vin à Benimaquia (Denia- Alicante), comme le démontrent C. Gomez Bellard et P. Guérin.

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La collection Instrumenta de l'Université de Barcelone publie son second volume, 5, J. Ramon Torres, Las ánforas púnicas del Mediterráneo central y occidental. A partir de milliers de fragments d'amphores conservés dans les musées de la Méditerranée occidentale, un nouveau système de classement est proposé- Le matériel est, en outre, regroupé par régions de production.

L'étude du matériel du site de San Josep (Vall d'Uxo, Castellon) a fourni une anse d'amphore gréco-italique avec timbre ibérique, 6, E. Flors Unrena, Nova estampilla ibérica sobre ánfora greco-itàlica, dans Quaderns de Prehistoria i Arqueologia de Castelló, 16, 1995, p. 273-279.

Dans la province de Malaga, à Cerro del Villar, un atelier de potiers de la colonie phénicienne produit au - 6ème s. des amphores standardisées, en grande quantité, avec, aussi, une variété de récipients de toutes tailles, 7 J. A. Barcelo, A. Delgado, A. Fernándes, M. Parraga, El area de producción alfarera del Cerro del Villar (Guadalhorce, Malaga), dans Rivista di Studi Fenici, XXIII, 2, 1995, p. 191-198.

Le site de Choes de Alpompé (Santarem), au Portugal, a fourra des amphores préromaines dont des amphores massaliotes et républicaines : 8, A.M. Dias Diogo, L. Trindade, Materiais provenientes dos Choes de Alpompe (Santarem), dans Conimbriga, 32-33, 1993- 1994, p. 263-281.

AMPHORES RÉPUBLICAINES ET IMPÉRIALES

Généralités

Quelles mesures utiliser pour reconstituer l'évolution économique à long terme de cultures protohistriques ? Les données archéologiques sont objectives, mais discontinues et hétérogènes. Cependant, quelques exemples de démarches en direction d'une mise en séquence de données quantitatives sont tentées au travers des habitats, des restes osseux, de la monnaie ou des amphores, 9, O. Buchsenschutz, K. Gruel, P. Méniel, F. Laubenheimer, M. Py, Histoire quantitative et archéologie protohistorique, dans Histoire et Mesures, 1995, X 3/4, p. 231-259.

Le prix est une variable que l'on peut décrire, mais dont le rôle reste bien difficile à définir : 10 les secondes Rencontres d'archéologie et d'histoire de St-Bertrand de Comminges (3 et 4 mai 1996, à paraître) ont été centrées sur le thème des prix et de la formation des prix dans l'Antiquité, vaste sujet ! Plusieurs réflexions croisent nos

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préoccupations, par exemple, lorsque Jean Andreau aborde la question de la chèreté des prix italiens par rapport aux prix provinciaux de la fin de la République et du haut-Empire.

L'approvisionement en vivres, problème récurrent pour les citadins comme pour les ruraux, est magistralement posé par 11 P. Garnsey, Famine et approvisionnement dans le monde gréco- romain, Paris 1996, dont nous saluons l'excellente traduction française du livre paru à Cambridge en 1988.

En Méditerranée occidentale

- En Italie

A la fin de la République et au début de l'Empire, VAger Pisanus produit surtout de la céramique sigillée, mais aussi des céramiques à paroi fine, des matériaux de construction en terre cuite et des amphores Dressel 2/4. Ces dernières sont exportées via la Suisse (Avenches, Augst) vers le limes rhénan, comme les céramiques sigillées. Cependant, les amphores ne font figure que d'exportation d'appoint dans ce trafic dominé par la sigillée. En effet, la production vinicole de la basse vallée de l'Arno reste faible à cette époque, elle connaîtra son plein développement au moyen- et bas-Empire, 12, S. Menchelli, Ateius e gli altri : produzioni ceramiche in Pisa e nell'Ager Pisanus fra tarda Repubblica e primo imperio, dans Annali délia Scuola Normale superiore di Pisa, série 111, vol XXV, 1-2, Pise 1995, p. 333-350. Dans la partie méridionale de YAger Pisanus et le secteur occidental de YAger Volterrano, une propection de surface systématique est engagée depuis 1983. Parmi d'autres résultats, l'inventaire des nombreux ateliers de potiers antiques, est dressé. Les productions d'amphores vinaires ne sont pas rares du 1er au 3ème s. On notera, en particulier, le timbre FELIX sur des Dressel 2/4, 13, L. Cherubini, A. Del Rio, Appunti su fabbriche del territorio Pisano e Volterrano, dans Annali délia Scuola Normale superiore di Pisa, série III, vol XXV, 1-2, Pise 1995, p. 351- 388. On trouvera un complément d'information sur cette région dans 14, L. Cherubini, Le produzioni ceramiche délie basse valli del Fine e del Cecina, dans Ceramica romana e archeometria: lo stato degli studi, Consiglio Nazionale délie ricerche, Museo Archeologico e délia ceramica di Montelupo, Florence 1994, p. 217-223, et 15, dans, S. Menchelli Le produzioni ceramiche délia bassa valle dell'Arno, Ceramica romana e archeometria: lo stato degli studi, Consiglio Nazionale délie Ricerche, Museo Archeologico e délia ceramica di Montelupo, Florence 1994, p. 205-215. Toujours pour la haute Etrurie tyrrhé-

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nienne, une synthèse présentée par, 16 A. del Rio, T. Mannoni, S. Menchelli et M. Pasquinucci, Productions locales et importations en haute Etrurie tyrrhénienne de la période de la romanisation jusqu'au 6ème s. a.p. J.-C, un exemple d'étude archéométrique, dans Actes du colloque de Périgueux 1995, supplément à la Revue d'Archéométrie, 1996, p. 113, 118, précise que le site de Gorgo a fabriqué des Dressel IB et des Dressel 2/4, tandis que d'autres Dressel 1 sont fabriquées dans plusieurs zones de la basse vallée de l'Arno dont les ateliers ne sont pas localisés. Pour les importations d'Italie, on compte des Dressel 1 et des Dressel 2/4 de Campanie, des Lamboglia 2, Dressel 6A et В et des amphores tardives Keay LU de la côte adriatique. Les arrivages de la Péninsule ibérique sont bien représentés par des amphores de Tarraconaise et de Bétique, ainsi que de Lusitanie. De Gaule, arrivent des Gauloise 4 et 5. Les amphores africaines sont repérées dès le début du 1er s. et en grande quantité à partir de la fin du 2ème s.

Un large panorama de la viticulture en Cisalpine est brossé par, 17, S. Pesavento Mattioli, Gli apporti dell'archeologia alla ricostruzione délia viti-vinicoltura cisalpina in età romana, dans 2500 anni di cultura délia vite nell'ambito alpino e cisalpino, 1996, p. 391- 408. Il met en jeu les vestiges archéologiques de la viticuture et les conteneurs pour transporter le vin. Citons, enfin, pour la plaine du Pô, une étude archéométrique des fours et de leurs productions de tuiles et amphores, 18, M. Bertolani, N. Giordani, C. Gorgoni, L. Ponzana, Further archaeometric investigations on roman kilns along the upper Modena plain (Pô valley, N. Italy), dans Estudis sobre cerámica antigua, M. Vendrell-Saz, T. Pradell, J. Molera, M. Garcia eds, Barcelone 1995, p.135- 139.

Les bouchons d'amphores du musée de Fermo, au sud d'Ancône, sont l'occasion d'une réflexion sur le littoral à l'époque romaine pour 19 M. Lilli, Sui tappi d'anfora del Museo Archeologico di Fermo (AP). Spunti per una riconsiderazione délie possibiltà di approdo del litorale fermando in età romana, dans Picus, XIV-XV, 1994-1995, p. 233-282.

Le tome VII de la publication de Bolsena apporte deux contributions amphoriques. 20, V. Joli vet, Les amphores domestiques, dans Fouilles de l'Ecole française de Rome à Bolsena (Poggio Moscini), t. VII, La citerne V et son mobilier, dir. M.-H. et J. Santrot, Ecole française de Rome, 1995, p. 243-246, pose le problème des amphores qu'il nomme domestiques, par opposition aux amphores de commerce, question si souvent débattue dans les rencontres de céramologie !

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II s'agit bien ici d'amphores de stockage, du 2ème s. avant notre ère, dont deux types sont définis. L'un est timbré.

M.-B. Carre, 21, étudie Les amphores de transport, dans Fouilles de l'Ecole française de Rome à Bolsena (Poggio Moscini), t. VII, La citerne V et son mobilier, dir. M.-H. et J. Santrot, Ecole française de Rome, 1995, p. 251-265. Plus de mille tessons représentent 66 amphores caractéristiques des deux moments du remplissage de la citerne. Au - 2ème s., on compte des amphores puniques Mana C, mais, surtout, des gréco-italiques et des Dressel 1. Il y a, également quelques rhodiennes. Le timbre L. Sex peut-être daté de cette période précoce. On soulignera qu'il n'y a pas d'amphores à huile. L'absence de Dressel IB et de Lamboglia 2 signale bien le hiatus entre les niveaux de remplissage. L'époque augustéenne est caractérisée par des amphores de Bétique Dressel 7/11 et Dressel 20, et des Dressel 2/4.

A Rome, l'exploration du Monte Testaccio donne lieu à à une nouvelle série d'articles. 22, Présentation du programme par J.M. Blasquez Martinez, El programa Testaccio, dans Rend. Мог. Асе. Lincei, s.9, v. 6, 1995, p. 791-808, 23, J. Remesal Rodriguez, Epigrafia y arqueometria : el programa Testaccio, dans Estudis sobre cerâmica antigua, M. Vendrell-Saz, T. Pradell, J. Molera, M. Garcia eds, Barcelone 1995, p.109- 113, 24, F. Burgato, P. L. Di Russo, O. Grubesi, Le anfore africane di Monte Testaccio (Roma), considerazioni sulla composizione, Nota II, dans Estudis sobre cerâmica antigua, M. Vendrell-Saz, T. Pradell, J. Molera, M. Garcia eds, Barcelone 1995, p. 115- 122, 25, P. Berni Millet, A. Martin, La base de datos Testaccio, dans Estudis sobre cerâmica antigua, M. Vendrell-Saz, T. Pradell, J. Molera, M. Garcia eds, Barcelone 1995, p. 119- 122.

La relecture de deux timbres d'amphores par 26 A. Tchernia, Maesianus Celsus et Caedicia Victrix sur des amphores de Campanie, dans Les élites municipales de l'Italie péninsulaire des Gracques à Néron, Actes de la table ronde de Clermont-Ferrand (1991), Naples-Rome, 1996, p. 208-211, conduit l'auteur à attribuer à des Dressel 2/4 de Campanie les trente exemplaires timbrés du mur de Carthage, et à des amphores Oberaden 74 de Tarraconaise le timbre incomplet dont on ne connaît que le cognomen, Celsus, découvert à Oberaden. C'est aussi à un fundus de la région de Naples, qu'il faut attribuer les Dressel 2/4 timbrées Caediciae M. F, Victricis dont l'essor est marqué par les exportations des 2ème et 3ème s.

Pour YAger Brundisinus, 27, P. Palazzo, Bolli anforari dal šito di Apani, dans Les élites municipales de l'Italie péninsulaire des Gracques à Néron, Naples-Rome, 1996, p. 47-53, propose une brève

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note sur des anses d'amphores de Brindes timbrées qui attestent l'implication, dans la production de l'atelier, de personnages appartenant à la bourgeoisie locale ou à la nobilitas urbaine.

- Dans la Péninsule ibérique

28, J. Casa i Genover, P. Castanyer i Masoliver, J.M. Nolla i Brufau, J. Tremoleda i Trilla, El mon rural d'época romana a Cata- lunya. L'exemple del Nord-Este, Centre d'Investigacions Arqueoló- giques, Girona, 15, Série Monogràfica, 1995 : cette riche étude du monde rural catalan offre, notamment, une analyse détaillée de la partie rurale de nombreuses villas avec des installations de celliers dont une présentation est donnée dans un important article paru en 1995 dans le Journal of Roman Archaeology, voir DADH 1995, n°33.

29, A. Espinosa Ruiz, Fondeaderos de epoca antigua en la costa mediterranea de la Tarraconese, dans Aulas del Mar, Arqueologia subacuatica II, Universidad de Murcia, 1996, p. 55-85, analyse les mouillages antiques de la côte tarraconaise.

30, J.-M. Carreté, S. Keay, M. Millet, A roman provincial capital and its hinterland. The survey of the territory of Tarragona, Spain, 1985-1990, Journal of Roman Archaeology, Supplementary series 15, 1995 : les auteurs s'intéressent, en particulier, à la topographie des ateliers d'amphores du territoire de Tarragone dont ils donnent le détail. Aux - 2ème et -1er s., des amphores Dressel 1 et peut-être des gréco-italiques sont produites vers l'intérieur du territoire et non pas autour de la ville. A l'époque augustéenne, la production concerne des Dressel 2/4 et des Dressel 7/11, mais, curieusement pas de Pascual 1 que l'on retrouve pourtant à Tivissa. Les ateliers sont proches de la ville, dans un périmètre d'une dizaine de km. L'absence de contextes stratigraphiques ne permet pas de dater précisément le début et la fin de cette production. On trouvera sous la plume de R. Járrega, un compte rendu de cette étude dans le Journal of Roman Archaeology, 9, 1996, p. 471-483.

Près de Castellón, un atelier d'amphores augustéen (4 fours fouillés) produit des Dressel 2/4, des Dressel 7/11 (timbre LEVHERO), une variante de Dressel 1 et des amphores à fond plat Oberaden 74, comme l'atelier de Tivissa, 31 A. Fernandez Izquierdo, Una producción de ánforas de base plana en los hornos romanos del Mas d'Arago (Cervera del Maestrat, Castellon) dans Quaderns de Prehistoria i Arqueologia de Castello, 16, 1995, p. 211-219.

A Minorque, petite île qui ne produisait ni huile ni vin, les amphores de Bétique ne sont pas rares : 32, G. Juan i Benejam, O. Pons

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Machado, Le commerce de l'huile à Minorque dans l'Antiquité, dans L' Africa Romana, 11, a cura di M. Khanoussi, P. Ruggeri, C. Vismara, vol. 1, 1996, p. 629-641.

Non loin de Malaga, sur la côte, l'atelier de Los Matagallares (Salobrena), daté du milieu de l'époque impériale et du bas-Empire, a produit essentiellement des amphores : Gauloise 4, Dressel 14 (timbre IAN), Dressel 30 et Almagro 50 et 51C. Pour la première fois, il apparaît que des Gauloise 4 ont été fabriquées en Bétique, 33 D. Bernai Casasola, J. Navas Rodriguez, Los Matagallares, un centro alfarero romano en Salobrena, dans Revista de Arqueologia, XVII, n° 182, juin 1996, p. 42-51.

Garum ou vin de Bétique, que transportaient les imitations de Dressel 1С de Belo, au -1er s. ? Pour 34 R. Etienne et F. Mayet, A propos de l'amphore Dressel 1С de Belo (Cadix), dans Mélanges de la Casa de Velasquez, XXX, 1, 1994, p. 130-138, suggèrent de développer la marque S.C.G. en S(ocii) C(etarii) G(aditani), Cetarius étant un marchand de salaison de poisson. Ils voient, en outre, dans ce type d'amphore, le prototype de la Dressel 12 qui transporte, elle aussi, du poisson.

35, L. Lagóstena Barrios, Alfarería romana en la Bahta de Cadiz, Universidad de Cadiz, 1996 : dans ce pays de tradition céramique punique, l'auteur dresse un inventaire de 39 ateliers de potiers d'époque romaine produisant des amphores, en liaison avec l'industrie de la pêche et la commercialisation du poisson, surtout au premier siècle, moins au second et plus du tout au troisième. Les illustrations concernent les amphores, mais guère la structure des ateliers ou celle des fours. L'auteur fait, par ailleurs, un bilan des productions d'amphores de tradition punique Mana C, dans la même région entre le - 2ème s. et le + 1er s. Des analyses au microscope électronique ont été réalisées, 36 L. Lagóstena Barrios, Explotación del salazón en la Bahía de Cadiz en la Antiguedad : Aportación al conocimiento de su evolución a través de la producción de las ánforas Mana С, dans Florentina Iliberritana, Revista de Estudios de Antiguedad clâsisca, Universidad de Granada, n° 7, 199, p. 141-169. Des analyses par rayons X sont faites également sur du matériel amphorique de Cadix d'époque romaine, 37 M.J. Feliu Ortega, J. Martin Calleja, I. Ladron de Guevara, I. Pérez Lopez, Una aproximación al estudio de las pastas cerámicas de ánforas producidas en alfares romanos de Cadiz, dans Estudis sobre cemmica antigua, M. Vendrell-Saz, T. Pradell, J. Molera, M. Garcia eds, Barcelone 1995, p. 131-133.

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Faisant appel à des textes et aux amphores à huile de Bétique, J. Remesal Rodriguez montre l'interdépendance permanente des intérêts de l'Etat et de ceux des Provinces, 38, El sistema annonario como base de la evolución económica del Imperio romano, dans Le commerce maritime romain en Méditerranée occidentale, PACT 27 1990, 1995, p. 355-367.

Après l'étude du complexe industriel de Troia, au Portugal (DADH 1994, n°59), voici : 39 Les amphores du Sado. Propection des fours et analyse du matériel, F. Mayet, A. Schmitt, C. Tavares de Sil va, Paris, 1996, première synthèse sur les ateliers d'amphores (plutôt que les fours) et leurs productions dans l'embouchure du Sado. Zone très poissonneuse, bien desservie par la voie fluviale, riche en argile et en forêts, elle se prête admirablement à l'installation d'usines de salaisons de poisson et à l'exportation de ces produits. De petites unités créées au début du + 1er s., englobant autour d'une villa, une fabrique de salaisons et une autre d'amphores, on passe, dès le milieu du siècle, à de grandes usines de salaison d'une part, et, d'autre part, à une série d'ateliers d'amphores développés sur la berge du fleuve, sur une quarantiane de km de long. L'activité va durer jusqu'au bas-Empire, les emballages vont progressivement évoluer. Une première partie dresse l'inventaire des ateliers relevés par prospection et parfois fouillés, et analyse leurs productions. Un problème d'identification de l'origine des amphores de ces diverses officines se pose si l'on veut suivre leur diffusion sur les marchés. En effet, l'œil ne distingue pas les pâtes des sept centres reconnus et les confond aussi avec les amphores fabriquées à l'embouchure du Tage. Dans une seconde partie, un programme d'analyses pétrographiques prend en compte ces deux régions et celle de Г Algarve. La dernière se caractérise bien comme différente, Tage et Sado, en revanche, se distinguent mal. La troisième partie de l'ouvrage étudie les amphores d'un site de consommation, le grand domaine de Sao-Cucufate (ler- 5ème s.), à l'intérieur des terres. On y a importé beaucoup de poisson et peu de vin, le vignoble local étant bien affirmé. Curieusement, au 1er s., le poisson arrive de Bétique, de la région de Cordoue, notamment, la grande concurente. A partir du 2ème s., en revanche, il vient du Tage et du Sado, comme le montrent les analyses pétrographiques.

- Dans les Gaules

40 B. Dufaý, Les fours de potiers gallo-romains : synthèse et classification. Un nouveau panorama, dans SFECAG, Actes du Congrès de Dijon, 1996, p. 297-312, dresse une classification des fours

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sur 5 critères : le nombre de volumes (entendre de niveaux), la forme du four (celle de la sole), le nombre d'alandiers, la sole (mode de constrution), les supports de la sole. La démarche est intéressante, mais, comme les précédentes classifications, voit les fours en plan et non en élévation, ce qui mettrait en jeu d'autres critères tout aussi importants.

Signalons un petit livre très bien présenté qui réunit plusieurs contributions sur les nouvelles découvertes concernant le vignoble de la vallée de la Moselle et celle du Rhin sous la direction de 41, KJ. Gilles, Neuere Forschungen zum romischen VJeinbau an Mosel und Rhein, Trêves, 1995, avec, en particulier, une étude des installations de pressage en Moselle, 42, KJ. Gilles Rômerzeitliche Kelteranlagen an der Mosel, p. 5- 59, et une étude des pépins de raisin, 43, M. Kônig, Pflanzenfunde aus rômerzeitlichen Kelter- anlangen der Mittelmosel, p. 60- 73.

Dans son excellente synthèse sur, 44, Das trevirische Oppidum auf dem Titelberg, 2 vol., Musée national d'Histoire et d'Art, Luxembourg, 1995, J. Metzler étudie p. 447-477, une partie des amphores Dressel 1. Il observe, notamment, la distribution des lèvres suivant un rapport de mesures, et présente des comparaisons avec des sites datés comme Bâle Gasfabrik et Munsterhugel, Manching, Feurs et Lyon-Sarra, suivant une démarche bien développée aujourd'hui, qui prend en compte chaque objet, sans définir de groupes préalablement.

Une analyse comparable pour les amphores de Bâle, est présentée par 45 M. Poux, Les amphores et la chronologie des sites balois, à la table ronde La céramique précoce en Gaule Belgique et dans les régions voisines: de la poterie gauloise à la céramique gallo-romaine, tenue à Arras en octobre 1996, sous la direction de M. Tuffreau-Libre et A. Jacques. Dans cette même table ronde, 46, E. Marlière donne une note sur les amphores précoces en Gaule Belgique.

Toujours pour la Tène finale, une analyse très documentée des amphores de la vallée de l'Aisne, fruit d'un travail de maîtrise, est publiée par 47 B. Hénon, Les amphores dans la vallée de l'Aisne à la Tène finale, dans Revue de Picardie, n° 1/2, 1995, p. 149-186. Elle porte sur les sites d'habitats avec, notamment, les oppida de Villeuve-St-Germain et de Pommiers. Les comptages sont faits globalement par sites. 5605 tessons équivalent à un nombre minimum de 275 amphores. Il s'agit surtout de Dressel 1 (271). Le classement des lèvres (hauteur/ inclinaison), représenté par nuages de points, se

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fait par groupes, peut-être contestables ; cependant, l'auteur raisonne, à juste titre, en termes de fréquence. Parmi la vingtaine de pâtes identifiées, on reconnaît des provenances pompéienne et étrusque (Albinia) avec des différences de proportion suivant les sites. Le dossier épigraphique est riche de 33 timbres. A signaler pour les autres importations, une Lamboglia 2, une Dressel 2/4 de Tarraconaise et une italique, enfin, une amphore de Lipari. Une première synthèse régionale des amphores du Nord-Est de la Gaule nous est donnée par 48 Juliette Baudoux, Les amphores du Nord-Est de la Gaule (territoire français). Contribution à l'histoire de l'économie provinciale sous l'Empire romain, DAF 52, Paris 1996. Ce petit livre de 170 pages (plus les annexes), riche, bien documenté et excellement illustré, est le fruit d'une thèse soutenue en 1990. Une première partie présente l'étude du milieu, contrasté et intéressant. Cinq départements sont pris en compte, ils ne constituent pas une entité antique, mais ont l'intérêt de regrouper deux vallées de passage, celles du Rhin et de la Moselle. L'enquête ne se veut pas exhaustive et se limite à une centaine de sites, oppida, chefs-lieux de civitates, vici, villae. S'opposent les occupations urbaines et rurales, civiles et militaires. Le matériel étudié appartient tout à la fois à des fouilles récentes, ou anciennes, des collections de musées, il a parfois souffert des désastres des dernières guerres. Le second chapitre présente les amphores. On aurait souhaité disposer, d'entrée de jeu, de certaines données indispensables pour une vue d'ensemble : un tableau global du matériel (il n'apparaît que dans la conclusion du chapitre), le nombre total des tessons examinés, le nombre minimum d'amphores qu'ils représentent et comment s'opère le calcul. En réalité, l'auteur donne de rapides indications dans l'avant-propos qui ne permettent pas de savoir si le calcul se fait systématiquement sur l'ensemble de chaque site, ou par séquences chronologiques, ou par zones de fouilles etc. et s'il est comparable, d'un site à l'autre. En effet, la question se pose, par exemple pour les amphores de Biesheim dont la quantité change suivant qu'elles sont évaluées par parcelles de fouilles (tab. XIV), ou par type (Tab. XV). L'évaluation quantitative est essentielle, c'est d'elle que seront tirés des résultats d'ordre économique. Aussi, quelle que soit la méthode choisie, et elle peut se décliner sur plusieurs registres, elle se doit d'être clairement définie et cohérente pour la logique interne de l'analyse de la région étudiée, comme pour la comparaison avec d'autres sites. Après cette mise en garde, faisons confiance à l'auteur et constatons avec elle que les amphores ne sont pas légion en Alsace-

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Lorraine : moins de 2000 pour une centaine de sites. Par comparaison, une seule fouille de Besançon (Parking de la Mairie) qui couvre les mêmes périodes, en compte près de 900 pour l'ensemble du site, sans tenir compte des répartitions par us. ou par phase chronologique qui portent le chiffre à près de 2500.

Je soulignerai la finesse de l'analyse et la pertinence du travail de reconnaissance et d'identification qui, devant la variété des types représentés (55) témoigne d'une belle maîtrise.

Les amphores sont présentées par denrées, vin, poisson, huile et, pour chaque rubrique, par provenance et par lieu de découverte. Mais pourquoi ces amphores se trouvent-elles ici ou là ? La question n'est pas posée, pourtant, on sait bien que ces emballages perdus se prêtent à mille remplois. Les importations italiques de Dressel 1, notamment, constituent ainsi des résidus qui restent attachés aux sites pendant très longtemps. Ainsi, il y a un décalage entre le temps de l'importation de l'amphore, celui de la consommation du produit qu'elle transporte et le temps pendant lequel elle ne sera plus que le témoin d'un matériau réutilisé. Cet angle de vue me paraît pouvoir modifier l'analyse des importations "auguštéennes" de vins italiques.

L'arrivée des vins de Narbonnaise, depuis ceux de Marseille, jusqu'à ceux de Languedoc et de Provence - plutôt que du Rhône moyen, où on les cherche encore - se pose comme un axe fondamental du marché impérial au 2ème s. Plusieurs sites montrent bien leur progression.

Le dossier des amphores à poisson, avec une prédominance attendue des amphores de Bétique et une présence affirmée des amphores gauloises contenant de la muria Hispania, est remarquable par sa richesse en tituli picti. De beaux exemples de conserves de jeune thon, notamment, que l'on pourrait comparer au titulus pleins d'une amphore de Saintes (Aquitania 1993, p. 243 sq).

Avec le vin gaulois, l'importation la plus importante est celle de l'huile de Bétique. Le dossier est excellent, tant sur la typochronologie, que sur l'épigraphie. A partir de l'analyse des 249 estampilles, soit 150 timbres différents, dont les ateliers sont souvent localisés, on observe que les zones de production de la vallée du Guadalquivir semblent se succéder sur le marché, il y a visiblement des relations privilégiées entre certaines zones de production et certains marchés, un phénomène équivalent a été observé à Augst, Cologne et Mayence.

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Au reste, la découverte de productions d'amphores régionales est remarquable. Certaines ont la même forme que les amphores à huile de Bétique, mais portent des timbres caractéristiques des ateliers de céramique sigillée de Rhénanie. Récemment, dans le cadre du GDR 1040, nous avons pu, par des séries d'analyses physicochimiques, confirmer que ces pseudo Dressel 20, que nous avons nommées Gauloise 14 étaient bien de production locale. Le dernier chapitre se consacre à la consommation par phases chronologiques.

Les comparaisons paraissent encore difficiles à établir avec d'autres régions, si l'on ne tient pas compte des réutilisations, par exemple celle des amphores à huile dans les vides sanitaires de Lyon qui faussent les comptages en milieu d'habitat.

Il apparaît que la vallée de la Moselle a été un axe d'importation plus ancien que celle du Rhin. Consommation urbaine et consommation rurale, si tant est que l'on interprète la localisation des amphores trouvées, au premier degré, sont différentes. La présence militaire a sans aucun doute créé plus de consommation, militaire, comme civile. Mais il reste difficile de cerner une consommation proprement militaire.

49, Roman Amphoras in North Gaul and Upper Germany, A. Bocquet, F. Laubenheimer, F. Vilvorder, D. Laduron, J. Baudoux, dans The Ceramics Cultural Heritage, 8th CIMTEC-World Ceramics Congress and Forum on New Materials, Florence, 1994, P. Vincenzini éd., Faenza, 1995, p. 483-492, apporte les premières confirmations analytiques sur les nouvelles amphores produites dans le nord des Gaules : Gauloise 13 autour de Bavai, Gauloise 14 en Alsace et Rhénanie, Gauloise 15 dans le sud de la Belgique. Les analyses par fluorescence X ont été réalisées au laboratoire de Géologie et Minéralogie de l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve, dans le cadre du GDR 1040.

La tenue du congrès de la SFECAG à Dijon, en 1996, a été l'occasion de faire le point sur les productions céramiques de Bourgogne.

A Gueugnon, les ultimes fouilles de l'atelier ont mis au jour deux aires juxtaposées dallées de tuiles de 5,55m x 1,6m et 6,80m x 5,85m de surface. La présence d'une bordure de tuiles verticales laisse supposer des bassins de stockage de l'argile dont l'ampleur de la surface ne laisse pas de surprendre, 50 J.-C. Notet, Ultimes recherches sur l'officine céramique du Vieux-Fresne à Gueugnon (Saône-et-Loire) : présentation de quelques résultats remarquables, dans SFECAG, Actes du Congrès de Dijon, 1996, p. 51-62. Un

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panorama des productions de l'atelier de Sens est proposé par D. Perrugot, 51 Les productions céramiques de l'atelier gallo-romain de Sens (Yonne), dans SFECAG, Actes du Congrès de Dijon, 1996, p. 63- 72. A côté des terra rubra, les amphores tiennent une place importante, mais l'étude de leur diffusion n'a guère progressé. 52, Fabienne Olmer, Les productions d'amphores en Bourgogne au haut-Empire : un point sur les éléments typologiques, la culture de la vigne et la production du vin, reprend les données des six ateliers reconnus pour avoir produit des amphores et donne une image de leur diffusion.

Dans le sud-ouest, 53 R. Boudet, Les agglomérations protohistoriques en France sud-occidentale : quelques réflexions, dans Aquitania XII, 1994, p. 55-94, donne la liste des puits dont plusieurs ont livré des dizaines d'amphores Dressel 1. L'auteur s'interroge : leur liaison à des sanctuaires suffit-elle pour y voir des contextes funéraires ? 54, P. Gruat, Les timbres sur amphores Dressel 1 du Sud- Ouest de la France : premier inventaire, dans Aquitania, XII, 1994, p. 183-202, prend en compte la Dordogne (6 timbres), le Gers (8 timbres), la Gironde (22 timbres) et le Lot-et-Garonne (25 timbres). Il étudie, par ailleurs la diffusion des timbres DIOCL, ou BIAS, ou ONE(...)/MESOR/P.MAR, datés de la première moitié du -1er s., dont les 19 exemplaires connus se concentrent dans l'axe Aude- Garonne et sont inconnus ailleurs. Les amphores des contextes du 2ème s. avant notre ère sont peu timbrées au regard de celles du - 1er s. On identifie des importations d'Etrurie et de la région latio- campanienne.

Dans les Landes, à Sanguinet, dans le lit de la Gourgue, en bordure du site de Losa, une amphore bordelaise à fond plat représente la découverte la plus méridionale de cette production de la fin du 1er s. et du début du 2ème s. dont la distribution est bien connue en Gironde, 55, F. Berthault, A propos d'une amphore bordelaise trouvée à Losa : hypothèse sur les limites de la civitas des Bituriges Vivisques, dans Les Landes entre tradition et écologie, Fed. Hist, du Sud-Ouest, Soc. de Borda, Parc nat. rég. des Landes de Gascogne,1996, p. 119-123.

Dans la Drôme, à quelque 20 km au sud de Vienne, la découverte d'un établissement agricole avec pressoir, fouloir et bassin est datée du 1er s. de notre ère. L'absence de dolia pour le stockage du vin conduit à l'hypothèse d'un cellier à tonneaux, 56 A. Rebiscoul, Parcellaire indigène et exploitation vinicole gallo-romaine de "La Barre", commune de St-Sorlin-en-Valloire (Drôme), dans De la

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ferme indigène à la villa romaine. La romanisation des campagnes de la Gaule, Revue Archéologique de Picardie, n° spécial, 11/1996, p. 293-304.

En annexe de la publication du temple de Murviel-lès- Montpellier, sont présentées les estampilles amphoriques : 3 timbres sur Dressel 1, 10 sur Dressel 20, 1 gaulois et 4 sur Dressel 7/11, 57 D. Rouquette, Les estampilles sur amphores dans J.M. Gassend, G. Escalon, P. Soyris, Un temple du début de l'Empire à Murviel-lès- Montpellier : hypothèse de restitution, dans RAN, 27-28 1994-1995, p. 57-120.

Dans la vallée de l'Hérault, un nouvel atelier a été découvert à Aspiran, au lieu-dit Soumaltre. Quatre fours et un hangar sont mis au jour (fonctionnement du milieu du 1er au milieu du 2ème s.). La production compte de la céramique commune (peu), des amphores Gauloise 4 dont la taille et la facture correspondent au standard narbonnais, et des tuiles, 58 O. Ginouvez, S. Mauné, L'officine de Soumaltre à Aspiran (Hérault). Observations sur les structures artisanales et les productions, dans SFECAG, Actes du Congrès de Dijon, 1996, p. 313-330.

En septembre 1996 un colloque s'est tenu à Sallèles d'Aude, dont le thème, 59, Le monde des potiers gallo-romains, 20 ans de recherches à Sallèles d'Aude a permis des synthèses sur cet atelier très largement fouillé et des comparaisons.

A Narbonne, au nord de l'étang de Bages Sigean, dans l'anse de Montfort, un sondage a permis la découverte d'un épandage d'amphores Pascual 1, avec traces de suie et bois brûlé : s'agit-il du naufrage d'un navire en feu ? 60, J.M. Falguera, Anse de Montfort, Narbonne, Aude, dans Bilan Scientifique de Département des Recherches Sous-Marines, 1995, p. 35.

Au large de St-Raphaël, le gisement de la Chrétienne M a fourni 15 amphores de Lipari et de la céramique pompéienne, 61 J.P. Joncheray, Gisement Chrétienne M, St-Raphaël, Var, dans Falguera, Anse de Montfort, Narbonne, Aude, dans Bilan Scientifique de Département des Recherches Sous-Marines, 1995, p. 58-59.

- En Bretagne

62, P.P.A. Funari, Dressel 20 Inscriptions from Britain and the Consumption of Spanish Olive Oil, BAR, British Series 250, 1996, recense 260 timbres différents, (soit 582 estampilles) en très grande partie inédits dont les trois quarts sont datés. La relation entre timbres et ateliers est effective pour la majorité. Du même auteur,

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voir aussi 63 Incriçoes béticas inéditas provenientes de Vindolanda, dans Classica, Sao Paulo, v. 5/6, 199/1993, p. 157-166.

64 P. Tyers, Roman Pottery in Britain, Londres 1996, fait, dans ce manuel, un rapide survol des amphores romaines en Bretagne

- Vers le limes

65, U. Ehmig, Allex oder Anderes, dans Mainzer Archaolo- gische Zeitschrift, 2, 1995, p. 117-130, s'interroge sur l'interprétation des marques peintes sur Dressel 7/11, à propos d'une amphore de Mayence.

- En Istrie

66, T. Bezeczky, M. Pavletic, New objects from the figlina of Laecanius Bassus, dans Jahresheften des Ôsterrichischen Archào- logischen Institutes, 65, 1996, p. 143-163, reconsidèrent quelques amphores D6B des fouilles de Gnirs, au début du siècle. Trois vïllae équipées pour la production de l'huile constituent un des plus grands centres istrien, à proximité de l'atelier d'amphores de Laecanius Bassus, de l'époque augustéenne aux Flaviens.

- En Pannonie

67 T. Bezeczky, Amphorae from Gorsium, dans Specimina Nova Universtatis Quinqueecclesiensis, 1994 (1995), p. 39-56 : la plupart des amphores de Gorsium sont datées du début de l'Empire ; elles sont associées au fort militaire, mais sont absentes du vicus voisin.

En Méditerranée orientale et au-delà

- En Grèce

68, A. Marangou-Lerat, Le vin et les amphores de Crète, de l'époque classique à l'époque impériale, Etudes Cretoises 30, Athènes, 1995 : offre une synthèse très riche sur le vin crétois et ses emballages. Les sources écrites, remarquablement nombreuses, décrivent un vin de qualité, surtout blanc, équivalent du passum, aux usages multiples. Les incriptions peintes sur amphores, dont le dossier est aussi important, renseignent sur la qualité du vin, des crus, la capacité du contenant, sa date, son origine, mais aussi le nom des commerçants et des intermédiaires. On y découvre aussi qu'il n'était pas rare, en Italie du Sud, notamment, de réutiliser les amphores Cretoises pour un autre contenu que l'on veut commercialiser. C'est ainsi que l'on voit arriver à Narbonne une amphore vinaire Cretoise

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transportant du miel, sans doute italien. Le travail de prospection et parfois de fouille, a permis de découvrir 17 ateliers dans les plaines côtières de Crète où les conditions sont favorables. Bien que les amphores soient leur production principale, ils font aussi d'autres céramiques et des éléments architecturaux. Une typologie précise des 6 formes d'amphores impériales est dressée. Leur diffusion vers la Grèce et l'Italie majoritairement, concerne aussi la Gaule, où l'on constate de plus en plus la présence, un peu partout et en petite quantité, de vin crétois, non seulement sur l'axe Rhône-Rhin, jusqu'à Vindonissa et maintenant en Alsace : 6 ex. AC4 à Strasbourg, Biesheim et Grand (voir supra, Baudoux), et au-delà, dans le vicus de Braives, mais dans le centre de la Gaule, par exemple une AC2 est récemment découverte à Bourges, une autre est connue à Angers.

- En Asie Mineure

Les vins antiques sont fragiles à cause de leur vinification rudimentaire. Galien, cherchant à utiliser, pour faire des médicaments, un vin très stable est conduit à décrire comment l'apothèque de son père reçoit la chaleur et la fumée des fourneaux voisins qui font vieillir le vin plus vite, 69 J.M. Jacques, La conservation du vin à Pergame au 2ème s. ap. J.-C, dans Revue des Etudes Anciennes, 98, 1986, p. 173-185.

- En Afrique

Un bilan rénové des connaissances sur la production et le commerce des salsamenta en Afrique est proposé par 70, N. Ben Lazreg, M. Bonifay, P. Trousset, Production et commercialisation des salsamenta de l'Afrique ancienne, dans L'Afrique du Nord antique et médiévale, Vlème colloque international, Pau 1993, Productions et exportations africaines. Actualités archéologiques, CTHS 1995, p. 103-142. Le dossier du contenu des amphores africaines est encore une fois ouvert, les données nouvelles ne permettent pas d'apporter de réponse précise pour la majorité des cas.

71, M. Madjoubi, La Maurétanie et ses relations commerciales avec le monde romain jusqu'au 1er s. , dans V Africa Romana, 11, a cura di M. Khanoussi, P. Ruggeri, С Vismara, vol. 1, 1996, p. 287- 302, examine notamment les amphores locales ou importées.

- Ей Egypte

72, P. Ballet, De la Méditerranée à l'océan indien, l'Egypte et le commerce à longue distance à l'époque romaine : les données de la céramique, dans Topoi 6/2, 1996, p. 809-840, donne un aperçu des

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principaux sites du désert oriental, entre Nil et mer Rouge, avec un inventaire des céramiques égyptiennes et des céramiques d'importation, les amphores ne sont pas rares. Dans la même région, 73 R. Tomber, Provisioning the desert : pottery supply to Mons Claudianus, dans Archaeological Research in Roman Egypt, D.M. Bailey éd. Ann Arbor 1996, p. 39-49, présente les amphores qui sont importées dans ce site d'exploitation de carrières, notamment depuis la Méditerranée occidentale.

AMPHORES TARDIVES

En Méditerranée occidentale - En Italie

Deux sites de Ligurie se prêtent à l'analyse d'amphores de la période byzantine, 74 G. Murialdo, Anfore nel Finale (VI-VII secolo), dans Rivista ai Studi Uguri, LIX-LX, 1993-1994, 1995, p. 213-246.

- Dans les Gaules

L'épave de La Palud (Port-Cros) est datée par son chargement du 6ème s. Il comprend des amphores africaines de divers types et des amphores orientales, 75 L. Long, G. Volpe, Origini e declino del commercio nel Mediterraneo occidentale tra età arcaica e tarda antichità. I terlitti de La Palud (Isola di Port-Cros, Francia), dans L' Africa Romana, 11, a cura di M. Khanoussi, P. Ruggeri, С Vismara, vol. 3, 1996, p. 1235-1284.

- Dans la Péninsule ibérique

A Carthagène, les fouilles réalisées dans le théâtre romain ont donné une ample stratigraphie. Les contextes des 5ème-7ème s. sont particulièrement intéressants. Ils comptent bien des amphores, 76, S.F. Ramallo Asensio, E. Ruiz Valderas, M del Carmen Berrocal Caparros, Contextos ceràmicos de los siglos V-VII en Cartagena, dans Archivo Espaňol de Archeologia, 69, 1996, p. 135-190.

- En Afrique

L'analyse des amphores tardives du musée de Ceuta, indique des échanges depuis la côte syro-palestinienne jusqu'à la Lusitanie, 77 D. Bernai Casasola, Le anfore tardo-romane attestate a Ceuta, dans L' Africa Romana, 11, a cura di M. Khanoussi, P. Ruggeri, С Vismara, vol. 3, 1996, p. 1191-1233.

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En Méditerranée orientale

Les amphores LRA1 de l'épave de Yassi Ada sont étudiées du point de vue de leur capacité et de leur standardisation par, 78, P. G. van Alfen, New light on the 7th-c. Yassi Ada shipwreck : capacities and standard sizes oř LRA1 amphoras, dans Journal of Roman Archaeology, 9, 1996, p. 189-213.

Que soient remerciés tous ceux qui ont bien voulu contribuer à cette chronique en m' adressant des publications.

Fanette LAUBENHEIMER Directeur de recherche au C.N.R.S.

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