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www.almc.fr 70 e saison 2016 – 2017 Mardi 28 Mars 2017 à 20h30 ASSOCIATION LORRAINE DE MUSIQUE DE CHAMBRE Kristian BEZUIDENHOUT Avec le soutien de Au Pianoforte Salle POIREL

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www.almc.fr

70e saison

2016 – 2017

Mardi 28 Mars 2017 à 20h30

A S S O C I A T I O N L O R R A I N E

D E M U S I Q U E D E C H A M B R E

Krist ian BEZUIDENHOUT

Avec le soutien de

Au Pianoforte

Salle POIREL

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5 MAI 1971, Reine Gianoli, Piano . 15 NOVEMBRE 1971 : Pierre Sancan,

piano, André Navarra, violoncelle . 6 DÉCEMBRE 1971 : Quartetto

Italiano. 15 DÉCEMBRE 1971 : Lily Laskine, harpe, Jean-Pierre Rampal,

flûte . 12 JANVIER 1972, OUVERT AU PUBLIC : I Solisti Veneti, direction

Claudio Scimone, Piero Toso, violon . 31 JANVIER 1972 : Trio Kehr, avec

Jacqueline Eymar, piano . 23 FÉVRIER 1972 : Aldo Ciccolini, piano . 13

MARS 1972 : CONCERT A LA MÉMOIRE DE CHARLES MÜNCH, Quatuor à

cordes de l’Orchestre de Paris, avec Nicole Henriot-Schweitzer, piano.15

NOVEMBRE 1972 : Octuor de Paris . 4 DÉCEMBRE 1972 : Orchestre de

Chambre de Stuttgart, direction Karl Münchinger, avec Ivo Kviring,

Michaël Wiecky, violons . 18 DÉCEMBRE 1972 : Camille Maurane,

baryton, Lucie Robert, piano . 8 JANVIER 1973 : Jean et Geneviève Doyen,

piano à 4 mains . 29 JANVIER 1973 : Quatuor de Prague . 14 FÉVRIER 1973

: Beaux Arts Trio . 19 MARS 1973 : Jean-Pierre Wallez, violon, Gisèle Kuhn,

piano . 12 NOVEMBRE 1973 : Quatuor de l’ORTF, avec Leslie Wright,

piano . 4 DÉCEMBRE 1973 : Orchestre de Chambre Jean-François Paillard,

avec Gérard Jarry, violon, Christian Lormand, alto . 17 DÉCEMBRE 1973 :

Deller Consort, Alfred Deller, haute contre, Jean Knibbs, soprano, John

Buttrey, ténor, Maurice Bevan, baryton, Desmond Dupré, luth . 4 FÉVRIER

1973 : Victor Pikaisen, violon, Evguenia Seidel, piano . 25 FEVRIER 1974 :

Quatuor Tatraï . 18 MARS 1974, Tamas Vasary, piano. 23 AVRIL 1974 :

Trio Zöller, Böttcher, Richter, Karlheinz Zöller, flûte, Wolgang Böttcher,

violoncelle, Konrad Richter, piano . 12 NOVEMBRE 1974 : Emmanuel

Krivine, violon, Christian Ivaldi, piano . 3 DÉCEMBRE 1974 : Ensemble

Instrumental de France, direction et violon solo Jean-Pierre Wallez,

solistes : J P Wallez, Jean Estournet, Philip Bride, violons . 18 DÉCEMBRE

1974 : Quatuor de Tokyo . 13 JANVIER 1975 : Quatuor Vegh . 24 FÉVRIER

1975 : Michel Beroff, piano . 10 MARS 1975 : Trio Ravel, Chantal de

Buchy, piano, Christian Crenne, violon, Manfred Stilz, violoncelle . 28

AVRIL 1975, Anna Reynolds, mezzo-soprano, Irwin Gage, piano. 12

NOVEMBRE 1975 : Quatuor Christian Cheret (Patrick Galloi, flûte), Régis

Pasquier, violon, Bruno Pasquier, alto, Roland Pidoux, violoncelle . 1

DÉCEMBRE 1975 : Arthur Grumiaux, violon, Gyorgy Sebök, piano . 15

DÉCEMBRE 1975 : François-René Duchâble, piano . 26 JANVIER 1976 : Trio

de Munich, Ana Chumachenko, violon, Oscar Lys, alto, Walter Nothas,

violoncelle . 16 FÉVRIER 1976 : Quatuor Bulgare, Jean-Claude Van den

Eyden, piano. 1 MARS 1976 : Orchestre de Chambre de Mayence,

direction Günter Kehr . 12 AVRIL 1976 : Aleth Lamasse, violoncelle,

Christine de Vogüe, piano . 15 NOVEMBRE 1976 : Octuor de Paris .

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Bienvenue au cinquième concert

de notre soixante-dixième Saison

Rédaction et mise en page │Philippe Fosseux ALMC Impression │ Hélio-services Nancy

Pianoforte Edwin Beunk – Enschede (NL) Association Lorraine de Musique de Chambre │ BP 60044 │ 54601 Villers-les-Nancy Cedex

[email protected] │ www.almc.fr

Bureau de l’ALMC : Jean-Claude Marchal Président, Philippe Fosseux Vice-président, Jean-Marie Cordier Trésorier, Anne-Marie Massehian Relation avec les publics

ALMC remercie pour son soutien l’entreprise-partenaire présente avec nous ce soir

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19 Mai 2008, Opéra de Nancy Krystian ZIMERMAN, piano Beethoven : Sonate n° 8 opus 13, « Pathétique »

Photos D.R

18 octobre 1993, Salle Poirel Inger SÖDERGREN, piano BEETHOVEN : 17e sonate op.31 n°2 « La Tempête »

Bruno Léonardo GELBER, piano 7 Décembre 1963 : 26e sonate op 81a, “ Les Adieux”

23 Février 1957, Salle Poirel Wilhelm KEMPFF, piano BEETHOVEN : 8e sonate op.13 « Pathétique »

Dans nos annales … ils ont joué les œuvres de notre concert de ce soir

Seules 16 des 32 sonates pour piano composées par Beethoven ont été jouées lors de nos concerts. Les n° 9 et n° 10 de ce soir font partie de ces grandes absentes, voici donc un manque corrigé par notre invité.

Bien évidemment de très nombreux pianistes ont interprété pour nous d’autres sonates de Ludwig Van Beethoven :

Wilhelm KEMPFF, piano 14 Février 1955 : 18e sonate op.31 n°3 - 14 Février 1962 : 12e sonate op.28 - 5 Novembre 1963 : 14e sonate op.29, 2e sonate op.2 n°2, 31e sonate op.110, 23e sonate op.57 « Appassionata » - 10 Novembre 1965 : 18e sonate op.31 n°3

Clara HASKIL, piano 28 Novembre 1955 : Sonate n° 32 opus 111

Erick HEIDSICK, piano 25 Janvier 1965, 32e Sonate opus 111

Jean DOYEN, piano 9 Décembre 1968 : 32e Sonate opus 111

Pierre SANCAN, piano 15 Novembre 1971 : 2e Sonate opus 5 n° 2

Tamas VASARY, piano 18 Mars 1974 : 13e Sonate opus 25 n° 1

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Dans nos annales … ils ont joué les œuvres de notre concert de ce soir

Deszö RANKI, piano 19 Mars 1986 : 18e sonate op.31 n° 3

François-René DUCHÂBLE, piano 17 Octobre 1994 : 26e sonate op 81a, “ Les Adieux”, 21e op 53 11 Décembre 2000 : 23e sonate op.57 « Appassionata »

Grigory SOKOLOV, piano 18 Février 2013 : 29e Sonate opus 106 « Hammerklavier »

Leif Ove ANDSNES, piano 20 Avril 2009 : 1ere sonate op. 27 “Quasi una Fantasia” 14e sonate op.27 n° 2 « Clair de Lune »

François-Xavier POIZAT, piano 12 Novembre 2008 : 2e sonate op.2 n° 2

Jean-Bernard POMMIER, piano 7 octobre 1996 : 2e sonate op.2 n° 2, 14e op.27 n° 2 « Clair de Lune »

Nikolaï LUGANSKI, piano 14 Avril 2003 : 23e sonate op.57 « Appassionata »

Nelson FREIRE, piano 14 Avril 2003 : 23e sonate op.57 « Appassionata »

François-Frédéric GUY, piano 15 Novembre 2010 : 15e sonate op. 28 “Pastorle” 14e sonate op.27 n° 2 « Clair de Lune »

Raphaël BLECHACZ, piano 12 Novembre 2012 : 7e sonate op. 10 n° 3

Murray PERAHIA, piano 1er Février 2017 : 32e Sonate opus 111

Abdel Rahman El BACHA, piano 12 Janvier 1982 : 4e sonate op.7

Paul BADURA-SKODA, piano 14 Décembre 1976 : 29e sonate op.106

Photos D.R

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Introduction

L’ALMC a déjà invité plus de 200 pianistes à se produire mais c’est la première fois depuis sa création, il y a 70 ans, que nous accueillons à Nancy un pianofortiste venu jouer sur un instrument d’époque.

Il est probable que certains se sont posé la question de savoir pourquoi donc programmer un concert de pianoforte alors même que nous disposons désormais d’instruments modernes de très grande qualité avec un son magnifique et puissant capable de remplir les volumes sonores les plus impressionnants et de restituer les ambiances les plus subtiles.

La principale raison de ce choix réside dans le simple fait que le pianoforte est l'instrument avec lequel Haydn, Mozart, Beethoven, puis des compositeurs romantiques tels que Schubert, Chopin et Liszt ont écrit leur musique, prenant en compte la technique de l’instrument, sa sonorité, ses capacités de nuances et sa réponse mécanique à l’appui des touches. Autant d’éléments qu’ils ont exploités au cours de leur création et qui ont forgé des œuvres magnifiques dont nous ne connaissons en général qu’une facette, celle que nous renvoie le piano moderne et sa technicité. Nous avons perdu l’authenticité première de ces œuvres telle que le public d’alors l’a ressentie lors de leur création.

L’autre raison de ce choix réside dans la question de savoir si ces compositeurs auraient écrit exactement les mêmes œuvres s’ils avaient disposé d’un instrument hautement évolué comme le Steinway ou le Bösendorfer d’aujourd’hui. On peut dire sans trop de risque de se tromper que c’est assez peu probable car ils auraient alors certainement intégré et restitué les immenses capacités expressives du piano contemporain tout comme ils le firent en évoluant du clavecin et du clavicorde vers le pianoforte. Le discours en aurait sans doute été tout autre.

Aujourd’hui nombre d’artistes souhaitent retrouver l’authenticité du son originel. Comme le dit le facteur Paul Mc Nulty « la différence de ton et de toucher entre les pianos anciens et ceux d'aujourd'hui est si grande que la musique change littéralement de sens. De nombreux musiciens préfèrent travailler dans cette direction. Des œuvres qui semblent peu intéressantes à jouer sur des pianos modernes deviennent extrêmement impressionnantes sur les instruments pour lesquels elles ont été écrites. Le toucher est très différent alors la musique le devient aussi ». On pourrait oser la comparaison qui veut que le pianoforte « parle distinctement » alors que le piano moderne « chante ».

Nous allons donc découvrir ce soir l’autre facette méconnue des sonates de Beethoven dans les sonorités émouvantes pour lesquelles elles ont été écrites tout en appréciant le « discours » que nous offre Kristian Bezuidenhout sur ce magnifique instrument de Conrad Graf 1822.

Philippe FOSSEUX

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Ludwig Van BEETHOVEN Sonate n° 10 Op. 14, n° 2 en Sol majeur

1. Allegro (Sol majeur) 2. Andante (Ut majeur) 3. Scherzo : Allegro assai (Sol majeur)

Ludwig Van BEETHOVEN Sonate n° 17 Op. 31, n° 2 en Ré mineur, « La Tempête »

1. Largo - Allegro 2. Adagio 3. Allegretto

Ludwig Van BEETHOVEN Sonate n° 9 Op.14, n° 1 en Mi majeur

1. Allegro (Mi majeur) 2. Allegretto (Mi mineur) 3. Rondo. Allegro comodo (Mi majeur)

Ludwig Van BEETHOVEN Sonate n° 8 Op.13, en Ut mineur « Pathétique »

1. Grave - Allegro di molto e con brio 2. Adagio cantabile 3. Rondo. Allegro

Kristian Bezuidenhout joue ce soir sur un instrument Conrad Graf, Vienne c.a 1822, caisse en noyer, clavier de 6½ octaves, 4 pédales (una-corda, moderator, double moderator, forte). Collection Edwin Beunk.

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Mardi 28 Mars 2017 Cinquième concert

de notre soixante-dixième saison

KRISTIAN BEZUIDENHOUT, pianoforte

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Les plus grands pianistes se proposent souvent d’enregistrer voire de jouer les 32 sonates de Beethoven moins pour se confronter à cette somme musicale que pour l’interpréter comme un témoignage vivant. De la première sonate à l’opus 111 la visite de l’œuvre peut se comparer à celle d’une cathédrale. L’ensemble imposant disparait trop souvent au profit d’une partie : rosace, statuaire etc… On parle des grandes sonates, de sonatine, des 3 dernières sonates alors qu’en fait l’écoute de chacune nous permet de parcourir un fragment du journal intime d’une vie qui « est, parmi les plus grandes expériences humaines, une des plus inspiratrices que nous puissions proposer ; non point parce qu’elle fut celle d’un homme parfait ou celle d’un saint, mais justement parce qu’elle fut celle d’un homme ordinaire qui, à travers ses faiblesses et des épreuves touchant à l’absurde, parvint à une des destinées les plus hautes que puisse atteindre sur cette terre un esprit humain1. »

Peut-être la Musique est-elle en effet l’expression d’un langage antérieur à la Parole et par là vecteur d’une communication universelle entre les hommes. Une sorte de protolangage. C’est dans cette perspective qu’il faut écouter les sonates de Beethoven : comme si leur compréhension relevait de l’apprentissage d’un langage universel. Car ce texte musical est un long cheminement, une façon de vivre, de penser avec Beethoven et de s’éblouir avec les reflets de cette « grande expérience humaine 2».

Jusqu’à l’opus 31 elles sont groupées parfois dans un numéro d’œuvre commun. A l’intérieur d’un même opus les œuvres exposent différents aspects d’une expérience vécue bien qu’elle ne soit reliée par aucune parenté tonale. Grand poème exposant plusieurs réalités psychologiques d’une même expérience avec la variabilité thymique propre à l’âme humaine.

L’interprétation de ce roman d’une âme avec le pianoforte, pour controversée qu’elle puisse être de nos jours, nous plonge au plus près du mécanisme de mutation visio-auditive si prégnant chez Beethoven qui va de la contemplation de l’univers à l’Image musicale et qui est le prérequis d’une « adhésion totale à l’art beethovénien 3».

Jean-Claude MARCHAL

ÉDITORIAL

1.2.3.Paul LOYONNET Les 32 sonates pour piano. Journal intime de Beethoven. Editions Robert Laffont 1977

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Ludwig van Beethoven a écrit ses 32 sonates pour piano, entre 1795 et 1822. Bien qu'à l'origine, elles ne soient pas destinées à être un ensemble et un tout cohérent, elles forment l'une des plus importantes séries d'œuvres de l'histoire de la musique. Cet ensemble, aujourd’hui considéré comme l’un des monuments dédiés à l’instrument, témoigne du cheminement stylistique du compositeur au cours des années. Hans von Bülow l'appelait « Le Nouveau Testament » de la musique, l’ancien testament étant Le Clavier Bien Tempéré de J.S Bach.

Les sonates, de forme classique au début, vont peu à peu s’affranchir de cette forme et ne plus en garder que le nom, Beethoven se plaisant à commencer ou à terminer une composition par un mouvement lent, par exemple comme dans la sonate « au Clair de Lune », à y inscrire une fugue comme dans la Sonate no 31 ou à nommer sonate une composition à deux mouvements comme dans la sonate n°32 (voir le commentaire sur « la forme-sonate » en page précédente)

Au fur et à mesure, les compositions gagnent en liberté d’écriture, elles sont de plus en plus architecturées et de plus en plus complexes. Dans la célèbre Hammerklavier de 1819, longueur et difficultés techniques atteignent des proportions telles qu’elles mettent en jeu les possibilités physiques de l’interprète comme celles de l’instrument et exigent une attention soutenue de la part de l’auditeur. Elle fait partie des cinq dernières sonates, qui forment un groupe à part dit de « la dernière manière ». Ce terme désigne un aboutissement stylistique de Beethoven, dans lequel le compositeur, désormais totalement sourd et possédant toutes les difficultés techniques de la composition, délaisse toutes considérations formelles pour ne s’attacher qu’à l’invention et à la découverte de nouveaux territoires sonores. Les cinq dernières sonates constituent un point culminant de la littérature pianistique.

Ludwig Van BEETHOVEN (1770-1827) Sonates

Surmontant à force de volonté les épreuves d’une vie marquée par la surdité qui le frappe à 27 ans, célébrant dans sa musique le triomphe de l’héroïsme et de la joie quand le destin lui prescrivait l’isolement et la misère, il est récompensé par cette affirmation de Romain Rolland : « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne ». Expression d’une inaltérable foi en l’homme et d’un optimisme volontaire, affirmant la création musicale comme action d’un artiste libre et indépendant, l’œuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de l’histoire de la musique.

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Sonate n° 10 Op. 14, n° 2 en Sol majeur Allegro - Andante - Scherzo : Allegro assai

Sonate n° 17 Op. 31, n° 2 en Ré mineur, « La Tempête » Largo Allegro - Adagio - Allegretto

une série d’idées secondaires, dès l’exposition. Le développement bénéficie bien entendu de cette richesse du matériau initial. Beethoven semble ici exploiter au maximum toutes ses idées, tout en restant dans un cadre solide.

L’andante propose la même simplicité formelle, avec ici un premier thème presque trop simple, mais propice en cela à l’élaboration de variations ; elles sont au nombre de trois, et d’un type « arithmétique », ce qui est assez traditionnel : décalage du thème en contretemps pour la première, décomposition en croches puis en doubles croches pour les suivantes, le tout se refermant sur la présentation initiale du thème proposé.

Le scherzo fait ici office de finale. Comme souvent, il est très proche de l’esprit des Bagatelles de Beethoven, traits entrecoupés de silences, esprit d’espièglerie et intermède central d’un chant plus calme.

Composée en 1802, la belle et célébrissime sonate dite « La Tempête » (tout simplement parce que Beethoven aurait parlé à son propos de la pièce homonyme de Shakespeare) n’est pas notée « quasi una fantasia ». Elle présente pourtant tout les attributs d’une fantaisie (alternance de séquences largo, de points d’orgue, de « récitatifs » et de grands développements symphoniques), même si les trois mouvements restent clairement séparés. L’idée « motivique » la plus frappante est celle de l’accord arpégé qui inaugure cette sonate dans un mouvement largo, à quoi succède une réponse, véritable résultante rhétorique (allegro) proposant un parcours harmonique déjà très riche.

La seconde apparition de ce couple (largo de l’arpège et allegro en déferlement de croches) enclenche véritablement le mouvement et entraîne les thèmes suivants. Cette séquence d’exposition est donc, à elle seule, l’idée et son développement.

Composée en 1799 cette sonate fut publiée à Vienne la même année. Elle est dédiée à la baronne Josefa von Braun.

Paysage plein de lumière pour ce second volet de l’Opus 14, bien loin de toute plongée métaphysique dans les abîmes de la pensée, tels que pouvaient en proposer certaines des sonates précédentes, l’allegro initial donne le ton de toute la sonate, avec un thème avenant, gracieux, quasi galant, à quoi répond un deuxième thème dans le style des Ländler. Chacune de ces deux idées thématiques enclenche d’emblée toute

La Baronne Josefa Von Braun

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Sonate n° 9 Op. 14 n° 1 en Mi majeur Allegro – Allegretto – Rondo Allegro comodo

La partie suivante – développement « officiel » – se présente comme un approfondissement extrêmement dense, en particulier sur le plan harmonique, et celui de la vitalité des parcours du piano.

Bizarrement, tout ce premier mouvement donne une impression de symphonisme généralisé, d’une musique véritablement orchestrale, alors que précisément c’est de jubilation digitale qu’il s’agit, d’une musique comme fascinée par les pouvoirs spécifiques du piano.

L’adagio est lui aussi inauguré par un accord arpégé et une succession de figures interrogatives. En outre, le cen-

Composée en 1798 et publiée à Vienne en 1799, cette sonate constitue le premier volet de l’opus 14 dédié, comme la sonate n° 10, à la baronne Josefa von Braun.

Avec l’Opus 14 n° 1, Beethoven revient à une sonate de type « haydnien », après les grandes libertés prises dans la sonate « Pathétique » qui la précède immédiatement : symétrie des charpentes, thèmes limpides clairement agencés et succession conventionnelle des mouvements. Si ce n’est qu’ici, un allegretto central fait office à la fois de scherzo et de mouvement lent. Dans le premier mouvement, cependant, on assiste à un travail très intéressant de composition sur les « notes de passages » et sur l’étrangeté des modulations, qui met quelque peu en péril le sentiment tonal. Le rondo final se réfère à Haydn, peut-être surtout par sa fluidité digitale, triolets de croches en alternance avec des motifs plus hachés, et traits jubilants de doubles croches.

tre de ce mouvement, extrêmement introspectif, propose un motif rythmique en batterie rapide de triples croches, repris ensuite à l’octave, qui produit un effet quasi impressionniste, non dénué d’intérêt pour une œuvre écrite en 1802 !

Quant au finale, d’une extrême clarté, comme un objet géométrique parfait, marqué cependant d’étrangeté par des effets de lumière et d’ombre inattendus, il se caractérise, entre autres, par une sorte de technique de l’égrènement, une musique « perlée » ou « aquatique » – on ne sait d’ailleurs quel adjectif qualifierait au mieux ces effets dont Liszt se souviendra quelques décennies plus tard.

D’après Joseph Charles Stieler – Beethoven terrassant un lion symbole de la monarchie

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Sonate n° 8 Op. 13 en Ut mineur « Pathétique » Grave Allegro di molto e con brio - Adagio cantabile - Rondo Allegro

Composée en 1797-1798, publiée à Vienne en 1799, cette sonate est dédiée au prince Lichnowsky.

Le titre n’est pas de Beethoven et, comme tous les qualitatifs apocryphes, il banalise les caractères fondamentaux de l’œuvre. Bien davantage qu’un quelconque « pathos », il s’agit ici de déclamation (du moins dans le premier mouvement) et d’un ton grandiose, emphatique, assumé comme tel. D’autant que cette introduction grave, en rythmes pointés, comme une ouverture à la française venue du Baroque et rêvée par le premier des Romantiques allemands, fait effet de tremplin, véritable ressort pour l’extraordinaire énergie déployée dans l’allegro qui lui succède immédiatement (allegro di molto, con brio). Beethoven a ici pris ses distances vis-à-vis du style classique. Peu lui importe désormais l’art du contraste en tant que tel, tout ce système d’arêtes vives, repérables et quasi prévisibles entre le vif et le lent, le mineur et le majeur, le forte et le piano... Plus qu’un art du contraste, plus même qu’un art de la dramaturgie, il s’agit de saisir ce qui, dans la lenteur extrême, contient en germe la rapidité extrême ; ce qui se joue dans l’immobilité, lorsqu’elle est suffisamment riche de possibles harmoniques. Il s’agit aussi d’explorer tout ce que le piano peut déployer en termes de résonances, de prise de possession du clavier entier, d’échafaudages mentaux sur le rapport à instaurer entre l’énergie proprement dramatique et l’installation dans le temps. Concentrant ainsi tout un ensemble de modes nouveaux dans l’écriture pour le piano de Beethoven, cette sonate marque un tournant, même si, comme toujours dans l’œuvre de ce musicien, les retours à des styles plus anciens sont toujours possibles, voire nécessaires.

Johann Nepomuk Hoechle 1827, Vue de la chambre de Beethoven dans la Schwarzspanierhaus à Vienne,

Musée historique de la ville.

Les caractères inexorables, farouches et comme débridés du premier mouvement, sont oubliés pour l’adagio cantabile, moment de religiosité et de paix, grave dans son registre mais plein de lumière – un peu comme l’Ave verum corpus de Mozart, avec le même mélange de gravité et de tendresse.

Le rondo final, dans sa simplicité, se déroule presque comme une chanson, avec, si l’on ose dire, un caractère de rengaine ! Véritable « tube » dans l’œuvre de Beethoven, massacré par des générations d’apprentis-pianistes, il en sort généralement sain et sauf, gardant sa fraîcheur et son efficacité : c’est dire…

Analyse musicale : Médiathèque de la Cité de la Musique - Philharmonie de Paris

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Kristian BEZUIDENHOUT

Kristian Bezuidenhout est l’un des artistes actuels du clavier parmi les plus remarquables et les plus passionnants, à l’aise sur le pianoforte, le clavecin et le piano moderne. Il a commencé ses études en Australie, poursuivies ensuite à l’Eastman School of Music, il vit désormais à Londres. Après une formation initiale de pianiste auprès de Rebecca Penneys, il explore les claviers anciens, étudie le clavecin avec Arthur Haas, le pianoforte avec Malcolm Bilson et le continuo avec Paul O'Dette.

Kristian Bezuidenhout s’assure une reconnaissance internationale dès l’âge de 21 ans après avoir remporté le prestigieux premier prix et le prix du public au concours de pianoforte de Bruges.

Kristian Bezuidenhout est un artiste fréquemment invité par les meilleurs orchestres du monde comme le Freiburger Barockorchester, Les Arts Florissants, l’Orchestre de l’Âge des Lumières, l’Orchestre des Champs Elysées, le Royal Concertgebouw Orchestra, le Chicago Symphony Orchestra & le Leipzig Gewandhausorchester. Il a dirigé du clavier l’English Concert, l’Orchestre du XVIIIe siècle, le Tafelmusik, le Collegium Vocale, Juilliard 415 et le Kammerakademie Potsdam.

Il s’est également produit avec des artistes et des chefs renommés comme John Eliot Gardiner, Philippe Herreweghe, Frans Brüggen, Trevor Pinnock, Giovanni Antonini, Jean-Guihen Queyras, Isabelle Faust, Alina Ibragimova, Rachel Podger, Carolyn Sampson, Anne Sofie von Otter, Mark Padmore & Matthias Goerne.

La discographie de Kristian Bezuidenhout chez Harmonia Mundi est riche et a reçu de multiples récompenses. Elle inclut l’intégrale des œuvres pour clavier de Mozart (Diapason d’Or de l’année, Prix de la Critique Allemande & Prix Caecilia), les Sonates pour violon de Mozart avec Petra Müllejans, les concerti pour piano de Mendelssohn et Mozart avec le Freiburger Barockorchester (ECHO Klassik Award), les lieder de Beethoven & Mozart ainsi que le Dichterliebe de Schumann avec Mark Padmore (Edison Award). En 2013 il a été désigné comme Gramophone Magazine’s Artist of the Year. Les prochains enregistrements incluent le 2e volume des concerti pour piano de Mozart avec le Freiburger Barockorchester.

Pour la saison 2016/17, Kristian Bezuidenhout jouera les concerti pour pianoforte avec l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique/Gardiner, l’Orchestre des Champs Elysées/Herreweghe et Il Giardino Armonico/Antonini, clavecin soliste avec Arcangelo/Cohen (Concerti Bach) et, sur piano moderne, avec l’Orchestre de Chambre d’Europe/Haitink, Amsterdam Sinfonietta/de Vriend, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks/Labadie, Australian Chamber Orchestra/Tognetti & Melbourne Symphony Orchestra/Egarr. Récitals et musique de chambre l’amèneront à Londres, New York, Tokyo, Boston, Madrid, Innsbruck, Sydney et Nancy. Il dirigera pour la 1ère fois la Passion selon Saint-Matthieu de Bach avec le Dunedin Consort.

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Créé entre 1720 et 1726 par le facteur de clavecins italien Bartolomeo Cristofori à Florence le piano-forte est décrit par son inventeur comme un « gravecembalo con piano e forte » (clavecin avec doux et fort) car, contrairement au clavecin (cordes pincées), le son de ce nouvel instrument (à cordes frappées) devient modulable et peut jouer « piano » et « forte ».

La date de fabrication du premier pianoforte par Cristofori est incertaine, mais un inventaire réalisé par ses employeurs, la famille Médicis, indique l'existence d'un instrument en 1698 et le croquis final du premier modèle d’échappement des marteaux est daté de 1709. Cristofori n'aurait construit en tout qu'une vingtaine de piano-forte jusqu'à sa mort en 1731, améliorant sans cesse son invention, sans qu'elle devînt un succès commercial malgré la qualité des instruments qu’il fabriquait. Trois de ces premiers pianos sont conservés de par

Le rêve de Bartolomeo Cristofori (1655-1731)

bien en taille qu'en allure. Cristofori étant lui-même facteur de clavicordes et de clavecins, il était bien au fait des techniques de fabrication de tels instruments et des connaissances théoriques associées à celles-ci.

L’ingéniosité de Cristofori lui a permis de résoudre le problème mécanique intrinsèque au piano : les marteaux devaient pourvoir frapper les cordes mais cesser d'être en contact avec elles une fois frappées afin de ne pas étouffer le son ; les marteaux devaient ensuite retourner à leur position initiale sans rebondir violemment et ceci rapidement pour permettre aux notes d'être répétées à une vitesse satisfaisante. Comparé au clavicorde et en se perfectionnant, le pianoforte allait permettre des nuances dynamiques et sonner bien plus fort, avec une tenue de note plus longue.

Bartolomeo Cristofori en 1726.

le monde : l’un au Metropolitan Museum of Art de New-York (1720), l’autre au Musée national des instruments de musique de Rome (1722) et le troisième au Musikinstrumenten-Museum de l’université de Leipzig (1726).

Les premiers pianos ont particulièrement profité des siècles de travaux et de perfectionnements apportés au clavicorde, notamment par le raffinement des méthodes de construction des structures (en bois à cette époque), ainsi que celles de la conception de la table d'harmonie, du chevalet et du clavier, peu standard aussi

Pianoforte de 1722 par Bartolomeo Cristofori Musée National des Instruments de Musique, Rome

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perfectionnée de l'instrument sur lequel il venait d'improviser des fugues à la demande de Frédéric II de Prusse, lui-même acquis à l'instrument puisqu'il en possédait quinze.

La facture de pianoforte connait son essor durant la fin du XVIIIe siècle, avec Johann Andreas Stein (1728-1792) père de l'école viennoise (bien que n'ayant pas vécu à Vienne) qui réinterpréta le système d'échappement créant la fameuse Prellmechanik (mécanique à heurtoir) qu'on a l'habitude d'appeler « mécanique viennoise » ou « mécanique austro-germanique ». Les pianos de « l’école viennoise » étaient fabriqués sans cadre avec seulement un barrage en bois, deux cordes par note et des marteaux recouverts de cuir. C'est pour des instruments de ce type que Mozart, devenu un adepte des instruments de Stein en 1777, a écrit ses concertos et ses sonates. Cet instrument avait un son plus doux et plus clair que celui des pianos modernes et permettait aussi de tenir les notes plus longtemps.

Le premier facteur notable est Johann Andreas Silbermann (1683-1753), issu d'une famille de facteurs d'orgues qui en fabriqua dès 1726 à la suite de Cristofori. Les pianofortes de Silbermann étaient presque des copies conformes de ceux de Cristofori réalisés à partir des plans de Maffei de 1709. Silbermann montra à Jean-Sébastien Bach l'un de ses premiers instruments dans les années 1730, mais ce dernier ne l'apprécia pas, trouvant le clavier lourd, les aigus trop faibles et la distorsion trop importante lors de l'attaque pour permettre des dynamiques véritablement intéressantes. Ce n’est qu’en 1747 que Bach, alors âgé de 62 ans, approuva une version plus récente et plus

De 1790 à 1890, le pianoforte de l'époque classique va subir de très nombreux changements. Pendant la première partie de cette période, les progrès technologiques apportés au pianoforte durent beaucoup à la firme anglaise Broadwood déjà très réputée pour le son puissant et majestueux de ses clavecins. Celle-ci va étudier scientifique- ment la manière de les perfectionner en sollicitant la Royal Society et le British Museum dès 1788 ce qui semble avoir con- ©

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Instrument John Broadwood Collection Edwin Beunk

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duit à la création de la double table d'harmonie. La firme, qui envoya ses instruments à Haydn et Beethoven, fut la première à construire des pianofortes avec une tessiture de plus de 5 octaves : 5 octaves 1/5e dans les années 1790, 6 octaves en 1810 (ce dont Beethoven profita immédiatement pour s’affranchir des limites précédentes et ajouter les nouvelles notes possibles dans ses dernières œuvres) et 7 octaves en 1820.

Au cours des années 1820, les firmes Érard et Pleyel, développèrent l'instrument et se firent une concurrence stimulante. On sait que Chopin et Liszt utilisaient leurs pianos. La firme Érard apporta certainement les innovations les plus importantes surtout du point de vue de la mécanique de l'instrument : en 1821, Sébastien Érard inventa le système à répétition, communément et improprement appelé double échappement, qui permet à une note d'être rejouée même si la touche n'est pas encore revenue à sa position initiale ; une innovation que les grands virtuoses sauront utiliser dans des compositions toujours plus brillantes et toujours plus avides de vélocité. Amélioré par Henri Herz vers 1840, le principe du double échappement devint finalement le mécanisme standard des pianos à queue.

A gauche l’Instrument Conrad Graf, Vienne, ca. 1822 joué ce soir. Collection Edwin Beunk

La révolution industrielle en cours permit une nouvelle évolution qui mit à la disposition des facteurs de piano des procédés technologiques permettant de produire des cordes en acier de grande qualité et une plus grande précision d'usinage pour la production des cadres en fonte. D'autres innovations importantes ont été apportées durant cette période comme l'utilisation de trois cordes au lieu de deux pour toutes les notes sauf les plus graves, le cadre métallique plus robuste que le cadre en bois, le croisement des cordes, les marteaux recouverts de feutre au lieu de cuir, la pédale tonale inventée en 1844 par Jean Louis Boisselot et améliorée par le facteur Steinway en 1874.

A droite, instrument Salvatore Lagrassa École viennoise ca. 1815 Collection Edwin Beunk

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Les facteurs de pianofortes étaient des entreprises plutôt prospères. Les ateliers de Broadwood par exemple ont compté jusqu’à 600 ouvriers à son apogée ! En 1910, il existait plus de 300 fabriques de piano, dont un certain nombre comptaient plus d’un siècle d’existence. Il est vrai que cet instrument était très à la mode au 18e siècle et que sa présence dans le mobilier du salon des familles bourgeoises du 19e siècle était essentielle voire « quasi obligatoire » afin de mettre en valeur le savoir-faire musical des jeunes filles accomplies en vue de leur projet de mariage.

Il est impossible de dresser ici une liste exhaustive de tous les facteurs de pianoforte, tout juste pouvons nous citer quelques noms parmi ceux qui sont venus à nos yeux au cours de nos recherches documentaires.

Quelques célèbres facteurs de pianofortes

Pour tout savoir sur les facteurs de pianofortes en Europe, visitez ce site qui regorge d’informations et de photos │http://www.lieveverbeeck.eu/index.htm

Adolf Ibach (1766-1848) - Americus Backers (ca 1710-1778) - Anton Walter (1752-1826) - Bartolomeo Cristofori (1655-1731) - Burckhardt Tschudi (1702-1773) - Charles Lemme - Christian Ernst Friederici (1709-1780) - Conrad Graf (1782-1851) - Daniel Dörr (1788-1837) - Dwight Hamilton Baldwin (1821-1899) - Heinrich Steinweg - Henry Ludwig - Henry Mason and Emmons Hamlin - Ignace Pleyel (1757-1831) - J.J Hopkinson (vers 1810) - Jakob Schelkle - Jean Groetaers (1764-1832) - Jean-Baptiste Boisselot (1782-1847) - Jean-Guillaume Freudenthaler (1761-1824) - Jean-Henri Pape (1787-1875) - Johann Andreas Stein (1728-1792) - Johann Andreas Streicher (1761-1833) - Johann Georg Gröber (ca 1800) - Johann Gottfried Silbermann (1683-1753) - Johann Kilianus Merken (1743-1819) - Johann Zumpe (1726-1790) - John Brinsmead (1814-1908) - John Broadwood (1732-1812) - Jonas Chickering (1798-1853) - Longman & Broderip (1767-1795) - Nannette Streicher-Stein (1769-1833) - Robert Stodart (1748-1831) - Salvatore Lagrassa (1815-53) - Samuel Chappel - Sébastien Ehrhard ou Erard (1752-1831) - Wilhelmus Zimmerman (1750 - 1806)

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Mais connaissez-vous l’abonnement ALMC ?

Chaque saison, l’ALMC invite plusieurs artistes internationaux très réputés. Pour profiter au mieux de tous les concerts, la meilleure solution est de s’abonner à la saison complète, solution qui vous offre :

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Actuellement les abonnements sont pris uniquement par correspondance. Vous pourrez bientôt télécharger le bulletin d’adhésion 2017-2018 en vous rendant sur notre site www.almc.fr

Nous ouvrirons ultérieurement un abonnement « online » sur ce site lors de l'installation définitive de la billetterie électronique et du système de paiement par Carte Bancaire.

Vous êtes venus spécialement pour ce concert de KRISTIAN BEZUIDENHOUT et sommes heureux de vous accueillir …

La 71e saison 2017-2018 comprendra 7 concerts, la programmation, particulièrement prestigieuse, en sera

dévoilée au cours du concert du 24 Avril 2017

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30 DÉCEMBRE 1976 : Quatuor Janacek . 14 DÉCEMBRE 1976 : Paul

Badura-Skoda, piano . 24 JANVIER 1977 : Quatuor Bartok . 18

FÉVRIER 1977 : Solistes de Zagreg, direction Tonko Ninic, violon . 7

MARS 1977 : Josef Suk, violon, Jorg Demus, piano . 18 AVRIL 1977

: Cuarteto de Madrigalistas de Madrid, Carmen Rodriguez Aragon,

soprano, Maria Aragon, Mezzo, Tomas Cabrera, ténor, Manuel

Perez Bermudez, baryton . 14 NOVEMBRE 1977 : Melos Quartet de

Stuttgart . 28 NOVEMBRE 1977 : Luigi-Alberto Bianchi, alto, Leslie

Wright, piano . 12 DÉCEMBRE 1977: Maria-Joao Pires, piano . 17

JANVIER 1978 : Beaux Arts Trio, Menahem Pressler, piano, Isidore

Cohen, violon, Bernard Greenhouse, violoncelle . 30 JANVIER 1978

: Ensemble Instrumental “La Follia”, direction Miguel de la Fuente,

avec Jean-Pierre Rampal, flûte . 28 FÉVRIER 1978 : Quintette “La

Truite”, Jacques Rouvier, piano, Augustin Dumay, violon, Bruno

Pasquier, alto, Frédéric Lodéon, violoncelle (en remplacement de

Philippe Muller), Jacques Cazauran, contrebasse . 17 AVRIL 1978 :

Gerda Hartman, soprano, Udo Reinemann, baryton, Noël Lee,

piano . 14 NOVEMBRE 1978 : Nouveau Trio Pasquier, Régis

Pasquier, violon, Bruno Pasquier, alto, Roland Pidoux, violoncelle .

29 NOVEMBRE 1978 : Oleg Kagan, violon, Vladimir Skanavi, piano

. 11 DÉCEMBRE 1978 : Noël Lee, Christian Ivaldi, piano à 4 mains .

16 JANVIER 1979, Brahms Sextett, Marie Bereau, Annie Ducrocq,

violons, Claude Ducrocq Martine Venot, altos, Claude Bussière,

Jean Deplace, violoncelles . 29 JANVIER 1979 : Orchestre de

Chambre Camerata Leodiensis, direction Hubert Schonbroodt . 8

MARS 1979 : Quatuor Alban Berg . 26 AVRIL 1979 : Ensemble

Nuove Musiche, Michèle Ledroit, soprano, Henri Ledroit, contre

ténor,, David Simpson, violoncelle, Noëlle Spieth, clavecin . 13

NOVEMBRE 1979 : Dong-Suk-Kang, violon, Gordon Back, piano .

27 NOVEMBRE 1979 : Quintette à Vent Taffanel, avec Bruno

Rigutto, piano . 12 DÉCEMBRE 1979 : Quatuor Talich . 21 JANVIER

1980 : Festival Strings Lucerne, direction Guido Knüsel . 12

FÉVRIER 1980 : Jean-Jacques Kantorow, violon, Jacques Rouvier,

piano, Philippe Muller, violoncelle . 13 MARS 1980 : Elisaveta

Leonskaïa, piano .

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A S S O C I AT I O N L O R R A I N E D E M U S I Q U E D E C H A M B R E

LES 6 CONCERTS DE LA 70e SAISON

Dimanche 6 Novembre 2016 │ 16h30 │ Salle Poirel

Dimanche 6 Novembre 2016 │ 20h30 │ Salle Poirel

Jeudi 15 Décembre 2016 │ 20h30 │ Salle Poirel

Mercredi 1er Février 2017 │ 20h30 │ Opéra

Mardi 28 Mars 2017 │ 20h30 │ Salle Poirel

Lundi 24 Avril 2017 │ 20h30 │ Salle Poirel

Pri

x d

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: 2

Avec le soutien de

Quatuor Anches Hantées, clarinettes

Elodie Fondacci, récitante

Maurice Ravel, Ma Mère l’Oye

Quatuor Anches Hantées, clarinettes

Bernstein, Debussy, Dvorak, Grieg, Haydn, Mendelssohn, Mozart, Puccini, Ravel Smetana

Deborah Nemtanu, violon & alto, Quatuor Danel, Romain Descharmes, piano

Schumann, Ravel, Lekeu, Chausson

Murray Perahia, piano

Bach, Schubert, Mozart, Beethoven

Kristian Bezuidenhout, pianoforte

Ludwig van Beethoven, Sonates

Ferenc Vizi, piano & Ensemble Cifra

Franz Liszt, Rhapsodies Hongroises et Csardas Tziganes