mechehed 2007 numeration arabe

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Le système de numération alphabétique arabedans les manuscrits de la collection Lmūhūb Ūlahbib (khizana de Tala Uzrar)

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  • UNIVERSIT DEGLI STUDI DI NAPOLI LORIENTALE

    A N N A L I

    V O L U M E

    6 7

    (ESTRATTO)

    NAPOLI 2007

  • AION, 67/1-4 (2007), 55-81

    DJAMEL EDDINE MECHEHED

    Le systme de numration alphabtique arabe dans les manuscrits de la collection Lmhb lahbb*

    INTRODUCTION

    A lpoque mdivale, les rudits des Pays de lIslam utilisaient la num-ration alphabtique, cest--dire lemploi des lettres de lalphabet pour expri-mer des chiffres, comme dans toutes les civilisations. Lhistorien des sciences, Mohamed Souissi (1974 : 173) affirme quon leur doit deux systmes de calcul connus sous le nom de calcul abcdaire, savoir, le systme a b c d et le systme q . Ibn aldn (1982 : 333) avait nomm ce systme, dans son ouvrage la Muqaddima, isb bi-l-ummal en affirmant quil est trs ancien.

    Ce systme de numration tait bien connu des lettrs locaux de la petite Kabylie, comme le prouve les crits retrouvs dans la izna (la bibliothque) de manuscrits de ay Lmhb lahbb. Les auteurs musulmans lutilisait dans leurs diffrents crits: science des hritages, posie, astronomie, astrolo-gie, divination (Mechehed 2004 : 63-395). Et daprs larticle de Muammad Yalaw (1971 : 95), les dates de construction de certains difices des pays de lIslam, comme les mosques, palais, cimetires (date de la mort sur les tom-bes), coles sont graves par le systme isb bi-l-ummal.

    Les diverses variantes de numration arabes que nous prsentons ici ap-partiennent la collection Lmhb lahbb (19me sicle), certaines dentres-elles sont indites.

    Presentation de la collection

    La collection de manuscrits Lmhb lahbb comprend 476 manuscrits rpertoris dans le catalogue (Mechehed 2004 : 14) et 96 documents (corres-

    * Lauteur remercie le Pr. D. Assani et B. Marty pour leurs contributions dans cet article, et Mlle

    K. Bouzouzou pour la lecture de cet article.

  • 56 Dj.E. Mechehed

    pondances et actes notaris) ne figurent pas dans le catalogue.1 Plus dune centaine ne sont constitus que de quelques feuilles alors que seulement 248 dentre eux sont complets, certains crits sont dans un tat de dtrioration. Les principales raisons sont les suivantes :

    1) Une partie de la bibliothque a t incendie pendant la guerre de li-bration par larme coloniale en 1957.

    2) Les manuscrits restants ont t enterrs pendant que son hriter, Lmahd Mechehed (1892-1973) tait avec le reste de la famille et les habitants de la rgion, parqus dans un camp.

    3) Partage de la bibliothque (collection) entre diffrents hritiers.

    Les manuscrits sont rests au village Tala zrr, pendant longtemps, lexception dune vingtaine, qui ont servi douvrages de rfrences et de do-cuments de recherches ay Zarq2 (Assani, Mechehed 2007 : 87).

    La famille lah bb

    La famille lahbb (Mechehed pour ltat civil franais)3 habite Tala zrr, un petit village familial, au sud-est de la Kabylie, commune de Ain-Legradj, Daira de Ben Ouertilane.

    Cette famille maraboutique a eu deux wals (saints), lun a son mausole si-tu Refa,4 et lautre au village Tala zrr,5 et plusieurs imms. On compte environ douze au total, depuis le 18me sicle, dont trois petits-fils de ay Lmhb lahbb, qui ont vcus au dbut du 20me sicle.

    En tout tat de cause, le clbre savant al-Warln 18me sicle crit bien dans son ouvrage (1908 : 68, 71, 601), la rila (rcit de voyage), Nuzhat al-anzr f fazl ilm al-tar wa l-abr, que la famille lahbb possde plu-sieurs Ulmas, parmi eux, Yay, Sad et Ass.

    Lmhb lahbb

    Aprs avoir appris le Coran et les premires leons linguistiques auprs de son pre ay Lbachr et aprs plusieurs annes dtudes dans les zwiyas 1 Les manuscrits ont t rpertoris (liste de titres) par son fils Arezq au dbut du 20me sicle

    et par son petit-fils, Lmahd, quelques annes aprs. 2 Mechehed Muammed Zarq, est g aujourdhui de 77 ans, imm en Kabylie depuis 50 ans, il

    est notamment lauteur de deux ouvrages en fiqh Malkite (conservs au Ministre des affaires religieuses), 27 tudiants ont apprit de lui le Coran, par cur, comme de tradition chez les mu-sulmans dapprendre le Coran par cur, ds leur jeune ge, dans les zwiyas, coles corani-ques et mosques.

    3 Registre des Etats, matrices de la famille Mechehed, commune Ain-Legradj, Beni Ouartilane. 4 Il sagit de Sd Ass lahbb cit dans la Rila (al-Warln 1908 : 68, 601). 5 Il sagit de Sd Ah med Zerrq b. , cit par al-Warln (1908 : 35).

  • Le systme de numration alphabtique arabe 57

    de ay al-add, Zaoua Takaat (eddq), et Isannen en grande Kabylie, Lmhb (n en 1237/1822) y revient pour perptuer laction de ses anctres et y constituer lun des fonds documentaires privs les plus importants du Maghreb au 19me sicle (du point de vue de la diversit des disciplines reprsentes). Il va obtenir le titre de ay et sera muft (jurisconsulte) dans la rgion de Beni Ourtilane, il soccupa entre autre de la fonction de notaire de lpoque (muwaiq), une fonction librale, qui soccupe des affaires musulmanes (r-daction dactes de proprit, de rconciliation, de recours la justice).

    Auteur dune vingtaine douvrages (notamment en fiqh, philosophie, droit, science de la nature, mdecine, science des hritages), il a entretenu une im-portante correspondance avec plusieurs personnalits religieuses (ay de zwiya, imms de villages, qds...) extrieures la Kabylie. Fait prisonnier deux reprises, la premire en 1864 aprs le soulvement de Ben bla, et la seconde en 1871, lors de la rvolte dal Mokran, il sera plac en rsidence surveille (Mechehed 2004 : 19).

    La izna comprend des dizaines de manuscrits copis par Lmhb, 66 manuscrits au total (ibidem).

    La Collection

    La Collection de manuscrits de ay Lmhb, comprenait au 19me si-cle environ 1000 manuscrits,6 elle a t incendie en 1957 par larme colo-niale. Parqu avec sa famille dans un camps, son hritier Lmahd, demanda sa bru de sauver ses livres , Zehra transporta alors les manuscrits sauvs sur son dos. Ce nest quaprs lindpendance, en 1962, que la collection a t mise dans des coffres en bois.

    En 1985 lun de ses hritiers a rassembl toute la collection parpille en-tre les membres de la famille. Les ouvrages souvent trs dtriors furent ar-rangs, dpoussirs, et reconstitus. En 1994 les manuscrits sont ramens Bjaia o depuis, plusieurs tudes et travaux leur sont consacrs dans le cadre des activits du GEHIMAB (Groupe dtudes et de Recherches sur lHistoire des Mathmatiques Bougie). Les disciplines reprsentes de la collection :

    Histoire et bio-bibliographie, science du calcul, algbre et gomtrie, science des hritages (far), astronomie, astrologie, sciences occultes : (di-vination, carres magiques), palomancie (itil), rahsodomancie (qura), transactions (al-buy), jurisprudence, droit (fiqh), mdecine et science de la nature, disciplines linguistiques, littrature et posie, mysticisme (taawwuf). La logique (maniq), tradition du Prophte (ad), commentaire du Coran

    6 Liste de manuscrits par Arezk (fils de Lmhb lahbb), Collection Lmhb lahbb, 4 fos,

    dbut du 19me sicle, nas, ms n DVS 5/6 (Mechehed 2004 : 335-42). Incipit : .

  • 58 Dj.E. Mechehed

    (tafsr), thologie scolastique (kalam), dogmes et origines du droit et rites (aqda et ul), correspondances, actes (notaris, rconciliation), actes de re-connaissances, copies du Coran, prches (uba), documents imprims : bulle-tins de votes (Mechehed 2004 : 14 ; Assani, Mechehed 2007 : 87).

    Graphe 1 Manuscrits de la Collection Lmhb lahbb par priode et par auteur (Mechehed 2004 : 15-16).

    En plus des vingt trois disciplines rpertories, la collection comprend des copies du Coran et des ouvrages divers (pratique de la correspondance, confection de manuscrit, mthodes de dtermination des deux calendriers (h-girien et solaire), sciences occultes, fabrication de lencre, changes de ma-nuscrits, rdaction dactes notaris, types de reliures, type et lorigines du pa-pier, les filigranes du papier, calligraphie...).

    Des dizaines de tmoignages rpertoris donnent des informations prcises relatives lhistoire locale (insurrection de 1871, famine de 1877, pidmie de

  • Le systme de numration alphabtique arabe 59

    1753, arrive des criquets en 1850, prix des produits...) et permettent de recons-tituer le milieu intellectuel de lpoque (Assani, Mechehed 2007 : 91).

    LA NUMERATION ARABE

    Les auteurs musulmans depuis le moyen ge ont employ plusieurs sys-tmes de numration (Mechehed 2004 : 63-395) :

    Les chiffres ubr,7 connus sous le nom de chiffres arabes, introduits en Europe par le mathmaticien italien Leonardo Fibonacci (1172-1240). Voir les premires formes des chiffres ubr au chapitre sui-vant (fig. 1-4).

    Les chiffres hindous (al-arqm al-hindiyya), employs aujourdhui en Orient (fig. 5).

    Chiffres de Fs (al-arqm al-fssiyya), connu sous le nom de al-qalam al-fss, daprs Sakiri (1897/1313 : 5) et par al-zimm daprs Ibn aldn (Monteil 1978 : III, 1126 ; Guergour 2000 : 4 ; fig. 6).

    Numration alphabtique (hisb bi-l ummal) (pl. I-II).

    Chiffres arabes (ubr)

    Les chiffres ubr ont t beaucoup transforms suivant les ges et les rgions. Les chiffres ubr sont stabiliss dans les formes modernes proba-blement deux sicles environ : 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0.

    Fig. 1 Les formes des chiffres ubr au moyen ge (Ms n ASL 02).8

    7 Collection Lmhb lahbb, 1 fo, copie s.d., 1419, nas, ms n SC15 (Mechehed 2004 :

    335-42). Incipit : 8 Collection Lmhb lahbb, fo 4, copie s.d., 1217, nas, ms n ASL 02, auteur : Abderrahmn

    al-ezn (mort en 911/1505 ; Mechehed 2004 : 361).

  • 60 Dj.E. Mechehed

    Table 1 Datation des manuscrits de la collection Lmhb lahbb par les diverses numrations.

    Le plus ancien manuscrit de la collection est dat en 911/1505, le plus r-cent est dat au dbut du 20me sicle. Nous prsenterons ici, les formes an-ciennes des chiffres ubr, de la Collection Lmhb lahbb :

    2 3 Fig. 2-3 Les formes des chiffres ubr dans deux manuscrits du 16me sicle.

    Fig. 2 : ms copi en 911/1505 ;10 fig. 3 : ms copi en 972/1565.11 Seul ms pagin en chiffres ubr de la collection.

    9 Il sagit notamment de copies incompltes, non dates, o il manque le dernier folio du ms. 10 Collection Lmhb lahbb, fo 8, copie 911/1505, 1420, nas, ms n LIT 22, dAb Abdallh

    al-azra (mort en 626/1228), sur la posie arabe. Colophon : Tammat al-qada bi-l-amd lillh [] m 911 all Allh al Sayyidin Muammad (Mechehed 2004 : 46).

    11 Collection Lmhb lahbb, fo 44, copie 972/1565,1419, nas, ms n TZ 17 (Mechehed 2004 : 290). Colophon: wa lika awir ahr umd al-l m 972.

    Numrations 15me sicle

    16me sicle

    17me sicle

    18mesicle

    19mesicle

    20mesicle

    Totalmss

    mss dats en chiffres ubr

    2 2 21 19 2 45

    mss dats en chiffres hindou

    4 18 4 26

    mss dats en chiffres de Fs

    1 1

    Mss dats hisb bi-l-ummal

    1 1

    mss dats en lettres 1 7 9 17 71 4 109 mss sans dates9 258 mss en papier

    filigran 141

  • Le systme de numration alphabtique arabe 61

    Nous conservons dans la collection Lmhb lahbb, un manuscrit du mathmaticien Andalou, al-Qalad mort en 891/1487, qui porte le titre Kaf al-astr an ilm hurf al-ubr, o les chiffres ubr sont employs, nous rap-porterons ici un fragment de son texte, pour comparaison avec les change-ments calligraphiques des chiffres travers les sicles.

    Fig. 4 Kaf al-astr an ilm hurf al-ubr, ms n SC 1.12

    4.1 4.2

    Fig. 4.1- 4.2 Les formes des chiffres ubr vers les 18-19mes sicles.13

    12 Collection Lmhb lahbb, fo 18, copie s.d., 1220, nas, ms n SC 01 (Mechehed 2004 : 358).

    Incipit : Itabaytuh min al-kitb al-mawsm Kaf al-ilbb an ilm al-hisb. Cet ouvrage a t publi Paris en 1860 par Franz Woepcke et par Muhammad Souissi en 1987 Tunis. Il existe 32 copies manuscrites la bibliothque de Rabat (ibid. : 358-59)

    13 Collection Lmhb lahbb, fo 5, copie 19me sicle, 1220, nas, ms n SC 14 (Mechehed 2004 : 366).

  • 62 Dj.E. Mechehed

    Le premier manuscrit europen qui a utilis les chiffres ubr est crit en 976 A.D., connu sous le nom : Le Codex Vigilanus, cris en Espagne, qui a t connu du clbre Gerbert dAurillac devenu Pape en lan 1000 (Soutif s.d. : 159).

    Deux sicles plus tard, le Liber Abacci, un ouvrage du mathmaticien ita-lien Leonardo Fibonacci (1170-1240)14 fait son apparition en Europe aprs sa publication en 1202, cet ouvrage est considr comme source principale et prcurseur de diffusion des chiffres ubr en Europe (Mechehed 2000 : 3).

    Fibonacci se rendit compte trs vite de limportance du systme de numra-tion compos des chiffres ubr. A cette poque lEurope utilisait lancien sys-tme de numration alphabtique qui se caractrisait par la lourdeur et les diffi-cults de son utilisation. Fibonacci est clbre pour sa thorie dite : la suite de Fibonacci.15

    Chiffres dites hindous arabes

    Formes calligraphiques moderne des chiffres hindous arabes :

    Nous avons remarqu dans nos manuscrits travers les diverses dates, depuis le 18me sicle que les formes calligraphiques des chiffres hindous

    14 Dans lintroduction de son livre Liber Abacci, Fibonacci (dans Mechehed 2000 : 3) affirme :

    lorsque mon pre fut nomm, loin de la patrie [] Bjaia, il me fit venir auprs de lui [] et ayant rflchi aux intrts et avantages futurs que je pourrais en tirer, il voulait que je reste [] pour tudier labaque et en recevoir linstruction, l initier grce un enseignement re-marquable dans le savoir faire au moyen des neufs figures indiennes . Cest Bjaa dabord que Fibonacci sinitia aux systmes de numration et diverses mthodes de calculs, puis il sest rendu en Tunisie, Egypte, Sicile, Syrie. Dans son ouvrage Le soleil dAllah brille sur loccident, lorientaliste Sigrid Hunke (dans Mechehed 2000 : 3) a crit au sujet des chiffres arabes (ubr) : toutes les nations civilises [] utilisent aujourdhui les chiffres arabes, sans eux, nous ne saurions imaginer un annuaire de tlphone, une note de bourse ou mme tout simplement ltiquette indiquant le prix dun objet, sans eux, le prodigieux monument des sciences, mathmatiques, physique et astronomie naurait pu sdifier, pas davion supersoni-que, pas daronef interplantaire, pas de physique atomique .

    15 La squence de Fibonacci qui rsulte du problme des lapins la somme de deux nombres conscutifs quelconques de la squence donne le nombre suivant de la squence : 1-2-3-5-8-13-21-34-55-89 etc. Sa suite rsulte aussi du nombre dor, qui correspond un rapport ma-thmatique capable de crer un effet dharmonie par la mise en place de proportions idales, le nombre dor constitue aujourdhui une rfrence en photographie, peinture et en architecture (Cardet 1990 : 10). Toujours dactualit la suite de Fibonacci a t utilise pour tenter de trou-ver les objectifs dans lvolution des cours boursiers. Elle a t utilise dans la dcouverte du boursier Amricain Ralph Nelson Elliott (1871-1984) dans sa thorie des vagues, Elliott a d-couvert ainsi lexistence de 13 types de vagues diffrentes, il est convaincu que les cours de bourse suivent galement cet ordre naturel, Elliott intgra donc les nombres de Fibonacci sa thorie, cest ainsi que lon reconnat une figure qui porte son nom : Elliottiste (Peyrard 1996 : 115).

  • Le systme de numration alphabtique arabe 63

    arabes nont pas t changs, comme les lgers changements des chiffres ubr. Nous avons retrouv un texte (pome) sur les formes calligraphiques des chiffres hindous, il est trs probable que cette technique de mmorisation par un pome permettait aux utilisateurs musulmans de bien mmoriser les formes exactes des chiffres hindous arabes. Mme procd pour les chiffres de Fs que nous allons voir dans le paragraphe suivant. Nous rappelons juste que les chiffres hindous arabes sont employs aujourdhui en orient (fig. 5).

    Nous avons tabli un graphe sur le nombre de manuscrits de la collection Lmhb lahbb, qui ont t copis en divers systmes de numrations (voir Table 1 en haut).

    Fig. 5 ms n SC 14.16 Pome sur la forme calligraphique des chiffres hindous arabes.

    Chiffres de Fs

    9 8 7 6 5 4 3 2 1

    Nous prsentons dans ce chapitre un autre ancien systme de numration, peu connu et peu exploit, il sagit des chiffres de Fs, compos de 27 symbo-les, la numration a t utilise dans loccident musulman (voir pl. III-IV). Lorientaliste G.S. Colin dans son article (1933 : 193), attribue les chiffres de Fs aux grecs, puis ils ont t diffuss au Maghreb au moyen ge (Guergour 2000 : 3). Les chiffres employs dans les registres maritimes dans les ports maghrbins portent le nom de zimm (Monteil : III, 1126 ; Guergour 2000 : 4).

    16 Collection Lmhb lahbb, fo 5, copie 19me sicle, 1220, nas, ms n SC 14 (Mechehed

    2004 : 366). Incipit :

  • 64 Dj.E. Mechehed

    Quant Ahmed b. Ha Sakiri,17 il affirme dans son ouvrage : Les chif-fres ont t attribus au Fesois, mais ils ne sont pas les inventeurs, plutt ils sont originaires des chiffres rm (Sakiri 1897 : 5).18 Lauteur termine cet ouvrage consacr entirement ces chiffres par une qada (un pome) sur leurs formes, facilitant ainsi la mmorisation de leurs formes graphiques (ibid. : 8).

    Le ms de la collection n SC 5,19 sagit dun pome de Abd al-Qdir al-Fs (1599-1680), sur les formes calligraphiques de chiffres de Fs de la col-lection Lmhb lahbb (pl. IV).

    Nous avons remarqu que certaines formes sont une combinaison de let-tres arabes. Pour le chiffre 8 (en numration Fs), il est compos de deux let-tres k et h , leur valeur numrique en petit comput (systme dal-Bn) k sa valeur est 2 le h est 5, en les additionnant nous obtenons la valeur 7.

    Mais pour les chiffres 30, de la numration de Fs, le rsultat est impres-sionnant, la forme calligraphique du chiffre 30, est compos de deux lettres arabes l et qui ont une valeur : 3 et 10, si on multiplie 3 10 nous obtenons 30.

    Douze chiffres de Fs sont constitus de lettres alphabtiques arabes qui ont des valeurs numriques diffrentes de leurs chiffres en Fs : les douze chif-fres sont : 3.8.9.30.40.50.60.90.100.400.500.

    En conclusion de ce paragraphe, et lheure o nous proposons cet article, nous ignorons beaucoup de choses leur sujet, et de nombreuses questions restent en suspens : sont-ils dorigines grecques ? Pour quelle raison les nom-bres 8, 9, 30, 40, 50, 60, 90, et le 500 sont-ils en alphabets arabes ? Et pour-quoi les nombres 6 et 7 sont-ils en ubr ? Sont ils mentionns dans les textes latins ? Existe-il dautres graphies de ces chiffres ?

    17 Amad Ibn al-Iy Sakiri tait un ancien fonctionnaire du service des affaires religieuses

    marocaines Fs (Renaud 1932 : 87). 18 Ird al-mutaallim wa-l-ns f ifat akl al-qalam al-fs, que nous avons traduit :

    lorientation de ltudiant et de loubli sur les formes des chiffres de Fs . Copie lithographi 1316/1897, Bibliothque Nationale de Rabat n 17000989.

    19 Collection Lmhb lahbb, fo 5, copie 19me sicle, 1220, nas, ms n SC 14 (Mechehed 2004 : 366). Incipit :

  • Le systme de numration alphabtique arabe 65

    Le systme al-qalam al-ab

    Chiffres en Centaines Dizaines Units La dernire lettre a t coupe du folio

    Dans le manuscrit ASL n 21 (Mechehed 2004 : 405),20 relatif larithmo-mancie (ilm al-hurf ), plusieurs personnages sont cits. Parmi eux, al-Murib, considr par Ibn aldn comme spcialiste de travaux astrologiques et divi-natoires laide des chiffres parallles connu dans les textes divinatoires sous le nom add al-mutahba.21 Il cite galement les mathmaticiens anda-lous al-Mari22 et al-Bbil.23 Dans la dernire page de ce manuscrit figure un alphabet class paralllement avec des lettres de lalphabet arabe, cet al-

    20 Manuscript collection Lmhb lahbb, fo 13, copie 1778, 1622, nas, ms n ASL 21. Ex-

    plicit : wa ha al-qalam al-ab li man arda an yataallamahu. Colophon : wa had ifatuhu (Mechehed 2004 : 405).

    21 Les nombres amiables (al-add al-mutahba) sont des nombres qui sont arrangs de faon que les intervalles de lun lautre saccroissent selon un certain principe, daprs le mathma-ticien Ibn al-Banna, dans son ouvrage Rfi al-hib les nombres amiables ne sont daucune utilit pour les sciences (Aballagh 1988 : II, 543).

    22 Abl Qsim al-Mar, philosophe, mathmaticien et astronome (950-1007), n Madrid, auteur de nombreux ouvrage, lun de ses clbres ouvrages sintitule : yat al-hakm, dit par Ritter (1933), traduit en espagnole en 1256 (Vernet 1985 : 168). Al-Mar fut la tte des sciences mathmatiques, il fonda Cordoue une cole do sortirent les savants : Ibn Sa-mah, Ibn aldn et le clbre al-Zahrw (ibidem).

    23 al-Bbil Urid (206/821), mathmaticien et astrologue de Bagdad (al-Zarkali 1992 : 405).

    1

    2

    3

    4

    5 6

    7

    8

    9

    100

    200

    300

    400

    500

    600

    700 800

    900

    10

    20

    30

    40 50

    60

    70

    80

    90

  • 66 Dj.E. Mechehed

    phabet se compose de 28 lettres classes de la mme manire du systme de numration alphabtique.

    Il sagit probablement des lettres dun alphabet trs ancien, appel dans ce manuscrit qalam ab. Cet alphabet dsigne probablement des chiffres, car il a la mme appellation que les chiffres arabes et hindous (dsigns par qalam al-ubr et qalam al-hind). Parmi les autres lments qui nous amnent penser quil sagit de chiffres : les formes o (petits cercles qui sont utilises pour dsigner les dizaines, les centaines et les milliers. Les dizaines compor-tent un petit zro : sur les lettres , ou cot de la lettre, de faon exprimer les dizaines et deux zros (cercles sur les lettres) de faon exprimer les cen-taines, trois zros exprimant les milliers, classs de la mme faon que le sys-tme h isb al-ummal (pl. V). Ce systme a t signal par Vincent Monteil (1951 : 1259), les formes graphiques et le classement sont identiques ceux de notre manuscrits.

    La prsence de ces formes dans le manuscrit dal-azl sur les carrs magiques (Ming Tang) renforce notre conviction. La forme de ce carr, est de neuf chiffres, qui portent le nom de Ish. Il est mentionn dans la littrature chinoise. Les nombres des lignes horizontales, diagonales, verticales, donnent un total du nombre 15 (pl. VI).

    Ces symboles figurent dans deux autres manuscrits de la collection. Le premier manuscrit n DL 40 a t copi en 1857 par Bachr lahbb, le pre de Lmhb (Mechehed 2004 : 108). Sur la couverture du second manuscrit figure la mention suivante : ceci, est la plume naturelle, invente par les anciens matres de la sagesses, trs demande (pl. I).

    La numeration alphabetique arabe

    (Source : Mechehed 2007 : 134)

    Nous prsenterons dans ce chapitre les diverses variantes de cette num-ration alphabtique. Le systme de numration alphabtique tait dj connu de toutes les cultures. Certains auteurs europens pensent quil sagit dun an-cien systme smitique-grec, qui est probablement lorigine de lutilisation des chiffres chez les musulmans, introduit dans les pays de lIslam grce aux premires traductions faites du temps des premiers califes Abbasides (Bachir 1975 : 13). Puis les musulmans adoptrent les chiffres qui sont recommands

  • Le systme de numration alphabtique arabe 67

    par le mathmaticien al-Brn, daprs lhistorien Muhammad Souissi (1974 : 173), ces chiffres, cest--dire les chiffres arabes, ont subi des changements calligraphiques, dont rsulte deux sries : chiffres hindous (ou indiens qui sont aujourdhui rpandus en orient, et les chiffres ubr employs en occident musulman et en Andalousie et employs aujourdhui partout dans le monde (ibid. : 172).

    Le systme de numration alphabtique se compose de vingt huit (28) let-tres de lalphabet arabe. Chaque lettre correspond un chiffre de 1 1000, la valeur numrique de ces lettres correspond des units, des dizaines, des cen-taines, et des milliers. En tout, les 28 lettres correspondent 58 chiffres, clas-ss comme suit :

    Table 2 Les valeurs numriques des lettres dune variante maghrbine. (Source : Mechehed 2007 : 134).

    Variante Maghrbine. Cette dernire est appele par les astrologues de azm al-kabr, grande catgorie (al-Bn 1905 : 240) quant la variante constitue de neuf mots (version dal-Bn ; fig. 1 et 2) est appele dans plusieurs ma-nuscrits de la collection azm ar (pl. III-IV, VII).

    Ainsi, si on voulait exprimer le chiffre 343, on crivait pour dsigner le chiffre 45, on crivait .

    Ibn aldn (1982 : 499) a signal cette mthode dans son ouvrage al-Muqqadima, il donne un exemple sur la valeur numrique des 4 lettres qui correspond aux chiffres 220 et 280. Il fait rfrence Ibn al-Murib, spcialiste de posie nigmatique, constitue de (hurf) lalphabet arabe.24 Il affirme que : ces nigmes sont indchiffrables pour ceux qui ne matrisent pas le systme . Il ajoute que : certains attribuent quelques ouvrages de cette discipline limm al-azl, ce qui est faux (ibid. : 332). Ibn aldn nous raconte une histoire sur lanciennet du systme de numration alphab-tique : al-Suhayl (1114-1185) a trouv un moyen pour dterminer la dure de lIslam, en employant les lettres isoles qui figurent au commencement de certaines sourates du Coran, quil arrange dans lordre suivant :

    24 Il sagit ici des sciences occultes (arithmomancie, gomtrie), voir le paragraphe : Utilisation

    de la numration alphabtique, sub d).

    9 8 7 6 5 4 3 2 1 90 80 70 60 50 40 30 20 10 900 800 700 600 500 400 300 200 100

    1000

  • 68 Dj.E. Mechehed

    (lif lam mim ya sin a ha ayn qaf kaf ra ha). Il additionne les valeurs numriques, il obtient un total de 903. Al-Suhayl a t impressionn par lhistoire de deux fils dun rabbin, telle que la raconte Ibn Ishq sur la Sra du Prophte (biographie du Prophte Muhammad). Les deux frres entendu parler des premires lettres isoles de la sourate du Coran (lif lam mim) qui croyaient que le total de leur valeur indiquait la dure de lIslam. Les valeurs numriques de ces lettres est de 71, qui parut un temps trop court, le fils du rabbin alla donc voir le prophte, il lui demande sil ny avait pas dautres lettres, le prophte lui rpondait : (lif lam mim ad) et (lif lam ra) puis (lif lam mim ra). Aprs cela les deux frres sloignent, lun deux a dit : peut tre nous a-t-il donn la somme de toutes les lettres soit 707 ans. Ibn aldn ajoute : cest une simple convention, un procd technique bien connu sous le nom de h isb bi-l-ummal, certes, cest un systme ancien, mais son anciennet nen prouve pas la valeur probatoire. Cette histoire ne prouve donc pas la dure de lIslam (Ibn aldn 1982 : 333 ; Monteil 1987 : II, 683).25

    Le systme a t beaucoup utilis dans les crits des astronomes et astro-logues maghrbins, comme les ouvrages dal-Ss, al-Aar et dal-Bn et mme dans des crits de posie, nous avons numr dans le paragraphe sui-vant, les auteurs musulmans ayants utilis ce systme dans leurs ouvrages (Mechehed 2004 : 65, 361, 384, 387, 433).

    LA NUMERATION ALPHABETIQUE AU MAGHREB ET EN ORIENT

    Le systme a t utilis tant en Orient quen Occident musulman.

    a) Le premier auteur musulman probablement avoir dat un vnement par ce systme est un historien ottoman en 857 de lhgire (Yalawi 1971 : 98).

    b) Sib al-Mardin (1423-1506), mathmaticien, composa un ouvrage dastronomie en utilisant le systme abcdaire qui sintitule Daqiq al- haqiq f hisb al-dar wa l-daqiq (al-Zarkali 1992 : V, 54).

    c) Ab Maar (787-886) est lastrologue le plus clbre du monde musul-man (Ab Maar s.d. : 2).

    d) all al-Dn al-Suy (1445-1505) composa al-Rahma f l-ibb wa l-hikma (al-Suy s.d. : 191).

    e) Ibn al-Arab (1165-1240). On lui attribue louvrage Aqd al-manzm, dit sans date (Ibn al-Arab s.d. : 6).

    25 Cette branche divinatoire est connue du nom al-afr, Ibn aldn (1982 : 330-42) a consacr

    dans sa Muqaddima, un chapitre cette pratique divinatoire.

  • Le systme de numration alphabtique arabe 69

    f) al-Battn se servaient de ce systme dans ses travaux sur les tables as-tronomiques. Son Zi, table astronomique, a t dit et traduit en latin en 1537 (al-Zarkali 1992 : VI, 6).

    g) al-K (1380-1429), il consacre un long chapitre sur ce systme dans son ouvrage Mifth al-hisb, qui nomme cette numration le calcul des as-trologue (al-K 1976 : 103).

    Au Maghreb

    De trs nombreux auteurs maghrbins ont utilis la numration alphabti-que, notamment dans leurs travaux astronomiques, astrologiques et divinatoi-res. Parmi eux:

    a) Lastrologue marocain, Ab l-Abbs al-Sabt (1130-1204). On lui attri-bue la Zira, machine calculer les prsages au moyen dune srie de cercles concentriques, apparents lArs Magna de Lulle (Fahd 1987 : 243 ; Vernet 1985 : 193). Il composa un ouvrage qui sintitule Nuzhat al-tir f itil al-zamir (Monteil 1987 : 113). Une copie du manuscrit existe la bibliothque de Rabat n 41/2 k (al-Zarkali 1992 : IV, 107), et un rsum de ce texte est conserv dans la collection Lmhb lahbb No ASL 11 (Mechehed 2004 : 395).

    b) al-atb (1497-1547) il composa Istir awqt alt b-l-ml al-falakyya bi-la la (al-Zarkali 1992 : VII, 47).

    c) Nir al-Dar (1603-1674), auteur de al-Mumti li-arh al-muqni (ibid. : VII, 63).

    d) al-atb Yahy (1496-1587), auteur de la Wasilat al-ullb f ilm al-falak bi-arq al-isb, ouvrage dit (ibid. : VIII, 169).

    e) Le mathmaticien de Mekhns Muhammad al-Sabb (1582-1666), qui composa Silk fari al-yawqt f l-hisb wal-fari wa l-mawqt dit (ibid. : VI, 12).

    f) Le mathmaticien al-Rawdn (1627-1683), auteur de Manzma f l-mayqt (ibid. : VI, 151).

    g) Le mathmaticien de Marrakech Ibn al-Banna (1256-1321), auteur du Qann f marifat al-awqt bi-l- hisb (ibid. : I, 222).

    h) Muhammad al-aflaq (vers 1750) composa louvrage astronomique a-dwal f marifat awil al-sinn : al-arabyya wa amsyya wa rmyya wal-qbyya (Ms Bagdad ; ibid. : VI, 197).

  • 70 Dj.E. Mechehed

    i) Al al-Ddis (m. vers 1683), astronome de Fs. Il composa louvrage al-Yawqt li-mubta marifat al-mawqt et Bidayat al-ullb f ilm waqt al-yawm bi-l-hisb (ibid. : V, 141).

    j) Abd al-Qdir al-Fs (1599-1680) ; voir le ms de la collection Lmhb lahbb, planche III (ibid. : I, 141)

    k) Ibn Sabn Abdalaq (12me sicle), auteur de nombreux ouvrages en sciences des lettres (ibid. : III, 280).

    m) al-irl Al b. assan (m. 628/1241), spcialiste des sciences des let-tres, notamment la science divinatoire (al-afr), et de la mtaphysique, vcu Bjaia, dorigines de Murcie en Andalousie (ibid. : VII, 256).

    Parmi les auteurs algriens, citons :

    a) le clbre astrologue algrien al-Bn (m.1125), auteur du ams al-marif al-kubr, dit en Egypte en 1905 (al-Bn 1905 : 23).

    b) Le faqh, lastronome et mathmaticien de Biskra, al-Aar (1515-1575), auteur dun ouvrage en astronomie, qui sintitule Sira f ilm al-falak, rdig en 939/1533 ; ms ASN n 22 (Mechehed 2004 : 425 ; Zarkali : IV, 331).26

    c) Muhammad al-Habbk (m. vers 1463), astronome de Tlemcen, lauteur de louvrage Tuhfat al-hisb f ilm add al-sinn wa l-h isb (al-Zarkali 1992 : V, 333).

    d) Ibn Qunfu (1340-1407), biographe et astronome de Constantine, com-posa le Sira al-uqt f ilm al-wqt (ibid. : I, 117). On lui conserve plusieurs de ses ouvrages encore manuscrits la bibliothque de Rabat, voir par exemple une copie de Sira n 2148 (Mechehed 2004 : 425).

    26 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 13, copie 19me sicle, 0917, nas, ms ASN n 22.

    Une copie de ce manuscrit existe la bibliothque de Rabat, et une copie lUniversit de Khartoum n 54-55 (Mechehed 2004 : 325-26).

  • Le systme de numration alphabtique arabe 71

    Les variantes orientales et maghrebines

    9 8 7 6 5 4 3 2 1

    90 80 70 60 50 40 30 20 10

    900 800 700 600 500 400 300 200 100

    1000

    Fig. 6 La variante orientale (Mechehed 2007 : 134).

    Utilisation de la numration alphabtique

    a) Posie

    Le manuscrit n LIT 5327 (Mechehed 2004 : 63) de posie que nous prsen-tons dans ce chapitre a t rdig par Muhammad Ben Al Cherif de Chellata, il sagit probablement du pre de Sad Ben Al Cherif de Bachagha, son crit est une qada (pome) rdige en 1178/1764 (ibidem) achev en 1179/1765. Lauteur a utilis la mthode hisb bi-l-ummal pour codifier les dates de la composition de son texte, la date a t code par les lettres ( ) q ( ) ( ) () qui correspondent au chiffre 1000, 100, 70, 8, donc rdig en 1178 de lhgire, le texte se termine par les lettres : d () m () () qui correspondent au nombre 644, qui dsigne le nombre de vers de son pome (pl. II).

    b) Science des Hritages

    Science des hritages (fari), nom des quotits fixes de la succession 1/4, 1/8, 2/3, 1/3, 1/6 sur le droit successoral lev 12 personnes.

    Lmhb lahbb, le fondateur de la bibliothque de manuscrits, Collec-tion Lmhb lahbb, a rdig un texte mnmotechnique facilitant retenir les ayants droit lhritage apparat au niveau dune Sourate du Coran (al-Nis : les femmes, versets 12-15, 175). Le texte se rapporte la science des hritages. Le mot : H = B = A = D = B = Z = qui correspond aux chiffres 5.2.1.4.2.7 qui reprsente les parts dhritage : (H= 1/2), (B= 1/4), (A= 1/8), (D= 2/3), (B= 1/3), (Z= 1/6) dans le Coran, au nombres

    27 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 8, copi 1178/1765, 1014, nas, ms n LIT 53

    (Mechehed 2004 : 65). Explicit : wa man tasa bihim f l-dn wa l-ihsn. Colophon : abytu-h d.m.. bi-dl mumala.

  • 72 Dj.E. Mechehed

    de 12 personnes appels les gens de lhritage, ces techniques ont donn nais-sance la science des hritages (ilm al-fari). Le manuscrit porte le titre Ramz fur al-ir inda al-ns, ms n SH 18 (Mechehed 2004 : 384 ; pl. VIII).28

    c) Carrs magiques

    Parmi les crits orientaux nous exposons ici un trait sur les carrs magi-ques dal-azl (1058-1111). Le manuscrit sintitule al-Mual, ms n ASL 0329 (Mechehed 2004 : 387 ), le texte est versifi sur les carrs magiques, par-ticulirement le fameux Ming Tang, un carr magique trs connu utilises dans plusieurs cultures, dans ce texte al-azl a codifi les valeurs numriques du carr par les deux numrations savoir hisb bi-l-ummal et lalphabet que nous avons voqu au chapitre 5. Les neufs lettres de valeurs dans ce texte sont : ( B..D. = 2.9.4), ( Z.H.. = 7.5.3), ( W.A.H. = 618). Nous obtiendrons les chiffres du carr magique de la somme 15, le manuscrit a t co-pi par edk Ben Arab, le patron de la zwiya de lArbNait-Iraten en Grande Kabylie. Un ouvrage dal-azl a t dit en Egypte sous le titre al-awhar al-l li-l-azl (EI1, 433 ; pl. VI).

    Les diverses disciplines de divination et astrologie arabe employant le systme de numration hisb bi-l-ummal.

    Les manuscrits de divination occupent une place de choix dans la collec-tion dont plusieurs manuscrits dauteurs clbres, nous citerons le manuscrit : Lumaa al-nraniyya30 du clbre astrologue Abl Abbs Amad al-Bn (mort en 1225) auteur du plus important ouvrage des sciences occultes arabes, qui sintitule ams al-marif al-kubr, publi au Caire en 1905 et en Algrie (sans date, catalogue des publications de limprimerie alibiyya dAlger). Cet ouvrage est lune des sources la plus complte dans ce domaine. ams al-marf, tait aussi la source principale de ltude des sciences occultes de lOrientaliste Edmond Doutt, publi Alger en 1909 sous le titre Magie et religion en Afrique du nord.

    Il existe aujourdhui travers le monde un grand nombre de manuscrits arabes de divination conservs dans plusieurs grandes bibliothques parmi lesquelles celle de Princeton aux USA,31 la Bibliothque nationale de France,

    28 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 1, copie 19me sicle, 1519, nas, ms n SH 18. In-

    cipit : ramz fur al-ir inda al-ns, colophon : wa amahu hl al-fur (Mechehed 2004 : 401). 29 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 9, copie 1239H, 1218, nas, ms n ASL 3, Explicit :

    fasl f arh al qada. Colophon : subhn man laysa kamlih (Mechehed 2004 : 387-88). 30 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 15, copie 1192/1774, 1621, nas, ms nASL 10

    (Mechehed 2004 : 393-94). 31 Voici les quelques manuscrits arabes des sciences occultes conservs dans cette bibliothque : afr Nab Allah Danyl n612, Bar al-wuqf

    f ilm al-wfq wal urf n 614, Risla f ilm al-afr n f 32a-37b, Princeton Collection of Islamic Manuscripts.

  • Le systme de numration alphabtique arabe 73

    la Bibliothque Royale du Maroc, la Bibliothque dIstanbul, la Bibliothque Khuda Bakhsh en Inde, etc.

    Nous avons la chance de pouvoir disposer dun patrimoine des plus im-portants de lhumanit. Ces crits remontent fort loin dans lhistoire.

    Cet hritage islamique de lastrologie et les sciences occultes daprs limminent chercheur Juan Vernet (1985 : 168) avait t une puissante source de motivation pour les traducteurs europens (ajoutons que la cour du roi de Castille Alphonse X au milieu du 13me sicle fut un haut lieu de traduction de larabe au latin et en Castillan de textes astrologiques et magiques) .

    La consultation de nombreux manuscrits et leur originalit, mont conduit citer quelques disciplines de divination de la collection Manuscrit Lmhb lahbb, les moins connues du public, ou ayant moins de publication.

    al-Qura32 (la rhapsodomancie) : divination par un texte ou des vers d-signs par le sort (mot ou phrase choisie au hasard). Cette pratique remonte daprs les recherches de Toufik Fahd (1987 : 214) aux hbreux et fut prati-que dans toute lantiquit. Au moyen ge, la rhapsodomancie utilisant la bi-ble, puis enfin celui de bibliomancie avant que le texte divinatoire ne ft pris dans nimporte quel ouvrage potique. Les premiers musulmans utilisaient le Coran, puis le ah dal-Bur et au moyen ge la Burda dal-Br et dautres textes.

    afr 33 ou sciences des lettres, science caractre apocalyptique, une science propre aux chiites, elle se base sur la valeur numrique des lettres, des noms et dures des dynasties et rgimes.

    Simiyya (numrologie),34 elle a le mme procd, cest--dire une m-thode qui sappuie sur les chiffres de date de naissance, et la values numrique du prnom du consultant, pour diagnostiquer et deviner son avenir, la numro-logie arabe ncessite une grande matrise des diverses variantes du systme de numration isb al-ummal.35

    32 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 21, copie s.d, 813, nas, ms n ASL 24.5

    (Mechehed 2004 : 407-8). 33 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 12, copie s.d, 1721, nas, ms n HB 17 (Mechehed

    2004 : 397-98). Un manuscrit de cette science, portant le titre Risla f ilm al-afr, est conserv la bibliothque de lUniversit de Princeton (Collection of Islamic Manuscripts, n f 32a-37b).

    34 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 66, copie s.d, 1519, nas, ms n ASL 28, il existe 3 copies de ce manuscrit la bibliothque de Rabat, publi au Caire en 1903 (Mechehed 2004 : 411).

    35 Pour plus de dtails sur les diverses variantes du systme voir larticle de Mechehed (2007 : 134).

  • 74 Dj.E. Mechehed

    a al-raml (gomancie),36 la gomancie est proprement une science arabe lorigine daprs plusieurs travaux, connue en Europe par la suite vers le 17me sicle, elle se base sur linterprtation dune combinaison de paires ou impaires de tracs ou cailloux, poss dans des compartiments. La gomancie possde 16 figures diffrentes, constitues de points et de traits, qui ressemble au systme de transmission (tlgraphie) morse. Peu de recherches et dauteurs arabes se sont penchs sur les techniques, sa composition, ses figures, etc.

    Seul Ibn aldn a eu le mrite de nous transmettre des dtails et des ren-seignements importants, il nous dcrit la gomancie dans sa Muqaddima, dont voici la traduction Les gomanciens, qui ont la prtention de dcouvrir les secrets du monde invisible, prennent du papier ou du sable ou bien de la farine, et tracent dessus quatre rangs de point (marqus au hasard et sans compter). Cette opration, rpte quatre fois, donne seize rangs de points. Ensuite ils suppriment les points deux par deux, et mettent part le point simple ou le point double qui reste la fin de chaque rang. Ils obtiennent ainsi quatre figu-res quils mettent lune ct de lautre sur une mme ligne . Lorsque lon a seize figures ajoute Ibn aldn on examine ce quon vient de tracer, on tient compte de chaque figure, selon quelle prsage, bonheur ou malheur, et lon prononce des jugements daprs lessence de la figure, son aspect, son influence, son temprament, lobjet quelle indique parmi les diverses espces dtres, etc. (Tannery 1920 : 300).37

    La Bibliothque nationale de France possde un grand nombre de traits de gomancie, elle conserve une douzaine de manuscrits.38 La bibliothque Khuda Bakhsh Oriental Public Library en Inde, elle aussi, conserve des traits de gomancie arabe.39 La bibliothque dIstanbul en conserve une dizaine. Ibn Nadm dans son ouvrage bibliographique al-Fihrist recense prs de cinquante traits de gomancie.

    36 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 4, copie s.d, 1015, nas, ms nASL 20 (Mechehed

    2004 : 404). 37 Paul Tannery dcrit avec prcision les figures de la gomancie, leurs noms en arabe, berbre et

    en latin. 38 Cf. par exemple le ms anonyme arabe n 2631, attribu au Sidna Idris. 39 Nous citons quelques traits de gomancie, conservs dans cette bibliothque : Kanz al-asrr al-

    afiyya f ahkm al-ziraa al-ramliyya, ms n 2487 ; Kitb f l- raml, ms n 2489, et le ms n 2490, ms n4200. Arabic Catalogue, vol. XXII : URL : http://kblibrary.bih.nic.in/Vol22/Bp120.htm.

  • Le systm

    e de numration alphabtique arabe

    75

  • 76 Dj.E. Mechehed

    Toutes les sources arabes et occidentales, en traitant de son origine, ci-tent un seul auteur principal, du nom de Muhammad al-Zant, originaire dune tribu berbre des Zenatas, les byzantins le connaissent sous le nom de Zonatas. Dans louvrage, le mmoire scientifique, lauteur donne la chane de transmission de cette science (chaine de permission silsilat al-iza), qui re-monte daprs cet ouvrage, alaf al-Barbr (le Berbre),40 qui aurait vcu en Inde, o il a connu le livre du clbre magicien hindou Tomtom.

    Le Prophte, quant lui avait dit, dans un ad rapport par Ibn Abbs, au sujet de la gomancie il a eu un prophte qui a crit, et ceux qui ont une matrise comme lui prospreront (Abu Bakr 1977 : 97 ; ibid. 1987 : 199).

    Azim (les conjurations ou incantations), 41 il sagit dune pratique dobservation avec abstinence de nourriture, les personnes qui sabstiennent de toute nourriture veulent tre des tres spirituels, il sagit dun moyen de pu-rifier son corps et son me. Cest dans cet tat quen majorit on pratique des Azaim (Fahd 1987 : 199).

    Ilm al-aw (connaissances des vertus des noms dAllah, asm Allh al- usn).42 Une pratique qui se base sur les pouvoirs des noms dAllah combins dans des carrs magiques ou dans des cercles (Fahd 1987 : 241).

    Ilm al-awfq (les carrs magiques),43 connaissance des conjonctions, la pratique se base sur la combinaison des chiffres (arabes ou hindous), de lettres arabes, inscrits dans les carrs plusieurs compartiments, le carr magique le plus connu dans les autres cultures, mentionn dans la littrature chinoise, porte le nom de Lshu, ses nombres des lignes horizontales, diagonales, verti-cales donnent un total du nombre quinze.

    d) Astronomie

    Les maghrbins ont beaucoup utilis ce systme dans les travaux astro-nomiques (al-mawqt). Cette discipline permet de dterminer les horaires de chaque prire, les priodes de culture, les ftes religieuses. Des techniques de calcul permettent de dterminer chaque premier jour des mois des calendriers musulman et solaire.

    40 Le manuscrit de Paris n 2731 et le manuscrit de Berlin, donnent des figures de la gomancie du

    texte arabe, en berbre, comme : Azr, Abrid, Aguelid, Akemous, Awr (Tannery 1920 : 20). 41 Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 22, copie s.d., 1015, nas, ms n ASN 015 (Mechehed

    2004 : 434). 42 Manuscrit collection Lmhb lahbb, 4 fos, copie s.d, 1217, nas, ms n ASL 015 (Meche-

    hed 2004 : 402). 43 Manuscrit collection Lmhb lahbb, 15 fos, copie 1234/1819, 1621, nas, ms n ASL 16 ;

    manuscrit collection Lmhb lahbb, 7 fos, copie 1142/1774, 1621, nas, ms n ASL 17 ; manuscrit collection Lmhb lahbb, 1 fo, copie s.d, 1121, nas, ms n ASL 25 (Mechehed 2004 : 407-9).

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE I

    Numration alphabtique.

    Ibn Qarqams (m. 882/1478). Manuscrit collection Lmhb lahbb, 5 fos, copie s.d., 1621, nas, ms n ASL 08.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE II

    a) Numration alphabtique variante maghrbine. Qada Wala Wassla , Muhammad Ibn Al Sharf (11eme/18eme sicle).

    Manuscrit collection Lmhb lahbb, fo 8, copi 1178/1765, 1014, nas, ms n LIT 53.

    b) Numration alphabtique variante maghrbine. Manuscrit anonyme. Collection Lmhb lahbb, 4 fos, s.d., 1521, nas, ms n ASL 19.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE III

    a) Chiffres de Fs. b) Chiffres de Fs numrots.

    c) Chiffres de Fs, centaines.

    d) Chiffres de Fs, milliers.

    a-d) Abd al-Qdir al-Fs. Manuscrit collection Lmhb lahbb (al-Zarkali 1992 : I, 141),

    5 fos, s.d., 1720, nas, ms n SC14.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE IV

    Qada sur les chiffres de Fs, Abd al-Qdir al-Fsi (m. 1091/1680).

    Collection Lmhb lahbb, fo 5, copie 19me sicle, 1220, nas, ms n SC 14.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE V

    Carrs magiques.

    Ab mid al-azl (m. 1111), Tarf al-tim al-muali. Manuscrit collection Lmhb lahbb, 18 fos, copie 13me/19me sicle, 1623, nas, ms n ASL 03.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE VI

    Petits cercles sur les lettres utiliss pour dsigner les dizaines, les centaines et les milliers.

    Manuscrit anonyme. Collection Lmhb lahbb, 12 fos, copie 19me sicle, 1421, nas, ms n DL 40.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE VII

    Systme al-qalam al-ab.

    Manuscrit anonyme. Collection Lmhb lahbb, 4 fos, s.d., 1318, nas, ms n ASL 21.

  • DJ.E. MECHEHED, Le systme de numration alphabtique arabe PLANCHE VIII

    Ramz fur al-irt inda al-ns. Manuscrit collection Lmhb lahbb,

    fo 1, copie 19me sicle, 1519, nas, ms n SH 18.

  • Le systme de numration alphabtique arabe 77

    La numration alphabtique chez al-Ss

    Nous parlerons ici uniquement des passages qui traitent du systme qui nous intresse.

    Dans louvrage Nazm Ab Miqra manuscrit ASN n 3 (Mechehed 2004 : 415),44 al-Ss a compos un texte versifi, qui traite des calendriers lunaire (hgire) et solaire (agraire). Dans le premier chapitre, al-Ss parle du nombre de jours du calendrier musulman, cod par s n d . Ceci signifie que le nombre de jours de ce calendrier est de 354 jours. La date de naissance du prophte est code par b , correspondant au 12 du mois de Rab II. Aprs le calendrier musulman, lauteur traite le calendrier solaire : le nombre de jours de ce calendrier est cod par les lettres h , ceci signifie que le nombre de jours de ce calendrier est de 365 jours (Mechehed 2007 : 134 ; pl. IX).

    Codification des calendriers agraire/solaire et hgirien par le systme isb al-ummal

    Manuscrit Lmahdi lahbb ms n SC 14.45 Lmahd lahbb Mechehed n 1892-1973, petit fils du fondateur de la bibliothque Lmhb lahbb, il a poursuivi ses tudes dans les plus importantes zwiyas de la Kabylie, en pre-mier lieu chez son beau-pre Si Lbachr hamda, un lettr dAdrar Sd Idr en Kabylie orientale, puis dans les zwiyas de Ben ebana, Ait Urtilane, Ait Yal, et Taslent Akbou.46 Lmahd tait un lettr vers dans toutes les dis-ciplines. Imm indpendant, il tait dans la rgion la source principale de d-termination des dates religieuses, priodes de culture, comme le prouve une de ses correspondances avec Naer b. Naer membre fondateur de lassociation 44 Manuscrit collection Lmhb lahbb, 10 fos, copi 1228/1830, 1214, nas, ms n ASN 3,

    Explicit: ya sil mutaar yakn f nam Ab Miqra. Colophon : 45 Collection Lmhb lahbb, 5 fos, copie 19me sicle, 1220, nas., ms n SC 14, (Mechehed

    2004 : 366). Incipit : 46 La zwiya de Sd Sad Ibn Ab Dad est considre comme la plus importante en Algrie

    des trois deniers sicles jusquau milieu du 20me sicle. Rpute par son niveau dtudes trs lev, elle a permit de nombreux tudiants de toutes les rgions dAlgrie de suivre leur for-mation suprieure. Des tudiants sont venus de Constantine, du Sud, du Centre et de lOuest du pays. La zwiya de Sd Sad Ibn Ab Dad, tait en Algrie centrale et orientale la meilleure de toutes les Zaoua de ces trois derniers sicles, elle ft lun des centres de diffusion des sciences, de thologie, de grammaire, dastronomie et arithmtique, les plus importants de tout le pays Zwawa (Kabylie) et jusqu Constantine lEst, Laghouat au Sud et Mda louest , comme affirme Cheikh el-Hafnawi dans son livre Tarf al-alaf bi-ril al-salaf. Elle ft nomme par les rudits de Djebel Nour (mont de la lumire , nom attribu au Dje-bel dAkbou, principalement pour avoir abrit la zwiya. Elle a su conserver son indpendance et nest affilie aucune confrrie soufie. Celui qui na pas appris le Coran Chelatta, et na pas tudi le droit (le fiqh) Taslent manque de sagesse (sirr) . Dit un dicton. Pour glori-fier un tudiant ou un rudit en Algrie on le relie lune des deux zwiyas (Assani 2007 : 66).

  • 78 Dj.E. Mechehed

    des Ulmas Algriens (Assani, Mechehed 1999 : 82). Lmahd tait bien vers dans les sciences astronomiques et matrisait les mthodes de dtermination des dates des deux calendriers (yennayer et hgire). Ses crits se rapportent plusieurs domaines (Mechehed 2004 : 257).

    Codification calendrier agraire/solaire

    Jum47 Nun Tub Ctm Guc Yul Yun May Yeb Mag Fur Yen6 4 8 6 3 7 5 2 7 4 4 1

    Codification des mois du calendrier.

    La codification du calendrier par la dernire lettre du mois

    Le nombre du mois est le rsultat dune opration de calcul suivante :

    y 365 (le nombre de jours du calendrier solaire) 7(x) = 1, le rsultat reprsente le code du mois de Yennayer (le premier mois du calen-drier solaire dit : agraire).

    y 31 jours du prcdent mois Yennayer + 1 qui le code du mois Yan-nayer = 32 7(x) = 4, le rsultat donc est le code quon a donn au deuxime mois : Furar.

    y 28 jours du mois prcdent qui est Furar + son code 4 = 32 7(x) = 4, le rsultat est le code attribu au troisime mois qui est Magres (mars), etc.

    Pour rsoudre le problme des bissextiles qui se produisent chaque quatre annes qui reprsentent le quart de journe en plus de chaque anne, les astro-nomes musulmans, ont mis un autre code, qui facilite aussi retenir les annes dont le bissextile se produira, cod par le systme mnmotechnique facilitant ainsi la mmorisation des annes bissextiles :

    Les lettres correspondent aux noms des journes : . Dimanche, . Vendredi, . Mercredi, .

    Lundi, . Samedi, . Jeudi . Mardi.

    47 Le calendrier solaire agraire a t utilis par les auteurs musulmans, comme le prouve les

    nombreux manuscrits de notre collection, qui ont t dats par les noms de ce calendrier, connu dans les textes musulmans de calendrier aam, il faut rappeler que le calendrier est d-riv du calendrier latin : Januarius (Yennayer), Februarius (Furar), Martius (Magres), Aprilis (Yebrir), Maus (Mayu), Junius (Yuniu), Julius (Yuliu), Augustus (Guct), September (Ctember), Otober (Utuber), November (Nunber), December (Dujunber).

  • Le systme de numration alphabtique arabe 79

    La technique de dtermination du 1er jour du 1er mois du calendrier solaire

    1427 h (anne de rfrence du calendrier hgirien) 1080 h (une date de rf-rence de lanne hgirienne) = (x 8) = 3

    Allez la lettre numro 3 qui est la lettre waw dune valeur numrique 6 de notre systme, puis commencez compter toujours partir du dimanche. Vous arrtez la journe dont le premier jour du premier mois Yennayer .

    1 2 5 1 3 6 2 4

    La numration alphabtique chez les lettres locaux de la Kabylie

    Lutilisation de la numration alphabtique en petite Kabylie est proba-blement due au fait que louvrage dal-Ss y tait une rfrence.

    a) Laudience dal-Ss Lastronome le plus clbre au 17me sicle au Maghreb, est le marocain

    de la rgion du Ss, al-Ss al-Mar (1598-1678). Son trait dastronomie fut tudi dans les zwiyas de la Petite Kabylie jusquau dbut du 19me si-cle, comme le prouve le tmoignage de ay Muhammad Zarrq Mechehed, imm Bjaia, depuis plus de 50 ans. En effet, il a appris le calcul numrique isb al-ummal auprs de son pre al-Mahd.

    Laudience dal-Ss en Petite Kabylie peut tre apprcie dune part travers le nombre de copies de ses ouvrages. Dautre part, il est cit dans une chanson, compose probablement au 19me sicle par Sad Sikiou, sur Muham-mad Amoqrn qas (rapport et traduit par lorientaliste Luciani 1893 : 142):

    Vous qui avez apprci, coutez- moi Vous qui avez tudi Sss

    et qui comprenez exactement

    b) Les crits de Ben Al Cherf et de Lmhb lahbb Prcdemment, nous avons prsent les crits de Ben Al Cherf (posie) de

    Lmhb lahbb (science des hritages), utilisant le calcul abcdaire. Il est pro-bable que linfluence des ouvrages dal-Ss en soit la raison. En effet, le premier en a rdig un commentaire, alors que le second en a fait plusieurs copies.

    CONCLUSION

    La matrise de ces diverses variantes du systme de numration alphab-tique connu dans les textes arabes sous le nom hisb bi-l-ummal ou b d sont trs importantes pour les philologues, codicologues et autres chercheurs

  • 80 Dj.E. Mechehed

    en rapport avec les manuscrits et anthropologues et autres chercheurs danciens textes arabes, notamment dans le domaine de lastrologie, lastronomie et les sciences occultes, le systme a t aussi utilis dans les datations des manus-crits. La matrise de ces variantes facilite ainsi la dcodification de ces textes et leur datation.

    Djamel Eddine Mechehed Responsable de la Collection de Manuscrits Lmhb lahbb BP 694-RP Bjaia Algrie [email protected]

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    SUMMARY

    In this article, we deal with different variants of an old system of Arabic alphabetical nu-meration used since the Medieval period by Muslim astronomers and astrologers under the name of isb bi-l-ummal (alphabetical calculation). We can decipher several variants found in the manuscripts of the scholarly library of Sheikh Lmhb labb, and also identify those which were used in the 19th century by local scholars in Kabylia. The system was used for dating copies of various types of manuscripts, in texts of poetry, astronomy and divination. We will also cite in this paper the ubr (dust) and Fez Arabic numerals/ciphers and we will present their ancient calligraphic forms in this collection.

    menabo_planche.pdfplanche_I.pdfplanche_II.pdfplanche_III.pdfplanche_IV.pdfplanche_v.pdfplanche_VI.pdfplanche_VII.pdfplanche_VIII.pdf