grÉgoire de nysse (x e et xiv e ss.)author version published in: slavica gandensia 29 (2002):...

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Author version Published in: Slavica Gandensia 29 (2002): 137-164 DEUX TRADUCTIONS SLAVONNES DU DE HOMINIS OPIFICIO DE GRÉGOIRE DE NYSSE (X E ET XIV E SS.) To\ ga\ r gra/mma a)pokte/nnei, to\ de\ pneu=ma z%opoiei=. 2Kor.3.6b Le Peri\ kataskeuh=j a)nqrw/pou ou De hominis opificio de Grégoire de Nysse (appelé ci-après Dho) 1 a fait l’objet de nombreuses traductions anciennes: le Clavis Patrum Graecorum 3154 mentionne des traductions en syrien 2 , en araméen 3 , en géorgien 4 et en arabe 5 . On connaît également quatre traductions latines: non seulement celle de Dionysius Exiguus (6 e siècle) 6 et celle de Jean Scot Erigène (9 e siècle) 7 , mais aussi la traduction non publiée d’Ambrosius Ferrarius (1553) et celle de Ioannes Levvenklaius, qui a été largement diffusée (1567) 8 . La grande inconnue 1 Editio princeps Straßburg 1512, cf. ALTENBURGER et MANN, Bibliographie: 9. La Patrologia Graeca (PG) 44, col. 123-256, reprend l’editio Morelliana (Paris 1638). A défaut de publication du texte dans la série Gregorii Nysseni Opera (GNO) (LANGERBECK, JAEGER et autres), la meilleure édition disponible reste celle de FORBES, De conditione hominis (1855). 2 Cf. PARMENTIER, Syriac Translations: 143-193, pour le Dho voir 164. Une traduction italienne de quelques chapitres est parue dans Ricerche sull’Oriente Cristiano, c.-à-d. chap. 13-14 (5, 1982), 14 (6, 1983), 9-11 (7, 1984), 23 (= le chapitre grec 22) (10, 1987). Cf. LANGERBECK (éd.), In Canticum Canticorum (= GNO 6): lxi et suiv. 3 A la page 99 de son édition, FORBES mentionne la version araméenne, dont il dit: “Cum Venetiis degerem, a Monachis Mechitaristis, insulae San Lazaro incolis, de ea sciscitatus sum; cum autem didici, ita male factam esse ut sine auxilio Graeci textus vix intelligi posset”. Cf. CASEY, Armenia Inedita: 55-59, pour le Dho voir 59, et VAN ESBROECK et ZANETTI, Manuscrit Érévan: 139, note 118. 4 Cf. CHANIDZÉ, Monuments: 132. I. ABULADZE est l’auteur d’une monographie, en géorgien, sur les traductions géorgiennes des Homiliae IX in Hexaemeron de Basile le Grand et du De hominis opificio de Grégoire (Tiflis 1964). 5 NASRALLAH, Dossier arabe: 28. 6 Première édition: Cologne 1537. Patrologia Latina (PL) 67: coll. 347-408. Forbes a repris dans son édition la traduction latine de Dionysius, pourvue d’un apparatus criticus, et non la traduction de Levvenklaius (cf. infra), comme l’ont dit ALTENBURGER et MANN, o.c.: 269. 7 Jean Scot cite à maintes reprises le Dho dans son propre ouvrage De divisione naturae; CAPPUYNS a réussi à identifier ces citations avec la traduction latine du traité dans le codex Bamberg B.IV.13, cf. son Jean Scot Érigène: 172-178, et SIEGMUND, Überlieferung: 187-188. C’est également CAPPUYNS qui a publié la traduction: Le “De imagine” de Grégoire de Nysse traduit par Jean Scot Érigène (1965). 8 Première édition: Basel 1567. L’editio Morelliana de 1638 (et donc la PG 44) donne également la traduction de Levvenklaius. La dénomination latine De hominis opificio provient de cette traduction; Dionysius fait référence au texte en l’appelant De conditione hominis. Pour les divers titres latins, cf. LEVINE, Latin Versions: 483-484, note 19. brought to you by CORE View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk provided by Ghent University Academic Bibliography

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Author version Published in: Slavica Gandensia 29 (2002): 137-164

DEUX TRADUCTIONS SLAVONNES DU DE HOMINIS OPIFICIO DE

GRÉGOIRE DE NYSSE (XE ET XIV E SS.)

To\ ga\r gra/mma a)pokte/nnei,

to\ de\ pneu=ma z%opoiei=. 2Kor.3.6b

Le Peri\ kataskeuh=j a)nqrw/pou ou De hominis opificio de Grégoire de Nysse (appelé ci-après Dho)1 a fait l’objet de nombreuses traductions anciennes: le Clavis Patrum Graecorum 3154 mentionne des traductions en syrien2, en araméen3, en géorgien4 et en arabe5. On connaît également quatre traductions latines: non seulement celle de Dionysius Exiguus (6e siècle)6 et celle de Jean Scot Erigène (9e siècle)7, mais aussi la traduction non publiée d’Ambrosius Ferrarius (1553) et celle de Ioannes Levvenklaius, qui a été largement diffusée (1567)8. La grande inconnue

1 Editio princeps Straßburg 1512, cf. ALTENBURGER et MANN, Bibliographie: 9. La

Patrologia Graeca (PG) 44, col. 123-256, reprend l’editio Morelliana (Paris 1638). A défaut de publication du texte dans la série Gregorii Nysseni Opera (GNO) (LANGERBECK, JAEGER et autres), la meilleure édition disponible reste celle de FORBES, De conditione hominis (1855).

2 Cf. PARMENTIER, Syriac Translations: 143-193, pour le Dho voir 164. Une traduction italienne de quelques chapitres est parue dans Ricerche sull’Oriente Cristiano, c.-à-d. chap. 13-14 (5, 1982), 14 (6, 1983), 9-11 (7, 1984), 23 (= le chapitre grec 22) (10, 1987). Cf. LANGERBECK (éd.), In Canticum Canticorum (= GNO 6): lxi et suiv.

3 A la page 99 de son édition, FORBES mentionne la version araméenne, dont il dit: “Cum Venetiis degerem, a Monachis Mechitaristis, insulae San Lazaro incolis, de ea sciscitatus sum; cum autem didici, ita male factam esse ut sine auxilio Graeci textus vix intelligi posset”. Cf. CASEY, Armenia Inedita: 55-59, pour le Dho voir 59, et VAN ESBROECK et ZANETTI, Manuscrit Érévan: 139, note 118.

4 Cf. CHANIDZÉ, Monuments: 132. I. ABULADZE est l’auteur d’une monographie, en géorgien, sur les traductions géorgiennes des Homiliae IX in Hexaemeron de Basile le Grand et du De hominis opificio de Grégoire (Tiflis 1964).

5 NASRALLAH, Dossier arabe: 28. 6 Première édition: Cologne 1537. Patrologia Latina (PL) 67: coll. 347-408. Forbes a

repris dans son édition la traduction latine de Dionysius, pourvue d’un apparatus criticus, et non la traduction de Levvenklaius (cf. infra), comme l’ont dit ALTENBURGER et MANN, o.c.: 269.

7 Jean Scot cite à maintes reprises le Dho dans son propre ouvrage De divisione naturae; CAPPUYNS a réussi à identifier ces citations avec la traduction latine du traité dans le codex Bamberg B.IV.13, cf. son Jean Scot Érigène: 172-178, et SIEGMUND, Überlieferung: 187-188. C’est également CAPPUYNS qui a publié la traduction: Le “De imagine” de Grégoire de Nysse traduit par Jean Scot Érigène (1965).

8 Première édition: Basel 1567. L’editio Morelliana de 1638 (et donc la PG 44) donne également la traduction de Levvenklaius. La dénomination latine De hominis opificio provient de cette traduction; Dionysius fait référence au texte en l’appelant De conditione hominis. Pour les divers titres latins, cf. LEVINE, Latin Versions: 483-484, note 19.

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est la traduction slavonne, intitulée Î îáðàçý ÷ëîâýêà9, à laquelle nous

avons déjà consacré une étude10. Un traducteur anonyme serbe apparemment a fait cette traduction integrale, encore inédite, au 14e siècle. Dans tous les manuscrits de la tradition slave, la traduction du Dho suit celle des Homiliae IX in Hexaemeron (appelé ci-après Hex.) de Basile le Grand: il semble que les deux textes étaient considérés comme un ensemble, appelé Šestodnevnik (øåñòîäüíåâüí¸êü) ou Hexaméron11.

L’œuvre de Grégoire avait cependant attiré bien avant déjà l’attention d’un homme de lettres slave, notamment de l’auteur-traducteur-compilateur Jean l’Exarque12, actif à Preslav sous le règne de Symeon (893-927)13. Trois chapitres du Dho nous sont parvenus dans une traduction de son fait, dans les annexes à sa traduction sélective du De fide orthodoxa de Jean Damascène, son Bogoslovie14. Il s’agit des chapitres grecs 25 (ke', Pw=j a)/n tij kai\ tw=n e)/cwqen prosaxqei/h

pisteu=sai...), 26 (kj', (/Oti ou)k e)/cw tou= ei)ko/toj h( a)na/stasij), et 27 (kz', (/Oti dunato/n e)stin ei)j ta\ tou= panto\j stoixei=a...), à savoir les chapitres 50, 51 et 52 du Bogoslovie15, et les chapitres 26, 27 et 28 (ê¤�., êç�., ê �̧.) dans la traduction intégrale du Dho, qui reprend cette numérotation alternative d’une autre branche de la tradition grecque.

La comparaison des deux traductions de ces trois chapitres, que quatre siècles séparent, peut fournir des données intéressantes sur l’évolution de la pratique de la traduction slavonne durant le Moyen-Age16. Alors que l’Occident se

9 Cf. THOMSON, Continuity: 144, 153 note 116; RADOŠEVIĆ, qui pour le texte grec n’a consulté que la PG, affirme dans son Poslanica: 373, que “îáðàçü ÷ëîâýêà за kataskeuh\ a)nqrw/pou у наслову можда прати неку другу грчку рукопису традициjу”. Le titre provient de l’incipit du manuscrit c dans l’introduction de Forbes (Lamb. t.iii cod. 63), Peri\ ei)ko/noj a)nqrw/pou.

10 Cf. SELS, Traduction. Il faut remarquer qu’un cinquième manuscrit, N, a depuis été incorporé dans notre étude, cf. infra. Des publications sur le Dho slavon sont RADOŠEVIĆ, O Slovenskim prevodima et son article susmentionné, Poslanica. Voir également THOMSON, The Works.

11 Cette impression se confirme, comme remarqué précédemment par RADOŠEVIĆ, Poslanica: 372, note 5, de sorte que les traductions groupées du Hex. et du Dho s’achèvent dans les manuscrits par êîí°öü øåñòîä(ü)íåâ°í¸ê¹, Fin de l’Hexaméron.

12 Cf. RADOŠEVIĆ, o.c.: 372. 13 Cf. pour les données biographiques et bibliographiques l’article de IKONOMOVA dans la

Kirilo-Metodievska enciklopedija: 169-194. 14 L. SADNÍK , Des hl. Johannes von Damaskus )/Ekqesij a)kribh\j th=j o)rqodo/cou

pi/stewj in der Übersetzung des Exarchen Johannes. 1, Wiesbaden 1967. 2-4, Freiburg i. Br. 1981-1984.

15 Ces chapitres ont également été publiés par SADNÍK , dans Anzeiger für slavische Philologie, à savoir le chapitre 50 dans 10/11 (1979): 163-187 et les chapitres 51-52 dans 12 (1981): 133-169.

16 On trouve des comparaisons de la traduction du Hex. de Basile par l’Exarque avec celle faite par un anonymus du 14e siècle: TROST a étudié ces traductions dans le cadre de ses

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demandait depuis quelques siècles déjà s’il fallait traduire les Saintes Ecritures et les textes théologiques verbum e verbo ou sensus de sensu17, dans le monde slave, cette question se posait au 9e siècle, à l’aube de la littérature slave18. L’œuvre de pionnier réalisée par Constantin et Methode a été poursuivie à Preslav et Ohrid19, entre autres par Jean l’Exarque. Son œuvre a été abondamment commentée dans la littérature scientifique. D’innombrables études ont été consacrées à son langage20, son style21, et sa technique de traduction22, et expriment divers jugements de valeur sur le travail de Jean23. Notre connaissance de l’Exarque translator ne s’appuie d’ailleurs pas uniquement sur ses traductions, mais également sur sa ‘justification’ dans la préface du Bogoslovie24. Je me contenterai ici d’en présenter un fragment, dans la traduction de F. Thomson:

Untersuchungen. L’étude de RADOSEVIC, Slovenski prevod, couvre également la traduction du Hex. réalisée au 18e siècle par Epifanij Slavineckij.

17 Cf. dans ce contexte BROCK, Aspects of Translation et THOMSON, Sensus or Proprietas Verborum. Voir aussi KELLY, “Latin tradition” dans la Routledge Encyclopedia of Translation Studies (éd. M. BAKER): 496-501.

18 Cf. DOSTÁLOVÁ, Voraussetzungen. 19 Les commentateurs ont classé les traductions de cette période en différentes écoles, à

savoir l’école d’Ohrid et celle de Preslav. Cf. LILOVA dans son article pour la Routledge Encyclopedia of Translation Studies: “Bulgarian tradition, Schools of translation in medieval Bulgaria”: 347-350. La liberté relative par rapport aux modèles grecs en matière de syntaxe, de choix et d’ordre des mots, attribuée à l’école d’Ohrid, est opposée à l’approche de Preslav, qui s’appuyerait davantage sur la morphologie et la syntaxe des originaux grecs.

20 Cf. VONDRÁK, O mluvě. Pour son utilisation de la terminologie philosophique, cf. WEIHER, Studien et Rezeption; PODSKALSKY, Untersuchungen et Rezeption.

21 Cf. surtout LÄGREID’s Rhetorische Stil. 22 LESKIEN, Übersetzungskunst; KEIPERT, Übersetzungsprobleme; Le phénomène de

l’hendiadys ou Doppelübersetzung est présent surtout chez HANSACK, Der Übersetzungsstil et Zum Übersetzungsstil, et, plus en rapport avec la philosophie du langage, Theoretischen Grundlagen et Sparchphilosophie; Voir également THOMSON, John the Exarch.

23 Dans son article John the Exarch, THOMSON passe en revue les commentaires négatifs à propos de la connaissance du grec et de la formation théologique de l’Exarque (Leskien, Podskalsy, Keipert). L’auteur soumets ces commentaires à un examen critique et les réfute en grande partie. Thomson conclut, 58: “… claims to the effect that his knowledge of Greek was but mediocre and his theological education unsound must be rejected as unproven by the evidence cited. On the contrary, his translation shows that he understood both the Greek and the theology. To censure him for not coining a one-to-one equivalent theological and philosophical terminology not merely ignores the textological evidence of the variants,…, it also ignores his stated aim of making the sense rather than the words of De fide orthodoxa known to his readers, who scarcely would have comprehended an entirely neologistic terminology”.

24 Les parallèles avec le ‘feuillet macédonien’ ont attiré plus d’une fois l’attention des commentateurs, cf. VAILLANT : Préface, TROST, Konzeptionen, et idem, Untersuchungen: 34-36. Tant Vaillant que Trost défendent la dépendance de l’Exarque par rapport à la feuille macédonienne et la paternité littéraire de Constantin-Cyril.

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“Íå áî ¬ñòü ëü´ý âüñüäå ñúìîòðèòè åëèíüñêà ãëàãîëà, íú ðà´¹ìà

íyæäÿ áëþñòè! (…) Äà ìûè äð¹ãîèöè îñòàâëüøå èñòîâîå ñëîâî ðà´¹ìú ¸ñòîâûè òîæäå ìîã¹ùü ïîëîæèõîìú! Íåáîíú ðà´¹ìà ðàä¸ ïðýëàãà¬ìú êúíèãû ñè-, à íå òú÷üþ ãëàãîëú ¸ñòîâûèõú ðàäüìà”25.

“It is thus not possible always to heed the Greek lexeme, but it is necesary to observe the sense. (…) we, having occasionally left out the true lexeme, have put the true, homosemantic sense, for we are translating this book for the sake of the sense and not merely for the sake of the true lexemes”26.

Thomson remarque: “wherever possible John intends to maintain the e)/tumoj le/cij of the source language in the target language, but where that is not possible he will put the e)/tumoj o(modu/namoj du/namij27”28. S’il faut en croire cette déclaration d’intention, Jean devait donc rester au plus près de la langue source et traduire ‘littéralement’ lorsque c’était possible. Pourtant Trost affirme que, pour l’Exarque, la traduction ‘libre’ était plus qu’un correctif en cas d’impossibilité de traduire ‘littéralement’: “Insofern bleibt es bei dem Primat der sinngetreuen Übersetzung. Diese hat bei ihm den Vorzug, ganz gleich, ob sie gleichzeitig wortgetreu sein könnte oder nicht”29. Cependant nous constatons que l’Exarque est parfois visiblement influencé par son modèle grec au niveau de l’ordre des mots et de la syntaxe; ça et là il traduit mot à mot. Podskalsky affirme: “Der Übersetzungsstil des Ioann Ekzarch läßt sich – pointiert gesagt – als ein Konglomerat disparater Übersetzungstheorien bezeichnen”30.

Contrairement à Jean, le traducteur de la traduction intégrale du Dho reste anonyme31, de sorte que l’étude de la technique de traduction ne peut pas être liée à celle de la personnalité du traducteur32. La période durant laquelle la traduction a été effectuée a cependant intéressé les commentateurs. L’activité de l’école de

25 Pour la préface intégrale, voir VAILLANT , Textes Vieux-Slaves: 72-76; SADNÍK , )/Ekqesij

(1967): 26-28. 26 THOMSON, John the Exarch: 41. 27 e)/tumoj le/cij, èñòîâîå ñëîâî, the true lexeme; e)/tumoj o(modu/namoj du/namij, ðà´¹ìú

èñòîâûè òîæäå ìîã¹ùü, the true, homosemantic sense. 28 THOMSON, o.c.: 41. 29 TROST, Untersuchungen: 35. Cf. également idem, Konzeptionen: 525. 30 PODSKALSY, Theologische Literatur: 147. 31 Bien qu’il ne soit pas prouvé que les traductions du Hex. et du Dho soient de la main

d’un seul et même traducteur, l’hypothèse est cependant plausible. La traduction du Hex. de Basile a été attribuée autrefois à Vladislav Grammatikos, qui a copié deux des cinq codices connus du Hex. et du Dho (R et Z, cf. infra), cf. BAUR, Nominalkomposition: xii-xiii. On connaît pourtant deux manuscrits plus anciens (Ch et N, cf. infra), ce qui nous force d’admettre que Vladislav a copié et non traduit le texte.

32 TROST remarque d’ailleurs “daß der Übersetzungsstil in den verschiedenen Zeitabschnitten des slavischen Mittelalters weniger individueller Ausdrucksunterschied, als vielmehr in hohem Grade geistesgeschichtlich bestimmte Ausdrucksform war”, Untersuchungen: 19.

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Trnovo et les réformes du patriarche bulgare Euthymios (patriarche 1375-1393)33 doivent être placées dans le contexte de la renaissance intellectuelle et littéraire de ce 14e siècle34. La technique de traduction ‘métaphrastique’ observée à cette période peut être attribuée à des conceptions néo-platoniciennes de la langue et au désir de pureté dogmatique d’une part, et au développement naturel de la langue d’autre part35. On peut en tout cas affirmer que les traductions de cette période tardive (14e, 15e siècles) se distinguent sensiblement des traductions antérieures (9e, 10e siècles) pour ce qui concerne leur rapport aux modèles grecs et les moyens linguistiques propres. Trost a déjà remarqué que la période au cours de laquelle la traduction est effectuée peut être indicative pour le style et la pratique de traduction:

“Da die Entstehungszeit einer Übersetzung und der Übersetzungsstil, ja die Übersetzungs-praxis insgesamt, im slavischen Mittelalter sich wechselseitig bedingen, kann man aus einer Untersuchung der Übersetzunspraxis auch Anhaltspunkte für die Chronologie einer Übersetzung erhalten. Umgekehrt kann man allein aus der Tatsache heraus, daß ein Text einer bestimmten Zeit zugeordnet werden kann, damit rechnen, daß er bestimmte, für alle Texte seiner Zeit charakteristische Eigenheiten des Übersetzungsstils aufweist”36.

33 Le contenu de ces réformes n’est pas tout à fait clair: elles auraient comporté des aspects rédactionnels-thématiques, et auraient concerné également la technique de traduction, la stylistique, la linguistique et l’orthographe. Le rôle du patriarche en tant qu’innovateur est également contesté, et le ‘Ispravlenie knig’ est généralement considéré aujourd’hui comme le point culminant, comme la systématisation et la standardisation des tendances existantes. Cf. entre autres TROST, o.c.: 30-33, HANSACK, Kirchenslavische; ensuite de différentes contributions dans le recueil Tărnovska Knižovna Škola, surtout 1 (1974) et 2 (1980), (entre autres de Dinekov, Georgiev, Ivanova-Mirčeva, Rusev). Pour une étude des sources primaires sur l’Ispravlenie knig Euthymien, à savoir le Pochvalno Slovo za Evtimij de Grigorij Camblak et le Skazanie o pismenech de Konstantin de Kostenec, voir GOLDBLATT, Restoration et LA BAUVE HEBERT, Hesychasm et Reforms.

34 Depuis la contribution de Lichačev au Congrès international des slavistes, en 1958 (Nekotorye zadači izučenija vtorogo južnoslavjanskogo vlijanija v Rossii), certains établissent un lien entre l’usage linguistique de cette période et l’hésychasme, entre autres GOLDBLATT, o.c.: 140-141: “One should remember that Orthodox Slavic beliefs about language were sharply affected in the fourteenth and fifteenth centuries by the spiritual theology of the Hesychasts.(…) The Slavonic letters were called ‘divine’ because they represented the manifestation of the uncreated presence of God extended to man through Grace. (…) Because the divine letters served as the instrument of God’s revelation, Euthymius and his disciples emphasized the crucial interdependence between Slavonic letters and Christian doctrine, (…) linking the concern for correct writing (Orthography) with that of correct doctrine (Orthodoxy)”. Il ne faut pourtant pas surestimer l’influence de ce mouvement monastique sur la conception linguistique médiévale slave, cf. l’étude de LA BAUVE HÉBERT, Hesychasm.

35 Pour une description plus détaillée du littéralisme du 14e siècle et les facteurs qui y ont contribué, cf. SELS, Traduction slavonne: 162-166, où nous sommes partis des conclusions de TROST dans le cadre de son étude de la traduction du Hex, Untersuchungen zur Übersetzungstheorie und –praxis des späteren Kirchenslavischen (Cf. compte-rendus critiques de MINČEVA, Nov pogled, et MIKLAS, Ergebnisse und Perspektiven).

36 TROST, Untersuchungen: 19.

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Nous avons choisi le petit chapitre 26 pour notre analyse comparative (chap.

51 du Bogoslovie, chap. 27 dans la traduction du 14e siècle)37. Nous fournissons le texte grec dans l’édition de Forbes38 à côté du texte de l’Exarque tel qu’il a été publié par Sadník39, et notre édition de la traduction du 14e siècle. Les textes sont complétés par la traduction anglaise du grec par Moore en Wilson40 et la traduction allemande du texte de l’Exarque par Sadník. L’édition de Sadník est basée principalement sur le MS Synodal 108 du Musée Historique d’État (Gosudarstvennyj istoričeskij muzej) de Moscou, découvert par Kalajdovič (texte A). Parmi les neufs autres codices utilisés par Sadník pour son édition du Bogoslovie, cinq sont également importants pour les Bruchstücke aus Väterschriften: quatre de la Bibliothèque d’Etat de Russie de Moscou (Rossijskaja gosudarstvennaja Biblioteka; l’ancienne Bibliothèque Lénine), à savoir I (F 304, MS 121), II (F 98, MS 534), III (F 98, MS 612), IV (F. 209, MS 102), et un du Musée historique d’État: VIII (F. Chludov, MS 59)41.

Pour une brève description des manuscrits de la traduction du Dho du 14e siècle, nous renvoyons le lecteur à notre publication précédente42. En résumé: Ch: Monastère de Chilandar MS 405, ± 1400, ff. 103r-180v; R: Monastère de Saint Jean de Rila MS 4/14, anno 1456 – Vladislav Grammatikos, ff. 91r-157r; Z: l’Académie croate des sciences, Zagreb, MS III.a.47, anno 1469 – Vladislav Grammatikos, ff. 209r-240v; B: Bibliothèque nationale de Belgrade MS 42, 16e siècle, ff. 112r-181v. Un cinquième codex a depuis été ajouté à notre étude, à savoir N43: Monastère Nikoljac, Bijelo Polje MS 48; le codex se compose de deux parties, dont la première (± 1430/1440) contient entre autres le Hex. et le Dho; la seconde partie (ff.188-348) date du troisième quart du XIVe siècle44.

37 Dans une prochaine publication nous espérons pouvoir présenter aussi les deux

traductions des chapitres 25 et 27. 38 FORBES, De Conditione Hominis: 266-268. 39 C’est-à-dire, avec reprise des lectures alternatives et des notes qui intéressent notre

objectif; les numéros des notes ont été repris tels quels. Pour la totalité de l’apparatus criticus, voyez l’édition de SADNIK , Bruchstücke (1981): 135-138.

40 MOORE et WILSON, Select Writings: 417. 41 Cf. SADNÍK , )/Ekqesij (1967): Einleitung; pour le manuscrit de base voir B, xi-xvi, et

pour les textes parallèles, D, xiх-ххvii. Voir aussi EADEM, Bruchstücke (1977): 429-430. La prudence est de rigueur quand il s’agit de s’exprimer sur la langage (et donc aussi sur la technique de traduction) de Jean l’Exarque sur base de la tradition manuscrite, étant donné que ses textes ne nous sont parvenus que dans des copies relativement tardives.

42 SELS, o.c.: 147-149. 43 Au moment de ma demande, le codex se trouvait à des fins de restauration à la

Bibliothèque Nationale de Serbie, à Belgrade. Je remercie Madame Vesna Injac du Service des Relations Internationales de la Bibliothèque Nationale de m’avoir fourni une copie du manuscrit.

44 Cf. MOSIN, Rukopisi: 696-697, et ĆOROVIC, Prilozi: 86. Pour la datation à l’aide des filigranes, cf. STANKOVIĆ, Datiranje: 179.

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Page 9: GRÉGOIRE DE NYSSE (X E ET XIV E SS.)Author version Published in: Slavica Gandensia 29 (2002): 137-164 DEUX TRADUCTIONS SLAVONNES DU DE HOMINIS OPIFICIO DE GRÉGOIRE DE NYSSE (X E

kai\ polla\ toiau=ta mikropreph= kai\

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j kai\ e)cousi/aj

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diece/rxontai, w(j

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sune/sthke, gi/nesqai, kai\

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a)lla\ kai\ to\n a)e/ra kai\ to\ u(gro\n

prosxwrei=n

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ka)\n toi=j sarkobo/roij o)rne/oij, ka)\n

toi=j w

)mota/toij qhri/oij a)namixq$= to\

a)nqrw/pinon

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j, ka)\n u(p

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ko/nin metablhq$= t%

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a)gnoei=j, aår' oi)/ei th=j sh=j duna/mew

j a)tonwte/ran eiånai

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Il convient de remarquer que les deux traductions semblent être basées sur les mêmes variantes grecques: - Forbes lit profe/rousi (§1,r.11), mais les deux traductions reflètent la version prosfe/rousi (MSS a1diqr1): JE

45: ïðèíîñèòü46; AN.: ïð¸íîñåòü. - Les deux traducteurs ont probablement traduit le participe présent a)nalamba/nonta (MSS abi), et non l’aoriste a)nalabo/nta (§1,r.14): JE: �æå ýäÿòü; AN.: âüñïð¸¬ìëþù¸. - Forbes écrit )All' h(mei=j e)n o)li/g% ta\j makra\j au)tw=n th=j logikh=j mataio/thtoj peridroma\j u(potemno/meqa (§2,r.1-4), mais les deux traductions concernent la version avec e(ni\ lo/g% (MSS bit) et piqanh=j (MSS abi): JE: íú ìû åäèíýìú ñëîâåñåìü äëúãû� èõú è ï¹ñòû� è ïðåïüðíûÿ áåñýäû ïðåñý÷åìú; AN.: Íü 쥔 ¬ä¸íýìü ñëîâîìü äëüãà” wíýõ(ü) ¹âýðåííàãî ñóåòüñòâà wáòåêàí·à ïðýñýöàåìü.

Les différentes approches des deux traducteurs sont visibles à tous les niveaux du texte, et en premier lieu au niveau des mots, ou, plus exactement, au niveau du choix et de la formation des unités lexicales. On peut remarquer tout d’abord que l’instrumentaire linguistique de l’Exarque n’est pas encore fixé comme c’était le cas au 14e siècle: par exemple, pour a)na/stasij JE utilise encore âúñòàí¸å47, alors que AN. utilise âüñêðüñåí·å, généralisé dans les textes ultérieurs. On distingue également, indépendamment de la relation avec les exemples grecs, certaines préférences pour les procédés morphologiques; dans ce petit extrait, on est frappé, par exemple, par la préférence de AN. pour les substantifs (abstracta verbales) au suffixe productif -í¸¬48, cf. a)fanismo/n (§1,r.8): AN. ïîã¹áë¬í·å <> JE è´ã¥áýëü; a)natroph/ (§1,r.20): AN. âüçðàæåí·å

<> JE èêà´¹; dia/lusin (§2,r.5): AN. ðàçîðåí·å <> JE ðàñõîäú; dia\ th=j brw/sewj (§2,r.15-16): AN. ñíýäýí·åìü <> JE ýäèþ49.

Voici quelques exemples, pour illustrer la différence d’approche d’AN. et de JE vis-à-vis des modèles grecs50:

45 Ci-après JE pour Jean l’Exarque, et AN. pour l’anonymus du 14e siècle. 46 ïðèíîñèòü dans le texte, mais cf. Sadník 388a-b, note 5: rel. richtig prinosę(t). 47 Ailleurs l’Exarque utilise aussi âúñêðýøåí¸¬, âúñòàíü et âúñêðüñåí¸¬, cf.

VONDRAK, O mluvě: 3-4. 48 Cf. TROST, Untersuchungen: 250-266. 49 Dans son étude des écoles de traduction d’Ohrid et Preslav, K voprosu: 45,

IVANOVA -M IRČEVA observe la même tendance dans les traductions qu’elle a sélectionnées comme exemples de l’école de Preslav.

50 Nous sommes conscientes que la présentation isolée des mots nuit à leur signification, qui ne peut être pleinement actualisée que dans leur contexte. Mais comme nous présentons également le texte complet, nous pensons que cette méthode de travail est justifiée.

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a) GR. 51 ta\ sarko-bo/ra (§1,r.10) sarko-bo/roij (§2,r.13) AN. ïëüòî-ÿä¸âàà ïëüòî-ÿäí¥”ìü JE ´âýðü è ïòèöà ýä¹ùà� ýä¹ùèèõú ïëúòè ÷ë.â÷üñêû

ïëúòè ÷ëâ÷(ñ)êû� b) to\ a)-xw/rhton (§1,r.5) pros-xwrei=n (§2,r.10)

íå-âüìýñòíîå ïð¸-âüìýùàò¸ñå åãîæå íå ìîæåìú ñÿ äîìûñëèòè è ñúòâîðèòè [ïðè-ñò¹ïèòè]

th\n meta-xw/rhsin (gi/nesqai) (§2,r.12) ïðý-õîæäåí·å (á¥âàò¸) (ïðè-ñò¹ïèòè)

c) t%= o(mo-fu/l% (§2,r.10) to\ sug-gene\j (§2,r.12)

âüêóïî-ðîäíîìó ñü-ðîäíîìó ñâîåè ïëåìåíüí¹ì¹52 ¹æè÷üí¹

d) mikro-preph= (§1,r.18) peri-droma/j (§2,r.3) to\ u(gro\n (§2,r.9)

ìàëî-ëýïíà wá-òåêàí·à ìîêðîòíîå íå-ïîäîáüíî áåñýäû ìîêðîòý

e) tou= do/gmatoj (§1,r.21) h( qeo/-pneustoj dida/skei fwnh/ (§2,r.22-23)

ïðýäàí·à á(î)ãî-äüõíîâåíí¥ ó÷¸òü ãëàñ(ü) âýðý á.æèè ñúêà´àåòü ïèñàíèå áîæèå

AN. se distingue de JE par son approche ‘homologue’, c’est-à-dire par sa forte tendance à la congruence formelle et à une formulation essentiellement indépendante du contexte. Cette approche s’exprime notamment par un usage fréquent du calque morphologique ou calquoïde (Lehnübersetzung et -übertragung), comme l’illustrent les exemples précités53. AN. fait également volontiers usage des calques sémantiques (sémantocalque; Bedeutungsanalogie, Lehnbedeutung)54. Deux exemples: - kataskeua/zousi (§1,r.6): Lampe: kataskeua/zw: 1. make, construct, prepare; 2. establish, confirm; construct an argument; make out, affirm, traduction dans le contexte chez Moore et Wilson: ‘maintain’: AN.: ¹ñòðàÿþòü, également

51 Dorénavant, je conserverai toujours l’ordre GR., AN., JE, afin de rendre encore mieux visible la similitude formelle de la traduction de AN. par rapport au texte grec.

52 Dans le text ñâîåè ïëåìåíüí¹ì¹, mais cf. SADNIK 389a-b, note 6: Urspr. kъ svojeplemenьnujemu für t%= o(mofu/l%.

53 SCHUMANN, Lehnbildungen: 10-18. Cf. pour la terminologie relative aux calques également MOLNAR, Calques: 122-131. Pour les calques dans le prooemium de la traduction du 14e siècle du Dho, cf. SELS, Traduction: 167-168.

54 SCHUMANN, o.c.: 1, “Eine Lehnbedeutung erhält ein Wort, wenn es nach fremdsprachlichem Vorbild eine zusätzliche Bedeutung annimmt”.

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dans le sens de ‘confirm, maintain’ sur base de la signification commune ‘make, construct’; JE modifie la construction (ðåêóùå, cf. infra). - diece/rxontai (§1,r.21): Lexicon Gregorianum: diece/rxomai: 1. durchschreiten, passieren; 2. (in d. Rede) etw. durchgehen, abhandeln, vortragen; traduction dans le contexte chez Moore et Wilson: ‘rehearse’: AN.: ïðîõîäåòü, ici aussi dans le sens figuré ‘in d. Rede’ sur base de la signification littérale commune ‘ traverser, passer’; JE l’a antéposé, ãë.òü. On observe également chez AN. une tendance à utiliser des racines concordantes (cf. b: pros-xwrei=n, ïð¸-âüìýùàò¸ñå en a)-xw/rhton, íå-âüìýñòíîå), mais certainement pas dans tous les cas (cf. b: meta-xw/rhsin, ïðý-õîæäåí·å). Tandis qu’ AN. essaie de transposer dans le slavon avec les caractéristiques formelles (le/cij, Wortlaut, Ausdruck) tout l’éventail sémantique des mots grecs, la volonté de concordance formelle semble étrangère à JE. Dans son choix des pendants slaves pour les mots grecs polysémiques, il part de la signification de ces mots dans le contexte donné (du/namij, Sinn, Inhalt); plutôt que de reprendre la structure significative polysémique du grec, il tente de l’exclure55. Cependant l’Exarque n’évite pas toujours les composita modelés sur le grec (cf. o(mofu/l%: svojeplemenьnujemu; e)ceurei=n: è´îáðýñòè), bien qu’il utilise plus souvent des moyens d’expression alternatifs56. Il utilise régulièrement des constructions analytiques, parfois explicatives (p.ex. des constructions participiales, des propositions subordonnées relatives, cf. a,b). La tendance de JE à éclaircir par la simplification lexicale est également manifeste (cf. e). Les citations suivantes de Hansack s’appliquent respectivement à AN. et JE: “Der Autor eines polysemen Lexems erwartet von seinem Leser – will dieser den ‘Sinn’ verstehen –, eine kontextabhängige Dekodierung. Vollzieht sein Übersetzer aber nur eine kontextunabhängige Dekodierung, so gibt er damit zu verstehen daß er nur den ‘Wortlaut’ der Vorlage ‘abbilden’ will und die Ermittlung des dadurch ausgedrückten ‘Sinnes’ (= die kontextabhängige Monosemierung), so wie sie sein Autor ihm überlassen hat, seinem Rezipienten überläßt.” “Der sinnvollste Dekodierungsvorgang ist der (…) kontextabhängig verlaufende. Er liegt vor bei der Rezeption von Lexemen mit polysemer Struktur, deren durch den Kontext aktualisiertes Signifikat (= das Semem) übersetzt wird (was bei Lexemen mit monosemer Struktur mit kontextunabhängiger Dekodierung zusammenfällt)”57.

55 Cf. également TROST, Konzeptionen: 523, “Er (= JE) wollte nämlich die polyseme

Bedeutungsstruktur der griech. Vorlagewörter nicht unbedingt auf die slav. Entsprechungen Übertragen, sondern sie vielmehr (…) soweit wie möglich reduzieren und abbauen.”

56 Cf. BAUR, Nominalkomposition; Moyens alternatifs de rendre les composita grecs chez l’Exarque, ibid.: 57-71, p. ex. séparation des composants: filo/ponoj – ljubivъ trudomъ <> 14e siècle trudoljubivъ; abandon de l’aspect composite du mot grec: polu/sarkoj – debelъ <> 14e siècle mnogoplьtьnь; périphrase des composita par des propositions subordonées relatives: w)otoka/ - iže jaica raždaj©tъ <> 14e siècle ikrorodnye.

57 HANSACK, Der Übersetzungsstil: 125.

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La traduction d’AN. présente une concordance nominale plus importante que celle de JE, parce que le choix du matériel lexical est presque toujours indépendant du contexte. P.ex., chez AN. sw=ma correspond toujours à òýëî et sa/rc (sarko-) à ïëüòü (ïëüòî-), voir sarkobo/r-(§1,r.10; §2,r.13): ïëüòîÿä-, to\n i)xqu\n... sw/mati th\n sa/rka... a)nalabo/nta (§1,r.12-14): ð¥áý!!! òýëîìü ïëüòü!!! âüñïð¸¬ìëþù¸, tou= sw/matoj (§2,r.5): òýëåñå, to\ a)nqrw/pinon sw=ma (§2,r.15): ÷ë(îâý)÷üñêîå òýëî. La préférence de JE pour l’Ausdrucksvariation est connue et on ne rencontre qu’à peine chez lui des pendants fixes. Dans ce chapitre, quatre fois il utilise ïëúòü, jamais cependant comme pendant simple de sa/rc, tout comme òýëî, qui n’est pas nécessairement concordant avec sw=ma. Ïëúòü: une fois pour expliciter: tw=n te a)rxai/wn nekrw=n to\n a)fanismo\n (§1,r.7-8): ¹ìüðøèèõú ïëúòè è´ã¥áýëü, deux fois dans des traductions descriptives pour ta\ sarkobo/ra et sarkobo/roij (§1,r.10; §2,r.13), ´âýðü è ïòèöà ýä¹ùà� ïëúòè ÷ëâ÷(ñ)êû� et ýä¹ùèèõú ïëúòè ÷ë.â÷üñêû, et une fois comme traduction pour sw=ma58: a)nqrw/pinon sw=ma (§2,r.15): ïëúòü ÷ë.â÷üñêà! Òýëî: une fois adjectif possessif òåëåñúí¥è pour le génitif tou= sw/matoj (§2,r.5), ailleurs en vue d’explicitation: to\ i)/dion (§1,r.24-25): ñâî¬ òýëî. Dans la traduction du passage to\n i)xqu\n... sw/mati th\n sa/rka... a)nalabo/nta, JE n’utilise ni ïëúòü, ni òýëî; il traduit �æå ¹òîïúøà� ýäÿòü.

Le problème de l’usage que JE fait de l’hendiadys ou ‘double traduction’ a été traité abondamment dans la littérature59. Nous nous bornerons au seul exemple qui figure dans le texte: GR. e)nto\j tou= ko/smou pa/ntwj e)sti/ (§2,r.20-21)

AN. âüíóòðü ì¸ðà â°ñàêî ¬ñ(òü) JE íå ¹òðü ëè âú ìèðý ñåìü åñòü, ðåêúøå60 âú ¹òâàðè ñåè

âú ìèðý est, à notre avis, une traduction ‘non-contextuelle’ de e)nto\j tou= ko/smou (‘wörtliche, sinnunabhängige Übersetzung’), alors que âú ¹òâàðè ñåè est une traduction liée au contexte (‘sinngemäße, d.h. dem Sinn des Vorlagewortes im Textzusammenhang entsprechende Übersetzung’).61

58 Cf. VONDRÁK, o.c.: 7, “ïëúòü sw=ma dosti často v tomto významu. (…) Tak i

áåçïëúòüíú a)sw/matoj, ïëúòüíû swmatiko/j.” 59 Cf. note 22. HANSACK, Der Übersetzungsstil: 39, “Man glaubte, daß der Übersetzer

den Eindruck hatte, mit einem slavischen Wort allein nicht den gesamten Bedeutungsumfang seines Vorlagewortes ausdrücken zu können und deswegen zwei leicht vaiierende bzw. synonyme Wörter dafür anbot. Man dachte nicht daran, daß hier einfach die verschiedenen Übersetzungsmöglichkeiten der damaligen Zeit nebeneinanderstehen könnten, wie es in Wirklichkeit der Fall ist”. L’approche d’Hansack a soulevé des critiques, cf. CAPALDO, Jean l’Exarque: 84-89.

60 HANSACK, Zum Übersetzungsstil: 136-137, “Als Verbindingswörter zwichen den Konstituenten der Mehrfachübersetzungen findet man “i, iže sutъ, ježe jestъ, rekъše, iže glagoljetъ sę, ježe sę rečetъ, und ähnliche Ausdrücke.”

61 On retrouve un exemple similaire du Šestodnev de JE chez HANSACK, o.c.: 143, “Š.I, 11, 20-22: utvarii… rekьše mirovú, gr. ko/smouj, dt. ‘Welten’”; également chez VONDRÁK, o.c.: 4, “íåáîíú òâàðü, åæå ¬ñòü ì¸ðú (řecky jen h( ga\r kti/sij)”.

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Au niveau de la phrase, il faut tenir compte des aspects concernant la syntaxe, l’articulation informative et l’ordre des mots62. A cet égard, AN. conserve la structure syntaxique du grec – surtout la syntaxe du verbe et de la phrase, et dans une moindre mesure la syntaxe nominale et des cas63 –, et cherche à reprendre la syntaxe souvent hypotactique. Il essaye d’atteindre une équivalence numérique et positionnelle avec le modèle grec64. On rencontre régulièrement chez lui des phraséocalques ou Lehnwendungen65 et des emprunts syntaxiques66. JE procède souvent à la simplification de la structure grammaticale et de l’articulation informative par un réarrangement (souvent paratactique) de l’information, l’abandon ou l’explication de mots. Chez lui, les constructions grecques sont souvent remplacées par des tournures slaves, correspondant au sentiment linguistique de l’époque. Quelques exemples:

Alors que le traducteur postérieur s’occupe de trouver des pendants positionnels pour le moindre petit mot (particules, pronoms, préfixes, etc.), JE ne manifeste pas du tout la même préoccupation: - o(mologou=ntej th\n me\n dia/lusin tou= sw/matoj ei)j ta\ e)c wân sune/sthke (§2,r.4-6) ¸ñïîâýäàþùå ðàçîðåí·å óáî òýëåñå âü ÿæå wò(ü) í¸õ(ü)æå ñüñòàâëåíî á¥ñ(òü) èñïîâýäàþùå ðàñõîäú òåëåñúíûè §íþä¹æå åñòü ñúñòàâëåíî

Lorsque le verbe principal grec ne s’exprime qu’à la fin de la phrase, JE recherche l’antéposition afin de favoriser la transparence de la structure de la phrase: - kai\ polla\ toiau=ta mikropreph= kai\ th\j mega/lhj tou= Qeou= duna/mewj kai\ e)cousi/aj a)na/cia e)p' a)natrop$= tou= do/gmatoj diece/rxontai,... (§1,r.18-21): - · ìíîãî ñèöå íåïîäîáüíî ãë.òü è âåëèêûÿ ñèëû á.æèÿ è âëàñòè!!!67. AN. respecte l’ordre du grec.

62 Il va de soi que la classification en niveaux (mots, phrase, texte) est artificielle; chez

JE surtout, la distinction entre les différents niveaux est très difficile à établir (cf. ses constructions analytiques, hendiadys, explicitations, suppressions, etc.).

63 TROST, Untersuchungen: 69; SELS, Traduction: 165, exemples 169. 64 Cf. TROST, o.c.: 41, “Der Vergleich der Zagreber Hexaemeronübersetzung zunächts

mit der griechischen Vorlage zeigt, daß der Übersetzer bestrebt war, für die kleinste im Slavisch erfaßbare semantische Einheit der griechischen Vorlage in der Slavischen Übersetzung ein positionsgleiches Äquivalent zu konstituieren.” Nous avons déjà observé cette caractéristique dans le prooemium de la traduction slave du Dho, cf. SELS, Traduction: 166-167.

65 SCHUMANN, Lehnbildungen: 1, “Lehnwendung ist die Nachbildung einer fremdsprachlichen Redensart: so deutsch ‘den Hof machen’ nach franz. ‘faire la cour’.”

66 Pour les difficultés de discernement des emprunts syntaxiques, cf. RUZICKA, Lehnsyntax, et BIRNBAUM , Zur Aussonderung.

67 Cf. également infra, §1,r.1-6.

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La préférence d’AN. pour l’équivalence numérique paraît notamment dans l’usage qu’il fait du datif sans préposition comme pendant du datif grec avec verbe préfixé, là où JE utilise des prépositions: - prosxwrei=n + dat.: t%= o(mofu/l% (§2,r.10) ïð¸âüìýùàò¸ñå + dat.: âüêóïîðîäíîìó êú ñâîåè ïëåìåíüí¹ì¹68 (ïðèñò¹ïèòè) - a)namixq$= to\ a)nqrw/pinon sw=ma + dat.: ka)\n toi=j sarkobo/roij o)rne/oij, ka)\n toi=j w)mota/toij qhri/oij (§2,r.13-15) ñìýñ¸òñå ÷ë(îâý)÷üñêîå òýëî + dat.: àùå ïëüòîÿäí¥”ìü ïò¸öàìü, àùå ñóðîâý¸ø·¸ì(ü) çâýðåìü äà è´ìýñèòü ñÿ ïëúòü ÷ë.â÷üñêà + complément prépositionnel: ëþáî âú ýä¹ùèèõú ïòèöÿõú ïëúòè ÷ë.â÷üñêû, ëþáî âú ´âýðè òîæå äýþùþ¹ì¹

Aussi les phrases infinitives suivantes illustrent la différence entre les deux approches: o(mologou=ntej th\n dia/lusin... gi/nesqai (§2,r.4-6): AN. ¸ñïîâýäàþùå ðàçîðåí·å!!! á¥âàò¸, AcI hellénisant au lieu du DcI slave, tandis que JE juge manifestement l’infinitif superflu et traduit èñïîâýäàþùå ðàñõîäú sans plus. aår' oi)/ei... a)tonwte/ran eiånai th\n tou= Qeou= gnw=sin (§2,r.25-27) est également traduit comme AcI par AN.: ¹áî ìí¸ø¸ ë¸!!! íåìîùíý¸ø¸” á¥ò¸ á(î)æ·¸ ðàç¹ìü, alors que JE en fait une construction participiale: òî ìüíèøè ëè!!! íåìîùüíýèøå ñ¹ùå á.æèå âýäýäè¬!

L’exemple suivant montre comment JE réduit les phrases: prosxwrei=n + dat. et metaxw/rhsin gi/nesqai pro/j + acc. (§2,r.10-12) sont rassemblés, ïðèñò¹ïèòè êú... êú + dat.; comparez à AN.: ïð¸âüìýùàò¸ñå + dat. et ïð¸õîæäåí·å á¥âàò¸ êú + dat. Encore quelques exemples de la façon dont JE procède à des simplifications grammaticales (et lexicales): - kai\ to\n i)xqu\n t%= i)di/% sw/mati th\n sa/rka tou= nauagh/santoj a)nalamba/nonta (§1,r.11-14) ¸ ð¥áý ñâî¸ìü òýëîìü ïëüòü ¸ñòîïë¬ííàãî âüñïð¸¬ìëþù¸ è ðûáû, �æå ¹òîïúøà� ýäÿòü > proposition subordonée relative au lieu de construction participiale - ta\j makra\j au)tw=n th=j piqanh=j mataio/thtoj peridroma/j (§2,r.1-3) äëüãà” wíýõ(ü) ¹âýðåííàãî ñóåòüñòâà wáòåêàí·à äëúãû� èõú è ï¹ñòû� è ïðåïüðíûÿ áåñýäû > adjectives au lieu de génitif adnominal su/... ou)k a)gnoei=j (§2,r.24-25) ò¥”!!! íå íåâýñ¸ òû âýñè > omission de la double négation

Le tableau ci-dessous, dans lequel la première phrase (§1,r.1-6) des deux traductions a été reproduite sous l’exemple grec, donne un aperçu plus large de la méthode de travail de JE. Chez AN., la volonté de trouver des pendants

68 Cf. supra, note 52.

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positionnels frappe immédiatement, tout comme le maintien très strict de la construction syntaxique de la phrase. JE réarrange le matériel lexical (voir *1,2,3) et adapte la structure syntaxique en vue de favoriser la transparence: GR. )All' ei)si/ tinej oi(\ dia\ th\n tw=n a)nqrwpi/nwn*1 AN. Íü ñ¹òü íýö·¸ ¸æå ÷ë(îâý)÷üñê¥õ(ü) JE ñ¹òü ìíî´è âú ÷ë.âöýõú*1 èæå

logismw=n a)toni/an* 2 pro\j ta\ h(me/tera me/tra ðàä¸ ïîì¥ñëü” ¸çíåìîæåí·à êü ñâî¸ìü ìýðàìü

êú ñâîèìú ìûñëüìú è íåìîùúìú* 2

th\n qei/an du/namin kri/nontej, to\ á(î)æ(ü)ñòâíóþ ñ¸ëó ñ¹äåùå

è á.æüñòâüíîþ ñèë¹ ïðèòû÷þòü è ïðèêëàäàþòü, ðåêóùå*3 åãîæå

h(mi=n a)xw/rhton ou)de\ Qe%= íàìü íåâüìýñòüíîå í¸æå Á(îãî)â¸

è ìû íå ìîæåìú ñÿ äîìûñëèòè è ñúòâîðèòè òî è á.¹

dunato\n eiånai kataskeua/zousi*3. ìîùíî á¥ò¸ ¹ñòðàÿþòü.

íåìîùíî.

Le seul endroit où AN. n’utilise pas de pendant positionnel par rapport au grec, est le cas du postpositif ðàä¸ (pour dia/ + acc.), qui a injustement été lié au ÷ë(îâý)÷üñê¥õ(ü) ïîì¥ñëü” (tw=n a)nqrwpi/nwn logismw=n) au lieu d’au ¸çíåìîæåí·à (th\n a)toni/an), ce qui induit un glissement lexical69. On est frappé également par le fait que la seule divergence lexicale d’AN. – l’exclusif ñâî¸ìü pour l’inclusif h(me/tera – se retrouve également chez JE

70. JE antépose le verbe principal, ce qui va de pair avec un réarrangement grammatical: oi(... kri/nontej... kataskeua/zousi; èæå ïðèòû÷þòü è

69 Gr.: ‘par la faiblesse dеs raisonnements humain’; AN.: ‘à cause des considérations humaines de la faiblesse’

70 C’est le seul passage de toute la traduction du Dho où h(me/teroj – ailleurs toujours íàøü – est traduit différemment; l’édition de Forbes ne mentionne pas de variantes, bien qu’il est possible que cette version soit fondée sur une variante grecque qui ne nous est pas parvenue. En outre, on trouve davantage de parallèles dans les parties traduites mot à mot par l’Exarque: JE íú ìû åä¸íýìú ñëîâåñåìü, AN. íü 쥔 ¬ä¸íýìü ñëîâîìü; JE ÿêîæå íåìîã¹ù¹ á.¹ òýì¸æå ïàêû ï¹òüì¸!!!, AN. ÿêî íå ìîã¹ùó Á(îã)¹ òýì¸æäå ïàê¥ ïóò·¸!!!; Pour l’instant nous devons envisager la possibilité que ces parallèles soient dus au hasard; seule une étude détaillée des deux autres chapitres traduits aussi bien par JE que par AN. pourrait décider si AN. connaissait la traduction de JE.

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ïðèêëàäàþòü, ðåêóùå!!!71. La dualité parallèle récurrente, chaque fois avec homoteleuton, est une particularité de la structure grammaticale et stylistique adaptée:

- êú ñâîèìú ìûñëüìú è íåìîùúìú: ce matériel lexical a été retiré de l’avant de la phrase (dia\ th\n [tw=n a)nqrwpi/nwn] logismw=n a)toni/an) afin d’expliquer l’expression pro\j ta\ h(me/tera me/tra, qui disparaît dans la traduction. - êú... ïðèòû÷þòü è ïðèêëàäàþòü: dédoublement des pendants explicatifs pour kri/nontej, qui font office de verbes principaux antéposés72. - åãîæå íå ìîæåìú ñÿ äîìûñëèòè è ñúòâîðèòè pour to\ a)xw/rhton, est un bel exemple d’explication inspirée par le contexte: a)xw/rhtoj: Lampe: not to be contained, 1. in space: infinite, unlimited ; 2. incomprehensible; la composante äîìûñëèòè, correspond directement à la signification de l’exemple grec, alors que l’usage de ñúòâîðèòè est plutôt induit par le contexte; il s’agit en effet d’un acte divin, à savoir la résurrection des morts.

On observe également chez JE des réductions au niveau du texte, notamment par l’abandon de phrases ou de propositions du texte source, considérées manifestement comme superflues ou trop lourdes, par exemple ...kai\ ei)j to\n tou= bebrwko/toj o)/gkon metakexwrhko/ta dia\ th=j pe/yewj (§1,r.15-17). Il y a aussi des ajouts et des écarts importants par rapport au texte original, par exemple à la fin de la traduction: w(j mh\ a)\n e)ceurei=n tw=n e)mperiexome/nwn u(po\ th=j Qei/aj spiqamh=j th\n a)kri/beian (§2,r.27-29); traduction de Moore et Wilson: “…, that it should fail to discover the most minute of the things that are within the compass of the Divine span?” Comparez JE: ..., �êîæå íå è´îáðýñòè åæå êú êî¬è æå ÷àñòè ïðèëîæè ñÿ á.æèåìü èñêðüíèìü âýäýíèåìü? è ´ýëî wáðÿùåòü ñÿ! âñå áî åì¹ åñòü âèäèìî; traduction de Sadník: “…, daß nicht durch das genaue Wissen Gottes herauszufinden ist (das), was zu welchem (zu jeglichem?) Teile sich fügt? Aber gewiß findet es sich! Denn Ihm ist alles sichtbar (bekannt?).”

L’attention que JE accorde au contexte a déjà été illustrée en parlant de sa

traduction de to\ a)xw/rhton. Dans sa traduction explicative de ta\ sarkobo/ra (§1,r.10), ´âýðü è ïòèöà ýä¹ùà� ïëúòè ÷ëâ÷(ñ)êû�, JE anticipe l’information qui, dans le modèle grec, n’est fournie qu’au paragraphe 2, r.13-14, à savoir le fait qu’il s’agit des bêtes et des oiseaux.

71 Cf. également supra, §2, r.21. 72 Ce dédoublement est proche du hendiadys typique de JE, mais il ne s’agit pas ici de

la combinaison d’une traduction ‘non-contextuelle’ (du Wortlaut) avec une traduction ‘contextuelle’ (du Sinn), comme le phénomène est présenté par HANSACK, Der Übersetzungsstil et Zum Übersetzungsstil.

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Pour ce qui concerne le style des deux traductions, il ne faut pas perdre de vue que “the specific style of translated works is conditioned (…) also by the concrete wording of their originals, because in fact the originals had made the principal choice of language means”73. Si les deux traductions diffèrent considérablement sur le plan stylistique, c’est évidemment en raison des différents choix de traduction au niveau des mots, des phrases et du texte. Les différentes ‘poétiques de traduction’ sont tout aussi importantes que le niveau de développement de la langue. Comme Trost le remarque à juste titre, c’est tout le concept de la traduction du 14e siècle, avec son équivalence numérique et positionnelle, qui est responsable de la forte concordance de la structure rhétorique de la traduction slave – et dans ce cas de la traduction de AN. – avec celle du modèle grec74; ici le rôle créatif du traducteur disparaît à l’arrière-plan. Le cas de JE, à qui l’on attribue très justement une originalité stylistique (p.ex. sa préférence pour l’ Ausdrucksvariation; cf. aussi l’exemple ci-dessus) est différent.

Cependant, il faut mentionner non seulement l’aspect individuel du style, mais aussi l’aspect social, acceptual75; en effet le public cible (‘the social consumer’) influence le style des traductions. Le fait que JE, par sa langue claire et explicite, entre dans un autre registre qu’AN. est indissociable du fait que le texte était destiné à un tout autre public cible: “He is not striving to coin a one-for-one equivalent terminology but to make his translation comprehensible not to scholars but to recent converted Bulgarians”76. Il convient donc d’attirer l’attention sur les contextes socioculturels différents dans lesquels les traductions ont été réalisées. A peine un siècle après la christianisation et l’alphabétisation des Slaves, JE a traduit, sous le règne éclairé du ‘semi-Grec’ Syméon, des textes patristiques, entre autres de Jean Damascène, Basile le Grand, Grégoire de Nysse. À cette fin, il disposait de la toute nouvelle langue culturelle slave qui, en ce qui concerne l’outillage conceptuel et les possibilités syntaxiques, était à peine mûr pour les exigences élevées que les textes sources lui posaient. AN. travaillait dans une période de déclin politique, mais de conjoncture culturelle favorable, durant laquelle la langue slave écrite essayait de s’imposer comme ‘standard’ capable de se mesurer au grec. Une intense collaboration entre le Mont Athos et les carrefours culturels de Bulgarie et de Serbie caractérisait ce temps, où le public cible s’était approprié un appareil conceptuel et une langue érudite spécifique.

73 VEČERKA, Influence: 378. 74 TROST, Untersuchungen: 65, exemples 65-68. 75 VEČERKA, o.c.: 378. 76 THOMSON, John the Exarch: 41.

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L’article de Levine, Two early latin Versions of St. Gregory of Nyssa’s peri\ kataskeuh=j a)nqrw/pou, dans lequel l’auteur compare la traduction du Dho par Dionysius Exiguus (6e siècle) avec celle de Jean Scot (9e siécle), constitue un parallèle remarquable à notre étude. Levine constate que Dionyse, tout comme JE, abandonne le littéralisme strict, tient compte du contexte plus large, et témoigne d’une forte conscience stylistique77; le traducteur réunit “a classical sense of form” et “a Christian fidelity to thought”78. La traduction de Jean Scot donne lieu à un jugement moins élogieux; les affirmations de Levine, comme p.ex.: “Here the ‘reductio ad absurdum’ of fidelity to thought through literalism is reached” et “This fractional method has produced some rather curious results”79 rappellent directement la technique de traduction de AN.

Avec Jean l’Exarque et l’anonyme du 14e siècle, nous avons les deux extrêmes dans le domaine de la traduction: d’une part la traduction ‘analogue’, axée sur la langue cible, et d’autre part l’approche ‘homologue’, axée sur la langue source. Représentant de l’idéal classique80, l’Exarque se situe, par sa volonté de rendre le sensus verborum, non seulement dans la lignée de Cicéron81, mais aussi de Jérôme, qui, dans sa célèbre lettre 57 à Pammachius, dit: “profiteor me in interpretatione graecorum (…) non verbum e verbo, sed sensum exprimere de sensu”. Le traducteur anonyme, avec sa volonté de proprietas verborum, représente l’idéal judéo-chrétien82, issu de la pratique de la traduction de la Bible. Pourtant l’anonymus lui-aussi rejoint Jérôme, qui affirme, dans la même phrase de la lettre à Pammachius: “(…) absque in Scripturis Sanctis, ubi et verborum ordo mysterium est”.

LARA SELS Universiteit Gent

77 Comparez, par exemple, la traduction de Dionyse du to\ a)xw/rhton, “quod ipsi

capere nequeunt”, à celle de JE: “åãîæå ¸ ìû íå ìîæåìú ñÿ äîìûñë¸ò¸ ¸ ñúòâîð¸ò¸.” 78 LEVINE, Latin Versions: 475. 79 LEVINE, o.c.: 479 en 480. 80 BROCK, Aspects of Translation: 78-79, “The Graeco-Roman ideal of translation was

primarily interested in form and the impact this had on the reader”. 81 De finibus 3.15: nec tamen exprimi verbum e verbo necesse erit, ut interpretes

indiserti solent, cum sit verbum quod idem declaret magis usitatum.” Cf. également son De optimo genere oratorum.

82 BROCK, o.c.: 79, “The Jewish and Christian ideal was solely concerned with the content of the original”.

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