etats-unis : une amérique inattendue
DESCRIPTION
Les Français qui adorent les Etats-Unis et les détestent tout autant, pensent à tort connaître leur histoire. Historia vous fait visiter une "Amérique inattendue" dans ce dossier surprenant.TRANSCRIPT
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novembre 2012 - n° 791
nos rendez-vous inédits : préhistoire, archéologie, les routes de l’histoire, l’origine d’une expression… 3:HIKPKG=\UZZU[:?a@h@t@b@k;
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1918, comment l’armistice a été signé
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une république laïque, esclavagiste du nord au sud, toujours francophone : une tout autre histoire !
états-unisétats-unis
4 historia novembre 2012
contributeurs
sommaire Novembre 2012
Liliane CrétéDocteur en civilisation et littérature anglo-américaines, elle a notamment publié, sur les États-Unis, John Cotton, au cœur de l’émotion puritaine (Labor et Fides, 2007).
anne-Claire FaucquezSpécialiste des États-Unis, elle a choisi pour thème de son doctorat la naissance de la société esclavagiste américaine des années 1620 aux années 1720.
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39 DossierLes États-Unis inattendusLaïcité, esclavage, francophonie, guerre de Sécession…
À l’heure où l’Amérique se rend aux urnes pour choisir
son président, un éclairage inédit sur des pans totale-
ment méconnus de l’histoire de ce pays.
70 Les Dessous De…Le procès de Louis XVISur le banc des accusés, le citoyen Louis Capet est la
victime expiatoire des Montagnards les plus virulents.
76 sPÉCiaL viLLePérigueux, le trésor millénaire de l’IsleÉchappée belle à travers l’histoire foisonnante de la
capitale gourmande du Périgord.
86 à L’aFFiCheExpositions, cinéma, DVD, télévision…
100 Prix historiaRetour en images sur les moments forts et les person-
nalités marquantes de notre troisième édition.
102 Livres
108 PortraitBernard Ménétrel, le médecin, l’éminence grise et l’amuseur de PétainDe 1936 à l’épilogue de Sigmaringen, en 1945, le praticien
partage le quotidien du chef de l’État français.
114 iDÉe reçuePépin le Bref a très peu régné
6 aCtuaLitÉsLes Américains aux urnes
14 à La PrÉhistoireLes premiers cannibales
17 arChÉoLogieLe terrain d’exercices de l’armée de Louis XIV
19 Le musÉe insoLiteLe musée Curie
20 L’art De L’histoireBruegel, le metteur en scène laïc des récits bibliques
22 Les routes De L’histoireLa route de la bataille de la Somme
24 L’inÉDit Du moisLe premier diplômé en pharmacie de Paris
27 L’inConnu Du moisCaulaincourt
29 un mot, une exPressionUne égérie
31 L’air Du temPsLe Régiment de Sambre-et-Meuse
34 Ce jour-Là11 novembre 1918 : signature de l’armistice
bertrand van ruymbekeIl enseigne la civilisation américaine à Paris-VIII. Les treize colonies font partie de ses sujets de recherche. Auteur des Huguenots et l’Atlan tique (Les Indes savantes, 2009).
anne-marie LibérioProfesseur à l’université Paris-Est - Marne-la-Vallée, ses domaines de prédilection sont l’Amérique coloniale, les Amérindiens et le Brésil.
novembre 2012 historia 5
alain FrerejeanTraduit en braille et en chinois, il est l’auteur d’une douzaine de biographies, dont la dernière, Churchill-Staline, la méfiance cordiale, à paraître chez Perrin en mars 2013.
Jean-Yves Le naourLa Première Guerre mondiale n’a pas de secret pour celui qui a signé cette année Le Soldat inconnu vivant, une BD en collaboration avec Mauro Lirussi (Roymodus).
Dossier : Les États-Unis inattendus, page 39
Spécial ville : Périgueux, le trésor millénaire de l’Isle, page 76
Farid ameurCe doctorant, chargé de cours à l’université de Versailles, a publié, l’année dernière, La Guerre de Sécession. Images d’une Amérique déchirée (François Bourin).
Jean-Christian PetitfilsOn lui doit les biographies de Louis XIII, Louis XIV, Louis XVI, et un récit littéraire, Le Frémissement de la grâce, sur AlainFournier et son Grand Meaulnes (Fayard).
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20 historia novembre 2012
l’art de l’histoire
on ne connaît ni l’année exacte, en-tre 1525 et 1530, ni le lieu de naissance de Bruegel. Reçu maî-
tre de la guilde de Saint-Louis à Anvers, il vécut dix ans dans ce port devenu le nouveau centre commer-cial, économique et finan-cier de l’Europe. On y parle toutes les langues, et de nombreux étrangers ainsi qu’un très grand nombre d’artistes s’y installent. À cette époque, les esprits sont en ébullition. Les découvertes en tout genre changent singulièrement la vision du monde et l’idée qu’on se fait de la place de l’homme sur la terre : en 1521, le navigateur Magel-lan apporte la preuve que la Terre est ronde ; en 1548, le botaniste Pierre Couden-berg aménage, à Bruxelles, un vaste jardin réunis-sant plus de quatre cents plantes exotiques ; en 1560, après la levée de l’interdit de l’Église, il est possible de disséquer un cadavre et d’étudier l’anatomie du corps humain ; enfin, en 1570, Abraham Ortelius
publie le premier atlas mondial. Bruegel, qui s’est lié d’amitié avec le carto-graphe, partage sa fièvre de connaissance. Grâce à lui, le peintre se familia-rise aussi avec les idées du grand penseur Érasme de Rotterdam, un moine théologien dont les écrits eurent une grande in-fluence sur la Renaissance flamande. S’il n’approuve pas le schisme de l’Église, cet esprit éclairé dénonce le trop grand pouvoir du clergé et du pape, et prône une certaine tolérance. Mais la relative harmonie qui règne dans la région entre catholiques et protes-tants, depuis la Réforme, reste fragile. Tout s’embrase lorsqu’en 1566 les protestants fla-mands, en particulier les calvinistes, lacèrent les tableaux d’autel et brisent les sculptures dans les églises catholiques. Pour eux, l’adoration des images saintes relève de l’idolâ-trie. Deux conceptions de la foi s’affrontent de nouveau. Pour Philippe II d’Espagne, membre de la
famille des Habsbourg, dont l’empire comprend les Pays-Bas, cette violation des lieux sacrés du catho-licisme, religion d’État, constitue une menace po-litique. En août 1567, il en-voie le duc d’Albe punir les profanateurs et convertir les impies. Lorsque celui-ci entre dans Bruxelles à la tête de ses troupes, Bruegel y réside avec sa femme et son fils. L’émissaire du roi fait régner la terreur. Les provinces du Nord vont connaître les pires heures de leur histoire. Philippe II lui a donné carte blan-che : « Je préfère sacrifier 100 000 vies humaines que de mettre un terme à la per-sécution des hérétiques. » Cette sanglante répression et une intolérable pression fiscale marquent le début de la révolte contre Madrid et déclenche une terrible guerre. Le peintre était-il du côté des catholiques ou des protestants ? Difficile de répondre, même en étu-diant de près ses tableaux. Il semble qu’il ait voulu garder une certaine dis-tance avec la religion.
Tout comme de nombreux artistes flamands, Bruegel s’intéresse d’abord à la vie sur terre. Et souvent, il transpose certains épi-sodes bibliques dans sa propre époque et dans son environnement en leur donnant une interpréta-tion laïque, voire triviale. Il représente avec une déli-catesse particulière et un sens accompli de l’obser-vation les paysans, les ar-tisans, la vie dans les villa-ges ou dans les champs. Ses paysages panoramiques montrent qu’il sait prendre de la hauteur. Est-ce pour évoquer la petitesse de l’homme devant la gran-deur du monde ? Est-ce le signe d’une certaine sa-gesse, l’influence lointaine de l’éthique stoïcienne ? Pour Ortelius, les inter-rogations philosophiques du peintre ne font guère de doute. Il déclarait à son propos : « Il a peint bien des choses qui ne peuvent être peintes. Dans toutes les œuvres de notre Bruegel, il y a toujours plus de pensée que de peinture. »LÉlisabeth Couturier
Le paysagiste brabançon est le héraut de la Renaissance flamande. Jusqu’au 14 janvier, le palais des Beaux-Arts de Lille déploie ses grandioses et profonds panoramas, où s’entremêlent l’imaginaire et le réel.
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Le dénombrement de bethLéem, 1566. Huile sur bois, 115,5 x 164,5 cm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.
1 Le paysage. La place d’un village flamand vu
sous la neige à la fin d’un après-midi d’hiver. Le soleil rouge descend sur l’horizon blanc. L’endroit fourmille de monde. Chacun vaque à ses occupations : les femmes surveillent les enfants qui s’amusent sur le lac gelé avec leur luge et leurs patins, les hommes rentrent le bois. À l’extrême bord gauche du tableau, on égorge le porc, comme le veut la tradition en cette saison.
2 Marie sur L’âne et Joseph Marchant
devant. Les deux figures bibliques ne se distinguent en rien des autres personnages représentés par Bruegel. Il faut regarder attentivement le tableau pour les repérer. La scène renvoie à l’Évangile selon saint Luc, qui relate l’arrivée, le 24 décembre à Bethléem, de Joseph et Marie venus se faire « inscrire » sur les registres de leur ville selon le recensement des habitants de Palestine ordonné par Rome. Marie est sur le point d’accoucher. L’étable où Jésus naîtra dans la nuit est représentée, ici, par l’hôtellerie vers laquelle le couple se dirige, comme l’indique la guirlande verte accrochée au bâtiment.
3 La coLLecte des iMpôts. L’attroupement
devant la fenêtre de l’auberge n’évoque pas un recensement mais plutôt la levée des impôts pour le compte du puissant souverain de l’immense Empire espagnol. Un an plus tard, le duc d’Albe exigera le paiement de taxes supplémentaires, ce qui provoquera la fureur des habitants des Pays-Bas.
4 La vie en pLein air. Dans la journée,
les activités se passent essentiellement à l’extérieur, car les maisons sont très sombres. Dans la partie haute du tableau, on peut voir un arbre au pied duquel est installé un débit de boissons. Le peintre ne représente pas avec précision les traits des visages, mais il traduit la vie à travers la diversité des attitudes. Hommes et femmes paraissent tout petits par rapport à la nature.
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LE 11 nOvEmbRE 1918 La signatURE dE L’aRmistiCE
Dossier
Comme le note un voyageur au XIXe siècle, « dans ce pays, la société n’est pas toujours belle, mais elle est toujours grande ». Et surprenante.
À l’image de son histoire, souvent méprisée pour sa brièveté, alors qu’elle comporte tant d’épisodes encore à défricher. Ce dossier se
propose d’en éclairer certains, que l’on croyait connaître. Hollywood a ses clichés, nous avons les nôtres, qu’il convient de rectifier.
40La Louisiane « speaks French ». Yes, monsieur !La francophonie revit, et la langue de Molière est présente à travers tout le pays.Par Liliane Crété
49Une république laïque !Depuis Washington, tous les présidents prêtent serment sur la Bible. Et pourtant…Par Bertrand Van Ruymbeke
52Le Nord aussi était esclavagisteLoin des champs de coton, New York est la troisième ville du pays par le nombre d’esclaves. Par Anne-Claire Faucquez
58Les Indiens, un tabou qui n’en finit pasN’allez pas croire que la hache de guerre est enterrée. Car la lutte des Native Americans est loin d’être terminée.Par Anne-Marie Libério
63La déchirure de la guerre de SécessionYankees contre confédérés : le conflit le plus sanglant qu’ait vécu le pays, mais aussi un acte de renaissance.Par Farid Ameur
Les États-Unis
inattendus
42 historia novembre 2012
en un clin d’œil la conquête du continentNul épisode de l’histoire des États-Unis est plus mythique que la conquête de l’Ouest. Selon l’idée répandue, reprise dans les westerns, le continent aurait été conquis par des individus isolés et rudes, pionniers solitaires et autres cow-boys… Faux : cette épopée est le résultat du triomphe du capitalisme, doublé d’un interventionnisme de
l’État fédéral pour contrôler les terres qui s’étendent de l’Atlantique au Pacifique. Jusqu’en 1860, les Grandes Plaines sont considérées comme le « grand désert américain », avec un peuplement très lâche (Colorado, Utah, Nevada, Californie). À partir de 1865, les terres absorbées à l’ouest du Mississippi (Minnesota, Iowa et Louisiane) connaissent
une expansion économique sans précédent. L’attrait pour ces « espaces vastes et sans chemins », selon l’expression du poète Walt Whitman, est fort, et des brochures illustrées sont distribuées pour inciter les candidats à l’émigration à s’y établir pour faire fortune. La pénétration vers l’ouest scelle le sort tragique de centaines de
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* La Louisiane s’étend alors de l’État actuelde la Louisiane, au sud, au Montana, au nord.
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Cédé au Canadabritannique
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intégré à l’Unionen 1848
Cédé par le Canadabritannique
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Gainterritorialen 1783
Les treizeÉtats d’origine
en 1763
Achatde la Louisiane
à la Franceen 1803*
Annexion du Texasaux dépensdu Mexique
en 1845
Perdu parle Mexique
en 1848
Achatau Mexique
en 1853
Année de mise en servicede la ligne ferroviaire
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De la fondation à l’expansion, l’histoire du pays s’écrit d’est en ouest
novembre 2012 historia 43
tribus indiennes, qui s’opposent à la construction des voies ferrées, mais surtout à l’unité nationale. Un obstacle que ne peut tolérer le gouvernement fédéral. À l’aide de décrets d’expropriations forcées à l’échelle du pays, de spoliations et d’une guerre sans merci contre les nations autochtones, il offre aux compagnies ferroviaires
de construire les lignes transcontinentales, indispensables à la mise en valeur de ce continent immense. Le pionnier fait place à de géantes exploitations agricoles, minières et forestières tournées vers l’exportation et un nouveau marché national libre de toute entrave. La conquête de l’Ouest est une gigantesque opération
d’aménagement du territoire, minutieusement orchestrée, brutale et fulgurante, qui débouche sur la domination de terres jugées vides et disponibles, et la sujétion de populations indigènes au profit de l’empire industriel capitaliste continental. L Damien Amblard a
publié Le « Fascisme » américain et le
Fordisme (Berg International, 2007).
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Cédé au Canadabritannique
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Cédé par le Canadabritannique
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Les treizeÉtats d’origine
en 1763
Achatde la Louisiane
à la Franceen 1803*
Annexion du Texasaux dépensdu Mexique
en 1845
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1. La FrontièreElle n’est pas une séparation entre deux territoires nationaux, mais la limite mobile entre les terres colo-nisées et les territoires encore vier-ges. C’est la marge entre le connu et l’inconnu, entre la « civilisation » et la « sauvagerie » (wilderness).
2. Le tHÉoriCienLe 12 juillet 1893, un jeune historien, Frederick Jackson Turner, jette les bases d’une définition de la Frontière – le lieu où se forgent les caractères distinctifs de la civilisation américaine : liberté individuelle, démocratie politique et mobilité économique.
3. Le poseur de raiLsEsclave affranchi, John Henry est un colosse de deux mètres sur-nommé le « steel drivin’ man ». Des chansons folkloriques ont fait de lui une icône populaire de la conquête de l’Ouest et de l’homme sur la nature. L’historicité du personnage fait encore débat, mais tous les écoliers connaissent sa vie.
4. La LoCoMotionEn 1821, il faut quarante-huit jours pour escorter ses troupeaux entre Kansas City et Santa Fe (1 200 km), alors au Mexique. Les diligences mettent vingt-quatre jours pour aller de Saint Louis à San Francisco. En 1860, le Pony Express – système de distribution du courrier – permet de faire le même trajet à cheval en dix jours, grâce à des postes tous les vingt-quatre kilomètres. En 1869, la première ligne transcontinentale est ouverte : New York est à huit jours de San Francisco en train, voyage qui durait en diligence ou par la mer de six à dix mois.
5. L’uLtiMe ÉtapeEn 1890, après le dernier grand rush vers l’Oklahoma autorisé par le président Benjamin Harrison (1889-1892), et la disparition du dernier front pionnier, le Bureau du recensement déclare officielle-ment que la Frontière est close. La conquête intérieure est ache-vée, la nation américaine est faite.
De la fondation à l’expansion, l’histoire du pays s’écrit d’est en ouest
Les cinq piliers de l’expansion
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