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Les forces spéciales de l'armée de terre continuent de maintenir une capacité d'intervention nautique au sein de leurs effectifs. Comme leurs homologues du commando Hubert, les palmeurs et les plongeurs offensifs de la BFST sont entraînés pour mener à bien des actions aquatiques ou terrestres avec le même professionnalisme. RAIDS a pu s'immerger quelques jours avec les équipes du 1 e r RPIMa et du 13e RDP afin de partager le quotidien de ces paras hors normes.

Texte : Alexandre ALATI

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A quelques encablures du site d'entraîne­ment de Caylus, un stick du 1 e r régiment de pa­rachutistes d'infanterie de marine (1 e r RPIMa) progresse à travers une épaisse forêt. L'équipe est composée d'une dizaine d'opérateurs spécialisés dans les actions nautiques. Les hommes se déplacent rapidement, en étant at­tentifs à tous les détails qui pourraient indiquer la présence d'éléments de l'OPFOR (Opposing Force). Une action d'investigation menée la veille par quelques paras du 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP) a permis de reconnaître une grotte à proximité de la zone d'entraînement. Le lieu est parfaitement adapté poureffectuer un changement de milieu. Arrivé àproximitéde la cache, Brandon, chef de stick,

ordonne d'un simple geste le déploiement d'un cordon de protection. Le site est alors investi par trois SAS armés de SIG 551.

Quelques secondes suffisent aux hommes du 1 e r RPIMa pour s'organiser. Les gestes sont précis et toute la phase de changement de milieu s'enchaîne sans le moindre bruit. Les binômes transitent à tour de rôle par la grotte pour s'équiper sous la protection de leurs camarades. Le matériel de plongée est déballé des sacs étanches et les commandos abandonnent leur treillis guérilla pour pas­ser leur combinaison d'homme-grenouille. Chaque opérateur revêt également un gilet tactique porte-chargeurs, sous son recy-cleur. Les plongeurs offensifs (PO) disposent

ainsi d'une capacité de réapprovisionnement rapide en munitions en cas d'altercation avec l'ennemi. Les sacs étanches qui permettent de transporter le matériel, les explosifs et les vivres sont ensuite reconditionnés pour la mis­sion. Une des difficultés pour les plongeurs est d'estimer leur flottabilité avant d'entrer dans l'eau. A un ou deux kilos près, ils peuvent affi­cher une flottabilité positive et perdre un temps précieux pour lester leurs bardages. Les paras restent donc attentifs au conditionnement de leur matériel et à l'expulsion de l'air résiduel à l'intérieur de leurs sacs. Une fois équipés, les SAS procèdent à tour de rôle à la vérification de leur appareil respiratoire, avant de rejoindre la berge. —

D i v e j e t ; 4 1 4 : le p r o p u l s e u r d e s p l o n g e u r s o f f e n s i f s d u 1 e r R P I M a Depuis plusieurs mois maintenant, le 1 e r RPIMa a acquis une série

de propulseurs de nouvelle génération de type Divejet 414, pour les plongeurs offensifs de la T e compagnie. Ces engins sont principalement utilisés lorsqu'il est nécessaire de projeter un stick SAS à plusieurs kilo­mètres de distance ou lorsque les plongeurs sont contraints de remonter un cours d'eau.

Son design en forme de torpille affiche de bonnes qualités hydrodyna­miques et des dimensions raisonnables (1,3 x 0,481 x 0,379 m). D'une masse de 64 kg, le Divejet 414 peut être mis en œuvre pardeux plongeurs sans aide extérieure, ce qui est particulièrement avantageux en opéra­tion. Toutes les commandes de gouvernes électriques sont actionnées par le para qui dispose de poignées de maintien de part et d'autre de l'engin. Le propulseur est très réactif et permet d'évoluer dans des sites confinés, jusqu'à une profondeur supérieure à 50 m (les PO de la BFST opèrent principalement à moins de 10 m de profondeur, contrairement aux commandos Marine qui peuvent plonger au-delà de 50 m). La propulsion de l'engin est assurée par un moteur couple performant, per­mettant de naviguer sur plusieurs kilomètres pendant quelques heures. Le Divejet 414 n'est pas équipé de moyens de navigation ou de carto-graphies complexes. Le propulseur dispose uniquement d'un compas électronique, d'un profondimètre, d'une sonde de température et d'une jauge de charge des batteries Li-ion. Ces données d'informations, bien que sommaires, sont amplement suffisantes pour des paras qui ont pour habitude de faire des points de repérage visuels durant leur progression.

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Les phases de transition restent particulière­ment critiques pour les plongeurs de la brigade des forces spéciales Terre (BFST). Sans gilets balistiques et équipés de leur recycleur, ils voient leur protection et leur mobilité réduites de façon significative. Une fois dans l'eau, la progression vers l'objectif se fait en équipe ou en binôme, en fonction de la stratégie adoptée. Dans la plupart des cas, les paras évoluent dans des eaux saumâtres peu profondes, avec une visibilité réduite à quelques dizaines de centimètres.

Les plongeurs offensifs SAS Dès que le planning des uns et des autres

le permet, le stick bayonnais de plongeurs offensifs se recompose afin de permettre aux paras de répéter leurs gammes entre deux déploiements opérationnels. Les automa-

Page précédente en bas. Contrairement aux commandos Marine qui auraient porté leur choix sur le STIDD DPD (Diver Propulsion Device), le 1" RPIMa a commandé plusieurs propulseurs Divejet 414 pour ses plongeurs offensifs. Ces deux propulseurs ont des caractéristiques différentes: l'un est plus adapté à la navigation en profondeur sur de longues distances; l'autre dispose d'une meilleure réactivité et convient parfaitement aux opérations entre 0 et 7 m. (Photo ROTINOR)

Ci-contre. Une équipe de recherche du 2" escadron

effectue un « drop » depuis un Caracal du 4e RHFS. Une fois dans l'eau, les plongeurs

peuvent parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre un objectif en toute discrétion.

Les hommes de la BFST testent régulièrement la mise en œuvre de nouveaux matériels nautiques

avec l'appui du 4? RHFS ou du « Poitou ».

tismes, les techniques de progression et les changements de milieu sont ainsi répétés afin de garantir une parfaite cohésion de groupe. Les sticks du 1 e r RPIMa sont, pour la plupart, formés autour d'un contingent de 10 à 12 SAS, dont la moyenne d'âge varie entre 23 et 40 ans. On retrouve ainsi au sein des effectifs de la compagnie de jeunes SAS qui côtoient des commandos plus expérimentés qui ont pas mal bourlingué.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les PO du régiment n'opèrent pas forcément ensemble lorsqu'ils sont déployés en opex.

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Le 2 escadron du 13e RDP regroupe l'ensemble -des plongeurs « oxy » du régimentfLes paras :s» de Souge sont spécialisés dans les incursions nautiques. Le 2' escadron compter également aiP^" sein de son effectif des « raiders kayakistes"'»" ainsi** que des palmeurs. (Photo 13- RDP)

Ci-dessous. La capacité nautique et subaquatique du stick « plongeurs opérationnels » n est pas une fin en «~ soi, au 1" RPIMa, mais bien un moyen d'incursion i à part entière. Le 1" RPIMa comme le 13" RDP M disposent d'un vivier de profils polyvalents au sein de leurs effectifs. (Photo Alexandre ALATI).

Le stick est en effet projeté avec tout son effectif uniquement si l'opération nécessite une infiltration ou une action offensive aquatique. Cela permet de préserver un noyau dur de nageurs en cas d'alerte ou de sérieux coups durs sur le terrain. Le déploiement de PO en zone désertique ou en montagne n'est donc pas exceptionnel. « Avant d'être des plongeurs offensifs, nous sommes avant tout des SAS, rappelle un sous-officier de la 1 r e compagnie. Il est donc tout à fait normal que la BFST et le COS nous emploient au même titre que les chuteurs opérationnels ou des équipes Invex. Nous nous entraînons donc au quotidien avec les autres sticks du régiment afin de maintenir une bonne cohésion de groupe en opération. Hier, notre stick assurait la protection périphérique d'une équipe Invex lors d'un entraînement. Demain, nous pourrions intervenir en haute montagne ou en zone désertique avec la 2? ou la 3 e compagnie. La polyvalence reste donc un atout essentiel pour chacun d'entre nous. »

La formation des PO bayonnais Le 1 e r RPIMa entretient une capacité d'interven­

tion fluvio-maritime depuis les années 80. Cette capacité, tout d'abord limitée au franchissement et au débarquement de troupes, s'est progres­sivement élargie avec l'ajout de compétences comme le travail sous oxygène avec intervention offensive. Le régiment est rattaché à la BFST et opère sous l'autorité du COS. La Ve compagnie regroupe aujourd'hui l'ensemble des plongeurs offensifs. Ces derniers sont rompus aux tech­niques de combat. Les zones d'action des PO et des nageurs de la marine sont cependant bien délimitées. Les commandos Marine interviennent principalement en mer ou en façade maritime. Les SAS du 1 e r RPIMa, quant à eux, ont pour terrains de prédilection les fleuves, les lagunes, les rivières et les lacs. Mis à part la formation de base dispensée à Saint-Mandrier et le matériel de plongée utilisé, l'entraînement, les techniques de progression, d'intervention et de sabotage restent aujourd'hui propres aux deux armées.

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La capacité nautique et subaquatique du stick « plongeurs opérationnels » n'est pas une fin en soi au 1 e r RPIMa, mais bien un moyen d'incursion à part entière. Les jeunes recrues doivent donc acquérir et maîtriser les savoir-faire de la spécialité SAS avant de postuler au stage de plongeur. La formation SAS élémen­taire se caractérise avanttout parsadurée. Une année complète est en effet nécessaire pour former une jeune recrue, avant d'entamer les épreuves de sélection pour devenir plongeur offensif. Cette phase d'apprentissage est directement liée à la diversité et la complexité des matériels utilisés, au niveau requis dans le domaine du tir et à l'acquisition de certaines procédures spécifiques liées au statut des forces spéciales.

A l'issue de la formation générale commune à toute l'armée de terre (trois mois), de l'obten­tion du brevet parachutiste (deux semaines) et de la formation d'adaptation SAS (deux mois), l'engagé entame sa formation de spécialité élémentaire (FSE SAS) au régiment. Cette pre­mière phase s'étale sur une durée de six mois. Elle va permettre de former chaque équipier SAS sur les matériels et les procédures liées aux spécificités du régiment. Avant laf in de leur formation de base, les candidats volontaires pour suivre le cursus « intervention offensive » (IO) sont recensés par l'encadrement.

Dès l'obtention de la FSE SAS, les candidats effectuent des tests d'aptitude médicale pour devenir plongeurs de catégorie 2 (plongeurs sous oxygène).

Les jeunes SAS effectuent ensuite leurstage commando (trois semaines), puis rejoignent la 1 r e compagnie et sont affectés au SAS PO; pour les candidats CT1 plongeurs de l'armée de terre (PAT)/IO externes au régiment, c'est à l'issue de leur formation FS1 SAS qu'ils rejoin­dront le SAS PO.

Le cursus de formation de PAT/IO débute par une semaine de présélection au centre des plongeurs de l'armée de terre (CPAT) d'Angers. La session comprend: un parcours

Trois plongeurs de la Ve compagnie du

1" RPIMa sécurisent le périmètre aux abords

d'un lac. Orienté sur l'action offensive, le régiment bayonnais

dispose d'un stick spécialisé dans les

incursions nautiques. (Photo Alexandre ALATI)

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i de natation pieds et poings liés, une épreuve de palmage tactique de plusieurs heures, des tests de plongée aquatique et des épreuves d'endurance en tout genre. La condition phy­sique, la motivation et l'aisance aquatique du candidat sont évaluées au gré des épreuves, afin de permettre aux meilleurs de poursuivre leur formation.

A l'issue de ce stage, les Bérets rouges effec­tuent une formation de cinq semaines à l'école de plongée de Saint-Mandrier afin d'être bre­vetés plongeurs de bord de la marine. Chaque para entame ensuite une nouvelle session de cinq semaines, orientée sur les techniques subaquatiques en milieux spécifiques (lacs, étangs, rivières et lagunes).

Un dernier stage vient compléter les connais­sances des SAS PO (formation Oxybase). Celui-ci se décompose en deux modules: un module orienté sur les techniques de navi­gation sous-marine (cinq semaines à Saint-Mandrier) et un module de synthèse tactique en eaux intérieures (deux semaines). A l'issue de cette dernière session, le PAT/IO est alors qualifié pour pratiquer la plongée sous oxygène au régiment. Chaque plongeur est malgré tout astreint à suivre, tous les deux ans, une vérifi­cation d'aptitude au CPAT d'Angers. Les sous-officiers ESTAT qualifiés plongeurs offensifs ou nageurs de combat peuvent prétendre aux formations complémentaires de directeur de plongée (encadrement d'activités nautiques) ou de chef de détachement (instruction aux techniques de plongée et conseils techniques auprès du commandement).

Le « 13 » en action Au sein de la brigade des forces spéciales

Terre, le 1 e r RPIMa n'est pas le seul régiment capable d'aligner du personnel formé aux

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L e s r e c y c l e u r s d e s f o r c e s s p é c i a l e s T e r r e

• Le Frogs. Entré en service à la fin de l'année 2002, le Frogs est un appareil respiratoire à circuit fermé, compact, qui permet aux I hommes de la BFST de plonger quelques : heures. Cet appareil est particulièrement adapté aux interventions nautiques grâce I à son autonomie et à son faible encombre­ment. Le Frogs est composé d'une enve­loppe hydrodynamique de poitrine, d'un faux poumon, et d'une bouteille d'oxygène pur J de 2,1 litres, remplie à 200 bars. Totalement amagnétique, le Frogs garantit à ses utilisa­teurs une discrétion maximale. • L'Oxygers 57 Mie 97 Les SAS PO du \ 1 e r RPIMa utilisent principalement des recy­cleurs à oxygène en circuit fermé de type Oxygers 57 Mie 97 en complément des Frogs. ; Cet appareil respiratoire est parfaitement adapté aux missions subaquatiques de courte durée, en raison d'un poids réduit (8 kg) et d'un faible encombrement (épaisseur: 17 cm). De conception simple et robuste, l'Oxygers 57/97 est composé d'une bouteille d'oxygène pur à haute pression AG-5 (200 bars) de 1,5 litre et d'un faux poumon de 5 litres. Le recycleur dis­pose d'une autonomie de trois heures, pour i une profondeur maximale d'utilisation de 7 m. • Le Code (Compact Oxygen Diving ' Equipaient) de chez Aqualung. Après l'avoir développé initialement, le 13e RDP utilise le Code en complément du recycleur Frogs. Cet appareil respiratoire très compact ; (40 x 38 x 13 cm) et très léger (6,4 kg) dispose d'une autonomie de 70 à 90 minutes en circuit fermé. L'appareil alimente le plongeur à la demande en oxygène pur, et l'intégralité du gaz respiré est recyclée.

Ci-dessous. Les plongeurs de la BFST utilisent des sacs étanches Nautiraid et Piteraq pour stocker leurs matériels. Le 13e RDP et le 1" RPIMa devraient également acquérir de nouveaux sacs étanches, chez un distributeur européen, ces prochains mois. Ces équipements ont spécialement été conçus pour résister aux « drops » héliportés. (Photo Alexandre ALATI)

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Un plongeur « oxy » du 13" RDP progresse sous

l'eau avec son arme de poing. Les paras de la

BFST peuvent approcher et neutraliser une cible à

moins de 1 m, sans se faire repérer.

(Photo 13 RDP)

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.:: I

incursions nautiques: le 13e RDP dispose également d'opérateurs regroupés dans un escadron spécialisé. Les techniques d'infiltra­tion aquatique et subaquatique sont dévelop­pées dans cet escadron depuis le début des années 80. Contrairement à leurs camarades bayonnais, les commandos du « 13 » n'ont pas pour vocation de mener des actions coups de poing, mais plutôt d'opérer dans l'ombre afin de recueillir du renseignement. Les paras de Souge sont, par ailleurs, aguerris aux actions de combat et se sont forgé une solide expérience de combattant en participant à des opérations de contre-insurrection, ces dernières années.

Le 13e RDP compte au sein de ses effectifs quatre escadrons de recherche spéciali­sés dans un mode d'infiltration ou un milieu d'action différent (nautique, montagne, milieu désertique, SOGH/SOTGH). Lorsque des groupes de recherche sont mandatés pour une mission de renseignement, ces der­niers sont alors détachés par la brigade pour œuvrer au profit du COS ou de la Direction du renseignement militaire (DRM). Dans le concept d'emploi des FS, les équipes nau­tiques peuvent alors utiliser les cours d'eau, les lacs ou la frange littorale pour s'infiltrer et conduire leur mission. Les groupes de recherche spécialisés dans ce domaine sont aussi composés de profils polyvalents qui peuvent être projetés indifféremment sur tous les théâtres d'opérations

Le 2 e escadron de Souge regroupe au­jourd'hui l'ensemble des plongeurs et des nageurs palmeurs du régiment. Les plongeurs « intervention offensive » sont formés au sein de l'armée de terre, et peuvent ainsi s'infiltrer en plongée sous oxygène. L'ensemble des

vec le 13e RDP et le 1er RPIMa, le COS dispos* d'une compétence d'intervention nautique en complément des capacités des commandos rine. Les forces spéciales de l'armée de terre

s appuient notamment sur le 2e escadron et la 1" compagnie pour mener leurs actions en

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équipes de l'escadron est, par ailleurs, formé, au cours d'un stage conduit au sein de l'unité, aux techniques des nageurs palmeurs : inser­tion par largage de parachutistes sur l'eau (OA et OR), drop à partir d'un hélicoptère et infiltration par palmage ou en kayak.

Equipement et armement en dotation

Les hommes du 1 e r RPIMa et du 13e RDP s'appuient sur différents moyens d'incursion rattachés au GFS pour mener à bien leurs missions. Le 4 e régiment d'hélicoptères des forces spéciales (4 e RHFS) et le « Poitou » sont généralement mobilisés lorsqu'il s'agit de larguer une équipe de plongeurs à très basse altitude (moins de 5 m, pour le drop) ou d'ef­

fectuer un Tarpon (largage de parachutistes). En surface, les commandos de la BFST

sont autonomes et n'ont pas besoin d'appuis extérieurs. Ces derniers alignent en effet plu­sieurs équipes d'embarcations légères pliables Zodiac Mk III (canots pneumatiques à gonflage rapide par bouteille de dioxyde de carbone comprimé à 200 bars) et de kayaks Nautiraid Commando MK VI. Le 13e RDP met également en œuvre une embarcation à hydrojet, particu­lièrement adaptée au milieu lacustre.

Les plongeurs offensifs ne sont pas en reste. Ces derniers disposent également de moyens d'infiltration performants. La BFSTafait l'acqui­sition de plusieurs propulseurs sous-marins, ces derniers mois.

Du point de vue de l'équipement individuel, les commandos disposent de combinaisons en

Néoprène, noires et camouflées, pour les eaux froides ou tempérées, ainsi que des combinai­sons étanches pour les milieux pollués et les eaux très froides.

Les paras sont également équipés de sacs étanches Nautiraid et Piteraq, pourtransporter leurs matériels, leurs armes et leurs vivres. Les différents modèles sont confectionnés en nylon renforcé avec coutures thermo-soudées. Les palmeurs utilisent principalement leurs sacs comme bouées pour se déplacer en surface. Les plongeurs « oxy », quant à eux, cherchent plutôt à réduire leur flottabilité en chassant l'air résiduel de leurs sacs à l'aide de valves prévues à cet effet.

Du côté des recycleurs, les plongeurs uti­lisent trois types d'appareils respiratoires: le Frogs, l'Oxygers 57 Mie 97 et le Code. Ces recycleurs fonctionnent en circuit fermé et assurent une discrétion optimale à leurs utili­sateurs (voir encadré).

Pour leurs missions d'intervention, les plon­geurs du 1 e r RPIMa et du 13e RDP disposent de tout un panel d'armes. En complément de leur arme principale, les paras ont également des PA en double dotation. Le Glock 17 et le HK USP 9x19 SD (PA disposant d'une extension pour un silencieux) sont aujourd'hui majoritairement représentés au sein de la com­munauté des plongeurs de la BFST.

La Ve compagnie et le 2 e escadron effectuent une veille constante pour tester de nouveaux équipements (kayak gonflable, JVN, balises ). Les deux régiments devraient notamment acquérir une série de sacs étanches chez un nouveau distributeur européen. Ces sacs très robustes permettraient de limiter les risques d'éclatement lorsque les commandos se jettent à l'eau, tout équipés, depuis un hélicoptère à plus de 5 m de hauteur. •

Ci-contre. Un binôme de plongeurs offensifs effectue une progression à la boussole. Dans la plupart des cas, les plongeurs de la BFST progressent dans des lacs, rivières ou lagunes, avec moins de 50 centimètres de visibilité. L'utilisation des instruments de navigation et le repérage sont donc primordiaux. (Photo 1er RPIMa)

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Une évolution prévisible du mercenariat vers un statut moins sulfureux d'entreprises de sécurité et de services à la défense (ESSD) peut développer ce domaine d'activité qui ne comprend qu'une quarantaine de sociétés en France. Un secteur encore peu structuré, et qui souffre d'une différence de taille par rapport à ses concurrents étrangers.

Texte : Jean-Marc TANGUY

Est-ce symptomatique de l'esprit du temps ? Les langues commencent tout dou­cement à se délier sur le dossier toujours scabreux, pour l'opinion et les politiques français, des sociétés de services et de sécurité privées. RAIDS a souhaité rap­porter à ses lecteurs cette enquête sur un milieu où, traditionnellement, on parle peu.

Alors que deux députés, Jean-Claude Viollet (PS) et Christian Ménard (UMP), viennent de remettre un rapport qui tire la sonnette d'alarme : entre autres enseignements, la fuite des cerveaux et des bras pour les socié­tés étrangères, que confirme notre éclairage sur Shield, une société basée en Corée du Sud, qui emploie 40 % de Français.

Ci-dessus, ci-contre et page suivante en haut. Sur mer, contre les pirates, sur terre, pour former des troupes d'élite (à droite), ou à Bagdad : en quelques mois, Gallice Security a réussi à installer un style qui a convaincu de nombreux clients. (Photos Gallice Security)

En France, le poids de la culture et des images d'Epinal est manifeste. Les épisodes des << affreux » qui ont parsemé l'histoire des 40 dernières années bloquent les esprits du législateur et de l'administration, alors même que les besoins explosent en océan Indien, mais pas seulement : les récentes péripéties des intérêts français en Afrique ont montré la fragilité de notre présence économique sur place, tandis que l'armée française n'a plus vocation à faire flotter le drapeau dans bien des pays. Une fois de plus, la France est « à la ramasse », alors que les Anglo-Saxons ont rempli leur compte en banque en Irak puis en Afghanistan.

Ces sociétés ont déjà attiré les meilleurs des anciens opérateurs des forces spé­ciales, comme le démontre notre enquête. Dès le milieu de la décennie précédente, Blackwater (rebaptisé Xe puis Academi) avait tenté de constituer, en Europe, une so­ciété aspirant les meilleurs éléments des FS européennes. Mais le projet, qui devait être basé au Luxembourg, n'a jamais abouti. Les députés font le même constat que RAIDS : ces opérateurs issus des unités du COS, de la Légion, des troupes de marine, du GIGN,

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se retrouvent employés, actuellement, et la plupart du temps, dans un cadre juridique plus qu'instable. C'est notamment ce que le projet de loi devra changer, en permettant à ces opérateurs chevronnés d'exercer au profit d'entreprises et d'intérêts français. Et au sein d'entreprises françaises, c'est le pivot du futur statut, comme le souligne Jean-Claude Viollet dans une interview qu'il nous a accordée.

Cette évolution n'est pas évidente, du fait du retard considérable accumulé. Les deux parlementaires évoquent l'urgence de faire une « expérimentation » en océan Indien pour démontrer la viabilité du futur concept d'ESSD à la française. Les sociétés anglo-saxonnes ont été boostées par l'Irak, l'Afghanistan et la piraterie. Mais, pour les Français, les eldorados futurs sont peut-être ailleurs : en Inde (pourGalea), au Brésil (pour Erys Group, qui s'y juge déjà bien implanté). D'autres, sans encore se déclarer tout haut, misent sur la montée en puissance des contrats d'externalisation au profit des forces françaises, quitte à, ponctuellement, opérer sur des missions plus spéciales à l'étranger. Un groupe comme DCI, qui a déjà œuvré en France (contrat Helidax) et à l'étranger, fait peut-être partie de ceux-là. Déjà, c'est une société qui fait aussi des présentations en vol, Apache Aviation, qui effectue du ciblage rapide pour la marine française.

Dictée par la pression du moment

L'urgence à légiférer est née en face de la Corne de l'Afrique. Là où dans la discrétion, et depuis des années, des gardes armés

Sur un navire asiatique, cette équipe de protection embarquée privée veille au grain. L'employeur de ce binôme, basé en Corée du Sud, emploie de nombreux Français. (Photo Shield)

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tes créateurs de Gallice sont issus du GIGN, pour l'un, et de la DGSE, pour les trois autres.

Une garantie de sérieux. (Photos Gallice)

français protègent des navires, pas toujours français, au sein de sociétés qui ne sont qua­siment jamais françaises. L'explication réside dans la loi sur le mercenariat qui empêche des sociétés privées de remplacer l'Etat, dans le droit de porter les armes et éventuel­lement de donner la mort. La marine française déploie 14 équipes de protection embarquées (EPE) en océan Indien, soit la mobilisation en permanence de 70 marins. Jean-Claude Viollet estime qu'il en faudrait 200 à 300 pour répondre aux seuls besoins français,

dans l'océan Indien. Des risques évidents existent aussi dans le golfe de Guinée, où des Français ont été pris en otages, et libérés, par chance, indemnes, par voie de rançon.

Plusieurs subterfuges ont déjà été mis en place pour contourner la législation. Des groupes étrangers emploient des Français, majoritairement issus des forces spéciales (la plupart ne sont pas commandos Marine). Des Français seraient ainsi employés par Triskell, à Djibouti, pour ce travail. Dans le grand port de la Corne de l'Afrique, c'est un Français,

P r e s t a t a i r e s d e s e r v i c e s d e s é c u r i t é a u p r è s d e l ' U n i o n e u r o p é e n n e

PRESTATAIRES PAYS/NOTES Argus Libye depuis août 2011, ambassades à Haïti, au Liban, en Arabie Saoudite

et au Yémen Galea sécurisation visite Catherine Ashton en Libye en mai 2011 Page Afghanistan Control Risks Israël Saladin Pakistan G4S fournit déjà plus de 1 500 gardes à l'UE

Bruno Pardigon, quia obtenu le monopole de l'accréditation de ces sociétés auprès de l'Etat djiboutien. Parallèlement à la sécurisation de ses approches par un système de garde-côtes (aidé par les FFDJ), Djibouti laisse aussi travailler ces privés qui permettent de continuer à faire passer la diligence des mers. Il en va de l'économie djiboutienne. Sans compter que ces contractons des mers logent à Djibouti, dans les meilleurs hôtels, à côté des militaires de la force Atalante ; ou louent des villas à prix d'or.

Tout cela est donc doublement fonctionnel. Des gendarmes djiboutiens escortent les contractons et leurs armes de l'armurerie cen­trale de Djibouti jusqu'au port de commerce, ce qui limite d'autant les soucis possibles. Mais avant même de fleurir sur mer, les confractors ont fait florès surterre, en Irak puis en Afghanistan {cf. le hors-série de RAIDSsur le sujet). Ils sont 10 000 rien que sur la base de Kandahar, et la plupart ne sont pas, d'ailleurs, armés. Ces contrats, plus ou moins dange­reux, ont enrichi ces sociétés, qui détiennent de véritables « trésors de guerre ». Selon Arnaud Dessenne, président d'Erys Group,

Clichés extraits d'un film montrant une tentative d'attaque. La plupart des attaques des pirates contre

un navire « défendu >• se sont soldées par des échecs. (Photos M EDI)

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un groupe anglo-saxon escompte faire son marché en France avec 60 millions d'euros en caisse. Soit seulement 10 millions d'euros de moins que le cumul des chiffres d'affaires d'un nouveau club des ESSD regroupant les neuf principaux acteurs du domaine, qui vient d'être monté.

Le même rappelle que la fonctionnalité des ESSD n'est pas récente : « En 2002, au tout début des violences en Côte d'Ivoire, la société à laquelle j'appartenais à l'époque [GEOS, ndlr] a contribué aux évacuations de ressortissants. Sans elle, l'armée française n'aurait pas pu tout faire. »

A cette même époque, bien avant la vague de piraterie actuelle, des Français ont aussi sécurisé des navires de la société italienne ENI opérant en océan Indien. Ces équipes entraient par l'Afrique du Sud, qu'elles quit­taient dans un petit navire loué pour l'occa­sion. Elles employaient ensuite des gardes-côtes mozambicains (armés) pour protéger les navires eux-mêmes.

Ce mode de sécurisation, employé pour d'autres clients, dans d'autres pays, est ré­pandu. En Irak, Gallice Security rétribue ainsi

des gardes locaux employés par une filiale irakienne. Ce qui a permis de contourner le cadre réglementaire français... pour protéger, en toute connaissance de cause, des intérêts français (le centre d'affaires de Bagdad).

Cela démontre, si besoin était, que très tôt le gouvernement français avait compris les limites de sa propre législation, mais qu'il n'a rien fait de particulier pour la changer. Il aura fallu la situation de blocage sur la piraterie pourfaire évoluer, rapidement, les mentalités sur ces questions. Il y a encore quelques semaines, nous assistions à une présentation d'une conférence sur l'action de l'Etat en mer. Et les députés présents et les représentants de l'Etat (SG Mer) hésitaient encore à faire évoluer le système, prenant à témoin les « réticences » des armateurs. « On ne va pas couvrir la mer de shérifs, de Rambos », entendait-on alors. Pourtant, les mêmes « Rambos » étaient, quelques mois plus tôt, commandos Marine ou opérateurs de forces spéciales dans d'autres composantes. Difficile à croire qu'employés par des privés, ils perdent toute forme de professionnalisme.

Le rapport des deux députés est donc

tombé à pic pour permettre à tout le monde de changer d'avis. Car il illustre la situation de blocage de la piraterie, mais aussi la fuite de cerveaux et de bras au profit de sociétés étrangères. Notre patrimoine de forces spé­ciales s'est ainsi petit à petit exporté sans bénéfice ni pour l'Etat ni pour le commerce extérieur français.

Des missionnés qui viennent essentielle­ment, mais pas exclusivement, des armées. Et parfois de toutes les unités. << 60 à 70% des gens qui travaillent avec nous sont issus de la police ou de l'armée », explique-t-on chez Galea. Dans l'encadrement, il y a aussi de tout : Arnaud Dessenne a œuvré au 2 e RIMa avant de rejoindre GEOS, puis de créer sa propre structure. Chez Gallice Security, la société qui monte, on trouve un ancien patron du GIGN, trois anciens de la DGSE. Atout, en France, une main-d'œuvre qui sort à flux tendu, avec la diminution de format des armées, et le départ d'une génération d'opérateurs bien formés issus des forces spéciales.

Après avoir flambé, les coûts des contrac-forssont actuellement tirés vers le bas par les

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Barbelés, cocktails Molotov : quelques exemples de mesures passives mises en place par les EPE de Shield, pour empêcher la montée des pirates à bord. (Photos Shield)

armateurs. Un phénomène qui s'explique à la fois par la baisse des attaques (la menace restant cependant bien réelle) et l'explo­sion de la concurrence, dans laquelle les armateurs s'engouffrent. Chez Gallice, on le constate, mais on voit aussi qu'en termes de piraterie, les armateurs reviennent sur le low cost, au profit d'une offre globale et éprouvée. Chez Erys, on souligne surtout les charges diverses pesant sur les sociétés de droit français, ce qui génère une forte distorsion de concurrence. « Mon premier client est brésilien, assène Arnaud Dessenne, on a un problème de compétitivité sur le coût du travail. Quand on paie un salarié 300 euros, il coûte 475, quand un Anglo-Saxon paie 300 euros, ça lui coûte 300 euros. »

Pour ne rien simplifier, les contrats sont souvent d'un montant, somme toute, mo­deste, à de très rares exceptions près. L'Union européenne va ainsi consacrer 50 millions d'euros à la sécurisation des diplomates à l'étranger (15 MEUR) et des 136 enceintes de l'UE, toujours à l'étranger (35 MEUR). Mais les contrats sont très disparates : moins de 100 000 euros, par exemple, pour l'appel d'offres portant sur la Palestine. La plupart

des gros contrats semblent réservés, via un référencement préalable, à cinq prestataires qui permettent une procédure de mise en concurrence durant quinze jours seulement : GEOS, Page, Argus, Garda, G4S. Critique d'un Français qui n'en fait pas partie : « On se mord la queue. »

La sud-coréenne Shield aime les Français

Les Français les plus aguerris sont très prisés par une entreprise sud-coréenne spécialisée dans la contre-piraterie, Shield Consulting Ltd. Qui pourrait bien ne pas se cantonnerforcément à la mer, mais aussi aux opérations sur la terre ferme.

Fin 2007, deux Sud-Coréens créent Shield Consulting Ltd. Cette jeune société veut se placer sur le marché alors natif de la sécurisation des navires en océan Indien. A l'époque, le marché n'attire pas les foules, l'Irak et l'Afghanistan mobilisent encore des milliers de contractors, principalement anglo-saxons.

Shield Consulting réussit assez rapidement à intéresser des armateurs sud-coréens,

chinois et japonais. Initialement, la main-d'œuvre est externalisée à une société spé­cialisée libano-islandaise, puis est gérée en direct par l'entreprise. Assez vite, les Français sont très prisés par Shield Consulting. Ils détiennent un bon niveau d'expertise et sont adaptatifs, même s'ils ne sont pas issus, pourtant, du milieu marin, mais sont d'anciens paras colos, ou des légionnaires. « Le recru­tement fonctionne beaucoup par cooptation », explique l'un d'eux, qui gère maintenant la ressource humaine.

Aujourd'hui, les Français représentent 40 % des 140 contractorsde Shield, devancés de peu par les Britanniques (45 %) . Le solde est plus composite : Néerlandais, Australiens, Néo-Zélandais. Les âges varient aussi. Un des vétérans a 64 ans, dont 33 ans d'armée britannique, puis cinq à six ans en Irak, avant de tenter l'aventure de la contre-piraterie.

Ces Anglo-Saxons sont venus, attirés par la perspective d'opérations moins dan­gereuses que celles que proposent l'Irak et l'Afghanistan, où le risque, notamment celui des IED, est nettement plus important qu'en mer. Passé cette réserve, le risque est bien réel en mer. A trois reprises, des équipes de

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IF

protection embarquées (de trois ou quatre opérateurs chacune) ont été amenées à repousser des attaques de pirates. A chaque fois, au petit matin.

La première intervient en 2009, dans le golfe d'Aden. Un bateau non armé est pris à partie par trois skiffs porteurs chacun de cinq ou six pirates, soutenus par un bateau-mère. Il sera attaqué à trois reprises par cette même équipe, en 24 heures, et repoussera à chaque fois les assauts, à coups de cocktail Molotov et de mouvements de barre. Le navire s'en sort avec une multitude d'impacts, mais sans plus de dommages. La deuxième attaque intervient début 2010, entre la Tanzanie et le Mozambique. Une roquette de RPG impacte le pont, sans toutefois exploser. Les pirates sont accueillis à coups de fusils à pompe, ils prennent donc la poudre d'escampette.

Le troisième et dernier cas se déroule fin 2010, dans le Bab el-Mandeb, au niveau des Hamish Islands, situées en face du Yémen (dont elles dépendent). C'est de là que part l'attaque foudroyante, qui permet d'arriver jusqu'au contact de la coque, d'y poser une échelle. Mais le premier pirate à y poser le pied manque son impulsion etfinit à l'eau. Ce

Ci-dessous à gauche. Les fusils d'assaut Izhmash utilisés par Shield, depuis que les pays riverains de l'océan Indien ont assoupli leur législation.

Ci-dessous. Harpons, lances... toutes les idées étaient bonnes, jusqu'à l'évolution des réglementations sur les armes à feu. (Photos Shield)

I

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I T é m o i g n a g e d ' u n F r a n ç a i s e m p l o y é p a r S h i e l d ce E n f a c e , l e s m e c s s o n t ; d e p l u s e n p l u s é q u i p é s « J'ai commencé les escortes en quittant mon unité, en 2009. Je

travaillais pour Shield, qui employait des Britanniques, anciens mili­taires passés ensuite par les contractors, en Irak, en Afghanistan, pas mal de légionnaires, mais aussi 10 % environ d'anciens de mon unité.

Le principe, chez nous, est de panacher les équipes, et on ne travaille que très rarement avec les mêmes, ce qui est très intéressant. Au début, il s'agissait de petits trajets, entre Djibouti et Salala (sud Oman), puis Suez-Salala, puis Suez-Mascate. La zone s'est agrandie de plus en plus, alors que les pirates devenaient de plus en plus entreprenants, au nord et à l'est. Y compris parfois Bab el-Mandeb. Cette zone a toujours été dangereuse, les attaques y sont fréquentes, mais en général peut-être moins structurées que les attaques du côté d'Oman.

Au début, on n'avait pas d'armes avec nous. On disposait des barbe­lés sur le bastingage, on préparait des cocktails Molotov, des lances de 1,80 m de long, de quoi repousser une attaque sans armes. Les équipes comprenaient trois, voire quatre, membres. On se mettait en place sur le pont avec nos armes improvisées, lors d'une approche, pour empêcher les pirates de monter à bord, dans des zones à risques.

Aujourd'hui, certains trajets se font encore sans armes. Mais cela s'est plus ou moins généralisé au printemps 2010. La première fois, on a acheté des armes au Yémen, on a fait notre escorte jusqu'à Oman, mais on n'a pas pu y débarquer, avec nos armes. On a donc dû les jeter à la mer, filmer et envoyer via Internet le film au Yémen comme preuve. Le système s'est ensuite développé avec la mise en place d'une armu­rerie par la société Dolphin. On pouvait y louer des armes, à la journée. On prenait des Izhmash [AK-47semi-auto fabriqués dans les Balkans] ou des carabines Browning. Le calibre 12 est aussi intéressant, car on peut varier le chargement : balles, grains.

Maintenant, dans l'autre sens, tout part du Sri Lanka, où on peut laisser des armes dans les armureries de la marine. Il y a aussi des systèmes d'armurerie flottante, j'ai connu cela au niveau du 16e parallèle en mer Rouge, on attendait sur un yacht avec des équipes de plusieurs sociétés différentes. Puis on nous remettait sur un bateau qui redes­cendait. Ce yacht était payé à son propriétaire, un Italo-Yéménite, par Dolphin, qui avait aussi racheté un bateau de guerre suédois qui nous ramenait ensuite à Djibouti.

Les sociétés présentes sur place à cette époque étaient G4S, qui employait quelques Français, des anciens de la marine, MAST (beau­coup de Britanniques, des Sud-Africains), Marshall Five, Cusack. Triskell, je leur ai parachuté une fois de l'armement.

Au tout début, on ne demandait aucun document pour travailler. Désormais, il faut un seaman's book, très difficile à obtenir en France, contrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne ou en Pologne, par exemple. En France, il faut aller dans une école, et emmagasiner de l'expérience. Ce seaman's bookva devenir obligatoire. Tout comme le STCW95, qui comporte plusieurs modules de formation en sécurité et le SSO.

Avec certains bateaux, on devait débarquer à Oman car, en Inde, on ne pouvait pas faire escale avec de l'armement à bord. Mais cela a fini par se régler et on a donc pu aller jusqu'au Sri Lanka, avec la possibilité d'une escale en Inde. Avant l'escale, les douanes indiennes reçoivent tous les documents concernant les équipements et ensuite, lors de l'escale, les équipements sont "checkés" ; cette procédure est la même partout.

Les attaques n'ont jamais eu lieu de nuit à ma connaissance. Les approches commencent vers 9-10 heures, mais ce n'est pas systéma­tique. Justement, le problème est bien celui-là : les pirates ne respectent aucun canevas et attaquent quand ils le décident, ou en fin d'après-midi. Les heures critiques prises en compte sont le lever et le coucher du soleil. Mais il faut que la mer soit calme, car il est compliqué de monter à bord d'un navire. Les nôtres étaient très chargés, donc bas sur l'eau, avec un franc-bord de même pas 3 m parfois.

En face, les mecs sont de plus en plus équipés, et en neuf. Des RPD avec des munes en abondance, des RPG neufs avec plusieurs roquettes.

Maintenant, les attaques se font entre Oman, le Pakistan et le sud d'Ormuz, au sud de l'Inde, entre les côtes indiennes et les Maldives parfois. Les bateaux qui servent aux attaques sont loin d'être pourris. Derrière, on sent bien qu'il y a des gens organisés. Les rançons leur ont permis de s'équiper. Pour d'autres, qui opèrent vers Bab el-Mandeb, c'est un peu l'occasion qui fait le larron, ou les jeunes un peu "kattés" qui veulent s'affirmer, avec une prise. Mais, en général, les pirates ne tapent pas à longue distance ; ils s'approchent à 150-200 m pour être sûrs de toucher leur but. Et cela permet, jusqu'au dernier moment, de laisser le doute pour nous qui sommes à bord. On ne tire pas à outrance, seulement pour répondre à une attaque, et tout doit être justifié, dans un compte rendu.

Des potes ont été tapés par des roquettes antipersonnel, ce qui a limité les dégâts, cela a seulement tapé à l'extérieur du navire.

On reçoit des alertes sur les attaques, le système est assez fiable. »

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Un opérateur de Gallice Security protège un porte-conteneurs.

(Photo Gallice Security)

Page précédente. La moyenne des EPE tourne autour de quatre

personnels. Ici une équipe de Shield.

(Photo Shield)

Ci-dessous. Un skiff de pirates tente une attaque contre un

porte-conteneurs. (Photo OTAN)

coup du sort suffit à décourager ses collègues de persévérer.

Les missions peuvent durer une semaine, voire plusieurs, ou se limiter à quelques heures seulement. Shield opère depuis Suez, Oman, Galle (sud-ouest du Sri Lanka), et les navires sécurisés sont aussi bien des tankers, des VLCC (gros pétroliers), des chimiquiers, des porte-bateaux, des transports de voi­tures... La société vient même de protéger un bateau de croisière (à vide) entre l'Egypte et l'Inde.

Les équipages sont évidemment enthou­siastes. « En général, ils sont très réceptifs, explique-t-on chez Shield, ils sont contents de voir des étrangers expérimentés les proté­ger. » Dans toutes les affaires d'otages de pi­raterie, ce sont les plus sacrifiés. Toute forme de protection est donc bonne à prendre. L'EPE assure la protection passive du navire, avec des barbelés, des grillages, des sacs de sable, des cocktails Molotov, mais aussi des piques. Une safe room cloisonnée est aussi mise en place : c'est là que l'équipage se réfugie, en cas d'attaque, et attend que l'EPE repousse les assaillants, ou qu'arrive la cavalerie.

Au début, les EPE n'étaient pas armées : elles travaillaient la défense passive. « Les équipages pouvaient parfois être sceptiques face à cet attirail, mais on leur expliquait le processus, et ils étaient rassurés », raconte le manager. Depuis, la société est passée à la protection armée, avec l'Izhmash en 7,62 x 39 mais en semi-automatique. Cette limitation est liée à la réglementation de l'Etat du pavillon des navires protégés (Panama, en l'occurrence). De même, les EPE et l'armement ne peuvent pas être débarqués partout, comme c'est toujours le cas en Inde. Néanmoins, frappée elle aussi par les

conséquences de la piraterie, l'Inde a allégé ses contraintes. Un navire protégé par une EPE armée peut désormais relâcher dans un port indien, pour autant que les armes soient bouclées. L'opérateurd'EPE peut aussi débarquer à terre, s'il détient un seaman's book. Au Sri Lanka, les armes sont bouclées dans un stock de la marine locale, et à Oman, à l'armurerie de la police royale.

La formation des nouveaux est réduite à sa portion congrue, puisque les opérateurs sont généralement très expérimentés. La forma­tion nécessaire, le plus souvent pour s'accou­tumer aux armes, se fait à bord. En général, un nouvel équipiersera intégré dans une équipe expérimentée, ce qui suffit à lui faire prendre conscience des données du sujet.

« On entend en effet dans le milieu que certains armateurs cherchent à tirer les prix

vers le bas. Les armateurs demandent de plus en plus de papiers, de garanties, mais cela me semble normal, car de plus en plus de sociétés se créent, avec des situations où des cow-boys tirent alors que la situation à laquelle ils sont confrontés ne le nécessite pas. On voit ainsi parfois sur des rapports d'activité que certains effectuent des tirs de semonce sur des skifs à 2-3 milles d'eux, cela n'a pas de sens. On sent qu'à travers ce surcroît de justificatifs, la réglementation va se durcir, mais ce n'est pas un mal, si cela met fin à ces comportements de cow-boys. »

Forte de ses premiers succès depuis 2007, la société envisage de développer un seg­ment d'activité à terre, sans trop se livrer. Les réponses sont sans doute à chercher dans les multiples réseaux d'informations apportés par ses opérateurs britanniques et... français. •