grandeur nature ou la parole des enfants · thierry donne un petit cours de météo à evolène sur...

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Bonjour, à vous lecteurs de ce premier journal de l’expédition 2012-2013. Le journal que vous avez sous les yeux a été écrit par tous les membres de l’équipage, chaque jour une personne différente ! Je trouve qu’il donne un bon aperçu de ce qu’ils ont vécu pendant ces deux premiers mois de voyage. Pas que des bons moments, il n’y a pas que des cartes postales, il y a aussi des coups de vent et des coups de gueule, mais dans l’ensemble cela s’est plutôt pas mal passé ! Ce journal a été composé (avec mon aide) par Simon dont c’est la responsabilité, et Théo qui était intéressé pour apprendre et faire la maquette avec lui. Cela nous a pris toute la traversée du Cap-Vert jusqu’à Fernando da Noronha et encore quelques jours depuis que nous sommes arrivés. Notre idée est de vous offrir ce journal à vous tous comme cadeau de Noël ! Comme nous sommes le 21 décembre nous avons décidé de laisser tomber la correction du journal, qui aurait pu prendre encore quelques jours puisque les textes ont souvent été tapés par ceux qui les ont écrits ! En plus ce travail aurait entièrement reposé sur les épaules de Kélig, car c’est la meilleure correctrice à bord, et vous pouvez me croire, elle ne manque pas de boulot à bord du bateau. Alors tant pis il va falloir être indulgent sur les « phôtes », en espérant que cela ne vous gâchera pas trop la lecture ! Pour les prochains journaux, nous reprendrons nos habitudes et nous solliciterons Miren, amie correctrice et professeur de Français ! Bon je m’arrête là, en souhaitant un joyeux noël à tous et une pensée particulière à toutes les familles de nos marins. Ils vous embrassent et pensent à vous, même si là je viens de les voir passer en surf sur une vague, je cours les rejoindre ! Até logo ! C C h hr r i i s s t t o o p p h h e e G G RANDEUR RANDEUR N N ATURE ATURE ou la parole des enfants Association loi 1901 Association loi 1901 E E XPÉDITION XPÉDITION 2012-2013 2012-2013 Octobre-Novembre -Décembre 2012 De Sète aux Cap-Vert en passant De Sète aux Cap-Vert en passant par les îles Canaries. par les îles Canaries.

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Page 1: GRANDEUR NATURE ou la parole des enfants · Thierry donne un petit cours de météo à Evolène sur les vents et les dépressions, pendant que Yann essaie de réparer le speedo, l’appareil

Bonjour, à vous lecteurs de ce premier journal de l’expédition 2012-2013.Le journal que vous avez sous les yeux a été écrit par tous les membres de l’équipage,chaque jour une personne différente !Je trouve qu’il donne un bon aperçu de ce qu’ils ont vécu pendant ces deux premiers moisde voyage. Pas que des bons moments, il n’y a pas que des cartes postales, il y a aussi descoups de vent et des coups de gueule, mais dans l’ensemble cela s’est plutôt pas mal passé !Ce journal a été composé (avec mon aide) par Simon dont c’est la responsabilité, et Théoqui était intéressé pour apprendre et faire la maquette avec lui. Cela nous a pris toute latraversée du Cap-Vert jusqu’à Fernando da Noronha et encore quelques jours depuis quenous sommes arrivés. Notre idée est de vous offrir ce journal à vous tous comme cadeau de Noël !Comme nous sommes le 21 décembre nous avons décidé de laisser tomber la correction dujournal, qui aurait pu prendre encore quelques jours puisque les textes ont souvent ététapés par ceux qui les ont écrits ! En plus ce travail aurait entièrement reposé sur lesépaules de Kélig, car c’est la meilleure correctrice à bord, et vous pouvez me croire, elle nemanque pas de boulot à bord du bateau. Alors tant pis il va falloir être indulgent sur les« phôtes », en espérant que cela ne vous gâchera pas trop la lecture !Pour les prochains journaux, nous reprendrons nos habitudes et nous solliciterons Miren,amie correctrice et professeur de Français !Bon je m’arrête là, en souhaitant un joyeux noël à tous et une pensée particulière à toutesles familles de nos marins.Ils vous embrassent et pensent à vous, même si là je viens de les voir passer en surf sur unevague, je cours les rejoindre ! Até logo ! CChhrriissttoopphhee

GGRANDEURRANDEUR NNATUREATURE ou la parole des enfantsAssociation loi 1901Association loi 1901

EEXPÉDITIONXPÉDITION 2012-20132012-2013Octobre-Novembre -Décembre 2012

De Sète aux Cap-Vert en passant De Sète aux Cap-Vert en passant par les îles Canaries.par les îles Canaries.

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P R EM I E R V R A I J O U R . . . P a r S i m o n

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Lundi 8 octobre 2012, Sète :Premier vrai jour à bord de Grandeur Nature, avec un réveil enmusique, comme d’habitude. Un petit dèj vite avalé sans Ninaqui se réveille juste à temps pour nous voir débarrasser, et lajournée peut commencer. Tout le monde s’active à sa tâche,Thierry sort les cartes des Baléares, à jour de… 1935, espéronsqu’aucune île ne s’est formée depuis ! Petit briefing carte pourtout le monde, on pose ses questions sur l’Espagne, qui parle Espagnol, « on s’arrête à Ibiza ou pas ??? ». 9h15 sonne vite, onlargue les amarres et on allume les moteurs, mais le moteur bâbord semble avoir un petit problème, vite résolu, et c’est partipour passer les ponts de Sète ! Une fois les ponts passés, on vavers le quai d’Alger pour dire au revoir à Christophe, qui nousattend avec une surprise de taille : la classe de Lila (la fille deChristophe) nous attend au grand complet ! Après les adieux avecles gens de l’asso et avec la classe, on sort du port, hissez lagrand-voile et le génois ! Mais avec 8 nœuds de vent, ça ne vapas très fort… Thierry donne un petit cours de météo à Evolènesur les vents et les dépressions, pendant que Yann essaie de réparer le speedo, l’appareil qui mesure la vitesse du bateau, avec Théo. Il va falloir le gratter à la prochaine escale. Thierry essaie de capter une cartemétéo sur une radio très spéciale, qui retranscrit les ondes captées sur un ordinateur, tout en expliquantcomment bien lire une carte à Evolène. Ludo prépare des leurres et la canne pour une petite partie de pêcheà la traîne. 16h30, goûter. Une heure après, une petite baignade, elle est très fraîche ! Un bol de délicieusespâtes carbonara et au lit, ce soir les quarts commencent par Ludo, Kévin et Evolène de 20h à 23h. Bonne nuit tout le monde et à demain !

Simon

P R É PA R E T O I À V O M I R . . . P a r C h a r l e s

Mardi 9 octobre :La journée ne commence pas très bien, un mal de ventre signale sa présence ! En gros « prépare-toià vomir ». Vers 10h, Ludo nous fait un cours d’espagnol qui permet d’apprendre et d’approfondirles bases, car nous nous dirigeons vers les Baléares. Malgré cette envie de vomir, la journée a dubon grâce à Nina qui voit 3-4 dauphins quijouent à l’avant du bateau et nous les obser-vons de près. Et comme Kévin l’a si bien dit,leur présence est magique, et moi je n’ai qu’uneenvie, c’est d’en revoir. Le repas du soir arrive,moi je vomis avant et après le repas. Je mebrosse les dents et je file dans ma couchettepour prendre mon quart de nuit à 23h, qui futtrès pénible car je vomis deux fois et à minuit jedécide d’aller me recoucher. Mais heureuse-ment qu’il y a Ludo et Simon pour assurer lesdeux heures restantes.

Charles

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Mercredi 10 octobre :2h du matin, réveil laborieux pour mon quart avec Théo et Yann qui doit venir deux fois car je ne me lèvepas. Le quart passe plutôt vite, heureusement car on est fatigué et bien content à 5h de retourner se coucher.Deuxième réveil à 8h, à 20 milles des Baléares. Certains disent même déjà les voir… (Hum, j’en fais partie).Finalement, il en résulte que ce ne sont que des nuages. Chacun travaille sa tête, cours d’espagnol, journalde bord, texte, histoire pour ma part. Puis Ludo et Mike commencent à faire la cuisine, pommes au four endessert, mmmh !! On passe un début d’après-midi, de sieste, lecture, jeux, musique… Et à 15h on est arrivéà l’île de Minorque à la cala Fornells. Petite baignade, grattage de coques pour certains, petite douche, et ungâteau au chocolat de Mike nous attend ! D’ailleurs, on fête son anniversaire aujourd’hui, c’est donc partipour faire un gâteau en scret (en toute discrétion). Il faut dire que sur 15m par 9, c’est assez difficile, donc sima mission est de faire un gâteau, celle des autres est de l’occuper. Pêche au début, discussion ensuite etLevel-up pour finir. Du coup, repas avec une joyeuse ambiance, la surprise des cadeaux et des bougies àsouffler à la fin, et on s’entasse tous dans uncoin de la table pour prendre une photo avecle retardateur. Ceux qui sont encore motivésfont un Dixit, Yann et moi gagnons et on partse coucher, pour Kévin, Mike, Nina et moi,ce sera sur les filets, entre le ciel étoilé et lamer, illuminée de mille feux par le plancton.

Evolène

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Jeudi 11 octobre :Ce matin c’est Théo qui réveille l’équipage, à7h30, car nous avons décidé de lever l’ancreà 9h pour rejoindre le sud de Minorque, unejolie plage paraît-il, la cala Turquesa, queLudo avait montré en photo à Thierry avantle départ et qui était resté dans un petit coinde tête de notre capitaine. Donc directioneau turquoise et sable blanc. Tout le mondeest bien content d’avoir passé une nuit sans quart, surtout Nina je crois qui en rêvait hier soir ! Le réveil fut tellement rapide et efficace pour tout le monde qu’à 8h30, nous sommes parés à lever l’ancre.Je me poste sur l’étrave bâbord, c’est-à-dire à l’avant gauche du bateau, avec Kévin, pour indiquer au bar-reur, en l’occurrence Thierry , où se trouvent la chaîne et l’ancre. Tout le monde est à un poste bien précis etpour tout vous dire, je ne sais plus qui était où ce matin là ! Mais en tout cas, tout le monde est bien présentsur le pont et ça fait plaisir à voir, vraiment ! Nous quittons la baie de Fornells sur une mer plate, ce qui merappelle d’anciens voyages où nous quittions cette même baie avec des creux de 2m. Charles est à la barreet très heureux de faire filer le bateau à 7 nœuds. Pour vous lecteur, qui êtes tranquillement assis dans votrefauteuil, 7 nœuds, ce qui est l’équivalent de 14 km/h environ, il faut le savoir, peut vous donner l’impres-sion que l’on se traîne. Mais je vous jure, amis lecteurs de salon, que filer à 7 nœuds sur notre catamaran futuriste de 15m, nous donne tout de suite le sourire, une impression d’aventure aux horizon lointains, on se sent bien, on se sent quelqu’un ! N’est-ce pas Charles ? Nous contournons donc l’île de Minorque par l’ouest, le vent tourne gentiment jusqu'à ce que nous soyons au prés, c’est à dire au plus près du ventpossible, en avançant tout de même. Nous continuons à filer à vive allure, soit 8 nœuds, mais la mauvaisenouvelle est que le vent n’est pas favorable pour faire le tour de l’île. (Suite page suivante)

DE MINORQUE... Par Kélig

A R R I V É E A U X BA L É A R E S . . . P a r E v o l è n e

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À M A J O R Q U E . . . P a r K é l i g

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Notre capitaine, aidé de son mini-skipper Mike, aprèsavoir étudié la carte de manière très précise, nous an-nonce que nous laissons tomber le petit mouillage dusud de Minorque et que nous continuons notre routevers Majorque, à 25 milles nautiques, soit environ 50km. Ce sont les aléas de la navigation, on sait quand on part mais on ne sait jamais quand et où on arrive !Majorque est, comme son nom l’indique, l’île la plusgrande des Baléares et nous allons droit sur la baie dePollença. Pas besoin de changer de cap, le vent forcit unpeu, nous y arriverons vite. Il y a quand mêmequelques affaires qui ne semblent pas avoir envie de nous suivre à Majorque. Le shorty de Simon parexemple, hop envolé ! Quelque part, ça tombe bien, ça nous donne l’occasion de faire une manœuvre de récupération d’homme à la mer. On repère l’objet flot-

tant et on active les voiles ! Grand-voile, voile d’avant, toutes les allures y passent, on tente une premièreapproche, avec Charles à la gaffe, mais nous sommes trop loin. On repart pour se repositionner correcte-ment afin d’arriver plus près et surtout pas trop vite. C’est d’ailleurs ce dont on prend conscience. Le ba-teau est rapide. On s’éloigne vite de notre objet perdu et il faut vraiment anticiper pour ne pas arriver tropvite. 2 ème approche, c’est la bonne, on récupère le shorty et on reprend notre cap. Nous déplorons quandmême la perte d’un coussin et d’une serviette. Et c’est reparti pour la navigation, cap sur la cala Engossaulaau nord de la baie de Pollensa. J’ai un souvenir de ce mouillage en 2003, magnifique dans mes souvenirs etça se vérifie. La crique est très jolie, bien à l’abri du vent, avec de belles lentilles de sables pour y jeter notreancre. Tout le monde s’empresse de partir à l’eau, baignade, lavage, shampouinage et exploration des envi-rons avec palmes, masques et tubas. Kévin part à la recherche de trésors sur la plage avec Yann et Nina, quiprend aussi soin d’elle à la jupe du bateau. Mike hésite à se baigner, c’est qu’il serait frileux, le bougre.Charles, Théo, Evolène, et Ludo se défient à sauter des rochers, Simon et Thierry nous préparent un énormegratin comme on les aime et moi je reste sur le bateau pour m’occuper des photos et de la compil’ musicalepour demain matin. Je passe un moment à discuter avec Charles. On est content de voirque tout le monde semblebien sur le bateau et çafait plaisir. Rien à voiravec notre expériencechaotique du moisd’août. L’ambiance estplutôt bonne, il n’y a pasde tension et je vous jureque c’est bon. Le rythmeest pris, la bonne volontésemble présente aussi, ontravaille l’espagnol et lesjournaux perso sont déjàlourds de plusieurspages. Moi je vous ledis…Pourvu que ça dure !

Kélig

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Samedi 13 octobre : Cette journée commence plutôtmal, il pleut depuis six heures du matin donc forcé-ment, on prend le ptit-dèj dans le carré tribord ; c’estune première fois. Cette journée est un peu spéciale :pendant toute la journée, Thierry, Kélig, Yann et Ludonous reçoivent un par un pour débrieffer de la premièresemaine de l’expédition, le premier à passer est Kévinmais avant, ils devaient se voir tout seuls, le temps qu’ilse voient et qu’ils voient Kévin, je propose à Charlesd’aller lui montrer la fameuse grotte dans laquelle nousavons plongé le jour d’avant. Malgré les indications deLudo qui voulait que personne n’y aille car il y avait duvent et du ressac, nous arrivons en face de la grotte etCharles ne se sent pas d’y aller et honnêtement s’il nem’avait pas dit de ne pas y aller, j’y serais allé. Donc nous revenons au bateau, et les entretiens se terminentcar Yann et Nina doivent faire la cuisine. Ils nous font des pâtes bolognaises mais entre-temps je repars mebaigner avec Kévin et nous visitons la Cala. Après le repas, nous partons avec Kévin, Charles et Mike visiterl’île. Nous rentrons à l’heure du goûter et après cela, nous repartons todo recto faire le jeu de Ludo, dont lebut est de sauter d’un rocher avec un bout (une corde) accroché à un arbre. Mais moi je rentre car j’ai froid.En arrivant je me sèche vite et je pars me coucher pour ne pas attraper froid.Un rhume pour finir la journée,c’est le top ! Théo.

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Vendredi 12 octobre : Nous nous sommes réveillés avec untemps pas très beau, nous avons remonté l’ancre. Nous noussommes dirigés vers le village. On a attendu d’être face au ventpour hisser la voile et nous sommes partis au village. Il n’y a paseu un seul problème pour y aller. Nous avons eu le vent commecomplice, une moyenne de 9 nœuds pour aller au village. Il n’y apas eu besoin de tirer des bords, donc todo recto au village. Arrivés au village, nous avons mouillé à côté du port. Thierry,Kélig, Théo et Kévin sont partis au village avec l’annexe, sous lapluie, pour acheter des cartes postales, des timbres et deux-troistrucs à manger. Pendant ce temps, Evolène et Charles faisaientdes crêpes. Nina, Simon et moi, on écrivait des lettres pour lesenvoyer en France. Puis ils sont revenus, nous avons mis lescartes postales et les lettres dans les enveloppes, puis collé les

timbres. D’autres n’ont envoyé que des cartes postales. Puis Ludo, Yann et moi nous sommes partis au village pour poster les lettres et les cartes postales. Nous avons aperçu un senor qui avait fait un énormechâteau en sable, avec une fontaine d’eau à l’intérieur. C’était juste trop bien fait. Nous avons posté les lettres, puis nous avons fait un petit tour dans le village. J’ai essayé de parler un poco espagnol, puis noussommes revenus au bateau avec l’annexe. On avait le vent contre nous donc on a un poco lutté, pero nousavons réussi. Arrivés au bateau, nous avons remonté l’ancre et nous sommes repartis vers l’endroit où l’onétait ce matin, dans la baie de Pollença. Pour le retour, c’était pas gagné. Une après-midi avec que du près,le truc qui ne fait pas rêver ! Arrivés dans l’endroit de ce matin, on rejette l’ancre, puis on mange, on boitune tisane et on part se coucher. Bonne nuit ! Mike.

C A R T E S P O S T A L E S . . . P a r M i k e

M A N G E R- B A I G N E R . . . P a r T h é o

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D U V ENT DAN S L E S F E S S E S . . . P a r T h i e r r y

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Dimanche 14 octobre :Réveil à la cala d’Engossaula très matinal pour certains :Kévin assurait déjà le premier quart de mouillage depuis septheures du mat’ ! On se réveille autour d’un gâteau au chocolat et pain tout sou-ple pour les dents, certains apprécient.La journée commence par quelques citations qui méritent defigurer dans ce texte comme : « Avoir du vent dans les fesses… », ou encore :« un oiseau-étoile filante… », bonne inspiration que tout ça !Je me dis que notre équipage doit se sentir bien sur notre bateau. Et c’est vrai qu’il est beau, rapide, plaisant que ce soiten navigation ou pour la vie de tous les jours. Autre avantage,il connaît pleins d’endroits mer…veilleux qu’il s’apprête ànous faire découvrir, quelques belles sensations aussi…Bref, il mérite un gros MERSEA notre navire ! Il y a aussi plein de petits merci à vous, notre équipage. D’accord, on est tous différents, ok, on a tous vécu des trucspas pareils. Mais on a une chose en commun « notre expédi-tion 2012 et l’envie d’y aller ! »Cela fait quelques 14 regards différents ! Oui, oui, comptezbien.Voilà une très belle richesse ! Une chance aussi ! C’est toutcela qui fait qu’au bout d’une semaine, il n’y a plus de notionde temps, et je suis très heureux qu’on soit là. Où ça ?Ah oui, nous venons d’arrondir le cap Formentor, c’est plutôthaut comme cailloux !

La météo a l’air pas trop mal : sud-ouest, 15 nœuds. Du près… et alors ??? Grand-voile haute, et génois bordé, hop,hop, les 7 nœuds apparaissent au speedo. Evolène, à la barre, gère les déventes de cette côte accore, sans trop s’éloignerde notre but : « Gibraltar ! » C’est marrant comme ce mot sonne comme une petite délivrance, lorsqu’il sera derrièrenous, mais revenons à nos moutons, qui justement commencent à être de plus en plus nombreux. Les 20 nœuds devent, la limite de notre génois, est franchie, juste au moment où le repas est servi… Pas trop d’hésitation, on remplacele génois par le yankee, histoire de manger « tranquille ». On m’a prévenu que la Méditerranée est changeante, à peine le bol terminé, le vent nous quitte. Il n’y a plus qu’à allumer un moteur. Le décor est toujours aussi joli et les falaises aussi balaises ! Deux heures plus tard, le vent revienten force. 25 nœuds, toujours au près et la mer commence à forcir. Grandeur Nature trace sa route dans ce terrain devagues, et il faut le calmer un peu. « À prendre un ris dans la grand-voile ! » Sur le pont, il y a de l’ambiance et desbras. Ça chante fort pour certains et un peu plus faux pour d’autres et quelques visages témoignent d’un petit mal demer. La journée s’avance et l’optique d’une nuit humide n’est pas forcément ce qu’il y aurait de plus agréable. D’après notre carte de 1935, la côte nord de Majorque ne présente pas beaucoup d’abris, surtout si demain le vent vireau nord-ouest. On tente tout de même une approche dans une baie nommée Colobra, qui serait une ancienne rivière. À l’entrée de cette ria, une falaise, qui doit faire presque 200m de haut nous surplombe. À chacun de s’imaginer leplongeon que ça pourrait faire, presque à la « Ultra Brite » !! C’est sûr, le décor est grandiose, quelques touristes sepromènent, petit village. Mais leurs embarcations sont tirées à terre, sûrement signe que l’abri n’est pas forcémentbon. On continue la ballade le long des côtes durant 5 milles encore. Et là se trouve notre abri pour la nuit : Soller.D’après le guide nautique, c’est un excellent abri par tous les temps. 19h30, la grand-voile est « raffalée », l’ancres’enfonce dans la vase et tout l’équipage s’active sans même d’indication. Tout le monde participe que ce soit au pliage du Yankee, ou au taud de la GV. Du coup, 10mn plus tard, Grandeur Nature est tout rangé. Quelques sourires affirment qu’on est bien à l’abri. Les marques de sel sur les visages en disentlong sur les conditions du jour. Mais ici tout est bien !

Tit (Thierry)

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R ÉUN I ON S À S O L L E R . . . P a r N i n a

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Lundi 15 octobre :Je me suis réveillée et j’ai vu Ludo et Tit sortir de l’eau en caleçon,mais ce matin par chance il pleuvait, alors un peu d’eau douce pourse rincer. Nous faisons les tâches, moi j’écris le texte et il y a Charles,Kélig et Tit, nous parlons de ce qu’on va manger ce midi. Charles al’idée de gratin de pâtes, puis nous commençons la réunion. On sedemande si par rapport au vent et à la mer, on reste. On se dit de rester ici en attendant que ça se calme et qu’on repart demain. Bref, lesujet est clos. Puis chacun son tour, on se met à dire, depuis le début,ce qu’on ressent, ou autre, sur le bateau et au voyage. Alors nous al-lons faire le plein sur terre. Au retour le soleil est là ! On en profitepour se doucher avec Kélig, Yann, Théo, Charles, Kévin et moi. Le soleil se couche, on finit vite et on va manger des pâtes et de laviande, le luxe quoi !! Et la soirée se finit sur le filet avec le ciel étoiléde ses mille feux, le rire des enfants et au loin, à l’horizon, la villeilluminée de toute sa splendeur par les lampadaires. Nina

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Photos

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L E D R A G O N D ’ O U E S T. . . P a r Ya n n

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Mardi 16 octobre Départ de Soller, on quitte vite le port et voilà que 10 minutes après, un proche cousin vient noussaluer, l’émotion est là, quand le mammifère marin rencontre le bipède omnivore, tous le mondeest content. Pendant que le dauphin s’amuse, sur le pont le dos rond un indien Capuche… Et oui,hier soir discussion nocturne deux à trois beaufort forcissant quatre, autour de la cigarette, noussommes plusieurs à souhaiter qu’elle disparaisse vite des esprits, afin que vous puissez renifler,humer et remplir vos poumons et narines des effluves marines, et laisser le bleu infini vous emplirl’âme, pour crier, enfin, libéré : « yo soy un équipier » ! Kélig et Evolène cuisinent, Ludo barre au prés, quelques gerbes nous aspergent, Thierry est à lacarte, ça sent le dauphin ! (pas en cuisine hein !) Grandeur Nature, je vois difficilement quel autre nom de baptême est possible, hier en passant, en rasant même les falaises magnifiques de la côte ouest de Majorque, je me disais oui, GrandeurNature, comme une évidence et me réjouissait secrètement d’y être avec vous, avec lui, ensemble,droit devant, sur ce bateau îlot, refuge, avec autour la mer, câline, colère, saline, solaire… Nous avons quitté Sète depuis 8 jours et l’équipage trépigne, quitter la Méditerranée, franchir « Djebel Al Tarihr », la montagne de Tarihr, Gibraltar l’anglaise, la porte de sortie pour l’océan atlantique attendu.Une escale à Cadix est prévue pour le ravitaillement, puis vamos a los arquipélagosCanarias, le repas approche, Ludo tou-jours à la barre, on mange dans le cockpit,quelques éclaboussures remplissent lesbols, au loin Dragonera.Dragonera, ainsi appelée parce qu’elle res-semble à un dragon couché, qui se vérifiede près ! Evolène prend la barre et dans le viseur le passage entre le dragon et Majorque. C’est parti pour la régate dudragon, 11 bords tirés en 1 heure, et que jevire et que je revire et que je rerevire, et aumilieu du passage un bout de Bretagne, devinez quoi ? Une cardinale ouest ! la première depuis ledépart, grand sourire sur le visage des bretons, enfin des gens de l’ouest quoi ! On se marre bien,ça fait plaisir surtout quand sur le pont sévit « Mister Winch Easter Simon », dit « Billy the winch,Winchy, Buffalo Winch, l’homme qui winch le plus vite de tous le bassin méditerranéen, c’est dire !Il est l’heure de reposer la manivelle encore fumante et de partager ensemble un quatre quart avecson bonus chocolat, Yabon ! La régate contre le dragon est terminée, 180 ° (plein sud) sur le compas,yiha ! L’équipage n’était pas vraiment au complet aujourd’hui, les mutins taquins squattent les cabines, et je dis ça sans mégoter ! Dommage, le paysage était fort sympathique, entre les falaiseshautes de 250 à 400 mètres selon les estimations, Dragonera et ses jolis phares, la cardinale puis unsoleil couchant ennuagé de toute beauté, fichtre bougre, quelle beauté ! Ce soir le retour desquarts, 5-8 heures pour ma part en compagnie de Charles Pentier et de Théo Dule, nous sommesimpatients de voir le soleil se lever sur ce bleu… Quant aux dauphins pressentis, que nenni, unseul seulement mais déjà un grand contentement !

Yann

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ÇA G L I S S E T OU T S E U L . . . P a r L u d o

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Mercredi 17 octobre : Je prends mon quart à 2h00 avec Mike etSimon, la journée commence donc tôt ! En fait non, nous pourronsnous recoucher un peu, de 5H00 à 8h00 ! Mike boude encore, depuisla veille. Il ne parle pas, ne boude pas, mais ne s’endort pas. A la relève, je lui rappelle qu’il faut attendre que l’équipe suivantesoit sur le pont avant d’aller se coucher, car c’est toujours sympad’échanger un petit mot avec ceux qui se lèvent. Simon a la patate,comme d’hab «j’ai envie d’te dire ». Petit cours de nav’ sous lesétoiles filantes qui sont nombreuses. Quand le vent adonne, on peutloffer, quand il refuse il faut abattre… ou virer ! D’ailleurs, vers 4h15,il passe au sud-est alors j’appelle Thierry pour virer. Tac-tac, manœuvre efficace, le bateau accélère, bâbord amures, et enplus cap sur Gibraltar ! Super, mon cher ! Le capitaine est en train defaire le point avec Mike lorsqu’ils nous entendent crier ! Une comète a frappé l’atmosphère si fort que cela a produit un éclair.Je n’ai jamais vu ça ! Il est déjà 8 h 20 quand je me réveille de ma deuxième moitié de nuit.Je croise Yann venu me secouer il se rattrape sur Evolène et Ninapour qui le réveil sera long aussi. On avance encore bien, à 9 nœudsau bon plein. La journée s’annonce belle une fois les tâches terminées.Le vent se calme, la mer s’étale et le soleil nous réchauffe. Je brancheEvolène pour faire un peu d’espagnol , Simon se joint à nous.

Le cahier commun se remplit de vocabulaire et de quelques conjugaisons et nous finissons par réviser les chiffres.L’objectif et d’arriver à se débrouiller pour les petites randos aux Canaries.Ensuite il faudra se mettre au portugais ! En route pour le Cap Vert et le Brésil !Dauphins, dauphins ! Et tout le monde se met à l’avant du bateau, l’étrave, pour les admirer.Je prends la barre et Thierry filme ce moment magique. Cela dure peu, on en redemande !La journée est superbe, personne n’est malade. Il fait beau, cap au sud ou sud-ouest jusqu’au Brésil, cela devrait continuer. Après le repas, je m’installe façon GN, la barre dans les pieds, de la lecture dans les mains.A 5 nœuds, ça glisse tout seul ! Nina pétrit le pain avec Yann, à sa façon, en donnant des petits coups de poing.Simon, Mike et Kévin aidé de Kélig brodent sur leurs vêtements, Thierry se prend pour le conte de Monte Cristo…Mais…où sont les autres ? Ah oui ! cachés au fond de leur cabine ! La vitesse de notre vaisseau diminuant, Thierry autorise une baignade a la traîne . Mais attention ! On ne plaisante pas avec la sécurité ! Une personne à l’eau à la fois et une autre pour surveiller. Kévin et Nina découvrent ce jeu, et vu leurs sourires, ils aiment ça !Presque tous en profitent et se sèchent au soleil sur le pont ! C’est la règle !Pas question de mouiller le cockpit, notre vaste espace de manœuvres, mais aussi de repas pris tous ensemble, lesfesses au sec de préférence !La baignade achevée, je propose de faire un jeu, Evolène lance un Jungle Speed ; Nina, Théo, et Mike nous rejoignent,mais la partie ne dure qu’une fois car il y a trop de mauvais perdants, qui préfèrent arrêter. Keéin les ayant appelé très fort en fermant les yeux, les dauphins reviennent nous voir. Puis une troisième fois et dernière fois dix minutes plus tard !Certains sont gourmands et demandent à voir des baleines pour le programme de demain.Et soudainement, l’objet est là. Doré dans les mains de Yann et Nina, fruit d’un long pétrissage percutant : il est beau,ils sont fiers, il sera bon ! Nina prend la barre, je reste avec elle et nous bavardons. Seule Kélig et sur le pont, prête à s’assoupir au soleil pourpréparer les quarts.Nina a beaucoup d’énergie, cela augure de belles choses pour ce voyage, car je sens qu’elle a envie d’ouvrir les yeuxen grand.L’équipage se repose à sa manière en attendant le dîner et la reprise des quarts. C’est la fin d’une belle journée de navigation. Petit à petit, chacun s’immisce dans le voyage. Nous pourrons bientôt dire au revoir au vieux continent etentrer enfin dans la grande aventure. LUDO

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L E SAB L E D U MARO C . . . P a r K é v i n

I L E S T CA P R I C I E U X , L E B OU G R E . . . P a r S i m o n

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Jeudi 18 octobrePendant mon quart, j’ai vu 7 dauphins, j’étais avec Thierry et Mike. Il y avait aussi des étoiles filantes.Un petit oiseau est arrivé sur le pont. Sur bâbord, troisbateaux de marchandises.On a vu du plancton dans le sillage, le plancton est phosphorescent, ça illumine et c’est beau.Ce matin, j’ai déjeuné, j’ai pris des céréales et du pain demie, le pain était extra bon. Après j’ai raconté dans monjournal de bord la baignade à la traîne, j’ai bien aimé !Thierry nous a raconté comment il a rencontré GrandeurNature et Kélig. Plus tard, Yann qui était à la barre a crié « dauphins, dauphins ! ». Tout le monde s’est réfugié à l’avant du bateau pour les regarder. J’étais super content. Maintenant j’ai super envie de vous parler d’un truc. Il est 15h56, je sors sur le pont, et dehors c’est tout jaune.Le sable du Maroc recouvre tout le ciel et le soleil. On al’impression d’en avoir dans les yeux, même la mer estjaune. Vers 17h, j’ai pris ma douche avec Théo et Charles et je remercie Charles de m’avoir aidé.Tout le monde s’est mis à brosser le pont, et après on a mangé. Et maintenant je remercie toutl’équipage de m’avoir fait passer cette belle journée ! Kévin

Vendredi 19 octobre : Ce matin, Théo vient me réveiller à 5h, « debout, c’est l’heure de ton quart ». J’émerge donc doucement, et monte sur le pont pour retrouver mes équipiers, Kélig et Kévin. J’apprends que le vent est monté à 39 nœuds ! Il y a deux risdans la grand-voile et nous nous dirigeons vers la baie d’Aguilas, pour se mettre à l’abride ce vent trop fort pour nous. Mais en chemin le vent retombe et Mister capitaine décide de virer pour continuer notre route. La terre est proche quand l’équipage se lèveet c’est parti pour les tâches ! Vu que le pont est ensablé par le nuage de sable de laveille, on rince tout, et dans les coques c’est la galère, le sable est rentré de partout !Après je pars pour une petite sieste, je suis crevé ! Pendant ma sieste, le vent forcit, unris dans le GV et un autre dans le yankee, mais le vent retombe. Finalement ça tombebien, c’est l’heure du repas, purée du marin, tout le monde est calé, on met du moteur eton repart. Après une bonne heure, le vent revient, il est capricieux le bougre ! Je lis unpeu et prends la barre pour une bonne heure, on goûte, mais Charles commence à devenir fou ! Je me tape un fou rire, il est trop drôle ! 5 minutes après le fou rire, « dauphins ! ». Un groupe de six, pastrès énergique mais très gracieux et ils sont resté assez longtemps, Yann a pris une vidéo et ce fut un regain d’énergiepour tout le monde ! Après, en attendant le repas, j’ai essayé de faire une machine pour les quarts, et le repas était vraiment efficace, une plâtrée de pâtes, très bonne, et ce soir je suis du premier quart, de 20h à 23h. Il y a peu de vent,on affale le génois, on met le moteur, pour recharger un peu les batteries du moteur et pour garder notre cap plus oumoins face au vent. Kélig dit que une fois le cap Gata passé, ça va souffler fort ! Charles apprend à faire un pointcarte, et je discute avec Kélig de ma future carrière dans le bateau, on parle de la marine marchande, qualificationspour entrer, du bac et de l’école en général. Après, c’est au tour de Charles de discuter sec avec Kélig ! Voilà, la fin duquart arrive, on hisse le yankee pour les suivants, et au dodo ! Bonne nuit tout le monde, à demain ! Simon

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Samedi 20 octobreBon, là je suis dans ma cabine etje ne trouve pas l’inspiration,mais moi je sais pourquoi. J’ai besoin d’être seul.Mais comme on vit en com-munauté, et sur un bateau,forcément on se croise et se recroise à longueur de journée,je dois m’y faire, j’ai signépour 10 mois. Maintenant jevais pouvoir vous raconter lajournée sur Grandeur Nature.Le matin après les tâches avecThéo et Ludo, on nettoie leyankee, une des deux voilesd’avant. C’est important d’entretenir le matériel pour

qu’il puisse durer et fonctionner dans le temps. Et c’est pour ça que tout le monde en fait un peutous les jours, chacun à son niveau. Revenons-en à nos moutons, le bateau poursuit son objectif en direction de Gibraltar. Je prendsbeaucoup de plaisir à naviguer, contempler l’horizon et puis soudain vous vous surprenez à nepenser à rien ou au contraire, à ressasser d’agréables souvenirs. Nous avons pu observer quelquesthons qui sortent hors de l’eau pour chasser les petits poissons qui nagent à la surface de l’eau.Mais ceux-ci sont pris en sandwich car des fous de Bassan survolent la zone et plongent dans l’eaupour les attraper, la friture n’a qu’à bien se tenir, les chances de survie sont minces. Mes camaradesqui ont passé cette journée avec moi doivent se dire que j’ai oublié de raconter des éléments de lajournée, mais tant pis, je suis feignant et je me dis que cela ira bien comme ça. Ah, ça y est, deuxneurones viennent de connecter et me rappellent que j’ai fait du pain avec Yann, c’était génial, on atrop bien rigolé. Ce pain nous l’avons appelé Sophie, je ne vais pas entrer dans de subtils détails, c‘est assez tordu !A contrario, Nina et Kélig nous ont préparé de délicieux cookies, trop bons ! J’en profite pour leurtirer mon chapeau car en nav’, dans le jargon marin, ce n’est pas facile de cuisiner, surtout quandla mer est formée et qu’on a le vent dans le nez, ça tape, remue et tangue. Et là soudainement vousvous cognez dans ce petit espace qu’on appelle cuisine. Et si vous avez de la chance, il y a une brochette de lustucrus qui vous posent plein de questions autour du repas, et puis là généralementà cet instant précis, je m’agace tout seul comme un idiot. Au final je me régale, on passe du bontemps tous ensemble et une bonne dynamique de groupe se met en place. Mais on a encore duboulot, moi le premier. Quand je vous dis que cette journée a du bon, après le bon bol chaud deGloubiboulga de Kélig, qui a cuisiné toute seule car Nina est K.O !!!Je vais me coucher et me réveille au port d’Adra et non pas en mer, car le temps ne le permet pas,mais au contraire, cela permet de ménager le bateau et son équipage. Tout ça pour dire que je n’ai pas fait de quart de nuit et que du coup, j’ai trop bien dormi !!!

Charles

L E V EN T DAN S L E N E Z . . . P a r C h a r l e s

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À A D R A , D E L ’ E A U . . . P a r E v o l è n e

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Dimanche 21 octobre : cette nuit, la mer s’est vraiment agitée, le vent est monté à 35 nœuds, j’étaisde quart avec Kélig et notre capitaine, fidèle au poste, était là aussi. On a dû prendre deux ris etmettre la trinquette ! Mais même comme ça, avec le vent dans le nez et les éclairs à nos côtés, on adécidé d’aller se cacher au port le plus près, qui était Adra. Après un long repérage difficile desfeux d’entrée du port, on y entre, mais pas de chances pour nous qui voulions seulement mouillerà l’abri de tout ce vent et de toute cette mer, on se retrouve au ponton, rempli de mouettes et deleurs merdes avec une odeur de poisson et d’ammoniaque. Il est deux heures du matin mais legardien arrive et insiste pour qu’on lui remplisse des papiers. Bon, on va pas faire nos blasés, fautvoir les choses du bon côté, au ponton y’a un avantage, il y a de l’eau de lavage et sachez, lecteurs,que l’eau douce en quantité est vraiment appréciée ! C’est l’occasion pour chacun de faire sa les-sive car les lessives à l’eau salée, c’est pas terrible terrible, le linge met plusieurs jours à sécher, eten quelques jours de navigation, pas mal de choses sont déjà humides et salées. Je vous parle làd’un matelas mouillé par un capot ou un hublot mal fermée ou oublié, un pantalon humide àcause d’une vague un peu trop formée, un gilet laissé sur le pont et éclaboussé par un seauversé…des choses comme ça de la vie de tous les jours par ici mais qui sont aisément résolues parun peu d’eau douce, du vent et du soleil ! C’est parfait, c’est ce qu’il y a ici. Et en plus c’est mochedehors, enfin ce n’est rien d’autre qu’une ville de bord de mer toute polluée, donc aucun scrupuleà rester au bateau à s’occuper de nos moutons. On lave, on aère, on sort tout ! On passe une après-midi où chacun vaque à ses occupations. Ca varie entre courrier, copiage de textes sur l’ordinateur,réparations nécessaires pour le bateau, pêche, cuisine, lecture, texte… Et on finit la journée par unLevel-up, tiens ça faisait longtemps avec cette mer toute têtue ! Et bien, nous qui venions nous réfugier pour la nuit, voilà qu’on y a passé la journée et toute la nuit encore. Mais il suffit de monter en haut du mât pour voir la mer derrière le port et se dire qu’on est mieux ici, à dormirbien à l’abri. On repartira quand le vent nous sera favorable ou que la mer sera plus calme.

Evolène

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J OU R N É E C OU RS E S . . . P a r K é l i g

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Lundi 22 octobre: 8h, la musique est enfond sonore, j’entends Kévin dans la des-cente, qui comme chaque matin, règle leson des enceintes extérieures. Le bateau nebouge pas, les moteurs, je ne les entendspas. Il n’y a pas de miracle, nous sommestoujours à Adra. Ce matin, c’est Charles qui est aux commandes du petit-dèj et çane rigole pas, tout le monde à l’intérieur, et que ça saute. Lui qui nous disait encore il y a quelques jours qu’il avait du mal àsupporter lorsque nous mangions tous ensemble dans le carré tribord, on diraitqu’il y a de l’évolution. Le groupe, le fait desentir proche de chacun serait-t’il devenuindispensable au bien être de Charles ? Ou alors l’odeur marquée de la fiente de goéland et de poisson mort mélangé de notre marina déserted’Adra le pousserait t’il a braver tout cette fragilité ? Thierry garde l’œil rivé sur la girouette, ce matin lepetit souffle d’est qui se fait ressentir le décide à larguer les amarres aujourd’hui même nous pensons qu’iln’est plus indispensable de nous arrêter a Cadix si tout nos plein de nourriture, d’eau et d’énergie person-nelle sont faits. Donc pas de temps à perdre, au boulot ! Mike et Ludo gèrent leur cuisine du jour, Thierry etson hacker Simon s’occupent des mails et de la météo, Yann reste au bateau pour s’occuper des photos pourle blog pendant que Nina se douche au tuyau sur la jupe du bateau et moi, je monte une équipe de choccomposée de Kévin, Evolène notre intendante, Charles et Théo. Les sacs sur notre dos, donde esta el supermercadoet vamos ! La question des fruits et légumes me taraude la tête quand je vois toutes les serres au dessus dela ville et de la baie d’Almeria juste à coté, je me demande ce que nous allons mettre dans notre soupe, ça me fait peur ! Les légumes qui poussent sous serre, même pas dans la terre, royaume de l’exploitationhumaine et antre de la mondialisation. Des tomates que l’on trouve sur le marché de Dakar, encore moinschères que celles produites localement… Carnage ! Désastre écologique, catastrophe humaine et au-jourd’hui j’y contribue… Bonheur… surtout lorsque je demande à une passante où nous pourrions trouverle marché pour y acheter de bons légumes et d’entendre pour réponse que ce sont les mêmes qu’au super-marché. Pendant que Théo, Charles et Evolène remplissent leur caddie de denrées, Kévin et moi choisis-sons des tomates, concombres, carottes et oignons sous plastique. Joie de Kévin qui utilise les gants mis enservice ! À la caisse, nous ne fournissons pas pour tout rentrer dans nos sacs, ça déborde et nous aussi !Heureusement que Charles a la fabuleuse idée de demander s’il est possible d’utiliser le caddy jusqu’à lamarina. Voilà le bateau plein de nourriture, d’eau, de linge propre, d’idées neuves et d’énergie, je l’espère.La météo nous est favorable, on maintient le départ cette après-midi, plus qu’à téléphoner à Christophe, envoyer les textes et photos pour le blog, réparer la VHF, se prendre une dernière douche au tuyau. Il est 16 H, les moteurs ronronnent, tout le monde est prêt à larguer les amarres. Adios Adra et franchementsans regret, c’est très moche ! Départ au moteur et nous y resterons, c’est fou à quel point la mer peut changervite, avant-hier 35 noeuds avec des vagues venant s’écraser sur le pont et ce soir, une mer d’huile . Cœur demotard et quart au moteur comme dirait Yann, c’est parti avec Kévin, Théo et Thierry qui débutent cettenuit par une danse du cheval… c’est un instant de régal pour Kévin. Pour ma part, je fais un quart un peuspécial cette nuit, Evolène est ailleurs, toutes les questions relatives à la mort se bousculent dans sa tête, le paradis, la réincarnation, le corps, l’âme, l’esprit, les croyances de chacun face à la perte d’un être cher, cequi nous fait du bien, ce qui nous rassure…Moi je crois en tout cas que son grand père lui fait un bel adieuce soir par l’intermédiaire de ces trois beaux dauphins à l’avant du bateau, qui est illuminé par le planctonet la clarté de la lune… Instant magique…

Kélig

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Le 24 octobre : ce matin, tout le monde avait la tête dans le sac, enfinsurtout moi ! Le quart de 2 heures à 5 heures ce n’est pas le meilleur,pour être précis, il me met K.O, sinon un beau réveil nous attendait,un banc de dauphins sont venus nous dire bonjour. Après ce momentmagique et spectaculaire, tout le monde se retrouve à sa tâche commetous les matins, sauf moi ! Enfin je suis de texte et c’est une tâchequand même. Après que tout le monde a fini sa tâche, j’écris la jour-née d’hier et je fais un petit dessin dans mon cahier de bord, pour direque nous sommes arrivés dans l’océan Atlantique. Après ce petit tra-vail de tous les matins, je monte sur le pont et vois que ce n’est pas lemeilleur temps que nous ayons eu ! Ensuite je passe la barre à Kéligpour qu’elle se brosse les dents, ensuite Ludo me remplace pour qu’à

mon tour je me les brosse, les dents. Une fois le brossage fini jeme pose dans mon lit pour me reposer ! Pas de chance je m’en-dors ! Ensuite quelqu’un vient me réveiller pour manger ! Kéliget Charles avaient préparés un bouillon et il m’a bien réchauffé.A la fin du repas, je me remets dans ma banette et encore unefois, pas de bol, je me rendors ! On vient me réveiller pour lemanger mais je vois qu’il pleut, de toute façon je n’ai pas faimdonc je reviens dans ma banette et j’écris mon texte, ensuite il ya les quarts de nuit. Je vous dis bonne nuit et à demain pour unenouvelle journée du voyage et de navigation ! Mike

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Le 23 octobre : cette journée commence par un petit dèj dans unebonne ambiance mais le plus emmerdant, c’est que nous sommestoujours dans la Méditerranée, et depuis hier quand nous avonsquitté le port d’Adra, nous avons entre deux et trois noeuds de ventréel, donc forcément nous mettons le moteur ; mais le réservoir estpresque à sec. Alors notre skipper décide de partir en direction deMalaga qui est 30 milles, nous longeons la côte espagnole, je suis àla barre, Kévin aux jumelles et il aperçoit un porte-conteneurs quivient d’Hambourg. Après cela Thierry prend la barre et aperçoitune petite signalisation qui dépasse de l’eau de trente centimètres,nous aperçevons les balises mais après les avoir passées nous ren-trons dans un cul-de-sac. Mais des pêcheurs nous signalent uneautre entrée et c’est reparti, nous rentrons dans le port. En entrantavec Charles nous nous imaginons tout le traffic qui passe dans lesconteneurs et là nous voyons une pompe qui à l’air de plutôt bienmarcher mais on nous dit que la pompe est réservée, alors nous

partons en face. En avançant, Ludo aperçoit aux jumelles un bateau à roues à aube, là je vous assure on seserait cru sur le Mississipi avec Tom Sawyer. Ensuite nous repartirons en direction de Gib avec 180 litres degazole. Pour l’après midi c’est un moment de repos pour tout le monde, le goûter puis tout le monde dansla coque tribord se pose la question qui passera Gibraltar pendant les quarts de nuit ? Et le soir Evolène etThierry nous font un gratin de légumes et je leur tire mon chapeau de m’en avoir fait mangé ! Pour finircette belle journée, des dauphins sous le bateau ! Et je vous dis à demain dans l’Atlantique ! Théo.

DERN IER JOUR EN MÉD ITÉRRANÉE . . . Pa r Théo

P R EMIÉR E JOURNÉE DANS L’ATLANT IQUE . . . Pa r M i k e

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Le 25 octobre :Extrait : 12h15 SW 25-30 nœuds, mer agitée à forte, Houle 2-3 m GV 2ris trinquette – position 35 ° 10,6’N007 ° 25,2’WJ’ai pris du retard pour écrire ce texte, et pourtant la météo n’est pas en faute. Enfin faut voir ! Depuis notrepassage de Gibraltar, le temps est couvert de gros grains avec de bonnes rafales (plus de 40 nœuds !).On pourrait se dire : « restons à l’intérieur, écrire ce texte. C’est moins humide. » Encore une fois, faut voir.Grandeur Nature s’est transformé en bel oiseau des mers, qui galope dans la houle, accueille tous les sur-ventes sans même grincer. Il est à son aise dans ce terrain de vagues. Il n’y a pas un moment où on se dit : « là, c’est chaud ! »Il donne confiance, notre bel ami. Question confort, c’est autre chose. Le mal de mer gêne encore notre équipage et l’humidité nous suit par-tout, jusque dans notre lit … Qu’importe, à un moment ça va changer. Et ce n’est pas que j’aime le grostemps, mais quand ça se passe comme ça, c’est à dire bien, je me dis que nos notions relatives au confort etau bonheur d’être sur l’eau sont un peu bousculées. On apprécie, peut-être, plus les bons moments ?

« Au près la pluie, le beau temps !! » Bref, ça ne peut êtredur tout le temps. Pour ce qui est du rythme de la jour-née : -les malades dorment et sortent, un seau à la main.-d’autres restent sur le pont, car c’est là que ça se passe.Il y a de l’air «c’est sûr !! » Du spectacle «en veux tu ?! » Et de belles images « en voilà !! » En parlant de belles images, en fin de journée sous unpetit grain, tête sous la capuche, j’entends le souffle ca-ractéristique d’un cétacé. Je regarde à gauche, devant,derrière : rien ! Sur ma droite, je vois Mike tout engoncédans son gilet. Voilà donc ma baleine ! Les gilets se dé-clenchent automatiquement lorsque l’on est dans l’eau.Celui de Mike y a cru !! Je vous disais que l’humidité està bord… reste plus qu’à dégonfler Mike et lui trouver un

autre gilet pour les quarts de cette nuit, humide elle aussi...On s’en fout, nous aussi on est plus vieux.Tit

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SA L E T EM PS . . . P a r T h i e r r y

LE MAL DE MER . . . Pa r N i n a

Le 26 octobre : je me suis réveillée le moral dans leschaussettes et l’esprit dans les chaussures, j’avais le malde mer et puis j’ai pensé à ceux que j’aime dans monfoyer alors je leur ai fait une lettre comme ça arrivée auxCanaries je la poste. Je me demande encore si j’ai fait lebon choix parce que c’est dur mentalement, mais celava passer, enfin j’espère. Aujourd’hui je regarde le livreGrandeur Nature ou la parole des enfants pour me motiver pour le voyage ; bref la soirée se finit avec monplat dans un seau et direction le duvet pour dormir.

Nina

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Le 27 octobre: 3 jours avec un ventforce 6 Beaufort dans le nez, 3 joursde baston à peine sorti de Gibraltar,3 jours où l’équipage s’est délestéde quelques kilos, 3 jours à regarderle ballet des seaux sur le pont, 3 jours à écouter les inquiétudes, les peurs, à prendre un grain et attendre le suivant sur le pont, tête baissée, avec autour de nous, la mer, formée, grosse, la mer muraille; blocs et creux, enfoncésdans les cirés, parfois le visagegrave, tendu, les heures qui défilent, les prières secrètes adressées aux éléments…Puis à l’aube, nouvelle épreuve,une drosse de barre qui pète, nousretrouvons Thierry debout à l’ar-rière, avec la barre de secours,

le ciré intégral facon Robocop, Kélig le relève, le petit dèj est vite pris, on réfléchit, on s’organise,aucune envie de prendre un bain avec la mer aussi costaude…Evolène, une des rares jeunes à nos côtés ce matin là, (les autres jeunes remplissant des seaux d’of-frandes pour Poséidon), elle propose un truc (elle vous racontera…), Thierry is ok, c’est parti, pincemonseigneur, bricole, tic tac, croc bloiiingg, Kélig barre, on s’active, la drosse passe dans les trous,puis dans les réas, la technique fonctionne semble-t’il !!! Thierry finit l’installation par un brelage(nœuds qui relient deux éléments entre eux), et ca y est, la barre à roue refonctionne, soulagement général, l’idée de passer les quarts de nuit debout sur la jupe avec la barre de secours et la mer quigronde n’enthousiasmait personne ! Le lendemain, peu à peu, le ciel retrouve la lumière, la mers’apaise, le bateau danse moins, les estomacs soufflent…L’horizon est maintenant dégagé, petitcours de météo avec Thierry Gillot Pétrel, le soleil se pointe, les zombies sortent des cabines etviennent se réchauffer la couenne sur le pont, les fringues et les matelas sèchent à leur tour, un peude culture générale avec Mike, on fête en riant le retour de Charles (le plus zombie de ceusse nommésprécédemment) ; Kévin et Kélig se musclent et s’étirent, Ludo et Evolène hablar espanol, ca fait dubien tout ça !!! On navigue une partie de la journée et de la nuit avec trois voiles, le yankee, la trinquette et la GV, il a fier allure le GN toutes voiles dehors, Canaries nous voilà !Un groupe de dauphins tachetés nous rend visite pour le dessert, il y a des petits nageant avec legroupe, c’est beau, toujours, ils prennent leur temps, jouent et dansent et finissent l’ensemble desbatteries des Homo Erectus maritimus présents à bord. Le crépuscule arrive, Marie Pétole menace,nous tourne autour, le génois s’affale en fin de nuit et la mère Pétole deux heures avant l’aubenous oblige à retrouver nos cœurs de motard…Amis lecteur, sache que la pétole signifie « absencede vent » ou « présence de rien » et qu’elle oblige souvent le marin à voiles à mettre le moteur, cequi fait que sur GN, elle n’est pas vraiment bienvenue, la Marie !!!

Yann.

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APRÈS LES R I S , LE BEAU TEMPS. . . P a r Ya n n

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MICROCOSMOS . . . Pa r L u d o

Le 28 octobre : Il fait encore nuit lorsque je prends mon quart avec Charles. C’est le dernier avant le lever du jourmais c’est aussi de mon équipier depuis quelques jours. Le grand gaillard plein d’énergie qu’il est a été terrassé par lemal de mer. On ne l’a plus entendu, presque pas vu non plus ! Maintenant que la mer s’est calmée, il remange, il revit,il sourit. Mais on l’a quand même vu s’énerver !!!Kersauson a dit un jour que la mer peut rendre les cons gentils. Ca ne veut pas dire que Charles est un con (loin de là !),ça veut plutôt dire qu’on devient petit et humble, face à une houle de 3-4 mètres, par 30-35 nœuds de vent. Ca veutaussi dire que la mer nous met à mal, physiquement et moralement ; et c’est notre cas depuis le départ d’Adra. Du ventdans le nez tout le temps avec parfois une mer bien formée ! Ca fatigue, ça use, ça casse le moral et aussi, ça mouille !Le bateau tape dans les vagues, ça fait du bruit. Parfois, leur taille impressionne. A l’intérieur, rien ne sèche, ça peutsentir mauvais dans les cabines. On ne peut pas aérer sous peine de remplir le bateau. Des fuites dans les capots ontmême mouillé les cartes.Alors notre équipage de jeunes est secoué ! Certains sont malades et en ont marre ; d’autres heureusement tiennentbien le coup et nous aident pour les manœuvres. Moi-même , je commence à avoir un peu de nausée, sans doute dûe ala fatigue accumulée. Mais on tient bon, car il faut avancer et c’est important que l’équipage soit solidaire. Nous serons ensemble dans les bons comme dans les mauvais moments.Pour l’heure, la mer s’est assagie. Charles et moi discutons aussi bien des filles que de nos prochaines escales ou desaventures de son Tonton d’Afrique. C’est bientôt l’heure du petit-déjeuner qu’il va préparer pour l’équipage, qu’il faudra secouer peu a peu. Sans doute Nina arrivera t’elle la dernière ? Et ceux qui seront assez rapides auront lachance de voir le soleil sortir a l’horizon.C’est une journée calme. Le vent est vraiment tombé. Les tâches du matinsont finies est déjà on veut aller se laver à la jupe (La partie arrière des coques qui permet de se mettre a l’eau) pour sedécrasser.On a oublié que la matinée est en général destinée a l’écriture, à la réflexion et aux apprentissages soustoutes leurs formes possibles est imaginables. On veut profiter du soleil, se baigner, s’amuser, aérer les duvets et lescabines. On sort tout et on essaye de sécher. Le moral et la bonne humeur vont revenir, d’autant plus vite que Théo etKélig à la cuisine nous régalent. Je suis à la barre depuis un moment et Nina lit un livre sur les baleines à coté de moi. Ellem’apprend des choses que j’ignorais.C’est un livre très poétiquequi montre bien que la question de la chasse à la baleine et des dangers pour l’espèce était déjà présente chez certains esprits attentifs aux débuts des années 80.On y découvre aussi, le lien très respectueux entre l’animal géant et les peuples qui en dépendaient pour vivre (j’exclus les japonais…)Il y a de nombreux contrastes intéressants et des images magni-fiques, l’escale au banc d’argent devrait être ME-MO-RA-BLE ! Je tiens toujours à la barre et je lance un appel pour la relève. Làaussi il y a de gros efforts à faire. Certains jeunes n’aiment pas çaet ont donc décide de barrer le moins possible. A la longue, c’est fatiguant de devoir toujours devoir demander des efforts. On doitpouvoir compter sur tout le monde ou plutôt, sur chacun a bord.Plus tard, on aura des mis les moteurs pour avancer. Ca dort au soleil sur le pont. On recharge les batteries, toutes les batteries.Soudain, j’aperçois une forme arrondie à la surface, Thierry s’enapproche ; c’est une tortue ! Il tente de faire une marche arrière ;mais elle prend peur. Elle réapparaîtra dans le sillage plus loin et nous en verrons deux autres dans l’après-midi. La vie au milieu de la grande bleue, c’est magique ! Cette fois, c’est Charles qui barre et qui nous annonce « Là ! Y’a un truc énorme ! « Une baleine ? Des Pirates ? Un cargo ? . Le soleil lui tape sur la tête ? Leur route ne dévie pas et leur tête arrondie font plutôt penser à des globicéphales ; des cousins du dauphin mais pas très pas joueurs. Je ramasse les deux lignes de pêche qui me valentdes moqueries depuis trois semaines, pour ne pas les perdre dans les hélices ou dans les safrans (la partie du gouvernailimmergée) et Thierry modifie le cap pour suivre le banc de mammifères . Ca dure quelques minutes ,on aperçoit despetits. La vie au milieu de la grande bleue, c’est vraiment magique ! 2e repas magistral de nos cuistots , agrémentéd’un banc de dauphins que certains iront voir sans lâcher leur bol ; ça vaut bien quelque jours au près a se faire secouer , on en profite mieux.MAIS QUAND-MÊME, LE VENT TOURNERA T’IL DEMAIN ?

LUDO

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29 octobre : Encore une journée où on a le ventcontre nous. Quand je me suis levé ce matin, j’ai discuté avec Thierry car pendant mon quart, je suisvite retourné me coucher car j’ai fait semblantd’avoir mal au ventre. Je suis resté dans ma cabine etaprès je me suis levé. Après j’étais content d’être surle pont. Mais j’aime pas trop quand il y a beaucoupde vent et des vagues parce que j’ai le mal de mer etje ne peux pas aller me baigner quand je veux. Ce midi Yann nous à prépare une salade et Mike ungâteau trop bon au chocolat et à cause du vent j’en aieu plein la main. L’après-midi on a parlé sur le pontet après je suis allé un peu dormir. C’est ça le problème au près, on dort beaucoup. Le soir Mikenous a cuisiné une bonne purée chorizo et excep-tionnellement, on n’a pas vu de dauphins au dessert.Et je voudrais vous dire bonne nuit les petits.

Kévin.

UNE JOURNÉE AU PRÈS. . . Pa r Kév i n

GRACIOSA, NOUS VOILÀ. . . Pa r S imo n

30 octobre : Ce matin, je me lève, commed’habitude, même si j’ai eu un peu de mal,j’ai mal dormi cette nuit. Donc je me lève,je vais à l’arrière du bateau pour pisser etprofite de cette immensité vide… Mais jeme retourne pour aller manger et que vois-je ? Les Canaries ! Quelle belle surprise auréveil que de voir cet archipel encore grisépar le matin devant nous, comme l’espoird’une nuit sans quarts.Après le petit-dèj, je prends la barre, Yann, Théo et Mike com-mencent à faire le pont, mais le jeune coq arencontré le vieux singe, Yann et Mike nesont pas sur la même longueur d’ondes .Mais passons les mauvais moments et parlons des bons moments de cette journée. Vers 11h, Yann prend la guitare et moi j’attrape le mélodicapour mini concert improvisé. Un bon repas et on mouilla à la Graciosa par cinq métres de fond dans unpetit creux pas très abrité, mais c’est parfait! Un conseil est tenu pour parler du comportement de certainset de ce qu’il faut faire avant d’aller à l’eau. Un petit rangement de cabines s’impose, le laisser-aller dumauvais temps laisse des traces… Je fais une petite lessive et me jette à l’eau ! direction: la Terre! enfin!vous n’imaginez pas à quel point c’est bien de poser son pied sur terre aprés une semaine de mer, quel soulagement de mettre de mettre plus de 17,49m entre soi et les autres… 17,49m, c’est la distance maximaled’un bout à l’autre du bateau, de l’étrave babord à la jupe tribord… Mais bref, l’essentiel est qu’on peutposer le pied à terre et dormir comme des souches! Le vent est fort, la marée est basse et le repas bientôtprêt…. je fais une partie d’échecs avec Yann, je prends le Mordor et finis par gagner après un massacre sansnom! Moi qui avais des doutes sur mes compétences aux échecs, je sais que la revanche est proche avecYann! Un repas, une partie de dixit et au lit ! Simon

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Journée du 31/10/2012 : « Bip-bip-bip », la journée commence. J’avais mis mon réveil pour me lever un peu àl’avance et travailler mes cours. Vers 8 heures, Kélig se lève et prépare le petit-déjeuner. Elle met la musique et un àun, les équipiers arrivent dans le carré tribord et émergent doucement. Première nuit entière depuis un peu plus d’unesemaine, Je crois qu’on a tous bien profité.Certains proposent une petite balade sur l’ile, ou plus précisément, l’ascensiond’Amara, un beau volcan éteint depuis des lustres. Il est bien intrigant d’ici, Jaune, noir, rouge, marron, mais de quoisont faites toutes ces couleurs ? Est-ce du sable, des cailloux, de la roche ?Bon allez, hop hop hop, non pardon, c’est plutôt lent les départs en ballade dans un groupe. Surtout quand il faut faireune petite nage avant de démarrer. On cherche des bidons ou des palmes pour ne pas rester trop longtemps dans cetteeau toute froide de bon matin et puis pour résister aux vagues un peu puissantes qui nous font dériver. Certains se rajoutent, d’autres s’enlèvent, « l’eau est trop froide », « oui mais ça vaut la peine », « on part demain, faut profiter ».Finalement on vient tous sauf Thierry, Charles et Mike. C’est parti, on se rejoint sur la plage. Les gars ne manquentpas de faire une course 50 mètres sur la plage avant d’attaquer, ça fait très cliché avec Kélig, Nina et moi qui ne participonspas. En marchant on se dit qu’on forme vraiment un drôle de groupe de randonneurs, il vous faudrait un dessin pourcomprendre mais je peux vous citer, entre autres, Nina avec sa combinaison de plongée, ses chaussures de randonnéeet un masque de plongée sur la tête. « Au cas où il y a du sable qui nous arrive dans la tête avec le vent », nous explique-t-elle. Lorsque la question de par où s’y prendre s’impose, la moitié du groupe, un peu bourrine, choisit detracer tout droit jusqu’au sommet. Moi je reste avec ceux qui préfèrent faire le tour en montant petit à petit pour profiter dupaysage. Je ne suis pas déçue, c’est beau ici ! Nous arrivons en haut et retrouvons l’autre groupe pour qui apparem-ment, ça a été plus de l’escalade que de la ballade, d’ail-leurs ils en ont perdu un en route, qui a fait demi tourparce qu’il avait mal à la cheville. Dommage pour lui, lavue est magnifique ! On voit toute l’ile, et notre volcan,qui d’en bas à l’air d’être en cône est en fait une crête enarrondi, c’était les tours du cratère. Laissant le groupes’éloigner un peu, je monte sur un rocher qui surplombela mer, au dessus d’une pente presque à pic, faite de lavequi semble figée à jamais en plein mouvement. C’est unpeu le cas d’ailleurs. En bas, je vois les vagues, de leurbleu turquoise, former des tonneaux en s’enroulant surelles-mêmes, avant de s’écraser sur les rocher, d’un noirquasi rouge. C’est super beau et je prends le temps d’ap-précier le vent venant fouetter mon visage. Je me rendscompte à quel point ça fait du bien de s’être dépensée,de toucher terre et d’être ici. Je me sens heureuse et re-gorgée de bonnes énergies lorsque je rejoins notre petitetroupe. On redescend tranquillement d’un autre versantdu volcan, enfin tranquillement à part pour Nina qui décidément, ne fatigue pas puisque malgré l’escalade detout à l’heure, court, saute, tourne dans la pente et en unrien de temps, elle est en bas et part déjà à la rencontred’autre chose. En rentrant au bateau, Charles et Thierry,nos cuisiniers du jour, ont préparé un bon gratin et unbon gâteau, ça fait plaisir, on a tous bien faim. L’après-midi passe tranquillement, des jeux se font, des textes,certains se reposent, moi je fais du courrier. Seul Simonet Kévin, qui ont l’air de ne pas avoir assez dépenséd’énergie ce matin, repartent sur l’ile où je regarde parmoments, ils courent dans tous les sens sur la plage.La soirée est calme, après le repas certains font un jeuet on part se coucher, dans la bonne humeur. Halloweenpour les terriens, nuit divine pour les marins, si la terre a ses coutumes et vit dans sa bulle, nous en avons créeune, Grandeur Nature.

Evolène

BALLADE SUR GRACIOSA. . . Pa r Ev o lèn e

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Journée du Vendredi 2 Novembre : Alors quoi de neuf en ce vendredi 2 Novembre sur notre beau bateau ?Nous sommes toujours en navigation entre l’île de Graciosa et Ténérife. Le vent est soit absent, soit dans lenez. Pour le moment, il n’y en a pas et le moteur tribord tourne. La houle de l’Atlantic nous berce tout demême sur son dos et cela n’a pas empêché Mike et Simon, qui étaient du dernier quart, de nous préparer 44chapatis pour notre petit déjeuner. Mais voilà que les chapatis se dégustent au rythme de la pluie, qui faitdes claquettes sur le pont. Ce n’est pas ça qui va arrêter les estomacs de nos adolescents en pleine crois-sance, capables d’engloutir céréales, chapatis et pain en un tour de main. Le soleil réapparait et je prend labarre, le temps que tout ce petit monde vaque à sa tâche quotidienne. Vous a-t-on déjà expliqué que chaquematin, des duos sont formés pour nettoyer et ranger les parties collectives : Carré tribord, carré bâbord,trois sur le pont, un qui s’occupe de la préparation du petit dej, deux autres au repas, et une dernière personne, qui écrira le texte de la journée. Nous sommes onze, le compte est bon. Être à la barre est un moment pour moi très agréable, ça me donne le temps de réfléchir et d’observer chacun. Je vous en livrequelques lignes. À commencer par notre équipe de pont, Simon Théo et Ludo. Je vois qu’ils n’ont plus besoin de communiquer, ça se fait tout seul. Simon et Théo se chargent du remplissage des seaux d’eau,sous la veille attentive de Simon, qui ne laissera pas Théo déverser des litres d’eau de mer dans le cockpit,comme un bourrin. Ça brosse, ça frotte, et Ludo fignole à l’éponge. Je vois passer Nina, le visage jaunit parles mouvements de la navigation, qui décidément, ne lui réussissent vraiment pas. Elle part directementdans sa cabine, se jeter sous sa couverture j’imagine. Ça n’a pas l’air facile pour Nina, de s’impliquer pleinement dans le voyage. Le quotidiendu bateau semble si loin de ce qu’elleconnait. Le mal de mer est là, le découragementparfois, et la paresse, surement un peu detemps en temps. Evolène passe d’unecoque à l’autre. Elle trace son chemin tranquillement, explore, observe, telle unebotaniste en plein jungle, soulève chaquefeuilles, étudie, relève, analyse, ques-tionne… Ah oui, ça c’est sur, Evolène questionne beaucoup, elle veut tout savoir,et surtout le pourquoi du comment ! Mais qu’il est bon de sentir que l’on peutcompter sur elle ! Il est 10heures, et Mikeveut déjà faire un jeu.

Vendredi 1 Novembre : Ce matin réveil au mouillage La Graciosa. Mais malheureusement onquitte ce bel endroit pour aller à Ténérife. Après les tâches on range le bateau, ça y est, on estprets à lever l’ancre. Nous voilà partis. En ce moment, on n’a vraiment pas de chance avec le ventcar il est Sud Sud Ouest, et il n’y a que 6 nœuds de vent. Et du coup on est obligés de naviguer aumoteur et cela durera toute la journée et les quarts de nuit se feront également au moteur. Pouf,rien que d’en parler, j’en ai encore le bourdonnement dans mes oreilles. Mais bon quand même,ils nous permettent d’avancer, on est bien content de les avoir. Ah, et Simon m’annonce que lacuisine d’aujourd’hui sera au recyclage. Car sur le bateau on ne gaspille rien, pas de gâchis ! En parlant de cuisine, j’aimerais bien manger du poisson fraîchement pêché, mais sur nos deuxlignes que nous avons à l’eau, nous ne remontons que deux sacs plastiques. L’océan est bien pollué, quelle triste fatalité ! Charles.

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ON LÈVE L’ANCRE. . . Pa r C h a r l e s

NAVE. . . Pa r Ké l i g

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Faudrait quand même pas oublier le travail de tête de tous les ma-tins. Il a déjà écrit ses quelques lignes sur son journal perso, com-mencé un dessin. Je lui suggère un peu de lecture, et je suis contentede voir qu’il vient s’installer près de moi, avec son nouveau livre à lamain. Mike découvre la lecture et c’est chouette. Lui aussi, son quoti-dien habituel est loin. Plus de lever à midi et de glandouille à la mai-son. Mike se saisit bien de l’aventure Grandeur Nature. Ils s‘adapteplutôt bien à notre vie d’extraterrestre. Il aime les cartes marines, lescalculs, savoir quand on arrive. Certes, la toile des relations hu-maines est encore loin d’être tissée à la perfection, mais il y met ducœur, notre Mike, quand il ne râle pas bien sur ! J’entends Kévin sou-pirer en coque tribord, et déjà négocier le dessin qu’il ne veut pas co-lorier. Souvent emmené par Yann, Kévin écris et dessine chaquejours, sur son journal. Mais voilà, parfois, notre Kévin fais la comé-die, des caprices, dirait on aussi ! Vous savez, cette période du non,si chère aux jeunes enfants. Et bien, il arrive qu’elle resurgie detemps à autres chez Kévin. Bien que je trouve que depuis hier, le vi-sage de Kévin à quelques peu changé. Je lui trouve un visage dé-tendu, plus posé dans son regard, c’était sans compter la petite altercation qu’il eu avec Charles, car celui-cia voulu lui faire comprendre de manière brutale, qu’il ne fallait pas mal parler aux adultes. Kévin a eu peuret n’a pas réussi à surmonter ses émotions, son visage était beaucoup moins détendu dis donc ! Mais ça nedure pas chez Kévin, et puis il a fait sa journée cuisine jusqu’au bout, et s’est levé sans soucis pour sonquart, et a même pris la barre. Vous voyez que ça évolue ! Je parlais donc de Charles tout à l’heure, en évo-quant le mot brutal, rassurez vous, ce n’est pas la bette féroce du groupe, c’est juste que parfois il est san-guin Charles, d’un coup le groupe l’agace, le bateau l’agace, le pas de vent l’agace, et notre Charles râle,souffle, fait des grands pas, s’énerve rarement, mais ça arrive… Mais sinon, lorsqu’il est au beau fixe,Charles pulse, Charles dynamise, Charles fait rire, Charles fait beaucoup de bien au groupe. Je ne vous aique peu parlé de Simon et Théo. C’est normal, car aussitôt après leurs tâches, Simon est surement partir lirela trilogie des seigneurs des anneaux, ou découvrir de nouveau nœuds, peut être fait-il une partie d’échecsavec Yann. En tout cas Simon, c’est la constance du groupe. Toujours un baromètre affichant l’anticyclone,mais jamais de dépressions, là si on l’appelle, Simon ailleurs, mais là quand même !! Théo n’est pas bienloin non plus j’imagine, surement dans la coque bâbord, à lire l’île au trésor, ou à potasser quelques cours,en vue de passer son capitaine 200. Théo, notre herbivore préféré, bien loin lui aussi de l’île de Bréhat, deses patates, sa viande et ses bateaux à moteurs. Nerveux aussi, le bougre, impulsif, on sens bien que l’hu-mour n’est pas tout à fait son sixième sens, on arrive à le taquiner sur des choses qu’il n’aime pas, et ça c’estbon signe ! Théo s’ouvre, commence à faire attention aux autres, c’est peut être un peu maladroit, mais lecœur de Théo est surement aussi gros qu’une patate de Bréhat ! Vous voyez qu’on ne s’ennuie pas sur notredouble coquille de noix. Et aussitôt la barre repassée à notre capitaine adoré, je file dans la cabine de Ninapour qu’elle me fasse une séance de lecture à haute voix ! Qu’il est bon de stimuler ses neurones quand lamer nous rend un peu mollassonne. Je vous parlerez de mes collègues, amis et aimés une autre fois je vousle promets ! Car la journée n’est pas finie ; Nous avons eu la visite de plusieurs dauphins tachetés, nousn’avancions quand même pas, mais ils étaient curieux de voir ce que nous faisions là, surement ! Kévin etCharles, pour une belle réconciliation, ce sont mis à la jupe, avec leurs masques, afin de les observer dansl’eau. Fallait voir leur tête aux deux zozos. Rayonnants de bonheur, super méga flippés de voir tous cesdauphins danser sous leur pieds, mais heureux à souhait, instant magique encore que c’est dauphins ! Pourclôturer la journée, la pluie est revenue nous faire un petit ballet de claquettes, on devine les lumières degrand Canaria, et Ténérife. Le Teide, sommet culminant à 3718 mètres, n’est plus très loin ! Va-t-il nous résister, ou allons-nous en faire qu’une bouchée ??Kélig

...ET DAUPHINS. . . Pa r Ké l i g

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Le 3 novembre : Cette journéecommence par une arrivée dansla Bahia de Abona, vers 8h dumatin. Le petit dèj est prêt, maisil est couvert par le taud du gé-nois. Après avoir mouillé, tout lemonde se lève, Charles essaie dedécouvrir le petit dèj, mais Yannne veut pas, car pendant la nuit,il y a eu un voleur de gâteaux.Comme ce n’est pas la premièrefois, ils veulent absolument sa-voir qui c’est !! Mais ça ne serapas pour aujourd’hui. Nous pre-nons le petit dèj, la matinée sepasse avec les tâches du matin ;l’après-midi se fait. Un premiergroupe composé de Charles,Thierry, Yann et Evolène partent faire les courses et Simon, moi, Kélig, Ludo et Nina faisons uneplongée. Kévin trouve un filet. Nous faisons un goûter, un Chromino avec Kévin et nous man-geons le soir. On part se coucher et je vous dis à demain ! Théo

ABONA. . . Pa r Théo

JOURNÉE CUISINE POUR MOI. . . Pa r M i k e

Le 4 novembre : Ce matin, réveil tranquille. Evolène et Thierry sont partis au marché au village àcôté de notre mouillage et aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Théo, donc on essaie de fairequelques trucs discrets, comme : la cuisine, deux trois cadeaux façon Grandeur Nature (lol) et unecarte d’anniversaire. Donc on demande aux autres de l’occuper dehors pour qu’il ne voit pas ceque l’on fait, même s’il a compris !! De toutes façons, l’odeur des steaks que j’ai galéré à faire cuire,je pense et je suis même sûr qu’il a dû la sentir ! Après ce moment marrant et agréable tous ensem-ble, nous passons au repas. On lui bande les yeux pour qu’il ne voie pas tout de suite ! Il enlèveson bandage et il aperçoit onze hamburgers et une purée de patates douces faite agréablement parla maison ! Nous commençons à manger, comme c’est étonnant, il ne reste même pas une grainede pain hamburger. Après ce repas costaud, une petite baignade pour certains et sieste pour d’au-tres. Vers 18h, Evolène et moi, nous commençons la cuisine. Mais pour ce soir, ce n’est pas unrepas quatre étoiles, ce sont des pâtes, plus précisément des spaghettis. En fait, j’étais de texte le 4novembre et je l’écris que le 13. Mais bon, je ne me suis pas fait engueuler. Après ce repas, les lumières s’éteignent et surgit un gâteau avec quelques bougies qui éclairent la coque tribord ! C’est le merveilleux gâteau cookie de Charles ! Après ce moment sympa, jeu pour certains et couchettes pour d’autres. À la fin de ce jeu, tous au lit !! Voilà une journée de l’expédition 2012-2013 Grandeur Nature !!

Mike

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Lundi 5 novembre : Départ du bateau pour effec-tuer nos premières aventures rando. Je suis avecNina, Théo et Simon, une bonne équipe de cham-pions je pense. Chacun son style : Nina, chaussuresde rando, jogging, sac bien ficelé et casquette à laMac Donald sur la tête ; Théo, duvet sur le dessusdu sac, Pataugaz et jean ; Simon, chaussures d’alpi-niste, Letherman à la taille et tout ficelé à l’exté-rieur du sac, tente, chaussures, bouteille d’eau,huile… Nous sommes tous les 4 bien motivés pourse monter le Teide, 3718m, ça ne nous fait pas troppeur ! Arrivés au village de Pori de Abona, je merends vite compte que cet endroit est légèrementperdu. Les bus sont rares, voire très rares. L’arrêt

de bus est occupé toute la journée par des personnes âgées, venant se retrouver pour discuter, fumer lecigare, rigoler, etc… Ils nous annoncent d’ailleurs qu’il n’y a pas de bus avant 16h et il est tout justemidi ! Il est possible de rejoindre un autre village, plus haut, à pied où il y a paraît-il plus de bus ! Ondécide de déjeuner d’abord pour laisser le groupe de Yann, Charles et Kévin partir devant.13h30, on s’attaque à la montée, 6km, 400m de dénivelé, un bon échauffement pour notre équipe deTeide. Il fait très chaud, on sue tout ce qu’on peut, mais ça va. Le moral est bon, plutôt positif. C’est debon augure pour la suite. Le village promis n’est pas beaucoup plus mouvementé. On ne croise per-sonne à part un vieux monsieur qui nous indique l’arrêt de bus. Arrêt où il n’y a rien d’affiché et oùpratiquement personne en passe. J’espère qu’un bus va arriver. 16h30, il est là, il va à Granadilla, on neréfléchit pas, on grimpe !! On s’est donné l’objectif d’aller camper vers Vilaflor pour être sur la routedu Teide, mais l’heure tourne , à 19h il fait nuit et nous arrivons à Granadilla à 17h30. Plus de bus pourVilaflor, on décide de faire du stop pour sortir de la ville et trouver un bon coin pour dormir. Maisvoilà, le stop à 4, ce n’est pas l’idéal, autrement dit, ça ne marche pas !!!

Kélig

On marche au bord de la route. On décide alors de demander un bout de terrain à un mec. On rentrealors dans des propriétés. On voit un humain au loin. On se rapproche, un homme. Il nous demandece qu’on cherche et on lui répond qu’on cherche un endroit pour la nuit en espagnol. Évidemment, ilnous accompagne avec son pick-up, les sacs à l’arrière et hop, on monte. Il nous amène sur une placeabandonnée, une source pas loin. Il nous donne cinquo litros de agua. On pose la tente sur le bitume etles mecs, ils accrochent leurs hamacs entre le lampadaire et l’arbre. On mange des maquereaux et desbonnes pâtes, puis un fruit. On fait notre toilette et la vaisselle à la source. On range. Dans la tente avecKélig, on fait de la lecture puis on s’endort. Une dure journée nous attend demain !

Nina

Le 6 novembre : Je me réveille ce matin vers 7h à Granadilla, j’ai mal dormi car j’ai dormi sur monhamac que j’avais accroché entre un arbre et un lampadaire qui grince. Nous nous levons et nous par-tons en direction d’un stade vu la veille, car nous espérons y trouver un arrêt de bus pour aller à Vila-flor. Nous arrivons à l’arrêt à 8h, en attendant Simon et moi faisons du stop, on ne sait jamais. Maisvoilà que Kélig a une information disant que le bus est à 9h30. El guagua arrive et nous partons direc-tion Vilaflor qui se trouve en altitude. Théo

RANDO KÉLIG/NINA/SIMON/THÉO. . .

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R ANDO K É L I G/N I N A/S IMON /TH É O . . .

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Arrivés à Vilaflor, nous devons aller à la pêcheaux informations, quel bus pour le Teide, à quelleheure, quelles sont les randos possibles etc… Pasde chance pour nous aujourd’hui, la dame de lapetite cabane de tourisme n’est pas là, elle est enformation. Deux anglais nous informent que lapluie tombe fort sur le Teide et qu’il vaut mieuxattendre demain ou même jeudi. On décide doncde se trouver un bon campement pour la nuit etde s’attaquer au Teide demain. Mes compagnonsn’ont pas l’âme de marcheurs aujourd’hui. Ilspréfèrent économiser leurs forces pour l’ascen-sion de demain. Nous négocions ardemment tousles 4 et tombons d’accord sur un plan. Nous mar-

chons au moins une heure et seulement après, nous cherchons un campement. Bon il s’avère qu’àpeine après 30 mn de marche, nous dénichons l’endroit de rêve. Surface plane, des arbres pour accro-cher les hamacs, emplacement avec des pierres pour faire le feu, du bois à profusion et nous nesommes pas en plein milieu des aiguilles de pin avec le risque que la forêt prenne feu ! Kélig

Avec Simon, nous partons chercher du bois. Il fait le feu et ensuite nous installons la tente et les ha-macs. Nina fait des chapatis avec Kélig. Nous mangeons de la semoule et nos chapatis en dessert. Jepars me coucher en pensant au Teide. Théo

Le 7 novembre : Ce matin, lever 7 h de notre chouette campement qui sent bon la fumée. A peine a-t-ilmis le pied à terre que Simon ravive déjà les cendres pour rallumer le feu. On y réchauffe nos chapatispréparés hier soir et on se régale… Sucre, chocolat en poudre, lait concentré ! C’est aujourd’hui quel’on monte le Teide. Le ciel est magnifique alors prenons des forces !!!8h30, on décolle, sacs aux dos, tout guillerets, ne sachant pas encore très bien ce qui nous attend. Je dé-cide de faire un détour par le lavoir du village pour me laver les mains et le visage plein de noir debois et de cendres. Mais encore une fois, mes compagnons ne sont pas motivés pour me suivre, ilss’économisent pour l’ascension ! Nous attendons le bus, avec Nina, on découvre un bel amandier.Nous n’avons plus qu’à nous pencher pour les ramasser. Simon vient à son tour et chacun fait sa ré-serve d’écureuil. Le trajet de bus va durer 1 heure. Nous montons une route en lacets. Nos oreilles sebouchent, signe que nous prenons de l’altitude. Nous traversons un paysage de cendres et de forêtsbrûlées. Ce sont sûrement les incendies de cet été qui ont tant touché les îles Canaries, surtout la Go-méra je crois bien. Au détour d’un virage, nous l’apercevons, il est là, majestueux ! Pas un seul nuagele cache, le bleu du ciel est magnifique à côté de sa couleur ocre. Le Teide, 3718 m s’impose. Noussommes tout petit à côté. Je ressens d’ailleurs l’ambiance changeante dans le bus. Avec mes compa-gnons, on ne parle pas. Nos sacs sur les genoux, on le regarde du coin de l’œil ce Teide. C’est notre défidu jour. Nous y sommes prêts. J’aperçois seulement dans le regard de Théo un petit doute : « Maisqu’est-ce qu’on fait ici, c’est quand qu’on rentre au bateau ? » On se prépare mentalement, nousvoyons la plupart des gens descendre aux autres arrêts et ça y est, c’est à nous, l’arrêt de MontanaBlanca, départ de notre sentier. Il est 11h30. Kélig

n chemin, on croise plein de gens, surtout des allemands et des espagnols. On dit un mot aux françaisqui passent et à mi-chemin, pendant la pause, on engage la conversation avec un allemand qui parleun peu français. Rendez-vous au refuge ! Dans la montée, Théo et moi, on trace. Les filles traînent un

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peu et vers la fin, Théo remarque que la sac de quelqu’un est ouvert et l’aide à le refermer. Cet alle-mand (encore) qui parle très bien anglais. Je fais traducteur, Théo galère un peu en anglais. Arrivés aurefuge, loin devant les filles. Le soulagement extrême, poser les sacs et partager une barre de céréales.Ça fait du bien !! J’échange deux trois mots avec l’anglais-allemand et on attend Kélig pour entrer. Etlà, que bueno ! Des fauteuils moelleux et un peu de chaleur. Tout ce qu’il faut après une ascension de 5heures. Une bonne plâtrée de pâtes, un peu de discute et au lit. Il est 21h. C’est une bonne journée quinous attend demain ! Simon

Le 8 novembre : On se lève à 5h, on se prépare, on déjeune. On dépose nos sacs à l’entrée du refugepour monter le Teide sans sac. Au retour, on les prendra pour redescendre. Alors, on monte. Je prendsle rythme. Il fait nuit. On marche avec nos frontales et en plus, sur du gel. C’est raide, un peu difficile.Mais on y arrive en 1h10, donc à 7h ! J’avais très froid alors je suis monté vite. Je suis arrivé tout enhaut avant les autres. Et là, j’ai vu le croissant de lune, j’ai eu la larme à l’œil tellement c’était magni-fique. On voyait les nuages, le lever du soleil, mais il faisait -4° à peu près. J’avais très froid, alors jesuis descendu doucement avec Théo jusqu’au refuge. On a mangé un biscuit et on a bu un coup en at-tendant Kélig et Simon pour continuer la descente. Nina

Simon et moi (Théo) partons devant, mais nous sommes vite rattrapé par Nina, petit cabrit qui fait lapremière partie de la descente en courant. Elle tombe au trois quart, mais ça ne l’empêche pas de re-partir au pas de course et d’arriver la première en bas. Elle est suivie de Simon, tout seul, Kélig et demoi ensuite. Lorsque nous étions au refuge, j’avais demandé si nous pouvions manger du pain et duchocolat, on m’avait répondu « on le mangera en bas ». Donc forcément, je n’oublie pas de leur rappe-ler. Après la pause, nous descendons le reste. Simon et moi parlons avec les frères espagnols que nousavons rencontré la veille au refuge. Nous discutons de leur vie, leur travail. Nous arrivons les premiersen bas, suivis de Kélig et Nina. En attendant le bus qui nous enverra à El Portillo, nous mangeons unpeu. Nina parle d’un taxi et justement, en voilà un qui arrive avec à son bord, Ludo, Evolène et Mike,qui s’apprêtent à monter le Teide. Le guagua arrive, donc au revoir les amis et bonne chance. Nousdescendons à El Portillo, mais voilà, il pleut. Nous sommes dans les nuages. Ce n’est pas motivantpour trouver un campement. Du coup, on décide que l’on va rentrer au bateau aujourd’hui. Le chauf-feur du guagua nous indique que lecentre des visiteurs peut nous servird’abri en attendant le bus de 15h15qui nous enverra à Los Christianospour rentrer. Nous nous mettonsdonc à l’abri pour manger. Petitsandwich à 2,50 euros et nous atten-dons jusqu’à l’heure du bus. C’estparti pour 1H45 de trajet où nousnous reposons tous les 4. À 17h,nous sommes à Los Christianos,Kélig va retirer de l’argent pourprendre le bus jusqu’à Santa Cruz.Encore 1 h de trajet et nous arrivonsvers 19h à la marina del Atlanticopour manger un bon poisson à la ta-hitienne préparé par Thierry. Théo

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en haut du Teide...

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Mardi 6 Novembre Intercambiador de Santa Cruz de Ténérife. Mike Evolène et moi attendons le bus pour notre premier jour derando. La veille, tous les autres sont partis depuis le mouillage de Poriz de Abona et nous avons raccompagnéThierry jusqu’à la marina de Santa Cruz pour qu’il puisse bosser tranquillement sur GN pendant notre absence.Nous avons donc eu un peu plus de temps pour nous préparer. Nous sommes presque autonomes en nourriturepour les quatre jours. Premier objectif de la journée : acheter deux paires de chaussures de rando taille 39 et 42.On passe au décathlon local qui s’avère être énorme ! Il faut dire que l’île de Ténérife se prête bien aux sports deplein air ! Une fois chaussés, nous reprenons le bus pour rejoindre le départ d’une rando que nous avions repéréla veille avec les cartes. L’idée était d’aller bivouaquer dans la forêt avec nos hamacs. Mike était très motivé pourfaire une cabane ! Le nord est de l’île est l’endroit idéal pour ce programme.La balade en question rejoins la cote à travers les bois et la montagne. Maisen chemin, je réalise que le bus rejoint la côte, alors je propose aux jeunes defaire la rando à l’envers. Je me garde de leur dire que le ciel est bien noir, là-haut sur les sommets. Bingo, une fois à Punta del Hidalgo, nous subissonsorages, averses et compagnies. Nous trouvons refuge à l’office du tourisme,où nous mangeons nos sandwichs. Pas question d’aller se risquer dans lamontagne par ce temps. Mon rôle consiste à accompagner et guider lesjeunes dans de belles aventures, à vivre de supers moments avec eux, touten essayant de mesurer ce qui est réalisable ou pas. C’est un subtil mélangede réflexion et de décision à prendre. Il faut que chacun se dépasse maisque personne ne sois dégoûté. Nous avons donc déplié nos cartes et com-mencé à envisager les options de secours. Les hôtesses du point d’informa-tion nous informent qu’il pleut sur toute l’île… Chouette… Attendre que çapasse ? Partir à l’autre bout de l’île ? Chercher un refuge ou un camping pascher ? Les idées se multiplient et Mike perd le fil. Nous profitons d’une ac-calmie pour remonter vers la Laguna, d’où partent les bus qui nous intéres-sent. La journée est bien entamée, nous avons le sentiment de ne pasavancer, trop de bus nous fatigue, Mike râle, je cherche des solutions avec Evolène. Elle voudrait aller à l’Ouest, ilveut tenter le bivouac dans les bois. On tente le bivouac dans les bois. Elle aura finalement raison. Des éclaircies,des coins de ciel bleu nous donnent espoir. Nous arrivons dans une jolie région à Cruz del Carmen. Point de dé-part de pleins de randos. Un resto où on va remplir une bouteille d’eau, et allez, on démarre notre rando initiale.Enfin le calme, les bonnes odeurs de la nature. Le chemin glisse un peu. Mike parle fort, les bretelles de son sac luifont mal, il n’arrive pas à le régler. C’est vrai que nos sacs sont lourds. Nous marchons une bonne heure, tout encherchant un coin plat pour passer la nuit. Nous trouvons enfin notre bonheur : Un terrain légèrement pentu etélevé pour ne pas subir d’éventuelles inondations, avec les arbres nécessaires pour suspendre la bâche et les ha-macs. L’endroit nous plaît, il nous reste une petite heure avant la nuit. On pose le matériel. Les sacs protégés ausol par nos ponchos. La pluie nous a laissé nous installer, mais elles est finalement bien là. Nous dînons notre pre-mier repas au réchaud. L’eau qui coule de la bâche nous permet de faire la vaisselle. J’utilise ma technique de la-vage avec de la terre, qui amuse bien Mike. 19h : Nous sommes déjà couchés, confortables, bercés par la pluie.Mais nos hamacs se touchent, on se gène dès qu’on bouge. Je me lève pour modifier les amarrages. C’est mieux,mes camarades s’endorment. Evolène ronfle, mais moi je ne trouve pas le sommeil, sans savoir pourquoi. Au mi-lieu de la nuit, nous voilà trempés. La pluie ne cesse pas, quelques éclairs claquent au loin. J’attendrais ainsi, cardès que je bouge, j’ai froid. Mon corps réchauffe un peu mes vêtements et mon duvet mouillés. Ça bouge à côté,Mike est mouillé aussi, mais pas Evolène, elle était la moins exposée sous la bâche. Nous levons le camp au matin,sans prendre le temps de déjeuner. Direction el Batàn, petit village à 4km, où nous pourrons trouver un bus. Ilpleut toujours, nous n’irons pas au bout de la rando. Je commence à réfléchir à la suite de la journée, et notam-ment à l’endroit où passer la nuit. Nous sommes chargés d’eau inutile, et nous voulons partir demain matin, tôtpour l’ascension du Teide, le plus haut sommet d’Espagne. J’aimerais trouver une ferme où un hôte charmantnous laisserait nous sécher et nous reposer. Germe aussi l’idée d’aller dormir au bateau, au sec, et repartir tôt avec

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des sacs moins lourds. Car 3718 mètres, ça fait haut !Nous arrivons finalement au petit village, fait de maisons éparpillées, d’un bar et d’une maison associatives lo-cales. Nous aurons entre temps traversé le sentier inondé, fait un détour par un tunnel, suite aux conseils des ha-bitants qui nous trouvent intrépide. La région est vraiment belle, verdoyante par temps de pluie. Les reliefs sont parfaits pour la rando. On croise desorangers, des figuiers et on aperçois aussi une cascade au loin. Le bus partant plus tard, nous trouvons un petitabri sur la place du village pour manger. Je fais partager mes idées, Mike ne veut pas rentrer, Evolène réfléchit.Une mamie vient s’abriter à côté de nous, elle engage la conversation, tout en nous observant du coin de l’œil.Nous la quittons pour aller boire un chocolat chaud au café de coin. Dans le bus qui nous ramène à la Laguna, je débats avec Evolène sur le retour au bateau. Se pose la question dusentiment d’échec que je partage avec elle. Le but était de partir 4 jours pleins pour faire une vraie coupure. Maisc’est aussi le choix le plus sage pour pouvoir réaliser l’ascension du Teide dans de bonnes conditions. Alors on ra-vales un peu notre fierté et on rentre à la maison. On partage un peu de notre semoule avec Thierry, légèrementsurpris de nous voire débarquer. Il nous offre un bout de sa pizza et de son dessert, pour le plus grand plaisir deMike. Les sacs sont refaits au gramme près, les affaires séchées. Une bonne nuit de repos et nous sommes près à

repartir, plus motivés que jamais. Alors je laisse le soinà Mike et Evolène de vous raconter notre deuxième ex-pédition, chacun à leur manière. Ludo.

Jeudi 8 Novembre, 7 heures 45, on quitte le bateau endestination du Teide. Oui, on a pour objectif de grim-per le Teide, mais on n’en’est pas encore là. Pour l’ins-tant, on marche pour rejoindre l’arrêt de bus. Mike, demauvaise foi ce matin, traîne et reste à une distanced’environ 30 mètres derrière Ludo et moi. Certaine-ment à cause de ce qui s’est passé la veille, inutile derevenir dessus je pense. On rate notre premier bus quipartait du terminal. C’est pas grave, il y en a undeuxième, mais on n’a plus de marge. Notre bus pourPuerto de la Cruz tarde un peu, et la tension monte.On se demande si on arrivera à avoir notre correspon-dance qui nous amènera au départ de la rando qui

monte au Teide. Il n’y a qu’un bus par jour, vous comprenez bien qu’il s’agit de ne pas le manquer celui-là ! Arrivés à Puerto de la Cruz, le chauffeur de bus nous dit qu’on est pas obligés d’aller jusqu’a terminal pour pren-dre notre bus, il passe par les petits arrêts où l’on passe aussi. Soulagement pour nous, on descend et attendonsnotre bus ici. Mais lorsque 20 minutes plus tard, il arrive enfin, il trace et ne s’arrête pas à notre arrêt. Deuxfemmes qui attendaient pour le prendre aussi, appellent les bus, mais ils ne feront rien. On se met donc d’accordpour prendre un taxi à 5, et on monte. Devoir payer un taxi pour 5 minutes ce matin, c’est un peu rageant !!! Arrivés au départ de la rando, voilà qu’on croise nos quatre aventuriers et équipiers, Kélig, Nina, Simon et Théo,redescendant à peine. On se raconte les grandes lignes de se qui nous est arrivés ces derniers jours, et ils nous sou-haitent bon courage pour monter le Teide. C’est parti. On met un certain temps avant d’acquérir un rythme, ons’arrête pour prendre un mouchoir, une barre de céréale, un pull ou des lunettes de soleil à se mettre ou s’enle-ver… Il faut dire aussi, qu’on traverse des nuages par moments, donc le soleil nous quitte pour de la brume et despetites gouttelettes. Dans ces moments-là, on ne vois pas à 10 mètres ! On s’arrête pour manger, quelque chose derapide si possible, parce qu’on a pas envie de traîner trop. C’est difficile avec notre petit réchaud, de faire bouillirde l’eau, et ce n’est que trois quarts d’heures plus tard, qu’on se remet en route. On marche en silence, chacun àson rythme, on a la tête dans les nuages, au sens propre, comme au sens figuré ! Lorsqu’on voit un mat, en haut des rochers, exactement comme ce que nous avais décrit Kélig pour l’arriver aurefuge, on n’y crois pas, on voyait ça beaucoup plus long ! (suite page suivante)

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Mike est soudainement poussé, lui qui peinait quelques minutes plus tôt, court presque sur les 50 derniers mètres.On se défie avec Ludo de courir jusqu’à un rocher un peu plus haut, qui surplombe le refuge. On est finis en arri-vant, mais la vue est belle d’ici. Le refuge n’ouvre qu’à 17heures, il nous faut donc attendre deux heures. Mike etLudo commencent une partie d’échecs, pendant que j’écris dans mon journal de bord. Petit à petit, le monde ar-rive et on prend peur. On n’a pas réservé de places, ça va être juste. Quand on rentre dans la pièce, on compte lesgens qui rentrent et plus ça va, plus on se dit qu’on va être bien embêtés. On en rigole quand même, après tout, ilfaut y croire ! L’homme qui s’occupe du refuge nous informe que 52 places ont été réservées, sur les 54 qu’il y a.Mais il nous dit qu’on va s’arranger, donc on ne s’inquiète pas trop. En effet, ce n’était pas la peine de stresser, carplusieurs personnes qui avaient réservé ne sont pas venues. On achète donc leurs places. La soirée passe tranquil-lement, on parle un peu avec les gens, chacun se fait la nourriture qu’il s’était amené, mais on est tous dans une

genre de cuisine, salle où manger. Mike et moifaisons des chappattis, certains viennent nousdemander ce qu’on fait, mais la plupart desgroupes restent entre eux et ne s’intéressent pastrop à ce qui les entoure. Ludo à rencontrer des Français et leur à expliquéle voyage qu’on fait. Ils sont sympas, on se met àfaire un jeu, un tarot africain. C’est l’occasionpour Mike d’apprendre, lui qui au bateau n’a ja-mais voulu, la perspective de rencontrer dumonde, doit le motiver !!! Le lendemain, 5heures, on se lève. Pour ma part, avec un gros

mal de tête. C’est dû à l’altitude, m’explique-t-on. On bois un chocolat chaud, mangeons quelques trucs, et on sortdans le froid du matin. On nous dit qu’il fait moins 1 degré, et l’on n’en doute pas. Le ciel est dégagé, c’est bonsigne pour notre levé du soleil. On a du mal à trouver un bon rythme, on essaye de marcher ensemble, parce queMike n’a pas sa frontale. La nuit est belle, la ville aussi, vue d’ici, avec toutes ses lumières. Le jour commence à ar-river alors, qu’on est encore loin du sommet. On est en train de se dire qu’on va rater le soleil se levant sur leTeide. On force le pas, et on fini par arriver au sommet, aux 3718 mètres, au toit de l’Espagne, on pourrait dire.C’est super beau, mais je mets un certain temps avant de regarder ce qui m’entoure et la vue qu’on a, parce quemon corps est frigorifié et n’a plus de force. Le vent est glacial. C’est fou d’être aussi haut, on vois toute l’île, etmême la Palma, la Goméra, où l’ombre du Teide, très grande grâce à l’emplacement du soleil, est projetée. L’efforten valait la peine, mais on redescend quand même assez vite, le vent souffle fort ici. On choisit un autre cheminpour redescendre, le gars qui s’occupe du refuge nous avais indiqué par où on pourrait passer. C’est joli de cecôté, le paysage n’est pas vraiment le même, on pourrait un peu se croire dans un désert. Le mélange des rochesjaune orange et des coulées de laves noires est harmonieux. Avec Ludo, on fait un petit détour pour aller voir lecratère de Pico Viejo. On arrive sur un rocher et là, sous nos pieds, sur 300 mètres, s’étend le cratère. C’est impres-sionnant de trouver un paysage comme ça ici. On se croirait ailleurs, dans un décor de film, ou sur une autre pla-nète. Il y a une grande falaise, genre canyon, d’un côté, et de gros rochers avec des stalactites de l’autre. Au fond,au point le plus intrigant, se trouve comme une crevasse dans le sable, qui d’ici, paraît sans fond. Le sable s’en-gouffre en pente douce dedans, et l’on pourrait s’imaginer plein de choses autour de ça. On prend quelques pho-tos, même si c’est vraiment pas pareil de voire ça en photo, ça montreras peut être un aperçu du sentiment quel’on peut avoir en étant ici. On retrouve Mike, qui apparemment, a bien aimé marcher seul, et décide donc de partir un peu devant, mais onse retrouve bientôt dans un infini désertique de gros rochers. On se rend compte qu’on est plus dans le chemin etque ça fait un bout de temps qu’on a pas vu Mike. On se demande s’il n’est pas perdu lui aussi. On a un petit mo-ment de stress, Ludo l’appelle, mais il ne répond pas. On se dit qu’il a pu tomber entre ces gros cailloux, mais onfini par retrouver le sentier et avec, sa trace de chaussures. On demande à quelques personnes qu’on croise, etd’après les descriptions, on en déduit qu’il est avec nos amis français. C’est bon, on est rassurés, on le retrouve peu après, et on termine la rando tranquillement.

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On arrive à un endroit où l’on va pouvoir prendre le bus. On a marché longtemps, on a donc bien faim, et notrebus n’est qu’à 16 heures, on prend donc notre temps pour manger, on se repose un peu, au soleil. On se dit qu’onn’a pas tellement envie de rentrer au bateau, on aurait bien fait quelques jours de plus ! Le bus qu’on prend va à Los Christianos, et de là-bas, on prend un bus qui rejoints Santa Cruz. On pensait décou-vrir autre chose en faisant ce chemin, mais finalement, c’est rien de très particulier. Il est 19 heures lorsqu’on arrive au bateau, c’est un peu les retrouvailles, mais les autres sont rentrés depuis hiersoir, et ont déjà un peu récupéré, nous on est crevés. Pendant le repas, on se raconte quelques extraits de nos ran-dos à chacun, mais le reste sortira certainement plus tard, entre nous, quand on voudras se le raconter. On a tousvécu des choses différentes, ça nous a fait du bien, d’être séparés un peu. On conclu quand même, que malgré undébut de randonnée difficile, avec nos deux premiers jours sous la pluie, on en a quand même fait une belle, etvus des paysages bien uniques ! Evolène.

Nous sommes partis tôt ce matin du bateau, directionPuerto de la Cruz pour prendre le bus qui nous em-mène au bas du Teide. Pas de chance, nous ratons lebus ! Et malheureusement, il n’y en a qu’un seul parjour. Nous décidons de prendre un taxi avec deux au-tres femmes qui elles aussi l’avaient raté, le bus ! Nousprenons le taxi, direction le Teide. Arrivés en bas, nousvoyons Kélig, Simon, Théo et Nina qui eux venaientjuste de descendre le Teide. Après 10 minutes de dis-cussion, go pour monter le Teide ! Au début, tout vabien. Après 2 heures de marche, ça commence à être unpeu dur. Arrivés au refuge, nous sommes très contentsd’y arriver. Nous avons 3h30 pour y arriver, que l’autregroupe a mis 5 heures. Nous attendons 17h pour l’ou-verture du refuge et nous mangeons à 18h. Après le repas, je prépare des chapatis (une sorte de crêpes). Nous ren-controns deux français super sympas qui se prénomment Max et Isabelle. Après les chapatis finis, nousproposons de faire un tarot africain avec Max et Isabelle. La partie se termine à 20h30 et le vainqueur, c’est moi-même. Après ce moment agréable, tous au lit, car demain matin, c’est lever à 5h. Le lendemain est là, 5h, un peumal dormi ! Préparation pour monter au sommet du Teide. 5h50, nous partons du refuge. Il fait nuit, il fait froid !Début de la montée avec les frontales. 1h15 de marche et nous voilà au sommet du plus haut volcan d’Espagne.Le lever de soleil arrive et je vous le promets, voir le lever du soleil à 3718m de haut, c’est juste spectaculaire !!!Voilà, nous commençons à prendre le chemin retour. Mais nous avons décidé de prendre un autre chemin mêmes’il est 7 fois plus long. En cours de route, nous nous arrêtons prendre le petit-déjeuner. 1 heure de petit dèj etnous reprenons la route pour rejoindre la civilisation qui nous manque pas du tout ! En cours de route, je e re-trouve seul, Ludo et Evolène à la traîne ! Je marche ¾ heures tout seul et un moment je tourne la tête et j’aperçoisMax et Isabelle que nous avons rencontré. Ils s’étaient perdus. Ils me rejoignent et je continue la route avec eux.Arrivé dans la civilisation, j’aperçois Ludo et Evolène. On se retrouve après 5 heures de séparation. Ils me disentqu’eux aussi s’étaient perdus et qu’ils avaient peur que je me perde à mon tour ou qu’il m’arrive quelque chose.Arrivés dans la poubelle mondiale, qui signifie la pollution, Max et Isabelle nous quitte. Nous partons au pointd’information et demandons la signification du mot Teide. Le mot Teide signifie la maison du diable. Après cetteinformation reçue, nous nous mettons devant une petite église et commençons à préparer le repas. Après le repas,nous faisons une petite sieste de 2à minutes. Après tout cela, nous partons à l’arrêt de bus et 1 heure, le voilà ! Quiça ?? Ben le bus !!! Nous partons direction Los Christianos, puis Santa Cruz de Ténérife. Nous rentrons au bateau,qui est à quai et où les autres groupes sont déjà rentrés depuis hier. Nous nous racontons quelques épisodes denos randonnées et après un bon repas, le meilleur cadeau que j’ai pu avoir, c’est un bon lit avec oreillers, matelaset couverture. Cela signifie la fin de ce texte, donc bonne nuit et à demain pour une nouvelle journée d’expédition.

Mike

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Rando Parque rural de AnagaCharles : Premiero dios : Après les taches sur le pont c’et le branle bas de combat, on prépare nossacs pour la rando, c’est la première fois que je vais marcher de la sorte avec un gros sac sur ledos et que je vais bivouaquer j’ai hâte de voir ce que cela va donner. Une fois le bateau quitté, onrejoint le groupe de Kélig Théo Nina et Simon sur le quai et l’on rejoint le village ou nous espéronstous prendre un bus pour Arico. Yann Kevin et moi allons randonner au nord est de l’ile, dans leparque rural de Anaga. Il n’y a pas de bus avant 16 h, il est 12H, nous décidons donc de rejoindreArico à pied ou en stop. Pas de stop, les trois voitures que nous croisons ne nous prennent pas, onmarche ! Et là 50 m plus loin, Kevin traine, râle mais ce n’est que le début d’un long chemin decroix… Il pleure, hurle a soif, mal au ventre, à la tète, se jette au sol tel un footballeur blessé, c’estaffreux pour moi on est quand même parti pour 4 jours…Il faut lui tenir la main pour qu’ilmarche, ce que je fais mais au bout de 10 min je craque, je lui explique que c’est trop pourmoi…On continue a marcher, c’est dur, il reste 4 Km…On arrive Arico Viejo , pas de bus tout desuite, on demande la route a un gars sympa, qui finit par nous prendre dans son van et nous dépo-ser…à notre point de départ !!! Juste à coté de l’autoroute ! Nous n’avons pas vu tout de suite qu’ily avait une petite station de Gua gua, un bus arrive 2 min après et nous emmène direct a SantaCruz. Yann nous propose de changer à Santa cruz pour San Andres et de dormir sur la plage. Oui!! on arrive a San Andres, petite séance d’étirement préconisé par Yann, on se baigne, je m’éloigneun peu pour nager.suivi par Kevin pendant que notre berbère lit, écrit dans son journal, prend desphotos cherche et scrute la carte pour nous trouver des chemins de randos sympas et adapté ànotre niveau tout en nous préparant un pique nique pain, paté végétal(made by Bonnin family),sardines, fruits et légumes plus Turron, on est au top !!!On s’installe dans nos duvets mais au boutde 30 min je râle, tourne et retourne et ronchonne, Yann me demande ce qui se passe, je ne trouvepas le sommeil évidemment car il est 19H45 ! Maison de retraite quoi ! On discute un peu et hop…ron ron !

Petit matin(deuxième jour) : Au petit matin on plie bagage, on profite des douches en bord deplage pour une petite toilette, petits courses dans une fruteria et nous voila parti, bus ou stop, lestop marche grâce à un couple d’allemands (randonneurs eux aussi), on va a el Bailadero de là il ya des départs de rando. On installe le poncho vite, il nenous quittera pas beaucoup pendant trois jours, oncommence à marcher et là Kevin crie, souhaite mouriretc..12H arrive, les estomacs crient famine, pique niquevite fait, à peine le temps de ranger qu’une pluie dilu-vienne s’abat sur nous !!Au fil de la rando le mauvaistemps s’estompe et nous ne pouvons pas toujours em-prunter les sentiers qui s’avèrent glissants et impratica-bles. Finalement on trouve un chemin praticable pourse rendre à Chamorga. Nous traversons deux petits vil-lages typiques à flancs de montagnes, El cumbrillo et Elbodega, nous croisons une vieille dame qui nous in-forme qu’il ne reste qu’un village à traverser pour se rendre à Chamorga. Nous n’y arriverons pasce soir, la nuit tombe vite et Yann repère un coin pour le campement, bâche, hamacs et petit feu,vite éteint car une dame qui passe dans la forêt nous explique en criant que «dormir si fuego no !»,

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RANDO YANN/CHARLES/KÉVIN. . .

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plutôt mécontente vu les décibels sortant de sa bouche ! Une partie de la nuit se passe mais vers 4hdu matin, Yann range son hamac et son duvet, trempés par la forte pluie qui tombe sans disconti-nuer depuis minuit. Il cherche le briquet pour se faire un thé chaud, se trouve un caillou spécialfessier pour se couper du sol trempé et se met en boule, la tète dans les genoux, il médite, essayede dormir un peu et attends que ca se passe. Au matin je m’aperçois que le bout de mon duvet apris l’eau, j’étais parti pour râler mais je me suis retenu car à coté de moi nous avions le maitreYoda de la sérénité, qui me propose de la mangue qui s’avère délicieusement sucrée ! On range, onest parti pour Chamorga, une fois sur la petite plaza central, Yann nous propose un circuit de 7 kmà travers la montagne, montée et descente, on passe par le phare de Anaga, on descend au villagedésertique de Roque de Bermejo ou nous profitons du vent pour sécher un peu les affaires et man-ger un petite purée, il ne pleut plus, Yann fait une sieste de 5 min au calme avec Kevin pasloin…On se met les sacs sur le dos et on remonte direction Chamorga ou nous avons décider depasser la nuit. Nous marchons sur un sentier magnifique, la montagne est verte et la végétationtrès variée, on continue à grimper, Yann est devant, moi j’attends Kevin pour qui le fait de nousvoir est important, cela le motive, quand il ne nous voit plus on crie son prénom, il répond et ca sepasse mieux comme ca ! On aperçoit une maison au loin puis plusieurs ca y est nous sommes àChamorga !Petit café et soda pour Kevin dans le bar du village, on s’installe sur la place du villagepour manger puis on trouve une maison abandonnée qui nous accueille pour la nuit, bien au sec,au n1 de la calle principal !Pates chinoises, châtaignes, et hop dans les duvets bien au chaud, à20h30 tout le monde ronfle convenablement. On quitte Chamorga après le petit dèj avec pour ob-jectif Almaciga, afin d’y prendre le bus pour revenir à SantaCruz, au bateau. Ce dernier circuit de10 Km illustre parfaitement notre séjour, entre paysages montagneux, sentier côtier, on en a encoreplein les yeux de belles images, des montagnes vertes et de l’océan, sur le chemin on fait unepause sur la plage de Berijo, les vagues viennent s’écraser contre les rochers, c’est génial ! Il resteun élément clé, une rencontre qui restera très marquante pour moi qui a eu lieu a Almaciga.C’esten demandant ou était l’arrêt de bus à une dame qui nous l’indique bien volontiers. Elle se met à

marcher vite car le prochainbus est dans 3 minutes, on luiexplique alors que nous nesommes pas pressés, elle nousinvite for a cup of tea ! Il setrouve que la dénommée Ma-rianne, travelleuse de corps etd’esprit depuis de nombreusesannées nous propose non seu-lement un thé mais aussi unedouche chaude ! C’est l’occa-sion de faire une bonne pauseaprès 4 jours de rando noussommes un peu crados ! C’est vraiment génial de ren-contrer des gens comme ca,très gentil, très ouvert.(suite page suivante)

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elle nous joue de l’accordéon dans sa cuisine, instant magique, Marianne a vu du pays comme ondit, elle a élevée ces deux enfants dans son camion aménagé en ayant comme revenu son accor-déon et ses cours d’anglais donnés à droite et gauche. Cela a suffit, ses enfants n’ont manqués derien, elle a mené et mène encore une vie heureuse, cette joie de vivre se fait ressentir sur les notesde son accordéon, son sourire en dit long sur le voyage, les rencontres qu’elle a pu faire, les pay-sages qu’elle a pu découvrir. Cette rencontre me donne encore plus envie de voyager et de conti-nuer à rencontrer des gens aussi ouverts.Nous nous séparons chaleureusement, on prend le bus à 15H30 pour Santa Cruz, en profitant unedernière fois de ces magnifiques paysages, océan montagne, avant de regagner la ville, on étaittrop bien an montagne, je veux y retourner rapidement ! Charles

Kevin :Ce que j’ai moins aimé en randonnée :-Au début ca a mal été parce que j’ai crié, j’avais soif, faim et mon sacétait trop lourd,-Monter les pentes de la montagne-Avoir chaud-J’ai eu peur de la police quand nous avons dormi sur la plage !

Ce qui m’a beaucoup plu :-Quand on a mangé de la mangue-Quand Yann et Charles faisaient la danse du cheval pour me motiver,-Quand ils ont jetés des pierres et des branches pour m’aider à traverser la rivière,-J’ai bien aimé dormir dans la forêt parce que je ne l’avais jamais fait, c’était aussi la première foisque je dormais dans un hamac,-Les pates chinoises !,-J’étais content de trouver des objets sur la plage à Roque Bermejo, un vieux bout, un vieux cou-teau pour la cuisine et une pince,-C’était chouette de rencontrer les gens, même si je ne comprenais pas ce qu’ils disaient, ca m’a faitplaisir,-Les allemands qui nous ont pris en stop,-J’ai beaucoup aimé être chez Marianne, prendre une douche et boire une bonne tisane, elle nous ajoué de l’accordéon, je ne comprenais pas non plus ce qu’elle me racontait mais je me suis sentitrès bien !Au final, c’était très dur au début mais je me suis senti de mieux en mieux, j’aimerais bien refairede la randonnée dans les montagnes et peut être un jour faire le Teide !! Kevin

Que de belles images durant ces 4 jours, entre le vieux Charles et le petit Kevin, le trio s’annonçaitd’enfer ! Mes deux compagnons étaient novices complets en matière de rando, le maître mot deces quelques jours passés ensemble sera adaptation ! Et oui, les aspirations premières se tournaientvers le grand espagnol nommé Teide, vaincu par deux fois par le reste des troupes, trop pentupour les chtio mollets. Après consultation des cartes, on se met d’accord pour l’est, le Parque ruralde Anaga, qui à l’air de fourmiller de sentiers, avec la chouette possibilité de faire des boucles. Lapremière journée fut la plus difficile pour notre junior, qui eu mal au ventre, puis faim, puis mi-graine, puis sac trop lourd, puis soif, puis nous étions méchants, il allait mourir, le soleil était uncon, 3 h de marche, un chemin de croix pour Kévin…

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On finit par trouver un gars sympa qui nous emmène à une petite station de bus…en haut du vil-lage d’où nous étions partis trois heures avant… Aaahhh !Coup de chance, le bus arrive, on file

direction Santa Cruz d’abord puis change-ment pour San Andres. Kevin est soulagé,un bus c’est bien plus rassurant qu’un vi-lain chemin plein de cailloux sous le soleil !San Andres, petit village, achat de quelquesfruits eau et pain et vamos à la playa, lespêcheurs se marrent en voyant passer unsac avec Kévin dessous ! On se cale au fondde la plage, étirements (Régis...), les gars sebaignent un peu, pique nique et au lit …tôt.Réveillés à l’aube par le tracteur municipalqui nous laisse larver un peu, sympa ! Petit

dèj, douche et stop en attendant le bus qui nous devait nous emmener à El Bailadero, finalementl’amitié franco allemande à du bon puisqu’un couple ibéro-germanique nous monte en voiture àEl Bailadero, cool ! On se met en marche, poncho sur le dos, 300 m avant que Kevin ne ressorte lasirène, ouin ouin snif snif, ca finit par passer à mesure que la pente diminue…Arrêt pique niqueaprès avoir traversé une belle forêt, humide, lichens, grandes fougères, ambiance mystérieuse. Lepique nique s’achève vite, en effet l’orage déchire le ciel, ça tonne et se fracasse, Kévin a peur, onremballe vite, le ciel s’ouvre en grand et là déluge, merde, on doit rejoindre un chemin une liaisonchemin pour Chamoya, la pluie tombe fort, très fort, nous sommes trempés, nous marchons de-puis à peine 2 heures.L’eau ruisselle partout, les fossés se remplissent, ça tombe tellement que ma dent décide de sui-vre… On arrive sur la liaison, sploch, sploch, un parking juste a côté avec un minibus et son chauf-feur qui nous déconseille vivement la forêt, trop glissant, trop dangereux ! Oh, on continue alorssur le bitume. On rejoint le sentier plus loin et c’est reparti ; alternance de pluie et de bruine, et depluie. Petit coup sur le moral porté par la météo à nos 2 compères. Je les motive un peu avec monnouveau sourire borgne, ça les fait bien marrer, ouf !Le sentier redescend, redescend bien même, ça tire sur les cuisses ! Sur le versant opposé, un petitvillage, pause goûter avec un brin de soleil furtif. Charles a mal au crâne, une banane, des fruitssecs et on repart. La descente est très belle, des figuiers de barbarie, laurier rose, euphorbes et lesfaçades colorées du village, au loin l’océan et le ciel se mélangent, où commence l’un, où finit l’au-tre, qui sait ? Au pied du village, donc de la belle et grosse colline, Kévin prend conscience qu’ilfaut remonter, l’effort va être intense, je le sais, la pente est raide. ça transpire, ça grince, pleure unpeu même, l’important est qu’il faille avancer ! Quasi en haut, nous croisons une vieille femme quinous informe que nous sommes à Elbodega et pas à Chamorga, comme nous l’imaginions. Mamienous le dit, Chamorga est dans la vallée suivante. On finit l’ascension du village, Kévin est cuit,Charles est rouge mais ils sont là ! La vue est superbe, village minus en couleur, entrelacs deruelles, plantes et mamies qui discutent, un chien pelé qui aboie après son ombre… Je sens à la foiqu’il va pleuvoir et que mes 2 compères sont fatigués. Il va falloir trouver un spot pour la nuit.Dans la forêt, une petite terrasse en surplomb me semble pas mal, pas besoin d’insister… C’est icique nous passerons la nuit : bâche, hamac, Charles est blême et titube presque, alors que Kévin estravi. Nous sommes encore trempés de l’aprèm. Vite un feu, ça réchauffe, ça rassure un peu, lesflammes, la chaleur… (suite page suivante)

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Un, deux puis quatre roquets croisés braillards nous aboient soudainement dessus, ainsi que leurpropriétaire ! « Dormir aqui, si, fuego, no !! » Crotte et flûte, la perspective d’une flambée s’envole,nous piétinons la flamme. Coquillettes, Turron, réglages des hamacs et au lit les petits. Nuit tran-quille malgré les quelques gouttes, jusqu’à minuit trente. Puis à nouveau les grondements, le fra-cas et les vannes ouvertes en grand. L’optimiste que je suis se dit dans une heure c’est finit. 1haprès, ça continue, je reste optimachiniste. Ça tombe muy forte, je mouille doucement, m’imbibe,les gars dorment peinards. 4h du mat, mon hamac est une serpillière, mon duvet une éponge etmoi, je suis debout car ce n’est plus possible de dormir. Je range discrétos, me fait un thé, ça dortderrière moi et c’est chouette. C’est quand même leur première nuit en hamac. Chut la pluie, fousnous la paix !! Je trouve un caillou sympa, lui présente mon postérieur, ils s’entendent bien, ils at-tendront l’aube ensemble. 6h30, je vais me balader un peu. La pluie se calme enfin, l’orage estparti. L’aube arrive à pas de chat et doucement la lumière entre dans les sous-bois. Thé avec lesgars, il est 7h30, Charles renconte la mangue, fall in love ! Le moral est bon, on est parti, Chamoyanous voilà ! Nous y sommes deux heures après. Il est 10h30 ! Il pleut très doucement… Petit checkde la carte, on trouve une boucle de 4/5 heures, avec un retour à Chamorga pour dormir. Ça com-mence direct par une grosse montée bien sèche (moi aime bien !). Tirages de langues et mini-râle-ments, Charles bondit, galope, sourit et me signifie sa joie, ouf !! C’est vrai que c’est beau, lesentier est à flanc, la vue du village diminue, c’est tout vert ! Avec petite cerise de la matinée, unbout de soleil ! Le sentier file ensuite droit vers la mer, avec sur le chemin le phare d’Anaga surson promontoire, superbe ! En contrebas, Roque Bernejo. On y descend, ça sifflote et ça rigole.Kévin est fier de lui : « vous avez vu les gars, j’ai presque pas pleuré !! » Roque Bernejo, l’accès esttortueux, mais ça vaut le détour. Village désertique, vieille chapelle, plage de sable noir, les vaguesviennent lécher les premières maisons. Il est 12h, pause purée !! On sort tou,t le vent sèche les ha-macs, mon duvet,les fringues et autres chaussures, ça fait du bien, la nuit sera sèche c’est surPetitjardin, une barque de pêcheur, filet qui traîne, le vent dans les quelques ruelles, ambiance westernpescador, le thon, la truite et le truand… On repart gonflés à bloc. On est bien, Charles kiffe, se dit« wouah, mais en fait mes pieds, ils peuvent m’emmener partout ! » Kévin est content, on dansedu cheval de temps en temps, son vi-sage est tout sourire, c’est cool (commedit un grand capitaine de l’ouest bre-ton). De retour sur Chamorga, suit unravin, avec au milieu une rivière,quelques cascades, la rivière est gonfléà bloc, forcément vu les litres tombés.Sentier mangé par la rivière, on impro-vise un pont, ça pèse, les bras du grandCharles nous récupère sur l’autrerive… Vamos companeros !!! Je marcheun peu devant pour décrasser la ma-chine, c’est super, cactus divers enabondance, blocs et grottes, c’est bienencaissé, fichtre, c’est beau ! Charlestrouve une casquette, Kévin un bâton,en deux pas, nous sommes à Cha-morga.

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La fatigue est sur les visages, la fierté aussi ! Le café ducoin nous fait un clin d’œil, deux cafés et un coca s’ilvous plaît ! On se met en quête d’un lieu pour la nuit.Charles explore le numéro de la calle principale, casaabandonnée, c’est sec et pas trop crade, voilà notegrande maison pour la nuit. Repos, Kévin se balade,Charles chataigne, on ne voit personne. Une fois le repaspris, vamos à la casa. Mission accomplie, au sec, auchaud, du plaisir, du paysage, de l’effort, on est bientous les trois, notre junior fait des efforts, Charles biche,c’est fort agréable. La nuit est tombée, nous aussi, nuitcaillou, réveil 7h30, bye Chamorga après un thé et unenouvelle mangue (Kévin est tellement fan qu’il en voleun bout). Almaciga nous voilà, en passant par El Dra-guillo et Benjo. Le sentier est forestier, bien sûr ilpleut,mais on s’en moque désormais ! Fin de sentier fortescarpé qui brûle le mollet, on surplombe la plage deBenijo qui se révèle magnifique. 200 m de sable noir, fa-laises, aiguilles de basaltes qui sortent de l’eau à 20m du

rivage. Fracas du ressac, pique-nique semoule, c’est superbe, les gars ont la banane et sont fiersd’eux. Crades et fatigués, ils sont beaux ! Petite grimpette de type grimpante pour arriver à Alma-ciga, on rencontre Marianne qui nous indique l’arrêt de bus. La rencontre est belle, les gars sontémus, Charles est touché je le sens. L’énergie de Marianne est contagieuse. La douche offerte estsympathique. On passe 2h30 en sa compagnie, simplicité de la rencontre ! les morceaux d’accor-déon qu’elle nous joue sont superbes, elle bat la mesure, son corps vibre en entier, c’est beau, com-ment mieux finir nos quatre jours d’escapade. Le temps passe, il faut repartir pour Santa Cruz. Surla place du village, tchao Marianne ! Le chemin au retour est superbe, lacets en alternance (mon-

tagne), on pense aux au-tres, qu’ont-ils fait,qu’ont-ils vécu ? Charlesest apaisé, joyeux et ému,Kévin est fatigué et fier etheureux de rentrer sur lebateau. C’était chouettecette bulle temporelle, ennature, simplement, malgréla pluie persistante,l’épreuve fut parfois dure,Kévin grandit, Charlesmûrit, Jean-Louis Etiennedisait à la radio « on ne re-pousse ses limites, on lesdécouvre ». Bravo les gars,vivement les prochainesrandos !!! Yann

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Samedi 10 novembreIl y a quelques jours déjà que GN est accosté à la marina Del At-lantico (à Santa Cruz de Ténérife). Nos jeunes sont partis en ba-lade, je leur laisse le soin de vous raconter tout ça ! De mon côté, ce sera quatre jours de bricolage et il y a de quoifaire entres les différentes fuites d’eau (presse étoupe, sortie eaude mer moteur et panneaux de pont), un peu d’électricité et lemystère de la VHF et aussi la pose de deux spinlock… C’estquoi donc ??? Il s’agit d’un système de came qui bloque lesbosses de ris. C’est plus simple et bien plus sécu !! Comme le ditYann, ça banalise la prise de ris ! Je suis content d’apporter mapetite pierre à notre bel édifice !Aujourd’hui, nous quittons nos amis du ponton. A bientôt etbon vent à vous ! Tchao !!Nous, on s’en va direction la Goméra. Ce fut le départ d’un cer-tain Christophe Colomb. Pour Gn, cela rime avec envoyer desmails et autres nouvelles, faire les courses avant la traversée pour le Cap-Vert. Bref, il y a de quoi s’occuper!! La météo nous annonce du vent du nord à nord-est de 5 à 6 beaufort., ce qui veut dire que le vent est por-tant ! Une bonne nouvelle, car depuis le départ, on l’a plutôt eu dans le nez ! Effectivement, une fois sorti de la marina et les voiles établies (grand-voile et Yankee pour la circonstance),le vent nous pousse à pleins poumons. La houle nous offre de belles glissades et le speedo s’affole. Certainsverront apparaître les 17 nœuds ! Trop bien, ça glisse sous le soleil, c’est super confort !! On ne s’en rendpeut-être pas compte, mais GN nous offre un superbe spectacle… Encore Mersea !La soirée s’avance, le repas est servi et les quarts sont de retour. Etant donné notre vitesse, certains chan-ceux pourront dormir toute la nuit, car nous devrions arriver vers 2h30 du matin (fin du deuxième quart). Sous le dévent de l’île, il n’y a plus de vent et la mer est mal rangée, beaucoup moins marrant que nos pré-cédents surfs… La traversée se fera en grandepartie au moteur, sauf à l’ap-proche de la Goméra où levent remonte à 30 nœuds !C’est pas mieux pour notrearrivée de nuit dans unmouillage sans lumières…L’approche est du coup assezrapide. On affale la GV, ce quinous ralentit, et point aprèspoint, notre cap s’affine.Finalement, nous apercevonsune petite lumière indiquantla présence d’un autre bateau.L’équipage est paré sur lepont et lorsque le sondeur an-nonce les 10 mètres, l’ancreplonge rejoindre le fond. Nous voilà donc à la Playa dela Roca, bordée de falaises… et nous offre un ciel qui a l’air un peu plus étoilé qu’à l’habitude…Il est 3heures du matin, fin de manœuvre, tout le monde au dodo !On verra demain… Tit

D E R E TOU R P OU R UN D É PART . . . p a r T h i e r r y

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Le 11 novembre 2012 « Le rêve vire au cauchemar et le cauchemar vire au rêve »Je me lève puis déjeune. Une fois les tâches finies, plus rien à faire. Alorsje tourne en rond et m’ennuie. Je retourne en rond, m’ennuie et m’énervedans ma tête. Donc mon but, trouver une occupation alors je propose unerandonnée. Kévin est chaud pour venir. On prend palmes, masques ettuba et hop, à l’eau. On nage jusqu’au rivage. On pose tout, on met leschaussures et nous voilà prêts ! On marche puis on escalade. Kévin en amarre et me dit qu’il a la flemme de marcher. Je le motive, on se remet enmarche. On doit monter des roches. Kévin me dit qu’il a fait de l’escaladeet qu’il y arrivera pas. Pour moi, il est tout à fait capable. Je lui dis alors,si tu essaies pas, tu n’y arriveras pas. Alors, il s’y est mis et a réussi, avecles bons appuis et la bonne force. On est arrivé en haut en toute sûreté. Jedécide de continuer un peu plus loin. Kévin estime avoir marché, êtremonté et maintenant il veut redescendre. Je ne partage pas le même avisque lui, bref ! Je lui conseille que si c’est pour râler, ça ne sert à rien alorsil part et moi je reste ! Je continue, je descends la montagne à pic puislonge. C’est beau ! J’avance et au bout d’une heure, ça se corse ! Difficile,puis d’un coup, je glisse ! Par chance, je m’accroche à un caillou. Je vois levide en bas. Je psychote toute seule, j’ai peur, je réfléchis et essaie de me calmer. 30mn plus tard, pas de solu-tion, je pète un cable. Je m’en veux et j’essaie de savoir c’est quoi qui m’a amené à venir ici. Si j’ai fait quelquechose de mal dans ma vie pour mériter ça ?? Mais je me dis surtout que j’ai plein d’autres choses à vivre. J’ai 14 ans et je peux profiter encore et encore etque là, c’est trop tôt : avoir un mari, des enfants, une maison et tout… Je ne me voyais plus revenir sur le ba-teau. Je me voyais en bas, morte, et les gens qui m’aiment et m’entourent, en train de pleurer. Je pleure etcommence à crier Kélig, Tit, Yann, Ludo !!! 3 minutes après, je vois Ludo arriver avec sa combi et ses palmes. Soulagement, je lui dis aides-moi. Mais ilne peut pas m’atteindre. Alors il retourne au bateau et demande de l’aide. Théo, Simon et Mike arrivent enannexe et Tit, Yann et Ludo montent la montagne pour m’atteindre par en haut avec des cordes et tout le ba-zard. 2 heures après, Ludo est au-dessus de moi et ne peut toujours pas m’atteindre malgré les efforts. 1heure après, la corde arrive. Ludo me la lance, je me la mets autour de la taille. Un nœud y était déjà. J’enfilele premier pied puis le deuxième pied, doucement. J’y arrive. Tit, Yann et Ludo me hisse doucement, j’arrive,je suis heureuse comme jamais. Mais comblée d’émotions, j’ai envie de pleurer et Yann me dit que c’est nor-mal, là j’ai le droit, en souriant. Et puis, je me mets à pleurer dans ses bras. Signe affectif, signe de victoire !Mais faut pas se laisser aller ! C’est pas finit ! Ils hissent Ludo et nous voilà tous les quatre : Tit, Yann, Ludo etNina. Contents comme on est, comme si ça faisait 4 jours qu’on ne s’était pas vu ! On marche, Ludo me relie àlui avec une corde et on est parti. On marche dans le noir. La nuit est tombée depuis 1 heure. On voit un peuquand même. Les gars en bas nous éclai-rent, même nous éblouissent. On avancepetit à petit. On arrive après beaucoup demarche à destination. On galère à monterdans l’annexe. On y arrive, ils rament etnous voilà sur le bateau ! ça faisait bi-zarre, j’en croyais pas mes yeux ! Je tenais à dire que je remercie tout lemonde et d’avoir pris des risques pourma vie, c’est énorme ! Je trouve ça coura-geux ! Et pour les autres au bateau, pourleur patience et le bon repas qui nous at-tendait, merci aussi ! NINA

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Le 12 novembreDifficile pour moi d’écrire sur la journée du lundi, Ninavient de lire son texte, je prends donc la suite, l’émotion en-core à fleur de peau.Il est 15h environ à la playa roja, chacun vaque à ses occupa-tions, il fait beau, tout est calme , le mouillage est sympa,nous sommes peinards.Kévin vient de rentrer sur le bateau, sans Nina, avec qui ilétait parti se promener 2 heures avant, il nous dit qu’elle estpartie là bas, plus loin…15minutes après, Ludo entend crier, appeler, on sort sur lepont, on regarde avec les jumelles, rien. Ludo part à la nage,sans savoir ou est Nina, on continue à chercher avec les ju-melles. Ça y est, Ludo est déjà loin, on la voit, elle est là,agrippée à un caillou, à flanc de falaise, son corps traduit lapeur. Mais que fait elle là ? je pars à mon tour, muni debouts, 20m je crois, sans savoir ou est Ludo, sans savoir non

plus comment rejoindre Nina, l’instinct parle, pas d’hésitation, il faut y aller, équipage équipier, solidarité.L’approche est rude, les cailloux fourbes, je rejoins Nina à 20m, on se parle un peu, je prends conscience dudanger, complètement, et de ce qui menace. Ma gorge se noue. Ludo revient en annexe avec Théo, Mike etSimon, il tente l’accès par le bas. Nina n’est pas blessée, elle est accrochée, ma petite voix dit « tiens bon, pu-tain, tiens bon ! » Thierry me rejoint, ça me rassure, je n’arrivais plus à réfléchir seul. Thierry et moi conti-nuons d’explorer, de redescendre remonter, Ludo fait de même en face, on se rejoint enfin, visuellement.Ça y est, tous les trois, on s’organise, on pense. Il faut agir. L’expérience de Ludo en matière d’escalade estprécieuse, il rejoint Nina, il est tout prés. Un vieil arbuste, un rocher, de la foi.Thierry et moi au dessus, Ludo en dessous, l’amarrage est prêt, on est confiant, on croit en nous, même siappeler les secours traversent respectivement nos esprits, on ne se le dit pas. La corde est jetée, attente, at-tente, longues sont les secondes. Ça y est, tension dans la corde, Nina remonte, d’abord ses cheveux, c’estbien elle. Un grand seau d’émotion sur la tronche, sauvée ! Ludo remonte dans la foulée, la nuit tombe vite,il faut rentrer, le chemin de retour n’en est pas un, c’est abrupt, ça glisse, le rocher est taquin. On progressedoucement,sûrement, la nuit cache les larmes, on l’a fait, elle est là et le danger s’éloigne. Des chèvres bê-lent nous indiquant le chemin, la descente s’amorce, les gars nous attendent sur la plage. Retrouvailles. Lecœur est encore en pleine course, ça bastonne sec sous les cages thoraciques. Annexe puis GN, la maison,tout le monde est là, tout l’équipage, unis, heureux. Tout redescend, chaleur du carré, pâtes en quantité,nous sommes épuisés, griffés, rincés, fiers. Nous sommes unis, il est là l’équipage, ensemble et c’est com-plètement beau.Une citation pour finir, tirée du livre de Jonathan Trooper, belle illustration de l’expression »y croire » :« Tu te souviens du dessin animé du coyote, quand le coyote se précipitait d’une falaise et qu’il continuaità courir jusqu’au moment où il baissait les yeux et réalisait qu’il pédalait dans le vide ?et bien je me suis toujours ce qu’il lui serait arrivé s’il n’avait pas regardé en bas. Est ce que l’air serait so-lide sous ses pieds jusqu’à ce qu’il est atteint l’autre bord du précipice ? je pense que oui et que l’on est touscomme ça. On s’élance pour traverser le canyon, le regard fixé droit devant soi, vers les choses vraimentimportantes, mais quelque chose, la peur ou le sentiment d’insécurité nous fait regarder en bas. Alors ons’aperçoit qu’on marche sur le vide, on panique, on fait demi tour et on pédale à toute vitesse pour retrou-ver la terre ferme. Mais si on ne baissait pas les yeux, on arriverait sans problème de l’autre côté, là où sontles choses vraiment importantes… »

Bonne nuit.Yann.

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Mardi 13 novembre Aujourd’hui le réveil est avancé pour pouvoir par-tir à San Sebastian de la Goméra, dés le petit déjeu-ner achevé. Nous avons 2 milles pour faire lestâches. C’est la journée courses, pleins divers etaussi envoi de tous les mais, photos et textes pourle blog, écrits et compte rendus du début duvoyage.Nous avons passé deux voire trois jours depuis leretour de rando à rattraper notre retard, causé parla mort subite de note convertisseur. Cette petiteboîte magique qui permet de transformer le cou-rant 12V des batteries en courant 220V, sur lequelon peut brancher les ordinateurs. Le trajet est avaléen 30 minutes ; fait peu courant, Mike est à la barre

et il s’applique.Thierry réalise une manœuvre propre, un genre de créneau parfait entre une rampe de mise àl’eau et un autre voilier. Les mauvaises langues diront qu’avec un cata, c’est facile ; grâce aux deuxmoteurs qui permettent de faire pivoter le bateau sur place ; mais quand même, c’était étroit ! On s’organise ensuite par petits groupes : Kélig embarque Simon, Kévin, Evolène et Nina pour lescourses, Théo aide Thierry pour les pleins de gasoil et de gaz et Mike m’accompagne poster les 22cartes postales.Charles s’occupe de la cambuse avec Yann (par cambuse, entendre cuisine en parlermarin.) Nous sommes partis depuis un mois à peine, et j’ai déjà oublié mon code de carte bleue…Serais-je en train de m’imprégner du livre de Moitessier, me faisant au rythme de la vie en mer, etoubliant tout ce qui ne m’est (pour l’instant) pas utile ?Sauf qu’aujourd’hui, j’avais besoin de retirer de l’argent pour rembourser l’achat de ma montre, etqu’à vouloir essayer, j’ai bloqué ma CB.. ! bravo Ludo !Mais revenons-en au bateau : les pleins sont faits, les courses aussi, tout le monde s’y met pourranger !Il ne reste plus que l’opération « internet, plus coup de fil à Christophe. » la dite opération pou-vant durer quelques heures !Ce soir nous retournons au mouillage pour une dernière soirée tran-quille avec baignade si possible, car demain nous partons pour le CapVert.Je suis le seul du groupe à y être allé et c’est là que j’ai rencontréGN, au détour d’un mouillage, au pied du volcan de Fogo, lors de ladernière expédition.J’aime cet archipel et ses gens chaleureux, attachants et simples.Quinze jours cette année, ajoutés aux deux fois cinq semaines de mesprécédents passages, mais déjà je me dis que ce ne sera pas assez longpour découvrir des îles encore inconnues Brava et Maio et redécouvrirles autres : Santa Antao, Fogo, Boavista, etc.Autant d’îles que de particularités et spécificités bine visibles.Puisse la magie cap-verdienne opérer autour de notre équipage, pui-sent mes conseils être les bons. Funana, nous voilà ! Ludo.

D E R N I È R E J OU R N É E AU X CANAR I E S . . . p a r L u d o

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Mercredi 14 novembreAujourd’hui, c’est un jour exceptionnel car c’est le départ pour leCap Vert.Nous avons pour le petit déjeuner, mangé des pancakes de Mike etNina et un gâteau aux pruneaux de Charles.Ensuite, on est tous allé se baigner. Avec Nina, Thierry et Kélig ona pris nos masques et nos tubas et on a été plonger. J’ai vu un pois-son-trompette, un banc d’orphies et un poisson perroquet.On est retourné au bateau et pour la première fois, j’ai fait cacadans l’eau. C’était bizarre et ça m’a fait rire.Ensuite, on a regardé la carte marine tous ensemble. On a vu qu’ily avait 800 milles nautiques pour aller au Cap Vert, peut être 6 ou7 jours.Ça fait bizarre de repartir en navigation après avoir fait la randon-née.Avant de remonter l’ancre, j’ai pas été sage, j’ai fait n’importe quoi,alors Thierry m’a jeté à l’eau tout habillé. Ça fait bizarre, j’ai eupeur de ne pas réussir à revenir au bateau.On est parti direction le Cap Vert !!Au loin, on voit un bateau de pirate avec plein de voiles. On l’a rattrapé et on l’a vu de prés. C’était beau etmoi ça m’a fait rire parce que j’ai cru qu’on allait lui rentrer dedans.Maintenant, il est 19h00 et je suis de premier quart avec Charles et Yann. Kévin.

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D É PA R T P O U R L E C A P - V E R T . . . p a r K é v i n

W E S H L A P Ê C H E . . . p a r S i m o nJeudi 15 novembreCe matin, Kévin a été privé de petit déjeuner (il l’a pris plus tard.), pourquoi ? me direz vous, et je vous répondrais qued’abandonner ses compagnons de quart, ça se paie…ça se paie par un petit déj.Après Yann nous a lu son texte de rando,3 pages ! ensuite, les taches : Kélig et Charles récure le carré tribord, il est

vraiment très sale ! 10h00, une touche !c’est une dorade, mais elle se dé-croche… Kélig a eu le temps de la voir, je suis sorti avec l’appareil, maisnon… on bosse notre tête avec Yann et Mike, on calcule combien de rats ilfaut pour couvrir Paris-Lilles ou combien de kilomètres un gardien de pharefait pour aller pisser… on cogite et une deuxième touche ! Ludo remonte unedeuxième dorade jusqu’au bord de la jupe, mais nouvel échec, un deuxièmedécrochage…Avec Yann, on commence le petit carnet de cuisine collectif,2 recettes pour ledébut, avec couverture en brique de lait. Le reste de la matinée se passe sansautre événement, le repas délicieux arrive, de l’ébly sauce tomates courgettessaucisson, après ça, une troisième touche ! encore un décrochage, encoreloupé… on va finir par l’avoir cette dorade… un peu de musique jouée parYann et Kélig semble attirer notre repas de demain qui se jette sur la ligne,Ludo la remonte et l’équipage est heureux, un bon poisson frais pour demain.Elle est magnifique, d’une couleur jaune vert fluo, qui passe vite au gris ternequand la créature « passe de l’autre côté ». un peu de vinaigre dans les ouieset c’est fini, un dernier frémissement et adieu la vie, à bientôt. Thierry s’ins-talle sur la jupe pour tirer les filets de poisson qui s’est sacrifié pour notreplaisir gustatif, merci dorade merci la Mer. Demain c’est vendredi, le jour dupoisson, vivement demain… Simon.

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Vendredi 16 novembreAujourd’hui, après le petit-dej, je prends la barreet cela me permet de mieux observer ce qui sepasse sur le bateau. Je vois Ludo, Théo et Kévinqui nettoient le pont, mais au bout de quelquescoups de brosse, Kévin a l’impression de se sur-mener. Il décide alors d’abandonner et laisse sesdeux coéquipiers en plan. À peu près dans lemême style, nous avons Mike, qui fait sa tâchemais sort de la coque tous les trois quatre minutespour regarder Thierry dépecer la dorade cory-phène pêchée la veille, et que nous mangeons àmidi avec du riz et beaucoup de légumes. Moi quidétestait le poisson il n’y a pas si longtemps queça, je dois avouer que fraîchement pêché, c’est dé-licieux ! Depuis cette belle prise, nous avons eud’autres touches, mais sans résultat, car il faut direqu’avec nous, le poisson a ses chances. Au fil de

l’après-midi, le vent tombe et nous sommes presque à l’arrêt. Donc avant d’allumer les moteurs,Thierry nous propose de faire une pause, de se baigner à la traîne avant de repartir, procédé quiconsiste à frapper un bout (l’attacher au taquet) avec des boucles tout du long, pour s’y tenir unefois dans l’eau. Petite trempette, on remonte pour se savonner puis on retourne à l’eau se rincer àtour de rôle. Mais notre Nina cascadeuse, ayant le goût du risque décide de lâcher le boutquelques secondes, pensant pouvoir le rattraper à la nage. Mais le bateau a beau être quasi à l’ar-rêt, il avance tout de même un peu et le bout coule. La houle fait que Nina s’éloigne de plus enplus. On l’observe tout en l’encourageant pour nager jusqu’à nous, je décide alors d’aller à l’eautout en restant attacher au bout, nage vers elle pour lui raccourcir la distance qu’elle doit nagerpour regagner GN. Une fois Nina à bord, les adultes lui expliquent fermement qu’il faut arrêter dejouer avec sa vie et celle des autres ! Heureusement que l’océan était relativement calme. Et je nem’en plains pas, car depuis que nous sommes partis de la Goméra, les éléments sont avec nous. Levent est au portant, c’est à dire que le vent est arrière et celui-ci forcira en fin de journée, ouf !!! Onpeut éteindre le moteur et hisser le génois. C’est tout de même beau-coup plus agréable comme cela ! Du vent, une mer calme, vraimentcette navigation est très agréable contrairement à la précédente, où nousavions le vent dans le nez et que le bateau remuait dans tous les sens.Pendant le repas, une bande de dauphins communs et tachetés viennentnous voir, ils sont vraiment très gracieux et à chaque fois, je prendsénormément de plaisir à les observer. Je ne suis pas le seul, cela nousprocure à tous beaucoup de plaisir. C’est génial ce que l’on peut faire etobserver avec notre superbe cata, qui file sur l’eau. J’ai encore du mal àme rendre compte de ce que nous sommes en train de vivre et de ce quiarrive. Sans précédent le Cap-Vert où nous allons tous être complète-ment dépaysés. J’ai hâte de partir en rando, à la découverte des capver-diens et de ses paysages étonnants. Charles

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M E R C A L M E . . . p a r C h a r l e s

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Samedi 17 novembre :Il est 4h et pour moi et Kélig, la journée commence. Une foissur le pont, Yann me dit qu’il a l’impression de me violenterquand il me réveille. Je rigole mais en effet, j’ai eu bien dumal ce matin. Les discussions nocturnes qu’on a avec ma co-équipière ne sont pas tellement favorables à mon sommeilet à un réveil en douceur… En d’autres termes, on parletard et l’on est crevés. Ce qui explique sûrement l’acharne-ment que doit mettre Yann à me réveiller… Et les bâille-ments incessants que l’on peut avoir avec Kélig. On parlequand même et notre quart passe plutôt vite. L’aube arriveet on se pose la question de mettre la canne à pêche à l’eau,comme nous l’avait demandé Mike. Je crois bien que la do-rade pêchée avant-hier n’a fait qu’accentuer l’envie d’enavoir une deuxième pour tout le monde. Mais ni l’une nil’autre ne l’avons déjà fait et on se dit qu’on serait bien em-bêter de pêcher quelque chose maintenant, puis il ne vontpas rater le poisson de leur vie quoi !! La suite de la journée ne nous donnera pas tort, on auradeux touches le matin, qu’on redonnera à la mer car ellesétaient trop petites. Non pas qu’on en demande toujoursplus, mais plutôt, au contraire que leur mort n’aurait pas étéjustifié, pour la chair qu’il nous aurait donnée. Je me plais

aussi à penser « trop jeune pour mourir » ! Mais sur ce sujet, je sais bien que je brode un peu. Après le déjeuner, les tâches et un peu de français, je file dans ma couchette me reposer un peuavant de manger. Et la journée passe, qu’il est bon d’avoir des nav comme celle-ci ! Il fait bon, il y aun peu de soleil, on ne se fait pas mouiller et l’humidité n’est que peu présente. Chacun peut fairece qu’il lui plaît sans avoir la crainte du mal de mer, mais on avance quand même pas mal. « C’estcool ! » comme on dit beaucoup par ici. On profite du soleil pour charger les batteries et taper destextes à l’ordi. C’est un peu avant de manger que la canne à pêche se tord, le fil se déroule et voilàtout l’équipage sur le pont ! Ludo remonte la ligne, une grosse dorade coryphène ! Je suis déjàallée chercher du vinaigre, car c’est ce qu’on met dans les ouies du poisson qu’on pêche, de façon àce qu’il meure rapidement. Certains ont ouvert la glacière, Ludo l’a dans les mains, mais ce ne doitpas être son destin, car se jouant des mains qui l’entourent, elle glisse et saute à l’eau. La déceptionne reste que quelques secondes sur les visages, car voilà que la deuxième ligne, qui est une traîne,se tend, Thierry la remonte en douceur, mais voilà qu’en la sortant de l’eau, elle se décroche et file! Que de faux espoirs, mais on garde la devise « toujours rester positif et puis, 8 touches en deuxjours, ça fait bien penser qu’il y en aura d’autres… »19h, les quarts commencent, on est en plein débat avec Thierry et Nina, enfin débat ? Non pardon,dans un débat des avis différents s’expriment, là, on est tous bien d’accord pour se dire que lapêche aux baleines et les pêches intensives, c’est du grand n’importe quoi. La discussion dérive unpeu vers la pollution et Nina est bien remontée su ce sujet aussi, mais on va tout de même se cou-cher. Coryphènes échappées, esprits affamés, repos partagé, estomacs rassasiés ! Evolène

C O R Y P H È N E S E C H A P P É E S . . . p a r É v o l è n e

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AV E C L E V EN T C OMME C OM P L I C E . . . p a r K É L I G

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Dimanche 18 novembre :7h19, la musique retentit. C’est CésariaEvora. Ah, on se rapproche dirait-on ! Surle pont, nos voiles sont toujours en ci-seaux, telles un papillon, il fait beau, il faitbon. Les alizés nous poussent toujours unpeu plus vers le sud. Mouito bem ! CaboVerde, toi qui est encore un mystère pournous, nous arrivons pour te sentir, te dé-couvrir, te rencontrer ! Je reste à la barrependant le temps des tâches ménagères.Nina est prête pour travailler un peu lacarte marine et aujourd’hui, ce sera avecThierry. Le mal de mer n’étant jamais troploin, c’est dehors qu’ils s’installent.Concentrés dans leur travail, la lumière dusoleil les rend très beau. Mais vite, lacanne à pêche se plie. Nina bondit et com-mence à mouliner. Fausse alerte, ce n’étaitrien. Déception de Mike, cuistot du jour,qui avait installer la ligne dés son réveil etqui espérait bien cuisiner une bonne do-rade aujourd’hui.allez, chacun retourne àson travail. Car oui, ça bosse en ce moment sur le bateau. tous les matins chacun fait travailler sa tête. Ente journalperso, textes, problème de math, dictée, lecture et même atelier d’écriture mené par Yann. On découvre d’ailleurs desgraines de poètes à bord (Simon, Evolène, Nina, Ludo, Thierry, Yann). Cette navigation nous permet cette fois-ci deprendre le temps de travailler, de lire. Les conditions sont agréables, ce qui rend le travail presque agréable, n’est cepas Kévin ? pour ma part, je m’installe à la table à cartes avec mon calendrier, mon cahier, les cartes et le cahier de navigation.J’esquisse un programme pour notre escale au Cap Vert. Deux semaines, ça me paraît déjà trop court. Randonnées, bi-lans, arrivée de Christophe, départ de Yann. Tout cela entrecoupé de navigations ente les différentes îles, du travail surles textes, des lessives. Nous avons l’impression de courir après le temps depuis que nous sommes partis de Séte. Dif-ficile de se sentir posé. Impression d’avoir toujours un wagon de retard. Mais je relativise. Nous sommes encore dansle début du voyage et je me dis que le quotidien sera bientôt réglé comme du papier à musique. No panique !! j’en ter-mine donc avec mon calendrier et je passe en coque tribord. je vois Kévin, complètement désoeuvré. Je lui propose delui lire une histoire. On se pose au pied du mât et c’est parti pour « l’oeil du loup » de Daniel Pennac. Cette histoire estmagnifique, très bien écrite, et très poétique. Kévin est complètement absorbé. Les cuistots nous appellent pour man-ger. Eux que nous n’avions pas vu de la matinée tellement ils étaient absorbés par leur cuisine. C’est aussi ce que nouspermet cette navigation, prendre le temps de cuisiner pour faire plaisir au reste de l’équipage.alors je vous dis que lesjournées cuisine sont super chargées. 9h30, on s’installe au fourneau jusqu’à midi. Repas puis vaisselle. Ensuite, onremet ça pour confectionner un petit goûter à 16h00. Puis étant donné que les quarts commencent à 19h00, nous man-geons à 18h00. Donc aussitôt après le goûter, c’est reparti pour les fourneaux. Fin de la journée, 19h00 et quelquespoussières, lorsque la vaisselle est faite, la cuisine propre, et la tisane du premier quart prête dans le thermos. On peutalors s’écrouler dans notre couchette. Voilà ce que fut la journée de Ludo et Mike aujourd’hui. Mais revenons à «l’oeil du loup » dont nous reprenons la lecture avec Kévin. Nous sommes rejoins par Nina et Thierry. J’ai bien l’im-pression que `Thierry sera le seul auditeur à entendre la fin de l’histoire.Pendant le goûter, nous essayions d’échanger nos quelques mots de portugais. Mais nous voyons bien que noussommes pauvres en vocabulaire. Pas facile d’apprendre une langue lorsque personne ne sait la parler. Nous avons bienles méthodes, mais le grand hic, c’est la prononciation. Les ou, les a, les ao, les ch… Je reprends les livres mais voilàque je m’endors dessus. 18h00 est déjà là, je prends la barre est la chorba est servie. Charles me tanne pour une petitedistribution de fraises tagada. Et oui, la maman de Charles ayant bravait l’interdit, nous nous retrouvons avec des pa-quets de bonbons à bord que nous devons précieusement stocker pour que la petite souris ne soit pas encore une foistentée. Donc fraises tagada pour tout le monde, brossage de dents et au lit !!! Kélig

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Le 19 novembre :Ma journée commence bien tôt. Charles vient me ré-veiller car je suis du dernier quart avec Ludo et Kévin.Vers 7h10, Yann se lève et nous rejoint sur le pont.Ludo met en place le petit dèj et la musique démarre.Pour accompagner tout cela, un magnifique lever desoleil que tout le monde pourra contempler. Vers 8h, ilne nous reste que 150 milles pour aller mettre pied àterre au Cap-Vert. Ce matin, je travaille mon cahier denav et mon journal de bord. Ensuite, je prends la barrepour un petit moment et j’en profite pour lire les troismousquetaires d’Alexandre Dumas. Ensuite, je vaisdans le carré bâbord pour me poser, mais je m’endorsavec Kévin en face de moi, qui s’est endormi aussi. Ondirait que ceux du dernier quart ont un énorme coup debarre car Ludo dort aussi. Je me réveille avec unedouce odeur de galettes, faites par nos cuistots du jour qui sont Tit et Evolène. C’est l’heure de manger ettout le monde s’assoit dans le cock-pit (espace creux où se tient le barreur) et là un plat rempli de galettes ar-rivent. En les mangeant, cela me rappelle les bonnes recettes bretonnes de ma mamie. Pour le dessert, c’estsalade de fruits avec riz au lait. C’est une première fois et je trouve ça bon !Pour l’après-midi, petite sieste dehors mais pour les adultes, c’est une réunion pour parler du Cap-Vert.Charles prend la barre pour un moment et je discute avec lui. Vers 6h, Mike est à la barre et derrière nous, unvoilier de course qui a le sponsor de Acciona. C’est un bateau du Vendée Globe, mais il empanne. C’est dommage, nous ne pourrons pas le voir de près. Ce soir, les cuistots nous ont fait une purée gratin assez bonne. Ce soir, je prends mon quart avec Ludo etKévin. Il ne reste que 78 milles pour aller au Cap-Vert. Donc à demain au Cap-Vert ! Théo

Le 20 novembre :On arrive au Cap-Vert. On mouille, et Tit va sur terrepour faire les papiers avec les douanes. L’après-midi,Mike, Kévin et moi, on prépare les cadeaux pour Yann,car c’est son anniversaire. Moi, je lui fabrique une boiteà thé, car il kiffe le thé ! Mike lui fait un marque-page etune belle lettre. Kévin, lui fait des dessins. Ensuite,nous nous lançons dans de la calligraphie avec mes 2compagnons. Et en avant !! Le soir arrive et Kélig arriveaussi. Elle nous engueule parce qu’on a mis de l’encrede chine un peu partout, mais ça se finit bien quandmême. On mange et puis on dort.Nina

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Premier jour: Tot ce matin après le petit déjontfini de ranger et nettoyer pour prendre le bateau-navette de 07h30. Pour aller a Santo Antao, ran-donner trois jours, ou nous retrouvons Thierry etKévin.qui ont de belles images dans la tête.Ilsnous raconte leurs rando dans les grandeslignes.On prend un taxi collectif, direction Pontade sol.on y arrive vers 11h, ses bon ont est enmarche avec pour objectif, le village de Gruzinhade garça. On mettras 5h,de montée etdescentes.Jai vraiment aimer cette marche,la mereen contrbas,le chemin est étroi et paver tout dulong de le falaise.Ceux tiennent avec des murs enpierrs,c’est impréssionent c’est en place depuis denombreuses année,et ils sont toujours biend’aplombs .ils tiennent le ravalement ou l’onmarche cela m’inpréssione.Je me questione beau-

coup sur le procéder de réalisation.Vert 16H00 on apperssoi un groupe de trois perssones qui nous font signe ,ils sontdans une grote prés de la plage.Au début on ne les reconais pas ,je me suis dit que cétai trois grandes belles filles ,quinous faissait signes… Mais non c’est Kélig , SIMON et Mike .Ils nous rejoignent,on est content de ce voir .Nous étionspartit pour dormir plus loingt que le village ,mais ils nous explique que après il n’y a rien a par des caillous.Donc ondécide de quand méme aller voir ce qui ce passe au village,mais que ducous nous reviendrons surement dormir dansles plaines montagneuses.Sur le chemins du village on croise un alluger avec qui on négoci pour demains matin,carnous aimerions bien aller a Cova de Paul,dans le cratére du volcan.Il nous dit dépar demain matin 09H30 devant l’ho-tel réstaurent du village.On va y réfléchire,le chaufeur est dur en afaire .On vas au village il n’y a pas grand choses,onrevient sur nos pas.Pour nous trouver un coin idéal pour bivouaquer.Ce sera un plus haut que le chemins et a 500m dela plage.On prépare le campement Pour dormir a la belle étoile et ce faire un feux. Candarof un petit garçons de 11ansque nous avons croiser au par avant ,il diriger trois grosse vaches tout seul en direction de sont village.Il vient voirenotre bivouac .Cela me fait plaisir de le voire,mais on ce demande si ce n’est pas les adultes qui luis on dit de venirevoire ce que l’on faisait .Petite corvée bois pour le feux,jessai de l’alumer il mobserve et me fait signe de le laisser faireet 03min après de belles grosses flames font leurs apparitions.Et il instale deux bon caillous pour faire tenire la ga-melle,il est très fort ,tous fonctione.Ce soir je fais le cuistoet au menu du riz acompagné de sa petite sauce tomate spéciale rando.et une par de gateauconfectioner a l’avance sur le bateaux.une petite tisane et hhop on ce couche.Ludo s’inquiéte pour mon dos et me pré-conise allor de rammasser des grosse herbes bien toufu et sec pour fair un bon matelas bien moelleux .Théo s’endoreau bout de 10 min et Ludo et moi,on discute on refait le monde.on a passer une super journée ,il nous en reste deux,jetrouve sa trop court et je ne suis pas le seul.Mais on cedit q’uil faut profiter a fond de chaques moments et surces bonnes paroles je mendore avec un ciel pleinsd’étoiles.

Deuxième jour.Ce matin, je me lève dans un superbe paysage avecd’un côté la mer et de l’autre les montagnes. Pour mapeine, j’ai très bien dormi alors que Ludo qui s’était faitun matelas d’herbe a moyennement dormi !Ce matin, je ne pensais pas revoir Kandarof ; alors quele voilà au loin avec ses vaches, il ne mettra pas trèslongtemps à nous rejoindre. Le feu était déjà démarrécar Charles qui s’ennuyait dans son duvet avait mêmefait une pâte à chapatis !Tous les trois nous y mettons la possibilité que Kanda-rof puisse déjeuner avec nous. Alors c’est parti, Charlesest à la cuisson des chapatis et moi à la garniture,.

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Nous aurons la chance que Kandarof partechercher quatres épis de maïs qu’il fera gril-ler dans la braise. C’est le meilleur petit-dé-jeuner que j’ai pu passer car manger deschapatis goyave-fromage et des épis de maïsen compagnie de mes collégues de rando etd’un cap-verdien de 11 ans c’est le top ! Celarestera à jamais dans ma tête. Nous levons le camp à 9 heures pour être auvillage de Cruzinha. De là nous prendronsun aluger (Taxi collectif au Cap-vert) pour laCovà de Paul . Nous marchons en compa-gnie de Kandarof, mais là j’ai l’impressionque quelque chose ne va pas, il met un écartentre nous et lui comme pour qu’on ne levoit pas avec nous dans son village. Maisbon, nous arrivons sur la petite place du vil-lage où nous devions attendre notre alugerqui devait nous déposer en même temps quedes jeunes du village qui allaient jouer au foot. 9h30, notre aluger n’est toujours pas là, mais bon on se dit qu’il vavenir car il y a des jeunes en tenue de foot donc on n’y croit ! Ehh enfin le voici,nous lui demandons où est-ce que nous pourrions remplir nos bouteilles d’eau. Là je vais avec luidans une maison qui ne ressemblait à rien du tout comme chez moi ! Il y avait du béton apparent partout, même sur lesol, pas de toilettes, et avec une seule porte d’entrée donc forcément il y avait des courants d’air partout.Tu te demandes comment ils font pour y vivre !Nous mettons les sacs sur le toit et c’est parti, je monte à l’avant avec le chauffeur et Ludo et Charles sont justes der-rière moi ! Pendant le trajet, je discute avec le chauffeur qui parle bien français ! Ils m’aide bien car à l’avant il y a unepersonne qui me propose des crabes congelés ! C’est là que tu te demandes comment ils font car les crabes et le rhumà 10 h du matin, il faut avoir un ventre bien accroché !Nous déposons les joueurs de foot dans une vallée. Pendant lechemin nous croisons Yann, Évolene et Nina, l’ aluger s’arrête à Ribéra Grande, où Ludo ira acheter des biscuits quiferont office de pain.Sur le chemin, nous prendrons d’autres français qui eux aussi vont à la Cova de Paul, peut-être que le prix sera sur labaisse ! Nous voilà à destination, Ludo en profite pour négocier mais voilà qu’il ne descendra pas plus que 2500 escu-dos ! Nous décidons de ne pas descendre au cratère tout de suite et de monter au Pico da Cruz.La montée du pico se fait plutôt bien malgré un mal à ma cheville gauche qui m’énerve pendant un moment, à la fin

de ce moment, je m’arrête, je me pose puis je re-pars avec l’objectif : la fin du pico !Pendant la fin de la montée nous croisons un petitgarçon qui nous demande un stylo, je lui donnemon crayon quatre couleurs, nous aurons aussi lachance de croiser deux caps verdiens tenant despoulets à la main. L’un des deux s’appelle Tony 24doigts car il a 12 doigts sur les pieds et 12 doigtssur les mains ! Ils nous indiquent que le chemin pour monter touten haut n’est plus très loin, à force nous trouvonsque les caps verdiens ont des minutes bizarres. Aubout du chemin nous trouvons un point de vue su-perbe. Donc c’est décidé, c’est là que nous déjeu-nerons ! Au menu : pâtes chinoises, un café pourcertains et un thé pour un autre et c’est parti pourla descente. En bas notre Charpentier nationalnous dit qu’il a vu un papi content de voir un tou-riste pas fatigué.

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Sur la descente du cratère, il y aura des falaises etune vallée magnifiques, nous visitons le cratèremais ce que nous voulions faire absolument c’étaitde rencontrer des locaux !À ce moment, j’aperçois un paysan, on se dit qu’onva le voir ! Ce paysan s’appelle Juan-Batista. Nousmettons les sacs à côté de sa maison.Nous lui donnons un coup de main pour le tri deses haricots, pendant le tri nous lui demandons s’ilserait possible de manger des goyaves fraîches ! Ilest pris d’un élan, il part avec une sorte de panierplat puis il revient avec le panier plein, et franche-ment, déguster des fruits comme ça : c’est le top !Après cela Ludo lui demande où il serait possiblede se doucher, il nous dit qu’il nous accompagne àun endroit où il serait possible de se doucher. Et làc’est magnifique c’est le paysan qui nous rinçaitavec un seau d’eau !Après ça nous retournons chez lui récupérer nossacs ! Pour le remercier je lui offre ma ceinture etpour vous dire cela m’a fait un grand choc lorsquequ’il l’a prise et qu’il l’a embrassée. Pour vous décrire sa maison, il vit dans une sorte decabane de 9 mètres carrés avec ses outils à gauche etsa cuisine à droite.Sa cuisine c’est un petit endroit qui lui permet de faire du feu qui est abrité de quatre murs enpierres .À ce moment il nous indique un endroit super sympa pour camper nous mettons les hamacs en triangle nous man-geons et moi je pars me coucher au bout de 5 min ! Théo.

Troisieme jour : Cova De Paul / Porto Novo /MindeloUn bruit me réveille a 04H00 du matin .Comme un craquement sur le sol.J’imagine un paysan qui tire un sac trèslourd.Nous sommes dans le cratèr de Cova de Paul,suspendu dans nos hamacs,la lune éclair tous dehors.Le bruit re-commence,alors je sors la tête de mon hamacs,Charles est en train de rallumé le feux !Point de paysan.C’est foucomme des sensations peuvent stimuler l’imagination. <<Mais Charles qu’est-ce tu fais ? Il est 04H00 !! » Panique abord <<Mince 04H00 ! J’arivais plus à dormir,j’avais trop froid » Je luis donne un sweat et on se recouche,02H00 plus

tard,après un bon someille,il est de nouveau le 1er debout,à s’occuper du feu et du petit-déj.Je commence a ramassermes affaires et je l’observe . Il a l’aire bien,il doit savourerce moment,maiter du feux,devant ce paysage grandiose;Le soleil qui ce lève sur le cratére,les falaises tout autourde nous,avec les champs les paysans qui commence a tra-vailler. Il y a un peu d’eau au Cap-Vert mais ici à SantoAntao elle est encor de la montagne donc il y a de bellesvallées verdoyantes de cultures : patates douces, goyaves,agrumes , papaye,citrons,canne a sucre,haricots,cour-getes,herbes aromatique,bannanes etc…Notre ange gar-dien m’expliquant hier qu’il ne sont pus que deux familleset luis a vivre ici.Les gens sont sois partits,sois morts.La vie est rude ici.Entémoigne sa maison de six métres carés,le sol est en terrebattue et le toit en chaume. Voilà Théo qui sort de sonthamac,pour luis pas de probléme de sommeille,deuxcouches de vétements,et une nuit compléte !. Mais ilboite,Aie !!! (suite page suivante)

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la rando de la journée risque d’étre compliquée,car sava descendre en pente raide.Notre amis Juan Batistavient nous voir,nous le saluons chaleuresement.Il s’in-quète de notre départ et nous dit au revoire.Nous pas-serons de toute façon par chez luis en partant.Au fil dupetit déjeuner,nous discutons de la journée. Cela mesemble pas prudent que Théo force davantage.Maisc’est qu’avec sont caractére de tétuts,il a sa fiérté !Pourtant là il n’ins ciste pas trop lorsque nous tonbomsd’acord pour rester là et déscendre en transport collec-tif pour prendre le féry plus tard. Il nous remerciméme a charles et moi ,d’avoire fait ce choie. Et puisc’est l’ocasion d’aller passer du temps avec Jean Bap-tiste. On voudrait l’aider un peu dans les champs pourle remercier de ce qu’il a fait pour nous . On range nosaffaires quon l’aisse sous les arbres et on retourne levoir. Il est est déjà au travaille . Je luis explique quenous allons à la source d’eau faire la vaisselle,et qu’on ira ensuite voir la vallée, de lautre côté. Là ou partes les randoson ne feras pas la déscente , mais avec de la chance la vue est dégager . Rien a faire il ,il veut venir avec nous ! Il poseces outils, son gros pul. Nous montons. De la même maniere qu’il nous a aidé hier pour la toilette avec un seau.ilmontre au garçons comment récurer les gamelles avec des mottes de terre . Nous partons marcher un peu. En chemin,J.B nous coupe une tige de canne a sucre après avoire demender la permission a sont voisin. IL ceuille des orangeacide. Théo adore ça j’allucine,elle sont presques imboufables, à mon goût . Nous arrivons au Panorama,et là rien quepour nous le ciel est dégager. On voit toutes la vallée jusqua la mer !C‘est magnifique mais la cheville de théo ainsique mon genou auraient bien morflé. Le debut du parcours passe par une succesion de lacet en pavé bien raide. Nousavons vraiment de la chance car pas plus tard qu’hier tout était bouché, on ne voyait rien . Sur le retour nous croisonsplein de francias visiblement à la retraite, accompagnés d’un guide, la richesse de la rencontre n’est certainement pasla même qu’ avec notre camarade, la monnaie d’échange n’est pas une monnaie. Il me proprose d’aller planter des pa-tates douces, les gars sont ravis. Nous voilà avec une pioche chacun, à le regarder faire un monticule de terre et yplanter un pied de patate douce, pas simple, il faut avoir le geste ! Dix minutes plus tard, nous arrètons, il voulait sim-plement nous montrer, il avait bien compris que nous voulions toucher la terre, qui est d’ailleurs très belle, pas éton-nant que tout pousse ici. Il m’explique alors qu’il faut redescendre pour un prendre un transport car si on attend tropce sera plus cher, prix touriste au maximum . Un peu décu car nous pensions profiter davantage de cet endroit.Comme disait Charles hier soir, on va trop vite, on arrète pas de courir, ce serait bien de rester une semaine ici ! Nousfermons nos sacs avec une patate douce de plus de cinq kilos ! Nous lui offrons chacun quelques objets pour le remer-cier, stylos, papiers , ficelles, bougies, quelques vètements, je ne voulais pas lui donner d’argent. Il semble content. Il

insiste encore pour nous accompagner jusqu’ a la route, nous y croisonsdes touristes en groupe avec leur chauffeur et guide, nous fuyons letraquenard et descendons la route à pied pour attendre le transportlocal, petite tournée générale de jus de fruits pas naturels et nous sa-luons notre hote charmant, qui a arrèté un taxi pour nous, le prix estdonc cap verdien ! Et voilà, nous redescendons déjà vers Porto Novo,nous y serons trop tot car il n’est que midi, nous en profiterons pourmanger une katchupa ou une feijoada, les rares plats locaux que jeconnaissent, la cuisine capverdienne n’est pas très riche. Nous avonsplein de belles images dans la tète, nous avons fait peu de rencontresmais elles ont étés particulièrement marquantes et malgré le climat secde l’archipel, les paysages de santo antao sont parmi le splus beaux, ony trouve de la végétation grasse, à l’irrigation montagneuse , des val-lées profondes et escarpées, ingrédients parfaits pour la randonnée. Cay est, je crois que nous rentrons vraiment dans le voyage, provoquanten chacun un impact bien propre, nourri par les impressions et sensa-tions vécus en petit groupe, cela nous amenera tous à grandir ensembleet individuellement car l’aventure est humaine avant tout ! LUDO

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Premier jour nina : On part du ba-teau en annexe avec le moteur. Onarrive au ferry, comme d’habitudeje ne peux pas m’empecher de mefoutre de la gueuele des gens, lapoire, la pêche, la tête plate...Je voisune femme, je me dis qu’elle a duvivre des trucs difficile à son visagequi est dur et expressif et les traitsaussi. Yann me dit que je pourraisêtre physionomiste, bref, on des-cend du ferry, on sort, pleins demecs pour les taxis, on va a piedjusqu’ a agua de Caldeira, 7 h demarche, on arrive, il fait nuit, jem’énerve, on demande à des genspuis il nous propose de dormirchez eux, ils sont 7 enfants et deuxparents. Il y a le beau Denisen et

Amadeu que nous avons rencontrés sur la route, ce sont les plus grand de la famille. On mange une kat-choupa à la bougie, la petite fille mange par terre et la maman accroupie, je leur donne des raisins secs,chose qu’ils n’ont pas l’habitude de manger. On discute , rigole, je suis touché par leur vie.

Deuxième jour yann : Réveil au chant du coq, Denilsen et sa sœur sont levés, le jour perce doucement à tra-vers les volets. J’ai la main d’Evolène sur la joue droite et le souvenir de ses petits ronflements dans un coinde mon oreille…La petite famille qui nous a hébergée ce réveil, on ficele les sacs, on dit au revoir à Fran-cesca la maman ainsi qu’au papa et nous accompagnons Denilsen jusqu’ à son arrèt de bus. Il part à 7 hpour porto novo. Aujourd’hui j’ai trente quatre ans , nous sommes au Cap vert, ca vibre,il fait bon vivre ,todo bem ! On recroise amadeu, le grand frere de Denilsen, il est avec ses pots sur le bord du chemin,grands sourires, accolades, un grand merci à lui et sa famille pour la nuit. On longe la route pavée directionfigueiras, dans la brume. C’est beau, quasi magique, un homme surgit de nulle part nous accompagne, ninasympathise et lui offre à boire etquelques fruits secs. Plus loin unefemme avec une grande bassine sur latète, plus loin encore deux musiciensqui sortent de la brume chacun avecleur guitare, et partout autour de nousdes cultures en terrasse, du relief, c’estbeau encore ! Le chemin, tourne, ser-pente, on rejoint Corda, des gaminsdans les rues, des femmes qui lessivent,des sourires partout des sourires !quelques anes, des chevres, des poules,toujours un peu de brume, les filles is-cutent, todo bem ! on mange au bordd’un chemain, juste au début de la des-cente vers Figueiras, la vue est superbe,crètes à gauche, à droite, cultures enterrasses, à pics, fatche c’est beau ! (suite page suivante)

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Le chemin continue sa descente serpentine, onest bien cuit de la veille et de nos 7 heures demarche sous le soleil, c’est pourquoi on chercheun endroit poir bivouaquer. Nina grogne unpeu, c’est vrai qu’il y de quoi avec toutes cesrencontres enjouées et chaleureuses, le soleil, lespaysages magnifiques et le plaisir de découvrirle Cap vert à pieds !J’apercois au loin une ca-hute qui semble abandonnée, ce serait chouette!!!On s’en approche, la vue est dégagée, plein depetits parcelles tout autour, du mais, de la co-riandre, des courges des bananiers etc… Evo-lène marche devant, Nina est derrière, on serejoint, et on se rend compte que la cabane estidéale pour la nuit !Il manque la moiité du toitmais ca suffira largement, youpi !!!Evolène se remplit de l’énergie des paysages alentours, Nina fabrique unbouffadou et moi je range les cailloux et autres détritus qui jonchent le sol de notre futur maison. Ca fait dubien d’ètre arreté, dans cette nature riche, face aux montagnes sculptées, ca envoie de l’énergie grave !Jem’endors un peu sur les aventures épiques du Capitaine Alatriste, evolène en profite pour écrire un peu etnina danse et chante face à la montagne. Eh oui, dans le village en contrebas il ya un baile popular ce soir etc’est à grands renforts de tubes que le DJ prépare sa playlist, ca envoie du paté dans toute la vallée, que destubes, Nina les connaît tous, elle est ravie ! on fait un petit feu, installation de la bache, Evolène demandesecrètement aux araignées de rester chez elle, repas, Nina fait à nouveau la tète après le repas, pour desbroutilles une fois de plus, bon anniversaire !tant pis, Evolène souhaitait m’initier au tarot africain, pasenvie vu l’ambiance…je fais mon vieux ronchon et me rabat sur Alatriste, bonne nuit les filles…Il est 3 h dumat et une petite main tapote mon dos, je grommelle je ne sais quoi, la main tapote encore avec un peu plusd’insistance cette fois, c’est Nina, elle me réveille, elle a peur ! »Yann, je peux me blottir près de toi ? »…!!!!Tiens tiens me dis je, qui aime bien…non rien, et oui il y a de quoi avoir peur, le vent rentre dans la ca-bane et secoue un peu les feuilles de bananier qui constituent le toi, ca fait comme un frottement…Nina serapproche donc de moi pendant que je combats mentalement Zephyr, la lutte est rude…on serendort…Quelle aventure ! Je sme réveille encastré dans le mur, Nina s’est tellement blottie qu’ellem’écrase complètement, je n’ose la réveiller et lit donc sur son épaule, il est l’heure de laisser le microstylo-rando à Evolène, à vous les studios !

Troisième jour, Evolène : On se réveilledans notre petite maison abandonnée quidonne sur la vallée avec Figueral juste endessous. On prend un bon petit dèjeuner,pain, biscuits, lait concentré, thé et on finitmême le gateau bien complet qu’avait faityann pour la rando. Nous voilà prèts adescendre, bye bye petite maison biensympathique qui nous a été bien utile. Lechemin est un peu abrupt mais le paysageest bien joli, on commence à voir deschamps de canne s à sucre, on en avait pasvu beaucoup jusque là. On voit aussi unnouveau fruit »le frutapao », le fruit a painnous apprend t’on.

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Nous sommes en chemin pour Ribeira grande,ville au bord de la mer, ou l’on cherchera uneplage pour dormir ce soir, on parle beaucoupaux gens sur la route, qui nous expliquent lesfruits, la vie ici. Un taxi nous double aveccharles qui sort la tète par la fenètre et nousfait de grands signes. Nina s’énerve, elle veutprendre un taxi aussi et dit qu’on est le seulgroupe à marcher autant, elle en a marre. Iln’est que dix heures, on continue donc à mar-cher. A la pause pour manger, on s’apercoitqu’on est pas loin de la Praia de Gi, on se ditdonc qu’on marche jusqu’à la bas, ou onpourra surement se poser, mais l’ambiance n’apas changée, Nina n’oublie pas son idée, elle

part sans aider à ranger, sans prendre son eau ni le réchaud, c’est fatigant . on la retrouve une demi heureaprès, au détour d’un virage mais elle ne nous suit pas, yann ne sait plus trop quoi faire, on continue doncà marcher et l’attendons un peu plus loin. Quand elle arrive, yann lui dit qu’on ne peut plus continuercomme ca, on en parle un peu en marchant et c’est d’une meilleure humeur qu’on arrive dans un petit vil-lage sympa ou il y a de la musique, un match de foot et du monde de sortie . On voit une épicerie et on vaacheter de l’eau, du pain, quelques biscuits et une boisson à chacun. L’épicière a un grand sourire qui faitplaisir, nina notre physionomiste de service, nous dit qu’elle était heureuse qu’on lui achète ca. On va s’ins-taller sur un banc, on parle et on rigole. Un homme a qui j’ai demandé le chemin nous accompagne un peupour nous montrer un muret sur lequel on doit marcher sur une centaine de mètres pour retrouver la routeprincipale. Nina fait toute une théorie sur les gens qu’on croise qui se vérifie, on éclate de rire, un hommepasse en vélo et nous imite, une petite fille assise sur un banc aussi. On retrouve Yann guitare à la main, ilcommence à jouer et le vieil homme qui lui a prèté se met à chanter. Il y a des femmes aussi, elles commen-cent à nous parler à Nina et à moi, on comprend pas mais ca a l’air intéréssant. On fait plusieurs rencontrescomme ca sur le chemin et on finit par arriver à la Praia de gi. On demande si c’est possible de dormir surla plage, on nous dit qu’il y a pas de problème mais très vite quelqu’un vient nous proposer de dormir chez

lui parce q’uil fait froid la nuitsur la plage et qu’il s’inquiètepour Nina et moi. On y va doncaprès avoir mangé, c’est plutotune grande maison, on nousamène à l’étage qui n’est pas ter-miné, il y a une pièce avec unmatelas. La mère, sa sœur etquelques enfants viennent, le filsva chercher un deuxième matelasc’est touchant de voir comme ilsse soucient de nous.Ils sont plusaisés que la première famille, onvoit bien la différence entre laville et la campagne…ici la mèreest institutrice et le père estmacon. Ils nous proposent d’allerfaire un tour au village et on ac-cepte. (suite page suivante)

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On se retrouve chez Clara, la sœur, qui a des filles de notreage, on parle, on voit qu’elles sont contentes de nous rencon-trer, ca fait plaisir. Il y a un ordi, Yann leur montre le blog degrandeur nature, puis on se fait écouter différentes mu-siques. Le lendemain ils ont école vers 21 h, on va donc secoucher. Nina et moi étions un peu craintives au début maisfinalement ils étaient très sympas alors c’est rassuréesd’avoir accepté l’invitation que l’on s’endort.

Collectif 4 eme jour : On se réveille, le père et sa fille vien-nent pour voir si tout va bien. Elle va à l’école, et nous dit aurevoir. On descend et la mère nous propose une tasse de lait.Sans refus ! On boit, on aime bien. Je suis contente. Heu,aussi on descend avec nos sacs, on dit au revoir et directionle phare. On arrive, c’est beau et puis on prend l’aluguer eton arrive au bateau. Nina

Notre dernier repas avant le départ est au pied d’un vieuxphare, face à l’ilho da Bois, gros cailloux posé sur l’océan.C’est superbe, la vue est dégagée, le spot est beau, rencontreavec quelques francais, le projet soulève toujours l’enthou-

siasme. Les filles préparent (enfin) à manger, Ebly tomate, c’est bien bon, Nina nous fait un dernier cakefaçon nervous breakdown pour la route et on prend le taxi aux alentours de 14h20, un beau pick up quifonce à cent à l’heure, le vent nous fouette le visage, le paysage redevient bien sec, les visages sont fatiguésmais heureux !!Bravo les filles, la performance est à souligner, le dépassement de soi aussi, une fort bellerando !!!! Yann

On arrive à Porto Novo, on a 2 h avant d’aller prendre le ferry pour Mindelo. On va donc se promener unpeu et boire quelque chose dans un café. En chemin, on retrouve Ludo Charles et Théo, on commence à seraconter nos randos en rejoignant l’embarcadère. Arrivés à Mindelo, Thierry nous attend avec l’annexe, au ponton. C’est le retour au bateau, le retour à lamaison après quelques jours de vadrouille, et ça fait toujours un peu bizarre, il y a un décalage avec ce quel’on vient de vivre et il faut un peu de temps avant de se remettre dans le bain.On a fait de belles rencontres et vu de beaux paysages, c’est ce que j’ai envie de retenir de cette rando.

Evolène

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Le 22 novembre : Décollage de bonne heur , on quitte GN.Drôle de réveil après une nuit un peu trop courte. Un petit déjvite englouti, merci a ceux qui nous entourent de si bon matin.Petite ballade en annexe et nous voilà à terre direction le dé-barcadère… Petite attente au milieu de beaux et souriants vi-sages. La traversé, qui dure une petite heure a le rythme duroulis. On se pose sur nos chaises en plastiques. ça se réveille .Après quelques embruns nous voilà à Porto Novo et son ac-cueil, comment dire… chaleureux. Une rangée de taximennous hèlent. On traverse, on rend les sourrires et kélig discuteavec l’un d’entre eux a la voi plus calme .il nous dépose aupetit mercado .quelque fruits du pain et voilà…de la route ! lepaysage casiment désertique , sur une belle route pavée (plusbelle qu’a bruxelles dit simon) et les premier virage commence.Ça verdit , ça fraichit, ça sourit .de plus en plus vert et pouf ,nuages !ambiance d’autre monde.le taxi s’arrete a pico da cruz.obrigado phillipé. On s’habille , sac sur le dos …donde esqueso ? Adélino un peu fou dans sa tete , nous améne dansune petite salle .trois jeune nous sorte des chaises et sa discutte

a l’aide de grand sourrire .kévin a la cote sa rigole et apres un moment : « fromage ? » une jeune fille va nouschercher un chevre frais.150 escudos et c’est partit on nous propose de rester aqui, le chemin est glissant mais «c’est comme tu veu ! » adélino nous escorte un peut et nous voilà partit .on commence par la descente, noussomme a 1850 m .la tete dans les nuages , quelques goutes . que c’est bon tous se vert !je ne me rander pascompte a quelle point sa me manquer ! ces magnifique,toute cette energie et toujours se nuage ! A midi, posesur une terasse et d’un coup « on voit la mer » s’écrie Kélig .l’eclairci nous révele le paysages de montagnes vo-lacaniques super découper c’est tros beau et sa descent sa descent …on prend notre temps ne pas se faire mal eten bas on aperçois quelques maison , un bruit de riviere… au détour d’un bananier ,u paysans tous sourirenous indique qu’un peut plus bas on pourrai camper . le cadre et le meme mais l’homme réussi un beau coup:la culture en terasse .il y’a de l’eau des bananes , du café,des oranges,de liniames, de la canne a sucre ,du ma-nioc . sa me paraît pharaoniques toutes ces pierres ou cailloux a flan de montagne . c’est vrai que le minéral est

present ici. La nature a du livrerune belle bataille pour construirec’est immence murailles de cathé-drale .la roche sérige comme sa ,entourrer de vide et la végetationsi accroche. On sent que c’est tresfort tous au tour de nous etquelque part , on le devient unpeut . en tous cas, on les tous de-venue. Toujours dans nos terasses , lapresence de l’homme est la , paslui . au sortire d’une petite est tresbelle maisonner au toi de cannes asucres, un jeune homme nous sou-haite le bonjour ou la bonne apresmidi et a la meme question « no se» , on lui repond « min sep » grossourire . (suite page suivante)

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faut descendre encore un peut …un peu plus bas , dans la valée de figerale a l’entrer d’une maison deux an-ciens discutte . on leur demande « placa para dormir » l’un deux lee les yeux et regarde au balcon sa discutte etnous voilà en terasse (de beton celle si) .en haut de la maison il ya cette terrasse qui servira de piste de dancedemain soir mais se soir , ces notre hotel aec plain d’etoiles … l’entourage vien nous saluer tous de sourires !!!c’est simples , bonito ! Grosses platrées de coquillettes , posagedes sac de couchage , et voili, il est 20h10est sa dort deja . Quelque vois au loin , toujours la riviereou la presence liquide .2,3 grenouilles etles yeux qui se léves tous haut pour voirles sommet de pierre. Très belle journée,merci le cap-vert ,santa antao et bravo laterre. Le marin vous salue . Thierry

J’ai adoré rencontrer des gens, surtout lematin à Pico da Cruz. On allait chercherdu fromage, des gens nous ont emmenédans une cabane, on s’est assis sur deschaises. En attendant les fromage, Adelino nous faisait rire. Je l’ai bien aimé et lui aussi m’a bien aimé. Ce quej’ai bien aimé aussi aujourd’hui, c’est de voir des biquettes, des cannes à sucre, des caféiers, des manguiers, desorangers, des bananiers, et aussi le soir, car on a demandé à quelqu’un si on pouvait goûter de la canne à sucre.Le monsieur a été nous en chercher deux bâtons. J’ai bien aimé mais il ne faut pas en manger trop. Kévin

Le 23 novembre : « Entre terre et mer » : Aujourd’hui, ce n’est pas une mouette qui nous réveille ou un bateauqui passe ou Simon ou Théo marchant au dessus de notre capôt pour aller pisser. Nous, aujourd’hui, ou plutôtce matin, ce sont les coqs de Santo Antao qui nous réveillent. Une sorte de polyphonies aux voix aigues, stri-dentes et cassées à la fois. Mes yeux so,t encore fermés, plus pour longtemps, car j’ai en vie de voir, revoir notedécor. Déjà il y a Thierry, dans son hamac, qui gigote, il est 6h30, le jour se lève. Je me tourne et là… wouah…J’avais presque oublié comme c’est beau. La montagne, escarpée, toute verte… Impression qu’il n’y a que desbiquettes qui vivent ici et pourtant… Allongés sur la bâhe, à terre, à mes côtés, mes compagnons gigotent aussi.A commencer par Mike « sa mère, c’est quoi ces coqs ici ?? » Puis Kévin qui se lève, quiprend un tabouret pourpouvoir aller pisser au par dessus le muret, milieu des bananiers. Simon, lui, a l’impression, comme moi d’être

au milieu d’une bellepeinture. Je tente un étire-ment du corps, ou là, là…Mes cuisses et mollets mefont bien remarquer queje ne me gambade dans cerelief comme une biquettelocale ! On se met enmouvement, tout lemonde bien dormi, trèscontent d’avoir eu ce solet ce toit pour la nuit.Chacun range ses affaires,l’eau chauffe pour une ti-sane de menthe et noshôtes et voisins d’un jourviennent nous saluer.

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Bon dia, todo bem, mouito obrigado !! Nous nous retrouvons rapidement autour de la table avec Maria quinous apporte du café et du sucre local. C’est drôle car dans noter petit groupe de cinq, habituellement, per-sonne ne boit de café, mais là, ce matin, tout le monde en redemande. Un café fraîchement cueilli et fraîchement

pilé comme dirat Kévin. Ajouté à cela le sucre local, de la canne àsucre en poudre, dirait Mike, c’est vous dire comme c’est bon !! Unefois le campement plié, rangé et balayé, nos sacs sur le dos, nousdiscutons quelques instants avec Bevindu, l’un de nos hôtes, ouplutôt on essaie de se comprendre, car notre portugais est vraimentlimité. Lorsque nous descendons de notre terrasse, nous nous arrê-tons devant la maison familiale pour saluer tout le monde. Mariaest en train de piler du café. Nous nous avançons et découvrons lapetie cour de la maison. La petite cabane où la maman cuisine la ca-choupa sur le feu de bois dans une énorme marmite. J’essaie d’yrentrer avec Kévin pour voir à quoi tout cela ressemble, mais on re-cule. A l’intérieur, il fait tout noir et c’est plein de fumée. On netient pas 10 secondes. Pour information, la cachoupa est un platlocal, traditionnel, fait de carottes, choux, bananes vertes, ignames.L’instant est très agréable, ça me donne envie de rester plus long-temps dans cette famille pour m’imprégner complètement de cettevie capverdienne. Mais ce n’est pas prévu, nous continuons notremouvement, notre descente vers la mer. Continuons à découvrir les

paysages de cette île magnifique. Je suis vraiment très agréablement surprise de tout ce que l’on voit. Je re-trouve l’Afrique avec les femmes qui portent des seaux, du bois pour la cuisine, sur leur tête, Haïti avec ses pe-tites cases au toit de canne à sucre. Ses chemins en terre, le sourire des gens, la curiosité saine et simple desenfants. Notre descente vers la mer se fait tranquillement. Au rythme des cuisses et des genoux qui souffrent,mais la vue de smanguiers, caféiers, bananiers, canne à sucre, nous fait oublier nos jambes. Surtout que mainte-nant nous entendons la rivière qui coule en bas. Si en plus, nous pouvons nous faire un bain de rivière, c’estpresque le paradis dis donc ! Nous croisons maintenant d’hibiscus aux couleurs différentes… C’est superbe !Nous cherchons un accès pour la rivière, pas facile, mais on y arrive ! On se déchausse, on saute sur les cailloux,Mike et Simon sont devant et Thierry et moi entourons Kévin, qui ne semble pas très rassuré. On voit bien qu’ilprend sur lui. Le bain de rivière sera tout aussi épique. Mike, ne veut pas se risquer, il y a des bêtes bizarresdans cette eau bizarre. On dirait des mini auto-tamponneuses selon Simon. Donc Mike prèfère nous couper etpréparer de la canne à sucre, pendant que nous, allons risquer notre vie pour sentir le savon corse au lieu de latranspiration de ces deux jours. Kévin se fait mordre par une des bêtes. Il ressort illico-presto de l’eau en pleu-rant. Il arrive à nous expliquer quelques minutes plus tard qu’il avait peur que les bêtes lui mettent du poisondans son corps et que ça le fasse mourir. Apr !ès toutes ces émotions, nous nous remettons en route direction lamer. Nous retrouvons notre chemin aux balises jaunes et blanches. La descente est toujours raide, mais cela de-vient une habitude. Nous croisons une française qui tient un gîte pour randonneurs. Elle habite au Cap-Vert de-puis une dizaine d’années. Son mari est capverdien et ses enfants sont nés ici. Elle est très contente de sa vie ici,nous dit que le pays va bien et qu’elle n’échangerait pas sa vie contre une vie en France. (suite page suivante)

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La France, c’est bien pour les vacances. Nouscontinuons notre chemin jusqu’à retrouver laroute où nous nous arrêtons discuter un bonmoment avec Joana Maria Lima, une vieilledame qui vend du pain au bord de la route.Cette rencontre nous interpelle tous car cettedame nous demande, comme tout le monded’ailleurs, si nous sommes une famille. Les pa-rents avec leur trois enfants. Nous lui expli-quons comme nous le pouvons, le bateau,l’association, le voyage… Elle nous regarde ensouriant puis nous dit que nous sommes quandmême une famille ! Nous sommes ensemble,nous nous baladons ensemble, nous nous aimonalors nous sommesune famille. Nous sommes un peu interloqués, on se regarde tous les cinq puis acceptonsson idée. Merci Joana, je crois que ces quelques phrases vont résonner un peu dans nos têtes. Joana nous offredeux oranges et c’est reparti pour la marche. Nous traversons le village de Eitoet nousnous arrêtons au bord dela rivière pour pique-niquer. Le pain, le fromage, les maquereaux et des bananes. Quelques forces supplémen-taires pour nos jambes qui doivent encore nous amener jusqu’à la mer, au village das Pombas. Nous nous ima-ginons dormir sur la plage, mais voilà, à Santo Antao, les plages, ça ne courre pas les rues. Ce sont plutôt degros galets et surtout de grosses vagues. Le surf y serait plus adapté qu’un bivouac. Alors on réfléchit tout enregardant les vagues. Thierry s’imagine avec sa planche et les gars essaient de comprendre comment ça marchele surf. De mon côté, je pars avec Mike en quête d’information pour savoir où passer la nuit. Le serveur du bard’à côté nous fait une réponse toute simple. « Vous aimez ici, et bien, dormez là, en face !! » en nous indiquantun grand amandier recouvrant un grand terrain vague, de l’autre côté de la route. Pourquoi pas après tout ???Il y a sûrement moyen d’accrocher nos hamacs. Les énormes branches nous cacheraient de la route ! Nous par-tons voir la propriétaire avec un chauffeur de bus du quartier et pas de problème. La dame est d’une douceur,d’une gentillesse qui fait dire à Kévin qu’elle doit être sûrement famille d’accueil. On peut faire du feu, ellenous prête une grille de barbecue et même son barbecue, les toilettes de son restaurant sont aussi à notre dispo-sition. Nous installons nos hamacs, faisons quelques courses pendant que Thierry et Simon récoltent du bois.Le feu est un peu galère à faire partir car le bois n’est pas très sec, mais la persévérance de notre capitaine a dubon. Les pâtes cuisent d’un côté du foyer et les saucisses cuisent de l’autre. La braise est impeccable, c’est par-fait ! Encore un repas de roi ! Nos hamacs ne sont plus très loin, une petite séance d’étirement pour éviter lescourbatures du lendemain. Chacun se cale au mieux dans sa toile en essayant de ne pas penser aux grossesaraignées qui pourraient nous tomber sur la tête. Demain matin, Thierry et Kévin rentrent au bateau et Simon,Mike et moi continuons note aventure. Nous n’avons pas pris le temps de regarder la carte, mais demain est unautre jour. Kélig

Ce que j’ai aimé aujourd’hui, c’est quand ona bu le café le matin au petit déjeuner. Ducafé fraîchement cueilli et fraîchement pilé.J’ai adoré. J’ai bien aimé quand on est arrivéen bas parce que ça faisait du bien de voir laterre plate, j’en avais marre de descendre.J’ai adoré la dame qui nous a laissé dormirsous son amandier. Elle nous a laissé faireun feu et prêter sa grille de barbecue. J’aipas aimé les bêtes qui m’on t mordu parceque j’ai cru qu’elle m’avait mis du poison etque j’allais mourir. J’ai bien aimé parce quej’étais bien avec le groupe, il y avait une bonne ambiance. Kévin

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Le 24 novembre : Réveil sous un amandier énorme où la veille, nous avonscampé et où nous avons fait un feu de bois. Cet amandier qui se trouve àVila das Pombas, à l’est de Santo Antao, une île volcanique du Cap-Vert. Ré-veil simple, aujourd’hui Thierry et Kévin rentrent au bateau pour le surveil-ler. 30 minutes après le réveil, Kélig accompagne Thierry et Kévin prendreun taxi qui est juste à côté du campement. Pendant ce temps, Simon et moi,nous rangeons le campement et nos sacs. Kélig revient à son tour, elle pré-pare son sac. Voilà tous les sacs sont prêts, notre capitaine et notre chti sontpartis, l’aventure continue. Kélig nous offre un café au bar de Vila das Pom-bas. Pendant que l’on boit notre super bon café du matin, nous regardons lacarte de Santo Antao pour réfléchir où notre aventure va se poursuivre.C’ets bon, nous avons trouvé, nous avons décidé d’aller à Ribeira Grandepour se renseigner quel transport il y avait pour aller à Cruzinha. Maisavant cela, nous allons voir la propriétaire de l’amandier et nous la remer-cions de nous avoir hébergé sous son magnifique amandier. Après ceci,nous prenons un taxi qui nous amène à Ribeira Grande. Arrivés à RibeiraGrande, nous nous renseignons. Nous sommes informés qu’il y a des taxis qui pourront nous amener en bas duchemin de Boca de Coraja qui se termine à Cha de Mar. Mais avant de monter dans un taxi, nus faisons deuxtrois courses pour le repas de midi et de ce sir. Nous montons dans un taxi direction le chemin de Boca de Co-raja. Arrivés devant le sentier, nous rencontrons un breton. Il nous informe que l’on a 60% de chance pour arri-ver à la fin du sentier. Alors, nous prenons un taxi qui nous emmène directement à Cruzinha. Arrivés àCruzinha, nous demandons où est la plage car ce soir, nous voudrions dormir sur une plage. C’est un peu pourça que nous sommes venus ici. Car il n’y a qu’ici qu’il y a des plages de sable sur toute l’île de Santo Antao. Ar-rivés à la plage, nous nous installons et commençons à manger. Après ce petit sandwich qui nous a ouvert l’ap-pétit, Kélig se repose tandis que Simon et moi nous partons à la découverte d’une grotte à double entrée.Arrivés dans la grotte, Simon et moi n’en croyons pas nos yeux. C’ets beau, c’est bleu, il y a des jets d’eau in-croyables et d’une puissance phénoménale. Après ce moment magnifique, nous retournons à la plage et Kéligest réveillée. Simon et moi, nous lui racontons ce moment énorme et nous l’invitons à partager cette belle dé-couverte. Mais avant cela, nous allons chercher du bois pour le feu de ce soir et nous prenons un goûter. Aprèscela, nous repartons tous ensemble dans la grotte. Arrivés dans la grotte, Kélig ouvre grand ses yeux et s’émer-veille devant tant de beauté et de puissance de cette nature. Elle m’informe qu’elle n’avait jamais vu ça de toute

sa vie et de ses 33 ans et demi.Nous repartons à la plage,Simon et moi repartons nousbaigner dans les énormesvagues. Après cette baignade,nous commençons à allumer lefeu même s’il n’est que 18h.1h30 de préparation de feu etnous mangeons des pâtes chi-noises cuites au feu de bois. Çane change rien, sauf que çacuit plus vite. Après ce bonrepas, au dodo. Eh oui, surGrandeur Nature, on se lèvetôt, on mange tôt donc on secouche tôt. Voilà une merveil-leuse et superbe journée del’expédition 2012/2013.Bonne nuit Mike

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Le 25 novembre : Il est 6h30, je me réveille sur uneplage dans les environs de Cruzinha. Nous sommesarrivés hier, à midi, nous avons croisé Ludo, Théo etCharles, qui nous ont renseigné sur notre marche dujour, une promenade de santé de cinq heures, avec1000 m de dénivelé, 500 en descente et autant enmontée. Nous voilà donc partis avec un litre d’eaupour trois. Il est 7h29, le campement est derrièrenous. Après une heure de marche, on passe à Cha deMar, un petit village de trois maisons abandonnées,on passe comme des flèches sans même penser que çapouvait être Cha de Mar. Une heure plus tard, on ar-rive à Formiguinhas, un petit village avec vue sur lamer, accessible uniquement par le chemin, 2 heuresd’un côté et deux heures de l’autre. On trouve quandmême un petit bar, Kélig nous « paie un Sprite », çafait du bien, ça rafraîchit mais c’est le goût de la so-

ciété de consommation qui a réussi à arriver jusque dans un petit village paumé sur une île… Mais quandmême, ça fait du bien ! Le petit bar, c’est juste la terrasse d’un paysan et sa femme, et en buvant notre bout demondialisation liquide, une odeur très plaisante de poisson frit nous titille les narines. Mike dit à la dame «gusta ! » en montrant son nez et la voilà partie pour nous en offrir ! Un bon poisson frit à 10h du mat, rien de telpour se relancer sur les sentiers capverdiens ! Un peu plus tard, on passe le coin d’un rocher et on aperçoit dansla vallée le petit village de Fontainhas avec, marqué sur le toit d’une maison : « COLD DRINKS ». C’est un petitbar comme il y a dans tous les villages d’ici apparemment. Une fois arrivés au village, il nous reste la montée,décrite comme terrible par nos camarades Ludo, Théo et Charles, qui l’ont eu dans le sens descendant, les vei-nards. Une grosse montée donc et une fois en haut pause fruits secs et purée de bananes, elles étaient dans lefond de mon sac. Après avoir partagé nos fruits secs avec des gens du coin croisés en bas, on se remet en routepour tracer jusqu’à Ponta do Sol. Arrivés à la pointe du soleil, ville de pêcheurs, nous nous mettons en quêted’un aluguer, les taxis collectifs du Cap-Vert. On demande à un grand balaise, qui nous conduit à Felipe, lechauffeur qui nous a conduit le premier jour à Pico da Cruz. On se dit rendez-vous à 14h, et on part chercher dequoi manger. Le supermercado, pas de pain, premier resto, réservé, le deuxième et le suivant pareil… Finale-ment, au détour d’une ruelle, un petit bar, où le proprio joue aux cartes, et sa femme qui nous fait en 15 minutesdu poisson, des frites et du riz… Un petit resto pour finir la rando,Mike est tellement content qu’ilprend des photos de son assiette ! Onpaie, on sort, on va au taxi, le taxi faitle tour de la ville pour finir à unequinzaine dans 11 places, et en routepour Porto Novo, lieu de départ duFerry qui nous ramène à Mindelo. Enchemin, on dépasse en coup de ventYann, Evolène et Nina, on arrive pileavec le bon timing à la gare maritime.Une heure de traversée, les retrou-vailles avec Thierry et Kévin, un bonrepas et au lit, on est tous cuit !!

Simon

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Le 28 novembre : Accrabe moi si tu peux…Accrabe moi si tu peux…Grandeur Nature est toujours au mouillage face à l’île deSanta Luzia, un joli bout de caillou, des pêcheurs, mais sur-tout des cailloux. Contraste saisissant avec la luxuriance ducôté nord de Santo Antao. Un bon petit dèj puis viennent lestâches, chacun à son poste, ça frotte, balaye, gratte, des foisça râle un peu, ça tousse, mais le moment est important. GNattend avec impatience chaque matin, on pourrait presquel’entendre piaffer. Il attend qu’on lui frotte le dos et les brasavec nos pieds-brosses et nos mains-éponges, une vingtainede bras et autant de pieds, un poulpe géant est à l’ouvrage, bâ-bord et tribord, ça s’active sec !!! Vient l’heure de la stimula-tion intellectuelle. Je propose une petite dictée à quelquesjeunes et rencontre l’adolescent dans ce qu’il a de plus beau,le non, j’ai pas envie… Je fais ce que je veux… Autre chose àfaire… Et quoi donc alors mon bon ami ? Bah… Laver mes chaussettes quoi… Chaussettes/travail de tête, oh ça rime!!! J’insiste un peu, rien à faire… Tant pis! Un extrait de l’expé du kon-Tiki en guise de Théo et Simon, puis un pro-blème de math avec M.Gossbeau… Repas sous le taud car le soleil cogne un poco ! Une expé s’organise pour rejoin-dre Santa Luzia à la nage, Nina, Mike et Kévin ainsi que Simon sont de la partie, trouverons-nous un trésor ?Boirons-nous un café avec Robinson et Vendredi ? Une fois sur la plage, on joue dans les vagues et pour dire la vérité,ce sont plutôt les vagues qui jouent avec nous ! Essorage gratuit pour tous, ça fait du bien ! Nina et Mike restents’amuser un peu, Kévin, Simon et moi explorons la plage, des coquillages partout, blanchis par le soleil, les poches seremplissent de trésors variés. J’aperçois des crabes pas très loin de l’eau, cinq ou six, je m’approche et en trois se-condes les crabes disparaissent à l’eau, plutôt rapides les petits ! Mike, Kévin et Simon me rejoignent. On laisse lescrabes revenir sur la plage, un, deux, trois, on court comme des dératés, les crabes ont le nez fin, à trois mètres d’eux,pffffffff, ils disparaissent, bien plus rapides que nous ! Avec Mike, on se dit qu’en leur coupant l’accès à la mer, onpeut les avoir, même technique, on les laisse remonter sur la plage, course folle, et hop, toujours trop rapides… Tantpis ! Kévin nous rejoint, Mike s’en va et avec Kévin, on aperçoit un crabe sans ses potes, qui se promène sur lescailloux, tiens, tiens, peut-être une possibilité de l’observer de plus près. On s’approche comme des sioux cap-verdienset là, Gérard Majax, le crabe disparaît, d’un coup d’un seul, plus rien ! Il s’est enterré très rapidement… Grrrrrrrrrrrr !Je le déniche de son trou, il sort comme un dératé et galope de biais vers la mer. Une grosse poignée de sable sur latronche et ça y est, il est fait ! Avec Kévin, on s’approche, on essaie de l’accraber, mais le crabe de Santa Luzia, on nela lui fait pas ! L’animal se débat, griffe l’air, s’agite, on lui fiche la paix, il se barre vite dans l’eau, bonne route, pincesans rire va ! Retour sur le bateau après avoir joué un peu dans les vagues. Il plane un truc dans l’air. On m’invite àchanger de coque, on m’interdit de rentrer dans l’autre, je sens que ça s’active, excepté notre capitaine chéri qui traîneun rhume de je ne sais quoi, nous privant de ses blagues et de sa bonhommie, remets-toi vite, oh capitaine mon capi-taine !!! Le repas du soir arrive, je sais que l’on va fêter mon anniversaire, j’en ai envie et je sais aussi que ça coïncideavec la presque fin du voyage… Emotion, quand tu nous prends ! Plein de petits cadeaux, d’attentions, de réalisationsmade in petites mains, un élixir de Kélig, des marque-pages, moi qui aime lire plusieurs bouquins à la fois, je penseraià vous, Nina et Mike, un beau dream-catcher de Simon et autres bricoles, un tee-shirt du Cap-Vert et surtout pleind’affection ! Un gros gâteau à la crème et au sucre pour finir, tout se bouscule dans ma tête, la joie des rencontres, lafrustration liée au temps, les géographies qu’il nous reste à parcourir, le chemin qui s’ouvre à nous, merci pour cettejolie soirée, je vais dormir sur le filet, avec le vent et la pleine lune, je m’endors, ému et serin, un peu plus riche en-core… Merci ! Yann

S A N TA L U Z I A . . . p a r M i k e & Ya n n

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Le 27 novembre :Réveil calme, la veille tout l’équipage est revenu sur le bateau, randos terminées ! Super randonnées surl’île de Santo Antao. Aujourd’hui, nous partons de Mindelo, de l’île de Sao Vicente pour repartir vers l’îlede Santa Luzia. Il n’y a pas beaucoup de trajet, donc il n’y aura pas de quart de nuit. Voilà, nous arrivons àSanta Luzia vers 16h30. L’île déserte est belle, mais pas si déserte que ça. Il y a beaucoup de pêcheurs surl’île. Nous rangeons le bateau et la nuit arrive. Je finis quelques cadeaux pour l’anniversaire de Yann, qui sepassera demain soir. Nous mangeons, faisons un jeu et allons tous nous coucher. Mike

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Le 1/12/12- Ce matin là n’était pas un matin comme les autres. Ce matin là, on a discuté de nos relationsavec les autres, c'est-à-dire qu’on a mis une note de 1 à 4 pour noter notre relation avec chacun, histoire decorriger certains « problèmes » relationnels. Par exemple, je devrais aller plus vers Ludo, car nous ne nousconnaissons pas assez. Donc nous voilà tous assis dans le carré tribord, à dire chacun à son tour la note etexpliquer pourquoi. Ça nous permet de faire avancer le groupe, c’est bien. Ceci dure toute la matinée, et àmidi, nous mangeons un bon gâteau patate douce. Ensuite Charles, Kévin, Mike, Nina et moi, allons sur laplage pour faire du body surf, sauf pour Nina, qui préfère se faire rouler et se prendre les vagues bien deface. On s’amuse bien, Mike a trouvé du bois pour faire des constructions, et on rentre au bateau, on partbientôt. A 16h30, on allume les moteurs et on lève l’ancre direction Fogo, où on compte arriver demain, aulever du soleil. Chacun s’informe de son quart, et s’occupe en attendant le soir. Pour moi, ce sera lecture,1984, de George Orwell. Ce soir c’est pizza faite avec le pain d’Evolène pour la pâte, et riz. Simple, et effi-cace. Je fais le point de début des quarts. C’est Yann, Mike, et Evolène, qui ouvrent le bal dansant de cettenuit, qui promet d’être agitée. Simon.

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Le 29 novembre :Bientôt deux mois de voyage…Nous attaquons aujourd’hui la journée de contrat que l’on élabore régulièrement avec les jeunes.Chaque jeune rencontre à tour de rôle l’équipe des encadrants, plus familièrement appelée, les adultes ou les grands. Le but del’exercice est de faire le point sur chacun. Comment ça va à bord, avec le groupe, quel est le niveau d’implication, la participationdans les tâches et les manœuvres etc… A la fin, chaque jeune s’engage sur un petit contrat qu’il signe dans le but de réellementprendre conscience et connaissance des progrès à faire et des efforts à déployer. Notre niveau d’exigence s’élevait au départ de l’expédition à une rencontre par semaine, puis par quinzaine, puis par moi au fil duvoyage. Nous en sommes pour l’instant à trois journées contrat, soit une rencontre toutes les trois semaines. Cet espacement n’a pas été choisit. Il s’explique par un premier mois de navigation pénible et ensuite par le début des randonnéesau Canaries puis rapidement, au Cap-Vert. Je dis rapidement car il a fallu enchaîner tout ça pour ne pas perdre plus de temps surnotre « planning ». En voile, les termes de planning, emploi du temps, horaires, délai, etc… sont à prendre avec des pincettes, caren mer, il est difficile de prévoir les évènements.L’état de l’océan et de la météo étant tellementaléatoire qu’on ne peut jamais être sûr de rien. J’ai envie d’ajouter que notre groupe fonctionnepas mal pour un début de voyage. Un voyage oùtout change pour nos jeunes : habitudes, règles,rythme et un milieu nouveau, impressionnant,qu’ils découvrent avec des personnes aux his-toires différentes.Mais tout cela se met en place, tout doucement aurythme du vent avec des petites rafales et des mo-ments de calme.Nous sommes donc sur l’île déserte de SantaLuzia où il y a une belle grande plage, un gros ro-cher pour plonger autour, quelques pêcheurs.Cette fois, nous décidons de souffler un peu, his-toire de prendre du temps pour nager, dormir,faire les contrats et avancer dans la productiondes textes. Mais surtout profiter et arrêter de cou-rir. Cette journée est un peu spéciale, nous allons faire un petit état des lieux des relations au sein du groupe. Pour cela, chaque mem-bre de l’équipage devra réfléchir à la relation qu’il a avec chacun des dix qui l’entourent et l’évaluer sur une échelle de 1 à 4. Nousnous réunirons ensuite en groupe et nous écouterons tout ce que les autres ont à nous dire. Certains redoutent ce moment. Lacrainte d’être jugé ou des règlements de compte ne peut être évités. Pourtant, nous rappelons bien aux jeunes que ce sera un tempsde parole dont le seul but est de nous faire réfléchir pour améliorer nos relations et continuer à avancer tous ensemble. Car il estbien évident que tout n’est pas rose, rien n’est acquis. La capacité à entrer en communication varie d’une personne à l’autre, ellevarie selon les moments et les humeurs. La route est longue, mais nous avons du temps. Ludo

B I E N T Ô T 2 MO I S D E V OYA G E . . . p a r L u d o

D É PART D E SANTA L UZ I A . . . p a r s i m o n

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Le 2/12/12Aujourd’hui, on se réveille au mouillage de Vale de Cavaleiros, sur l’île de Fogo. La nuit à été un peu mouvementée, ona été plusieurs à se sentir mal. Après le petit dèj, ça frotte ! On nettoie les coques, moi j’aère notre cabine, faut dire qu’ons’est un peu fait mouiller cette nuit. Notre hublot devait être mal fermé parce que la moitié de la cabine est trempée.Dans la matinée, je finis mon texte de rando, et je m’instruis sur le Cap Vert et son histoire. Indépendant depuis 1975, larépublique du Cap Vert est un des rares pays africains à être devenu, sans effusion de sang, une démocratie stable. Pendant ce temps, je ne sais pas trop à quoi sont occupés les autres, à part Ludo à côté de moi qui a bien du mal à écrireson texte, et Thierry et Charles, dans la cuisine, qui nous confectionnent un bon repas. Je crois que ça travaille à bâbord,certains copient des textes, d’autres ont des problèmes de maths, et d’autres encore, sont déjà en train d’explorer laplage, bien petite pourtant. En fait, il y a une bande de sable de trois mètres, au pied d’une grande falaise. Après le repas, on entend les grands cris de Kévin, qui est à l’eau avec Ludo, Mike, Charles et Théo. « Un requin, un re-quin ! » il s‘accroche à Ludo, et est terrorisé, le pauvre. En fait, ce n’est qu’un requin nourrice d’un mètre de long. C’estinoffensif, et c’est ce qu’explique calmement Charles à Kévin. On est plusieurs à très vite, se mettre en maillot et aller àl’eau, voir la bête ! Moi quand j’arrive, il est caché dans un trou, je ne le vois pas. Ludo essaye de le faire sortir avec untuba, mais sans succès, que déjà Yann nous appelle un peu plus loin, « Une tortue, une tortue ! ». On y va, et une belletortue est au fond de l’eau. On va la voir, elle n’a pas l’air en forme, on trouve. On comprendra un peu plus tard, en lavoyant partir à fond, qu’elle était juste un peu endormie. Un nouvel appel, et cette fois, c’est « Venez voir, un truc bi-zarre ! ». Hop hop hop, on se retrouve au dessus d’un beau poisson, avec de grandes nageoires le long du corps, qui fontpenser à des ailes. De dessus, on dirait un peu un papillon. Je le suis un moment, on apprendra ce soir, en regardant lelivre des poissons exotiques, que c’était un rouget volant. Mais ma plongée m’ennuie vite. J’ai mal à une oreille, et je nepeux donc pas descendre à plus de 2 mètres. Je laisse donc les autres continuer leurs plongées, et je vais un peu sur la pe-tite plage de sable noir. J’en ai vite fait le tour, et je m’allonge dans le sable, c’est agréable. Je rêve un peu, je profite dumoment. On m’appelle au bateau, on va goûter, et faire un petit point pour le programme des jours à venir, on parle ran-dos, tout ça, qui veut faire quoi, qui a quoi à faire au bateau, on finit par former des groupes. Yann Charles et Mike, quipartiront de lundi à jeudi, Ludo Simon Nina de mardi à vendredi, et Kélig Théo Kévin, juste jeudi et vendredi. Et moiqui reste, avec le choix entre le groupe de Ludo ou de Kélig. Je suis partagée, je pèse le pour et le contre, mais choisir,c’est aussi renoncer, et comme souvent quand j’ai un choix à faire, je suis indécise.L’ambiance change un peu, le temps s’accélère. Mike, qui veut partir le plus vite possible, essaye d’avancer le pro-gramme de Yann, car demain, dès que celui-ci aura fait tout ce qu’il aura à faire, ils pourront partir. Du coup, la soiréepasse en vitesse, chacun a des choses à faire avant de partir en rando. Ça regarde la carte, discute d’itinéraire, je melaisse embarquer dans l’aventure de quatre jours avec Ludo, Nina et Simon. Après manger, certains proposent un jeu,mais personne n’est très motivé pour veiller ce soir. On a tous envie d’une bonne nuit de sommeil. Moi je termine la soi-rée par une lettre, je veux raconter la dernière rando avant d’en entamer déjà une nouvelle. Et puis, je sais que pour vous,qui suivez le voyage du continent, un courrier personnel plein de nouvelles, est toujours bienvenu… Evolène.

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L ’ Î L E D E F O G O . . . p a r É v o l è n e

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Rando Yann, Charles et Mike 1er jour : Réveil au bateau, nous déjeunons,faisons les tâches et finissons de préparer lessacs. 12h arrive, nous mangeons avec l’équi-page et partons au bateau avec Kélig etSimon. Le village de Sao Felipe est à 3km dumouillage. Nous devons le rejoindre pourcommencer une nouvelle aventure et fairede nouvelles rencontres. Yann, Charles etmoi-même faisons 2, 3 courses pour notrerandonnée. Kélig et Simon sont venus pourravitailler un peu le bateau. Voilà l’heure estarrivée, nous quittons Kélig et Simon etnous nous concertons pour décider ensem-ble le parcours de cette nouvelle aventure.Nous avons décidé d’aller à Vicente Diaspour le campement de ce soir, car nousn’avons qu’une après-midi pour marcher. Nous allons voir un monsieur pour voir quelle route il faut prendrepour Vicente Dias. Il était complètement bourré, donc on a décidé de ne pas l’écouter et de demander à unepersonne a jeun. Nous sommes informés de la route. Pour le commencement, ce sera une montée. Voilà, Yann,Charles et moi sommes dans le rythme, enfin chacun dans son rythme car Yann est habitué des randonnées,que moi c’est ma troisième randonnée. Et pour mes trois premières randonnées, elles sont assez jolies. Je pensequ’il y a beaucoup de jeunes et d’adultes qui auraient aimé faire leurs premières randonnées aux canaries et auCap-Vert. 3 heures de marche, c’est court, mais comme ej l’ai déjà dit, nous n’avons qu’une après-midi pourmarcher. 18h est là, enfin 18h à notre pensée, car nous avons oublié de prendre l’heure. Nous cherchons un bi-vouac. C’est une famille qui nous héberge devant leur maison en construction, très sympa ! Les rencontres sontbienvenues et ça nous met de bonne humeur. Nous parlons un peu avec eux. Ils étaient 4, il y avait le père, lamère, leur fille et le père du père. Nous leur demandons si c’est possible de faire du feu. Ils nous disent qu’il n’ya aucun souci. La nuit tombe, nous allumons le feu. Il y a leur fille qui s’appelle Maïa qui me fait beaucoup pen-ser à ma nièce. C’est dur de communiquer avec elle car elle ne parle pas français et moi, pas portugais. Maisj’arrive quand même à jouer avec elle. Elle me rapporte des petits bouts de bois. Je lui offre un biscuit. Elle esttimide mais super contente. Je pense que ce n’est pas tous les jours qu’elle a la possibilité de jouer avec un plusgrand qu’elle et qui ne parle pas sa langue. Voilà, la famille nous dit au revoir, bonne nuit et peut-être à demain.

Pour moi, j’ai passé une excellente soirée à m’amu-ser avec Maïa. Elle me faisait rire même si je ne lacomprenais pas. Voilà, nous sommes tous les troisavec la lumière du feu qui nous éclaire. Charlesnous prépare une purée à mon goût, elle est trèsbonne, mais pas assez de quantité !! Charles nousprépare du maïs grillé, il est trop bon !! Mais aller lepiquer dans un champ, ça c’est moins bon ! Un petitmoment entre nous, et nous allons nous couchersous un ciel rempli d’étoiles, au milieu des champs,des bêtes et des fleurs qui nous parfument l’odo-rat… Et dire qu’on est au Cap-Vert !!! Ce n’est pas àParis que je pourrais faire ça. Une nouvelle et mer-veilleuse journée de l’expédition Grandeur Nature2012-2013. Je vous dis à demain pour suivre l’his-toire de notre aventure racontée sous la plume deCharles ! Bonne nuit… Mike

R A N D O N N É E S À F O G O . . . p a r M i k e

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2ème jour, rando Fogo… Grosse marche !!!On se lève tôt ce matin près de l’église de Notre Dame de Fatima, sur leterrain d’un couple de portugais, rencontré la veille ici-même. Ils nous ontautorisés à bivouaquer sur leur terrain. Je rallume le feu, prépare le petitdèj. Le propriétaire nous amène des bananes, c’est super sympa. On fait unpoint carte, Yann a une idée de chemin à prendre, cela dépend de la brume.Nous aimerions arriver au Pico ce soir, on verra bien, car il y a pas mal demarche à faire. On range nos affaires, on plie la bâche. Et c’est repartit, lamarche sur les petites routes pavées. 20 minutes après, on est sur une mon-tée plate qui durera 2 heures. Je me cale à mon rythme et c’est parti. Mikea mal à la tête, il ne supporte pas l’odeur de la campagne « putain, je sensdes trucs chelou là et ces mouches, putain elles me font péter un câble ! ».On ne dit rien, je me dis que c’est le fait de marcher au soleil, c’est dur etque ça ira mieux après ! Effectivement, arrivés au croisement 500 mètresplus loin, ça va déjà mieux. Et c’est là que l’on prend la décision de ne pasgrimper de suite au Pico. Nous sommes déjà dans la brume, Yann m’ex-plique qu’il n’a pas envie de se retrouver vers 16h, en montagne, dans labrume selon ses calculs et sous équiper pour y dormir… Bref, plein detrucs qui rentrent en compte. La rando se poursuit toujours sur des cheminsplats, pavés, todo bem ! 12h arrive à grands pas et nos estomacs crient fa-

mine surtout celui de Mike et le mien. Yann lui, on a l’impression qu’il peut ne pas manger pendant plusieurs repas. Donc onprend un repas et on repart, direction Achada Furna. On marche tous les trois ensemble, on discute, on demande plusieurs fois àdes gens si on est sur le bon chemin, car il se trouve que notre carte n’est pas très précise. C’est agréable, je me régale. On arriveau village et là, on passe de la route pavée à la route bitumée. Yann est dégoûtée de fouler l’asphalte. Une bande d’écoliers noussuit, nous observe. Ils sont intrigués. Ils jouent autour de nous. Le bitume ne se décollera pas de nos semelles jusqu’au Pico. Onsuit des gens qui coupent à travers champs, c’est un raccourci. On arrive dans un petit village, il y a beaucoup d’aluguers pouraller au Pico, mais nous n’en ferons rien, on fera tout à pied. On fait des petites courses et c’est repartit pour une marche peu fa-cile, du bitume en lacets. Mais on se motive, on va y arriver. C’est dur, on fait plusieurs petites pauses pour boire un coup d’eau,qui viendra à manquer. On marche, Mike est loin derrière et pour nous rattraper, il arrête un camion benne qui transporte des tau-reaux. Je suis dépité et amusé à la fois de voir comment Mike tech se débrouille bien pour ne pas forcer. Mais bon, au moins onpeut remarcher ensemble. On se remet un coup de motive et les lacets goudronnés, ça continue ! On arrive à Casa Branca, maisavant d’arriver, on sent l’excitation des villageois qui disent « tourists, tourists » et je me dis qu’ils sont bien contents de nous voirarriver avec nos escudos ! On achète trois bouteilles d’eau dans la petite échoppe. Et en face, assis sur un muret, il y a une bro-chette de villageois qui font apéro et qui discutent. J’explique à l’un d’entre eux, je veux dire, je baragouine que nous sommesfrançais, que ce soir on bivouaque et j’aimerai plus d’eau pour boire, cuisiner. Sur mon visage, ils doivent voir que j’ai soif, et jedis « agua, agua, agua » Cela les amuse mais je pense que je me suis bien fait comprendre. Et ils nous apportent un seau avec uneécuelle pour emplir nos quatre ou cinq bouteilles d’eau. Il y a le professeur, puisqu’il est professeur dans la petite école qu’il mon-tre du doigt, nous discutons un moment avec lui, il est super sympa. Il nous indique le chemin pour le parque naturel de Fogo et ilnous dit « il vous reste une heure de marche, vous y êtes presque, il va y avoir un panneau indiquant le parc. Vous marchez 500mde plus et sur voter gauche, il y a un endroit idéal pour camper. Et si vous avez le moindre souci, vous n’hésitez pas, vous toquezchez moi, même en pleine nuit ! » Heureux de savoir que nous y sommes bientôt, je prends toute l’eau, pressé d’arriver ! Jemarche et 15 minutes plus tard, je demande à Yann de me délester de quelques bouteilles. Du coup mon sac est beaucoup moinslourd, cela va mieux. On ne s’y attendait pas du tout,mais là, au détour d’un gros virage en épingle, abracada-bra, le Pico de Fogo que voilà et le fameux panneau in-diquant le parc naturel. Mike, Yann et moi, noussommes très heureux d’y être arrivés, de l’effort fourni.Yann nous félicite, on est vraiment trop content ! Lepaysage est superbe, on trouve le coin pour bivouaquer,c’est trop bien. C’est un petit parc à chèvres en pierres,dans le creux d’une vallée. On se croirait sur la lune. Onarrive, on s’installe, on regarde la carte, fier de notreparcours effectué ce jour. On ramasse du bois, on allumeun feu, du maïs grillé, 500g de pâtes et du pop corn, onest au top, c’est génial. Je me couche dans mon duvet etj’observe la voie lactée, c’est magique !!! Je ne tarde pasà m’endormir en ayant vu pas mal d’étoiles filantes. Larando c’est génial, je le dis, l’écris et le pense, j’adore ça ! Charles

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3e jour : Inna la CaldeiraRéveil au petit matin pour la troupe, un gros petit-dèj de champions, ne manquent plus que les épisde maïs si chers à Charles (petit voleur va !) et l’onse met en route pour aller promener autour du Picode Fogo. On sort vite de la route principale, Miken’aime pas trop cela, il suit quand-même, ça grimpeun peu et surtout ca cogne sévèrement. Le sol estnoir, la chaleur du soleil est intense. On s’égare unpeu dans une coulée de lave, c’est impressionnanttout de même, on sent ici la puissance du volcan,on devine les forces et la violence d’une éruptiondans les courbes de la lave. On monte un pico pe-queño, lma route est couleur soufre, il ya des trousimpressionnants au sommet. A nouveau les poches se remplissent de cailloux…Quelques temps après, nous rejoignons cette belle route pavée, noire, qui coupe la Caldeira en deux. Nous sommes sur la lune, trois fogonautes randonneurs, derrière chaque caillou, on s’attend à voir surgirChewbacca. C’est chaotique, jamais vu et très cinématographique, on en prend plein les yeux !Portela en approche, on s’imagine qui un café qui un coca frais. L’ambiance du village n’est pas des plus jo-viales, quelques enfants nous réclament e l’argent, des randonneurs en troupeau bêlent sur les flancs duvolcan, on achète quelques bricoles, et on repart pour le chemin qui longe la falaise. On se perd un peu,Mike râle et il a peur des loups et de la nuit. Une petite mésaventure avec notre bouteille de gaz, qui estbien gazcouilles (nous apprendrons comment faire en rentrant), bref, trêve de gazardages, Charles fait unfeu en 2/2. Le temps de se brûler les poils des avants bras et une partie de sa frange, Mike se marre, onprend un petit dessert USA style, tartelettes et cacahuètes, c’est reparti. A notre droite, des cultures sous lesremparts, à notre gauche, la lave de la dernière éruption. Contrasté le sentier ! Une heure plus tard nousvoilà à l’ombre des arbres, il fait frais, c’est très vert et mes deux compagnons sont ravis. C’est plaisant demarcher sous cette verdure rafraîchissante et de se dire qu’à quelques mètres, c’est la fournaise sur lechamp de lave. Tout pousse ici. Nous croisons tomates, courges, haricots, goyaves, patates douces et autresarbres fruitiers, volcan terre fertile ! Sur la route, des hommes poussent une camionnette, on les rejoint pour les aider, une fois puis deux, ça dé-marre, problème de batterie je crois. Antonio le conducteur insiste pour nous avancer sur le chemin, il estravi du coup de main. Les gars montent à l’arrière, moi devant et nous roulons 20 minutes, un peu sur la

Lune parfois parce-que des tronçons de route pas-sent à travers les scories et coulis. Il me racontel’éruption de 1995, très spectaculaire. Lui et sa fa-mille ont perdu des terres cette année là mais icitout pousse me dit-il ! Antonio nous laisse, on finitle chemin à pied, prêts à retourner au bivouac de laveille. On aperçoit au loin des arbres, Charles nousmotive pour une corvée de bois, on fait des fagotset on se rapproche des arbres. Plein de fruits làaussi, des pommiers, des poiriers, des orangers, descognassiers, on glane un peu ici et là. Un grand fi-guier semble être l’hôte idéal. Mike n’est guère ras-suré à l’idée d’y croiser des insectes, un bon coupde Baygon et la place est sécurisée.

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Un grand feu de Charles dit El Fogolito, Mike a oublié son livre et ne sait trop comment s’occuper, il part sebalader et revient 20 minutes plus tard avec une courge (tombée du camion du mur je crois comprendre…).Mike aimerait mettre au point une technique pour faire une tarte en rando, peut être aurez vous le privilèged’y goûter !

Une bonne soupe chinoise made in USA devant le feu suivi d’une pop-corn sessionpuis d’une tisane. Cool, les hamacs sontprêts, le moral lé bon, les corps fourbus,Mike et Charles se sont découverts une âmede randonneurs, on se retrouvera sur les GRfrançais les gars, on a un très beau payspour la rando !Je laisse à Charles et Mike le soin de vousraconter la soirée sous les figuiers, sus-pense!Chapeau les marcheurs, à la force du molletet à l’énergie, encore un chouette rando,merci Fogo pour la beauté ! Ciao, Yann.

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4e jour :La nuit est flippante, une fois le feu de camp éteint, je m’installe dans mon hamac. Et 30 minutes après,avec Yann, on entend des bruits de pas qui tournent autour du figuier dans lequel on dort !Les pas se rapprochent, s’arrêtent. Aucun autre son supplémentaire ne sera émis, mis à part les pas surles petits cailloux du volcan. Ensuite il ya eu des lumières au dessus de nos têtes. Cela se produira plu-sieurs fois dans la nuit, c’est étrange et bien flippant !!!Ce sera donc une nuit désagréable à causede la peur qui m’empêche de dormir surmes deux oreilles. Et du froid avec monduvet pourri 6°C et 0°C limite. Au matin,on se raconte ce qui s’est passé et Yann medit que la température était sûrement des-cendue au dessous de 0°C, je le crois. Onrange hamacs et duvets, on déjeune enroute. On part tôt pour prendre un aluguertôt et autre au bateau vers 10h. On marche20 minutes, un aluguer nous prend, il nousemmène à Sao Filipe pour 5 euros chacun.C’est pas cher pour une heure de taxi !Chui un peu dégoûté de rentrer au bateau.Les randos sont trop courtes, quatre joursc’est court. Mais je me suis bien régalé, desuperbes paysages. J’ai tout plein de bellesimages quand j’y repense, c’est très agréable. Charles.

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Rando à Fogo, Nina, Simon, Evolène et Ludo.Premier jour,4 décembre, réveil à 7 heures, je prépare le petit déj.Théo et Kévin sont debout aussi. Mince !! j’ai oubliéde charger la batterie de l’appareil photo. Hop, onbranche tout, le soleil va bientôt réchauffer le pan-neau solaire. Et en plus, il faudra vider la carte mé-moire qui est pleine. Pendant ce temps, on boucle nos sacs préparés laveille. J’embarque Nina, Simon et Evolène faire letour de l’ile de Fogo.J’avais une petite idée de ce que je voulais leur fairefaire. Aussi hier, je leur est proposé trois programmesdifférents et nous sommes tombés d’accord. Nous fe-rons le tour de l’île par l’est en aluguer pour montervers Chà das Caldeiras par le nord. Je crois savoir que

c’est la région où l’on plante le café et ce doit être beau à traverser à pied. Ensuite nous gravirons le pico deFogo, un magnifique volcan dont la descente se fait en courant dans les scories ( sable noir formé par les rési-dus Nina a préparé les stocks de nourriture consciencieusement et nous découvrirons qu’elle a pris quelquespetites choses en plus sans nous le dire, mais qui nous ferons bien plaisir. Elle a passé l’après-midi a faire descrêpes et des galettes pour la route. Elle était tellement bien organisée, que la cuisine était propre et rangéequand Kélig est revenue à bord pour son tour de cuisine. A quatre nos sacs ne sont pas très lourd, je ne sais paspourquoi, mais cette rando, je la sens bien.A 9h 30 nous partons enfin, déposé par Thierry sur le quai tout neuf du nouveau port en construction. Encoreune fois, il reste pour garder le bateau. Je le comprends, le mouillage n’est pas très abrité et il y a du mouve-ment dans le port. A sa place, je ne partirais pas non plus l’esprit tranquille. Et puis il ne sera pas seul, les autresferont des randos plus courte que la notre. Nous avons, nous les adultes, pas mal d’écrits à faire. Mais joueurcomme je suis, je ne peux résister à l’envie de repartir 4 jours, surtout ici ! Nous voilà partis à pieds sur lespavés direction Sao felipe à quelques trois kilomètres. Le pouce ne marche pas, les conducteurs nous répondentde la même manière, pouce levé, genre « tudo bem ! » en fait il faut faire signe au voitures de ralentir. Du coup, ça marche. Un monsieur qui a vécu aux states s’arrête et nous dépose. Petit arrêt dans un magasinpour acheter de l’eau et déjà un guides’arrête et discute avec Simon et Nina. Jesors le saluer avec Evolène.Il s’enquiert de notre situation, nous ob-jectifs, nous demande si nous avons unguide ou un hôtel.je lui réponds quenous avons peu d’argent, que le but estd’apprendre à se débrouiller avec despetits moyens. Pour lui, ce n’est pasgrave, il nous propose de dormir dansson jardin. Sur ce, il nous conduit versun aluguer pour Mosteiros, la ville d’oùpart notre balade, il négocie le prix pournous, c’est vraiment sympa. Je discuteavec je chauffeur, nous avons le tempsde faire un petit tour en ville, nous pas-sons par le marché. Fromage, bananes,tomates et pain, les prix sont moins cherqu’à Mindelo. (suite page suivante)

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Nous goûtons des petits beignets au poulet…Entassés à l’arrière d’un des nombreux Toyota hiace qui foisonnent au Cap Vert, nous parcourons la côte. C’estescarpé, nous apercevons de belles coulées de lave, quelques ruisseaux. Notre bus se vide peu à peu, nous don-nant l’impression d’arriver au bout du monde quand le chauffeur nous dépose au pied d’un escalier, départ denotre rando. Pris d’un doute, il me demande si je connais le chemin. Mon portugais suffit pour lui répondre quenon. Il me dit que c’est compliqué et s’informe auprès des gens qui nous regardent, depuis la maison d’en face.Ceux-ci expliquent que c’est mouillé, il a plu, ça glisse. Peu importe, nous irons quand même. Il nous souhaitebonne chance et repart.Par acquis de conscience, je vais discuter avec les paysans pour savoir si c’est vraiment difficile. Houlà, qu’ai-jefait !? Grand moment qui va suivre ! Les gens s’exclament, sans guide on va se perdre, il y a de boue, une vieillefemme se plante devant moi et fait de grands gestes, un homme me demande combien je peux payer mais jen’ai toujours pas d’argent. Paysan qui descend avec son âne comprend la scène et me propose 3000$. Finale-ment, un petit bout de bonne femme s’interpose et m’encourage à y aller. Tu as peur ? non, alors vas y, reste surle chemin principal, dieu est avec toi. Et si tu vois des miettes de pain, c’est les touristes passés avant toi ! Fourire, accolades et au revoir, senhora ! C’est parti pour la grimpette, Nina est toujours en tongs mais c’est pas grave, on va bientôt s’arrêter pour man-ger un bout. Nous trouvons un beau manguier. Joli spot pour se cacher dessous. Pique nique de produits lo-caux. Le cadre est chouette. Nous entourent caféiers, goyaves, oranges, piments, courges, haricots et papayes.Nous repartons mais ça ne glisse pas trop. Nina marche à son rythme, c'est-à-dire un peu saccadé. Elle a besoind’être rassurée, sur le nombre d’heures de marche et l’endroit où l’on va dormir. Promis, à 17h00 on voit où onest et on commence à chercher un coin pour passer la nuit. Mais il faut d’abord grimper pour atteindre la forêtoù suspendre nos hamacs. Le chemin est facile à suivre, nous croisons quelques paysans. C’est drôle, l’arrivéeest toujours à un heure de marche. Le temps s’arrête au Cap Vert. Peu à peu le terrain devient glissant mais lesentier est équipé de rondins de bois qui forment de grosses marches. Je reste derrière Nina est l’encourage àgarder un rythme régulier. Je me régale, je ne m’attendais pas à un tel paysage. Peut être plus que la mer,j’adore la luxuriance des climats tropicaux. La marche est facile. Simon et Evolène sont devants et nous atten-dent à chaque patte d’oie. Nous n’arriverons pas à Monte Velha, point intermédiaire de notre ascension vers lacaldeira. Nous passons par une maison où nous saluons les gens. Une dame nous accueillent avec de grandsrires, elle était en train de piller du maïs.Peu après, l’heure promise arrive. Nous apercevons une cabane en contrebas. Pourrait-on y dormir ? Simongarde les sacs, je descends avec les filles. En fait c’est une citerne d’eau en béton avec un abri à côté, trop petitpour quatre. Mais Evolène trouve le coin parfait, sous de beaux arbres fruitiers : goyaviers et orangers. Les misscommencent à déblayer les fruits pourris qui jonchent le sol. Je remonte chercher Simon et les sacs. Peu avant lanuit, le bivouac est installé. L’endroit est chouette, on va être bien dans la brume, au milieu des chants des oiseaux. Il ne manque que lesgorilles. Petite bouffe au réchaud car il fait trop humide pour faire un feu. On se gâve de goyaves fraiches, onramasse des oranges pour faire un jus au matin. La nuit est tombée et nous faisons un jeu de cartes. Blotti dansmon duvet avec le hamac d’ Evolène au dessus, je me dis que cette première journée était chouette, tout sepasse à merveille. Boà noite ! Ludo.

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2éme jour : On se réveille entre nos orangers et goyaviers, on traine un peu à selever, on est bien ici. On a bien dormi. La bâche au dessus de nos têtes a été un peuinutile et heureusement car on se serait bien fait mouiller. Le temps qu’on déjeune(avec un petit jus d’oranges frais que nos prépare Simon), qu’on range le tout etqu’on se mette en route ; il est déjà 10H00. Mais bon, on ne veut pas se presser trop,après tout on est en rando, et c’est bien pour changer un peu du quotidien ! on re-joint le chemin qu’on a quitté la veille pour trouver notre campement et le poursui-vons jusqu'à arriver à une maison forestière. Fini, joli petit sentier qui serpentaitdans cette forêt aux allures tropicales. On est bien contents d’avoir pris ce petit che-min, on s’attendait pas à se retrouver dans un environnement de ce style. Un groupede français avec un guide sont en pause, on parle un peu avec eux. Comme souventquand on explique le voyage, on nous envie un peu, et on nous dit de profiter. Ons’installe à coté d’un muret pour manger, il y a un peu de monde qui passe, on revoitune femme croisée la veille sur le chemin, elle rigole beaucoup, ça fait plaisir deparler avec elle. Vers la fin du repas, un 4x4 passe et s’arrête un peu à la maison fo-restière. On parle un peu avec les deux hommes qui sont dedans, ils nous proposentde monter jusqu’au village dans le cratère, on accepte comme ça on a le temps de setrouver un endroit pour cette nuit et on sera en forme pour monter le Pico demainmatin. On est à l’arrière du pick-up, après une demi-heure de montée assez abrupte,un virage, et nous voilà complètement ailleurs. On vient de sortir de nuages danslesquels on était depuis, heu… depuis le début ! Toute cette humidité, cette brume,

elle est bien à trente mètres derrière nous, et pourtant ici, c’est sec. De la roche volcanique s’étend d’un coté, et au fond, haut,beau et fier, se dresse le Pico.2829 mètres d’altitude, bien qu’on soit déjà à 1800 mètres, ça fait bien haut ! De l’autre coté, sedresse une crête, elle fait toute un demi-cercle autour du Pico. De ce côté, il y a un peu plus de végétation, mais c’est loin d’êtrecomme ceux qu’on vient de quitter. C’est plutôt des arbres secs ou des buissons. Et puis des vignes ou d’autres plantations des ha-bitants. C’est étonnant de voir ce qu’ils arrivent à faire pousser.On nous laisse à Banguera, petit village avant Portela jusqu’où on marche pour être le plus près du sentier qui monte au volcan.C’est dans ce petit village qu’on croise José, Un guide qu’on a rencontré la veille à Sao Filipe, qui a été très gentil à nous aiderpour trouver un aluguer. Il nous reconnaît, nous dit qu’il est avec un groupe de touristes, mais qu’après, on peut venir chez luiavec lui, poser les sacs et si on veut, dormir dans son jardin ce soir. Waouh, c’est accueillant ! On se promène un peu dans le vil-lage, il ya des enfants qui vendent des petites sculptures en roche volcanique. C’est triste de voir ce que crée le tourisme, car c’estbien aux touristes qu’ils les vendent. Et ici, il augmente beaucoup, le tourisme. Ludo, qui est venu il y a deux ans, est un peu per-turbé de voir comment ça a évolué. Quand on arrive chez José, il nous propose carrément de dormir dans sa chambre, il dit qu’ilpeut dormir chez ses parents dans la maison d’à côté, c’est touchant, parce qu’il y a aussi des touristes qui sont là, mais qui paient.Nous c’est un peu comme s’ils nous prenaient tout de suite pour des amis. C’est très simple, un peu comme sa maison. Troispièces alignées, reliées entre elles par quatre murs en parpaing et une porte qui donne vers l’extérieur à chaque fois et il est enconstruction pour une 4ème pièce comme ça. Il est jeune, il a 24 ans, mais c’est vrai, on se sent vite lié d’amitié avec lui. Il pro-pose qu’on mange ensemble ce soir, et pendant que Ludo et Nina vont acheter quelques trucs et que Simon va faire un foot avecd’autres Cap-Verdiens et quelques étrangers, je reste avec José et sa sœur qui ne parle pas français. Je lui pose un peu des ques-tions, il me raconte l’éruption du volcan en 1995. Elle a duré en continu pendant 27 jours. La lave a recouvert presque tout un vil-lage et les habitants étaient dans des tentes que leur avait passées l’état à Sao Filipe. Quand tout s’est terminé, on leur a reconstruitdes maisons sur la côte, mais ils ont préféré retourner là-haut et reconstruire. Lui et sa famille, leur maison avait été épargnée,mais ils ont quand même déménagé parce que vivre à 1h30 de toutes habitations, c’est un peu difficile. Je lui raconte le projetGrandeur Nature et il me parle du peu de voyage qu’il a fait, de lavie au Cap-Vert et de sa vie à lui. Après le repas, on va écouter unpeu de musique dans un bar. Il y a trois hommes avec une guitare,un tambour et un reku-reku ! Une espèce de grosse râpe à fromagebizarre, qu’on gratte avec comme un gros peigne à poux et qui faitun bruit métallique. Le guitariste chante, c’est joli ce qu’ils font,mais c’est le public qui me dérange un peu, il n’y a aucune Cap-Ver-dienne, les seules filles qu’il y a sont étrangères. Les hommes sontlà et nous draguent un peu à Nina et à moi. C’est un peu lourd et çafait vraiment sexiste. Quand on part, José rentre avec nous. Le cielest magnifique, étoilé comme j’ai jamais vu. On s’attarde un peu de-vant cette beauté avant d’aller se coucher. Petit détail, on rentre dansla chambre et ça pue un peu. On sort les chaussures pour les aérerun peu, au cas où ça serait ça. Je laisse Nina vous expliquer pour-quoi je vous dis ça et comment on passera au-dessus de cet acte.

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3ème jour : On se réveille, on se prépare car aujourd’hui, c’est lePico qui nous attend. On range tout et Ludo va devant la porte pourchercher les chaussures et mince, voilà qu’elles ne sont plus là. Dé-goûtée pour eux, car moi, je ne les avais pas mises dehors. En fait,elles se sont fait voler. Ludo est énervé et s’exclame en regardantSimon « tu sais ce que ça veut dire quoi ? Qu’on peut pas aller auPico ». Je ne voulais me désespérer dans ma tête et j’ai eu raison,José leur a prêté des chaussures. Ça y est, on peut monter le Pico,bon, on y va. Au début, c’est plutôt facile, mais ça se complique, j’enai marre, je râle, Ludo me motive, on parle de moi, de lui, intéres-sant. Au bout de quelques heures, on y arrive, en haut, c’est beau. Oncherche la géo-cache. Une personne nous la trouve. On longe le cra-tère et on redescend en courant dans le sable. C’est marrant, on ar-rive en bas, on fait du pouce et la première voiture s’arrête. C’est un4*4 qui nous mène au village chez José, car il y a nos sacs. On parleet on lui dit qu’on veut aller dans un autre village, loin. Il s’inquiétaitcar on n’avait pas de guide et qu’on ne puisse pas y arriver. Le repasétait servi avec des frites. José nous dit que pour le village, ça met 8 heures de marche, il est déjà 3h de l’après-midi. Il nous pro-pose de dormir encore chez lui cette nuit. C’est gentil, on lui propose de l’aider. Ludo et Evolène, maçonnerie et Simon et moi, encuisine. La nuit arrive !On se met en tenue, à l’aise et morte de rire, on va à la soirée en jogging et polaire (en mode clocharde). Ils font de la musique, dutam-tam, de la guitare et un gratte-gratte. J’échange des regards, des clins d’œil avec des garçons. Je demande à Ludo de partirparce que je suis fatiguée. On paie au comptoir et deux mecs s’approchent. Un chante et l’autre essaie de me parler, il me dit réflé-chit pour hier soir (parce qu’il m’a dragué et que Ludo était contre toute-attaque.). Je rigole mais ne lui réponds pas. On sort etcelui qui chante est toujours là et il nous suit comme l’autre soir. Il s’arrête, court vers sa maison et nous amène des souvenirs faitsà la main. J’étais touchée par ce geste. Je parle à José et lui demande quel âge a le mec qui chante ? 25, oh là, c’est beaucoup ! Etsinon, vous êtes combien dans ta famille, et bien il me répond 37, c’est beaucoup je dis. Il me dit on fait beaucoup d’enfants ici.Bon on arrive à la maison, on va vite se coucher car on est fatigué. Nina

4ème jour : 5h30, le réveil de Ludo se mat à sonner. J’ouvre les yeux, je me rappelle où je suis, chez José, guide sur le Pico, vol-can de Fogo. On a dormi par terre, dans sa propre chambre. On se lève, on fourre tout dans les sacs et on va dans la cuisine. Joséest déjà là. Il prépare du café et fait cuire des œufs, en même temps, dans le café. Du pain, du café, un œuf dur et direction l’alu-guer. 17 dans 14 places, avec une bonne cargaison de pois. Finalement tout rentre, nos sacs avec ; C’est parti pour Sao Filipe, avecJosé. Dernier coup d’œil vers le Pico et on sort de la caldeira. 1h30 de trajet et nous voilà chez Théo, un membre de la familleMontrand, une riche famille française qui s’est installée sur Fogo pour la viticulture et qui s’est mélangée avec la population lo-cale, donnant des descendants aux yeux, cheveux et peau clair. Théo est un ami de José qui va ouvrir un resto bientôt, il attendjuste d’avoir 2 ou 3 tables en plus. Encore un petit café et José doit aller chercher un papier pour son permis. Et il nous accom-pagne pour réserver une table dans un petit resto. Ce midi, c’est poulet. Avant ça, on est passé à un cyber café pour logger la géo-cache et Ludo avait un mail à envoyer. On a croisé le frère de José, Joao, 20 ans et la même taille que Mike. D’ailleurs, tout lemonde fait assez jeune ici. On a finit visiter le bateau à José. Je lui avais proposé la veille. On a pris un taxi, car marcher auraitpris trop de temps, car aussi, il devait prendre un aluguer à11h30, mais il en a trouvé un autre, qui part plus tard. Lesautres du bateau ne nous ont pas vus. On a demandé à despêcheurs de nous amener en barque. Ils ont ramé pour nous,c’était sympa. Retour en ville, go to the resto et José vientmanger avec nous. On lui paie le resto pour sa gentillesse.On mange du poulet, Ludo et José préfère le poisson, puison va au marché, histoire d’avoir deux, trois légumes fraispour ce soir. On recroise le petit bout de femme qui nous adit de monter si on n’avait pas peur, on est monté, elle estravie de nous revoir vivant. J’adore son sourire édenté, il estmagnifique. José nous négocie les prix, c’est fou commentc’est moins cher avec lui ! Donc les courses, après, on passeà la boulangerie, José nous trouve un taxi, des adieux cha-leureux avec un vieux un peu imbibé qui tape l’incruste. Aplus José, ne change de maison, on repassera… Un petitbout de taxi et retour au bercail, on amerrit, c’est bien le ba-teau en fait !!! Simon

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3 J O U R N É E S A U B AT E A U . . . p a r T h é o

R A N D O N N É E S À F O G O . . . p a r K É L I G

Ce matin je me lève au bateau en pensant aux trois jours que je vais passer avec Thierry, Kélig et Kévin.Cela va faire bizarre de passer de onze à quatre personnes. Unpremier groupe de rando est parti lundi en début d’après midi etun deuxième groupe (Ludo, Nina, Simon et Evolène) aveccomme objectif une géo-cache en haut du volcan Fogo.Pour ma part, ces trois jours se sont super bien passé. Il s’estpassé plein de choses. J’ai pu me rapprocher de Kévin en discu-tant avec lui et en rigolant. Nous avons aussi fait une superbecuisine comme une tarte aux pommes à quatre qui était trèsbonne. Nous avons aussi fini de taper les textes et moi, j’ai faitle texte du blog avec Kélig. Thierry a fait un plein de coursemercredi après-midi.Et nous, nous partirons en rando jeudi à 11h00, ce qui nous per-mettra de croiser Yann, Mike et Charles qui nous donneront desconseils pour notre rando. Je laisse le soin à Kélig et Kévin devous raconter notre rando.

Théodule.

Rando Kélig, Théo et Kévin :Aujourd’hui, je pars en balade avec Théo et Kévin. On en les tient plus, les sacs sont prêts depuis hier soir et moi je suis tou-jours sur l’ordi car je n’ai pas finit les écrits que je dois faire. Mais là, je sens qu’il faut y aller, les gars sont impatients et ducoup, je n’arrive plus à me concentrer. On entend siffler, c’est Yann, Charles et Mike qui reviennent de leur rando. C’est par-fait, ils vont pouvoir nous aiguiller un peu, car pour le moment, nous ne savons rien de cette île, nous n’avons pas de cartes eton ne parle pas beaucoup le portugais. Ils nous conseillent vivement de partir dans la caldeira et nous montrent une balade àfaire. Ils nous passent la carte, on s’embrasse et Thierry et Charles nous mènent à quai en annexe. On marche jusqu’à la pe-tite ville de Sao Felipe où je dois encore envoyer des photos à Christophe via le net. On pique-nique et nous nous mettons àla recherche d’un bus pour la caldeira. On comprend vite qu’il n’y en a plus. C’est trop tard, ils sont déjà tous partis. Oncherche d’autres solutions avec les différents chauffeurs de bus que nous croisons. Bon en gros la solution la mieux, c’estd’allonger les escudos, sinon, c’est trop haut, c’est trop loin, pas de voiture qui passe pour faire du stop. Bref, c’est pas la joie! On voit bien qu’on n’est pas dans le timing. Alors que je suis en pleine explication portugais-hispagnolo-français avec unchauffeur, nous rencontrons un guide, qui parle très bien français et qui nous refait tout le topo. On part avec lui chercher unaluguer, mais il n’y en a vraiment plus. Ils sont tous partis. Il ne reste plus que la solution du taxi à 4500 escudos. On estpassé de 6000 à 5000 puis 4500. C’est déjà mieux, mais ça m’embête quand même. Ça fait cher. Je regarde Théo et Kévin etc’est vrai qu’ils ont très envie de monter, surtout Kévin qui veut ramasser des cailloux pour Thierry. Allez d’accord, on y va.On monte dans le super taxi jaune, la classe ! Kévin et Théosont super contents et ne cessent de me remercier. Dès que l’on quitte Sao Felipe, l’ambiance change. Il y aplein de cultures, papayes, bananes, maïs. C’est très joli. Laroute monte, monte. On sent le côté paisible ici, tranquille.Nous demandons au chauffeur de nous déposer à l’entrée duparc naturel, à la pancarte. Là où l’on découvre le Pico deFogo, les coulées de lave et un peu plus loin, sur la route lacaldeira. Paysage lunaire, plaine de sable volcanique, noir.C’est majestueux, c’est magnifique d’entrer dans cet uni-vers, après seulement un virage. Nous marchons sur la routepavée jusqu’à trouver le début du sentier qui longe les rem-parts. Il est 17h, c’est sûrement vers là que Charles, Mike etYann ont dormi cette nuit. Ça ressemble tout à fait à cequ’ils nous ont décrit. Kélig

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On marche dans le sable et les cailloux du vol-can et on trouve un bel endroit pour faire notrecampement. Il y a un bon endroit pour mettrela tente et il y avait plein de bois pour faire unfeu de camp. Avec Théo et Kélig, on a installéla tente et préparé le bois pour le feu. Ensuite,je me suis baladé pour aller chercher des beauxcailloux pour offrir à Thierry parce que j’avaisun peu de peine qu’il ne soit pas venu. Aprèson a fait un feu de camp et on a cuit des pâtesau feu de camp. Quand on est allé dormir, avec Théo, dans latente, on s’est pris un fou rire.

Le lendemain matin on se réveille, nous déjeunons des gâteaux avec du lait concentré. Nous nouspréparons, on range les sacs, direction le village de Portela par le chemin qui longe les remparts dela caldeira. Sur le chemin, j’ai encore ramassé plein de cailloux, j’en avais plein mon sac. Quand nous sommes arrivés, on a cherché un aluguer. Mais il n’y en avait plus. Ils étaient partistôt le matin. Nous voyons une maison de touristes, la dame parle français et nous propose de re-garder l’exposition. On décide d’y aller. Après, on a marché sur la route en espérant qu’une voi-ture passe et s’arrête. Nous devons rentrer au bateau. On a croisé plein de voitures qui aller dansl’autre sens et hier c’était l’inverse… C’est bizarre quand même !! Alors on marche, on marche, ilfait chaud. Avec Kélig, on fait du transport de mouches sur nos sacs et toujours pas d’aluguer. Onse dit que peut étre ce soir, on ne sera pas au bateau. Si à 17h30 on marche toujours, on enverra unmessage à Thierry. Et d’un coup, il est 16h00, une voiture arrive. Le vendeur de poisson qu’on acroisé ce matin. Il s’arrête et peut nous amener jusqu’en bas. J’étais tout content, j’avais presqueenvie de danser la danse du cheval au milieu de la route. Pendant la route, la dame à côté de noussoufflait dans un coquillage pour prévenir qu’ils vendaient du poisson. Nous nous arrêtons dansun village où nous montons dans un autre aluguer, direction Sao filipe. Nous randonnons un peupour aller jusqu’au bateau et là, un aluguer s’arrête et nous dit « montez, c’est gratuit ! ». avecThéo, on était trop content, j’avais encore envie de danser la danse du cheval. Kélig aussi étaitcontente. Quand on arrive au bateau, on raconte un peu notre rando et j’ai offert tous mes caillouxà Thierry, un grand sac, il était tout content. Après on mange, j’étais tout fatigué alors j’ai dit bonnenuit les petits. Kévin.

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Samedi 8 décembre : «ça y est, c’est le dernier ! »A quelques heures, quelques repas et j’espèrequelques dauphins du départ. En route pour le der-nier texte. Le vent sur ma feuille est nord-ouest,20 nœuds, stylo vent arrière. La mer est belle, lamer est bleue, oui ça me rend joyeux. Départ de labelle île de Fogo à la caldeira si vaste et si diverse.Ça commence par deux heures de près, avec 25nœuds, ça brasse bien. On perd quelques équi-piers, les ¾. Mais où sont-ils ?? Charles est blanc,blême et bleurppp. Ludo est allongé et grognedans sa barbe quasi cubaine. Simon et Kévin sontécroulés. Heureusement, restent Mike et Nina quipeaufinent leur bronzage. Le maillot de baincontraste quelque peu avec la tenue de Kélig,veste de quart et pantalon, quand esthétisme etpragmatisme sont sur un bateau !! On s’éloigne deFogo tranquillement, Thierry et moi secourons noscamarades cambusiers, le repas est vite pris. Aprèsles estomacs ne sont pas de très bon poil. Le Picode Fogo surplombe l’île au loin, les brumes s’yaccrochent, quel beau caillou que cette îlot. Aprèsle petit goûter, Santiago dévoile son relief, là-bas au loin, ce qui réduit les quarts à 2heures, avec une arrivée prévue envi-ron à 2h du mat. Discussion avec Thierry après le repas, deux café pour moi et c’est parti pour les quarts. Le mien d’abordavec Evolène et Simon avec qui j’échange sur les cabanes ; Il faut que tu lises « Walden ou la vie dans les bois » Thoreaute plaira sûrement mon petit, de l’isolation, des utopies concrètes, moteur Pantone et autres batteries à énergie libre. Je meprojette mentalement sur mon terrain, le sol y est gelé et ma yourte fume sous le froid sec. J’espère au moins que le cielsera bleu… Puis vienne Kélig, Mike et Nina qui nous fera bien rire, elle dort et somnole pendant deux heures et nous posedes questions décalées. Mike, lui écrit un poème, une ode au capitaine, puis fait rimer phare, soir, espoir… Si le gossbeause révèle orfèvre du mot, finit les râteaux !! Puis vient le tour de Tit et Charles. On rigole pas mal, Santiago arrive, ça sentle plastique qui brûle… Bienvenu au mouillage de la plus grosse ville du Cap-Vert. Ludo est Kélig se réveillent pour lamanœuvre. Ça croche sans décrocher. Un sound-system hyper sonorisé nous accueille. Je me cale sur le filet et profite desderniers tubes de la soupe commerciale mondialisée et entre reggaeton nasillard et boum boum criard, le doux grésillementd’un vinyle de cumbia colombienne des années 60 vient à me manquer, parce que sinon, sur GN, la musique, lé pas mal dutout. C’est du bon, du rond, du joli, du bon son ! De quoi rythmé le ballet naturel du petit déjeuner. C’est à voir ce ballet ;ça commence par un beau tableau, une nature morte, plutôt bien ordonnée, quelques pots de confiture, du pain, thé et caféfumant. Le tout posé sur un plateau fleuri. Puis le peuple adolescent se réveille, s’installe, se gratte un peu aux entournures,jugeant déjà du regard ce qu’il va pouvoir aspirer, euh pardon, avaler, tout le monde est là… Et soudain, comme unébrouement de jeunes pur-sang nerveux, zdoing ! C’est parti ! Entre un pogo sur porcherie des Bérus et une nuée de pi-geons parisiens sur un BN, entre l’hystérie des premiers jours de solde chez nos amis consommateurs et la bataille du gouf-fre de Helm, ça joue des coudes, de la cuillère et du couteau… la confiture se prend des claques, le pain disparaît, il nereste que des miettes (quoique parfois, elles aussi disparaissent) pour attenter de sa présence, le thé est sifflé, les céréalessont absorbées, le jus de fruit dégommé, puis les fauves, repus se calment. Sur le plateau et la table, des ruines fumantes, labataille est finie, quelques coups de langues et de crocs, trente minutes viennent de s’écouler. C’est l’heure de l’au revoir.Merci à vous pour ce show quotidien, je suis obligé de me rabattre sur les documentaires « grands fauves du Serenguetti !» Ces deux mois chouettes et chaleureux, chauds et chatoyants, ça bouge chez chacun de vous, à vos rythmes, la pulsationvoyageuse a pris racine en chacun je le sens. A vous les contrées inédites, latitudes évocatrices, les mers bleues, les pois-sons fous… A vous la faim du monde, ouvrez vos oreilles, écarquillez les yeux, inspiration, expiration, planète respiration,tempo navigation, l’Atlantique vous attend, une belle traversée à venir, c’est sûr… On se retrouvera dans les rêves, le pois-son volant qui ne lâchera pas le bateau, ça sera moi ! Profitez encore et encore, c’est l’unique que vous vivez, profitez en-core et toujours de chaque heure, de chaque jour. On se tient au jus, restons connectés, je vais rejoindre l’hiver et lesréjouissances de fin d’année, on se reverra sur les quais en juillet. J’aurai des dents c’est sûr et vous aurez oublié l’usagedes chaussures…. Que les alizés vous portent mes amis !!Biemvendo Christobal, claquez une bise au poulpe géant, portez vous bien, prenez soin de vous …Chao. Yann

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Le 9 décembre : Dernier dimanche au Cap-Vert. Nous sommes arrivés à la capitale de nuit. Nous découvrons la baie de Praïaau petit matin. Le lieu n’est pas charmant, odeurs d’égouts, décharge à flanc de colline, grand port et grandeville. Une discothèque a tourné toute la nuit. Pour être déjà passé ici, je sais que la ville est un peu plus ac-cueillante, là-haut, sur le plateau. Mais c’est toujours une question de goût personnel.Je vais passer ma journée à écrire un compte-rendu, mes textes et du courrier perso. C’est le contrecoup dequatre belles journées de rando passées à Fogo avec une bande de jeunes. Hier j’étais de cuisine et un peumalade, donc je n’ai pas avancé… Chacun s’occupe, écriture, baignade, bronzage et rangements.Yann est à la cuisine. Il s’active pour nous gâter car ce sera la dernière fois avant son départ. Et oui, il partdans deux jours. Cela suscite pas mal d’émotions et de questions, tout comme l’arrivée de Christophe. C’estun changement conséquent pour l’équipage, après deux mois de vie commune. Certains l’expriment plus oumois, par les mots ou par leur attitude. Les séparations ne sont pas facilesn surtout quand ça se passe bien.Il va nous manquer Yann !Deux mois, c’est un premier chapitre de l’histoire « Grandeur Nature 2012-2013 » qui se termine. Nous se-rons bientôt en mer, en route pour la transat, pour l’hémisphère sud, pour le passage de l’Equateur, pour unpetit bout de Brazil, en route pour les forêts tropicales de Guyane et de Dominique et toujours un peu plus enroute pour la rencontre avec les baleines. Combien de jours va durer cette traversée ? Aurons-nous du ventn de la houle ?? Y-aura-t-il des grains ?? LaZIC sera-t-elle facile à passer ?? Va-t-on pêcher souvent ?? Tel un enfant curieux et impatient, je me poseplein de questions. Des questions, je m’en pose énormément depuis deux mois, car cette aventure fait réfléchir tout le monde jecrois. Je me demande souvent si je fais bien, si je peux faire mieux, ou plus avec les jeunes… Je me demande aussi si j’en fais assez ??Je me demande même parfois ce que je fais là.Je me demande ce que mes collègues pensent de moi, si je suis à la hauteur.Je me demande pourquoi je fais ce métier ou si jepourrais faire autre chose.Des fois, j’aimerai être seul sur le bateau, des foisles jeunes m’agacent.Mais souvent, je me sens bien avec vous, alors jepréfèrerai que l’on passe le canal de panama pourque ça dure plus longtemps. Je me demande ce que je ferai en rentrant, mais jepréfère ne pas trop y penser, car je n’ai pas encore deréponse. Ma seule certitude c’est que je serai à Sètefin juillet, pour votre retour. Voilà, ça chamboule cette aventure, c’est quandmême un sacré challenge. On a beau être en short au soleil, c’est pas toujoursfacile, mine de rien !Et puis, j’aime pas quitter le Cap-Vert. J’adore cepays, ces gens. C’est mon coup de cœur. Depuis lesrandos et les rencontres que l’on a faites, mes équi-piers comprennent mieux pourquoi. Mais bon,comme on se disait avec Charles, les escales quinous attendent ont quand même sacrément la classe !Alors, on va faire péter les watts ??? Pas vrai Kévin ??? Ludo

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U N D I M A N C H E À P R A Ï A . . . p a r L u d o

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D ’ U N C H A N T I E R . . . p a r K é l i g

Le 10 décembre : « d’un chantier à un autre »Ma journée commence à 5h lorsque j’entends unavion passé au dessus du bateau. Mes oreilles etmon cerveau sont alerte car c’est aujourd’hui queChristophe et cet avion, il est sûrement dedans ! Jeme dis du coup qu’il nous reste une bonne heureavant qu’il n’arrive sur le quai. Je ne me redorspas vraiment. Je pense à tout ça, le départ deYann, l’arrivée de Christophe, à ce que tout celava opérer. Christophe connaissant l’aventurejusqu’au bout des doigts, ça va être bon de l’avoirparmi nous. Rassurant pour les escales qu’on neconnaît pas (Fernando et la Guyane), plaisantpour toutes les histoires et anecdotes qu’il a à ra-conter et dynamisant pour notre rythme qui par-fois a du mal à décoller je trouve. Grand merci àYann pour ce qu’il est et ce qu’il a apporté augroupe et à chacun. A très bientôt !! D’ailleurs,c’est lui qui toque à notre cabine pour nous préve-nir de l’arrivée de Christophe sur le quai. AvecThierry, on met l’annexe à l’eau, les rames et nous voilà partis en croisière, en amoureux, traversant le ma-gnifique mouillage de Praïa, entre les flaques d’hydrocarbures, mêlées aux odeurs d’égouts et de poisson…Romantique non !?? Christophe est là, bien campé sur ses deux jambes avec son gros sac et sa valise. C’estlui, il n’a pas changé. A peine monté dans l’annexe qu’il nous raconte déjà ses histoires de travaux dans lacuisine ! La recherche de l’évier rare, la nouvelle chaudière, le nouveau carrelage… Voilà ce que fut le quoti-dien de Christophe ces deux derniers mois… Du coup, ça a passé très vite pour lui… Et pour nous aussi jedois dire…On se retrouve donc à 12 autour du petit déjeuner. Ça doit lui faire légèrement bizarre à notre Christophede se retrouver comme ça, du jour au lendemain, de Sète à Praïa au Cap-Vert. Remarquez, il passe simple-ment d’une cuisine en chantier à un groupe en chantier… C’est aussi une belle cuisine… Un peu de bonsens, beaucoup d’humanisme, une poignée d’amour, une pincée d’humour et hop, on mélange et la mayon-naise prend !Donc petit déjeuner de retrouvailles ce matin et en même temps, il faut aussi que l’on s’active car on aquand même une traversée à préparer et cette traversée, c’est pour demain. Alors ce matin, il y aune équipemarché composée de Charles, Kévin, Théo, Nina et moi. Thierry part en même temps que nous pour noussignaler à la police et prendre contact avec Marc, monsieur l’Ambassadeur du Luxembourg qui nous a gen-timent proposé de nous remplir nos bidons d’eau avec l’aide de son 4*4. La ville de Praïa ne ressemble pas à Mindelo sur Sao Vicente. Ici, ça semble plus grand, plus développé ouça veut donner l’apparence d’être plus développé. L’arrivée au marché nous surprend quelque peu. On se sent parachuté. Il y a du monde, beaucoup demonde, surtout des femmes qui portent des énormes bassines d’oranges, de bananes, de poissons, sur latête et surtout, très peu de place pour circuler. Nous sommes sollicités de partout « mes pommes, mesprunes (congelées), mes oranges… !!!Nous sommes un peu perdus, surtout Kévin pour qui les gens parlenttrop fort, c’est trop petit, il a soif, mal aux jambes, à la tête… Les prix sont beaucoup moins chers qu’à Min-delo, plus de la moitié ! On fait deux groupes : Charles et Nina d’un côté qui s’occupent de tous les fruits etKévin, Théo et moi de l’autre pour le reste… Bon nos sacs sont bien remplis et le porte-monnaie bien vidé,on peut redescendre jusqu’à la plage. Retour au bateau en annexe, Nina est énervée, va savoir pourquoi,peut-être les changements du moment, elle va plonger, bonne idée ! Thierry et Yann s’occupent de l’eau, ilsont rancard avec Marc. Le 4*4 est sur la plage. 74

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À U N A U T R E . . . p a r K é l i g

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Pendant ce temps, au bateau, nous sommes tous autour de Christophe qui fait le facteur. Il ouvre sa valiseet on découvre le courrier. Il y en a pour tout le monde et c’est chouette, même pour Thierry et moi. Mikeest l’heureux gagnant avec une vingtaine de lettres. Chacun s’isole un peu pour déguster dans l’intimité cepetit bout de France, de familles, d’amis. Moi, j’attends ce soir pour ouvrir tout ça avec Thierry.Yann nous racontera ensuite, autour d’un bon plat de thon, que ce monsieur l’ambassadeur dépeint uneréalité du pays pas très riante. Une grande inégalité entre les différentes îles : mauvaise répartition du bud-get ! Tout est centralisé à Santiago et le gouvernement ne sait pas grand-chose de ce qui se passe ailleurs. Leracisme envers les Africains du continent serait très présent ici, à Santiago. En tout cas, lui, par ici, il s’en-nuie. Là où il est bien, c’est dans ses 15000 hectares de terre en Namibie. Il a donné sa carte à Yann etThierry si toutefois l’envie leur prend d’aller chasser l’antilope en Namibie. De notre côté, pas de temps à perdre, on reprend l’organisation. Equipe supermarché c’est qui ?? J’ai bienl’impression que j’en suis encore, Charles aussi d’ailleurs, c’est notre journée courses à tous les deux, ainsique Mike, Simon et Yann. Des sacs à dos, des sacs cabas et une belle liste de courses… Annexe, plage, esca-lier, route, ville… Leader price…Vide… On nous guide vers un autre supermarché, on sépare la liste endeux et c’est parti ! On remplit les caddies de boîtes de conserve, de pâtes, farine, sucre et même uneénorme boîte de 36 saucisses à hot-dog que Simon et Mike voulaient absolument acheter. On fait un pointau milieu du magasin. Tout cela semble trop pour nos sacs, dos et cabas. Je réfléchis un peu et lance qu’ilfaut aller au bout, on n’a pas le temps de faire plusieurs tours ou même de revenir demain. D’ailleurs,bravo les gars, car nos dos ont vraiment soufferts. 39000 escudos, 1.50m de ticket de caisse, pas possible depayer par carte bancaire… Aïe… Heureusement que le distributeur est derrière !! Retour au bateau, annexe,plusieurs tours rangement ! Ce soir, c’est au tour de Christophe, Charles, Mike et Kévin de faire une chouette rencontre. Ils partent surle bateau de pêche voisin pour discuter, visiter, échanger. Et ce fut à priori, très intéressant. Deux Portugaisqui parlent français et un Cap-Verdien. Histoire particulière, personnages sympathiques dirait-on !C’est aussi ce soir, le dernier moment pour écrire du courrier qui pourra partir directement en France avecnotre facteur Yann. Mike se motive pour répondre à tous ses admirateurs. Les enveloppes s’empilent.Avec Thierry, nous nous retrouvons dans la cabine, à 22h30, pour enfin apprécier nous aussi les nouvellesde nos familles et amis. On est gâté par la vie et j’en suis ravie !! Kélig

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LLee 1111 ddéécceemmbbrree :: «« YYaannnn eesstt ppaarrtt ii »»LLee 1111 ddéécceemmbbrree :: «« YYaannnn eesstt ppaarrtt ii »»CCee mmaattiinn,, jjee mmee ssuuiiss rréévveeiilllléé.. BBoonnnnee nnoouuvveellllee dd’’aaiilllleeuurrss,, ccaarr ssii jjee nneell’’ééttaaiiss ppaass rréévveeiilllléé,, ççaa aauurraaiitt ééttéé mmaauuvvaaiiss ssiiggnnee.. AApprrèèss cceett hheeuurreeuuxxpprrééssaaggee dd’’uunnee jjoouurrnnééee bbiieenn vviivvaannttee,, jjee mmee rreennddss ssuurr llee ppoonntt ppoouurr lleeppeettiitt ddèèjj.. AApprrèèss,, lleess aauuttrreess ffoonntt lleeuurrss ttââcchheess rreessppeeccttiivveess.. MMooii,, vvuu qquueejjee mmee ffaaiiss rrooyyaalleemmeenntt cchhiieerr,, jjee ffaaiiss llee ttoouurr dduu bbaatteeaauu eett mmêêmmee ppaass ààllaa nnaaggee…… ççaa yy eesstt,, lleess aauuttrreess oonntt ffiinnii.. AAvveecc LLuuddoo eett EEvvoollèènnee,, oonn ffiilleeaauu ccyybbeerr--ccaafféé ppoouurr eennvvooyyeerr ttoouuss lleess mmaaiillss,, pprreennddrree llee ccllaasssseemmeenntt dduuVVeennddééee GGlloobbee eett llaa mmééttééoo.. LLuuddoo ppaarrtt aacchheetteerr dduu ppaaiinn,, jjee rreessttee aauuccyybbeerr aavveecc EEvvoollèènnee ppoouurr ffaaiirree iimmpprriimmeerr llee bbiilllleett ddee YYaannnn,, ccaarr iillnnoouuss qquuiittttee cceett aapprrèèss--mmiiddii.. AApprrèèss,, LLuuddoo rreevviieenntt nnoouuss cchheerrcchheerr ppoouurrffaaiirree lleess ttoouutteess ddeerrnniièèrreess ccoouurrsseess :: lleess œœuuffss,, dduu sshhaammppooiinngg,, uunn ppeeuuddee ppaaiinn,, dduu ffrroommaaggee eett dduu tthhéé.. HHiieerr,, oonn aavvaaiitt ffaaiitt lleess ggrroosssseessccoouurrsseess,, ddoonncc ppoouurr lleess ggrroosssseess ffoouurrnniittuurreess,, cc’’eesstt bboonn.. OOnn vvéérriiffiiee llaacchheecckk--lliisstt,, ttoouutt eesstt bboonn,, oonn rreennttrree aauu bbaatteeaauu.. EEnn aarrrriivvaanntt aauu bbaa--tteeaauu,, oonn rreennccoonnttrree llee ccaappiittaaiinnee dduu DDjjaazzzz,, uunn bbaatteeaauu ddee ppêêcchhee iimm--mmoobbiilliisséé iiccii,, uunn ppeerrmmiiss mmaannqquuaanntt eesstt eenn ccoouurrss.. VVuu qquu’’iill eesstt 1133hh,, oonniinnvviittee llee ccaappiittaaiinnee eett ssoonn ééqquuiippiieerr àà mmaannggeerr.. TTiieennss,, ççaa sseenntt llee ddéé--ppaarrtt ppoouurr YYaannnn.. IIll cchhooiissiitt uunn lliivvrree ppoouurr llaa sseemmaaiinnee eett ppoouurr ddaannssll’’aavviioonn.. FFiinnaalleemmeenntt lleess aaddiieeuuxx,, uunnee ddeerrnniièèrree pphhoottoo ddee ggrroouuppee,, uunnggrrooss ccaalliinn,, eett uunn eemmbbaarrqquueemmeenntt ppoouurr llee DDjjaazzzz.. IIll vveeuutt qquuaanndd mmêêmmeeggooûûtteerr llee rrhhuumm dd’’iiccii eett ddiissccuutteerr uunn ppeeuu pplluuss aavveecc cceess ppêêcchheeuurrss qquuiinnee ppêêcchheenntt qquuee ddeess rreeffuuss ddee ppeerrmmiiss.. AApprrèèss,, iill ppaasssseerraa uunnee sseemmaaiinneeaauu CCaapp--VVeerrtt eett rreeppaarrttiirraa eenn aavviioonn ddiimmaanncchhee pprroocchhaaiinn.. VVooiillàà lleessaaddiieeuuxx ssoonntt ffaaiittss,, oonn llèèvvee ll’’aannccrree,, oonn hhiissssee llaa ggrraanndd--vvooiillee eett nnoouussvvooiillàà ppaarrttiiss ppoouurr uunnee nnaavviiggaattiioonn ttrraannssaattllaannttiiqquuee.. 1100 jjoouurrss ddeepprréévvuu,, uunn ppeeuu mmooiinnss àà mmoonn aavviiss.. LLeess îîlleess dduu CCaapp--VVeerrtt ss’’ééllooiiggnneennttlleenntteemmeenntt,, oonn aappeerrççooiitt FFooggoo qquuii sseemmbbllee vvoolleerr ssuurr uunn nnuuaaggee…… AAuu rree--vvooiirr…… DDee ll’’ééppiissooddee CCaapp--VVeerrtt,, nnoouuss aalllloonnss ttoouurrnneerr llaa ppaaggee…… SSiimmoonnSSiimmoonn

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