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Histoire de la Littérature française

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Page 1: Histoire de la Littérature française COURS

Histoire de la Littérature française

Page 2: Histoire de la Littérature française COURS

Présentation générale

• Durée: 30 périodes

• Nombre de crédits: 02

• Composition du cours: 6 chapitres

Page 3: Histoire de la Littérature française COURS

Composition du cours

• Chapitre 1: Le Moyen Age

• Chapitre 2: Le XVIe siècle (Renaissance)

• Chapitre 3: Le XVIIe siècle

• Chapitre 4: Le XVIIIe siècle

• Chapitre 5: Le XIXe siècle

• Chapitre 6: Le XXe siècle + les premières années du XXIe siècle

Page 4: Histoire de la Littérature française COURS

Composition d’un chapitre

• Aperçu historique:- Evénements historiques marquants - Courants de pensée dominants

• Aperçu littéraire: - Généralité- Courants/genres littéraires dominants- Auteurs et oeuvres représentatifs

Page 5: Histoire de la Littérature française COURS

Modalité d’apprentissage

• Lecture du cours• Exercices• Dossier: lecture d’une oeuvre des XIXe, XXe, XXIe

siècles => Fiche de lecture:- Titre de l'ouvrage- Nom de l'auteur - Edition (éditeur, date)- Genre- Courant littéraire d'appartenance- Résumé- Commentaire

Page 6: Histoire de la Littérature française COURS

Fiche de lecture

- Auteur- Titre de l’ouvrage- Lieu, éditeur, date d’édition- Genre- Nombre de pages- Thème principal (problème abordé)- Personnages (rôle dans le récit, caractéristiques

physique, psychologique, sociale)- Cadre spatial (où se passe l’histoire)- Cadre temporel (quand?)- Résumé- Commentaires

Page 7: Histoire de la Littérature française COURS

Evaluation

• Assiduité et participation au cours: 10%

• Test de mi-semestre/contrôle oral: 20%

• Dossier : 20%

• Test final: 50%

Page 8: Histoire de la Littérature française COURS

Chapitre premier

Le Moyen Age

Page 9: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu historique

1. Définition- Le Moyen âge historique: Ve - XVe siècle- Le Moyen âge littéraire : Xe - XVe siècle

2. Origines de la France : fusion des tribus des Gaulois et des Francs > La France au Ve siècle

3. Formation et évolution du français:- Le roman: basé sur le latin,du Ve au XIe siècle- L’ancien français: langue d’oil, langue d’oc, francien

(XIIe – XIIIe siècles)- Le moyen français : XIVe – XVIe siècles- Le français moderne: à partir du XVIIe siècle.

Page 10: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu historique (suite)

4. La société française: - Vie politique : régime féodal décentralisé, affirmation progressive

du pouvoir royal.- Vie sociale : trois ordres (clergé, noblesse, roture).- Vie religieuse: aspirance à la position dominante du Christianisme

> croisades, guerres de conquête.- Vie intellectuelle:+ jusqu’au début du XIe siècle: guerres, violence, misère+ à partir du XIIe siècle: goût de la vie spirituelle (les écoles naissent

dans les grandes villes, la Sorbonne fondée en 1253), nouvelle vision du monde grâce aux découvertes géographiques, apparition et développement de la littérature romanesque et de l’art roman et gothique.

Page 11: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire: Etape du Xe au XIIIe siècle

1. Littérature épique

2. Littérature courtoise

3. Littérature bourgeoise

Page 12: Histoire de la Littérature française COURS

1. Littérature épique

- Apparition: fin XIe siècle- Source d’inspiration: les exploits des chevaliers de guerres,

de croisades- Caractéristiques:

+ Forme: chanson de geste (composée de vers décasyllabiques regroupés en laisses irrégulières)

+ Contenu: chanter l’idéal de la chevalerie:la prouesse, l’honneur, le patriotisme et la foi religieuse.(dont le code d’honneur est fondé sur la prouesse, la largesse, le courage, le sens de sacrifice)

+ particularité : événement historique surchargé de fantastiques et d’imaginaires

- Oeuvre représentative: “Chanson de Roland”

Page 13: Histoire de la Littérature française COURS

2. Littérature courtoise

- Apparition: fin XIIe siècle.

- Raisons d’être : contact (par des croisades et le commerce) avec des civilisations rafinées, surtout celles d’Orient.

- Caractéristiques:+Contenu : chanter l’idéal de la chevalerie avec le nouveau code d’honneur :

aux qualités du chevalier épique s’ajoutent le savoir-vivre, la politesse, l’élégance et le service d’amour.

+Formes : + Poésie lyrique: découverte de la rime; Marie de France et ses lais

(merveilleux romanesque et féerique, peinture nuancée de l’amour). Ex. Lai du Laostic, lai d’Yonec.

+ Roman chevaleresque : l’amour + les exploits du chevalier au service de sa damme; description plus détaillée du décor et des actions, analyse psychologique. Ex. Tristan et Iseut.

Page 14: Histoire de la Littérature française COURS

3. Littérature bourgeoise

- Apparition: fin XIIe, début XIIIe siècle.- Raisons d’être : essor écononique > extension des

villes > élargissement des milieux bourgeois cultivés.- Caractéristiques: narrative, réaliste, souvent grivoise, parfois

morale. - Formes :

+ Fabliaux : - Contes à rire : être comiques avec jeux de mots, quiproquos; railler des gens cupides, avares,naïfs).Ex.

- Contes moraux : intrigue plus soignée; leçon morale.Ex.

+ Roman de Renard :- 27 récits indépendants; - parodie burlesque des courants littéraires épique et courtois; - une épopée animale reflétant la société humaine au Moyen Age.Ex.

Page 15: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire Etape du XIVe au XVe siècle

• Généralité- Essor du théâtre et de la poésie lyrique

1. Le théâtre - Grande variété, dont la farce- La farce de Maître Pathelin2. La poésie lyrique- Les poèmes à formes fixes dont la ballade et

le rondeau- Auteurs: Charles d’Orléan, François Villon.

Page 16: Histoire de la Littérature française COURS

Exercices (chapitre 1)

1. Que savez-vous de la vie intellectuelle en France au Moyen-âge?

2. Quels sont les courants littéraires du XIe au XIIIe siècles? (noms/ date d’apparition/ inspiration/ caractéristiques:forme, contenu,particularité/ oeuvres représentatives).

3. Que savez-vous de la littérature française du XIVe et du XVe siècle?(genres en essor, auteurs et oeuvres représentatifs).

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Chapitre 2

Le XVIe siècle

Page 18: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu historique

1. Vie politique :- Période mouvementée- Renforcement du pouvoir royal (François 1er, Henri IV)

2. Vie sociale et intellectuelle:

- Découvertes géographiques- Découvertes scientifiques et techniques (typographie,

ligature des artères, système des planètes).- Influence italienne + rôle de Louis XII et François 1er. Un courant de pensées nouvelles contre les idées et

moeurs du Moyen Age

Page 19: Histoire de la Littérature française COURS

3. Les mouvements de pensées

- La Renaissance

. Italie (XIVe), France (fin XVe – début XVIIe)

. Signification: - Retour à la civilisation antique ; - Conviction dans la puissance, la beauté, le droit au bonheur Lutte contre les dogmes de l’Eglise pour le libre développement de la personnalité.

Page 20: Histoire de la Littérature française COURS

L’humanisme

. Aboutissement des pensées et mentalités de la Renaissance.

. Acte de foi dans la nature humaine (croyance en la nature et la dignité de l’homme,culte du bonheur, éloge des savoirs, affirmation de la tolérance)

Mouvement d’esprit nouveau s’opposant aux traditions arriérées du Moyen Age.

Page 21: Histoire de la Littérature française COURS

La réforme religieuse

. Martin Luther : rectification des enseignements de l’Eglise; retour à l’Evangile…

. Conflits Chrétiens >< protestants Guerres civiles

. Edit de Nantes (1598,Henri XIV)=> liberté de croyance appaisement provisoire.

Page 22: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire

1. Généralité

- Richesse et variété.- Hyme à la vie (chanter les plaisirs de la vie). - Esprit de la Renaissance ( inspiration des auteurs anciens). - Instauration des nombreux genres.

2. La Pléiade- Groupe de 7 poètes français dont la doctrine va renouveler la poésie

française.- Ouvrage - manifeste: “Défense et Illustration de la langue française”.- But: défendre et illustrer le français.- Réalisation: Proposer aux écrivains et savants de composer en français

et de s’inspirer des écrivains de l’antiquité.- Contribution: a orienté la littérature française pendant 2siècles.

Page 23: Histoire de la Littérature française COURS

François Rabelais 1. La vie- 1484-1553- Vie au couvent moine à 26 ans- Etudes de droit et de langues anciennes- Etudes de médecine médecin en 1530 - Curé de Saint Martin de Meudon en 1551- Autres: Esprit curieux et avide de savoirs, Voyages.

2. L’oeuvre- Ouvrages avec dates d’édition- Inspiration de la littérature épique, de la tradition populaire et.- Acte de foi d’un humaniste: démasquer les errements, présenter

des idées nouvelles, progressives. - Grand écrivain avec un art de raconter original.

Page 24: Histoire de la Littérature française COURS

Présenter une oeuvre

- Titre: Pantagruel- Date d’édition: 1532- Auteur : François Rabelais- Résumé: naissance au milieu d’une

secheresse, causant la mort de sa mère, études à Paris, rencontre avec Panurge, guerre avec des Dipsodes, victoire, indulgence avec ses ennemis.

- Commentaires:

Page 25: Histoire de la Littérature française COURS

Pierre de Ronsard

• La vie:- 1524-1585- Page à 12 ans- Demi sourd à 18 ans études de lettres grecque et latine- Reconnu comme grd poète dès 1547.- 1560: poète de la Cour- 1572 : se retire de la Cour pour la poésie.1. L’oeuvre- Recueils de poèmes + date d’édition- Variété en genres + esprit de la Renaissance (chanter les plaisirs

de la vie) - Thèmes principaux: amour + politique – la femme, la fuite du

temps.- Poésie originale (prince des poètes, poète des princes)

Page 26: Histoire de la Littérature française COURS

Chapitre 3

Le XVIIe siècle

Page 27: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu historique1. Vie politique : la monarchie absolue

Deux grandes dates : 1589 et 1715, Plusieurs règnes et régences Monarchie de Louis XIV

2. Vie religieuse: la contre réformeLutte de l’Eglise catholique contre les protestants soutenue par le pouvoir royal (Révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV) fuite des protestants.

3. Vie sociale et intellectuelle- Salons mondains féminins et aristocratiques réunissant des

intellectuels élites menace pour le pouvoir royal- Pour affaiblir leurs influences, le pouvoir royal : +) pensionne les

écrivains mais contrôle l’opinion et exerce sa censure sur toutes les publications, +) crée l’Académie française qui impose des règles sur la forme et le contenu des oeuvres la culture devient dépendante.

- Grand contraste social : la misère du peuple >< la vie luxueuse au royaume.

Page 28: Histoire de la Littérature française COURS

Louis XIV

Page 29: Histoire de la Littérature française COURS

Richelieu

Page 30: Histoire de la Littérature française COURS

Louis XIII

Page 31: Histoire de la Littérature française COURS

Mazarin

Page 32: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire

1. Le classicisme- Courant esthétique dominant au XVIIe s. regroupant l'ensemble

des ouvrages qui suivent l’esthétique des chefs-d'œuvre de l'Antiquité gréco-latine

- Art: harmonie, symétrie, somptuosité- Littérature:règles empruntées au théâtre grec et latin avec deux

grands principes + souvraineté de la raison: la raison triomphe des sentiments,

l’honneur national l’emporte sur l’honneur familial et individuel. + respect et imitation des écrivains de l’Antiquité: inspiration des

oeuvres antiques, règles des trois unités et de cinq actes pour le théâtre, distinction des genres hauts et bas.

Contribution du courant littéraire classique: instauration des genres déterminés, clarté du français.

Page 33: Histoire de la Littérature française COURS

Château de Versailles

Page 34: Histoire de la Littérature française COURS

Les jardins du château de Versailles

Page 35: Histoire de la Littérature française COURS

Académie française

Page 36: Histoire de la Littérature française COURS

Nicolas Boileau

Page 37: Histoire de la Littérature française COURS

Sculptures baroques

Page 38: Histoire de la Littérature française COURS

Peinture baroqueRuben – l’éducation de Marie de Médicis

Page 39: Histoire de la Littérature française COURS

(Suite)

2. Le baroque: - Période entre Renaissance et Classicisme

Pour Heinrich, classicisme : la ligne droite, la noblesse et l'équilibre/ baroque: la courbe, le mouvement et le foisonnement.

- Art: irrégularité,excentricité, fantaisie.- Littérature: imagination, refus du code

classique (le principe de la raison et les règles strictes).

Page 40: Histoire de la Littérature française COURS

Pierre Corneille (1606 – 1684)

- Vie + né en 1606 à Rouen+ études au collège des Jésuites + études de droit+ avocat au Parlement de Rouen en 1624+ renonce à l’écriture en 1674+ mort en 1684- Oeuvre + Le Cid, Horace, Cina+ Les oeuvres de Corneille traduisent l’idéal classique (la souvraineté

de la raison): l’honneur et les intérêts politiques l’emportent sur les préoccupations sentimentales, les passions se soumettent à la raison.

Page 41: Histoire de la Littérature française COURS

Jean Racine(1639-1699)

- Vie: né à Ferté-Milon

Page 42: Histoire de la Littérature française COURS

Molière

- Vie

- Oeuvre

Page 43: Histoire de la Littérature française COURS

Le Cid- Auteur: Pierre Corneille- Date d’édition : 1637- Résumé:

Don Diègue et le comte de Gormas ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène qui s’aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don Diègue pour le poste de précepteur du prince, donne un soufflet à son rival. Don Diègue, affaibli par l’âge et trop vieux pour se venger par lui même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue en duel le père de Chimène. Chimène essaie de renier son amour et le cache au roi, à qui elle demande la tête de Rodrigue. Mais l’attaque du royaume par les Maures donne à Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon du roi. Plus que jamais amoureuse de Rodrigue devenu un héros national, Chimène reste sur sa position et obtient du roi un duel entre don Sanche qui l'aime aussi et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur. Rodrigue victorieux reçoit du roi la main de Chimène : le mariage sera célébré dans un délai d’un an.

- Commentaire: esprit classique se traduit dans les actes de Rodrigue et Chimène qui soumettent la passion à la raison, à l’honneur familial et aux intérêts du pays.

Page 44: Histoire de la Littérature française COURS

L’AvareAuteur: MolièreRésumé:

Harpagon a deux enfants, Cléante et Elise. Cléante aime Mariane, jeune fille de famille pauvre. Mais Harpagon veut épouser la même Mariane, il se projette de marier son fils à une riche veuve et accorder la main de sa fille au vieux Anselme qui accepte de la prendre sans dot. La Flèche, pour aider son maître Cléante, dérobe la cassette d’or d’Harpagon. Valère, amoureux d’Elise et intendant d’Harpagon, est accusé de vol et traduit en justice. Le quiproquo est levé quand Cléante avoue avoir volé à son père et promet de lui rendre sa cassette d’or en échange de la main de Mariane. Enfin, Anselme retrouve en Valère et Mariane ses enfants portés disparus au cours d’un nauffrage. Valère épousera Elise et Cléante, Mariane. Harpagon est satisfait : non seulement il retrouvera son argent, mais encore Anselme promet de se charger de tous les frais de ces noces.

Page 45: Histoire de la Littérature française COURS

Chapitre 4

Le XVIIIe siècle

Page 46: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu historique1) Vie politique et sociale- Le tiers état qui représente la majorité du peuple s’oppose au

régime monarchique- Mort de Louis XIV déclin de la monarchie- La révolution française 17892) Vie intellectuelle: Le XVIIIe siècle = le siècle des Lumières car c’est

un nouvel âge illuminé par la raison, la science et le respect de l'humanité

- Le rôle important des écrivains,philosophes,scientifiques: +orientation de l’opinion publique vers des idées nouvelles (esprit d’examen, esprit scientifique, esprit cosmopolite)

+ vulgarisation des connaissances (Encyclopédie)- Les progrès scientifiques- La lutte contre les préjugés, l’ignorance et le despotisme pour le

bonheur, la liberté et la dignité de l’homme.

Page 47: Histoire de la Littérature française COURS

Encyclopédie• Origine: de la traduction de Cyclopaedia au projet d’une

Encyclopédie française• Premier titre : “Dictionnaire raisoné des sciences, des arts et des

métiers”• But: + réunir le savoir théorique et les applications pratiques dans

tous les domaines de l’activité humaine depuis la Renaissance jusqu’en 1750 + soumettre toute chose à l’examen de la raison et de l’esprit critique

• Maitres d’oeuvre :Diderot e D’Alembert avec la participation de très nombreux écrivains, scientifiques, philosophes…

• Composition: 17 volumes de textes + 11 volumes de planches• Temps de réalisation: 1751-1772

Page 48: Histoire de la Littérature française COURS

Encyclopédie

Page 49: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire

- La littérature devient la tribune pour que les écrivains – philosophes condamnent le régime monarchique et le fanatisme

- Les caractéristiques : culte de la raison, foi dans le progrès scientifique, propagande de liberté politique et d’égalité civique

- Les deux genres les plus pratiqués : roman et théâtre

Page 50: Histoire de la Littérature française COURS

Le théâtre

• Nombreux grands écrivains sont dramaturges

• Place privilégiée de la comédie

• Deux auteurs célèbres : Marivaux et Beaumarchais

• Typologie: comédie d’intrigue, de moeurs, de caractères/ comédie spirituelle, satirique, moralisante…

Page 51: Histoire de la Littérature française COURS

Le roman

• Genre en essor au XVIIIe siècle

• Trois grands courants:

- Roman de moeurs ou réaliste (Le Sage, Marivaux, Prévost)

- Contes philosophiques (Montesquieu, Voltaire, Diderot)

- Roman sentimentaliste (Rousseau, De Saint-Pierre)

Page 52: Histoire de la Littérature française COURS

Les lettres persanes

• Les Lettres Persanes sont un recueil de lettres écrites par des Persans visitant l’Europe de 1712 à 1720. Ils échangent leurs impressions, leurs étonnements et critiques sur la société du XVIIIe siècle, notamment en France. A cette correspondance s’ajoute celle entre Usbek et son sérail, c’est-à-dire ses eunuques et ses femmes.

• Les sujets abordés sont très variés, de même que les points de vue, et vont de la morale à la politique en passant par l’économie, la religion, ou la littérature. Ils sont le prétexte à une satire de la société.

• Montesquieu se pose seulement comme celui qui aurait par hasard trouvé ces lettres et les aurait traduites : il se dégage donc de toute responsabilité et évite ainsi la censure. De plus, cela permet d’introduire un effet de réel, qui fait assimiler ces lettres à un témoignage authentique.

Page 53: Histoire de la Littérature française COURS

Jacques le Fataliste et son maître

• Au début du roman Jacques raconte comment un enchaînement fatal de circonstances l’a rendu amoureux et boiteux.  Son récit est interrompu de nombreuses fois. Il disserte des femmes , des blessures au genou, de la liberté , du déterminisme, de galanteries impertinentes.

•  Les deux hommes affrontent aventures sur aventures. Attaqués par des brigands , ils se perdent puis se retrouvent. Ils se réfugient dans l’auberge du Grand-Cerf et restent à l’abri durant l’orage. La patronne de l’auberge leur conte la terrible aventure survenues à l’un des clients de l’auberge, le marquis des Arcis. Ce voyageur , qui a délaissé son amante, Mme de La Pommeraye a subi sa colère. Elle a réussi à se venger en lui faisant épouser une courtisane.

•  Le beau temps revenu, les deux hommes reprennent la route. Jacques continue  le récit de ses amours. Blessé à Fontenoy, il est recueilli par une paysanne qu’il a charmée , puis est accueilli au château de Desglands . Il y fait la connaissance de Denise, la fille d’une servante.

• Jacques laisse ensuite son maître évoquer lui aussi ses propres souvenirs : • Etudiant innocent, il a été trompé par son ami, le chevalier de Saint-Ouin, qui s’est avéré être un

escroc. Ce dernier lui a volé son argent et l’a poussé dans les bras d’Agathe sa propre maîtresse. Le maître de Jacques fut alors obligé d’endosser la paternité de l’enfant de ce bandit.

• C’est alors que nous apprenons que le but de ce voyage est justement cet enfant qui a aujourd’hui 10 ans. Mais chez la nourrice, le hasard fait se rencontrer le maître et le chevalier de Saint-Ouin. Le maître tue le chevalier en duel et s’enfuie en laissant Jacques se faire emprisonner à sa place. Le caleureux valet ne devra son salut qu’à des brigands . Il sera ensuite accueilli au château de Desglands. Il parviendra à éviter que le château ne soit pillé et épousera Denise.

Page 54: Histoire de la Littérature française COURS

Julie ou la nouvelle Héloïse• Ce roman épistolaire, relate la passion mouvementée entre un

jeune précepteur roturier Saint-Preux et son élève, une jeune noble Julie d'Etanges. La différence sociale interdit tout espoir à Saint-Preux et Julie, après la mort de sa mère, accepte d'épouser M. de Wolmar, un homme bon et plus âgé qu'elle à qui son père l'avait promise. Ce mariage provoque une crise profonde entre eux et pousse Saint Preux à faire le tour du monde.   A son retour, désireux de revoir les cousines, il part à Clarens, invité par M. de Wolmar qui - informé du passé - tentera de les guérir en transformant cet amour en amitié. Saint Preux s'émerveille alors du système mis en place à Clarens. Cependant, pendant l'absence de Saint Preux, Julie se jette à l'eau pour sauver son fils cadet et tombe gravement malade. Sa foi, sa sérénité et son courage réussiront à convertir son mari. Elle meurt en confiant à Saint Preux l'éducation de ses enfants ainsi qu'en lui réitérant son amour.

Page 55: Histoire de la Littérature française COURS

Chapitre 5

Le XIXe siècle

Page 56: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu historique

1. Vie politique2. Vie sociale et intellectuelle- Nombreuses découvertes scientifiques et

techniques: Leverrier (Neptune), Pasteur (contre la rage), Pierre et Marie Curie (le radium) + application de la machine à vapeur dans le transport (chemin de fer et marine)

- Développement de l’industrie croissance de la prolétariat et la riche bourgeoisie

- Nouvelles hypothèses: évolutionisme et transformisme

Page 57: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire

La littérature du XIXe siècle est abondante avec quatre grands courants (romantisme, réalisme, naturalisme, symbolisme) et un mouvement poétique Le Parnasse.

Page 58: Histoire de la Littérature française COURS

Le romantisme- Courant littéraire qui connaissait des précurseurs au XVIIIe

siècle( Diderot, Rousseau) et qui s’affirme à la première moitié du XIXe siècle

- Définition: c’est un mouvement de libération du moi et de l’art par réaction contre la régularité classique et le rationalisme

- Caractéristiques:+ culte du moi+ refus du principe de la souvraineté de la raison,

reconnaissance du droit à la passion et au bonheur+ refus des règles prédéterminées pour la liberté de

création : théâtre (drame), poésie (vers libre, en prose)- Auteurs représentatifs : Victor Hugo (Notre-Dame de Paris, les

contemplations, Hernani), Alfred de Musset

Page 59: Histoire de la Littérature française COURS

Le réalisme- Ecole littéraire qui connaissait des précurseurs (Marivaux, Prévost)

et qui s’affirme dans la seconde moitié du XIXe siècle- Définition: étant en réaction contre le romantisme et le classicisme,

le réalisme propose la description minutieuse et objective des faits et des personnages de la réalité banale et quotidienne

- Caractéristiques:Renonçant au rêve, à l’imagination et à la métaphysique, l’oeuvre réaliste cherche à

+ représenter la réalité telle qu’elle est, sans artifice et sans idéalisation;

+ donner la première place à la vie quotidienne: aborder des thèmes de tous les jours, mettant en scène des personnages de la classe moyenne ou populaire.

+ utiliser un langage à la portée de tous- Auteurs représentatifs: Flaubert, Balzac, Stendhal.

Page 60: Histoire de la Littérature française COURS

Flaubert: Madame Bovary• Résumé du roman•  • Première Partie•  • "Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail ". • Ainsi débute Madame Bovary : Ce nouvel élève, âgé d'une quinzaine d'années, qui entre en 5ème au Collège de Rouen n'est autre que Charles Bovary. Il a l'air un peu ridicule, ce " gars de la campagne". Son attitude un peu gauche déchaîne le rire de ses camarades. Il arrive d'un village situé entre le pays de Caux et la Normandie où ses parents, qui ne s'entendent pas, se sont retirés. Son père est un médiocre qui a accumulé de nombreux échecs. Sa

mère, frustrée et aigrie, a reporté tous ses espoirs sur ce fils qu'elle a couvé. • Charles Bovary s'installe à Tostes et épouse sous l'influence de sa mère une veuve de quarante-cinq ans, riche, laide et tyrannique, Mme Dubuc. Elle aime Charles avec passion mais exerce à son égard une surveillance despotique. Le jeune Charles connaît ainsi une vie de couple qui ressemble à un cauchemar.• Une nuit d'hiver, Charles se rend à la ferme des Bertaux. Le père Rouault, son propriétaire, " un cultivateur des plus aisés" vient de se casser la jambe. Charles soigne le maître des lieux et est sensible au charme d'Emma, sa fille. Les jours suivants, il revient aux Bertaux, jusqu'à ce que son épouse, jalouse, lui interdise d'y retourner. Au début du printemps, le notaire de Mme Bovary commet une malversation qui laisse cette dernière à demi ruinée. Elle

meurt brusquement une semaine plus tard.• Peu après, sur l'invitation du père Rouault, Charles retourne aux Bertaux. Il revoit Emma. Il est amoureux de la jeune fille, mais n'ose se déclarer. " À l'époque de la Saint Michel" il se décide à la demander en mariage. La noce est fixée au printemps suivant, l'hiver sera occupé par les préparatifs. Emma rêvait de " se marier à minuit, aux flambeaux". La noce, campagnarde, sera beaucoup moins féerique. Charles ne brille guère durant la noce, ne répondant

que médiocrement aux calembours ou compliments que lui adressent les invités.• Mais le lendemain des noces Charles semble découvrir le bonheur près d'Emma. Il laisse éclater sa joie et se réjouit de trouver en elle une épouse parfaite. Emma commence par apporter des changements dans l'aménagement de la maison et Charles est tout à sa joie de la voir aussi bien conduire son ménage, dessiner, jouer du piano, ou recevoir avec élégance. Mais la jeune femme, elle, est distante. La réalité ne correspond pas à ce qui lui avait paru si

beau dans les livres de son enfance. Elle avait tant rêvée de ce mari qui devait lui procurer une vie plus passionnante. Elle souhaitait tant oublier celle monotone, qu'elle avait passée avec son veuf de père, depuis sa sortie du couvent. Or ce mari, tant idéalisé, se révèle bien décevant.• Elevée au couvent, parmi des jeunes filles du monde, Emma y a reçu une parfaite éducation. Elle a lu Paul et Virginie, a rêvé en lisant des romans sentimentaux et historiques, ou des poèmes romantiques. Elle a admiré des gravures représentant de jeunes hommes serrant dans leurs bras des ladies anglaises à boucles blondes. Toute cette éducation a nourri son " tempérament sentimental" et ses songes romanesques.• Aux antipodes de l'homme rêvé, Charles déçoit Emma. Son manque de mystère et de raffinement désappointe la jeune femme. La vie humble et sans surprise qu'il lui offre lasse Emma. Heureusement, une invitation du Marquis d'Andervilliers à un bal au château de la Vaubyessard vient rompre la monotonie de son existence. • Emma, émerveillée, découvre le luxe et l'élégance du monde aristocratique. Ce monde enchanté auquel elle a tant rêvé lui fait oublier un instant ses origines paysannes. Hélas , le rêve est éphémère et le retour à Tostes, silencieux et triste. Dès le lendemain, il lui faut subir les conversations banales de Charles. " Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu'un orage, en une seule nuit, creuse

quelquefois dans les montagnes". Emma se réfugie dans "le souvenir de ce bal". • Emma rêve devant le " porte-cigares tout bordé de soie verte" que Charles a ramassé sur le chemin du retour. Elle imagine que cet objet appartient au "Vicomte". Emma rêve aussi de Paris et se met à lire Balzac, George Sand et Eugène Sue. Mais à Tostes, l'ennui s'accroît et la jeune femme est de plus en plus irritée par le manque d'ambition et le laisser-aller de son mari. Les saisons se succèdent. Elle vit pourtant dans l'espoir d'une nouvelle invitation,

mais en vain. Un an et demi après le bal de la Vaubyessard, sa santé s'altère et Emma laisse tout aller dans son ménage . Charles, qui est resté quatre ans à Tostes, décide alors de déménager et de s'installer à Yonville . Emma est enceinte. Il espère que ce déménagement lui sera bénéfique.•  • Deuxième Partie• Les époux Bovary arrivent à Yonville. A l'auberge du Lion d'Or. Madame veuve Lefrançois, la maîtresse de l'auberge, prépare le dîner. Il y a là , pour accueillir les Bovary, Monsieur Homais, le pharmacien, le percepteur Binet, et le curé Bournisien. Pendant que Homais et Charles Bovary devisent sur la médecine, Emma sympathise avec Léon Dupuis, clerc de notaire et habitué de l'auberge, qui dîne avec eux. Ils se découvrent des goûts communs. Puis les

Bovary s'installent dans leur maison : " C'était la quatrième fois qu'elle ( Emma) couchait dans un endroit inconnu. La première avait été le jour de son entrée au couvent, la seconde celle de son arrivée à Tostes, la troisième à la Vaubyessard, la quatrième était celle-ci ; et chacune s'était trouvée faire dans sa vie comme l'inauguration d'une phase nouvelle ." La jeune femme se prend à rêver à des jours meilleurs.• Homais, le pharmacien, se montre, avec les Bovary, le meilleur des voisins. Il essaye, en fait, de s'attirer la sympathie de Charles Bovary, au cas où ce dernier apprendrait qu'il exerce de façon illicite la médecine. Charles, lui, est maussade car la clientèle "n'arrive pas" . Heureusement cette déception professionnelle est compensée par la naissance de sa fille. Emma donne naissance à Berthe. La jeune femme eût préféré un fils. Après le baptême, la petite

est mise en nourrice, chez Mme Rollet. Un jour, Léon accompagne Emma et sa fille chez la nourrice. Sur le chemin, Emma et Léon se donnent la main. Cette complicité ne passe pas inaperçue : " Dès le soir, cela fut connu dans Yonville, et madame Tuvache, la femme du maire, déclara devant sa servante que madame Bovary se compromettait" . • La vie, se poursuit, monotone. Emma guette chaque jour, de sa maison, le passage de Léon. Les Bovary sont invités régulièrement, le dimanche, avec Léon, chez Homais, le pharmacien : On y joue au trente et un, et aux dominos. Puis Homais et Bovary s'endorment. Léon et Emma feuillettent alors ensemble L'illustration et goûtent cette "solitude" :" Ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu'ils avaient leur semblait plus douce, parce qu'elle n'était

pas entendue". Les jeunes gens s'échangent des cadeaux. Léon fait la cour à Emma mais ne se déclare pas . En février, lors d'une promenade dominicale aux environs d'Yonville, en compagnie des Homais et de Léon, Emma prend conscience de la banalité de Charles face au charme du jeune homme. Elle réalise aussi que Léon est amoureux d'elle. Elle décide de ne pas céder à la tentation et s'efforce de rester une maîtresse de maison modèle et une mère irréprochable. Sa maîtrise apparente cache pourtant un douloureux conflit intérieur : amour pour Léon et volonté de rester vertueuse. C'est Charles qui sera le bouc émissaire de ce malheur : elle le méprisait, elle se met à le haïr.

• Un soir d'avril, elle entend l'angélus. "Ce tintement répété" rappelle à Emma le souvenir du couvent. La religion peut l'aider , peut-être, à affronter cette crise qu'elle traverse : elle se rend à l'église afin de confier son trouble à Bournisien, le curé. Mais le dialogue entre l'homme d'église et la jeune femme n'est qu'une suite de malentendus. Pour lui, ces souffrances sont purement physiques. Cette incompréhension laisse Emma désemparée. De retour chez elle, Emma repousse sèchement sa fille Berthe, qui tombe et se blesse. Charles, qui rentre pour le dîner, soigne cette blessure sans gravité. La jeune mère , se reprochant son attitude, reste pour veiller sur sa fille endormie. Elle est effrayée de la laideur de son enfant.

• Quant à Léon, il désespère de l'inaccessibilité d'Emma et se lasse de cet amour sans espoir. Il décide alors de partir à Paris terminer son droit . Il vient faire ses adieux à Emma. L'émotion est grande mais le jeune homme ne parvient pas à trouver les mots pour l'exprimer. Au cours de la soirée qui suit son départ, Homais évoque les réjouissances de la capitale; il annonce aussi que des Comices agricoles auront lieu cette année à Yonville.• Suite au départ de Léon, Madame Bovary sombre à nouveau dans la mélancolie : " le chagrin s'engouffrait dans son âme avec des hurlements doux, comme fait le vent d'hiver dans les châteaux abandonnés ". La visite du sieur Lheureux, marchand de nouveautés, lui donne l'occasion de faire des dépenses déraisonnables. Emma se lance aussi dans des lectures ambitieuses : " Elle voulut apprendre l'italien : elle acheta des dictionnaires, une grammaire, une

provision de papier blanc. Elle essaya des lectures sérieuses, de l'histoire et de la philosophie ". Charles sombre dans l'inquiétude. Il fait appel à sa mère :"Alors il écrivit à sa mère pour la prier de venir, et ils eurent ensemble de longues conférences au sujet d'Emma" . Mme Bovary mère ne trouve guère de solutions miracles. Il faut, selon elle, " empêcher Emma de lire des romans". • Un jour de marché, Rodolphe Boulanger, le nouveau châtelain de la Huchette, rend visite à Charles Bovary, avec un de ses fermiers à qui il faut faire une saignée. Durant l'intervention de l'officier de santé, il regarde Emma et la trouve très jolie. Aristocrate libertin, "de tempérament brutal et d'intelligence perspicace", il devine le fossé qui s'est creusé entre les deux époux, il décèle aussi les frustrations et les rêves inassouvis d'Emma. C'est décidé, lors des

prochains comices agricoles, il fera tout pour la séduire.• Le jour des comices est arrivé, tout le village est en fête. Rodolphe profite de cette occasion pour faire sa cour à la jeune femme. Il va à sa rencontre, et parvient à fausser compagnie à M. Lheureux et au pharmacien. Rodolphe et Emma assistent tous les deux à l'examen des bêtes, à l'arrivée des notables. Du premier étage de la mairie, ils entendent, par bribes, les discours officiels, car Rodolphe met à profit la situation pour tenir à Emma des propos

séducteurs. Emma se laisse prendre au jeu et n'émet qu'une faible résistance. Les discours sont suivis de la remise de médailles : une servante reçoit cette décoration en récompense de ses cinquante ans de labeur. La fête se termine par un feu d'artifice raté. M. Homais rédige un article dithyrambique pour le Fanal de Rouen, dont il est le correspondant.• Rodolphe attend six semaines avant de rendre visite à Emma. Il joue d'abord la comédie puis simule la mélancolie. Charles survient, Rodolphe feint alors de s'inquiéter de la santé d'Emma. Il lui conseille une promenade à cheval. Charles donne son aval. La jeune femme part donc pour une balade à cheval en compagnie de Rodolphe. Ils pénètrent dans une forêt. C'est là qu'Emma se donne à son compagnon. " Elle se répétait : " J'ai un amant ! un amant ! "

se délectant à cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l'amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré ." Elle rencontre alors Rodolphe tous les jours, dans la forêt, puis elle n'hésite pas à se rendre jusqu'au château de Rodolphe. Ce dernier commence à trouver ces visites imprudentes.•  • Un jour, lors d'une de ses escapades matinales, Emma rencontre le percepteur Binet. Elle se montre peu convaincante quant à la justification de cette promenade. Toute la journée, elle s'angoisse des commérages que pourrait colporter Binet. Le soir, elle rencontre à nouveau le percepteur chez Homais, le pharmacien. Binet ne peut s'empêcher de faire allusion à leur rencontre matinale. Heureusement les invités ne réagissent pas. C'est donc le soir, sous la

tonnelle de leur jardin, ou par temps de pluie dans le cabinet de consultations de son mari, qu'Emma donne maintenant rendez-vous à son amant. Mais Rodolphe commence à s'ennuyer de cette liaison. A l'approche du printemps, Emma, bien que toujours amoureuse de cet amant, éprouve des remords en lisant une lettre naïve et touchante de son père. Elle dresse un bilan amer de son existence et regrette la candeur de son enfance. Elle redécouvre auprès de sa fille la tendresse maternelle et souhaiterait se rapprocher de son mari.

•  • Homais et Emma œuvrent auprès de Charles pour le convaincre d'opérer Hippolyte, le garçon d'écurie du Lion d'Or, de son pied-bot. Charles accepte. L'opération semble un succès et Emma éprouve une tendresse admirative pour son mari. Homais montre aux Bovary l'article qu'il a préparé pour le Fanal de Rouen. Malheureusement des complications surviennent vite, et la jambe du malheureux Hippolyte se gangrène. Il faut faire appel au docteur Canivet,

célèbre médecin de Neuchâtel. Il doit procéder à l'amputation de la cuisse. Cet échec anéantit les espoirs professionnels de Charles. La déception est également immense pour Mme Bovary qui se sent humiliée d'avoir fondé en vain des espoirs dans son mari. Ses dernières résolutions vertueuses disparaissent : Emma se détache irrémédiablement de Charles et s'abandonne à nouveau dans les bras de Rodolphe.• Emma s'enflamme de nouveau pour son amant. Elle lui suggére même de tout abandonner pour partir ensemble : " Nous irions vivre ailleurs". Elle offre beaucoup de cadeaux à son amant, et dérobe de l'argent à son mari pour payer ses dettes auprès de Lheureux. Elle met ainsi en péril les finances de son couple. Elle n'hésite plus à s'afficher avec son amant dans un attitude provocante : " Par l'effet seul de ses habitudes amoureuses, madame Bovary

changea d'allures. Ses regards devinrent plus hardis, ses discours plus libres ; elle eut même l'inconvenance de se promener avec M. Rodolphe, une cigarette à la bouche, comme pour narguer le monde". Rodolphe, lui, n'est pas à la hauteur de cette passion, il se lasse de sa maîtresse et la traite avec peu de ménagement. Il finit pourtant sur insistance d'Emma par accepter de "l'enlever". Leur fuite est prévue pour début septembre. Charles, lui, rêve encore de beaux projets pour son épouse et sa fille. Tout est prêt pour la fuite des amants. Lheureux une nouvelle fois procure le nécessaire : " un grand manteau et une caisse pas trop lourde...". L'avant-veille du départ, les amants ont rendez-vous au clair de lune. Rodolphe le sait déjà : il ne partira pas avec Emma et sa fille.

• Rentré chez lui, Rodolphe écrit une longue lettre de rupture à Emma. Dès les premiers mots, la jeune femme comprend. Effondrée, elle s'enfuit au grenier où, dans un vertige, elle songe à se suicider. Redescendue pour le dîner, elle entend passer le tilbury de Rodolphe qui l'emporte loin de Yonville. Elle perd connaissance. " Une fièvre cérébrale" la cloue au lit pendant plus d'un mois. Charles veille en permanence sur elle, guettant les signes d'un rétablissement. Vers la mi-octobre, elle retrouve peu à peu la santé. Mais Charles l'emmène sous la tonnelle. Cette vision du banc, où elle donnait rendez-vous à son amant, provoque une rechute : " E lle eut un étourdissement, et dès le soir, sa maladie recommença, avec une allure plus incertaine, il est vrai, et des caractères plus complexes. Tantôt elle souffrait au coeur, puis dans la poitrine, dans le cerveau, dans les membres ; il lui survint des vomissements où Charles crut apercevoir les premiers symptômes d'un cancer. "

• Charles s'est beaucoup endetté pour soigner son épouse et aussi pour honorer les achats qu'elle avait réalisés pour sa fuite avec Rodolphe. Lheureux profite de la situation et se montre de plus en plus menaçant. Charles, trop inquiet du fait de l'état de santé d'Emma pour analyser la situation, lui emprunte de l'argent. Durant sa convalescence, madame Bovary reçoit des visites du curé et retrouve provisoirement la foi. Un jour, Homais, le pharmacien, conseille à Charles d'aller à Rouen avec son épouse écouter un opéra de Donizetti. Dès le lendemain, à huit heures, le couple part pour Rouen.

• Les Bovary arrivent très tôt à l'opéra. Ils admirent la salle et le décor. Puis la représentation commence. Emma est subjuguée par le ténor Lagardy. Elle se passionne également pour le spectacle et trouve des similitudes entre le destin de Lucie de Lammemoor et le sien. À l'entracte, Charles, va chercher un rafraîchissement pour sa femme, et rencontre Léon. Le clerc vient saluer Emma dans la loge des Bovary. A la fin de la représentation, il emmène les Bovary au café. Là, Charles suggère à sa femme de rester seule un jour de plus à Rouen pour revoir l'opéra.

•  • Troisième Partie• Cela faisait trois ans que Léon et Emma ne s'étaient pas revus. Le lendemain de leur rencontre à l'opéra, Léon se rend à l'Hôtel de la Croix-Rouge où Emma est descendue. Il lui confie tout l'amour qu'il a éprouvé pour elle. Durant une longue conversation, Emma et Léon évoquent Yonville, leurs peines, leurs rêves et leur souvenirs. Emma refuse de s'abandonner aux avances du clerc, mais elle accepte néanmoins de le retrouver le lendemain à la

cathédrale. Après le départ de Léon, Emma écrit une lettre pour décliner le rendez-vous mais, ne connaissant pas l'adresse de Léon, décide de la lui remettre elle-même .• Le lendemain, Léon arrive le premier à la cathédrale. Lorsqu'Emma arrive à son tour, elle lui tend la lettre puis va s’agenouiller dans la chapelle de la Vierge. Il s'apprêtent ensuite à quitter la cathédrale, lorsque le Suisse se propose de leur faire visiter le monument. Impatient, Léon abrège la visite. Débarrassé de l'importun, il entraîne Emma hors de la cathédrale et lui propose une promenade en fiacre qui leur fait parcourir à vive allure Rouen et ses

environs. •  • De retour à Yonville, Emma se rend chez Homais. Justin, l'apprenti a commis une faute grave et le pharmacien le sermonne sévèrement : pour faire les confitures, Justin a désobéi et est allé chercher une bassine dans la réserve où le pharmacien stocke l'arsenic. Entre deux reproches à Justin, Homais apprend sans ménagement à Emma que le père de Charles est mort. Madame Bovary est peu affectée par ce deuil, mais feint devant Charles d'éprouver

du chagrin. Le lendemain, les Bovary, aidés de Mme Bovary mère, s'affairent pour préparer les obsèques. C'est alors que Lheureux, le marchand d'étoffes, se rend chez les Bovary. Il suggère à Emma d'obtenir une procuration de son mari pour gérer elle-même les revenus du couple. Emma suggère à Charles, qui accepte, de se rendre à Rouen, pour consulter Léon sur cette question.•  • Emma reste trois jours à Rouen avec son amant. Puis ils décident d'utiliser la nourrice pour échanger leurs correspondances. Mais impatient de revoir sa maîtresse, Léon vient à Yonville. Il dîne au Lion d'Or et rend visite aux Bovary. Les deux amants souhaiteraient se revoir régulièrement. Emma fait la promesse à Léon de venir le voir une fois par semaine. Elle engage également de nouvelles dépenses auprès de Lheureux. Elle réussit à convaincre

Charles de lui permettre de se rendre une fois par semaine à Rouen, le jeudi, pour y prendre des leçons de piano.•  • Chaque jeudi , Emma retrouve Léon et les semaines s'écoulent selon un rite immuable : il y a le lever silencieux d'Emma afin de ne pas réveiller Charles, le départ d'Yonville au petit matin à bord de l'Hirondelle, la route, la ville de Rouen qui s'éveille, la chambre douillette des rendez-vous, puis le retour et la rencontre d'un horrible aveugle, qui lui cause à chaque fois une terrible peur . Rouen devient le symbole du plaisir qu'elle découvre dans les bras de

Léon. La passion qu'éprouve Emma pour le jeune homme réveille en elle des désirs de luxe. Elle accumule les dépenses d'habillement.• Elle prend aussi l'habitude de mentir afin de pas dévoiler les motifs réels de ses voyages à Rouen. Mais un jour, Lheureux la découvre au bras de Léon. Il profite de la situation pour la forcer à rembourser ses dettes . Il lui fait vendre la propriété de Barneville dont son mari a hérité. Il lui fait également signer de nouveaux billets d'ordre. Charles, de son côté, en signe lui aussi. La situation financière du couple est de plus en plus dramatique. Madame Bovary

mère qu'on a appelé à la rescousse détruit la procuration qui avait été accordée à Emma, ce qui provoque une crise de nerfs de sa belle-fille. Charles ne résiste pas très longtemps et signe rapidement une nouvelle procuration à son épouse. Un soir, Emma reste à Rouen. Charles s'y rend en pleine nuit et ne retrouve sa femme qu'à l'aube. Elle indique alors à Charles que cette liberté lui est indispensable. Dès lors, Emma va à Rouen quand bon lui semble. Léon est de plus en plus subjugué par l'attitude de sa maîtresse. Mais ces visites fréquentes le dérangent dans son travail .

•  •  • Un jeudi, Homais prend la diligence pour Rouen en même temps qu'Emma. Il est invité par Léon et souhaite mettre à profit ce voyage pour revoir les lieux de sa jeunesse. Le clerc doit subir le bavardage du pharmacien pendant de longues heures. Il ne parvient pas à lui fausser compagnie. Emma, furieuse, quitte l'hôtel où elle l'attend et éprouve beaucoup de mépris pour le manque de courage dont a fait preuve son amant. Cet incident met en lumière les

défauts du jeune homme. Dès lors sa passion faiblit. Une menace de saisie l'oblige à trouver de toute urgence de l'argent : elle se fait payer des honoraires de son mari, vend de vieilles choses, emprunte à tout le monde, et engage même un cadeau de noces au mont-de-piété. De son côté Léon, sermonné par son patron et ne souhaitant pas se compromettre au moment de devenir premier clerc, se détache progressivement d'Emma. La jeune femme, elle aussi un peu lasse, n'a pas le courage de le quitter. Un soir, en rentrant à Yonville après une nuit passée au bal masqué de la mi-carême, elle apprend que ses meubles vont être saisis. Lheureux à qui elle rend visite se montre intraitable et cynique.

•  • "Elle fut stoïque, le lendemain, lorsque Maître Hareng, l'huissier, avec deux témoins, se présenta chez elle pour faire le procès-verbal de la saisie ". Cette situation la contraint à quémander , par tous les moyens , de l'aide . Dès le dimanche , elle se rend à Rouen, mais les banquiers sont ou à la campagne ou en voyage. Puis elle sollicite Léon qui ne lui fait qu'une vague promesse . De retour à Yonville , elle se rend chez Maître Guillaumin qui à défaut de

l'aider lui fait des avances. Emma est outrée et va trouver Binet qui s'esquive. Elle va ensuite chez la mère Rollet et attend , en vain, l'arrivée de Léon. Il ne reste plus que Rodolphe, son premier amant.•  • "Elle se demandait tout en marchant : " Que vais-je dire ? Par où commencerai-je ? " Et, à mesure qu'elle avançait, elle reconnaissait les buissons, les arbres, les joncs marins sur la colline, le château là-bas. Elle se retrouvait dans les sensations de sa première tendresse, et son pauvre cœur comprimé s'y dilatait amoureusement. Un vent tiède lui soufflait au visage ; la neige, se fondant, tombait goutte à goutte des bourgeons sur l'herbe. " Mais Rodolphe n'a

pas ces 3000 francs dont elle a besoin. Désespérée, Emma explose de colère : " Mais, moi, je t'aurais tout donné, j'aurais tout vendu, j'aurais travaillé de mes mains, j'aurais mendié sur les routes, pour un sourire, pour un regard, pour t'entendre dire : " Merci ! " Et tu restes là tranquillement dans ton fauteuil, comme si déjà tu ne m'avais pas fait assez souffrir ? " Elle lui reproche son égoïsme et s'en va, bouleversée :" Elle sortit. Les murs tremblaient, le plafond l'écrasait ; et elle repassa par la longue allée, en trébuchant contre les tas de feuilles mortes que le vent dispersait" .

• Sur le chemin du retour, elle est victime d'hallucinations. Arrivée à Yonville, elle court chez Homais et force Justin à lui donner les clés de la réserve. Elle avale de l'arsenic, puis rentre chez elle. Elle rédige une lettre et demande à Charles de ne l’ouvrir que le lendemain : "Tu la liras demain ; d'ici là, je t'en prie, ne m'adresse pas une seule question !... Non, pas une !" Puis elle se met au lit. Les premiers symptômes de l'empoisonnement surviennent rapidement. Charles, paniqué, ne sait que faire. Homais propose une analyse. Emma souhaite revoir sa fille . Arrivent ensuite le docteur Canivet puis le docteur Larivière. Il est trop tard pour la sauver. Madame Bovary reçoit l'extrême-onction, puis elle pleure en se regardant dans un miroir. Elle entend au dehors la chanson de l'aveugle rencontré maintes fois lors de ses escapades à Rouen. Puis c'est l'agonie et la mort: " Et Emma se mit à rire, d'un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement.

• Il souffla bien fort ce jour-là. • Et le jupon court s'envola ! • Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s'approchèrent. Elle n'existait plus. "•  •  • Charles est effondré. Il organise avec peine les funérailles. Homais critique ces dispositions, mais Bovary lui répond sèchement : " Est-ce que cela vous regarde ? Laissez-moi ! vous ne l'aimiez pas ! Allez-vous-en !" Lors de la veillée funèbre Homais et l'abbé Bournisien discutent âprement de questions "théologiques", puis ils s'endorment. Arrive au petit matin Mme Bovary mère, puis d'autres visiteurs. Charles souhaite garder d'Emma une mèche de

cheveux. La jeune femme est alors mise en bière. Puis c'est l'arrivée du père Rouault à Yonville. Il s'évanouit en voyant les draps noirs. •  • Les obsèques religieuses ont lieu par une belle journée de printemps. La cérémonie est interminable : " On chantait, on s'agenouillait, on se relevait, cela n'en finissait pas ! ". Le cortège se rend ensuite au cimetière en empruntant des chemins de campagne. Ce soir-là, Charles veille en pensant à sa femme disparue. Rodolphe et Léon dorment tranquillement. Il en est un autre qui ne trouve pas le sommeil et qui est inconsolable, c'est Justin.•  • Dès le lendemain, Les affaires d'argent recommencent. Les créanciers se déchaînent sur le pauvre Bovary, mais celui-ci refuse de vendre les meubles ayant appartenu à Emma. " Alors chacun se mit à profiter." : Mademoiselle Lempereur réclame six mois de leçons, Félicité, la bonne, le quitte en emportant la garde-robe d'Emma... Léon se marie. Charles retrouve au grenier la preuve de l'infidélité d'Emma : la lettre de Rodolphe. Il est fou de douleur. Il

souhaite pourtant qu'Emma bénéficie d'un superbe monument funéraire. il se fâche définitivement avec sa mère. Un autre jour, il découvre les lettres de Léon, ce qui ne lui laisse plus aucun espoir quant à la fidélité d'Emma. Un jour d'août il rencontre Rodolphe. Il parle volontiers avec lui et ne semble pas lui en vouloir. Il meurt, le lendemain, sur le banc du jardin, sous la tonnelle. Berthe est recueillie par une tante du père Rouault. Il lui faut travailler comme ouvrière dans une filature. Homais, lui, est comblé : " il vient de recevoir la croix d'honneur".

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Balzac• Le Père Goriot de Balzac• Le roman comprend quatre parties. La première partie, intitulée « Une pension bourgeoise », présente les lieux aux confins du quartier

latin et du faubourg Saint-Marcel, rue Neuve Sainte-Geneviève, actuellement rue Tournefort. La sordide pension Vauquer est présentée par étages. Les lieux sont accordés au personnage de la tenancière, Madame Vauquer : « toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne ». Les personnages sont apparentés à un microcosme familial et les portraits se succèdent. D’une part, les plus âgés : Mademoiselle Michonneau, Poiret, Madame Couture ; puis les jeunes, étudiants insouciants. Trois personnages se distinguent surtout par leurs liens avec d’autres milieux que celui du monde clos de la pension. Rastignac est un jeune aristocrate provincial venu étudier à Paris, Vautrin est un homme, mystérieux et marginal auquel Balzac consacre un long portrait inquiétant, enfin Goriot est un commerçant retraité de belle allure lors de son installation en 1812, mais tombé peu à peu dans la décrépitude lorsque le roman commence en 1819. Il est la cible des moqueries rituelles des jeunes pensionnaires.

• Par sa cousine, la vicomtesse de Beauséant, qui l’initie aux mystères du grand monde, Rastignac perce le secret de Jean-Joachim Goriot: il s’est quasiment ruiné pour ses filles, Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen qui le tiennent à l’écart de leur vie : elles mènent grand train auprès de leurs maris aristocrates mais elles ont honte de la façon dont s’est enrichi leur père. Elles ne rechignent toutefois pas à accepter ses subsides lorsque les y forcent leurs problèmes financiers.

• Vautrin révèle cyniquement à Rastignac les rouages de la société et les moyens de parvenir à la puissance. Il veut faire sa fortune et il le pousse à épouser Mademoiselle de Taillefer, dont il s’arrange pour faire tuer le frère en duel afin de lui rendre la disposition d’un riche héritage. Rastignac refuse de suivre Vautrin dans cette affaire criminelle. Il s’engage dans une relation amoureuse avec Delphine.

• Une enquête révèle que Vautrin est un ancien forçat, Jacques Collin, portant une marque qui n’apparaît que si l’on frappe la peau et que découvrent les agents venus l’arrêter.

• Le Père Goriot, qui croyait pouvoir quitter la pension avec Rastignac pour vivre auprès de sa fille Delphine, meurt en apprenant brutalement la situation familiale et financière désastreuse de ses filles, qui lui réclament son aide sans ménagement.

• Rastignac assiste à l’enterrement du vieillard, que ses filles n’accompagnent même pas au cimetière. Bien qu’il soit assez ému par la détresse du vieillard, Rastignac se laisse emporter par sa passion du pouvoir et de l’argent et, subjugué par la vue des quartiers riches de Paris, il se lance à la conquête de la capitale : « À nous deux, maintenant ! ».

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Le naturalisme

- École littéraire qui s’impose dans les dernières décennies du XIXe siècle

- Définition: mouvement qui s’inspire des postulats, théories et méthodes de la science expérimentale et qui se soucie de rigueur scientifique

- Caractéristiques: l’écrivain naturaliste cherche à+ reproduire la réalité avec une objectivité parfaite

et dans tous les aspects+ fonder la vérité du roman sur l’observation et

sur l’expérimentation- Auteurs : Zola, Guy de Maupassant, Huysmann

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Le symbolisme

- Mouvement littéraire animé par un groupe de poètes, paru vers la fin du XIXe siècle

- Le symbolisme est une réaction au naturalisme. Les symbolistes ne peignent pas fidèlement l'objet, contrairement aux naturalistes, mais recherchent une impression, une sensation, qui évoque un monde idéal et privilégie l'expression des états d'âmes.

- Caractéristiques: Les poètes symbolistes cherchent à + fonder l’art sur une vision symbolique et spirituelle du

monde+ transcrire ces visions (les impressions) par de nouveaux

moyens (symbole, métaphore, allusion…)- Auteurs: Beaudelaire, Verlaine, Rimbaud

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Le Parnasse

En réaction contre l'effusion égocentrique du romantisme, le Parnasse est un mouvement poétique qui veut recentrer la poésie sur le travail formel du poète et développe une théorie de " l'art pour l'art »

+ refus du lyrisme personnel+ refus de l’engagement du poète+ recherche du beau absolu par un travail

dur

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Chapitre 6

Le XXe siècle

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Aperçu historique- Régimes politiques: les IIIe, IVe et Ve Républiques- Vie sociale :+ Les deux grandes guerres (1914-1918, 1939-1945)+ Les Trente Glorieuses (de l’après la deuxième guerre aux années

70)+ Les dernières décennies : société de consommation et de

loisirs,Union européenne, mondialisation- Vie intellectuelle:+ une accélération rapide des avancées scientifiques et

technologiques + une diffusion importante des oeuvres imprimées+ une croissance rapide des media (cinéma, radio, télévision, disque,

informatique)+ deux grands mouvements de pensée: structuralisme et

existentialisme

Page 67: Histoire de la Littérature française COURS

Existentialisme

- L'existentialisme est une philosophie qui met en avant la liberté individuelle, la responsabilité ainsi que la subjectivité. L'existentialisme considère chaque personne comme un être unique qui est maître de ses actes et de son destin.

- L'existentialisme peut être expliqué par la théorie sartrienne: « l'existence précède l'essence », c'est-à-dire qu'on surgit d'abord dans le monde, puis on existe et finalement on se définit par nos actions dont nous sommes pleinement responsables.

- Trois notions de l’existentialisme: liberté, responabilité, angoisse.

Page 68: Histoire de la Littérature française COURS

Aperçu littéraire

- Existence de nombreuses tendances différentes. Il s’agit d’une littérature d’éclattement, de rupture, de remise en question et de transgression…

- Le XXe siècle est marqué par une remise en question progressive des genres littéraires : roman polymorphe, l‘autobiographie se confond avec la mode de « l‘autofiction », tout comme la poésie tend à se confondre avec la chanson, l'œuvre de théâtre est remplacée par des mises en scène à partir de textes non spécifiques.

- La deuxième moitié du siècle est particulièrement marquée par les expériences de "littérature de laboratoire "et le jeu intellectuel (nouveau roman et littérature potentielle), mais aussi par le poids d'une littérature commerciale

Page 69: Histoire de la Littérature française COURS

De 1900 à 1950

Deux grands courants qui se dégagent de nombreuses tendances différentes:

- Le Surréalisme

- L’Existentialisme

Page 70: Histoire de la Littérature française COURS

Le Surréalisme

- Le surréalisme est un mouvement littéraire et artistique né après la Première Guerre mondialeè

- Ce mouvement provient du Dadaïsme fondé en 1916 à Zurich par Tristan Tzara

- Définition du Surréalisme par André Breton: « automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit de tout autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

- Le surréalisme est caractérisé par+ opposition à toutes conventions sociales, logiques et morales+ mise en valeur de l'irrationnel, de l'absurde, du rêve, du désir et de la révolte.

(refus de la logique cartésienne, refus du formalisme et de l’académisme, révolte contre le conformisme/ goût pour l’irrationnel, le fantastique et le merveilleux; intérêt pour la folie, pour la libre expression de l’inconscient)

- Auteurs: André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard

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L’existentialisme

- L'existentialisme est une philosophie selon laquelle l’homme n’est pas déterminé par son essence, mais est libre et responsable de son existence

- L'existentialisme est introduit en France par Jean-Paul Sartre dans les années 40

- Selon la théorie sartrienne, « l'existence précède l'essence », c'est-à-dire que l’homme existe d’abord et qu’il se définit après. Trois notions avancées par Sartre: liberté, responsabilité et angoisse. (La nausée, Huis clos, Les Mots)

- Une autre forme de l’existentialisme: la philosophie de l’absurde d’Albert Camus.Chez Camus, la prise de conscience de l’absurde est inséparable de la révolte qu’elle engendre. (L’homme révolté, L’Etranger)

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Cầu Mirabeau

 Dưới cầu Mirabeau êm đềm trôi dòng

Seine

Trôi cả tình yêu của anh và emKhông biết anh có còn nên nhớNiềm vui sẽ đến theo sau nỗi ưu phiền.

 Giờ cứ điểm, đêm cứ đến gầnTháng ngày trôi, đây vẫn còn anh.

 Mặt đối mặt và tay trong tay nhauVòng tay ta như cầuDưới cầu dòng nước chảyÁnh mắt rã rời vì li biệt dài lâu.

 Giờ cứ điểm, đêm cứ đến gầnTháng ngày trôi, đây vẫn còn anh.

 Tình ra đi như dòng nước trôi nhanhTình yêu của em và anhCuộc đời ơi, sao mà chậm rãiHy vọng sao mà dữ dội cuồng điên.

 Giờ cứ điểm, đêm cứ đến gầnTháng ngày trôi, đây vẫn còn anh.

 Vẫn trôi đều ngày tuần, tháng nămQuá khứ và tình yêu quay trở lại không

cònChỉ một điều không bao giờ thay đổiDưới cầu Mirabeau êm đềm trôi dòng

Seine. 

Giờ cứ điểm, đêm cứ đến gầnTháng ngày trôi, đây vẫn còn anh.

Page 73: Histoire de la Littérature française COURS

L’adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyèreL'automne est morte souviens-t'enNous ne nous verrons plus sur TerreOdeur du temps brin de bruyèreEt souviens-toi que je t'attends

Ta đã hái nhành lá cây thạch thảoEm nhớ cho mùa thu đã chết rồiChúng ta sẽ không tao phùng được nữaMộng trùng lai không có ở trên đờiHương thời gian mùi thạch thảo bốc hơiVà nhớ nhé ta đợi chờ em đó...

Lời Vĩnh Biệt -- Bùi Giáng dịchMùa Thu Chết -- Phạm Duy phổ nhạc

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Jean-Paul Sartre

Vie

- 1905 : Naissance à Paris

- …

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La nauséeAuteur: J-P. SartreEdition:1938Résumé:Antoine Roquentin, trentenaire, vit dans la ville portuaire de

Bouville et écrit un ouvrage sur la vie du marquis de Rollebon. Il remarque un changement qui s'empare de lui : ses sensations sont faussées, il éprouve en sentiment d'étrangeté et de dégoût. Sa nausée va croissant, apparaissant d'abord face à des objets d'une quotidienne banalité, s'étendant ensuite aux personnes rencontrées et envahissant progressivement tout son rapport au monde. Son seul salut passe par l'écoute d'un morceau, « Some of these days », qui lui permet d'échapper temporairement à son malaise. Il comprend alors que peut-être seule la création d'une oeuvre, romanesque dans son cas, peut peut-être le sauver et lui permettre de supporter sa vie.

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Huis clos

RésuméTrois personnages se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Il s'agit de Garcin, journaliste, Inès, employée des Postes et Estelle, une riche mondaine.

Scène 1

Garcin entre accompagné dans un salon, style second Empire. Garcin demande au garçon d'étage où sont les machines de torture, il n'y en a pas, mais le garçon d'étage prétend que tous ses "clients" sont pareils. Ils veulent tous les pals et leurs objets de toilette. Garcin prétend ne pas avoir peur. Le garçon s'en va.

Scène 2

Garcin se retrouve seul et appelle vainement le garçon.Scène 3

Inès entre, prend Garcin pour son bourreau. Celui-ci sursaute, rit, puis lui explique que non et tente un dialogue. Réponses froides de Inès.

Scène 4 Estelle entre et préfère s'inquiéter de la couleur des canapés.

Scène 5 • Estelle prétend être morte d'une pneumonie et ignore la raison de sa présence en enfer. Elle s'interroge par

ailleurs quant à la raison pour laquelle les trois personnages ont été réunis. Garcin avoue qu’il a torturé sa femme et a déserté Inès explique qu'elle est lesbienne et elle se définit elle-même comme méchante car elle a besoin de la souffrance des autres. En fin de compte Estelle avoue à contrecœur qu'elle avait un amant avec qui elle a eu un enfant et qu'elle a tué l'enfant et laissé se suicider son amant afin de ne pas faire éclater de scandale. Estelle cherche du réconfort dans les bras de Garcin, mais ce dernier veut de la confiance. Inès n'arrête pas de les juger. Estelle essayera d'assassiner Inès mais ils sont déjà morts. Ils seront ensemble huis clos pour l'éternité à se disputer.

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Albert Camus (1913-1960)

Vie:

Oeuvre:

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L’EtrangerRésuméPremière partie

Meursault, le narrateur, est un jeune et modeste employé de bureau habitant Alger. Il reçoit un télégramme annonçant la mort de sa mère qui séjournait depuis trois ans dans l’asile de vieillards de Marengo. Meursault demande et obtient un congé de quarante huit heures et va déjeuner au restaurant Céleste, puis prend l’autobus pour aller à l’asile. Il assiste à l’enterrement de sa mère avec indifférence (fumer, prendre du café au lait offert par le concierge de l’asile…). Après son retour des funérailles, Meursault va à la piscine, où il rencontre une ancienne collègue du bureau, Marie, et passemla nuit avec elle. Le lendemain, en retournant du travail, Meursault aide son voisin de paliers Raymond à écrire une lettre à sa maitraisse qui l’a trompé. Avec cette lettre, Raymond peut l'attirer chez lui pour lui donner une leçon, mais il finit par la battre. À partir de ce moment, le frère de la maîtresse surveille les allées-venues de Raymond, s'apprêtant à se venger. Une semaine plus tard, Meursault et Marie sont invités à passer une journée à la plage avec Raymond et ses amis. Suite à un bataille avec deux Arabes dont le frère de la maitraisse de Raymond, ce dernier est blessé d’un coup de couteau. Meursault, par précaution, a pris le révolver de Raymond. Sur la plage, aveuglé par le soleil et l’éclat du couteau de l’Arabe, Meursault tire sur lui et le tue.

Seconde partieMeursault est arrêté et subit plusieurs interrogatoires au commissariat, puis chez le juge d'instruction. Trouvant son affaire " très simple" Meursault ne juge pas utile de prendre un avocat. On lui en désigne un d'office. Il questionne Meursault sur sa mère et les sentiments qu'il avait pour elle. Les propos à la fois sincères et naïfs de Meursault gênent son avocat. Nouvel interrogatoire chez le juge. Il lui demande lui aussi s'il aimait sa mère. Il souhaiterait également comprendre pourquoi il a attendu entre le premier et les quatre autres coups de feu. Meursault ne manifeste aucun regret, et reste muet. Meurault sera condamné à mort. Il se révolte contre la compassion de l’aumônier : Celui-ci insiste pour que Meursault se repente, mais le condamné à mort lui répond qu'il ne sait même pas ce qu'est le péché ; quand l'aumônier indique à Meursault son intention de prier pour lui, Meursault se précipite sur lui et l’insulte. Ce qu’il souhaite, c’est « qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine ».

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Albert Camus s’expliqueAlbert Camus s'explique dans une dernière interview :

« J'ai résumé L'Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu'elle est très paradoxale : “Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort.” Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société ou il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c'est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir. [...] ...On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L'Étranger l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n'est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres…”

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La seconde moitié du XXe siècle

La littérature de cette période est très complexe : l’apparition des tendances nouvelles dans le domaine de roman et de théâtre (nouveau roman, nouveau théâtre) dans les années cinquante, puis l’éclatement de la littérature individuelle dans les années fin de siècle.

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Nouveau roman

- Date: paru dans les années cinquante- Définition: Un mouvement qui regroupe des romanciers

ayant tendance à refuser les structures et les objectifs du roman traditionnel.

- Caractéristiques:+ refus des personnages à caractères : les personnages sont réduits à des pronoms personnels, à un initial; ce sont souvent des ratés ou des marginaux.+ refus de l’organisation chronologique du récit : utilisation du temps présent, composition énigmatique.+ rejet de toute préoccupation idéologique: l’oeuvre ne sert plus à la transmission de message de l’auteur.

- Auteurs: Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Nathalie Sarraute, Jean Ricardou

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Pour un nouveau roman (1963) 

Nous en a-t-on assez parlé du « personnage » ! Et ça ne semble, hélas, pas près de finir. Cinquante années de maladie, le constat de son décès enregistré à maintes reprises par les plus sérieux essayistes, rien n'a encore réussi à le faire tomber du piédestal où l'avait placé le XIXe siècle. C'est une momie à présent, mais qui trône toujours avec la même majesté quoique postiche au milieu des valeurs que révère la critique traditionnelle. C'est même là qu'elle reconnaît le « vrai » romancier : « il crée des personnages »...  Pour justifier le bien-fondé de ce point de vue, on utilise le raisonnement habituel : Balzac nous a laissé Le Père Goriot, Dostoïesvski a donné le jour aux Karamazov, écrire des romans ne peut plus donc être que cela : ajouter quelques figures modernes à la galerie de portraits que constitue notre histoire littéraire.

Alain Robbe-Grillet

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La jalousie (1957)

Tout est raconté du point de vue d'un narrateur jaloux qui épie sa femme A... qu'il soupçonne de vouloir le quitter pour Franck, l'autre personnage masculin du roman. Le narrateur ne se nomme jamais dans le texte. Le roman est la transcription de sa conscience. Prisonnier d'une jalousie pathologique, il modifie son regard sur les objets et les êtres qui l'entourent. Il serait donc vain de dégager du roman une chronologie linéaire. Néanmoins, il est possible de dégager une structure ternaire qui correspond au déroulement des évènements. L'intrigue se divise alors en trois temps: le temps qui précède le voyage en ville de Franck et de A. Le temps qui correspond au voyage lui même et le temps qui s'écoule du retour de A à la clôture du roman.

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Le nouveau théâtre ou le "Théâtre de l’Absurde“

- Paru dans les années cinquante- Le nouveau théâtre présente une volonté de rupture avec

le théâtre traditionnel. - Caractéristiques:

+ mise en scène l’absurdité de la condition et de l’existence humaines: personnages sont des “anti-héros” entrainés dans une existence monotone.

+ tours de dérision du discours rationnel: les dialogues mécaniques, illusoires, parodiques => vides de sens l’impossibilité des êtres à communiquer entre eux.

+ absence d’intrigue: histoire racontée n’est pas importante.

+ rôle réservé au corps, au décor…- Auteurs : Ionesco, Beckett.

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La cantatrice chauveOn entend sonner à la porte d'entrée.

M. Smith - Tiens, on sonne.Mme Smith - Il doit y avoir quelqu'un. Je vais voir. (Elle va voir. Elle ouvre et revient.) Personne.

Elle se rassoit.M. Martin - Je vais vous donner un autre exemple…

Sonnette.M. Smith - Tiens, on sonne.Mme Smith - Ça doit être quelqu'un. Je vais voir. (Elle va voir. Elle ouvre et revient.) Personne.M. Martin, qui a oublié où il en est - Euh!…Mme Martin - Tu disais que tu allais donner un autre exemple.M. Martin - Ah oui…

Sonnette.M. Smith - Tiens, on sonne.Mme Smith - Je ne vais plus ouvrir.M. Smith - Oui, mais il doit y avoir quelqu'un!Mme Smith - La première fois, il n'y avait personne. La deuxième fois, non plus. Pourquoi crois-tu

qu'il y aura quelqu'un maintenant?M. Smith - Parce qu'on a sonné!Mme Martin - Ce n'est pas une raison.M. Martin - Comment? Quand on entend quelqu'un sonner à la porte, c'est qu'il y a quelqu'un à la

porte, qui sonne pour qu'on lui ouvre la porte.Mme Martin - Pas toujours. Vous avez vu tout à l'heure!M. Martin - La plupart du temps, si. M. Smith - Moi, quand je vais chez quelqu'un, je sonne pour entrer. Je pense que tout le monde fait

pareil et que chaque fois qu'on sonne c'est qu'il y a quelqu'un.Mme Smith - Cela est vrai en théorie. Mais dans la réalité les choses se passent autrement. Tu as

bien vu tout à l'heure.Mme Martin - Votre femme a raison.

Page 87: Histoire de la Littérature française COURS

aM. Martin - Oh! Vous les femmes, vous vous défendez toujours l'une l'autre.Mme Smith - Eh bien, je vais aller voir. Tu ne diras pas que je suis entêtée, mais tu verras qu'il n'y a

personne! (Elle va voir. Elle ouvre la porte et la referme.) Tu vois, il n'y a personne.Elle revient à sa place.

Mme Smith - Ah! Ces hommes qui veulent toujours avoir raison et qui ont toujours tort!On entend de nouveau sonner.è

M. Smith - Tiens, on sonne, il doit y avoir quelqu'un.Mme Smith, qui fait une crise de colère. - Ne m'envoie plus ouvrir la porte. Tu as vu que c'était inutile.

L'expérience nous apprend que lorsqu'on entend sonner à la porte, c'est qu'il n'y a jamais personne.

Mme Martin - Jamais.M. Martin - Ce n'est pas sûr.M. Smith - C'est même faux. La plupart du temps, quand on entend sonner à la porte, c'est qu'il y a

quelqu'un.Mme Smith - Il ne veut pas en démordre.Mme Martin - Mon mari aussi est très têtu.M. Martin - Ce n'est pas impossible.M. Smith - Il y a quelqu'un.Mme Smith, à son mari. - Non.M. Smith - Si.Mme Smith - Je te dis que non. En tout cas, tu ne me dérangeras plus pour rien. Si tu veux aller voir,

vas-y toi-même!M. Smith - J'y vais.

Mme Smith hausse les épaules. Mme Martin hoche la tête.M. Smith va ouvrir - Ah! How do you do! (il jette un regard à Mme Smith et aux époux Martin qui sont

tous surpris.) C'est le Capitaine des Pompiers!

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En attendant GodotDeux clochards, Vladimir et Estragon, attendent sous un arbre (le seul élément du décor), la venue improbable de Godot (God?), qui doit apporter une réponse à tous leurs espoirs. Celui-ci n’arrivant pas, ils se mettent à parler, comme pour occuper le temps, pour combler le vide et le silence. Au lieu de Godot, qui envoie chaque soir un messager pour annoncer qu’il viendra le lendemain, deux nouveaux personnages apparaissent, Pozzo et Lucky. Ce dernier est, comme un chien, tenu en laisse par le premier. Pozzo représente le pouvoir, l’autorité, le despotisme, alors que Lucky incarne la soumission de l’esclave. Ces deux personnages semblent résumer la situation cruelle et tragique du monde, tandis que les deux clochards symbolisent l’espoir – jamais satisfait – de s’en sortir. Dans ces conditions d’extrême pessimisme et d’absolue absurdité, il n’existe qu’un remède, la mort, ce que Vladimir et Estragon vont tenter, par le suicide. Mais même la corde avec laquelle ils voulaient se pendre se casse.