céramiques antiques du lycée st-joseph, dax (landes), rfo 2012

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L ycée S aint -JoSeph Dax LanDeS Natacha Sauvaitre avec la collaboratioN de : Maryelle beSSou ÉloïSe darracq coralie deMaNgeot catheriNe hebrard-SalivaS laëtitia PÉdouSSaut david PereSSiNotto NicolaS Portet Maître D’ouvrage : Piera ProMotioN rapport finaL Dopération archéoLogique antiquité, Moyen Âge, époqueS MoDerne et conteMporaine 2012 Fouille darchÉologie PrÉveNtive Bureau d’investigations archéologiques 9 rue Vidailhan 31130 BALMA 05 61 00 49 85 v oLuMe 1 : t exte

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Lycée Saint-JoSeph

Dax

LanDeS

Natacha Sauvaitre

avec la collaboratioN de :Maryelle beSSou

ÉloïSe darracq

coralie deMaNgeot

catheriNe hebrard-SalivaS

laëtitia PÉdouSSaut

david PereSSiNotto

NicolaS Portet

Maître D’ouvrage : Piera ProMotioN

rapport finaL D’opération archéoLogique

antiquité, Moyen Âge, époqueS MoDerne et conteMporaine

2012

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Bureau d’investigations archéologiques9 rue Vidailhan 31130 BALMA05 61 00 49 85

voLuMe 1 : texte

131LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

4. Étude du mobilier

4.1. La céramique antique (L. Pédoussaut)

Lors de l’opération, deux couches ont été mises au jour qui contenaient presque exclusivement du mo-bilier antique. Il s’agit de l’US 1008, un amas de céramiques dont la nature reste assez incertaine et de l’US 2137 qui correspond au comblement d’un conduit d’égout antique.Ces deux niveaux ont livré 513 fragments soit un nombre minimum d’individus de 85302. L’état de conser-vation des tessons est plutôt médiocre : les fragments étaient assez érodés, rendant les collages difficiles et les surfaces étaient souvent couvertes d’un encroutement calcaire résistant au lavage. Ce lot a fait l’objet d’un inventaire rigoureux, dans une base de données élaborée à cet effet à partir du logiciel FilemakerPro. Pour les céramiques sigillées, nous avons essayé de préciser la provenance des vases. Pour les céramiques communes, nous avons établi sept familles reposant sur des critères techniques : qua-lité de l’argile, plus ou moins dégraissée, mode de façonnage, au tour ou modelée, et mode de cuisson.

4.1.1. US 1008

Cette couche était relativement riche puisqu’elle renfermait 431 fragments, soit un NMI de 70. Elle consti-tue donc l’essentiel de notre corpus. En outre, on notera la grande variété de céramiques représentées et, en particulier, la présence de deux fragments de sigillées et d’un bord d’amphore qui sont autant d’indices pour la datation de cet ensemble.

4.1.1.1. Une grande variété de catégories

Les amphores sont documentées par quatre fragments dont un bord. Deux morceaux de panse appartien-nent clairement à des productions italiques, mais le type n’est pas identifiable. Un autre fragment de panse, moins épais et cannelé, demeure plus énigmatique. De même, le dernier fragment, un bord, présente une pâte calcaire, beige rosé, dont il est plus difficile de préciser l’origine.

Les sigillées sont représentées par deux fragments : le premier est un petit bord, non identifiable, mais qui provient probablement des officines de Montans (Tarn). Le second fragment est un fond (Fig. 284 n° 1) en sigillée hispanique.

302 Le NMI est calculé par US et par catégorie, après recollage, en fonction du nombre de bords ou, à défaut, du nombre de fonds si celui-ci est plus élevé (Protocole 1998). À titre indicatif, on peut préciser que le nombre de bords s’élève ici à 82.

132LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

Pour les céramiques communes, sept familles ont été distinguées. Les céramiques communes claires (CC) ont été divisées en deux groupes : les CC1 sont fabriquées dans une pâte calcaire, de couleur beige clair, parfois avec un noyau plus rose. Le dégraissant est invisible à l’œil nu à l’exception de quelques paillettes de mica. Les vases de cette catégorie sont tournés et ont été cuits en mode A303. Ils devaient servir principalement au stockage et à la préparation des aliments. Il est possible qu’une partie de ces vases aient pu être engobés, néanmoins, le mauvais état de conservation des surfaces nous empêche d’évaluer la part de ces productions.Pour les CC2, le façonnage et la cuisson sont similaire en revanche, la pâte est un peu plus dégraissée : de fines inclusions sableuses sont observables dans la tranche. De plus, la teinte orangée de la céramique est un peu plus soutenue dans ce cas. Ces céramiques communes claires peuvent être rapprochées de la caté-gorie A3 définie par F. Réchin dans ses travaux sur la céramique de l’Aquitaine méridionale304.

Les céramiques communes grises (CG1) sont des productions tournées, à pâte fine, avec quelques paillettes de mica et de fines inclusions grisâtres. La cuisson en mode B305 est associée à un enfumage qui confère à la surface une couleur noire uniforme. En revanche, l’intérieur de la tranche peut présenter des tonalités rougeâtres, résultant d’une ré-oxydation partielle. Cette famille correspond à la catégorie A1 identifiée par F. Réchin306 et s’inscrit dans la mouvance des céramiques fines fumigées, parfois appelées Terra Nigra ou gallo-belges, voire céramiques « savonneuses » en Aquitaine. Ces productions, généralement assez soi-gnées, étaient destinées au service et à la conservation des aliments.

Les céramiques communes non-tournées s’illustrent par leur variété : on dénombre quatre groupes dans le lot mis au jour sur le site. Les CNT1 correspondent à une production originale et facilement reconnaissable au milieu des autres céramiques en raison de la présence de nombreuses vacuoles, parfois supérieures à 1 mm de large. Cette pâte, très aérée, est également bien dégraissée, avec des inclusions sableuses hétérogènes. La surface est polie ou peignée selon les vases. La cuisson irrégulière307 a produit des teintes variant du beige au gris plus ou moins foncé, avec des zonages différents sur un même exemplaire. Ce type de céramique est bien attesté régionalement308 et il s’agirait de vases à fonction culinaire. Son originalité la rend facile à recon-naître et on a ainsi pu définir son aire de diffusion, assez réduite309, ainsi qu’une durée de production qui se limiterait de l’époque flavienne à la fin du IIe siècle310.Les CNT2 sont des céramiques à pâte relativement fine : le dégraissant sableux est assez abondant, mais les particules sont de module généralement inférieur à 1 mm de diamètre et semblent calibrées. La cuisson, en mode A, engendre des tessons aux couleurs variables mais avec une dominante de rouge. La tempéra-ture de cuisson devait être peu élevée et les tessons sont très friables.Les CNT3 paraissent avoir subi une cuisson plus forte : la pâte est dure, quelques fragments comportent même des traces de grésage partiel. C’est encore le mode A qui a été utilisé, expliquant l’irrégularité des couleurs de surface. Le dégraissant est hétérogène et dense, il s’agit de grains de sable, de particules blan-châtres et de nodules ferreux. Généralement, la surface est peignée.

303 Voir Picon 1973 et Picon 2002 : cuisson en atmosphère réductrice suivi d’une post-cuisson en atmosphère oxydante.

304 Réchin 1994.

305 Voir Picon 1973 et Picon 2002 : cuisson en atmosphère réductrice suivi d’une post-cuisson en atmosphère réductrice.

306 Réchin 1994.

307 Mode A.

308 Réchin, Convertini 2000, p. 111.

309 La distribution de cette production recouvre plus ou moins le territoire de la cité d’Aquae Tarbellicae, entre l’Adour et la Gave d’Oloron. Les découvertes les plus nombreuses concernent l’actuel département des Landes (Réchin, Convertini 2000, p. 116-117 et 122-124, fig. 4).

310 Réchin, Convertini 2000, p. 124.

133LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

Enfin, les CNT4 ressemblent beaucoup aux précédentes, à l’exception de la cuisson, plutôt à dominante réductrice entrainant des colorations grisâtres à brunes. Les surfaces sont également peignées ou polies. Les accumulations de suie sous les lèvres et les traces d’exposition au feu suggèrent une fonction culinaire.

Le graphique suivant montre la répartition entre les différentes catégories définies pour l’US 1008. Le calcul a été fait par pourcentage du nombre de restes (Graph. 13).

Graphique 13 - Répartition des catégories de céramique dans l’US 1008

Le corpus est largement dominé par les céramiques non tournées : toutes catégories confondues, elles totalisent 241 fragments soit 55,9 % de la céramique de la couche. Dans cet ensemble, les productions les plus fréquentes sont les CNT3 (113 tessons soit 26,2 %) et les CNT4 (82 fragments soit 19 %). Les céra-miques non-tournées à vacuoles (CNT1) constituent une catégorie non négligeable avec 41 tessons soit 9,5 % du mobilier tandis que la part des non-tournées fines (CNT2) est bien inférieure avec seulement 5 tessons soit 1,2 %. Le mode A, qui est le plus simple à mettre en œuvre (four à sole ouverte pas d’opération particulière en post-cuisson) est le plus fréquent pour ces céramiques qui devaient s’inscrire dans un usage quotidien.

Parmi les céramiques tournées, celles cuites en mode A sont majoritaires : en effet, les claires représentent 34,8 % des fragments (150 tessons) contre 7,8 % pour les grises (34 fragments). Les productions à pâte calcaire (CC1) dominent l’ensemble.

La part des amphores est plutôt réduite avec quatre fragments, c’est-à-dire moins de 1 % du mobilier céra-mique. Enfin, les sigillées ne sont attestées que par deux individus, un fond et un bord, soit 0,4 % du total des fragments. La prédominance des céramiques non tournées est une constante sur la plupart des sites d’Aquitaine méridionale311 et en particulier à Dax312 pendant l’Antiquité. En revanche, la part importante des céra-miques claires constitue un indice utile pour la chronologie de la couche 1008. En effet, la place de ce type de céramique reste inférieure à celle des productions tournées grises au moins jusque sous les Flaviens313. Ce lot devrait donc se situer au-delà.

311 Réchin 1996, p. 451.

312 Fouilles dites de « l’ilot central » (Watier 1978-1979), voir Réchin 1997 p. 601.

313 Réchin 1994, p. 351-352.

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4.1.1.2. Un répertoire de formes assez riche

Pour les amphores, un seul fragment de bord a été mis au jour et il s’agit d’une lèvre difficile à identifier. Elle est ronde, formant un petit bourrelet qui rappelle le type Dressel 2/4, mais il reste impossible de l’affir-mer, d’autant que la pâte n’apporte guère d’information.

Les sigillées sont peu nombreuses : l’exemplaire en sud-gauloise, probablement de Montans (Tarn) est trop petit pour être reconnaissable. En revanche, le fond en sigillée hispanique (Fig. 284 n° 1) correspond à une coupe Drag 37. Les sigillées hispaniques font leur apparition en Aquitaine à partir de l’époque flavienne, leur présence est d’autant plus marquée que l’on se rapproche des Pyrénées314. Le décor de ce fragment est constitué de cercles concentriques. Ce type d’ornementation semble avoir été particulièrement apprécié par les potiers de La Rioja au IIe siècle315.

Les céramiques communes à pâte claire disposent d’un répertoire morphologique assez riche, dominé par les vases fermés : on a pu compter trois formes ouvertes et trois mortiers, mais aussi neuf pots ou pichets et deux cruches.Les mortiers à lèvre retombante (Fig. 284 n° 2) comportent généralement une panse tronconique. Ils s’ins-crivent dans la tradition des mortiers italiques de type Haltern 60. Ici, les fragments ne présentent pas de sablage interne, mais peut-être étaient-ils trop usés ou dotés d’une râpe uniquement dans la partie infé-rieure. Néanmoins, la forme, fréquente en Aquitaine316, reste facilement reconnaissable.Pour les formes fermées, on ne sait pas toujours si le vase était muni d’une anse car nous ne disposons pas du bord complet. Pour les fragments dessinés (Fig. 284 n° 4 à 7) il est donc impossible de préciser si nous avons affaire à des pots où à des pichets. En revanche, certains exemplaires correspondent à des vases déjà connus à Dax, ainsi le pot (ou pichet) à col assez haut et légèrement concave et lèvre ronde soulignée par une baguette (Fig. 284 n° 6). Ce profil est attesté dans le mobilier issu des contextes du Haut-Empire mis au jour lors des fouilles de l’îlot central317. Le petit pichet à lèvre triangulaire cannelée (Fig. 284 n° 3) cor-respond à une forme très répandue en Aquitaine méridionale durant les IIIe et IVe siècles mais qui apparaît certainement dès l’époque flavienne318.

Pour les céramiques tournées à pâte grise nous disposons de moins de formes. Deux fragments de becs pin-cés de cruches ont été comptabilisés, cependant ils sont trop petits pour être attribués à un type précis. En re-vanche, on peut noter la présence d’un petit bol à bord droit et lèvre légèrement rentrante (Fig. 284 n° 8) qui peut être rapproché du type Réchin 201 et daté entre Auguste et la seconde moitié du Ier siècle de notre ère319.

Les céramiques non-tournées offrent un répertoire varié, mais il s’agit souvent de profils simples pour des vases avant tout fonctionnels.Dans la première catégorie des céramiques non tournées à vacuoles (CNT1), cinq vases ont été identifiés. Une seule forme ouverte a été repérée : il s’agit d’un grand vase320 tronconique à lèvre triangulaire dont la surface a été polie (Fig. 285 n° 1). Ce récipient correspond certainement aux bassines de type Réchin 1101 parfois munies d’anses internes. On en connaît de nombreux exemplaires en Aquitaine méridionale ; à Dax, ils sont attestés dans des niveaux augusto-tibériens mais également dans des contextes fin Ier- début IIe siècle321.

314 Martin 2002 p. 291-292.

315 Martin 2008, p. 255.

316 Santrot 1979, p. 109.

317 Réchin 1994, fig. 4.46 n° 4.

318 Réchin 1996, p. 475, fig. 4 n° 33.

319 Réchin 1994, p. 320.

320 Le diamètre n’a pu être exactement mesuré mais la courbure suggère une très grande ouverture.

321 Réchin, Convertini 2000, fig. 1 n° 7 et p. 112-113.

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Avec trois exemplaires, le type le mieux documenté sur le site, pour cette catégorie, est le pot Réchin 703, en forme de tonnelet avec un bord convergent et une lèvre triangulaire (Fig. 285 n° 2). La panse est toujours peignée et cette forme n’apparaît que dans cette catégorie. Les pots Réchin 703 sont attestés durant les deux premiers siècles de notre ère. À Dax, de nombreux spécimens ont été mis au jour dans des niveaux de l’époque d’Auguste et de Tibère mais également pour des couches de la fin du Ier et du début du IIe siècle322.

Les non-tournées à pâte fine (CNT2) sont quantitativement peu représentées, néanmoins, les deux seules formes inventoriées méritent quelques lignes. La première est un pot, probablement de petite taille bien que le diamètre reste inconnu. Le profil est sobre, sans col avec simplement un bord court oblique (Fig. 285 n° 3). L’originalité de ce fragment, en dehors de sa pâte peu représentée sur le site, réside dans la présence d’un graffito, gravé sous la lèvre à la pointe sèche. Hélas, cette inscription reste indéchiffrable.Dans cette qualité de pâte, on trouve également une assiette à fond plat, bord divergent et lèvre ronde redressée (Fig. 285 n° 4). Cette fois encore, le profil est peu élaboré et difficilement classable. Il pourrait s’agit d’un plat à cuire.

Les céramiques non-tournées à pâte sombre (CNT3) comportent dix-neuf individus qui peuvent être at-tribués à une forme : deux sont des formes fermées (pots) dix-sept sont des formes ouvertes. On peut diviser ces dernières en trois grands groupes. La première série réuni des bords divergents à lèvre ronde ou plate ; la panse est toujours peignée (Fig. 285 n° 5). Cette série comprend six exemplaires. Le deuxième ensemble est le plus important quantitativement : il s’agit de jattes à bord rentrant (Fig. 285 n° 6 et 7) parfois munies d’anses horizontales (Fig. 285 n° 6). Typologiquement, ces vases se rapprochent du type Réchin 208, diffusé en Aquitaine entre la fin du IIe et le IVe siècle323. Enfin, le troisième groupe se compose de deux jattes, assez profondes, à panse ronde et lèvre en bourrelet (Fig. 285 n° 8). Le dernier fragment correspond à un bord très évasé, peut-être un couvercle.

Parmi les céramiques non-tournées à pâte grise (CNT4) on retrouve certaines des formes décrites pour les CNT3, cependant la part des vases ouverts est moins écrasante : on totalise huit formes ouvertes contre sept fermées.On compte, tout d’abord, trois jattes tronconiques Réchin 208 à lèvre ronde ou plate et panse peignée (Fig. 285 n° 9) et cinq écuelles ou jattes à bord rentrant (Fig. 285 n° 10). Les formes fermées se rattachent à deux types. Les plus nombreux (quatre exemplaires) sont des pots ovoïdes, sans col, à lèvre déjetée formant un marli oblique ou horizontal et généralement cannelé (Fig. 285 n° 12). Ces pots correspondent au type Réchin 701, fréquent en Aquitaine méridionale et dans le Nord-Ouest de l’Espagne324. Ils sont généralement datés des Ier et IIe siècles de notre ère325. À Dax, cette forme est connue dans des niveaux de la fin du Ier et du début du IIe siècle326. Enfin, les trois derniers pots présen-tent un profil moins original : le bord est simplement oblique et l’extérieur peigné de manière irrégulière (Fig. 285 n° 11). Pour ces vases une tentative d’identification est donc hasardeuse en raison de l’absence de caractère morphologique particulier et de leur taille réduite.

4.1.1.3. Un lot difficile à dater

Les fossiles directeurs présents dans ce lot sont peu nombreux et imprécis : il s’agit du bord de sigillée de Montans qui nous ramène au Ier et à la première moitié du IIe siècle. La coupe Drag 37 en sigillée hispanique désigne plutôt le IIe siècle.

322 Réchin, Convertini 2000, p. 113-115.

323 Réchin 1994, p. 406-407.

324 Esteban Delgado et alii 2008, p. 195-201.

325 Esteban Delgado et alii 2008, p. 195.

326 Réchin 1994, p. 417.

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Les types repérables en céramique commune apportent également quelques informations mais elles restent approximatives. Néanmoins, certaines formes n’apparaitraient qu’à partir de l’époque flavienne (pichet à lèvre triangulaire cannelée). Quelques éléments pourraient être encore plus tardifs, mais la cé-ramique commune n’est pas encore parfaitement connue et sa fiabilité est encore limitée. La plupart des formes semblent toutefois se cantonner aux Ier et IIe siècles. De même, la diversité des catégories doit être prise en compte : la présence de non-tournée à vacuoles s’inscrit entre l’époque flavienne et la fin du IIe siècle. De même, la prédominance des céramiques tournées claires sur les céramiques grises tend à désigner cette période. Il apparaît donc raisonnable de suggérer pour cette couche une fourchette chronologique allant de la pé-riode flavienne jusqu’à la fin du IIe siècle.

4.1.2. US 2137

Le mobilier issu de cette couche est beaucoup moins abondant. En effet, 82 fragments ont été comptabi-lisés pour un NMI estimé à 15. Cette faiblesse quantitative est un inconvénient, en particulier pour dater l’US. Cependant, certaines formes remarquables et des possibilités de comparaisons précises avec des en-sembles contemporains de Dax permettent de proposer des hypothèses intéressantes.

4.1.2.1. Un ensemble moins varié que le précédent

La seule nouveauté, en termes de famille de céramique, est un fragment d’anse glaçuré, certainement mé-diéval, qui pourrait résulter d’une contamination accidentelle, dans la mesure où il est seul parmi des cé-ramiques indubitablement antiques. Toutes les autres catégories mises au jour dans cette couche étaient déjà présentent dans l’US 1008. En revanche, le nombre de ces catégories s’est rétréci : on ne trouve plus ni amphores, ni sigillées et parmi les communes, les céramiques tournées grises et les non-tournées à va-cuoles (CNT1) et pâte fine (CNT2) ont disparu.Cependant, on conserve les productions à pâte claire calcaire (CC1), bien que la pâte soit un peu différente des précédentes : elle est très pulvérulente et avec des teintes plutôt jaunâtres que beiges. Cette famille pourrait se rapprocher du groupe défini par F. Réchin sous le nom de A 31327, dont la diffusion semble maxi-male aux IIIe et IVe siècles. On trouve encore quelques tessons, plus rose ou orangés, avec un dégraissant plus visible même s’il reste fin (CC2). Parmi les céramiques non tournées, seules les productions les plus grossières sont encore représentées : on distingue celles qui comportent plutôt des teintes rougeâtres ou marron (CNT3) et celles qui tendent plus vers les gris (CNT4).

Le graphique suivant récapitule la distribution des fragments dans ces différentes catégories (Graph. 14).

Graphique 14 - Répartition des catégories de céramique dans l’US 2137

327 Réchin 1994, p. 378-379.

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On constate immédiatement que les céramiques tournées claires sont majoritaires face aux non-tournées avec 47 fragments soit 57,3 % contre 34 tessons, soit 41,5 %. Les CC1 sont les plus communes avec 40 frag-ments et un NMI de 6.Parmi les non-tournées les productions cuites en mode A (CNT3) dominent avec 26 fragments, soit au moins 4 individus. Tandis que les céramiques grises (CNT4) totalisent 8 tessons dont 3 bords.

4.1.2.2. Quelques formes remarquables

Au sein des céramiques communes claires, les formes ouvertes sont majoritaires : en effet, on compte quatre coupes, un bol, un mortier contre une seule cruche.Le mortier tronconique à lèvre pendante (Fig. 286 n° 1) est assez proche de ceux décrits plus haut. Sa pâte orangée le classe dans la catégorie des CC2 et il ne porte pas (plus) de revêtement sablé interne.Cette couche renfermait également quatre coupes à panse arrondie et lèvre déjetée formant un petit marli. L’exemplaire le plus complet est orné sur la panse d’une série de cannelures (Fig. 286 n° 2). Ce vase peut être rapproché du type Réchin 301a attesté à Dax dans des niveaux de la seconde moitié du IVe et du début du Ve siècle328.Un bol, toujours dans la même pâte jaunâtre, a encore été mis au jour (Fig. 286 n° 3) : la panse est arrondie avec un bord très évasé, la lèvre repliée forme un petit bandeau orné de cannelures. À l’intérieur, la partie supérieure est rythmée par une série de creux et de ressauts. Ce profil très caractéristique se retrouve sur un vase découvert dans les dépotoirs tardifs de l’îlot central à Dax329, c’est-à-dire pour la même période que la forme précédente.Enfin, pour terminer avec les communes claires, il faut noter la présence d’une cruche à une anse et dotée d’un petit bec peu marqué (Fig. 286 n° 4). L’ouverture est large et plutôt évasée, la lèvre forme un bandeau et le col est souligné par une baguette sur laquelle vient s’accrocher l’anse. Un exemplaire similaire a éga-lement été trouvé dans les dépotoirs tardifs de Dax330. Ce profil rappelle également celui de cruches en cé-ramique claire engobée mises au jour à Eauze (Gers) dans des niveaux de la seconde moitié du IVe siècle331.

Les céramiques non tournées ont également livré quelques cas intéressants. Le répertoire des communes sombres est dominé par les jattes à bord rentrant de type Réchin 208332, proches de celles que nous avons décrites plus haut. On en compte deux parmi les CNT3 mais également trois parmi les CNT4, pour les-quelles il s’agit de la seule forme identifiée. Un autre grand vase ouvert à lèvre ronde et panse peignée peut également retenir notre attention (Fig. 286 n° 5). Il s’agit d’un très grand récipient même s’il est impossible d’en mesurer exactement le diamètre.Enfin, l’US 2137 a livré un seul pot (Fig. 286 n° 6). À panse ovoïde, sans col, la lèvre est massive et forme un marli cannelé. Ce pot se rattache au type Réchin 701 mais le profil, en particulier, du bord est plus lourd : la lèvre est plus épaisse et de section nettement triangulaire. Ces différences morphologiques pourraient avoir une signification chronologique, en effet, des variantes similaires sont communément attestées de part et d’autre des Pyrénées, dans des contextes des IVe et Ve siècles333.

4.1.2.3. Un ensemble du Bas-Empire ?

L’absence de fossile directeur constitue un obstacle pour la datation de la couche : les céramiques com-munes restent une source peu fiable.

328 Réchin 1994, p. 380.

329 Type 301c, Réchin 1994, p. 380.

330 Type 901b, Réchin 1994, p. 385-386.

331 Genin 2006, pl. 8, n° 7-8, p. 230-231.

332 Réchin 1994, p. 406-407.

333 Esteban Delgado et alii 2008, p. 196.

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En revanche, il est étonnant de constater les similitudes entre cette US et les assemblages de céramiques mis au jour lors des fouilles des dépotoirs tardifs de l’ilot central : les formes sont étonnamment similaires, de même que le contexte. En effet, la couche 2137 provient du remplissage d’une canalisation antique et les dépotoirs tardifs de Dax sont les comblements des conduits d’égout bouchés lors de grands amé-nagements intervenus autour du temple antique à la fin de l’Antiquité334. Toutefois, les comparaisons typologiques constituent déjà un bon repère pour la chronologie de cette US. L’hypothèse d’une datation entre la fin du IVe et le début du Ve siècle, comme pour les dépotoirs de l’îlot central, est parfaitement envisageable.

4.1.3. Conclusion

La céramique antique découverte sur le site de l’ancien lycée Saint-Joseph constitue un ensemble intéres-sant même s’il comporte des lacunes. Quantitativement, il est limité, ce qui peut nuire à sa représentativité. Qualitativement, la quasi-absence de céramiques fines et d’amphores nous oblige à nous appuyer sur les céramiques communes notamment pour établir les datations, or ces mobiliers sont moins fiables.En revanche, nous disposons de plusieurs atouts pour contrebalancer ces difficultés. Tout d’abord, ce lot comporte un nombre satisfaisant de formes pour lesquelles on peut essayer de trouver des comparaisons. Les vases appartiennent en outre à des catégories assez variées, ce qui permet de croiser les données. Enfin, nous disposons sur le sud de l’Aquitaine de nombreux travaux de recherche sur la céramique et, en particulier, sur les productions communes. De plus, d’importantes fouilles ont été réalisées à Dax qui nous offrent des contextes de référence bien datés.

Finalement, il a donc été possible de distinguer deux séries caractéristiques l’une du Haut-Empire, l’autre du Bas-Empire. Et ces lots, inattendus sur le site, viennent enrichir les connaissances sur la consommation locale de la céramique et peut-être confirmer de grands changements dans l’histoire urbaine de Dax.

US n° inv. famille n.r. N.M.I.

1008

07-138-4-8-1 CNT2 5 2

07-138-4-8-2 CNT1 41 5

07-138-4-13-1 CNT3 113 19

07-138-4-13-2 CNT4 66 2

07-138-4-13-3 CNT4 16 15

07-138-4-14-1 CC1 126 15

07-138-4-14-2 CC2 24 5

07-138-4-15-1 CG1 34 3

07-138-5-1-1 Sigillées 2 2

07-138-5-1-2 Amphores 4 1

2137

07-138-4-6-1 Glaçurée 1 1

07-138-4-6-2 CNT3 26 4

07-138-4-6-3 CNT4 8 3

07-138-4-7-1 CC1 40 6

07-138-4-7-2 CC2 7 1

Tableau 30 - Tableau récapitulatif des US étudiées – US 1008 et 2137

334 Mise en place d’une voie, remblaiement du secteur, récupération de matériaux et bouchages des canalisations. Cf. Watier 1979.

154LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

Étude du mobilier céramique

Esteban Delgado et al. 2008 : ESTEBAN DELGADO (M.), IZQUIERDO MARCULETA (T.), MARTINEZ SALCEDO (A.), RECHIN (F.), Producciones de cerámica commun no torneada en el País Vasco peninsular y Aquitania méridional : grupos de producción, tipología y difusión, Sautuola, XIV, Instituto de prehistoria y Arqueología, Santander, 2008, p. 183-216.

Genin 2006 : GENIN (M.), Céramiques tardives du site de la Cieutat (Eauze, Gers) : étude de sept ensembles de mobilier (fin IIIe- IVe s. p.C.). Aquitania, XXII, 2006, p. 226-251.

Martin 2002 : MARTIN (T.), Un vase en terre sigillée hispanique trouvé au Mas d’Agenais (Lot-et-Garonne). In GENIN (M.) et VERNHET (A.), Céramiques de La Graufesenque et autres productions d’époque romaine. Nouvelles recherches. Hommages à Bettina Hoffmann. éd. Monique Mergoil, Montagnac, 2002, p. 289-294.

Martin 2008 : MARTIN (T.), La diffusion des céramiques sigillées en Aquitaine méridionale sous le Haut-Empire : l’exemple de Beneharum (Lescar, Pyrénées-Atlantiques). In RECHIN (F.), BARRAUD (D.) éd., Lescar-Beneharum. Ville antique entre Pyrénées et Aquitaine, Archéologie des Pyrénées occidentales et des Landes, (Hors-série n° 3), 2008, p. 244-274.

Picon 1973 : PICON (M.), Introduction à l’étude technique des céramiques sigillées de Lezoux. Lyon, 1973.

Picon 2002 : PICON (M.), Les modes de cuisson, les pâtes et les vernis de LaGraufesenque : une mise au point. In GENIN (M.) et VERNHET (A.), Céramiques de La Graufesenque et autres productions d’époque romaine. Nouvelle recherches. Hommages à Bettina Hoffmann. éd. Monique Mergoil, Montagnac, 2002. p. 139-163.

Protocole 1998 : Protocole de quantification des céramiques. In ARCELIN (P.), TUFFREAU-LIBRE (M.) dir., La quantification des céramiques. Conditions et protocole. Glux-en-Glenne, Centre archéologique européen du Mont Beuvray (Bibracte, 2), 1998. p. 141-157.

Réchin 1994 : RECHIN (F.), La vaisselle commune d’Aquitaine méridionale à l’époque romaine. Contexte céramique, typologie, faciès de consommation. Thèse de doctorat. Université de Pau, 1994. 3 vol.

Réchin 1996 : RECHIN (F.), La vaisselle commune de table et de cuisine en Aquitaine méridionale. In BATS (M.) dir., Les céramiques communes de Campanie et de Narbonnaise (Ier s. av. J.-C. – IIe s. apr. J.-C.). La vaisselle de cuisine et de table : Actes des Journées d’étude (Naples, 1994). Naples, 1996 (Coll. Centre J. Bérard, 14) p. 447-479.

Réchin 1997 : RECHIN (F.), Le faciès céramique aquitain, exemples et réflexions méthodologiques. Isturitz, 9, 1997, p. 595-624.

Réchin, Convertini 2000 : RECHIN (F.) & CONVERTINI (F.), « Production et échanges en Aquitaine durant le Haut-Empire : nouveaux apports de la pétrographie céramique », Actes du Congrès de Libourne, S.F.E.C.A.G., Marseille, 2000, p. 111-127.

Santrot 1979 : SANTROT (M.-H. et J.), Céramiques communes gallo-romaines d’Aquitaine. Paris, 1979.

Watier 1979 : WATIER (B.), Premiers résultats des fouilles de l’ilot central à Dax (1978-1979). Bulletin de la société de Borda, 1979, p. 227-255.

LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

Fig. 284 –Céramiques tournées, US 1008Dessin de L. PEDOUSSAUT, Hadès, 2011

Com. claire3 Com. claire

4

Com. claire5 Com. claire

6Com. claire

7

Com. grise fumigée8

Com. claire2

Sigillée hispanique1

0 5 cm

LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

Fig. 285 –Céramiques non-tournées, US 1008Dessin de L. PEDOUSSAUT, Hadès, 2011

0 5 cm

Non-tournée grise11

Non-tournée grise10

Non-tournée sombre8

Non-tournée sombre5

Non-tournée grise9

Non-tournée grise12

Non-tournée à vacuoles1

Non-tournée à vacuoles2

Non-tournée �ne3

Non-tournée �ne4

Non-tournée sombre7Non-tournée sombre

6

LYCÉE SAINT-JOSEPH - Commune de Dax (Landes). HADÈS, 2012

Fig. 286 – Céramiques US 2137Dessin de L. PEDOUSSAUT, Hadès, 2011

0 5 cm

diam. indéterminé

Non-tournée sombre5

Non-tournée sombre6

Com. claire1

Com. claire2

Com. claire3

Com. claire4