les réflexions sur l'art dans les romans d'andré malraux

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Les Réflexions sur L'Art Dans Les Romans D'André Malraux Author(s): René Girard Source: Modern Language Notes, Vol. 68, No. 8 (Dec., 1953), pp. 544-546 Published by: The Johns Hopkins University Press Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3043339 . Accessed: 28/06/2014 18:17 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . The Johns Hopkins University Press is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Modern Language Notes. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.0.146.74 on Sat, 28 Jun 2014 18:17:44 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Page 1: Les Réflexions sur L'Art Dans Les Romans D'André Malraux

Les Réflexions sur L'Art Dans Les Romans D'André MalrauxAuthor(s): René GirardSource: Modern Language Notes, Vol. 68, No. 8 (Dec., 1953), pp. 544-546Published by: The Johns Hopkins University PressStable URL: http://www.jstor.org/stable/3043339 .

Accessed: 28/06/2014 18:17

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Page 2: Les Réflexions sur L'Art Dans Les Romans D'André Malraux

544 MODERN LANGUAGE NOTES, DECEMBER, 1953

LES REFLEXIONS SUR L'ART DANS LES ROMANS D'ANDRE MALRAUX

Si l'on refusait de voir dans Les Voix du Silence la meditation d'un artiste sur son art et 1'oeuvre majeure d'un penseur dont elle reprend tous les themes essentiels, on ne pourrait toujours pas separer, au nom de la distinction des genires, 1'ecrivain d'art qu'est Malraux du romancier qu'il fut car les heros crees par celui-ci ne se font pas faute d'empieter sur le domaine reserve a celui-la. Leur pensee, parfois "obscure a force de concision,"' constitue la pre- miere ebauche de nombreuses analyses des Voix du Silence et c'est a la lluniiere de cet ouvrage que l'interpre'te des romans, tout autant que 1'estheticien, se doit de 1'eclairer. Les textes recents appro- fondissent et developpent les breves remarques de jadis. Les con- tradictions sont presque toujours plus apparentes que reelles. Certes, Lopez, le peintre de L'Espoir, croit a la possibilite d'un art revolutionnaire et le Malraux d'apres-guerre n'y croit pas. Mais ce n'est pas sur I'art qu'il a change' d'opinion, c'est sur la revolution. Si cet art de la fresque dont reve l'Espagnol en evoque un second, c'est I'art moderne mexicain et assurement pas I'art sovietique que Malraux n'a jamais admire.

Des La Tentation de l'Occident, les heros sont hantes par les idees fondamentales de 1'esthetique de Malraux. Le Chinois Ling, qui arrive d'un pays sans musees, decouvre que ceux-ci invitent le visiteur " a comparer." Le Muse6e iinaginaire ne fera qu'etendre a la totalite des ceuvres d'art ces confrontations incompletes.3 On croit bien assister a la genese de La Crecation artistique lorsque Ling remarque que le musee " amene a sentir surtout, dans une ceuvre nouvelle, la difference qu'elle apporte." C'est deja Ia, en reaction contre tant de travaux surtout soucieux de "sources" et "d'influences," cette rupture, entre I'artiste et I'art deja fait, o"u Malraux ira chercher le secret des chefs-d'ceuvre.4 L'art greco- bouddhique, qui fournira un des principaux exemples 'a 'appui de cette these, est mentionne par Ling: "La Chine . . . n'a cesse,

I Romans (Gallimard, 1951), p.. 228. 9Romans, pp. 624-625. "Romans, p. 35; Les Voix du Sitlence (Pleiade, 1951), pp. 11-14. " Voix, pp. 337-357.

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LES ROMANS D'ANDR& MALRAUX 545

pendant dix siecles d'effacer ce que ces statues avaient d'humain, de les corrompre, de les transformer en objets de reves." Les Voix du Silence souligneront ce qui distingue ce point de vue de l'attitude traditionnelle. I1 y a bien une continuite de la Grece 'a la Chine, "mais ce n'est nullernent celle d'une influence, c'est celle d'une metamorphose." 5 Malraux exprime d'une maniere plus systemati- que une pensee desormais consciente de son dessein qui est d'exalter la liberte de l'artiste. Lorsque Ling remarquait, a propos d'un bronze chinois, "qu'il evoque la terreur. Il ne l'inspire pas, il l'evoque. La bouche qui, dans toutes les sculptures primitives occidentales, exprime les sentiments in'est m eme pas figure6e," il cherchait deja la distinction des Voix du Silence entre "l'expres- sionisme," auquel, pour tant de profanes, se limite le champ des possibles de l'artiste, et les "moyens d'expression specifique " qui sont toujours conquis et precedent la sensibilite d'une epoque au lieu de s'y soumettre.6

Si l'artiste n'est pas soumis a la culture c'est parceque c'est lui qui l'elabore. II sait donc que la liberte est le fondement de toute verite et, au-dessus des civilisations qui s'ignorent ou se haTssent, peut naitre un dialogue des chefs-d'ceuvre.7 Ling apporte une premiere ebauche de cette idee lorsqu'il ecrit qu'enfermes dans leur musee les maitres "discutent." Mais ce Chinois, encore a demi fidele a une civilisation qui ne fait pas la part grande A l'individu, ne veut pas " les ecouter." 8

Tres semnblable a Ling est Kama-San, le peintre japonais de La Condition humaine. Si sa conception de l'art n'est pas celle que defendra Malraux elle ne s'en inscrit pas moins dans les categories esthetiques qie definissent Les Voix du Silence. C'est parce qu'il appartient a un monde ofu la sensibilite de l'artiste ne s'oppose pas a celle de la foule que Kama peut se croire au service du " reel." 9 Lorsqu'il se situe en face de l'art moderne il resume toutes les analyses qu'en fera Malraux: " Plus vos peintres font des pommes, et meme des lignes qui ne repre6sentent pas des choses, plus ils parlent d'eux-memes. Pour moi, c'est le monde qui compte." '0

5 Romans, p. 36; Voix, pp. 147-171. ,'Romans, p. 36; Voix, pp. 561-563. 7 VoiX, pp. 66-67. 8 Romans, p. 34. -' Voix, pp. 293-300. 10 Romans, p. 441; Voix, p. 99.

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546 MODERN LANGUAGE NOTES, DECEMBER, 1953

La valeur supreme de l'art, ce role d'heritier des religions que lui assignera La Monnaie de l'absolu, s'affirme peu a peu dans les romans contre l'histoire et l'action. Pour A. D., dans La Tentation de l'Occident, notre resurrection de tous les arts du monde n'est encore qu'un jeu d'esthetes blases. Vannec, dans La Voie royale, sent confusement que nous ne pouvons admirer des objets d'art que si, d'une maniere ou d'une autre, "nos mythes s'accordent avec eux." Plus revelatrice est l'hostilite que lui porte Rameges, le directeur de l'Institut frangais. Ce n'est pas seulement le fonctionnaire timide qui s'oppose "a l'aventurier mais l'erudit feru " d'influences " qu'inquiete la passion de Vannec. Celui-ci, qui croit deviner une maladie de foie chez son interlocuteur, pense qu'il comprendrait mieux, " s'il sentait que ce qui m'attache la, c'est l'acharnement des hommes a se defendre contre la mort . ., si je reliais ce que je lui dis "a son abces." Ce qui n'est chez Vannec qu'ardente recherche est devenu conviction chez Alvear de L'Espoir et Walter Berger des Noyers de I' Altenburg. Le premier affirme que l'art triomphe de la douleur, le second du temps. C'est a Vincent Berger, le heros principal de ce dernier roman, qu'il revient d'affirmer que " l'art est une rectification du monde, un moyen d'echapper a notre condition d'homme." 11 Il suffira, pour passer aux Voix du Silence, d'ecrire " le seul moyen. . . ." Le prestige de l'art ne cesse de grandir et celui de l'action de diminuer jusqu'au jour o'u, le roman etant devenu impensable, Malraux se tourne vers d'autres moyens d'expression.

RENE GIRARD Bryn Mawr College

FLAUBERT AT BASSAE: AN ELUCIDATION

Flaubert's notes on the Temple of Apollo Epicurius at Bassae (Arcadia) afford a probant example of his close archeological study and also a complex puzzle for the student of his works.' After a masterly account of the wide panorama spreading out below the temple, Flaubert turns to a careful description of the building. It becomes misleading, if not unintelligible, when he writes: " Je

"Romans, pp. 38, 228, 818, 992; Voix, pp.. 589-598, 628-639. I Notes de voyages (Paris: Conard, 1910(, 2 vols.), li, 161-163. Re visited

Bassae in 1851 during the course of a long trip through the eastern Mediter- ranean countries.

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