djibouti fs francaises,raids n°307,2011

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Aviateurs et marins français restent présents en permanence sur la base aérienne 188 et au centre d'Arta, à Djibouti, tandis que la brigade des forces spéciales terre (BFST) commence à prendre goût à ses séjours.

L'histoire est peu connue, mais elle illustre le concours apporté par des moyens COS prépositionnés à Djibouti. Pendant l'épi­sode de la Tanit, une équipe de commandos parachutistes du CPA10 a été engagée sur une île de l'océan Indien pour permettre à l'opération de libération de s'enclencher. La réalité est alors celle-ci : si l'un des civils présents à bord du voilier (trois hommes, une femme et un enfant en bas âge) ou l'un

Texte: Jean-Marc TANGUY

des commandos engagés dans la libéra­tion est blessé, il n'y a aucune possibilité d'évacuation sanitaire sous court délai, les hélicoptères étant trop loin de toute DZ sécurisée.

On en a donc créé une avec le CPA 10 - un savoir-faire basique (et rare) de l'unité -et un avion de transport tactique (ATT) du « Poitou », déployé pour l 'occasion. Le CPA 10 a reconnu la piste, l'a marquée et a

permis l'atterrissage de l'appareil. Tout cela, évidemment, dans une chronologie formée avec celle, plus globale, de l'opération de reprise de la Tanit.

Au final, elle n'aura pas permis de sau­ver le skipper du voilier, Florent Lemaçon. Mais elle aura constitué une brique indis­pensable sans laquelle la suite de l'action n'aurait pas pu s'enclencher. C'est l'un des commandos qui a été décoré de la

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I m

n l'oublie souvent, l'invex (rebaptisée CTLO pour contre-terrorisme et libération d'otages)

fait partie des missions des commandos du CPA 10, employés à Djibouti au sein du GES.

(Photos Adj Guillaume Martel/FFDJ)

Légion d'honneur par le président de la République, le 26 novembre 2010.

Des hommes du groupe d'entraînement spécialisé (GES), formé autour du CPA 10, ont aussi été engagés en sécurisation d'un ATT lors d'un poser en Somalie. Le Transall venait chercher des militaires africains de l'ONU, blessés dans des combats entre milices. Le GES est de création récente puisqu'elle ne remonte qu'à 2003. C'est à

Ci-contre. Installé en 2003 à Djibouti, le GES (groupe

d'entraînement spécialisé) est armé normalement par 16 personnels, soit un groupe action et une

capacité de commandement. Le CPA 10 a dû, temporairement, céder ce mandat aux CPA

conventionnels, en 2011, du fait d'une suractivité sur les autres théâtres, avec jusqu'à six groupes

« action » mobilisés, sur un total de 10 ! (Photo SIRPA-Air)

Pour les combattants venus de la mer que sont les commandos Marine, Djibouti concentre bien des atouts. (Photos Ludovic Picard/marine nationale)

I •JMF *

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Plusieurs terrains sommaires sont reconnus pour les posers d'assaut des Transall. Qu'il s'agisse de ceux du « Poitou », qui relâchent régulièrement à Djibouti, ou ceux de l'ETOM. (Photo FFDJ)

Ci-dessous. Afin d'épargner le potentiel de ses hélicoptères, le 4e RHFS ne vient plus avec ses H M. et vole sur les Puma du DETALAT Djibouti. Ici, on ignore qui, des spéciaux ou des conventionnels, pilotaient ; par contre, la « cargaison », elle, faisait bien partie du COS. (Photo Jean-Marc Tanguy)

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l'époque le COS qui promeut l'idée, dans la même logique que les Furet du 1 e r RPIMa et les doyens des lieux, les marins.

De nombreux scénarios possibles

Pour le CPA 10, il s'agit à la fois de consolider son entraînement en milieu désertique et de driller tous ses savoir-faire aéronautiques, en profitant des moyens de l'armée de l'air sur place : l'escadron de transport d'outre-mer (ETOM) 88 Djibouti, avec ses Puma et son Transall, et évidem­ment les chasseurs (quatre Mirage 2000-5 et trois 2000D) de l'escadron de chasse 3.11 « Corse ». Le GES peut ainsi faire travailler la reconnaissance de terrains de poser d'assaut (RTPA) sur la quinzaine de sites que compte le territoire.

Rappelons que ce procédé emploie, entre autres, un nombre limité de balises et permet à un ATT du « Poitou » d'at­terrir sans aucune autre assistance. Le Transall de l'ETOM ou les éventuels ATT du « Poitou », de passage, permettent également l'entraînement para dans ses différents registres.

Quoique, en métropole, installé sur une base de transport (Orléans) comportant sa propre DZ, le CPA 10 n'a pas de problèmes en la matière, contrairement à tous ses homologues. Le GES peut aussi travailler la mission ODESSAA (opération de destruc­tion de sites par l'arme aérienne), avec les Mirage 2000-5 et Mirage 2000D. La possi­bilité de tir de munitions d'exercices don­nant évidemment un surcroît de réalisme.

Les possibilités offertes par le territoire

permettent des scénarios très diversifiés, avec une infiltration routière (en P4 Patsas ou VPS) ou aérienne (hélico ou ATT), voire maritime, le cas échéant, avec une progres­sion pédestre ou motorisée vers l'objectif, un guidage et une extraction. Pour ne citer qu'un scénario parmi de nombreuses autres possibilités.

Ci-dessus. Un binôme du GES à Djibouti, en 2008-2009.

Notez les gilets d'assaut Blackhawk et les HK416, et le VPS, déjà bien utilisé à l'époque en

terre africaine. (Photo SI RPA-Air)

L a sécurisation d e s n a v i r e s e n océan I n d i e n

Comme RAIDS l'a expliqué à plusieurs reprises, les commandos Marine ont été engagés massivement - à l'aune de leur effectif total - dans les opérations de sécurisation des navires marchands dans le golfe d'Aden et au large de la Somalie. Cette mission pas forcément origi­nale dans ses modes opératoires avait commencé pour protéger les navires du Programme alimentaire mondial (PAM), dans le cadre de l'opération Alcyon, avant d'embrayer sur certains navires sensibles dans le golfe d'Aden.

A l'été 2009, les commandos ont formé les équipes de protection embarquée (EPE) chargées de protéger une dizaine de navires de pêche travaillant entre les Seychelles et la côte africaine.

Originalité, ces EPE sont formées de commandos Marine, de fusiliers marins (d'abord des GIR Toulon et Brest, puis des compagnies de fusiliers) et de membres des équipes de visite des bateaux. Ceci, afin d'économiser un effectif particulièrement rare, et d'engager le juste niveau d'expérience pour une mission pas jugée insurmontable.

Plus récemment encore, ces EPE ont protégé un navire hydrographique français opérant au large de la Somalie et le voilier Ponant, en transit.

UNITÉS NOTES Commandos Marine présence permanente à Arta;

entre 40 et 80 pax selon les époques CPA 10 Présence permanente de 16 personnels au sein du GES

(sauf depuis 2011) 1 e ' RPIMa campagnes de saut, exercices BFST et COS « Poitou » entraînement avec ou sans ses ATT 4 e RHFS entraînement avec ou sans ses hélicoptères

(accord avec le DETALAT)

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Pendant le dernier exercice Amitié 2010, le GES a procédé à des guidages d'appui aérien, des reconnaissances de terrains de poser d'assaut, et des récupérations de personnels isolés (PR : personalrecovery). Même si l'on dispose de peu d'anecdotes sur le sujet, il semble que les entraînements soient réguliers avec le commando Arta, formé d'éléments tournants d'Alfusco.

Comme les marins (qui sont, eux, dans la main d'Alindien), le GES peut aussi être em­ployé « en local » par le patron des forces françaises de Djibouti (FFDJ), comme l'ont montré les sécurisations d'ATT en Somalie, par exemple. Un cas se serait présenté lorsque le Transall de l'ETOM est allé se poser pour recueillir des blessés des forces africaines, lors d'un attentat à Mogadiscio. Le GES aurait alors formé la bulle autour de l'avion, pendant son bref séjour dans la capitale somalienne. Un cas identique est

peut-être intervenu lors du recueil de l'agent de la DGSE, kidnappé le 14 juillet 2009, et qui s'était évadé quelques semaines après.

Tous les groupes composant le GES alignent invariablement une capacité RTPA, une capacité ODESSAA et une cellule de mise en œuvre (CELMO). Soit, tout aussi invariablement, 16 hommes, déployés pour trois mois. En moyenne, un commando du CPA 10 passe au moins une fois par an à Djibouti, à travers un déploiement GES, ou via l'exercice COS Adwara, mis en place en 2007. Contrairement aux marins, basés à une quarantaine de kilomètres de la capitale, dans le nid d'aigle d'Arta, les commandos du CPA 10 sont logés sur la base aérienne 188.

Le commando Arta, qui voit passer des membres des six commandos, cultive lui

aussi cette dualité de capacité d'action spéciale et de missions purement mari­times. Prépositionnée à Djibouti, cette unité apparaît comme une QRF (Quick Reaction Force) capable de gérer une large palette de situations de crise en mer : qu'il s'agisse de l'injection d'une équipe de protection embarquée (EPE, voir notre encadré) sur court préavis, par hélicoptère ou Tarpon, sur un navire qui serait menacé ; d'un détournement de navire par des terroristes ; ou d'une prise d'otages par des pirates. Sans compter, évidemment, tous les scé­narios possibles en termes d'intervention aéroterrestres.

A l'hiver 2009-2010, le commando Arta a procédé à l ' instruction du GIGN dj i -boutien dans les rudiments du contre-terrorisme maritime, notamment en matière

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Les possibilités d'interactions entre les patrouilles motorisées et les aéronefs sont

presque sans limites, à Djibouti. (Photo SIRPA-Air)

de franchissement. 21 stagiaires ont été diplômés.

Quelques mois plus tôt, d'autres moyens prépositionnés avaient été engagés dans l'opération Thalatine. Une partie du com­mando Arta avait été très vite « tarponnée » sur l'aviso pour constituer une première force d'intervention, certes non spécialisée dans le contre-terrorisme maritime, mais capable malgré tout de produire un large spectre d'effets.

L'opération n'est pas une opération spé­ciale (au sens COS du terme), même si elle emprunte des unités qualifiées de spéciales. Le Tarpon, qui n'est pas une procédure d'opérations spéciales (POPS), est réa­lisé par le Transall de l'ETOM, dirigé, pour l'anecdote, par l'ancien numéro deux du « Poitou ». Pendant l'affaire du Ponant, il y avait un entraînement 3D de la BFST, avec des chuteurs opérationnels du 1 e r RPIMa et du 13 e RDP.

Les quatre Tarpons ont été réalisés par l'ancien second du « Poitou ». Côté moyens

aériens, on le sait, pas d'hélicoptères et d'équipages des opérations spéciales. Pas même, d'ailleurs, d'équipages du DETALAT Djibouti. Le commando Arta est traditionnel­lement composé d'éléments des cinq (six désormais) commandos métropolitains, mais il arrive aussi, ponctuellement, que les Arta aient de très fortes dominantes. Ainsi, pour le Ponant, l'Arta aurait été fourni prin­cipalement par Penfentenyo, mais pas par le commando Hubert, qui s'entraînait alors en Asie du Sud-Est à un exercice de contre-terrorisme mené depuis un BPC français.

Des abonnés de passage Djibouti va tenir un rôle crucial avant

(puis pendant) le déploiement de forces spéciales françaises en Afghanistan. C'est à Djibouti qu'on valide, par exemple, en 2003 des procédures nouvelles d'appui feu au profit des forces spéciales qui vont être déployées en Afghanistan. C'est pendant cette campagne, d'ailleurs, qu'est perdu un

Mirage 2000D. Le parc d'intervention nau­tique reste très étriqué - un problème qui n'est pas spécifique à Djibouti. Avec un parc d'Etracos limité à 11 (ou 10) bateaux, il faut rivaliser d'adresse pour pouvoir en déployer sur les frégates, en océan Indien, dans le cadre OEF et Atalante. Régulièrement, un tiers du total de la flotte est placé en océan Indien.

Les unités 3D sont aussi régulièrement de passage, avec ou sans leurs appareils. Le 4 e RHFS a ainsi, pour sa part, négocié un droit de tirage sur la flotte du DETALAT. Ce qui permet d'épargner autant de rotations d'ATT. Cependant, le choix, limité, dans la flotte du DETALAT (Puma ou Gazelle-canon) est contraignant.

De plus, le Puma n'est plus utilisé par le 4 e RHFS, à l'exception du GIH.

Le déploiement de HM plus modernes, voire de Gazelle, s'avère donc incontour­nable. C'était le cas, encore, en janvier 2010.

La problématique est un peu la même pour les ATT. L'unique Transall étant déjà fort sollicité, il peut s'avérer préférable au « Poitou » de se déployer avec ses propres avions, ce qui est fait sur Adwara. Cet exercice à dominante 3D mobilise toutes les composantes du COS. C'est le géné­ral Benoît Puga, alors GCOS, qui l'avait initié en 2007, et pérennisé.

Evolution des moyens Djibouti est un cas particulier, puisque

c'est le seul plot situé à l'étranger, armé en permanence par les forces spéciales. Et c'est le seul plot étranger, hors opérations, évidemment, où sont déployés les com­mandos Marine et le CPA 10.

Cette importance stratégique a été confir­mée malgré les restructurations, Arta et le

Ci-contre. Un infirmier du commando de Montfort, lors d'un stage à Djibouti. (Photo Commando de Montfort)

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L e s f o r c e s spéciales d u f i l m a u s s i

Avec un décor assez proche du Sud afghan, Djibouti s'est imposé pour le tournage du film Forces spéciales1. Cependant, des scènes en montagne ont été tournées au Tadjikistan (notamment les combats) et à Chamonix (la tempête de neige).

Les scènes tournées à Djibouti en 2010 comprennent notamment un poser d'assaut de Transall (de l'ETOM), mais également celles du début du film, où l'on voit une FOB de forces spéciales françaises en Wardak, qui est, en fait, la FOB d'Arta-Plage érigée par la 13e DBLE.

Le largage des chuteurs opérationnels a aussi été effectué dans la Corne de l'Afrique, ainsi que la scène finale, qui emprunte des hélicoptères Puma du DETALAT.

Des commandos Marine d'Arta pourraient aussi avoir été mobilisés sur quelques prises de la fin du film.

1. Forces spéciales, de Stéphane Rybojad.

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Tarpon réalisé par les commandos Marine au large de Djibouti. (Photos Ludovic Picard)

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GES étant maintenus, alors que le GTIA Légion a plié bagage pour les Emirats arabes unis, où les forces spéciales ont aussi pris pied.

La seule évolution porte sur le GES, et reste conjoncturelle: du fait du suremploi actuel, le CPA 10 a laissé aux CPA conven­tionnels (20 et 30) le maintien de la pré­sence commando « air » à Djibouti.

Une présence incontournable au vu de l'actualité courante dans la zone, avec une Somalie toujours au bord de l'explosion, et des centaines de ressortissants étrangers potentiellement menacés au Yémen. Au mois de juin, une première alerte avait laissé planer l'hypothèse d'une Resevac de grande ampleur, avec des moyens britan­niques et américains qui seraient partis de Djibouti. Des Transall venus de La Réunion et du Tchad avaient même été concentrés sur la base française, avant que le dispositif soit démonté. •