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CONSOMMER DANS LES CAMPAGNES DE LA GAULE ROMAINE Actes du X e congrès de l’Association AGER Sous la direction de Xavier Deru et Ricardo González Villaescusa REVUE DU NORD Hors série. Collection Art et Archéologie N° 21. 2014. Université Charles-de-Gaulle - Lille 3

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CONSOMMER DANS LES CAMPAGNESDE LA GAULE ROMAINE

Actes du Xe congrès de l’Association AGER

Sous la direction deXavier Deru et Ricardo González Villaescusa

REVUE DU NORDHors série. Collection Art et Archéologie N° 21. 2014. Université Charles-de-Gaulle - Lille 3

INTRODUCTION

Au sein de l’Action Collective de Recherches(ACR) Céramiques de cuisine d’époque romaine enrégion Rhône-Alpes et Sud-Bourgogne, la définitiondes faciès céramiques urbains et ruraux représente unvolet important de notre démarche. Cette questionnous a conduits naturellement à interroger le mobiliercéramique et la céramique commune en particulier –sans négliger la vaisselle de table et les amphores – entant que marqueur du monde rural ou de la villeantique. Dans certains cas régionaux, comme Lyon etVienne, un taux élevé d’amphores caractérise cesvilles fortement romanisées et dotées d’un rôle écono-mique et civique important à l’échelle de leur citécomme des Gaules. Quant à la vaisselle de table, toutcomme la céramique de cuisine, son étude révèle unesensation d’homogénéité et de standardisation àl’échelle de territoires assez vastes.

Notre ACR présente un vaste panel de sites et per-met de confronter des ensembles décrits selon lesmêmes normes1. Pour la région étudiée, les faciès desvilles gallo-romaines sont bien documentés par desmonographies et des études d’ensembles importants, àVienne comme à Lyon pour les chefs-lieux de cité,ainsi que Roanne pour les agglomérations secon-daires2. Enfin, des études récentes sur le monde ruralviennent compléter notre base documentaire3.

Dans le cadre de la thématique abordée par le col-loque AGER nous avons souhaité exposer les résultatsde l’analyse menée sur les faciès urbains et ruraux.Une fois dressé le bilan de ce travail, nous avons faitle choix de présenter les apports méthodologiques del’ACR à partir d’un exemple micro-régional situédans la cité de Vienne.

*. — Guillaume VARENNES, SRA Lyon, Ministère de la Culture et de laCommunication, UMR 5138 Archéométrie et Archéologie, Lyon ;Cécile BATIGNE-VALLET, CNRS, UMR 5138 Archéométrie etArchéologie, Lyon ; Christine BONNET (INRAP Rhône-AlpesAuvergne, UMR 5138 Archéométrie et Archéologie, Lyon ; FrançoisDUMOULIN, SRA Lyon, Ministère de la Culture et de laCommunication, UMR 5138 Archéométrie et Archéologie, Lyon ;Karine GIRy, INRAP Rhône-Alpes Auvergne ; Colette LAROCHE, SRALyon, Ministère de la Culture et de la Communication, UMR 5138Archéométrie et Archéologie, Lyon ; Odile LEBLANC, ArchéologieRhône, sites et musée de Saint-Romain-en-Gal, Vienne ; Guillaume

MAzA, Archéodunum SA, UMR 5138 Archéométrie et Archéologie,Lyon ; Tony SILVINO, Archéodunum SA, UMR 5138 Archéométrie etArchéologie, Lyon.1. — BATIGNE-VALLET, ANDRÉ 2010, et BATIGNE-VALLET, BARTHèLEMy2012.2. — Vienne : LEBLANC 1994 ; LEBLANC 2003, et LEBLANC 2007 ;Lyon : AyALA 2000 ; BATIGNE-VALLET 1999 ; BONNET, BATIGNE-VALLET 2003 ; DESBAT 2005a, et SILVINO 2007 ; Roanne : GENIN,LAVENDHOMME 1997.3. — SILVINO, BONNET 2011.

GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANÇOIS DUMOULIN, KARINE GIRY,COLETTE LAROCHE, ODILE LEBLANC, GUILLAUME MAZA,

TONY SILVINO et l’ensemble des collaborateurs de l’ACR Céramiques decuisine d’époque romaine en région Rhône-Alpes et Sud-Bourgogne*

Apports de l’ACR « Céramiques de cuisine d’époque romaineen région Rhône-Alpes et Sud-Bourgogne » à la question

des faciès céramiques urbains et ruraux :bilan, limites et perspectives

REVUE DU NORD - N° 21 HORS SÉRIE COLLECTION ART ET ARCHÉOLOGIE - 2014, P. 291-320

1. LE MOBILIER CÉRAMIQUE GALLO-ROMAIN COMMEDISCRIMINANT

1.1. Les mobiliers céramiques : des discriminantsrécurrents…

Au-delà du caractère datant, le mobilier découvertsur un site, en fouille, en diagnostic comme en pros-pection, est porteur d’informations sur la nature del’occupation et des activités qui s’y sont dérouléesaussi bien que sur le statut des habitants4. Ainsi, la partoccupée par les importations dans les établissementsde la fin de la Protohistoire et de la période républi-caine est un des critères retenus dans la définitiond’une hiérarchie de la société gauloise contemporainede la conquête5.

Au sein des études de peuplement qui se sont déve-loppées depuis une vingtaine d’années, le mobilierassocié à une occupation prend une place détermi-nante dans l’analyse des habitats et dans leur hiérar-chisation6. Dans le cas de ramassages de surface, lemobilier, majoritairement composé de vaisselle encéramique et le plus souvent sous forme fragmentaire,est mis à contribution dans deux buts : dater la (ou les)occupation(s) et la (ou les) caractériser. La premièredémarche s’appuie sur l’ensemble des arguments dedatation fournis par le mobilier céramique (catégoriestechniques et types) dans le cadre d’une analyse glo-bale de celui-ci sans ignorer d’autres indices moinsfréquents (verre, monnayage, éléments de parures…).Quant à la seconde, elle a recours à l’ensemble dumobilier (céramique, verre, instrumentum etc.) pourapprécier des différences d’un établissement à l’autreou, au contraire, les agréger par similitude de profilsdans un même groupe.1.2. ... pour quelle valeur heuristique ?

Dans le cas de l’étude de vestiges particuliers,comme celui des fosses à banquets du site du« pseudo-sanctuaire de Cybèle » à Lyon, la seule clas-sification des céramiques communes (comme descéramiques fines – à l’exception des vases moulés ensigillée italique), ne semble pas permettre le distinguoentre vestiges standards et vestiges exceptionnels. Eneffet, l’exemple de ces fosses, livrant des objets céra-miques standards de la cuisine lyonnaise, le démontreparfaitement puisque le contenu des objets et lesmanipulations qu’ils ont subies (bris volontaire après

usage) sont plus signifiants que les objets eux-mêmes7.

La question de la valeur heuristique du mobiliercéramique a été abordée à l’échelle micro-régionale etdeux essais de discrimination conduits en Languedocpeuvent être cités. S. Mauné et ses collaborateurs ontmené l’analyse sur des sites ruraux, à l’interprétationplus (la villa de Vareilles) ou moins aisée (LaMadelaine, L’Auribelle)8. Leur étude a mis en évi-dence des faciès variés que les auteurs mettent enperspective selon la position des mobiliers dans desespaces aux statuts différents, au sein de la villa deVareilles par exemple, ainsi qu’à l’échelle d’établisse-ments de diverses natures. Ces interprétations ne met-tent pas à contribution la vaisselle céramique, à la dif-férence de celle en verre, des amphores, del’instrumentum et des indices archéozoologiques quisont les discriminants retenus.

Il faut citer une deuxième étude tentant de dépasserle cadre du site et conduite à l’échelle micro-régio-nale. C. Raynaud a comparé le statut des établisse-ments du Lunellois et leur faciès mobilier, en netenant compte que du mobilier céramique9. Les résul-tats des identifications de chacun des sites ont étécomparés à leur faciès céramique, en s’appuyant surdes critères simples : la part des amphores, celles de lacéramique fine et de la céramique commune. La com-paraison montre une ventilation des établissementssans relation directe entre la part d’une famille céra-mique et l’identification comme agglomération ouétablissement rural. Il ressort de cette tentative qu’unétablissement rural structuré sur la longue durée peutlivrer autant de céramique fine qu’un petit établisse-ment occupé ponctuellement, sans se différencier net-tement d’un habitat groupé.

Deux constats peuvent être tirés de ces analyses.Dans le cas de la première étude, les rôles discrimi-nants sont plus volontiers confiés à d’autres vestigesqu’à la vaisselle céramique. Ce point de vue sembleconfirmé par le résultat de la seconde analyse, menée àl’échelle micro-régionale, confrontant interprétationdes sites et faciès. Ainsi, la prise en compte de l’en-semble des mobiliers comme celle de la variété de lafaune consommée ou encore de la part de certainesespèces de la triade domestique, et l’alimentation demanière générale, semblent apporter les marqueurs de

292 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

4. — Dans le cas d’un atelier ou d’un lieu de culte, leur identificationpeut reposer autant sur l’analyse des plans que sur l’étude des mobi-liers.5. — MALRAIN, MATTERNE 2002.

6. — FAVORy, FICHES 1994 ; TRÉMENT 1999 ; RAyNAUD 2000.7. — DESBAT 2005b.8. — MAUNÉ, FEUGèRE 2009.9. — RAyNAUD 2000, p. 207-208.

spécificité d’un site comme du statut des habitantsbien plus que la vaisselle céramique issue de celui-ci10.Il ressort de ces différents exemples que la valeur heu-ristique accordée a priori au mobilier céramique estfaible.

Cependant, ce mobilier est régulièrement interrogéet mis à contribution par les archéologues désireux decaractériser les sites qu’ils étudient – dans le casd’études d’occupation du sol comme à l’échelle del’analyse d’un site – pour plusieurs raisons. D’une part,il s’agit d’un mobilier abondant et aisément identifia-ble, même fragmenté. D’autre part, les études, s’ap-puyant sur un référentiel de comparaison des consom-mations en ville et à la campagne à une vaste échelle,étayant l’absence de discriminants au sein du mobiliercéramique sont récentes et peu nombreuses11. De sur-croît, dans certains cas de figure, éprouvés par l’empi-risme, certaines catégories sont des marqueurs plutôtfiables de statuts sociaux ou de positionnement sur lesréseaux commerciaux, en particulier les amphores. Eneffet, il convient de différencier la prise en compte glo-bale des mobiliers ou du seul mobilier céramique àl’échelle d’un site, de la recherche de caractères dis-crets qui n’a été que trop rarement menée. Ceci passepar un affinement de nos questions et une précision denos angles d’approche afin de détecter de possibleséléments discriminants. Les orientations choisies ausein de l’ACR « Céramiques de cuisine » privilégientainsi la détermination de ces derniers par l’interroga-tion de nos ensembles selon différents axes : les taux etles proportions au sein de la vaisselle et des amphores,l’angle chronologique, l’aspect technique et la compo-sition des batteries de cuisine.

2. RÉPERTOIRES DES VILLES ET DES CAMPAGNES AN-TIQUES EN RHÔNE-ALPES

2.1. Cadre de l’étude2.1.1. Les ensembles retenus

La région Rhône-Alpes, qui présente des paysagesvariés, depuis les Alpes et le Jura méridional jusqu’àla plaine de la Loire et au Massif central, en passantpar les plaines et les vallées de l’axe Rhône-Saône,témoigne d’une très grande diversité tant géogra-phique qu’administrative dès l’époque antique. Elle a,en effet, pour particularité de se situer à la frontière dedifférentes provinces de la Gaule romaine : la GauleNarbonnaise et les Trois Gaules, incluant les partiesméridionales de la Belgique et de Lyonnaise – aucontact direct de l’Aquitaine voisine située au-delà du

Forez – ainsi qu’une part des provinces alpines(fig. 1).

Quatre-vingt-quatorze lots ont été retenus, dont cin-quante-sept ont été étudiés dans le cadre de l’ACR ettrente-sept sont issus de la bibliographie (cf. annexes).Certains proviennent d’établissements ruraux (termi-nologie couvrant depuis la villa – exploitation agricolecomportant une partie résidentielle distincte de la par-tie productive – jusqu’aux établissements de tailleplus modeste), d’autres plus urbanisés aux statutsvariés (capitales de province, chefs-lieux de cités,agglomérations secondaires et/ou habitats groupés :établissements regroupant plusieurs unités d’habita-tions distinctes et dont la morphologie ne suggère pasl’appartenance à un même ensemble domanial). Lesensembles issus d’ateliers, de sanctuaires et de sitesidentifiés comme des relais routiers ou auberges n’ontpas été retenus dans cette étude.

Les ensembles étudiés se répartissent de la manièresuivante : des établissements ruraux (onze ensemblesissus de sept sites) et des villae (vingt ensembles issusde huit sites) ; des habitats groupés ou agglomérationssecondaires (trente-six ensembles issus de treizesites) ; des chefs-lieux de cité (Aime, Alba-la-Romaine, Feurs, Valence et Vienne : vingt-quatreensembles) ; une capitale confédérale (Lyon : troisensembles) (Annexe). Les ensembles urbains sont lesmieux représentés avec les deux tiers de notre corpus.2.1.2. Les limites de l’étude2.1.2.1. Constitution et origine des ensemblesLa composition des ensembles

Les associations de lots fondées sur la chronologierelative (c’est-à-dire dont la chronologie est identiqueou similaire : comblement de fosse, remblais deconstruction, etc.) représentent 83  % des ensemblesretenus (dont les deux tiers en milieu urbain), alors que17  % de notre corpus (dont les deux tiers en milieuurbain) proviennent d’ensembles-clos. Les contextesurbains livrent les ensembles les plus volumineux,avec une fourchette comprise entre 99 restes pour l’en-semble II de Revel-Tourdan et plus de 36 000 restespour l’horizon 4 de la Maison des Dieux Océan àSaint-Romain-en-Gal. Le monde rural, quant à lui, pré-sente une fourchette plus resserrée comprise entre 149restes à Rive de Gier/Combeplaine et 4 034 restes pourl’ensemble IV de Saint-Romain-de-Jalionas/Le Vernai(Annexe). Quinze ensembles proviennent d’opérationsde diagnostic ou de sondages, dont seulement deux en

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 293

10. — LEPETz 2009, p. 13-24 ; FOREST 2009 ; BATIGNE-VALLET 2007,p. 113-143.

11. — Cf. la communication d’A. Delor-Ahü et P. Mathelart dans cemême colloque.

milieu rural. Quant aux fouilles préventives et pro-grammées, elles représentent cinquante-sept ensem-bles (dont vingt-neuf issus du monde rural). La question de la gestion des déchets

La gestion des déchets durant l’Antiquité influe surla composition des mobiliers présents dans les dépôtssédimentaires et donc sur la composition des assem-blages que nous étudions. Cette question a été abordéepour de nombreuses villes de Gaule12. Ainsi, à Lyon,où sont connues dès le Ier s. ap. J.-C. des zones dedécharge à la périphérie de la ville, l’hypothèse d’unegestion des déchets a été avancée13. Ces zones de

rejets sont mises en relation avec l’apparition de solsconstruits dans les habitats de la colonie et l’améliora-tion du système de voirie par l’aménagement de col-lecteurs et le dallage des rues. Au cours du IIe s. unramassage systématique doit probablement être envi-sagé en relation avec la pauvreté du matériel récoltédans les habitats et la rareté des contextes de cettepériode. Enfin, à la fin de ce siècle et surtout au IIIe s.,l’abandon de certains secteurs de la ville haute favo-rise la constitution de dépotoirs dans les secteursanciennement habités. Le schéma envisagé à Lyonpeut être transposé ailleurs. D’autres grandes villes –comme Autun et Aix-en-Provence – sont caractérisées

294 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

12. — BALLET, CORDIER 2003. 13. — DESBAT 2003.

?

?

?

?

0 60 km

léman

ALLOBROGES

Vienne

? territoire et/ou limite incertain(e)

peuple/civitas

chef-lieu de cité

D.A.O. Guillaume Varennes

ÉGUSIAVESRÉGION

TRANSPADANE

COLONIA IA ULIA EQUESTRIS

AMBARRESARVERNES

VELLAVES

GABALES RICASTINSASAS

ALLOBROGES

UCENIITRICORII

VOCONCES

EGOVELLAUNESG AUAU

HELVIENS

VOLQUES

ARÉCOMIQUES

COLONIA IA ULIA S

AAALPES

GGRAIES

OTTIENNES

ALPES

OENINNES

Lyon

AimeFeurs

Alba-la-Romaine

Vienne

Saint Paul-Trois-Châteaux

Valence

FIG. 1. — Peuples et chefs-lieux de cité au début du Ier s. ap. J.-C. en région Rhône-Alpes. DAO G. Varennes.

par des décharges extra-muros témoignant d’une éva-cuation des déchets14. Ces différents cas soulignentl’influence de cette gestion sur la composition desensembles urbains.

Des analyses de ce type manquent encore pour l’es-pace rural. Néanmoins, on peut difficilement imaginerun grand établissement rural sans gestion de sesdéchets. Les sols en dur des villae ne permettent pasl’épandage des rejets domestiques in situ sous laforme de recharges de sols – encore que celles-ci nelivrent que du mobilier en position secondaire. De sur-croît, dans le cadre d’une activité agricole, la gestiondes fumiers d’élevage et l’enrichissement des solsintègrent les rejets de consommation qui sont mêlésaux déchets organiques.

Ainsi, cette spécificité pour l’instant reconnue ausein des grandes villes antiques ne doit pas constituerun frein à la tentative de comparaison entre sitesurbains et ruraux. Pour ces derniers, il faut probable-ment envisager, au moins pour les plus importantsd’entre eux, une organisation similaire pour évacuerles déchets. La vision parfois tronquée d’une villa,reposant sur la fouille partielle de la seule partie pro-ductive ou résidentielle, ne nous apparaît donc pascomme une limite à la définition de son faciès deconsommation.

2.2. Analyse des ensembles2.2.1. Les proportions et les taux

Au cours des cinq siècles retenus pour notre étude,aucune différence notable n’a été relevée entre lesratios des premiers siècles ap. J.-C. et ceux del’Antiquité tardive, à l’exception de quelques varia-tions observées dans les proportions d’amphores ou devaisselle fine (Annexe). Néanmoins, l’échelle de notretravail ne nous permet pas, pour l’instant, de détermi-ner la part des effets de sources (nature et quantité deslots) ni d’en saisir les causes.2.2.1.1. Le ratio vaisselle/amphore

C’est parmi les ensembles urbains que les taux lesplus élevés de restes amphoriques (en NR comme enNMI) sont recensés pour la période romaine (fig. 2).Parmi les quarante ensembles où leur part dépasse20 % du nombre de restes total, huit sont issus d’éta-blissements ruraux (dont six proviennent d’une villa),quatre proviennent d’agglomérations et vingt-deux dechefs-lieux de cité. Il faut tout d’abord remarquer lafaiblesse de ces ensembles ruraux, tous inférieurs à800 NR (à l’exception de l’état 4 de la villa de Surel àLa Garde, avec plus de 2 000 restes) par rapport auxensembles urbains comptant plusieurs milliers de tes-sons. Il faut aussi noter que si deux ensembles de la

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 295

14. — BALLET, CORDIER 2003.

chef-lieu de cité

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établissement rural

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eur

FIG. 2. — Part des restes d’amphores (en % du nombre de restes) au sein du mobilier céramique. DAO G. Varennes.

villa de La Barre à Saint-Sorlin-en-Valloire livrent desparts importantes de restes amphoriques (30  % et67 %), celles-ci sont dues à la forte fragmentation dequelques objets seulement (NMI 7 au total).

En revanche, sur les quarante et un contextes supé-rieurs à 1 000 restes15, seuls seize ensembles livrentplus de 20 % de restes d’amphores. Ils sont représen-tés par treize ensembles issus de Saint-Romain-en-Gal, un de Lyon, deux de Roanne et un seul d’un éta-blissement rural (La Garde-Adhémar, Surel état 4)16.La part importante des restes d’amphores dans cescontextes urbains peut renvoyer, selon la compositiondes dépôts et avec les biais inhérents à la valeur denotre échantillon, soit à une production, soit à la com-mercialisation de produits pouvant s’inscrire dans desréseaux commerciaux à longue distance. Quant auxcontextes ruraux, cette part doit vraisemblablementêtre liée aux productions spécifiques de certains éta-blissements agricoles, comme dans le cas du site deSurel où des bases de pressoirs ont été identifiées17.

La variation de ce taux semble ainsi refléter plusdes fonctions économiques spécifiques aux contextesd’origine (rôle commercial, culture de la vigne)qu’une véritable distinction entre monde urbain etrural. Néanmoins, cette distinction peut être valabledans un contexte local. À Lyon, une véritable diffé-rence existe durant toute l’Antiquité entre lescontextes urbains et ceux situés dans la périphérieproche de la ville. En effet, dans ces derniers, les ves-tiges amphoriques sont très discrets18. Il faut tenircompte ici du rôle spécifique dévolu à Lyon dans lecircuit de redistribution des produits conditionnés enamphores, qui peut probablement accentuer l’écart19.La question se pose aussi pour Vienne qui fournit destaux de restes amphoriques parmi les plus élevés dansnotre ensemble de référence, mais qui ne bénéficie pasd’une étude comparable pour sa proche périphérie. Enl’absence d’autres données régionales pouvant assurerl’existence d’un véritable hiatus entre ville et cam-pagne dans ce domaine, il ne peut pas pour l’heureservir à l’établissement d’un marqueur distinguant laville de la campagne.2.2.1.2. Le ratio céramique fine/céramique commune

Les comptages stricts de vaisselle, incluant la céra-mique fine et la céramique commune, montrent une

représentation équilibrée des ensembles ruraux eturbains, caractérisée par deux seuils de 10 % et 30 %de restes de céramiques fines par rapport à l’ensemblede la vaisselle (fig. 3). Cette fourchette regroupe lesdeux tiers des ensembles retenus, urbains (quarante etun ensembles) comme ruraux (vingt-quatre ensem-bles).

Les quatorze ensembles sous le seuil des 10 % sonten majorité urbains. Les échantillons sont numérique-ment très différents : l’horizon 11 de Roanne dépassela dizaine de milliers de restes, les autres étant caracté-risés par leur faible nombre de restes (entre 100 et 800restes, avec sept ensembles entre 100 et 200 restes).Les quinze ensembles au-dessus du seuil de 30  %comprennent de petits ensembles de moins de 100restes et d’autres plus conséquents, mais qui ne dépas-sent pas 2 000 restes. Six ensembles proviennent dechefs-lieux de cité, trois d’agglomérations, cinq de vil-lae et un d’établissement rural.

Pour les ensembles supérieurs à 1 000 restes devaisselle, les rapports observés précédemment sontvalidés (fig. 4). Sur trente-huit ensembles, un seul,issu d’un habitat groupé, propose une part de céra-mique fine inférieure à 10 % et trois ensembles livrentun taux de céramique fine supérieur à 30 % (issu res-pectivement d’un chef-lieu de cité, d’un habitatgroupé et d’une villa). En affinant notre lecture, lerapport des NMI reste à l’avantage de la céramiquecommune, indifféremment de la nature urbaine oururale du site de provenance, sauf dans de très rarescas20.

Enfin, un cas doit être souligné, il s’agit de celuifourni par les ensembles issus de la fouille d’un éta-blissement rural, situé rue Pierre Dubreuil à Riorges, àproximité immédiate de Roanne (ACR). Des distinc-tions sont sensibles dans le rapport entre la céramiquecommune et la céramique fine. La première est ainsiproportionnellement plus abondante à Riorges avec70 % des vases de l’ensemble I pour 53 % à Roanne.Ce déséquilibre s’effectue aux dépens de la seconde etplus particulièrement de la sigillée (9 % des vases àRiorges contre 16 % à Roanne dans l’horizon 9), ainsique des céramiques à paroi fine qui ne représententque 2 % des vases pour 6 % à Roanne. En revanche, lacéramique peinte, la terra nigra ou les céramiques à

296 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

15. — Sur les 41 ensembles, 11 sont issus de sites ruraux et 30 decontextes urbains.16. — Si on s’attache à observer l’évolution des proportions en termesde NMI, on retrouve parmi les ensembles numériquement les plusconséquents, sensiblement les mêmes, ceux issus d’ensembles urbains(Saint-Romain-en-Gal essentiellement) sont les plus nombreux.17. — HENRy 2002.18. — SILVINO, BONNET 2011, p. 163.19. — En ce qui concerne le site de Lyon, on renvoie aux probléma-

tiques liées aux productions d’amphores lyonnaises au Ier s. ap. J.-C. etau rôle de relais qu’occupe la capitale des Trois Gaules dans les circuitscommerciaux entre le monde méditerranéen et les territoires du nord etde l’ouest de la Gaule (DESBAT 1997, p. 92-94).20. — Trois ensembles présentent un NMI ou NTI de céramiques finessupérieur à la céramique commune : à Annecy, dans un comblement depuits (zAC Galbert puits US5044), à Lyon dans les ensembles de l’étatII de la fouille du Musée Gadagne et à Saint-Romain-en-Gal dans l’ho-rizon 7 de la Maison des Dieux Océan.

vernis rouge pompéien présentent des taux assezproches de ceux observés à Roanne. De plus, parmiles formes de la céramique de cuisine les deux tiersdes pots identifiés en commune grise sont sans équi-valents dans le mobilier roannais. Un choix deconsommation délibéré, privilégiant un approvision-nement local (céramique peinte, terra nigra, VRPlocale ?), peut être envisagé et on peut invoquer le

positionnement du site en contexte rural pour expli-quer ce décalage. Néanmoins, cet exemple est ponc-tuel et ne trouve pas, pour l’instant, d’autres points decomparaison à l’échelle locale et régionale. Dans lapériphérie lyonnaise durant l’Antiquité tardive, l’ana-lyse des ensembles céramiques ne montre pas undécalage similaire. Au contraire, à la différence de cequi a été observé pour les amphores (cf. supra), en ce

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 297

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10

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50

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sans

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10 %

chef-lieu de cité

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villa

établissement rural

FIG. 3. — Part des restes de la céramique fine (en % du nombre de restes) au sein de la céramique domestique. DAO G. Varennes.

0

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20

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30

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habitat groupé

villa

établissement rural

FIG. 4. — Part des restes de la céramique fine (en % du nombre de restes) au sein de la céramique domestique (ensembles > 1 000 restes). DAO G. Varennes.

qui concerne la céramique domestique les sites rurauxparaissent relativement bien intégrés dans les circuitscommerciaux21.2.2.1.3. Bilan

La comparaison des proportions entre amphore etcéramique domestique et des taux au sein de celle-cine met pas en évidence de critères discriminants cer-tains. Autant de céramique fine est consommé à laville qu’à la campagne. Quand une différence est nota-ble, comme entre Roanne et Riorges, celle-ci n’a,semble-t-il, qu’une valeur locale.

Toutefois, une part élevée des amphores peut êtreun marqueur dans certains cas : elle peut constituersoit l’indice d’une production, soit celui de la consom-mation de produits importés, si on ne tient compte quedes niveaux de consommation. De plus, à l’échelle decertains grands centres urbains, Lyon et Vienne princi-palement, un rôle de production comme de redistribu-tion peut être à l’origine de taux élevés dans les rem-blais issus de quartiers d’habitat, comme àSaint-Romain-en-Gal, par exemple. Néanmoins, ilfaut insister sur le fait que ce taux n’est pas lié à lanature urbaine ou rurale du site mais à la nature desactivités agricoles, dans le cas de la viticulture parexemple, ainsi qu’à sa position sur les réseaux com-merciaux à grande distance22.2.2.2. L’aspect chronologique

On considère traditionnellement que la ville gallo-romaine, par l’adoption précoce des formes architec-turales romaines, évolue plus rapidement que ses cam-pagnes. Par extension, on peut supposer des décalageschronologiques dans l’acquisition de certaines pro-ductions selon qu’on soit en ville ou non. Toutefois, ilfaut souligner d’emblée que les résultats de l’archéo-logie rurale, avec le cas de la villa précoce de Saint-Romain-de-Jalionas par exemple, tendent à modérerce premier a priori, les rythmes architecturaux descampagnes ne paraissant pas en décalage de la ville. Ilconvient à présent d’interroger le mobilier céramiquesous cet angle à partir de catégories pouvant prétendreà être discriminantes : la vaisselle de table, les céra-miques à Vernis Rouge Pompéien, les céramiquesafricaines de cuisine et les céramiques fines del’Antiquité tardive.

2.2.2.1. L’évolution de la vaisselle de table autour duchangement d’ère

Dans les contextes datés de la fin du Ier s. av. J.-C.,les formes issues du répertoire de tradition gauloiseoccupent une place non négligeable au sein de la vais-selle de table aux côtés des importations méditerra-néennes et des premières productions de sigillée ita-liques ou lyonnaises, comme cela a été noté à Vienne,à Revel-Tourdan ou encore à Saint-Romain-de-Jalionas, dans les ensembles de l’ACR23. L’abandon,ou tout du moins la raréfaction, de ce répertoire n’estréalisé qu’au début du Ier s. ap. J.-C. sur les grandssites urbains24. Un décalage peut-il être lu entre leschefs-lieux de cité ayant récemment accédé à ce statut(parfois avec l’apport d’une population exogène), lesautres agglomérations et les sites ruraux ?

On peut s’appuyer sur quatorze ensembles, dontdouze livrent plus de 300 restes de céramique, datésde la fin du Ier s. av. J.-C. et du début du siècle suivant(fig. 5). Le monde urbain est mieux documenté que lemonde rural où seule la villa du Vernai à Saint-Romain-de-Jalionas livre des ensembles de cettepériode. La majorité des lots livre entre 15 % et 30 %de restes en céramique fine ; ce ratio correspond auxtaux relevés sur l’ensemble de la période gallo-romaine (cf. supra). Toutefois, l’ensemble de ces

298 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

21. — SILVINO, BONNET 2011, p. 161-163 : les seules différences entreLyon et sa périphérie sont relevées dans les moindres quantités d’am-phores recensées en milieu rural, la rareté des céramiques africaines etl’absence des vases à médaillon d’appliques.22. — Ce dernier critère constitue par ailleurs un des éléments généra-

teurs du phénomène urbain. Cependant, la seule prise en compte destaux et des proportions n’en offre qu’une vision réductrice et ne peutêtre retenue évidemment comme un critère décisif.23. — Vienne : LEBLANC 2007, p. 43-45.24. — LEBLANC 2007, p. 199.

0

5

10

15

20

25

30

chef-lieu de cité

habitat groupé

villa

établissement rural

FIG. 5. — Part des restes de la céramique fine (en % du nombre de restes) au sein de la céramique domestique dans

les contextes précoces. DAO G. Varennes.

contextes provient du monde urbain. Quant à la pre-mière villa du Vernai (ACR : ensembles I et II), le ratione dépasse pas 10 à 13 %, mais l’absence d’autres pointsde comparaison en milieu rural pour cette période, nepermet pas de tirer de conclusions définitives.2.2.2.2. La diffusion des céramiques à vernis rougepompéien précoces

Autour du changement d’ère, les céramiques à ver-nis rouge pompéien importées sont reconnues dans lesensembles provenant des chefs-lieux de cité à Lyon, àVienne et peut-être dans certaines agglomérationscomme à Roanne, mais sont absentes des ensemblesruraux25. Néanmoins, leur présence dans ces contextesprécoces est toujours faible (1 % du NR total de lacéramique commune à la fin du Ier s. av. J.-C. dans laMaison des Dieux Océan à Saint-Romain-en-Gal26) etillustre plus l’insertion de ces villes dans des circuitscommerciaux à longue distance avec le monde médi-terranéen et d’une romanisation des usages de la tableen cours, qu’un véritable discriminant entre monderural et urbain.2.2.2.3. La diffusion des céramiques africaines de cuisine

La diffusion des céramiques africaines de cuisineest bien reconnue à partir du IIIe s. à Lyon, à Viennecomme à Valence (ACR : place des Ormeaux - ensem-ble III et sur le site des Rues d’Arménie et Bouffier)27.En dehors des chefs-lieux de cité de la vallée duRhône, ces importations sont aussi recensées àAnnecy-le-Vieux, sur le site des Ilettes, dans l’ensem-ble IV daté du troisième quart du IIIe s. (ACR). Enfin,leur présence est relevée à Saint-Romain-de-Jalionas,sur la villa du Vernai, dans les ensembles datés de lafin du IIe s. jusqu’au IVe s. (ACR : ensembles IV et V).

Cette répartition montre bien que ces importationsde céramique africaine de cuisine ne sont pas un cri-tère d’urbanité, celles-ci étant relevées en ville commeau sein de villae. En revanche, leur répartition sou-ligne les points forts des circuits commerciaux àlongue distance le long de la vallée du Rhône d’unepart (Valence, Vienne, Lyon) et l’insertion de certains

grands établissements ruraux, situés en périphérieurbaine (Les Ilettes à Annecy-le-Vieux) ou non (LeVernai), dans ces circuits, même si les quantités sonttrès faibles28.

Enfin, si cette catégorie est diffusée le long de l’axerhodanien et dans les Alpes, la frange occidentale dela région semble exclue des courants de diffusion. Eneffet, l’agglomération de Roanne se trouve placée àl’écart de la voie de commercialisation de ce produit,les céramiques africaines de cuisine étant totalementabsentes des contextes de l’horizon 12 (fin IIe-IIIe s.)29.2.2.2.4. La part de la céramique fine durantl’Antiquité tardive

Dans la partie méridionale de la France commedans notre zone d’étude, une raréfaction de la céra-mique fine à la fin de l’Antiquité est régulièrementsoulignée dans les études d’occupation du sol et demobilier issu de prospections. Cette baisse des occur-rences de la céramique fine après les IIe et IIIe s. ap. J.-C. est signalée en Provence et aux environs de l’étangde Berre30, en Languedoc oriental31, comme enmoyenne vallée du Rhône32.

Néanmoins, cette raréfaction n’est pas perceptibleau sein de notre échantillon. Les quinze ensembles(dont neuf sont issus du monde rural) datés depuis lafin du IIIe s. et jusqu’à la fin du Ve s., livrent tous untaux de céramique fine compris entre 21 % et 38 %pour les ensembles déjà importants (supérieurs à 500restes de vaisselle). De même, les ensembles rurauxde la périphérie lyonnaise publiés récemment livrentdes parts de céramique fine dépassant régulièrement30 à 40 % pour ces mêmes périodes, sans que le carac-tère résiduel de la vaisselle du Haut-Empire puisse enêtre la cause33. Ainsi, il faut probablement imputercette raréfaction dans les ensembles issus de prospec-tion à des biais liés à la méthode d’acquisition desmobiliers recueillis en surface et à leur taphonomie.2.2.2.5. Bilan

Les différents axes choisis pour interroger la com-position des faciès urbains et ruraux à la recherched’un possible décalage se révèlent peu concluants, par

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 299

25. — Ces céramiques sont importées au Ier s. av. J.-C. à Vienne(LEBLANC 2007, p. 31 et 48) comme à Lyon (GENIN 1997, p. 13-36).Dans la future capitale des Gaules, elles sont reconnues dès les années60-40 av. J.-C. dans le fossé de l’Hôpital Sainte-Croix (MAzA 2001) etentre 75 et 50 av. J-C. sur le site de l’Hôtel Gadagne (BATIGNE-VALLET,LEMAîTRE 2008). À Tourdan, une occurrence est recensée sur le site deChamp-Martin dans un contexte daté de la première moitié du Ier s. av.J.-C. (VARENNES 2010, p. 664). Quant à Roanne, l’identification d’im-portations n’est pas certaine, une part des objets à engobe interne rougereconnus dans les horizons 5 et 6 (40-10 av. J.-C) pourrait correspondreà des imitations régionales de productions italiques (GUICHARD,LAVENDHOMME 1997, p. 132).26. — LEBLANC 2007, p. 35.

27. — Lyon : BONNET, BATIGNE-VALLET 2003, p. 145-181 et SILVINO2007, p. 187-230 ; Vienne : LEBLANC 2007, p. 194 ; Valence : SILVINO2009.28. — Hors du cadre de l’ACR, cette catégorie est reconnue en faiblequantité sur les sites de la périphérie lyonnaise (rue Mouillard à Lyon,villa de la Dent à Meyzieu et villa des Grandes Terres à Beynost :SILVINO, BONNET 2011, p. 116-131).29. — GENIN, LAVENDHOMME 1997.30. — TRÉMENT 1999, p. 30-31 pour l’étang de Berre.31. — RAyNAUD 2000, p. 208-209 dans le Lunellois.32. — VARENNES 2010, p. 59 pour la plaine de la Valloire.33. — SILVINO, BONNET 2011, p. 109-172.

manque de séries de références ou par des biaisméthodologiques, comme dans le dernier cas, et sesoldent par un résultat négatif dans les autres. Enfin,certaines catégories spécifiques d’importations,comme les céramiques à Vernis Rouge Pompéien etles africaines de cuisine, constituent les témoins d’undegré d’insertion dans les réseaux économiques àlongue distance, plutôt que de véritables discriminantsentre ville et campagne.2.2.3. Les catégories techniques au sein de la céramique commune

Sur la base documentaire constituée au cours del’ACR, nous avons choisi de concentrer notreapproche sur les céramiques communes. La céra-mique commune correspond à la vaisselle servant austockage domestique des denrées, à la préparation et àla cuisson des mets, composant la batterie de cuisine,par opposition à la vaisselle de service et de table,relevant majoritairement de formes standardisées pro-duites en céramique fine. Dans cette démarche, nousavons tenté de déterminer s’il existe une distinctiontechnique entre monde urbain et campagne.2.2.3.1. Les pâtes

La nature des pâtes employées dans nos ensemblesde référence montre une diversité régionale constantesur l’ensemble de la période, quel que soit la nature dusite pris en compte. Ainsi, dans le répertoire de laLoire, les pâtes calcaires sont rares, en raison descontraintes liées à la géologie locale, dans le monderural comme en ville, alors que sur le reste du terri-toire régional la bipartition pâte non calcaire/calcaireest récurrente. Quant aux pâtes kaolinitiques identi-fiées en moyenne vallée du Rhône, leur diffusion estreconnue sur les sites urbains comme ruraux.

Néanmoins, dans certains cas, des disproportionsapparaissent entre les pâtes rouges et grises. Ainsi, àLyon, au IIIe s. ap. J.-C. les céramiques à feu à pâterouge prédominent34. Il en est de même dans la Loire,à La Pacaudière comme à Roanne (ACR), où dès lemilieu du Ier s. le mobilier cuit en mode A prend le passur le mobilier cuit en milieu réducteur. Pour autant,ce rapport favorable aux pâtes rouges n’existe pas àSaint-Romain-de-Jalionas, pour la même période, ni àSaint-Romain-en-Gal en contexte urbain. Plus au sud,à Valence, durant l’Antiquité tardive, le répertoireparaît perméable aux productions rouges de la rivedroite, alors que ces influences ne semblent pas péné-trer dans la proche campagne où les pâtes grises domi-

nent largement35. Ainsi, ces différents exemples,encore mal caractérisés, révèlent que ces décalagesn’ont probablement pas de valeur de ségrégation entreville et campagne et doivent être confrontés dans desséries plus importantes, pour prendre sens à l’échelledu contexte local.2.2.3.2. Les céramiques non tournées

L’a priori négatif selon lequel le monde rural estmoins perméable aux changements techniques et doncà l’utilisation de la céramique tournée peut s’analyserau regard des céramiques non tournées qui constitue-raient alors un discriminant entre ville et campagne.D’une manière générale, la céramique non tournée denotre échantillon est présente autour du changementd’ère en ville, à Vienne et à Lyon comme dans lemonde rural à Saint-Romain-de-Jalionas (ACR :ensembles I et II)36. Si une part de mobilier résiduel deLa Tène finale dans des remblais de construction peutêtre invoquée, les niveaux d’occupation contempo-rains livrent une part non négligeable de céramiquenon tournée tant à Saint-Romain-en-Gal (41 % du NRde la céramique commune de l’horizon 3 de la Maisondes Dieux Océan) qu’à Saint-Romain-de-Jalionas(29 % du NR de la céramique commune de l’ensembleII). C’est également le cas à Roanne où la céramiquenon tournée reste non négligeable pendant l’époqueaugusto-tibérienne pour quasiment disparaître àl’époque claudienne (horizon 8)37. Au-delà du milieudu Ier s. ap. J.-C., cette catégorie devient très margi-nale, en contexte urbain (la céramique non tournée estextrêmement rare à Saint-Romain-en-Gal) commerural (à Beynost et à Saint-Romain-de-Jalionas cettecatégorie n’apparaît plus dans le cours de la deuxièmemoitié du Ier s. ap. J.-C.). Néanmoins, il faut noterlocalement, à Valence, son maintien au cours du Ier s.ap. J.-C. dans des contextes fouillés sur le site des« Rues d’Arménie et Bouffier » où les ensembles de laseconde moitié du Ier s. ap. J.-C. livrent encore unepart importante de céramique non tournée38. Il fautprobablement exclure un phénomène de résidualité etconclure à l’emploi d’un répertoire de tradition gau-loise encore produit en céramique non tournée aucœur de la colonie valentinoise.2.2.3.3. Bilan

Les faciès locaux, composés des mêmes catégoriestechniques, montrent que les choix géologiques et tech-niques des productions se retrouvent sur le territoire deleur diffusion et ne sont pas liés à la nature urbaine ou

300 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

34. — BONNET, BATIGNE-VALLET 2003.35. — BONNET, GILLES en cours.36. — Vienne : LEBLANC 2007, p. 41-43 ; Lyon : GENIN 1997.

37. — GENIN, LAVENDHOMME 1997, p. 136.38. — SILVINO 2009.

rurale des sites où celles-ci sont recensées. Si des dif-férences ont pu être relevées entre la ville et sa prochecampagne, celles-ci doivent être mises en perspectivelocalement et ne peuvent pas servir à l’établissementd’un discriminant systématique.2.2.4. La composition des batteries de cuisine

Le répertoire des vases de cuisson et de préparation,par les caractéristiques culturelles qui lui sont asso-ciées peut prétendre être un critère discriminant, aumoins sous deux aspects : tout d’abord d’un point devue chronologique, avec les rythmes d’adoption denouveaux modes de cuisson, ensuite sous l’angle terri-torial avec la composition des batteries de cuisine ausein des faciès locaux.2.2.4.1. L’évolution des batteries de cuisine

La batterie de cuisine romaine composée du pot, duplat et de la marmite est acquise dans les cuisinesrégionales à partir du changement d’ère. C’est, dumoins, ce qui transparaît des ensembles urbains39.Notre connaissance du monde rural souffre d’unedocumentation plus faible. Néanmoins, les sitesurbains de Saint-Romain-en-Gal et la villa du Vernai àSaint-Romain-de-Jalionas livrent des ensembles bienstratigraphiés permettant de saisir cette évolution.

Dans les ensembles de Saint-Romain-de-Jalionas,le plat apparaît dès la première moitié du Ier s. av. J.-C.Cependant, il faudrait pouvoir faire la différence entrel’apparition d’une forme, d’une part, et la placequ’elle occupe réellement dans la batterie de cuisine,d’autre part40. En effet, le plat n’occupe une placeimportante dans la batterie de cuisine de la villa quevers la fin du IIe s. ap. J.-C. Sur toute la période, celle-ci est largement dominée par le pot à cuire qui consti-tue les deux tiers des formes, tandis que les marmites,même si elles sont présentes, restent très marginales.Quant à Saint-Romain-en-Gal, si les pots à cuire sontmajoritaires, le plat prend place au sein de la batteriede cuisine dans les ensembles de la Maison aux CinqMosaïques et de la Maison des Dieux Océan, au coursde la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. soit un siècleplus tôt qu’au Vernai41. Quant aux marmites, elles res-

tent toujours largement minoritaires. Le décalagerelevé ici n’apporte toutefois pas de conclusions cer-taines. En effet, il y a un hiatus dans les ensembles duVernai couvrant la quasi totalité du IIe siècle, entrel’ensemble III et l’ensemble IV, qui peut masquer uneadoption plus précoce de cette forme. En l’absence depoints de comparaison en milieu rural et dans le mêmesecteur géographique pour apprécier la portée de cedécalage, celui-ci n’a qu’une valeur limitée.2.2.4.2. Les batteries de cuisine dans les faciès locaux

Pour la composition des batteries de cuisine, l’ana-lyse des Groupes Morphologiques souligne l’homogé-néité des assemblages sur l’ensemble du territoireconsidéré : d’une manière générale le pot à cuirecompte pour la moitié des ustensiles de cuisine, lereste se partageant entre plats et marmites selon lesterritoires considérés42. Cette homogénéité ne semblepas être remise en cause non plus par la nature des éta-blissements.

La faible part des plats à cuire dans la plaine duForez caractérise aussi bien le site rural de la RuePierre Dubreuil, situé en périphérie de Roanne, quecelui de la Rue Fontenille, fouillé dans l’aggloméra-tion même, datés l’un et l’autre de la première moitiédu IIe s. ap. J.-C. Ces ensembles précédent l’apparitiondes plats à cuire à Roanne à partir de la fin du IIe s. ap.J.-C. où ce type compte pour 10 % des vases des hori-zons 11 et 1243. Toutefois, en l’absence d’autres sitesruraux pour ces périodes à proximité de Roanne, laconsommation roannaise ne peut être comparée à celledes campagnes.

D’autres territoires offrent des points de comparai-son plus nombreux. Ainsi, dans la plaine de laValloire, les mêmes types de plats régionaux sont ren-contrés sur les villae à Saint-Sorlin-en-Valloire et àBeaurepaire44, comme dans les ensembles de l’agglo-mération de Tourdan, accompagnés par les mêmestypes régionaux et locaux de pots à cuire. Quant auxmarmites, les mêmes types tardifs sont identifiés àTourdan comme à Beaurepaire.

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 301

39. — Vienne : LEBLANC 2007, p. 199 ; Lyon et Roanne : GENIN 1997,p. 13-36.40. — De plus, si on se réfère à des contextes laténiens, l’apparition deformes similaires aux plats et marmites peut être ancienne dans lemonde urbain celtique comme au sein d’établissements ruraux sansqu’ils ne deviennent un élément de base de la batterie de cuisine,comme en témoignent les récipients de type plat/marmite tripode dansla plaine du Forez au Ier s. av. J.-C. (GUICHARD, LAVENDHOMME 1997,p. 98, type 3114 ; DUMOULIN 2007, pl. 96, n° 4 à 6). À Tourdan, sur lesite de Champ-Martin, ce type de récipient fait son apparition à la char-nière des IIe et Ier s. av. J.-C. Enfin, des exemples peuvent être recensésdans le monde rural, sur le site de La Barre, à Saint-Sorlin-en-Valloire,dans les fossés de la ferme gauloise datés de la même période, les plats

et les marmites (accompagnées de leur couvercle) côtoient les pots detradition gauloise (VARENNES 2010, p. 293-294). Si les formes de réci-pients tripodes relevés dans ces ensembles ne correspondent pas aucaccabus italien, leur morphologie et leur association avec des couver-cles permettent de considérer la polyvalence de ces récipients, adaptésà divers modes de cuissons (bouillir, à l’étouffée et mijoter), et peuventainsi témoigner de l’adoption précoce de modes culinaires romains.41. — LEBLANC 1994, p. 94-105 et LEBLANC 2007, p. 185-187.42. — BATIGNE-VALLET, BARTHèLEMy 2012.43. — GENIN, LAVENDHOMME 1997, p. 114.44. — Ensemble traité dans le cadre de l’ACR mais non retenu pourcette étude.

Enfin, l’association de pots, de marmites et de platsdurant l’Antiquité tardive caractérise les sites de laplaine valentinoise. Elle est relevée aussi bien sur lessites urbains de La Sablière/Villa Augusta à Saint-Paul-Trois-Châteaux et la Place des Ormeaux àValence, que sur les sites ruraux de Saint-Martin àChabrillan et de Bourbousson à Crest45.2.2.4.3. Bilan

Si des différences peuvent être lues dans la compo-sition des batteries de cuisine, elles ne peuvent consti-tuer un discriminant clair entre le monde urbain etrural. En effet, celles-ci semblent davantage renvoyerà des appartenances à des faciès territoriaux, au seindesquels il nous manque un échantillon suffisammentlarge de sites ruraux, présentant des ensembles quanti-tativement représentatifs et bien datés, à confronteraux ensembles urbains contemporains.2.3. Synthèse

L’incidence du contexte est souvent difficile àapprécier et il est toujours délicat de comparer desensembles de tailles et de natures différentes, pouvantêtre constitués d’un dépôt unique ou d’un regroupe-ment en horizons. À l’échelle de notre travail, aucun« faciès type » du monde urbain ou du monde rural nese dégage. D’une manière générale, les ratios entrecéramique fine et céramique commune ne paraissentpas discriminants. Seuls les taux élevés d’amphorespeuvent caractériser certains sites urbains ou des sitesde productions viticoles pour l’époque romaine. Demême, dans la diachronie, aucun discriminant ne sem-ble apparaître clairement. Quand un site se détachedes autres, par la présence d’importations par exem-ple, ce marqueur renvoie plus au statut social deshabitants, à un degré de romanisation et à la positionoccupée par ce site sur les réseaux commerciaux plu-tôt qu’à son statut urbain. Enfin, la composition desbatteries de cuisine, même considérée sur le longterme, ne révèle pas de marqueurs spécifiques et géné-riques au monde rural ou urbain. Les distinctions quiont pu être relevées l’ont été au niveau local et n’ont,semble-t-il, de valeur qu’à cette échelle.

Notre incapacité à déterminer un discriminant entreville et campagne ne doit pas pour autant nous amenerà conclure que la céramologie n’aurait rien à proposerd’autre à l’analyse d’un site que des éléments de data-tion, et que, hormis se suffire à elle-même pour desétudes typologiques et de productions, elle n’auraitaucun intérêt pour apprécier un territoire et ses dyna-

miques. Il nous faut proposer d’autres questionne-ments, envisager les apports du mobilier céramique, etde la céramique commune plus précisément, sousd’autres angles d’approches et en des termes moinsréducteurs.

Une solution peut émerger des premiers résultats del’ACR : au cours de ce travail plusieurs faciès géogra-phiques ont été définis46. Leur analyse a mis en évi-dence, d’une part, leur évolution dans le temps commedans l’espace. D’autre part, on a pu observer que cer-tains sites relèvent de plusieurs faciès et proposent desrépertoires mixtes.

Nous sommes convaincus que cette mixité doit êtreanalysée au cas par cas et la céramique commune, pardes caractères pouvant être locaux, nous paraît être unbon marqueur pour une réflexion à l’échelle micro-régionale. Surtout, il nous semble nécessaire de mettreen perspective cette mixité avec l’environnement danslequel s’insèrent ces établissements.

Ainsi, à la recherche d’indices discriminants entremondes urbain et rural, nous proposons de substituerune vision plus dynamique, intégrant les sites, lesréseaux de peuplement et les territoires au sein des-quels ils s’insèrent. Pour cela nous avons fait le choixd’aborder les questions des sites à répertoire mixte etde l’approvisionnement en milieu rural à partir desrésultats d’une étude de peuplement menée en paral-lèle aux travaux de l’ACR, consacrée à la plaine de laValloire47.

3. APPROVISIONNEMENT ET CONSOMMATION DE CÉRAMIQUE DE CUISINE DANS LA CITÉ DE VIENNE :L’EXEMPLE DE LA VALLOIRE

3.1. Les apports méthodologiques de l’ACR« Céramiques de cuisine »3.1.1. La notion de Groupes Morphologiques

Le travail commun mené dans le cadre de l’ACR apermis l’étude complète ou la révision d’ensembleschronologiques inédits, répartis entre la fin du Ier s. av.J.-C. et le Ve s. ap. J.-C. et couvrant la quasi-totalité duterritoire concerné48. L’étude morphologique a étémenée à l’échelle du type, chaque bord observé a étéinventorié selon une classification unique, élaborée aufur et à mesure de l’inventaire. La dénomination destypes comme des catégories techniques a entraîné untravail d’homogénéisation et de lissage à l’échelle dela région. En dernier lieu, l’attribution aux formes(pot, marmite, plat, mortier, couvercle, vase à

302 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

45. — BONNET 2002, p. 321-370.46. — BATIGNE-VALLET, BARTHèLEMy 2012, p. 21-35.

47. — VARENNES 2010.48. — BATIGNE-VALLET, ANDRÉ 2010, p. 117-119.

liquides, jatte, coupe brûle encens) a été revue systé-matiquement.

Une fois cette typologie élaborée pour dessiner lecontour des faciès de consommation il nous a semblénécessaire de hiérarchiser ces types. En effet, il appa-raît clairement que certains sont très largement réper-toriés dans la région, voire au-delà, alors que d’autressont très localisés et très peu répandus. La prise encompte des premiers aurait pour effet de noyer lesseconds et de rendre invisible les faciès locaux. Aussi,nous avons classé l’ensemble des types recensés dansla région en trois niveaux : les types qui ne sont paspropres à la région sont dits « génériques » ; les typesprésents sur une large aire géographique à l’intérieurde celle-ci et qui ne permettent pas de préciser unfaciès local sont dits « régionaux » ; les types spéci-fiques à quelques sites voisins, dits «  locaux », sontceux qui permettent de caractériser le répertoire d’unemicro-région.

Pour ces derniers nous avons dessiné des facièsgéographiques à partir des éléments communs au pluspetit territoire possible, matérialisés sur au moinsdeux sites, que nous dénommons GroupesMorphologiques Locaux (GML) (fig. 6). Nous avonscomplété cette donnée géographique issue des ensem-bles de l’ACR avec la bibliographie régionale disponi-ble (publications et mémoires universitaires)49. 3.1.2. Les Groupes Morphologiques Locaux et lessites à répertoire mixte

Au sein de ces Groupes Morphologiques Locaux,les ensembles sont assez homogènes d’un site à l’autreet il est très rare de constater qu’un site livre des typesinconnus ailleurs dans le même Groupe. Néanmoins,sur certains sites, le répertoire inventorié fait référenceà au moins deux GML. Il s’agit d’établissements quise trouvent le plus souvent aux limites géographiquesd’un Groupe et qui ont bénéficié de l’influence de plu-sieurs d’entre eux. C’est le cas, par exemple, desagglomérations d’Anse et de Saint-Georges-de-Reneins à la croisée des faciès du val de Saône et de laplaine de la Loire, au nord de Lyon, ainsi que de celuide Revel-Tourdan à cheval entre le faciès méridionalet un autre faciès centré autour de l’Isle Crémieu, dansle Nord-Isère (fig. 6). Leur localisation en vallée et surle réseau routier les désigne comme des sites bienpositionnés au sein des réseaux commerciaux, bénéfi-ciant ainsi de plusieurs courants d’influences.

C’est à partir de l’exemple de la plaine de laValloire que nous aborderons la question des sites àrépertoire mixte, l’approvisionnement en milieu ruralet les apports de l’ACR en matière d’analyse de peu-plement et de territoire. Cette micro-région, située ausud-est de Vienne, bénéficie d’un renouvellementrécent des recherches et de la prise en compte de plu-sieurs sites dans le cadre de cette ACR, dont l’agglo-mération de Tourdan (commune de Revel-Tourdan).Le peuplement de ce territoire a été étudié dans lecadre d’un programme de prospection et d’une thèsede doctorat50. Ce travail d’archéologie spatiale menéen étroite relation avec l’ACR a permis de définir lefaciès local de la céramique commune et d’en appré-cier les caractéristiques en l’insérant dans une échelleterritoriale plus vaste. 3.2. La Valloire durant l’Antiquité

La Valloire est une micro-région de la moyenne val-lée du Rhône, située à cheval sur les départements dela Drôme et de l’Isère, située à une vingtaine de kilo-mètres au sud-est de Vienne. Cette large plaine fluvio-glaciaire est orientée d’est en ouest et délimitée aunord par les collines des Bonnevaux et les collines dela Drôme au sud. La zone d’étude retenue est centréesur l’agglomération antique de Tourdan, connue sousle nom de Turedonnum le long de la voie de Vienne àGrenoble sur la Table de Peutinger, et appartenant à lacité de Vienne.3.2.1. Un carrefour routier

L’agglomération de Tourdan est située au carrefourde voies commerciales à longue distance (fig. 7). Lapremière relie les Alpes, par la cluse de Grenoble àl’est à la vallée du Rhône à l’ouest. La seconde, des-cendant des collines de la Drôme, traverse du sud aunord la plaine de la Valloire pour rejoindre le carrefourviennois. Divers éléments nous conduisent à supposerl’existence de ce carrefour routier dès le IIe s. av. J.-C.51. C’est à la seconde moitié de ce siècle que sontattribuées les premières occupations attestées, au lieu-dit Champ-Martin, par différents vestiges liés à latenue de banquets et de rites de libations, une présencearistocratique et des structures de stockage (fig. 8a,A). Ces éléments forment autant d’indices conver-gents vers l’identification d’un espace de rassemble-ment communautaire. Le site forme dans le courant duIer s. av. J.-C. un habitat ouvert de plaine étendu sur20 ha environ.

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 303

49. — Aucun autre élément technique n’a été retenu, comme la pâte oula catégorie technique, car des ateliers fabriquant le même type peuventappartenir au même circuit commercial ou au même groupe alors que lesol ne leur délivre pas le même type d’argile, ou bien certains types

peuvent être indifféremment réalisés dans une catégorie technique ouune autre.50. — VARENNES 2010.51. — VARENNES 2012, p. 131-145.

304 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

a : dernier tiers du Ier siècle ap. J.-C.

1

2

4

5

b : deuxième moitié du IIe siècle et première moitié du IIIe siècle ap. J.-C.

3

1

2

4

5

ensemble hors-ACR

ensemble issu de l’ACR

1 : Revel-Tourdan2 : Saint-Sorlin-en-Valloire3 : Beaurepaire4 : Anse5 : Saint-Georges-de-Reneins

Echelle 1:1500000 0 75 km

N

FIG. 6. — Groupes Morphologiques Locaux identifiés en Rhône-Alpes et Sud-Bourgogne (cartes provisoires en cours de réalisation).

Conception C. Batigne-Vallet, DAO G. Varennes.

Durant l’Antiquité, l’extension de l’agglomérationatteint plus de 40 ha (fig. 8b). Durant la première moi-tié du Ier s. ap. J.-C., le site de Champ-Martin connaîtde profondes modifications avec l’édification d’unsanctuaire (fig. 8b, A). On peut restituer un portiques’étendant sur plus de 60 m de longueur qui dessine unpéribole, orienté d’est en ouest, accueillant un templecentral. Il ne subsiste de celui-ci que les négatifs defondation du podium, permettant d’envisager desdimensions monumentales sur 23,50 m de large pourpresque 50 m de longueur environ. D’autres lieux decultes peuvent être identifiés à partir des prospectionsgéophysiques et aériennes (fig. 8b, B et C), probable-ment associés à un vaste espace enclos destiné à desrassemblements (fig. 8b, C), et contribuent au rôlepolarisateur de l’agglomération au cours del’Antiquité, malgré une réduction de la surface occu-pée après le IIIe s. ap. J.-C. (fig. 8c)52.

3.2.2. Un habitat rural hiérarchiséLa morphologie de la plaine de la Valloire est carac-

térisée par un système de larges terrasses étagéesjusqu’à un talweg humide. Dès la fin de laProtohistoire (fig. 9a), quelques habitats ruraux met-tent en valeur les secteurs agricoles les plus favora-bles. Avec le changement d’ère, on assiste à une dis-persion de l’habitat rural liée à une forte croissancedes créations d’établissements. Les abords de l’agglo-mération de Tourdan sont caractérisés par l’apparitiond’un semis de sites de faible envergure qui s’insèrentdans un réseau d’habitats durables mettant en valeurson terroir. Sur les terrasses et dans le talweg, le déve-loppement d’un réseau de villae pérennise les dyna-miques observées aux siècles précédents (fig. 9b). Cesvillae forment un tissu dense et génèrent des réseauxd’établissements plus modestes, dont on supposequ’ils assurent la mise en valeur de leurs domaines.

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 305

52. — VARENNES 2010, p. 133-169.

Voies attestées et supposées

Valloire

N

FIG. 7. — Le carrefour tourdanais et la Valloire dans le réseau routier de la cité de Vienne et de la moyenne vallée du Rhône.

Carte complétée à partir de Rémy 2002b, p. 98 et Varennes 2010, fig. 63 ; DAO G. Varennes.

FIG. 8. — Tourdan/Turedonnum, cartes de synthèse du IIe s. av. J.-C. au haut Moyen Âge. DAO G. Varennes.

Champ-Martin

Les Varilles

L'étang Girard Tourdan

Mas du Trat

Les Roussières

Le Lac

Chemin Ferras

concentrations livrant du mobilier IIe et Ier s. av. J.-C.

concentrations livrant des formes de tradition gauloise

structures et lots de mobilier

A

Champ-Martin

Les Varilles

L'étang Girard Tourdan

Mas du Trat

Les Roussières

Le Lac

Chemin Ferras

emprise maximale estimée

A

B

C

A : sanctuaire de Champ-Martin

B : fana

C : fanum et aire d’accueil ?

sondages/fouilles

V1

V2

V3

V4

V3

V5 V5

V1

vestiges identifiés lors de :surveillances de travaux

Champ-Martin

Les Varilles

L'étang Girard Tourdan

Mas du Trat

Les Roussières

Le Lac

Chemin Ferras

V1

V2

V3

V4

V3

V5 V5

église et cimetière haut Moyen Âge

cimetière médiéval ?

lieux de découverte supposés des inscriptions paléochrétiennes

découvertes isolées de mobilier IVe/HMA

concentrations livrant du mobilier IVe/HMA

axes routiers antiques principauxD.A.O. : Guillaume Varennes0 500m

a : IIe et Ier s. av. J.-C.

b : Ier - IIIe s. ap. J.-C.

c : Antiquité tardive et haut Moyen Âge

Dolon

Deroy

SuzonOron

Oron

0805.000

3338.000

0817.000

3339.000

100 hectares

250 m

300 m

300 m

250 m

350 m

400 m

400 m

350 m

450 m

450 m

450 m

T

Dolon

Deroy

SuzonOron

Oron

0805.000

3338.000

0817.000

3339.000

100 hectares

250 m

300 m

300 m

250 m350 m

400 m

400 m

350 m

450 m

450 m

450 m

K

I ?

T

Dolon

Deroy

SuzonOron

Oron

0805.000

3338.000

0817.000

3339.000

100 hectares

250 m

300 m

300 m

250 m

350 m

400 m

400 m

350 m

450 m

450 m

450 m

T

0 5 km

Tourdan/Turedonnum : superficie maximale occupée

indice de siteétablissement rural (ferme ?)

rang 1 : grande villa

rang 2 : villa supposéerang 3 : grand établissement sans indice de confort

rang 4 : établissement de rang moyen

rang 5 : établissement de rang inférieur

indice de site

Tourdan/Turedonnum : superficie maximale occupée

rang 6 : petit établissement sans mobilier

en pointillé : réseau emboîté

a : IIe et Ier s. av. J.-C.

b : IIe et IIIe s. ap. J.-C.

c : Ve s. ap. J.-C.

espacement des courbes de niveau : 10 m

D.A.O. : Guillaume Varennes

F

F

T TourdanF Beaurepaire le Fayaret

axes routiers principaux (tracés schématiques)

vers Vienne

vers

la v

allé

e du

Rhô

ne

Vers Grenoble

vers Valence

vers la vallée du Rhône

FIG. 9. — Occupation du sol et réseau de peuplement dans la plaine de la Valloire. DAO G. Varennes.

Les premiers abandons d’établissements, recenséspeut-être dès le IIe s. ap. J.-C., sont contemporainsd’un ralentissement des créations et ne concernentprincipalement que les petits établissements alors queles villae et les fermes se maintiennent sur l’ensemblede la période. Ce ralentissement peut être lu commeune stabilisation du peuplement rural suite à une crois-sance très forte au Ier s. ap. J.-C. Durant l’Antiquité tar-dive (fig. 9c), on note que l’habitat dispersé autour deTourdan disparaît quasiment intégralement au IVe s.alors que les réseaux associés aux villae sont encoreactifs au siècle suivant. Cette dynamique semble faireécho à la réduction de l’emprise de l’agglomérationaprès le IIIe s. ap. J.-C.3.3. Nature des établissements et faciès de consom-mation locaux

Une fois décrits les cadres du peuplement et sesdynamiques durant l’Antiquité, intéressons-nous aufaciès local de la céramique de cuisine.3.3.1. La céramique de cuisine en Valloire

La céramique de cuisine vallauréenne étudiée dansle cadre de l’ACR provient de trois sites : l’agglomé-

ration de Tourdan (commune de Revel-Tourdan), lavilla du Fayaret (commune de Beaurepaire) et celle deLa Barre (commune de Saint-Sorlin-en-Valloire)(fig. 6). Au sein de ces ensembles, on recense auxcôtés des formes génériques les traits d’une uniformitérégionale (fig. 10). Ce sont les céramiques communesclaires, le répertoire des plats et de la céramiquesignée dite allobroge, qui sont les principaux mar-queurs des répertoires génériques et régionaux53. Auxcôtés de ces éléments, à l’échelle locale, les formesissues des répertoires de la moyenne vallée du Rhônesont constamment présentes, essentiellement dans lacomposition de la vaisselle de cuisine. Enfin, on nepeut négliger la présence d’éléments caractéristiquesdes Groupes Morphologiques viennois et du Nord-Isère.

Ces traits traduisent une proximité étroite avec lecatalogue de formes identifié dans la plaine valenti-noise et définissent un faciès de consommation localinséré dans les courants d’échanges de la vallée duRhône, situé au contact des ensembles méridionaux etdes faciès septentrionaux54. Toutefois, une analysereposant sur des contextes de provenance et de naturediverses peut lisser des réalités différentes d’un site à

308 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

53. — CANTIN, LAROCHE 2009.54. — Les centres de productions locaux ne sont pas connus. Les vasesrelevant du répertoire de la moyenne vallée du Rhône peuvent être

fabriqués dans les environs de Valence, dans les ateliers de Saint-Péray,mais la possibilité de productions locales ne peut être négligée.

0 100 200 300 400 500

1/12°

échelle 1/10°

FIG. 10. — Planche de synthèse de la céramique de cuisine en Valloire à partir des ensembles de l’ACR (Groupe Morphologique bleu : moyenne vallée du Rhône ; orange : viennois ; rouge : Nord-Isère).

l’autre. En effet, on peut supposer a priori que cettemixité peut être le reflet de la situation privilégiée del’agglomération de Tourdan sur le réseau routier etqu’elle masque les faciès des villae.

Ainsi, il nous faut changer d’échelle d’analyse etdéfinir les faciès de consommation de chacun des sitesretenus afin de rechercher des influences et des straté-gies d’approvisionnement. En l’absence d’analyse depâtes, c’est sur leur observation macroscopique, ainsique sur les comparaisons morphologiques, que nousdevons nous appuyer. Une fois les faciès de consom-mation identifiés, ils doivent être confrontés à lanature de chacun des établissements afin de tenter dedéfinir des modèles de consommation et d’approvi-sionnement de la céramique de cuisine.3.3.2. Le cas de Tourdan/Turedonnum3.3.2.1. Un répertoire mixte

Les lots issus des prospections et des sondagesmenés dans l’agglomération de Tourdan/Turedonnum,

avec plus de dix mille tessons, représentent une partimportante de notre base documentaire (fig. 11). Auxcôtés des formes génériques et régionales (mortiers,pots à épaulement caréné, pots à col et lèvre en bour-relet, pots et plats allobroges signés, pots à col et lèvreretombante, couvercles à lèvre arrondie ou formantbandeau – non illustré, jattes évasées à bord rentrant etbouilloires à lèvre trilobée et bord en bandeau), lestypes locaux du Ier au Ve s. ap. J.-C. comptent pour20 % des vases de cuisine. Ils se partagent principale-ment entre des types relevant du GroupeMorphologique de la moyenne vallée du Rhône (70 %des types locaux) et ceux issus du Groupe définiautour de Lyon et de Vienne (24 %), laissant une partmarginale (6  %) à ceux issus du Groupe du Nord-Isère.

Au sein des formes locales, qui sont réalisées enpâte non calcaire, les pots à col tronconique et lèvreoblique ou plus ou moins arrondie en bourrelet,comme les pots à lèvre en amande, réalisés en pâte

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 309

FIG. 11. — Synthèse des Groupes Morphologiques au sein du répertoire de la céramique de cuisine de Tourdan. Éch. 1/6e. DAO G. Varennes.

71 %21 %

8 %

régional

local

générique

types régionaux

types locauxmoyenne vallée du Rhône

Lyon/Vienne

Nord-Isère

moyenne vallée du Rhône70 %

Lyon/Vienne

24%

Nord-Isère

6%

1/12°

types génériques

grise et rouge, sont aussi connus en Languedoc orien-tal et en moyenne vallée du Rhône. En pâte grise, despots à lèvre presque verticale sont identifiés dans lescontextes augustéens de la moyenne vallée du Rhôneainsi que la variante locale d’un type générique : ils’agit de pots carénés à épaulement horizontal et lèvrepeu marquée réalisés en pâte grise.

Des types plus tardifs, réalisés en pâte grise etrouge, sont eux aussi issus des répertoires méridio-naux : il s’agit de pots à col et lèvre à replat inclinéconnus en céramique kaolinitique55. De même, en pâterouge, des pots à lèvre verticale et gorge interne sontissus du répertoire valentinois comme les pots à lèvreverticale et gorge interne56. Enfin, en pâte grise, un potà col et lèvre débordante plate à gorge supérieure sem-ble issu du répertoire de la céramique kaolinitique57.

À leurs côtés, les jattes, en pâte grise, à bord ren-trant et lèvre aplatie avec une gorge à l’extérieur de laparoi, sont connues dans la région proche de Valenceet en Ardèche. Les autres formes basses réalisées enpâte rouge sont issues des répertoires méridionaux : ils’agit de jattes à col et lèvre épaissie, évasée ou non58.Toujours en pâte rouge, le plat à bord divergent enamande renvoie lui aussi aux types connus dans laplaine valentinoise59. Il faut noter aussi que ces objetssont réalisés dans une pâte non calcaire caractérisée àl’œil par des gros grains blancs, pouvant évoquer lespâtes de l’atelier de Saint-Péray.

Le second répertoire local identifié est à rattacherau secteur de Lyon et de Vienne et occupe une placeminoritaire. Il s’agit essentiellement de pots à cuire :on recense des pots à lèvre verticale en pâte grisecomme en pâte rouge, ainsi que des pichets en pâtegrise.

Enfin, parmi ces mobiliers un dernier type renvoieau Groupe Morphologique du Nord-Isère : il s’agitdes jattes évasées à bord rentrant et lèvre moulurée.D’autres types issus des fouilles anciennes, non rete-nues dans le cadre de l’ACR, confirment la présencede ce troisième GML au sein du faciès local, commela jatte à bord en bandeau en pâte rouge60 et la jatte àcol et lèvre évasée en pâte grise61.3.3.2.2. Les indices d’un pôle dynamique

L’analyse du faciès local de la céramique communesur le site de Tourdan révèle, pour l’ensemble de lapériode, une distribution des types au sein de plusieurs

groupes locaux. Elle met ainsi en avant les caractéris-tiques d’un site à répertoire mixte, le répertoire localcomprenant des éléments relevant du GroupeMorphologique de la moyenne vallée du Rhône ainsique ceux de Lyon/Vienne et du Nord-Isère.

La position de carrefour routier de Tourdan sur desréseaux à longue distance, entre la vallée du Rhône etles routes alpines ainsi que son rôle polarisateur dupeuplement rural ont permis de supposer une vocationde marché pour l’agglomération dès la Protohistoirerécente et durant toute l’Antiquité (cf. supra).L’analyse menée sur les types identifiés en céramiquecommune, avec la mise en évidence d’un répertoirelocal mixte relevant de trois GML différents, révèleainsi un faciès tourdanais bien inséré dans les réseauxd’échanges.3.3.3. Les sites ruraux3.3.3.1. Le cas de la villa de La Barre à Saint-Sorlin-en-Valloire

Les deux ensembles étudiés, avec 327 tessons, cou-vrent la fin du Ier s. et le IIe s. ap. J.-C. (fig. 12). Auxcôtés d’un type générique lié à la préparation (mortierà lèvre en collerette en céramique commune claire),les autres types génériques et régionaux sont nom-breux, essentiellement réalisés en pâte non calcairegrise (pot à épaule carénée, pot à col et lèvre en bour-relet, pot à col court et lèvre en bourrelet signé appar-tenant aux céramiques allobroges, pot à col côtelé, potà col et lèvre retombante, plat à paroi rectiligne, dotéd’une lèvre épaissie, arrondie ou rentrante commed’un bourrelet sur la lèvre, plat à panse arrondie etlèvre simple, couvercle à lèvre formant bandeau). Unebouilloire à lèvre trilobée et bord en bandeau corres-pond au type régional connu du territoire voconcejusqu’à Lyon.

Les types locaux constituent 30 % de la céramiquede cuisine. Ils appartiennent tous au GML de lamoyenne vallée du Rhône et sont réalisés en pâte noncalcaire grise. Le pot à épaule carénée horizontale etlèvre peu marquée, variante locale d’un pot générique,est majoritaire parmi les pots à cuire. Enfin, des pots àcol tronconique et lèvre oblique ou plus ou moinsarrondie en bourrelet prennent place à leurs côtés.

Cet établissement rural est identifié comme unepossible villa sur la base des fouilles réalisées audébut des années 199062. Situé en marge de notre zone

310 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

55. — Réf. Dicocer Kaol A18 var. B56. — Réf. Dicocer Com-E-M A3 et Dicocer KAOL A12.57. — Réf. Dicocer KAOL A12 var. B.58. — Réf. Dicocer COM-E-M B2, var. A et B ou COM-O-M B2.

59. — Réf. Dicocer COM-E-M C2.60. — VARENNES 2010, vol. 3, pl. n° 106, [31] n° 10.61. — DROUVOT 2003, p. 60, fig. 15, n° 11.62. — RÉBISCOUL 1996, 293-304.

d’étude, l’environnement de l’établissement n’est pasconnu. L’existence d’un domaine est supposée à partirde l’identification d’une pars rustica, mais on ignoretout de la partie résidentielle. Il est évident que les lotsétudiés ne peuvent prétendre être exhaustifs et repré-senter intégralement le quotidien des habitants.Néanmoins, le répertoire identifié, s’il comprend lesproductions diffusées à l’échelle régionale aux Ier etIIe s. ap. J.-C., renvoie à l’échelle locale aux typesrépertoriés dans la moyenne vallée du Rhône pourcette même période et ne semble pas bénéficier d’in-fluences extérieures à ce GML.3.3.3.2. Le cas de la villa du Fayaret à Beaurepaire

Les ramassages de surface réalisés sur cette villaont permis de collecter plus de sept cents tessons (horscontenant de stockage et de transport) datés entre leIer s. ap. J.-C. et le haut Moyen Âge (fig. 13). Commepour le site de Saint-Sorlin-en-Valloire, le mortier à

lèvre en collerette pendante en céramique communeclaire appartient aux types génériques et les typesrégionaux ou génériques en pâte non calcaire grise etrouge renvoient à un répertoire de forme varié : pots àcol court et lèvre en bourrelet, pots à col droit et lèvreen gros bourrelet, plats à paroi rectiligne et lèvre enbourrelet ou lèvre quadrangulaire oblique ou ren-trante, couvercles à lèvre arrondie ou en bandeau etfonds signés de pots ou de plats allobroges.

Les types locaux occupent 61 % de l’ensemble de lacéramique de cuisine. En termes d’occurrencescomme de quantités, le GML de la moyenne vallée duRhône est le mieux représenté, avec 88 % des typeslocaux datés du Ier au Ve s. ap. J.-C. réalisées en pâtenon calcaire grise et rouge. Il s’agit de pots à col etlèvre débordante plate à gorge supérieure, réalisés enpâte grise comme en céramique kaolinitique et de potà col tronconique à lèvre oblique en pâte grise63. Demême, des jattes à col et lèvre épaissie sont réalisées

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 311

63. — Réf. Dicocer type Kaol A12 var. B. pour les pots à col et lèvredébordante plate à gorge supérieure.

27 %35 %

38 %régional

local

générique

types régionaux

types génériques

types locauxmoyenne vallée du Rhône

FIG. 12. — Synthèse des Groupes Morphologiques au sein du répertoire de la céramique de cuisine de Saint-Sorlin-en-Valloire - La Barre. Éch. 1/6e. DAO G. Varennes.

en pâte rouge ou grise, comme les plats à bord diver-gent en amande64.

Aux côtés de ces types de la moyenne vallée duRhône, quelques vases relèvent du GML deLyon/Vienne au sein de la batterie de cuisine, comp-tant pour 12  % des types locaux. Il s’agit de pots àlèvre verticale, réalisés en pâte non calcaire rouge etgrise, datés sur les sites viennois aux IIe et IIIe s. ap. J.-C.65 et d’un pot à col et lèvre déversée aplatie connuà Lyon au IVe s. ap. J.-C. (non illustré)66.

Cet établissement rural est identifié en prospectionssur plus de 5 ha et doté d’une partie résidentielle quiautorise l’identification d’une villa. Le site est occupédu Ier s. ap. J.-C. jusqu’à la fin de l’Antiquité ainsiqu’au cours du haut Moyen Âge et prend place àproximité d’un axe routier reliant la Valloire à la val-lée du Rhône. L’analyse du peuplement environnantrévèle un réseau de petits établissements probable-ment situés dans la dépendance de la villa et qui met-tent en valeur son domaine (fig. 9b-c).

Le répertoire local de la vaisselle de cuisine recenséau sein de la villa est largement dominé par les typesméridionaux. Toutefois, on y relève aussi les carac-tères ténus d’un site à répertoire mixte avec une faiblepart d’éléments relevant du GML de Lyon/Vienne.3.3.4. Bilan

Nous ne sommes bien sûr pas à l’abri d’une lecturehâtive et réductrice des réalités complexes que noustentons de restituer avec des données partielles. Eneffet, la question du statut, du fonctionnement et dufaciès mobilier d’un établissement résulte de schémasévolutifs, auxquels nous n’avons que très rarementaccès. De plus, les limites de la démarche employéesont nombreuses, qu’elles soient liées à la nature et àla représentativité des ensembles, à notre étroitedépendance aux référentiels régionaux comme à notreincapacité, pour l’instant, à saisir une évolution endiachronie et à comparer la consommation d’une villaà celle des sites contemporains situés dans son envi-ronnement immédiat.

312 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

64. — Réf. Dicocer COM-E-M B2, var. B et Dicocer COM-E-M C2.65. — LEBLANC 2003, fig. 13, n° 14 et 15.

66. — AyALA 2000, fig. 27 n° 94.

types génériques

types régionaux

types locauxmoyenne vallée du Rhône

Vienne

36 %

61 %

générique3 %

régional

local

Vienne12 %

moyenne vallée du Rhône

88 %

FIG. 13. — Synthèse des Groupes Morphologiques au sein du répertoire de la céramique de cuisine de Beaurepaire - Le Fayaret.Éch. 1/6e. DAO G. Varennes.

De surcroît, l’analyse en termes de GroupesMorphologiques Locaux ne permet d’apprécierqu’une part de l’approvisionnement de la céramiquede cuisine, les réseaux de diffusion des céramiquesrégionales et des types génériques ayant été écartéspar notre choix de nous concentrer sur les groupeslocaux. En effet, ces répertoires locaux sont minori-taires à Tourdan (20  %) comme à Saint-Sorlin-en-Valloire (30  %) et largement majoritaires àBeaurepaire (61  %) ; une faible part pourrait rendreimperceptible la mixité de certains répertoires.

Enfin, à cela se rajoute l’évolution territoriale desGroupes Morphologiques. Au cours de l’Antiquité tar-dive, les Groupes Morphologiques définis pour lespremiers siècles de notre ère ont tendance à se dila-ter67. C’est le cas du faciès de la moyenne vallée duRhône qui s’étendrait jusqu’aux villes de Lyon et deVienne à la fin de l’Antiquité. Ce phénomène peutainsi lisser nos observations pour la fin de la période.

Néanmoins, la documentation idéale n’existe pas etil ne faut pas se tromper d’objectif. La démarche quenous proposons, même si elle est fondée sur l’obser-vation d’une partie du faciès mobilier, essaie d’appré-cier un peu plus en profondeur l’approvisionnementdes établissements et surtout, et c’est là le principal,sans imposer d’a priori.

En l’état de notre enquête, le caractère mixte dufaciès de la Valloire n’est pas général à l’ensemble dessites étudiés. Aucun autre Groupe MorphologiqueLocal que celui de la moyenne vallée du Rhône n’estrecensé dans les ensembles des Ier et IIe s. ap. J.-C. àSaint-Sorlin-en-Valloire. En revanche, les types issusdu Groupe Morphologique de la moyenne vallée duRhône dans le faciès de Tourdan côtoient ceux issusdes faciès de Lyon/Vienne et du Nord-Isère dès le Ier s.ap. J.-C. À Beaurepaire, si le répertoire viennoisoccupe une part plus faible, il semble présent aumoins aux IIe, IIIe et IVe s. ap. J.-C. aux côtés de typesplus méridionaux.

On relève ainsi de cette analyse que, d’une part, sile caractère mixte est prégnant dans le faciès de l’ag-glomération de Tourdan, il peut être relevé dans le casd’une villa. D’autre part, les types locaux de laValloire, malgré la proximité du chef-lieu de cité, sonttoujours dominés par des types méridionaux. Cesconclusions nous amènent à nous interroger sur deuxaspects. Le premier se situe à l’échelle locale etconcerne le rôle occupé par la villa dans l’approvi-

sionnement des sites ruraux. Le second, à une échellemoins réduite, vise à apprécier la portée de ce typed’analyse sur les dynamiques territoriales au sein de lacité.3.4. Pour une mise en perspective territoriale 3.4.1. Quelle place pour l’agglomération et la villadans l’approvisionnement des céramiques ?

L’expérimentation de cette démarche à la plaine dela Valloire met en évidence l’existence, au sein d’unmême faciès local, de contrastes entre les répertoiresde chacun des établissements. Il ressort ainsi que deuxétablissements ruraux, contemporains sur quelquessiècles, identifiés comme des villae l’un et l’autre etdistants de moins de cinq kilomètres, livrent des réper-toires quasiment identiques, mais dont l’un ne renvoiequ’à un seul GML alors que l’autre bénéficie de l’in-fluence de deux GML. C’est cette spécificité qu’ilconvient tout d’abord de tenter de mettre en perspec-tive. Deux hypothèses peuvent être évoquées pourapprécier les caractéristiques du faciès de la villa du«  Fayaret  » à Beaurepaire. Soit celle-ci propose unrépertoire mixte, car elle est située à proximité d’unaxe routier, les influences multiples sont alors issuesdes circuits commerciaux empruntant cet axe, soit onadmet que le répertoire est issu de la demande émisepar la villa et son domaine. On peut alors l’envisagercomme une place de marché, jouant un rôle de relaispour la population vivant dans sa périphérie, et possé-dant ainsi différentes sources d’approvisionnement.

Ensuite, notre enquête souligne la situation privilé-giée de Tourdan et valide son statut de pôle dyna-mique au sein de la plaine. Se pose alors la questiondes approvisionnements de la villa du Fayaret et del’agglomération de Tourdan et de leurs rôles respec-tifs. Les interprétations proposées varient et ne sontjamais univoques. À l’échelle de la Valloire, troismodèles interprétatifs peuvent être avancés : l’agglo-mération de Tourdan et la villa du Fayaret ne représen-tent que des sites consommateurs avec le mêmeapprovisionnement ; l’agglomération de Tourdan joueun rôle distributeur et approvisionne la villa du« Fayaret » ; Tourdan et la villa du « Fayaret » pour-raient, l’une et l’autre, constituer des marchés deredistribution, dont on ne connaît pas l’étendue68.

Le recours aux faciès de consommation locauxconjugués aux Groupes Morphologiques définis parl’ACR nous permet ainsi de modéliser les relations

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 313

67. — BATIGNE-VALLET, ANDRÉ 2010, p. 119-121.68. — Un quatrième pourrait être proposé : l’approvisionnement del’agglomération pouvant être assuré par la villa. Toutefois, les dyna-

miques de l’une et de l’autre ne permettent pas d’envisager une relationéconomique unilatérale, situant l’agglomération en dépendance de lavilla.

entre les établissements sans chercher à les hiérarchi-ser entre eux ou à les mettre en réseau. La confronta-tion de ces modèles aux données de l’occupation dusol, dans le cas de l’agglomération de Tourdan commepour la villa du « Fayaret  », peut être ainsi, au seind’un territoire, un moyen d’identifier des pôles dyna-miques inscrits dans des courants d’échanges multi-ples.3.4.2. Quel éclairage sur les dynamiques territo-riales ?

À présent, il convient d’adopter un éclairage plusvaste, pour insérer le faciès local de la Valloire et lesinterprétations proposées dans un cadre régionalélargi, afin de les mettre en perspective avec les dyna-miques territoriales de la cité de Vienne.3.4.2.1. Un espace dynamique…

Il y a moins de dix ans encore, la vision du territoireallobroge dressée lors de différentes synthèses consa-crées au territoire ou aux agglomérations de la cité deVienne trahissait une lecture négative des plaines del’ouest de la cité de Vienne qui apparaissaient peustructurées, hormis par le réseau routier menant auchef-lieu, et où aucune agglomération à l’urbanismedigne de ce nom ne pouvait se prévaloir d’un rôledynamique69. Le tropisme viennois, accentué par unerecherche archéologique jusque-là plutôt faible dansle secteur qui nous intéresse, est aussi renforcé par lesconclusions tirées sur le peuplement des valléesalpines. Ces territoires sont dotés de nombreusesagglomérations à l’urbanisme et à la monumentalisa-tion parfois prononcés, se développant le long desroutes vers l’Italie. De plus, l’épigraphie y est abon-dante et renseigne sur la présence d’aristocratescomme sur leur structuration administrative en vici etpagi70. Dans ce cadre, et sans véritablement forcer letrait, la plaine de la Valloire était lue comme un espaceexcentré par rapport à la vallée du Rhône. Tourdanapparaissait uniquement comme un relais routier lelong d’un axe menant de Vienne à Grenoble et l’habi-tat groupé était envisagé en étroite dépendance duchef-lieu71.

Les prospections et les recherches menées sur l’ag-glomération de Tourdan ont changé notre vision decette agglomération comme de cet espace géogra-phique. L’analyse du réseau routier révèle toutd’abord la place qu’occupe cette micro-région dans lamise en relation des axes rhodaniens et des débouchés

alpins. Ensuite, une trame urbaine se dessine, tandisque des équipements religieux monumentaux témoi-gnent de son rôle central pour la population de laValloire72. L’identification d’un répertoire local mixteà Tourdan dès le Ier s. ap. J.-C. confirme la position pri-vilégiée de l’agglomération, en contact avec les facièsméridionaux et ceux plus septentrionaux. Cela conduità nous interroger sur le rôle des espaces monumentauxidentifiés sur le site de Champ-Martin (fig. 8, A) maisaussi dans l’agglomération et à sa périphérie orientale(fig. 8, B et C), où manifestations civiques et reli-gieuses, mais aussi économiques, doivent prendreplace. La prise en compte de la mixité du faciès céra-mique de Tourdan et sa mise en perspective avec lerôle de l’agglomération semble confirmer ainsi un rôlede marché de redistribution et vient appuyer son iden-tification comme point de fixation pour la populationrurale au sein d’un espace dynamique de la cité deVienne.3.4.2.2… et ouvert sur la plaine valentinoise

Au-delà de ce premier constat, il faut souligner laplace occupée par les formes issues du GML de lamoyenne vallée du Rhône au sein des sites étudiés :celui-ci est majoritaire à Tourdan comme àBeaurepaire et exclusif à Saint-Sorlin-en-Valloire aucours des premiers siècles de notre ère. Cette apparte-nance au faciès méridional nous interroge quant auxrelations entre le chef-lieu et son territoire. En effet,les formes locales et régionales caractéristiques dufaciès de consommation viennois des premiers sièclesde notre ère sont minoritaires en Valloire73.

Ce constat nous invite tout d’abord à relativiser laplace occupée par le chef-lieu dans la diffusion desrépertoires locaux, même si un rôle distributeur nepeut être exclu pour d’autres biens (vaisselle de table,amphores ainsi que les types génériques et régionauxen céramique commune). En effet, par un retour debalancier cette absence peut renforcer, sur le plancommercial, le rôle qu’on accorde à l’agglomérationde Tourdan. La vision d’une relation unilatérale duchef-lieu de cité vers sa campagne peut paraître alorstrop simpliste et il faut envisager une réalité plus com-plexe, affranchie des limites administratives, où demultiples facteurs doivent être considérés (réseauxroutiers, logiques commerciales, dynamique du peu-plement…), avec l’activation de réseaux, en mêmetemps, sur un même site, à différentes échelles, localeset régionales.

314 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

69. — RÉMy 2002a, p. 173-184 ; DROUVOT 2005-2006, p. 45-59.70. — SEGARD 2008, p. 101-103.71. — DROUVOT 2005-2006.72. — VARENNES 2010, p. 348-352.73. — Il en est ainsi du pot à col côtelé qui est répertorié sur l’axe

Saône/Rhône jusqu’à Vienne. Majoritaire parmi les pots à cuire despremiers siècles de notre ère à Vienne, ce type régional est très rare enValloire, où il est remplacé dans la batterie de cuisine par un type local,le pot à col tronconique.

Ensuite, il nous conduit à considérer l’existenced’autres dynamiques que la recherche ne laissait passupposer jusqu’à présent. Le réseau routier de la val-lée du Rhône doit être réexaminé. La position deTourdan sur un carrefour routier, éloigné du cours duRhône, nous conduit à envisager d’autres routes com-merciales du nord au sud, à l’écart du fleuve, et doncun couloir de circulation qui ne soit pas restreint à sesrives, mais qui tienne compte des plaines et des pla-teaux le bordant, à l’est tout du moins.

Enfin, c’est le rôle occupé par les diverses agglo-mérations de la cité de Vienne qui doit être discuté.Leur rôle polarisateur et structurant au sein du terri-toire de la cité, en liaison avec les axes routiers et par-ticipant à la mise en valeur de leurs terroirs, doit pro-bablement être réévalué à l’aune de l’exempletourdannais, en tenant compte des rôles communau-taires et économiques pouvant être attribués auxensembles cultuels74.

4. CONCLUSIONS

Le premier objectif de ce travail était de comparerles faciès céramiques des établissements traditionnel-lement caractérisés de ruraux ou d’urbains par labibliographie. Nous nous sommes ainsi appuyés surun large panel d’ensembles afin de mener cette pre-mière analyse. À l’issue de celle-ci aucun discrimi-nant ne paraît se dégager de manière certaine.

Toutefois, confronté au cas particulier proposé parles sites à répertoire mixte et à partir de celui deTourdan, le postulat adopté au cours de ce travail a étécelui d’un renversement de notre regard : plutôt quede chercher à distinguer des sites urbains d’autresruraux, nous avons proposé de les apprécier en termesd’insertion dans des réseaux d’échanges à petite etgrande échelle, en les inscrivant dans leur environne-ment, afin d’apprécier leur rôle dynamique (place demarché, centre de domaine…). Ainsi, la prise encompte du caractère mixte des répertoires de certainssites, plutôt que d’un a priori de départ sur leur natureurbaine ou rurale, permet d’avancer le postulat d’uneposition privilégiée sur des axes d’échanges, bénéfi-

ciant de multiples influences, voire d’un rôle de distri-bution, en son sein même, comme pour son environ-nement proche, selon les cas. La variété de nature desétablissements et de composition des faciès de céra-mique commune (toutes les villae ne livrent pas unrépertoire mixte et son absence n’exclut pas un rôledistributeur) reflète ainsi une organisation complexedes réseaux de distribution et des processus d’approvi-sionnement. Il ne s’agit pas de proposer une interpré-tation unique de ces sites à répertoire mixte mais aucontraire de lire leurs particularités, au cas par cas, à lalumière de notre connaissance de l’occupation du solet des réseaux de peuplement dans lesquels ils pren-nent place.

À une plus vaste échelle, l’analyse en termes deGroupes Morphologiques Locaux permet de soulignerl’appartenance de territoires à des courantsd’échanges, ou tout du moins, de mettre en évidencedes influences privilégiées. Ces observations permet-tent, dans le cas de la cité de Vienne, de relativiser cer-tains a priori sur les dynamiques territoriales établis àpartir de données extérieures, en l’occurrence l’urba-nisme et l’épigraphie.

Conscients des limites inhérentes à notre démarche,nous avons tenté de dépasser la relation souvent res-trictive entretenue par l’archéologie spatiale avec lesmobiliers archéologiques. Le modèle théorique ébau-ché ici, à partir d’une étude de cas, tend à souligner lecaractère dynamique de certains pôles de peuplement.Il peut permettre, à condition de multiplier les pointsde comparaison, de définir au sein d’un vaste territoiredes espaces dynamiques, à l’échelle d’une cité commedans l’exemple présenté, et d’identifier des établisse-ments polarisateurs au sein du peuplement rural. Iloffre ainsi de nouvelles clefs d’appréciation desmodes d’approvisionnement du monde rural et de lec-ture des cartes archéologiques.Mots-clés : Antiquité, céramiques communes, ville,

campagne, commerce, approvisionnement, territoire,peuplement, agglomération, villa, cité de Vienne,Allobroges, Valloire, Tourdan.

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 315

74. — VARENNES 2010, p. 358-363.

316 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

n° dpt commune nom usuel du site et chronologie nbre CF % CC % AM %DO % nbre CF % CC % NMI NMI bibliographie interprétationde l’ensemble de de CF CC

restes restestotal (CF et

CC)

1 1 Beynost Les Grandes terres 30/40-100 1180 14 75 11 0 1052 16 84 74 168 ACR villavilla (pars urbana)

2 1 Bourg-en- rue Tony Ferret 150-200 1339 10 80 10 0 1207 11 89 39 132 ACR habitat groupé ?Bresse

3 1 Izernore La voie étroite milieu Ier s. 243 12 86 2 0 238 12 88 11 19 ACR habitat groupéensemble I

4 1 Izernore La voie étroite IIe s. IIIe s. 229 16 78 6 0 214 17 83 8 24 ACR habitat groupéensemble II

5 7 Alba Le Palais IIIe s. inv. pas de pas de pas de pas de pas de pas de pas de 180 451 ACR habitat groupéincomp. valeur valeur valeur valeur valeur valeur valeur

6 7 Saint Péray Chavas 50-100 705 7 93 0 0 704 7 93 9 133 ACR établissement rural ?7 26 Allan La Barque phase 2 fin IIe s.-déb. IIIe s. 434 10 48 40 2 258 17 83 25 61 Bonnet 2002 établissement rural

(cour)8 26 Chabeuil Les Gachets 250-300 888 13 87 0 0 888 13 87 29 91 Bonnet 2002 établissement rural9 26 Chabeuil Les Gachets IVe s. 216 14 85 1 0 213 14 86 15 45 Bonnet 2002 établissement rural10 26 Chabrillan L’Hortal Etat 3 fin IVe s.-déb. Ve s. 312 22 71 7 0 290 23 77 30 54 Bonnet 2002 établissement rural11 26 Chabrillan Saint Martin 1 État 4 fin IIe s.-déb. IIIe s. 199 11 82 7 0 185 12 88 20 62 Bonnet 2002 villa12 26 Chabrillan Saint Martin 1 État 5 fin IVe s.-déb. Ve s. 606 25 67 6 2 560 27 73 90 111 Bonnet 2002 villa13 26 Chateauneuf- La villa du Palais 250-300 321 15 65 20 0 258 19 81 5 17 ACR villa

du-Rhône ensemble I14 26 Chateauneuf- La villa du Palais 350-400 559 28 64 9 0 511 30 70 18 40 ACR villa

du-Rhône ensemble II15 26 Chateauneuf- La villa du Palais début Ve s. 245 16 74 10 0 221 18 82 6 24 ACR villa

du-Rhône ensemble III16 26 La Garde Surel État 3 fin IIe s.-déb. IIIe s. 883 15 65 15 5 708 22 78 66 229 Bonnet 2002 villa17 26 La Garde Surel État 4/cour IIIe s. 2132 8 64 26 2 1529 12 88 66 233 Bonnet 2002 villa18 26 Montélier Claveysonnes phase 4 IVe s. 285 20 56 24 / 221 27 73 33 61 Bonnet 2002 établissement rural19 26 Montélier Claveysonnes 350-400 1778 18 72 10 0 1607 19 81 109 301 Bonnet 2002 établissement rural

phases 5-720 26 Saint Paul- La Sablière / 160-220 389 9 87 4 0 375 9 91 2 18 ACR chef-lieu de cité

Trois- Villa AugustaChâteaux

21 26 Saint Paul- Le Moulin ensemble I IIIe s. 183 30 44 26 0 135 40 60 6 7 ACR chef-lieu de citéTrois-Châteaux

22 26 Saint Paul- Le Moulin fin IVe s.- 231 14 35 42 9 113 29 71 7 11 ACR chef-lieu de citéTrois- ensemble II début Ve s.Châteaux

23 26 Saint Sorlin- La Barre ensemble I 75-100 448 15 17 67 1 141 46 54 10 18 ACR villaen-Valloire

24 26 Saint Sorlin- La Barre ensemble II IIe s. 271 22 47 30 1 186 31 69 10 26 ACR villaen-Valloire

25 26 Valence Place des Ormeaux Auguste–Tibère 843 12 67 21 0 664 15 85 13 42 ACR chef-lieu de citéensemble I

26 26 Valence Place des Ormeaux IVe s. 625 17 61 22 0 489 21 79 16 49 ACR chef-lieu de citéensemble II

27 26 Valence Place des Ormeaux Ve s. 942 26 56 17 0 778 32 68 51 84 ACR chef-lieu de citéensemble III

28 38 Bourgoin- Passage Launay 1re moitié ou 408 4 43 53 0 191 9 91 4 30 ACR habitat groupéJallieu ensemble I milieu IIe s.

29 38 Bourgoin- Passage Launay 150 -200 407 14 81 4 0 389 15 85 12 48 ACR habitat groupéJallieu ensemble II

30 38 Optevoz Croix Batailler École 50-100 156 11 87 1 1 152 11 89 2 28 ACR habitat groupéensemble I

31 38 Optevoz Croix Batailler École IIe s.-IIIe s. 108 7 93 0 0 108 7 93 2 25 ACR habitat groupéensemble II

AnnexeTableau récapitulatif des ensembles retenus

APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 317

n° dpt commune nom usuel du site et chronologie nbre CF % CC % AM %DO % nbre CF % CC % NMI NMI bibliographie interprétationde l’ensemble de de CF CC

restes restestotal (CF et

CC)

32 38 Revel- Tourdan ensemble I Auguste 361 1 98 1 0 358 1 99 1 29 ACR habitat groupéTourdan

33 38 Revel- Tourdan ensemble II Auguste-Tibère 99 5 85 10 0 82 6 94 0 9 ACR habitat groupéTourdan

34 38 Revel- Tourdan ensemble III IIe s. 243 18 80 2 0 238 18 82 6 14 ACR habitat groupéTourdan

35 38 Saint-Romain- La villa du Vernai 2e moitié 604 10 64 25 1 444 13 87 15 38 ACR villade-Jalionas ensemble I Ier s. av. J.-C.

36 38 Saint Romain- La villa du Vernai 0-50 616 9 82 9 1 559 10 90 19 50 ACR villade-Jalionas ensemble II

37 38 Saint Romain- La villa du Vernai 50-100 636 5 82 13 0 553 6 94 12 61 ACR villade-Jalionas ensemble III

38 38 Saint Romain- La villa du Vernai fin IIe s.- 4034 20 72 7 0 3726 22 78 252 395 ACR villade-Jalionas ensemble IV début IIIe s.

39 38 Saint Romain- La villa du Vernai fin IIIe s.-IVe s. 1511 19 65 14 1 1276 22 78 49 117 ACR villade-Jalionas ensemble V

40 42 Feurs La Garenne fin IIe-début IIIe s. 477 16 80 4 0 456 16 84 12 43 ACR chef-lieu de cité41 42 La Pacaudière La Maladière fin Aug. - 2216 22 74 2 1 2138 23 77 84 149 ACR habitat groupé

ensemble I déb. Tibère42 42 La Pacaudière La Maladière Tibère - Claude 3015 16 61 18 4 2330 21 79 90 144 ACR habitat groupé

ensemble II43 42 La Pacaudière La Maladière 75-100 3063 12 74 5 8 2644 14 86 118 149 ACR habitat groupé

ensemble III44 42 La Pacaudière La Maladière 100-150 2840 16 72 12 0 2485 17 83 139 229 ACR habitat groupé

ensemble IV45 42 La Pacaudière La Maladière 150-début IIIe s. 7447 15 72 12 1 6479 17 83 295 756 ACR habitat groupé

ensemble V46 42 Riorges Rue Pierre Dubreuil fin Ier s.- 2140 14 78 8 0 1962 15 85 72 188 ACR établissement rural

ensemble I début IIe s.47 42 Riorges Rue Pierre Dubreuil début IIIe s. 2016 14 82 4 0 1944 15 85 74 150 ACR établissement rural

ensemble II48 42 Rive-de-Gier Combeplaine 450-début Ve s. 149 34 52 15 0 127 39 61 10 13 ACR établissement rural49 42 Roanne Rue Fontenille fin Ier s. 651 39 58 3 0 630 40 60 59 61 ACR habitat groupé50 42 Roanne Horizon 6 10 av.-15 ap. J.-C. 2176 12 58 30 0 1520 17 83 64 157 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199751 42 Roanne Horizon 7 15-30 1221 19 56 25 0 922 25 75 34 61 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199752 42 Roanne Horizon 8 30-70 23626 32 60 8 0 21902 35 65 1304 1312 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199753 42 Roanne Horizon 9 70-10 4267 24 70 6 0 3959 24 76 240 300 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199754 42 Roanne Horizon 10 110-150 3562 12 75 13 0 3081 13 87 113 305 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199755 42 Roanne Horizon 11 150-180 1841 10 84 6 0 16701 7 93 245 620 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199756 42 Roanne Horizon 12 190-IIIe s. 7685 22 74 4 0 7381 23 77 281 907 Genin, habitat groupé

Lavendhomme 199757 42 Sail les Bains Établissement fin IIe-début IIIe s. 457 18 73 9 0 415 20 80 12 41 ACR habitat groupé

thermal58 42 Sainte-Agathe- Champbayard 50-100 765 14 85 0 0 763 14 86 15 90 ACR établissement rural

la-Bouteresse59 69 Lyon Gadagne II 20-40 665 33 31 34 3 421 51 49 43 16 Batigne-Vallet, chef-lieu de cité

Lemaître 200860 69 Lyon Gadagne III fin IIIe s.- 364 21 13 66 0 123 62 38 10 3 Batigne-Vallet, chef-lieu de cité

déb. IVe s. Lemaître 200861 69 Lyon Gadagne IV fin IVe s.- 3381 23 37 40 0 2011 38 62 140 180 Batigne-Vallet, chef-lieu de cité

déb. Ve s. Lemaître 200862 69 Saint-Romain- Maison des Dieux (-) 25-0 Auguste 14062 17 55 25 3 10032 23 77 285 454 Leblanc 2007 chef-lieu de cité

en-Gal Océans - Horizon 2 NTI63 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 15-20 Tibère 19086 16 57 25 2 14050 23 77 280 534 Leblanc 2007 chef-lieu de cité

en-Gal Océans – Horizon 3 Claude NTI

318 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

n° dpt commune nom usuel du site et chronologie nbre CF % CC % AM %DO % nbre CF % CC % NMI NMI bibliographie interprétationde l’ensemble de de CF CC

restes restestotal (CF et

CC)

64 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 15/30-40 6827 14 59 26 1 4989 19 81 37 167 Leblanc 2007 chef-lieu de citéen-Gal Océans – Horizon 3 bis NTI

65 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 40-60/70 36179 13 63 22 2 27964 17 83 774 1257 Leblanc 2007 chef-lieu de citéen-Gal Océans – Horizon 4 Claude Néron NTI

66 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 60/70-80/90 7433 10 63 26 1 5493 14 86 180 339 Leblanc 2007 chef-lieu de citéen-Gal Océans – Horizon 5 Flavien NTI

67 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 80/90-100 11390 11 56 32 1 7609 16 84 143 383 Leblanc 2007 chef-lieu de citéen-Gal Océans – Horizon 6 1re moitié IIe s. NTI

68 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 160/180-200 2982 12 51 36 1 1889 19 81 126 116 Leblanc 2007 chef-lieu de citéen-Gal Océans – Horizon 7 2e moitié IIe s. NTI

69 69 Saint-Romain- Maison des Dieux 200-250 11005 9 65 25 1 8190 13 87 333 349 Leblanc 2007 chef-lieu de citéen-Gal Océans – Horizon 8 Ire moitié IIIe s. NTI

70 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq Auguste 1829 23 63 12 2 1574 27 73 77 82 Leblanc 1994 chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 1 NTI NTI

71 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq Tibère 2526 14 64 21 1 1973 19 81 56 124 Leblanc 1994 chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 2 NTI NTI

72 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq Claude – Néron 1705 15 66 18 1 1364 19 81 83 97 Leblanc 1994 chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 3 NTI NTI

73 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq Flaviens 3102 14 58 27 1 2213 19 81 112 127 Leblanc 1994 chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 4 NTI NTI

74 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq 134/138-160 11054 7 51 41 1 6417 12 88 244 396 Leblanc 1994 chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 5 NTI NTI

75 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq 160-IIIe s. 3956 10 52 38 0 2468 17 83 105 182 Leblanc 1994 Chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 6 NTI NTI

76 69 Saint-Romain- Maison aux Cinq IIIe s. 1228 12 55 33 0 819 35 65 37 110 Leblanc 1994 chef-lieu de citéen-Gal Mosaïques – Horizon 7 NTI NTI

77 73 Aime Saint-Sigismond / 50-100 224 17 61 21 0 176 22 78 11 22 ACR chef-lieu de citérte de Villarolland ensemble I

78 73 Aime Saint-Sigismond / fin IIe-début IIIe s. 407 16 62 22 0 319 20 80 14 51 ACR chef-lieu de citérte de Villarolland ensemble II

79 73 Détrier Champ Mercier IIe s. 422 10 82 8 0 390 11 89 13 66 ACR habitat groupé80 73 Gilly-sur- La villa ensemble I IIIe s. 817 27 34 39 0 499 44 56 25 30 ACR villa

Isère81 73 Gilly-sur- La villa ensemble II IIIe s. 259 64 35 1 0 257 65 35 26 30 ACR villa

Isère82 74 Annecy 2 av. du Stade 0-50 113 1 99 0 0 113 1 99 0 23 ACR habitat groupé

ensemble I83 74 Annecy 2 av. du Stade fin Ier s.-déb. IIe s. 153 0 99 1 0 152 0 100 0 14 ACR habitat groupé

ensemble II84 74 Annecy 2 av. du Stade fin IIe s. 143 3 94 4 0 139 3 97 1 35 ACR habitat groupé

ensemble III85 74 Annecy 2 av. du Stade IIIe s. 202 4 84 12 0 178 5 95 5 36 ACR habitat groupé

ensemble IV86 74 Annecy zAC Galbert puits fin IVe s.- 99 41 42 16 0 83 49 51 11 10 ACR habitat groupé

US5044 déb. Ve s.87 74 Annecy-le- Les Ilettes fin IIe s. 2626 13 83 4 0 2515 13 87 18 96 ACR villa

Vieux ensemble I88 74 Annecy-le- Les Ilettes début IIIe s. 4967 26 74 1 0 4925 26 74 71 103 ACR villa

Vieux ensemble II89 74 Annecy-le- Les Ilettes milieu IIIe s. 1848 31 69 0 0 1816 31 69 43 69 ACR villa

Vieux ensemble III90 74 Annecy-le- Les Ilettes 250-275 2449 22 70 7 0 2267 24 76 38 98 ACR villa

Vieux ensemble IV91 74 Thonon-les- Clos Banderet fin Ier s. 1115 6 62 1 32 751 8 92 6 54 ACR habitat groupé

Bains92 74 Thyez Les Avullions 75-100 424 16 61 21 2 325 20 80 18 25 ACR habitat groupé

ensemble I93 74 Thyez Les Avullions fin Ier s. 245 12 85 3 0 237 12 88 9 12 ACR habitat groupé

ensemble II94 74 Thyez Les Avullions début IIIe s. 922 16 80 4 0 887 17 83 35 102 ACR habitat groupé

ensemble III

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APPORTS DE L’ACR CÉRAMIQUES DE CUISINE D’ÉPOQUE ROMAINE EN RÉGION RHôNE-ALPES ET SUD-BOURGOGNE... 319

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320 GUILLAUME VARENNES, CÉCILE BATIGNE-VALLET, CHRISTINE BONNET, FRANçOIS DUMOULIN, KARINE GIRy ET ALII

Sommaire

Préface Michel Reddé 9Xavier Deru,

Discussion préalable autour du concept de consommation. Ricardo González Villaescusa 13

Se nourrirL’essor des blés nus en France septentrionale : Véronique Zech-Matterne,systèmes de culture et commerce céréalier autour de Julian Wiethold et Bénédicte Pradatla conquête césarienne et dans les siècles qui suivent. avec la coll. de Françoise Toulemonde 23Mouture de subsistance, d’appoint et artisanat alimentairede rendement. Les meules gallo-romaines entre villeset campagnes dans le nord de la Gaule. Paul Picavet 51Le matériel de mouture des habitats du Pôle d’activités Alexandre Audebert,du Griffon, à Barenton-Bugny et Laon (Aisne). Vincent Le Quellec 67Les meules rotatives en territoire carnute : provenances et consommation. Boris Robin 85La consommation des poissons en France du nord àla période romaine. Marqueur socio-culturel et Benoît Clavel etartefacts taphonomiques. Sébastien Lepetz 93Coquillages des villes et coquillages des champs :une enquête en cours. Anne Bardot-Cambot 109La consommation des ressources animales en milieu rural :quels indices pour quelle caractérisation de cet espacesocio-économique ? Tarek Oueslati 121Caractérisation de la consommation d’origine animale et Sophie Lefebvre,végétale dans une exploitation agropastorale du début de Emmanuelle Bonnaire, Samuel Lacroixl’Antiquité à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais). et Oscar Reverter-Gil 129La diversité morphologique du porc en tant qu’indicateurdes mécanismes de gestion de l’élevage porcin et del’approvisionnement des villes romaines. Apport de l’analyse Tarek Oueslati,du contour des troisièmes molaires inférieures du porc. Catherine Cronier 151Une économie de marché entre la ville de Tongres etson arrière-pays ? Les exemples de la gestion des ressources animales et de l’approvisionnement en Fabienne Pigière etcéramique. Annick Lepot 155De la viande et des pots dans la proche campagne David Germinet,d’Avaricum (Bourges-Cher) : exemple de la villa Emmanuel Marot,de Lazenay et mise en perspective. Marilyne Salin 171La céramique des quatre habitats du IIIe siècle du« Pôle d’activité du Griffon » à Barenton-Bugny etLaon (Aisne). Amélie Corsiez 181La consommation alimentaire d’après la céramique enChampagne : comparaisons raisonnées entre la capitale Anne Delor-Ahü,des Rèmes et son territoire. Pierre Mathelart 193

La consommation de denrées méditerranéennes dans lesmilieux ruraux de la Cité des Tongres : le témoignage desamphores. Noémie Nicolas 219

Se logerLa circulation des terres cuites architecturales dans lesud-est de l’Entre-Sambre-et-Meuse et zones contiguës, Laurent Luppens etd’après la répartition des estampilles. Pierre Cattelain 227Diffusion des tuiles dans le nord de la Gaule : Guillaume Lebrun,le cas de la région d’Orchies (Nord). Gilles Fronteau 249

Échanger

La monétarisation des grands domaines ruraux de Gaule septentrionale : une problématique nouvelle. Jean-Marc Doyen 267La circulation monétaire dans les campagnes du Languedoc à l’époque gallo-romaine : une première approche. Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec 277

Guillaume Varennes, Cécile Batigne-Vallet, Christine Bonnet,François Dumoulin, Karine Giry,Colette Laroche, Odile Leblanc,Guillaume Maza, Tony Silvino et

Apports de l’ACR Céramiques de cuisine d’époque l’ensemble des collaborateurs deromaine en région Rhône-Alpes et Sud-Bourgogne à l’ACR Céramiques de cuisine d’époque la question des faciès céramiques urbains et ruraux : romaine en région Rhône-Alpes et bilan, limites et perspectives. Sud-Bourgogne 291

Consommer à l’échelle du site et de la régionMatthieu Poux avec la coll. deBenjamin Clément, Thierry Argant,Fanny Blanc, Laurent Bouby,Aline Colombier, Thibaut Debize,Arnaud Galliegue, Amaury Gilles,Lucas Guillaud, Cindy Lemaistre,Marjorie Leperlier, Gaëlle Morillon,

Produire et consommer dans l’arrière-pays colonial de Margaux Tillier, Yves-Marie ToutinLugdunum et de Vienne : étude de cas. Aurélie Tripier 323La Vulkaneifel occidentale comme lieu de consommation et de production du Ier au IVe siècle. Peter Henrich 357

Résumés (français, anglais). 365