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Pédagogie La pédagogie (du grec παιδαγωγία, direction ou éducation des enfants 1 ) désigne l'art d'éduquer . Le terme rassemble les méthodes et pratiques d'enseignement et d'éducation ainsi que toutes les qualités requises pour transmettre une connaissance , un savoir ou un savoir-faire . Plus généralement, l'expression « Faire preuve de pédagogie » signifie l'aptitude à enseigner et à transmettre à un individu ou un groupe d'individus -de tous âges et de toutes conditions- un savoir ou une expérience par l'usage des méthodes les plus adaptées à l'audience concernée. Définitions Le mot « pédagogie » dérive du grec παιδαγωγία, de παιδός (/'paɪdɔs/), « l'enfant », et ἄγω (/'a.gɔ/), « conduire, mener, accompagner, élever ». Dans l'Antiquité, le pédagogue était un esclave qui accompagnait l'enfant à l'école, lui portait ses affaires, mais aussi lui faisait réciter ses leçons et faire ses devoirs 2 . « Pédagogie » est un mot remontant à 1495 d'après le dictionnaire Le Robert . L'Académie française l'admet depuis 1762 . Ferdinand Buisson , qui fut inspecteur général de l'instruction publique, donne cette définition : "science de l'éducation, tant physique qu'intellectuelle et morale" (Dictionnaire de pédagogie, 1887, col. 2 238 a). Émile Durkheim : la pédagogie est une "réflexion appliquée aussi méthodiquement que possible aux choses de l'éducation" (L'évolution pédagogique en France, Paris, PUF, 1938, p. 10). "L'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objectif de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et mentaux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné" (article "Éducation", in F. Buisson, Nouveau dictionnaire de pédagogie, Paris, Hachette, 1911, p. 532. Reproduit dans "L'éducation, sa nature, son rôle", in Éducation et sociologie, PUF, coll. "Quadrige", p. 51).3 Pour É. Durkheim - et cette idée fera fortune - "la pédagogie est une théorie pratique", comme la médecine ou la politique. La pédagogie est à la fois une théorie et une pratique : une théorie ayant pour objet de réfléchir sur les systèmes et sur les procédés d'éducation, en vue d'en apprécier la valeur et, par là, d'éclairer et de diriger l'action des éducateurs. Françoise Clerc : la pédagogie est "l'ensemble des savoirs scientifiques et pratiques, des compétences relationnelles et sociales qui sont mobilisées pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies d'enseignement". Franc Morandi : la pédagogie est "étude et mise en œuvre des conditions d'apprendre" 4 . Quelles différences entre pédagogie et didactique ? "'Pédagogique' réfère plus à l'enfant et 'didactique' plus à l'enseignement, en raison de leurs étymologies respectives." 5 D'autre part, la pédagogie est généraliste, tandis que la didactique est spécifique, elle concerne telle ou

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  • Pdagogie

    La pdagogie (du grec , direction ou ducation des enfants1) dsigne l'art d'duquer.

    Le terme rassemble les mthodes et pratiques d'enseignement et d'ducation ainsi que toutes les

    qualits requises pour transmettre une connaissance, un savoir ou un savoir-faire.

    Plus gnralement, l'expression Faire preuve de pdagogie signifie l'aptitude enseigner et

    transmettre un individu ou un groupe d'individus -de tous ges et de toutes conditions- un savoir

    ou une exprience par l'usage des mthodes les plus adaptes l'audience concerne.

    Dfinitions

    Le mot pdagogie drive du grec , de (/'pads/), l'enfant , et (/'a.g/), conduire, mener, accompagner, lever . Dans l'Antiquit, le pdagogue tait un esclave qui accompagnait l'enfant l'cole, lui portait ses affaires, mais aussi lui faisait

    rciter ses leons et faire ses devoirs2. Pdagogie est un mot remontant 1495 d'aprs le

    dictionnaire Le Robert. L'Acadmie franaise l'admet depuis 1762.

    Ferdinand Buisson, qui fut inspecteur gnral de l'instruction publique, donne cette

    dfinition : "science de l'ducation, tant physique qu'intellectuelle et morale" (Dictionnaire

    de pdagogie, 1887, col. 2 238 a).

    mile Durkheim : la pdagogie est une "rflexion applique aussi mthodiquement que

    possible aux choses de l'ducation" (L'volution pdagogique en France, Paris, PUF, 1938,

    p. 10). "L'ducation est l'action exerce par les gnrations adultes sur celles qui ne sont pas

    encore mres pour la vie sociale. Elle a pour objectif de susciter et de dvelopper chez

    l'enfant un certain nombre d'tats physiques, intellectuels et mentaux que rclament de lui

    et la socit politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulirement

    destin" (article "ducation", in F. Buisson, Nouveau dictionnaire de pdagogie, Paris,

    Hachette, 1911, p. 532. Reproduit dans "L'ducation, sa nature, son rle", in ducation et

    sociologie, PUF, coll. "Quadrige", p. 51).3 Pour . Durkheim - et cette ide fera fortune -

    "la pdagogie est une thorie pratique", comme la mdecine ou la politique. La pdagogie

    est la fois une thorie et une pratique : une thorie ayant pour objet de rflchir sur les

    systmes et sur les procds d'ducation, en vue d'en apprcier la valeur et, par l, d'clairer

    et de diriger l'action des ducateurs.

    Franoise Clerc : la pdagogie est "l'ensemble des savoirs scientifiques et pratiques, des

    comptences relationnelles et sociales qui sont mobilises pour concevoir et mettre en

    uvre des stratgies d'enseignement".

    Franc Morandi : la pdagogie est "tude et mise en uvre des conditions d'apprendre"4.

    Quelles diffrences entre pdagogie et didactique ? "'Pdagogique' rfre plus l'enfant et

    'didactique' plus l'enseignement, en raison de leurs tymologies respectives."5 D'autre part,

    la pdagogie est gnraliste, tandis que la didactique est spcifique, elle concerne telle ou

  • telle discipline ("didactique des mathmatiques", "didactique du franais langue

    trangre"...) : la didactique porte sur l'enseignement d'un contenu particulier. "La

    didactique fait l'hypothse que la spcificit des contenus est dterminante dans

    l'appropriation des connaissances, tandis que la pdagogie porte son attention sur les

    relations entre l'enseignant et les lves, et entre les lves eux-mmes."6 Selon Marguerite

    Altet7,

    "L'enseignement couvre donc deux champs de pratiques :

    1. celui de la gestion de l'information, de la structuration du savoir par l'enseignant

    et de leur appropriation par l'apprenant, domaine de la Didactique

    2. celui du traitement et de la transformation de l'Information en Savoir par la

    pratique relationnelle et l'action de l'enseignant en classe, par l'organisation de

    situations pdagogiques pour l'apprenant, c'est le domaine de la Pdagogie."

    Distinctions

    Dans l'histoire de la pdagogie, il faudrait distinguer mthodes, systmes, mouvements,

    dmarches, dispositifs, modles, approches, pratiques...

    Le contrat pdagogique est une notion introduite pour signifier que l'enseignement

    ne peut produire ses fruits que si il y a accord entre l'enseign et l'enseignant sur les

    objectifs mmes de la formation, les comportements attendus des enseignants et

    enseigns ressortant, eux, du contrat didactique8.

    les dmarches pdagogiques sont des attitudes mthodologiques et progressives de

    pense insistant soit sur les phases, les moments d'un travail, soit sur les formes, les

    aspects d'un objet de recherche, en matire d'enseignement. Par ex., l'approche ou

    dmarche exprimentale se droule en au moins trois phases (observation,

    hypothse, contrle)9 et se concentre sur au moins deux points (la reproduction du

    phnomne, la modification des variables). On peut citer les dmarches

    comparative, dductive, historique, scientifique, transversale, complexe10,

    innovante, systmique11... que l'on trouve autant chez les lves que chez les

    professeurs ou les pdagogues.

    les dispositifs pdagogiques 12 sont des structures administratives, des agencements

    au sein du systme ducatif, en lieux, personnels, finances, rglements, matriels.

    Comme exemples, on peut citer les ZEP (1981), l'organisation de l'cole primaire en

    trois cycles (loi Lionel Jospin, 1989), "le socle commun des connaissances" (Gilles

    de Robien, 2006), les stages de remise niveau (Xavier Darcos, 2008), la

    prvention du piratage informatique (Christine Albanel, 2009), le dispositif

    d'valuation des acquis des lves en C.E.1 et C.M.2 (2009).

    les doctrines pdagogiques13,14 sont de grands ensembles thoriques, complexes,

    mlant thories et procdures. Ce sont des philosophies, des visions du monde, des

    idologies. Elles supposent, clairement identifies, une psychologie de l'enfant, une

    philosophie de l'ducation, une sociologie de l'institution scolaire ou universitaire.

    Les principes comptent. Ds La Rpublique de Platon on trouve des doctrines. On

    peut considrer comme "doctrines pdagogiques" la pdagogie traditionnelle, la

    pdagogie ngative (Jean-Jacques Rousseau)15 ou non directive (Carl Rogers,

  • 1969)16, la pdagogie sovitique (A. Makarenko, 1917), l'ducation nouvelle (dont

    Freinet), la pdagogie Steiner-Waldorf.

    les mthodes pdagogiques consistent en rgles et en procds pour mettre en

    uvre un enseignement du matre ou un apprentissage de l'lve, de faon thorique ou pratique17. On s'en sert pour grer, expliquer, dcouvrir, valuer. Les ralisations

    comptent plus que les principes. En ce sens, la maeutique de Socrate (dite

    "mthode interrogative"), la pdagogie de projet (project-based learning), la

    pdagogie de contrat, la pdagogie diffrencie18, l'enseignement programm

    (Skinner, 1958), la pdagogie par objectifs, la pdagogie par situation-problme

    (problem-based learning), l'enseignement assist par ordinateur19 sont des mthodes

    pdagogiques.

    les modles pdagogiques 20 sont des types, des rfrences, des idaux, des

    principes utiliss dans l'acte pdagogique, plutt que des professeurs idaliss ou

    des recettes d'enseignement toutes faites, prtes tre utilises21. Marcel Lesne

    (1977) cite : transmission, incitation, appropriation. Jean-Pierre Astolfi (1992)22 :

    empreinte, conditionnement, construction. Franc Morandi (1997) : tradition,

    pdagogies actives, matrise, diffrenciation, autonomisation. Selon Labdie et

    Amoss : transmission (pdagogie traditionnelle), stimulus-rponse (pdagogie

    bhavioriste), construction (pdagogie active), socio-construction, mtacognition23.

    les mouvements pdagogiques sont des "organisations militantes, inspires par une

    idologie ducative novatrice, regroupant des enseignants mus par le mme idal"24.

    Ex. : le Groupe franais d'ducation nouvelle (1921, Paul Langevin et Henri

    Wallon)25, l'Institut coopratif pour l'cole moderne (1948, inspir de Freinet).

    les notions pdagogiques 26 sont des concepts, ides, reprsentations, des objets

    abstraits de connaissance. Exemples : apprentissage, auto-formation, comptence,

    criture, ducabilit, entranement, imitation, mtacognition27, rglement intrieur,

    rythmes scolaires. Organises, les notions forment des thories.

    les pratiques pdagogiques 28 concernent les activits volontaires but ducatif.

    Elles couvrent un champ trs large : les consignes, les tches et les activits, les

    interactions, les rituels et routines, les notations et valuations, les stimulations, les

    supports d'activit (comme l'usage de l'ardoise, le recours l'ordinateur, l'utilisation

    de la voix)...

    les styles pdagogiques (ou profils) sont les attitudes du matre qui enseigne.

    Jerome Bruner, le premier (en 1956), y a prt attention, chez l'lve29. Il y a les

    pdagogies formelles (structures) ou informelles (souples), directives (autoritaires)

    ou non directives (dmocratiques ou permissives)... On distingue habituellement les

    styles transmissif (le matre dispense des savoirs), appropriatif (le matre aide l'lve

    construire son savoir), modlisant (l'lve reproduit ou imite un modle, ou bien il

    labore une reprsentation formelle). Marguerite Altet distingue ces "styles

    didactiques" : expositif (information, organisation, gestion), interrogatif

    (interrogation, valuation), incitatif (stimulation), animateur (guidance), guide

    (guidance, rgulation), mixte-flexible30. Aux styles d'enseignement des matres sont

    parallles les styles d'apprentissage des lves : visuel ou auditif ou kinesthsique,

    rflchi ou impulsif...

    les thories pdagogiques 31 forment chacune un ensemble cohrent de notions.

    Une thorie pdagogique est suppose expliquer ce qu'est l'ducation,

    l'apprentissage, l'instruction, l'lve, l'enseignant, le savoir scolaire. Par exemple, la

  • thorie constructiviste de Piaget32 avance de nombreuses notions : stade,

    assimilation, accommodation, invariance des quantits physiques... (mais Piaget

    refuse d'tre pris pour un pdagogue, il est psychologue). Parmi les thories

    pdagogiques on trouve : le traditionalisme (tienne Gilson, 1954 ; Alain

    Finkielkraut, 1988), le marxisme sovitique (A. Makarenko, 1917), le bhaviorisme

    (John B. Watson, 1925), le constructivisme (J. Piaget, 1923), le socio-

    constructivisme (L. Vygotski, 1934), le spiritualisme (Abraham Maslow,

    Krishnamurti), la thorie de la reproduction de Pierre Bourdieu (1970)33, le

    cognitivisme (Robert Mills Gagn, 1976)34,35... Une thorie combine des notions, et

    si des thories se combinent elles forment une doctrine. Mais, en ralit, les choses

    sont moins nettes..

    Histoire de la pdagogie

    Pralablement, il faut rappeler que les normes pdagogiques sont ancres dans l'histoire et donc

    historiquement situes. Chaque poque secrte des dbats sur ce qu'il faut enseigner (valeurs,

    connaissances...) et comment les enseigner 36.

    Les prcurseurs

    L'humanisme de la Renaissance voit natre quelques prcurseurs de la pdagogie.

    En territoire germanique, Martin Luther est un initiateur fondamental de l'enseignement

    moderne : ses motivations puisent leur source au cur mme de sa thologie, mais aussi dans le contexte religieux, conomique et social de son temps. Le Rformateur implique

    l'ensemble du tissu social dans cette mission ducative37.

    En France Rabelais propose un idal du dpassement de soi. Il dcrit la fin de Gargantua

    (1534) une abbaye utopique, l'abbaye de Thlme. Rabelais, moine de son tat, connat bien

    la vie monacale, et dans la description de cette abbaye fictive il expose son ide d'une

    abbaye humaniste o de beaux jeunes gens, des deux sexes, viendraient tudier dans un

    cadre de vie idal. L'accent est alors mis sur l'aspect moral, plutt que religieux. On

    raffirme l'importance de l'ducation physique.

    la mme poque (1547), Ignace de Loyola donne l'ordre qu'il fonde une vocation

    d'enseignement sur la base du nouveau programme d'enseignement, le Ratio Studiorum. Les

    collges qui seront ouverts par les Jsuites en Italie, en France (collge de Clermont Paris,

    collge de La Flche, o Descartes fera ses tudes, collge de Mauriac et de Billom en

    Auvergne, etc..), puis progressivement dans toute l'Europe, seront le modle de

    l'enseignement secondaire des lyces du XIXe sicle38.

    Pour le tchque Comenius, la pdagogie doit tre utile et pour tous39.

    Au XVIIe sicle, Jean-Baptiste de La Salle fonde un ordre lac pour enseigner gratuitement

    dans les coles de village. Il rdige pour les matres un trait de civilit l'usage des enfants

  • des deux sexes, et un programme d'tudes, la Conduite des coles chrtiennes, qui servira

    de base l'organisation de l'enseignement primaire jusqu'au dbut du XXe sicle.

    Au XVIIIe sicle, on revient contre l'enfermement. On veut former les jeunes au monde

    contemporain.

    La doctrine pdagogique de Jean-Jacques Rousseau

    En 1762, Rousseau crit mile ou De l'ducation. Le sujet en est l'art de former les

    hommes (prface). Rousseau nonce dans cette uvre son principe : l'enfant nat bon et c'est la socit qui le corrompt. Selon lui, il est ncessaire que l'enfant ait envie d'apprendre

    et qu'il ait connaissance d'un mtier manuel, chose trs rare chez les nobles de cette poque.

    L'ouvrage est condamn par le Parlement, en particulier cause de la "Profession de foi du

    vicaire savoyard". Ce programme pdagogique idal offre une vision novatrice de l'enfance.

    En Suisse, Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) s'inspire de ces thories pour fonder son

    cole. Il souhaite aider l'enfant dans la vie relle, mais en la diffrenciant suivant les classes

    sociales. Pour lui, la famille est le meilleur milieu ducatif40.

    XIXe sicle

    En Allemagne : Paul Natorp et Georg Kerschensteiner. Chaque individu doit se former

    une fonction dtermine. La communaut doit dvelopper la solidarit, l'instruction civique

    le respect de l'autorit, et le sentiment patriotique.

    En Angleterre : Robert Owen. Le choix des professeurs se fait sur leur capacit veiller la

    curiosit des enfants, leur patience, leur amour de l'enfant41.

    XXe sicle

    Au XXe sicle, la notion de pdagogie change. La pdagogie devient une pratique, un ensemble de

    mthodes. Les pdagogues s'efforcent d'utiliser des lments de psychologie, c'est notamment

    l'closion du mouvement de l'ducation nouvelle qui considre l'ducation comme un acte global

    de construction de la personne et non comme une simple retransmission de connaissances.

    En Europe occidentale, on prend en compte l'enfant. En URSS, c'est la dimension sociale.

    Aux tats-Unis, avec John Dewey, elle est pragmatique, exprimentale, volontariste et

    socialisante. Dewey est, ds 1900, l'origine de l'ducation nouvelle (pdagogie active,

    coute des besoins de l'enfant, projet, apprendre en faisant...).

    La mdecine vient aider la pdagogie. Mdecin elle-mme, Maria Montessori, Rome,

    1907, avec sa Casei dei bambini, cre la mthode portant son nom pour influencer la

    psychologie sensori-motrice des coles maternelles.

  • En France, ds 1918, Adolphe Ferrire, Clestin Freinet, en Belgique Ovide Decroly,

    instaurent l'ducation nouvelle, inspire de John Dewey, o l'enfant est actif, social.

    L'inspecteur Roger Cousinet propose "une mthode de travail libre par groupes" (1943),

    effectif : observations, collections, travaux manuels, classement des connaissances

    acquises ; il cherche tablir un climat de confiance et de comprhension rciproque42.

    De nos jours, le sens de pdagogie renvoie davantage la manire dont va se faire la

    formation d'un enfant qu'au contenu proprement dit de cette formation. Il s'agit tantt des

    processus mis en uvre dans l'acquisition de connaissances, tantt de l'attitude et de l'action du pdagogue, de celui qui accompagne. C'est partir de ces conceptions que se

    comprennent et se classent les diffrents courants de pdagogies. En ce sens, il s'agit des

    techniques mises en uvre dans une action formative ou d'enseignement. Le mot technique englobant ici l'usage que le pdagogue fait de son premier outil : lui-mme.

    partir de l, les principales voies qui s'ouvrent l'laboration d'une pdagogie sont de

    distinguer les savoirs instruits un lve des savoirs construits par une personne. Les

    savoirs instruits sont relis la notion d'enseignement, alors que les savoirs construits font

    appel l'autonomie de l'enfant. En ce sens, la pdagogie n'est pas uniquement l'uvre de l'enseignant. Elle serait plutt l'ensemble des moyens consciemment mis en uvre ou non de la communaut ducative - les coducateurs. Ainsi, la famille, l'cole, les centres de loisirs, les clubs, sont autant de sphres o l'enfant frquente des pdagogues . C'est le

    dbat qu'a lanc l'quipe des Carrefours de l'ducation , Perpignan, en octobre 2003.

    Pour une pdagogie hors de l'cole ?

    Certains auteurs comme Ivan Illich ( voir son ouvrage La socit sans cole 43 )

    dnoncent le caractre institutionnel de l'cole et affirment que le contexte naturel de la

    pdagogie doit reposer sur des changes entre gaux , pilots par des ducateurs

    indpendants.

    L'cole obligatoire, la scolarit prolonge, la course aux diplmes sont autant de

    faux progrs. Dvotions rituelles o la socit de consommation se rend elle-

    mme son propre culte , o elle produit des lves dociles prts obir aux

    institutions, consommer des programmes tous faits prpars par des autorits

    supposes comptentes. A tout cela il faut substituer une vritable ducation qui

    prpare la vie dans la vie, qui donne le got d'inventer et d'exprimenter. Il faut

    librer la jeunesse de cette longue gestation scolaire qui la conforme au modle

    officiel. (...) Plus de crdits dmesurs aux institutions (scolaires ou autres). Que les

    moyens d'acqurir ou de transmettre un savoir soient mis en commun et librement

    accessibles tous. Plus de matres la fois gardiens de l'ordre tabli, prdicateurs

    et thrapeutes. Mais des changes entre gaux , des ducateurs indpendants 44

    Diffrentes doctrines ou mthodes pdagogiques (en

    Occident)

  • la limite, chaque pdagogue a sa pdagogie. Mais, selon Marguerite Altet, on classe

    habituellement les diverses pdagogies en trois ou quatre types45, avec toujours les mmes

    cinq lments : l'apprenant, l'enseignant, le savoir, la communication, la situation, le tout

    ordonn vers une finalit (instruire ou duquer, former... du ct du matre ; apprendre ou

    se socialiser, s'panouir, s'autonomiser... du ct de l'lve).

    1. les pdagogies traditionnelles. Elles sont centres sur les savoirs constitus

    transmettre et sur le matre (magistro-centrisme), qui enseigne. Elles fonctionnent

    la transmission de contenus dj structurs ou l'empreinte, assimilation passive.

    On attend de l'lve "rponses, performances, savoirs". On a l les diverses

    pdagogies dfendues par les congrgations religieuses (les jsuites, etc.) et les

    pdagogues transmissifs (Comenius, Alain46, etc.).

    2. les pdagogies actives. Elles sont centres sur l'lve comme enfant (puro-

    centrisme), un lve qui "construit" son savoir, s'approprie personnellement les

    connaissances et les procdures. C'est le mouvement pdagogique de l'ducation

    nouvelle, avec la pdagogie fonctionnelle de John Dewey (1897)47, l'cole nouvelle

    d'Adolphe Ferrire (1899)48, l'cole nouvelle d'Ovide Decroly (1921)49, la pdagogie

    cooprative de Clestin Freinet (1924), la pdagogie de la libert de Roger Cousinet

    (1959)50.

    3. les pdagogies technologiques. Elles sont centres sur l'lve en tant

    qu'apprenant et sur les moyens techniques, opratoires, d'acqurir effectivement des

    savoir, savoir-faire, savoir-tre (techno-centrisme), en temps voulu. Il s'agit de

    rendre l'lve actif en lui proposant un savoir programm dcouvrir ou

    reconstruire. On obtient la pdagogie par objectifs (1935) qui articule objectif-

    mthode-valuation-objectif dans une optique de rationalisation et d'efficacit. On

    trouve galement l'enseignement programm de B. F. Skinner (1958) bases de

    rcompenses, de "conditionnement oprant".

    4. les pdagogies socialises. Elles sont centres sur un enfant membre de la

    communaut sociale et sujet social (socio-centrisme). Elles entendent former un

    homme social, duquer socialement. Ici figurent la pdagogie marxiste de A.

    Makarenko (1917), la pdagogie institutionnelle de Fernand Oury (1963)51, la

    "pdagogie progressiste" de G. Snyders (1976)52.

    Il existe galement d'autres mthodes non prsentes dans cette classification, telles les

    pdagogies cognitives. Ces pdagogies sont bases sur les recherches en psychologie

    cognitive, qu'elles utilisent afin de rendre l'enseignement plus efficace et/ou efficient. Elles

    utilisent notamment les recherches sur la mmoire, la mta-cognition et l'expertise pour

    dduire des mthodes et pratiques pdagogiques adaptes. Parmi ces pdagogies, on trouve

    notamment la pdagogie explicite, et l'apprentissage multi-pisodique d'Alain Lieury.

    Pdagogie traditionnelle (1657)

    Comenius (en tchque Jan Komensky) passe pour tre le fondateur, le 'pre' de la

    pdagogie de la modernit53. Il composa sa Didactica Magna (Grande Didactique) entre

    1628-1632, avec une dition complte en 165739. Il promet un art universel de tout

    enseigner tous . Il avance diverses recommandations : enseigner ds le plus jeune ge,

  • procder du gnral au particulier et du facile au plus difficile , placer toute chose sous

    les sens, en faire apparatre l'utilit immdiate, suivre toujours la mme mthode , rgler

    son enseignement sur les capacits des lves , agir sur le savoir , le faire et le

    parler , rdiger des manuels correspondant aux matires enseignes dans chaque classe,

    n'enseigner que deux heures le matin (science ou art privilgi) et deux l'aprs-midi

    (histoire, puis exercices de style et de diction, travaux manuels) (le reste du temps :

    exercices physiques, travaux domestiques, prparation des devoirs), sanctionner par des

    examens publics...

    La pdagogie traditionnelle est celle du modle transmissif. Sur le triangle pdagogique

    de Jean Houssaye elle se situe du ct du savoir, elle privilgie ainsi la dmarche didactique

    de l'enseignant.

    Le terme de pdagogie traditionnelle est employ par ceux qui souhaitent s'en dmarquer.

    On oppose alors la pdagogie traditionnelle l'ducation nouvelle ou moderne.

    La pdagogie traditionnelle est celle du savoir, du modle, de l'autorit, de l'effort, de

    l'individualisme et de la sanction.

    Pdagogie ngative (1762) et libertaire (1919)

    "L'ducation ngative" est prne par Jean-Jacques Rousseau54 dans son roman

    pdagogique L'mile (1762)55. 1) Rousseau recommande de laisser agir la nature

    (p. 179, 158), il est pour le dveloppement spontan (contre les influences sociales). 2)

    L'enfant doit dcouvrir que les objets de la nature obissent la ncessit, c'est l'ducation

    par les choses (plutt que par les livres). 3) Il faut privilgier le dveloppement des sens

    (avant celui de la raison) (p. 207, 816) et ne pas hter les initiations (p. 271, 889). 4) Dans

    cette ducation, il y a absence de punitions ( remplacer par des sanctions naturelles). Si

    mile casse un carreau de la fentre de sa chambre, on ne le gronde pas, il aura froid ! 5)

    Rousseau admet une certaine permissivit et oisivit : gouverner sans prceptes et tout

    faire en ne faisant rien (p. 198). 6) Surtout, l'ducation ngative assure la protection

    contre le vice plutt que l'instruction.

    "Je ne redirai jamais assez que la bonne ducation doit tre ngative. Empchez les

    vices de natre, vous aurez fait pour la vertu"56.

    Rousseau a pour prdcesseur le Socrate de Platon (la maeutique)57. Montaigne aussi est

    pour la libert, contre l'endoctrinement, le bourrage de crne58.

    En 1919 commence en Allemagne l'exprience des coles libertaires de Hambourg, dans le

    quartier d'Altona : le directeur, Heinrich Siemss, recommande l'abolition du rapport

    autoritaire entre matre et lve, le dessin libre, la facilit pour sortir de l'cole en

    "promenades scolaires", le matriel scolaire abondant et spcialis59. Alexander Neill

    (1921) favorise libert et auto-ducation60. Carl Rogers se fait le thoricien de la non-

    directivit (1969)16.

  • Pdagogie Montessori (1907)

    La pdagogie Montessori, cre en 1907 par Maria Montessori, est une mthode d'ducation dite

    ouverte, par rapport aux mthodes dites fermes ou traditionnelles, telle que l'enseignement

    mutuel. Sa pdagogie repose sur l'observation de l'enfant qui amne l'ducateur poser les gestes

    appropris pour favoriser son apprentissage61.

    Pdagogie scolaire sovitique selon A. Makarenko (1917)

    Anton Semionovitch Makarenko, instituteur en 1905, propose, ds 1917, une pdagogie conforme

    la "nouvelle socit socialiste" de l'U.R.S.S. Il fonde en 1920 une communaut de jeunes o il

    met en uvre des pratiques pdagogiques ordonnes la recration chez l'individu de conduites

    sociales positives et fondes sur un principe d'ducation institutionnelle. Un moment limog, puis

    rhabilit, Makarenko voit ses mthodes pdagogiques diffuses dans toute l'Union sovitique. Il

    est en accord avec l'idologie collectiviste de la Rvolution sovitique : formation d'un homme

    nouveau, primaut du collectif sur l'individu, organisation du travail productif. Il a crit en 1935 un

    Pome pdagogique o il dcrit l'histoire d'une colonie d'enfants criminels et vagabonds62.

    Pdagogie de projet (1918)

    Historiquement, la pdagogie de projet (project-based learning) remonte William Heard

    Kilpatrick, en 1918, dans un article intitul The Project Method63. Mais l'ide revient au

    philosophe John Dewey, vers 1900.

    La pdagogie de projet fait passer des apprentissages travers la ralisation d'une

    production concrte.

    Le projet peut tre individuel (expos, maquette) ou collectif (organisation d'une fte,

    voyage, spectacle). C'est une entreprise qui permet un collectif d'lves de raliser une

    production concrte, socialisable, en intgrant des savoirs nouveaux64.

    Pdagogie active (1918), dont Freinet (1924)

    La pdagogie active a pour objectif de rendre l'apprenant acteur de ses apprentissages, afin

    qu'il construise ses savoirs travers des situations de recherche. Pour Piaget, thoricien du

    constructivisme, on ne connat un objet quen agissant sur lui et en le transformant 65.

    La pdagogie active se rfre historiquement Adolphe Ferrire qui, ds 1918, est parmi

    les premiers utiliser l'appellation "cole active". En 1921, il cre la Ligue internationale

    pour l'ducation nouvelle. La pdagogie active est une des bases du courant d'ducation

    nouvelle.

    Article dtaill : pdagogie Freinet.

  • Freinet, ds 1924, est un autre acteur important de l'volution des pratiques pdagogiques

    franaises. Il institue les "promenades scolaires" (1922), "la mthode nouvelle d'ducation

    populaire base sur l'expression libre par l'imprimerie l'cole" (1924)66, la cooprative

    scolaire (1924), la correspondance inter-scolaire (1926), la publication de textes et de

    dessins d'enfants (1927), le dessin libre (1931), les fichiers auto-correctifs (1932), le

    ttonnement exprimental (1943)67, etc. Freinet est engag politiquement (pacifiste,

    marxiste, libertaire aussi), il est membre du parti communiste (de 1926 1948) ; ce

    militantisme a retard sa reconnaissance officielle, venue en 1991, quand l'tat achte son

    cole de Vence. Il crit en 1964 dans ses invariants pdagogiques :

    "La voie normale de lacquisition nest nullement lobservation, lexplication et la dmonstration, processus essentiel de lcole, mais le ttonnement exprimental, dmarche naturelle et universelle."

    "Les acquisitions ne se font pas comme lon croit parfois, par ltude des rgles et des lois, mais par lexprience. tudier dabord ces rgles et ces lois, en franais, en art, en mathmatiques, en sciences, cest placer la charrue devant les bufs."

    Aujourd'hui, on a tendance classer abusivement sous l'expression mthodes actives toutes

    les mthodes qui impliquent rellement l'lve par des exercices ou des mises en situation.

    Pdagogie Steiner-Waldorf (1919)

    La pdagogie Steiner-Waldorf, base sur les thories ducatives de Rudolf Steiner (1861-

    1925), est une des applications les plus connues de l'anthroposophie fonde par celui-ci.

    Cette pdagogie est pratique dans les coles Steiner, coles prives qui comptent environ 1

    000 sites dans le monde, majoritairement en Amrique du Nord et en Europe, dont environ

    200 en Allemagne.

    Elles sont aussi connues sous le nom d'coles Waldorf. Ces coles cherchent quilibrer les

    matires intellectuelles avec les matires artistiques et manuelles en suivant l'volution de

    l'enfant.

    Pdagogie de groupe (1920)

    On donne Roger Cousinet68 pour pre de la pdagogie de groupe vers 1920, mais il faudrait

    remonter John Dewey, vers 1900. Un Amricain, Kurt Lewin, en 193969, a bien tudi la

    dynamique de groupe : la persuasion, les dominations et soumissions, les contagions mentales, le

    conformisme, la sympathie ou antipathie, l'apparition des leaders, les violences exprimes ou

    latentes contre le leader ou entre membres, les capacits du groupe s'autogrer autour d'un but

    ou d'une tche, les interactions multiples, les changements, la distribution des rles; les rapports

    majorit/minorit, etc. Les groupes rsultent soit de la division d'une classe en plusieurs sous-

    ensembles, soit de l'association d'lves qui n'appartiennent pas habituellement la mme classe.

    Un groupe, en gnral, se compose de 5 ou 6 personnes, qui ont chacune une fonction

    particulire, complmentaire des autres personnes. Les regroupements peuvent tre homognes

  • ou htrognes, alatoires ou dcids par l'enseignant. On distingue les groupes de niveaux, de

    besoins, d'affinit, de comptition, etc. Les techniques de groupes d'apprentissage sont diverses70 :

    brain-storming (remue-mninges), panel (discussion), Phillips 6.6. (six personnes, six minutes),

    intergroupes (nouveaux regroupements des membres des quipes prcdentes)...

    Pdagogie socio-constructiviste (1934) et de la motivation

    Le socio-constructivisme repose sur l'ide selon laquelle l'acquisition de connaissances

    durables est favorise par la prise en compte du champ social dans laquelle elle est situe.

    Cette thorie a t dveloppe par Lev Vygotski en 193471. Il s'appuyait sur le

    constructivisme de Piaget, labor ds 1923. En un autre sens, toutefois, on peut dire que

    Lev Vygotski, par exemple dans Pense et langage (Chapitres 2 & 4 en particulier) propose

    une critique de la pense piagtienne. Il cherche montrer en effet que certaines

    acquisitions (de faon exemplaire: celle du langage) rsultent du croisement de deux lignes

    de dveloppement. L'une correspond bien ce que dcrit le dveloppementalisme de

    Piaget: un individu s'adapte un changement en s'accommodant cette nouveaut

    (accommodation) d'une manire qui introduit des diffrences dans les schmas cognitifs

    dont il tait auparavant porteur (assimilation). La seconde, elle, est de nature diffrente: elle

    consiste, selon Lev Vygotski, en l'influence positive que des individus plus gs ou plus

    expriments (ans, adultes, moniteurs, etc) exercent sur l'individu en cours de formation.

    Cette seconde voie de l'apprentissage consiste dans les effets des pressions sociales et

    culturelles, extrieures et, par exemple, scolaires, sur le dveloppement individuel.

    La motivation l'acquisition des connaissances est dmultiplie par le fait d'avoir grer

    des relations sociales: rapports conflictuels, par exemple, dont la rsolution va de pair avec

    la rsolution du problme cognitif. Ainsi, le fait d'avoir confronter les points de vue entre

    deux personnes qui partent de conceptions a priori opposes favorise l'mergence d'un

    processus de ngociation au plan cognitif, mais aussi relationnel, et l'issue de ce

    processus, les acteurs du conflit s'approprient vritablement une solution labore en

    commun. La motivation sociale apparat, donc comme un puissant stimulant de la

    motivation cognitive.

    Pdagogie par objectifs (1935) : P.P.O.

    Historiquement, cette pdagogie a pour fondateur Ralph Tyler (1935)72,73. Tyler a t suivi

    par Benjamin Bloom74. Sinspirant des travaux de Ralph Tyler, il considrait que ce qui importait dans lenseignement tait non pas de comparer les rsultats des tudiants mais daider ceux-ci atteindre les objectifs des programmes quils suivaient. Le fait datteindre ces objectifs tait le principal. Il fallait axer le processus pdagogique sur la conception de

    tches permettant de conduire ltudiant, lentement mais srement, vers la ralisation des objectifs correspondant son programme dtudes. Louvrage de Benjamin Bloom, Apprendre pour matriser, est un pangyrique dune telle conception75.

    Ne une poque o le taylorisme s'accompagnait d'une monte en puissance du

    behaviorisme, ce type de pdagogie vise avant tout dfinir des objectifs de formation

    facilement quantifiables et observables, le but de ces objectifs tant d'adapter l'homme aux

  • besoins et valeurs de la socit, vrifiables par des comportements attendus, et non pas de

    chercher lever son niveau de conscience. La pdagogie par objectifs se veut

    rationnellement construite et immdiatement valuable sur des critres quantifis.

    L'valuation des rsultats de l'apprenant y constitue le moyen de contrle et de validation

    de la justesse des critres et moyens de la formation.

    Elle permet aux partenaires en prsence (forms, formateurs, et commanditaires de la

    formation) une vision trs explicite des buts de la formation, qui peuvent tre traduits sous

    une forme contractuelle. Cela facilite tant l'adhsion des futurs apprenants et

    commanditaires au contenu de la formation (le commanditaire pouvant ngocier le

    contenu), que le rle du formateur dans sa conception du cursus propos. l'inverse, elle

    prsente des risques tels que coupure de la formation avec le contexte social de l'apprenant,

    limination des valeurs humaines au profit d'un cadre dit rationnel, coupures de sens des

    apprentissages du fait de leur morcellement, et faible investissement intellectuel de

    l'apprenant dans un contexte balis.

    Initialement destin en 1920 enseigner aux tats-Unis des gestes rptitifs simples dans

    des usines d'automobiles sur du travail la chane, ce type de pdagogie s'est par la suite

    rpandu en Europe, dans les annes 1970, dans le cadre d'enseignement professionnel de

    type CAP. Dans le dbut des annes 1980, il a gagn l'enseignement technique pour toucher

    la fin de la mme dcennie, notamment en France et en Belgique, l'ensemble des

    enseignements dans des voies plus gnrales, dans le primaire, les collges et lyces. Par

    ailleurs, aprs avoir un moment t remis en cause pour les actions de formation

    permanente, il a retrouv une place de choix dans les actions visant le couple

    formation/emploi.

    Robert Mager a codifi la pdagogie par objectifs : Comment dfinir des objectifs

    pdagogiques ? (1962), trad., Dunod, coll. "Psycho", 200576.

    Notons galement Daniel Hameline "Les objectifs pdagogiques".

    Pdagogie archtypale

    L'archetypal pedagogy, ou pdagogie archtypale, est une pdagogie fonde sur la

    psychologie analytique dveloppe ds 1956 par Carl Gustav Jung (1875 - 1961), partir

    de son recueil Psychologie et ducation77, qui groupe des articles de 1916 1942, et des

    recherches sur l'application jungienne la pdagogie78. Ainsi peut-on situer une con-

    comitance entre les approches de la psychologie analytique et un intrt pour l'ducation,

    chez les jungiens, dans les annes 1960.

    La pdagogie archtypale, sous cette dnomination stricte, a t mise en thorie aux U.S.A.

    dans les annes 2000, par Clifford Mayes, Docteur et Professeur en sciences de l'ducation

    la Brigham Young University, pdagogue jungien et chercheur en sciences de l'ducation.

    Ce n'est qu'en 2007 et 2009 que Clifford Mayes dans Jung And Education: Elements Of An

    Archetypal Pedagogy, suivant la pense de Jung [Quoi ?]

    :

  • Notre problme ducatif souffre en somme de ne viser unilatralement que

    lenfant quil faut lever et de ngliger aussi unilatralement le fait que les ducateurs adultes nont pas t eux-mmes duqus. Aprs avoir termin le cycle de ses tudes, chacun a limpression den avoir fini avec lducation, dtre, en un mot, un adulte. Il ne peut certes en tre autrement ; il faut quil soit fermement persuad de sa comptence pour pouvoir affronter la lutte pour lexistence. Le doute et le sentiment dincertitude le paralyseraient et lentraveraient, ils enfouiraient la foi si ncessaire en sa propre autorit et le rendraient inapte

    lexercice de sa profession. On veut lentendre dire quil connat son affaire et quil en est sr, et non quil doute de lui-mme et de sa comptence. Le spcialiste est condamn de faon absolue la comptence. Personne ne peut dvelopper la

    personnalit qui nen a pas lui-mme. Et ce nest pas lenfant, cest uniquement ladulte qui peut atteindre la personnalit comme fruit mr dune activit de vie oriente vers ce but. Car dans laccs la personnalit, il ny a rien moins que le dploiement le meilleur possible de la totalit dun tre unique et particulier. On ne saurait prvoir le nombre infini de conditions quil faut remplir pour cela. Toute une vie humaine avec ses aspects biologique, social et psychique y est ncessaire.

    La personnalit, cest la suprme ralisation des caractristiques innes de ltre vivant particulier. La personnalit, cest laction du plus grand courage de vivre, de laffirmation absolue de lexistant individuel et de ladaptation la plus parfaite au donn universel avec la plus grande libert possible de dcision personnelle. Elever

    quelquun en vue de cela me semble ntre pas une petite affaire. Cest sans doute la tche la plus haute que se soit donne le monde moderne de lesprit 79.

    Enseignement programm (Skinner, 1958)

    Gnralisant l'apprentissage humain les rsultats de ses recherches sur la psychologie

    animale, B. F. Skinner 80 (1904-1990) et le no-behaviorisme ont t amens difier toute

    une thorie de l'apprentissage qu'ils appliquent directement la thrapie behaviorale et

    l'enseignement programm o le terme "programme" dsigne une squence d'activits

    ordonnances de faon systmatique selon les principes suivants:

    1. Un individu apprend, c'est--dire modifie son comportement, en observant les

    consquences de ses actes. C'est la rtroaction cyberntique.

    2. Les consquences qui renforcent la probabilit de la rptition ou de la suppression d'un

    acte sont appeles des renforcements.

    3. Plus rapidement un renforcement fait suite au comportement recherch, plus il est

    probable que ce comportement se rptera.

    4. Plus un renforcement est frquent, plus il est probable que l'lve ou le patient rptera

    l'acte qui en est la "cause".

    5. L'absence de renforcement, ou mme son loignement dans le temps, diminue la

    probabilit qu'un acte se reproduise.

  • 6. Le renforcement intermittent d'un acte allonge la priode pendant laquelle l'lve ou le

    patient poursuivra une tche sans autre renforcement.

    7. Le comportement d'apprentissage d'un lve ou d'un patient peut tre dvelopp ou structur graduellement par un renforcement diffrenciel , c'est--dire en renforant les comportements que l'on dsire voir se rpter, et ne renforant pas les actions que l'on veut

    viter ou encore en les renforant de faon ngative par des rprimandes ou d'autres

    punitions.

    8. En plus du fait qu'il rend plus probable la rptition d'un acte, le renforcement produit

    des effets motivants.

    9. Le comportement d'un lve ou d'un patient peut tre amen jusqu' un grand degr de

    complexit, en structurant son comportement en actes simples, puis en groupant ces

    derniers en une longue chane.

    Ce dernier conduit identifier et dfinir le comportement recherch installer chez

    l'lve ou le patient et le lui rendre dsirable. C'est la "motivation" dans son expression la

    plus simple. Ce comportement recherch est fractionn ou analys en fragments de plus en plus menus et de plus en plus simples avec leurs relations qui ne sont pas toujours

    videntes pour l'lve ou le patient, car la progression dans les acquisitions va du plus

    simple au plus complexe81. Un enseignement programm ou une thrapie behaviorale

    prsente la matire apprendre ou le comportement recherch en fragments menus de

    difficult progressivement chelonne de telle sorte que le comportement que l'on veut

    installer soit acquis avec la mme sret qu'une rponse obtenue par le dressage ("shaping")

    chez l'animal. L'cart entre les fragments successifs ne doit pas tre laiss au hasard, quant

    la difficult, car, trop grand ou trop court, il compromettra l'apprentissage.

    travers, donc, la notion d'apprentissage, en tant que processus de changement de

    comportement, on passe aux applications pdagogiques et thrapeutiques. Les premires

    sont formatrices et les secondes sont correctrices pour des prtendus "troubles de

    comportement" et autres "retards scolaires" sans autre souci pour le rapport avec la

    "normalit", le contexte social et culturel qui donne sens en tant qu'orientation, pertinence

    et signification82.

    Au niveau de la technicit, les procdures de l'enseignement programm et de la thrapie

    behaviorale ne sont pas sans intrt. Elles ont donn des rsultats probants et d'une

    efficacit indiscutable, mais les thories qui les fondent souffrent de limitations graves dans

    l'lmentarisme du court terme et de l'individu en contraste au globalisme de la longue

    chance et du milieu de vie. Que l'on songe aux horribles mfaits de la suppression

    behaviorale de l'nursie nocturne o la solution est source de problmes beaucoup plus

    graves de sentiment d'inscurit, d'anxit et d'angoisse et de la solution behaviorale

    l'anorexie qui ne fait que dplacer le moyen d'action sur l'entourage et le moyen d'auto-

    destruction sans s'attaquer aux problmes de la relation de soi soi et de celle avec

    l'entourage qui sont la source. Il est de mme des succs de l'enseignement programm

    qui a fait le choix de remplir des cruches vides plutt que d'allumer des lanternes en

  • transformant des illettrs en analphabtes! Lapproche cosystmique est lantidote de cet lmentarisme83.

    Maurice de Montmollin, "L'enseignement programm", PUF, coll. "Que sais-je?",

    Paris, 1965. Principes, techniques de programmation, machines enseigner et

    applications.

    Pdagogie documentaire (1958)

    La pdagogie du construire sa connaissance par les documents vise plusieurs objectifs. Tout

    dabord la pdagogie documentaire signifie lautonomie de llve. En effet, llve nattend pas

    quon lui dlivre un savoir, il va lui-mme se lapproprier en cherchant linformation dans des

    documents, et en la restituant selon ses attentes, ses besoins. La pdagogie documentaire vise

    galement le dveloppement de lesprit critique de llve car apprendre avec des documents,

    cest apprendre valider linformation, apprendre reconnatre la pertinence dun document par

    rapport une manne documentaire accrue avec le dveloppement des technologies de

    linformation et de la communication. Enfin la pdagogie documentaire a pour objectif immdiat

    lutilisation des outils dun centre de ressources par llve, puisquavant de pouvoir apprendre

    avec des documents, il faut au pralable matriser les outils de recherche, par exemple le logiciel

    documentaire dun tablissement scolaire, ou un moteur de recherche sur internet. La pdagogie

    documentaire vise ainsi lacquisition dune mthode de recherche documentaire.

    Pdagogie explicite (1960)

    Les premires formalisations de la pdagogie explicite sont poses par S. Engelmann en

    1960 travers le Direct Instruction ; partir de 1968 (et ce jusqu'en 1995), dmarre aux

    tats-Unis le projet Follow Through qui constitue une tude comparative de grande

    ampleur de neuf mthodes pdagogiques ; ce programme de recherche a montr que le

    Direct Instruction dpasse en efficacit les huit autres mthodes sur les trois points valus :

    connaissances de base acquises, savoir-faire, estime de soi. En 1976, B. Rosenshine

    (professeur et chercheur en psychologie cognitive) dcrit la pdagogie explicite. Les

    pratiques de la pdagogie explicite continuent d'tre tudies et values par l'quipe de C.

    Gauthier (Universit Laval, Qubec). In fine, les principes de la pdagogie explicite

    dcoulent d'observations empiriques et d'tudes scientifiques issues d'tudes longitudinales

    et de mta-analyses de grande ampleur.

    Les procds utiliss dans le cadre d'une pdagogie explicite permettent en premier lieu de

    mettre le savoir au centre du dispositif de transmission des connaissances et des savoir-

    faire84 ; en d'autres termes, ces procds ne conduisent pas mettre l'enfant au centre du

    dispositif, comme c'est le cas dans les pdagogies constructivistes ; ni mettre l'enseignant

    au centre, comme c'est gnralement le cas dans les pdagogies traditionnelles.

    En second lieu, la pdagogie explicite prconise la mise en uvre de progressions prcises et rigoureuses, qui partent toujours des notions les plus simples en allant vers les plus

    complexes.

  • En troisime lieu, cette pdagogie met en place une structure de leons identiques, qui part

    d'un rappel des acquis, d'une courte phase de prsentation de la notion et des objectifs

    attendus en fin de sance, suivie par un moment de pratique guide, puis d'un temps de

    pratique autonome, enfin d'un bilan et d'un rappel des acquis ; par la suite, des rvisions

    rgulires et des valuations viennent clore ce processus et permettent un maintien en

    mmoire sur le long terme85. Enfin, l'objectif des leons est de permettre la comprhension

    des notions abordes : au sein de la pdagogie explicite, la comprhension est considre

    comme tant l'intgration de nouvelles connaissances et leur mise en rseau avec celles dj

    en mmoire long terme afin qu'elles soient disponibles tout moment.

    Pdagogie PNL

    La Programmation Neuro-Linguistique (PNL) cherche modliser les comptences

    cognitives et relationnelles de gens de talent pour les transmettre d'autres. Dans le

    domaine de la pdagogie, les intervenants en PNL ont observ des lves brillants dans leur

    manire de procder mentalement pour raliser des tches scolaires. Ils ont conclu que

    ceux-ci, face une mme tche scolaire, ralisaient les mmes oprations mentales. Par

    exemple pour la mmorisation de l'orthographe, visualiser le mot (c'est le visuel

    remmor ) puis le ressentir comme juste ( contrle kinesthsique ) est un exemple de

    stratgie plus efficace que celle d'peler auditivement86. Les PNListes ont dcod cinq

    stratgies (outils mentaux) chez ces apprenants : comprendre, mmoriser, rflchir,

    prononcer et transfrer87.

    La spcificit de la pdagogie PNL repose sur l'exprimentation par les enfants, au travers

    d'exercices et de consignes trs concrets, de comment apprendre apprendre. Lorsque ces

    stratgies sont intgres, les enfants sont invits les utiliser dans toutes leurs leons. Ces

    stratgies PNL d'apprentissage donnent galement des indications aux enseignants sur la

    manire d'aborder les contenus.

    Pdagogie institutionnelle (1963)

    Drive de la pdagogie de Freinet, fonde par Fernand Oury en 1963, par dissidence, la

    pdagogie institutionnelle se veut politique et psychanalytique (ou psychosociologique).

    Pdagogie diffrencie (1963)

    La recommandation de diffrencier ses enseignements remonte haut, surtout Alexandre

    Carroll, "ingnieur technico-pdagogique", en 1963 aux U.S.A. Mais la terminologie et la

    volont politique s'affichent en France surtout en 1973, avec Louis Legrand, qui essaie de

    la faire appliquer dans le secondaire en 1983. Il a publi La diffrenciation pdagogique,

    Paris, Scarabe, CEMEA, 1986, Les diffrenciations de la pdagogie, Paris, PUF, 1995.

    "Le gros problme est de traiter dans un mme tablissement des lves diffrents.

    On ne peut pas enseigner d'une faon commune tous les lves, mme si on

    souhaite les scolariser ensemble pour leur formation civique et morale. C'est dans ce

    sens que l'on a travaill sur la pdagogie diffrencie, en s'inspirant beaucoup de la

  • pdagogie de matrise issue des tats-Unis, qui consiste, partir de programmes

    identiques, traiter les lves en fonction de leurs besoins."88

    La pdagogie diffrencie part du constat que dans une classe, un professeur doit

    enseigner des lves ou des tudiants ayant des capacits et des modes d'apprentissages

    trs diffrents. Elle tente de donner une rponse cette htrognit des classes par des

    pratiques adaptant chaque lve les programmes d'tudes, l'enseignement et le milieu

    scolaire. Bien souvent, l'enseignant ne va plus tre le centre de la classe mais va mettre

    l'enfant ou l'activit comme intrt central.

    Pdagogie par rsolution de problmes (1969) : P.R.S.

    Historiquement l'apprentissage par problmes (APP) (en anglais problem-based learning)89 est

    inaugure en 1969 la MacMaster University. Les apprenants, regroups par quipes, travaillent

    ensemble rsoudre un problme gnralement propos par l'enseignant, problme pour lequel

    ils n'ont reu aucune formation particulire, de faon faire des apprentissages de contenu et

    dvelopper des comptences de rsolution de problmes. La tche de l'quipe est habituellement

    d'expliquer les phnomnes sous-jacents au problme et de tenter de le rsoudre dans un

    processus non linaire. La dmarche est guide par l'enseignant qui joue un rle de facilitateur ou

    mdiateur.

    Pdagogie de la gestion mentale (1980)

    La pdagogie de la Gestion mentale est issue des travaux dAntoine de la Garanderie. Le parcours

    personnel de ce philosophe humaniste la convaincu que chaque enfant a en lui les moyens de sa

    russite. Par un dialogue pdagogique, le pdagogue accompagne lenfant dans une dcouverte

    de lui-mme. Il linterroge sur la faon dont il a fait dans sa tte afin de lui permettre de

    prendre conscience des moyens mentaux quil utilise pour russir une tche (vocations visuelles,

    auditives, part de lespace, du temps ou du mouvement dans les vocations, projets de sens).

    Lenfant pourra ensuite rutiliser ces moyens dans les domaines o il a des difficults. La

    pdagogie de la Gestion mentale est une pdagogie de la russite : il sagit de transfrer les

    moyens de la russite sur lchec.

    Pdagogie spiralaire

    Cette pdagogie, l'image d'une spirale, revient sur des notions similaires mais en

    approfondissant ces notions chaque passage.

    Pdagogie cooprative

    Une mthode d'ducation active, ou chacun apprend par les autres, avec les autres et pour les

    autres. L'enseignant est la fois animateur et gestionnaire des relations, des projets d'activits et

    des apprentissages.

  • Pdagogie, ordinateur et Internet

    De nombreux sites d'aide aux lves en difficults ou handicaps se sont crs ; certains

    fournissent des cours particuliers, d'autres des cours sur CD-ROM.

    Internet peut galement tre utilis dans l'enseignement de la philosophie en rendant

    possible un processus de reconnaissance thique et politique dans lequel le bon citoyen est

    appel jouer un rle des plus actifs globalement aussi bien que localement90.

    Liste des grands pdagogues (Occident)

    Platon (-427 -346)

    Jean-Louis Vivs (1492-1540)

    Mathurin Cordier (1479-1564)

    les jsuites (1548)

    Jan Amos Komensk - Comenius (1592-1670)

    John Locke (1632-1704)

    Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

    Condorcet (1743-1794)

    Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827)

    Robert Owen (1771-1858)

    Friedrich Frbel (1782-1852)

    Thomas Arnold (17951842) Jean Bosco (1815-1888)

    Lon Tolsto (1828-1910)

    Paul Lafargue ? (1842-1911)

    Georg Kerschensteiner (1854-1932)

    Francisco Ferrer (1859-1909)

    John Dewey (1859-1952)

    Rudolf Steiner (1861-1925)

    Pierre de Coubertin (1863-1937)

    Maria Montessori (1870-1952)

    Ovide Decroly (1871-1932)

    Paul Langevin (1872-1946)

    douard Claparde (1873-1940)

    Janusz Korczak (1878-1942)

    Henri Wallon (1879-1962)

    Adolphe Ferrire (1879-1960)

    Roger Cousinet (1881-1973)

    Alexander Sutherland Neill (1883-1973)

    Anton Makarenko (1888-1939)

    Andras Pet (1893-1961)

    Clestin Freinet (1896-1966)

    Jean Piaget (1896-1980)

    Joan Puig i Elias (1898-1972)

  • Carl Rogers (1902-1987)

    Emmi Pikler (1902-1984)

    Jean Zay (1904-1944)

    Robert Gloton (1906-1986)

    Andr de Peretti (n en 1916)

    Gaston Mialaret (n en 1918)

    Fernand Oury (1920-1998)

    Antoine de la Garanderie (1920-2010)

    Philippe Meirieu (n en 1949)