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LA LITTÉRATURE DU XIXème SIÈCLE

Le XVIIIe siècle, siècle des Lumières, s’est terminé dans un grand bain de sang. Les Français, mécontents du gouvernement de Louis XVI qui les écrase de taxes mais exempte d’impôts la noblesse, se révoltent. Le 14 juillet 1789, des insurgés, aidés de soldats du roi, s’emparent de la Bastille, prison stratégique de Paris, ce qui encourage la population à se rebeller. C’est bientôt tout le pays qui fait la révolution. En 1793, le roi, symbole suprême d’un ancien ordre des choses, est exécuté. On guillotine aussi la reine et des milliers de nobles, ainsi que tous ceux que l’on soupçonne d’être contre la Révolution. Cette période sanglante sera baptisée la Terreur.

À la suite de cet épisode, les révolutionnaires promettent aux autres nations de les aider à se libérer de la monarchie elles aussi. C’est ainsi que la France commence à envahir les pays voisins. Afin de se protéger, l’Angleterre et l’Autriche attaquent la France en 1793. La France sortira vainqueur de cette guerre de deux ans.

À la tête des armées françaises se trouve alors un jeune et brillant (ainsi qu’ambitieux) général corse, Napoléon Bonaparte. Ayant progressivement concentré tous les pouvoirs entre ses mains, Bonaparte se fait sacrer Empereur par le pape Pie VII en 1804. Il promulgue de nouvelles lois – entre autres, il donne le droit à tous les Français d’accéder à la propriété et d’exercer un bon métier –, mais son régime est autoritaire. Napoléon soumettra presse et la littérature à une étroite censure. Son pouvoir est fondé sur la force militaire et la guerre ; en 1812, il a déjà conquis une grande partie de l’Europe occidentale (voir la carte ci-contre).

Cependant, sa tentative de conquête de la Russie s’est soldée par un échec en 1814. Lorsqu’il perd contre les Britanniques et les Prussiens à Waterloo en 1815, il est définitivement exilé sur la petite île de Sainte-Hélène, où il meurt en 1821.De 1814 à 1830, c’est la Restauration. Il s’agit d’un difficile compromis entre la monarchie parlementaire (le modèle anglais) et le désir des royalistes de revenir à l’Ancien Régime. C’est donc dire que personne n’est pleinement satisfait pendant cette période, ce qui conduira éventuellement, en juillet 1830, à une révolution (les « Trois Glorieuses ») et à l’exil de Charles X, le dernier des Bourbons. Le retour de Napoléon en 1815 force l'exil de Louis XVIII à Gand pendant quelques mois.

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C'est une monarchie constitutionnelle non démocratique (suffrage censitaire)

Renforcement progressif du régime autoritaire Opposition des ultra-royalistes aux libéraux La détérioration de la situation économique à partir de 1826 aboutit à

la révolution de Juillet.Deux rois : Louis XVIII et Charles X

Louis XVIII Roi de 1814 à 1824 Frère de Louis XVI, auquel il succède après la mort du Dauphin, Louis XVII vers 1795 A passé une grande partie de sa vie en exil (1789-1814 et 1815) Voulut réconcilier les acquis de la Révolution et de l'Empire avec le retour de la monarchie

Charles X Roi de 1824 à 1830 Frère de Louis XVIII Règne marqué par un renforcement de la politique autoritaire Tenta de supprimer la liberté de presse Abdiqua en 1830 en faveur de son petit-fils, mais c'est Louis-Philippe, soutenu par la bourgeoisie, qui accède au trône comme roi des Français (et non de France). La fin du règne de Charles X marque la fin des Bourbons en France. Louis-Philippe 1er, en effet, est issu de la branche cadette, les Orléans. Il est le dernier roi en France et aussi l'unique Orléans à avoir régné.

Contrairement à ce que souhaitaient les républicains, l'exil de Charles X entraîne l’apparition d’une nouvelle branche de la famille royale sur le trône, les Orléans. De 1830 à 1848, c’est donc la monarchie de Juillet. Louis-Philippe est cependant surtout un « roi bourgeois », c’est-à-dire qu’il défend les

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intérêts des classes possédantes contre une contestation sociale qui s’affirme. L’assise de la monarchie de Juillet est étroite (elle provient du suffrage censitaire, ce qui signifie que les électeurs sont une faible minorité fortunée de la population), et le régime de Louis-Philippe entrave la liberté d’expression et refuse les réformes.

C’est ainsi qu’en 1848, alors que sévissent chômage et famine, une insurrection éclate à Paris, qui déclenche une vague de révolutions à travers l’Europe1. La révolte des ouvriers parisiens est très durement réprimée et la Seconde République (1848-1852), proclamée dans l’enthousiasme, laisse vite place à la désillusion. L’instauration du suffrage universel conduit à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Mais le prince-président met fin à la République par un coup d’État le 2 décembre 1851, et c’est le début du Second Empire (1852-1870).

« Les années 1830 à 1850 sont sans doute la période du siècle où les écrivains sont le plus engagés dans les luttes politiques : Victor Hugo et Lamartine sont parlementaires, Alfred de Vigny tente de l’être. Devenu l’un des chefs de l’opposition sous Louis-Philippe, Lamartine est chef du gouvernement provisoire en 1848. Opposant déterminé au coup d’État du 2 décembre 1851, Victor Hugo est contraint à l’exil et ne regagnera la France qu’en 1870. »

1. Cette année-là, des ouvriers britanniques réclament le droit de vote universel et Karl Marx rédige le Manifeste du parti communiste, où il exprime l’idée que tous les ouvriers doivent s’unir pour prendre en main le pouvoir.

Le Second Empire amène une période de prospérité économique. Les infrastructures et l’industrie se développent, le système bancaire est en plein essor et une nouvelle forme de commerce fait son apparition : les grands magasins (Émile Zola examine d’ailleurs ce phénomène dans son roman Au bonheur des dames). Si c’est surtout le milieu des affaires qui prospère, le sort des ouvriers n’est quand même pas sans s’améliorer. Mais le régime est toujours autoritaire et il se heurte, à partir de 1860, à des oppositions croissantes. La guerre franco-allemande et le désastre de Sedan – où Napoléon III, après avoir capitulé, sera fait prisonnier – entraîneront la révolution du 4 septembre 1870 et l’effondrement du Second Empire.

La révolution industrielle est assurément le phénomène économique fondamental du XIXe siècle. L’invention de la machine à vapeur par l’Anglais

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James Watt, en 1782, a permis à l’Angleterre d’accélérer une industrialisation déjà bien avancée (les usines sont déjà monnaie courante au XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, ce qui a provoqué là-bas le phénomène d’urbanisation, d’exode massif vers la ville de la population campagnarde). Il y a tant d’usines en Angleterre qu’on la surnomme alors « l’atelier du monde » : le pays est extrêmement riche et puissant. Il faut cependant comprendre que l’industrialisation massive amène d’autres phénomènes importants : les conditions misérables des ouvriers de tous âges, qui doivent travailler de longues heures à de très faibles salaires et sont souvent blessés ; l’expansion de l’industrie minière – en effet, pour obtenir de la vapeur pour les moteurs, il faut faire bouillir de l’eau et, pour cela, de grandes quantités de charbon sont nécessaires, ce qui fait qu’hommes, femmes et enfants travaillent en grand nombre dans des mines. La révolution industrielle s’accompagne ainsi de la naissance d’une classe nouvelle : le prolétariat. L’exode rural amène dans les villes de nouvelles masses ouvrières dont les conditions de vie sont particulièrement précaires. Sans autre ressource que leur salaire journalier (qui est soumis à des baisses successives dans la première moitié du siècle), hommes, femmes et enfants semblent asservis aux propriétaires des moyens de production. Ils habitent nombreux dans de minuscules maisons, sans toilettes ni eau courante, alignées le long de rues étroites et insalubres. L’air, saturé par les fumées des usines, est à peine respirable. Les maladies se propagent rapidement. Ceux qui sont sans emploi, encore plus pauvres (aucune mesure sociale n’existant alors pour permettre aux chômeurs de subsister), doivent voler pour survivre, ce qui accroît d’autant le taux de criminalité des faubourgs surpeuplés et sous-scolarisés.

Mais il est bien certain que l’essor de la mécanisation n’a pas que des mauvais côtés et qu’il permet l’amélioration des moyens de transport (le développement du chemin de fer, entre autres).

La révolution industrielle amène l’accélération de l’ascension sociale de la bourgeoisie aisée et des fortunes considérables s’édifient (il n’est alors pas étonnant de voir la place qu’occupe l’argent dans les romans réalistes, ceux de Balzac comme ceux de Zola).

« Le progrès scientifique connaît [aussi] un essor particulièrement remarquable, qui touche tous les domaines. Au grand développement des sciences physiques s’ajoutent les progrès de la médecine […] [dont] la découverte des vaccins par Louis Pasteur (1822-1895), tandis que la conception de l’évolution de l’homme est renouvelée par les théories de

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l’évolutionnisme et du transformisme (voir Darwin, De l’origine des espèces, 1860). »

Avec l’industrialisation, le développement de l’instruction est aussi un phénomène majeur du XIXe siècle. Il faut comprendre qu’avant 1800, les écoles sont payantes, ce qui fait que peu nombreuses sont les familles qui peuvent y envoyer leurs enfants, qui n’apprennent alors jamais ni à lire ni à écrire.

En 1833, la loi Guizot, qui oblige les communes à entretenir une école primaire, permet une extension de la scolarisation. Puis, pendant la Troisième République, les républicains, tirant une bonne leçon de l’échec de 1848, mettent au premier rang de leurs préoccupations l’éducation laïque, gratuite et obligatoire avec la loi Jules Ferry (1882). Ils espèrent former des citoyens conscients et responsables en séparant l’éducation et la religion – en effet, l’Église étant favorable aux idées conservatrices et monarchiques, les républicains, dont l’anticléricalisme est parfois virulent, souhaitent réduire son emprise sur les consciences par le développement d’une éducation laïque. Ces années voient aussi le développement des lycées (enseignement secondaire) ainsi que l’apparition de lycées de jeunes filles.

C’est donc l’accès gratuit à l’éducation ainsi que l’éducation obligatoire – d’abord jusqu’à douze ans puis, jusqu’à seize, qui fera reculer l’analphabétisme1. Cependant, le système d’éducation est alors loin de ressembler à celui d’aujourd’hui : la discipline y était sévère et les maîtres usaient de la force physique pour faire apprendre leurs pupilles.

Les explorations de la Renaissance et du XVIIe siècle ont amené, on le sait, les Européens à visiter les quatre coins de la planète pour y installer des comptoirs commerciaux.

C’est le développement de la presse, au XIXe siècle, qui permet une diffusion plus importante de la littérature. En effet, alors même que le combat pour la liberté de la presse (consacrée par la loi de juillet 1881) fait rage, de nombreux écrivains, de Chateaubriand à Zola, publient dans les journaux des articles, des critiques, des lettres d’opinion.

En 1836, avec La Presse, Émile de Girardin crée le journal moderne, à prix modeste grâce à la publicité et à l’importance de la diffusion. La littérature trouve sa place dans ce journal à travers le roman feuilleton, promis à un énorme succès – de nombreux romans de Balzac, d’Eugène Sue (Les Mystères

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de Paris, par exemple) et d’Alexandre Dumas (dont Les Trois Mousquetaires), entre autres, paraîtront sous cette forme.

À la fin du siècle, les progrès techniques permettent une diffusion encore plus importante et le développement d’une presse très populaire, qu’on vend maintenant au numéro et non plus par abonnement : Le Petit Journal, par exemple, tire à un million d’exemplaires en 1900. Apparaît alors une distinction plus nette entre les lectures du public cultivé et les romans feuilletons, qualifiés de « populaires », diffusés par les journaux à grand tirage1.

C’est ainsi que le statut de l’écrivain se trouvera modifié. Il peut maintenant vivre de sa plume (le droit d’auteur existe depuis la fin du XVIIIe siècle), cependant il est maintenant largement tributaire non seulement de son éditeur, mais des goûts du public, qu’il doit satisfaire pour vendre. Les auteurs bénéficient cependant alors d’une grande considération sociale. Leur notoriété vaut même à quelques-uns une autorité morale ou politique – qu’on pense à Lamartine ou à Hugo, qui a eu droit à des funérailles nationales en 1885. Toutefois, il arrive aussi souvent qu’écrivains et artistes se sentent incompris, isolés dans une société égoïste et matérialiste où la littérature ne fait figure que de simple divertissement ; ce malaise est déjà présent dans le mouvement romantique (dans les écrits d’un Musset ou d’un Gérard de Nerval, par exemple, sans compter ceux de Gautier – on n’a qu’à penser à la préface de Mademoiselle de Maupin pour s’en convaincre) comme il le sera plus tard chez Baudelaire.

Ainsi, époque de bouleversements tant économiques que sociaux, le XIXe siècle est traversé de nombreuses contradictions qui se retrouvent aussi dans la condition de ses écrivains.

1. Ce qui explique le mépris dans lequel sera tenu un auteur comme Alexandre Dumas, par exemple, dont les écrits sont fort populaires auprès du public.

C’est un début difficile pour la Troisième République (qui ne s’achèvera malgré tout qu’en 1940) puisque, en réaction contre l’élection d’une majorité conservatrice et favorable à la paix, le peuple de Paris s’insurge et s’organise en Commune (mars-mai 1871). Mais le gouvernement, installé à Versailles, reprend militairement Paris avec l’aide des Allemands et les communards sont sévèrement réprimés. Ceux qui échapperont au carnage de la Semaine

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sanglante, comme l’institutrice et écrivaine Louise Michel, seront exilés dans la colonie pénitentiaire de Nouvelle-Calédonie.

Le régime républicain se heurte aussi à quelques reprises au courant nationaliste, animé par une volonté de revanche contre la Prusse après la perte de l’Alsace et de la Lorraine. C’est ainsi qu’en 1889, une première crise se fait sentir : la popularité du général Boulanger, autour duquel se liguent autant nationalistes que bonapartistes (voire même quelques monarchistes), semble mettre un instant le régime en péril. Puis, de 1896 à 1906, la France est profondément divisée par l’affaire Dreyfus : les républicains progressistes (dont Zola, avec son article J’accuse) défendent le capitaine israélite Dreyfus, accusé de haute trahison, alors que les nationalistes et conservateurs sont résolument antidreyfusards.

Pour la première fois dans l'histoire de la littérature française, on peut parler de réel mouvement littéraire. En effet, le visage artistique du XIXe est fort changeant. Contrairement au siècle précédent, dominé par le classicisme, on ne peut parler d'un seul mouvement littéraire dominant, bien qu'il soit tentant d'assigner ce rôle au romantisme.

De nos jours, les termes « romantisme » et « romantique » font immédiatement penser à l’amour avec un grand « A », un peu sensible, voire sirupeux ; ils impliquent souvent fleurs, petits chocolats, Saint-Valentin, sérénades, gondoles, ou autres attentions qui non seulement brisent la routine du couple, mais sont les marques d’un amour indéfectible. La plupart des jeunes filles en rêvent, la plupart des hommes s’y plient de plus ou moins bonne grâce pour toutes sortes de raisons. Mais romantisme n’a pas toujours eu le sens de fleur bleue.Au XIXe siècle, le romantisme, c’est avant tout une révolte. Révolte contre l’anonymat auquel soumettent une histoire tyrannique et une urbanisation effrénée. Révolte contre un monde de plus en plus matérialiste, où la bourgeoisie, de plus en plus riche et de plus en plus puissante, impose un conformisme désespérant en définissant ce que doivent être le bon goût et les bonnes mœurs. Révolte contre un avenir qui ne promet plus rien et contre l’ennui, le dégoût qu’on sent en soi. Révolte contre le rationalisme qui brime les sentiments. Révolte, enfin, contre le siècle tout entier.

Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs sont en cause dans la naissance de ce nouveau courant littéraire.

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D’abord, il y a ceux qu’on a nommé plus tard les « préromantiques » et qui, comme Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle (avec Julie ou la Nouvelle Héloïse, les Rêveries du promeneur solitaire et les Confessions) ou Chateaubriand au tournant du XIXe siècle (avec Atala, en 1801, René, en 1802 et le Génie du christianisme, en 1802) ont écrit des textes où se font sentir à la fois le besoin de parler de soi et l’amour de la nature. Déjà, chez ces deux grands auteurs, l’émotion et la passion l’emportent sur la raison. Chez Rousseau, l’intérêt pour l’analyse psychologique et la description des mouvements de l’âme sont tels que ses écrits ne ressemblent en rien à ceux de ses contemporains. Chez Chateaubriand, l’ennui des personnages est si représentatif du mal du siècle que Gautier a dit de lui qu’il avait « inventé la mélancolie moderne ». Germaine de Staël a aussi contribué à faire pénétrer le mouvement en France avec de la Littérature (1800) et de l’Allemagne (1810), où elle exalte le rôle de l’inspiration et du génie et où elle affirme que la littérature de l’avenir reposera sur une totale liberté de l’imagination.Ensuite, il y a l’influence étrangère. Celle des Allemands, d’abord, à travers Goethe, dont on découvre les Souffrances du jeune Werther (1774) et Faust (1775), et Schiller, avec la pièce Guillaume Tell. Celle des Écossais, aussi, à travers Walter Scott et ses romans historiques (dont Ivanhoé, portrait de l’Angleterre à la fin du XIIe siècle). Celle des Anglais, enfin, à travers nombre de poètes (Percy Shelley, John Keats, Lord Byron – dont la vie est souvent aussi inspiratrice que les écrits) et à travers le théâtre shakespearien.Enfin, il y a les circonstances historiques et politiques qui permettent l’éclosion du mouvement romantique en France. En effet, si la Révolution de 1789 a privé d’aucuns de l’enseignement des collèges (et pas des moins grands : Hugo, Lamartine, Vigny furent de ceux dont l’instruction fut décousue), cela ne leur fut que bénéfique, en leur permettant de se forger un goût plus personnel, moins soumis à la tradition classique. Plus encore, la chute de l’Empire entraînera avec elle la future carrière des jeunes d’alors, qui se voient brusquement privés de leurs grandes ambitions – ils sont désœuvrés et cherchent à tromper l’exaltation qui leur reste en se satisfaisant par les passions lyriques et les aventures romanesques des livres.À propos du romantisme, Baudelaire a écrit : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Ils l’ont cherché en dehors, et c’est en dedans qu’il était

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seulement possible de le trouver » (Salon de 1846). Plusieurs auteurs reprendront cette idée :Le romantisme ne réside pas en telle œuvre, en telle technique ou en tel thème : il est un climat, le climat de la société de tout un siècle, né sous le signe de la Révolution, grandi dans le prestige de Napoléon [...], appelé par les curiosités de l’exotisme, tourmenté par une crise religieuse et morale, qui le cahote de la foi au désespoir, de l’individualisme le plus passionné aux plus larges aspirations humaines (P. Moreau, préface de Musique et littérature sous la monarchie de Juillet, par J.-M. Bailbé).

Cette manière de sentir, ce climat, c’est d’abord un malaise existentiel que vivent les jeunes. C’est l’impression d’être laissés-pour-compte à la fois par l’histoire et par la société de leur temps, d’être incompris. C’est la sensation de vivre dans un monde sans repères. C’est une éternelle incertitude, une éternelle insatisfaction. C’est une sensibilité blessée, une mélancolie exacerbée par l’alternance des désirs et des doutes, des enthousiasmes et des chagrins. C’est, enfin, un profond sentiment d’ennui – c’est le mal du siècle.

Afin de fuir ce sentiment, les jeunes romantiques se replient sur eux-mêmes et donnent prééminence à leur vie intérieure. Afin de l’exorciser, ils écrivent, ils peignent, ils sculptent, ils gravent. Ils ont le sentiment d’être en marge du monde et tentent de tromper leur désarroi en soutenant que la souffrance est le privilège des âmes hors du commun, ce qui les amène, en bout de ligne, à rechercher l’unicité, l’anticonformisme, la marginalité. Paradoxalement, les romantiques souhaitent à la fois entretenir les souffrances de leur âme, qui sont une source d’inspiration, et les apaiser. Cet apaisement trouve deux sources : d’abord, dans la contemplation de la nature – où, s’il arrive quelquefois qu’ils trouvent du réconfort à travers les paysages, il arrive aussi qu’ils se heurtent à l’hostilité des forces destructrices qu’elle sait déchaîner – ; ensuite, dans le sentiment religieux, où les superstitions, le mysticisme et l’occultisme ne sont pas sans trouver leur place. En effet, le rationalisme profane du XVIIIe siècle et l’athéisme des Révolutionnaires semble avoir laissé un vide, une faille, une fissure dans l’âme humaine que tentent de réparer les jeunes romantiques. L’inaptitude du réel à répondre à ses attentes peut amener l’écrivain romantique sinon à croire en l’existence d’un monde idéal et spirituel, d’un dieu compréhensif, du moins à le souhaiter.Pour le définir, nous dirons donc, en somme, que le romantisme est un courant littéraire où domine le lyrisme, qui connut son apogée entre 1827 et

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1848, mais qui a perduré pendant tout le XIXe siècle et qui a eu une influence considérable non seulement sur la littérature, mais sur l’art et la société en général.Les origines du romantisme nous montrent qu’il est une réaction, parfois violente, à la rigidité classique. Cette réaction, on l’a vu, passe par une sensibilité exacerbée, qui s’est exprimée dans les thèmes abordés par les écrivains, de même que dans la forme même de leurs écrits. Dans les premières années du romantisme, on voit se profiler une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens, c’est-à-dire les défenseurs du classicisme, les « perruques », contrôlent les théâtres, les maisons d’édition, l’art en général et la littérature en particulier, le bon goût, quoi. Ils affirment que les romantiques sont des auteurs dangereux, qui corrompent la jeunesse et les femmes, et sans talent. Ils leur reprochent leur mise colorée et la barbe qu’ils portent, symbole de leur révolte.

Leurs principes esthétiques sont totalement opposés :

Les classiques

Vérité universelle Type Respect des règles Distinction des genres Raison MesureBienséance

Les romantiques

Vérité personnelle Individu Refus des règles Mélange des genres Émotions Démesure

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Provocation

En 1830, à la première d’Hernani, pièce de Victor Hugo, romantiques et tenants de l’esthétique classique s’affrontent, allant jusqu’à la violence physique. La jeunesse l’emporte : la victoire du romantisme est alors consacrée.

C’est l’énergie des jeunes romantiques, combinée à des circonstances politiques – le monde change – qui a permis au mouvement de triompher. Sous la Restauration, et sous la monarchie de Juillet, le pouvoir royal s’affaiblit continuellement, ce qui laisse de plus en plus de place à la bourgeoisie et à ce qu’on appelait autrefois le Tiers-État. La vie politique est maintenant ouverte à tous. De plus, constatant le vide laissé par la « disparition » de l’Église, les romantiques, qui se voient comme des élus ou des prophètes (Victor Hugo en particulier), viennent s’installer avec pour mission d’aider le peuple. En effet, Hugo voit le poète comme un guide qui doit mener l’homme à la vérité et se sent lui-même investi d’une mission humanitaire et religieuse, « Car le Mot, c’est le Verbe, et le Verbe, c’est Dieu » (Les Contemplations, « Suite »). Leur engagement politique est guidé par leur aspiration à un monde meilleur – les romantiques veulent donner un sens à la condition humaine. Ils veulent créer une société où régneraient la liberté et la fraternité. Ainsi, à la libération de l’art succède la libération de l’homme.Jugeant le classicisme suranné et stérile1 , les romantiques se tournent vers ce que les classiques avaient laissé de côté : le moyen âge, la renaissance et le baroque. Ils y découvrent des auteurs dont les préoccupations sont proches des leurs : l’existence futile, la mort inexorable, l’espoir de rédemption dans l’art, le désir de choquer pour éveiller, l’amour du contraste, l’imagination et l’invention comme valeurs suprêmes en art. On veut de la grandeur et de la beauté, plutôt que de la mesure et du vraisemblable. Ce qu’on cherche, c’est la liberté – la liberté dans l’art comme dans la société. C'est ce que représente le credo romantique : l’artiste doit pouvoir se permettre toutes les libertés en autant qu’elles servent son art. C’est ainsi que la versification, par exemple, se trouve fortement assouplie par Victor Hugo, dont la Préface de Cromwell expose la théorie romantique telle qu’il la conçoit. On refuse donc les limites et les frontières, celles du monde extérieur comme celles du monde intérieur.L’exotisme est en effet à l’honneur. C’est une façon de satisfaire le désir

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d’évasion, de sortir de soi-même. On peut le retrouver dans les récits historiques (Notre-Dame de Paris), les récits de voyage (España) ou les romans dont l’action se déroule dans des lieux et temps lointains (le Roman de la Momie, Salammbô). L’Égypte exerce une fascination particulière sur l’imaginaire romantique en raison de son statut de berceau de toute civilisation et de son obsession de l’immortalité. Le XIXe siècle est aussi un siècle où on voyage de plus en plus et de plus en plus loin. De ces périples, les artistes ramènent des paysages, des coutumes, des philosophies, qui marquent l’imaginaire. C’est à cette influence que l’on doit, entre autres, l’utilisation des paradis artificiels – autre moyen d’évasion et source d’inspiration. De nombreux artistes font l’expérience de l’opium (Musset) et du haschisch (Gautier, Baudelaire, Nerval). Leurs visions servent leur art dans des poèmes ou des nouvelles. Mais déjà, le romantisme est fracturé.

1. L’inspiration classique semble épuisée – les dramaturges ne cessent de plagier encore et toujours les pièces de Corneille et de Racine (avec plus ou moins de talent et de succès, il faut dire). Le plus grand auteur du XVIIIe

siècle, Voltaire, a écrit un nombre considérable de tragédies dont plus aucune n’est jouée – quand on sait que le théâtre était le divertissement public le plus couru, on comprend qu’il était temps de le renouveler. C’est d’ailleurs ce à quoi se sont employés en premier lieu les jeunes romantiques (Cromwell, Hernani, etc.). Quant à la poésie, qui pourrait citer un poème du XVIIIe

siècle ? Boileau, auteur l’Art poétique au XVIIe siècle, était le seul dont les vers retentissaient encore aux oreilles des jeunes romantiques, mais ils étaient sans vie, doctrinaires et étouffants.

Le moi

Accent sur l’individu Grande passion Mal du siècle

La nature

Miroir de l’âme Confidente

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Manifestation du divin

L’idéal social

Liberté Égalité Fraternité

Le voyage exotique

Dans l’espace:   -- Évasion   -- Contrées sauvages   -- Ardeur des passions

Dans le temps:   -- Moyen Âge gothique   -- Périodes troublées

Le romantisme s’incarne dans son héros, qui est avant tout un individu plutôt qu’un archétype, comme il devait l’être au siècle précédent. En effet, les personnages romantiques ont une histoire, une psychologie, bien avant qu’ils ne soient mentionnés dans un roman. Le héros de la première vague du romantisme – celle où l’on cherchait avant tout la libération de l’art – est un homme sensible, auquel son destin échappe, et dont la société nie les aspirations. Cela transparaît dans sa façon d’être, son ennui, son désœuvrement, son désespoir. Pour montrer son refus du monde qui l’entoure, sa révolte contre les normes bourgeoises, il vit souvent une vie de débauche : drogue, alcool, conquêtes sont son quotidien (par exemple, Lorenzaccio, de Musset, ou d’Albert, de Gautier). Il privilégie la bohème. La seconde incarnation du héros romantique présente encore sensiblement les mêmes caractéristiques, sauf qu’il est mû par un profond sentiment d’injustice sociale, injustice qu’il tente de redresser. C’est le héros des grands romans historiques : Quasimodo, Jean Valjean. Ces héros correspondent à

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l’idéal de la seconde vague du romantisme, celle où l’on cherchait, après avoir libéré l’art, à libérer le peuple.

Si le terme « romantique » a aujourd’hui perdu sa force pour ne plus renvoyer qu’à une sentimentalité délicate, proche de la sensiblerie, le mouvement romantique, quant à lui, semble avoir changé notre imaginaire à tout jamais. En effet, force est de constater que nous avons une admiration pour le héros tourmenté, qui se bat seul contre le monde, qui fait face à des obstacles insurmontables mais qui sort victorieux des épreuves – un héros romantique, quoi ! Même le jeune Harry Potter est un héros romantique : il triomphe toujours du mal en ne comptant que sur ses propres moyens et, en vieillissant, est de plus en plus tourmenté (mais l’adolescence elle-même n’est-elle pas un mouvement tout à fait romantique ?). Les superhéros des bandes dessinées aussi sont, jusqu’à un certain point, des héros romantiques – qu’on pense à Batman ou à Daredevil, qui ressemblent beaucoup à l’idée que Chateaubriand se fait de lui-même et rappellent en même temps Jean Valjean (personnage principal des Misérables de Victor Hugo), qui essayent d’être justes mais qui sont toujours déchirés par leur désir de vengeance ; qu’on pense à Hulk, qui reprend le Jekyll et Hyde de Robert Louis Stevenson, etc. Et que dire d’Indiana Jones et de la saga Star Wars ? Force est de constater aussi que les romans du XIXe siècle sont plus souvent qu’autrement adaptés en grands films épiques au cinéma américain, de Walt Disney à Jerry Bruckheimer – Le Bossu de Notre-Dame (Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo), Les Trois Mousquetaires (toutes les versions sont plus ou moins fidèles au roman d’Alexandre Dumas), L’Homme au masque de fer (encore Dumas), Le Comte de Monte-Cristo (toujours Dumas), Robin des bois, prince des voleurs (devinez qui ? Dumas !), Pirates des Caraïbes et la Planète au trésor (L’Île au trésor, de Robert-Louis Stevenson), pour ne nommer que ceux-là.

LES GRANDS AUTEURS

François René de Chateaubriand (1768-1848) Si Victor Hugo est le père du romantisme, Chateaubriand en est le grand-père (Gautier a dit de lui qu'il avait « inventé la mélancolie moderne ») René, roman très célèbre, est fort représentatif du mal du siècle

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Présente les correspondances entre l'homme et la nature

Œuvres marquantes Atala (1801) René (1802) Le Génie du Christianisme (1802) Les Mémoires d'outre-tombe (1848-1850)

Victor Hugo (1802-1885) Il est le plus grand auteur romantique et probablement le plus grand poète du XIXe siècle (il est, en tout cas, le plus prolifique) Voit le poète comme un guide qui doit mener l'homme à la vérité et se sent lui-même investi d'une mission humanitaire et religieuse, « car le Mot c'est le Verbe, et le Verbe c'est Dieu » Sa Préface de Cromwell expose la théorie romantique telle qu'il la conçoit Hernani, un de ses premières pièces, est restée célèbre pour la bataille qu'elle provoqua à la première entre les tenants de l'esthétique classique et les romantiques

Œuvres les plus connues

Cromwell Hernani Ruy Blas Quatre-vingt-treize Notre-Dame de Paris Les Misérables Les Travailleurs de la mer Les Orientales

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Odes et ballades Chansons des rues et des bois Les Contemplations La Légende des siècles L'Art d'être grand-père

LE RÉALISME

Au cours des cinq dernières années, la « télé-réalité » (les reality shows) a pris des proportions inattendues. De Survivor à Big Brother en passant par les autres Joe Millionnaire – au Québec, de Loft Story à Star Académie –, la télévision n’en a plus que pour cette mise à nu de l’humain, qu’on montre dans toute sa splendeur, au « naturel ». Mais on n’a rien inventé avec ce nouvel engouement pour le « vrai ».

En effet, au XIXe siècle, le réalisme existe déjà. S’il n’est pas encore un réalisme télévisuel – la télévision n’existant pas –, ses principes sont quand même ceux que l’on reprend aujourd’hui, au grand écran (avec une école comme celle de Dogme 95) comme au petit.

Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs principaux sont en cause dans la naissance de ce nouveau courant littéraire.

D’abord et avant tout, le réalisme est une réaction contre le mouvement romantique. En effet, les abus de lyrisme du romantisme dont se sont moqués certains romantiques eux-mêmes (Alfred de Musset, par exemple) semblent dépassés et agacent maintenant plus qu’ils ne touchent.

D’une façon non moins importante, il faut noter aussi que les changements sociaux et économiques amenés par le Second Empire ont des répercussions importantes dans la société et, partant, dans l’art et la littérature. En effet, la mécanisation accrue permet maintenant de produire plus et à meilleur marché. L’industrie se développe, en même temps que les infrastructures. C’est, en fait, le début de la société de consommation moderne. D’ailleurs, c’est à cette époque que les premiers grands magasins – les magasins à rayons – ouvrent leurs portes, sonnant le glas du petit commerce (c’est le sujet du roman Au bonheur des dames, d’Émile Zola). Le système bancaire aussi est en plein essor. Cette révolution industrielle amène l’accélération de l’ascension sociale de la bourgeoisie aisée, et des fortunes considérables s’édifient. La tendance au matérialisme se généralise dans la société.

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Enfin, la place grandissante que prend la science au détriment de la littérature dans la seconde moitié du XIXe siècle ne peut être passée sous silence. Le positivisme se répand dans la société. Le positivisme est une doctrine philosophique et scientifique selon laquelle le monde n’est connaissable que par l’expérience, l’expérimentation. Le matérialisme grandissant a entraîné un scepticisme assez généralisé.

En 1855, on refuse au peintre Gustave Courbet l’entrée de l’Exposition universelle – sa peinture n’en est pas une d’imagination, mais elle reproduit la nature. En protestation, il expose ses quarante œuvres un peu plus loin, dans le Pavillon du Réalisme, avenue Montaigne. Son « exhibition » présente la peinture de scènes de la vie la plus banale : Un enterrement à Ornans, Les Casseurs de pierres, etc. C’est à partir de ce moment que la critique littéraire s’empare du terme réalisme pour désigner une nouvelle façon d’écrire.

Le réalisme est, en quelque sorte, une manière d’envisager le réel, de se cantonner dans l’étude de la nature humaine, d’étudier objectivement jusqu’aux basses classes. Tout en s’intéressant aux sujets contemporains et quotidiens, les auteurs réalistes refusent de se laisser « emporter » par leur sujet, refusent la subjectivité et l’émotion comme réformateurs sociaux et moraux. Mais étudier la nature d’une façon objective, ce n’est pas photographier le réel :La reproduction de la nature par l’homme ne sera jamais une reproduction ni une imitation, ce sera toujours une interprétation, [car] l’homme, quoi qu’il fasse pour se rendre l’esclave de la nature, est toujours emporté par son tempérament particulier qui le tient depuis les ongles jusqu’aux cheveux et qui le pousse à rendre la nature suivant l’impression qu’il en reçoit (Champfleury, Le Réalisme, 1857).

Il est bien certain qu’on ne peut jamais montrer la réalité telle qu’elle est : l’artiste ne peut que montrer sa vision personnelle du réel – sans compter qu’il est limité par le choix de son sujet, par son angle d’approche et par la technique de représentation qu’il emploie.

Si les écrivains réalistes cherchent toujours à accrocher leur public, ils souhaitent le faire non pas en faisant vibrer la corde des émotions, mais en l’amenant à réfléchir sur soi et sur le monde qui l’entoure. La source principale de leur inspiration est le réel, le présent, où ils vont chercher aussi bien l’intrigue de leur roman que les caractéristiques du milieu social et les traits de caractère de leurs personnages. Stendhal disait que « le roman est

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un miroir que l’on promène le long de la route ». La diffusion du positivisme et le progrès des études scientifiques entraînent les romanciers à une observation de plus en plus minutieuse. Le portrait que peint à présent l’écrivain vient non pas de son imagination, mais de la documentation, mais de vastes enquêtes permettant de resituer la réalité dans toute son exactitude – qu’on pense, par exemple, à la description de l’empoisonnement d’Emma dans Madame Bovary et à la reconstitution des journées révolutionnaires de février 1848 dans l’Éducation sentimentale (deux romans de Gustave Flaubert) ou simplement à l’explication de la façon dont sont embauchés les commis des grands magasins dans Au bonheur des dames. Les auteurs se servent maintenant de la fiction pour convaincre le lecteur de la justesse de leur étude morale ou sociale.

Flaubert, considéré comme le maître de l’école réaliste, soumet le roman à la discipline des sciences biologiques et physiologiques et préconise l’objectivité. « Le romancier ne juge pas, ne condamne pas, n’absout pas. Il expose des faits », affirme Champfleury, premier théoricien du réalisme, dans Le Figaro (août 1856).

Pour le définir, nous dirons donc, en somme, que le réalisme est un courant littéraire dont la source d’inspiration est le réel, le présent montré de façon objective, qui connut son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle et qui a eu une influence considérable non seulement sur la littérature, mais sur l’art et la société en général.

Le naturalisme, quant à lui, ne fera que pousser à l’extrême les principes du réalisme. Zola cherche un fondement scientifique au réalisme – il exige en effet du romancier qu’il étudie la réalité contemporaine avec la précision des sciences expérimentales et tend à limiter cette peinture aux milieux populaires. Il veut que les auteurs portent un regard clinique sur la société. Il nie l’importance de l’imagination des écrivains en soutenant que ce qui compte avant tout pour être un bon romancier, c’est d’avoir le « sens du réel » (qu’il n’a pas nécessairement toujours lui-même, dans ses romans). En fait, le naturalisme, c’est Zola.

Les origines du réalisme nous montrent qu’il est une réaction à l’abus du lyrisme des romantiques. Cette réaction, on l’a vu, passe par un besoin d’objectivité qui s’est exprimé dans les thèmes abordés par les écrivains, de même que dans la forme même de leurs écrits. Il faut comprendre cependant que, même s’il s’élève contre le mouvement romantique, le réalisme n’a pu

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s’en dégager entièrement et en garde de profondes marques, même dans ses plus grands chefs-d’œuvre.

Le réalisme se caractérise d’abord par l’attention qu’il porte à la psychologie des personnages qu’il peint. En effet, leurs sentiments, leurs passions, leurs traits de caractère doivent avoir l’air vrais – qu’ils soient normaux ou non. Il est aussi minutieux dans sa façon d’aborder les structures et le fonctionnement de la société, qu’il s’agisse de traiter des réalités économiques, sociales ou institutionnelles. C’est pourquoi, nous l’avons déjà dit, les méthodes de travail des écrivains réalistes transforment la genèse de l’œuvre en une exploration, une recherche du document et du savoir – plusieurs, comme Flaubert et Zola, tiennent des Carnets, qui contiennent leur premier regard sur le réel et montrent bien à quel point la démarche analytique des auteurs participe de l’invention narrative.

Le réalisme, dans sa façon de représenter la réalité sociale, a absolument besoin du personnage : c’est par lui qu’on peut montrer sa science. De ce fait, le personnage réaliste a trois fonctions : il est d’abord le « héros » d’une aventure, l’agent d’une action ou d’une série d’actions telles qu’en offre la vie réelle ; c’est aussi à travers lui que s’inscrit la vision du monde de l’auteur – c’est lui qui permet la critique sociale – ; enfin, il assure la cohésion de la narration et de la description. Dans le réalisme, en effet, les descriptions ne doivent jamais être gratuites, comme cela pouvait être le cas dans les œuvres romantiques, où l’on cherchait à « faire beau » – le réalisme veut « faire vrai ». Pour pouvoir poser un regard critique sur le monde qui l’entoure, l’auteur réaliste devra mettre en scène des êtres « typiques ». C’est pourquoi il choisira ses personnages dans une population « quelconque » (des monsieur et madame tout-le-monde). L’auteur réaliste s’intéresse en général à deux types de héros. Le premier est celui du bourgeois médiocre – on s’intéresse à ses passions, qui sont elles aussi médiocres, terre à terre, et à la façon dont il est conditionné par sa constitution (pour Zola, en effet, la psychologie de l’homme est déterminée par la physiologie). Le second type est celui du jeune homme de basse condition sociale qui aspire à une rapide ascension aux couches supérieures de la société – on montre alors son apprentissage social, moral, intellectuel et amoureux. Les romans réalistes sont souvent des romans de l’avidité : la passion y est destructrice1.

Afin de faire vrai, non seulement les personnages sont-ils des gens « ordinaires », mais ils sont toujours clairement identifiés : on connaît leur nom, leur âge, leur famille, leur passé, voire leur hérédité et leur lignage en plus de

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leurs traits de caractère. Ils ont une histoire personnelle que les auteurs réalistes ont à cœur de montrer au lecteur, afin qu’il puisse saisir entièrement les relations qu’entretiennent ces personnages avec leur entourage de même que leurs motivations.

L’histoire personnelle des héros n’est pas fantaisiste : elle est inscrite dans la réalité quotidienne du lecteur, qui reconnaît le nom des rues, des immeubles, des commerces – ce sont ceux du coin de la rue –, les événements politiques et sociaux qui ont eu lieu à l’époque où se déroule le récit ; il est même possible qu’il reconnaisse des noms de personnages historiques ou de personnages provenant d’autres romans. Le cadre réel du récit est essentiel pour que le lecteur admette la possibilité que l’histoire puisse être vraie. C’est ainsi que le retour fréquent de certains personnages, en approfondissant leur histoire, permet, comme dans la Comédie humaine de Balzac ou les Rougon-Maquart de Zola, l’illusion de la vie.

L’importance accordée à l’histoire personnelle des héros fait aussi en sorte que le récit peut paraître biographique, la chronologie elle-même du récit maintenant cette illusion. En effet, l’histoire est toujours écrite de façon linéaire, respectant l’ordre dans lequel se produisent les événements : pas d’analepse (flash-back) ou de prolepse (projection dans le futur) pour les auteurs réalistes. D’ailleurs, le temps du récit est généralement le passé simple et l’histoire est racontée à la troisième personne, ce qui contribue à la distanciation de l’auteur par rapport à son œuvre, et donne une plus grande impression d’objectivité. L’utilisation d’un vocabulaire concret et d’abondantes descriptions complète le tableau des techniques d’écriture des auteurs réalistes.

1. Montrer que la passion dominante est l’avidité et qu’elle est destructrice revient à la condamner, c’est donc dire que les auteurs réalistes condamnent le matérialisme de leur époque. C’est une conduite paradoxale puisque, contrairement aux premiers auteurs romantiques qui vivaient souvent une vie de bohème, les auteurs réalistes sont des bourgeois (Balzac, Flaubert, Zola). Ils prêchent donc « la simplicité volontaire »… pour les autres.

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LES THÈMES RÉALISTES

Types sociaux Exclus Marginaux: pauvres, alcooliques, prostituées, etc. Bourgeois médiocres

Rapport des classes Exploitation des ouvriers, du prolétariat, par les riches bourgeois Impossibilité d’échapper à la misère, de changer de classe Déchéance toujours possible

Mœurs Ambition – égoïsme – hypocrisie Perte des valeurs morales au profit des valeurs capitalistes Tares héréditaires (la physiologie influence la psychologie) – soumission aux impulsions, aux passions viles Impossibilité de l’amour (ça ne marche jamais)

Le débat quant à la place du réel dans l’art est toujours vivant. C’est même une querelle constante au sein du système éducatif, où tous ne s’entendent sur la définition de la culture – pour certains, c’est celle avec un grand « C », celle du théâtre, des ballets, des classiques littéraires et musicaux ; pour d’autres, c’est celle de la rue, du quotidien, celle du hip hop, du piercing, du tatouage, des graffiteurs et des raves. Quoi qu’il en soit, il semble qu’est demeuré du mouvement réaliste la nécessité de « faire vrai » pour toucher les gens. On n’a qu’à penser à l’art cinématographique pour s’en convaincre, où l’attention portée aux détails a toujours été d’une importance capitale (décors minutieux, musique d’ambiance calculée, etc.) et où l’amélioration des effets spéciaux va dans ce sens (il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Jurassic Park peut faire peur, mais plus Godzilla ou King Kong), même dans les films d’animation par ordinateur.

LE PARNASSE

Le mouvement parnassien, dont on attribue la paternité à Théophile Gautier, prend naissance essentiellement chez des romantiques désabusés. Les romantiques, en effet, non contents de faire de l'art, voulaient aussi se mêler

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de politique et montrer le droit chemin au peuple. Cette dérive rédemptrice agaça plusieurs jeunes auteurs qui, se réunissant en un petit cénacle, définirent une nouvelle esthétique où le Beau est la valeur suprême. La forme est ce qu'il y a de plus important : c'est elle, finalement, qui sécrète le sens.

LE SYMBOLISME

La représentation de l’homme par des symboles ne date pas d’hier – on n’a qu’à penser aux totems indiens ou à l’art héraldique médiéval, où animaux et objets sont censés représenter les différentes qualités de l’homme, voire son essence elle-même, ou aux formes géométriques et aux bonhommes allumettes des tout-petits.

En fait, la représentation du réel est le fondement même de la littérature. Pourquoi, alors, existe-t-il un mouvement dit « symboliste », quand toute représentation est symbolique et que, par conséquent, toute la littérature pourrait être qualifiée de « symbolique » ?

Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs principaux sont en cause dans la naissance de ce nouveau courant littéraire.

D’abord et avant tout, le symbolisme est une réaction contre le mouvement réaliste et contre la froideur de la poésie parnassienne (qui prône l’importance de la forme avant toute chose, « l’art pour l’art » de Théophile Gautier, pour qui la forme sécrète le sens). En effet, les abus du naturalisme, qui se complaît à peindre un monde médiocre, répugnent à certains qui, sans nécessairement y voir de la grossièreté, trouvent cependant qu’il serait plaisant de s’évader de la laideur du matérialisme ambiant par la sensibilité, par l’imaginaire, par le rêve. Paradoxalement, Mallarmé, figure de proue du symbolisme français, aimait Zola. Quant à la réaction face à la froideur des écrivains du Parnasse, si elle est réelle, il n’en demeure pas moins que, de ce mouvement, les symbolistes ont conservé le culte de la beauté, l’amour de la forme, l’éthique d’un langage recherché et érudit, et l’idée de la gratuité de l’art, qui ne doit pas servir de cause mais exister en soi, pour soi – pour les symbolistes, l’art est une valeur supérieure à la vie.

Le mouvement décadent semble avoir donné le coup d’envoi aux symbolistes. Vers 1880, une nouvelle bohème se répand en effet dans les cabarets à la mode, au Quartier Latin ou à Montmartre. Ces néo-romantiques

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marginaux, à la mise volontairement débraillée, s’imaginent volontiers qu’ils appartiennent à un siècle moribond, qu’ils assistent aux derniers sursauts d’une civilisation mourante, qu’ils sont des « poètes maudits ». Ils ne croient plus aux traditions et ne se sentent pas capables de préparer avec fermeté un renouveau poétique : ils retranscrivent, sans trop se prendre au sérieux, de vagues langueurs ou de brusques névroses dans une expression vaporeuse ou contournée. Pourtant, le malaise qu’ils expriment (qui ressemble au mal du siècle romantique poussé à son extrême) sera bel et bien celui des symbolistes.

Enfin, il est impossible de passer sous silence l’importance de la poésie baudelairienne dans la naissance du symbolisme : il en est le principal précurseur. En effet, les Fleurs du mal, unique recueil de Charles Baudelaire, s’il ne connut pas le succès (bien pis, il valut à son auteur une condamnation en justice pour immoralité), marque quand même une étape décisive dans l’évolution de la poésie française. Après Baudelaire, rien ne sera plus pareil – c’est pourquoi, à l’instar de certains critiques contemporains, nous compterons son œuvre parmi les symbolistes, même si elle n’en est pas réellement puisqu’elle les précède.

Nous toucherons un mot de Baudelaire ici, puisque son œuvre est essentielle à la compréhension de tout ce qu’est le symbolisme. Chez Baudelaire, le spleen et l’idéal amènent des thèmes qui seront repris par les poètes symbolistes. Le spleen, chez lui, n’est pas seulement une forme exaspérée du mal du siècle ; c’est tout ce qui entoure le désespoir entraîné par la conscience du passage inexorable du temps, de l’inutilité de l’existence et de l’impossibilité de la rédemption. Le poète, par la conscience même qu’il a du caractère futile du monde, se conçoit comme isolé du reste des gens. Il se sent exilé dans un monde où il n’a pas sa place et il a le sentiment que son message n’est pas entendu : il est maudit parmi les hommes. Bien entendu, le poète cherche à échapper à son désespoir par tous les moyens, lorsqu’il ne s’y complaît pas. C’est ainsi que font leur apparition les paradis artificiels qui peuvent prendre la forme de l’alcool, de la drogue ou même de la cruauté gratuite – tous les vertiges sont bienfaisants s’ils arrachent l’homme à l’amère méditation sur son destin. D’ailleurs, pour bien faire sentir son désarroi et son dégoût, il a tendance à employer des images excessives et choquantes – on peut penser, par exemple, à Une martyre ou à Une charogne.

Cette angoisse du spleen semble avoir une contrepartie dans l’appel de l’idéal. En effet, si Baudelaire semble parfois s’être complu à évoquer des

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images sinistres (comme s’il trouvait une volupté et une dignité dans la douleur), il a parfois, au contraire, évoqué des moments de grandeur et d’élévation spirituelle. À sa fascination pour le morbide, pour le lugubre, répond une soif de la pureté, de l’évanescent, de l’éthéré. Baudelaire a toujours rendu un culte à la beauté, et l’Art lui est apparu comme « le meilleur témoignage » de la dignité humaine, l’instrument le plus précieux de l’ascension vers l’Idéal. Pur ou impur, l’idéal de l’artiste arrache l’homme à son spleen et, au prix d’un effort douloureux, lui promet les bénéfices de l’oubli.

Cependant, l’Idéal – comme tous les idéaux – est inaccessible, entraînant la souffrance du poète, qui ne souffre pas que du spleen, mais de la conscience qu’il existe un idéal à jamais inaccessible. Il voit ainsi dans la mort le seul remède infaillible à toutes ses souffrances : « N’importe où ! N’importe où ! Pourvu que ce soit hors du monde ! »

Les origines du symbolisme nous montrent l’importance du malaise existentiel (le spleen de Baudelaire) dans la genèse du mouvement. Cependant, ce malaise va plus loin que le mal du siècle des romantiques. En effet, l’ennui éprouvé par les symbolistes se double d’un pessimisme existentiel causé par une extrême lucidité – le monde ne peut pas changer – et qui procède directement d’une expérience du néant. C’est ainsi que, refusant de s’épancher dans un sentimentalisme qui lui semble inutile, le poète symboliste semble réduit à déplorer l’immuabilité de la société et la médiocrité de la vie de ses contemporains.

Le symbolisme est donc en quelque sorte l’idéalisme appliqué à la littérature. En effet, pour les poètes symbolistes, le monde (laid) qui nous entoure n’est que le reflet d’un univers spirituel. Le monde visible des choses et des êtres n’est heureusement qu’une apparence : au-delà se cache un monde transcendant, libéré de toutes les contraintes du présent. C’est cette réalité que rêvent d’atteindre les poètes symbolistes.

Mais comment atteindre un univers inconnu ? Comment passer outre les apparences matérielles du monde ? Les symbolistes cherchent la clef du monde transcendant dans les secrètes « correspondances », associations imprévisibles des données des différents sens (toucher, goût, odorat, entre autres). Ils font appel à l’intuition pour percer l’inconscient et établir un rapport entre le monde visible et l’au-delà inaccessible. C’est ainsi que le vide des apparences peut céder la place aux vérités du monde intérieur, à l’essence spirituelle des êtres et des choses : refusant la déchéance et le

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matérialisme ambiants, ils centrent leur art sur leur vie intérieure. C’est cette idéologie que tente de mettre à jour Jean Moréas dans son manifeste fondateur du symbolisme :La poésie symboliste cherche à vêtir l’idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer une idée, demeurerait sujette. L’Idée, à son tour, ne doit pas se laisser voir privée des somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l’art symbolique consiste à ne jamais aller jusqu’à la concentration de l’Idée en soi (1886).Le but du poète n’est donc pas la beauté de l’art pour l’art, mais la Vérité. Cependant, cette Vérité ne peut paraître nue, elle doit être vêtue des atours de la poésie, telle que les symbolistes la conçoivent. Le but du poète est donc, dans une certaine mesure, la recherche de la Vérité par l’obscurité : il cherche à comprendre l’univers, à traduire en images – en symboles – la réalité d’un « autre monde » indéfini. C’est la lucidité de cette entreprise de même que la conscience de son impossibilité qui fait la modernité du symbolisme, en même temps qu’elle lui imprime la tonalité nostalgique, voire pessimiste, morbide et désespérée qui le caractérise.

Pour le définir fort brièvement, nous dirons donc, en somme, que le symbolisme est un courant littéraire qui connut son apogée vers la fin du XIXe siècle et qui a eu une influence considérable sur la littérature et sur l’art.

LES THÈMES SYMBOLISTES

Le désespoir du poète L’exil L’incompréhension L’idéal inaccessible La déchéance

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L’appel du néant

La sexualité La femme La cruauté Les amours déçues Le désir

Le Mal L’exaltation du Mal Le Mal comme force active La cruauté – la déchéance La beauté du Mal

La réalité insaisissable Les correspondances Les sens comme outil d’appréhension du monde La recherche de transcendance – importance du monde des idées plutôt que du monde matériel

Très rapidement, le mouvement symboliste s’essouffle. Après tout, comment aurait-il pu en être autrement ? La nature même du courant, où rien n’est dit et où tout est question d’interprétation « onirique », empêchait toute forme de cohésion : le symbolisme était trop personnel pour survivre comme mouvement. D’ailleurs, très vite, le courant s’est fragmenté, chaque auteur se réclamant de sa propre école.

Le paysage littéraire de la fin du XIXe siècle est très divers. D’aucuns tiennent mordicus au symbolisme moribond. Le romantisme réapparaît avec Edmond Rostand – dont la pièce Cyrano de Bergerac est toujours lue et jouée aujourd’hui. Quant au réalisme et au naturalisme, ils continuent à survivre avec Zola, Goncourt, etc. En fait, la distinction entre les différents courants littéraire commence déjà, à ce moment, à devenir plus floue – bien qu’elle ne « s’effacera vraiment », si l’on peut s’exprimer ainsi, que dans la postmodernité.

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