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Dossier de presse Exposition Du 7 décembre 2011 au 19 mars 2012 Fantin-Latour, Manet, Baudelaire L’Hommage à Delacroix Contact presse Laurence Roussel [email protected] Tél. 01 40 20 84 98

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Dossier de presse Exposition Du 7 décembre 2011 au 19 mars 2012

Fantin-Latour, Manet, Baudelaire L’Hommage à Delacroix

Contact presse Laurence Roussel [email protected] Tél. 01 40 20 84 98

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Sommaire

Communiqué de presse page 3 Préface par Henri Loyrette, Président directeur du musée du Louvre page 5 Parcours de l’exposition page 7 Poème d’inauguration pour le monument d’hommage à Delacroix page 13 Publications page 14 L’histoire du musée Eugène-Delacroix page 15 Visuels disponibles pour la presse page 17

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Direction de la communication Contact presse Anne-Laure Beatrix Laurence Roussel [email protected] - Tél. : 01 40 20 84 98 / Fax : 54 52

Fantin-Latour, Manet, Baudelaire

L’Hommage à Delacroix

Si 1863 est l’année du scandale du Déjeuner sur l’herbe de Manet au Salon des Refusés, c’est aussi celle de la mort d’Eugène Delacroix dans son appartement de la place de Fürstenberg. Choqué par la tiédeur des hommages officiels rendus à l’artiste lors de sa disparition, Fantin-Latour, encouragé par Manet et Baudelaire, se lança dans la réalisation de son fameux Hommage à Delacroix pour le Salon suivant : grande toile-manifeste qui rassemblait une nouvelle génération d’artistes novateurs et de critiques comme Baudelaire et Champfleury, autour de l’austère effigie du maître disparu. L’exposition du musée Delacroix retrace l’aventure de cette toile, sa conception, les variantes, les élus et les exclus parmi les figurants. Grâce aux prêts exceptionnels de nombreuses institutions françaises et étrangères, elle relate cette fraternité artistique à travers les œuvres croisées des artistes en présence et celles qui les rattachent à l’héritage de Delacroix.

La réception du tableau par la critique de l’époque fut assez vive : on dénonça une captation d’héritage, usurpé par une bande de Réalistes. L’admiration de la plupart pour l’œuvre de Delacroix est pourtant indéniable, même si l’exposition explore les compromis et les alliances de circonstance : une histoire qui commence par une camaraderie d’atelier et de café d’artistes – la « Société des Trois » formée par Fantin-Latour, Legros et Whistler – et s’achève bien après l’exposition du tableau en 1864. Mais en 1889, lorsque Fantin-Latour brosse une nouvelle allégorie à la gloire de Delacroix, Immortalité (musée de Cardiff), les temps ont changé. L’artiste s’est détaché du courant Impressionniste et il choisit de ne représenter cette fois qu’une femme évanescente semant des pétales de fleurs sur le tombeau du maître. L’exposition se conclut sur l’hommage officiel confié finalement au sculpteur Dalou dont le grand monument de bronze est inauguré officiellement en 1889, dans les jardins du Luxembourg.

Commissaire de l’exposition : Christophe Leribault, directeur du musée national Eugène- Delacroix et adjoint au directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre.

Publication : Catalogue de l’exposition, sous la direction de Christophe Leribault. Textes de Stéphane Guégan, Christophe Leribault, Marie-Pierre Salé, Amélie Simier. Coédition Le Passage / musée du Louvre Editions. 168 p., 104 ill., 28 €.

Communiqué de presse Exposition 7 décembre 2011 19 mars 2012 Musée national Eugène-Delacroix

Henri Fantin-Latour, (1836-1904) Hommage à Delacroix, musée d’Orsay © RMN (Musée d'Orsay) /Hervé Lewandowski

Informations pratiques : Exposition ouverte tous les jours, sauf le mardi, de 9h30 à 17h (fermeture des caisses à 16h30). Musée national Eugène-Delacroix 6, rue de Fürstenberg / 75006 Paris 01 44 41 86 50 www.musee-delacroix.fr Tarif : 7 € Gratuit pour les moins de 26 ans ressortissants de l’Union européenne et pour tous le 1er dimanche de chaque mois. Accès gratuit avec le billet d’entrée du musée du Louvre le même jour.

Avec les prêts exceptionnels du musée d’Orsay

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AUTOUR DE L’EXPOSITION

A l’auditorium du Louvre Présentation de l’exposition Mercredi 25 janvier à 12h30 Par Christophe Leribault, musée du Louvre et musée national Eugène-Delacroix.

Au musée Delacroix Concert : Autour du piano Vendredi 10 février 2012 à 20 h, Ouverture des portes dès 19 h 30 Musée Eugène-Delacroix, 6 rue de Fürstenberg, 75006 Paris Réservation obligatoire : 01 44 41 86 50 Dans le cadre de l’exposition, récital de la pianiste Alice Ader autour des compositeurs du temps, dans l’atelier de Delacroix. Œuvres de Johannes Brahms, Gabriel Fauré, César Franck, Déodat de Séverac, Claude Debussy, Emmanuel Chabrier.

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Le titre de la toile de Fantin-Latour, Hommage à Delacroix, sonne comme celui d’une exposition que le musée dédié au culte du vieux maître aurait pu organiser, avec un brin de solennité, à l’occasion d’un anniversaire – celui, par exemple, de la disparition de l’artiste dans ses murs mêmes, en 1863. Jamais pourtant ce tableau-phare n’y avait été présenté. L’œuvre fait partie des fleurons, avec le Déjeuner sur l’herbe de Manet, de la mythique donation d’Étienne Moreau-Nélaton au Louvre, dont on sait qu’elle exclut les prêts à l’extérieur du musée. La création du musée d’Orsay a toutefois conduit au-delà de la Seine certaines œuvres de la collection – certaines seulement, les Delacroix et les Corot étant restés au Louvre. Le rattachement du musée Delacroix au Louvre en 2004 autorise un pareil changement de rive. Mais avant même ce transfert institutionnel, dès 1948, les descendants de Moreau-Nélaton avaient accepté que des prêts importants soient accordés au musée Delacroix, eu égard à l’admiration du donateur pour un artiste dont il avait fait un de ses sujets de recherches favoris comme historien de l’art. Dans son étude en deux tomes, Delacroix raconté par lui-même (1916), il reproduisait d’ailleurs la toile de Fantin-Latour, alors encore en sa possession, ainsi que le monument de Jules Dalou, et leur consacrait quelques pages qui concluent son grand ouvrage. Hommage à Delacroix et à Fantin-Latour, l’exposition se doit donc de l’être à Étienne Moreau-Nélaton, mais aussi à Madame Fantin-Latour, Victoria Dubourg, elle-même peintre talentueuse, épouse attentive et veuve scrupuleuse, qui classa l’atelier, rassembla les documents, recopia les manuscrits, en répartit les versions pour en assurer la survie et offrit au Louvre une série d’albums de dessins dont sont tirées ici, pour la première fois, toutes les études préparatoires au tableau. Cet assaut de pensées respectueuses envers les artistes et les donateurs ne doit pourtant pas cacher une autre réalité : l’événement qu’est la présentation de ce tableau dans l’atelier même de Delacroix ne se teinterait-il pas des couleurs du sacrilège ? Derrière cet hommage à la fois austère et éclatant d’une nouvelle génération envers ce grand devancier, le soupçon a toujours plané qu’il y avait là autant d’autopromotion que de filiation directe avec le vieux lion solitaire de la rue de Fürstenberg. Laissons aux auteurs du catalogue le soin de démêler l’écheveau de la genèse du tableau, la question de sa réception critique et, au-delà, le roman vrai des relations croisées entre les protagonistes de la toile. Certains d’entre eux sont tellement célèbres et étudiés, de Manet à Baudelaire, qu’il n’était guère nécessaire d’y revenir en détail. D’autres restent si méconnus que montrer leurs œuvres, comme celles de l’attachant Albert de Balleroy, est déjà l’occasion d’heureuses redécouvertes. Mais le mérite du catalogue est aussi de mettre en valeur les relations intimes entre trois des personnages les plus liés entre eux et jusqu’ici traités plus individuellement qu’en groupe : Whistler, Legros et Fantin-Latour, cette bande des trois du Paris-Londres des années 1860. De ces divers éclairages, il ressort que l’influence de Delacroix fut celle d’un catalyseur d’énergies nouvelles en mal de cohésion et que l’artiste offrait à cette génération un modèle de liberté plus précieux encore que des recettes picturales. Plutôt que d’alimenter contre les faits le vieux mythe de Delacroix père de l’impressionnisme, il faut porter au crédit du musée qu’il a su illustrer, dans une perspective plus juste et plus originale, la force d’une œuvre qui transcende les styles et qui a toujours su susciter l’admiration des plus grands artistes, de Van Gogh à Picasso, de Cézanne – dont on regrettera de ne pas avoir pu exposer L’Apothéose de Delacroix du musée Granet – à Maurice Denis, le fondateur du musée Delacroix. Ce dernier n’avait-il pas su réunir, parmi les premiers parrains de la Société des Amis au début des années 1930, Matisse, Signac, Bonnard et Vuillard ?

Préface Par Henri Loyrette,

président-directeur du musée du Louvre

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

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Quatre-vingts ans plus tard, en 2007, l’actuelle Société des Amis du musée Delacroix offrait une touchante esquisse peinte pour le tableau de Fantin-Latour, acquisition qui fut à l’origine de ce projet exemplaire. On ne soulignera jamais assez le rôle actif de cette Société pour la vie de l’établissement. Cette exposition n’aurait pu être non plus organisée sans le concours exceptionnel du musée d’Orsay. Son président, Guy Cogeval et ses collaborateurs ont accueilli avec enthousiasme ce projet et accordé d’emblée le prêt du tableau de Fantin-Latour et des nombreux dessins, pour l’essentiel inédits, qui forment le cœur de l’accrochage. Aussi nous est-il vraiment agréable de souligner cette collaboration entre les deux établissements, tant pour les prêts que pour les contributions au catalogue. La Fondation Custodia, dirigée à présent par Ger Luijten, a su acquérir et continue à enrichir un fonds d’autographes de Fantin-Latour et de ses correspondants en tout point exceptionnel ; il est présenté à l’exposition par une sélection de pièces, mais nombre d’autres documents inédits ont nourri le catalogue. Le département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, en la personne de sa directrice, Sylvie Aubenas, a soutenu, comme à l’accoutumée, l’exposition par des prêts capitaux. Autres institutions habituées à nos sollicitations, le musée du Petit Palais et le musée Carnavalet ont répondu à l’appel avec la même générosité. La Bibliothèque centrale et les Archives des Musées de France ont permis également de partager avec les visiteurs certaines découvertes documentaires qui font la richesse de cette présentation. Cette exposition ambitieuse a eu recours aussi à des prêts internationaux : c’est la première fois que le Rijksmuseum d’Amsterdam, le National Museum Wales à Cardiff, le Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid et le musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel ont accepté de se dessaisir d’œuvres significatives en faveur du musée Delacroix. De même, les musées des Beaux-Arts de Bayeux, de Bordeaux, de Grenoble, de Lille et de Lyon, ainsi que le musée Fabre de Montpellier nous ont accordé sans la moindre hésitation des œuvres importantes de leur collection. La galerie Paul-Prouté et des collectionneurs particuliers ont également répondu favorablement à nos demandes, notamment notre ami Kip Forbes, Chairman of the American Friends of the Louvre, et Madame Karen B. Cohen, grande donatrice du Metropolitan Museum de New York, dont le musée Delacroix, sa seconde maison, est fier du soutien attentif qu’elle lui apporte. Après le succès public remporté par les deux précédentes expositions présentées dans l’atelier de Delacroix, c’est avec confiance que nous espérons que cette manifestation démontrera de nouveau que les objectifs scientifiques exigeants impartis au musée sont bien la voie d’un développement exemplaire.

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Fantin-Latour, Manet, Baudelaire :

l’Hommage à Delacroix 1863 : l’année du scandale du Déjeuner sur l’herbe de Manet est aussi celle de la mort d’Eugène Delacroix dans son appartement de la rue de Fürstenberg. Choqué par la tiédeur des hommages officiels rendus à l’artiste lors de sa disparition, Fantin-Latour se lança dans la réalisation de son Hommage à Delacroix pour le Salon suivant : toile-manifeste qui rassemblait une nouvelle génération d’artistes novateurs et de critiques, comme Baudelaire et Champfleury, autour de l’austère effigie du maître disparu. Manet, Whistler, Legros et les autres n’étaient pourtant pas des disciples fidèles, mais en se plaçant sous son égide, ils revendiquaient une même liberté artistique face aux conventions. Grâce aux prêts exceptionnels du musée d’Orsay et de nombre d’institutions françaises et étrangères, l’exposition retrace l’aventure de cette toile, sa conception et sa postérité, jusqu’à l’hommage officiel finalement confié au sculpteur Jules Dalou, dont le monument à Delacroix fut érigé dans les jardins du Luxembourg en 1890. Le parcours commence dans le salon et la pièce au fond à droite, puis se prolonge, via l’escalier du jardin, dans l’atelier où figure le tableau de Fantin-Latour. Il s’achève par le retour dans l’appartement, dans la chambre de Delacroix située à gauche du salon.

Le parcours de l’exposition Textes des panneaux didactiques de l’exposition

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Hommage à Delacroix, 1864 Huile sur toile Dimensions : 160 cm × 250 cm Paris, musée d’Orsay RF 1664 © RMN (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

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I - Delacroix et les Modernes L’effet imposant de l’Hommage à Delacroix, hérité des grands portraits de corporations de l’ancienne Hollande, a fait oublier le caractère paradoxal du tableau. La toile de Fantin-Latour, sans cesse reproduite, est devenue la preuve de la filiation directe entre Delacroix et les Impressionnistes – masquant, dans les faits, le peu d’estime du maître pour les débuts de ses jeunes confrères. Quelle était la légitimité de ces dix hommes à se mettre ainsi en avant en se déclarant ses héritiers ? L’admiration réelle de la génération nouvelle pour le style sans compromis de Delacroix est attestée par les copies auxquelles Fantin-Latour, Manet ou Renoir s’adonnèrent dans leur jeunesse d’après les toiles du vieux maître. Son coloris flamboyant et la liberté de sa touche semblent justifier cet ascendant de Delacroix sur les futurs Impressionnistes, sentiment renforcé par certaines études atmosphériques, marines ou ciels, où il explora avec hardiesse, dans les années 1850, les effets d’ombres colorées. Ces études restèrent toutefois cachées dans l’atelier jusqu’à la dispersion de son contenu à l’hôtel Drouot en 1864, lors de ventes publiques qui firent sensation. Reste la belle image qu’illustre ici la touchante vue de l’atelier par Frédéric Bazille, situé au dernier étage du bâtiment où nous sommes. Depuis sa verrière, le jeune peintre, avec Monet et ses autres amis, aurait épié avec enthousiasme les cent pas du vieux lion dans le secret de son jardin et de son propre atelier. Peu importe que Bazille n’ait emménagé ici qu’à la fin de 1864, après la mort de Delacroix : le ton y est. Le plus bel hommage est peut-être celui de Cézanne qui, vers la fin de sa vie, échangea auprès de son marchand Vollard un ensemble de ses œuvres pour pouvoir placer dans l’intimité de sa chambre à coucher à Aix-en-Provence, comme son plus beau trésor, le splendide Bouquet de Delacroix exposé ici-même.

Frédéric Bazille (1841-1870) L’Atelier de la rue Fürstenberg, 1865-1866 Huile sur toile Dimensions : 80 cm × 65 cm Montpellier, musée Fabre

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II - Fantin-Latour et les siens L’auteur de l’Hommage à Delacroix était un silencieux. Fils d’un portraitiste grenoblois, Henri Fantin-Latour (1836-1904) fut élève de Lecoq de Boisbaudran à la Petite École où étaient cultivées l’observation et la mémoire. Il fréquenta ensuite brièvement les Beaux-Arts puis l’atelier de Courbet. Mais c’est au Louvre, au contact des maîtres du passé, qu’il apprit son métier, multipliant les copies qui lui fournirent aussi ses premiers revenus. C’est là qu’il se lia avec Manet, Whistler et les autres. Pour lui-même et ses amis, il a peint et dessiné des autoportraits, comme il l’écrit à Whistler en 1859 : « Je rentre du Louvre, je dîne et de 5 h à 8 h du soir, je me mets devant ma glace et, en tête à tête avec la nature, nous nous disons des choses qui valent mille fois tout ce que la plus charmante femme peut dire, ah l’art ! » La dramatisation de l’éclairage souligne son attachement au Romantisme dont il cultiva la nostalgie au point de se détacher finalement des Impressionnistes, réservant son admiration au seul Édouard Manet (1832-1883). C’est autant par culte de l’amitié que par penchant pour le réalisme qu’il s’associa à partir de 1859 aux peintres et graveurs Alphonse Legros (1836-1911) et James McNeill Whistler (1834-1903) au sein de la « Société des Trois », fraternité qui éclata cinq ans plus tard tant leurs itinéraires esthétiques avaient divergé. À Londres, où ses deux confrères plus lancés lui offrirent leur appui, Fantin trouva un débouché enviable pour ces natures mortes et bouquets de fleurs qui allaient constituer durablement son moyen d’existence. Mais l’observateur consciencieux de la nature et fin mélomane voulait néanmoins en découdre avec le jury du Salon, lequel refusait presque toutes ses œuvres et celles de ses amis, afin d’obtenir une juste reconnaissance du public parisien. L’Hommage à Delacroix fut, au Salon de 1864, le premier de ses coups d’éclat, avant d’autres portraits collectifs qui scandèrent la carrière – pourtant essentiellement solitaire – d’un maître de l’austérité perdu dans une ville de lumières.

Musée Delacroix: l'atelier, vue intérieure Musée Delacroix © 2009 Musée du Louvre / Angèle Dequier

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III - La fabrique de l’Hommage Les circonstances sont connues : rentrant avec Manet et Baudelaire de l’enterrement de Delacroix au cimetière du Père-Lachaise, Fantin-Latour, indigné comme eux du manque de solennité de la cérémonie, se lança, avec les encouragements de ses amis, dans une grande toile en hommage au défunt. Même si Delacroix avait été comblé de commandes officielles, même si ses funérailles n’avaient pas été totalement dénuées d’éclat malgré une assistance clairsemée, les difficultés que l’artiste avait dû surmonter toute sa vie pour s’imposer et la modération des réactions à sa disparition en faisaient un porte-drapeau du combat de la nouvelle génération. C’est pourquoi Fantin ne reprit pas le souhait de Baudelaire que Delacroix apparaisse au milieu des grands hommes qui l’avaient inspiré, comme Shakespeare, Rubens, Goethe ou Byron. Le jeune peintre désirait davantage représenter l’hommage d’une relève bien vivante. Fantin envisagea toutefois une formule allégorique traditionnelle - un groupe d’artistes entourant le buste du maître couronné par une figure féminine de la Gloire - et chercha sur cette voie de septembre 1863 à janvier 1864, multipliant dessins et esquisses peintes. Ce n’est que le 27 janvier qu’il adopta un tout autre schéma : une galerie de portraits qu’il exécuta ensuite en urgence, sans autre dessin préparatoire, pour le Salon du printemps 1864. Ce revirement aurait été suscité par la vue d’une copie d’un portrait de groupe de Frans Hals, artiste que l’on redécouvrait alors. Appliquée de façon inédite à un groupe d’artistes, cette formule s’oppose à la représentation plus traditionnelle de l’atelier. Le portrait de Delacroix n’est pas sur un chevalet  mais accroché à la paroi d’un salon. Certains critiques remarqueront avec ironie que les admirateurs de Delacroix lui tournent tous le dos, même si son portrait – peint d’après une photographie – domine le groupe. Dans cet alignement rythmé, seul Fantin se distingue par sa blouse de peintre et sa palette. Au-delà du schéma d’ensemble, il convenait de régler la distribution finale des rôles. Certains amis de Fantin, évoqués un temps comme Myionnet, Ribot et Regamey, disparurent on ne sait pourquoi, d’autres, comme Dante Gabriel Rossetti qu’avait suggéré Whistler, ne purent se rendre à temps aux séances de pose. Fantin réserva en tout cas un espace bien en vue à Whistler lui-même, venu spécialement de Londres de même qu’Alphonse Legros, avec qui ils formaient la « Société des Trois ». En définitive, avec Manet, Cordier, Bracquemond et Balleroy, la toile réunit sept artistes, tous debout à part Fantin et trois critiques, Duranty, Champfleury et Baudelaire représentés assis, équitablement répartis de part et d’autre du portrait du maître. Pourquoi eux et pas d’autres, le choix allait forcément déchaîner la polémique, ce qui n’était pas pour déplaire au jeune artiste.

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Esquisse pour l’Hommage à Delacroix (1863-1864) Huile sur toile Dimensions : 25,5 cm × 26 cm Paris, musée Eugène-Delacroix MD 2008-21 © RMN (musée du Louvre) / Harry Bréjat

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IV - L’hommage au mort face aux vivants Derrière le caractère solennel de l’Hommage à Delacroix et son titre respectueux, se cachait un manifeste, celui d’une génération excédée par le poids de la tradition académique. Les tenants de celle-ci bloquaient régulièrement l’accès des œuvres de Fantin et de ses amis au Salon, suscitant en réaction en 1863, la création du « Salon des Refusés ». La réforme du jury qui suivit, pour mettre fin temporairement à ces désordres qui avaient finalement servi de faire-valoir à Manet et Whistler, offrit la possibilité aux scandaleux de la veille d’exposer leurs travaux au Salon officiel de 1864. L’Hommage y affichait une fière galerie de portraits d’artistes jusque-là rejetés des cimaises. Restait toutefois à voir figurer la toile en bonne place dans l’immensité des salles : Baudelaire tint à intervenir lui-même en écrivant au responsable de l’accrochage, sans grand effet d’ailleurs. Les critiques surent cependant la remarquer et la commenter abondamment. Il n’en alla pas de même de l’autre tableau exposé par l’artiste, Tannhäuser : Venusberg (Los Angeles County Museum of Art), hommage parallèle à Richard Wagner, tout aussi militant après la cabale qui avait frappé les représentations parisiennes de l’opéra en 1861. Le débat porta sur la légitimité des figurants de l’Hommage, dont l’identité n’était d’ailleurs pas donnée dans le livret du Salon : n’étaient-ils pas plutôt des suiveurs du plus décrié des maîtres, Gustave Courbet ? Ainsi Edmond About écrit avec causticité : « Une grande tête assez malpropre nous représente Delacroix enlaidi par le réalisme et si terrible à voir qu’une dizaine de bons bourgeois lui tournent le dos en faisant la grimace [.…] Mais peut-être M. Fantin-Latour a-t-il voulu consulter l’illustre mort, et lui dire : Vois comme nous faisons de mauvaise peinture depuis que tu n’es plus avec nous ! » Face à tant de mauvais esprit, les partisans du tableau n’avaient plus qu’à opposer leur foi en une peinture qui ferait cesser le supposé conflit entre réalisme et romantisme. L’œuvre avait, en tout cas, fait parler d’elle. Elle réussit également à intéresser un marchand londonien influent, Ernest Gambart, ce qui confirmait les perspectives de succès de l’artiste outre-Manche. Ce n’est qu’après plusieurs allers-retours entre les marchés anglais et français que la toile échut en 1897 au collectionneur Étienne Moreau-Nélaton, chez qui elle formait un pivot idéal entre de nombreuses œuvres de Delacroix et le Déjeuner sur l’herbe de Manet, qu’il offrit en bloc au Louvre en 1906. Mais loin de se satisfaire de ce premier succès de 1864, Fantin brûlait de récidiver, ce qu’il tenta au Salon de 1865 avec Toast! hommage à la Vérité, autre toile programmatique où figuraient en partie les mêmes et qu’il détruisit tant sa réception fut médiocre. Diverses tentatives avortées, comme L’Anniversaire de Baudelaire, marquent son désir de reprendre la formule de l’Hommage. Elles aboutirent en 1871 à Un atelier aux Batignolles, portrait de groupe tout à l’honneur de Manet mais où Fantin ne figure plus au milieu de ses coreligionnaires dont les innovations le rebutent. Pour lui, définitivement, « le Romantisme, c’est le véritable art moderne ».

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V - D’un hommage l’autre À la fin des années 1880, Fantin, recherché pour les bouquets de fleurs que lui réclame sa clientèle britannique, se lasse de cette production et décide de s’adonner davantage aux sujets d’imagination. L’univers de Wagner et de Berlioz offre au peintre mélomane autant d’occasions de s’évader de l’observation scrupuleuse à laquelle il s’astreint dans ses natures mortes. Ainsi en 1889, il présente au Salon, vingt-cinq ans après son premier coup d’éclat, un nouvel hommage à Delacroix, d’une tonalité tout autre, Immortalité (Cardiff, National Museum Wales), une figure féminine portant une palme et semant des fleurs sur le tombeau de Delacroix. L’accueil de la toile par la critique fut louangeur mais assez convenu, la grâce de l’allégorie inspirée de Prud’hon et son harmonie colorée s’inscrivant involontairement dans l’atmosphère symboliste du moment. Plus qu’un reniement de son premier hommage collectif, sans doute faut-il voir ici l’aboutissement d’un itinéraire personnel de Fantin, inspiré par ses recherches sur la transposition d’impressions musicales. L’artiste reprenait d’ailleurs ici, en l’inversant, un dessin en hommage à Wagner conçu pour le journal de Bayreuth. Ce regain d’intérêt pour Delacroix fut incontestablement motivé chez lui par le succès de la campagne destinée à élever un monument à la mémoire du maître, initiative lancée par Auguste Vacquerie et Alfred Robaut, l’auteur du catalogue de l’œuvre de Delacroix. L’appel à la souscription était le mode de financement le plus fréquent des monuments publics tout au long du XIX

e siècle pour la sculpture, mais c’était aussi une façon de forcer la main à l’administration. Fantin soutint le projet dès son lancement en 1884. Le critique Philippe Burty plaida pour un monument d’une grande sobriété, arguant du testament de l’artiste, lequel spécifiait que ni statue ni buste ne devait être placé sur son tombeau. Le sculpteur retenu, Jules Dalou, afficha plus d’ambition. Il adopta un parti allégorique, comme Fantin l’avait envisagé dans ses premières esquisses pour l’Hommage à Delacroix. Autour d’un piédestal supportant le buste du maître, le Temps ailé soulève la Gloire, qui tend une couronne, tandis qu’Apollon applaudit. Le souffle baroque de la composition contraste avec le buste emmitouflé du peintre pensif, pour lequel le sculpteur emprunta à l’effigie conçue par Carrier-Belleuse pour l’exposition Delacroix de 1864. Un exemplaire en plâtre du buste de Dalou domine aujourd’hui l’escalier du musée, à proximité de la petite place où l’on envisagea d’installer le monument avant de lui préférer le jardin du Luxembourg. Il y fut inauguré de façon tout à fait officielle le 5 septembre 1890 avec musique et discours. Ainsi était effacé le souvenir des pâles funérailles de 1863 dont l’ultime allégorie de Fantin, présentée ici dans la chambre même où s’éteignit Delacroix, semble encore évoquer la mélancolie.

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Chrysanthèmes dans un vase Huile sur toile Dimensions : 42,5 cm × 39,5 cm Madrid, musée Thyssen Bornemisza © Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

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O Delacroix ! songeur, poète, âme, génie ! Magicien vibrant d’orgueil et de courroux, Calme, fier, évoqué de la nuit infinie, Peintre de l’idéal, te voici devant nous ! Tes mains ont loin de toi rejeté le suaire, Et toi, le conquérant, jadis persécuté, Grâce à la piété du hardi statuaire, Te voici, tu renais pour l’immortalité. Terre et cieux, tu prends tout dans ton vaste domaine, Et si la clarté brille en ton œil enchanté, C’est que tu te donnas à la souffrance humaine. Le poème divin, c’est toi qui l’as chanté. Massacres, guerre, amour, fragilité, démence, Tu peignis tout, le sang pourpré comme les fleurs, Et l’enfer et l’azur, et dans ton œuvre immense L’héroïque Pitié lave tout de ses pleurs ! Ah ! l’avenir, le grand avenir magnanime, Est pour celui qui porte une plaie à son flanc Et qui ne peut pas voir un condamné sublime Sans laver ce martyr avec son propre sang. Il vivra, celui-là qui jette, comme Orphée, Une plainte que rien ne saurait apaiser, Et qui, domptant d’abord sa colère étouffée, Pose sur chaque plaie un fraternel baiser. O peintre ! la couleur sereine est une lyre ; Elle dit le triomphe à l’aurore pareil, Et l’épopée au glaive ardent, et le délire Du beau qui resplendit comme un rouge soleil. O Delacroix ! parmi les pages qu’illumine Ton âme, il en est une où, furieux encor, Apollon, clair vainqueur de la nuit, extermine Les monstres des marais avec ses flèches d’or.

Poème d’inauguration pour le monument d’hommage à Delacroix Théodore de Banville : « à Eugène Delacroix », Rimes dorées. Strophes dites par l’acteur Mounet-Sully, le 5 octobre 1890, pour l’inauguration du monument élevé à Eugène Delacroix au jardin du Luxembourg.

Haine, ignorance, erreur, tous les bourreaux de l’âme, Les mensonges avec les trahisons rampants, Le dieu tue et détruit, s’envolant dans la flamme, Tout ce tas de crapauds hideux et de serpents. Ce dieu, c’est toi, vivant dans la clarté première, Chassant l’obscurité détestable qui nuit, O toi qui t’enivras de la pure lumière Et qui n’eus jamais d’autre ennemi que la nuit. Mais tu peignis aussi, pur en ses chastes lignes, Caressé par la brise et par le doux écho, Un jardin où parmi les lauriers et les cygnes Retentissent les vers d’Homère et de Sapho. C’est là que, maintenant, rassasié de gloire, Tu contemples, superbe et d’un regard vainqueur, Les bosquets verdoyants et le temple d’ivoire À côté de Hugo, cet Eschyle au grand cœur. Le statuaire, en qui l’espérance tressaille, À modelé pour nous ce beau front sérieux, Ta lèvre au pli songeur, tes cheveux en broussaille, Et sous tes fiers sourcils tes yeux mystérieux. Et nous te saluons d’une ardente louange, O toi qui fus émus, grand homme, et qui pleuras, O traducteur du verbe égal à Michel-Ange, Qui pris le feu du ciel et qui t’en emparas ! Maintenant que ton œuvre austère et magnifique Brille dans la lumière et l’éblouissement, Et que, dans la verdure et l’ombre pacifique, Un flot mélodieux baigne ton monument, Notre Apelle triomphe ainsi que notre Homère, Et, tressant pour ton front des lauriers toujours verts, Cette fille d’Hellas, ta nourrice et ta mère,

La France avec orgueil te donne à l’univers.

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L’histoire du musée Eugène-Delacroix

L’appartement lui-même, situé au premier étage était composé d’un salon, d’une salle à manger, d’une petite pièce dont il fit sa bibliothèque, d’une chambre à coucher, d’une autre pour sa gouvernante, Jenny Le Guillou, ainsi que d’une cuisine et de quelques débarras. L’ameublement et le décor, connus grâce à l’inventaire après décès, ne se distinguaient ni par leur luxe ni leur originalité, même s’il convient de noter la présence dans le salon du grand portrait de la sœur de Delacroix, Madame de Verninac, par David (Louvre). Faute d’éléments suffisants, la présentation actuelle ne vise pas à reconstituer cet intérieur. Le musée bénéficie néanmoins du caractère intime des espaces, en soi évocateurs de la personnalité de l’artiste, qui s’éteignit le 13 août 1863 dans la chambre donnant sur le jardin. Loin d’avoir envisagé, à la manière d’un Gustave Moreau, la création d’un mémorial à sa gloire, Delacroix, mort célibataire et sans enfant, avait disposé dans son testament que l’intégralité de ses œuvres devait être vendue aux enchères, hormis quelques portraits de famille et pièces à choisir par ses proches. L’appartement du 6 rue de Fürstenberg, vidé de son contenu, fut restitué au propriétaire de l’immeuble, ainsi que l’atelier que Delacroix avait fait construire pour son usage dans le jardin. Ce n’est que l’annonce, en 1928, de la destruction possible de ce dernier, pour y bâtir un garage, qui suscita une vague d’émotion à l’origine du musée. Le sauvetage des lieux s’opéra en plusieurs temps, grâce à l’action de la Société des Amis d’Eugène Delacroix créée en 1929 dans ce but. Ayant obtenu l’abandon du projet de destruction, l’association s’engagea à louer l’atelier puis l’appartement. Elle y organisa alors une série d’expositions dont la première en 1932 fut inaugurée par le président Albert Lebrun, et se constitua une collection permanente alimentée notamment par les dons de son premier conservateur et mécène, le baron Vitta. Présidée par Maurice Denis, et comptant parmi ses membres des personnalités aussi prestigieuses que Paul Signac et Henri Matisse, la Société obtint d’emblée de nombreux prêts du Louvre.

Musée Delacroix: jardin et vue extérieure de l'atelier Musée Delacroix © 2009 Musée du Louvre / Angèle Dequier

C’est grâce à l’action d’un groupe de peintres, de collectionneurs et d’historiens de l’art que la dernière demeure d’Eugène Delacroix (1798-1863) dut d’être sauvée et transformée en un musée dans les années 1930. S’il n’est rattaché au Louvre que depuis 2004, le mu-sée Delacroix présente des collections parfaitement complémentai-res de sa maison-mère. Tandis que les grandes toiles-manifestes de l’artiste trônent dans les salles Mollien au Louvre, l’appartement de Delacroix offre un cadre intime à ses souvenirs et portraits fami-liaux tandis que son ancien atelier présente notamment des esquis-ses qui illustrent sa pratique de la peinture. En décembre 1857, dé-sireux de se rapprocher du chantier des peintures murales de l’é-glise de Saint-Sulpice, Delacroix s’installa dans cet appartement confortable mais dénué d’ostentation, après huit mois de travaux consacrés à la construction de l’atelier. L’endroit l’avait séduit pour le calme de la cour et l’agréable jardin dont le peintre avait la jouissance exclusive et dont il entreprit avec soin la rénovation et le fleurissement.

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La mise en vente de l’immeuble en 1952 menaça toutefois la pérennité de cette ambitieuse entreprise, mais finalement un arrangement fut trouvé : pour se porter enchérisseur du lot comprenant l’appartement et l’atelier de Delacroix, la Société vendit une partie de ses collections à l’Etat et les œuvres furent dès lors inscrites sur les inventaires du Louvre, pour une somme qui lui permit d’acquérir les murs eux-mêmes offerts à l’Etat. En 1956, la Société fait don à l’Etat des lieux en contrepartie de l’engagement d’en garantir l’ouverture au public. La Société des Amis du musée Eugène Delacroix, qui a été refondée en 2000 avec de nouveaux statuts, conserve un rôle actif dans la vie de l’établissement, notamment par la publication d’un bulletin annuel et par une contribution régulière à l’enrichissement des collections. L’ensemble du musée a bénéficié d’une rénovation au début des années 1990 accompagnée d’une extension à l’étage. L’acquisition en 2010 d’une partie du rez-de-chaussée de l’immeuble va engendrer une réorganisation plus rationnelle des espaces tant pour l’accueil d’un public croissant que pour la présentation des œuvres dans l’appartement. Par ailleurs, durant l’hiver 2011-2012, grâce à l’exploitation de nouveaux documents d’archives, le jardin du musée va pouvoir être rétabli dans une configuration plus proche de son état d’origine. Riche de plus d’un millier de pièces, la collection se compose d’un important fonds de dessins, d’estampes et de manuscrits de l’artiste ou de son entourage. Outre des toiles majeures comme L’Education de la Vierge (1842) et La Madeleine dans le désert (1848), ainsi que de nombreux dépôts notamment du département des Peintures du musée du Louvre, le musée conserve une série d’esquisses qui illustrent au plus près le travail de l’artiste. Cet aspect est renforcé par des objets personnels et les souvenirs qu’il rapporta de son voyage en Afrique du Nord en 1832, céramiques, armes, costumes et instruments de musique, qui lui servirent toute sa vie pour les compositions inspirées par ce séjour. Chaque année une exposition dotée d’un catalogue scientifique vient illustrer certains aspects de l’œuvre de Delacroix et de sa postérité. Le site internet www.musee-delacroix.fr présente l’actualité de l’établissement (concert, conférences, expositions, publications, nouvelles acquisitions, etc.) mais au-delà, il offre une riche documentation sur l’artiste et son œuvre, complétée par la base de données en ligne de ses lettres : www.correspondance-delacroix.fr (projet mené en association avec l’université de Paris IV-Sorbonne et le soutien de l’Agence nationale de la Recherche).

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Visuels de l’exposition Fantin-Latour, Manet, Baudelaire. L’Hommage à Delacroix du 7 décembre au 19 mars 2012 Les visuels sont libres de droit avant, pendant et jusqu’à la fin de l’exposition. Ils peuvent être utilisés uniquement dans le cadre de la promotion de l’exposition. Les images peuvent être téléchargées sur le nouveau site internet du musée du Louvre : www.louvre.fr Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer une copie de l’article : Musée du Louvre, Direction de la communication, 75058 Paris cedex 01

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Autoportrait, 1860 Fusain, lavis, encore noire Dimensions : 30.3 cm × 23.4 cm Lille, Palais des Beaux-Arts Inv. W 2076 © RMN (musée d’Orsay) / Jacques Quecq d’Henripret

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Hommage à Delacroix, 1864 Huile sur toile Dimensions : 160 cm × 250 cm Paris, musée d’Orsay RF 1664 © RMN (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Esquisse pour l’Hommage à Delacroix (1863-1864) Huile sur toile Dimensions : 25,5 cm × 26 cm Paris, musée Eugène-Delacroix MD 2008-21 © RMN (musée du Louvre) / Harry Bréjat

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Edouard Manet (1832-1883) La Barque de Dante, d’après Delacroix Huile sur toile Dimensions : 38 cm × 46 cm Lyon, musée des Beaux-Arts Inv. B 830 © RMN / Droits réservés

Frédéric Bazille (1841-1870) L’Atelier de la rue Fürstenberg, 1865-1866 Huile sur toile Dimensions : 80 cm × 65 cm Montpellier, musée Fabre Inv. 85.5.3 © Musée Fabre / Frédéric Jaulmes

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Autoportrait, 1860 Fusain, lavis, encore noire Dimensions : 14.3 cm × 12.1 cm Paris, musée d’Orsay RF 15651 © RMN (musée d’Orsay) / Frank Raux

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Henri Fantin-Latour (1836-1904) Immortalité, 1889 Huile sur toile Dimensions : 116 cm × 87 cm Cardiff, National Museum of Wales NMW A 2462 © National Museum of Wales

Eugène Delacroix (1798-1863) La mer au coucher du soleil, 1832 Pastel Dimensions : 15,8 cm × 21 cm Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques RF 9154.4 © RMN / Thierry le Mage

Albert de Balleroy (1828-1872) Combat de chevaux, 1866 Huile sur toile Dimensions : 121 cm × 97 cm Bayeux, musée Baron-Gérard P 0227 © Bayeux, Musée Baron-Gérard

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Liste des œuvres exposées Texte des cartels de l’exposition

Salle 1 Eugène Delacroix (1798-1863) La mer au coucher du soleil Pastel Ce précieux album de la série de ceux où Delacroix nota ses impressions durant son voyage au Maroc, débute par cette page exécutée en mer entre le 12 et le 18 janvier 1832. Elle anticipe sur les recherches que l’artiste développa dans ses pastels et aquarelles normandes des années 1849-1855. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, RF 9154.4 (legs Etienne Moreau-Nélaton) Eugène Delacroix (1798-1863) Étude de ciel. Crépuscule, 1850 Pastel Ce pastel fait partie d’une série d’étude de ciel réalisée en 1850 à Champrosay, village près de la forêt de Sénart où Delacroix avait une maison. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, RF 3706 (legs Raymond Kœchlin) James McNeill Whistler (1834-1903) Bord de mer Aquarelle Paris, musée d’Orsay, RF 35897 (legs Robert Le Masle) Albert de Balleroy (1828-1872) Vue d’une plage normande Huile sur toile Dans les années 1850, Delacroix exécuta des marines, notamment à Etretat et Dieppe, qui précédent celles de Boudin, Bazille et Monet. Ami de Manet, Alfred de Balleroy figure sur l’Hommage à Delacroix. Château de Balleroy (Calvados), collection Forbes Édouard Manet (1832-1884) La Barque de Dante, d’après Delacroix. Huile sur toile Manet réalisa dans les années 1855-1858 deux copies d’après le tableau de Delacroix (Louvre), l’autre étant conservée au Metropolitan Museum de New York. Son Buveur d’absinthe (Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek) fut refusé au Salon de 1859, malgré l’avis favorable de Delacroix. Antonin Proust relate dans ses souvenirs sur Manet : «Il y a au Luxembourg une maitresse toile [fit Manet]. Si nous allions voir Delacroix ? nous prendrions pour prétexte de notre visite de lui demander l’autorisation de faire une copie de la Barque de Dante. “Prenez garde, nous avait dit Murger, à qui Manet avait fait part de son projet en déjeunant, Delacroix est froid. ” Delacroix nous reçut, au contraire, dans son atelier de la rue Notre-Dame-de-Lorette avec une grâce parfaite, nous questionna sur nos préférences et nous indiqua les siennes. […] Manet me dit : “Ce n’est pas Delacroix qui est froid : c’est sa doctrine qui est glaciale. Malgré tout, copions la Barque”.» Lyon, musée des Beaux-Arts, Inv B 830.

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Femme au narguilé d’après Les Femmes d’Alger d’Eugène Delacroix, 1854. Huile sur toile La même année Fantin reprit également le groupe central de L’Entrée des croisés à Constantinople, un groupe des Massacres de Chio, et une autre figure des Femmes d’Alger. Il copia la composition complète en 1875. Paris, collection particulière. Henri Fantin-Latour d’après Eugène Delacroix Goetz écrivant ses mémoires. Crayon graphite et encre sur papier calque Copie par Fantin exécutée non d’après la lithographie original de Delacroix mais les illustrations d’une brochure publiée à l’occasion de l’exposition Delacroix de 1864 où quatre planches de la série étaient reproduites. Grenoble, Musée, MG IS 63-7 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour d’après Eugène Delacroix Goetz blessé secouru par des Bohémiens. Crayon graphite et encre sur papier calque Grenoble, Musée, MG IS 63-8 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour d’après Eugène Delacroix Goetz et frère Martin. Crayon graphite et encre sur papier calque Grenoble, Musée, MG IS 63-6 (don de Mme Fantin-Latour) Palette et pinceaux ayant appartenu à Delacroix Suivant le donateur, qui descendait de la famille Riesener avec laquelle Fantin était liée, ces souvenirs de Delacroix proviendraient de Fantin-Latour. Ce dernier accordait un grand soin à la préparation de ses palettes et s’intéressa particulièrement à la façon dont Delacroix composait les siennes. Paris, musée Eugène-Delacroix MD 2002-257 et 258 a-b (don de Mme Claudie Léouzon-le-Duc via la Société des Amis de Delacroix) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Relevé de la composition de la palette de Delacroix, janvier 1866 Fantin était particulièrement méticuleux dans la préparation de sa palette. Les notes très précises que l’on conserve de lui au sujet de sa composition (fonds Fantin de la bibliothèque municipale de Grenoble) montrent sa proximité avec celle de Delacroix, intérêt que corrobore ce relevé, de la main de Fantin, des couleurs employées par le maître. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.928

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Philippe Burty (1830-1890) Lettre à Henri Fantin-Latour, à propos de ses lithographies, 25 septembre 1862 Le criçtique Philippe Burty félicite Fantin pour les lithographies qu’il lui a offertes et lui adresse une planche de Delacroix. « J’aimais déjà vos peintures, Monsieur, et vos études de fleurs, mais aujourd’hui, je vous sens une force incontestable et je vous vois une des plus belles places dans la jeune école. […]. Vous trouverez ci-joint une épreuve d’une des lithographies de Mr Eugène Delacroix pour l’Hamlet. Si par hasard, vous la possédiez déjà, et qu’une autre vous soit plus agréable, j’espère que vous viendrez un soir la choisir dans mes cartons. » Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.786. Eugène Delacroix (1798-1863) Bouquet de fleurs, 1849. Aquarelle, gouache et pastel Dans le cadre d’un échange de ses œuvres avec le marchand Vollard, Cézanne obtint en 1902 ce bouquet qu’il plaça dans sa chambre à Aix-en-Provence. Il le conservait tourné vers le mur pour le protéger du soleil et en exécuta une copie à l’huile (Moscou, musée Pouchkine). Il avait copié comme Manet, vers 1863-1864, la Barque de Dante. Plus tard, il esquissa une Apothéose de Delacroix (Aix-en-Provence, musée Granet). Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, RF 31719 (legs César Mange de Haucke) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Chrysanthèmes dans un vase, 1875. Huile sur toile Même s’il se lassa de la peinture de fleurs à la fin de sa vie, Fantin en vécut toute sa carrière grâce au marché anglais. Au-delà de cet intérêt commercial, l’artiste s’y adonna avec sincérité, comme il l’écrit de Londres à ses parents en 1864 : «Je vais me reposer et faire mes bouquets avec plaisir et tout doucement, tâcher de faire de [la] bonne peinture. » Madrid, Museo Thyssen Bornemisza, 1971-10. Frédéric Bazille (1841-1870) L’Atelier de la rue de Fürstenberg, 1866. Huile sur toile Le peintre ne s’installa au dernier étage de l’immeuble où nous sommes qu’à la fin de 1864, un an après la mort de Delacroix. Sa correspondance témoigne cependant de son admiration pour le maître. Montpellier, musée Fabre, Inv. 85.5.3. Ed. Albertini L’Exposition des œuvres de Delacroix aux galeries Martinet, boulevard des Italiens, en 1864. Huile sur toile A défaut d’une exposition plus officielle à l’Ecole des Beaux-arts, une rétrospective de l’œuvre de Delacroix eut lieu en 1864 dans les galeries Martinet à l’initiative privée de la Société nationale des beaux-arts fondée par Théophile Gautier et Louis Martinet.

Le tableau donne une image séduisante de l’aménagement des trois grandes salles et de l’importance des prêts obtenus grâce à l’appui de Napoléon III contre son administration : cent cinquante tableaux et une centaine de dessins et estampes. Une programmation de concerts et de conférences comptait parmi les agréments du lieu. Ainsi Alexandre Dumas vint-il évoquer en public ses souvenirs sur Delacroix. Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris, P. 1440 Commission de l’exposition Delacroix de la Société nationale des Beaux-Arts Lettre au comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, mai 1864 Cette lettre de demande de prêt des œuvres de Delacroix propriétés de l’Etat est signée de tous les membres de la commission chargée de l’organisation de l’exposition Delacroix : artistes comme Cabanel, Pils, Puvis de Chavannes,, Ziem et Carrier-Belleuse, collectionneurs comme les frères Pereire, et des proches du peintre comme Riesener, Haro, Andrieux et Philippe Burty, son exécuteur testamentaire. La lettre est annotée défavorablement par Nieuwerkerke. Paris, Archives des musées nationaux, P 11 X Concessions, 1864 Jean-Baptiste Vaillant (1790-1872), maréchal, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts Lettre au comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, 14 mai 1864 «Mon cher Comte, J’ai pris les ordres de l’Empereur : Sa majesté nous ordonne de prêter les tableaux de Delacroix. Votre dévoué.» De même qu’il avait soutenu les artistes trop sévèrement traités par le jury de l’Académie au Salon de 1863, en suscitant la tenue d’une section dite « Salon des Refusés », Napoléon III imposa le prêt les toiles de Delacroix des musées du Luxembourg et de Versailles à la rétrospective. Paris, Archives des musées nationaux P 11 X Concessions, 1864 Théophile Gautier (1811-1872) Lettre au comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, 28 juillet 1864 Dans cette lettre à l’en tête de la Société nationale des Beaux-Arts dont il était le président, Gautier doit rappeler au comte de Nieuwerkerke l’engagement de l’Etat à prêter les toiles de Delacroix à l’exposition qui doit ouvrir incessamment. Paris, Archives des musées nationaux P 11 X Concessions, 1864

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Louis Cordier (1823- vers 1875) Lettre à Henri Fantin-Latour, 2 octobre 1864 Peintre oublié hormis pour sa présence dans l’Hommage à Delacroix, Louis Cordier évoque dans deux lettres à Fantin, alors à Londres, ses visites de l’exposition Delacroix de 1864 et ses relations avec les autres figurants du tableau : «Aurais-je donc parlé en termes irrévérencieux de Delacroix dans ma dernière lettre. S’il en était ainsi, je le regretterai beaucoup, mais en vérité, dans les jours de lassitude sa peinture m’est pénible, ce qui ne m’arrive jamais pour les choses belles et sereines des anciens maîtres et même de Ingres. Comme vous, je trouve que Delacroix est une superbe intelligence, mais il a toujours marché dans une fausse voie, ce qui prouve une fois de plus son génie, puisqu’avec de mauvais moyens, il a su combattre et triompher . Lorsque je verrai Manet et Bracquemond, je leur transmettrai vos compliments ; je suis allé hier au café de Bade dans cette intention, mais je ne les ai pas rencontrés. […] Je voudrais pouvoir, selon votre intention, donner aussi de vos nouvelles à Duranty ; je passerai exprès au café de la Fontaine dans l’espérance de le rencontrer […]. Adieu, ou plutôt à bientôt. Mes compliments à Legros et à Whistler.» Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.813 Salle 2 Henri Fantin-Latour (1836-1904) Autoportrait, 1860. Fusain et lavis Paris, musée d’Orsay, RF 15651. Henri Fantin-Latour (1836-1904) Autoportrait, 1859. Huile sur toile Fantin offrit cette esquisse à Félix Régamey, frère de Guillaume, son condisciple chez Lecoq de Boisbaudran. Lyon, musée des Beaux-Arts, Inv B 1153-d (legs du Dr Tripier) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Autoportrait, vers 1858. Huile sur toile L’exercice de l’autoportrait permet à Fantin d’étudier les effets de lumière, du clair-obscur le plus contrasté à un demi-jour indistinct. Bordeaux, musée des Beaux-Arts, Bx E 1688 (don de M. et Mme de Graaff) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Autoportrait, 1860. Crayon graphite et fusain Lille, Palais des Beaux-Arts, W. 2076 (don de Mme Fantin-Latour)

Jules Castagnary (1830-188) Lettre à Henri Fantin-Latour, 1ère séance de l’atelier Courbet, 7 octobre 1861 Inscrit dès sa création dans l’atelier de Courbet (1819-1877), rue Hautefeuille, Fantin ne prolongea pas très longtemps sa formation auprès d’un maître dont il récusa plus tard l’héritage, en partie en raison de la forte personnalité du maître d’Ornans. Whistler fut sensible au réalisme social dans ses premières œuvres, mais c’est surtout Legros qui resta davantage dans son orbite comme l’illustre son Ex-voto (1860, Dijon, musée des Beaux-Arts), acquis par Albert de Balleroy. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.823 James McNeill Whistler (1834-1903) Portrait de Fantin-Latour, 1859. Crayon noir et crayon graphite Comme l’indique l’inscription en haut, ce dessin témoigne des années de bohème des jeunes artistes : « Fantin au lit, la poursuite de ses études sous des difficultés, 14° de froid, Déc. le 20 1859. Whistler » Paris, musée d’Orsay, RF 12246 (don de Mme Fantin-Latour). James McNeill Whistler (1834-1903) The Music Room, 1859 Eau-forte et pointe-sèche Whistler a représenté ici le chirurgien, graveur et collectionneur Francis Seymour Haden, son épouse Deborah qui était la demi-sœur de l’artiste, et l’associé de Haden dans ses activités médicales, James Reeves Traer. Haden hébergea Fantin dans da demeure londonienne, Sloane Street, l’initia à la gravure et lui commanda des tableaux. Le thème silencieux de la lecture sous la lampe fut également traité par Fantin. Paris, collection de la galerie Paul-Prouté Félix Bracquemond (1833-1914) Portrait d’Alphonse Legros, 1861. Eau-forte Tous deux brillants graveurs, Legros comme Bracquemond participèrent au renouveau du genre que fédéra la Société des Aquafortistes créée en 1862 à l’initiative de l’éditeur Cadart. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie, EF-411 (5) IFF 138 Alphonse Legros (1837-1911) Portrait de Manet assis, 1863. Huile sur toile Bien que ce portrait ait été admis par le jury dans la section officielle du Salon de 1863, Legros préféra le présenter au Salon des Refusés non loin du Déjeuner sur l’herbe de Manet, ce qui lui assura davantage d’écho. Paris, Petit Palais – musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, cat. 1982, n° 531. Alphonse Legros (1837-1911) Billet à Fantin, pour déjeuner Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.807

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Edouard Manet (1832-1884) Billet à Henri Fantin-Latour, invitation à dîner avec Alphonse Legros Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.651 Edouard Manet (1832-1884) Billet à Henri Fantin-Latour, invitation à dîner avec Félix Bracquemond Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.654b Edouard Manet (1832-1884) Lettre à Henri Fantin-Latour, au sujet de Londres, 1868 Les liens de Manet et de Fantin allèrent se renforçant. Outre le beau portrait en pied de son ami, Fantin lui consacra sa grande toile Un Atelier aux Batignolles. L’intérêt « médiatique » de telles effigies est clairement évoqué par Manet dans cette lettre à Fantin écrite de Boulogne-sur-Mer, au retour d’un bref séjour à Londres, en 1868, où il sentit qu’il pourrait y remporter un certain succès. « J’ai été enchanté de Londres, de la bonne réception que j’y ai reçu par tous les gens chez qui j’ai été, Legros a été très aimable et très complaisant. […] Whistler n’étant pas à Londres, je n’ai pu le voir. J’en ai été très fâché, il était en excursion sur son yacht. Mais je crois qu’il y a à faire quelque chose là-bas. Le terrain, l’atmosphère, tout m’y plait et je vais tenter de m’y produire l’année prochaine. Il faudrait entre autre chose que vous exposiez [comme] ouvrage mon portrait, ce serait très favorable à tous deux. Adieu, mon cher Fantin, donne- moi un peu de vos nouvelles, dites-moi ce qui se passe à Paris, parlez-moi de vous et de nos amis communs – bien des choses à Duranty. Je vous serre la main et suis tout à vous.» Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.648 Antoine Etex (1808-1888) Buste de Delacroix, 1865 Marbre Elève d’Ingres mais auteur du tombeau de Géricault au cimetière du Père-Lachaise (1839), Etex exposa au Salon de 1865 ce portrait posthume de Delacroix en habit d’académiciens (n°2968). Il fut jugé moins inspiré que celui en bronze que présenta Albert Carrier-Belleuse à la même exposition (n°2898). Paris, musée du Louvre, département des Sculptures, RF 1847 Salle 3a (vestibule de l’Atelier) Paul Baudry (1828-1886) Portrait d’Albert de Balleroy, 1859. Huile sur toile Après avoir longtemps partagé un atelier avec Manet, Balleroy prêta régulièrement à Fantin celui où il s’installa ensuite, lorsqu’il quittait Paris pour son château normand. Il figure sur l’Hommage à Delacroix. Château de Balleroy (Calvados), collection Forbes

Albert de Balleroy (1828-1872) Combat de chevaux (esquisse). Huile sur toile Peintre talentueux, Balleroy n’entreprit pas une véritable carrière professionnelle en raison de son statut social, et se cantonna aux sujets animaliers et scènes de chasse. Bayeux, musée Baron-Gérard, P 0328 (legs du marquis Philippe de Balleroy) Albert de Balleroy (1828-1872) Combat de chevaux, 1866. Huile sur toile Cette toile s’inspire directement d’une œuvre d’Eugène Delacroix de 1860, Chevaux arabes se battant dans une écurie (musée d’Orsay). Bayeux, musée Baron-Gérard, P 0227 (legs du marquis Philippe de Balleroy) Salle 3b (Atelier) Institut impériale de France Invitation aux funérailles de Delacroix, le 17 août 1863 Après une messe à Saint-Germain-des-Prés, le cortège se rendit au Père-Lachaise. Les cordons du poêle étaient tenus par le comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, le sculpteur François Jouffroy, président de l’Académie des beaux-arts, le peintre Hippolyte Flandrin et l’architecte Alphonse de Gisors. Le 20e bataillon de la garde nationale rendit les honneurs au commandeur de la Légion d’honneur qu’était Delacroix. Des deux discours prononcés sur la tombe, celui de Jouffroy au nom de l’Académie gêna l’assistance par des sous-entendus qui marquaient la distance de l’institution par rapport à un artiste qu’elle avait tant tardé à accueillir dans ses rangs. Paris, Archives des musées nationaux, P 30 Delacroix Collections permanentes (au-dessus de la cimaise) Paul Huet (1803-1869) Calme du matin ; intérieur de forêt Huile sur toile. Lors des funérailles de Delacroix, après l’allocution du sculpteur François Jouffroy, au nom de l’Académie, qui gêna l’assistance par des sous-entendus peu favorables envers l’artiste, l’éloge prononcé par Paul Huet au nom des amis du peintre l’emporta par sa chaleur. Paris, musée du Louvre, département des Peintures, Inv. 5414 Collections permanentes (au-dessus de la cimaise) Eugène Delacroix (1798-1863) L’Education de la Vierge, 1842 Huile sur toile La toile fut peinte pour l’église de Nohant lors d’un séjour chez George Sand. Soumise au jury du Salon de 1845, l’œuvre fut refusée et retourna dans le Berry. Des difficultés d’argent poussèrent George Sand à la mettre en vente un an après la mort de Delacroix. Paris, musée Eugène-Delacroix, MD 2003-8

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Étienne Carjat (1828-1906) Portrait de Charles Baudelaire Photographie Ce portrait « carte de visite » du poète et critique a appartenu à Fantin-Latour. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.705a Charles Baudelaire (1821-1867)) Liste de noms, annotée par Fantin-Latour Baudelaire aurait souhaité que Delacroix apparaisse sur l’Hommage au milieu des grands hommes qui l’ont inspiré, ce que confirme cette liste rapidement crayonnée : « Raphaël, Michel-Ange, Rubens, Véronèse, Rembrandt, Vélasquez, Goethe, Byron, Shakespeare, Arioste, Dante, Virgile, Haydn, Beethoven, Mozart, Weber  ». Fantin a inscrit sur le côté : « De Baudelaire / pour mon tableau / A Delacroix », et collé plus tard cette note au revers d’une feuille formant l’enveloppe d’une lettre du critique. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.705 L’idée première de Fantin relève d’une tradition ancienne, celle des frontispices gravés où un buste de l’auteur ou du personnage central du livre est couronné par une Victoire, une Renommée ou une figure de la Gloire. Le couronnement d’un buste intervenait dans certaines cérémonies académiques, l’épisode le plus spectaculaire ayant été le couronnement public, en présence de l’auteur, du buste de Voltaire sur la scène du Théâtre-Français en 1778. Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix, 11 septembre 1863. Crayon graphite, plume et lavis Datant de moins d’un mois après l’enterrement de Delacroix, ce premier dessin conservé donne la première sélection des personnages. Chaque figure est numérotée : « 1 Moi ; 2 Legros ; 3 Whistler ; 4 Manet ; 5 Bracquemond ; 6 Duranty ; 7 Myionnet, regarde le public ; 8 Guillaume [Régamey] ; 9 Cordier ». Initialement, c’est donc Fantin lui-même qui couronnait le buste de Delacroix Paris, musée d’Orsay, RF 12696 (don de Mme Fantin-Latour). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix, 13 septembre 1863. Fusain La femme qui couronne à présent le buste serait le sculpteur Marcello, de son vrai nom Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione Colonna, amie de Delacroix, et qui avait placé une couronne sur son cercueil. Paris, musée d’Orsay, RF 3413 (don Étienne Moreau-Nélaton). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix. Crayon graphite C’est désormais l’allégorie ailée de la Gloire, tenant ici une palme, ou sur d’autres essais, la trompette de la Renommée, qui couronne le buste. Paris, musée d’Orsay, RF 12640 (don de Mme Fantin-Latour).

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix Crayon graphite Fantin se distingue nettement du groupe par sa blouse blanche de peintre et sa palette, attribut qu’il conserve sur la toile définitive. Paris, musée d’Orsay, RF 12467 (don de Mme Fantin-Latour). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix, 2 octobre 1863. Crayon graphite, lavis gris Le buste est passé de la droite à la gauche de la composition. La figure éplorée assise au pied de la colonne serait la Peinture en deuil. Paris, musée d’Orsay, RF 12470 (don de Mme Fantin-Latour). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix, 6 octobre 1863. Crayon graphite L’espace architectural est clarifié, le groupe des admirateurs semblant descendre d’un temple. La Gloire a disparu et c’est un des hommes qui couronne le buste. Paris, musée d’Orsay, RF 12641 (don de Mme Fantin-Latour). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix. Crayon graphite, lavis gris, gouache Dans ces recherches, l’artiste n’essaie pas d’éluder le contraste entre l’allégorie drapée et les chapeaux hauts de forme des contemporains. Paris, musée d’Orsay, RF 12468 (don de Mme Fantin-Latour). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix. Crayon graphite, lavis gris, gouache La seconde allégorie féminine a disparu et l’un des protagonistes inscrit le nom de Delacroix au-dessus du buste, Fantin dessinant la scène, debout à droite. Paris, musée d’Orsay, RF 12469 (don de Mme Fantin-Latour). Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix, 6 janvier 1864. Fusain Ici réapparaît une allégorie tracée à l’estompe, qui embouche la trompette de la Renommée.  Paris, musée d’Orsay, RF 12652 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix. Crayon graphite Comme dans le dessin précédent, le peintre se met en exergue à mi-corps en bas à droite, dans sa tenue immaculée, disposition que l’on retrouve sur les esquisses peintes. Paris, musée d’Orsay, RF 12653 (don de Mme Fantin-Latour).

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Henri Fantin-Latour (1836-1904) Esquisse pour l’Hommage à Delacroix. Huile sur toile Le buste est désormais bien au centre, une femme endeuillée au pied de la colonne. Amsterdam, Rijksmuseum, A 2894 (legs Andries van Wezel)

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Esquisse pour l’Hommage à Delacroix. Huile sur toile La figure du peintre à mi-corps désignant le couronnement du buste est une citation de celle de Poussin en bas à gauche de L’Apothéose d’Homère d’Ingres. Paris, musée Eugène-Delacroix, MD 2008-21 (don de la Société des Amis du musée Eugène-Delacroix).

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Esquisse pour l’Hommage à Delacroix. Huile sur toile Sur une autre esquisse (coll. part.), la Renommée vêtue de rouge apparaît sur la droite, suivant une pratique habituelle chez Fantin qui aime à retourner ses compositions. Neuchâtel, musée d’Art et d’Histoire, AP 1691.

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix. Crayon graphite Nouvelle direction dans les recherches de Fantin, qui renonce ici au buste, l’allégorie ailée portant un portrait encadré. Paris, musée d’Orsay, RF 12561 (don de Mme Fantin-Latour).

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Hommage à Delacroix, 27 janvier 1864. Crayon graphite Le groupe est désormais disposé autour du portrait peint, qui n’est pas au centre. Un bouquet est placé en dessous, mais l’un des protagonistes, de dos, présente encore une couronne. D’autres orientent également leurs regards vers la toile. Paris, musée d’Orsay, RF 12639 (don de Mme Fantin-Latour).

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Hommage à Delacroix. Crayon graphite et encre sur papier calque L’abandon du parti allégorie fut inspiré à l’artiste par un portrait de groupe de Frans Hals, dont il vit une copie à Paris, et celui des échevins de Paris de Philippe de Champaigne exposé dans les Galeries Martinet. Musée de Grenoble, MG 1469-2 (don de Mme Fantin-Latour).

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Hommage à Delacroix, 1864 Huile sur toile De gauche à droite, figurent, assis : Edmond Duranty, Henri Fantin-Latour, Jules Champfleury et Charles Baudelaire ; debout, de part et d’autre du portrait encadré d’Eugène Delacroix : Louis Cordier, Alphonse Legros, James McNeil Whistler, Edouard Manet, Félix Bracquemond, Albert de Balleroy. Paris, musée d’Orsay, RF 1664 (don Étienne Moreau-Nélaton).

Étienne Carjat (1828-1906) Portrait de Delacroix. Papier albuminé Delacroix n’a laissé que deux autoportraits, celui des Offices à Florence, et celui dit « au gilet vert ». Très connu depuis qu’il est au Louvre, ce dernier était alors conservé chez l’ancienne gouvernante de l’artiste. Paris, musée Eugène-Delacroix Victor Laisné Portrait de Eugène Delacroix, 1852. Photographie Faute d’autoportrait de Delacroix disponible, Fantin-Latour s’inspira paradoxalement de cette photographie, et de celle par Carjat, pour l’effigie qui figure encadrée au centre de l’Hommage à Delacroix. Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Eo-226-folio. Antoine Etex (1808-1888) Buste de Delacroix, 1865 Plâtre patiné La version en marbre de ce buste posthume de Delacroix en habit d’académiciens, présentée dans l’appartement, fut exposée au Salon de 1865 (n°2968). Etex le présenta de nouveau, dans une version en plâtre, au Salon de 1876 (n°3261). Paris, Les Arts décoratifs, dépôt du musée des Arts décoratifs au musée Delacroix Guillaume Régamey (1837-1875) Spahis et chasseur d’Afrique avançant à cheval Encre et aquarelle Régamey, ami de Fantin, compte parmi les artistes figurant sur la première étude pour l’Hommage à Delacroix, mais il disparut du choix définitif. Paris, musée d’Orsay, RF 29273 (don Raymond Régamey). Dante Gabriel Rossetti (1828-1882) Lettre à Henri Fantin-Latour, à propos de Legros et Whistler, 7 septembre 1864 Très lié à Whistler et Legros, qu’il tenta de réconcilier lors de leur brouille, le maître préraphaélite devait figurer dans l’Hommage à Delacroix. L’impossibilité pour lui de venir à temps à Paris pour poser lui fit décliner l’offre de Fantin avec qui il resta en excellent terme comme l’illustre cette lettre en français : « Mon cher Fantin, Vous me pardonnez déjà la mort du ‘Monsieur’ ? Enterrons-le donc ensemble.» Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.790 Édouard Manet (1832-1884) Baudelaire en chapeau, 1868-1869. Eau-forte Baudelaire et Manet se sont rencontrés vers 1859. Ce portrait reprend celui qui apparaît dans La musique aux Tuileries (1862, Londres, National Gallery) où Manet avait réuni ses amis, dont Fantin-Latour et Balleroy. Paris, musée Eugène-Delacroix, MD1992-6

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Édouard Manet (1832-1884) Baudelaire tête nue, de face, 1867-1869. Eau-forte À la mort du poète en 1867, Manet voulut participer, avec ces deux portraits, au volume de souvenirs que Charles Asselineau lui consacra en hommage. Ce portrait est inspiré d’une photographie par Nadar de 1862. Paris, musée Eugène-Delacroix, MD1992-7 Charles Baudelaire (1821-1867) Lettre à Henri Fantin-Latour, au sujet de l’accrochage de l’Hommage à Delacroix au Salon, 22 mars 1864 Baudelaire voulut prévenir le danger de voir les tableaux de ses amis mal placés au Salon : « […] J’ai sans vous consulter, écrit une lettre à Chennevières pour le prier de bien placer vos tableaux ainsi que ceux de Manet. Je crois que j’ai bien fait, car, quand les porteurs de Manet sont arrivés, Chennevières a demandé à voir tout de suite les tableaux. » De fait, l’Hommage à Delacroix fut plutôt mal accroché, mais suffisamment en vue pour que l’on débatte de l’identité des modèles qui n’était pas donnée par le livret . Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.705 Félix Bracquemond (1833-1914) Portrait de Champfleury d’après Courbet, 1859. Eau-forte Le critique et romancier Jules Husson, dit Champfleury (1821-1889) fut l’un des principaux défenseurs du réalisme de Courbet qui le représenta au centre de l’Atelier du peintre (musée d’Orsay, 1855). Cette gravure forme le frontispice du recueil des Amis de la nature, publié chez Poulet-Malassis. Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Ef 411, t. 5. Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude de redingote pour le portrait de Champfleury. Fusain La place d’honneur de Champfleury au centre de l’Hommage à Delacroix parait étonnante, mais il venait de se brouiller définitivement avec Courbet et revenait alors à Delacroix qu’il avait défendu dès le Salon de 1846. Il acquit des œuvres à la vente d’atelier de 1864  et épousa, en 1867, la filleule de Delacroix. Outre cette admiration pour Delacroix, Champfleury partageait avec Baudelaire et Fantin celle pour Richard Wagner. Au moment de l’Hommage, Champfleury se place définitivement en retrait du courant réaliste et s’oriente vers les travaux d’érudition qui occuperont la seconde partie de sa carrière : les frères Le Nain, l’imagerie populaire, la caricature et les faïences patriotiques se substituera au romancier et au critique d’art engagé. Paris, musée d’Orsay, RF 12803 (don de Mme Fantin-Latour).

Edouard Manet (1832-1884) Lettre à Henri Fantin-Latour, invitation à dîner avec Bracquemond et Champfleury « Mon cher ami, Je suis chargé par Mme Meurice de vos inviter à dîner pour demain 7h avenue Frochot 6. Vous serez en pays de connaissance car les convives sont Bracquemond, Champfleury et le ménage Manet. Vous auriez mauvaise grâce à refuser. Tout à vous. E. Manet. » Le dramaturge Paul Meurice et son épouse comptait dans le cercle des intimes de Victor Hugo. Durant son exil, il représentait ses intérêts à Paris. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.645 Henri Fantin-Latour (1836-1904) La Vérité, notes manuscrites, 23 mai 1864. Crayon graphite Décidé à renouveler le coup d’éclat de 1864, Fantin se lança de front sur plusieurs sujets ambitieux pour le Salon suivant. Ces notes concernant le tableau consacré à la Vérité, révèlent la conscience qu’il avait des défauts de l’Hommage à Delacroix. « 23 mai 1864 au soir / Les ombres de mon tableau du salon de 64 sont trop sombres pas les ombres des clairs / les habits noirs trop noirs pas assez de lumière et les ombres sont trop faites avec du noir pas assez de jaune, de rouge, de bleu / les coups de brosse font des demi-teintes dans mes chairs, le fond est trop semblable de valeur aux habits noirs, il aurait dû être plus clair […].» Paris, musée d’Orsay, RF 12648 Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour La Vérité, 16 janvier 1865. Crayon graphite, estompe, fusain Fantin imagina un groupe d’artistes portant un toast à la Vérité, personnifiée par une figure nue. Il marquait aussi une prise de position plus affirmée dans le débat sur le réalisme au sens de culte de la sincérité. Mais la scène pouvait être mal interprétée. Paris, musée d’Orsay, RF 12418 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour La Vérité, 1865. Crayon graphite, estompe, fusain Toast ! Hommage à la Vérité réunissait une partie des protagonistes du tableau de 1864 : Manet, Bracquemond, Cordier, Duranty et Fantin. Whistler était mis en valeur au premier plan, en robe de chambre japonaise. S’y ajoutaient Zacharie Astruc, Jean-Charles Cazin et Antoine Vollon. Paris, musée d’Orsay, RF 12419 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Portrait d’Antoine Vollon, 1865 Huile sur toile Mené à bien en dépit des objections de ses amis, Toast ! Hommage à la Vérité fut ridiculisé par la critique du Salon de 1865. Meurtri, Fantin se résolut à détruire sa composition, n’en sauvant que trois portraits découpés, celui de Vollon (1833-1900), de Whistler (Washington, Freer Gallery) et le sien (coll. part.)  Paris, musée d’Orsay, RF 1974-17.

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Henri Fantin-Latour (1836-1904) Delacroix reçu aux Champs-Élysées, 14 novembre 1865. Crayon graphite L’inauguration du monument funéraire de Delacroix au Père-Lachaise, le 22 mai 1865, suscita chez Fantin l’idée d’une nouvelle composition. Ce sujet finalement assez conventionnel n’eut pas de suite. Paris, musée d’Orsay, RF 12524 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Delacroix reçu aux Champs-Élysées, 14 novembre 1865. Crayon graphite Delacroix est accueilli au royaume des morts par Titien, Vélasquez, Rembrandt, Rubens et Véronèse. Fantin revenait à l’idée de Baudelaire, mais sans les poètes, préférant se limiter au panthéon des artistes qu’il avait copiés au Louvre. Paris, musée d’Orsay, RF 12523 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour Un repas, 20 décembre 1864. Fusain Fantin envisagea de célébrer un Dîner de la Société des aquafortistes, réunissant, entre autres, Manet, Bracquemond et Ribot,. mais il y renonça à l’issue d’un banquet qui l’avait mécontenté. Il retint l’idée d’un Repas d’artistes, autour d’un portrait cette fois de Vélasquez . Paris, musée d’Orsay, RF 12651 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour un Hommage à Baudelaire, 28 août 1869 Crayon graphite et crayon de couleur Fantin assista au modeste enterrement de Baudelaire, le 2 septembre 1867. Deux ans plus tard, il esquissait ce croquis rapide montrant un groupe de personnages déposant des couronnes et des palmes au pied du buste du poète, à la manière des premières pensées pour l’Hommage à Delacroix. Paris, musée d’Orsay, RF 12483 (don de Mme Fantin-Latour) Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour L’Anniversaire de Baudelaire. Crayon graphite En 1871, Fantin reprenait l’idée d’une composition en l’honneur de Baudelaire pour commémorer au Salon suivant les cinquante ans qu’aurait eus le poète s’il avait vécu jusque-là. Ici, l’une des figures, debout devant le portrait de Baudelaire, lit un poème pendant qu’une autre tient une couronne. Paris, musée d’Orsay, RF 12489 (don de Mme Fantin-Latour)

Cartel complémentaire : Dans d’autres études, le groupe de figures assises ou debout entourant le portrait encadré reprend la structure de l’Hommage à Delacroix et des projets pour Un repas. Fantin écrit d’ailleurs : « C’est presque le tableau de Delacroix. Mes modèles sont très contents de poser, ne coûtent rien. […] Je ferai le Baudelaire d’après le portrait que j’en ai dans le Delacroix . » Baudelaire n’apparaît plus dans la toile définitive, Coin de table (1872, musée d’Orsay) qui ne rassemble plus que des poètes vivants. Attribué à Victoria Fantin-Latour (1840-1926) Fantin-Latour à la palette devant l’Hommage à Delacroix, vers 1896-1898 Photographie L’artiste, âgé de soixante ans environ, pose devant une toile peinte plus de trente ans auparavant. L’image a servi d’illustration de couverture du n° du 15 mars 1898 de La Presse internationale avec la légende : « Fantin-Latour peignant l’Hommage à Delacroix ». Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, NA-338-4, folio 14, n° 28 Attribué à Victoria Fantin-Latour (1840-1926) Vues de l’atelier de Fantin-Latour, vers 1896 Photographie Exposé plusieurs fois à Londres et Paris, l’Hommage à Delacroix tarda à trouver preneur et fut apparemment rendu par la galerie Gambart. La toile apparaît sur des photographies de l’atelier du peintre, au 8, rue des Beaux-Arts. Fantin, dont l’épouse était une fervente adepte de l’appareil Kodak, fait mention de ces images dans une lettre de janvier 1896 à son ami Scholderer : « Puis l’atelier un peu plus loin : sur la porte condamnée avec les Noces de Cana et les Femmes d’Alger de Delacroix, là derrière faisant suite, un portrait de ma femme et un morceau de l’Hommage à Delacroix. Ma femme vous enverra nos portraits, quand nous aurons un peu plus de jour. » Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, NA-338-4, folio 13, n° 25-26 Félix Bracquemond (1833-1914) Lettre à Henri Fantin-Latour, à propos de Balleroy et d’un portrait de groupe, s.d. [1867] « Mon cher Fantin, En écrivant à Balleroy, je lui avais parlé de l’incertitude où vous êtes relativement à votre tableau [le portrait de la famille Fitz-James]. Je vous transcris sa réponse : ‘Comment Fantin hésiterait-il à entreprendre la tartine de famille, qu’il songe donc que son tableau où nous avons eu l’honneur de poser ensemble, il l’a fait en 13 jours et que c’est ainsi librement et sans se fouler la rate qu’il fasse ces 17 morceaux – ce tableau même à moitié réussi peut lui faire un bien énorme. C’est folie de caler – Dites-lui aussi que je ne serai pas établi à Paris avant la fin de Décembre et qu’ainsi, il peut tout ce qu’il voudra, occuper mon atelier’ Tout cela est tellement mon avis que je n’ai rien à rajouter. C’est une si belle occasion qu’il est malheureux de la voir gâcher par un être qui peut la mener à très bonne fin. Pas de manière, Fantin, pas de société du doigt dans l’œil, suer, rager, soyez malade, mais faites le tableau. Tout à vous. Bracquemond. »

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Fantin renonça malgré tout à cette commande, suscité par Balleroy, du portrait de la duchesse douairière de Fitz-James entourée de ses quinze petits-enfants. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.667 Edmond Duranty (1833-1880) Lettre à Henri Fantin-Latour, au sujet de son succès à Londres, 14 août 1864 Auteur du roman de mœurs Le Malheur d’Henriette Gérard (1861) dédié à Champfleury et illustré par Legros, Edmond Duranty fut un des défenseurs les plus combatif du mouvement réaliste. Si ces relations avec Baudelaire furent à éclipse, la franchise de liens avec Fantin apparaît dans leur correspondance. Au récit des premiers succès du peintre à Londres, il lui écrit : « Ne devriez-vous pas essayer de rester le plus longtemps possible à Londres pour profiter de cette veine. […] Epuisez le filon d’or que vous avez trouvé là-bas, ne le lâchez pas trop tôt, c’est la base de votre avenir parisien. Ne pensez qu’à l’argent pendant trois ou quatre mois encore. Vous aurez le temps à partir de janvier d’enlever vos tableaux pour le salon prochain. Je ne crois pas que vous perdriez jamais l’art de vue. […] Des écus, des écus, des écus ! Ne vous occupez que de cela pour le moment. Tâchez d’en rapporter et vous pouvez être parfaitement lancé ici en 1865. Vous étourdirez le cercle de vos connaissances. Qu’enfin je vois donc quelqu’un parmi nous se sortir de ces coins où nous restons bloqués. […] Ne revenez pas trop tôt, surtout, mon cher ami, ne faites pas cette faute. Il est très important que les gens en vous voyant revenir s’aperçoivent que votre absence vous a été profitable, cela les fera penser à vous plus souvent qu’ils ne le voudraient. » Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.679 Louis Cordier (1823- vers 1875) Lettre à Henri Fantin-Latour, à propos du départ de Fantin à Londres, 13 septembre 1864 Le peintre Louis Cordier est la figure de loin la moins connue de l’Hommage à Delacroix. C’est à la Petite École, où ils suivaient l’enseignement de Lecoq de Boisbaudran, que Fantin et lui s’étaient liés d’une amitié que confirment les quelques lettres retrouvées ici. Les livrets de Salon mentionnent seulement trois tableaux de lui : Femme endormie en 1865, Femme au bain en 1866 et Joueuse d’accordéon en 1868. Il semble s’être ensuite replié sur le journalisme. Le catalogue de la vente de ses œuvres à l’hôtel Drouot, en 1875, comprend soixante et un tableaux et sept aquarelles. « Mon cher Fantin, Je vous avouerai que j’ai été furieux d’apprendre par hasard votre départ dans les galeries du Louvre où j’étais allé pour vous voir ; mais je vous avouerai aussi que je suis furieusement enchanté de recevoir votre bien aimable lettre […]. Vous savez que j’appartiens par ma nature susceptible, à l’école de sensiblerie dont J.J. Rousseau est le grand chef, aussi, je n’aime pas un ami à moitié […]. /

« Après votre départ [pour Londres], j’avais été voir Bracquemond dans l’espoir d’avoir de vos nouvelles. Depuis nous nous sommes trouvés plusieurs fois ensemble, et j’ai reconnu la vérité de ce que vous m’aviez dit, que Bracquemond gagne beaucoup à être connu et que c’est un bien excellent garçon. […]. Dites mille choses aimables à Legros et à Whistler.» Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.812 Henri Fantin-Latour (1836-1904) Lettre à Germain Hédiard, au sujet du Journal de Delacroix, 4 août 1893 « J’ai fini le Journal de Delacroix et cela m’a paru toujours plus intéressant. […] Ah ! ces promenades de Champrosay ! Il me semblait les faire avec lui. Il me donne envie d’entendre le Rossignol. » Paris, Fondation Custodia, inv. 2000-A.308 Henri Fantin-Latour (1836-1904) Lettre à Mme Ruth Edwards, 6 février 1887 « La critique du Magazine of Art ne me déplait pas, le reproche de romantisme est pour moi un éloge, car le romantisme, c’est le véritable art moderne. Il n’y a rien en dehors que des platitudes bourgeoises. » Paris, Fondation Custodia, inv. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.554 Henri Fantin-Latour (1836-1904) Lettre à Mme Ruth Edwards, au sujet de la vente de ses tableaux, 16 octobre 1897 « Tampelaere a vendu ces jours-ci le Coin de Table à E. Blémont qui a voulu avoir son portrait et qui aimait beaucoup ce tableau ! même prix que l’Hommage à Delacroix. Il sera dans sa salle à manger et très bien placé dans son hôtel et bien vu par le monde artistique. Il n’a pas d’enfants et doit le léguer soit au Louvre, soit à la Ville de Paris. Celui du Luxembourg [Un atelier aux Batignolles] ; Celui de Julien [Autour du piano] ; Celui de Moreau Nélaton [Hommage à Delacroix] ; Quatre tableaux bien placés ! Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.564 Gustave Tampelaere (1840-1904) Lettre à Henri Fantin-Latour, au sujet de la vente de l’Hommage à Delacroix, 27 septembre 1897 « Mon cher Fantin, Je suis chargé par Monsieur Moreau-Nélaton de vous offrir Quinze mille francs (15 000) pour votre tableau ‘L’Hommage à Delacroix’ : j’ai dit à ce Monsieur que je vous transmettrais son offre, mais je ne lui ai fait pressentir ni espoir, ni déception. Faites-moi donc l’amitié de me répondre de suite afin que je le fixe à mon tour. » Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.503

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Salle 3c (cabinet à droite de l’Atelier) Albert de Balleroy (1828-1872) Portrait d’Édouard Manet Huile sur toile Le comte de Balleroy partagea de 1855 à 1860 un atelier avec Manet, rue Lavoisier, où se retrouvait la jeune génération. Château de Balleroy (Calvados), collection Forbes Henri Fantin-Latour (1836-1904) Portrait d’Édouard Manet. Crayon graphite sur papier calque L’inscription « A mon ami Manet 1867 » correspond à celle figurant sur le grand portrait peint (Chicago, The Art Institute). Ce dessin été exécuté par l’artiste d’après une photographie, en 1880, pour une revue. Paris, musée d’Orsay, RF 12793 (don de Mme Fantin-Latour) Édouard Manet (1832-1884) Lola de Valence, 1863. Eau-forte et aquatinte Editée par la Société des Aquafortistes, la gravure d’après le portrait de la danseuse espagnole (musée d’Orsay), fut exposée au Salon des Refusés en 1863. Suivant Zola, le célèbre quatrain de Baudelaire qui enrichit la planche « fut sifflé et maltraité autant que le tableau lui-même ». Paris, collection de la galerie Paul-Prouté. Félix Bracquemond (1833-1914) Femme couchée en costume espagnol, d’après Manet, vers 1863. Eau-forte Inspirée dans sa pose par la Maja vêtue de Goya (Madrid musée du Prado), cette jeune femme en offre une version moderne sur un canapé capitonné. Le rideau figurant à gauche sur l’estampe fut ultérieurement supprimé par Manet de sa composition. La toile de 1862 (New Haven, Yale University Art Gallery) serait l’une des deux œuvres de l’artiste qui formaient l’ornement principal de la chambre de Baudelaire. Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, EF-411 (7) IFF 213. Édouard Manet (1832-1884) Portrait de Félix Bracquemond, 1864 Eau-forte à la plume La même année, Bracquemond entreprit un portrait au pastel de son ami Manet, le haut-de-forme calé sous le bras. Bracquemond figure aux côtés de Manet sur l’Hommage à Delacroix et le portrait de groupe suivant de Fantin-Latour, Hommage à la Vérité (1865). Il était également très lié à Balleroy qui lui commanda le portait peint de son épouse. Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Dc 300 d. rés. (3).

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Esquisse pour Un atelier aux Batignolles, 1869-1870. Huile sur toile Pourvu d’un titre volontairement neutre, Un atelier aux Batignolles (musée d’Orsay) était un hommage non plus à un défunt, Delacroix, Vélasquez ou Baudelaire, mais au peintre vivant que Fantin admirait le plus, Édouard Manet. Il est représenté dans un cadre élégant qui ressemble davantage à un salon, entouré d’artistes bien mis qui étaient devenus ses proches – Monet, Renoir, Bazille – et de critiques, Astruc et Zola. Fantin inclut un peu à l’écart du groupe son ami Otto Scholderer, qui n’avait pas pu venir poser d’Allemagne pour les précédentes toiles. Mais contrairement à l’Hommage à Delacroix et à Toast ! Hommage à la Vérité, Fantin n’y figure pas lui-même, signe qu’il ne se sent plus appartenir à cette tendance moderne de la peinture. Il n’allait d’ailleurs plus représenter de peintres, mais des poètes ou des musiciens. La grande toile si maîtrisée, et officiellement récompensée par une médaille au Salon de 1870, marque l’aboutissement des recherches entreprises au temps de l’Hommage à Delacroix. Montpellier, musée Fabre, dépôt du musée d’Orsay, RF 3637 (don de l’artiste) Salle 4 (chambre de Delacroix) Eugène Delacroix (1798-1863) Portrait de Jenny Le Guillou, vers 1840 Huile sur toile Entrée au service de Delacroix vers 1835, Jenny Le Guillou acquit une place de plus en plus importante dans son existence. C’est elle qui recueillit son dernier soupir le 13 août 1863. Baudelaire en fit un vibrant éloge. Paris, musée du Louvre, département des peintures, RF 3091 Cartel complémentaire : « Quand j’appris la mort de M. Delacroix […], je courus vers la maison du grand défunt, et je restai deux heures à parler de lui avec la vieille Jenny, une de ces servantes des anciens âges, qui se font une noblesse personnelle par leur adoration pour d’illustres maîtres. Pendant deux heures, nous sommes restés, causant et pleurant, devant cette boîte funèbre, éclairée de petites bougies, et sur laquelle reposait un misérable crucifix de cuivre. Car je n’ai pas eu le bonheur d’arriver à temps pour contempler, une dernière fois, le visage du grand peintre-poète. » Baudelaire, conférence sur Delacroix donnée à Bruxelles le 2 mai 1864. Albert Carrier-Belleuse (1824-1887) Réduction du buste de Delacroix, 1864 Plâtre patiné La grande version en bronze de ce buste posthume, commandé par la Société nationale des Beaux-Arts, figura dans la rétrospective de l’œuvre de Delacroix des Galeries Martinet. Paris, musée Eugène-Delacroix, MD 1969 (don de M. André J. Kahn-Wolf)

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Alfred Robaut (1830-1909) Lettre à Henri Fantin-Latour, 5 mai 1884 Robaut invita Fantin à participer à toutes les réunions du Comité du Monument à Delacroix. La première se tint à la mairie du VIe arrondissement. Paris, Archives des musées nationaux, P 30 Delacroix Alfred Robaut (1830-1909) Carte postale adressée à Henri Fantin-Latour, 14 mai 1884 Paris, Archives des musées nationaux, P 30 Delacroix Comité Eugène Delacroix Formulaire de souscription imprimé, 4 juin 1884 Paris, Archives des musées nationaux, P 30 Delacroix Reçus adressés à Henri Fantin-Latour et son épouse pour leur participation à la souscription au Monument à Delacroix, 10 juin 1884 Fantin, qui compta parmi les premiers membres du comité du monument versa 100 fr. – et son épouse 25 fr., ce qui le place à égalité avec Alfred Robaut, Philippe Burty ou Gustave Moreau. Mme Nathaniel de Rothschild fut la plus généreuse avec 5 000 fr., Auguste Vacquerie offrit 1000 fr., Victor Hugo, 500 fr. Au total la souscription, les bénéfices de l’exposition et une subvention de 8 000 fr. de l’État permirent de réunir les 90 000 francs nécessaires. Paris, Fondation Custodia, inv. 1997-A.906 Alfred Robaut (1830-1909) Lettre à Henri Fantin-Latour, 26 janvier 1888 Robaud invite Fantin à assister à la fonte de la figure d’Apollon du Monument à Delacroix de Jules Dalou (dont une photographie est présentée dans cette salle). Paris, Archives des musées nationaux, P 30 Delacroix Alphonse Legros (1837-1911) Portrait de Jules Dalou, 1877. Eau-forte Camarade de jeunesse de Legros comme de Bracquemond et de Fantin-Latour, tous issus de la Petite École, Dalou est l’un des sculpteurs les plus en vue lorsque le comité du monument à Delacroix le choisit sans concours en 1885. Médaillé au Salon de 1883, pour l’immense relief de la Chambre des députés, Mirabeau répondant au marquis de Dreux-Brézé, il est en plein dans l’élaboration du Triomphe de la République commandé la Ville de Paris pour l’actuelle place de la Nation. Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, DC 310d Rès. Jules Dalou (1838-1902) Esquisse pour le Monument à Delacroix, 1885. Cire sur armature métallique P r e m i è r e p e n s é e p o u r l e s f i g u r e s allégoriques entourant le piédestal du monument : une figure ailée s’élève en torsion des genoux d’un personnage assis. Durant les six années que prirent la réalisation de ce monument, Dalou travailla sans être rémunéré et dut même emprunter pour achever de payer le fondeur. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Inv. SDUT01752.

Jules Dalou (1838-1902) Étude pour le Monument à Eugène Delacroix, vers 1885 Plume et encre brune Ce croquis fixe les principaux éléments de cette composition animé d’un souffle néo-baroque : la figure féminine de la Gloire portée par un vieillard ailé, le Temps, tient d’une main une trompette et de l’autre une couronne qu’elle tend devant le buste du peintre, tandis qu’Apollon, dieu des Arts, applaudit, assis sur un rocher. Paris, musée Eugène-Delacroix, MD 1979-1. Jules Dalou (1838-1902) Monument à Eugène Delacroix, 1885 Plâtre patiné Cette esquisse au 6e d’exécution fut examinée le 13 novembre 1885 par les membres du comité du monument. L’achèvement du modèle à la grandeur définitive du monument occupa Dalou en 1886-1887, avant la fonte des éléments en 1888. Le monument fut inauguré le 5 octobre 1890. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Inv. PPS00357. Anonyme Apollon bronze fondu à cire perdue, brut de fonte, 1888 Photographie Dalou, fervent partisan de la technique difficile de la fonte à cire perdue, l’imposa à ses commanditaires. La coulée du bronze dans le moule enfermant le modèle de cire, si elle réussit, donne une œuvre unique. Les membres du comité assistèrent à l’opération spectaculaire de la fonte, le 28 janvier 1888. Ce cliché montre l’Apollon en bronze sorti brut de fonderie et encore armé de ses réseaux d’évents. Paris, collection particulière, fonds Becker, Ph. 354. Jules Dalou (1838-1902) Buste d’Eugène Delacroix, vers 1886-1888 Plâtre La version en bronze de ce buste couronne le Monument à Delacroix du jardin du Luxembourg (1890). Dalou s’inspira nettement du buste rétrospectif réalisé par Albert Carrier-Belleuse pour la Société nationale des beaux-arts en 1864. Paris, musée Eugène-Delacroix, dépôt du Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, PPS 00283. Henri Fantin-Latour (1836-1904) Centenaire H. Berlioz, 1903. Lithographie Berliozien convaincu, Fantin multiplia les illustrations d’après ses œuvres et peignit un immense Anniversaire de Berlioz (1875, Musée de Grenoble). Il reprend pour cette planche, publiée à l’occasion de son centenaire, le motif du couronnement du buste d’abord imaginé pour Delacroix. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Est. 1 (don Beurdeley).

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Henri Fantin-Latour (1836-1904) Victoire ailée (À Eugène Delacroix). Crayon lithographique, mise au carreau sur papier calque La composition avait été conçue en hommage à Wagner, mort en 1883, pour un album commémoratif publié à Bayreuth. Fantin a utilisé ici le papier calque pour recopier puis inverser la composition d’origine. Grenoble, Musée, MG 1461. Henri Fantin-Latour (1836-1904) Étude pour l’Immortalité, 1889. Graphite, craie blanche, rehauts d’aquarelle et gouache sur papier calque L’élévation du tombeau de Delacroix remplace la dalle funéraire de celui de Wagner. Cette feuille mise au carreau a un caractère pictural rare dans l’œuvre dessiné de Fantin. Signée, elle fut cédée de son vivant par l’artiste, d’ordinaire réticent à se séparer de ses dessins, qu’il aimait pouvoir réutiliser. New York, collection Karen B. Cohen. Henri Fantin-Latour (1836-1904) Immortalité, 1889. Huile sur toile Cette vision est d’autant plus irréelle que la figure semble émerger de l’atmosphère obscurcie de la ville. La position en hauteur de la sépulture est suggérée par l’apparition, au loin à droite, des tours de Notre-Dame et de la coupole du Panthéon, promesse d’éternité aux grands hommes. Cardiff, National Museum Wales, NMW A 2462 Henri Fantin-Latour (1836-1904) À Eugène Delacroix, 1890. Lithographie Cette rare épreuve du 1er état de la lithographie tirée du tableau est dédicacée au crayon par Fantin au : « Au fervent admirateur de E. Delacroix et de Corot, Alfred Robaut », l’initiateur du monument à Delacroix du Luxembourg. Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, DC 310a Rès, t. 5 (legs Paul Cosson)