le commerce équitable et durable en tanzanie

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TRADE FOR DEVELOPMENT LE COMMERCE EQUITABLE ET DURABLE EN TANZANIE

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La Tanzanie, malgré ses richesses naturelles et le volontarisme de ses dirigeants, est un pays pauvre dont l’économie repose encore trop largement sur le secteur agricole (culture du café, du thé et du coton, des matières premières aux cours imprévisibles et volatils). Qui plus est, elle doit affronter les conséquences du réchauffement climatique et des désordres environnementaux qui rognent ses ressources...

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Page 1: Le commerce équitable et durable en Tanzanie

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TRADE FOR DEVELOPMENT

LE COMMERCE EQUITABLE ET DURABLE EN TANzANIE

Page 2: Le commerce équitable et durable en Tanzanie

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ÉDITEUR RESPONSABLECarl MICHIELS

COORDINATIONPiezo - Samuel Poos (CTB)

RÉDACTIONDan AZRIA

CONCEPTIONJulie RICHTER

PHOTO COUVERTUREMax HAVELAAR

© CTB, agence belge de développement, avril 2010. Tous droits réservés.

Le contenu de cette publication peut être reproduit, après autorisation de la CTB et pour autant que la source soit mentionnée.

Cette publication du Trade for Development Centre ne représente pas nécessairement le point de vue de la CTB.

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Introduction

Renommée pour sa faune d’une incroyable diversité et pour abriter le « toit de l’Afrique », le fameux Kilimandjaro, la Tanzanie connaît depuis desdécennies une stabilité politique qui la distingue de nombre de ses voisins frappés par les conflits ethniques ou confessionnels. Après des débuts difficiles et des expériences socialistes aux conséquences désastreuses, les gouvernements tanzaniens successifs ont engagé le pays sur la voie du développement humain en favorisant la santé et l’éducation.

Mais la Tanzanie, malgré ses richesses naturelles et le volontarisme de ses dirigeants, demeure un pays pauvre, dont l’économie repose encore trop largement sur le secteur agricole, en particulier sur la culture du café, du thé et du coton, des matières premières aux cours imprévisibles et volatils dont dépendent les niveaux de vie de millions de personnes. Qui plus est, comme nombre de pays en développement, la Tanzanie doit affronter dans des conditions difficiles et avec peu de moyens les consé-quences du réchauffement climatique et des désordres environnementaux qui rognent ses ressources (déforestation, biodiversité menacée, pollution des réserves d’eau, etc.).

Dans ces conditions, le commerce équitable et durable devient un réel vec-teur de développement, susceptible de favoriser l’ancrage du pays dans l’économie mondiale sans préjudice pour les populations et l’environnement.

Sur ces questions, les actions relevées en Tanzanie sont particulièrement remarquables, que ce soit pour leur ancienneté ou leur originalité. Des Grands Lacs à Zanzibar, cette brochure explore et présente certaines de ces initiatives de commerce équitable et durable.

Joab Jonadav Keki, initiateur du projet

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LA TANZANIE, MERVEILLES ET DEVELOPPEMENT

LE CAFE EN TANZANIE

LE COMMERCE EQUIT ABLE : FILIERES, ACTEURS ET ORGANISMES

LES GRANDES ORAGANISATIONS COUPOLES INTERNATIONALESDU COMMERCE EQUITABLE

LE COMMERCE ÉQUITABLE EN TANZANIE

LES INITIATIVES DE COMMERCE ÉQUITABLE EN TANZANIE

TAFAT - La Fédération Tanzanienne pour le Commerce Alternatif

LE SECTEUR DU CAFÉ ÉQUITABLE EN TANZANIEKilimandjaro Native Cooperative Union KNCUKagera Cooperative Union (KCU)

LE SECTEUR DE L’ARTISANAT ET DU TEXTILE ÉQUITABLE EN TANZANIE Artisan Development Agency of Tanzania (ADAT)MikonoKwanza CollectionsGetting Old Is to Grow (GOIG)Marvellous CRAFTS

LES AUTRES INITIATIVES DE COMMERCE ÉQUITABLEFamily Alliance for Development and CooperationKibena teakiliflora Limited

LES INITIATIVES DE COMMERCE DURABLE EN TANZANIE Mpango Project, un projet soutenu par le FSC Lipton, le thé durable certifié Rainforest AllianceLa certification UTZ CertifiedLa pêche durable dans les grands lacs : un enjeu majeur

LA PRODUCTION BIOLOGIQUE EN TANZANIE Biolands, le cacao biologique et equitableCoton bio : Le projet bioRe Tanzanie de COOP Naturaline

LE RÔLE DE LA CTB EN TANZANIE

CONCLUSION

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HISTOIRE DE LA TANZANIE

Le 26 juin 1964, le Tanganyika et Zanzibar, deux Etats récemment décolonisés, fusionnent pour donner nais-sance à la République Unie de Tanzanie.

L’archipel de Zanzibar est depuis des siècles une terre de commerce où les navires des puissances orientales achètent des épices qu’ils revendent dans tout le bas-sin méditerranéen. Plaque tournante du commerce de l’or, de l’ivoire et des esclaves, au carrefour des mondes africain, arabe et indien, l’archipel de Zanzibar domi-nera l’économie de toute la région pendant plusieurs siècles. A partir de sa colonisation en 1890, la domination bri-tannique s’exerce sans pitié sur l’archipel jusqu’à son indépendance en décembre 1963, obtenue malgré les divisions qui opposent les populations africaines loca-les aux Arabes et aux Indiens qui possèdent l’essentiel des ressources du pays.

Le Tanganyika, qui constitue la partie continentale de la Tanzanie actuelle, fait partie du berceau de l’humanité, où sont apparus les premiers hominidés il y a plusieurs millions d’années. En 1890, le Traité d’Héligoland entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne reconnaît la domination britannique sur Zanzibar et la souveraineté de l’Allemagne sur la partie continentale. Les colons de la Compagnie allemande de l’Afrique de l’Est prennent possession des ressour-ces du pays et brisent avec une implacable férocité les revendications des populations africaines (révolte des Maji-Maji en 1902-1903 avec près de 120 000 morts au total) qui sont contraintes au travail forcé dans les plantations de café, de thé et de coton. Au terme de la Première guerre mondiale, les Allemands sont chassés de l’Afrique Orientale par les Britanniques qui en pren-nent possession sous mandat de la Société des Nations et nomment le pays Tanganyika. Celui-ci obtient son indépendance en 1961.

Les dirigeants à la tête de Zanzibar et du Tanganyika au moment de l’indépendance des deux pays, Cheikh Abeid Amani Karume et Julius Nyerere engagent des pourparlers qui aboutissent rapidement à la fusion des deux états sous le nom de République Unie de Tanzanie. Cependant, l’intégration est difficile et les particularis-mes historiques ne disparaissent pas facilement.

Julius Nyerere, le Président du nouvel état, engage le pays sur la voie du socialisme avec pour projet « un gouvernement honnête, l’égalité entre les riches et les pauvres, l’indépendance économique »1.

Les banques et les grandes entreprises sont nationali-sées et les plantations sont regroupées en communau-tés sur le modèle collectiviste (appelé Ujaama) mais le nouveau système se révèle être un choix désastreux pour le pays qui s’enfonce dans la crise et la pauvreté. En 1983, le gouvernement tanzanien est contraint de revoir ses choix et de libéraliser l’économie. Julius Nye-rere se retire du pouvoir en 1985 et son successeur, Ali Hassan Mwinyi (venu de Zanzibar) accélère l’ouverture et la libéralisation progressive du pays.

En 1995, les premières élections multipartistes ont lieu (entachées toutefois d’irrégularités) et William Mkapa, disciple de Julius Nyerere, est élu à la tête de l’Etat tan-zanien. Il doit faire face aux nombreux obstacles qui grèvent le décollage tant espéré du pays : crise éco-nomique, épidémie de sida, afflux de réfugiés burun-dais, velléités indépendantistes à Zanzibar, infiltration des islamistes radicaux (avec l’attentat à l’ambassade américaine de Dar Es Salaam en 1995), …

En décembre 2005, Jakaya Kikwete devient le nouveau président de la république tanzanienne.

Pour en savoir plus : www.africa-onweb.com, le site panafricain

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L’ECONOMIE DE LA TANZANIE

Imposées par les premiers dirigeants de l’état indé-pendant, les années de socialisme ont profondément fragilisé l’économie tanzanienne avec cependant pour conséquences positives de mélanger (souvent de force) les nombreuses ethnies qui composent la population du pays.Malgré ses populations très diverses, celui-ci a d’ailleurs échappé aux grandes vagues de violences ethniques qui ont ravagé les pays voisins depuis la décolonisation.Il faudra attendre le milieu des années 1980 et la li-béralisation progressive de l’économie pour que le pays s’engage dans le développement.

Une politique de développement humain dynamique

Malgré la propagation du virus du sida qui affecte en premier lieu les générations les plus productives ( 9 % dela population adulte), l’engagement du gouvernement a permis à la Tanzanie d’améliorer les conditions de vie de la population. Entre 2003 et 2008, le taux de mor-talité infantile a chuté de 30 %, le taux de scolarisa-tion des enfants (garçons et filles) a augmenté de 59 % à 95 % et la proportion des habitants ayant accès à l’eau potable est passée de 32 % à 58 % 2. Avec le soutien de l’UNESCO en particulier, la Tanzanie inves-tit depuis plusieurs années sur le développement hu-main, considéré comme capital stratégique du pays.

Une économie sur la voie de la croissance vertueuse

Aujourd’hui encore, l’économie tanzanienne est typique d’un pays en développement, avec un secteur agricole prépondérant, une industrie minière en développement et une industrie balbutiante. Le tourisme, qui rapporte une part significative des devises étrangères, bénéficie de l’extraordinaire richesse de la biodiversité et de la magnificence des paysages qui attirent bon nombre d’occidentaux. Les réformes économiques et structurelles réalisées par le gouvernement depuis 1986 ont placé la Tanzanie sur la voie d’une croissance durable, dans une position où une période prolongée de taux de croissance élevés de PIB est prévue 3.

Une économie essentiellement agricole

Le principal secteur d’activité en Tanzanie reste l’agri-culture. Bénéficiant d’un climat idéal, de sols fertiles et de vastes terres arables, l’activité agricole est concentrée sur la production de café, de thé, de coton, de canne à sucre et de fruits et légumes. En favorisant l’impli-cation des exploitants agricoles dans les structures de production et de commercialisation, la libéralisa-tion de l’économie dans les années 1990 a contribué au développement de ce secteur stratégique pour une grande majorité de la population tanzanienne.

L’énergie

La Tanzanie bénéficie d’une très large variété de sour-ces d’énergie : biomasse, gaz naturel, hydroélectricité, charbon, énergie solaire ou éolienne. La plupart de ces ressources sont très largement sous-exploitées (moins de 10 % de la population a accès à l’électricité) mais, depuis quelques années, le gouvernement tanzanien s’est engagé dans une politique énergétique ambitieuse, favorable aux populations rurales et très largement fondée sur l’exploitation des ressources d’énergie durables faiblement émettrices de CO2 (avec l’installation de centrales solaires, éoliennes et hydroélectriques).

Des ressources minières abondantes

Le sol de la Tanzanie regorge de richesses inexploitées. L’industrie aurifère est l’un des piliers de l’économie (avec une production de 50 tonnes par an) et des gi-sements d’uranium ont été découverts en 2007 qui sus-citent la convoitise de nombreux pays (de la Chine en particulier).

Et la crise financière est arrivée…

En Tanzanie, l’impact de la crise financière internatio-nale de 2008 s’est surtout fait sentir dans le secteur du tourisme (qui représente près d’un cinquième du PIB du pays) avec une chute de 15% du nombre de touristes étrangers en visite dans les principaux sites touristiques et parcs naturels du pays.Ceci étant, malgré la crise économique mondiale, la croissance du PIB tanzanien est officiellement estiméeà 7,3 % pour 2008, malgré l’inflation relativement élevée. À moyen terme, le pays devra impérativement remé-dier aux insuffisances de son infrastructure essentielle (transport, communications et énergie), prendre des mesures pour atténuer l’impact de la récession écono-mique mondiale et trouver un moyen de mettre la crois-sance au service de la lutte contre la pauvreté à grande échelle 4.

Pour en savoir plus : www.africaneconomicoutlook.orgPerspectives économiques en Afrique

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AU COEUR DE LA SOCIETE TANZANIENNE

Depuis l’introduction dans la région des graines de café par les missionnaires français et anglais au XIXème siècle, la caféiculture constitue l’une des composantes essentielles de la société tanzanienne, et plus spécifi-quement de l’ethnie Chagga qui vit sur les versants du Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique. Ces sols volcaniques sont très fertiles et particulièrement favorables à la culture du caféier : celle de l’Arabica en altitude et du Robusta sur les terres basses.

Très bien organisés et dotés d’une identité régionale et d’une conscience politique fortes, les paysans Chagga ont activement contribué à l’émergence du mouvement coopératif tanzanien et aux luttes populaires en faveur de l’indépendance du pays et des réformes structurelles du système productif. Dès les années 1920, les culti-vateurs de café indigènes se mobilisent contre les planteurs européens, puis entre 1948 et 1961, l’émergence du nationalisme tanzanien s’exprime d’abord dans le mouvement coopératif caféier.

Ainsi, l’histoire de la culture du café est très profondément liée aux enjeux politiques et sociaux qui ont marqué l’ensemble de la société tanzanienne 5.

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DU SOCIALISME MAOISTEA LA LIBERALISATION

Inspiré du modèle maoïste chinois, le socialisme « à la tanzanienne » adopté peu de temps après l’indépen-dance s’est appuyé sur les coopératives pour dévelop-per une politique d’autosuffisance sans toutefois leur accorder trop d’autonomie.

La volonté de contrôle de l’Etat sur le milieu rural s’ex-prime avec la nationalisation des infrastructures, le dé-placement et le regroupement forcés des populations, en particulier dans le cadre la politique dite « Ujaama » et des programmes de « villagisation » qui visent in fine à renforcer (et à contrôler) la production paysanne tout en privilégiant les cultures d’exportation. A partir de 1973 et la Déclaration d’Arusha, cette po-litique se radicalise et la mainmise de l’état tanzanien s’étend à l’ensemble des circuits de production, de transformation, de distribution et de commercialisation du café. Les coopératives sont dissoutes par l’Etat cen-tral en 1976.

Il faudra attendre la fin des années 1980 pour que le gouvernement accepte l’échec de cette politique et mette en place des programmes de libéralisation du secteur.

LA LIBERALISATION DU MARCHEET SES CONSEQUENCES

Si elle a globalement permis aux exploitants de s’impli-quer dans les structures de production, la libéralisation du marché du café dans les années 1980 - 1990 ne s’est pas faite sans douleur. Avec la fin des monopoles, les structures héritées du modèle socialiste sont bruta-lement mises en concurrence avec des opérateurs pri-vés, ce qui entraine dans un premier temps une baisse significative des volumes de production ainsi que des mutations sociales assez profondes. Ceci étant, les conséquences de ce mouvement de libéralisation sont plutôt positives et bénéficient aux cultivateurs auxquels l’état et les coopératives recon-naissent le principe de libre adhésion. La part de mar-ché des négociants privés (des filiales ou des agents de sociétés multinationales) augmente pour passer de moins de 10 % en 1993 à plus de 70 % en 1999, au détriment des anciennes coopératives.

Avec la concurrence, de nombreux producteurs préfè-rent vendre aux opérateurs privés qui le plus souvent payent comptant. Les prix du marché mondial relative-ment élevés en 1995-1997 conduisent à un prix au pro-ducteur plus élevé, mais ces prix au producteur chutent de 50 % en 1999-2000 6.

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DES TENSIONS PERSISTANTES

La libéralisation du marché du café constitue l’un des faits marquants de l’évolution de nombreuses sociétés d’Afrique de l’est, mais d’autres tensions apparaissent qui vont affecter l’ensemble des systèmes productifs et la vie des millions de personnes qui dépendent des revenus du café. Des questions biologiques entrent en jeu notamment avec le vieillissement des plantations de caféiers qui n’ont quasiment pas été renouvelés depuis les années 1950 et dont les rendements décroissent. Ainsi, les volumes de production du café du Kilimandjaro diminuent faute de nouvelles plantations et la qualité s’en ressent malgré les efforts des producteurs.

A ces difficultés s’ajoutent l’éternel problème de la volatilité des cours du café sur lesquels ni les organisations de producteurs, ni même les Etats africains n’ont d’influence et ce, en dépit de l’importance pour des nations entières d’une politique de stabilisation et de rationalisation des prix sur les marchés internationaux. Ainsi, lorsqu’éclate la crise internationale du café en 1989, les populations des pays producteurs d’Afrique et d’Amérique Latine sont les premières victimes. A cette époque, niveau de l’offre a largement dépassé la demande et on a assisté à une chute brutale des cours du café qui sont tombés, au début des années 2000, à leurs niveaux les plus bas jamais atteints. La Banque Mondiale estime qu’à cette époque, les producteurs de café ont perdu 4,5 milliards de dollars par an en moyenne.

En Afrique et en Amérique centrale, cette crise a entamé très profondément des finances nationales largement dépendantes de leurs exportations de matières premières et les gouvernements de ces pays ont été contraints de procéder à coupes drastiques dans les programmes sociaux et de lutte contre la pauvreté, au détriment de millions de familles de planteurs de café.

La fin de l’Accord International sur le café en 1989 a marqué le début de la crise. De nombreux facteurs sont entrés en jeu : l’échec des stratégies de croissance de la production imposées par le FMI au pays producteurs, l’interven-tion des multinationales du café (dont Nestlé, Philip Morris, Kraft, etc.) qui ont stocké de grandes quantités pour maintenir les cours au plus bas et la baisse de la consommation dans les pays riches 7. Concurrencés par la Colombie, le Brésil et le Vietnam, les pays africains producteurs figurent parmi les premiè-res victimes de cette crise. Mal organisées, les filières de production se sont révélées incapables d’adopter des positions communes et de se faire entendre des acteurs importants, notamment dans le cadre des négociations internationales.

Pour en savoir plus : www.omdm.be www.fao.org www.ethiquable.com www.solidarmonde.fr www.fairtradegemeenten.be

A partir de 2005, les choses se sont quelque peu amé-liorées et le prix du café est revenu à un niveau plus ac-ceptable pour les producteurs. Mais cette crise a illustré la volatilité des cours et la nécessité de mettre en place un système stable et plus juste.

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AUX ORIGINES DU COMMERCE EQUITABLE

Le commerce équitable est né d’un constat simple : les écarts de richesse entre les populations des pays les plus riches et celles des pays les plus pauvres ne cessent de se creuser malgré les sommes investies dans l’aide au développement.

En moins d’un siècle, l’écart de revenus entre les 20 % des pays les plus riches et les 20% des pays les plus pau-vres est passé de 11 contre 1 en 1913 à 75 contre 1 aujourd’hui. Guerres, catastrophes naturelles, infrastructures défaillantes, corruption, … les causes de ce déséquilibre sont multiples mais parmi celles-ci figurent indubitablement des problèmes économiques structurels de fond. La spéculation sur les matières premières, la spirale de l’endettement, la concurrence subventionnée des pro-ducteurs des pays du Nord, tous ces mécanismes constituent autant d’obstacles au décollage des pays les plus pauvres qui ne maîtrisent pas leur développement.

Bien que ces inégalités commerciales aient été mises en évidence dès le 19e siècle (notamment avec la publica-tion en 1860 du roman du Néerlandais Edouard Douwes Dekker dont Max Havelaar est le héros), c’est à partir de l’Après-guerre qu’apparaissent les premiers projets de commerce équitable, par des organisations américaines et anglaises (Thousands Villages aux Etats-Unis et l’ONG Oxfam au Royaume-Uni). C’est en 1964, lors de la Conférence des Nations unies pour la Coopération et le Développement (CNUCED), qu’est définie pour la première fois la notion de commerce équitable, « Le commerce, pas la charité » (« Trade, not Aid »), qui en constitue le principe fondateur.

Les premiers magasins de commerce équitable s’ouvrent en Europe dès la fin des années 60, tandis que se met-tent en place dans les pays en développement les coopératives et associations de producteurs qui vont bénéficier de ces échanges plus justes, d’abord dans les secteurs de l’artisanat et de l’agriculture.

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En 1999, les principales organisations internationales du commerce équitable (la World Fair Trade Organisa-tion, la Fair Trade Labelling Organizations - FLO et le Network of European World Shops) s’entendent sur une définition commune : « Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commercia-les et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du commerce équita-ble (soutenues par les consommateurs) s’engagent ac-tivement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opi-nion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel ». Pour soutenir la mise en œuvre de ce système écono-mique, ces organisations listent les 10 grands principes à respecter :

• Créer des opportunités pour les producteurs quisont économiquement en situation de désavantage

• Favoriser la transparence et la crédibilité.

• Encourager la capacité individuelle.

• Promouvoir le commerce équitable.

• Garantir le paiement d’un prix juste.

• Veiller à l’égalité entre les sexes.

• Assurer des conditions de travail décentes.

• Eviter le travail des enfants.

• Protéger l’environnement.

• Encourager des relations commerciales fondées surla confiance et le respect mutuel

Concrètement, le commerce équitable garantit aux producteurs des pays les plus pauvres des prix d’achat plus rémunérateurs que les cours mondiaux ainsi qu’une relative stabilité des prix et la mise en place de conditions et de délais de paiement favo-rables (voire des possibilités de préfinancement), qui évitent aux paysans et aux artisans de brader leurs pro-duits ou d’avoir recours à des prêts usuriers.

Le prix équitable est négocié. Il doit pouvoir couvrir tous les coûts de production du produit, y compris les coûts environnementaux, et assurer aux producteurs un ni-veau de vie décent. De plus, les acheteurs du commerce équitable s’engagent généralement en faveur de pro-grammes sociaux (alphabétisation, accès aux systèmes d’éducation et de soins, etc.) et soutiennent les investis-sements productifs des organisations de producteurs.

LE COMMERCE EQUITABLE, C’EST QUOI?

Depuis 1988 et la création d’une part de l’IFAT, l’Asso-ciation Internationale du Commerce Equitable (devenue en 2009 la WFTO, l’Organisation Mondiale du Commer-ce Equitable), et le lancement du label Max Havelaar d’autre part, on observe l’émergence et la coexistence de deux grandes filières de régulation du commerce équitable : la filière intégrée (avec la WFTO et l’EFTA notamment) et la filière labellisée (avec en particulier FLO Max Havelaar).

Mode d’organisation historique du commerce équita-ble, la filière intégrée présente comme caractéristique principale le fait que tous les acteurs intervenant dans l’élaboration et la commercialisation du produit (pro-ducteur, transformateur, importateur et points de vente) sont engagés dans le commerce équitable et se confor-ment volontairement (voire activement) à ses principes. Ainsi, ce sont ces acteurs de la filière qui bénéficient de la certification (généralement associée à un logo) cor-respondant à ces règles et critères, qu’ils ont générale-ment définis collectivement.

La filière labellisée repose sur la certification du pro-duit commercialisé.Les entreprises qui élaborent ces produits s’engagent à respecter un cahier des charges précis et à s’appro-visionner auprès d’organisations de producteurs des pays en développement (des coopératives souvent) qui ont été agréées par l’organisme de labellisation. Ces produits labellisés peuvent ensuite être commercialisés dans n’importe quel point de vente, y compris la grande distribution classique. Le label Max Havelaar, qui repré-sente le label FLO en Belgique notamment, est le plus célèbre d’entre eux.

La coexistence de ces deux filières illustre l’existence de visions différentes du commerce équitable qui por-tent en particulier sur le type de relations à établir avec les acteurs économiques privés (multinationales, gran-de distribution) et sur des divergences entre une vision de développement (et de dénonciation du commerce international) d’un côté et une perspective commerciale reposant sur le contrôle d’autre part.

FILIERE LABELLISEE ET FILIERE INTEGREE

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LES ACTEURS CLES DANS LE COMMERCE EQUITABLE

Trois catégories d’acteurs constituent la chaîne du commerce équitable :

Les organisations de producteurs ou de travailleurs qui produisent, cultivent ou transforment les matières premières locales. Pour participer aux programmes de commerce équitable, ils doivent adhérer à une organi-sation agréée. Dans les pays du Sud et pour les produits agricoles, c’est le plus souvent Fairtrade Labelling Organisations qui agrée les organisations.

Les opérateurs sur les marchés remplacent les intermédiaires. Ils importent, exportent ou transforment les produits du commerce équitable. Par exemple, Solidar’Monde en France, Oxfam au Royaume-Uni ou, bien évidemment, Oxfam-Magasins du Monde en Belgique, pour ce qui concerne la filière intégrée. Mais aussi des distributeurs conventionnels comme Delhaize, Colruyt et même Lidl et Carrefour qui ont développé leur propre marque de commerce équitable, respectivement Fairglobe et Carrefour Solidair.

Les détaillants, enfin, qui vendent directement aux consommateurs, soit à travers des commerces spécialisés, comme par exemple, les Magasins du monde, soit, de plus en plus, dans des chaînes de supermarchés tradi-tionnels.

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WFTO - World Fair Trade OrganisationOrganisation Internationale de Commerce Equitable

Avec ses 350 organisations membres (dont 65 % proviennent des pays du Sud) représentant l’ensemble des maillons de la chaîne du commerce équitable (pro-ducteurs, transformateurs et distributeurs), la WFTO, l’Organisation Internationale de Commerce Equitable, est considérée depuis sa création en 1989 comme le principal coordinateur des organisations du secteur. Depuis 2004, le « chapitre africain » de l’organisation est assuré par « Cooperation for Fair Trade in Africa » (COFTA) qui rassemble environ 70 organisations venant de 20 pays africains. Jusqu’il y a peu, la WFTO s’appelait l’IFAT, l’International Fair Trade Association (Association Internationale de Commerce Equitable). En tant que structure emblé-matique de la filière intégrée, la WFTO ne certifie pas des produits mais des organi-sations qui jouissent alors du label FTO, accordé après une évaluation à partir des critères et standards exigeants. Lieu d’échanges d’information et d’expériences, la WFTO rassemble par ailleurs des centaines d’organisations lors de ses conférences internationales considérées parmi les événements les plus importants pour la filière équitable.

Pour en savoir plus : www.wfto.com

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FLO - International Fairtrade Labelling OrganizationOrganisation de Labellisation du Commerce Equitable

A la fois fédération des organisations de labellisation et structure indépendante en charge d’un label de commerce équitable, FLO (Fairtrade Labelling Orga-nization) établit des standards de commerce équitable, contrôle leur mise en œuvre et certifie les produitsrépondant à ces standards. Pour assumer au mieux ses missions, FLO se compose de deux structures distinctes : FLO International et FLO-Cert.Association composée de plus de 20 organismes nationaux de certification dont 15 européens (en Bel-gique, en France, en Suisse et aux Pays-Bas, c’est Max Havelaar qui représente le label), FLO Internatio-

nal conçoit et développe des normes équitables (de manière spécifique pour chaque type de produit), soutient de nouvelles filières et appuie le renforcement des organisations de producteurs.A ce titre, FLO-Cert certifie des organisations de producteurs et délivre des agréments aux acteurs économiques de la filière (importateurs, exportateurs, transformateurs et marques) au terme d’audits et de contrôles réguliers. Ce sont plus de 500 organisations (coopératives et plantations) dans plus de 50 pays d’Afrique (dont le Rwanda), d’Asie et d’Amérique du Sud qui ont d’ores et déjà été certifiées.

Pour en savoir plus : www.fairtrade.net

EFTA - European Fair Trade Association International Association Européenne de Commerce Equitable

Sorte de club historique d’organisations leaders dans leurs pays, l’EFTA rassemble les principales centrales d’importation européennes de commerce équitable qui s’ap-provisionnent auprès de 400 groupes de producteurs des pays émergents. Créée en 1990 comme plateforme de partage d’informations et de bonnes pratiques, l’EFTA a pour objectif de développer les importations de produits équitables en ren-forçant les synergies et en encourageant les échanges d’expériences entre ses mem-bres. L’EFTA est davantage un outil de travail qu’un outil de représentation politique, au sein duquel ont notamment été développés des bases de données partagées et un système de monitoring mutualisé.

Pour en savoir plus : www.european-fair-trade-association.org

FINE

Ces dernières institutions majeures forment le FINE qui a pour but de coordonner leurs actions, de donner un même sens au commerce équitable et surtout de construire et de préserver la confiance nécessaire au bon développement du commerce équitable.

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L’HISTOIRE DU COMMERCE EQUITABLE EN TANZANIE

Souvenirs, souvenirs

Le café tanzanien figure parmi les produits pionniers importés en Belgique par les acteurs du commerce équitable, Oxfam-Magasins du monde en tête. L’engage-ment politique de ces organisations était très fort à l’époque. Ainsi que l’expliquait Anne Minne, Première Secrétaire Générale d’Oxfam, lors d’un entretien réalisé en 2009, « il s’agissait de pays symboliques qui avaient pris leur sort en main, à travers la libération, la négociation et avec des personnes emblématiques comme Nyerere. Sa vision des villageois qui les conduisait à se prendre en main à travers les villages Ujamaa, responsabilisait enfin la paysanerie» 8.

Moins de politique, plus d’économie, de social et d’écologie

Aujourd’hui, l’action des organisations de commerce équitable en Tanzanie est moins politique et plus économique et sociale. L’intervention de ces opérateurs porte essentiellement sur l’adoption de mécanismes économiques plus justes et plus profitables aux producteurs. En garantissant des prix d’achat supérieurs aux prix du marché auxquels s’ajoutent les primes de développement, les acteurs du commerce équitable apportent un soutien réel et concret aux familles des pro-ducteurs tanzaniens en finançant des écoles, des infrastructures sanitaires, des routes, etc.

Même si les volumes commercialisés via les filières équitables restent modestes par rapport à ceux échangés sur les marchés internationaux traditionnels, les prix plus élevés (et surtout garantis sur la durée) pratiqués par les organisations du com-merce équitable ont des effets positifs notables pour les producteurs tanzaniens. Ainsi, pendant la période de crise qu’a connu le secteur du café, plusieurs coopéra-tives de production estiment que les conditions pratiquées dans le cadre des filières de vente du commerce équitable ont contribué à leur survie et à leur capacité à maintenir une production de qualité.

Pour en savoir plus : Oxfam-Magasins du monde - www.omdm.be FAO – www.fao.orgwww.ethiquable.com www.fairtradegemeenten.be

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TAFAT LA FEDERATION TANZANIENNE POUR LE COMMERCE ALTERNATIF

Réseau des membres de COFTA en Tanzanie, la Fédération Tanzanienne pour Le Commerce Alternatif (TAFAT) a pour missions de soutenir le commerce équitable en Tanzanie mais aussi de contribuer à la lutte contre la marginalisation des plus pauvres et des plus faibles.

En soutenant l’échange d’idées et d’expériences, la mutualisation des ressources, la formulation de recommandations en faveur des droits des petits producteurs et le développement commercial de ses membres, la Fédération Tanzanienne pour Le Commerce Alternatif inscrit clairement son action dans le cadre des principes généraux fixés par les organisations internationales du commerce équitable. En dépit des difficultés que rencontrent de nombreux groupes de producteurs cer-tifiés équitables en Tanzanie (liés aux soubresauts des marchés, à la concurrence des acteurs privés traditionnels et au manque de soutien des organisations interna-tionales), la Fédération Tanzanienne pour Le Commerce Alternatif (TAFAT) s’engage avec volontarisme aux cotés de ces producteurs, en particulier dans le secteur de l’artisanat traditionnel, avec des efforts particuliers sur les procédés d’amélioration de la qualité des produits.

Formellement, l’organisation tanzanienne TAFAT s’est fixé les objectifs suivants :

• Promouvoir le travail en équipe et la participation des producteurs à des projets collaboratifs

• Développer l’activité économique de ses membres (en les aidant dans leurs projetscommerciaux, en facilitant les contacts avec les importateurs équitables, etc.)

• Développer l’emploi chez les producteurs équitables, notamment par la formation (pour favoriser la qualité et la créativité des producteurs)

• Contribuer positivement à l’éradication de la pauvreté en Tanzanie en particuliergrâce au développement du Commerce Equitable

Très centrée sur le soutien au secteur de l’artisanat équitable (qui souffre terriblement de la concurrence asiatique dont les produits sont moins chers et les producteurs considérés comme plus fiables), la Fédération Tanzanienne pour Le Commerce Al-ternatif (TAFAT) est à l’origine de nombreuses actions en faveurs des producteurs tanzaniens, avec notamment la participation à des foires et salons, l’organisation de formations, etc.

Pour en savoir plus : www.cofta.org www.omdm.be

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KNCU - KILIMANDJARO NATIVE COOPERATIVE UNION

Une histoire mouvementée

Créée en 1929 par les fermiers Chagga, la Kilimandjaro Native Cooperative Union (KNCU) est l’une des plus anciennes coopératives de café d’Afrique, et plus parti-culièrement de Tanzanie. Mise en place avec pour objectif initial de collecter et de commercialiser le café récoltés par les fermiers Chagga sur les sols volcaniques fertiles des versants du Kilimandjaro, la KNCU a connu de nombreuses métamor-phoses avant de devenir l’organisation qu’elle est aujourd’hui. Jusqu’à l’indépendance, la Kilimandjaro Native Cooperative Union était le moteur économique de la région et l’un des principaux symboles du mouvement coopératif et nationaliste, tandis que les fermiers Chagga faisaient de la gestion de leur sys-tème productif du café l’un des éléments phares de leur identité régionale. Dans les années 1950, la Kilimandjaro Native Cooperative Union se consolide et participe à la fondation et à la mise en place de certaines des principales institu-tions économiques du futur état indépendant.

Le premier grand bouleversement a lieu au milieu des 1970, lorsque Julius Nye-rere, le premier président de la République Unie de Tanzanie, met en place son programme politique socialiste et lance son mouvement de villagisation Ujaama qui comprend, outre la nationalisation des plantations, la dissolution en 1976 des coopératives considérées comme des obstacles au dirigisme étatique.

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Il faudra attendre l’année 1984 et la transition politique pour que la Kilimandjaro Native Cooperative Union soit remise sur pied avec pour mission la collecte de la production caféière de toute la région. Dans le cadre d’une économie encore très encadrée par l’Etat, la Kilimandjaro Native Cooperative Union retrouve ses fonctions principales : la collecte de l’ensemble de la production de café du Kilimandjaro et l’appui technique aux producteurs ainsi que le monopole de la commercialisation aux enchères de Moshi 9.

Au cours des années 1990, l’économie tanzanienne se libéralise progressivement. Les opérateurs privés se voient reconnaître le droit de collecter le café tanzanien même si la Tanzania Coffee Board conserve la maîtrise de la commercialisation. Cette libéralisation du marché affecte durement les coopératives historiques tanzaniennes. Ainsi, la Kilimandjaro Native Cooperative Union, qui a perdu son monopole sur le café du Kilimandjaro, est contrainte d’abandonner nombre de ses prérogatives et de ses activités, en particulier, la fourniture d’intrans (insecticides, fertilisants, etc.) aux cultivateurs. Les fermiers, qui auparavant n’avaient d’autres choix que de traiter avec elle, se tour-nent alors vers des opérateurs privés qui proposent souvent des conditions de paie-ment plus avantageuses. Ainsi, en 2000, la Kilimandjaro Native Cooperative Union n’assure plus que la collecte de 30 % environ de la production régionale.

Le système de la Kilimandjaro Native Cooperative Union

Aujourd’hui, la Kilimandjaro Native Cooperative Union gère environ la moitié du café récolté et produit sur les hauteurs du Kilimandjaro qu’elle vend ensuite aux enchères de Moshi avant d’en racheter une partie pour l’exporter sur les marchés convention-nels et auprès des importateurs du commerce équitable.En effet, le système de commercialisation en Tanzanie impose aux producteurs qui souhaitent gérer leurs exportations de café de se regrouper pour disposer de volu-mes suffisamment importants 10. La coopérative compte 93 coopératives primaires qui regroupent quelques 98 000 producteurs de café sur les hauts versants du Kilimandjaro. L’accroissement démographique est tel dans cette région très fertile que les plan-tations sont réparties en petites parcelles possédées et gérées par les familles de producteurs qui s’efforcent d’optimiser la productivité de leurs terres en mêlant des bananiers aux plants de café et en laissant les animaux circuler librement pour ferti-liser les sols.

Des menaces réelles

D’autres menaces pèsent sur la production de café du Kilimandjaro. Les plantations ont été mises en place dans les années 1950 et très peu renouvelées depuis ; les caféiers sont vieux et les volumes récoltés sont en diminution (de 300 kg / hectare en 1970 à 150 kg / ha aujourd’hui). Face à cette menace et à la baisse des cours, les paysans s’efforcent de diversifier leurs sources de revenus avec l’élevage ou le ma-raîchage mais ces activités ne permettent pas de réduire de façon notable la pauvreté des populations de la région.

Qui plus est, les plantations déjà fragiles souffrent des évolutions du climat qui me-nacent la région toute entière. Interrogé en 2009, Mapunda Kisuma, l’un des repré-sentants de la KNCU, témoigne : « En Tanzanie, la sécheresse a duré beaucoup trop longtemps. Il n’y a plus de maïs, plus de nourriture, plus de café. Les paysans se de-mandent même s’ils ne devraient pas remplacer les anciens plants par des nouveaux. Il y a de plus en plus de parasites sur les plants et les grains ne peuvent pas bien mûrir à cause des pluies qui tombent à des mauvais moments. Beaucoup de jeunes laissent tomber la production de café et s’installent en ville. Dans les 20 ans à venir, je vois la production de café s’épuiser » 11.

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Le commerce équitable, une nécessité

Confrontés à cette situation, les responsables de la Kilimandjaro Native Cooperative Union se sont engagés dans un processus de valorisation du café du Kilimandjaro pour en faire un produit renommé et de qualité, en défendant en particulier l’image d’un café de terroir, riche et authentique. Pour ce faire, les coopératives locales les plus dynamiques sont encouragées à distinguer les meilleures qualités de leur ré-colte et à améliorer la qualité de leurs procédés. Avec la formation des planteurs, la sélection des meilleurs grains et la mise en œuvre de prix différents en fonction de la qualité, la Kilimandjaro Native Cooperative Union obtient des résultats et réinvestit l’essentiel de ces nouveaux revenus dans la rénovation des plantations, la fertilisation des sols et l’amélioration des procédés de culture. C’est notamment grâce à ces efforts et au soutien d’organisations européennes spé-cialisées que sept des coopératives de premier degré 12 ont pu certifier biologique leur production de café.

Si l’essentiel du café produit par la Kilimandjaro Native Cooperative Union est vendu aux enchères, une part significative est vendue depuis 1993 aux opérateurs du com-merce équitable. Certifiée FLO en 2006, la KNCU attache beaucoup d’importance à ces partenariats qui la lient aux organisations du commerce équitable grâce auxquel-les elle peut en particulier sortir de son rôle de simple collecteur pour assumer plus de responsabilités dans la commercialisation directe de sa production.

Même si la production vendue par ce biais est encore relativement faible par rap-port aux nombres de producteurs et aux volumes produits, le prix d’achat supérieur pratiqué par les acheteurs du commerce équitable a permis la mise en œuvre d’une prime à la qualité qui est réinvestie dans les processus de récolte et de fabrication. En 2002-2003, bien que les ventes de la Kilimandjaro Native Cooperative Union aux organisations du commerce équitable ne portaient que sur 15 % environ du volume total des ventes, elles ont permis à la coopérative de payer les producteurs 0,457 $ la livre de café au lieu des 0,38 $ pratiqué sur les marchés internationaux 13, contribuant ainsi à la viabilité de la coopérative et à la survie des paysans de la région. La prime de développement attribuée par les organisations du commerce équitable (qui représente environ 4 % des ventes) est reversée à hauteur de 75 % aux paysans tandis que les 25 % restant sont consacrés à la réalisation de projets sociaux : finan-cement d’un fonds pour l’éducation pour l’attribution de bourses scolaires, création d’écoles, mise en place d’un organisme de financement pour les paysans (Kilimand-jaro Cooperative Bank), etc.

Pour en savoir plus : www.ethiquable.com www.omdm.be www.fao.org www.solidarmonde.fr

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KAGERA COOPERATIVE UNION (KCU)

Les aléas de l’histoire

A l’origine, cette coopérative de producteurs de café a été fondée par des groupes de paysans pour tenter de briser le monopole de fait imposé par les intermédiaires asiatiques sur le transport du café. Durant la période du socialisme mis en œuvre par Julius Nyerere, le premier président de la République Unie de Tanzanie, les récoltes de café étaient intégralement vendues par les producteurs à l’Etat qui consentait le versement d’une première avance et ne réglait le solde que bien après la vente de la production. Puis, dans le cadre de la politique de nationalisation de l’économie, les coopératives ont été dissoutes et, en 1976, la Bukova Native Cooperative Union a été interdite par le gouvernement tanzanien avant d’être à nouveau autorisée en 1984 sous le contrôle de l’Etat qui a confié le monopole de la commercialisation du café à une organisation publique, le Coffee Board.

En 1989, la fin de l’Accord International sur le Café provoque la libéralisation complète du marché du café dont les cours s’effondrent en quelques mois. L’année suivante, une partie des membres de la coopérative réinvestissent les bénéfices de leurs récoltes pour s’approprier la coopérative qu’ils renomment Kagera Cooperative Union (KCU).

Cette année 1990 constitue une date importante pour ces producteurs regroupés dans cette nouvelle organisation. Ils obtiennent en effet la licence d’exportation qui leur permet de traiter en direct avec les acheteurs internationaux, ouvrent des bureaux dans la ville de Moshi, siège de la bourse tanzanienne du café, et entament cette même année leurs collaborations avec les organisations du commerce équitable 14.

Des relations historiquesavec le commerce équitable

Les relations de la Kagera Cooperative Union avec les organisations du commerce équitable sont historique-ment très importantes.

En effet, la refondation de la coopérative dans les an-nées 1990 s’est faite grâce au soutien direct et impor-tant des principaux acteurs du secteur alternatif, dont Max Havelaar et la FLO, qui ont accompagné la mise en place des structures techniques et commerciales qui ont permis à la Kagera Cooperative Union de prendre en charge les activités de transformation, de logistique et de vente de la production. La Kagera Cooperative Union a commercialisé près de 8000 tonnes de café aux conditions pratiquées par Max Havelaar pour environ 5 millions de dollars de recettes, dont les bénéfices sont reversés pour moitié directe-ment aux cultivateurs.Compte tenu du fait que les ventes aux organisations du commerce équitable ne représentent que 8 % du volume total des ventes, ces revenus supplémentaires distribués à l’ensemble des producteurs peuvent paraî-tre modestes mais c’est surtout le caractère garanti sur la durée des prix pratiqués par ces organisations qui a pris de l’importance.

Pendant la seconde moitié des années 1990, tandis que s’effondraient les cours du café, les prix pratiqués par les organisations du commerce équitable (jusqu’à 5 ou 6 fois plus élevés) ont permis à la KCU de doubler les montants reversés aux producteurs 15.

La KCU aujourd’hui

La Kagera Cooperative Union se compose aujourd’hui de 125 groupes locaux qui regroupent près de 60 000 producteurs de Robusta et d’Arabica 16 de la région de Kagera, une région isolée et pauvre malgré la fertilité des sols. Plus d’un tiers des exportations est commer-cialisé auprès des acheteurs du commerce équitable qui proposent aux producteurs un prix garanti nette-ment supérieur au prix du marché.

Grâce à ces ressources, et malgré un environnement difficile, la Kagera Cooperative Union a engagé des ef-forts considérables pour professionnaliser ses services et investir avec succès les activités les plus rentables et génératrices de valeur ajoutée. Le bureau d’exportation ouvert à Moshi avec le soutien des acteurs du commer-ce équitable est aujourd’hui reconnu pour ses compé-tences en matière de vente aux enchères, d’évaluation de la qualité et de gestion financière des transactions. De fait, l’expérience acquise par les dirigeants de la coopérative dans les domaines commerciaux se traduit par une capacité à mieux vendre la production sur les marchés aux enchères avec un impact direct pour les revenus des paysans.

En outre, la Kagera Cooperative Union s’est distinguée ces dernières années en investissant une part signifi-cative de ses ressources dans l’acquisition partielle de son propre site industriel de transformation de café ins-tantané, l’usine de TANICA (Tanganyika Instant Coffee Company Limited – voir encart), grâce à laquelle les experts en goût de la coopérative sont en mesure de mieux contrôler la qualité et la saveur du café.

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Les bénéfices du commerce équitable

La Kagera Cooperative Union est aujourd’hui l’une des coopératives de production de café les plus renommées d’Afrique, en particulier pour sa maîtrise des circuits de production, de transformation et de commercialisation du café sur les marchés inter-nationaux. Cette position, d’autant plus remarquable qu’elle a été atteinte dans un environnement de crise majeure du marché du café, repose en partie sur les relations que la coopérative a su nouer dès ses débuts avec les acteurs du commerce équitable qui, non contents de proposer des conditions commerciales beaucoup plus stables et avantageuses, ont apporté un soutien important pour la plupart de ses projets de développement et de création de valeur. Ainsi, c’est l’organisation TWIN qui a apporté les ressources techniques nécessaires pour transformer le bureau d’exportation de la coopérative (perçu autrefois comme un bastion de la bureaucratie) en une agence dynamique et efficace, grâce notamment à l’informatisation des tâches administratives.

Au niveau social, les primes versées par les acheteurs du commerce équitable ont permis à plusieurs projets de voir le jour :

• Construction de trois écoles secondaires

• Octroi de bourses d’études aux enfants des paysans

• Soutien financier aux femmes seules de la région

Lorsqu’on lui demande si le commerce équitable est important pour la coopérative dans le contexte des prix élevés du café conventionnel, Vedastus Ngaiza, le directeur de Kagera Cooperative Union, partenaire d’Oxfam Fairtrade depuis 1990, répond : « Absolument. Le commerce équitable est en effet bien plus que le prix payé pour le café. En premier lieu, le commerce équitable rend nos organisations de producteurs plus fortes. Au-delà du prix minimum, le commerce équitable paye aussi une prime de 10 cents la livre. Les coopératives décident démocratiquement de ce à quoi la prime sera consacrée. Dans les villages de Kagera, les paysans et les paysannes en discutent vivement : réparons-nous le pont ou utilisons-nous l’argent à la construction d’une école ? Très souvent, l’argent est investi dans l’enseignement. L’important, c’est que la prime du commerce équitable stimule les gens pour débattre sur les plans d’avenir. La prime leur donne la confiance - par leurs efforts communs - qu’ils peuvent améliorer leur situation de vie » 17.

De l’équitable au biologique

En contribuant à souligner l’importance de la qualité dans la valeur du produit, les organisations du commerce équitable ont accompagné le mouvement qui a fait de la Kagera Cooperative Union l’une des coopératives africaines les plus dynamiques. Très mobilisés, les dirigeants de la coopérative ont engagé de nombreux projets d’amélio-ration de la qualité et réalisé plusieurs investissements productifs :

• Création d’un fonds pour l’achat des récoltes (même en cas de baisse des cours)

• Création d’une banque coopérative

• Augmentation des parts dans le site de transformation

• Mise en place d’une unité de conditionnement du café soluble pour l’exportation

Mais surtout, la Kagera Cooperative Union a démarré depuis plusieurs années un projet de production de café biologique avec quatre villages pilotes, qui a pu être mis en place grâce aux financements obtenus par les filières équitables (dont UTZ).Les paysans sont ainsi incités à revenir à des méthodes exclusivement naturelles d’ex-ploitation des terres par rotation entre cultures vivrières (maïs, haricots, bananes, etc.) et cultures de rente comme le café. Depuis 1999, la KCU est d’ailleurs membre de l’IFOAM, l’association internationale de référence pour la production biologique.

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Porte-parole des producteurs de Tanzanie

Forte de son expérience et du succès de ses expérimentations, la Kagera Cooperative Union s’est engagée aux côtés d’autres coopératives tanzaniennes en particulier pour leurs activités d’export en les accompagnant dans les arcanes des ventes aux enchè-res. Ce soutien apporté à d’autres coopératives ainsi que la notoriété acquise par la KCU depuis de nombreuses années ont contribué à sa visibilité internationale et à sa crédibilité en tant qu’interlocuteur des organisations du commerce alternatif mondial. Son directeur des exportations a d’ailleurs été invité à de nombreuses reprises à s’ex-primer dans le cadre de forums et de rencontres aux Etats-Unis et en Europe où la

coopérative assume le rôle de porte-parole des producteurs de Tanzanie.

Tanica

L’usine de TANICA (Tanganyika Instant Coffee Company Limited) est l’un des deux seuls sites de transformation du café instantané en Afrique qui n’appartien-nent pas à Nestlé, la multinationale de l’agroalimentaire. Allemande à l’origine, l’usine située à Bukoba, la capitale de la région de Kagera, appartient depuis peu conjointement à la Kagera Cooperative Union et à la KDCU (Karagwe District Cooperative Union).

La fabrication du café instantané permet de valoriser de grandes quantités de café vert générant ainsi une plus-value importante qui est réalisée dans la région de culture. Aujourd’hui, TANICA emploie environ 110 collaborateurs dont deux tiers d’entre eux sont des femmes. Diverses tâches de conditionnement, d’em-ballage et de chargement de navires ont conduit à la création d’emplois supplé-mentaires dans la ville portuaire de Dar-es-Salaam.Une part importante du café instantané est écoulée sur le marché tanzanien et dans les pays voisins d’Afrique orientale ; en Europe, c’est le commerce équitable qui organise les possibilités de distribution. Depuis peu, TANICA est en mesure d’offrir également du café instantané certifié biologique 18.

John Kanjagaile, l’un des responsables de la KCU, témoigne de l’importance stra-tégique de ce projet : « Votre prix minimum garanti est une aubaine pour nous. Mais le commerce équitable est bien plus qu’un prix minimum garanti. Votre meilleur prix pousse les acheteurs traditionnels à payer un prix plus élevé. Et grâce à la plus-value du commerce équitable, nous pouvons acheter des parts dans l’usine. Ces parts sont importantes, car nous soupçonnons Nestlé de vouloir acheter l’usine. C’est la seule usine de café soluble d’Afrique qui n’appartient pas à Nestlé. Si Nestlé achetait notre usine, son monopole serait absolu. Plus nous achetons de parts, plus il sera difficile pour Nestlé de mettre la main sur l’usine. Le commerce équi-table est aussi le moteur du succès de notre café biologique. Vous parvenez à convaincre les paysans d’utiliser des engrais biologiques et d’entreposer les grains de café bio à part. Et vous couvrez une partie des coûts » 19.

Pour en savoir plus : www.kcu-tz.comwww.omdm.be www.mdm.chwww.fao.org www.fairtradegemeenten.be www.fairtrade.org.ukwww.epicerie-equitable.comwww.ethiquable.com

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ARTISAN DEVELOPMENT AGENCY OF TANZANIA (ADAT)

Dans les zones urbaines de Tanzanie, l’industrie textile fournit de l’emploi à de nombreux hommes et femmes qui travaillent essentiellement au sein de petits ate-liers ou dans leurs maisons. A base de coton ou de toile de jute brodées, tissées à la main et décorées, leurs créations s’inspirent souvent des méthodes tradition-nelles d’Afrique de l’est. Membre de COFTA, l’Agence Tanzanienne de Développement de l’Artisanat (Arti-san Development Agency of Tanzania - ADAT) est une organisation non-gouverne-mentale qui soutient l’entreprenariat féminin en formant des femmes en difficulté sociale dans tout le pays aux métiers du tissage et de l’artisanat du textile. L’ADAT aide ces apprenties artisans à acquérir leur métier à tisser et leurs matériels et les soutient dans la création de leurs propres entreprises 20.

Les femmes accueillies et soutenues par l’Agence Tanzanienne de Développement de l’Artisanat (ADAT) sont non seulement formées aux techniques de l’artisanat textile (tissage, broderie, création de motifs, etc.) mais aussi aux différentes fa-cettes du métier de chef d’entreprise, y compris la gestion, le marketing et le ma-nagement. D’ailleurs, nombre de ces femmes qui ont créé leurs propres activités accueillent maintenant chez elles des stagiaires en formation.

Pour en savoir plus : www.oxfamirelandshop.com www.wiserearth.org www.unido.orgwww.cofta.org

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MIKONO

Créée en 1996 avec comme principe fondateur la participation des artisans tanza-niens aux processus de décision et de gestion, Mikono est une entreprise autonome de commercialisation d’artisanat qui s’est fixée pour objectif de créer de l’emploi durable dans les métiers de l’artisanat traditionnel pour les jeunes marginalisés, les femmes seules et toutes les personnes victimes de précarité en Tanzanie. Pour réaliser ces ambitions, Mikono s’engage pour soutenir les artisans dans leurs projets et favoriser leur autonomie par des actions de développement commercial, de préservation des traditions artisanales locales, de sensibilisation aux conditions de vie difficiles des producteurs et de promotion des valeurs du commerce équi-table. Concrètement, Mikono assure la formation de ces personnes en difficulté sociale, les conseille dans leurs projets, les accompagne dans la gestion administrative et financière de leurs activités et organise des manifestations de présentation de leurs œuvres auprès d’acheteurs potentiels.

Jusqu’en 1996, Mikono était une organisation publique, la Handicraft Marketing Company Tanzania Ltd (HANDICO) qui a été reprise par ses travailleurs (à l’occasion d’un processus de privatisation) pour développer une offre de produits artisanaux recentrée sur le patrimoine traditionnel tanzanien. A la différence de la plupart de ses concurrents privés, Mikono a d’abord été créée pour favoriser l’indépendance économique des créateurs marginalisés. Dans le paysage de l’artisanat tanzanien, Mikono se distingue en outre par son engagement en faveur de la préservation des arts indigènes tanzaniens et son sou-tien à la création originale des artisans qu’elle accompagne et qu’elle traite comme des artistes à part entière en valorisant leurs traditions propres et l’héritage de leur environnement.

Au moment de son acquisition par les travailleurs, l’entreprise, incapable d’honorer ses commandes (en particulier à l’export), traversait une situation très difficile. De-puis, la société a retrouvé sa crédibilité et ses clients en établissant en particulier des relations privilégiées avec des importateurs en Allemagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, en Australie et en Grande-Bretagne. Les matériaux utilisés pour la fabrication des créations des artisans de Mikono, qu’il s’agisse d’objets utilitaires (comme des coupes ou des petits meubles) ou de dé-coration, proviennent en règle générale d’essences de bois durs, comme l’ébène, arbre noble s’il en est. Les responsables de Mikono sont toutefois particulièrement sensibles aux questions environnementales et de déforestation et les artisans qui travaillent pour Mikono sont incités à enregistrer leurs activités auprès des services de l’Etat tanzanien chargés du contrôle forestier. Dans le cadre de ses activités extra-commerciales, Mikono est à l’origine de plu-sieurs projets sociaux, comme le projet UNIDO qui a pour objectif d’aider les fem-mes à travailler tout en conservant leur rôle traditionnel dans les communautés. En outre, l’entreprise est affiliée à COFTA, l’association africaine du commerce équitable.

Pour en savoir plus : www.cofta.org

www.omdm.be

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KWANZA COLLECTIONS

Créé en 2001, Kwanza Collections fait partie de l’ONG tanzanienne Amka qui déve-loppe et fournit des services d’appui commercial aux petites et moyennes entrepri-ses en Tanzanie. Au sein d’Amka, Kwanza Collections a pour rôle de soutenir et de gérer la commercialisation à l’export des créations des artisans des zones rurales. Au total, ce sont près de 2 000 artisans tanzaniens dont les œuvres, des pièces de batik, de poterie, de sculpture sur bois, d’instruments de musique et de textiles sont vendues par Kwanza Collections tant sur les marchés locaux, en particulier à Dar Es Salaam et à Zanzibar, qu’auprès des acheteurs du commerce équitable, dont Dix Mille Villages, l’une des plus importantes organisations américaines de commerce alternatif.

Membre de COFTA, l’organisation africaine du commerce équitable, Kwanza Col-lections inscrit ses activités dans le cadre de valeurs sociales fortes en se fixant pour mission la réduction de la pauvreté dans les zones rurales. Pour ce faire, Kwanza Collections aide les artisans et les petites coopératives artisanales à s’ap-proprier les principes et les règles du commerce international, à s’organiser autour de ressources et de projets communs, à améliorer la qualité de leur production et à développer de nouvelles techniques.

Avec le soutien d’Amka, sa « maison-mère », Kwanza Collections identifie de nou-velles niches de marché, propose aux artisans des formations techniques et des avances financières et les aide à se faire connaître lors d’évènements promotion-nels ou de foires commerciales.

Pour en savoir plus : www.ilo.org www.cofta.org www.tenthousandsvillages.ca www.catgen.com

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GETTING OLD IS TO GROW (GOIG)

Fondée en 1991, Getting Old Is to Grow (GOIG, qu’on pourrait traduire par « Vieillir, c’est Grandir ») est une ONG tanzanienne créée par Grace Matemba pour former les femmes seules et les jeunes en difficulté des grandes villes aux métiers de l’ar-tisanat traditionnel, du commerce et de la reliure. La spécificité de cette associa-tion membre de COFTA est de solliciter en tant que formateurs ou mentors de ces jeunes des artisans ou des commerçants à la retraite ou retirés des affaires, tandis que les responsables de GOIG assurent l’encadrement, la promotion et la commer-cialisation de leurs créations sur les marchés locaux et internationaux.

Qu’il s’agisse de tapis, de tables, de hamacs ou de reliures livres, toutes les produc-tions artisanales de l’ONG Getting Old Is to Grow sont faites main et sont vendues aux hôtels, aux agences touristiques et aux boutiques de souvenirs dans toute l’Afrique orientale. Une autre part de la production de GOIG est commercialisée en Europe via les filières équitables, notamment par Oxfam-Magasins du monde (Ox-fam Irlande en particulier). Grâce à l’appui des agences de développement et des organisations du commerce alternatif, l’ONG Getting Old Is to Grow a ouvert à Dar Es Salaam un centre de formation où sont aujourd’hui accueillis et formés plus de cent femmes et jeunes aux métiers de l’artisanat, du commerce et de la reliure. L’ONG est amenée à gérer certaines des conséquences les plus terribles des fléaux qui affectent l’Afrique, en particulier le virus du SIDA qui fait des ravages en particu-lier dans les générations intermédiaires, et un grand nombre des femmes qui sont accueillies dans le centre de formation sont des grands-mères d’enfants dont les parents sont morts du SIDA. Ces femmes âgées ont besoin de revenus pour nourrir les petits enfants qu’elles doivent élever et l’ONG Getting Old Is to Grow leur donne une formation, les accueille et gère la vente de leurs créations artisanales.

Mary Oyo, une de ces grands-mères, témoigne :« A cause de l’épidémie de SIDA / HIV, nous les grands-mères, nous devons nous occuper de nos petits-enfants. Nous sommes les racines et les petits-enfants se-ront la lumière… Nous devons être certaines que nos petits-enfants les plus jeunes apprendront à se débrouiller dans la vie » 21 .

Pour réaliser cette mission, l’ONG Getting Old Is to Grow s’est engagée dans le projet Nyanya Crafts Project soutenu par l’Agence Américaine de Développement de l’Afrique (USADF). Ce projet vise, d’une part, à apporter un soutien financier à ces grands-mères et à les aider à commercialiser leurs créations en Afrique et en Amérique du nord et, d’autre part, à les intégrer à une coopérative qui prend en charge leurs investissements et assure l’éducation des enfants.

Pour en savoir plus : http://nyanyaproject.orgwww.adf.gov www.cofta.orgwww.oxfamirelandshop.com

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MARVELLOUS CRAFTS

Créée il y a une quinzaine d’années par Flotea Masawe à Dar Es Salaam, la capi-tale tanzanienne, Marvellous Crafts est un atelier de création d’objets artisanaux traditionnels en textiles tissés et décorés (coussins, sacs, couvre-lits, rideaux, ha-macs, etc.) qui sont commercialisés en grande partie auprès des opérateurs du commerce alternatif (Oxfam-Magasins du monde, B2B FairTrade Direct, etc.). L’en-treprise s’est fixée pour mission de « travailler avec les femmes en difficulté et les jeunes pour les former et créer ensemble des produits compétitifs et de qualité et pour promouvoir ces produits dans le respect des critères du commerce équitable avec pour horizon de devenir l’un des leaders de l’artisanat textile traditionnel en Afrique de l’est » 22.

Membres de l’IFAT, de COFTA et de TAFAT, l’entreprise s’est distinguée à de nom-breuses reprises pour son engagement en faveur du commerce équitable et pour avoir appliqué ces principes à ses travailleurs et à ses stagiaires qui, en plus d’une formation, reçoivent des rémunérations plus importantes que celles qu’ils rece-vraient dans d’autres entreprises. A ces efforts entrepris pour la formation et de l’emploi s’ajoutent de nombreuses actions sociales en faveur de la santé et de l’éducation des travailleurs et de leurs familles qui bénéficient ainsi directement de l’impact économique du commerce équitable.

Depuis sa création en 1992, Marvellous Crafts a développé ses activités avec le soutien de plusieurs organisations de soutien au développement économique local (Vital voices, Aid to Artisans, Tanzanian Gatsby Trust). Le bilan de l’entreprise est plutôt éloquent : plus de deux cents personnes ont été formées aux métiers du tex-tile et nombre d’entre elles ont créé à leur tour leurs propres entreprises et accueilli ainsi de nouveaux stagiaires en formation.

Pour en savoir plus : www.marvelous.co.tz www.b2bfairtradedirect.com www.cofta.orgwww.atawebstore.org

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FAMILY ALLIANCE FOR DEVELOPMENT AND COOPERATIONFADECO Fondée en 1995, l’Alliance Familiale pour le Développement et la Coopération (Family Alliance for Development and Cooperation – FADECO) se définit comme « une organisation humanitaire et œcuménique » de services aux familles, consi-dérées comme les cellules de base de la communauté (« grassroots community »).

En tant qu’organisation non-gouvernementale, FADECO s’est fixée pour mission d’œuvrer « pour le développement durable des communautés familiales pour réduire la pauvreté et élever les niveaux de vie (de ces communautés) » 23. Pour ce faire, l’organisation développe toute une série de programmes d’assistance aux familles dans les domaines économiques, environnementaux, sociaux ou de santé. En matières sociale et de santé, les services développés par l’Alliance Familiale pour le Développement et la Coopération concernent en particulier la construction de lo-gements pour les plus démunis et l’organisation de campagnes d’éducation sexuelle dans les écoles et les clubs sportifs pour contrer la propagation du virus HIV / SIDA. Membre de l’IFAT et de COFTA, FADECO a par ailleurs mis en place plusieurs programmes d’aide au développement économique pour les communautés familiales qui s’inscrivent dans le cadre du commerce équitable, durable et biologique.

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Ainsi en matière agricole, FADECO déploie des efforts depuis 1993 pour promouvoir l’agriculture biologique et durable, considérée comme « la voie vers le développe-ment durable des communautés », en pilotant de nombreux projets et des actions spécifiques en faveur des familles de paysans dans les domaines suivants :

• La production agricole biologique

• La formation des agriculteurs

• L’agroforesterie et la plantation d’arbres

• La conservation et la fertilisation naturelle des sols

• La commercialisation des récoltes

En outre, afin de soutenir la commercialisation des productions des familles de la région de Kagera, l’Alliance Familiale pour le Développement et la Coopération (FADECO) a créé Rift Valley Foods, la marque sous laquelle sont vendus des fruits séchés, du miel et des produits dérivés, des épices, des produits laitiers et des produits biologiques. Afin d’aider les producteurs à intégrer les circuits de distribution de Rift Valley Foods, FADECO met à leur disposition des sécheuses solaires qui se présentent comme de petites cages exposées au soleil et à l’intérieur desquelles les fruits protégés des insectes et des parasites sont mis à sécher.

Dans tous les domaines que couvre l’Alliance Familiale pour le Développement et la Coopération (FADECO), qu’il s’agisse d’éducation, de soutien économique ou de préservation de l’environnement, on constate une très forte sensibilité à l’innovation et une capacité impressionnante de l’ONG tanzanienne à exploiter les techniques et les technologies les plus adaptées à ses missions. Ainsi, tant dans le domaine de la lutte contre la propagation du SIDA (avec l’orga-nisation de campagnes d’éducation sexuelle dans toutes les organisations de jeu-nes), que de l’enseignement (et, en particulier, la création d’un centre de ressources pédagogiques en ligne 24 ) ou la sensibilisation des familles des zones rurales au commerce durable, l’Alliance Familiale pour le Développement et la Coopération s’illustre par sa capacité à identifier et à exploiter les solutions concrètes les plus innovantes. Pour en savoir plus : www.fadeco.org http://wikieducator.org/Community_Media/FADECO www.cofta.org

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KIBENA TEA

Localisée dans le District d’Iringa dans le sud de la Tanzanie, le site de production de thé de la compagnie Kibena Tea se compose d’une immense plantation et d’une usine de séchage et de transformation mise en place dans le cadre du programme de Coopération au Développement du Commonwealth (Commonwealth Development Cooperation) pour développer l’activité économique dans cette région très pauvre. La compagnie emploie environ 430 hommes et femmes sur la plantation et plus d’une centaine dans l’usine.

Certifiée FLO, la compagnie Kibena Tea commercialise une part relativement im-portante de sa production de thé auprès des organisations du commerce équitable (dont Edgcumbes Fair Trade et Traidcraft) au bénéfice des travailleurs qui reçoivent des salaires plus élevés que dans n’importe quelle usine tanzanienne 25 et bénéficient de soins de santé et de conditions de travail de très bonne qualité (notamment en matière de sécurité). Les travailleurs de Kibena Tea sont très attachés aux relations étroites qu’ils entre-tiennent avec les acteurs du commerce équitable, comme le souligne Joyce Mfum-bilwa, le superviseur des récoltes : « Mon message aux acheteurs au Royaume-Uni et dans les pays européens est que je vous encourage à acheter plus de thé de Kibena pour que nous puissions tirer tous les bénéfices du commerce équitable et des primes associées » 26 .

Le choix des projets réalisés grâce aux primes Premium du commerce équitable est fait conjointement par la direction et les travailleurs. Ont notamment été financées les actions suivantes :

• Construction de trois écoles (pour 650 enfants) et fourniture du matériel scolaire

• Création de pistes cyclables dans toute la zone de production (les premières enTanzanie)

• Création d’un fonds de prévoyance santé pour les salariés du site

Richard est le professeur principal de l’école primaire Itulahumba construite et équipée grâce aux primes du commerce équitable. Pour lui, la clé du développement, c’est évidement l’éducation et les besoins sont importants : « Nous sommes très contents de nos nouvelles classes. Cela fait une grande différence, parce que sans l’argent du commerce équitable, nous n’aurions pas de tels bâtiments pour nos écoles » 27.

Pour en savoir plus : www.edgcumbes.co.uk www.traidcraftshop.co.uk

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KILIFLORA LIMITED

Situées au pied du Mont Menu dans le district d’Arusha, au nord de la Tanzanie, les terres des hor-ticulteurs de Kiliflora Limited donnent sur le majes-tueux sommet enneigé du Kilimandjaro. La coopéra-tive, qui commercialise des roses depuis 1993 sous la marque Kiliflora, est née de la fusion des fermes de Nduruma et de Loliondo qui sont certifiées équi-tables depuis 2003 28.

Avec près de 1200 ouvrières et ouvriers, les fermes de Kiliflora produisent entre 200 000 et 400 000 roses par jour qui sont pour l’essentiel exportées vers l’Europe, dont une moitié à peu près (46 % en 2009) auprès des importateurs du commerce équitable.

Certifiée FLO-Max Havelaar mais aussi Flower Label programme 29 (FLP) et MPS 30 (Mileau programma Sier-teelt - Floriculture Environment Programme), Kiliflora Limited apparaît comme une coopérative floricole de commerce équitable et durable exemplaire. Depuis l’obtention de la certification équitable, la coopérative progresse dans quasiment tous les secteurs, social bien sûr, mais aussi économique, commercial et environne-mental. Les recettes générées par la vente des roses couvrent l’ensemble des coûts de production et garantissent des revenus réguliers et relativement élevés aux travailleu-ses et travailleurs de la coopérative. Depuis l’adhésion de la coopérative au commerce équitable, les salaires mensuels des femmes et des hommes qui y travaillent ont doublé (passant de 65 000 Shillings, soit environ 38 euros, à 120 000 shillings, à peu près 70 euros).

Collectée par le Comité Kiliflora Joint Body, qui associe travailleurs et direction de la coopérative, et gérée par le Kiliflora Development Fund avec le soutien de Max Havelaar France, la prime équitable d’un montant d’environ

800 000 euros par an 31 a permis de mener à bien un nombre impressionnant de projets de développement :

Création d’un dispensaire médical

Projet prioritaire du Kiliflora Development Fund, la créa-tion de ce dispensaire médical répondait à un besoin criant en installations de santé sur la zone. Aujourd’hui, ce dispensaire accueille l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de la coopérative ainsi que les habi-tants des villages alentours.

Distribution de moustiquaires et filets antimoustiques

La malaria, aussi appelée paludisme, est un fléau terri-ble, l’une des maladies les plus meurtrières au monde, avec près d’un million de morts chaque année, essen-tiellement en Afrique. La Tanzanie souffre terriblement de cette maladie qui tue environ 200 enfants de moins de cinq ans chaque jour. Aussi, pour réduire cette mor-talité dans la région, le Kiliflora Development Fund a décidé l’achat de milliers de moustiquaires qui ont été distribuées à tous les travailleurs à raison de trois par famille.

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Construction de salles de classe

L’éducation est toujours considérée comme une priorité majeure dans les coopératives, en particulier dans celles qui travaillent en direct avec les organisations du com-merce équitable. Aussi, sur recommandation conjointe des ouvriers et de la direction associés au sein du Co-mité Kiliflora Joint Body, il a été décidé d’investir une part de la prime Fairtrade pour la construction d’une école comportant cinq salles de classe et l’achat de tout le mobilier (bancs, pupitres, tableaux noirs, etc.). Envi-ron 500 écolières et écoliers sont scolarisés ici, parmi lesquels des enfants d’ouvriers et ouvrières floricoles, ainsi que d’autres enfants de la région. A midi, un repas en partie payé par la prime Fairtrade est servi à tous les élèves. Grâce à la prime Fairtrade, davantage d’enfants peuvent fréquenter l’école. Le couvert leur étant fourni à midi, les élèves sont pris en charge du matin au soir, de sorte que les parents peuvent aller travailler l’esprit tranquille et venir chercher leurs enfants à l’école à la fin de la journée, avant de rentrer chez eux 32.Par ailleurs, les enfants qui souhaitent poursuivre leurs études secondaires reçoivent des subsides supplémen-taires pour couvrir les frais de scolarité.

Plantation d’arbres

Le développement durable est devenu une composante essentielle du commerce équitable et, confrontées aux risques écologiques, de nombreuses coopératives dans les pays en développement ont intégré cette dimension et la nécessité d’inscrire leur développement dans une démarche de respect de l’environnement. C’est notam-ment le cas des responsables et des travailleurs de Ki-liflora qui ont investi une part des primes du commerce équitable pour planter plus de 260 000 arbres a proxi-mité des villages qui entourent la coopérative et près des écoles. En quelques années, les résultats de cette initiative sont déjà perceptibles : dans les environs des villages, la dégradation des sols et la déforestation ten-dent à diminuer et les villages reverdissent.

Un exemple pour le commerce équitable et durable

En mission sur place pour la première fois, Alberto Her-nandez, 29 ans, manager fleurs et plantes depuis sep-tembre 2007 à la fondation Max Havelaar Suisse, est revenu impressionné de son expérience aux côtés des travailleuses et des travailleurs de Kiliflora : « Ce qui m’a le plus convaincu, c’est le fonctionnement du Joint Body, le comité mixte ouvriers-managers, qui gère de façon autonome les décisions de l’ensemble de la main-d’œuvre pour l’utilisation de la prime du com-merce équitable. Avec 10% du prix à l‘exportation, la prime Fairtrade représente beaucoup d’argent et chez Kiliflora cet argent est bien investi. Ce comité bénéficie du soutien du management.

Les projets sont discutés, priorisés, décidés. Parmi ceux réalisés, des logements familiaux améliorés, ainsi que plusieurs écoles et jardins d’enfants, ou des fontaines d’eau potable en de nombreux endroits. (…) Il y a aussi de plus petits projets comme la fabrication de petits ré-chauds de cuisine fonctionnant avec une pâte à base de canne à sucre ou la réalisation artisanale de lampes so-laires rudimentaires pour la maison, j’en passe. Tout cela influe sur l’ambiance générale qui est excellente, on se sent à l’aise chez Kiliflora qui est vraiment un exemple de développement et de dialogue Nord-Sud.

Choisir une rose du commerce équitable, c’est contri-buer à rendre l’existence plus digne – directement et indirectement – pour plus de 10 000 personnes de la région et beaucoup d’autres ailleurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine » 33.

Pour en savoir plus : www.kiliflora.com www.transfair.ca www.maxhavelaar.ch www.fairflowers.de www.my-mps.com www.kirchen.ch

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Depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992, les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques et aux conditions de vie des populations les plus pauvres. En réponse à cette prise de conscience progressive, les initiatives se multiplient pour proposer aux consommateurs du 21ème siècle des alternatives plus respectueuses de l’environnement et des êtres humains les plus exposés.

Le commerce durable, dont fait partie le commerce équitable, prend place lorsque les échanges commerciaux de biens et de services génèrent des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux en conformité avec les principes fondamentaux du développement durable :

• création de valeur économique ;

• réduction de la pauvreté et des inégalités ;

• régénération de ressources environnementales.

Ces principes s’imposent d’autant plus que les pays en développement sont les premières victimes du ré-chauffement climatique et de la dégradation de l’environnement qui provoque sécheresses et inondations au détriment des paysans qui constituent l’essentiel de la population de ces pays.

Ainsi que le souligne Ruth Simba du Réseau Africain de Commerce Equitable (COFTA), le commerce équitable, qui intègre (de plus en plus) des aspects environnementaux, devient une composante importante du développement : « Avec les critères de commerce équitable, qui incluent des critères environnementaux, nous devons rendre les produits durables, en recourant à des moyens naturels. Grâce à la prime de commerce équitable, les producteurs peuvent investir dans des méthodes de production durables, qui servent aussi à agir contre le changement clima-tique. Les coopératives peuvent jouer un rôle important de soutien aux producteurs. Dans les périodes difficiles, les paysans investissent la prime prioritairement dans les besoins sociaux. Des moyens sont donc nécessaires pour pouvoir réaliser une adaptation climatique, dans des domaines comme la production biologique, l’agroforesterie et l’irrigation » 34.

Les crises écologiques sont en train de devenir des problèmes majeurs pour ces paysans, dont les récoltes sont directement soumises aux changements climatiques. L’imprévisibilité des saisons, les sécheresses ou les fortes pluies combinées à l’érosion des sols affectent très durement les récoltes. Ainsi que le souligne les études d’Oxfam-Magasins du monde, « c’est le continent africain qui en subit l’impact le plus important. Les agriculteurs voient leurs sources de revenus se tarir : la production chute, la qualité baisse et des récoltes sont perdues. La sécheresse qui frappe aujourd’hui l’Afrique de l’Est est probablement la pire depuis 1991. La production de maïs du Kenya a diminué d’un tiers, avec un impact énorme sur les paysans pauvres et leurs familles » 35. Les régions de Tanzanie sont aussi durement atteintes et les producteurs de café tanzaniens (mais aussi ougan-dais) rapportent le fait que des pluies imprévisibles menacent la maturation et les récoltes avec, pour nombre de ces paysans, la crainte d’une chute de leurs revenus.

Confronté à cette situation, le gouvernement tanzanien s’efforce de mettre en place une politique de développe-ment qui intègre ces dimensions environnementales et durables. A titre d’exemple, le Projet de Développement Energétique lancé par le gouvernement en 2007 avec le soutien de la Banque mondial prévoit notamment de recourir aux énergies renouvelables, mais aussi de générer des unités de réduction des émissions de carbone qui pourront être mises sur le marché. D’après Dana Rysankova, spécialiste des questions énergétiques pour le Groupe Énergie-Afrique de la Banque mondiale, « ce projet permettra à la Tanzanie de privilégier les options d’énergie renouvelable les plus intéressantes, à savoir la production d’hydroélectricité dans des micro-centrales, la cogénération à partir de biomasse et l’énergie solaire » 36.

De fait, la Tanzanie apparaît comme l’un des pays d’Afrique de l’est les plus en pointe en matière de déve-loppement et de commerce durable. Qu’il s’agisse d’agriculture, d’exploitation forestière, de ressources éner-gétiques ou de projets halieutiques, en Tanzanie, des coopératives, des ONG ou des entreprises privées sont à l’origine d’initiatives innovantes intéressantes.

Pour en savoir plus : www.omdm.be www.riaed.net

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MPANGO PROJECT, UN PROJET SOUTENU PAR LE FOREST STEWARDSHIP COUNCIL (FSC)

Menaces sur les forêts

La Tanzanie a une couverture forestière importante et dotée d’une biodiversité très riche, et 40 % du pays est préservé dans le cadre de parcs naturels qui sont protégés par la Loi sur la Forêt de 2004. Mais, malgré le lancement en 1999 d’une vaste campagne de planta-tions d’arbres, près de 15 % de la couverture forestière du pays a disparu entre 1990 et 2005, à cause de la déforestation menée par les populations locales pour agrandir les terres arables ou pour collecter du bois de chauffage mais aussi à cause de l’exploitation forestière illégale (qui détruit 91 000 hectares de forêt tanzanienne par an) 37.

Mpingo, l’arbre à musique

En Tanzanie, deux compagnies sont dépositaires du certificat FSC qui garantit une gestion durable des ex-ploitations forestières. La plus importante d’entre elle développe une activité originale : la fabrication d’instruments de musique à partir de bois issus de forêts durables. En 2009, l’une des dernières forêts d’arbres Mpingo a été certifiée Forest Stewardship Council à la demande des habitants des villages qui bordent cette forêt du sud-est de la Tanzanie. Ces communautés vivent depuis toujours de l’exploitation de ces bois qu’elles récoltent et commercialisent, notamment le bois d’un arbre local, le dalbergia (appelé aussi ébène du Mozambique ou Mpingo en langue swahilie). Or cette essence est très recherchée en occident en particulier pour la fabrication d’instruments de musique comme les cornemuses, les clarinettes, les hautbois et les flutes à bec 38.

Le commerce durable, au service des communautés

En 1995, Steve Ball, un professeur d’écologie de l’uni-versité britannique de Cambridge créé l’association Mpingo Conservation Project qui a pour objectif d’aider les populations locales du sud-est de la Tanzanie à gé-rer durablement leurs forêts et à les exploiter comme il convient pour les préserver. En 2004, l’association acquiert le statut d’organisation non-gouvernementale et s’engage auprès des quelque 2 500 habitants des communautés forestières des villages de Kikole et Ki-sangi pour les aider obtenir leur certification FSC (Fo-rest Stewardship Council) et leur permettre de vivre de leurs ressources forestières, notamment de l’essence de Mpingo, qui est si réputée chez les luthiers et musi-ciens occidentaux. « C’est la première fois qu’une communauté locale de Tanzanie a la chance de bénéficier vraiment de sa forêt », affirme Steve Ball, qui coordonne le projet en Tanzanie de l’ONG Mpingo Conservation Project 39. Grâce au plan

de gestion durable de leur forêt qu’ils ont mis en place et à la certification « bois éthique » obtenue en avril 2009, les habitants commercialisent chaque tronc au prix de 19 dollars « au lieu de 0,08 avant la certification », ex-plique Steve Ball.Calculs de prélèvement, mesure de l’impact de l’ex-ploitation sur les sols, absence de produits chimiques, prise en compte de la régénération naturelle de la forêt, délimitation de zones non exploitées… Pendant plus deux ans et demi, les inspecteurs chargés de vérifier le respect des critères établis par le Forest Stewardship Council ont passé au peigne fin plus de 2 000 hectares de forêt avant d’attribuer la précieuse certification.

Pour en savoir plus : www.mpingoconservation.org www.blackwoodconservation.org

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Menaces sur les forêts

Leader mondial du thé, présent dans plus de 150 pays, la multinationale Unilever-Lipton s’est engagée depuis plus de dix ans en faveur de l’agriculture durable, en instituant dès les années1990 un programme respectant les principes éthiques de développement durable dans ses plantations au Kenya et en Tanzanie.En 2007, un nouveau pas est franchi lorsque la multinationale s’engage à s’approvi-sionner uniquement auprès de plantations certifiées Rainforest Alliance pour la tota-lité du thé Lipton vendu en sachet, entrainant avec elle ses nombreux fournisseurs. Organisation non gouvernementale reconnue, Rainforest Alliance développe des pro-grammes de certification de projets d’agriculture durable dans le monde entier et en particulier dans les pays en développement. Par ces actions, elle soutient la mise en place de systèmes agricoles productifs et responsables qui protègent la biodiversité et assurent le développement des communautés locales. Elaboré sur base de la Norme pour l’Agriculture Durable du SAN (Sustainable Agriculture Network) mise en place par une coalition internationale d’associations indépendantes, son programme de certification en agriculture durable est assez contraignant.Il exige d’évaluer les exploitations agricoles sur la base de critères environnementaux, sociaux et économiques 40.

Le label Rainforest Alliance garantit l’application et le respect de trois grands principes :

• la protection des ressources naturelles et de la biodiversité sur et autour des plantations,

• l’amélioration de la qualité de vie des cueilleurs de thé et de leur famille (juste rémunération, bonnes conditions de travail, accès au logement, centres de soins, accès à l’éducation, etc.)

• la viabilité économique des exploitations agricoles.

En s’engageant aux cotés de Rainforest Alliance, Unilever–Lipton participe égale-ment à la protection des espèces animales et végétales et de leurs habitats qui se trouvent à l’intérieur et autour des plantations. Mais la certification Rainforest Alliance permet aussi aux producteurs d’améliorer leurs techniques agricoles, de gagner en rentabilité et de renforcer leur pouvoir de négociation commerciale vis-à-vis des marques.Avec la certification, ce sont les acheteurs qui paieront plus cher. En s’approvision-nant auprès de plantations certifiées par Rainforest Alliance, la marque Lipton prévoit par exemple un budget supérieur pour l’achat du thé auprès des fournisseurs : il s’élèvera à 2 millions d’euros de plus par an d’ici 2010, puis à 5 millions d’euros par an d’ici 2015.

Pour en savoir plus : www.rainforest-alliance.org www.neo-planete.com

LIPTON, LE THE DURABLE CERTIFIE RAINFOREST ALLIANCE

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LA CERTIFICATION UTZ CERTIFIED

Très présent en Afrique de l’est, UTZ Certified est un pro-gramme de certification mon-dial 41 qui plaide « pour une production et des achats de café responsables » en offrant « la garantie d’une qualité so-

ciale et environnementale dans la production de café ». Géré par la Fondation UTZ, une organisation indépen-dante à but non lucratif, dont le siège est aux Pays-Bas et au Guatemala, le Code de conduite UTZ couvre trois domaines : les bonnes pratiques agricoles et commer-ciales, les critères sociaux au regard des conventions de l’Organisation Internationale du Travail, et les critères environnementaux.

Développés en Tanzanie à partir du début des années 2000, les projets d’adoption de la norme UTZ sur les productions des caféiculteurs tanzaniens concernent en très grande majorité des grandes plantations de café, généralement gérées par des exploitants expéri-mentés qui travaillent dans le secteur du café depuis longtemps et qui souvent bénéficient déjà d’une bonne expérience de la conformité aux normes de développe-ment durable. Il est à noter que toutes les plantations conformes à la norme UTZ sont des entreprises privées dont la direc-tion compte des responsables étrangers et qui ont ac-cès aux capitaux nécessaires à l’investissement à long terme et au financement des coûts d’exploitation.

La certification, un parcours difficile

Le cas de la certification UTZ illustre bien les difficultés que rencontrent les petits exploitants et les coopérati-ves de producteurs à s’inscrire dans le cadre des pro-grammes de certification durable.En effet, ainsi que le montre les études réalisées sur le sujet, ce sont souvent les exploitations les plus impor-tantes ou celles dont les responsables sont déjà sensibi-lisés aux questions de certification qui sont aujourd’hui les plus à même d’intégrer ces programmes. Autrement dit, rarement ceux qui en ont le plus besoin. Les organisations de promotion et de certification du commerce équitable, biologique ou durable sont pleine-ment conscientes de cette situation et du fait que pour accompagner les organisations de producteurs vers la certification, il y a un certain nombre d’obstacles à lever : Les coûts de la certification : Ceux-ci dépendent lar-gement du type de certification visée mais globalement le passage à une production certifiée impose à l’organi-sation de producteurs des coûts qui sont relativement importants et qui comprennent tant les coûts directs.

(documentation, recherche, certification, investisse-ments obligatoires, etc.) que les coûts indirects (temps passé en formation, délais de rentabilité accrus, confor-mité à la législation sociale et environnementale, etc.)

Changements organisationnels : Par certains as-pects, le changement des habitudes et des méthodes constitue souvent l’un des obstacles principaux à la certification. En effet, aussi bien dans les domaines de la production que de la commercialisation, la certifica-tion impose aux producteurs d’adopter de nouvelles pratiques dont les bénéfices ne sont pas toujours per-çus immédiatement. L’abandon des solutions faciles : L’obtention de la certification durable, responsable ou biologique re-quiert notamment de renoncer aux pesticides ou aux engrais artificiels (dont l’usage est toutefois peu ré-pandu en Tanzanie) au profit de solutions naturelles qui nécessitent parfois un surcroît de travail de la part des cultivateurs ainsi que l’adaptation des plantations (avec par exemple la plantation d’essences mélangées pour enrichir les sols naturellement).

Les investissements et les efforts nécessaires pour le-ver ou contourner tous ces obstacles ne sont pas à la portée de toutes les organisations de producteurs, loin de là. Les groupements les plus fragiles ou les moins sensibilisés ne sont généralement pas en mesure d’in-tégrer les processus de certification sans une aide ex-térieure technique et financière. Ce constat, validé par plusieurs études, souligne l’im-portance du soutien apporté par les organisations non-gouvernementales et les agences d’aide au dévelop-pement qui interviennent pour sensibiliser et former les producteurs et leurs fédérations, pour prendre en charge les coûts directs et accompagner l’exploitation commerciale de ces initiatives.

Pour en savoir plus : www.omdm.bewww.fao.orgwww.utz-certified.org

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LA PECHE DURABLE DANS LES GRANDS LACS : UN ENJEU MAJEUR

Depuis avril 2009, une filière de pêche est certifiée durable sur les rivages du Lac Victoria en Tanzanie et ce, après de longues années de débats et de né-gociations difficiles. Deuxième plus grand lac d’eau douce du monde avec une superficie de 68 800 km², le Lac Victoria borde trois pays d’Afrique de l’est : la Tanzanie (pour 51 % de ses côtes), l’Ouganda (43 %) et le Kenya (6 %). En Europe, le Lac Victoria s’est particulièrement fait connaître en 2005 avec la sortie sur les écrans de cinéma du documentaire « Le Cauchemar de Darwin » d’Hubert Sauper qui décrit la situation alarmante des populations riveraines du lac qui dépendent de plus en plus d’une ressource à la fois précieuse et prédatrice : la « perche du Nil », un poisson très apprécié des consommateurs des pays développés.Très lucrative, cette pêche génère plus de 100 millions de dollars de recettes annuelles et emploie directement près de 700 000 personnes. Mais cette activité écono-mique génère de nombreux effets pervers, en parti-culier en matière environnementale, avec notamment une surexploitation des ressources, une population éle-vée et de très importants déséquilibres constatés dans la biodiversité du lac et de ses rives.

C’est pour cela que la certification accordée après trois années d’évaluation par l’organisation alleman-de Naturland à près de huit sites de débarquement dans la région ouest du Lac Victoria impliquant près de mille pêcheurs tanzaniens de Bukoba constitue vraiment une révolution. D’autant que la question de la certification des pêcheries artisanales fait depuis des années l’objet de vifs débats entre organisations du commerce durable. Mais « cela valait la peine de déve-lopper cette niche » a estimé l’un des responsables de Naturland 42 qui ajoute que les premiers produits certifiés seront les filets sur glace et congelés qui seront com-mercialisés en Allemagne puis en Italie.

Les critères de certification retenus par l’organisation allemande pour évaluer la durabilité des activités de pê-che sont en particulier centrées sur :

• L’absence d’utilisation de méthodes de pêchedommageables,

• Une transformation « écologique » du produit, c’est àdire sans additifs artificiels ou ingénierie génétique,

• La mise en place d’un processus de certificationtransparent et public à toutes les étapes de la chaîne,

• Le respect de critères sociaux pour que le maintiendes moyens de subsistance des pêcheurs et de leur famille (ainsi que celui des ouvriers travaillants dans la transformation du produit) soit garanti.

Par ailleurs, des critères de calibration des prises ont été mis en place pour assurer que les pêcheurs reçoi-vent un prix équitable (nettement plus élevé que les prix d’achat habituellement pratiqués) pour leur poisson. En outre, à l’image de ce qui se fait dans le commerce équitable, des programmes sociaux sont financés dans le cadre de ce programme qui incluent des activités de formation, des actions de sensibilisation aux risques de propagation du virus du SIDA / HIV, des programmes de santé, l’installation d’une centrale d’eau potable, des investissements dans l’éducation des enfants, etc.

Le directeur des pêcheries tanzaniennes, Geogrey Na-nyaro, ne tarit pas d’éloges pour cette initiative qu’il qualifie de « pourvoyeuse de vie » (« life-giver ») en ajoutant que « la perche du Nil est un poisson extrê-mement important pour la Tanzanie dans le sens où (le Lac Victoria) est l’un des lacs les plus riches du monde et qu’il fournit du travail à près de quatre millions de personnes » 43.

Pour en savoir plus : www.naturland.de http://seafoodsource.comhttp://agritrade.cta.int

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Avec près de 62 486 hectares consacrés à la culture biologique, la Tanzanie occupe la 4ème place en Afrique en termes de superficie dédiée à ce type de production, derrière l’Ouganda (qui occupe la première place avec 296 000 hectares), la Tunisie (158 000 hectares) et l’Ethiopie (140 000 hectares) 44. L’essentiel de ces terres est consacré à culture biologique du café, du thé, du cacao et des fruits et légumes.

Dans son étude consacrée aux Marchés biologiques en Afrique 45, la Fédération Internationale des Mouvements Agricoles Biologiques (International Federation of Organic Agriculture Movements – IFOAM) souligne le fait que la production biologique est essentiellement destinée à l’exportation vers les marchés occidentaux, les produits certifiés étant beaucoup trop chers pour les Tanzaniens eux-mêmes. En outre, l’étude met en évidence le fait que « le potentiel de croissance de la production biologique en Tanzanie est très élevé, et cela est du au fait que les gens se sentent concernés par les questions de santé et de préservation de l’environnement. La conscience qu’ont les paysans et les consommateurs de ces questions de santé alimentaire constitue un atout très important pour le développement de l’agriculture biologique. Maintenant, il est crucial de développer des projets pilotes pour développer des marchés locaux pour ces produits biologiques » 46.

Afin de soutenir ce type d’initiatives et encourager les producteurs à s’engager dans des processus de certifi-cation, le gouvernement tanzanien a soutenu la création du Mouvement Tanzanien pour l’Agriculture Biologique (Tanzania Organic Agriculture Movement - TOAM) qui collabore notamment avec ses homologues du Kenya et de l’Ouganda pour mettre en place une certification biologique régionale sur l’Afrique de l’est.

Pour en savoir plus : www.organic-market.infowww.ifoam.org

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BIOLANDS, LE CACAO BIOLOGIQUE ET EQUITABLE

Fondé en 1999, Biolands International Ltd est le plus grand exportateur africain de cacao certifié biologique. L’entreprise a été mise en place dans le cadre d’un pro-gramme de coopération internationale qui présentait notamment pour spécificités le fait d’impliquer directement les petits producteurs locaux dans les processus de cer-tification biologique. Le modèle de coopération développé par Biolands intègre par ailleurs les principes du commerce équitable en garantissant aux 20 000 producteurs qui participent au projet des prix d’achat stables et plus élevés que ceux pratiqués sur les marchés traditionnels.

La certification biologique de la production est assurée par l’Institute for Marketology IMO, basée à Weinfelden en Suisse, l’une des agences de certification biologique de référence.

L’approche de Biolands repose sur une série d’engagements durables et équitables forts 47:

• Biolands assure la formation des petits producteurs de cacao aux techniques de l’agriculture durable et fournit l’assistance technique, les intrans (graines, etc.) et le matériel

• Biolands fait la promotion de la biodiversité pour l‘ensemble des cultures

• Biolands paie les fermiers en direct à un prix conseillé (supérieur aux cours desmarchés) et dès la livraison

• Biolands paie le même prix dans toute la région quelle que soit la distance à parcourir pour récupérer les sacs de cacao

• Biolands garantit une traçabilité de ses sacs de cacao jusqu’au fermier qui l’aproduit

• Le cacao est collecté et transporté jusqu’aux entrepôts de Biolands où la qualitéest vérifiée et les sacs préparés pour l’exportation

• Les équipes de Biolands sont des équipes locales. La compagnie Biolands fournitdu travail à environ 300 personnes.

Les bénéfices pour les petits producteurs sont importants, comme le souligne Bruno Mwakalyobi, Superviseur chez Biolands : « J’ai fait beaucoup de choses depuis que j’ai commencé à travailler pour Biolands en 2000. J’ai construit ma maison, acheté une petite voiture … J’ai aussi réussi à payer l’école à mes enfants, trois d’entre eux sont en secondaire et deux en primaire. Et tout cela grâce aux revenus dont je béné-ficie chez Biolands » 48.

Leader mondial des fabricants de produits à base de cacao, la société Barry Calle-baut a investi plusieurs dizaines de millions d’euros pour acquérir 49% des parts de Biolands en Tanzanie pour répondre aux demandes des consommateurs occidentaux et « mettre en place une industrie du cacao placée sous le signe du développement durable et améliorer avec la plus grande efficacité les conditions de vie des cultiva-teurs et de leurs familles » ainsi que l’annonce Patrick de Maeseneire, le Directeur de Barry Callebaut 49.

Pour en savoir plus : www.barry-callebaut.comwww.aecfafrica.org www.africanspecialityproducts.co.uk

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COTON BIO : LE PROJET BIORE® TANZANIE DE COOP NATURALINE

Avec plus de 4 millions d’articles de sa gamme Naturaline vendus en 2007, Coop est le premier distributeur mondial de textiles en coton biologique issu du com-merce équitable. Lancé en 1993, Naturaline est devenu l’un des principaux la-bels de qualité biologique pour la production de coton, synonyme de respect des hommes et de l’environnement.

La matière première, les fibres de coton cultivé dans le respect des critères de l’agri-culture biologique certifiée, provient essentiellement d’Inde et de Tanzanie où elle est produite et récoltée dans le cadre de projets de la fondation BioRe® (partenaire de Coop Naturaline) qui fixent des normes très contraignantes. En effet, de la plantation au produit fini commercialisé en Europe, l’intégralité des étapes et processus de la chaîne de transformation du coton répondent à des exigences sociales et environ-nementales sévères. Un organisme de contrôle indépendant vérifie, par ailleurs, une fois par an la conformité de la production aux critères sociaux et écologiques définis d’un bout à l’autre de la chaîne 50.

Le projet BioRE® TanzaniaLe projet BioRe® Tanzania a été lancé en 1994 sur le modèle du projet indien (qui fut le premier de la compagnie Coop) avec pour objectif la mise en place d’une filière de production de coton biologique certifiée et de qualité, et ce dans le respect des principes du commerce équitable et du développement harmonieux des communau-tés locales. Situé au nord-ouest de la Tanzanie, près de la ville de Shinyang dans le District de Meatu, le territoire retenu par la fondation BioRe® pour le premier projet africain de Coop Naturaline se trouve au cœur d’une région très pauvre où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et où plus d’un tiers des enfants souffre de malnutrition.Le projet BioRe® Tanzania repose sur la participation de près de 2 350 petits pro-ducteurs locaux de coton répartis dans quinze villages. Une fois récolté et collecté, le coton biologique brut est égrené dans un site de transformation situé dans la région puis transporté jusqu’au port de Dar Es Salaam, la capitale, d’où il est embarqué pour être filé en Europe ou en Inde.

Les bénéfices du commerce équitable, biologique …Les paysans tanzaniens affiliés au projet BioRe® Tanzania et à la compagnie Coop sont rémunérés pour leur production aux conditions du commerce équitable et bé-néficient en outre des primes de développement grâce auxquelles ont pu être mis en œuvre plusieurs projets pour les communautés : construction de puits et de pressoirs à huile, achat de matériels pour les écoles et création d’un fonds de solidarité.

… et durableAfin de compenser les quelques 30 tonnes de CO2 émises pour la production et le transport du coton mais aussi pour la fabrication des 20 000 teeshirts qui seront réalisés, le projet BioRe® Tanzania a mis en place un programme qui prévoit notam-ment l’installation de 30 fours à rendement énergétique amélioré grâce auxquels ces émissions seront compensées en un an.

Pour en savoir plus : www.coop.ch

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Les relations entre les agences de coopération au développement et le gouvernement tanzanien s’inscrivent dans une approche globale et intégrée, formalisée dans le cadre de la Stratégie d’Assistance conjointe pour la Tanzanie (JAST, Joint Assistance Strategy for Tanzania), qui organise et répartit les domaines de compétence et fixe un cadre cohérent pour l’intervention des partenaires du développement. Le soutien de la Belgique à la Tanzanie s’intègre dans ce cadre et, jusqu’en 2009, les interventions de la CTB, l’agence belge de développement se répartissaient, conformément à ces accords, sur certains secteurs : l’appui à la réforme de l’administration, la santé, l’enseignement, l’environnement, la décentralisation et la justice.

Le 26 octobre 2009 a été signé à Dar Es-Salaam le nouveau programme de coopération entre la Tanza-nie et la Belgique qui prévoit en particulier de concentrer les interventions de la CTB sur deux secteurs prioritaires qui sont la réforme des administrations locales (décentralisation) et la gestion des ressources naturelles. Le budget attribué à ces missions s’élève à 60 millions d’euros pour la période 2010-2013.Considérant que les ressources naturelles sont d’une importance cruciale pour le développement économique à long terme et pour la réduction de la pauvreté en général, le gouvernement belge s’est proposé de développer des programmes de soutien aux communautés tanzaniennes qui dépendent pour leur subsistance des ressources naturelles les entourant – à travers la pêche, l’agriculture, la chasse, l’élevage ou la sylviculture. C’est pourquoi la CTB continue d’appuyer des initiatives tanzaniennes combinant la protection de l’environnement et le dévelop-pement économique.De fait, la CTB n’intervient pas directement auprès des producteurs mais apporte son soutien à d’importants pro-grammes de protection de l’environnement dans plusieurs Districts en Tanzanie et ce, au bénéfice des paysans et de leurs familles. Deux programmes méritent d’être cités pour illustrer l’action concrète de la Belgique en faveur du développement et du commerce durable en Tanzanie :

Une filière durable pour la production de bananesEn collaboration avec le gouvernement tanzanien, la CTB soutient le projet « Mise en place d’un système durable pour la culture de la banane » qui vise à développer les revenus des producteurs et la sécurité alimentaire dans le District de Kibondo et la Région de Kagera en renforçant les capacités des institutions et les partenariats public-privé et en soutenant les innovations et les initiatives des acteurs locaux. Doté d’un budget global de 1 580 000 euros pour la période 2008 - 2012, ce programme s’appuie notamment des actions d’identification et de dissémination des bonnes pratiques auprès de l’ensemble des producteurs.

Soutien au secteur apicoleLe potentiel du secteur apicole en Tanzanie est considéré comme très important (avec un taux d’utilisation des capacités de 5 % environ) compte tenu du caractère rudimentaire des ruches et des matériels utilisés. C’est la raison pour laquelle la Belgique soutient l’Etat tanzanien dans son programme d’appui au secteur apicole en formant les producteurs aux techniques de gestion des ruches, de récolte et de conditionnement du miel et de la cire d’abeille et de commercialisation. Expert en apiculture au ministère Seif Salum, explique comment une simple intervention peut faire un monde de différence. « Nous avons appris aux apiculteurs à filtrer le miel avec deux grands seaux percés de trous. Ils peuvent ainsi extraire facilement les rayons du miel liquide, qui est ensuite encore filtré pour être enfin conditionné pour la vente. Cette méthode simple et bon marché peut être appliquée partout. Et pour l’apiculteur, la différence est de taille. Pour un seau de miel brut non filtré, il reçoit 20.000 shilling tanzaniens ; après filtrage, il lui reste 1 kilo de cire d’abeille et 13 litres de miel liquide naturel. Ce qui lui rapporte au total un peu plus de 55.000 shilling. Soit presque le triple » 51.

Pour en savoir plus : www.btcctb.org

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La Tanzanie est un pays de ressources.

Des berges des Grands Lacs aux rivages de Zanzibar sur l’Océan Indien, ses res-sources naturelles, qu’elles soient animales, végétales ou minérales sont importantes et diversifiées.

En misant avec leurs modestes moyens sur le développement humain, les dirigeants tanzaniens s’efforcent d’apporter la santé et l’éducation aux jeunes générations qui sont considérées comme les principales ressources du pays.

Mais ces ressources sont menacées.Sécheresse, déforestation, biodiversité menacée, surexploitation, ...Chute des cours du café, concurrence déloyale des pays riches, infrastructures inexistantes, crise financière, services sociaux en faillite, ...

L’ancrage des pays d’Afrique dans le monde global implique d’adopter des règles et des pratiques justes mais aussi pérennes, qui permettent aux producteurs de tra-vailler et d’améliorer leurs productions, aux travailleurs de se former, aux enfants d’aller à l’école, etc. Le commerce équitable et durable n’est pas un acte de charité, c’est un investissement. Sur des femmes et des hommes qui veulent apprendre, sur des forêts qui sont les richesses vivantes de demain, sur des terres qui n’ont jamais été polluées, sur des savoir-faire traditionnels qui ne demandent qu’à être découverts, ...

Les ressources de demain.

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1 Cité dans www.africa-onweb.com

2 Source : Ten Thousands Villages – www.tenthousandsvillages.ca

3 Source : Ambassade de la République Unie de Tanzanie en France

4 Source : www.africaneconomicoutlook.org

5 Source : Oxfam-Magasins du monde – www.omdm.be

6 Source : FAO – www.fao.org

7 Source : Oxfam-Magasins du Monde. Pour en savoir plus : www.omdm.be/analyses

8 Source : Entretien réalisé avec Anne Minne, Première Secrétaire Générale d’Oxfam - Magasins du Monde, le 24mars 2009, cité dans : www.omdm.be/general/du-cafe-pour-defendre-des-idees.html

9 Source : www.ethiquable.com

10 Source : SolidarMonde

11 Source : http://www.omdm.be/climat/ca-chauffe-a-oxfam-linjustice-climatique-au-cur-de-notre-combat.html

12 Les membres d’une coopérative de premier degré sont des producteurs individuels. Lorsqu’une coopérative est constituée de membres qui sont eux-mêmes des sociétés coopératives, il s’agit d’une coopérative de deuxième degré.

13 Source : www.ethiquable.com

14 Source : Oxfam-Magasins du monde – www.omdm.be

15 Source : www.fairtradegemeenten.be

16 Source : Interview de Josephat Sylvand, représentant commercial de la KCU, le 4 décembre 2009.

17 Témoignage issu de weewee-krant, le journal d’Oxfam-Wereldwinkels, cité dans www.omdm.be/matieres-premieres-agricoles/le-point-de-vue-doxfam-magasins-du-monde-sur-la-crise-alimentaire-actuelle.html

18 Source : Magasins du monde – www.mdm.ch

19 Source : www.omdm.be/matieres-premieres-agricoles/le-cafe-marche-mondial-et-commerce-equitable.html

20 Source : www.oxfamirelandshop.com

21 Source : http://nyanyaproject.org/our-stories/words-from-the-women/

22 Source : www.marvellous.co.tz

23 Source : www.fadeco.org

24 http://wikieducator.org/Community_Media/FADECO

25 Source : www.edgcumbes.co.uk

26 Source : idem

27 Source : www.traidcraftshop.co.uk

28 Source : www.transfair.ca

29 Pour en savoir plus : www.flower-label-program.org

30 Pour en savoir plus : www.my-mps.com

31 Source : www.transfair.ca

32 Source : www.maxhavelaar.ch

33 Source : idem

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34 Source : www.omdm.be

35 Source : idem

36 Source : www.riaed.net

37 Source : Interview de Marion Karman, Forest Stewardship Council

38 Source : www.goodplanet.info

39 Source : idem

40 La liste complète de ces principes et de ces critères est disponible à l’adresse suivante : www.rainforest-alliance.org

41 Source : « Normes et cultures d’exportation : le cas du café en Tanzanie ». Traduction de l’article de Lazaro E., deA. Makindara et de J. Kilima, F. T. M., « Sustainability standards and coffee exports from Tanzania », DIIS Working Paper, no 2008/1, DIIS, 2008. Disponible en français à l’adresse suivante : www.bdsknowledge.org/dyn/bds/docs/668/BDS16_T1.pdf

42 Cité sur : http://agritrade.cta.int

43 Cité sur : http://seafoodsource.com

44 Source : www.organic-market.info

45 Organic Markets in Africa, Etude réalisée par Gunnar Rundgren et Peter Lustig pour l’IFOAM(International Federation of Organic Agriculture Movements), Juillet 2007

46 Idem

47 Source : www.africanspecialityproducts.co.uk

48 Cité dans : www.africanspecialityproducts.co.uk

49 Cité dans l’article « Café-cacao : Barry Callebaut s’installe en Tanzanie » - www.abidjan.net

50 Source : www.coop.ch

51 Source : www.btcctb.org

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African Economic Outlook

Andy Carlton - Twin

DEFRA - British Department for Environment Food and Rural Affairs

Equal Exchange

Eric Goethals / FSC

Ethical Bean

Kimango Farms

Level Ground Trading

Lonely Planet Image

Marvelous Flotea

Max Havelaar CH

Maxim Gueivandov

Nadia Plesner Foundation

One World Hull

Oxfam Ireland

REMEI AG

Simon Whitaker

TransFair

Small Farmers. Big Change.

USADF

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Le Trade for Development Centre est un programme de la CTB (l’Agence belge de développement) pour la promotion d’un commerce équitable et durable avec les pays en voie de développement.

Les 3 axes de travail du Centre

• Centre d’expertiseC’est le centre d’expertise sur les thématiques d’aide au commerce, commerce équi-table et commerce durable.Collecte, analyse et production d’information (enquêtes d’opinion auprès des consommateurs, études de marchés,...)Animation d’un groupe de travail au sein de la plate-forme d’appui au secteur privé « Entreprendre pour le développement ».

• Appui aux producteursLe Trade for Development Centre est un outil d’appui aux organisations de produc-teurs. Il soutient les producteurs marginalisés, les micros et petites entreprises ainsi que les projets d’économie sociale inscrits dans des dynamiques de commerceéquitable et durable.Renforcement des capacités organisationnelles, techniques et productivesTransmission d’informations pertinentes (sur les marchés, les certifications disponibles,...).

• SensibilisationLe Centre met en place des campagnes de sensibilisation à destination des consom-mateurs (Semaine du commerce équitable), des acteurs économiques et des pouvoirs publics belges.

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CTB - AgENCE BELgE DE DéVELOPPEMENTTRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE

RUE hAUTE 1471000 BRUxELLEsT +32 (0)2 505 19 35 www.BTCCTB.ORgwww.BEFAIR.BE