Cours - « Le partage colonial de l'Afrique à la fin du 19e s. »

[MB v3.5]

SommaireIntroduction..................................................................................................................1

1. Les causes de ce partage.............................................................................................2

1.1. Colonialisme et nationalisme.................................................................................2

1.2. La « mission civilisatrice ».....................................................................................2

1.3. Un remède contre la « Grande dépression » économique ? .......................................4

2. Une spectaculaire ruée sur l'Afrique .............................................................................5

2.1. Un continent délaissé...........................................................................................5

2.2. Un continent soudainement convoité......................................................................5

3. L'ordre européen en Afrique : le « temps des colonies »..................................................6

3.1. De la conquête à la pacification ............................................................................6

3.2. Les règles du jeu colonial......................................................................................8

3.3. Un soutien croissant en métropole.........................................................................9

Conclusion...................................................................................................................10

Table des illustrationsIllustration 1: Le cannibalisme en Afrique, représenté par les Européens à la fin du 19e s.......3

Illustration 2: Les Races indigènes de la Terre, 1857..........................................................4

Illustration 3: Cartes du partage de l'Afrique, 1881-1895....................................................5

Illustration 4: Carte des empires coloniaux d'Afrique en 1914..............................................6

Illustration 5: Résistances et Révoltes face à la colonisation en Afrique noire, 1890-1940 (Elikia

M. Bokolo, Afrique noire histoire et civilisation XIXe-XXe siècles Hatier-Aupelf 1992)..............8

Illustration 6: Affiche du Jardin d'Acclimatation : des Somalis exhibés à Paris en 1890..........10

IntroductionJusque vers 1880, les Européens possèdent peu de territoires en Afrique, quelques comptoirs

commerciaux sur les côtes, des colonies plus étendues pour le Portugal, la France et le

Royaume-Uni.

Le processus de colonisation du monde et de l'Afrique, c'est-à-dire le passage sous la

domination politique de métropoles, trouve son fondement dans la puissance croissante de

l'Europe au 19e s.

Des motivations puissantes entraînent un partage accéléré de l'Afrique à partir des années

1880, les Européens y établissant des colonies.

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1. Les causes de ce partage

1.1. Colonialisme et nationalisme

• Ces conquêtes s'expliquent d'abord par une quête de prestige national. Le Royaume-

Uni veut conserver son rang de première puissance mondiale et protéger la « route des

Indes [britanniques] ». La France, vaincue en 1870-1871, cherche à s'affirmer grâce à

son empire.

• L'Allemagne, à partir de 1897, entend mener une Weltpolitik (« politique mondiale »).

L'Italie réclame également « une place au soleil ». Ces deux jeunes nations ambitieuses

cherchent alors à rattraper leur retard colonial.

• Sous la pression des nationalismes, chacun craint d'être distancé par les autres !

1.2. La « mission civilisatrice »

• Une justification morale est avancée par les Européens : apporter la civilisation

moderne à des peuples qualifiés de « primitifs », « barbares » ou « sauvages ». Les

missionnaires (catholiques, protestants...) veulent convertir au christianisme.

• D'où l'accent mis sur la lutte contre l'esclavage (la traite négrière), la nudité ou le

cannibalisme.

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Illustration 1: Le cannibalisme en

Afrique, représenté par les

Européens à la fin du 19e s.

(source)

• Cet argument humanitaire permet de légitimer la violence de la colonisation (ex. : le

massacre des Hereros1 en Afrique du Sud-Ouest par l'armée allemande en 1904 -

photogr.).

• Par ailleurs, le développement du « racisme scientifique » (ou racialisme) à la fin du

19e s. encourage le paternalisme envers les races dites « inférieures » : « Je répète

qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles.

Elles ont le droit de civiliser les races inférieures » (Jules Ferry, discours devant la

Chambre des députés, 28 juillet 1885).

1 Attention ! les articles de Wikipedia (français et anglais) ne sont pas neutres : si la brutalité allemande n'est

pas en doute (elle fait scandale dans la presse de l'époque !), il n'est pas établi qu'il s'agisse d'un génocide..

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Illustration 2: Les Races indigènes de la

Terre, 1857

(Source : Nott, Josiah Clark, Gliddon, George Robert, Indigenous races of the earth, 1857)

1.3. Un remède contre la « Grande dépression » économique ?

• Les rivalités européennes sont exacerbées par la « Grande Dépression » que connaît

l'économie mondiale de 1873 à 1896.

• Jules Ferry affirme que « la politique coloniale est fille de la politique industrielle »

dans son débat parlementaire avec Georges Clémenceau en 1885. Les colonies sont

considérées comme des réservoirs de matières premières et des débouchés pour les

entreprises de la métropole.

• C'est illusoire : si ces territoires deviennent des colonies, c'est parce que, pauvres ils

ne peuvent donc résister aux puissances européennes ; mais étant pauvres, ils ne sont

pas des marchés intéressants et ne disposent ni des infrastructures ni de la main

d'oeuvre qualifiée nécessaire à l'extraction des matières premières ! Seuls quelques

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produits liés au climat tropical (bananes, cacao, café...), issus souvent de plantations,

seront effectivement exportés.

2. Une spectaculaire ruée sur l'Afrique

2.1. Un continent délaissé

• Jusqu'en 1880, les Européens s'intéressent peu à l'Afrique. Leur présence se limite

souvent à des comptoirs sur les côtes. Le Royaume-Uni est implanté en Gambie, au

Sierra Leone... et surtout en Afrique du Sud, peuplée par les Boers d'origine

néerlandaise. La France est présente au Sénégal (depuis le 17e s.) et, depuis 1830, a

entrepris la conquête de l'Algérie. Le Portugal occupe l’Angola et le Mozambique.

Illustration 3: Cartes du partage de l'Afrique, 1881-1895(Source : Histoire 1ère L-Es-S, Paris, Hachette éducation, 2011)

2.2. Un continent soudainement convoité

• La situation change radicalement au début des années 1880. L’action de grands

explorateurs, tels David Livingstone ou Pierre Savorgnan de Brazza, permet de

connaître le terrain. La France impose un protectorat à la Tunisie en 1881. Le

Royaume-Uni intervient en Egypte en 1882, notamment pour sécuriser la voie

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maritime qui mène aux Indes par le canal de Suez. Ces événements déclenchent une

véritable course : c'est le « dépeçage de l'Afrique » .

• L'essentiel du continent est colonisé rapidement, les États africains étant rayés de la

carte (sauf l'Empire d'Abyssinie et le Liberia protégé par les Etats-Unis d'Amérique).

L'Empire français comprend finalement, en plus de l'Afrique du nord française et de

Madagascar, l’AEF (Afrique équatoriale française) et l'AOF (Afrique occidentale

française).

Illustration 4: Carte des empires coloniaux d'Afrique en 1914

(Source : http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/carte/EU1900COLONCARTE002.jpg)

3. L'ordre européen en Afrique : le « temps des colonies »

3.1. De la conquête à la pacification

• Les guerres coloniales opposent des armées – majoritairement recrutées parmi les

populations africaines - dirigées par des officiers européens à des guerriers africains

courageux mais peu disciplinés. La supériorité européenne tient à l'armement mais

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surtout à la discipline et à la formation professionnelle. Les défaites des Européens

sont donc exceptionnelles : les Britanniques sont écrasés sous le nombre par les

Zoulous à Isandhlwana (Afrique du Sud) le 22 janvier 1879 ; mais quelques heures plus

tard, à Rorke's Drift [localisation], 139 Britanniques (dont seulement 110 valides)

résistent victorieusement à près de 4 000 guerriers ! Les Italiens sont battus par les

Abyssiniens (= Éthiopiens) à Adoua en mars 1896 ; mais ceux-ci disposent d'un

armement moderne supérieur (fourni par les puissances européennes rivales !)

• Une fois les colonies conquises, les Européens doivent en organiser l'administration et

la « pacification » :

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Illustration 5: Résistances et Révoltes face à la colonisation en Afrique noire, 1890-1940

(Elikia M. Bokolo, Afrique noire histoire et civilisation XIXe-XXe siècles Hatier-Aupelf 1992)

3.2. Les règles du jeu colonial

• La compétition entre les puissances coloniales ne débouche jamais sur la guerre entre

elles. La conférence de Berlin vise à organiser la colonisation de l'Afrique et de ses

côtes en 1884-1885 : liberté du ommerce dans les bassins du Congo et du Niger, lutte

contre l’esclavage...

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• Les graves crises entre la France et le Royaume-Uni (Fachoda en 1898) ou entre la

France et l'Allemagne à propos du Maroc (1905-1906, 1911-1912) sont réglées par la

diplomatie.

3.3. Un soutien croissant en métropole

• La colonisation est encouragée dans chaque pays par un « parti » colonial2 qui

regroupe des politiciens, des haut-fonctionnaires coloniaux, des hommes d'affaires, des

marins, des géographes, des missionnaires...

• L'opinion reste longtemps indifférente à la colonisation de l'Afrique. Les économistes

craignent les dépenses, le protectionnisme et les monopoles coloniaux, contraires aux

principes du libéralisme économique. En France, le gouvernement de Jules Ferry est

renversé deux fois à cause de sa politique coloniale (1881 et 1885). Mais à partir des

années 1890, l'idéologie colonialiste imprègne progressivement la société européenne

avec les cartes murales et les dictionnaires à l'école primaire, les expositions coloniales

et les « zoos humains » organisés en métropole par des entrepreneurs privés, les

chambres de commerce, l'Etat même...

2 Attention ! ce n'est pas un parti politique mais plutôt des groupes de pression.

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Illustration 6: Affiche du Jardin d'Acclimatation : des

Somalis exhibés à Paris en 1890

ConclusionL'Afrique est presque totalement colonisée par les Européens en 1914 et cela va durer jusqu'à

la fin des années 1950. Mais, si en métropole toute réticence au colonialisme s'efface, les

colonisés font preuve d'une insoumission persistante.

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