contacts linguistiques dans l’occident méditerranéen ancien

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COLLECTION DE LA CASA DE VELáZQUEZ VOLUME 126 CONTACTS LINGUISTIQUES DANS L’OCCIDENT MéDITERRANéEN ANTIQUE ÉTUDES RÉUNIES PAR COLINE RUIZ DARASSE ET EUGENIO R. LUJáN MADRID 2011 Ouvrage publié avec le concours du Ministerio de Ciencia e Innovación et de l’université Complutense de Madrid

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C O L L E C T I O N d E L a C a s a d E v E L á z q u E zV o l u m e 1 2 6

contacts linguistiques

dans l’occident méditerranéen

antiqueÉ t u d e s r É u n i e s p a r c o l i n e r u i z d a r a s s e

e t e u g e n i o r . l u j á n

M a d r i d 2 0 1 1

ouvrage publ ié avec le concours du Ministerio de ciencia e innovación

et de l’université complutense de Madrid

Directeur des publications : Jean-Pierre ÉtienvreResponsable du service des publications : Marie-Pierre Salès

Secrétariat d’édition, mise en pages et couverture : Sakina Missoum Maquette originale de couverture : Manigua

Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre de la « Acción complementaria FFI2008-04597-E » du Ministerio de Ciencia e Innovación

Pour le grec, la police utilisée est IFAOGrec Unicode de l’Institut français d’archéologie orientale - Le Caire

En couverture : « Sans titre », gravure sur bois de Médéric Bottin, 2009 (© Coline Ruiz Darasse)

ISBN : 978-84-96820-61-6. ISSN : 1132-7340© Casa de Velázquez 2011 pour la présente édition

Casa de Velázquez, c/ de Paul Guinard, 3. Ciudad Universitaria 28040 Madrid EspañaTél. : (34) 91 455 15 80. Fax : (34) 91 549 72 50. Site Internet : www.casadevelazquez.org

En application du Code de la propriété intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement, par photocopie ou tout autre moyen, le présent ouvrage sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris).

Cualquier forma de reproducción, distribución, comunicación pública o transformación de esta obra sólo puede ser realizada con la autorización de sus titulares, salvo excepción prevista por la ley. Diríjase a CEDRO (Centro Español de Derechos Reprográficos, www.cedro.org) si necesita fotocopiar o escanear algún fragmento de esta obra.

Le catalogue des publications de la Casa de Velázquez peut être consulté sur le site Internet de l’établissement ou expédié sur demande

sommaire

abréviations ix

introductiondeColine Ruiz Darasse 1

I. — Péninsule Ibérique

Francisco Beltrán Lloris et María José Estarán Tolosa

Comunicaciónepigráficaeinscripcionesbilingüesenlapenínsulaibérica 9

Javier de Hoz

Lasfuncionesdelalenguaibéricacomolenguavehicular 27

Joaquín Gorrochategui

Contactoslingüísticosyepigráficosenlazonavasco-aquitana 65

Javier Velaza Frías

LoscontactoslingüísticosenlaHispaniaprerromanayromana.Cuestionesconceptualesymetodológicas 89

II. — Afrique du Nord

Carles Múrcia

Quesait-ondelalanguedesmaures?Distributiongéographiqueetsituationsociolinguistiquedeslanguesenafriqueproconsulaire 103

sommaireVIII

III. — Domaine italique

Sylvain Destephen

LacoexistencedugrecetdulatinenIllyricum(ier-viesiècle) 129

Paolo Poccetti

anthroponymesettoponymesissusd’ethniquesetnomsgéographiquesétrangersdanslaméditerranéearchaïque 145

Gilles Van Heems

Àproposdel’échangegraphiquef‑ / h‑enétrusque.empruntsouinnovationsparallèles? 173

IV. — Gaule méridionale

Michel Bats

emmêlementsdelanguesetdesystèmesgraphiquesenGauleméridionale(vie-iersiècleav.J.-C.) 197

Alex Mullen

refletsdumulticulturalisme.Lacréationetledéveloppementdugallo-grec 227

Peter Schrijver

Lalanguehattiqueetsapertinencepossiblepourlescontactslinguistiquespréhistoriqueseneuropeoccidentale 241

Conclusionesde Eugenio R. Luján 257

Sources anciennes 269

Bibliographie 271

C. Ruiz Darasse et E. R. Luján (éd.), Contacts linguistiques dans l’Occident méditerranéen antique,

Collection de la Casa de Velázquez (126), Madrid, 2011, pp. 1-5.

IntRoduCtIon

Au cours de ces dix dernières années, les études sur les échanges et les contacts linguistiques, disciplines plutôt récentes, ont connu un élan particulier. un tel engouement pour le bilinguisme dans l’Antiquité interroge nos sociétés occidentales actuelles. La mixité, l’intégration mais aussi des problématiques identitaires sont au cœur de débats politiques sensibles.

Les auteurs anglo-saxons ont nettement contribué à cet essor, soit par des études générales1 qui ne concernent pas précisément les langues anciennes, soit par des études spécifiques2 qui traitent surtout de la période impériale latine. À la suite d’un colloque hispanophone : Lenguas en contacto : el testimonio escrito3 dont Eugenio R. Luján était déjà le co-éditeur, l’ouvrage que nous vous propo-sons ici est constitué d’une série d’études traitant des contacts linguistiques, appliquées à la partie occidentale du bassin méditerranéen antique.

outre le bilinguisme gréco-latin à proprement parler, phénomène bilaté-ral, il nous a semblé intéressant de nous pencher sur les « langues tierces4 », ces langues présentes à l’arrivée des populations grecques ou latines. Langues perdues ou fragmentaires, elles ont coexisté puis disparu à ce contact. des vestiges en sont perceptibles dans les emprunts lexicaux, les interférences structurelles ou encore les adaptations à un système graphique non-natif et donc à une phonétique autre. En ce sens, nous cherchons à nous inscrire dans la lignée du colloque de Cortone (1981), qui traitait de façon plus large des Modes de contact et processus de transformation dans les sociétés anciennes. Il s’agit en particulier de poursuivre un axe de recherche amorcé par le travail de Michel Lejeune sur la rencontre des alphabets avec les langues barbares au cours du ier millénaire av. J.-C.

1 S. G. Thomason, Language Contact ; A. Y. Aikhenvald et R. M. W. Dixon, Grammars in contact ; P. Trudgill, Dialects in Contact parmi d’autres.

2 J. n. Adams et alii, Bilingualism in Ancient Society ; J. n. Adams, Bilingualism and the Latin Language.

3 P. Bádenas de la Peña et alii (éd.), Lenguas en contacto.4 Selon l’expression de F. Biville et alii (éd.), Bilinguisme gréco-latin et épigraphie, p. 10

(« Avant-propos »).

introduction2

Le thème choisi est immense. L’évanescence et la complexité de certains sujets d’études requièrent de mobiliser toutes les pistes méthodologiques pos-sibles, voire d’en créer de nouvelles. Comme Pedro Bádenas le rappelle dans l’introduction des actes du colloque de 2004 : « la metodología para el estudio del contacto linguístico en lenguas que carezcan ya de hablantes requiere metodologías propias5 ». Si l’ensemble des contributions est orienté vers des questions d’ordre linguistique, l’ouvrage se veut aussi et surtout un lieu d’échange méthodolo-gique entre épigraphie, archéologie et histoire.

La visée est complexe et ambitieuse, mais les contacts linguistiques et l’étude de la langue tels que nous les concevons ne peuvent être envisagés sans lien avec un contexte archéologique, historique et social, rendant évidente la pluridisciplinarité de la rencontre. Il nous faut garder à l’esprit l’existence de personnes vivantes (même pour l’étude de langues mortes), d’accents divers, ainsi que de tentatives d’échanges et d’intercompréhension. david R. Langs-low écrit à propos du bilinguisme6 : « [it] is one of these subjects, like medicine, in which nearly every kind of specialist has an interest. » nous souscrivons à cette remarque.

Ainsi, dans ce livre revendiqué comme composite, se côtoient à la fois des analyses d’emprunts phonétiques7, de contextes archéologiques8, mais aussi des questions méthodologiques9 et des études sociolinguistiques10.

Les choix retenus pour notre problématique relèvent de trois spécificités. La première concerne l’étude de langues pour la plupart fragmentaires : ibère11, vestiges de la langue aquitanique12, traces de la langue des Maures13, langues hattique14, étrusque15 et gauloise16. Comme les sociolinguistes actuels, nous ne

5 P. Bádenas de la Peña et alii (éd.), Lenguas en contacto, p. ix.6 d. R. Langslow, « Approaching bilingualism in corpus languages », p. 24.7 G. Van Heems, « À propos de l’échange graphique f- / h- en étrusque. Emprunts ou innova-

tions parallèles ? », pp. 173-194.8 M. Bats, « Emmêlements de langues et de systèmes graphiques en Gaule méridionale (vie-

ier siècle av. J.-C.) », pp. 197-226.9 J. Velaza Frías, « Los contactos lingüísticos en la Hispania prerromana y romana. Cuestiones

conceptuales y metodológicas », pp. 89-100.10 P. Poccetti, « Anthroponymes et toponymes issus d’ethniques et noms géographiques étran-

gers dans la Méditerranée archaïque », pp. 145-171.11 Voir la première partie (péninsule Ibérique), pp. 9-100.12 J. Gorrochategui, « Contactos lingüísticos y epigráficos en la zona vasco-aquitana »,

pp. 65-87.13 C. Múrcia, « Que sait-on de la langue des Maures ? distribution géographique et situation

sociolinguistique des langues en Afrique proconsulaire », pp. 103-126.14 P. Schrijver, « La langue hattique et sa pertinence possible pour les contacts linguistiques

préhistoriques en Europe occidentale », pp. 241-255.15 G. Van Heems, « À propos de l’échange graphique f- / h- en étrusque », pp. 173-194 ; P. Poc-

cetti, « Anthroponymes et toponymes », pp. 145-171.16 A. Mullen, « Reflets du multiculturalisme. La création et le développement du gallo-grec »,

pp. 227-239.

introduction 3

pouvons vérifier sur le terrain comment se forgent et se présentent ces contacts. La mise en place d’outils et de méthodes pour aborder ces langues est ainsi au cœur de nos préoccupations.

La seconde concerne Madrid, le lieu même où a eu lieu le colloque. Si la péninsule Ibérique est particulièrement à l’honneur, le domaine géographique couvert est ample : Afrique du nord, particulièrement les zones puniques qui correspondront plus tard à l’Afrique proconsulaire, péninsule Italique avec un saut vers la partie illyrienne, et Gaule méridionale. Ce cadre géographique des-sine un paysage linguistique riche et varié. une contribution sur le domaine oriental17 éclaire, par contraste, un point de méthode applicable à l’étude des contacts linguistiques pour des langues de corpus.

Enfin, la troisième spécificité concerne la large chronologie proposée pour cet ouvrage. une riche et longue période, qui couvre des contacts « préhis-toriques » supposés par une langue comme le hatti jusqu’aux éléments très structurés et pour ainsi dire institutionnalisés des contacts entre grec et latin dans l’Illyricum du iiie siècle ap. J.-C., nous permet d’envisager les différentes modalités des contacts ainsi que leurs évolutions en profondeur et leur sur-vivance. Ces processus de transformation s’inscrivent dans la continuité du colloque de Cortone.

L’ouvrage est structuré géographiquement autour de la partie occidentale du bassin méditerranéen. Le parcours s’ouvre, en péninsule Ibérique, autour de questions méthodologiques et théoriques.

Franscisco Beltrán Lloris étudie les cas avérés de bilinguisme sur des supports épigraphiques dont María José Estarán tolosa établit le catalogue raisonné. Les auteurs nuancent leur approche en rappelant que l’épigraphie constitue un filtre culturel subjectif qui doit être pris en considération au moment de l’étude.

Javier de Hoz reprend l’hypothèse de la langue ibérique comme langue véhi-culaire sur le littoral méditerranéen de la péninsule Ibérique et de la Gaule méridionale. En examinant trois zones géographiques, la Catalogne, le Langue-doc et la vallée de l’Èbre, il précise les diverses fonctions remplies par la langue ibère selon les époques et les circonstances historiques.

Joaquín Gorrochategui centre son étude sur la zone vasco-aquitaine. Les contacts linguistiques et épigraphiques de part et d’autre de la chaîne pyrénéenne mettent en jeu des langues voisines (proto-basque, pyrénéen) perceptibles dans l’onomastique. L’auteur étudie l’impact — somme toute limité — de l’influence des pratiques graphiques et linguistiques de l’ibère ou du latin sur la zone vasco-aquitaine.

Enfin, Javier Velaza clôt la partie sur la péninsule Ibérique par une analyse méthodique du concept de Sprachkontakt appliqué aux langues paléo-hispaniques. Cette approche méthodologique, appuyée sur la documentation épigraphique antique, tente de suivre les influences substratiques et leur survi-vance dans les langues romanes.

17 P. Schrijver, « La langue hattique et sa pertinence possible », pp. 241-255.

introduction4

Au-delà de la limite constituée par les Colonnes d’Hercule, nous nous inter-rogeons ensuite sur la situation sociolinguistique de l’Afrique proconsulaire. Le travail de Carles Múrcia établit une cartographie linguistique de l’Afrique du nord ancienne en s’appuyant sur les témoignages littéraires puis sur les témoi-gnages lexicaux paléo-amazighs afin de démontrer le statut de lingua franca de cette langue depuis le limes tripolitanus jusqu’à la numidie.

La troisième section du parcours méditerranéen occidental concerne le domaine italique.

L’Illyricum, étudié par Sylvain destephen, est une région exceptionnelle qui constitue une zone de rencontre et d’utilisation des deux langues officielles de l’Empire romain. L’examen des échanges lexicaux, tantôt en faveur du latin tan-tôt en faveur du grec, dessine une coexistence culturelle et linguistique riche depuis la basse vallée du danube jusqu’à la côte adriatique.

C’est au travers de l’onomastique, et plus précisément de l’étude des noms personnels issus d’ethniques ou d’éléments de toponymie, que Paolo Poccetti aborde la question des contacts linguistiques. Le panorama qu’il dresse de l’an-throponymie dans la documentation littéraire et épigraphique rend compte des interactions des Grecs de Sicile et de Grande-Grèce avec les populations indi-gènes de toute la péninsule Italique.

Enfin, une contribution de Gilles Van Heems prend appui sur le passage graphique de f à h dans les inscriptions étrusques pour mettre en lumière les contacts entre étrusque, latino-falisque et langues sabelliques. La description et l’analyse de cette mutation dans le cadre d’un corpus fermé sont l’occasion de poser des éléments de méthodologie applicables à l’étude dialectologique d’autres langues fragmentaires.

La dernière partie de cet ouvrage clôt le parcours méditerranéen par deux communications traitant de la Gaule méridionale.

L’analyse de la documentation archéologique de quelques sites de la Pro-vence et du Languedoc constitue pour Michel Bats le fil conducteur de son questionnement sur les pratiques graphiques en Gaule méridionale. Il interroge notamment l’usage de langues véhiculaires dans le cadre d’échanges com-merciaux (ibère, étrusque, grec) en soulignant le problème des modalités de la transmission et de l’apprentissage de l’écriture au sein de la société gauloise ainsi que celui de la validité des témoignages archéologiques.

Alex Mullen reprend le dossier du gallo-grec. En réexaminant le rôle de Mar-seille dans la création de ce système graphique, elle retisse les contacts étroits avec d’autres communautés linguistiques.

Les travaux proposés ici ont un point de vue similaire : établir pour des dos-siers spécifiques une méthodologie d’interprétation plus largement réutilisable. C’est pourquoi la dernière contribution, celle de Peter Schrijver concernant une langue extérieure au cadre géographique défini, la langue hattique, propose un exemple-test de reconstruction historique, comme une suggestion et une invite à de nouvelles formes d’investigations.

Les conclusions de Eugenio R. Luján viennent enfin souligner quelques pro-blématiques et ouvertures esquissées dans chacune des interventions.

introduction 5

Fruit d’une collaboration entre la Casa de Velázquez, École des hautes études hispaniques et ibériques, et l’université Complutense de Madrid, ces contribu-tions sont à l’image des questionnements qui nous ont occupés. Le colloque international18 et cet ouvrage constituent eux-mêmes un exemple de contact lin-guistique : français, espagnols, catalans, italiens, anglais, hollandais… Certains ont fait l’effort de parler une langue qui n’était pas la leur, d’autres d’écouter et de comprendre un idiome étranger. Certains ont choisi d’écrire dans une langue qui ne leur est pas familière ou ont eu recours à des traducteurs pour donner à leur travail une autre diffusion.

Aussi ferons-nous peut-être un jour l’objet d’une étude par des philologues et des historiens des temps futurs ?

Coline Ruiz Darasse

18 Les 23 et 24 avril 2009, salle Pierre Paris de la Casa de Velázquez, avec l’aide du Ministerio de Ciencia e Innovación et de l’École française de Rome.

C. Ruiz Darasse et E. R. Luján (éd.), Contacts linguistiques dans l’Occident méditerranéen antique,

Collection de la Casa de Velázquez (126), Madrid, 2011, pp. 257-268.

ConClusionEs

Como corolario a los trabajos reunidos en este volumen dedicado a contactos entre lenguas en el Mediterráneo occidental en la Antigüedad me gustaría reali-zar algunas reflexiones, que necesariamente habrán de ser parciales, a propósito de nuestro objeto de estudio. Aunque sea de forma resumida e incompleta, es imprescindible para ello hacer referencia a algunos problemas generales del estu-dio de los contactos lingüísticos en la Antigüedad. intentaré también poner de relieve cómo se insertan dentro de esta problemática las aportaciones recogidas en esta publicación y cómo contribuyen a un avance de nuestros conocimientos dentro de este terreno. igualmente, haré referencia a algunas de las cuestiones que siguen pendientes y que deberán ser abordadas en futuras investigaciones.

Aunque se trate de algo conocido, es conveniente comenzar por recordar que en toda el área que nos ocupa, la posibilidad misma de estudio de las lenguas indígenas habladas en ella en la Antigüedad se debe a la existencia de contactos culturales y lingüísticos que permitieron la adopción de sistemas de escritura procedentes en último término del Mediterráneo oriental. Desde una perspec-tiva comparativa, si analizamos, por ejemplo, lo que sucede en el otro extremo del Mediterráneo y en el Próximo oriente, el momento en el que podemos comenzar a vislumbrar una historia de los contactos lingüísticos en el Medi-terráneo occidental es bastante reciente, pues en los casos más afortunados podemos remontarnos al siglo vii a.C. para empezar a disponer de documenta-ción directa, como sucede, por ejemplo, con la península itálica1. no obstante, hay que reconocer que podemos retrotraernos algo más en el tiempo a través del estudio de restos onomásticos, fundamentalmente los topónimos, que en ocasiones deben representar un sustrato lingüístico cuya presencia en la zona en cuestión ha de anteceder en varios siglos a la datación de los documentos en los que se nos han transmitido por primera vez2. En todo caso, como puede

1 las más antiguas inscripciones del grupo sabélico conocidas hasta el momento son las de Pog-gio sommavilla (um 2) y Magliano sabino (um 3), del siglo vii a.C.

2 Para una propuesta encaminada a establecer relaciones entre las más antiguas lenguas de sustrato de la Europa occidental y lenguas del Mediterráneo occidental a través de determinados elementos morfológicos y fonéticos detectables en préstamos tomados por las lenguas indoeuropeas

conclusiones258

verse, se trata de fechas relativamente recientes por comparación con las de la documentación del Mediterráneo oriental y el Próximo oriente, una región en la que, debido al temprano desarrollo de la escritura, el estudio de los contactos lingüísticos puede hacerse remontar al iii milenio a.C. y donde disponemos ya de documentación abundante del ii milenio a.C.

Para la península ibérica la documentación indígena más antigua la consti-tuyen los grafitos hallados en la zona de Huelva y en Medellín, que no pueden ser posteriores al siglo vii a.C.3, y, algo después, el signario de Espanca4 y las inscripciones del sudoeste, las más antiguas de las cuales no parece que puedan remontar más allá del siglo vi a.C., aunque la datación de estas inscripciones es problemática5. Esta documentación depende de modelos fenicios, a partir de los cuales se hizo la adaptación que daría lugar al surgimiento de la familia de escrituras paleohispánicas. Fechas similares, concretamente el siglo vi a.C., pueden ofrecerse también para la Galia, aunque en este caso únicamente para las regiones costeras, pues la penetración de la escritura hacia el interior de la Galia a partir de la costa del Mediterráneo es muy limitada hasta época romana. Precisamente, en el trabajo de M. Bats incluido en este volumen6 se realiza una detallada exposición de los testimonios de que disponemos para estudiar los contactos de lenguas en la zona meridional de la Galia entre los siglos vi y i a.C. y, como en él señala, sólo a partir de en torno a 540-530 a.C. comenzamos a tener documentación de una cierta entidad.

Así pues, podemos empezar a contar con documentación de primera mano para conocer la historia lingüística del Mediterráneo occidental gracias a estos primeros contactos culturales y lingüísticos, que debemos situar en el marco histórico general del llamado «periodo orientalizante» y de la época de las colonizaciones7, y desde entonces y a lo largo de toda la Antigüedad van a ser observables en estas regiones occidentales fenómenos de contacto entre lenguas y culturas, con diferentes niveles de intensidad y en diferentes modalidades.

sin duda se puede afirmar de un modo general que toda lengua es una lengua en contacto, ya que no hay comunidades de hablantes tan aisladas que no tengan al menos un contacto esporádico con sus vecinos y no necesiten establecer algún tipo de comunicación con otras comunidades lingüísticas8. Pero la afirmación

puede verse el trabajo de P. Schrijver, «la langue hattique et sa pertinence possible pour les con-tacts linguistiques préhistoriques en Europe occidentale», en este volumen, pp. 241-255.

3 J. de Hoz, «Cerámica y epigrafía», pp. 30-32. un grafito de Medellín podría, incluso, datarse en los siglos ix-viii a.C.

4 sobre este importante documento (MLH iV J.25.1) y sus implicaciones para el estudio de la escritura del sudoeste, véase el trabajo de J. A. Correa Rodríguez, «El signario de Espanca».

5 Véase el resumen de la cuestión en MLH iV, pp. 135-136.6 M. Bats, «Emmêlements de langues et de systèmes graphiques en Gaule méridionale (vie-

ier siècle av. J.-C.)», pp. 197-226.7 Para la introducción de la escritura en Hispania en este contexto, véase J. de Hoz, «la recepción

de la escritura».8 Dejando de lado algunas modalidades de comercio, como el comercio silencioso, practicado

por los cartagineses según el testimonio de Heródoto (iV 196), al que tanta atención se prestó

conclusiones 259

de que toda lengua es una lengua en contacto resulta especialmente apropiada para la Europa occidental en la Antigüedad. no en vano, J. nichols, en un libro que gozó de gran difusión e influencia en los estudios lingüísticos generales en los años noventa y que llevaba el significativo título de Linguistic Diversity in Space and Time, clasificó la Europa occidental como una de las regiones que ella denominó «zonas de expansión» (spread zones), por oposición a las que llamaba «zonas residuales» (residual zones). las primeras están caracterizadas por una serie de rasgos que podemos resumir así9:

— escasa diversidad genética, lo que resulta cuantificable en términos de una baja densidad genética. Ésta se entiende como la ratio del número de macrofamilias lingüísticas diferentes por cada millón de millas cuadradas, siendo frecuente que una sola familia domine toda el área de expansión;

— baja diversidad estructural;

— las familias lingüísticas presentes en la zona no tienen una gran pro-fundidad cronológica;

— rápida expansión de lenguas o de familias de lenguas y la consiguiente sucesión de lenguas;

— falta de incremento de la diversidad lingüística a largo plazo;

— la lengua que se expande sirve como lingua franca para toda el área o al menos para la mayor parte del área.

Al tratarse de una propuesta de índole general, la caracterización que se hace presenta unos trazos sin duda demasiado gruesos y desde luego para la región y el periodo que nos ocupan debe ser matizada a partir del material, fundamental-mente epigráfico, de que disponemos para estudiar los fenómenos de contacto lingüístico. no obstante, creo que al menos puede servir para que nos hagamos una idea general del tipo de situación con la que tenemos que contar cuando abordamos la historia lingüística de Europa occidental, una historia que es muy diferente de la que encontramos en esas otras áreas que J. nichols denominó «zonas residuales» y que se caracterizan por los rasgos contrarios a los enume-rados, es decir, fundamentalmente por tener una alta diversidad genética y una elevada variedad estructural, sin que en la zona tenga lugar una sucesión de len-guas que se reemplazan unas a otras y con el efecto a largo plazo de que se produce un incremento de la diversidad lingüística. Típicas áreas residuales serían, por ejemplo, el Cáucaso o la costa pacífica de norteamérica en torno a California.

Para el área que nos concierne en este volumen, la Europa occidental, constatamos que cuando empezamos a disponer de información acerca de su situación lingüística existe un elevado grado de uniformidad por lo que se refiere

durante los años ochenta y noventa a la hora de buscar modelos antropológicos para los momentos precoloniales en el extremo occidente.

9 J. Nichols, Linguistic Diversity, pp. 16-17.

conclusiones260

a la adscripción filogenética de las lenguas que allí encontramos. El panorama aparece claramente dominado por las lenguas indoeuropeas, fundamentalmente las de las familias celta e itálica10, aunque en época antigua también se documentan en estas regiones otras lenguas indoeuropeas como el lusitano, el mesapio o el venético, cuya clasificación lingüística dentro del conjunto de lenguas indoeuropeas es más problemática11, pero que sin duda presentan ese cierto aire de parentesco más cercano que caracteriza a las lenguas de Europa occidental dentro del conjunto general del gran phylum indoeuropeo12.

no deja de resultar llamativo, no obstante, que si nos remontamos a la pre-historia de estas lenguas indoeuropeas de Europa occidental, para explicar las indudables semejanzas y diferencias existentes entre ellas, asistamos casi periódica-mente a un enfrentamiento entre los dos polos explicativos que constituyen, de una parte, entender que se ha producido una confluencia debida a contacto lingüístico, lo que explicaría los rasgos comunes entre tales lenguas, y, de otra, la alternativa de considerar que tales semejanzas deben ser rasgos heredados. llamativamente esta dicotomía explicativa se repite una y otra vez a varios niveles, lo que puede ejemplificarse muy bien con el caso de las lenguas indoeuropeas de la italia antigua.

Comenzando por el nivel inferior, nos encontramos con el problema de cla-sificación del falisco: ¿se trata de una lengua estrechamente emparentada con el latín pero distinta de ella, como se ha pensado tradicionalmente13, o simple-mente de una variedad de latín, como programáticamente se afirma en el título de la extensa monografía que G. C. l. M. Bakkum, The Latin Dialect of the Ager Faliscus, ha publicado muy recientemente?

si subimos un escalón en la clasificación lingüística, las semejanzas existentes entre el grupo latino-falisco (o latín, a secas, si seguimos la segunda posibilidad mencionada) y las lenguas sabelias: ¿se deben a que ambos grupos derivan de un proto-itálico o bien han de explicarse como debidas a aproximación secundaria por contacto que ha hecho que desarrollen isoglosas comunes? Cabe encontrar res-puestas en las dos direcciones con argumentos a favor de una y otra posibilidad14.

10 o bien de la familia celta más las dos familias latino-falisca y sabélica, si es que se trata en origen de los familias diferentes dentro del phylum indoeuropeo; véase página siguiente.

11 Por mencionar tan solo un par de publicaciones generales recientes, podemos hacer referencia a los manuales de J. Clackson, Indo-European Linguistics, p. 7 y de B. W. Fortson, Indo-European Language, cap. XX, pp. 400-411. En el caso del véneto se suele asumir que está más cercana a las lenguas itálicas, aunque no tanto como para ser incluida dentro de la familia, sino, en todo caso, como una lengua emparentada con ellas a un nivel mucho más profundo.

12 El lusitano fue clasificado como una lengua celta por J. Untermann, «lusitanisch», si bien los argumentos ofrecidos por J. Gorrochategui, «En torno a la clasificación», en contra de esta idea han sido aceptados generalmente. En sus recientes trabajos sobre el lusitano B. Prósper ha defen-dido la vinculación genética de esta lengua con la familia itálica (véase, por ejemplo, B. Prósper, Lenguas y religiones, pp. 429-433).

13 Véase el resumen de las posiciones y una argumentación a favor de considerarlos lenguas diferentes en Ph. Baldi, The Foundations, pp. 170-174.

14 Puede verse un resumen de estas posturas y una argumentación favorable a la existencia de un proto-itálico, por ejemplo, en Ph. Baldi, The Foundations, pp. 177-181.

conclusiones 261

Y si ascendemos todavía un nivel más, cabe plantearse algo similar sobre la relación entre las lenguas itálicas y las lenguas celtas15: ¿debemos asumir la exis-tencia de una lengua proto-ítalo-celta de la que derivarían ambas ramas y que, por tanto, explicaría los llamativos parecidos entre las lenguas de las dos fami-lias, o bien tales semejanzas deben explicarse por fenómenos areales, es decir, son debidas a contacto? Entre los trabajos incluidos en este volumen podemos ver un ejemplo muy interesante de esta dinámica doble en la contribución de C. Múrcia a propósito de las lenguas amázigas (las denominadas tradicionalmente bereberes)16. su clasificación dialectal interna es un caso de estudio digno de mayor atención de la que ha recibido hasta el momento en la bibliografía gene-ral por los problemas que plantea la explicación de las semejanzas y diferencias entre los varios dialectos desde la tradicional perspectiva del árbol genealó-gico17, pues, como ha señalado C. Múrcia, los datos invitan a definir el amázigo más bien como un dialectal cluster18. Muestra del interés general por este tipo de problemas puede ser el volumen colectivo editado por A. Aikhenvald y R. W. Dixon con el título Areal Diffusion and Genetic Inheritance19.

obsérvese que este tipo de planteamientos tiene implicaciones importantes y directas para nuestro objeto de estudio, pues, como no podemos analizar los contactos lingüísticos in fieri, tenemos que conformarnos con rastrearlos a tra-vés de los efectos y resultados que producen: así, por ejemplo, si las semejanzas entre las lenguas itálicas y las celtas (o, al menos, parte de tales semejanzas) se pueden explicar como debidas a contacto lingüístico, formarán parte del caudal de datos para el estudio de los contactos entre lenguas en la Europa occidental en la Antigüedad y, asimismo, tendrán unas implicaciones históricas y cultu-rales a las que habrá que dar respuesta (cuándo se produjo el contacto, en qué condiciones, etc.); en cambio, no será así en el caso de que las semejanzas pue-dan explicarse como rasgos heredados de un estadio lingüístico anterior al que ambos remontan.

Pero, dejando de lado estos problemas de prehistoria lingüística y retomando la cuestión que planteábamos más arriba sobre la diversidad genética, cuando podemos empezar a hacer ya historia lingüística de Europa occidental en sentido

15 un resumen de la cuestión con referencias a trabajos más detallados puede encontrarse tam-bién en ibid., pp. 186-189. Ph. Baldi se inclina finalmente por no reconocer un proto-italo-celta.

16 C. Múrcia, «Que sait-on de la langue des Maures ? Distribution géographique et situation sociolinguistique des langues en Afrique proconsulaire», en este volumen, pp. 103-126.

17 Para un intento reciente de combinar el modelo de árbol genealógico con el modelo de ondas (Wellentheorie) en un solo modelo explicativo, véase el punctuated equilibrium model propuesto por R. W. Dixon, The Rise and Fall, especialmente pp. 67-96.

18 Véase C. Múrcia, La llengua amaziga, pp. 908-911 y nota 5914.19 no deja de resultar interesante constatar que la combinación de las perspectivas genealógicas

y areales en los trabajos de tipología lingüística haya ido ganando terreno al menos desde el libro de J. Nichols, Linguistic Diversity, con la aplicación de los métodos estadísticos de estudio de poblaciones. Así, en trabajos recientes de tipología, al menos desde algunas perspectivas, se pone el énfasis en que el objetivo de los estudios tipológicos son las probabilidades de distribución; véase, a este respecto, B. Bickel, «Typology in the 21st Century».

conclusiones262

estricto (y no prehistoria), además de ese conjunto de lenguas indoeuropeas que ocupan la mayor parte de esta área, nos encontramos con unas cuantas lenguas no indoeuropeas, como son el ibérico, las variedades lingüísticas de la Antigüe-dad que podemos incluir dentro del phylum del vasco (como el aquitano), o el etrusco, y también alguna lengua de sicilia que no parece indoeuropea, como el sicano. De acuerdo con la interpretación más habitual, estas lenguas podrían considerarse como representantes de las familias lingüísticas «indígenas» exis-tentes en la Europa occidental antes de la llegada de los pueblos indoeuropeos, que constituiría uno de esos momentos de expansión de una familia lingüística sobre toda una spread zone, siguiendo la terminología de J. nichols a la que alu-dimos más arriba.

De todas formas, a propósito del concepto de «indigenismo», creo que merece la pena prestar también una cierta atención a la dialéctica entre «autoctonía» y «aloctonía», que, como podemos ver incluso en nuestros días, tanta importan-cia tiene desde el punto de vista cultural y de la propia autorrepresentación de los pueblos, si bien hemos de ser conscientes de que, cuando intentamos objetivarla, comienza de inmediato a difuminarse, habida cuenta de que basta con retroceder lo suficiente para que un pueblo deje de ser autóctono en el área que ocupa. Con todo, desde el punto de vista lingüístico, para abordar de forma adecuada la historia lingüística de Europa occidental en la Antigüedad, este con-cepto sí que tiene su importancia, puesto que nos permite diferenciar, no ya entre lenguas indígenas y foráneas, sino entre lenguas que llegaron a arraigar en una determinada región y aquéllas que fueron únicamente lenguas de una minoría de extranjeros o metecos.

Así, no hay duda de que el fenicio es una lengua que procede del Mediterrá-neo oriental; sin embargo, en el norte de África el púnico llegó a constituirse en lengua propia de una comunidad, algo que no sucedió en otras zonas del Mediterráneo occidental, aunque haya que contar con esta lengua como una más de las que contribuyeron a que se produjeran situaciones de plurilingüismo al haber sido usada de forma esporádica por algunas personas. Es lo que ocurrió en algunas zonas de la península ibérica, donde tenemos inscripciones fenicias sobre cerámica de producción local que se datan en una fecha tan antigua como los siglos viii y vii a.C.20 El caso contrario lo representa claramente el latín, que en la mayor parte de la península itálica y en toda la Galia e Hispania es, en principio, una lengua alóctona pero que, no obstante, acabó siendo adoptada de forma general por las poblaciones de esas regiones21. otra lengua procedente

20 se trata de las inscripciones del Castillo de Doña Blanca, en el área de la bahía de Cádiz. Véase J. Á. Zamora López, «la práctica de escribir», pp. 170-183. También algunas inscripciones feni-cias de Morro de Mezquitilla, de Toscanos y de alguna localidad más se datan en los siglos viii y vii a.C.; véase J. de Hoz, «Grafitos cerámicos», pp. 77-79.

21 lo que contrasta vivamente con lo acecido en el ilírico, según puede comprobarse en el tra-bajo de s. Destephen, «la coexistence du grec et du latin en Illyricum (ier-vie siècle)», en este volumen, pp. 129-144, en el que se analiza en profundidad la posición del latín y del griego como lenguas de uso en esa región.

conclusiones 263

del Mediterráneo oriental, el griego, también tuvo un papel importante en estas situaciones de contacto. Piénsese, por ejemplo, en las inscripciones galo-griegas22 o en el desarrollo de la epigrafía greco-ibérica; en ambos casos se adoptó la escri-tura griega para las lenguas de la zona, el galo en un caso y el ibérico, en otro.

De todas formas, a estos niveles resulta muy importante realizar estudios de detalle por localidades o zonas más pequeñas, como sucede para el griego con el caso de Ampurias, donde, a tenor de la documentación con la que contamos, sabemos que se hablaron como mínimo tres lenguas (ibérico, griego y latín)23, a las que habría que añadir una cuarta si es que el ibérico no era la lengua propia de los indígenas de la zona, sino una lengua franca, como defiende J. de Hoz24.

Es en cuestiones de este tipo donde entran en juego factores sociales y cul-turales en sentido amplio. Como han venido poniendo de relieve los estudios sobre contacto lingüístico en los últimos años, la clave fundamental para la comprensión de este tipo de fenómenos radica en las circunstancias históri-cas y sociales en las que se produce el contacto. Pueden encontrarse numerosos ejemplos de ello en los trabajos incluidos dentro de este volumen25. Hace ya unos años, s. G. Thomason y T. Kaufmann, en un influyente estudio sobre estas cuestiones, afirmaban: «As far as linguistic posibilities go, any linguistic features can be transferred from any language to any other language»26. Aunque, como se ha señalado en trabajos más recientes, su afirmación quizá sea un tanto exage-rada27, desde luego sirve para poner el énfasis en los factores extralingüísticos a la hora de explicar los resultados del contacto lingüístico.

22 De las que se ocupa en este volumen A. Mullen, «Reflets du multicuralisme. la création et le développement du gallo-grec», pp. 227-239, quien, frente a la visión tradicional, propone que en el desarrollo de los formularios epigráficos que encontramos en las inscripciones galo-griegas pudie-ron tener un papel otros elementos culturales, como los itálicos, además de los puramente griegos.

23 Véanse a este respecto los datos que proporciona el trabajo de F. Beltrán Lloris y M. J. Esta-rán Tolosa, «Comunicación epigráfica e inscripciones bilingües en la península ibérica», en este volumen, pp. 9-25, en el que se ofrece una información exhaustiva sobre los datos epigráficos con los que contamos para estudiar de forma directa el contacto de lenguas en la península ibérica en la Antigüedad. J. Velaza Frías, «los contactos lingüísticos en la Hispania prerromana y romana. Cuestiones conceptuales y metodológicas», en este volumen, pp. 89-100, proporciona un pano-rama general de los problemas que plantea el estudio de los contactos de lenguas en Hispania.

24 J. de Hoz, «las funciones de la lengua ibérica como lengua vehicular», en este volumen, pp. 27-64, aporta datos muy detallados por zonas geográficas y argumentación adicional a favor de la considera-ción de que el ibérico no era la lengua propia de todo el territorio en el que está documentado el uso de esa lengua, sino que en la mayor parte de dicho territorio era una lengua vehicular.

25 Por ejemplo, para el ámbito hispánico en los de J. de Hoz, «las funciones de la lengua ibérica como lengua vehicular», pp. 27-64; F. Beltrán Lloris y M. J. Estarán Tolosa, «Comunica-ción epigráfica e inscripciones bilingües en la península ibérica», pp. 9-25; J. Velaza Frías, «los contactos lingüísticos en la Hispania prerromana y romana. Cuestiones conceptuales y metodo-lógicas», pp. 89-100; para el sur de la Galia, en el de M. Bats, «Emmêlements de langues et de systèmes graphiques en Gaule méridionale (vie-ier siècle av. J.-C.)», pp. 197-226, y para el ilírico, en el de s. Destephen, «la coexistence du grec et du latin en Illyricum (ier-vie siècle)», pp. 129-144.

26 s. G. Thomason, Language Contact, p. 14.27 Por ejemplo, en la introducción al volumen que editan, M. Haase y n. Nau, Sprachkontakt,

p. 7, matizan diciendo: «anything can be borrowed, but not any way».

conclusiones264

En un libro posterior la propia s. G. Thomason28 ha intentado establecer una tipología de los factores que permiten predecir los tipos y grados de cambio lingüístico debido a contacto, diferenciando fundamentalmente tres conjuntos de factores sociales:

1. — intensidad del contacto: a mayor intensidad, más tipos de interferen-cia son posibles. El problema clave aquí es, como ella misma reconoce, definir «intensidad», que sería «el grado de presión cultural que ejerce un grupo de hablantes sobre otro» y que tendría que ver con cuestiones tales como la duración del contacto, el tamaño de las comunidades de hablantes implica-das y el dominio socio-económico por parte de alguno de los grupos29.

2. — Existencia o no de «aprendizaje imperfecto» de la segunda lengua, es decir, si una comunidad de hablantes en su conjunto acaba por abandonar el uso de una lengua para pasar a hablar otra diferente, ya que esto supone una diferencia importante respecto de otro tipo de situaciones en las que lo que nos encontramos son hablantes de una comunidad lingüística que, además, tienen competencia, mayor o menor, en otra u otras lenguas.

3. — las actitudes hacia la lengua que tienen los propios hablantes, que favorecerán o frenarán la interferencia con otra u otras lenguas30.

En ese mismo libro, s. G. Thomason hacía también un intento de sistematiza-ción de los mecanismos de cambio lingüístico debidos a contacto, distinguiendo siete tipos diferentes31:

1. — cambio de código (code switching), entendido como la utilización por parte de un hablante de materiales de dos (o más) lenguas en la misma conversación, distinguiéndose a veces entre code switching en sentido estricto (entre oraciones) y «mezcla de código» (code mixing) dentro de una misma oración;

2. — alternancia de código (code alternation) o uso de una lengua en una serie de contextos y de la otra en otros contextos diferentes;

3. — familiaridad pasiva;

4. — «negociación»;

5. — estrategias de adquisición de la segunda lengua;

28 s. G. Thomason, Language Contact, pp. 66-85.29 Dependiendo de la intensidad del contacto, ibid., pp. 67-74, diferencia varios niveles, del 1 al

4, desde el más básico, donde sólo hay influencia en el léxico, hasta el nivel más alto, en el que se encuentra una fuerte influencia estructural en la lengua.

30 Donde se encuadrarían, por ejemplo, cuestiones como la relación entre la identidad étnica y la identidad lingüística a las que hace referencia A. Mullen, «Reflets du multicuralisme. la création et le développement du gallo-grec», en este volumen, p. 228.

31 s. G. Thomason, Language Contact, pp. 129-156.

conclusiones 265

6. — adquisición bilingüe de la primera lengua;

7. — decisión deliberada.

En alguna ocasión resulta posible encontrar documentación que nos da testi-monio de este tipo de situaciones32. Por ejemplo, las dos inscripciones lusitanas que comienzan en latín (Rufus et Tiro scripserunt en la inscripción de lamas de Moledo33 y Ambatus scripsi en la de Arroyo de la luz34) son ejemplos inte-resantes a propósito de los cuales se podría discutir si se trata de un cambio de código o una alternancia de código.

otras veces debieron darse necesariamente situaciones en las que se pro-dujeron estos fenómenos y que podemos inferir de la documentación pero no documentar directamente. Por ejemplo, los casos analizados por J. Gorro-chategui35 de padres con onomástica indígena e hijos con onomástica latina o, en el caso de Aquitania, con onomástica gala, pueden inducir a pensar que debieron darse en esas regiones situaciones tanto de adquisición bilingüe de la primera lengua como de familiaridad pasiva típicos, en los que el hijo (o el nieto) entiende al menos parcialmente la lengua de sus antepasados, pero es incapaz de expresarse con fluidez en ella36. naturalmente, no podemos dar de forma automática el salto para cada caso concreto, pues, como han puesto de manifiesto los estudios sobre lenguas habladas en la actualidad, la casuística puede ser muy variada, pero este tipo de documentación nos permite deducir que esta clase de fenómenos hubo de producirse también en la Antigüedad.

lo mismo cabe decir de las estrategias llamadas de «negociación», en las que individuos que no comparten ninguna lengua van acomodando por tanteo sus estructuras lingüísticas a la lengua de otro grupo de individuos, de modo que por ensayo y error van potenciando la expresión mediante las estructuras que resultan más fácilmente comprensibles a sus interlocutores. En la Antigüedad situaciones de este tipo debieron darse sin duda en las primeras fases de con-tacto entre comerciantes que llegaban de fuera y gentes de la zona que visitaban, pero no resulta esperable que de ellas quede constancia en el registro epigráfico.

Esta dinámica nos lleva, además, a otra cuestión muy interesante, como es la del surgimiento de lenguas pidgin y criollas y la utilización de lenguas francas en la Antigüedad. Por lo que se refiere a las primeras, es muy razonable pensar que en el Mediterráneo occidental en la Antigüedad surgieran lenguas pidgin que

32 Véase a este respecto la recopilación exhaustiva de los datos epigráficos existentes para His-pania y su análisis por F. Beltrán Lloris y M. J. Estarán Tolosa, «Comunicación epigráfica e inscripciones bilingües en la península ibérica», en este volumen, pp. 9-25.

33 MLH iV l.2.1.34 MLH iV l.1.1.35 J. Gorrochategui, «Contactos lingüísticos y epigráficos en la zona vasco-aquitana», en este

volumen, pp. 65-87.36 En la misma dirección pueden apuntar, al menos en origen, los antropónimos procedentes de

étnicos o nombres geográficos extranjeros, que constituyen el objeto del trabajo de P. Poccetti, «Anthroponymes et toponymes issus d’ethniques et noms géographiques étrangers dans la Médi-terranée archaïque», en este volumen, pp. 145-171.

conclusiones266

permitieran la comunicación entre hablantes de lenguas maternas diferentes, pero tampoco en este caso es esperable que quede documentación epigráfica de ellas37. otra cuestión diferente es la de las lenguas criollas. En los últimos años ha habido tendencia a abandonar la vieja teoría de que una lengua criolla era simplemente una lengua pidgin convertida en la primera lengua de una comunidad y se ha tendido a enfatizar cómo las lenguas criollas surgen en contextos especiales que obligan a una adaptación abrupta en un periodo breve de tiempo sin que haya tiempo para una aproximación paulatina entre las lenguas implicadas38. no tene-mos testimonios o, al menos, no hemos sabido identificarlos hasta el momento, de lenguas criollas en la Antigüedad, aunque no dejan de resultar interesantes a este respecto algunas referencias literarias a lenguas «mixtas»39. no voy a detenerme en la cuestión de las lenguas francas, pues dentro de este mismo volumen ha sido tratada en detalle por J. de Hoz a propósito de la lengua ibérica40.

De todas formas, a pesar de que los factores sociales sean fundamentales para determinar los efectos del contacto entre lenguas, tampoco puede decirse que las propias características internas de una lengua carezcan de importancia. De forma general, podemos decir que con menor intensidad y continuidad en el contacto hay más posibilidades de que se produzcan fenómenos de interferen-cia entre dos lenguas si éstas presentan una mayor semejanza estructural. Por el contrario, hará falta una mayor intensidad y duración de contacto para que se puedan producir interferencias lingüísticas entre lenguas tipológicamente muy diferentes, lo que necesariamente tendrá su apoyo en factores lingüísticos externos (relación entre lengua mayoritaria y minoritaria, lengua de prestigio y lengua sin prestigio, etc.)41. Existe, además, toda una serie de factores lingüísticos que pueden facilitar la difusión de un cambio debido a contacto lingüístico42.

En el capítulo introductorio de un interesante volumen de reciente publica-ción titulado Grammars in Contact: a Cross-Linguistic Typology, A. Y. Aikhenvald y R. M. W. Dixon han resumido los indicios que habitualmente llevan a sos-pechar que en una lengua determinada se han producido cambios lingüísticos debidos a contacto, los cuales serían, básicamente, de dos órdenes43:

1. — una lengua es significativamente diferente de las lenguas con las que está emparentada;

37 De hecho, tenemos muy pocos testimonios incluso de la llamada «lingua franca» utilizada por los marinos del Mediterráneo en época moderna y que contenía fundamentalmente elementos tomados del italiano y del árabe, a los que se sumaban algunos de otras lenguas del entorno.

38 Puede encontrarse un informado resumen de las diferentes teorías sobre la génesis de las len-guas pidgin y criollas en el libro de Cl. Lefebvre, Issues in the Study, pp. 7-36.

39 Para el griego, véase M. Janse, «Aspects of bilingualism», pp. 333-335.40 J. de Hoz, «las funciones de la lengua ibérica como lengua vehicular», en este volumen,

pp. 29-33.41 Véase s. G. Thomason, Language Contact, pp. 76-85.42 A. Y. Aikhenvald y R. M. W. Dixon, «Grammars in contact», pp. 26-36, presentan un listado

de dieciséis factores.43 Ibid., p. 4.

conclusiones 267

2. — dos lenguas próximas geográficamente comparten ciertos rasgos, especialmente cuando se trata de lenguas no emparentadas y esos rasgos sólo son característicos de una de las dos familias.

las dificultades que surgen al analizar desde estos planteamientos las len-guas de nuestra área geográfica y de la época a la que nos referimos son obvias. Por un lado, desde la perspectiva de las lenguas no indoeuropeas, resulta muy difícil valorar la influencia que han tenido sobre ellas las lenguas indoeuro-peas, en muchos casos ya de entrada por lo escaso de la documentación y por el propio tipo de documentos con los que contamos. Esto es lo que ocurre, por ejemplo, con el aquitano, que conocemos a partir de testimonios onomás-ticos, lo que impide saber qué impacto tuvo en su gramática el contacto con las lenguas indoeuropeas. Pero incluso cuando existe una documentación más abundante, como sucede con el etrusco o el ibérico, dado que no tenemos parientes conocidos de estas lenguas resulta complicado evaluar cuál ha sido la influencia que sobre su gramática ha podido tener el contacto prolongado con las lenguas indoeuropeas. Desde un punto de vista teórico al menos, debería ser posible analizar diacrónicamente los documentos ibéricos y etrus-cos e intentar ver en qué medida se van produciendo cambios en la fonética, la morfología, la sintaxis o, incluso, el léxico de la lengua que la van aproxi-mando a las lenguas con las que está en contacto44. sin embargo, en el caso del ibérico, a pesar de los indudables avances en su conocimiento que se han ido produciendo en la segunda mitad del siglo xx, hoy por hoy no resulta real-mente factible una labor de este tipo45.

sin embargo, volviendo al criterio número 1 de los propuestos por A. Y. Aikh-envald y R. M. W. Dixon, quizá resulte interesante hacer a nivel puramente teórico el siguiente experimento mental: imaginemos por un momento que careciéramos por completo de documentación de época antigua y que los tes-timonios lingüísticos más antiguos del occidente europeo fueran documentos escritos en el latín hablado hacia el siglo vii d.C. En ese caso, tal vez podríamos empezar a aplicar el criterio de que una lengua sea significativamente diferente a las lenguas con las que está emparentada. se trataría de un latín sin sistema casual, con un orden de palabras sVo y una serie de características que lo harían muy diferente de muchas otras lenguas antiguas del phylum indoeuropeo. ¿se deben, por tanto, tales modificaciones a la influencia de las lenguas habladas en el occidente europeo? son muchas las dificultades para mantener una propuesta

44 De hecho, para el etrusco contamos con la exhaustiva monografía de J. Hadas-Lebel, Le bilin-guisme étrusco-latin, que aborda la cuestión de la introducción del latín en Etruria y su impacto sobre la lengua etrusca. Para los problemas de determinar la dirección de la influencia y la pro-puesta de considerar una de las isoglosas como un hecho de convergencia, véase G. Van Heems, «À propos de l’échange graphique f- / h- en étrusque. Emprunts ou innovations parallèles ?», en este volumen, pp. 173-194.

45 Véase J. Velaza Frías, «los contactos lingüísticos en la Hispania prerromana y romana. Cuestiones conceptuales y metodológicas», en este volumen, pp. 89-100.

conclusiones268

de este tipo46 y, en realidad, estos cambios pueden explicarse por motivaciones internas dentro de la propia lengua latina, sin excluir incluso una deriva (drift) a la sapir, puesto que evoluciones similares se han producido también en algunas otras lenguas indoeuropeas. sin embargo, como vienen poniendo de relieve los estudios sobre contacto de lenguas en los últimos años, es frecuente que sea difí-cil decantarse de una forma clara por la explicación debida a evolución interna frente a la explicación por contacto de lenguas para dar cuenta de algunos de los cambios concretos dentro de una lengua. Y esto suele ser así porque en muchas ocasiones el contacto lingüístico lo que hace es potenciar posibilidades existen-tes en la lengua que van ganando terreno en detrimento de otras.

Terminaban A. Y. Aikhenvald y R. M. W. Dixon la introducción al volumen mencionado afirmando: «To unravel further complexities in language contact, we need many more in-depth factual studies of the “how” and “why” of language change»47. A pesar de las dificultades que presentan los materiales de los que dependemos para la investigación en nuestro caso, creo que los trabajos inclui-dos en este volumen constituyen una importante contribución en este sentido.

Eugenio R. Luján

46 Véanse las reflexiones a este propósito de J. Velaza Frías, «los contactos lingüísticos en la Hispania prerromana y romana. Cuestiones conceptuales y metodológicas», en este volumen, pp. 89-100.

47 A. Y. Aikhenvald y R. M. W. Dixon, «Grammars in contact», p. 53.