these polution dans la ville
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la polution en villeTRANSCRIPT
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N d'ordre : 2332
THSE
PRSENTE
L'UNIVERSIT BORDEAUX I
COLE DOCTORALE DE SCIENCES PHYSIQUES ET DE LINGNIEUR
par Stphane GLOCKNER
POUR OBTENIR LE GRADE DE
DOCTEUR
SPCIALIT : MCANIQUE
CONTRIBUTION LA MODLISATION DE LA POLLUTION ATMOSPHRIQUE DANS LES VILLES
Soutenue le 14 dcembre 2000
Aprs avis de :
MM. Y. BRUNET, Directeur de Recherche, INRA-Bordeaux Rapporteur G. LAURIAT, Professeur, LMSNPT, Universit de Marne la Valle Rapporteur
Devant la Commission d'examen forme de :
MM. P. MOREL, Professeur, MAB, Universit Bordeaux I Prsident E. VILLENAVE, Matre de Confrence, LPCM, Universit Bordeaux I Rapporteur G. LAURIAT, Professeur, LMSNPT, Universit de Marne la Valle Examinateur Y. BRUNET, Directeur de Recherche, INRA-Bordeaux Examinateur J.P. CALTAGIRONE, Professeur, MASTER, Universit Bordeaux I Examinateur F. FOURNIER, Socit GERTRUDE, Bordeaux Examinateur
- 2000 -
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Remerciements
Ce travail a t ralis au sein du laboratoire de Modlisation Avance des Systmes Thermiques et
coulements Rels (MASTER) de lEcole Nationale Suprieure de Chimie Physique de Bordeaux (ENSCPB)
dans le cadre dune convention CIFRE, contracte entre la socit GERTRUDE, le laboratoire de Math-
matique Appliqu de Bordeaux (MAB) et le laboratoire MASTER-ENSCPB.
Je remercie tout dabord Jean-Jacques Montech, directeur de la socit GERTRUDE, pour avoir accep-
t le co-financement ce projet, Franck Fournier, responsable du service recherche et dveloppement ainsi
que Paul Morel, professeur au MAB pour avoir co-encadr ce travail.
Je tiens exprimer toute ma reconnaissance Jean-Paul Caltagirone, professeur et directeur du labo-
ratoire MASTER, qui a dirig cette thse, pour son soutien au cours de ces trois annes, la confiance quil
ma tmoigne et lensemble des moyens quil a mis ma disposition.
Eric Villenave a su me rconcilier avec la chimie, et ce nest pas peu dire. Je le remercie vivement pour
sa participation ce travail, sa volont et pour mavoir fait lhonneur et le plaisir de participer mon jury
de thse.
Je suis reconnaissant au professeur Guy Lauriat de lUniversit de Marne-la-Valle et Yves Brunet,
directeur de recherche lINRA de bordeaux, de mavoir fait lhonneur dtre rapporteur de ce travail.
Le travail de thse est souvent considr comme un travail personnel mais cest aussi une petite
aventure collective. Jai eu la chance de passer ces trois annes dans un laboratoire ou lentraide est
importante, o il est ais de trouver une oreille rceptive son travail ou aux proccupations dun moment.
Je remercie donc tous ces membres, permanents ou de passage, davoir fait de ces trois annes une exp-
rience enrichissante tant sur le plan scientifique quhumain.
Commenons par les anciens : Jean-Benot, Jeff, Patrick, Olivier(s), Losamo, Manu, Naima, Pierre,
Rmy, Franck, Stphane et surtout Alain dont jai eu le plaisir et la chance de partager quelques mois le
bureau. Passionnant et passionn par la dcouverte des ples, il vit au moment mme ou jcris ces lignes
son rve en participant une expdition en Antarctique. Que ce soit le dbut dune longue srie.
Mon autre co-locataire du bureau S1-16 fut Hugues. Nous avons form un bureau souvent qualifi de
paisible . Jai pu apprcier ces nombreuses qualits tant humaines que scientifiques. Je le remercie pour
sa gentillesse, qualit des plus grande mes yeux, la complicit que nous avons et pour tous les bons mo-
ments passs ensemble. Chi va piano va sano e lontano, nest-ce pas Hugues ?
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Comment ne pas remercier Jrme - gnreux et attentif - tant les changes ont t nombreux, efficaces
et profitables. Le travail en quipe pris avec lui une dimension que je ne connaissais pas jusqualors. Je
pense aussi Hadjira, virevoltante, insaisissable mais surtout adorable et Fred, dune grande gentillesse
et tout aussi adorable, Guillaume, Fred, Franois et Bassel. Les derniers arrivs au laboratoire, Boris,
Sandrille, Cdric, Claude, Damien et Philippe, se sont si vite intgrs que lon croirait les connatre depuis
bien plus longtemps. Je remercie galement tout particulirement Sylvie et Marie-Hlne de la socit
GERTRUDE.
Je remercie les permanents du laboratoire Eric, Natalie, David, Azis, Rmy et Jean pour leurs conseils
au cours de ces trois annes, les informaticiens Bernard et Sandrine quon a facilement tendance houspil-
ler au moindre bug, mais que lon ne remercie jamais assez dans le cas contraire, et Marie-Paule pour sa
relecture attentive du manuscrit.
Je remercie mes parents de mavoir donner le got des tudes et ne saurais conclure sans remercier et
ddier ce travail Stefania, tant sa comprhension et son soutien ont t dterminants ces dernires annes
mais surtout parce quelle illumine ma vie de mille feux.
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Rsum :
La pollution gnre par la circulation automobile au cur de la ville ainsi que par les activits indus-trielles sa priphrie est un problme aigu des grandes cits. Une fois mis dans latmosphre, les polluants subissent deux types de contraintes : dune part ils ragissent chimiquement entre eux donnant naissance de nouveaux polluants tels que lozone, et dautre part ils sont transports par les vents. Nous avons choisi de travailler la fois sur les aspects dynamiques, thermiques et chimiques de la pollution et ce aux diffren-tes chelles des phnomnes : lchelle locale autour dun groupe de btiments et la mso-chelle pour la modlisation complte dune ville. Notre ambition nest pas de raliser un modle complet mais davancer pas pas sur chacun de ces aspects. Nous avons particip au dveloppement dun code de calcul qui pourra ensuite tre complt et utilis pour des tudes plus concrtes dpisodes de pollution. Le premier chapitre est consacr une description de la couche limite atmosphrique. Les chapitres deux et trois prsentent les modles utiliss et le rsultat de simulations numriques. Nous insistons particulirement sur les modles de turbulence k-, RNG et v2-f, sur les modles de rayonnement ainsi que les lois de paroi dynamiques et ther-miques permettant la prise en compte de la rugosit de surface. Le dernier chapitre est consacr la chimie de latmosphre. Nous avons galement dvelopp un solveur gnral traitant un nombre quelconque dquations de transport couples par une cintique chimique raide ainsi quune cintique simplifie de lozone.
Mots-cls : pollution, ville, modlisation, atmosphre, btiment, turbulence, rayonnement, chimie, ozone, couche limite
Summary :
Pollution generated by urban traffic and by industry at its periphery is a serious problem of our cities. Once emitted in the atmosphere, pollutants undergo two types of constraints: on one side they react chemi-cally one with another and, on the other side, they are transported by the wind. We have chosen to work on the dynamical, thermal and chemical aspects of the pollution at different scales of the phenomena: local scale (around a group of buildings) and meso-scale (a whole city). Our ambition is not to realize a complete model but to advance step by step on each aspect. We have contributed to the realization of a numerical tool that will be completed and used for concrete pollution episodes. The first chapter is a description of the at-mospheric boundary layer. Chapters two and three present models and results of numerical simulations. We stress on k-, RNG and v2-f turbulence models, radiative heat transfer models and dynamical and thermal wall laws that allow to take in consideration surface roughness. The last chapter is dedicated to atmospheric chemistry. We have moreover developed a general solver of any number of transport equations coupled by a stiff chemistry and simplified ozone kinetics.
Key words: pollution, city, modeling, atmosphere, building, turbulence, radiative heat transfer, chemis-try, ozone, boundary layer
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SOMMAIRE
NOMENCLATURE...........................................................................................................1
INTRODUCTION..............................................................................................................7
CHAPITRE 1 PRSENTATION DE LTUDE..........................................................13 1.1 LA COUCHE LIMITE ATMOSPHERIQUE 13
1.2 LA COUCHE LIMITE URBAINE 15
1.3 LA CANOPEE URBAINE 17
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE ..........21 2.1 LES EQUATIONS FONDAMENTALES 21
2.2 DES PROBLEMES TURBULENTS 23
2.2.1 Introduction.......................................................................................................23
2.2.2 Dcomposition de Reynolds .............................................................................24
2.2.3 Le concept de viscosit turbulente....................................................................26
2.2.4 Les modles k- et RNG ...................................................................................27
2.2.5 Le modle v2-f...................................................................................................30
2.3 PRISE EN COMPTE DU RAYONNEMENT SOLAIRE 32
2.3.1 Flux Solaire de Courte Longueur dOnde.........................................................33
2.3.2 Flux de Grande Longueur dOnde ....................................................................41
2.4 LES METHODES NUMERIQUES DE RESOLUTION 50
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2.4.1 Un maillage dconnect de la gomtrie ..........................................................50
2.4.2 Discrtisation des quations..............................................................................51
2.4.3 Solutions informatiques pour la programmation des changes radiatifs ..........54
2.4.4 Une interface de calcul conviviale....................................................................55
2.5 SIMULATIONS NUMERIQUES 57
2.5.1 Cas tests 2D.......................................................................................................57 2.5.1.1 Marche descendante .............................................................................................. 57 2.5.1.2 Bloc bidimensionnel.............................................................................................. 63 2.5.1.3 Cylindre de section carre ..................................................................................... 68
2.5.2 Cas tests 3D.......................................................................................................73 2.5.2.1 Marche descendante .............................................................................................. 73
2.5.3 Simulations 3D..................................................................................................73
2.6 CONCLUSION 78
CHAPITRE 3 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE MSO ...............79 3.1 LES EQUATIONS FONDAMENTALES POUR LA COUCHE LIMITE ATMOSPHERIQUE 80
3.1.1 tat de rfrence ...............................................................................................80
3.1.2 Stabilit de latmosphre...................................................................................81
3.1.3 quations fondamentales ..................................................................................82
3.2 PROFILS POUR UNE COUCHE LIMITE DE SURFACE 84
3.2.1 Profil de vitesse pour une CLS neutre ..............................................................85
3.2.2 Influence de la stabilit de latmosphre ..........................................................87
3.2.3 Profils de temprature .......................................................................................88
3.2.4 Valeurs des variables turbulentes dans la CLS .................................................90
3.2.5 Prise en compte des fortes rugosits .................................................................90
3.3 TRAITEMENTS NUMERIQUES 91
3.4 VALIDATION DES LOIS DE PAROI 92
3.4.1 coulement avec un changement de rugosit du sol ........................................92
3.4.2 coulement avec un saut de temprature la paroi ..........................................95
3.5 CONCLUSION 97
CHAPITRE 4 CHIMIE ATMOSPHRIQUE..............................................................99 4.1 MISSION DES POLLUANTS 100
4.1.1 Gnralits ......................................................................................................100
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4.1.2 Mthodologie pour un modle dmission .....................................................101
4.2 DISPERSION DES POLLUANTS 105
4.2.1 Description des quations gnrales pour la chimie .......................................105
4.2.2 Cintique chimique .........................................................................................109
4.2.3 Traitement numrique des quations de transport ..........................................113 4.2.3.1 Rsolution des systmes diffrentiels raides ....................................................... 114 4.2.3.2 Choix du schma dadvection.............................................................................. 118
4.2.4 Etude du schma TVD coupl la chimie atmosphrique .............................123
4.2.5 Un pr-processeur de chimie intgr au solveur.............................................130
4.3 UNE CINETIQUE CHIMIQUE DIURNE DE LOZONE SIMPLIFIEE 132
4.4 CONCLUSION 143
CONCLUSION ET PERSPECTIVES.........................................................................145
ANNEXE A DMONSTRATION DE LQUATION DE LNERGIE CINTIQUE TURBULENTE MOYENNE.......................................................................149
ANNEXE B CALCUL DE LAIRE DUN ARC DELLIPSE...................................153
ANNEXE C PRSENTATION DES FICHIERS DE DONNES DE LINTERFACE DU CODE DE CALCUL AQUILON.....................................................155
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................163
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1
NOMENCLATURE
Lettres romaines
A : acclration dun vhicule (m2.s-2)
ci : concentration dune espce chimique (molcule.cm-3)
Cp : capacit calorifique (J.kg-1.K-1)
Cd : coefficient de portance moyen (kg.s-2)
C. : constantes des modles de turbulence (.)
d : hauteur de dplacement (m)
D : coefficient de diffusion molculaire (m2.s -1)
Di : terme de dpt de lespce i (molcule.cm-3.s-1)
Ei : mission de lespce i (molcule.cm-3)
EV,T : mission dun vhicule V durant un temps T (g)
f : redistribution de lintensit turbulente (s -1)
: frquence de dtachement des tourbillons (Hz)
fij : facteur de forme entre deux surfaces Si et Sj (.)
fo : facteur dombre (.)
F : force de Coriolis (N)
Femp : facteur dmission unitaire pour un polluant p (g.m-1)
g : intensit de la force de gravit (N)
g : force de gravit (N)
G : terme de production dnergie cintique turbulente par gravit (kg.m-2.s-2)
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NOMENCLATURE
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h : angle horaire (rad)
H : hauteur de lobstacle (m)
i : angle dincidence du soleil par rapport une surface (rad)
I : intensit turbulente (.)
j : numro du jour dans le mois (.)
k : nergie cintique turbulente moyenne (m2.s -2)
: constante de vitesse des ractions chimiques (s-1 ou molcule-1.cm3.s-1)
K : coefficient de permabilit (m2)
: coefficient de diffusion turbulente (m2.s -1)
Kt : coefficient de transmission de latmosphre (.)
lr : longueur moyenne de la recirculation (m)
L : longueur caractristique dun coulement (m)
: longueur de Monin-Obukhov (m)
: terme de destruction (molcule.cm-3)
LV,T : longueur parcourue par un vhicule V durant le temps T (m)
LX : longueur dune rue X (m)
m : numro du mois (.)
mi : masse molaire de lespce i (kg)
Mi : masse molculaire de lespce i (kg)
ne : nombre de polluants (.)
p : pression (Pa)
pr : pression de rfrence (tat adiabatique et hydrostatique) (Pa)
P : terme de production des polluants (molcule.cm-3.s-1)
: terme de production dnergie cintique turbulente par cisaillement (kg.m-2.s-2)
QX,T : dbit de vhicules sur une rue X pendant le temps T (vh.s-1)
R : terme de production/destruction (molcule.cm-3.s-1)
Ra : nombre de Rayleigh (.)
Re : nombre de Reynolds (.)
Rf : nombre de Richardson de flux (.)
Ri : terme de production/destruction de lespce i (molcule.cm-3.s-1)
Ri : fluctuation de Ri (molcule.cm-3.s-1)
Sc : nombre de Schmidt (.)
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NOMENCLATURE
3
St : nombre de Strouhal (.)
t : temps (s)
: heure locale apparente (h)
tj : date julienne (.)
T : temprature instantane (K)
: temps caractristique (s)
T : fluctuation de la temprature instantane (K)
T : temprature moyenne (K)
Ta : temprature sous abri (K)
T0 : temprature de rfrence (K)
Tr : temprature de rfrence (tat adiabatique et hydrostatique) (K)
U : vitesse caractristique dun coulement (m.s-1)
U0 : vitesse dentre (m.s-1)
Umoy : vitesse moyenne (m.s-1)
*u : vitesse de frottement (m.s-1)
u : vecteur vitesse instantane (m.s -1)
u : vecteur vitesse moyenne (m.s -1)
u : fluctuation du vecteur vitesse (m.s -1)
v2 : fluctuation de la vitesse (m2.s -2)
VT : vitesse dun vhicule (m.s-1)
w : vitesse angulaire de rotation de la Terre (rad.s-1)
x : vecteur position (m)
z0 : longueur de rugosit (m)
Z : angle solaire znithal (rad)
Lettres grecques
: angle entre laxe est/ouest et laxe longitudinal du repre considr (rad)
: coefficient de dilation thermique (K-1)
: inclinaison de la surface par rapport au plan horizontal (rad)
: dclinaison solaire(rad)
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NOMENCLATURE
4
: azimut dune surface (rad)
: taux de dissipation de k (m2.s -3)
i : missivit de la surface Si (.)
: constante de von Karman (.)
: longueur caractristique (m)
: conductivit thermique (W.m-1.K-1)
: viscosit dynamique (kg.m 1.s -1)
t : viscosit turbulente (kg.m 1.s -1)
: viscosit cinmatique (m2.s -1)
: azimut solaire (rad)
: latitude (rad)
: pi (rad)
: masse volumique instantane (kg.m -3)
: masse volumique moyenne (kg.m -3)
0 : masse volumique de rfrence (kg.m -3)
r : masse volumique de rfrence (kg.m -3)
: (atmosphre adiabatique et hydrostatique) (kg.m -3)
: variable quelconque du problme
: densit de flux radiatif (W.m-2)
: constante de Stefan-Boltzman (kg.m4.s 1.K -4)
t : nombre de Prandtl turbulent (.)
: tenseur des contraintes (N.kg.m-2)
Espces chimiques
CO : monoxyde de carbone
CO2 : dioxyde de carbone
HC : hydrocarbures
HO2 : radicaux hydroproxyles
HNO3 : acide nitrique
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NOMENCLATURE
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NMHC : hydrocarbures non mthaniques
NO : monoxyde dazote
NO2 : dioxyde dazote
NOx : NO+NO2
O2 : oxygne
O3 : ozone
OH : radical hydroxyle
RO2 : radicaux proxyles
PAN : peroxyacylnitrates
SO2 : dioxyde de soufre
RCHO : aldhydes
Abrviations
CLA : couche limite atmosphrique
CLS : couche limite de surface
CLU : couche limite urbaine
DNS : direct numerical simulation
FD : flux solaire direct
FDH : flux solaire direct sur un plan horizontal
Fda : flux solaire diffus par latmosphre
Fde : flux solaire diffus par lenvironnement
FSCLO : flux solaire global de courte longueur donde
FGLO : flux de grande longueur donde
FIA : flux incident atmosphrique
FS : flux sortant par rayonnement
FE : flux incident reu de lenvironnement
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NOMENCLATURE
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Symboles mathmatiques
ij : symbole de Krnecker
I : matrice identit
: produit tensoriel
. : produit scalaire
t
: drive partielle par rapport au temps
: oprateur laplacien
: oprateur gradient
. : oprateur divergence
: symbole de sommation
: symbole dintgration t : oprateur de transposition
cos : fonction cosinus
sin : fonction sinus
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INTRODUCTION
La pollution gnre par la circulation automobile au cur de la ville, et par les activits
industrielles sa priphrie, est un problme aigu des grandes cits urbaines dans lesquelles
nous vivons. Les rpercussions sur le bien tre de ses habitants sont nombreuses mais, bien
au-del, ce sont ses consquences sur la sant publique qui deviennent proccupantes.
Le problme de la pollution atmosphrique peut tre schmatis par le systme source-
vecteur-cible suivant :
Topographie - Vent - RadiationsMISSIONSgaz & particules
TRANSFORMATIONSchimiques & photochimiques
TRANSPORT
SANT PUBLIQUEENVIRONNEMENT
Figure 1 : le problme de la pollution atmosphrique schmatis
Une fois mis dans latmosphre par les vhicules ou les usines, les polluants alors dits
primaires - sont soumis deux types de contraintes : dune part ils ragissent chimiquement
entre eux, ce qui modifie leurs concentrations et donne naissance de nouvelles esp-
ces appeles polluants secondaires ; dautre part, ils sont transports dans latmosphre par les
-
INTRODUCTION
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vents locaux et dominants, ce transport pouvant amener le dpt du polluant sur le sol, les
btiments, la vgtation, laccumulation dans certaines zones ou bien au transport hors de la
ville.
Un polluant en particulier montre bien le jeu de ces deux derniers phnomnes. Il sagit
de lozone (O3), cr par la photodissociation du dioxyde dazote (NO2) tout au long de la
journe, et transport la priphrie de la ville. Apparaissent ainsi des pics de concentration
en ozone au milieu de laprs-midi suite un pic dmission au dbut de la matine corres-
pondant lheure de pointe.
Les actions nocives des polluants sur lorganisme, rsumes dans le tableau suivant, sont
nombreuses et de plus ou moins grande gravit. Lors des pisodes de fortes concentrations en
polluants, ce sont en premier lieu les personnes fragiles (nourrissons, personnes ges, as-
thmatiques) qui en subissent les consquences.
Ozone (O3) Migraines, toux, altration des fonctions pulmonaires
Monoxyde de carbone (CO) Anorexie, vertiges, migraines, troubles de la vision
Oxydes dazote (NOx) Irritations, diminution des dfenses immunitaires et alt-ration des fonctions pulmonaires
Hydrocarbures (HC) Irritations oculaires, toux, actions cancrignes
Particules Transportent les polluants dans les poumons, attaquent les muqueuses nasales
Tableau 1 : actions nocives de quelques polluants sur lorganisme
Moins graves mais montrant tout aussi bien la nocivit de la pollution sont les dgts cau-
ss aux matriaux ou la vgtation. Il suffit de regarder la noirceur de nos villes pour sen
rendre compte. Ce sont les fortes concentrations en particules et fumes qui sont responsables
de ce phnomne. Quant lozone, il est particulirement actif en dtriorant les caoutchoucs.
Ceci a t remarqu Los Angeles o le taux de remplacement des pneumatiques tait plus
lev que dans dautres villes moins pollues lozone [Seinfeld, 1986]. Les polluants phyto-
-
INTRODUCTION
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toxiques, comme le SO2 (dioxyde de soufre) ou les PAN (peroxyacetylnitrates), une fois dans
la feuille de la plante dtruisent la chlorophylle et perturbent la photosynthse, causant ainsi
une rduction de la croissance de la plante ou bien son dprissement.
La rduction de la visibilit qui accompagne gnralement les hauts niveaux de pollution
est peut tre le caractre le plus vident constat par tout un chacun. Elle est provoque par le
diffusion et labsorption de la lumire par les polluants gazeux et particulaires. Elle dpend de
la position du soleil dans le ciel ce qui fait que le smog peut avoir diffrentes couleurs selon le
moment de la journe. Le dioxyde dazote NO2 est le principal polluant gazeux qui absorbe le
rayonnement solaire mais des taux relativement faibles par rapport labsorption particu-
laire.
Les moyens daction. La question se pose alors de savoir comment minimiser limpact de la pollution atmosphrique sur les populations. La rponse nest pas unique et
plusieurs approches sont considrer et gnralement menes de front : il faut viser une
meilleure fluidit du trafic automobile, dvelopper les transports en commun, mettre en place
des rseaux de capteurs de polluants, favoriser le transport 2 roues, sensibiliser la population,
amliorer les technologies automobiles et les carburants. Ces mesures ont t suivies avec
plus ou moins de russite et ont conduit une diminution des concentrations pour les princi-
paux polluants (disparition du plomb dans lessence, rduction des missions de CO...).
Pourquoi modliser ? Une approche originale est celle de la modlisation, qui conduit la ralisation dun modle de qualit de lair permettant de dterminer les niveaux
de pollution aux diffrentes chelles dune ville . Ces modles viennent en complment des
rseaux de capteurs dont le nombre est, en raison de leur cot, toujours limit. Un modle de
qualit de lair peut tre un outil daide la dcision pour les municipalits : il permet en effet
de mesurer la rpercussion sur les niveaux de pollution de toute modification apporte au sys-
tme de voirie ou la politique de transport en commun. La modification initialement prvue
pourra, selon les rsultats du modle, tre effectue ou au contraire revue pour une amliora-
tion. Des simulations de scnarii types dpisodes de pollution sont aussi ralisables, afin
darriver une meilleure comprhension des phnomnes physiques rencontrs ainsi qu la
mise en place dune politique durgence la plus adapte la situation. On peut imaginer plus
long terme un couplage direct un systme de gestion du trafic et une raction en temps rel
sur la gestion des feux (et donc la densit de trafic) en fonction des niveaux de pollution.
-
INTRODUCTION
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Problme multidisciplinaire. La ralisation dun modle de qualit de lair est linterface de plusieurs disciplines que sont notamment la chimie atmosphrique, la mcani-
que des fluides et les transferts thermiques. Le pralable l'tude du transport des polluants
est une bonne connaissance des coulements urbains. Il s'agit d'coulements dans les basses
couches de l'atmosphre, plus prcisment dans la couche limite urbaine que nous pouvons
ds maintenant dfinir comme la partie de la couche limite atmosphrique dont les caractris-
tiques dynamiques et thermiques sont modifies par la prsence des constructions urbaines et
de l'activit humaine qui y rgne. Ce sont typiquement des problmes de thermique et de m-
canique des fluides. Comme nous le verrons, les polluants ragissent chimiquement et photo-
chimiquement entre eux ce qui influe fortement sur les concentrations, do limportance de
la chimie dans les modles de qualit de lair.
Problme dchelle. Nous sommes de toute vidence face un problme dchelle tant les ordres de grandeurs des phnomnes physiques - dont quelques exemples sont donns
ci-aprs - sont variables :
Hauteur de la couche limite urbaine : 1-3 km
Hauteur dinhalation des polluants : 1,70 m
Largeur dune rue : 20 m
Dure de vie de lozone : 2 h
Dure de vie du radical hydroxyle OH : 1 s
Longueurs caractristiques de la turbulence : du mm au km
Face ces chelles varies, il existe diffrents modles gnralement classs selon des
chelles fonction des caractristiques spatiales et temporelles des phnomnes quils modli-
sent. Pour les coulements atmosphriques, plusieurs classifications existent dont celles
dOrlanski [Orlanski, 1975] et de Smagorinsky [Smagorinsky, 1974]. Nous ferons rfrence
ce dernier qui dfinit les chelles suivantes :
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INTRODUCTION
11
chelle micro : 10-2 - 103 m
chelle locale : 102 - 5.104 m
chelle mso : 104 - 2.105 m
chelle macro : 105 - 108 m
Notre approche. Nous avons choisi de travailler la fois sur les aspects dynamiques, thermiques et chimiques de la pollution. Il est bien vident que notre ambition nest pas de
raliser un modle complet de modlisation de la pollution atmosphrique mais davancer pas
pas sur chacun de ces aspects en dveloppant des mthodes adaptes aux problmes que
nous rencontrons. Elles sintgrent un code de calcul dj existant qui pourra ensuite tre
complt et utilis pour des tudes plus concrtes dpisodes de pollution.
Nous avons galement choisi de travailler sur plusieurs chelles savoir lchelle locale
qui correspond aux coulements lchelle du btiment, et lchelle mso correspondant
celle de la ville. Le chapitre un de cette tude est consacr une description physique de la
couche limite atmosphrique, les chapitres deux et trois prsenteront les modles mathmati-
ques utiliss et le rsultats de simulations numriques, respectivement lchelle locale et
mso. Le chapitre quatre sera consacr la chimie atmosphrique. Une mthodologie identi-
que sera utilise pour chacun de ces problmes. Il faut dans un premier temps, par une appro-
che thorique, identifier les quations qui les modlisent, puis dterminer les mthodes num-
riques les mieux adaptes et enfin les valider par une comparaison lexprience sur une srie
de cas tests.
-
13
CHAPITRE 1
PRSENTATION DE LTUDE
1.1 La couche limite atmosphrique
De nombreux ouvrages traitent la couche limite atmosphrique. Nous citerons notam-
ment ceux de Stull [Stull, 1988], de Oke [Oke, 1987] et de De Moor [De Moor, 1983]. La
troposphre est scinde en deux parties : une couche limite dans sa partie basse coiffe
dune couche libre (cf. figure 1.1).
La couche libre est la partie suprieure de la troposphre dans laquelle le vent est d-
termin par de grands mouvements densemble lchelle de la plante. Il rsulte de
lquilibre entre les forces de pression et la force de Coriolis due la rotation de la Terre.
Le vent est appel dans cette zone vent gostrophique.
mesure que lon se rapproche de la surface, les forces de frottement de lair sur la
surface terrestre rentrent en jeux. Dun point de vue dynamique, la couche limite atmos-
phrique (CLA) est la zone de latmosphre au voisinage du sol dans laquelle se rpercute
directement, par viscosit , ladhrence au sol de lcoulement. Elle donne alors nais-
sance des couches cisailles. Dun point de vue thermique, cest la zone de latmosphre
au voisinage de la surface terrestre dans laquelle la variation diurne du rayonnement solaire
est directement perceptible. Cest dans cette zone que lon retrouve les thermiques si ch-
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CHAPITRE 1 PRSENTATION DE LTUDE
14
res aux passionns de vol voile, formes de grands rouleaux convectifs causs par le r-
chauffement de lair au voisinage dun sol chaud. La hauteur de la couche limite atmosph-
rique, qui varie en permanence dans le temps et dans lespace, est comprise en moyenne
entre 100 et 3000 mtres. La totalit de la troposphre est en fait influence par la surface
mais le temps de rponse de la CLA des modifications des conditions la surface est
rapide, de lordre de lheure [Stull, 1988]. Cest une autre et importante de ses caractristi-
ques. Enfin, dans la CLA, le transport des diffrentes quantits que nous rencontrons (tem-
prature, polluants...) est principalement influenc horizontalement par le vent et vertica-
lement par la turbulence.
La structure de la CLA pour les zones hautes pressions est reprsente sur la figure
1.1. Elle est variable selon lheure de la journe et se compose le jour dune couche de m-
lange (mixed layer) domine par les phnomnes turbulents favorisant les mlanges des
quantits tudies, la nuit dune couche rsiduelle moins turbulente de stratification neutre
et dune couche nocturne rendue stable par le contact dun sol froid. Elle est peu turbu-
lente. Les forces dterminant le vent dans cette zone sont les forces de pression, de frotte-
ment, de Coriolis et dArchimde.
Figure 1.1 : structure de la couche limite atmosphrique [Stull, 1988]
-
1.2 La couche limite urbaine
15
sa base est prsente une couche de surface paisse de quelques dizaines de mtres
dans laquelle les caractristiques de latmosphre varient de moins de 10%. Dans cette
rgion la force de Coriolis est ngligeable. La couche de surface est compose dune cou-
che rugueuse dont lpaisseur est de lordre de 1 3 fois la hauteur de la rugosit et dont
les caractristiques trs irrgulires sont fortement influences par les dimensions et la r-
partition des lments rugueux. Au-dessous de la couche rugueuse, se trouve la couche
laminaire qui na que quelques centimtres dpaisseur : elle se trouve en contact direct
avec la surface et est domine par les effets visqueux.
Enfin, la couche limite atmosphrique est coiffe par une zone dentranement qui at-
tire latmosphre moins turbulente prsente au-dessus de la couche de mlange, ce qui
augmente la hauteur de cette dernire. La zone dentranement est souvent caractrise par
une stabilit thermique qui bloque les ascensions dair. Cest donc une zone par laquelle
les polluants ne schappent pas.
1.2 La couche limite urbaine
La couche limite urbaine (CLU) est un cas particulier de la couche limite atmosphri-
que. L'allure de la CLU varie en permanence entre deux extrmes : par vent fort, celle clas-
sique d'une couche limite sur plaque plane et par vent faible celle d'un dme domin par
les effets thermiques (cf. figure 1.2).
Ce qui la diffrencie nettement de la couche limite atmosphrique est lexistence au-
dessus des villes dun lot de chaleur, caractris par des tempratures plus leves qu'au-
dessus de la campagne environnante. Nous pouvons tous constater ce phnomne lhiver
en observant la quantit de givre sur les pare brise de voitures. Les vhicules sortant de
lagglomration en sont gnralement dpourvus alors que ceux venant de la priphrie,
moins denses en constructions, sont couverts dune pellicule blanche. Des carts de temp-
rature (fonction du vent et du nombre d'habitants) allant jusqu' 12 [Oke, 1987] ont t
relevs.
-
CHAPITRE 1 PRSENTATION DE LTUDE
16
Figure 1.2 : structure de la couche limite urbaine [Mestayer, 1995].
Les causes d'un tel phnomne sont multiples :
activit anthropique - chauffage domestique, rejets de polluants... - qui r-
chauffe latmosphre et altre le bilan radiatif ;
diminution des vents due la prsence des constructions qui rduit lapport
dair frais ;
modification du bilan thermique de la surface en raison de la prsence des b-
timents : on observe au niveau des villes une absorption accrue des radiations
solaires provocant une diminution de lalbdo1de surface des villes [Aida,
1982]. La figure 1.3, sur laquelle on constante que le rayonnement incident est
pig lintrieur du canyon (rue borde de btiments), illustre ce phnomne.
1 proportion du rayonnement incident au rayonnement rflchi par une surface.
-
1.3 La canope urbaine
17
Figure 1.3 : rflexions multiples dans un canyon [Mestayer, 1995]
1.3 La canope urbaine
Cest la partie basse de la couche limite urbaine proximit directe du sol dans la-
quelle sont tudis les coulements entre les btiments. En raison de l'htrognit de la
topographie des villes, leurs structures sont particulirement complexes, composes de
couches de cisaillement, recirculations, sillages...
Aspect dynamique. Oke [Oke, 1998] a tudi en soufflerie lcoulement dans une rue borde de deux immeubles et a montr lexistence de trois rgimes fonction de la di-
mension des btiments et de la distance les sparant (figure 1.4 et 1.5). Si les btiments
sont bien espacs les uns des autres, lcoulement sapparente une succession de structu-
res identiques autour de btiments isols (figure 1.4a). Lorsque lcart diminue, les sillages
sont perturbs. Lcoulement en aval dun btiment est renforc par une dflexion au ni-
veau de la face amont du btiment suivant (figure 1.4b). Lorsque le rapport W/H est encore
plus faible (figure 1.4c), la rue se referme et une recirculation stablit lidentique dune
rue lautre. Lcoulement est alors dit rasant.
-
CHAPITRE 1 PRSENTATION DE LTUDE
18
(a) coulement structures isoles
(b) coulement sillages perturbs (c) coulement rasant
Figure 1.4 : structure des coulements derrire des btiments [Oke, 1988].
Le figure 1.5 situe ces 3 types rgimes en fonction de la gomtrie des rues et bti-
ments :
coulement structures isoles
coulement sillages perturbs
coulement rasant
Figure 1.5: influence de la gomtrie des rues sur les coulements [Oke, 1988].
Lcoulement autour dun btiment, malgr une gomtrie des plus basique, est dune
grande complexit (figure 1.6). Il a t notamment tudi exprimentalement par Castro et
Robins [Castro & Robins, 1977] ainsi que par Martinuzzi et Tropea [Martinuzzi & Tropea,
-
1.3 La canope urbaine
19
1993]. Quand le fluide atteint le cube, un tourbillon en forme de fer cheval sentoure au-
tour de lui proximit du sol et se prolonge en aval. Le sillage est caractris par une tur-
bulence accrue et des vitesses horizontales plus faibles que dans la zone non perturbe.
Lcoulement revient vers le cube pour scraser contre la face sous le vent. On peut noter
ou non la prsence dun recollement sur la partie suprieure de lobstacle, et ceci en fonc-
tion de sa longueur et du niveau de turbulence.
Figure 1.6 : reprsentation schmatique de lcoulement autour dun obstacle cubique [Martinuzzi & Tropea, 1993]
Aspect thermique. La prise en compte du rayonnement solaire et des changes ra-diatifs entre les btiments est de premire importance, puisque la modification du bilan
thermique de surface, en raison de la prsence des btiments, est une des causes de
lexistence dun lot de chaleur au-dessus des villes [Oke, 1987]. En effet, pour une mme
superficie au sol, la surface totale offerte au rayonnement solaire est plus grande la ville
qu la campagne. Le rayonnement solaire est rflchi plusieurs fois dans les structures de
base de la ville appeles canyons (rue borde de btiments de chaque ct). La temprature
moyenne au-dessus des villes peut alors tre comme nous lavons dj voqu de 5C
12C suprieure celle de la campagne environnante [Oke, 1987]. La convection naturelle
sy dveloppe, aussi bien lchelle du quartier qu celle plus locale. Cest ce qua illustr
Levi-Alvares [Levi-Alvares, 1991] en simulant les coulements schmatiss sur la figure
1.7 dans un canyon, dune part en rgime isotherme, et dautre part en chauffant un des
-
CHAPITRE 1 PRSENTATION DE LTUDE
20
deux btiments. La recirculation principale est alors scinde en deux en raison des phno-
mnes de convection qui naissent le long du btiment de droite.
+5
Figure 1.7 : recirculations dans un canyon avec ( droite) et sans ( gauche) diffrence de temprature entre les deux btiments
De nombreux paramtres entrent en ligne de compte pour modliser ces coulements,
tels que la dtermination de lintensit du rayonnement solaire, les rflexions du rayonne-
ment entre btiments ou la dtermination des masques et ombres portes. Ces aspects, d-
terminants pour la simulation de nos problmes, sont galement pris en compte lors de
ltude de la conception des btiments et du confort thermique dans les habitations [Boyer,
1993 ; Pignolet-Tardent, 1996].
-
21
CHAPITRE 2
DYNAMIQUE ET THERMIQUE
LCHELLE LOCALE
Nous prsentons dans cette partie la modlisation des coulements autour de btiments.
Nous verrons que les quations fondamentales de la mcanique des fluides que nous utilisons
doivent tre compltes, en raison du caractre turbulent des phnomnes, par un modle de
turbulence. Nous en tudierons trois dans la section 2.2. Suivent une prsentation et un choix
des mthodes destimation des diffrents flux solaires et dchange radiatif entre les obstacles.
Les outils numriques permettant la rsolution des quations ainsi que la validation des m-
thodes sur des cas tests et le rsultat de simulations numriques tridimensionnelles cltureront
ce chapitre.
2.1 Les quations fondamentales
Lapproche eulrienne des phnomnes est retenue et nous utilisons les quations dter-
ministes de la mcanique des fluides : quations de conservation de la masse (2.1) , de Na-
vier-Stokes (2.2) et de lnergie (2.4).
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
22
Nous faisons lhypothse dcoulement incompressible et rduisons les forces extrieures
au seul champ de pesanteur (la force de Coriolis est ngligeable car le nombre de Rossby est
infrieur 1). Les quations scrivent alors :
0 u. (2.1)
pesanteurde forcescontrainte
destenseur .)).(( guu
tu
+=+
(2.2)
o est dfini pour un fluide Newtonien par la relation suivante :
s visqueusescontraintepression)( uuI t ++= p (2.3)
radiatifflux
conductiondeflux advection
locale variation
.
).().(
=+ TT
tTC p u (2.4)
La masse volumique est ici variable, fonction de la temprature. Le systme, compos des
quations (2.1) (2.4), est complt par la loi dtat suivante :
( ))1 00 TT( = (2.5)
o 0 et T0 sont la masse volumique et la temprature de rfrence, et le coefficient de
dilatation isobare dfini pour le gaz parfait par :
0
11TT p
=
(2.6)
-
2.2 Des problmes turbulents
23
2.2 Des problmes turbulents
2.2.1 Introduction
L'tude des coulements atmosphriques est un domaine passionnant de la mcanique des
fluides de part les enjeux rencontrs (climatologie, prvisions mtorologiques, protection de
l'environnement...) mais aussi de part la nature mme des coulements faisant lobjet de nom-
breuses recherches fondamentales ou appliques. Que les chelles de travail soient continenta-
les, rgionales ou plus locales comme pour notre tude, la turbulence est toujours prsente.
Lesieur [Lesieur, 1994] la dfinit comme un systme dynamique imprvisible, dsordonn,
possdant de fortes proprits de mlange, un caractre dissipatif et faisant intervenir une trs
large gamme d'chelles spatiales2.
Deux nombres sans dimension caractrisent en gnral le rgime turbulent. Tous les deux
comparent, dun point de vue gnral, les facteurs dstabilisateurs aux facteurs
stabilisateurs [de Moor, 1983]. Lorsque le rapport de ces deux forces est suprieur une
valeur critique, le rgime dcoulement est alors turbulent. Le premier est le nombre de Re-
ynolds qui est le rapport des forces dinertie aux forces de viscosit. Si U et L sont une vitesse
et une longueur caractristiques de lcoulement et la viscosit cinmatique du fluide, il
scrit :
ULRe = (2.7)
Pour un coulement de couche limite - L reprsentant une abscisse - la transition se fait
aux environs de Re=5.105.
La turbulence peut aussi provenir de mouvements convectifs provoqus par des variations
de temprature qui induisent par le jeu des forces dArchimde des mouvements ascendants.
La viscosit soppose ces mouvements et lon peut dfinir un autre nombre sans dimension
2 chelles spatiales allant de la dimension transversale du domaine une chelle de quelques millimtres corres-pondant aux effets de dissipation visqueuse.
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
24
comme le rapport des forces convectives lies un gradient de temprature aux forces de vis-
cosit. Cest le nombre de Rayleigh qui scrit, pour lcoulement entre deux plaques horizon-
tales spares dune distance L, la plaque suprieure la temprature T0, lautre la tempra-
ture T0+T, par la relation suivante :
0
3
TTgLRa = (2.8)
Pour une valeur suprieure 50000 lcoulement est considr comme turbulent.
En ce qui concerne les coulements que nous rencontrons, il est ais de voir quils sont
fortement turbulents puisque pour une couche limite de 1000 mtres de longueur et une vi-
tesse de 15 m.s-1 le nombre de Reynolds est de lordre de 109. Le nombre de Rayleigh est plus
difficilement applicable la couche limite atmosphrique, mais si lon se place par exemple
entre deux btiments, lun lombre et lautre au soleil, distants de 20 mtres, la diffrence de
temprature minimum qui induira un coulement turbulent dun point de vue convectif est de
lordre de 8.10-5 .
2.2.2 Dcomposition de Reynolds
Dans l'absolu, le systme d'quations fondamentales que nous avons prsent dans le cha-
pitre prcdent permet de modliser la turbulence dans toutes ses chelles puisquelles sont
nettement supra-molculaires [Ha Min, 1993]. Cest lapproche de la simulation directe
(DNS), mais un maillage dans chaque direction de l'ordre Re3/4 est alors ncessaire pour traiter
les plus petites chelles de la turbulence. Nous atteignons ainsi, pour des nombres de Re-
ynolds atmosphriques, les limites de l'informatique actuelle.
Cependant, malgr le caractre alatoire de la turbulence, il est possible par une approche
statistique de modliser les coulements turbulents. Cette approche consiste l'aide d'un sys-
tme d'quations appropri filtrer les irrgularits de la turbulence pour nen retenir quune
valeur moyenne.
-
2.2 Des problmes turbulents
25
Le passage des quations dterministes aux quations statistiques repose sur la dcompo-
sition de Reynolds o tout champ ( = u, T ou p) se dcompose en un champ moyen3 et
en un champ fluctuant de moyenne nulle :
),('),(),( ttt xxx += (2.9)
La moyenne est l'origine une moyenne d'ensemble (moyenne stochastique), c'est dire
qu'elle est prise sur un ensemble d'expriences effectues dans des conditions identiques.
L'hypothse d'ergodicit [Favre, 1976] - il est quivalent de considrer une exprience rpte
une infinit de fois ou une seule exprience mene l'infini dans le temps - permet le passage
des moyennes temporelles, et par consquent un traitement statistique des quations. Les
quations ne sont alors a priori valables que pour des coulements stationnaires mais dans la
pratique elles sont largement utilises pour les cas instationnaires.
Un systme pour les champs moyens. Pour des coulements faible nombre de Mach, il est courant de considrer comme ngligeables les fluctuations de la masse volumique
[Schiestel, 1993], ce qui se traduit par la relation suivante :
= (2.10)
En remplaant dans les quations fondamentales les expressions instantanes des champs
par leur expression sous la forme de la relation (2.9), et en moyennant les quations obtenues,
on obtient le systme suivant :
0 u. (2.11)
guuuuu +=++ .)''()).((
t (2.12)
3 lopration moyenne vrifie les proprits classiques de linarit, de commutativit avec les oprations de dri-
vation de dintgration, et didempotence gfgf .. = .
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
26
).(=)''C.()).(t
(C pp TTTT ++
uu (2.13)
))(1( 00 TT = (2.14)
De part la non-linarit des quations Navier-Stokes et de l'nergie, des inconnues sup-
plmentaires apparaissent. Ces corrlations doubles (termes de Reynolds '' uu et ''TC p u )
rendent le systme ouvert : il comporte plus d'inconnues que d'quations. Diffrentes mtho-
des de fermeture ont t proposes. Nous ne dvelopperons que le concept de viscosit turbu-
lente, les autres approches figurant dans de nombreux ouvrages de mcanique des fluides et
de turbulence [Favre & al., 1976 ; Launder & al., 1984].
2.2.3 Le concept de viscosit turbulente
En considrant que linteraction entre le champ moyenn et le champ fluctuant se rduit
un terme de dissipation et en suivant une approche analogue celle dveloppe pour exprimer
le terme de contraintes visqueuses dans le cas de fluide Newtonien, les contraintes de Rey-
nolds peuvent tre modlises par la relation de Boussinesq suivante :
)(32'' uuuu ++= ttijk (2.15)
o k , lnergie cintique turbulente moyenne par unit de masse, joue le rle dune pres-
sion turbulente due aux mouvements dagitation. Elle est dfinie par :
''.21 uu=k (2.16)
La viscosit turbulente t est dfinie comme le produit de la masse volumique par le carr
dune vitesse et dun temps caractristiques de lcoulement. Les modles reposant sur ce
concept consistent donc expliciter des relations algbriques ou bien des quations pour ces
deux nouvelles variables k et t.
-
2.2 Des problmes turbulents
27
La fermeture de lquation pour la temprature (2.13) est base sur le mme principe. Le
flux turbulent de chaleur fluctuante sexprime par la relation :
TTt
t =
''u (2.17)
o t est le nombre de Prandtl turbulent.
Les quations Navier-Stokes et de lnergie se rcrivent donc comme suit. Il reste alors
valuer la viscosit turbulente et lnergie cintique turbulente.
guuuuu +++++=+ )))(.(()
32()).(( ttkpt
(2.18)
)TC=TtTC
t
tpp ++ ).(()).((
u (2.19)
2.2.4 Les modles k- et RNG
Le modle k- [Launder & Spalding, 1974] est certainement le modle le plus rpandu.
La viscosit turbulente est donne par la relation :
2kct = ( 2.20)
o , taux de dissipation visqueuse de lnergie cintique turbulente, est donn par :
':' uu t= (2.21)
Les deux quations de fermeture s'crivent (cf. Annexe A pour la dmonstration de
lquation en k) :
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
28
+++=+ GPkk
tk
k
t )).(()).(( u (2.22)
kC
kGCPC
tt
2
231 )()).(()).((
+++=+ u (2.23)
avec :
)::( uuuu += tt trP (2.24)
TGt
t = g.
(2.25)
Les constantes, dtermines empiriquement par les auteurs du modle, sont donnes dans
le tableau suivant :
C C1 C2 k t C1C3
0,09 1,44 1,92 1 1,3 1 0,7
Tableau 2.1 : constantes du modle k-
Pour tenir compte de la prdominance des forces de viscosit prs des parois, des lois
complmentaires doivent tre introduites pour dterminer la valeur des diffrentes variables
du problme au premier nud aprs une paroi (nud P). Elles sont ici simplifies puisque les
lois classiques sur la vitesse et lnergie cintique turbulente ne sont pas introduites : u et k
sont calcules jusquaux parois par les quations prcdentes et dtermin au nud P par la
loi suivante [Parneix, 1995] :
-
2.2 Des problmes turbulents
29
yk
C pp
2/34/3= (2.26)
avec :
, constante de von Karman gale 0,42
y, distance du nud P la paroi.
Ce modle est trs rpandu de part sa simplicit, sa robustesse et sa facilit de mise en
uvre. Bien que les aspects gnraux des coulements soient bien simuls, il apparat certai-
nes insuffisances dues notamment la valeur des constantes et au fait que le modle est trop
diffusif. Les modifications apportes au modle k- sont nombreuses, dont notamment les
extensions suivantes :
le modles k- deux couches [Chen & Patel, 1988] qui, proximit des parois, uti-
lise un modle une quation (pour k) et exprime laide dune longueur carac-
tristique dtermine par une formule algbrique fonction du nombre de Reynolds
local ;
le modle k- bas Reynolds [Jones & Launder, 1972] qui largit son domaine de
validit aux zones dcoulement laminaires ou de transition proximit des pa-
rois. Les constantes sont rendues dpendantes du nombre de Reynolds et des ter-
mes complmentaires sont ajouts aux deux quations pour tenir compte du carac-
tre non-isotrope du processus de dissipation.
le modle k- tendu [Chen & Kim, 1987], qui ajoute un terme lquation du
taux de dissipation pour que le transfert dnergie rponde plus efficacement la
dformation moyenne de lcoulement, rend le modle moins diffusif ;
le modle RNG, dvelopp par le groupe de renormalisation [Yakhot & Smith,
1992] et que nous avons implant dans le code. Il consiste en une estimation au
cours du calcul de la constante C1, remplace dans lquation de dissipation par
C1 donne par lexpression 2.27. Cette expression ajoute un terme fonction du
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
30
taux de dformation lquation du taux de dissipation le rendant ainsi moins
diffusif.
30
1'1 1
)1(
+
= cc (2.27)
avec :
t
Pk
= (2.28)
Les constantes du modle RNG ont pour valeur :
C C1 C2 k t C1C3 0
0,085 1,42 1,68 0,7179 0,7179 1 0,7 4,377 0,012
Tableau 2.2 : constantes du modle RNG
2.2.5 Le modle v2-f
Il a t dvelopp par Durbin [Durbin, 1991] et reprsente une volution du modle k-. Il
a t test sur divers coulements comme les coulements dcollement [Durbin, 1995] ou
limpact dun jet sur une plaque chauffe [Behnia et al., 1996], et constitue une relle amlio-
ration au niveau des profils de vitesse ou des transferts thermiques.
La viscosit turbulente cinmatique sexprime comme le produit du carr dune vitesse et
dun temps caractristiques de lcoulement. Dans le modle k-, lnergie cintique turbu-
lente reprsente le carr de la vitesse caractristique. Or, prs des parois, cette dernire est
plutt reprsente par la fluctuation de la vitesse normale aux lignes de courant v2 que par k.
-
2.2 Des problmes turbulents
31
Par consquent, le modle k- ne prend pas correctement en compte lannulation de la viscosi-
t turbulente prs des parois.
Dans le modle v2-f la viscosit turbulente dynamique est exprime par la relation :
TvCt2
= (2.29)
De cette faon, le modle tient compte de lanisotropie de la turbulence prs des parois. T
est le temps caractristique de la turbulence dfini par la relation suivante :
= 21T )
(C ,kmaxT (2.30)
Aux quations lgrement modifies de k et est alors rajoute une quation de transport
pour v2. Le systme se rsume aux quations suivantes :
++= kP
dtdk
k
t )(. (2.31)
++=
)(.2'1 t
TCPC
dtd (2.32)
++= 2
k
t22
v)(.
kvkf
dtdv (2.33)
o P est le terme de production dnergie cintique turbulente moyenne.
La variable f, qui reprsente la redistribution de lintensit turbulente - kf tant le terme de
production de f -, est value par lquation elliptique suivante :
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
32
kPC
TkvCfLf ff 2
2
122 32)1( += (2.34)
o L est la longueur caractristique donne par :
= 1/4
3
3/2
L )(C ,
kmaxCL (2.35)
Les constantes sont les suivantes :
C C1 *1C C2 Cf1 Cf2 CT CL C k
0,19 1,55 0,04 1,9 1,4 0,3 6 0,3 70 1 1,3
Tableau 2.3 : constantes du modle v2-f
et
+= 2
*11
'1 1 v
kCCC
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
La principale source de convection dans les villes est le rchauffement du sol par le
rayonnement solaire. Les transferts thermiques dans latmosphre et dans les btiments par
conduction et convection sont traits, comme nous le verrons section 2.4.1, lors de la rsolu-
tion de lquation de lnergie grce l'utilisation dun maillage dconnect de la gomtrie
tudie. Il reste dterminer les transferts par rayonnement qui se dcomposent en un flux
solaire de courte longueur donde et un flux dchange de grande longueur donde entre les
surfaces des btiments et des rues (figure 2.1). Ce seront des termes sources de lquation de
lnergie.
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
33
FGHA
Fda
FD
FIA
FdeFS
FS
FIE
FIA : flux incident atmosphriqueFIE : flux incident reu de
lenvironnementFS : flux sortant
FGHA: flux solaire hors atmosphreFD : flux solaire directFda : flux solaire diffus par
latmosphreFde : flux solaire diffus par
lenvironnement
Flux de courte longueur donde
Flux de grande longueur donde
Figure 2.1 : les diffrents flux radiatifs
Les chapitres suivants reprennent et dveloppent les rsultats dune publication parue en
1999 [Glockner et al., 1999].
2.3.1 Flux Solaire de Courte Longueur dOnde
Le flux solaire global de courte longueur donde (FSCLO) reu par une surface place ho-
rizontalement sur le sol est frquemment mesur par les stations mtorologiques, en gnral
toutes les heures. Mais cette information nest pas suffisante puisque nous sommes en pr-
sence de btiments, possdant des surfaces verticales, ou bien de rues pousant le relief et
donc possdant une inclinaison par rapport lhorizontale. Notre objectif est alors de dter-
miner le flux solaire global reu par une surface autre quhorizontale.
Limage dun disque solaire au contour net reprsente la portion du rayonnement solaire
qui atteint directement un observateur [Pielke, 1984] : cest le flux solaire direct. loppos,
par temps couvert, le soleil nest pas visible et tout le flux solaire est diffus par latmosphre.
Ce rayonnement est ensuite absorb par la surface terrestre, compose du sol et des construc-
tions, mais une partie est galement rflchie par le sol et les btiments vers latmosphre, ou
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
34
aussi vers les btiments. Nous dcomposons donc le flux solaire global en la somme dun flux
solaire direct FD et dun flux solaire diffus par latmosphre Fda et par lenvironnement Fde
(flux anisotrope) :
FSCLO = FD + Fda + Fde (2.36)
Les sections suivantes prsentent un bilan non exhaustif des mthodes existantes, le choix
que nous avons fait, ainsi que leurs adaptations aux espaces urbains.
Flux solaire direct FDH sur un plan horizontal. Lebru [Lebru, 1983] a test huit modles destimation de flux solaire direct sur des mesures effectues Trappes (Yvelines) et
Carpentras (Vaucluse). Ils sont bass sur une corrlation empirique donnant le flux direct so-
laire en fonction du coefficient de transmission de latmosphre Kt. Ce dernier est le rapport
du flux global hors atmosphre normal aux rayons solaires (FGHA=1370 W.m-2 en moyenne)
au flux global mesur au sol sur un plan horizontal FGH.
Pour tenir compte de la variation de la distance Terre-Soleil, le flux hors atmosphre
sexprime de faon plus prcise par la formule suivante dans laquelle Z est langle solaire
znithal (cf. q. 2.42), m le numro du mois et j le numro du jour dans le mois :
FGHA=1370 ( 1 + 0,034 cos ( 30 ( m 1 ) + j ) cosZ (2.37)
La seule donne dentre est donc le flux solaire sur un plan horizontal mesur par les sta-
tions mtorologiques laide dun pyranomtre. Lebru a retenu comme modles les plus
performants celui de Erbs et al. [Erbs et al., 1981] ainsi que celui de Orgill et Hollands [Orgill
et Hollands, 1976], formules polynomiales en Kt. Ce dernier est dcrit par les quations sui-
vantes :
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
35
=>
=
=
177,0 0,8
84,1557,1 ]75,0 ; 35,0[
249,01 ]35,0 ; 0[
GH
DHt
tGH
DHt
tGH
DHt
FFKsi
KFFKsi
KFFKsi
(2.38)
Plus rcemment, Perez [Perez, 1990a] compare sur une plus grande base de donnes ba-
layant tout type de climat - dsertique, continental, mditerranen, en atmosphres urbaines
pollues... - trois modles : les modles de Erbs et al., de Skartveit et Olseth [Skartveit et Ol-
seth, 1987] et celui de Maxwell [Maxwell, 1987]. Pour les deux derniers, lintroduction dun
paramtre physique (la distance znithale) amliore les rsultats. Des trois modles, celui de
Maxwell, bien quil soit dans certaines conditions dpass par celui de Skartveit et Olseth, est
dans lensemble le plus performant. Ce modle repose comme les autres sur des corrlations
empiriques mais galement sur une description physique du ciel.
Enfin, Perez [Perez, 1992] a modifi le modle de Maxwell en introduisant un facteur dy-
namique par la prise en compte des changements de condition densoleillement (et ventuel-
lement de la temprature du point de rose). Le modle, qui a gagn en complexit, est aussi
plus proche des mesures effectues l aussi pour tout type de climat. Cest celui que nous
avons retenu.
Passage un plan dinclinaison quelconque. Le passage du plan horizontal un plan dorientation quelconque ncessite la dtermination de la position du soleil par rapport
la surface. Pour une surface dont la normale fait un angle i avec la direction des rayons solai-
res (figure 2.3), le flux direct incident reu est :
iFF DHD cos= (2.39)
Cet angle peut sexprimer l'aide de relations de trigonomtrie sphrique en fonction de
la position gographique (latitude et longitude), de la position du soleil dans le ciel (azimut,
angle znithal et angle horaire) et de la position de la surface [Oke, 1987]. Ces formules font
appel aux angles et temps suivants (cf. figure 2.2) :
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
36
, la latitude du lieu ;
, la dclinaison solaire : angle entre la direction des rayons solaires et le plan
quatorial. Elle sexprime en fonction de la date julienne tj (numro du jour com-
pris entre 1 et 365) par la relation :
+=
365)10(360
cos4,23 jt
(2.40)
Z, langle solaire znithal : angle entre le znith et la direction des rayons solaires ;
t, lheure locale apparente : elle correspond lheure locale ramene au mridien
de Greenwich en ajoutant (ou soustrayant) 4 minutes par degr de longitude est
(ouest) laquelle on ajoute une correction algbrique en raison des variations du
taux de rotation de la Terre au cours de lanne ;
h, langle horaire : angle dont doit tourner la terre pour que le lieu en question soit
directement sous les rayons solaires de telle sorte que Z soit gal zro. Il est
donn par la relation suivante (la Terre effectue une rotation de 15 en une heure) :
)12(15 th = (2.41)
, lazimut solaire : angle entre la projection des rayons solaires sur le plan qua-
torial et la direction du nord gographique.
coshcoscossinsincos +=Z (2.42)
12ht si Z
-2
12ht si Z
>=
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
37
Z
Plan quatorial
h
N
Znith
Figure 2.2 : angles dans un repre quatorial
Une fois langle znithal exprim, langle dincidence i est donn par la relation suivante
dans laquelle est linclinaison de la surface par rapport au plan horizontal et son azimut
(cf. figure 2.3) :
)cos(coscossinsincos += ZZi (2.44)
Plan horizontal
Znith
N
i
Z
n
n
Figure 2.3 : angles relatifs une surface incline
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
38
Flux solaire diffus par latmosphre Fda. En traversant latmosphre, le flux so-
laire est rflchi par les particules solides, liquides ou gazeuses quil rencontre. Une partie est
rflchie hors atmosphre, lautre atteint la surface terrestre : cest le flux diffus par
latmosphre.
Les mthodes frquemment rencontres se scindent en deux catgories : isotropes et ani-
sotropes. Nous cartons les mthodes isotropes mieux adaptes une valuation journalire
quhoraire de ce flux. Sachant que sa dtermination est de premire importance dans
lestimation du flux solaire total, nous avons retenu la mthode la plus prcise actuellement
bien que plus coteuse en temps de calcul. Il sagit de la mthode de Perez [Perez, 1987], re-
commande par lIEA (International Energy Agency). Pour tenir compte des deux effets prin-
cipaux d'anisotropie dans latmosphre (diffusion par les arosols, diffusion de Rayleigh et
rtrodiffusion prs de lhorizon), la vote cleste caractre isotrope sont superposs les
effets de la zone circumsolaire, de lhorizon et du znith. Cette mthode a t valide et com-
pare dautres modles pour tout type de climat [Perez, 1990b] et a donn des rsultats trs
satisfaisants.
Flux solaire diffus par lenvironnement Fde. Le flux diffus par lenvironne-
ment provient de la rflexion du rayonnement solaire global (direct+diffus par latmosphre)
sur les surfaces constitutives de la ville (sols, toits, murs). Nous avons vu en introduction quil
tait une des causes de la formation de l'lot de chaleur au-dessus des villes. En nous limitant
une seule rflexion isotrope (hypothse vraisemblable pour des surfaces rugueuses pour les-
quelles le coefficient de rflexion est faible), le flux solaire diffus par lenvironnement reu
par une surface Si scrit :
+=ij
jjSS
jjiDdade fFFF )1()( (2.45)
o j est lmissivit de surface.
Adaptation aux espaces urbains. Les mthodes prcdemment exposes ont t mises au point pour des surfaces dgages de tout obstacle et ncessitent donc une adaptation
au cas de surfaces issues dune rue, dun toit ou dun btiment. La premire modification r-
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
39
side en fait dans la dtermination dun facteur multiplicatif du flux direct que nous appelons
facteur dombre fo. Si la surface est lombre il prend la valeur 1, sinon la valeur 0.
Nous le dterminons pour une surface Si donne en fonction de la position du soleil dans
le ciel (repr par son azimut et sa hauteur znithale) et de la position des btiments autour de
Si. Pour cela, nous centrons un repre horizontal sur Si dont le troisime axe est confondu avec
la verticale. Nous construisons ensuite des pyramides dont la base est forme des diffrentes
facettes des btiments. Puis, une comparaison des azimuts et des hauteurs des extrmits des
pyramides avec ceux du soleil permet de savoir si la direction du soleil est dans cette pyra-
mide directionnelle. Si tel est le cas, la surface est lombre. Sur la figure suivante, lazimut
de la position (1) et (3) du soleil est compris entre ceux de la pyramide. Dans le cas (1), le
soleil est au-dessus du btiment et claire donc la surface, contrairement au cas (3). Dans le
cas deux, aucun obstacle nentrave les rayons lumineux.
(1)
(2)
(3)
Figure 2.4 : pyramide directionnelle pour le calcul des ombres
Cette mthode a t programme pour un nombre quelconque de btiments. La figure 2.5
reprsente les ombres projetes par des btiments de la place Gambetta Bordeaux diff-
rents moments de la journe.
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
40
La seconde adaptation concerne la mthode de Perez. En effet selon lendroit o lon se
trouve dans la ville, lhorizon ne sera pas visible (par exemple depuis une rue borde de bti-
ments), la zone circumsolaire non plus et le ciel ne le sera que partiellement. Il faut donc faire
intervenir le facteur dombre mais aussi le facteur de forme entre le ciel et Si dont la dtermi-
nation est explicite dans le chapitre suivant.
Figure 2.5 : ombres projetes par les btiments de la place Gambetta Bordeaux diffren-
tes heures de la journe : (a) lever du soleil (f) coucher du soleil
(a) (b)
(c) (d)
(e) (f)
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
41
2.3.2 Flux de Grande Longueur dOnde
Pour une surface Si, le bilan radiatif de grande longueur donde (FGLO) se dcompose en
la somme dun flux sortant et de deux flux entrants, lun provenant de latmosphre et lautre
des surfaces environnantes non masques. Si nous assimilons les surfaces rencontres Si des
corps gris dmissivit i, il scrit :
+=
FIE
ijjjij
FIA
cielcielicieli
FS
ii TfTfTFGLO444 (2.46)
o
FIA est le flux incident atmosphrique.
FS est le flux sortant
FIE est le flux incident reu de lenvironnement constitu des surfaces Sj apparte-
nant aux autres constructions.
Le coefficient de rflexion des surfaces tant faible, nous ne considrons pas les r-
flexions de ces flux entre les btiments et vitons ainsi davoir traiter des problmes de ra-
diosit. Le bilan 2.46 ncessite la dtermination de certaines quantits obtenues par les m-
thodes prsentes ci-aprs.
Dtermination du Flux Incident Atmosphrique FIA. Jimnez [Jimnez, 1987] a rappel limportance de ce flux sans lequel la temprature de la surface de la Terre
serait infrieure de 30 40 C sa temprature actuelle. Devant la difficult de dterminer
une missivit et une temprature du ciel, dautres paramtres permettent de modliser ce
flux. On trouve gnralement la temprature sous abri, la pression de vapeur saturante et la
temprature du point de rose. Il a compar diffrents modles empiriques et analytiques
une srie de mesures effectues Barcelone par temps clair et pour une grande gamme de
temprature et dhumidit. Les rsultats des diffrents modles sont proches des mesures et
comparables entre eux pour des tempratures suprieures 0C. Ils sont par contre inadapts
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
42
aux tempratures ngatives. La multiplication des paramtres cits ci-dessus ne semble pas,
pour le cas de Barcelone, produire damlioration particulire. Nous avons retenu le modle
de Idso et Jackson [Idso et Jackson, 1969] dans lequel le flux incident atmosphrique FIA0 par
temps clair sexprime en fonction de la temprature de surface mesure sous abri par la rela-
tion :
FIA0 T cead Ta= 4 2731
2( )( ) (2.47)
avec c=7,77 10-4 K -2 et d=0,261.
Par temps couvert, le calcul du flux incident atmosphrique se fait par la prise en compte
des diffrentes couches de nuages. Le modle de Boltz [Monteith, 1973] s'crit suivant la rela-
tion suivante :
+= )A)Ak((FIAf iiociel-iciel 1FIA (2.48)
o A est la couverture nuageuse totale, Ai la couverture de la i me couche et ki une cons-
tante empirique fonction de la nature de la couche.
Lmissivit du ciel peut tre exprime en fonction de la pression partielle de vapeur
deau e0, du coefficient de transmission de latmosphre Kt ainsi que de la temprature de lair
Ta par la relation [Aubinet, 1994] :
40 )341,013ln6,1294( atciel TKe ++= (2.49)
Dtermination des facteurs de formes. La difficult principale dans l'valuation de lquation (2.46) rside dans la dtermination des facteurs de forme fij. Cest un nombre
sans dimension qui reprsente la fraction dnergie qui quitte une surface Si et atteint une au-
tre surface Sj. Cest un facteur purement gomtrique qui dpend de la distance sparant les
surfaces et de leur orientation relative (figure 2.6). Il est calcul par la formule suivante :
=i j
ji S S jiji
iSS dSdSr
S
f 2coscos1 (2.50)
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
43
Si
dSi
Sj
dSj
rin
jn
j
i
Figure 2.6 : facteur de forme en deux surfaces Si et Sj.
Groleau et Marenne [Groleau & Marenne, 1992] ont dvelopp une mthode simple, pr-
cise et efficace en terme de temps de calcul. Cest une mthode gomtrique qui donne des
rsultats exacts ( lerreur machine prs) pour le calcul du facteur de forme entre une surface
lmentaire dSi et une surface Sj polygonale. Elle est base sur lanalogie de Nusselt qui mon-
tre lquivalence entre le facteur de forme et une surface issue dune double projection de Sj
(figure 2.7).
Figure 2.7 : projections dans lanalogie de Nusselt
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
44
Considrons la formule du calcul du facteur de forme entre une surface lmentaire dSi et
une surface finie Sj :
=j
ji S j2ji
SdS dSrcoscos
1f (2.51)
Dans lexpression prcdente, j2j dS
rcos
est la surface lmentaire dSj, projection de dSj
sur une sphre de rayon unit centre en dSi. Lquation (2.51) se rcrit donc de la faon
suivante :
= 'j
ji S
'jiSdS dS
f cos1 (2.52)
dans laquelle 'cos jidS est la surface lmentaire dSj, projection orthogonale de dSj sur
le plan de base de la sphre. Lquation (2.52) se rcrit donc :
''jS
''jSdS S
dS
f''j
ji
11 == (2.53)
o Sj est donc la double projection de Sj.
Calculer cette surface quivaut donc dterminer le facteur de forme. Pour cela, on note
tout dabord que la projection sur la sphre dun segment de droite est un arc dun grand cer-
cle de la sphre, qui, luimme projet sur le plan de base, devient un arc elliptique. La sur-
face Sj se compose donc darcs elliptiques dont il suffit dintgrer les fonctions. Le dtail du
calcul de cette aire est report Annexe B. Cest cette mthode que nous avons programme.
Pour le calcul de facteur de forme entre 2 surfaces Si et Sj positionnes de faon quel-
conque lune par rapport lautre, une discrtisation de Si simpose et amne calculer par la
mthode prcdente autant de facteurs de formes quil y a dlments discrtiss Si. Le fac-
teur de forme final est donn par la relation suivante o N est le nombre dlments discrti-
ss :
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
45
=
=Ni
iSSi
SS SfSf
jiji,1
1 (2.54)
Notons que cette mthode possde lavantage de ne procder qu une simple discrtisa-
tion contrairement des mthodes beaucoup plus rpandues (hmi-cube, mthode de Spencer,
intgration numrique...), ce qui se traduit par un gain au niveau du temps de calcul et de la
prcision.
Nous avons pu vrifier le bon comportement de cette mthode sur des cas pour lesquels la
solution analytique est disponible [Siegel & Howell, 1984 ; Kreith, 1962] avec des prcisions
relatives de lordre de lerreur machine pour le calcul des facteurs de forme entre surfaces
lmentaires et surfaces finies.
La figure 2.9 reprsente lerreur relative en fonction de la racine carre du nombre de
points de calcul, pour lvaluation du facteur de forme entre deux carrs de ct unit, ayant
une arte commune, et inclins l'un par rapport l'autre d'un angle de 45(cf. figure 2.8a). On
peut noter que trs vite une bonne prcision est atteinte. La seconde partie de la figure repr-
sente, pour un maillage de 162, la prcision relative en fonction de la distance qui spare deux
carrs parallles de ct unit (cf. figure 2.8b). On remarque, qu maillage gal, plus la dis-
tance entre les surfaces est grande, meilleure est la prcision de la mthode. Ce dernier point
est intressant et permet de limiter le temps de calcul des facteurs de forme.
45
(a)
(b)
Figure 2.8 : position relative des deux carrs pour le calcul des facteurs de forme
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
46
00.002
0.0040.0060.008
0.01
0.0120.014
0 50 100 150Nombre de points dans chaque direction
Erre
ur re
lativ
e
(a)
0
0.001
0.002
0.003
0.004
0 5 10 15Distance sparant les deux carrs (m)
Erre
ur re
lativ
e
(b)
Figure 2.9 : prcision relative du calcul du facteur de forme entre deux carrs en fonction du nombre de points de discrtisation dans chaque direction (a) et de la distance entre les deux
carrs (b).
Les deux figures suivantes montrent les courbes du facteur de forme lorsque lon fait va-
rier la distance entre les deux plans de 0 1 pour diffrentes discrtisations et lorsque lon fait
varier langle entre 0 et 180. On remarque le bon comportement gnral du code mais ga-
lement dans les cas limites o les deux plans sont confondus o lorsque langle est de 0 ou de
180. Le facteur de forme vaut alors 1 ou 0.
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0Distance sparant les deux carrs (m)
Fact
eur d
e fo
rme
NP=1 NP=2 NP=4 NP=8 NP=16 Th.
Figure 2.10 : facteur de forme en fonction de la distance entre deux carrs parallles de cot
unit et pour diffrents nombres de points de discrtisation dans chaque direction
-
2.3 Prise en compte du rayonnement solaire
47
00.10.20.30.40.50.60.70.80.9
1
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180Angle entre les deux carrs ()
Fact
eur d
e fo
rme
NP=1 NP=2 NP=4 NP=8 NP=16 Th.
Figure 2.11 : facteur de forme en fonction de langle entre deux carrs de cot unit ayant un
ct commun et pour diffrents nombres de points de discrtisation dans chaque direction
Enfin, nous avons test une troisime configuration (cf. figure 2.12) savoir deux rectan-
gles possdant un ct en commun et inclins lun par rapport lautre de 90. Nous faisons
varier la longueur transversale du rectangle et visualisons sur la figure 2.13 les valeurs prises
par le facteur de forme. On constate que le comportement aux limites est nouveau cohrent,
aussi bien lorsque d vaut 0 que lorsquil est grand, le facteur de forme dans ce dernier cas ten-
dant vers une valeur asymptotique.
90
1
d
1
Figure 2.12 : position relative des deux rectangles pour le calcul des facteurs de forme
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
48
0.000.050.100.150.200.250.300.35
0 5 10 15 20Longueur d'un ct du rectangle (m)
Fact
eur d
e fo
rme
NP=1 NP=2 NP=4 NP=8 NP=16 Th.
Figure 2.13 : facteur de forme entre deux rectangles ayant un ct commun, spars dun
angle de 90 en fonction de la longueur dun ct du rectangle et pour diffrents nombres de points de discrtisation dans chaque direction
Le caractre polygonal des surfaces est ici un impratif puisque la mthode repose sur la
projection de segments de droite. Pour des surfaces courbes, une discrtisation en polygones
de ces dernires est ncessaire. Nanmoins, il est noter que pour les structures urbaines que
nous rencontrons, cette restriction est en gnral sans effet.
Dans le cas dun maillage cartsien il nest pas possible de travailler directement partir
des volumes de contrle puisque les obstacles peuvent se trouver de biais par rapport au mail-
lage. Donc, avant dvaluer le facteur de forme entre deux lments du maillage, il faut proje-
ter le volume de contrle sur la surface relle savoir le mur, le toit ou la rue. Cest partir de
cette surface projete que sera applique la mthode dcrite ci-dessus.
Dtermination des masques. Si lon isole deux surfaces solides dans un quartier, elles peuvent tre visibles ou invisibles l'une de l'autre, en raison de la prsence de btiments
les masquant. Donc, pralablement au calcul des facteurs de forme et afin de limiter le nom-
bre de calculs de ces derniers, une estimation des masques doit tre effectue.
Partant des volumes de contrle issus de la discrtisation du domaine, nous les projetons
sur les surfaces physiques (mur, rue ou toit). Deux surfaces sont alors masques si le segment
joignant les deux centres des surfaces est intercept par un btiment. Ceci implique que deux
surfaces seront entirement ou non visibles lune de lautre. Il serait bien entendu possible de
-
2.4 Les mthodes numriques de rsolution
49
calculer les masques pour chacun des lments discrtiss des surfaces mais cela alourdirait
les calculs. Dun point de vue pratique, le calcul des masques se fait avant lestimation des
facteurs de forme, qui sont alors calculs seulement entre surfaces visibles.
Nous illustrons le calcul des masques par la figure 2.14 qui reprsentent les parties des
btiments et des rues visibles depuis une surface dvaluation S, sous deux points de vue dif-
frents.
Figure 2.14 : valuation des surfaces visibles depuis une surface S (deux points de vue diff-rents de la mme scne)
2.4 Les mthodes numriques de rsolution
Les quations de la mcanique des fluides et de la turbulence nont pas de solutions
analytiques connues. Les mthodes numriques que nous utilisons visent dterminer les
valeurs approches des diffrentes variables du problme sur un nombre fini de points du
domaine dtude (spatial et temporel).
La mthodologie numrique utilise est celle dveloppe pour le code de calcul
AQUILON du laboratoire MASTER ; cest un code traitant de nombreux problmes de m-
canique des fluides et de thermique - coulements compressibles ou incompressibles, mono-
phasiques ou diphasiques, turbulents ou laminaires, bi ou tridimensionnels - pour lequel le
choix des mthodes numriques sest fait sur des critres de stabilit et de solidit. Il repose
sur quelques concepts originaux que nous dcrivons ci-dessous.
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
50
2.4.1 Un maillage dconnect de la gomtrie
Une particularit du code AQUILON est lutilisation dun maillage dconnect de la
gomtrie tudie (figure 2.15) qui permet le traitement dans sa globalit dun milieu htro-
gne fluide/solide. En attribuant chaque maille un coefficient de permabilit K qui tend
pour des cas limites vers linfini pour la phase fluide et vers 0 pour la phase solide, il est pos-
sible de traiter le problme de faon globale par lajout dun terme de Darcy uK aux qua-
tions de Navier-Stokes. On obtient alors les quations de Brinkman gnralises (quation
2.55). Lorsque le milieu est fluide (K), ce terme devient ngligeable et lorsque le milieu
est solide (K=0), ce terme est prpondrant et impose par le passage dans le solveur une vi-
tesse nulle.
uguuuuuK
ttkpt ++++++=+
)))(.(()
32()).(( (2.55)
Ce principe est tendu aux autres quations, notamment lquation de lnergie pour la-
quelle la conductivit thermique prend des valeurs diffrentes selon la phase o le calcul est
effectu. Il est ainsi possible de s'affranchir de la dtermination d'un bilan de surface afin de
dterminer la temprature de surface des btiments et des rues. La conduction dans les murs et
dans les sols est simule, en imposant par exemple une temprature un mtre sous le sol
(temprature constante, indpendante des fluctuations du rayonnement solaire [Cauteret,
1987] et une temprature l'intrieur des btiments (typiquement 20C). Le problme est
alors trait dans sa globalit.
-
2.4 Les mthodes numriques de rsolution
51
Figure 2.15 : le concept de maillage unique
2.4.2 Discrtisation des quations
Schmas en temps. Les quations sont discrtises implicitement en temps par le schma dEuler dordre 1 pour les coulements stationnaires et par le schma de Gear dordre
2 pour les coulements instationnaires. La discrtisation est crite de faon gnrale par
lutilisation des coefficients g1, g2 et g3 :
tggg
t
nnnn
++=
+
+ 132
11
1 (2.56)
g1=1 et g2=-1 : schma dEuler
g1=3/2, g2=-2, g3=1/2 : schma de Gear
Linarisation et dcouplage des quations. La linarisation des quations de Navier-Stokes se fait en crivant les termes non linaires deux temps diffrents. Les qua-
tions de Navier-Stokes sont dcouples de celles de la thermique et de la turbulence de la
mme faon. En se limitant aux quations de Navier-Stokes et de lnergie, le systme discr-
tis scrit alors :
-
CHAPITRE 2 DYNAMIQUE ET THERMIQUE LCHELLE LOCALE
52
111
111
)(.((
)32()).((
+++
+++
+++
+++
nntnnt
nnnnnnn
n
K-))
kp-=t
uuu
guuuun
(2.57)
)).((=)).(( 1111
++++
++ n
t
nt
pnn
nn
pn TCT
tTTC
u (2.58)
Couplage vitesse/pression. La mthode du lagrangien augment [Fortin & Glo-winski, 1982] permet de dcoupler les champs de vitesse et de pression. Cest une mthode
itrative qui consiste, partir dun champ de pression initial, rsoudre les quations de Na-
vier-Stokes modifies par lintroduction de la contrainte de divergence nulle, puis calculer
un nouveau champ de pression laide dune quation de continuit modifie. Elle permet de
saffranchir des conditions aux limites sur la pression. Entre deux itrations en temps, on
opre L itrations du lagrangien augment prsentes ci-dessous :
=
+
+++
+++
+++
++
++
+++++
LlnLlnLln
LlnLln
LlnLlnnt
nnnLlnLlnLlnLlLl
n
dppp
dr
kpt
//)1(/
//
/t/
/)1(//)1(/)1(/
.
K- .
)))(.((
)32(-=)).((
u
uu
uu
guuuunn
(2.59)
Les paramtres dp et dr sont en gnralement gaux et leurs valeurs sont relativement
constantes dun cas lautre.
Discrtisation. Les quations sont ensuite discrtises sur un maillage cartsien par la technique des volumes finis [Patankar, 1980]. Cette mthode consiste intgrer les quations
sur un volume de contrle centr en chacune des mailles. Il est alors ncessaire de connatre la
-
2.4 Les mthodes numriques de rsolution
53
valeur des variables linterface des volumes de contrle. Afin de limiter les interpolations,
un maillage dcal en vitesse-pression (cf. figure 2.16) est utilis : les composantes de la vi-
tesse ne sont pas calcules sur la grille principale mais sur deux grilles dcales dans le sens
de la composante de la vitesse considre (horizontalement pour la composante horizontale et
ainsi de suite).
Figure 2.