plan d’intervention de la forêt privée du ravage...
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Plan d’intervention de la forêt privée
du ravage Duchénier
Faune-Experts inc.
mars 1998
Faune-Experts inc. 186 St-Jean-Baptiste Le Bic, Québec G0L 1B0 téléphone et fax: (418) 736-5859 internet: [email protected] Référence à citer Guitard, A. et M. Fleury. 1998. Plan d’intervention de la forêt privée du ravage Duchénier.
Par Faune-Experts inc. pour le ministère des Ressources Naturelles, Bic. 94 p.
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Intervenants
Recherche et rédaction Alain Guitard, biol. Faune-Experts inc.
Marc Fleury, biol. Faune-Experts inc.
Équipe-terrain Alain Guitard, biol. Faune-Experts inc.
Marc Fleury, biol. Faune-Experts inc.
Julie Bernier, biol. Faune-Experts inc.
Martin Guay, tech.
Alain Danais, biol. Société d’exploitation des ressources de la Vallée.
Consultation et contribution personnelle Claude Larocque*, biol. MEF
Daniel Bélanger, ing. for., Société d’exploitation des ressources de la Neigette.
Bernard Ouellet, tech. for., Société d’exploitation des ressources de la Neigette.
Claude Hélie, tech. for., MRN
Tous les propriétaires de la partie privée du ravage
Financement
Ministère des Ressources Naturelles (Volet II)
Faune-Experts inc.
* Claude Larocque a contribué grandement au projet par le traitement informatique des caractéristiques forestières sur le territoire.
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Avant-propos
Ce plan d’intervention a été réalisé dans le cadre d’une subvention accordée par le
ministère des Ressources Naturelles, par le programme de mise en valeur des ressources du
milieu forestier (Volet 2).
Ce plan ne devrait pas être interprété comme un document définitif; il sera sujet à
des modifications à mesure que nos connaissance du territoire augmenteront, et que de
nouvelles études sur les méthodes d’aménagement de ravages viendront s’ajouter à
l’expertise acquise par les différents intervenants.
v
Résumé
Ce plan d’intervention présente les principales balises pour l’aménagement du cerf
de Virginie dans la forêt privée du ravage Duchénier. La forêt privée du ravage Duchénier
couvre une superficie de 940 ha, dont 96 % est composée de peuplements productifs. Le
territoire comprend 16 lots et est géré par 16 propriétaires. L’ensemble des lots ont été
fortement fréquentés par le cerf à l’hiver 1997; la partie à l’ouest du Petit Lac Macpès
comprenait les plus grands réseaux de pistes. Les densités étaient estimées à environ 25 à
35 cerfs par km2 pour l’ensemble des boisés privés.
Le territoire est dominé à 69 % par les peuplements de résineux purs et les
peuplements d’essences mélangées à tendance résineuse. Ce sont les peuplements dominés
par le Sapin baumier et l’Épinette blanche qui sont les plus abondants sur le territoire, avec
48 % de la superficie de forêt productive. Les feuillus intolérants, principalement le
Peuplier faux-tremble, prédominent 19 % des peuplements forestiers. Les peuplements sont
représentés à 84 % par les classes d’âge 50 et 70 ans, et à 86 % par les classes de densité B
et C.
Les peuplements de potentiels d’abri (44 %) et de nourriture-abri (36 %) sont bien
représentés sur le territoire. Les peuplements d’abri dépassent l’objectif visé de 38 % pour
la région écologique 5A, et sont nettement plus abondants à l’ouest du Petit Lac Macpès.
Les peuplements ayant un potentiel réel pour la nourriture du cerf sont peu représentés,
puisque malgré la superficie couverte de 16 %, 43 % des peuplements de nourriture sont
peu productifs puisque les feuillus sont faiblement implantés. À l’ouest du Petit lac
Macpès, les peuplements de nourriture à bon potentiel sont presqu’inexistants.
Le noisetier à long bec (25 %), le thuya occidental (19 %), et l’érable à épis (15 %)
sont les principales essences responsables de la production de ramilles. La production de
ramilles disponibles au brout du cerf est insuffisante dans les peuplements de potentiel
vi
d’abri et de nourriture-abri (33 571 à 52 381 ramilles/ ha), bien que le nombre de tiges (12
623 tiges/ha) au-dessus de la moyenne générale pour d’autres ravages démontre un certain
potentiel. Le cerf surexploite la nourriture mise à sa disponibilité. Dans les peuplements
d’abri, 55 % des tiges sont broutées, 37 % des tiges sont mutilées par le broutement intense,
et 10 % des tiges ont été tuées par des cerfs. Près de 48 % des ramilles présentes dans les
peuplements d’abri ont été broutées. Pour l’ensemble du territoire, 38 % des ramilles sont
broutées, 29 % des tiges sont mutilées et 6 % des tiges sont tuées.
Les interventions doivent donc assurer l’augmentation de la capacité de nourriture
du territoire pour le cerf tout en conservant le potentiel d’abri à un niveau élevé. Les
interventions retenues sont: (1) le rabattage de feuillus non-commerciaux; (2) le
nourrissage avec de la moulée et l’abattage hivernal de cèdres comme stratégie d’urgence;
(3) des interventions forestières: coupe sélective dans les peuplements de résineux et
mélangés à tendance résineuse, éclaircie commerciale, coupe de succession pour le
résineux, CPRS par trouées, dégagement mécanique de résineux et éclaircie
précommerciale, coupe de jardinage dans les cédrières.
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Table des Matières
Page Intervenants............................................................................................................iii Avant-propos..........................................................................................................iv Résumé.... ................................................................................................................ v Table des Matières ..............................................................................................vii Liste des Figures....................................................................................................ix Liste des Tableaux................................................................................................x Liste des Annexes................................................................................................. xi 1.0 Introduction.....................................................................................................1 2.0 Localisation et affectation du territoire............................................. 2 3.0 Les propriétaires de la forêt privée du ravage Duchénier............. 5 4.0 Écologie du Cerf de Virginie............................................................... 7 4.1 Caractéristiques des populations............................................................ 7 4.2 Ravages de cerfs..................................................................................... 7 4.2.1 L’abri............................................................................................... 8 4.2.2 La nourriture................................................................................... 9 5.0 Potentiel du territoire pour le Cerf de Virginie............................... 10 5.1 Plan de sondage..................................................................................... 10 5.2 Inventaire du brout et de la régénération............................................... 11 5.3 Potentiel des peuplements pour le Cerf de Virginie............................... 11 5.4 Utilisation des ramilles par le cerf......................................................... 15 5.5 Fréquentation du cerf sur le territoire.................................................... 19
6.0 Caractéristiques du couvert forestier................................................. 21 6.1 Composition forestière............................................................................21 6.2 Âge et densité des peuplements............................................................... 25 6.3 Régénération des peuplements.............................................................. 31 6.4 Superficie théorique d’aménagement..................................................... 34
viii
Table des matières (suite)
page 7.0 Problématique générale........................................................................ 35 7.1 Résumé des constatations pour la forêt privée du ravage Duchénier............................................................................. 35 7.2 Contexte forestier actuel....................................................................... 36 8.0 Modalités d’interventions.................................................................... 38 8.1 Objectifs à court, moyen et long termes................................................ 38 8.2 Travaux prioritaires............................................................................... 42 8.3 Autres travaux....................................................................................... 50 8.4 Peuplements prioritaires à traiter........................................................... 52 8.5 Travaux complémentaires pour augmenter la quantité de nourriture.............................................................................52 8.5.1 Rabattage de feuillus non-commerciaux......................................... 53 8.5.2 Plan de nourrissage d’urgence: coupe d’arbres choisis et nourrissage avec de la moulée......................................... 54 9.0 Localisation des interventions.......................................................... 56 10.0 Conclusion............................................................................................ 61 11.0 Bibliographie....................................................................................... 62
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Liste des Figures
Page Figure 1. Localisation générale du ravage Duchénier......................................... 3 Figure 2. Localisation des lots 1 à 17 du rang V Duquesne à Saint-Narcisse................................................................................... 4 Figure 3. Caractérisation de l’habitat disponible au cerf de Virginie dans la forêt privée du ravage Duchénier............................. 13 Figure 4. Potentiel des peuplements pour le cerf de Virginie de la partie privée du ravage Duchénier.............................................. 14 Figure 5. Fréquentation temporelle du cerf sur la partie privée du ravage Duchénier............................................................... 20 Figure 6. Types de peuplements retrouvés dans la partie privée du ravage Duchénier............................................................... 24 Figure 7. Essences prédominantes dans les peuplements de la partie privée du ravage Duchénier............................................. 26 Figure 8. Essences prédominantes dans la forêt productive de la partie privée du ravage Duchénier.............................................. 27 Figure 9. Localisation des secteurs de rabattage de feuillus non-commerciaux.............................................................................. 57 Figure 10. Secteurs de nourrissage avec de la moulée et de coupe d’arbres choisis........................................................................ 59 Figure 11. Localisation des possibilités d’aires des travaux.................................60
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Liste des Tableaux
Page Tableau 1. Liste des 16 propriétaires qui appartiennent les lots de la partie privée du ravage Duchénier et type de programme d’aménagement forestier.............................. 6 Tableau 2. Production et utilisation des tiges et des ramilles disponibles pour le brout à l’hiver 1996-1997 sur la forêt privée du ravage Duchénier......................................... 16 Tableau 3. Production et utilisation des ramilles par essence, ainsi que l’importance des essences (sapin exclu) dans la diète des cerfs sur la forêt privée du ravage Duchénier................................................................................. 18 Tableau 4. Caractérisation de la forêt privée du ravage Duchénier.............. 22 Tableau 5. Superficie et importance relative des différents types de peuplements forestiers et des essences prédominantes sur la forêt privée du ravage Duchénier..................................... 23 Tableau 6. Superficie et importance relative des classes d’âge des essences prédominantes dans les peuplements présents sur la forêt privée du ravage Duchénier...................................... 28 Tableau 7. Superficie et importance relative des classes de densité des peuplements caractérisés par les essences prédominantes sur la forêt privée du ravage Duchénier..................................... 30 Tableau 8. Degré de régénération des essences commerciales et compétitrices retrouvées dans les différentes strates d’utilisation par le cerf dans la forêt privée du ravage Duchénier................................................................................. 32 Tableau 9. Degré de régénération des principales essences retrouvées dans les différentes strates d’utilisation des cerfs sur la forêt privée du ravage Duchénier.............................................. 33 Tableau 10. Caractéristiques des sites de rabattage de feuillus non-commerciaux.......................................................................... 58
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Liste des Annexes
Page Annexe 1. Dépliant et document d’information remis aux propriétaires..................................................................... 65 Annexe 2. Inventaire de brout en 1997: tracé des virées........................... 83 Annexe 3. Grille du potentiel d’utilisation des peuplements forestiers par le cerf................................................................ 85
Annexe 4. Peuplements forestiers retrouvés dans la forêt privée du ravage Duchénier..................................................... 87 Annexe 5. Protocole pour l’inventaire de sites de rabattage de feuillus non-commerciaux................................................... 93
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1.0 Introduction
Au cours des dernières décennies, l’abondance de la population de Cerf de Virginie
a subit de grandes variations dans le Bas-Saint-Laurent. L’enneigement important, l’abri
insuffisant dans la plupart des ravages, le manque de nourriture et la prédation par le coyote
sont des éléments mis en cause pour le déclin important des années 1991 et 1992. Suite à
ces années difficiles, la situation du cerf dans le Bas-Saint-Laurent était préoccupante et des
mesures ont été entreprises pour redresser la situation. Même si le cerf se porte mieux au
cours des dernières années, des interventions forestières doivent être réalisées pour prévenir
les chutes importantes de population que nous avons observé antérieurement.
Depuis 1994, la forêt publique du ravage Duchénier est gérée par un plan
d’intervention quinquennal (1994-1998; Larocque et Hélie 1993). Celui-ci présente les
principales balises pour l’aménagement forestier du ravage dans le but de soutenir la
population de cerfs qui s’y trouve. Au cours des années, le cerf a modifié sa distribution
dans le ravage et déborde abondamment sur la partie de forêt privée (9,4 km2) située dans
les limites du ravage. La présence du cerf dans la partie privée du ravage est si importante
qu’un plan d’intervention a été demandé pour connaître les principales caractéristiques de
l’habitat pour le cerf sur ce territoire.
Nous avons inventorié l’habitat du cerf dans la forêt privée du ravage Duchénier
dans le but connaître les caractéristiques forestières et leur potentiel pour le cerf en terme
d’abri et de nourriture disponible. Suite à l’étude de terrain, nous proposons des
interventions pour favoriser le potentiel d’habitat pour le cerf à long terme sur le territoire à
l’aide du premier plan d’intervention pour la forêt privée du ravage Duchénier. La
mise en application de cet outil ne sera possible sans l’aide des propriétaires, les
intervenants les plus importants dans le processus.
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2.0 Localisation et affectation du territoire
Le ravage Duchénier est situé dans la zone administrative 01 dans les limites de
l’unité de gestion 12. Ce ravage est couvert par les régions écologiques 5A (basses et
moyennes Appalaches) et 5C (lac Matapédia-Gaspésie), caractérisées par la sapinière à
bouleau jaune.
La partie privée du ravage qui est visée par ce plan d’intervention est localisée dans
la municipalité de Saint-Narcisse-de-Rimouski à l’est du bloc D et au sud du bloc A
(C.E.F.) de la partie publique du ravage (Figure 1). La portion nord-est du bloc de lots est
délimitée par le Petit Lac Macpès, et la Rivière Rimouski se trouve à l’extrême ouest. La
partie privée du ravage comprend les lots 1 à 16; le lot 17, récemment acquis par le MRN et
vacant de toute gestion, a été ajouté à ce plan d’intervention (Figure 2). Le territoire couvre
une superficie de 940 ha dont 96 % sont composés de peuplements productifs.
L’accès à la partie privée du ravage est possible par les quatrième et cinquième
rangs et par la route du Petit Lac Macpès. Un grand nombre de chemins secondaires et de
sentiers complètent le réseau routier et récréatif du territoire. Bien que des activités
récréatives ont lieu sur le territoire, particulièrement sur les quelques lacs présents, la
majeure partie des activités de villégiature se trouve en bordure du Petit Lac Macpès.
Seulement quelques lots sont exploités intensivement pour la récolte de bois. L’exploitation
de matière ligneuse se limite souvent à la récolte de chablis et d’arbres malades pour en
faire du bois de chauffage.
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3.0 Les propriétaires de la partie privée du ravage Duchénier.
La partie privée du ravage Duchénier comprend 16 lots partagés par 16 propriétaires
(Tableau 1). De ce nombre, deux propriétaires possèdent deux lots sous plan de gestion
forestier avec l’aide regroupée (SERN). Neuf lots sur seize possèdent un plan de gestion
forestier avec la SERN ou par l’aide individuelle (Tableau 1).
Les propriétaires de lots ont été rencontrés ou contactés par téléphone
individuellement à au moins une reprise avant le début des inventaires-terrains. Un dépliant
résumant le projet (« Un plan d’intervention pour la forêt privée du ravage Duchénier »,
Annexe 1) a été présenté et une explication du type d’inventaire a été faite. Tous les
propriétaires ont accepté de nous rencontrer et tous nous ont permis de réaliser des
inventaires sur leur boisé. D’autres rencontres individuelles ont été réalisées à l’automne
1997 et à l’hiver 1998 afin de présenter les résultats des inventaires et les interventions
forestières proposées pour maintenir l’habitat du cerf à long terme. Lors de ces rencontres,
un document, intitulé « Plan d’intervention pour la partie privée du ravage Duchénier:
résumé des interventions proposées et de l’aide aux propriétaires » (Annexe 1), a été remis
à chacun des propriétaires. Celui-ci résume les grandes lignes du plan d’intervention, du
programme PAAR, et l’importance réelle de la partie privée du ravage Duchénier pour le
cerf.
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Tableau 1. Liste des 16 propriétaires qui appartiennent les lots de la partie privée du
ravage Duchénier et type de programme d’aménagement forestier.
Propriétaires
Claudette Banville (lot V) Raoul Gosselin (lot XIII)
Charles Gagné (lot VI) Emmanuel Paulin (lot XVI)
Léopold Gagné (lot VIII) Gaétan Smith (lots II et III)
Gaston Gagné (lot IX) Jacques Soucy (lot VII)
Bruno Gobeil (lot IV) Patrice Soucy (lot I)
Gaétan Gobeil (lot IV) Pierre Soucy (lots XI et XII)
Marius Gobeil (lots I et XIV) Marius Soucy (lot XV)
Sylvain Gobeil (lot X) Réjean et Thérèse Soucy (lot VII)
Participation des propriétaires aux divers programmes d’aménagement
Aide regroupée (SERN) 6
Aide individuelle 3
En attente 1
Aucun programme 6
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4.0 Écologie du Cerf de Virginie
4.1 Caractéristiques des populations
Durant la saison estivale, la diète des cerfs est composée de ramilles de différentes
essences forestières et de nombreuses plantes herbacées du sous-bois. Le cerf se distribue
dans plusieurs types d’habitats au cours de l’été (érablière, terre agricole, forêt mélangée,
milieu humide, forêt feuillue, site en régénération, etc.). Durant la saison clémente, il
accumule jusqu’à 30 % de son poids en réserves corporelles (Germain et al. 1991). De la
fin octobre à la mi-décembre, les mâles exercent leur territorialité pour la période du rut
dans le but d’accoupler les femelles fertiles. C’est à cette période de l’année que le
prélèvement par la chasse diminue les effectifs de cerfs. Lors de la réouverture de la chasse
en 1996, le taux d’exploitation était d’environ 15 % du cheptel dans le Bas-Saint-Laurent
(Lamoureux 1996, com. pers.).
Lorsque l’hiver progresse, les cerfs se regroupent à l’intérieur de ravages. Les
dépenses énergétiques des cerfs augmentent considérablement à partir de 50 cm d’épaisseur
de neige, ce qui incite les cerfs à se regrouper et à former des réseaux de pistes pour limiter
les déplacements (Germain et al. 1991). À ce moment, le cerf évite les aires ouvertes et les
forêts de décidues (Voigt et Broadfoot 1995). En plus de réduire les déplacements,
l’enneigement important peut diminuer significativement la condition physique des cerfs,
ce qui de surcroît les rends plus vulnérables à la prédation par le coyote (Lamoureux 1995).
Les hivers rigoureux peuvent réduire nettement les effectifs de cerfs; le taux de mortalité
peut atteindre 30 à 40 % (Germain et al. 1991).
4.2 Ravages de cerfs
Dans le Bas-Saint-Laurent, 94 % de la surface totale des aires de confinement du
cerf sont situées sur les terres publiques et 583 km2 sont protégées (Lamoureux 1995).
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L’inventaire aérien effectué à l’hiver 1993 a permis d’estimer la population de cerfs du
Bas-Saint-Laurent (zone 2) à 3000 individus, alors que le cheptel aurait dépassé 13000
individus avant l’ouverture de la chasse sportive en 1996 (Lamoureux, non-publié).
Dans la région du Bas-Saint-Laurent, un total de 336 ravages ont été identifiés pour
une superficie totale de 801 km2 de 1980 à 1991. À l’hiver 1995, les principaux ravages
étaient ceux de Témiscouata (130 km2), Duchénier (45 km2), Varin (26 km2) et
Pohénégamook (16 km2) (Lamoureux, non-publié). Dans le ravage Duchénier, l’effectif de
la population était estimé à 1100 cerfs à l’hiver 1993. Dans le ravage de Témiscouata, le
nombre de cerfs à l’hiver 1995 était estimé à 2006 individus, alors qu’en 1996, le ravage de
Pohénégamook était estimé à 520 cerfs (Maltais et Crête 1996).
4.2.1 L’abri
En hiver, le couvert disponible au cerf est offert par des peuplements résineux et
mélangés à dominance résineuse de densités A ou B, et dont les cimes atteignent plus de 8
m de hauteur (Germain et al. 1991). Dans le ravage de Pohénégamook, Boudreault et al.
(1989) ont observé que les densités de cerfs ont été plus fortes dans les secteurs de plus de
75 % de résineux (57 cerfs/km2). Les résineux créent des microhabitats qui ont l’avantage
de réduire l’accumulation de neige au sol, d’augmenter et de stabiliser la température, de
réduire le vent et d’augmenter l’humidité relative (Weber 1986). En général, les essences
qui procurent de l’abri dans la région sont le sapin, l’épinette et le thuya. Dans certains cas,
les peuplements mélangés peuvent fournir un abri et de la nourriture pour le cerf. Par
exemple, dans une sapinière à bouleau blanc, le sapin mature peut servir d’abri et la
régénération feuillue (commerciale et non-commerciale) comme source de nourriture.
Dans plusieurs ravages du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, les peuplements
d’abris couvrent 15 à 20 % du territoire, alors qu’ils devraient être de l’ordre de 32 à 38 %
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selon les domaines écologiques (Lamoureux 1995). En plus de l’exploitation forestière, les
phénomènes naturels affectant les essences résineuses (ex: épidémie de tordeuse) sont les
principales causes de la diminution des peuplements d’abri à l’intérieur des ravages.
4.2.2 La nourriture
Le cerf utilise généralement la nourriture qui se trouve entre la surface de la neige et
2 mètres du sol (Maltais et Crête 1996). En général, les peuplements en régénération
(mélangés et feuillus de classe d’âge 10 ans) et les peuplements plus âgés à dominance
feuillue sont des sources importantes de nourriture pour le cerf, surtout s’ils sont situés à
proximité des peuplements d’abri. Dans des conditions rigoureuses d’enneigement, les
cerfs s’alimentent surtout sous le couvert résineux (l’abri) ou immédiatement à proximité
(< 15 m de distance) (Potvin et Morasse 1988).
En plus de créer un abri souhaitable lorsque, les peuplements dominés par le thuya
offrent une quantité abondante de nourriture, et sont généralement les plus recherchés dans
les ravages en hiver. À cela fait exception les cédrières humides qui sont généralement
faiblement recherchées par le cerf malgré une forte régénération de thuya. Pour un même
volume solide de bois, le cèdre produit de 17 à 23 fois plus de biomasse de nourriture que
les essences feuillues (Fleury et Guitard 1996). Une diète composée à 80 % de cèdre et 20
% de lichen est plus riche en énergie qu’une diète composée à 60 % d’érable rouge, 20 %
d’érable de Pensylvanie et 20 % de bouleau à papier (Gray et Servello 1995). La
disponibilité du thuya et du lichen pour le brout demeure par contre faible puisque la
quantité consommable est souvent inaccessible.
Les peuplements les plus productifs en nourriture disponible sont généralement
composés de feuillus âgés de 2 à 7 ans après coupe (Germain et al. 1991). L’érable à épis,
le noisetier à long bec et le bouleau à papier sont généralement les essences les plus
consommées en hiver par le cerf dans la zone 2 (Lamoureux 1995). Dans le ravage de
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Varin, l’érable à épis et le thuya, qui composent à eux seuls plus de 50 % de la production
de nourriture, sont les essences les plus recherchées par le cerf (MRN et MEF 1996). Dans
un peuplement en régénération, le peuplier n’a constitué qu’une faible fraction des ramilles
broutées par le cerf malgré sa haute productivité, alors que l’érable à épis, l’érable rouge et
le cerisier de Pensylvanie ont été nettement préférés (Potvin et Morasse 1988). Dans le
ravage de Pohénégamook, l’érable à épis constitue la majeure partie de la diète du cerf (43
%), alors que le sapin, l’essence la plus abondante, fut ignorée par le cerf (6 % de la diète)
(Boudreault et al. 1989). Il arrive occasionnellement que le cerf s’alimente de sapin quand
les essences préférées sont inaccessibles (épaisseur de neige) ou faiblement disponibles.
5.0 Potentiel du territoire pour le Cerf de Virginie.
5.1 Plan de sondage
Le plan de sondage et le traitement préliminaire des données ont été réalisé
conjointement avec le personnel du MEF afin d’harmoniser les résultats avec l’approche
utilisée pour les plans d’intervention de l’unité de gestion 12. Un plan de sondage a été
réalisé afin de connaître les caractéristiques des peuplements sur le territoire. Toutes
informations utiles concernant le territoire à l’étude (cartes écoforestières, photographies
aériennes, données numérisées au MRN, plans de gestion forestiers, etc.) ont été utilisées
afin de déterminer les types de peuplements forestiers retrouvés sur le territoire. Quelques
validations-terrain ont été nécessaire pour accompagner la photo-interprétation réalisée par
le personnel de la Société d’Exploitation des Ressources de la Neigette. Puisque les cartes
écoforestières ne font pas de distinction entre le sapin et l’épinette blanche, nous avons
suivi le même raisonnement. Par contre, nos inventaires de terrain nous indiquent que la
majorité des peuplements caractérisés comme sapinières sont composés majoritairement de
sapin.
Les informations recueillies pour chacun des peuplements ont permis d’obtenir: (1)
les pourcentages d’habitats qui représentent un potentiel d’abri, de nourriture, une
combinaison de nourriture et abri, ou un faible potentiel pour le cerf; (2) des sous-
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catégories d’habitats selon les essences forestières retrouvées. Par exemple, les habitats
d’abri ont été séparé en peuplements mélangés à tendance résineuse (densité A ou B), et
résineux purs (densité A ou B). Ces informations ont permis de planifier un inventaire du
brout et de la régénération par un échantillonnage des sous-catégories d’habitat, selon leur
superficie relative aux autres types de peuplements (échantillonnage stratifié). La
planification de virées avec parcelles-échantillons, espacées à tous les 50 mètres, devait
tenir compte de la proportion des sous-catégories d’habitats. Par exemple, les peuplements
mélangés à tendance résineuse densité A ou B couvraient 13% du territoire, et 26 parcelles-
échantillons sur 200 au total ont été planifiées dans ce type d’habitat.
5.2 Inventaire du brout et de la régénération
L’inventaire du brout a été réalisé au cours de l’été 1997 (13-29 août 1997) en
conformité avec la méthode décrite dans Potvin (1995). En tout, 200 parcelles de brout de 4
m2 de superficie (1,13 m de rayon) réparties sur 11 virées (Annexe 2) ont été inventoriées
dans des sous-catégories de peuplements selon le plan de sondage (décrit à l’étape 5.1 Plan
de sondage). Dans chaque parcelle, nous avons noté le nombre de ramilles non-broutées et
broutées au cours de l’hiver 1997 et l’état des tiges (mutilées, tuées, et/ou rejet) pour
chaque essence forestière. Les ramilles inventoriées étaient d’une longueur minimum de 10
cm et situées entre 50 et 225 cm du sol. Le logiciel « Brout version 3.0 » (Courtois 1993) a
été utilisé pour caractériser le potentiel du territoire pour l’alimentation du cerf. Suite au
traitement informatique du logiciel, nous disposions des informations relatives à la densité
de ramilles et de tiges broutées et non-broutées, l’utilisation des tiges et ramilles par le cerf,
ainsi que des traitements par essences. Des inventaires de stocking de la régénération
forestière (toutes essences retrouvées; x > 5 cm et DHP < 10 cm; Claude Hélie (MRN),
com. pers.) ainsi que la hauteur moyenne pour chacune des essences retrouvées ont été
effectués dans des parcelles de 4 m2 à tous les 5 mètres dans les mêmes virées.
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5.3 Potentiel des peuplements pour le Cerf de Virginie
Il possible de caractériser quatre types d’habitats selon le potentiel d’utilisation par
le cerf: potentiel d’abri, de nourriture, une combinaison de nourriture-abri, et un faible
potentiel. Ces habitats sont caractérisés selon le type de peuplement forestier retrouvé, la
densité, la hauteur et l’âge du peuplement (voir Annexe 3 pour détails).
Dans son ensemble, la forêt privée du ravage Duchénier est caractérisée par une
forte proportion de peuplements d’abris, et un faible pourcentage de peuplements de
nourriture (Figure 3). Le pourcentage du territoire ayant un potentiel d’abri (43,6 %)
dépasse le pourcentage visé pour la région (38 %; Germain et al. 1991), et la proportion
minimale acceptable en tout temps (19 %). À ce pourcentage s’ajoute les peuplements
d’abris à plus long terme qui sont assurés par des peuplements de régénération à
prédominance résineuse (57,5 ha; 6,2 % du territoire). La grande proportion de
peuplements d’abris réduit la quantité de peuplements ayant un potentiel pour la nourriture
ou une combinaison nourriture-abri. Particulièrement, les peuplements potentiels de
nourriture couvrent une superficie intéressante (145 ha; 15,5 %) mais mals distribués sur le
territoire, ce qui suggère que la disponibilité de ces peuplements est déficiente sur le
territoire. Plus encore, les peuplements de nourriture sont séparés en deux catégories: les
peuplements ayant une quantité appréciable de ramilles disponibles au brout (8,8 %) et les
peuplements de nourriture ayant une production de ramilles plus faible que les peuplements
d’abri (plantations et régénération résineuse, 6.7 % de la superficie totale; voir aussi 5.4
Utilisation des ramilles par le cerf).
Le pourcentage de peuplements d’abri et de peuplements de nourriture est distribué
inégalement sur le territoire (Figure 4). Le secteur situé à l’est du territoire (en-dessous du
Petit Lac Macpès) contient la grande majorité de peuplements de nourriture à fort potentiel,
alors que la partie située à l’ouest du Petit Lac Macpès est caractérisée par une grande
quantité de peuplements d’abri, et une petite quantité de peuplements de nourriture à faible
potentiel (Figure 4).
12
Faune-Experts inc.
5.4 Utilisation des ramilles par le cerf
La production de ramilles disponibles au cerf pour le brout est insuffisante dans les
peuplements de potentiel d’abri et de nourriture-abri (Tableau 2). Bien que la densité
moyenne des tiges dans la forêt privée du ravage Duchénier (12 623 tiges/ha) est au-dessus
de la moyenne générale pour d’autres ravages (Lac Témiscouata (6800 tiges/ha): Maltais et
Crête 1996; Eaux Mortes et Mistigougèche (8900 tiges/ha): Larocque et Hélie 1997;
Causapscal (10 519 tiges/ha): Danais 1996), la production de ramilles disponibles au brout
est très faible. Il est probable que le brout intense et cumulé exercé sur les tiges depuis
plusieurs années ait réduit de beaucoup la production et la disponibilité de ramilles par tige.
Selon Courtois et Drolet (1986), une production minimale de 100 000 ramilles par hectare
serait nécessaire pour assurer la survie du cerf en hiver, un chiffre bien au-dessus des 45
716 ramilles par hectare estimées pour la partie privée du ravage Duchénier compte tenu
qu’il est fortement occupé par le cerf (voir 5.5 Fréquentation par le cerf).
Les données sur la faible production de ramilles concordent avec les caractéristiques
de l’habitat, puisque les peuplements les plus productifs en disponibilité de brout ne
représentent que 8,8 % de la superficie totale.
En plus de la faible production de brout démontrée dans nos inventaires, nos
résultats indiquent que le cerf surexploite la strate arbustive, réduisant la disponibilité aux
cerfs. Dans les peuplements d’abri, 55 % des tiges sont broutées, 37 % des tiges sont
mutilées par le broutement intense, et 10 % des tiges ont été tuées par le cerf (Tableau 2).
Près de 48 % des ramilles totales présentes dans les peuplements d’abri du secteur à l’étude
pour l’hiver 1996-1997 ont été broutées. Pour l’ensemble du territoire, 38 % des ramilles
sont broutées, 29 % des tiges sont mutilées et 5,9 % des tiges sont tuées.
15
Tableau 2. Production de tiges et de ramilles disponibles pour le brout à l’hiver 1996-1997 (sapin exclu).
Production Utilisation par le cerf
Tiges Ramilles
Strate Poids de la strate, %
nb. de parcelles (poids, %)
Tiges / ha ± I.C. Ramilles / ha ± I.C. broutées,% mutilées,% tuées,% broutées,%
Abri
43,6
84 (42,0)
8 244 ± 2 374
33 571 ± 14 090
54,9
36,5
10,1
47,9
Nourriture - Abri 36,1 63 (31,5) 15 675 ± 4 686 52 381 ± 19 341 43,0 25,1 2,0 31,8
Nourriture (fort potentiel)
8,8 25 (12,5) 28 600 ± 7 442 114 500 ± 49 392 41,6 16,8 3,1 19,9
Nourriture (faible potentiel)
6,7 24 (12,0) 7 813 ± 3 248 22 292 ± 20 735 38,7 25,3 8,0 52,8
Faible potentiel
4,8 4 (2,0) 6 875 ± 6 125 12 500 ± 11 760 18,2 18,2 0,0 10,0
Ensemble du territoire
100 200 (100) 12 623 ± 314 45 716 ± 1 462 46,6 29,0 5,9 38,1
Faune-Experts inc.
La production des ramilles par essences (pourcentage de ramilles par essence sur le
nb. de ramilles totales), nous démontre que sur les 19 espèces végétales retrouvées,
seulement 5 sont responsables de 75 % de la production totale de ramilles. Il s’agit du
noisetier à long bec (Corylus cornuta) qui est l’essence produisant le plus de ramilles pour
l’alimentation du cerf sur l’ensemble de la forêt privée du ravage Duchénier, suivi du thuya
occidental (Thuja occidentalis), de l’érable à épis (Acer spicatum), du saule (Salix spp.) et
de l’aulne rugueux (Alnus rugosa) (Tableau 3). L’utilisation des ramilles par le cerf
démontre que celui-ci consomme près de la moitié des ramilles de thuya occidental et
d’érable à épis disponibles pour le brout, et du cinquième des ramilles de noisetier à long
bec. Ces trois essences représentent 67 % de l’importance totale d’utilisation par le cerf.
Des différences notables sont observées quand à la production des essences dans les
strates d’habitats potentiels pour le cerf (Tableau 4). Le thuya occidental (44,6 %) et
l’érable à épis (17,3 %) dominent nettement la production de ramilles dans les peuplements
d’abri pour le cerf, alors que le noisetier à long bec (45,5 %) est l’essence qui produit le
plus grand nombre de ramilles dans les peuplements où il y a un potentiel nourriture-abri.
Dans les peuplements de nourriture à fort potentiel (Tableau 3), trois essences se partagent
une partie presque équivalente de 64 % de la production totale: le saule, l’érable à épis et le
noisetier à long bec. Dans les peuplements de nourriture à faible potentiel, c’est le thuya
occidental qui produit la majorité des ramilles. Ce résultat n’est par contre pas représentatif
de la situation qui prévaut puisque la densité de tiges de thuya est très faible dans les
peuplements de nourriture à faible potentiel (environ 625 cèdres/ha).
17
Faune-Experts inc.
Tableau 3. Production de ramilles, ainsi que le degré d’utilisation des ramilles et
l’importance des essences (sapin exclu) pour l’alimentation du cerf
sur la forêt privée du ravage Duchénier.
Strate Essence Production % Utilisation % Importance % Abri THO 44,6 52,1 48,5 ERE 17,3 62,1 22,4 COC 9,8 26,1 5,4 AUR 8,5 36,5 6,5 PRV 6,4 6,9 0,9 autres (11 sp.) 13,4 58,2 16,3 Nourriture-Abri COC 45,5 22,5 32,1 THO 10,7 39,7 13,3 ERE 10,0 65,9 20,8 COR 7,3 40,2 9,3 AUR 5,4 0,0 0,0 autres (12 sp.) 21,1 39,4 24,5 Nourriture SAL 25,3 1,4 1,8 (fort potentiel) ERE 20,7 29,5 30,7 COC 19,4 16,7 16,2 ERR et ERS 10,3 53,2 27,2 AUR 9,3 6,5 3,1 autres (10 sp.) 19,8 21,0 Nourriture THO 41,1 85,2 66,4 (faible potentiel) BOP 10,3 31,8 6,2 SAL 7,9 17,6 2,7 ERE 7,5 6,3 0,9 VIE 6,1 84,6 9,7 autres (9 sp.) 27,1 14,1 Faible potentiel COC 45,0 0,0 0,0 ERE 30,0 33,3 100,0 ERP 25,0 0,0 0,0 TOTAL COC 24,8 21,3 15,5 THO 19,1 53,7 30,2 ERE 15,3 48,0 21,6 SAL 8,3 4,1 1,0 AUR 7,4 15,2 3,3 autres (14 sp.) 25,1 39,0 28,4
18
Faune-Experts inc.
5.5 Fréquentation du cerf sur le territoire
En 1983, le cerf était distribué un peu partout sur la partie publique du ravage
Duchénier (Figure 5). À partir de 1987, l’aire d’hivernage du cerf s’est graduellement
déplacé vers le nord-est de la partie publique du ravage. Ce déplacement de l’aire
d’hivernage du cerf dans la partie publique du ravage Duchénier a eu des conséquences sur
son occupation en territoire privé. Alors que les réseaux de pistes de cerf étaient très peu
fréquents sur la partie privée avant 1987, les inventaires aériens ont démontré une
occupation presque totale à l’ouest du Petit Lac Macpès en 1987, et une expansion
constante après 1987 vers l’est du territoire (Figure 5). L’inventaire réalisé à l’hiver 1997
révélait que le cerf était présent sur la presque totalité de la forêt privée du ravage, bien que
l’intensité des réseaux de pistes était toujours plus fort à l’ouest du Petit Lac Macpès. Les
déplacements des cerfs dans la portion est du ravage depuis 1990, peuvent être expliqués
par plusieurs facteurs, dont la perte d’habitat causée par la tordeuse des bourgeons de
l’épinette (Choristoneura fumiferana), une capacité de support en baisse dans la forêt
publique, l’ expansion de la population de cerfs, des interventions forestières réalisées sur
la forêt publique et les lots privés environnant et le nourrissage artificiel.
Lors du dernier inventaire aérien, environ 80 cerfs ont été vus dans la forêt privée
du ravage. Les inventaires aériens, par une classification de l’intensité des réseaux de
pistes, peuvent donner une estimation de la densité de cerfs sur un territoire (nombre/km2).
Dans le compartiment D situé à proximité de la partie privée, la densité de cerfs a été
estimé à 28,2 ± 2,9 ind./km2 (C. Larocque, com. pers.). Les densités retrouvées dans le
secteur sont donc probablement au-dessus du niveau de conservation fixé à 20 cerfs/km2
par le MEF dans le plan de gestion 1995-1999 pour le Bas-St-Laurent (Lamoureux 1995).
19
Faune-Experts inc.
6.0 Caractéristiques du couvert forestier
6.1 Composition forestière
La forêt privée du ravage Duchénier couvre une superficie de 940 ha et présente un
bon potentiel pour l’aménagement forestier (Tableau 4). La proportion de forêt productive
sur le territoire est très grande (906 ha; 96,4 %) comparativement aux zones forestières
improductives (21,5 ha; 2,3 %), caractérisées principalement par des aulnaies et dénudés
humides, et les superficies non-forestières (13,3 ha; 1,3 %) représentées par des lacs ou des
friches.
Le territoire est principalement dominé par les essences résineuses: les peuplements
de résineux purs (410, 5 ha) et les peuplements mélangés à tendance résineuse (218,1 ha)
couvrent 69,4 % de l’ensemble de la superficie forestière productive (Tableau 5; Figure 6).
Les peuplements mélangés à tendance feuillue (182,0 ha) et les peuplements de feuillus
purs (90,7 ha) représentent une plus faible proportion du territoire, avec 30,1 % de la
superficie.
Le Sapin baumier (Abies balsamea) et l’Épinette blanche (Picea glauca) sont les
essences principales que l’on retrouve en prédominance dans les peuplements résineux purs
(244,1 ha; 27,0 %) et mélangés à tendance résineuse (194,0 ha; 21,4 %) (Tableau 5; figures
7 et 8). Ces essences se sont maintenues malgré la dernière épidémie de tordeuse des
bourgeons de l’épinette qui a ravagé certains secteurs environnants. Les autres essences
résineuses prédominantes dans les peuplements à dominance résineuse sont l’épinette
noire, suivi du thuya seulement présent dans les peuplements de résineux purs. Cette
dernière essence est par contre distribuée dans plusieurs peuplements (obs. pers.), tout
comme pour la partie publique du ravage, possiblement à cause de sa résistance aux
insectes et sa capacité à s’adapter à différents types de sols (Larocque et Hélie 1993).
21
Faune-Experts inc.
Tableau 4. Caractérisation de la forêt privée du ravage Duchénier. Catégorie
Superficie (ha)
%
Forestière productive
905,7
96,4
Forestière improductive 21,5 2,3
Non-forestière
13,3 1,3
Total
939,5
100
22
Faune-Experts inc.
Tableau 5. Superficie et importance relative des différents types de peuplements forestiers
et des essences prédominantes sur la forêt privée du ravage Duchénier.
Type de peuplement
Prédominance
Superficie (ha)
Superficie (%)
Feuillus purs
intorélants 46,6 5,1 tolérants 23,1 2,6
régénération 21,0 2,3
Total 90,7 10,0 Résineux purs
Sapin baumier ou épinette blanche 244,1 27,0 Thuya occidental 70,7 7,8
Épinette noire* 53,3 5,9 plantation (EpL, EpN, EpO) 42,4 4,7
Total 410,5 45,4 Mélangés à tendance feuillue
intorélants 127,2 14,0 tolérants 48,1 5,3
régénération 6,7 0,7
Total 182,0 20,0 Mélangés à tendance résineuse
Sapin baumier ou épinette blanche 194,0 21,4 Épinette noire 12,3 1,4
régénération 11,8 1,3
Total 218,1 24,1
Non-régénéré 4,4 0,5 * incluant le Pin gris (1,8 ha; 0,2 %).
23
Faune-Experts inc.
Les feuillus intolérants, principalement le Peuplier faux-tremble (Populus
tremuloides), prédominent 19,1 % des peuplements forestiers (figures 7 et 8). Ce
groupement d’essences est souvent retrouvé en association avec des essences résineuses
pour former des peuplements mélangés, tout comme les peuplements dominés par des
feuillus intolérants (Tableau 5). Plusieurs peuplements sont alors caractérisés par un
couvert feuillu et un sous-couvert résineux.
Les peuplements à dominance résineuse sont surtout situés à l’ouest du Petit Lac
Macpès, alors que les peuplements à dominance feuillue sont principalement situés au
centre et dans la partie est du territoire (Figure 6). Plus précisément, les peuplements à
l’ouest du territoire sont majoritairement dominés par le Sapin baumier, alors que les
peuplements de la partie est sont plus hétérogènes, bien que la superficie des peuplements
dominés par les feuillus intolérants est importante (Figure 7).
6.2 Âge et densité des peuplements
La forêt privée du ravage Duchénier est caractérisée par un faible pourcentage de
peuplements dans les classes d’âge 30 ans et moins, et la plus grande proportion des
peuplements dans la classe d’âge 50 ans (Tableau 6). En prenant tous les peuplements en
considération, seulement 49 ha de forêt sont retrouvés dans la classe d’âge 30 ans, alors que
la régénération et les plantations résineuses couvrent 88,4 ha; ceci représente seulement
15,2% de la superficie forestière productive pour ces deux classes cumulées. La majorité
des peuplements appartiennent aux classes d’âge 50 et 70 ans, avec un pourcentage
cumulatif de 84,1 %. La classe d’âge 50 ans est la mieux représentée avec 546 ha (60,3 %),
suivi de la classe 70 ans avec 215,9 ha (23,8 %).
25
Faune-Experts inc.
Tableau 6. Superficie et importance relative des classes d’âge des essences prédominantes
dans les peuplements présents sur la forêt privée du ravage Duchénier.
Essence prédominante
Classe d’âge
< 20 ans 30 ans
(20-40)
50 ans
(40-60)
70 ans
(60-80)
90 ans
(80-100)
ha % ha % ha % ha % ha % Sapin baumier et épinette blanche
4,7
1,1
45,7
10,3
232,5
52,5
159,9
36,1
0,0
0,0
Feuillus intolérants
0,0
0,0
3,3
2,0
156,5
94,4
6,0
3,6
0,0
0,0
Épinettes (sauf EPB)*
37,7
36,5
0,0
0,0
14,9
14,4
44,3
42,9
6,4
6,2
Feuillus tolérants
0,0
0,0
0,0
0,0
76,3
99,0
0,8
1,0
0,0
0,0
Thuya occidentale
0,0
0,0
0,0
0,0
65,8
93,1
4,9
6,9
0,0
0,0
Régénération
46,0
100,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Total
88,4
9,8
49,0
5,4
546,0
60,3
215,9
23,8
6,4
0,7
* inclu les plantations et le Pin gris (classe d’âge 60-80: 1,8 ha; 1,7 %).
28
Faune-Experts inc.
Le sapin baumier et l’épinette blanche, les essences dominantes sur le territoire,
suivent la même tendance que pour l’ensemble des peuplements. Les peuplements dominés
par le sapin et l’épinette blanche sont à 36,1 % occupés par la classe d’âge 70 ans (Tableau
6). La récolte optimale du sapin est fixée à 60 ans en général. La quantité de tiges
renversées et la carie causées par le vieillissement des arbres sont fréquents dans les
peuplements composés de sapin de plus de 60 ans (Larocque et Hélie 1993). Il faut noter
que l’âge des peuplements a été généralement obtenue par la carte éco-forestière et qu’il
faudrait recourir à des inventaires plus spécifiques pour déterminer l’âge et l’état des
peuplements matures ou près de l’atteinte de la maturité.
Les densités des peuplements que l’on retrouve sur le territoire sont de moyenne à
bonne. Les densités sont représentées à 85,8 % par les classes B (60-80 % de la
couverture; 513,5 ha) et C (40-60 %; 263,7 ha), à 10 % par la classe A (80 % et plus; 90,7
ha), et peu de peuplements sont de densité D (25-40 %; 17,3 ha) (Tableau 7). La
distribution des densités est similaire pour les différentes essences prédominantes dans les
peuplements.
29
Faune-Experts inc.
Tableau 7. Superficie et importance relative des classes de densité des peuplements
caractérisés par les essences prédominantes sur la forêt privée du ravage
Duchénier.
Essence prédominante
Classe de densité
A
80 % et +
B
60 - 80 %
C
40 - 60 %
D
25 - 40 %
indéterminé
ha % ha % ha % ha % ha % Sapin baumier et épinette blanche
52,5
11,9
282,1
63,7
105,3
23,8
0,0
0,0
2,9
0,6
Feuillus intolérants
13,2
8,0
89,8
54,2
48,6
29,2
14,2
8,6
Épinettes (sauf EPB)*
8,0
7,7
49,1
47,5
38,8
37,6
0,0
0,0
7,4
7,2
Feuillus tolérants
0,0
0,0
17,1
22,2
59,0
76,5
1,0
1,3
Thuya occidentale
7,6
10,7
49,0
69,3
12,0
17,0
2,1
3,0
Régénération
9,4
20,4
26,4
57,4
0,0
0,0
0,0
0,0
10,2
22,2
Total
90,7
10,0
513,5
56,7
263,7
29,1
17,3
1,9
20,5
2,3
* inclu les plantations et le Pin gris (classe de densité A: 1,8 ha; 1,7 %).
30
Faune-Experts inc.
6.3 Régénération des peuplements
Les essences résineuses régénérées de type commercial sont bien représentées dans
les peuplements ayant un potentiel d’abri et de nourriture-abri pour le cerf (Tableau 8). Les
espèces compétitrices, plus particulièrement l’érable à épis et le noisetier à long bec, sont
bien distribuées sur l’ensemble du territoire, étant présents dans 68,3 % des parcelles dans
les peuplements d’abri, et 91,6 % des parcelles dans les peuplements de nourriture à fort
potentiel. La régénération de feuillus commerciaux est peu représentée sur l’ensemble du
territoire; seulement 37,2 % des parcelles étaient occupées par au moins une essence
feuillue commerciale.
Les essences en régénération sur le territoire sont dominées par le sapin, l’érable à
épis, le cèdre et le noisetier (Tableau 9). C’est le sapin qui est le mieux représenté dans les
peuplements ayant un potentiel d’abri et de nourriture-abri pour le cerf. La présence du
sapin dans les peuplements de nourriture est éclipsée par l’érable à épis, qui domine
majoritairement les peuplements ayant un fort potentiel pour la nourriture avec 70,0 % de
présence dans les parcelles-échantillons.
Puisque la distribution des hauteurs de la régénération pour chacune des essences
était fortement biaisée (distribution non-normale), nous avons substitué la hauteur moyenne
par la hauteur médianne. La hauteur de la régénération de l’ensemble des résineux est
faible comparativement à l’érable à épis qui est deux fois plus grand en moyenne, ce qui se
compare à d’autres territoires. Les érables à épis présents dans les peuplements de fort
potentiel pour la nourriture sont les plus grands avec une hauteur médianne de 1,5 m, ce qui
suggère que de nombreux érables à épis sont trop élevés pour permettre le brout du cerf
dans ces peuplements.
31
Tableau 8. Coefficient de régénération (stocking) des essences commerciales et compétitrices retrouvées dans les différentes strates d’utilisation par le Cerf dans la forêt privée du ravage Duchénier.
Strate d’utilisation par le cerf
Groupe d’essence régénéré
Abri, %
(hauteur médiane, m)
Nourriture - Abri, % (hauteur médiane, m)
Nourriture (fort), %
(hauteur médiane, m)
Nourriture (faible), % (hauteur médiane, m)
Principales essences
Résineux commerciaux
70,1 (0,5)
67,6 (0,6)
40,8 (0,5)
60,2 (0,6)
SAB / THO / EPN
Feuillus commerciaux 28,4 (0,8) 31,5 (0,8) 56,0 (1,0) 43,1 (0,9) ERR / BOP / ERS
Essences compétitrices
68,3 (0,6) 77,7 (0,7) 91,1 (1,3) 78,2 (0,8) ERE / COC / AUR
N.B. Les parcelles situées dans des peuplements de faible potentiel d’utilisation pour le cerf (n=49) ont été exclues.
Faune-Experts inc.
Tableau 9. Coefficient de régénération (stocking) des principales essences retrouvées dans
les différentes strates d’utilisation des cerfs sur la forêt privée du ravage
Duchénier.
Strate Essence régénérée
Coefficient de régénération (%)
Hauteur médianne (m)
Potentiel d’abri (n = 839 parcelles)
SAB 53,2 0,6 ERE 37,5 1,0 THO 32,8 0,5 COC 14,9 1,0
Potentiel nourriture - abri (n = 629 parcelles)
SAB 62,6 0,5 ERE 36,6 0,8 COC 29,4 1,0 THO 22,3 0,5
Nourriture (fort potentiel) (n = 250)
ERE 70,0 1,5 SAB 40,0 0,5 ERS 35,2 0,5 COC 30,8 1,4
Nourriture (faible potentiel) (n = 211)
SAB 44,5 0,7 ERE 37,0 1,0 BOP 24,2 1,0 THO 21,3 0,5
N.B. Les parcelles situées dans des peuplements de faible potentiel d’utilisation par le Cerf (n = 49) ont été exclu du tableau.
33
Faune-Experts inc.
6.4 Superficie théorique d’aménagement
Le calcul de la superficie théorique d’aménagement est à quelques variantes près,
celui utilisé dans la partie publique du ravage pour le plan 1994-1998 (Larocque et Hélie
1993). La forêt privée du ravage Duchénier comporte des pentes généralement légères; les
pentes inférieures à 15 % sont majoritaires (63,8 % de la surface), suivi des pentes de 16 à
30 % (31,5 % au total) et des pentes relativement fortes (31 et 40 %) avec 4,7 % de la
superficie totale. Nous considérons donc que le territoire est entièrement accessible pour
des interventions forestières. L’élaboration de nouveaux plans de gestion pourrait par
contre identifier certains peuplements inaccessibles.
Les peuplements à prédominance de sapin et de feuillus intolérants sont présents sur
611,9 ha du territoire. Si nous envisageons un aménagement de forme équienne avec une
période de rotation de 60 ans, l’aire annuelle moyenne de coupe devrait être de 10,2 ha.
Puisque les forêts dominées par l’épinette (65,6 ha) sont plus longévives, l’âge de rotation
pourrait être de 90 ans, soit une superficie annuelle moyenne de coupe de 0,7 ha. La
superficie totale visée par période de 5 ans afin d’assurer la normalisation des peuplements
est donc de 54,5 ha.
Les peuplements prédominés par le thuya et les feuillus tolérants peuvent être
aménagés sous une forme inéquienne. Suivant le principe d’une rotation de 30 ans dans ces
peuplements, il serait possible de couper annuellement en moyenne 2,4 ha de cédrières
(70,7 ha) et 2,4 ha de feuillus tolérants (71,2 ha) pour un total de 24 ha de coupes partielles
par période de 5 ans.
34
Faune-Experts inc.
7.0 Problématique générale
7.1 Résumé des constatations pour la forêt privée du ravage Duchénier.
⇒ Le territoire est dominé à 69 % par les peuplements de résineux purs et les
peuplements d’essences mélangées à tendance résineuse.
⇒ Les peuplements sont représentés à 84 % par les classes d’âge 50 et 70 ans,
et à 86 % par les classes de densité B et C.
⇒ La partie à l’ouest du Petit Lac Macpès était fortement fréquentée par le cerf à l’hiver
1997. Les densités étaient estimées à environ 28 cerfs par km2 pour l’ensemble des
boisés privés.
⇒ Le potentiel d’abri sur le territoire est élevé (46 %), surtout dans la partie située à
l’ouest du Petit Lac Macpès; les plantations d’épinettes et les peuplements de
régénération à dominance résineuse (58 ha) assurent une possibilité d’abri à long
terme.
⇒ Le noisetier à long bec (25 %), le thuya occidental (19 %), et l’érable à épis (15 %)
sont les principales essences responsables de la production de ramilles.
⇒ Les peuplements de nourriture pour le cerf sont peu représentés (15,5 %). En plus,
43 % des peuplements de nourriture sont peu productifs puisque les feuillus sont
faiblement implantés. À l’ouest du Petit lac Macpès, les peuplements de nourriture
à bon potentiel sont presqu’inexistants.
35
Faune-Experts inc.
⇒ La production de ramilles disponible au brout du cerf est insuffisante dans les
peuplements de potentiel d’abri et de nourriture-abri, bien que le nombre de tiges
au-dessus de la moyenne générale pour d’autres ravages démontre un certain potentiel.
⇒ Le cerf surexploite la nourriture mise à sa disponibilité. Dans les peuplements d’abri,
55 % des tiges sont broutées, 37 % des tiges sont mutilées par le broutement intense,
et 10 % des tiges ont été tuées par des cerfs. Près de 48 % des ramilles présentes
dans les peuplements d’abri ont été broutées. Pour l’ensemble du territoire, 38 % des
ramilles sont broutées, 29 % des tiges sont mutilées et 5,9 % des tiges sont tuées.
7.2 Contexte forestier actuel.
Le ravage Duchénier est fréquenté par le Cerf de Virginie depuis de nombreuses
années. D’ailleurs, la confection d’un plan d’intervention pour la partie publique du ravage
(Larocque et Hélie 1993) démontre l’importance et la constance de sa présence sur le
territoire.
Au cours des années, l’abondance et la distribution du cerf ont varié
significativement dans le ravage Duchénier. Suite à la modification de l’habitat dans la
partie publique, le cerf s’est déplacé graduellement vers le nord-est du ravage. Malgré un
déclin important des effectifs, principalement causé par les hivers rigoureux de 1990 et
1991, le cerf a poursuivi son expansion nord-est pour envahir la forêt privée environnante.
Malgré sa recrudescence au cours des dernières années et le dépassement du niveau de
conservation établi à 3000 cerfs dans le Bas-Saint-Laurent, l’état des populations de cerfs
demeure fragile face aux hivers rigoureux.
Depuis le déclin généralisé du cerf il y a quelques années, certaines dispositions ont
été prises pour stabiliser les populations: piégeage du coyote, fermeture de la chasse puis
réouverture de la chasse en 1996, et un plan de nourrissage d’urgence avec de la moulée
36
Faune-Experts inc.
lors d’hivers rigoureux. Ces actions ont permis de réduire les principales causes de déclin
de l’espèce. Cependant, ces actions seront bénéfiques à long terme seulement si des
interventions sont réalisées afin d’améliorer la qualité du milieu forestier pour le cerf de
Viriginie. C’est pour cette raison que les plans d’aménagement forestiers pour les ravages
sont nécessaires.
Le ravage Duchénier n’échappe pas à ce constat. Plusieurs interventions dans la
partie publique du ravage ont été réalisées au cours des années pour augmenter ou
maintenir la quantité de résineux servant d’abri: dégagement mécanique de la régénération
résineuse, plantation de résineux, éclaircie précommerciale résineuse, coupe progressive
d’ensemencement et coupe d’éclaircie commerciale. D’autres types d’interventions ont
contribué à augmenter la quantité de nourriture à court terme, comme des coupes par
bandes et par damiers, et l’essai de coupes partielles au cours de l’année passée.
Bien que les interventions forestières peuvent parfois avoir un impact négatif sur les
populations de cerfs lorsqu’elles sont inadéquates, une forêt bien aménagée peut contribuer
énormément au maintien des cerfs à long terme sur un territoire. En plus de prévenir contre
le vieillissement excessif des peuplements, des interventions forestières diversifiées et bien
distribuées augmentent l’hétérogénéité du territoire, réduisant ainsi l’étendue de maladies et
d’épidémies d’insectes, en plus d’offrir une protection contre le feux. Des interventions
planifiées contribuent aussi à la normalisation des peuplements (proportion égale des
classes d’âge), assurant une récolte continue à long terme. En retour, la normalisation de la
forêt procure abri à court, moyen et long terme pour le cerf, ainsi que la nourriture dont il a
besoin. Les autres espèces fauniques bénéficient aussi de l’aménagement des forêts puisque
cette pratique contribue à l’établissement d’une variété d’habitats.
37
Faune-Experts inc.
La forêt privée du ravage Duchénier est en général faiblement aménagée. Bien que
certains propriétaires expoitent la forêt, plusieurs ne récoltent que les chablis pour en faire
du bois de chauffage. Le faible intérêt pour la récolte de matière ligneuse a eu pour
conséquence d’augmenter dans le temps les classes d’âge 50 et 70 ans, au détriment de
peuplements moins agés (moins de 40 ans). Une vue d’ensemble du territoire nous porte à
croire que cette tendance s’amplifiera dans les années à venir si aucun changement est
apporté.
Le vieillissement des peuplements est plus élevé dans la partie ouest du Petit Lac
Macpès, où le peu d’interventions forestières a donné l’occasion au cerf de bénéficier d’un
abri surabondant composé de résineux agés. Ce milieu fortement fréquenté par le cerf est
par contre problématique puisque la quantité de nourriture disponible est nettement
déficiente. Malgré le dévouement constant de certains propriétaires à apporter de la moulée
comme nourriture d’appoint aux cerfs, cette partie du territoire sera bénéfique à long terme
au cerf seulement si des interventions forestières sont posées pour en maintenir le potentiel.
L’âge avancé du sapin dans plusieurs peuplements à l’ouest du Petit Lac Macpès peut aussi
être un facteur limitant pour l’avenir des peuplements, puisque cette essence est vulnérable
à plusieurs maladies et épidémies d’insectes, en plus d’être susceptible à la carrie lorsque
l’âge dépasse 60 ans.
8.0 Modalités d’interventions
8.1 Objectifs à court, moyen et long termes
Les résultats nous démontrent clairement que le plan d’intervention sera axé sur la
production de nourriture disponible au cerf tout en conservant le potentiel d’abri à un
niveau relativement élevé.
38
Faune-Experts inc.
L’habitat idéal du cerf lui procure un entremêlement d’abri et de nourriture à
l’intérieur de son domaine vital. Certaines grandes règles doivent être respectées afin
d’assurer le succès de tout plan d’intervention pour un ravage situé en forêt privée:
⇒ Intervenir sur le territoire de façon à assurer la satisfaction des propriétaires.
⇒ Respecter la superficie annuelle de coupe.
⇒ Normaliser les peuplements d’abris.
⇒ Maintenir les peuplements d’abri entre 19 et 38 % de la superficie du territoire
(pour cette région écologique).
⇒ Favoriser l’hétérogénéité de la distribution des peuplements d’abri, nourriture-abri et
nourriture.
Les interventions prévues au plan devront tenir compte ces différents principes. Plus
spécifiquement à la problématique du territoire, nous devons exécuter prioritairement
certaines interventions pour combler les besoins les plus urgents pour le cerf. Voici les
principaux objectifs qui ont été fixés à court, moyen et long termes pour la partie privée du
ravage Duchénier:
39
Faune-Experts inc.
Court terme (5 à 10 ans)
- Mettre à jour les boisés privés qui ont des plans de gestion à renouveler.
- Concevoir des plans de gestion pour les boisés dépourvus de planification forestière.
- Intégrer le territoire sur une base géomatique.
- Intégrer le lot 17 (rang V Duchesne) dans ce plan d’intervention. Ce lot est de nature
publique mais n’est pas sous CAAF.
- Structurer et appliquer un plan d’urgence basé sur la coupe d’arbres choisis et le
nourrissage avec de la moulée.
- Intensifier le rabattage de feuillus non-commerciaux en bordure de peuplements d’abris.
- Augmenter la quantité de peuplements de nourriture à fort potentiel de 8,8 % à 15 %.
- Augmenter la densité de ramilles disponibles sur le territoire de 45 700 ramilles / ha
à 85 000 ramilles / ha.
- Intensifier les interventions forestières à l’ouest du Petit Lac Macpès, et en augmenter
les peuplements de nourriture à fort potentiel.
- Prévenir et faire un suivi des risques d’épidémie de la tordeuse des bourgeons de
l’épinette.
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Faune-Experts inc.
Moyen terme (10-15 ans)
- Formuler un nouveau plan d’intervention.
- Conserver un pourcentage d’abri à plus de 35 % en tout temps.
- Conserver une proportion de 15 % de peuplements de nourriture à fort potentiel.
- Atteindre une production de ramilles disponibles de 100 000 ramilles / ha.
- Assurer l’hétérogénéité de la distribution des peuplements d’abri, de nourriture et de
nourriture-abri.
Long terme
- Atteindre la normalisation des peuplements et respecter la superficie annuelle moyenne
de coupe. Assurer une récolte soutenue.
- Soutenir une production de ramilles disponibles de 150 000 ramilles / ha.
- Conserver les proportions et la distribution des peuplements d’abri, nourriture et
nourriture-abri.
41
Faune-Experts inc.
8.2 Travaux prioritaires
Le choix des types de coupes ou de travaux d’éducation de peuplements qui sont
décrits dans les prochaines lignes doivent tenir compte des aspects techniques (voirie
forestière, prix de vente des essences, état du peuplement) et humains (budget disponible,
satisfaction du propriétaire). Par exemple, plusieurs propriétaires sont réticents à la
construction de chemins pour la récupération d’arbres après une coupe, puisque ceci
entraîne une hausse de l’achalandage de motoneigistes sur leur terrain. Il faudra donc
envisager de construire des petits sentiers de débardage qui se refermeront à court terme
s’ils ne sont pas entretenus.
Il sera aussi intéressant de proposer la coupe hivernale aux propriétaires puisque
cette activité peut apporter une source de revenus supplémentaires aux propriétaires par le
programme PAAR. Les coupes visées qui devraient être réalisées l’hiver sont celles
impliquant les feuillus et le cèdre.
Les modalités générales de gestion intégrée des ressources applicables aux
interventions forestières (Fleury et al. 1996; Fleury et Guitard 1997) doivent être respectées
en tout temps à moins qu’elles entrent en conflit avec les recommandations spéciales qui
suivront pour l’aménagement du ravage. Voici un résumé des modalités générales de
gestion intégrée des ressources:
1) Diversifier les types de coupes, leur donner une forme irrégulière et de petite
superficie (< 4 ha).
2) Conserver le sous-étage arbustif (commerciale et non-commerciale) et herbacé.
Pour l'éclaircie précommerciale et le dégagement de plantation, laisser une bande
de 5 m pour les superficies traitées > 1 ha et < 4 ha; laisser une bande de 5 à 10 m
dans les traitements > 4 ha.
42
Faune-Experts inc.
3) Éviter la coupe inutile d'arbres et de plantes à fruits. Éviter l'utilisation de
phytocide.
4) Favoriser le dépôt des débris ligneux au sol. Conserver des petits chablis.
5) Conserver les aulnaies.
6) Favoriser la régénération naturelle des sols.
7) Conserver les chicots de plus de 10 cm de DHP et de plus de 2 m de hauteur.
Conserver les arbres vétérans ou futurs arbres vétérans.
8) Protéger les sols sensibles. Limiter l'utilisation de machinerie causant des ornières
ainsi que le nombre de chemins de débardage et porter une attention particulière
aux sols à till mince (< 50 cm), de pente forte (30-40 %) et mal drainés (IV et V).
9) Limiter l'impact visuel des coupes sur les sites d'intérêt visuel élevé. Coïncider la
construction de voirie forestière avec l'expansion des activités récréatives.
10) Protéger les rives des cours d’eau.
8.2.1 Coupe sélective dans les peuplements résineux et mélangés à tendance résineuse.
Il existe plusieurs peuplements dominés par des résineux âgés sur le territoire.
Bien qu’ils offrent un abri de très bonne qualité pour le cerf, ces peuplements sont
faiblement régénérés et il s’y trouve très peu de nourriture disponible. Puisqu’on retrouve
peu ou pas de peuplements de nourriture à proximité de la majorité des peuplements
résineux d’abris, il est primordial d’éclaircir la forêt résineuse sur de petites superficies afin
de combler la faible disponibilité de ramilles.
43
Faune-Experts inc.
L’intervention que nous proposons est la suivante: choisir et couper des arbres ou
groupes d’arbres dans un peuplement dominés par des résineux en récoltant entre 25 et 35
% du volume de bois. Ce type de coupe s’apparente à la coupe progressive, à l’exception
que la coupe devrait favoriser la régénération feuillue établie à court terme (5 premières
années), et la succession de résineux par la suite.
Ordre de priorité des essences à conserver: 1- thuya
2- épinette
3- sapin
4- feuillus et mélèze
5- arbres malades ou mal formés
recommandations:
- Pratiquer des coupes sélectives de formes irrégulières et < 1.0 ha.
- Pour les coupes sélectives de grosseur moyenne (0.5 ha > x < 3 ha),
conserver au moins 4 îlots de 5-8 résineux (> 20 cm DHP) par hectare afin
de garder des abris partiels pour le cerf.
- Éviter ce type de coupe dans des milieux susceptibles aux chablis (buttes,
etc.). Il vaudrait mieux consulter un professionnel en cas de doute.
- Distancer les coupes sélectives d’au moins 80 m.
résultats escomptés:
- Récolte de bois mature.
- Conservation et renouvellement de l’abri pour le cerf.
- Augmentation de la nourriture disponible au cerf.
44
Faune-Experts inc.
8.2.2 Éclaircie commerciale
Il arrive qu’un peuplement résineux ou mélangé d’âge intermédiaire soit trop
dense pour permettre la pleine croissance des arbres. Puisque le cerf préfère généralement
les grosses cimes, il peut être intéressant de favoriser la croissance d’un nombre plus
restreint d’arbres. En conséquence, l’abri pour le cerf sera de meilleure qualité à moyen
terme.
L’éclaircie commerciale permet la croissance accrue des tiges d’avenir. Il s’agit
d’une coupe sélective d’arbres dans un peuplement dense qui n’a pas encore atteint la
maturité. Le prélèvement représente environ 30 % du volume initial et permet une
meilleure croissance des arbres résiduels et l’établissement de nourriture. Il peut être réalisé
dans un peuplement mélangé (sauf érablières) ou résineux.
Ordre de priorité des essences à conserver: 1- thuya
2- sapin et épinette
3- feuillus et mélèze
4- arbres malades ou malformés
recommandations:
- Pratiquer des éclaircies de formes irrégulières et < 1.0 ha.
- Éclaircir de façon hétérogène pour des traitements de grosseur moyenne
(1.0 ha > x < 3 ha). Laisser des îlots résineux de forte densité.
- Éclaircir plus fortement les zones entre 0 et 20 m d’un peuplement d’abri
non-traité.
- Éviter les peuplements susceptibles aux chablis.
- Distancer les éclaircies d’au moins 80 m.
45
Faune-Experts inc.
résultats escomptés:
- Bonne récolte de bois commercial.
- Accélération de la croissance des arbres.
- Potentiel d’abri accru à moyen terme pour le cerf.
- Augmentation de la nourriture disponible au cerf.
8.2.3 Coupe de succession
Certains peuplements sont caractérisés par la présence de peuplier faux-tremble à
l’étage supérieur et de résineux à l’étage inférieur. La présence du peuplier freine la
croissance des résineux et empêche la formation éventuelle d’un abri pour le cerf. La coupe
de succession a pour but de prélever l’étage dominant afin d’assurer l’établissement du
sous-étage résineux de bonne densité. La coupe accélère la venue d’un peuplement d’abri
tout en améliorant la qualité commerciale du peuplement.
recommandations:
- Pratiquer des coupes de succession de formes irrégulières et < 1.0 ha.
- Pour les coupes supérieures à 1.0 ha, laisser des arbres semenciers peu
vulnérables au vent lorsque le stocking n’est pas complet.
- Éviter la coupe de résineux s’ils sont en bonne santé.
- Suivre les directives relatives à l’éclaircie précommerciale dans les années
qui suivent la coupe de succession.
résultats escomptés:
- Bon volume de bois feuillu récolté.
- Accélération du sous-étage résineux en hauteur et diamètre.
- Asssure la formation d’un abri de qualité à long terme pour le cerf.
- Peut créer une quantité intéressante de nourriture disponible au cerf durant
les premières années après coupe.
46
Faune-Experts inc.
8.2.4 Dégagement mécanique de résineux et éclaircie précommerciale
Dans plusieurs ravages du Bas-St-Laurent, le manque d’abri pour le cerf pousse
les intervenants à prescrire le dégagement de la régénération résineuse pour permettre
d’atteindre le stade de peuplement d’abri le plus rapidement possible. Quand certaines
conditions sont remplies, la coupe de tiges de feuillus non-commerciaux provoque la
croissance de petits bouquets feuillus en sous-étage dès l’année suivante et augmente la
quantité de nourriture au cerf. Il ne faut pas oublier que l’éclaircie précommerciale de
feuillus a un effet bénéfique sur la quantité de nourriture, mais ne favorise pas
l’accélération d’un peuplement d’abri.
Dans la partie privée du ravage Duchénier, la quantité importante d’abris peut être
maintenue à un haut niveau si des interventions sont réalisées pour entretenir les
peuplements en régénération. Le dégagement de résineux est souhaitable lorsqu’il ne
diminue pas significativement la quantité de nourriture disponible au cerf.
Le traitement vise à dégager la régénération à une densité acceptable afin
d’accélérer la croissance des tiges en hauteur et en diamètre. La norme actuelle pour le
programme d’aménagement forestier est de 2 500 tiges par hectare.
recommandations:
- Éviter les éclaircies précommerciales de plus de 4.0 ha d’un seul tenant.
- Intervenir quand les ramilles de feuillus non-commerciaux sont inaccessibles
(hauteur de tiges > 3 m).
- Réaliser l’éclaircie à l’automne ou au début de l’hiver pour favoriser la
croissance des rejets de souche.
- Augmenter la densité de tiges résineuses à 10 m de la bordure non-traitée
(hors normes pour l’instant).
- Pour le dégagement des plantations, dégager par puit de lumière si possible.
47
Faune-Experts inc.
- Ne pas couper les petits amoncellements de feuillus lorsqu’ils n’enfreinent
pas la croissance des résineux.
Résultats escomptés:
- Meilleure qualité de résineux d’avenir.
- Accélération de la croissance d’un peuplement d’abri de qualité à long
terme.
- Lorsque les recommandations sont respectées, le traitement peut
augmenter la nourriture disponible au cerf.
8.2.5 Coupe avec protection de la régénération et des sols
La coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS) consiste à récolter
complètement des arbres ayant atteint le statut commercial tout en protégant la régénération
naturelle au sol. Lorsqu’elle est réalisée sur de petites superficies et à proximité d’un abri,
la coupe procure généralement une quantité importante de nourriture à court terme pour le
cerf. D’autre part, la CPRS de grande superficie peut être effectuée dans des peuplements
âgés afin d’assurer la reconstruction d’un peuplement d’abri d’avenir.
recommandations pour CPRS par trouées (petites superficies):
- Prioriser ce traitement dans les peuplements d’abris quand ils sont étalés sur de
grandes superficies continues.
- Limiter les coupes à un maximum de 0.1 ha et maintenir la forme irrégulière.
- Distancer les trouées d’au moins 20 m.
- Limiter la superficie de trouées à 30 % de la superficie totale.
48
Faune-Experts inc.
recommandations pour les CPRS de grandes superficies
- Réaliser des coupes d’environ 4 hectares dans des peuplements d’abris âgés;
préserver en tout temps un minimum de 30 % d’abri sur le territoire.
8.2.6 Coupe de jardinnage dans les cédrières.
Généralement, les cédrières sont des peuplements inéquiens stables caractérisés
par leur capacité à fournir de la nourriture et de l’abri.
Dans ces peuplements, la coupe de jardinage est un traitement intéressant. Il
consiste à l’abattage périodique d’arbres choisis individuellement ou par petits groupes
dans un peuplement inéquien dans le but de conserver les différentes classes d’âge. La
récolte peut varier de 25 à 35% du volume de bois et favorise la régénération naturelle et
les tiges saines. Une récolte continuelle d’arbres choisis (10-15 ans) jumelée à une période
de rotation de 30 ans permettrait de conserver le potentiel nourriture-abri des cédrières.
recommandations:
- Éviter le jardinage > 1 ha.
- Coupe de jardinage par bouquets (cèdre) tel que suggéré par Larocque et
Hélie (1993).
- Coupe d’arbres malades et mal formés en priorité.
- Prioriser les cédrières sèches aux cédrières humides.
- La coupe de cèdres devrait s’effectuer prioritairement l’hiver.
Résultats escomptés:
- Récolte périodique de bois commercial et croissance continue des arbres.
- Maintien du potentiel nourriture-abri du peuplement.
- Supplément de nourriture de qualité lorsque la coupe est réalisée l’hiver.
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Faune-Experts inc.
8.3 Autres travaux
Bien que les interventions décrites dans les prochaines lignes ne sont pas
ciblées comme étant prioritaires, elles demeurent néanmoins souhaitables, voir même
essentielles pour certains propriétaires et offrent des avantages à divers degrés pour le cerf.
8.3.1 Coupe progressive d’ensemencement
Le but final d’une coupe d’ensemencement est de récolter un peuplement
approchant la maturité, tout en favorisant l’établissement d’une régénération naturelle. La
coupe se réalise en trois étapes et l’intervalle entre les interventions est de 5 à 10 ans. Lors
de la première intervention, environ 30 % du volume de bois est récolté ce qui diminue la
densité du peuplement.
recommandations:
- Limiter les coupes à un maximum de 1 ha et obtenir des formes irrégulières.
- Conserver des îlots résineux tel que suggéré auparavant.
- Prioriser les coupes en bordure d’un peuplement d’abri.
- Distancer les coupes d’au moins 100 m.
50
Faune-Experts inc.
8.3.2 Plantation ou regarni de résineux
Ces deux types de travaux ont pour buts de permettre l’établissement d’une
régénération résineuse de densité satisfaisante (2 500 tiges / ha). Les essences à privilégier
sont le thuya, l’épinette blanche et l’épinette noire. Ces travaux devraient être réalisés
seulement sur de grandes superficies coupées à blanc et mals régénérées (> 3 ha).
recommandations:
- Travaux hors normes:
* Reboiser par îlots d’au plus 1 ha avec des formes irrégulières.
* Espacer les îlots d’envrion 20 m entre eux.
* Éviter le reboisement à moins de 20 m d’un peuplement d’abri.
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Faune-Experts inc.
8.4 Peuplements prioritaires à traiter
Dans les lots 8 à 17 (rang V Duquesne) apparaissent par ordre de priorité:
1- Peuplements de résineux et mélangés à dominance résineuse âgés densité A et B:
coupe sélective d’arbres ou CPRS par trouées.
2- Peuplements de faible densité (C ou D) à proximité de l’abri: CPRS par trouées.
3- Peuplements de résineux et mélangés à dominance résineuse jeunes densité A et B:
éclaircie commerciale.
4- Plantations et régénération résineuse où les arbres sont de plus de 3 m de hauteur:
dégagement mécanique de la régénération.
5- Cédrières: coupe de jardinage.
6- Peuplements mélangés à dominance de peuplier faux-tremble: coupe de succession.
Dans les lots 1 à 7 (rang V Duquesne) apparaissent par ordre de priorité:
1- Peuplements mélangés à dominance de peuplier faux-tremble: coupe de succession.
2- Peuplements mélangés à dominance résineuse densité A et B: éclaircie commerciale.
3- Plantations et régénération résineuse: dégagement mécanique de la régénération.
4- Cédrières: coupe de jardinage.
8.5 Travaux complémentaires pour augmenter la quantité de nourriture Au cours d’un hiver moyen, le cerf doit consommer quotidiennement environ 1 kg
(poids sec) de nourriture (Germain et al. 1991). La durée moyenne d’un hiver étant estimée
à 100 jours, un cerf doit consommer un minimum de 100 kg de nourriture pour combler ses
besoins énergétiques. Le taux de consommation des ramilles disponibles dans un ravage ne
doit pas dépasser 50 %, si l’on veut éviter que le broutement ne détruise la strate arbustive.
Idéalement, un ravage doit produire 100 000 ramilles/ha pour maintenir une densité de 20
cerfs/km2 (Germain et al. 1991).
52
Faune-Experts inc.
Si la production de ramilles est restreinte sur un territoire, la nourriture peut devenir
un facteur limitant pour le cerf au cours de l’hiver. Les conséquences sont grandes, puisque
chez les cervidés, il a été démontré que la malnutrition pouvait affecter le taux de
croissance, le poids, la productivité des troupeaux, la survie des faons, la fertilité et le
rapport des sexes (Tremblay 1978).
Il est important de réaliser des interventions qui favorisent l’ajout de nourriture
dans un territoire déficient pour la production de ramilles. Le rabattage d’hiver apporte une
quantité importante de ramilles au sol tout en permettant une production accrue l’été
suivant. Dans des conditions d’hivers très rigoureux, d’autres types d’interventions peuvent
fournir un supplément de nourriture: les coupes hivernales d’arbres choisis et le nourrissage
d’urgence.
8.5.1 Rabattage de feuillus non-commerciaux
Le rabattage de feuillus non-commerciaux est une bonne source d’alimentation
pour le cerf lors d’hivers rigoureux. Lorsque les tiges de feuillus non-commerciaux
atteignent environ 3 mètres de hauteur, la plupart des ramilles deviennent inaccessibles au
cerf. En plus d’avoir aucune valeur commerciale, ces tiges offrent aucun abri au cerf et sont
pratiquement inutiles. Par contre, lorsqu’abattues au sol durant l’hiver, ces tiges peuvent
apporter une quantité appréciable de nourriture. En plus, les rejets de souche laissés sur
l’aire de rabattage contribueront à produire de nouvelles tiges.
Le rabattage de feuillus dans le ravage de Témiscouata rendait accessible entre
167 et 237 kg de ramilles/ha selon les types de peuplements (7 000 à 10 600 tiges
abattues/ha; Maltais et Crête 1996). À partir de ces résultats, les auteurs soutiennent que le
rabattage de feuillus non-commerciaux permettrait de fournir 3 à 5 fois plus de ramilles par
hectare que ce qui est disponible normalement dans un ravage.
53
Faune-Experts inc.
Un inventaire a été réalisé au cours de l’hiver 1998 afin d’identifier des secteurs
potentiels pour réaliser le rabattage de feuillus non-commerciaux (voir Annexe 5 pour
consulter le protocole expérimental). Nos inventaires démontrent que la partie située à
l’ouest du Petit Lac Macpès est faiblement représentée par des amoncellement de feuillus
non-commerciaux de hauteur inaccessible au cerf. Par contre, plusieurs tiges accessibles
sont fortement mutilées, si bien qu’elles offrent très peu de nourriture au cerf. Voici les
recommandations que nous proposons:
- Rabattre les tiges de toute hauteur lorsque le pourcentage de ramilles broutées
excède 50 % dans un peuplement; respecter la superficie maximale visée de 1
ha.
- Rabattre les tiges de plus de 2,5 m partout où cela est possible, sans avoir à
délimiter l’aire de coupe.
- Rabattre tous les feuillus non-commerciaux, à l’exception de l’aulne, du sorbier
et du sureau, puisqu’il n’y a pas que l’érable à épis qui est fortement brouté sur le
territoire.
- Rabattre au cours de la période automnale avancée.
8.5.2 Plan de nourrissage d’urgence: coupe d’arbres choisis et nourrissage avec de la
moulée.
Pour accommoder les densités de cerfs de nos ravages (15 à 30 ind./km2), le milieu
doit produire en moyenne 30 à 60 kg/ha de ramilles accessibles (Germain et al. 1991), ce
qui n’est pas souvent le cas. Les coupes hivernales produisent jusqu’à 16 fois plus de
biomasse de ramilles que le milieu naturel. Lors d’une coupe hivernale de 11 ha réalisée
dans le ravage Duchénier, les cerfs ont consommé environ 9936 kg de débris de coupe, ce
qui a permis à environ 146 cerfs de combler leur besoins nutritifs pendant 68 jours (Fleury
et Guitard 1996). Les débris ligneux de cèdre mis à la disposition du cerf ont été utilisés à
92 %. Les essences feuillues les plus utilisées étaient (par ordre d’importance):
54
Faune-Experts inc.
l’érable rouge (87 %), le bouleau à papier (84 %) et les peupliers (55 %). Une coupe
hivernale effectuée dans le ravage de Pohénégamook a démontré les mêmes tendances,
alors que les érables étaient broutés à 98 %, le bouleau à papier à 56 % et le peuplier faux-
tremble à 27 % (Maltais et Crête 1996).
Un inventaire a été réalisé à l’hiver 1998 dans le but d’identifier des sites
potentiels d’abattage de cèdres sur le territoire dans l’éventualité d’un hiver très rigoureux.
Les sites devaient comporter une quantité intéressante de cèdres, sans que l’abattage ne
perturbe de façon importante le peuplement. Nos hypothèses de coupe sont basées selon les
prémisses suivantes:
- Accomoder une densité de 20 cerfs / km2 (seuil de conservation).
- Fournir 50 % des besoins nutritionnels du cerf durant 30 jours.
- Identifier les besoins pour 2 années d’hivers rigoureux.
Selon nos estimations et l’expérience acquise, le meilleur scénario serait
d’identifier 1 ou 2 sites d’abattage de 12 cèdres par lot. Les cèdres à couper seraient entre
10-15 m de hauteur ou 20-40 cm de diamètre à hauteur de poitrine. Lorsque les conditions
d’urgence sont annoncées par le ministère de l’Environnement et de la Faune, 1 à 2 sites
rapprochés par lot seront ciblés sur 8 lots pour y permettre la coupe de 12 cèdres par lot
(équivalent à 12 cèdres / km2). Un total de 3 cèdres seront coupés par semaine pendant 4
semaines sur chacun des lots ciblés. En tout, cela correspond à la coupe de 12 cèdres par
km2 lors d’un hiver rigoureux. Lors du prochain hiver nécessistant des mesures d’urgence,
les 8 autres lots seront mis à contribution pour nourrir le cerf.
Le nourrissage avec de la moulée dans des situations d’urgence est couramment
utilisé dans le Bas-Saint-Laurent. Il consiste à offrir de la nourriture artificielle au cerf
comme supplément lors d’hivers très rigoureux. Bien que le degré d’acceptation de la
55
Faune-Experts inc.
moulée par les cerfs dans le milieu naturel est variable, les sites d’alimentation sont
généralement fréquentés par ce cervidé.
Selon le Plan d’urgence pour le cerf dans le Bas-Saint-Laurent (anonyme 1997), la
moulée devrait être accessible quand le processus d’urgence est déclenché par les
personnes compétentes. Pour le ravage Duchénier, la situation d’urgence est déclaré
lorsque le NIVA est supérieur à 20% de la normale à compter de la fin janvier. Il devrait y
avoir 1 site/km2 (environ 1 site/2 lots) pour que le nourrissage soit efficace.
9.0 Localisation des interventions
Les secteurs de rabattage de feuillus non-commerciaux sont représentés à la Figure
9. En tout, 29,5 ha de boisés potentiels pour le rabattage ont été identifié sur le territoire.
Les densités de tiges de feuillus non-commerciaux varient de 10 000 tiges/ha à 48 333
tiges/ha (Tableau 10). Les secteurs de nourrissage avec de la moulée et de coupe d’arbres
choisis sont représentés à la Figure 10. Pour la localisation des aires de travaux anticipés
(Figure 11), les peuplements ciblés ne sont que des indications pour permettre aux
gestionnaires forestiers d’observer visuellement les interventions possibles dans les
différents secteurs du territoire. Les plans de gestion viendront concrétiser les interventions
possibles en fonction de ce qui est proposé dans ce plan d’intervention.
56
Faune-Experts inc.
10.0 Conclusion
Ce document a été rendu possible grâce à la collaboration financière du ministère
des Ressources Naturelles, par le programme de mise en valeur des ressources du milieu
forestier (Volet II). Le plan d’intervention élabore les interventions qui devraient favoriser
le cerf de Virginie sur la forêt privée du ravage Duchénier. Le territoire est divisé en deux
parties: (1) l’ouest du Petit Lac Macpès, caractérisé par un pourcentage important de
peuplements d’abri et très peu de nourriture; (2) les lots en-dessous du Petit Lac Macpès où
les peuplements d’abri sont restreints et la nourriture est présente sur de grandes
superficies. En tenant compte de ces différences dans les interventions proposées, il peut
être possible de retrouver à moyen terme des peuplements de nourriture et d’abri bien
distribués sur le territoire.
Puisque la nourriture constitue un facteur limitant sur le territoire, nous avons
suggéré le rabattage de feuillus non-commerciaux partout où cela est possible. Des mesures
d’urgence déclarées lors d’hiver très rigoureux assureront une nourriture d’appoint au cerf.
Deux actions sont suggérées: abattage de cèdres et nourrissage avec de la moulée.
Lors des rencontres avec les propriétaires, ceux-ci ont exprimé leur désir de former
un regroupement pour le rang V Duquesne afin, entre autre, de limiter le braconnage sur le
territoire. La formation d’un regroupement serait une bonne occasion pour embaucher une
personne compétente afin de suggérer, de gérer et de faire le suivi des activités forestières
avec la Société d’exploitation des ressources de la Neigette.
61
Faune-Experts inc.
11.0 Bibliographie
Anonyme. Plan d’urgence pour le cerf de Virginie dans le Bas-St-Laurent. Table de
concertation sur les questions fauniques. Rimouski, 28 p.
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des Ressources Naturelles et le Ministère de l'Environnement et de la Faune, Bic.
26p. Fleury, M. et A. Guitard. 1997. Application du guide de modalités de gestion intégrée des
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Ressources Naturelles et le Ministère de l'Environnement et de la Faune, Bic. 26 p.
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Faune-Experts inc.
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Faune-Experts inc.
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game wildlife.
64
Faune-Experts inc.
Annexe 1
Dépliant et document d’information remis aux propriétaires.
65
Faune-Experts inc.
dépliant
66
Faune-Experts inc.
Plan d’intervention pour la forêt privée du ravage Duchénier: résumé des interventions proposées
et de l’aide aux propriétaires
préparé par Faune-Experts inc.
67
Faune-Experts inc.
Au mois d’août et de septembre 1997, l’équipe de Faune-Experts inc. a réalisé un
inventaire dans la partie privée du ravage Duchénier dans le but de:
1) Connaître les peuplements d’abri, de nourriture-abri et de nourriture pour le cerf.
2) Déterminer la quantité de nourriture naturelle disponible au cerf au cours de
l’hiver.
Les inventaires nous ont permis d’obtenir les conclusions suivantes:
⇒ La partie à l’ouest du Petit Lac Macpès était fortement fréquentée par le cerf à l’hiver
1997. Les densités étaient estimées à environ 25 à 35 cerfs par km2 pour l’ensemble
des
boisés privés.
⇒ Le potentiel d’abri pour le cerf est élevé sur le territoire, surtout dans la partie située à
l’ouest du Petit Lac Macpès; les plantations d’épinettes et les peuplements de
régénération à dominance résineuse assurent une possibilité d’abri à long terme.
⇒ Les peuplements offrant une nourriture abondante au cerf sont peu représentés (8.8 %
du territoire). À l’ouest du Petit lac Macpès, les peuplements de nourriture à bon
potentiel sont presqu’inexistants.
⇒ La production de ramilles disponibles au brout du cerf est nettement insuffisante dans
les peuplements de potentiel d’abri et de nourriture-abri.
68
Faune-Experts inc.
⇒ Le cerf surutilise la nourriture disponible. Dans les peuplements d’abri, 55 % des tiges
sont broutées, 37 % des tiges sont mutilées par le broutement intense, et 10 % des tiges
ont été tuées par des cerfs. Près de 48 % des ramilles dans les peuplements d’abri ont
été broutées. Pour l’ensemble du territoire, 38 % des ramilles sont broutées, 29 % des
tiges sont mutilées et 5,9 % des tiges sont tuées.
⇒ Les peuplements dominés par le sapin sont représentés à 88,6 % par les classes d’âge
50 et 70 ans, ce qui représente une structure d’âge élevée.
Problématique actuelle
Le ravage Duchénier est fréquenté par le Cerf de Virginie depuis de nombreuses
années. D’ailleurs, la confection d’un plan d’intervention forestier pour le cerf sur la partie
publique du ravage démontre l’importance et la constance de sa présence sur le territoire.
Au cours des années, l’abondance et la distribution du cerf ont varié
significativement dans le ravage Duchénier. Suite à la modification de l’habitat dans la
partie publique, le cerf s’est déplacé graduellement vers le nord-est du ravage. Malgré un
déclin important des effectifs, principalement causé par les hivers rigoureux de 1990 et
1991, le cerf a poursuivi son expansion nord-est pour envahir la forêt privée environnante.
Malgré sa forte croissance au cours des dernières années et le dépassement du niveau de
conservation établi à 3000 cerfs dans le Bas-Saint-Laurent, l’état des populations de cerfs
demeure fragile face aux hivers rigoureux.
69
Faune-Experts inc.
Depuis le déclin généralisé du Cerf il y a quelques années, des actions ont été prises
pour stabiliser les populations: piégeage du coyote, fermeture de la chasse puis réouverture
de la chasse en 1996, plan de nourrissage d’urgence avec de la moulée lors d’hivers
rigoureux, interventions forestières d’hiver. Ces actions ont permis de réduire les
principales causes de déclin de l’espèce. Cependant, elles seront bénéfiques à long terme
seulement si des interventions sont réalisées afin d’améliorer la qualité du milieu forestier
pour le Cerf de Viriginie. C’est pourquoi les plans d’aménagement forestiers pour les
ravages sont nécessaire.
Bien que les interventions forestières peuvent parfois avoir un impact négatif sur les
populations de cerfs lorsqu’elles sont inadéquates, une forêt bien aménagée contribue
mieux qu’une forêt non-aménagée pour le maintien des cerfs à long terme. En plus de
prévenir contre le vieillissement excessif des peuplements, des interventions forestières
diversifiées et bien distribuées augmentent l’hétérogénéité du territoire, réduisant ainsi
l’étendue de maladies et d’épidémies d’insectes, en plus d’offrir une protection contre le
feu. Des interventions planifiées contribuent aussi à obtenir des peuplements de toutes
classes d’âge, assurant abri à court, moyen et long terme pour le cerf, ainsi que la nourriture
dont il a besoin. Les autres espèces fauniques bénéficient aussi de l’aménagement des
forêts puisque cette pratique apporte l’établissement d’une variété d’habitats.
La partie privée du ravage Duchénier est en général faiblement aménagée. Bien que
certains propriétaires expoitent la forêt, plusieurs ne récoltent que les chablis pour en faire
du bois de chauffage. Le faible intérêt pour la récolte de matière ligneuse a eu pour
conséquence d’augmenter dans le temps les classes d’âge 50 et 70 ans, au détriment de
peuplements moins âgés (moins de 40 ans). Une vue d’ensemble du territoire nous porte à
croire que cette tendance s’amplifiera dans les années à venir, si aucun changement est
apporté.
70
Faune-Experts inc.
Le vieillissement des peuplements est plus élevé dans la partie ouest du Petit Lac
Macpès, où le peu d’interventions forestières a donné l’occasion au cerf de bénéficier d’un
abri surabondant composé de résineux âgés. Ce milieu fortement fréquenté par le cerf est
par contre problématique puisque la quantité de nourriture disponible est nettement faible.
Malgré le dévouement constant de certains propriétaires à apporter de la moulée comme
nourriture d’appoint aux cerfs, cette partie du territoire sera bénéfique à long terme au cerf
seulement si des interventions forestières sont posées pour en maintenir le potentiel. La
prédominance du sapin de classes d’âge 50 et 70 ans dans plusieurs peuplements à l’ouest
du Petit Lac Macpès peut aussi être un facteur limitant pour l’avenir des peuplements,
puisque cette essence est vulnérable à plusieurs maladies et épidémies d’insectes, en plus
d’être susceptible à la carrie lorsque l’âge dépasse 60 ans.
Les résultats nous démontrent clairement que des interventions devraient être
réalisées pour augmenter la quantité de nourriture disponible au cerf sur le territoire tout en
conservant le potentiel d’abri à un niveau élevé.
71
Faune-Experts inc.
Pour augmenter rapidement la quantité de nourriture sur le territoire:
Rabattage hivernal de feuillus non-commerciaux.
La technique consiste à couper des feuillus non-commerciaux d’environ 2 m de
hauteur, et les rabattre au sol. Cette pratique permet au cerf de se nourrir de ramilles qui
normalement ne sont pas accessibles. Une coupe du genre peut fournir de 3 à 5 fois plus de
ramilles que ce qui est disponible. L’été suivant la coupe, les rejets de souche permettront
la croissance d’un plus grand nombre de tiges, augmentant ainsi la quantité de nourriture
accessible au cerf.
Plan structuré de nourrissage d’urgence
Deux types de techniques sont proposées:
(1) Le nourrissage avec de la moulée dans des situations d’urgence est
couramment utilisé dans le Bas-Saint-Laurent. Il consiste à offrir de la nourriture
artificielle au cerf comme supplément lors d’hivers très rigoureux. Des sites
seront ciblés où le cerf est abondant.
(2) La coupe d’arbres choisis sur un site prédéterminé peut apporter une quantité
importante de nourriture au cerf durant un hiver difficile. Un cèdre d’environ
12 m de hauteur peut nourrir un cerf pendant 10 jours.
72
Faune-Experts inc.
Coupe sélective dans les peuplements dominés par les résineux
Nous suggérons la coupe sélective de résineux matures pour le ravage dans le but
d’augmenter la quantité de nourriture à court terme, et d’assurer un peuplement d’abri à
long terme. Ce type d’intervention, quand il est réalisé à très petite échelle (0.5 ha), procure
une grande quantité de nourriture au cerf dans les premières années suivant le traitement.
Plus tard, la régénération résineuse permet au peuplement de retrouver son état avant
coupe.
Pour conserver les peuplements d’abri à court et long terme:
Éclaircie commerciale
Il s’agit d’une coupe sélective d’arbres dans un peuplement dense qui n’a pas
encore atteint la maturité. Le prélèvement représente environ 25 % du volume initial et
permet une meilleure croissance des arbres résiduels et l’établissement de nourriture.
Coupe de succession
Ce type de coupe est pratiqué dans les peuplements mélangés dominés par les
feuillus à l’étage supérieur et les résineux à l’étage inférieur. La coupe accélère la venue
d’un peuplement d’abri tout en améliorant la qualité commerciale du peuplement.
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Faune-Experts inc.
Dégagement mécanique de résineux et éclaircie précommerciale de résineux
Ces traitements visent à dégager la régénération à une densité acceptable afin
d’accélérer la croissance des tiges en hauteur et en diamètre. Ils ont pour but d’accélérer la
venue de peuplements d’abris.
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Faune-Experts inc.
Démarche à suivre pour obtenir de l’aide financière
Étape 1. Afin de bénéficier d’une subvention spéciale pour l’aménagement de votre boisé
situé dans un ravage de cerfs (PAAR; annexe 1), vous devez en premier lieu faire affaire
avec un organisme accrédité. Dans la région, la Société d’exploitation des ressources de
la Neigette (SERN) comprend 745 membres, dont 470 sont propriétaires de lots boisés.
Pour detenir une action dans l’organisme, vous devez acheter la valeur d’une action
ordinaire, soit 10 $.
Étape 2. Vous devez dans un deuxième temps signer une entente d’aménagement avec
l’organisme accrédité. Dans cette entente, la SERN s’engage à fournir un plan de gestion
de votre boisé. Le plan de gestion comprend une description des différents peuplements
(essences, densité, hauteur, âge moyen, volume) sur une photo aérienne ainsi que des
travaux suggérés. Le plan est presque entièrement subventionné puisque vous êtes situé
dans un ravage de cerfs, et vous bénéficiez en plus d’un remboursement annuel de taxes de
85 % de la valeur du plan de gestion (environ 100 $ par lot).
Étape 3. Si vous le désirez, vous pouvez donner votre accord pour débuter l’exécution
d’une prescription sylvicole dans votre boisé. Les travaux peuvent débuter seulement
si le propriétaire donne son autorisation en signant la prescription. Trois choix
s’offrent alors au propriétaire:
1- Il peut faire lui-même les travaux sans être engagé par l’organisme.
2- Il peut faire lui-même les travaux mais en étant engagé par l’organisme.
3- Il peut faire exécuter les travaux par l’organisme.
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Faune-Experts inc.
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Faune-Experts inc.
Programme d’aide à l’aménagement des ravages de cerfs de virginie (PAAR)
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Faune-Experts inc.
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Annexe 2
Inventaire de brout en 1997: tracé des virées.
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Faune-Experts inc.
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Annexe 3
Grille du potentiel d’utilisation des peuplements forestiers par le cerf.
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Annexe 4
Peuplements forestiers retrouvés dans la forêt privée du ravage Duchénier.
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peuplements avec numéros
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Faune-Experts inc.
NO COMP APP TEND DENS HAUT AGE TYPE SUP AUT PENTE 0001 A Z Z Z 7.9 A 0002 A Fi Fi D 3 50 F 3.2 CP C 0003 A RFi R B 3 50 M 12.5 D 0004 A Fi Fi D 3 50 F 0.8 CP C 0005 A Fi Fi B 3 50 F 0.6 D 0006 A CR C B 4 50 R 20.3 JIN B 0007 A RFi R B 3 50 M 1.0 D 0008 A EFi E C 3 50 M 12.3 D 0009 A EoS Ft C 2 70 M 0.8 C 0010 A ES E B 3 70 R 2.9 C 0011 A FiR Fi B 3 50 M 1.8 D 0012 A FiR Fi B 3 50 M 4.9 C 0013 A Fi Fi B 3 50 F 1.3 C 0014 A Reg F A 6 10 F 1.0 CT E 0015 A Sfi S B 2 50 M 5.9 E 0016 A EpO EO B 5 10 R 7.8 B 0017 A PeR Fi B 2 50 M 1.8 B 0018 A P Z Z Z 3.6 B 0019 A Fi Fi C 3 50 F 1.5 B 0020 A EpO EO i 6 10 R 1.6 P9 B 0021 A Fi Fi B 3 50 F 3.6 C 0022 A Bb Fi B 3 50 F 3.1 C 0023 A SS S B 2 50 R 1.6 D 0024 A Pe Fi B 2 50 F 1.6 D 0025 A Reg F A 5 10 F 8.4 CT D 0026 A EpN E i 5 10 R 3.3 P7 C 0027 A FiS Fi A 2 50 M 12.9 E 0028 A FiR Fi B 2 70 M 4.1 D 0029 A NR N N 01 N 0.8 CT B 0030 A RFi R B 3 50 M 1.3 B 0031 A PeS Fi C 3 50 M 3.3 B 0032 A PeS Fi B 2 50 M 1.8 B 0033 A FiS Fi C 3 50 M 11.5 CP D 0034 A EoR Ft B 3 50 M 2.6 E 0035 A FiR Fi B 3 50 M 16.4 C 0036 A PeR Fi B 3 50 M 1.3 D 0037 A RPe R B 3 50 M 0.6 C 0038 A RS R B 2 70 R 3.5 D 0039 A PeS Fi B 2 50 M 5.7 D 0040 A RFi R B 2 70 M 56.7 D 0041 A PeR Fi C 3 50 M 2.1 D 0042 A SC S C 3 50 R 2.6 JIN B 0043 A CMe C A 3 50 R 4.7 B 0044 A Pe Fi B 3 50 F 1.0 B 0045 A Fi Fi C 3 50 F 9.5 D 0046 A Ft Ft C 3 50 F 4.1 D 0047 A CC C B 4 70 R 3.6 C 0048 A EAU P 3.1
89
Faune-Experts inc.
NO COMP APP TEND DENS HAUT AGE TYPE SUP AUT PENTE 0049 A EoR Ft B 3 50 M 3.9 E 0050 A Bb Fi B 2 50 F 5.9 C 0051 A Er Ft C 2 50 F 13.3 JIN C 0052 A CC C D 4 70 R 1.3 C 0053 A SC S B 2 70 R 4.9 D 0054 A RPe R C 4 30 M 4.7 B 0055 A Er Ft C 2 50 F 5.7 CP C 0056 A ES E B 3 70 R 0.6 C 0057 A EoR Ft D 3 50 F 1.0 JIN D 0058 A NR N N 01 N 3.6 CT D 0059 A Reg F B 6 10 F 5.7 CT D 0060 A SC S A 3 50 R 4.7 E 0061 A Reg F B 6 10 F 1.3 CT B 0062 A Fi Fi D 4 50 F 1.2 C 0063 A Reg M B 5 10 R 5.4 CT B 0064 A EAU P 0.8 A 0065 A PeS Fi C 2 50 M 3.9 A 0066 A Reg F B 6 10 F 2.1 CT C 0067 A CS C D 4 50 R 0.8 JIN D 0068 A Fi Fi D 3 50 F 2.3 C 0069 A RPe R B 2 70 M 0.6 C 0070 A PeR Fi C 3 50 M 3.9 C 0071 A Fi Fi D 3 50 F 1.3 C 0072 A Reg M B 6 10 M 3.6 EPC C 0073 A Reg R i 6 10 R 2.9 EPC C 0074 A ES E B 2 70 R 1.0 C 0075 A Reg M B 6 10 F 4.1 CT C 0076 A EoR Ft C 3 50 M 5.9 CP D 0077 A Reg F i 6 10 F 0.6 C 0078 A Reg M i 6 10 M 2.6 C 0079 A DENH Z Z Z 1.6 A 0080 A CS C C 4 50 R 2.9 JIN A 0081 A Pe Fi C 2 50 F 0.8 C 0082 A PeS Fi B 2 50 M 24.9 B 0083 A CC C C 4 50 R 4.1 JIN A 0084 A RFi R C 3 50 M 6.2 C 0085 A SS S A 3 70 R 1.3 E 0086 A CE C B 3 50 R 5.1 C 0087 A ES E B 3 70 R 3.1 C 0088 A FiR Fi C 3 50 M 6.2 C 0089 A EoR Ft C 3 50 M 26.9 JIN C 0090 A REo R C 3 50 M 4.1 JIN 0 0091 A SEr S B 3 50 M 3.3 D 0092 A EoS Ft C 3 50 M 2.3 D 0093 A SE S B 3 70 R 1.0 D 0094 A REo R B 3 50 M 2.1 D 0095 A SE S B 3 70 R 2.3 D 0096 A SE S B 3 50 R 6.2 D
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Faune-Experts inc.
NO COMP APP TEND DENS HAUT AGE TYPE SUP AUT PENTE 0097 A EoR Ft B 3 50 M 4.7 D 0098 A CS C C 4 50 R 1.4 A 0099 A RC R C 4 50 R 3.6 JIN A 0100 A CS C B 3 50 R 6.7 JIN A 0101 A SS S A 3 70 R 8.4 E 0102 A CC C A 4 50 R 2.9 E 0103 A REo R B 3 50 M 8.4 D 0104 A SE S B 2 50 R 15.2 B 0105 A EAU P 0.6 0106 A SS S B 2 50 R 8.2 B 0107 A SC S A 3 50 R 36.5 B 0108 A PeS Fi B 2 50 M 1.3 D 0109 A FiR Fi D 3 50 F 5.4 D 0110 A EC E B 3 50 R 2.6 C 0111 A EpO EO i 6 10 R 1.8 P13 B 0112 A SS S C 3 50 R 0.7 C 0113 A PgE Pg A 2 70 R 1.8 C 0114 A EpO EO B 6 10 R 6.8 P13 B 0115 A ES E B 3 70 R 0.5 C 0116 A SE S B 3 50 R 0.5 C 0117 A AULN Z Z 00 Z 1.6 B 0118 A EpO EO i 6 10 R 0.7 P13 B 0119 A SC S B 3 50 R 1.2 C 0120 A EPN E B 6 05 R 9.5 P5 B 0121 A Pe Fi A 2 70 F 0.3 D 0122 A CS C B 3 50 R 7.1 JIN A 0123 A SE S B 5 30 R 12.1 D 0124 A Reg R B 6 05 R 1.8 CT C 0125 A SS S A 3 70 R 1.6 D 0126 A SE S C 4 30 R 3.6 JIN D 0127 A SPe S C 4 30 M 11.5 B 0128 A Pe Fi C 3 50 F 2.6 B 0129 A PeS Fi C 4 30 M 3.3 B 0130 A PeR Fi B 2 50 M 3.9 D 0131 A CC C B 3 50 R 4.9 C 0132 A ES E B 3 70 R 9.5 C 0133 A EAU P 3.9 0134 A SFi S B 4 30 M 8.4 C 0135 A Reg M B 6 05 M 4.2 CT D 0136 A Pe Fi B 3 50 F 1.1 D 0137 A SFi S C 4 30 M 5.4 D 0138 A SC S C 4 50 R 15.2 JIN B 0139 A P Z Z Z 2.9 B 0140 A SS S B 3 50 R 19.3 D 0141 A SE S B 3 70 R 71.0 C 0142 A SC S C 4 50 R 1.0 JIN B 0143 A RS R B 3 70 R 1.3 D 0144 A P Z Z Z 2.6 B
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Faune-Experts inc.
NO COMP APP TEND DENS HAUT AGE TYPE SUP AUT PENTE 0145 A RPe R C 3 50 M 14.9 C 0146 A EpL EL A 6 10 R 6.2 P14 D 0147 A RPe R C 3 50 M 3.3 C 0148 A SC S C 4 50 R 6.4 JIN B 0149 A SPe S B 3 70 M 9.0 D 0150 A Pe Fi B 3 70 F 1.6 D 0151 A SE S C 3 50 R 3.9 B 0152 A EAU P 3.9 0153 A SS S B 3 70 R 1.3 B 0154 A DENH Z Z Z 1.3 0155 A Reg F i 6 10 F 1.0 CT D 0156 A SS S B 3 50 R 6.2 D 0157 A EC E C 3 90 R 6.4 A 0158 A Reg F i 6 10 F 1.6 CB A 0159 A SPe S C 3 50 M 16.4 CP B 0160 A ES E C 3 70 R 7.0 D 0161 A SS S B 3 70 R 1.8 B 0162 A SBb S B 3 50 M 14.4 C 0163 A ES E C 3 70 R 13.1 CP B 0164 A SS S C 3 50 R 5.4 C 0165 A PeS Fi B 3 50 M 4.7 D 0166 A CC C B 4 50 R 1.3 B 0167 A RPe R B 3 50 M 3.3 D 0168 A Pe Fi B 2 50 F 3.3 D
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Faune-Experts inc.
Annexe 5
Protocole pour l’inventaire de sites de rabattage de feuillus non-commerciaux.
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Faune-Experts inc.
Protocole pour l'inventaire des sites de rabattage sur la partie privée du
ravage de cerfs de Duchénier
1. Les peuplements ciblés sur le territoire seront parcourus pour pouvoir identifier tous les
endroits où le rabattage d'essences feuillues non-commerciales sera possible.
2. Les sites ainsi identifiés devront avoir une superficie comprise entre 0,25 et 1 ha. Ils
seront marqués à l'aide de ruban forestier et localisés sur photographie aérienne.
3. Sur les sites identifiés, l'inventaire des essences ligneuses sera effectué avec la prise de
parcelles-échantillons de 4 m 2.
3.1 Dans chaque parcelle-échantillon les données suivantes devront être receuillies:
1) Comptage et identification des essences suivantes: résineux et feuillus
commerciaux, feuillus non-commerciaux.
2) Évaluation de la hauteur moyenne des feuillus non-commerciaux.
3) Distance entre le milieu du site et le peuplement d'abri le plus près (situé à moins
de 50 mètres).
4) Superficie du site (m 2).
4. Récolter des indices de présence du cerf, évalué à l'aide de la méthode du pourcentage de couverture de pistes pour chaque peuplement, basé selon les critères suivants:
• Très fréquenté (A): > 50%
• Moyennement fréquenté (B): 25 - 50%
• Peu fréquenté (C): < 25%
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