madame la marquise pompadour - m capefigue 1880

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  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    1/304

    ^^fi

    MADAME

    LA

    MARQUIS -:

    POMPADOUR

    m.

    CAPEFIGUE

    .i

    c

    \

    iPABlItS

    AMYOT,

    EDITEUR

    -

    LMiHAlRi:

    i.

    rue

    de

    la Pau

    ^m.

    Digitized

    ¥1

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    2/304

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    3/304

    MADAME LA

    MARQUISE

    DE

    POMPADOUR

    ,')

    DigitizedbyVjOOQlC

    r

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    4/304

     OUL01»IIER8.

    IHPKIVBRIB

    DB

    A.

    XOTiSLf.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    5/304

    0

    MADAME

    LA

    MARQUISE

    DB

    POMPADOUR

    M.

    CAPEFIGUE

    PARIS

    AMYOT,

    ÉDITEUR,

    8,

    RUE

    DE LA

    PAIX

    MOCLVIII

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    6/304

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    of

    FKANCÎS

    PAKKMAN*

    17

    Jan*:804.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    7/304

    Le

    nom

    de

    la

    marquise

    de

    Pompadour

    se

    lie

    à

    Thistoire

    de Fart

    et

    aux

    plus

    gracieuses

    élégances

    de

    la littérature

    du

    îviii''

    siècle;

    c'est environnée

    de

    Boucher,

    de

    Vien,

    de

    Greuze,

    de

    Vanloo,

    du

    premier

    des Vernet

    pour

    les

    arts,

    de

    Voltaire,

    de

    Montesquieu,

    de

    Bernis,

    de Favart

    pour

    la

    littérature,

    que

    madame

    de

    Pompadour

    se

    présente

    à

    la

    postérité.

    Noble

    artiste

    elle-même,

    la

    Marquise

    a

    laissé

    toute

    une

    belle

    œuvre

    de

    dessins,

    de

    pierres

    gravées

    qu'on

    dirait

    recueillies

    à

    Pom-

    péïa.

    Au

    point

    de

    vue

    politique,

    madame

    de

    Pompadour

    exerça

    une

    grande

    influence

    en

    Europe.

    .

    Le but

    de

    l'auteur

    a

    été de

    réfuter

    par

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    8/304

    II

    les

    pièces

    authentiques

    outes

    les

    calomnies

    répandues

    ontre

    la

    Marquise

    ans

    les

    pam-hlets

    écrits

    en

    Angleterre,

    n

    Hollande

    et

    en

    Prusse,

    et

    qui

    ont

    été

    acceptées

    omme

    des

    vérités,

    par

    toute

    une

    école

    d'historiens.

    Je

    mets cette

    étude

    sous

    la

    protection

    es

    sirtistes

    que

    madame

    de

    Pompadoar

    aima.

    Je

    la

    place

    sous

    la

    noble

    main

    de

    quelques

    esprits

    'élite

    qui

    ont

    gardé

    le

    goût

    des

    re-iques

    inimitables des

    salons

    de

    la

    marquise

    de

    Pompadour.

    Notre

    génération

    e

    travailleurs

    t

    de

    juifs

    errants

    doit

    avoir

    besoin

    quelquefois

    e

    se

    reposer;

    qu'elle

    coute

    donc

    ce

    livre

    comme

    une

    de

    ces

    vieilles

    histoires

    du

    t^nps passé

    que

    les

    grand'mères

    ontent

    à

    notre

    enfance,

    belle

    légende

    ur

    une

    époque

    de loisir

    et

    d'es-rit

    gracieux,

    laquelle

    n

    s'attache

    comme

    à

    on

    Waiteau

    retrouvé.

    Je

    n'ai

    ni le

    désir

    ni

    la

    prétention

    e

    changer

    les

    opinions,

    i

    les

    intérêts

    de

    mon

    temps;

    chaquegénération

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    III

    a

    ses

    mérites,sa

    destinée

    :

    mais

    je

    voudrais

    un

    peu

    plus

    de

    justice

    our

    le

    passé

    et

    sur-out

    pour

    le

    règne

    de Louis XV

    qui

    donna

    la

    Lorraine,

    t

    la

    Corse

    à

    la France. Je

    vou-rais

    qu'on

    cessât

    de déclamer

    contre

    ce

    noble

    esprit

    gentilhomme,

    le

    plus

    beau

    fleuron

    de

    nos

    annales

    nationales.

    Qu'on

    me

    pardonne

    si

    jepréfère

    e

    point

    de

    vue

    de

    l'histoire

    à

    l'éloge

    es

    émeutes

    de

    serfs,

    des

    séditions d'hôtel-de-

    ville,

    des

    pro-ès-verbaux

    d'Assemblées,

    et

    des

    maussades

    oppositions.

    tout

    prendre,

    'ai

    plus

    de

    goût

    pour

    les

    souvenirs

    des

    œuvres

    d'art

    de

    ma-ame

    la

    marquise

    de

    Pompadour

    que

    pour

    les

    pédantes

    dissertations

    de

    madame

    Ro-and

    sur

    la

    politique

    t

    la

    philosophie.

    Marly,

    ayril

    1858.

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    1

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    MADiHE U

    MARQUISE

    DE

    POMPADOUR.

    I

    17A0^7A5.

    La

    campagne

    des

    Flandres,

    couronnée

    par

    la

    bataille de

    Fontenoy,

    fut

    Tépoque

    brillante

    du

    rè-ne

    de

    Louis

    XV

    :

    le

    Roi avait

    alors

    quarante

    ans

    ;

    il

    venait

    de

    se

    couvrir

    de

    gloire

    à la tête

    de

    sa

    maison

    militaire:

    mousquetaires

    noirs

    et

    gris,

    chevaux-légers,

    renadiers

    e

    France,

    gardes

    fran-aises

    et

    suisses;

    partout

    il

    avait montré

    le

    cou-age

    du

    digne

    chef des

    gentilshommes,

    u

    milieu

    du feu le

    plus

    terrible

    de

    la

    colonne

    anglaise

    (1).

    Entouré

    d'une

    noblesse

    dévouée,

    tout

    rayonnant

    encore

    de

    jeunesse

    t

    de

    force,

    e

    Roi

    avait

    vécu

    de

    l'existence

    des

    camps

    ;

    il

    avait assisté

    aux

    batailles

    et

    aux

    sièges,

    vec

    la même

    gaieté,

    a

    même

    élé-ance

    qu'aux

    fêtes

    et

    aux

    soupers

    de

    Versailles,

    du

    divin

    Harly

    et

    de

    Ghoisy,

    résidence

    fleurie

    des

    (I)

    Voir

    mon

    Louis

    XV.

    i

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    bords

    de

    la

    Seine,

    douce

    retraite

    de

    la

    grande

    Ma-emoisell

    après

    sa

    vie

    agitée.

    Je

    considère

    le

    règne

    de

    Louis

    XV

    comme

    le

    der-ier

    et

    le

    plus

    ravissant

    reflet

    de

    l'espritentil-omme,

    esprit

    perdu,

    nseveli

    sous

    les

    plis

    e

    l'an-ique

    cornette

    blanche.

    Sous

    Louis

    XIV,

    à

    l'excep-ion

    de

    la

    petite

    our

    dissolue

    du

    duc

    de

    Vendôme,

    la

    noblesse,rave,

    dévouée,

    était

    sérieuse,

    ompas-ée,

    comme

    des

    satellites

    autour

    du

    soleil.

    Sous

    Louis

    XVI,

    elle

    se

    perdit

    u se

    rendit

    ridicule

    par

    la

    manie

    de

    réformesi

    es

    mille

    stupidités

    hiloso-hiques;

    on

    vitlesLiancourt

    (La

    Rochefoucauld)»

    les

    Lafayette,

    ontmorency

    (i)

    les

    Périgord,

    es

    Noailles,

    Rochambeau, Biron,

    etc,

    gratter

    es

    piè-es

    de

    leur

    blason,

    suicide

    niais

    qui

    ne

    profita

    pas

    même

    à

    leur

    orgueil.

    Sous Louis

    XV,

    la

    noblesse

    fut

    à

    la fois

    brave,

    chevaleresque,

    avissante,

    omme nous

    la

    reprodui-ent

    les

    pastels

    e

    Latour,

    les

    toilesde

    Boucher,

    les

    champs

    de

    bataille

    dessinés

    par

    Charles

    Pai^

    (1)

    J*ai

    trouvé

    nagaère

    chez

    un

    marchand

    de

    vienx

    tableaux

    de

    la

    rue

    Saint-Laiare,

    un

    dessin

    au

    crayon

    noir

    représen-ant

    le

    vicomte Mathieu

    de

    Montmorency,

    et

    un

    autre

    gentil-omme

    queje

    crois le

    duc de

    Liancourt

    en

    unirorme,

    se ser-ant

    la

    main

    d'enthousiasme

    dans

    un

    café

    du

    Palais-Royal.

    La

    légende

    du

    dessin dit

    :

    (

    c

    M. de

    Montmorency

    abordant

    un

    autre

    gentilhomme

    et

    ne

    se

    donnant

    plus

    que

    leur

    nom

    originaire.

    )

    Ce

    qui

    revenait

     

    dire

    que

    M.

    de

    Montmorency

    s'appelait

    ésormais

    M.

    Bouchard^

    M,

    de

    Lafii^ette,

    «|jïf0t-

    tier,et

    le

    duc

    de

    La

    Rochefoucauld, Guy»

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    13/304

    rooêl

    :

    le

    Roi

    au

    milieu

    de

    ses

    troupes

    aux

    grar

    cieux

    uniformes,

    blanc,

    bleu,

    jonquille,

    e

    cha-eau

    coqueltement

    placé

    sur

    Toreille,

    a

    ganse

    blanche,

    raiguiilette

    ur

    Thabit,

    donnait

    lui-

    même

    l'impulsion

    ux

    gais

    propos,

    aux

    belles

    histoires

    de

    galanterie

    le

    gentilhomme

    allait

    au

    feu

    en

    manchettes,

    poudré

    à

    la

    maréchale,

    les

    eaux

    de

    senteur

    sur

    son

    mouchoir

    en

    point

    d'An-leterre

    :

    rélégance

    'a

    jamais

    fait

    tort

    au cou-age,

    et

    la

    politesse

    'allienoblement

    à

    la

    bra-oure.

    Louis

    XV

    fut

    le

    roi

    qui

    eut

    le

    plus

    d'amis

    et

    sut

    inspirer

    es

    plus

    tendres

    attachements.

    A

    une

    délicieuse

    figure,oujours

    elleà

    tous

    les

    âges

    de

    la

    vie,

    il

    joignait

    ne

    dignité,

    ne

    noblesse

    par-aite,

    un

    sourire

    gracieux

    n

    peu

    mélancolique

    et

    railleur,

    vec

    un

    manifeste dédain

    pour

    les doc-rines

    philosophiques,

    t

    pour

    ces

    hâbleurs

    de

    principes

    ui

    détruisaient les

    croyances

    de

    la

    so-iété

    ;

    s'il

    se

    moquait

    par

    des

    mots

    piquants

    e

    ces

    gentilshommesosmopolites

    ui

    allaient

    en

    Angleterre,

    n

    Hollande,

    apprendre

    à

    penser

    (i),

    comme

    on

    disait

    alors,

    il

    aimait

    sa

    maison

    mili-aire

    et

    les chefs

    qui

    la

    menaient

    au

    feu

    :

    Riche-ieu,

    Soubise,

    Grammont,

    d'Aye»,

    Chauvelin,

    (1)

    A

    panser

    des

    chevaux

    (répondait

    e

    Roi).

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    14/304

    8

    l'ami

    de

    son

    enfance.

    Le

    Roi

    se

    tenait

    si bien

    à

    cheval

    qu'il

    'y

    montrait

    supérieur

    ême^au

    ma-échal

    de

    Saxe,

    de l'avis

    de

    tous,

    le

    meilleur

    ca-alier

    de

    l'armée.

    Le

    tableau de

    Charles

    Parrocel

    qui

    représente

    a

    revue

    de

    la maison

    militaire,

    u

    Trou

    d'enfer,

    eproduit

    e

    Roi

    (1)

    à

    cheval,

    a-uant

    avec

    un

    orgueil

    e

    gloire,

    es

    drapeaux,

    cravates

    et

    comettes«.de

    es

    beaux

    régiments

    e

    sa

    maison.

    Je

    D'ai

    riea à

    flatter

    et

    je

    n*ai

    rien

    à

    taire

    ,

    Je

    dois raconter

    Bimplement

    Les

    grandes

    actions ainsi

    quMl

    sait

    les faire.

    Je dirai

    qu'il

    porte

    ses

    pas.

    Des feux de

    la

    tranchée

    et

    des

    sièges

    ux

    conabats

    ;

    Que

    siLouis

    le

    Grand

    renversa

    des

    murailles,

    Le

    cielréseryait

    à

    son

    fils

    L'honneur de

    gagner

    des

    batailles.

    Et de

    mettre

    le comble

    à la

    gloire

    es

    lis.

    Grand

    Roi,

    Londres

    gémit.

    Vienne

    pleure

    et

    t*admire,

    Ton bras

    va

    décider

    du

    destin

    de

    TEmpire

    ;

    La

    Sardaigne

    balance

    et

    Munich

    se

    repent.

    Le

    Batave

    indécis

    au

    remords

    est en

    proie,

    Et la

    France

    s'écrie

    an

    milieu

    de

    sa

    joie

    i

    Le

    plus

    aimé

    des

    Rois

    est

    aussi le

    plus

    grand (S).

    Ainsi

    Voltairelouait

    le

    roi

    Louis

    XV

    après

    la

    campagne

    des

    Flandres,

    hevaleresque

    ar

    tous

    ses

    héros

    :

    le

    maréchal

    de

    Saxe,

    Richelieu,

    oufQers,

    1)

    La

    téte^est^de

    anloo»

    ;s)

    Êpltres,749.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    15/304

    9

    Luxembourg,

    Duras,

    d^Harcourt,

    iron,

    Soubise,

    Lowendhaï/d'Havré;

    t

    cette

    merveilleuse

    noblesse

    marchait

    au

    combat

    pleine

    e

    gaieté,

    uivie

    d'une

    charmante

    ambulance,

    le théâtrede

    madame

    Fa-

    vart,

    «

    que

    le

    maréchal de Saxe

    portait

    ans

    ses

    bagages,

    disaitl'abbé

    de

    Yoisenon,

    le

    spirituel

    vaudevilliste.

    Tongres,

    la veille

    de

    la

    bataille

    de

    Rocoux,

    le maréchal de Saxe donna ordre à

    M.

    Favart,

    directeur de la

    Comédie,

    de

    faire

    un

    couplet

    e

    chanson,

    pour

    annoncer

    la

    bataille,

    comme

    un

    incident

    dont

    le

    succès

    n'était

    pas

    même douteux.

    Ce

    couplet

    ut fait

    tout

    de

    suite

    entre

    les deux

    pièces

    et

    chanté par

    une

    actrice

    fort

    aimable

    sur

    l'air

    de

    Toits

    les

    capucins

    du

    monde

    :

    Demain

    noas

    donnerons

    rel che

    Quoique

    le

    directeor

    s'en

    fàclie;

    Vous voir comblerait

    ses

    désirs

    ;

    On

    doit

    céder

    tout

    à

    la

    gloire.

    Nous

    ne

    songeons

    qu'à

    vos plaisirs,

    Vous

    ne

    songez

    qu'à

    la

    Tictoire.

    Ensuite

    on

    annonça

    pour

    le

    surlendemain

    une

    pièce,

    e

    Prix

    de

    Cythère

    et

    les

    Amours

    grivois,

    qu'on représenta

    ffectivement

    (1),

    car

    la

    trom-ette

    victorieuse avait retenti à

    Rocôux.

    C'est à

    l'occasion

    de

    cette

    bataille

    que

    la

    veille

    fut

    com-

    (i)

    Mém,

    pour

    $ervir

    au

    règne

    de

    LouitXV,

    1749«

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    16/304

    — 40

    posé

    lo

    premier

    hème

    de

    la

    populaire

    t

    soldates-ue

    chanson

    des

    Adieux de La

    Tulipe^

    estée

    comme

    une

    tradition

    dans

    Tarmée

    toujours

    i

    pleine

    e

    gaieté

    t

    de

    bravoure

    :

    la

    France

    n'est*

    elle

    pas

    toujours

    à

    I

    Malgré

    lâbaum^

    Qu'on

    Uvre

    demain,

    Çà,

    faisons

    ripaille,

    Charmante

    Catin

    \

    Attendant

    la

    gloire.

    Prenons

    le

    plaisir

    Sans

    lire

    au

    grimoiro

    Du

    sombre avenir*

    Tiens,

    serre ma

    pipe^

    Garde

    mon

    briquet,

    Et

    si

    La

    Tulipe

    Fait

    le

    noir

    trajet,

    Que

    tu

    sois

    la

    seule

    Dans

    le

    régiment

    Qu*ait

    le

    brûle-gueule

    De

    ton

    cher

    amant

    (i).

    Tel

    était

    Tesprit

    e

    cette

    armée

    que

    le

    roi

    Louis

    XY

    ajlmait

    vec

    prédilection,

    t

    qui

    à

    son

    tour

    adorait

    le roi de

    France.

    Ce

    prince

    vait

    moins

    do

    courlisans

    quo

    de

    loyaux

    et

    sincères

    amis.

    Il

    traitait

    les

    gentilshommes

    vec

    cette

    po-itesse

    gracieuse

    t

    digne

    qui

    s'honorait

    en

    élevant

    («)

    Les

    paroles

    ont

    de

    Mangenot^

    1746,

    on

    des

    plus

    spi*

    rituels

    TaadofUUstes

    et

    ohansonniert.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    17/304

    http://www.forgottenbooks.com/in.php?btn=6&pibn=1200100231&from=pdf

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    18/304

    II

    Janvier

    17^5.

    Une

    des

    négociations

    es

    plus

    considérables

    qui

    accompagna

    cette

    glorieuse

    ampagne

    des

    Flandres

    contre

    l'Angleterre

    t

    l'Autriche,

    avait

    été

    le

    ma-iage

    de

    monseigneur

    le

    Dauphin

    de

    France

    avec

    rinfante

    d'Espagne.

    La

    cour

    de

    Versailles

    y

    mettait

    une

    haute

    importance

    comme

    à

    la

    préparation

    e

    l'alliance

    de

    famille,

    ce

    pacte

    écrit

    et

    signé

    entre

    tous

    les membres

    de

    la maison de

    Bourbon,

    qui

    plus

    tard

    (1)

    fut

    l'occasion

    des

    plus profondes

    ja-ousi

    de

    l'Europe.

    Louis-Auguste Dauphin

    de

    France,

    tout

    jeune

    homme

    encore,

    avait suivi

    le

    Roi dans la campagne des

    Flandres.

    A

    ses

    côtés

    il

    assistait

    aux

    batailles

    et

    aux

    sièges

    il

    y

    montra

    un

    haut

    courage

    et

    une

    sensibilité

    extrême,

    ex-ression

    de

    son cœur

    et

    de

    son

    éducation,

    que

    l'intrigue

    ssaya

    plus

    d'une fois

    d'exploiter.

    Le

    roi Louis

    XY

    ordonna

    que

    les

    fiançaille

    (\)

    En

    1765,

    sous

    le

    dacde

    GboifleaU

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    19/304

    43

    fussent

    célébrées

    avec

    une

    grande

    soleonité

    afin

    de

    distrairela

    cour

    et

    de

    s'étourdir

    lui-même,

    car

    il

    était

    profondément

    ffectéde

    la

    mort

    récente

    de

    la

    duchesse

    de

    Châteauroux,

    on

    amie

    la

    plus

    ten-re,

    la

    plus

    dévouée.

    C'était

    dans

    la

    famille

    si il-ustre

    de Nesie

    que

    jusqu'ici

    e Roi

    avait

    choisi

    ses

    affections

    intimes

    :

    mesdames

    de

    Hailly,

    e

    Fla-

    vencourt,

    comtesse

    de

    Tournelle,

    réée*duchcsse

    de

    Châteauroux,

    aîtresses

    d'un

    caractère

    sidivers

    et

    néanmoins

    dominantes.

    Le

    roi

    Louis

    XY

    avait

    suivi

    les

    traditions

    de

    Louis

    XIY

    accoutumé

    à

    prendre

    es

    maîtresses

    parmi

    les famillesde

    haute

    noblesse.

    Les Nesle valaient les

    Mortemart

    et

    mieux

    que

    les

    d'Aubigné-Maintenon.

    utour

    de

    la duchesse, de

    Ghâteauroux,

    vaillante,

    lorieuse,

    adorée

    de

    tous,

    il

    s'était

    fait

    un

    grand

    bruit,

    ne

    haute

    intrigue

    ors

    de

    la maladie du

    Roi

    à

    Metz.

    La duchesse fut

    renvoyée,

    hassée

    avec

    éclat,

    et

    n'avait

    trouvé

    d'autre ami fidèle

    que

    le duc

    de

    Ri-helieu

    qui

    la

    préserva

    e

    mille insultes

    en

    l'em-enant

    dans

    son

    propre

    carrosse.

    La

    faveur de

    la

    duchesse était

    revenue

    ;

    mais

    la

    mort

    avait

    saisi

    sa

    proie

    u

    moment

    de

    son

    retour.

    Madame de

    Châteauroux,

    elle,

    t

    toute

    parée

    comme

    pour

    un

    triomphe

    u

    milieu

    de

    la

    cour,

    fut

    frappée

    'un

    mal

    étrange

    t

    sinistre

    qui

    l'enleva

    en

    quelques

    jours

    à

    la

    tendresse de Louis

    XY. Le

    Roi

    en

    fut

    4.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    20/304

    profondément

    ffecté

    (1),

    ar

    elle

    était

    aimée

    avec

    orgueil

    omme

    un

    beau fleuron

    de la

    couronne,

    éclatante

    comme

    la

    gloire.

    Il

    courut

    diverses

    légendes

    ur

    la

    mort

    de

    la

    duchesse

    de Châteauroux.

    On

    parla

    même

    du

    poi-*

    son

    que

    Ton

    jeta

    dans la

    coupe

    d'un

    souper;

    comme

    si le

    poison

    e

    plus

    ardent,

    le

    plus

    subtil,

    n'était

    pas

    cette

    vive

    secousse

    de

    l'âme

    dans le

    passage

    rapide

    e

    la

    félicité

    aux

    douleurs,

    de la

    tristesse

    à

    la

    joie

    l'imagination

    t

    le

    cœur

    sont

    les

    plus

    grands

    ennemis

    de

    la

    vie,

    ils

    nous

    tuent

    bien

    plus

    sûrement

    que

    la

    maladie. Madame de

    Châteauroux

    mourut

    le

    8

    décembre

    1744,

    dans

    son

    hôtelde

    la

    rue

    du

    Bac.

    Le Roi

    en

    éprouva

    une

    vive

    douleur,

    je

    le

    répète.

    .

    d'Argenson

    cri-ait

    au

    duc

    de

    Richelieu

    :

    «

    notre

    pauvre

    maître

    (2)

    a

    un

    visage

    fairetrembler

    pour

    sa

    vie.

    »

    Le

    Roi

    se

    fit

    peu

    à

    peu

    à

    l'idée

    de

    la

    mort

    qui

    fauchait

    ru-ement

    autour

    de

    lui.

    II

    devint

    ferme,

    stoïque

    de-ant

    celte

    image

    de

    la

    mort,

    jusqu'à

    airecroire

    qu'il

    tait

    insensible

    et

    profondément

    goïste.

    Ce

    fut

    pour

    faire

    distraction

    à

    cette

    réelle

    dou-

    (i)

    Il faut

    se

    défier de la

    correspoodance

    autographe

    Attri-uée

    à

    la

    duchesse de

    Châteauroux.

    Il

    y

    a

    beaucoup

    de lettres

    fausses

    ou

    supposées,

    même

    parmi

    celles

    qu'elle

    adressait

    au

    duc

    de Richelieu.

    (t)

    Louis

    XV« M.

    d*Arg6D9oii

    pparUnait

    à

    Técoto

    phlloMH

    phique.

    C'est

    lw\

    autant

    que

    madame

    de

    Pompadoor, qui

    fit

    entrer

    Voltidre

    dam le

    mouyement

    des iiflMres

    pratiques»

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    21/304

    '--

    îi

    -

    leur

    que

    coilir

    mit

    un

    grand

    éclat

    aux

    fêtes

    pipé-

    parées

    our

    le

    mariage

    de

    H. le

    Dauphin

    et

    de

    rinfante

    d'Espagne.

    Versailles

    des pompes

    ma-nifiques,

    au

    château,

    ans

    les

    jardins,

    ur

    le

    canal

    ou

    pièce

    d'eau;

    il

    y

    eut

    des

    voyages,

    des

    chasses

    à

    Gompiègne,

    Fontainebleau,

    es

    illu-*

    minations,

    es

    pêches

    ux

    flambeaux.

    Nul

    ne

    peut

    se

    faire

    une

    idée

    de

    YersaiHesàce

    temps

    de haute

    noblesse.

    Nous

    autres

    enfants d'une

    maussade

    et

    sanglante

    évolution,

    ous

    voyons

    ces

    galeries

    e

    glace

    t

    d'or

    inondées

    d'un

    peuple

    ux

    vêtements

    épais,

    ux

    souliers

    ferrés

    et

    retentissant

    sur

    ces

    riches

    parquets

    comme

    un

    torrent

    limoneux

    sur

    de

    riches

    plates-bandes

    e boulons

    d'or

    et

    de

    roseà

    panachées.

    ersailles

    aujourd'hui

    st

    comme

    une

    vieille

    et

    noble

    figure

    e

    marquise

    oulée

    et

    déchi-ée

    aux

    pieds

    par

    les

    enfants

    deé

    clubs;

    c'est

    la

    Memphis

    du

    vieux

    régime,

    et

    pour

    notre

    généra-

    ration,

    les

    mœurs

    des

    gentilshommes

    ont

    plus

    étrangères

    ue

    les

    habitudes

    des

    Romains

    de

    la

    décadence.

    Au

    moyen-âge

    les

    pastoureaux

    n

    moment

    maîtres

    de

    quelques

    hâtellenies

    dans le

    midi

    de la

    France,

    s'emparèrent

    es

    plus

    beaux

    vêtements

    des

    seigneurs,

    irent coucher leurs

    femmes

    et

    leurs

    filles

    ans

    les

    lits

    des

    châtelaines.

    Il

    en

    est ainsi

    de

    Versailles

    envahi

    un

    jour

    de

    fête

    par

    ce

    peuple

    qui

    trouble le

    royal

    ommeil

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    22/304

    Io-es

    derniers

    Bourbons.

    Sous

    Louis

    XY»

    les

    fêles

    gardaient

    ncore

    un

    caractère

    de

    splendeur

    t

    de

    royauté

    toute cette

    grande

    noblesse

    avait

    une

    haute

    manière de

    vivre,

    e servir

    et

    d'aimer

    le

    Roi

    el

    la

    monarchie.

    Le

    velours des

    habits

    se

    mariait

    bien

    aux

    tapisseries,

    ux

    glaces

    e Venise

    ;

    les

    dentelles allaient

    merveilleusement

    à

    ces

    vieilles

    porcelaines

    e

    Sèvres,

    ces vases

    d'agate

    rnés

    detopazes,

    'émeraudes.

    L'infante

    Dauphine

    rilla

    dans

    toutes

    ces

    fêtes

    aux

    yeux

    de

    tous

    (1)

    et

    de

    monseigneur

    le

    Dauphin,

    profondément

    pris

    e

    sa

    femme

    ;

    il était

    impossible

    'avoir

    un amour

    plus

    vrai,

    plus

    ardent

    que

    celui

    de

    Louis-Auguste

    Dauphin

    de

    France

    pour

    l'infante

    Dauphine

    elle

    n'était

    pas

    jolie,

    ais

    tel

    est

    le

    privilège

    onné

    aux

    filles

    d'Espagne

    d'exciter des

    passions

    ives

    comme

    le soleil

    qui

    les

    éclaire

    (elle

    ourut

    en

    donnant

    le

    jour

    aune

    princesse,

    t

    Dieu

    sait

    com-ien

    elle

    fut

    pleurée).

    amais

    monseigneur

    le

    Dauphin

    ne

    put

    se

    consoler

    de

    cette

    terrible

    mort.

    La

    ville

    de

    Paris alors associée à

    toutes

    les

    joies,

    toutes

    les

    douleurs de la

    famille

    royale,

    ou-ut

    dignement

    élébrer le

    mariage.

    es

    fêtes

    furent

    riches.

    Le

    prévôt

    es marchands

    d'après

    es

    avis

    (1)

    Février

    iU5.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    23/304

    17

    des

    échevins

    fit

    construire

    douze

    belles

    salles

    de

    verdure,

    u

    milieu

    de

    Paris,

    mode

    renouvelée

    des

    antiques

    êtes

    de

    Charles

    VU

    (1

    ).

    On

    était

    en

    plein

    hiver,

    e

    temps

    était

    dur,

    lesarbres

    secoués

    par

    les

    grands

    vents,

    la

    pluie

    battante

    ;

    ces

    salles

    de

    verdure

    furent

    si

    chaudes,

    si

    ingénieusement

    abritées,

    ue

    parmi

    ces

    fleurs

    et

    ces

    arbustes

    on

    se

    serai

    i

    cru

    dans

    un

    tiède

    et

    doux

    printemps

    2).

    Uart

    de

    donner

    des

    fêtes

    municipales

    'est

    n

    peu

    perdu,

    vec

    ces

    traditions

    des

    métiers

    et

    de la

    bour-eoisie,

    noblesse du

    travail.

    Les

    arts

    de

    loisir

    ont

    fait

    place

    à

    l'industrialisme,

    Tentreprise,

    ux

    machines

    ;

    le

    grand

    livre

    de

    la

    chevalerie

    et

    du

    blason

    est

    effacé

    pour

    les

    artistes

    comme

    celui

    des

    gentilshommes,

    t

    le

    pêle-mêle

    succédé

    à

    la

    dislinction.

    a

    plus

    belle

    de

    ces

    fêtes

    fut

    donnée

    à

    l'Hôtel-de-

    ille,

    e

    palais

    e

    la

    bourgeoisie.

    M.

    les

    échevins

    délibérèrent

    sur

    le

    genre

    de

    divertisse-ent

    qui

    serait

    le

    plus

    agréable

    la

    cour,

    et

    l'on

    jugea

    qu'un

    bal

    masqué

    ou

    déguisé

    ourrait

    mieux

    diverlir

    le

    Roi. Il

    fut résolu

    que

    le

    bal

    au-ait

    la

    caractère

    d^un

    grand

    concours

    de

    nalions.

    (1)

    Les

    vieilleft

    ravures

    du

    cabinet

    de

    la

    Bibliothèque

    m-ériale

    reproduisent

    es

    fêtes

    de

    Paris à

    Toccasion

    du

    mariage

    de

    madame

    la

    Dauphine,

    avec

    un

    grand

    soin.

    (2)

    On

    y

    distribuait toute

    sorte

    de

    rafraîchissements

    au

    peuple,

    et

    Ton

    y

    dansait

    avec

    grande

    Joie.

    La

    Gautu

    de

    France

    en

    donne la

    description,

    5

    février

    i7d5.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    24/304

    18

    de

    divinités

    mythologiques,

    t

    que

    les

    plus

    jolies

    femmes

    de

    la

    bourgeoisie

    1)

    se

    placeraient

    ur

    une

    estrade

    de

    velours,

    e

    soie

    et

    d'or,

    simples

    t

    élégamment

    parées,

    our

    saluer

    Louis XV. Les

    courtisans

    pourraient

    dmirer

    cette

    fraîche

    cor-eille

    de

    jolisisages

    ont

    la

    bonne

    ville

    de

    Paris

    était

    flère

    à

    plus

    juste

    itre

    que

    la

    cour,

    car

    ces

    jeunes

    filles'avaient

    ni

    rouge

    ni

    blanc,

    et

    pas de

    parures

    artificielles.

    Parmi

    cette

    foule

    immense,

    pressée,

    racieuse

    qui

    entourait

    la

    cour,

    le

    Roi

    put

    distinguer

    ne

    jeune

    femme

    de

    vingt-un

    ns

    à

    peine,

    londe,

    ux

    cheveux

    flottants,

    éguisée

    n

    Diane

    chasseresse;

    elle

    avait

    un

    costume

    de

    Nymphe,

    le

    carquois

    ui*

    Tépaule,

    'arc

    en

    main,

    et

    faisant

    mine

    dé déco-her

    une

    flèche

    au

    Roi

    (2).

    Le

    prince,oujours

    galant,

    'approcha

    e

    la

    belle

    Diane

    et

    lui ditd'un

    air

    tout

    gracieux

    «

    Belle

    chasseresse,

    es traits

    que

    vous

    décochez

    sont

    mortels.

    »

    Après

    avoir

    jeté

    une

    spirituelle

    t

    tendre

    réponse,

    a

    Nymphe

    dis-arut

    parmi

    la

    foule

    pressée,

    aissant

    le

    Roi dans

    un

    doux

    ravissement.

    Il

    la

    retrouva

    quelques

    ns-ants

    après,

    reprit

    ne

    conversation

    pleine

    'es-rit

    et

    d'attraits,

    t

    à

    travers

    les

    épisodes

    'une

    brillante

    causerie,

    e

    Roi

    crut

    reconnaître

    une

    (i)

    Cabinet

    de

    la

    BiWiothèqiM

    Impériito.

    (S)

    Voyei

    mon

    Mmriehal de

    Riekelkm

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    25/304

    http://www.forgottenbooks.com/in.php?btn=6&pibn=1200100231&from=pdf

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    26/304

    m

    La

    vie

    féodale

    avait

    légué

    à la

    royautç

    Tar-

    dente

    et

    noble

    passion

    de

    la

    chasse;

    la

    féodalité,

    cet

    admirable

    système

    de

    liens

    et

    de

    rapports

    com-uns,

    de

    devoirs

    et

    de

    secours

    mutuels,

    donnait

    la

    supériorité

    la

    campagne

    sur

    les

    villes. Cha-un

    vivait

    en sa

    terre,

    en son

    champ,

    sans

    l'indi-ible

    nécessité

    d'abandonner

    son

    clocher

    pour

    se

    corrompre

    à

    la

    grande

    cité du

    voisinage

    t

    men-ier

    le travail.

    Les

    environs de Paris

    au

    xvin*

    siè-le

    étaient

    couverts

    de

    vastes

    parcs

    taillés

    dans

    des

    forêts

    profondes

    le territoire

    n'était

    pas

    découpé,

    déchiqueté

    en

    mille

    parcelles,planté

    de

    petites

    maisonnettes,

    mauvais décors

    de

    théâtre.

    Les

    splendides

    ésidences

    de Louis

    XIII,

    Louis

    XIY

    et

    Louis

    XY

    étaient

    entourées,

    comme

    le

    Roi

    de

    ses

    pairs,

    de

    vieux

    ou

    d*élégants

    châteaux,

    pro-riétés

    des

    princes

    du

    sang,

    ducs,

    marquis,

    vi-omtes,

    présidents

    et

    conseillers

    de

    cours

    souve-aines,

    et

    de

    ces

    riches

    habitations

    des

    financiers

    avec

    leurs

    beaux

    parcs,

    leurs

    admirables

    salons,

    dé-

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    27/304

    21

    corés

    des

    chefs-d'œuvre

    de

    Watteau,

    Parrocel,

    e-

    moine,

    Boucher

    et

    Latour.

    On

    ne

    sait

    plusaujourd'huilanter

    es

    forêts

    ni

    dessiner

    les

    grands

    parcs.

    Le

    culte des bois

    est

    perdu,

    et

    la

    cognée

    sans

    respect

    abat

    les arbres

    séculaires

    comme

    les

    guerriers

    u

    Tasse

    dans

    la

    forêt

    enchantée

    frappaient

    ans

    pitié

    es

    ormes

    et

    les

    cèdres.

    La

    législation

    éodale

    si

    prévoyante

    1)

    pour

    la

    conservation

    des

    bois

    et

    du

    gibier,unis-ait

    d*un

    châtiment

    exemplaire

    es braconniers

    hardis

    qui

    détruisaient

    les

    garennes,

    colombiers,

    faisanderies,erriers,

    herchant ainsi

    à

    lutter

    con-re

    ce

    dépeuplement

    es

    forêts

    qui

    fera bientôt du

    gibier

    ne

    race

    perdue.

    a

    vie de la

    noblesse était

    dans

    les

    châteaux,

    on

    culte,

    sa

    richesse

    hérédi-aire.

    Pour

    elle,

    es villesétaient des

    séjours

    ha-ue

    année

    pour

    quelques

    ois.

    Les

    gentilshom-es

    y vivaient

    entre

    l'opéra,

    a

    comédie,

    dans

    leur

    hôtel

    du

    faubourg

    Saint-Germain,

    ux

    boulevards

    ou

    au

    Marais. Rien

    n'attirait

    le

    paysan,

    l'ouvrier

    de la

    terre

    dans

    la

    ville.

    Il

    vivait

    autour

    du

    châ-eau

    étaientle

    repos

    et

    le

    travail,

    a

    pharmacie,

    les

    secours

    à la vieillesse.

    A

    voir les choses dans

    leur

    réalité,

    l valait mieux

    tenir

    une

    pièce

    de

    (f)

    Le

    Code

    des

    eaux

    et

    forêts,

    oas

    Louis

    XI

    V^

    en

    avait

    maiDteou

    la

    plupart

    des

    dispositions.

    L'égalitaire

    égislation

    de

    rAs emblée

    constituanta Ta

    étrangement

    modifié.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    28/304

    «a —

    terre

    à

    cans

    et

    à lod

    que

    d'en

    être

    le

    propriétaire

    grevé

    d'hypothèques,

    ravaillant

    ous

    le

    fouet de

    rosurier

    qui

    menace

    de

    Texpropriation.

    e

    sei-neur

    valait

    mieux

    que

    le

    juif

    our

    le

    paysan.

    Nulle contrée

    au

    monde

    ne

    présentait

    ne

    masse

    plus

    imposante

    e

    forêts

    et

    de

    grands

    bois

    que

    Tlie

    de

    France

    (1).

    u

    nord,

    depuis

    Enghien,

    Mont-orency,

    l'île

    Adam,

    jusqu'à

    'admirable

    forêtde

    Gompiègne,

    théâtre

    des

    grandes

    luttes

    de la

    pre-ière

    race.

    A

    l'ouest,

    es

    bois de

    Meudon,

    de

    Sa-

    tory

    et

    de

    Saint-Germain

    jusqu'à

    ambouillet.

    Au

    midi,

    Fontainebleau

    avec

    sa

    forêt

    si

    épaisse

    etée

    là par la

    création,

    orêt

    profonde

    t

    inculte

    où le

    roi

    Philippe-Auguste

    'égara.

    ambouillet

    avec ses

    beaux

    taillis,

    es

    grands

    étangs

    t

    la

    plus

    riche

    ga-enne

    du monde

    (S).

    ambouillet,

    uoique

    e

    do-aine

    apanage

    du duo

    de

    Penthièvre,

    vait

    souvent

    la visitedu roi Louis X¥. Le noble duc y fit

    bâtir

    d'abord

    de

    vastes

    communs

    à

    l'usage

    es

    chasses

    royales,

    t

    plus

    tard

    Louis

    XY

    lui*même

    fit

    élever

    le

    riche

    pavillon

    e

    SaintrHubert

    qui

    se

    mirait

    dans le

    grand

    étang

    SaintrHubert,

    elle

    et

    anti-

    (1)

    Voir

    la

    carte

    de

    France

    par

    proyincet

    de

    Deliile,

    7 5»

    Il

    existe

    encore

    beaucoup

    de

    livres

    terriersdans

    les

    manu-

    Bcrits de

    la

    Bibliothèque

    mpériale.

    (2)

    C'est même

    de

    IlambouiUèr«

    (nom

    de

    vénerie

    pour

    dé-igner

    une

    vaste

    garenne),

    qae

    RambQuiUet

    a

    pris

    on

    nom*

    En

    anglaifli

    ^^ic

    ligaifi^çQcpreUpiOt

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    29/304

    43

    que

    légende

    u

    moyen-âge,

    i

    favorable

    aux

    chas-eurs.

    11

    y

    avait

    chasse

    partout,

    ême dans

    les

    taillis

    du

    bois

    de

    Boulogne,

    ù

    le Roi faisait

    embellir

    le

    grand

    pavillon

    e

    la

    Muette,

    à

    côté

    du

    monastère

    royal

    de

    Longchamps

    et

    de

    la vieille

    église

    u

    xiii''

    siècle.

    Le

    bois

    de

    Boulogne

    tait

    une

    sorte

    de

    dépendance

    es bois

    étages

    e

    Sainl-Cloud

    et

    de

    Heudon,

    peuplés

    e

    loups,

    angliers

    t

    louveteaux,

    à

    l'époque

    es

    chasses

    de

    Monsieur,

    duc

    d'Or-éans,

    frèredu

    roi

    Louis

    XIV,

    le chef

    et

    protecteur

    des

    capitaines

    e

    louveterie

    de

    France.

    Le

    lieu favori

    des chasses de

    Louis

    XY,

    depuis

    son

    enfance,

    vait

    toujours

    la

    forêtde

    Sénart,

    qui

    s'étendait

    comme un

    prolongement

    es

    bois

    et

    garennes

    de

    Vincennes,

    Boissy-Saint-Léger,

    loin

    de

    la

    Marne.

    La

    forêt

    de

    Sénart

    enclavée

    en-re

    deux

    rivières,

    aigiléeen

    on

    centre

    par TYère,

    était

    merveilleusement

    placée

    pour

    la

    grosse

    et

    petite

    énerie.

    Le

    Roi

    pouvait

    s'y

    rendre

    de Ver-ailles

    et

    de

    Marly

    par

    la

    magnifique

    chaussée

    qui

    du bois de

    Satory

    suivait

    Verrières,

    hâlenay,

    Sceaux

    et

    la

    Croix-de-Berny,

    ays

    splendide,

    c-identé,

    d'où

    le Roi

    se

    rendait

    à

    sa

    résidence

    de

    prédilection,

    e

    château de

    Choisy.

    es

    belles

    routes

    aujourd'hui

    resque

    abandonnées

    n'offrent

    plus

    que

    le débris de

    cette

    splendeur.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    30/304

    — u —

    Sur

    le

    charmant

    coteau

    qui

    descend

    de

    Thiais

    jusqu'à

    a

    Seine,

    la

    grande

    Mademoiselle

    avait

    faitconstruire

    après

    la

    Fronde

    un

    ravissant

    châ-eau.

    Mademoiselle

    aimait

    cette

    route

    d'Étampes,

    de

    Gorbeil

    et

    d'Orléans,

    théâtre de

    ses

    chevale-esques

    exploits

    ux

    joursagiles

    e

    la

    guerre

    ci-ile.

    Mansard

    avait

    construit les

    bâtiments

    du

    nouveau

    palais

    qui

    se

    composait

    ^un

    vaste

    pa-illon

    au

    centre et

    de

    deux

    ailes

    élégantes

    fer

    à

    cheval fermées

    par

    une

    grille

    e

    bronze

    ou-ragé

    (1);

    le

    parterre

    essiné

    par

    Le

    Nôtre

    descen-ait

    en

    espaliersusque

    ur

    les

    bords

    de

    la

    Seine,

    serpentant

    au

    milieu

    des

    prairies

    maillées

    de

    fleurs.

    Ce

    n'était

    pas

    sans

    motif

    que

    le

    nom

    de

    Choisy

    avah

    été

    donné'à

    ce

    beau

    coteau

    ;

    madame

    Deshoulières

    avait

    chanté

    ces

    vertes

    prairies

    Sur

    ces

    bords

    fleoris

    Qa*arro8e

    la

    Seine,

    Cherchez

    qo veasmène.

    Mes

    chère»

    brebis.

    Les

    jardins

    e

    Choisy

    taient

    renommés

    par

    leurs

    espaliers

    out

    de

    fleurs,

    ar

    leurs rosiers

    et

    leurs

    jasmins

    aussi

    beaux

    que

    ceux

    de

    Sceaux-Pen-

    thièvre

    (2),

    u

    l'on

    voyait

    e

    vastes

    labyrinthes,

    (I)

    Voyei

    le denin de

    Choisy.

    (BibUothèque

    Impériale.)

    (S)

    i6S9.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    31/304

    — Î5 —

    des

    murailles

    de

    verdure

    peuplées

    e

    statues

    mytho-ogiques,

    la

    naissance

    de Vénus

    ,

    Diane chasse-esse,

    Pan et

    les

    Satyres

    ascifs

    poursuivant

    es

    Nymphes

    éperdues

    la

    grande

    Mademoiselle,

    comme

    mademoiselle

    de

    Scudéry,

    imait

    la

    riante

    mythologie

    ussibien

    que

    les

    romans

    de

    chevalerie

    du

    moyen-âge.

    Louis

    XIV

    qui

    avaitachelé

    Choisy(1)

    pour

    avoir

    une

    maison de

    campagne,

    venait

    rarement

    l'habi-

    ler.

    Mais

    Louis

    XV

    en

    avait

    fait

    son

    séjour

    e

    pré-ilection,

    ou

    comme

    on

    le

    disait

    alors,

    a

    petite

    maison,

    rendez-vous

    de

    chasse,

    repos

    de

    vénerie,

    pour souper

    après

    le

    courre.

    Madame

    de

    Ghâteauroux

    adorait

    Choisy,

    etite

    bergerie

    i

    on

    la

    comparait

    ux

    grandeurs

    e

    Ver-ailles

    et

    de

    Marly.

    Durant toute

    la

    campagne

    des

    Flandres,

    ouis

    XV

    avait

    toujours

    ccupé

    le châ-eau

    de

    Choisy;

    de là

    ce nom

    de douce familiarité

    donné

    par

    le

    peuple

    Choisy-le-Roi

    village

    réé

    par

    Louis XV.

    Le

    peuple

    depuis

    dévoré

    le

    ma-oir

    de

    son

    fondateur

    (2)

    :

    la

    vie

    est

    une

    grande

    ingratitude

    es

    générations

    ouvelles

    pour

    les

    gé-érations

    mortes.

    A deux

    petites

    ifues

    de

    Choisy

    commençait

    la

    (i)

    §689.

    (S)

    n

    M

    reste

    plus

    tnm

    dt

    ce

    ehàtefto.

    Voyei

    mon

    LauUXr.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    32/304

    forêt

    deSénart,

    rès-bien

    peuplée,

    e

    le

    répète,

    n

    gibier

    e

    toute

    espèce.

    ouis

    XV

    y

    avait

    fait

    construire

    un

    pavillon

    ort

    commode

    à

    la

    Croix-

    du-Centre,

    vaste

    rendez-vous

    de

    chasse

    comme on

    '

    savait

    les

    faire

    alors,

    création

    dont

    la

    trace

    est

    perdue.

    e

    chenil

    de

    la

    forêt

    de

    Sénart était

    ré-uté

    entre

    tous

    par

    le bel

    accouplement

    es

    meutes

    et

    l'éducationdes

    limiers;

    la

    forêt

    s'éten-ait

    presque

    sur

    une

    étendue de

    huit

    lieues

    avec

    un

    choix

    de

    terrain,

    emis

    et

    essence

    de

    bois.

    Il

    y

    avait

    alors

    de

    si

    habiles

    veneurs

    qu'ils

    avaient

    les

    préférences

    u

    gibier

    our

    chaque

    arbre,

    arbuste,

    genêts,

    leurs,

    t

    la

    forêt

    était

    disposée

    our

    atti-er

    à la fois

    dans

    chaque

    partie

    u parc le

    cerf,

    le

    sanglier,

    e

    chevreuil,

    e

    faisan

    et

    jusqu'à

    la

    grive

    moureuse

    du

    genièvre.

    es

    livresde

    chasse

    du

    roi

    indiquent

    es

    coups

    merveilleux

    de

    Sa Ma-esté,

    un

    des

    meilleurs

    et

    des

    plus

    habiles

    tireurs

    de France

    (1).

    Jamais

    iln'avait été

    désarçonné,

    i

    atteint

    par

    le

    sanglier

    t

    le cerf

    même

    en rut.

    Dieu sait

    si

    le

    Roi

    s'exposait

    ans

    ses

    courses

    har-ies

    à

    travers

    la

    forêt.

    Il

    valait alors la

    peine

    de

    courir les bois

    dans

    les

    grands

    taillis,

    ar

    la

    chasse

    se

    faisait

    par

    mille

    pièces

    e

    gibier*

    e

    livre

    si

    précis

    es

    chasses

    royales

    orte

    à

    09

    le

    nombre

    (t)

    BibItolhëqiMliiipéHMo*

    l abattait

    Jaiqn'à

    tiois

    c«li|s

    pièces

    dans

    une

    journée.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    33/304

    http://www.forgottenbooks.com/in.php?btn=6&pibn=1200100231&from=pdf

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    34/304

    1745.

    A

    rexlrémîté

    de la

    forêt

    de

    Sénart,

    après

    les

    Melliotes

    et

    Soisy,

    au

    point

    où la

    Seine belle

    et

    large

    s'étend

    jusqu'aux

    premières

    maisons

    deCor-

    beil,

    s^élevait

    le

    joli

    château

    d'Étiolés,

    n

    peu

    au

    delà

    et

    à

    gauche

    du

    pont

    d'Évri,

    dans

    une

    situa-ion

    ravissante

    (1),

    véritable création de

    fée,

    avec

    tout

    le luxe

    et

    le

    goût

    des

    arts

    qui

    caractérisait le

    xviiie

    siècle.

    Les

    vastes

    taillis

    qui

    s'étendaient

    depuis

    Montgeron,

    Brunoy,

    jusqu'à

    Étioles,

    em-laient

    être choisis

    de

    prédilection

    ar les riches

    financiers

    :

    les

    frères

    Paris

    les avaient

    mis

    à

    la

    mode,

    et

    l'on

    ne

    peut

    dire

    toutes

    les

    folies

    dégoût

    et

    de

    dépenses

    que

    le

    marquis

    de

    Brunoy

    (2)

    avait

    faites

    à

    son

    château

    princier.

    C'est dans

    la

    forêt

    de

    SénartqueBourret,

    le

    fermier-général,

    avait

    con-truit

    je

    pavillon

    que

    Louis

    XV

    avait

    promis

    de

    visitée,

    t

    qu'ilappela

    même

    la

    Croix-Fontaine,

    (4)

    l'écris

    ces

    lignes

    en

    face

    du ch teaa

    d'Étiolag.

    (5)

    Fils

    de Plkrift

    de

    Montmartel,

    banquier de

    la

    cour;

    il

    aTaft

    acheté

    le

    marquisat

    de

    Brunoy.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    35/304

    29

    du

    nom

    du

    petit

    illage

    rès

    duquel

    il

    était

    bâti.

    Tout

    est

    aujourd'hui

    étruit

    à

    Croix-Fontaine,

    excepté

    ces

    beaux

    caveaux

    de

    marbre,

    ruines

    déjà

    auxquelles

    e

    rattachent des

    légendes.

    e

    pavillon

    e

    Bourret

    (1)

    était

    surtout

    remarqua-le

    par

    ces

    gracieux

    objets

    d'art

    inimitables

    ,

    ces

    cabinets

    en

    porcelaine

    e

    Chine

    et

    du

    Japon,

    ces

    escaliers

    en

    biscuit de Sèvres

    avec

    des rampes

    de cristal

    de

    roche,

    liées

    de

    filigranes

    'or

    et

    d'ar-ent,

    que

    foulait

    de

    ses

    pieds

    mademoiselle

    Gaus-

    sin,

    la divinité

    du

    lieu

    :

    cette

    gracieuse

    aïre

    à

    qui

    Voltaire

    avait

    adressé

    ces

    jolis

    ers

    :

    Jttone

    Gauflsin,

    eçois

    moa

    tendre

    hommage.

    Le

    château

    d'Étiolés,

    epuis

    érigé

    n

    marqui-at,

    étaitla

    propriété

    n

    fief

    de

    Jean-Baptiste

    e-

    normand

    (quiprit

    le

    nom

    d'Étiolés)

    t

    neveu

    du

    riche Lenormand de

    Turneheim,

    fermier

    en

    litre,

    syndic

    e

    la

    compagnie,

    et

    l'homme

    le

    plus

    con-idérable

    des

    fermes-générales,

    mateur

    distingué

    de tableaux

    et

    de

    sculptures,

    'ami

    des

    artistes.

    MH. de

    Turneheim

    et

    d'Étiolés

    recevaient dans

    leur

    château

    les

    poètes

    t

    les beaux

    esprits:

    ol-aire,

    Maupertuis,

    Gahusac,

    Montesquieu

    t

    le

    (4)

    Sot

    l'origine

    e

    BoOTret,

    voyes

    moo

    Uvre

    sur

    les Fer*

    miêrê'^fénéraux.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    36/304

    gracieuxabbédôBernisCl)

    rospoupard

    ort

    spi-

    rituel^

    ous

    commensaux

    du

    château

    d'Étiolés,

    comme

    aussi

    des

    salons

    des

    fermiers-généraux,

    d'Helvétius

    et

    de

    M.

    de

    la

    Popelinière,

    ociété

    de

    gens

    d'esprit,

    harmante,

    flatteuse,

    édisante

    sou-ent

    et

    qui

    n'a

    pas

    épargné

    ses

    généreux

    Mécènes:

    les

    gens

    de

    lettres

    ont

    ce

    malheureux

    travers

    de

    mordre

    la

    main

    qui

    s'étend

    protectrice

    ers

    eux

    :

    ainsi furent-ilspour

    madame

    d'Étiolés.

    es calom-ies

    vinrent de

    ceux

    qu'elle

    avait

    protégés,

    pé-ialeme

    de

    Voltaire

    qui

    n'épargne

    pas

    dans

    ses

    Mémoires

    celle

    qu'il

    avait

    tant

    louée

    (2).

    Le

    47

    janvier

    1739,

    M.

    Lenormand

    d'Étiolés

    avait

    épousé

    madetnoiselle

    Jeanne-Antoinette

    Poisson,

    fille

    d'Antoine

    Poisson,

    premier

    commis

    dans les bureaux des

    frères

    Paris,

    ces

    habiles

    fi-anciers

    et

    qui

    devint

    lui-même

    un

    des

    fournisseurs

    de

    vivres

    et

    de

    viande

    aux

    Invalides.

    (

    C'est

    ce

    qui

    a

    fait

    dire

    à

    Voltaire

    qu'il

    vait

    été

    boucher

    des Invalides.

    ) (3)

    Il

    est

    essentiel

    de

    bien

    con-

    (4)

    Dans

    son

    portrait

    ui

    galeries

    de

    Versailles,

    l

    eut fort

    coloré

    et

    porte

    trois

    mentons

    avec une

    certaine

    grâce.

    (2) Voltaire,

    Jfemotret

    :

    Us

    sont

    écrits

    avec

    dépit

    et

    par-ialité

    ;

    il

    y

    dépose

    seS

    colères

    souvent

    odieuses.

    (3)

    Un

    esprit

    charmant

    et

    sérieui,

    M.

    Edouard

    Foumier,

    a

    publié

    Tacte

    de naissance

    de

    madame

    de

    Pompadour,

    qui

    détruit

    les fausses

    et

    mauvaises

    assertions

    de

    Voltaire.

    Au

    reste,

    la

    source

    première

    de

    toutes

    les

    calomnies

    contre

    ma-ame

    d'Étiolés

    est dans

    nne

    chanson

    pubMée

    par

    la

    Gatetie

    de

    Hollande,

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    37/304

    — 31 —

    naître

    à

    cette

    époque

    la

    situation

    des

    grands

    inan-iers

    afin

    de

    s'expliquer

    a

    vie

    un

    peu

    agitée

    'An-oine

    Poisson.

    Dans

    les

    dernières

    années

    du

    règnede

    ouis

    XIV,

    les

    financiersavaient

    rendu

    de

    grands

    services

    à

    rÉtat.

    Chamillard,

    e

    plus

    habile

    des

    contrôleurs-

    généraux,

    'était

    dressé

    à

    eux

    avec

    confiance;

    ha-illard,

    que le désœuvré

    et

    mauvais diseurSaint-

    Simon n'a

    peint

    ue

    coihme

    un

    joueur

    e

    billard,

    était

    un

    de

    ces

    esprits

    ustes

    t

    hardis

    à

    la

    fois

    qui

    comprennent

    et

    dominent

    lessituations

    délicates.

    l

    eut

    à

    lutter

    contre

    les railleriesdes

    gens

    de

    haute

    naissance

    qui

    ne

    lui

    pardonnaient

    as

    sa

    petite

    origine,

    t

    contre

    la

    routine des

    emprunts

    usuraires

    à

    Gênes,

    Venise,

    Amsterdam.

    Louis

    XTV

    avait

    à

    combattre

    l'Europe

    oalisée;

    e

    trésor

    était

    vide

    ;

    si

    les

    égoïstes

    els

    que

    Saint-Simon

    et

    Koailles

    refusaient

    leur

    argenterie,

    e

    Roi

    envoyait

    asienne

    à

    la

    Monnaie;

    Chamillard

    (1)

    et

    après

    ui

    Desma-

    rets

    eurent

    recours

    aux

    financiers,

    Crozat,

    Sa-uel

    Bernard,

    aux

    filsdu riche Rambouillet

    (2)

    ils

    purent

    réunir environ

    50

    millions de

    livres

    qui

    aidèrent

    singulièrement

    illars dans

    sa

    glo-ieuse

    campagne.

    Les

    prêteurs

    rouvèrent

    des

    bé-

    (I)

    \o\T

    mon

    Louîi XIV.

    (S)

    Da

    faubourgSaint-Antoine,qui

    a

    donné

    son

    nom

    k

    la

    rue

    qui

    s'abrite

    ncore

    à l'ombre

    de

    ses

    jardinst

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    38/304

    32

    néfices

    dans

    cette

    opération

    c'est

    incontestable,

    mais

    on

    ne

    peut

    pas

    demander

    un

    entier désinté-essement

    dans

    une

    opération

    e

    finance

    ;

    la

    réali-ation

    d*un bénéfice

    est

    inhérente à

    toute

    spécula-ion

    d'argent,

    e crédit

    ne

    s'établit

    même

    que

    par

    le

    bénéfice

    de

    tous

    dans

    une

    affaire.

    A

    la

    mort

    de

    Louis

    XIY,

    le

    danger

    de

    l'invasion

    passé

    et

    la

    paix

    signée,

    l

    se

    fit

    une

    réaction

    contre

    les

    banquiers,

    ous

    dénoncés

    à

    la

    vengeance

    des

    multitudes

    sous

    le

    nom

    de maltotiers

    (1).

    e

    Ré-ent

    pour

    se

    procurer

    des

    ressources

    et

    conquérir

    la

    popularité

    nhérente à

    toute

    réaction,

    orma

    une

    chambre

    ardente d'examen

    et

    de

    restitution,

    t

    tous

    les

    financiersfurent arbitrairement taxés

    et

    rançonnés

    ans

    merci.

    Le

    chiffre

    des

    sommes

    per-ues

    par

    le trésor

    du

    Régent

    s'éleva

    à

    plus

    de

    80

    millions.

    La

    liste

    en

    a

    étéconservée

    ;

    il

    y

    a

    des

    taxes

    qui

    s'élèvent

    jusqu'à

    ,700,000

    livres

    imposées

    un

    seul financier.

    La

    chambre

    ardente

    toujours

    flétrie

    par

    lesvrais

    parlementaires,

    e

    composait

    d'un

    président,

    e six

    conseillers,de

    uit maîtres

    de

    requêtes

    t

    de

    sept

    maîtres

    décomptesqui

    jugeaient

    en

    dernier

    ressort.

    Tous les membres de

    cette

    cour

    furent

    largement

    gratifiés

    n

    raison

    des

    services,

    (1)

    La

    collection

    des

    gravures

    (Bibliothèque

    mpériale)

    n

    contient

    une

    fort

    sanglante

    contre

    les

    maltotiers,

    i

    7iA

    et

    1715.

    J*en

    ai

    longuement

    parié

    dans

    mon

    lifre

    Philippe

    d'Orléûnê^

    régent

    de France,

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    39/304

    33

    et

    beaucoup

    de

    beaux

    châteaux situés hors de

    Pa-is

    :

    La

    Halmaison,

    Baville,

    Yilliers,

    aisons^

    Gros-Bois,

    Angevilliers,ngerville,

    urent

    bâtis

    ou

    agrandis

    la suite

    des

    bonnes

    épices

    agnées

    dans

    la

    liquidation

    our

    M.

    le

    Régent.

    Les

    confis-ations

    sur

    les

    gens

    de

    finance

    furent

    au

    reste

    très-populaires,

    t

    il

    n'y

    a

    pas

    de

    meilleure

    mesure

    que celle

    qui

    vous

    enrichit

    aux

    applaudissements

    de

    tous.

    On

    chantait

    donc

    aux

    halles

    de

    Paris

    :

    Pleor^f

    gens

    de

    finance

    «

    Vos

    beaux

    jours

    sont

    passés,

    Le

    Régent

    Teut

    que

    d'importance

    Vous

    soyez

    tous

    étrillés.

    Que

    Desmarets

    soit

    écorché

    Et

    par

    menus morceaux haché.

    Personne n'en

    sera

    fiUïbé.

    Ainsi

    sont toutes

    les

    réactions.

    On

    railleles

    gens

    que

    l'on

    dépouille

    t

    quelquefois

    ême

    que

    Ton

    tue

    pour

    s'épargner

    ne

    restitution

    dans

    Tavenir.

    Jean-Baptiste

    oisson avait été

    compris

    dans

    ces

    condamnations

    de

    la

    chambre ardente

    comme

    fournisseur

    de

    Tarmée

    de

    Yillars

    pour

    les

    blés

    et

    la

    viande,

    et

    comme

    il

    ne

    put

    satisfaire

    les

    gens

    de

    justice,

    lfut

    obligé

    e s'enfuir.

    Pendant

    toutes

    les

    exagérations

    u

    système

    de

    Law,

    les

    banquiers,

    ermiers-généraux

    e

    tinrent

    à

    l'écart.

    aw

    était

    trop

    aventureux

    pour

    convenir

    î.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    40/304

    34

    à

    des

    esprits

    'ordre

    et

    de

    régularité

    els

    que

    Cro-

    zat,

    le

    vieux

    Samuel

    Bernard et

    les

    trois

    frères

    Paris.

    Law

    enfui

    et

    son

    système

    tombé,

    il

    fallut

    comme

    toujours

    ecourir

    aux

    banquiers

    t

    fer-iers-géné

    A

    l'agiotage

    l

    fallut

    substituerles

    opérations

    érieuses

    du

    crédit,

    t

    la

    liquidation

    u

    système

    e

    Law

    fut

    confiée

    au

    trois

    frères

    Paris.

    Dans

    cette

    nouvelle

    période

    e

    Thistoire

    des fi-anciers,

    ceux- ;i

    conquirent

    ne

    grande

    impor-ance,

    et

    Ton

    peut

    en

    prendre

    n

    exemple

    dans

    Samuel

    Bernard.

    A

    cette

    époque

    il

    était

    d'usage

    que

    les

    riches financiers

    en

    achetant

    une

    terre,

    marquisat,

    omté,baronnie,

    n

    prissent

    e

    nom.

    Le

    titre

    était

    attaché

    au

    fief,

    sage

    véritablement

    on-ervateur.

    La

    terre

    étaii

    tout

    dans

    la

    hiérarchie

    (1

    )

    :

    le

    vieux

    Samuel

    Bernard était

    donc

    devenu

    comte

    de

    Rieux.

    Il avait

    marié

    ses

    filles

    t

    sa

    petite-fille

    aux

    Lamoignon,

    ux

    Mirepoit,

    vec

    chacune

    un

    millionde

    dot.

    La

    dernière

    de

    ses

    filles

    épousait

    le

    président

    mortier

    Mole

    avec

    douze

    cent

    mille

    livres

    de

    dot

    (2);

    l

    venait

    de

    payer

    pour

    cinq

    mil-

    (i)

    te

    nomprimidf s'effaçait,

    n

    ne

    Connaissait

    fixa

    que

    les

    comtes

    de

    Rieux,

    deBeliisIe,

    arquis

    de

    Brunoy,

    d'Étiolés.

    (2)

    Ces

    mariages

    étaient

    fort

    critiqués

    O

    temps

    ô

    mœurs

    1

    6

    siècle

    déréglé

     

    OtL

    l'on

    vit

    déroger

    les

    plus

    nobles

    familles

    3

    Lamoignon,

    Mirepoix

    Mole,

    De

    Bernard

    épouer

    les

    filles

    IlB

    sont

    l«i

    reteiçur»

    u

    Uen

    qa'il

    Tolé.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    41/304

    http://www.forgottenbooks.com/in.php?btn=6&pibn=1200100231&from=pdf

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    42/304

    36

    finance

    n'avait rien

    d'étrange

    t

    d'inégal

    la

    fille

    d'un

    fournisseur

    d'armée,

    jolie,

    dmirablement

    élevée,

    pousait

    n

    sous-fermier.

    Voltaire,

    vec sa

    médisance

    accoutumée,

    ne

    manque pas

    de

    dire

    que

    madame

    Poisson

    (1)

    était

    la

    maîtresse de

    M.

    de Turneheim

    et

    qu'elle

    vait

    spéculé

    ur

    les

    charmes

    de

    sa

    fille

    (2).

    Voltaire

    se

    complaît

    ces

    scandales

    de

    chronique:

    a

    vie

    privée

    *a

    jamais

    de

    mystère

    à

    ses

    yeux,

    et

    illève

    tous

    lesvoiles

    pour

    plaire

    une

    génération

    i facile

    de

    mœurs.

    ^

    Il

    ne

    pouvait

    ardonner

    celle

    qu'on

    a

    appelée

    une

    grisette

    3)

    de s^être

    élevée

    haut

    dans la di-ection

    politique

    es affaires.

    Ce

    mariage

    onna

    un

    éclat

    nouveau

    à

    la

    so-iété

    d'Étiolés

    t

    au

    salon de

    H.

    de

    Turneheim.

    Il

    n'existe

    pas

    de

    portrait

    riginal

    e

    madame

    d'É-

    tioles

    à

    quinze

    ans.

    Tous

    les

    contemporains

    isent

    qu*elle

    tait

    éclatante

    de

    grâce

    et

    d'esprit,

    t

    qu'elle

    se

    fit

    une

    petite

    our

    à

    elle,

    our

    gracieuse

    'ar-istes

    et

    de

    gens

    de

    lettres

    qu'elle

    tonnait

    et

    eni-rait

    par

    tous

    les

    prestiges

    e

    sa

    voix,

    de

    sa

    con-

    (1)

    Elle

    éuit

    elle-même

    fille

    d'an

    riche

    financier,

    Jean-

    Baptiste

    de

    La

    Mothe,

    fournissear de vivres de Tannée.

    (2)

    Mémoires

    de

    Voltaire,

     

    5,

    livre

    plein

    de

    haine

    et de

    rancune.

    (3)

    Il

    en

    a aussi

    parlé

    dans

    quelques

    éditions

    de

    la

    Pucelle

    et

    dans

    ces

    vers

    :

    Telle

    est

    cette

    heureuse

    grisette.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    43/304

    37

    versation

    et

    de

    ses

    talents;

    lle

    montait

    hardiment

    à

    cheval,

    u

    bien

    elle

    conduisait

    elle-même

    un

    phaélon

    dans

    les

    allées les

    plus

    sinueuses

    de

    la

    forêt

    de

    Sénarl,

    artout

    le

    Roi

    menait

    sa

    chasse;

    vêtue

    d'une

    façon

    ouvent

    étrange

    t

    toujours

    o-uette,

    elleattirait

    les

    yeux

    de

    tous.

    On

    ne

    parlait

    à

    Cboisy

    ue

    de

    la

    nymphe

    du

    bois

    de

    Sénart,

    qui

    souvent

    se

    montrait

    un

    faucon

    sur

    le

    poing,

    comme

    une

    châtelainedu

    moyen-âge

    bel

    art

    perdu

    que

    celui

    de

    la

    fauconnerie,

    t

    quels

    eaux

    oiseaux

    que

    les

    faucons

    ou

    les

    émérillonsi

    Et

    cependant

    aimée

    de

    son

    mari,

    madame

    Étioles

    vait

    peu

    donné

    lieu

    à la médisance.

    Elle

    eut

    de

    M. Lenor-

    mand,

    une

    petite

    t

    charmante

    fille

    qui

    reçut

    en

    baptême

    le

    nom

    d'Alexandrine(l).Â

    tioles

    avie

    de

    la

    jeune

    châtelaine

    se

    partageait

    ntre

    les

    beaux-^arts,

    es causeries

    d'esprit,

    t

    les soins

    don-és

    à la

    petite

    lexandrine. Le

    séjour

    u

    château

    absorbait

    huit

    mois

    de

    l'année,

    omme

    c'était

    l'habitude des

    grandes

    maisons;

    on

    en

    passait

    quatre

    à

    Paris

    dans

    l'hôtel

    de

    M.

    de

    Turneheim,

    rue

    Croix-des-Petits-Champs.

    outes

    les

    rues

    qui

    s'étendaientde la

    place

    Vendôme à la

    place

    des

    Victoires

    venaient

    de

    se

    construire

    pour

    la haute

    (1)

    C'est

    cette

    enfant

    pour

    laquelle

    madame

    de

    Pompa-

    doar rèyait les

    plus

    hautes

    dc8tiné«

    s.

    Le

    maréchal

    de

    Riche-ieu

    se

    f

    aote

    d'avoir

    refusé

    les

    fiançailles

    vec

    le

    duc de

    FroDsac.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    44/304

    as-

    finance

    autourde

    Thôtel

    des

    fermes.

    La

    place

    dès

    Victoires

    était

    Thôtel

    de Samuel

    Bernard

    ve-ait

    de

    se

    rattacherà la

    place

    endôme

    par

    la

    rue

    des

    Petits^Champs

    euplée

    e

    gros

    financiers.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    45/304

    iU5.

    Il

    faudrait

    profondément

    creuser

    les

    mystères

    du

    cœur

    de Louis

    XY,

    pour

    rechercher

    la

    cause

    première

    de

    ces

    attachements

    publics

    et

    adultères

    de la

    dernière

    partie

    de

    son

    règne.

    Comment

    se

    fait-

    il

    qu'un

    Roi

    si

    sage

    d'abord,

    si

    attaché

    à

    la reine

    Marie

    Leczinska,

    à

    ce

    point

    de

    ne

    pas

    trouver

    de

    femme

    plus

    belle,

    plus

    désirée,

    se

    jeta

    tout

    d'un

    coup

    dans

    les bras de

    maîtresses

    publiques?

    Com-ent

    cette

    innocence

    se

    transforma-t-elle

    eu

    un

    li-ertinag

    ennuyé?

    Est-ce

    parce que

    la

    société

    si

    corrompue

    de la

    Régence

    agit

    sur

    lui

    d'une

    fa-

    çon

    désordonnée

    et

    provocante?

    Ou

    bien,

    la

    reine

    Marie

    Leczinska

    avec

    ses froideurs,ses

    scrupules(i),

    ses

    clôtures,

    ses

    verrous,

    fut-elle

    un

    peu

    la

    cause

    innocente

    de

    cet

    abandon

    d'un

    Roi

    ardent

    comme

    le

    petit-fils

    e

    Henri

    IV

    pour

    la

    galanterie

    et

    l'a-our

    ?

    (0

    Le

    Hoi

    s'en

    plaignait

    publi^uemanietaQ

    pavticalief

    «a

    duc

    de

    Richelieu.

    Voyez

    mon

    travail

    aur

    le

    J^aréckal

    4$

    Ht**

    chelieu.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    46/304

    40

    La conduite

    de

    la reine Marie

    Leczinska

    à

    l'é-ard

    de

    Louis

    XY

    fut

    plutôt'expression

    'un

    de-oir

    accompli,

    ue

    d'un

    amour

    tendre

    et

    pas-ionné.

    La

    Reine

    était

    comme une

    statue

    de la

    Junon

    du

    Nord,

    tailléedans lesr

    marbres

    de

    la

    Baltique,

    orte

    de

    Vénus

    froide

    comme

    la

    Freya

    des

    Scandinaves

    :

    son

    portrait

    ue

    l'on voit

    encore

    à

    Versailles

    et

    qui

    la

    reproduit

    tous

    les

    âges

    de

    la

    vie,

    nous

    représente

    es traits

    d'origine

    lave

    sans

    animation

    (1],

    même

    sans

    jeunesse,

    ans

    passion

    et

    marqués

    d'une

    résignation

    rop

    pieuse

    ux

    dé-rets

    de

    la

    Providence,

    e

    qui

    énerve

    tous

    les

    ac^

    tes

    de la vie

    et

    ne

    laisse

    plus

    de libre

    et

    vif arbi-re.

    Il

    n'y

    avait

    pas

    dans la

    reine Marie

    Leczinska

    les

    conditions

    d'amour,

    les

    passions

    ême

    suffi-antes

    pour

    retenir

    un

    Roi,

    jeune,

    gracieux,

    n-ouré

    de

    séductions

    et

    de

    pièges,

    ntraîné

    par

    la

    main de

    son

    siècle,

    royalvainqueur

    nivré

    sous

    les

    guirlandes

    e

    lauriers

    et

    de

    roses.

    Une

    remarque

    historique

    faire

    est

    encore

    celle-ci

    tant

    que

    le

    Roi

    s'adressa

    aux

    dames

    de

    nobles

    maisons,

    pour

    y

    chercher

    des

    distractions

    adultères,

    a

    cour

    ne

    s'en

    plaignit

    i

    ne

    s'en

    étonna

    autourde

    lui.

    S'il

    fut

    en

    effet

    une

    suite

    de

    liaisons

    scandaleuses

    et

    immorales,

    c'est

    l'amour

    (f

    )

    Galerie

    des

    portraits.

    existe

    six

    portraits

    e la

    Reine.

    Bouclier

    mteie

    ne

    Ta

    pu

    animer.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    47/304

    41

    étrange

    u

    Roi

    pour

    les

    quatre

    filles

    de

    l'illustre

    maison

    de

    Nesle;

    et

    pourtant

    nul

    ne

    s'en

    étomne.

    On

    loue

    même la

    douceur

    pieuse

    de

    madame

    de

    Mailly,

    la

    grâceélégante

    t

    un

    peu

    hardie

    de

    madame

    de

    Flavencourt,

    et

    surtout

    le

    courage

    et

    l'orgueil

    out

    français

    e la

    duchesse

    de

    Château-

    roux

    au

    milieu

    des

    guerres.

    Grandeur

    d'âme,

    hé-oïsme,

    désintéressement,

    n

    lui accorde

    tout

    :

    nouvelle

    Agnès

    Sorel,

    on

    dirait

    qu'elle

    onduit

    le

    Roi

    à

    la

    victoire.

    Mais

    tout

    change

    dès

    que

    Louis

    XV

    ne

    choisit

    plus

    ses

    amours

    dans la

    haute

    noblesse,

    parmi

    les dames

    titrées;

    lors

    on

    l'ac-use

    de

    mœurs

    dissolues,

    e

    passions

    ulgaires;

    C'est

    une

    petite

    bourgeoise

    Élevée à

    la

    grivoisei)

    qui

    préoccupe

    'attention

    du

    Roi,

    et

    la

    haute

    no-lesse,

    ni

    ne

    le

    comprend,

    ni

    ne

    le

    pardonne.

    res-ue

    toutes

    les

    passions

    u

    Roi

    pour

    mesdames

    de

    Nesle

    se

    rattachaient

    à

    une

    intrigue

    à

    un

    sys-ème,

    à

    des

    ambitions

    politiques,

    t

    Louis

    XV

    ne

    voulait

    plus

    qu'une

    coterie

    de

    cour

    dominât

    par

    son

    cœur.

    Ces

    sortes

    de

    liaisons

    élevées

    avaient

    des

    conséquences

    ort

    sérieuses

    au

    point

    e

    vue

    de

    la

    famille.

    Quand

    le

    Roi avait des enfants

    de

    ses

    (i)

    N06I

    de

    cour,

    avril

    i751.

    8

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    48/304

    42

    maîtresses

    de

    grande-naissance,

    l

    était

    pressé,

    n-ouré

    pour

    les

    reconnaître,

    our

    les

    légitimer

    t

    alors

    il

    fallait

    des

    apanages

    ,

    des

    dotations

    consi-érables,

    des

    propriétés

    e

    la

    couronne.

    Combien

    n^avaient

    as

    coûtés

    à

    Henri

    lY

    les

    ducs de

    Yen-

    dôme

    et

    même

    Beaufort?

    Et

    à

    Louis

    XIY

    cette

    longue

    suitede

    légitimésui

    avait

    aboyti

    aux

    in-rigues

    du

    duc

    de

    Maine

    sous

    la

    Régence?

    es

    hSk^

    tards,

    reconnus,

    légitimés,

    panages,

    taient

    un

    embarras

    quand

    ils

    ne

    devenaient

    pas

    un

    danger

    pour

    la

    monarchie.

    Le

    Roi avait

    conservé

    du

    Régent

    cette

    antipathie

    our

    les

    légitimés,

    t bien

    que

    le duc de

    Penthiàvre

    fût

    l'expression

    e

    la

    plus

    sainte

    vertu,

    Louis XVnVait

    aucun

    entran

    nement

    pour

    lui.

    Louis XY eut

    des

    enfants

    naturels,

    essemblant

    à

    sa

    belle

    figure,

    raits

    pour

    traits.

    e

    serait-ce

    que

    ce

    joli

    bbé

    de

    Luc,

    qu'on

    appelait

    e demi

    Louis,

    cause

    de la

    similitude

    (1);

    e

    Roi fit

    un

    sort

    à chacun

    de

    ses

    enfants,

    es

    dots

    aux

    filles,

    odes-es

    et

    honorables

    ,

    qu'il

    aria

    à

    des

    gentilshom-es;

    il

    n'éleva

    jamais

    es

    bâtards

    jusqu'à

    'égalité

    de

    ses

    parents

    et

    des

    princes

    e

    sa

    lignée,

    t

    en

    cela le

    Roi rendit

    hommage

    à

    l'esprit

    e

    famille.

    Il

    (1)

    Le

    petit

    abbé de

    Lac

    était

    adoré

    par

    ses

    sœara,

    Mesda-es

    filles

    de

    Louis

    XV,

    si

    gracieuses

    t

    si

    bonnes

    pour

    les

    en-ants

    de

    leur

    père.

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

    49/304

    http://www.forgottenbooks.com/in.php?btn=6&pibn=1200100231&from=pdf

  • 8/20/2019 Madame La Marquise Pompadour - M Capefigue 1880

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    44

    Sénart,

    son

    apparition

    u

    bal de

    rHôtel-de-Ville,

    avait

    été

    comme

    le

    couronnement

    de

    sa

    pensée

    ambitieuse.

    Madame

    de

    Châteauroux

    n*existait

    plus,

    e

    poste

    était

    vacant

    à Versailles.

    L