cours ecriture histoire

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Michel Gréget Morsel : Ecriture de l’histoire M1 Page 1 sur 25 28/01/2016 Le but de ce cours est de nous apprendre à lire, de manière critique, les textes des historiens. Modernistes et médiévistes (plus nombreux, vont se succéder. 28/01/16 La métaphore dans l’argumentation 4/02/16 Analogies des comparatifs (Hélène Noizet) 11/02/16 18/02/16 Didier Pensilly : Notes de bas de page 24/02/16 Julie Claustre : Usage non illustratif des narrations 10/03/15 Stéphane Lamassé : Usage non illustratif des tableaux 17/03/16 Mazeaud 24/03/16 Guillaume Callafat : Relations entre types de publications et leurs effets sur la manière dont le texte est écrit 31/03/16 7/04/16 Usage du récit 14/04/16 Partiel (la forme reste à déterminer) La métaphore : C’est une figure de rhétorique, un trope, un transport de sens. Elle consiste à remplacer un mot par un autre, utilisé au sens figuré, avec un autre élément particulier, sur la base d’un rapport implicite. Les éléments sont reliés par une relation d’analogie très perceptible : Ex : Tête de train, la lune éclabousse le jardin (c’est plus compliqué). Tout dépend de l’usage social. La métaphore n’est pas un mot (comme par exemple l’albatros de Baudelaire). « L’historien recherche les sources » n’est pas équivalent à « L’ingénieur recherche les sources ». Il s’agit de resémantiser un rapport sémantique canonique : Signifiant « source » et signifié « eau jaillissante » sont dans un rapport canonique Signifiant « source historique » et signifié « origine et transparence sont aussi dans un rapport canonique ». En quoi la métaphore concerne-t-elle l’historien ? Elle peut être de type organistique comme tête, bras, corps, société, ou provenant de la Bible, comme pasteur, ouailles, troupeau. L’utilisation de la métaphore est un moyen d’organiser le pouvoir dans la société occidentale. La société médiévale puis moderne ont vraiment creusé cette manière de penser les choses. Jacques Le Goff et David Langès ont déterminé qu’on est passé de « l’écoulement » du temps à un temps pensé comme une échelle. La découverte de Copernic avec la métaphore soleil = dieu = roi = centralité a orienté vers une nouvelle conception de l’astronomie. La métaphore concerne l’historien qui l’utilise sans s’en rendre compte. Quelles sont les conséquences de cet usage métaphorique sur le discours de l’historien. La question épistémologique soulevée à la fin du XIXe siècle avec Nietzsche porte sur le rapport entre la métaphore et le discours scientifique : Est-ce compatible ?

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MichelGréget Morsel:Ecrituredel’histoire M1

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28/01/2016

Lebutdececoursestdenousapprendreàlire,demanièrecritique,lestextesdeshistoriens.Modernistesetmédiévistes(plusnombreux,vontsesuccéder.28/01/16Lamétaphoredansl’argumentation4/02/16Analogiesdescomparatifs(HélèneNoizet)11/02/1618/02/16DidierPensilly:Notesdebasdepage24/02/16JulieClaustre:Usagenonillustratifdesnarrations10/03/15StéphaneLamassé:Usagenonillustratifdestableaux17/03/16Mazeaud24/03/16 Guillaume Callafat : Relations entre types de publications et leurs effets sur lamanièredontletexteestécrit31/03/167/04/16Usagedurécit14/04/16Partiel(laformeresteàdéterminer)

Lamétaphore:

C’estunefigurederhétorique,untrope,untransportdesens.Elleconsisteàremplacerunmotparunautre,utiliséausensfiguré,avecunautreélémentparticulier,surlabased’unrapportimplicite.Lesélémentssontreliésparunerelationd’analogietrèsperceptible:Ex:Têtedetrain,laluneéclabousselejardin(c’estpluscompliqué).Toutdépenddel’usagesocial.Lamétaphoren’estpasunmot(commeparexemplel’albatrosdeBaudelaire).« L’historien recherche les sources » n’est pas équivalent à « L’ingénieur recherche lessources».Ils’agitderesémantiserunrapportsémantiquecanonique:Signifiant«source»etsignifié«eaujaillissante»sontdansunrapportcanoniqueSignifiant«sourcehistorique»etsignifié«origineettransparencesontaussidansunrapportcanonique».Enquoilamétaphoreconcerne-t-ellel’historien?Ellepeutêtredetypeorganistiquecommetête,bras,corps,société,ouprovenantdelaBible,commepasteur,ouailles,troupeau.L’utilisationdelamétaphoreestunmoyend’organiserlepouvoirdanslasociétéoccidentale.Lasociétémédiévalepuismoderneontvraimentcreusécettemanièredepenserleschoses.JacquesLeGoffetDavidLangèsontdéterminéqu’onestpasséde«l’écoulement»dutempsàuntempspensécommeuneéchelle.LadécouvertedeCopernicaveclamétaphoresoleil=dieu=roi=centralitéaorientéversunenouvelleconceptiondel’astronomie.Lamétaphoreconcernel’historienquil’utilisesanss’enrendrecompte.Quellessontlesconséquencesdecetusagemétaphoriquesurlediscoursdel’historien.La question épistémologique soulevée à la fin du XIXe siècle avec Nietzsche porte sur lerapportentrelamétaphoreetlediscoursscientifique:Est-cecompatible?

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Celaposeleproblèmedelascientificitédudiscourshistorique.Onpeutconcevoirunusageraisonnédelamétaphoreenhistoire.

I. HISTOIREETMETAPHOREL’histoireestenvisagéeàceniveaucommesciencehistorique.

1. Ilyad’abordunproblèmedestyle

Traditionnellement, l’histoire est rattachée à la fac de lettres. Il en est demêmedans lesclassespréparatoires.Laconfusionestentretenueparl’admissiond’historiensàl’AcadémieFrançaiseoul’AcadémiedesInscriptionsetBellesLettres,sansparlerduromanhistorique.LeNomdelaRoseamêmeétéconseilléàdesagrégatifsenguisedelecturesurleMoyenAge.Pourquoi les historiens ne publient-t-ils pas massivement en anglais, sinon avec l’arrièrepenséequelefrançaisoffreplusdesubtilités.Les efforts durables destinés à rattacher l’historiographie française aux sciences sociales,depuisledébutdesannées20,n’ontpasévacuéleproblème.Leproblèmenesesituepasauniveaudelaplumedel’historien,maisauniveaudurapportentrel’histoireetlamiseenrécit.

2. Rapportentrel’histoireetlerécithistorique

PaulRicoeurconsidèrequel’histoireetlalittératuresonttrèsproches.Rapportentrehistoireetfiction:Cerapportestremisencauseà la findu20esiècle.Onaappliquéàtoute lesproductionssocialesdesschémasdedéconstructionetdereconstruction.Parmilesréflexionsquiontcontribuéàdirequel’histoireestuneproductionlittéraire:TravauxdeHaydenWhiteetPaulRicoeurainsiquePaulVeyneetMarcBloch.Tousontencommunlefaitquetoutenarrations’apparenteaurécithistoriqueparl’usagedestropesetdesmétaphores.Lerapportaurécitestétablipardesprocéduresexternesaudiscours.C’estuneaffirmationexcathedraparrapportauréelgagésurle«paratexte»(4edecouverture,titreacadémiquedel’auteur,toutcequiconduitàuneapparencedescientificité).En2007,Morselapubliéunouvragequi,danssaversion1,étaitsansnotes.AlainGuerreauluiarecommandédesnotesdebasdepagequirendentl’ouvragesérieuxetincontestable.On met en scène la parole de l’historien, garantie par l’organisation disciplinaire. Lavérifiabilitédurésultatdel’itérationestalorsliéaurespectdesprocédurescanoniques.Dèslorsquel’écartentrel’histoireetleromanestnié,commentétablirladifférencesielleestsimplementinterneetinvisible.HaydenWhites’attacheàunepoétiquedudiscourshistoriquedontlebutprincipalestquehistoireetfictionapparaissentdanslamêmeclassedestructurenarrative.Cecifaitoublierlesconditionsprocéduralesscientifiques,constitutiondescorpus,définitiondeslimitesetc.Tout se passe comme si l’énoncé du résultat était la traduction littérale des observationsdirectes.Whiteproposeetmetenpratiqueuneattentionsoutenueauxmodesd’énonciation.

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Ilexisteunefaillebéanteentrel’opérationanalytiqueetsamiseenformelittéraire;lesrécitshistoriquesdeviennentdesfictionsverbales.Raconterl’histoiresestassezprochederaconterdeshistoiresetlarhétoriquejoueunrôle.Delamétaphore(définieci-dessus),lamétonymiequiconsisteàexprimerunsensaumoyend’unautretermedésignantunautresensquiluiestliéparunerelationnécessaire(Toutelamaisonsemitàcrier)etl’ironie,laplusimportanteestlamétaphore.Paul Ricoeur adopte en partie seulement les thèses de White. Il effectue un travail dephilosophiesurlatemporalitédel’histoire.Lerécitetlamétaphoresontlesdeuxvoletsd’unemêmeréalitéetrécitetmétaphoresontpourRicoeurdeuxformessémantiquessemblables.Ils’agitdecréerdelaressemblancelàoùiln’yenavaitpas.Lamétaphore rend lemonde visible. On ajoute au récit linéaire l’usage du temps et descorrecteurslogiquesettemporels.Lerécitconstruitunestructure,untoutanalogiqueàlasuitedesévènements.Lerécitn’estqu’uneimitationetletravaildel’historieneststrictementanalogique.PaulRicoeurenmodifieprofondémentlaconception.Silebutdudiscourshistoriqueestdepersuaderdelavaliditédel’analogie,onvoitbienquelerécithistoriquen’estqu’unetechniquedepersuasionetnondedémonstration.C’est une remise en cause du postulat de scientificité de l’histoire. L’histoire, sciencehistoriqueestfondamentalementopposéeauroman.AuXIXesiècleavec,parexempleWalterScott,onnefaisaitpasdedifférence.Laseuledifférenceentrel’histoireetleromanestque,d’emblée,l’historienprétendraconterdeschosesvraies,alorsqueleromancierprétendraconterdeschosesvécues.Lecontratc’estlerapportentrel’historienetsonpublic.RapportentrehistoireetréelWhiteetVeynemanifestentdesinquiétudessurlefaitquel’histoirenesoitpasunesciencesociale.

- Rapportentrehistoireetévènements:Uneécoleméthodiqueavaitsoigneusementbannitouteespèced’ornementdansletexte.LacroisadedeBloch,avecl’écoledesAnnales,contrel’écoleméthodiquen’arienarrangé.L’historiendoitvérifierlavéritéensuivantlesprocédures.Ilfautfaireattentionauxstructures,auxgroupessociaux,auxdétournementsdefondsd’archivespourconstituerdescorpus.Pourquoicelan’a-t-ilrienchangé?PhilippeCarrardadémontréquelespratiquesd’écrituredesnouveauxhistoriensn’avaientrienàvoiraveccequ’ilsdisaient.Ladisparitiondu récitn’apas fait disparaître lapratiquedu récit. Laproblématiqueaétéaccéléréeparlamiseenintrigueetaentraînélesuccèscolossaldelivresquin’étaientpasconçuspourcela.L’utilisationduprésentaulieudupassén’apasfaitdisparaîtrelanarration.Prenonsparexemplel’ouvragedeDubysurlestroisordresoul’imaginaireduféodalisme.Lehérosdulivre,c’estleschémaidéologiquequiimposelesguerrierscontrelesmoinesetaudétrimentdespaysans.Kristoff Pomian relève de la nouvelle histoire. Il écrit en 1989 un article : « Faire savoir,comprendre,sentir, intérioriser, impliqued’introduiredesobjetsfictifscommes’ilsétaientréels».L’éliminationdespersonnagesetdesévènementsquiconstituentleseffetsderéelafragilisélediscoursdeshistorienscarleréférentauréelétaitpurementthéorique.L’extraordinairesuccèsduromanhistoriqueaeulieudanslesannées70-90.

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LeglissementstylistiquedeDubys’esteffectuéaveclesTroisordres.Michel Roquebert qui a écrit 17 tomes sur l’épopée cathare n’est pas reconnu commehistorien.Avec la dématérialisation des sources historiques, le rejet de la structure archivistique,l’élargissementdelanotiondesource,onafaituncorpusartificiel.Laréaffirmationdelascientificitédel’histoirenedoitpass’envisageravecl’événementoul’individu,maisavecledocumentécritconsidéréentantqu’objet.Lagrandedifférenceentreleromancieretl’historienrésidedanslefaitquel’historientravaillesurdeschosesconcrètesetn’opèrepasdechoix.CelaétaitimpossibledansladémarchedesAnnalesquin’afaitqu’accentuerlapertederéalitédudiscourshistorique.Cecirégitl’histoireentantquepratiquetextuelleetnerèglepaslestatutdelamétaphoreparrapportauproblèmedelasciencehistorique.

II. STATUTDELAMETAPHOREDANSLESSCIENCESSOCIALES:L’histoire a le complexe des disciplines molles par rapport aux disciplines dures et lasurvalorisationdelascience.Siontombesurunscientifiqueunpeumalin,ilconsidèrequ’ils’agitd’unsimplemalentendu.Lestatutscientifiqueestleseulmoyendelégitimerl’existenced’unediscipline.Lessciencessocialesproduisentundiscourscenséressembleràceluidessciencesdures.GastonBachelardrenvoie l’usagede lamétaphoreàunsavoir fermeetstatiquequiest lesavoirdel’opinion.SelonBachelard,cequicaractériseraitunscientifique,c’estladémonstrationetcelaconduità éliminer tout image mentale. Une science qui accepte les images est victime desmétaphores.LamétaphoreselonBachelardestunobstacleépistémologiquepourlasciencecommepourl’historien.Lephantasmedelamétaphoreconcernetouteslessciencessocialesquiensontbourrées.Lasciencesocialeproduitdesintriquesettransformedessujetsenacteurs.Laplustouchée,c’est la sociologiedes sciencesen raisonde sonobjetqui consisteà importerdemanièremassiveetsauvagedesnotionsscientifiquesduresquinepeuvent,danscecas,n’êtrequemétaphoriques.En 1996, Alan Sokal, professeur de physique américain, a écrit un article débile qui, sousprétexted’épistémologie,luifaisaitécrire:«transformerlafrontièreversuneherméneutiquedelamécaniquequantique».Onadénoncédansl’articlel’usagemétaphoriquequin’étaitqu’unesimplepostureacadémique.L’usagemétaphoriqueestdestinéàrendresaisissabledeschosesnoncompréhensibles.Là,onvadel’inconnuàl’inconnu,avecuneimportationsauvagedetermespourfairejoli.

III. PLAIDOYERPOURLAPRODUCTIVITECOGNITIVEDELAMETAPHORE1. Introduction

MalgréBachelard, ilesttenutoutundiscoursopposéquivaloriselamétaphore,ycomprisdanslessciencesdelanature.Lamétaphoreadespropriétéscréatives,mêmeauniveaudesscienceshumaines.

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Onlevoitavecl’exempledelabiologiepourlacompréhensiondelacréationdesgènes.L’ADN véhicule des informations génétiques et le recours au schéma a été une solutionefficacepourrésoudreunproblèmescientifiquebloquédepuisplusieursdécenniesavec,enprime,unmoyenpuissantd’enseignement.Jean-MarcLevy-Leblond,physicien,afaitremarquerquelaphysiquethéoriquearecoursàd’innombrablesmétaphores(champ,rayon,foyer,trounoiretc.)Derrièrecetteangoissedessciencessocialesparrapportauxsciencesdelanature,c’estunautreproblèmequisepose.Il s’agit de sortir d’une projection attardée et projecturale positiviste de la science où onn’utiliseraitquedesmotsàunseulsens.Ceci est lié à un idéal mécaniste newtonien où on trouve une machine inusable et sansfrottement.Enmême temps, la thermodynamique remeten cause le schémanewtonienetensuite, àpartirduXXesiècle,larelativité.Levy-Leblondenarriveàconsidérerquelerecoursobligéàlamétaphoreestliéàlacomplexitédel’objet.

2. Commentfonctionnelamétaphore:

Ils’agitd’assemblerdeuxréalitésquirelientdesdomainesséparés.Labiologieapuutiliserlamétaphoreaprèsavoirdépassédesassociationscanoniquesentrel’hommeetl’animal.Ilenestdemêmepourlaphysique,dèsquel’onéliminel’oppositionentreénergieetmatière.Ledépassementpeutêtreatteint,soitparladémonstrationstricted’unfait,soitparlamiseenintriguesurlabased’unrécitfondésurlerapportmétaphorique.Lamétaphorebriselesschémascanoniquesdeclassification.Onpassealorsàunautreniveaudegénéralités,àlasuitedecedépassementrhétorique.Onpratiqueunecollisioncontrôléeentredeuxréalitésdifférentesqui,apriori,n’ontpasderapport.Ladémarchescientifiquerésulted’essaissuccessifsenexpliquantcequel’onfait.C’est la valeur heuristique qui légitime l’imagination. Il n’y a pas de chercheur sansimagination.L’avantagecentraldelamétaphoreestqu’ellepermetdesortirduschémahabituel:sciencedure–sciencemolleounature–sciencessociales.Unautredilemmerésidedanslefaitqu’ils’agitdesciencesnonfalsifiables.La modification d’un terme du protocole aboutit à des résultats différents. (il faut ledémontrer,carc’estunmodedevérification).Unetellescienceestqualifiéede«poppérienne»,dunomdesoninventeurKarlPopper.Lesdonnéessontnon falsifiables.La fracturenepassepasentresciencesmollesetdures.L’astronomien’estpaspoppérienne.Encontrepartie,diversénoncéssociologiquessontfalsifiables.Cequicompte,c’estlacapacitéd’itération.La métaphore permet de sortir du dilemme entre sciences poppériennes et nonpoppériennes.Onsortdeladistinctionvrai-faux.Cecipermetlalectured’opposésenmêmetemps.C’estunelogiquequipermetdesortird’unelogiquedeprocédureoudeprotocole.Lafacultédeprocéderàdesitérationsestfacultative,lafiabilitéestindispensable.Onestpassédelaproductiondeloisconstantesàl’étudedephénomènestransitoires.

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Parconséquent,l’intérêtmajeurdelamétaphore,c’estdedonnerdelavisibilitéàdeschosesabstraites.Lamétaphorepeutfairepartied’unprocessusanalytique,àconditiond’êtrereconnuecommetelle.Onécrit,àconditiondenepasselaisserentraînerparsaplume.Lorsqu’on a ensuite obtenu un résultat avec lamétaphore, on essaye d’obtenir lemêmerésultatsanslamétaphore.Ilnefautsurtoutpasquelachargedelapreuvereposesurlamétaphore.Ilestenvisageablequelediscourshistoriquesoitmétaphoriquedanssadémarche.Ilestaussipossiblequ’ilsesoitconstruitenmêmetempsquesonfrèrejumeau,lerécitromantique.Lerégimedescientificitén’estpasopposéàlamétaphore.Ilfautsanscesserestervigilantetnepasselaisserentraînerparsonlangage.

IV. LAMANIEREDONTLESHISTORIENSONTMISENŒUVRELAMETAPHOREOndistinguedeuxsortesd’usagemétaphorique:

- Lesmétaphoresd’inventionvolontairesquivisentàprovoquer;- Lesmétaphoresd’usagefossilisées.

Les métaphores d’usage sont utilisées chez les historiens. Ces métaphores incontrôléesproduisentdusensànotrecorpsdéfendant,commeparexemplelasource.Cepeutêtreabstraitaveclamétaphoredelamer.DubyaveclabatailledeBouvinesparledecerclesconcentriquesdansl’eau,parl’échod’unévénement.Cesontdesmétaphoresquiserventàmasquerunegénéralité:Lesmétaphoresvolontairessontconstruitesparl’historiensurlabased’uneanalogie.Ellesrecourentàuneimagepoursusciteruneidéeavecuneconnotationplusoumoinscontrôlée.Ilfautsavoirquelleimageestvéhiculéeparlaconnotation.Si l’on prend la métaphore de la mer chez Braudel, elle est destinée à éviter toutdéveloppementetdanscecas,sonusageestnonscientifique.OnobservechezBraudelunrecoursrécurrentàlamétaphoredelamerpourparlerdutemps.Lestroistempsdel’histoire,long,moyenetcourt,sontassociésàlamétaphoredescourants,desmaréesetdesvagues. Le tempsévènementielest renduvisiblepar lamétaphoredesvagues.Ledeuxièmetempsintermédiaire,c’estletempssocial,celuidesmarées.Letroisièmetemps,géographique,parexemple«profondeursabyssales»,stylecommandantCousteau.Laconséquencemajeuredesmétaphoresmarinesestqu’elles ramènentàunmouvementnaturel.Braudelneprouveriencarcomparerlesprixauxmaréesn’expliquerien.Enarrièreplandetoutcela,ilyaledarwinismeetmême,plusloin,l’adaptationdesespèces(dustyle«lagirafeaunlongcoupourpouvoirmangerlesfeuilles»).Sionreprendcetteconceptiondestroistemps(pourquoipasdeux?),onneprouverien.Lacritique,parexemple,utilisecettemétaphorepourridiculiserl’hypothèsedumoteurtroistemps.Laloidel’offreetdelademandeestunepurecroyancefondéesurunphantasme.ChezGeorgesDuby,ontrouveuneforteprésencededeuxtypesdemétaphores:

- Celles empruntées à la géologie et la géographie physique qui sont appliquées àl’histoiresocialeetculturelle.

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- LesmétaphoresrelativesaucorpshumainsonutiliséeslorsqueDubyveutévoquerlesystèmesocialentantquesystèmed’intégrationnourride l’imaginairemédiéval. Ilrevitalisel’organismemédiéval,sansdirequec’estunemétaphoremédiévale.

Laquestionposéeest:Commentcelabouge?Dans Guillaume le Maréchal, il compare une charte rangée dans un coffre à une parole« gelée ». L’utilisation de la métaphore du congélateur constitue un grand progrès pourl’époque.

- LesmétaphoresspatialessontprivilégiéesparDubypouréclairerlesrapportssociaux.Ilnaturaliseainsilesstructuressocialesaudétrimentdesliensdesolidarité.

Braudel etDubyontunevolonté stylistique.Audelàde ceseffets, il faut voir cequ’il y aderrière:ChezBraudelriendutout!etchezDuby,uneapprochetrèssommairedusystèmesocial.Aveclesmétaphoresd’usage,lesimagessontfossilisées,pétrifiéesetarticuléesavecd’autresmétaphores. Elles peuplent le langage courant des historiens et ces mots continuentd’importeraveceuxuneconnotation.La métaphore lexicalisée continue à vivre et on voit d’autant plus mal qu’il s’agit demétaphoresqu’ellesfontpartiedulangagecourant.Les métaphores spatiales sont nombreuses. Gérard Genette avait repéré une grandefréquencedemétaphoresspatialesdanslelangagecourant.Ellespermettentderendrevisibleledéroulementdulangageetdeledoterd’uneprésencequidépasseleshistoriens.Parexemple:Ladiffusiond’unphénomèneestunenotiondephysiquequiévoquecequiserépand.Cettemétaphorenedit riendespropriétéspratiquesd’appropriation. Ilenestdemêmeaveclesidées.Parexemple:«AristoteserépanddansladeuxièmemoitiéduXIIIesiècle».Enréalité,onprendchezAristotecedontonabesoin.Leshistoriens,de leurcôténese lesapproprientégalementques’ilsenontbesoin.Lamétaphorespatialepeutfaireallusionsauxdistancesetàl’orientation(horizontal,vertical).Unemétaphore,àmi-cheminaveclespatialestcelledelacirculation.Si cette métaphore est utilisée par un historien de l’Ancien Régime qui étudie lestransformations de la circulation des biens et des droits de la noblesse qui s’identifie parfiliationpaternelle.Onpassedelacirculationdesterresàlacirculationdusang.Cetusagemétaphoriqueexagèrelepassagedubilinéaireaupatrilinéaireetl’historiendevientprisonnierdesamétaphore.LamétaphoredelacirculationaunehistoireàpartirduXVIIesiècleoùelledevientcequenousconnaissons.Ondécouvreen1628lacirculationsanguine.C’estàpartirde1680quel’oncommenceàvoirle premier usage métaphorique de la circulation. Circulation des idées, des biens, despersonnes.Toutes ces métaphores et il y en a bien d’autres permettent de rendre compte dephénomèneshistoriques.Parmi les métaphores destinées à légitimer l’opération historique il y a celles qui sontvisuelles.Voir?Maisonnevoitrien!C’estlatransformationd’uneopérationlogiquepourluidonneruneffetdeprésence.Bernard Lepetit (disparu prématurément avait entamé une large réflexion sur leschangementsdefocaleetc.Celle-ciaétérécupéréeparRevelquiabousillécethéritage.Cecilaisseenplacel’idéequ’onpeutobserverlesocial.

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Onvajouersurdesrapportsnouveauxaveclesmots.Qu’est-cequ’uneobservation?Celle-cin’arienavoiraveclaphysique.Onnevoitrien,etc’estnousquiinventonslesimages.La métaphore des traces fait référence à une histoire longtemps conçue comme uneconnaissancedetraces,derestesquipermettentd’accéderàdesréalités.Quand on détaille la nature des traces, on s’aperçoit que celles-ci ont de nombreusespossibilités.Latracepeutêtremarquéecommelaconnotationd’unsigneparterre.Danscecas,lathéoriedelatraceconduitdansdeuxdirections.Lamétaphoreduchasseurintroduitunedisciplineconjecturalenonscientifique.Ellevalidel’histoirecommeuneformedereconstructiondupassé.Lamétaphoredela«trace–empreinte»n’estvisiblequ’unefoisquelepiedestparti.Celanousplacedansunelogiquede«voiravant».Lapisteadisparuauprofitdel’empreinteetpourtant,l’historienn’estpasunantiquaire.L’objet,c’estlatransformationdel’espritdansletemps.Latracequel’onréduitàl’empreinteetnonlapisteinstalledansunelogiqueselonlaquelleontravailledansuneabsence.UmbertoEccoquiplaceensemblesymptômeetindicenousouvreversuneautremétaphore,celledusymptômequipermetdedépasserunblocagemétaphoriquefossilisé.

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11/02/2016L’Analogie:Comparatismesauvage,courantchezleshistoriens.

Analogie,engrec,signifieproportion.Ilfautqu’ilyaitdusens.Ladémarcheanalogiqueconsisteàtrouverdessimilitudesprécises.L’analogieestunefiguredelogique.Ellepeutserencontrerdansunenotationmétaphorique.Lesrapportsanalogie-métaphorepeuventêtrecomplexes.Ilpeuts’agirdetransferts.L’analogieestlamiseenrelationdedeuxélémentsquinel’étaientpas.L’albatrosn’estpasunemétaphore,maisuneanalogie.Danslamétaphore,ondonneàvoirunethéorie,etlathéorieprécèdelacomparaison.Dansl’analogie,lesressemblancesguidentlatentatived’explication.Lerepéragedesimilitudessignificativesestaucœurdel’exercicedelaraison.L’analogie est d’ailleurs, dès l’Antiquité, placée très tôt au cœur des systèmes deraisonnement.Danslasociétémédiévalel’analogieestsystématiquedansl’exégèsebiblique.AuXIXesiècle,elleestaucœurduclassementennomenclatures.AuXXesiècle,ellepermetletransfert,entredesdomainesscientifiquesdistincts,deconceptsélaborésdansd’autresdomaines.C’estlebonusageetmalheureusementpaslepluscourant,danslapratiquedeshistoriens.Analogie de proportions : Son caractère utilisable ne consiste pas à comparer desphénomènes.Analogiederapport:Elleesteffectuéeentredeschosesquisontanalogues,silesrapportssont équivalents. Elle est développée en géométrie, par exemple pour le rectangle. Enbiologie,Aristoteétablissaitdéjàunrapportentrebranchiesetpoumons.C’estlamiseenplaced’untyped’énoncéquicaractérisel’analogie:A:B::C:Dsignifie:AestàBcequeCestàD.Onpeutdireégalement:Lespoumonssontauxbranchiescequel’airestàl’eau.Enthéologie,onaunerichepaletted’analogies.Le problème est que l’analogie est utilisée dans d’autres situations qui ne sont pas desanalogiesdeproportion.Bachelards’estbattucontrel’analogie.Unautremodedecritiqueestcontenudansdesouvragesquicondamnentletransfertd’unsystèmeàl’autre,sousprétextequ’ilyadesressemblances.Unepostureintellectuelleposelaquestiondeslimitesdanslesquellesonpeutallerenmatièred’analogie.LadémarchedeGeorgesDumézil,enrepéragederapportsaétévivementattaquée.Duméziln’ariendémontré,maisilacontraintàbougerleslignes.Onattribueàl’analogiederapportunevaleurquicontribueàladécouverteheuristiquedanslesdisciplinesmolles,maisaussidanslesdisciplineslogicorationnelles.L’intérêt de l’analogie repose sur le fait qu’elle n’est pas la ressemblance, mais uneéquivalenceentrelesrapports,quidoitêtreconstruitesuruntravaild’abstractionenlaissantdestracesdansletexte:Onlefaitvolontairementetonledit.

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L’analogien’estpasinductiveensoi.Lesloisquimettentenrapportnepermettentpasdedéduirequelesloisquiconstruisentlerapportsontlesmêmes.L’analogien’estpasexplicativeensoi.Ellenepermetpasdetrouverdeslois.Ladémarcheanalogiquedoitêtreassuméejusqu’aubout,ycomprisdanssesrésultats.Bourdieu,en1972,danssa théoriede lapratique, formuledes résultats :«Toutsepassecommesi…».C’estunexempledeprisededécisiond’écriturequ’onassumejusqu’aubout.D’unpointdevuestrictementscientifique,ilfautpousserleraisonnementjusqu’àsonterme.Sicelanecraquepas,ilyadeuxsolutions:

- Soitlechercheurestdemauvaisefoi,- Soitcen’estpasuneanalogiemaisunetautologie.

AugustinCournotécriten1912«Fondementsdesconnaissances»quiestunplaidoyerpourl’analogie.Palowskisepenchesurunéventuelrapportentre«LasommedeSaintThomasetlapenséescholastique»etlescathédralesd’ÎledeFranceetl’architecturegothique.Enquoileproblèmedel’analogieimplique-t-illediscourshistoriqueetlemodedeconstructiondecediscours?L’usageducomparatifdanslediscourshistoriqueestcomplexecaronmetencorrespondancedesdonnéeshétérogènessurlabasederecherched’analogies.Onestaupremierstadederecherchedesimilarités:

- 1erproblème:cen’estpasunedémarcheanalogique;- 2e problème : l’historien importe d’autres disciplines des schémas explicatifs qu’il

considèrecommeapplicables(parexemplel’anthropologie)Pratiqueauniveaudel’importationetdeladiscussion:Jean-Claude Schmidt revenait sur le sujet en 2006-2009 : « L’historien comparenécessairement,sinoniln’yapasd’intelligencehistorique».L’historiencomparebeaucoup,maisnepratiquepaslecomparatisme.Cette comparaison sans méthode des historiens s’apparente à une analogie sauvage,consubstantielleaudéveloppementdelasciencehistorique.Dèsqu’onacommencéàfairedel’histoire,onacommencécommecela.Berthold Georg Nebehr, considéré comme historien, écrit « Romanische Geschichte » en1811.Dans ce texte, Nebehr traite de la question romaine et pense être parvenu à faire unecomparaisonentrelatransmissionfoncièreduseulroi,àRomecommeenInde.Henry Maine considère que l’Inde lui fournit un cadre de mise en ordre de la propriétécollectiveenEurope.C’estaprioriunbontravail,àl’exceptiondufaitquelamanièredontletravailesteffectuéposeunproblème.Dès1800,FusteldeCoulangestravaillesurlesrapportsentrel’histoireetd’autresdisciplinesàproposdesesrecherchessurlesdroitsdepropriétéchezlesGrecs.Durkheimsommeleshistoriensdemettrelacomparaisonaucœurdeladémarcheexplicative.Leshistoriens restent sur ladéfensiveet il faut attendre l’entredeux guerrespourque lacomparaisoncessed’êtreunpalliatifhonteux.Marc Bloch s’engage en faveur d’une histoire comparée des sociétés européennes. Il estcandidatauCollègedeFrance.Blochdéfinitàcemomentdeuxformesdecomparatisme:

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- Rechercherlesdifférencesentredeuxsociétésvoisines,contemporainesetissuesdumêmemoule;

- Trouverdes similitudesqui nepeuvent s’expliquerparune communautéd’origine,dansl’espaceoudansletemps.

C’estcettedeuxièmeoptionqueBlocha lemoinsdéveloppée.Ilasurtouttravaillédanslecadrede la premièreoption, par exemplequand il comparedes féodalitésmédiévales enEuropeetauJapon.CommeBloch,leshistoriensontsurtoutpratiquélaformecomparativedu1ertype,parfoisélargieentrel’Occidentetl’Islam.Laméthodecomparativen’aétépratiquéequedanslecadredel’anthropologiehistorique.Pourqueletravailsoitanalogique,ilauraitfalluallerjusqu’aubout.On s’est limité au comparatisme sauvage et la méthode a été élaborée sur la base defondementsquin’ontriendescientifique.Ceciestliéàlastructureduchampacadémiqueglobaldansl’entredeuxguerres.Ladécolonisationadétruitleparadigmeprimitifetilafalluopérerunreclassementurgentdesethnologues.Il ne leur restait plusque l’histoire évènementielle et les ethnologues, pour légitimer leurexistencescientifique,ontentreprisderedéfinirleurmétier.EnFrance,en1949,Lévi-Strausspublieunarticlesurlesrapportsentrehistoireetethnologiedanslequelc’estlasociologiequifaitlesfrais.Ce mouvement de repli trouve des échos à, la fin des années 50, précipités par ladécolonisation.Onassiste àuneOPAdesAnnales sur l’anthropologie. Il fautpour cela se replongerdansl’atmosphèredel’époqueoùl’universitérègneenmaîtresurl’académie.L’EHESSn’existepas.Ungroupedechercheursvatenterdedélégitimerlapratiquedeshistoriens.André Glurière, moderniste, considère que l’histoire se caractérise par son caractèrespongieux.L’anthropologieestlaplusstructuréedessciencessociales.La mollesse de l’histoire n’a d’équivalent que sa capacité d’intégration. Il s’agit d’unecorporationtrèshétérogène.LesAnnalesd’HistoireEconomiqueetSocialepeuventêtrelevecteurducombatmenéparBlochetFebvre.Blochn’estpaséluauCollègedeFrance.LucienFebvrejusqu’en1956estdirecteurdesAnnalesetprésidentdela6esection.C’est au début des années 60 que s’amorce dans les Annales et l’EHESS la conversion del’historienàl’anthropologie.Le Goff en 1964 écrit qu’il souhaite faire appel à l’anthropologie. Le texte de l’ouvrage adisparuen1977.LeGoffen1977s’exprimeunbulletind’histoireetiln’apluslesaccentsbelliqueuxde1964.Enmai1968onassisteàunemultiplicationdesuniversitésetdesjeunesassistants.Unerévolutioninternea lieuen1969avecl’éloignementdeBraudelauprofitd’uncollègeéditorialquiimpulseunmouvementdeconversiondel’histoireàl’anthropologie.Tout ceci s’accompagne d’un grand dynamisme médiatique associé à un contrôle descollections.Cettestratégieestdestinéeàimposerl’anthropologiehistorique.Ilfautattendre1982pourquecelienconsubstantielnesoitplusaussifort.Lanouvellerevueintitulée«RevueMédiévale»seveutclairementnerevued’anthropologie.Onconstatealorsunsuccèsremarquabledel’anthropologiehistorique.

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GeorgesDuby a été proche de l’école des Annales sans faire vraiment de l’anthropologiehistorique.Ilreconnaîttoutefoisclairementladettedel’histoire.Dubyattaquelamanièredontleshistorienssesontservisdel’anthropologiemaisilposeleproblèmeduvocabulairedesethnologuesfaisantappelàdesnotionsmédiévalesavecfief,mariageetc.Onestlàdansleproblèmedel’analogiequifonctionnedanslesdeuxsens.Alafindesannées80,c’estledébutdureflux.Aujourd’hui, l’anthropologie semble avoir largement disparue du débat scientifique ethistorique.Alain Guerreau a publié deux ouvrages à 20 ans d’intervalle et en 1980, il y avaitl’anthropologie. Dans l’ouvrage suivant, elle a disparu et pourtant, elle continue à êtrepratiquée.L’anthropologieestdevenue«l’eaudubain»dontparlaitDuby.C’estcetteanthropologiehistoriquefrelatéequiapersisté.Ilyadonceuunerencontreratéeentrel’histoireetl’anthropologie.Leshistoriensontfaitducannibalismenotionnel.Ilsnesontjamaisdevenusanthropologues,maisilsontfaitdel’anthropologieunetechniqueintellectuelle.Danslaplupartdescas,ilsontutilisédesrecettesquiontexaspérélesanthropologuesdontlematériauétaitutilisé.Iln’yapaseud’échanges,carlesanthropologuesnevenaientpasauxséminairesd’historiensconsacrésàlaparenté.L’enrichissementdesquestionnairesavecamour,sexe,mort,etc.n’estpasunegarantiedevaleur.Ladémarcheestvictimedesonsuccès.En même temps, les réflexions autour du mode opératoire que représente l’analogiedisparaissent.Voicideuxexemplesderatagequicontinuentàfonctionner:

- Lelignage:Danslesannées80sedéveloppel’idéed’unemutationlignagèreauxXIeetXIIesièclesavecdespratiquessuccessorales:

- Lepersonnageprincipal,GeorgesDubyrelayeletravaildeKarlSchmidt;- L’attentionestportéeenFrance,surlesrapportsdeparenté.

CephénomènepouvaitexisterenFrance,surlethèmedupatrilignage.Cettethéorieestentraindedisparaîtreetiln’enrestequequelquestracesdanslesmanuels.Cedoubleraisonnementanalogiquesemetencircuitfermé.Lelignageestcourantdanslestextesmédiévaux,maiscen’estpaslelignagepatrilinéairedesanthropologues.A partir des années 80, il se construit un discours de pratiques successorales qui vontprivilégierlesgarçons,sansquelesfillesperdentleursdroits.IlfautattendreladeuxièmemoitiéduXVIIesièclepourl’inversionversunvraipatrilignage.Cette notion de lignage qui se transforme, à l’époquemoderne, en cadre patrilatéral, estabolieàlarévolution.Ce termedevientobsolèteet tous cesmotsde l’AncienRégimeontété récupéréspar lesanthropologues.Toutlevocabulairedelaparentéestissudel’AncienRégime.Pourétudier lesanalogies, il fautalleraudelàdesmotset c’est là,d’aprèsDuby,qu’onaperverticettenotion.

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Barthélemyapervertil’héritagedeDubyetlelignage,carDubyneparlaitpasd’anthropologie.Lelignagemédiévalestàlasociétémédiévale,cequelelignageprimitifdesanthropologuesestàlasociétéprimitive.Sionpartduprincipequelesdeuxlignagessontéquivalents,ontombedansunetautologie.SchmidtaététrompéparlastructurelignagèredesarchivesenAllemagne.

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26/02/2016Usagedelacitation–JulieClaustre–

Réflexionsurl’écrituredel’histoireaumomentdelamiseenforme

LadéfinitiondelacitationdansletrésorinformatisédelaTLFest:1- Actiondeciterenjustice:sommation,ajournement,assignation(5XIVesiècle).2- Actiondeciterlaparole,lesécritsd’unauteur((XVIIesiècle),3- Récompensehonorifiquedécernéeàunmilitaireouuneunitépourunfaitd’arme(fin

XVIIIesiècle).Onnavigueentrelapreuveoul’hommage.Ladéfinitiondelacitationenhistoire:C’estunetechniquedediscoursengénéralquiestoralouécrit.Danslesensn°2,c’estl’actiondereproduirecequiaétéditouécritparunautre.Danslamesureoùc’estuneextractiondeparolesoudephrases,onparlerad’énoncé.Ladéfinitioneststricte:lamention,l’allusionoulasimpleréférencesontexclus.C’estainsiquechezLeGoff,iln’yapasdecitation.L’intertextualitéestl’interactiontextuellequiseproduitàl’intérieurd’unseultexte.Cepeutêtre:Citation,plagiat,allusion,référenceoulienhttp.Ondistingue2typesdecitations:

- Epistémologique(ouintertexte),- Documentaire(ouinfratexte)

Ladisciplinehistoriqueabeaucoupdéveloppélacitationdocumentairemaispeulacitationépistémologiquequipermetdedénaturaliserlapratiquedelacitationdocumentaire.

I. FORMESDELACITATION:1. Marqueurssémantiques:

Toutesleslangues,ycomprisnonécrites,utilisentleprocédédecitationetellesontrecoursàdesoutilslinguistiquescommelesverbes(ilditque,ilsedemandesi,etc.).OnpeutfaireréférenceàDavidHOLSON,L’universdel’écrit.D’aprèsHolson,certaineslanguesdisposentd’inflexions,d’attitudes,poursignalerlepassageàlacitation(élocutionralentieparexemple).Cesmarqueurspeuventse retrouverdans la langueécriteetcertainssontspécifiquementgraphiques.Onpeutciterlesrèglesdecitationd’unéditeur:LespublicationsdelaSorbonnemarquentavecguillemetslesproposrapportés,oupassentduromainàl’italique,oulamiseenpagevarie.Laplacedelacitationdanslecorpsdelapageestunenjeufortetonpeutprévoirundécalagepourlesgrossescitations.Autreexemple:MarcBlochciteentreguillemetspourlefrançaisetennotedebasdepagepourlelatin.Leplacementdel’énoncécitédanslecorpsdutexteluiconfèreuneimportancecrucialedansleraisonnement.

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S’ilyauncommentaireserré,ilfautqu’ilsoitdanslecorpsdutexte(qu’ils’agissedufrançaisoudulatin).D’autrescitationspeuventsepromenerailleurs(épigrapheouexergue).Onpeutplacerentêted’unouvrageoud’unchapitreunénoncéconsidérécommeimportant.Lacitationentitredoitêtretrèscourte(ex:«Degrâceespecial»)Cette citation en épigraphe a un but ornemental et elle introduit des textes étrangers aucorpus.Lacitationenépigrapheestrarementcommentée.Ellesertprincipalementàlancerlediscoursdel’historien.Ellejoueunefonctiond’embrayageetelleestdestinéeàséduirelelecteur.C’estunefaçonderattacherl’histoireàlalittérature,aumomentoul’histoirerevendiquesascienticité.C’est ornemental,mais cela annonce une réflexion sur ce qui va être commenté dans unchapitredelathèse,parexemple.Ilestrarissimequeleshistoriensplacent,entête,descitationsquinesontpasdocumentaires.Lacitationenappendiced’unmémoireoud’unlivreestunegrossecitationdéveloppéesurplusieurs pages. Bloch et Le Goff parlent d’appendice, Alain Bourreau parle de note oud’annexe.L’appendice, ou annexe, doit être associé à la justification explicite du choix de ce typed’édition.Trèspeud’historiensapportentcettejustification.BourreauetLeGoffnelefontpas,MarcBlochlefait.MichelDECERTEAU,L’écrituredel’histoire,1975,Reed.2002,p.130«Seposecommehistoriographique lediscoursqui«comprend»sonautre, lachronique,l’archive, ledocument, c’est àdire celui qui s’organiseen texte feuilleté, dontunemoitiés’appuiesurl’autre,disséminée,etsedonneainsilepouvoirdefairedireàl’autrecequ’ilapensé,sansl’exprimer».Procédésdecitationsdanslesmanuscrits:

- Soulignementdel’énoncé(danslamêmecouleurouenrouge)- Utilisationd’uneautreencre(dichromie)- Décalagedel’énoncéparrapportàlajustification,- Signalementdel’énoncéparunpieddemouche(¶)- Placementdel’énoncécomplètementenmarge,- Signalementdel’énoncéparuneinitialerehausséedecouleurs,- Insertiondunomdel’auteurendébutdecitation,- Signalementdel’énoncéparunsignerépétéenmargedeslignes.

Cesprocédésgraphiquessontanciensetnombreux(àvoirsurlesiteCodicologia,àlarubriqueCitations).Procédésdanslesdocumentsd’archives:

- Référence à la Lex Gothorum dans les documents catalans des IXe au XIIe siècles(MichelZimmermann),

- Citationsréférencéesauxlivres,chapitresdecetteloi,- Connecteurssémantiquescomme«Ubidicit»«Sicutlexgothorumcontiner»,- Placedansledispositifdel’acte,cesmentionsdevantconférerunelégitimitéàl’acte,

afindefonderetargumentersurundroitprécisLadiversitérépondàdestactiquesd’argumentation.

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Procédésdecitationchezlesécrivainsanciens:- BernardGUENEE,Histoireetlecturehistoriquedansl’occidentmédiéval- LaurentMORELLE,Lamiseenœuvredesactesdiplomatiques

Analyse(ourejet):Unmoine,quisefaithistorien,analyseunacteantérieur(charte)etenfaitunrésuméaunomdelabrièveté.Vientensuitelacitationintégrale:

- Fusiondelacitationetdurécit,- Recomposition de la citation (ex. Vie de Bouchard XIe siècle). La vie de Bouchard

comportequatrediplômesroyaux;- Transformationdel’énoncédelacitation:Lachartedevientdiscours(GestaDagoberti

IXesiècle).C’estunetechniquedefusiondelacitationdanslerécit;- Miseenscènedel’énoncé:«Envoiciletexte…»,parexempleRicherdeReimsintègre

danslerécitleprivilègepontifical.Cesexemplesanciensmontrentlagrandevariétédestypesdecitationsquiestlapreuved’unegrandeingéniosité.

II. USAGESETFONCTIONSDELACITATIONENHISTOIRE:1. Lacitationépistémologique:

- Citerpourformuler,- Citerpourembrayer,- Citerpourélaborer(fonctionprincipale),- Citerpourrévérer

Pourformuler:Un auteur aide à formuler une idée. Ceci peut justifier des emprunts éloignés du corpusprofessionnel(ex:Proustpourlesphilosophes).Pourembrayer:L’embrayage rhétorique est une pratique très ancienne. Ce n’est pas pédagogique, maisseulementornementaletpermetdemettresurpiedslacharpentedudiscours.Pourélaborer:Ils’agitd’élaborerunefonctionderecherchequivas’affineraucoursdel’écriture.Lalectureestsuivied’unediscussionserrée.LeGofffaitainsiungrosdéveloppement,dansl’introductiondesonSaintLouis,encitantdessociologues,deshistoriensetdesanthropologues,maisilnecitequeceuxquiviennentdefaireunehistoriographiedeSaintLouis.Onpeutciterlorsqu’ils’agitdejustifieruncorpus,ouunenouvelleméthoded’analyse.;cetteprocédureestsouventexigéeparleséditeurs.Lacitationépistémologiquenedoitpasseréduireàuncataloguehistoriographique.Ellejoueunrôleimportantdanslacontroverseindividuelle.Lacontroverseestrareetlescitationsdanslacontroverselesontencoreplus.Pourrévérer:

- Dansleregistreprimaire,ils’agitdeciterlesagentsd’unmêmechampdisciplinaire,dansunelogiquedecooptation,deconnivence,d’appartenanceoud’autopromotion.

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- Dans le registre secondaire, il s’agit de citer les agents extérieurs au champ. Leslogiquessocialessontdifférentes:Onestdansunelogiquedeclassement(pourseplacerdanssonchamp),d’impositionjuridictionnelle,deretouroudelégitimation.

- Dans le registrenégatif, onestdansune logiquedenon citation, d’occultation, deraréfaction,d’ignorance.

Quandoncite,onrenforcel’autoritédeceluiquel’oncite,notammentparlascientométrieetlecalculdufacteurd’impact.Onévalueeneffetunchercheuraunombredecasoùilaétécité.Risquesetpérilsdelacitationépistémologique:Danslapratiquedel’historien,letextehistoriquerestera.Ilyaunrisque:

- D’effacementdel’auteur,deservilité;- D’éclectismecitationnelcequipeutprovoqueruneincohérenceentrelecorpusetla

citation;- Moraletjuridiquedeplagiatoudecontrefaçon;- Rhétoriquedelongueuretdelourdeurdutextescientifiqueavecunedistorsiondans

lacontinuitédudiscours.

2. Lacitationdocumentaire:

C’estunprocédédeprobationenhistoireoud’annexiondupassé.Ilexiste3procédésdeprobationfondamentaux:Laréflexion,lacitationetlanotedebasdepage.L’histoireestunesciencequis’appuiesurdespreuvesextra techniques,principalement lematériaudocumentaire.Ceci est lié aux conséquences du « linguistic turn » qui s’est élevé contre le caractèrescientifiquedurécithistorique.HaydenWhite,RogerChartier,CarloGinzburgsontauxracinesd’unparadigmejudiciaire.

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10/03/16StéphaneLamassé:Représentationgraphique

Letableaugraphiqueestliéàl’histoirequantitative:Ils’agitd‘écrireduchiffre.Il fautseposerdeuxquestions :GeorgesDubyetAlainCorbinnepeuventpasparlersanschiffrecarlechiffreestunélémentindissociabledelapensée.Lestableauxapparaissentcommedestémoinstransparentsdelasociétéqu’onétudie.Ilfautdissiperdeuxmalentendus:

- Ne pas céder au premier réflexe, intenable, consistant à dire « il ne faut pas dechiffres»;

- Onnepeutpasfairen’importequelgraphique!Lorsqu’on écrit de l’histoire, il faut nécessairement s’interroger sur les tableaux et lesgraphiques.Dansunouvragedevulgarisation,laquestiondutableaugraphiquedoitêtreapprofondieetilfautqueladimensionsoitsuffisantecaruntableautroppetitestillisible.

I. LESTABLEAUX:Lessociétésanciennesutilisentdestableauxpourenregistrerdesphénomènes.Nousavonsparexemplelestablesalphonsines1etlestablesdemultiplicationmédiévales.Présenteruntableau,c’estmettreenmémoire.Lesdonnéesdoiventêtrestructuréescommec’estparexemplelecaspourunrecensement.Letableausertàécrire,àvoiretàcomprendre.Quandonfaituntableau,onfabriquedel’éruditionscientifique.

II. TYPOLOGIEDESTABLEAUX:1. Tableaudedonnées:

C’estleplussoupleetlemoinssouventprésentdanslesarticlescarilpeutêtretrèslong.C’estdommage,carsanstableauonenlèveuncritèrederéfutabilité.AvecdesbasesdedonnéesouExcel,onpeutfaireautantdetableauxquel’onveut.Cepeutêtre:- Lamiseencomparaisondeladistributiondedeuxvariables;- Lamiseenévidencedesujetsparticuliers.Nosyeuxrecherchentdesprofils.JacquesGoodyécritdansLaraisongraphique:«Onvaforcerleréelpourlefaireentrerdansletableau».Ceciprésentel’avantagedecréerunespaceconventionneldecomparaison.Letextedoitexpliquercommentletableauestconstitué,soitdanslecorpsdutexte,soitennotedebasdepage.

1Tablesastronomiquesconçuesen1252pardesastronomesarabesjuifsetchrétiens,utiliséesjusqu’auXVIesiècleetremplaçantlestablesdePtolémée

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Le tableaupeutcomporterdesmarges : lamargeverticaledonneparexemple lenumérod’individuetlamargehorizontalelescaractéristiques.L’objetdutableaudoitêtredéfiniavecparexemple,genreetâgecôteàcôte.Onpourraitajouterâgeetpoids.Cequicompteavanttoutc’estlalisibilitéquipermetdedéterminerl’objectifdutableau.Ilfauttravaillersuruntableauhiérarchiséavecunobjectifetondoitêtrecapblederetrouverlesdétailsdescalculs.Lelecteurvaseposerquatrequestions:

- Objectifdutableau;- Fiabilitédelasource;- Variablesutilisées;- Quellesinformationsretirerdeslignesetdescolonnes.

Ons’intéresseaupotentieldutableau.

2. Tableaudedistribution:

Ilcomportetroismarges:Verticalesgauchesavecdonnéeshorizontalesetverticaledroite.Cetypedetableaus’accompagnegénéralementd’unereprésentationgraphique.

3. Tableaudedistributionagrégé:

Ils’agitderépartir,àpartird’unmêmecaractère,unensembledepopulationsagrégées.Lamargesupérieuredéfinitlalistedesmodalitésdelavariable.Unevarianteexisteavecladistributiontemporellequisertàpercevoiruneévolution.Cestableauxsontdifficilesàexpliquercarlesvariationssontduesàdesévènementsoudeschangementsd’indicesoud’autresraisons.Onpréfèrelegraphiquetemporel.

4. Tableaudecontingence:

Il comporte des sommes de lignes et des sommes de colonnes. Il n’y a pas de videmaiséventuellementlavaleurzéro.Letableaudecontingencefaitapparaîtrelessommesmarginales.Cetableauestaussiunmodedevisualisationdesdonnées.Sur un tableau de contingence, on peut essayer de rapprocher des histogrammes qui seressemblent.Lestableauxsont lesupportdocumentairedeshistoriensàvenir. Il fautfairepeu,maisdebonstableaux.Dansuntableaudepourcentages,ilfautdonnerlapopulationtotale.Avecuntableauagrégé,ondoitretrouverletableauinitial.Ilfautunearticulationclaireentretexteettableau.Ilfautégalementcommenterlaraisond’êtredugraphiquequiaccompagneletableau.Ilfautaugmenterl’efficacitévisuelledutableauet,s’ilestendésordre,lecompléterparundeuxièmeordonné.

5. Graphiques:

Legraphiqueestpluslisiblequelareprésentationtabulaire.

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Onfaitungraphiquepourmontrerquelquechose.Surcplan,Excelposeunproblèmecariln’apasderègledesémiologie2graphique.Legraphiquecomporte:

- Untitregénéral;- Lenomdesaxes;- Lesgraduations;- Lesformessignalantlesindividus.

Lapolicedecaractèresdelasourcedoitêtrepluspetite.Ilfautéviter:

- Lessuperpositionsdesymboles;- Leseffetsdeperspective;- Lessurfaces;- Lesangles.

Ilfautavanttoutviserlasimplicitéettransmettreunmessageprécis.LespremièresinterrogationsrelativesàlareprésentationgraphiqueremontentauXIVesiècle.

2Sciencequiétudielessystèmesdesignes

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24/03/16Usagedescartes:HélèneNoizet

Leshistoriensnesontpasbonsencequiconcernelescartes.Ilsn’ontjamaisapprisàproposerdeuxlogiquesd’expositiondifférentedurécit,sanspasserpardesétapessuccessives.Danslamajoritédescas,lescartessontexposéesaprèscoupetaprèslediscours.Apartir des années90, avec les systèmesd’informationgéographiques, onapu fairedescartesd’hypothèses,avantlediscourshistorique.Onnepeutparlerdecartesansuneéchelle,uneorientationetunelégende.Idéalement,ilfaudrait ajouter la source des données et les droits éventuels (vital pour les donnéesstatistiques),ainsiquel’annéedeproductiondelacarte.Voiràcesujet:

- JacquesBERTIN,Lasémiologiegraphique(3vol.),1967- Didier POITEVIN, La carte moyen d’action, guide pratique pour la conception et la

réalisation,Ellipses,1999Ilfautéviterles«camemberts»caronperçoitmallesanglesetnepasprévoirplusdecinqcatégories.L’implantationsurfaciquezonalepeutêtreencouleurouengrisés.Ilfautéviterleponcifdelareproductiond’unmêmemotifouunmêmeobjetpourenfaireunetrame.Quand on change d’échelle, on change d’objet. Pour changer d’échelle, on procède à lagénéralisation.Onpeutainsipasserd’églisesavecdesplansausolàdespoints.Onpeutjouersursixvariables:

- Taille;- Forme:Lerenduvisuelestdifférentselonlesformes;- Couleur:Lasensationesttransmiseaucerveauparlalumièreprojetéesurl’œil;- Valeur:Lerapportentrequantitédeblancetquantitédenoirsurunesurfacedonnée;- Orientation:Ils’agitdechangerl’angledesfigures;- Grain:C’estlaquantitédetachesdissociables.

Pourexprimerunedifférence,lacouleurestutile.Legrainestutilisépourdifférencierlesimplantationszonales.

I. PRESENTATION:Ils’agitdereprésenterlepassageentrelacartographievectorielleetlescartesprocédurales.Fairecorrespondreuntableauàchacundesobjetsexposésdanslacartevaleurdonnerdusens.Apartirdumomentoùonpeut faire le liendirectemententre l’objetet la carte,onpeutchangerd’échelle.Lerapportd’échelledoitêtresoigneusementadaptédansunsystèmevectoriel.Lacarteprocéduralechangetoutdansl’analysedesdonnéesspatiales.Onpeutainsifairedescartespourrien,àtitredetestetlesabandonnerensuite.Onvaconstruireenfonctiondesrésultatsdelacarte.

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II. DONNEESQUANTITATIVES:Les possibilités d’exploitation des données en grand nombre sont démultipliées parl’utilisationdesdonnéescartographiques.Le géocodage est une attribution par un système d’adressage qui permet de projeterautomatiquementlesdonnéessurlacarte.3Unexempleconcerneledroitdevoiriedansl’enchevêtrementdesseigneuriesautourdelaruedelaVieilleMonnaie.Leroivaexercerledroitdevoirie.Lorsqueleseigneurfoncierdétientlesdeuxcôtésdelarue,c’estluiquialedroitdejuger.Sileseigneurdiffèredepartetd’autredelarue,ledroitdevoirierevientauroi.C’estainsiqu’en1300leroidétient63%desdroitsdevoirieàParis.

3VoirleprojetAlphapage

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14/04/16Champsdepublication:GuillaumeCalafat

I. ETAPES ACADEMIQUES DE L’ECRITURE DE L’HISTOIRE (EN FRANCEPRINCIPALEMENT):

1. EnM1:

Onattendunrapportd’étape:Ils’agitd’unemanièrededéfinir,dansunchampaprticulier,unsujetd’histoire.Onposeàceniveauuncertainnombredequestionsens’appuyantsurl’existant.Ondoitfaireunbonusagedesnotesdebasdepageetdesréférences.Lerapportd’étapeestefficaces’ilarriveàfaireémergerunsujetd’histoire.

2. EnM2:

Onarriveausujetd’histoireetc’estunemiseàl’épreuvedecequeleM1doitpromettre.Ilfautparconséquent,enM1,éviterdefermerdespistes.LeM2doitamenerlelecteuràconsidérerqu’ils’agitd’unsujetdethèse.UnbonM2doitfairel’objetd’unbonarticleetlapublicationpeutarriverasseztôt.

3. LaThèse:

AprèsleM2,ilfautpasseràlathèse.Auparavant,onavaitdesthèsesd’Etatquiportaientsur25ans.Aujourd’hui,laduréeestde3à5ans.On prend en considération des thèses d’état comme La Méditerranée de Braudel ouMontaillouVillageOccitandeLeRoyLadurie.Laréformedesthèsesaeulieuen1985.Avant,onenseignaitaulycéeavantsathèse.De1985à2000,onattendaitencorequelquesthèsesd’Etat.Leschosessontentraindechanger,avecenplus,uneharmonisationeuropéenne.Lesujetestdésormaisréalisableen3à5ans.On attend de la thèse un document d’aumoins 500 pages et les thésards et les éditeurss’affrontentsurlesnotesdebasdepage.L’habilitationestuneétapeaucoursdelaquelleonn’apasundirecteurmaisungarant.On attend désormais plus d’originalité que dans la thèse classique ; on peut faire descomparaisonsetproposerdenouveauxchampsderecherche.Danslemondeallemand,onn’estqualifiéquesionapubliésathèse.Lemondeanglo-américainmetbeaucoupdetempsàpublier.Ledélaid’attenteestde5à7ans.CedélaiinclutleMaster,c’estdonc2+3.Les chercheurs sont sur des pistes académiques qui sont confirmées en fonction de lapublication.Ils’agitd’unlongprocessuséditorialsanctionnéparaumoinstroisjurys.

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EnFrance,iln’yapasd’obligationdepublier.OnpeutavoirrecoursauxP.U.F.,àl’Harmattanprivé,auxP.U.deRennes,maisaussiàdesgénéralistespluspuissants.SurlesiteHAL,ontrouvedetoutetnotammentdestravauxbrutsquin’ontpasétéédités.OnpeuttrouveraussidesmémoiresdeMasterenligne.Rienquepourl’histoirerécente,surHAL,ilya489thèsesenligne.« L’open-access » est très discuté en ce qui concerne les conséquences économiques surl’édition.

II. LESARTICLES:L’articleestundesmoyenslesplusfréquentsdefaireconnaîtresontravail.C’estuneunitéd’évaluationdeschercheurs.Lesrevuesnesontpastoutesidentiques.Ilnefautpashésiteràsoumettresonarticleauxgrandesrevues, laplusancienneétant larevuehistorique.Unarticlepeutsynthétiserouannonceruntravailderecherche.Onpeutallerjusqu’à80000signesdanslarevuehistorique.LesAnnalessontdesarticlesoudesenquêtessurl’étatdel’art.Pluslarevueestspécialisée,moinsonauradevuesgénéralistes.Lesrevuessoumettentleursarticlesàdescritiques.Revue«Genèse»deJosephMorsel.Onpeutpubliersansclassementoudansdesnumérosspécialisés.Cesrevuessontenvoiedemutation(cf.Art.17delaLoiNumérique).Lesannalesontdescontenusenrichis.Depuis1880,unarticlefaitentre8000et100000signes.Leformatnumériqueengagelechercheuràtravaillerdifféremment.www.revues.orgHypothèsesquiestuneassociationdeblogsdechercheurs«DevenirHistorien»estimportantpourlaméthodologie.L’articlederevueestplusvaloriséquel’articledansunouvragecollectif:Dansl’actedecolloque,l’introductiongénéraleposelesujet.Lescolloquessontdemoinsenmoinsvalorisés.Lesarticlessontparfoisinégauxdanslesactesdecolloques.Pourlesouvragescollectifs,c’estdifférentetgénéralement,cesontdessynthèses.On peut avoir des mélanges en l’honneur des grands maîtres (notamment avec lespublicationsdelaSorbonne).C’estextrêmementinégal.Onaparfoisdetrèsbeauxarticles,notammentdanslesannées50-60.Onadesmélangesimportantsdanslesuniversacadémiquesallemandsetitaliens.Onlestrouvesurdesarchivesouvertesmaisonnepeutpasciterdesarchivesouvertesetilfautpasserparlaversionpubliée.Ilfautprivilégierl’articleetnepaslenégligerdansl’historiographie.Lesautrestypesd’articlespeuventêtre:

MichelGréget Morsel:Ecrituredel’histoire M1

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- Lesrecensionsquisontdescomptesrendusparordrechronologique(lesAnnaleslesdonnentparordrethématique).

- LesiteISIDOREestefficacecommemoteurderecherche- LaViedesIdéesestuncompterendud’ouvragesparusdansl’année

Lesnotescritiquessontdessériesdelivresmisensemblepourfaireunbilanhistoriographiquedansundomaine.Lanotecritiqueestundeslieuxlesplusintéressantspourlacommunautédechercheurs.LarevueCRITIQUEenestunexemple.C’estintéressantparcequeletravaildedéterminationduchampestdéjàeffectué.Lesnoticesdedictionnairesetd’encyclopédiesnevientjamaisseule;ellesortgénéralementd’unlivredel’historien.Onneciteplusuneencyclopédiecarcen’estqu’unoutildetravail.Les articles de divulgation sont utiles pour l’agrégation. Le numéro sur les grandesdécouvertesde2005estintéressant.Ilfautdistinguerlesarticlesdelatribune.

4. LaMonographie:

Ondistingue:- L’ouvragederecherchequiprésenteunécartéditorialavecnotes,annexes,etc.La

tendanceestplutôtaurétrécissement.- Le«secondbook»quiestunbontestdelacapacitéàtoucherunlargepublic.- L’essai/manifestepourlequelilnefautpaspasserparlesP.U.F.Ilpeutêtrepubliéen

pochepourtoucherunlargepublic.Ilfautarticulerleschoixéditoriaux.Ilyauncôté«polémique»dansl’essai.

- L’ouvrage de synthèse et le recueil d’articles. Il est difficile d’évaluer la qualité del’ouvragedesynthèse.Onsupposequelesgrandsévènementssontconnus.Ilnefautpasciterlesgrandsouvragesdesynthèseetdistinguercequ’ilnousapprendetcequ’ilapprendàlacommunauté.

- Ilfautseméfierdesouvragesdefindecarrière,danslestyle«vertigedelacarrièrebienremplie».C’estainsiqu’ilfautseméfierdesproposdeJacquesLeGoffàproposdel’argentaumoyen-âge.