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Université d’Oran-Es-senia Faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales Mémoire de Magistère en Management Option : Stratégie THEME : La performance, un enjeu stratégique pour les institutions publiques, étude de cas : « LA DOUANE ALGERIENNE » Présenté par : Sous la direction du professeur : BEKKI Rachid BENBAYER Habib Membre du jury : Président : Mr. A.SALEM Professeur Univ.d’Oran Raporteur :Mr. H.BENBAYER Professeur Univ.d’Oran Examinateur :Me .G BENYAHYA TAYBI M.Conf (A)Univ.d’Oran Examinateur : Mr.S.AMROUNE M.Conf (A)Univ.d’Oran Année Universitaire :2011/2012

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1

Université d’Oran-Es-senia

Faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des

sciences commerciales

Mémoire de Magistère en Management

Option : Stratégie

THEME :

La performance, un enjeu stratégique pour les institutions

publiques, étude de cas : « LA DOUANE ALGERIENNE »

Présenté par : Sous la direction du professeur :

BEKKI Rachid BENBAYER Habib

Membre du jury :

Président : Mr. A.SALEM Professeur Univ.d’Oran

Raporteur :Mr. H.BENBAYER Professeur Univ.d’Oran

Examinateur :Me .G BENYAHYA TAYBI M.Conf (A)Univ.d’Oran

Examinateur : Mr.S.AMROUNE M.Conf (A)Univ.d’Oran

Année Universitaire :2011/2012

2

Dédicace :

A mes Parents et mes Frères ….

3

La Liste des Figures et Tableaux :

Figure1 : Les composante du management Page :10

Figure 02 :la place de la performance dans l’entreprise Page :16

Figure 3 :Les composantes de la performance : Page :22

Figure 4 : La boucle du pilotage de la performance Page : 22

Figure 05: la hiérarchie des résponsabilités dans l’entreprise Page : 27

Figure 06:l’analyse stratégique dans l’entreprise Page : 73

Figure 07 :Politique sectorielle et programme Page :80

Figure 08 : Element de la Gestion Axée sur les Résultats Page :83

Figure 09 Sélection des priorités du programme Page :87

Figure 10 :les element de l’indicateur Dans le projet de loi de finances Page : 93

Figure 11 : représentation du dispositif administratif dans le suivi de la performance Page :. 104

Figure 12: Evaluation et Mesure de la performance Page : 113

Figure 13 : Le triangle de la performance Page : 114

Figure :14 :Le modèle Inputs-Outputs-Outcomes Page : 116

Figure : 15 Contrôle de gestion et évaluation des politiques publiques Page : 126

Figure 16: Efficacité/Efficience/pertinence Page :151

Tableau n°01 :La chaîne des indicateurs Page :90

Tableau :02 : Répartion du personnel des Douanes par : Sex/Age/Niveau d’instruction/Niveau de

résponsabilité. Page :143

4

Liste des Abréviations et Acronymes :

BSC : Le model Balanced Scorecard

CDMT :Le Cadre de Dépenses à Moyen Terme

DTA : début au plus tard

DTO : début au plus tôt

CRD :centres de recherche et développement

CNIS :Centre national de l’informatique et des statistiques

CNID : Centre national d’information et de documentation

DSR :Domaines Stratégiques de Résultats

EEE :Le modèle Economie, Efficience, Efficacité

ENA : Ecole Nationale D’administration

FMI : Fond Monétaire International

FTA : fin au plus tard

FTO : fin au plus tôt

GATT : le General Agreement on Tariffs and Trade

GRH :Gestion des resourceshumaines

IOO :le modèle Inputs, Outputs, Outcomes

IPOC :d’inspecteur principal aux opérations commerciales

LOLF : Loi Organique des lois de Finances

OMD :Organisation Mondiale Des Douanes

ONG :Organisation non gouvernementale

O.M.C:Organisation Mondiale du commerce

PAP : Projet Annuel de performance

PMDA :le programme de modernisation de la douane algérienne

PAC :Programme et actions complémentaires

PERT :pour éviter le retard

5

RAP :Rapport annuel de performance

RCB : Rationalisation des choix Budjétaires

SH :Système Harmonisé

SMPP :Les Systèmes de Mesure et de Pilotage de la Performance

SIGAD :système intégré d'information et de gestion automatisée

TQM :Total Quality Management

TVA :Taxe sur la valeur ajoutée

UE :Union Européenne

UMA :l’Union du Maghreb Arabe

6

Liste des annexes :

Annexe 1 : model d’un contrat de performance 202

Annexe 2: liste des indicateurs de performance catégorie metiers.204

Annexe 3 : PERT avec échéances tenant compte du calendrier.203

Annexe 4 : la liste des indicateurs de métiers jugés pertinents 205

7

Introduction Générale

La question de la performance dans la gestion publique est particulièrement aiguë

aujourd’hui, sachant que la fin du vingtième siècle a été marquée, en effet, par l’échec des

économies planifiées, et par la remise en cause, dans les économies développées, des

modalités de l’intervention publique.

Ces deux processus ont en commun, d’avoir ébranlé les idées en matière

d’intervention publique. La possibilité d’une coordination administrée globale se trouve

désormais écartée.

La réflexion sur la régulation des monopoles naturels a, par ailleurs, introduit un

nouveau bilan à effectuer, entre les imperfections du marché, que l’on veut corriger. et les

imperfections des mécanismes de coordination administrées, que l’on ne peut négliger.

Ainsi, l’approche économique de la gestion publique comporte maintenant deux

dimensions. La première,traditionnelle, de l’évaluation des politiques, consiste à s’assurer

que les services fournis ou les réglementations procurent des bénéfices en rapport avec leur

coût.

La seconde porte sur le choix des modalités de l’intervention publique et, si c’est une

offre publique qui est retenue, sur les conditions d’organisation et d’efficacité dans

lesquelles celle-ci est fournie.

En convoquant le concept de performance, cette investigation s’auto-inscrit en

Sciences de Gestion étant un concept central dans un grand nombre de recherches qui s’est

attaché à le définir1, à concevoir et proposer des préceptes et des outils censés permettre de

le mettre en œuvre dans tous les domaines de l’organisation et dans la plupart des secteurs

d’activité.

Malgré l’abondance avérée des écrits, le concept est indubitablement polysémique

nécessitant de revoir la production théorique effectuée autour de lui dont l’objectif est de

préciser le sens accordé au concept de performance et l’approche retenue pour l’appréhender.

1BOURGUIGNON A. : Peut-on définir la performance ?, In Revue Française de Comptabilité, juillet- août, 1995, pp. 61-66.

8

En retraçant l’émergence du management, l’analyse de la littérature présente son

contenu conceptuel et identifie ses effets

Or, depuis une trentaine d’années, la performance est devenue la principale promesse

du secteur public et le recours au même mot par les organisations publiques et privées

signale l’affaiblissement de leur distinction.

En effet, étudier la performance dans une administration telle que la douane revient à

étudier la diffusion d’un concept et de ses outils dans un environnement spécifique qui est le

secteur public, sachant que les organisations publiques se sont historiquement constituées

comme alternatives aux organisations privées en raison de finalités différenciées.

La revue de la littérature recense les principaux résultats des évolutions en cours,

d’une part, les finalités, objectifs et moyens proposés aux organisations publiques pour

devenir plus performantes sont recensés au travers de l’analyse des courants qui composent

la discipline du management public. D’autre part, les configurations typiques qui résultent

des réformes mises en œuvre sont explicitées.

La douane algérienne, service public par nature, se retrouve dans un contexte, en

pleine transformation, marqué par la mise en œuvre de l’accord d’Association avec l’Union

Européenne, et par la réhabilitation du système économique en prévision de l’accession de

l’Algérie à l’O.M.C, et se trouve interpellée pour se fixer de nouveaux défis, dont

notamment celui de réussir la performance de sa prestation.

Toutefois, cette démarche a été entamée depuis plus de deux décennies, afin de

transformer les mécanismes douaniers en un levier économique, neutre, susceptible de

contribuer à la croissance par la voie de réformes successives ayant pour objet de s’adapter

en s’impliquant d’avantage dans le processus d’adhésion aux conventions internationales et

en assurant une plus grande neutralité des mécanismes douaniers.

Son environnement lui exige aussi pour présenter une prestation de qualité reconnue,

caractérisée par davantage d’efficacité et de rentabilité. Pour ce faire des réflexions ont été

élaborées pour la mise en place d’un système performant de gestion, inspiré des pratiques

internationales.

9

Pour répondre à ces attentes légitimes, la douane, à travers des audits, a préconisé

l’évaluation de sa prestation en comparant ses performances à meilleures pratiques

mondiales, a fixé des objectifs de développement et a élaboré des programmes de réformes et

de modernisation.

La mise en place d’un système performant de gestion au niveau de l’administration

des douanes requiert une transformation en profondeur dans l’organisation et le

fonctionnement de ce secteur public. La démarche de performance s’inscrit donc dans la

continuité des processus d’évaluation en vue de réussir les objectifs.

La problématique qui se pose donc est la suivante :

Comment le concept de performance a réussi sa transition du secteur privé au

secteur public pour en devenir un enjeu stratégique. Et avec quelle rigueur, par rapport

à la démarche théorique, l’administration douanière algérienne a-t-elle adopté et

consacré cet impératif dans son chantier de reforme ?

Les questions subsidiaires :

En évoquant le thème de la performance dans les administrations publiques, en

particulier la douane algérienne, plusieurs questions peuvent se poser :

1- comment le concept de performance a –t-il émergé dans le

management publique ?

2- peut-on mesurer la performance du service publique ?

3- dans quelle mesure la douane Algérienne a réussi de mettre en œuvre

la démarche de performance dans la réalisation de son plan de

modernisation ?

10

Les hypothèses de recherche :

Pour répondre aux questions posées nous allons formuler l’hypothèse principale suivante :

La performance est devenu a l’heur actuel un objectif primordial pour les institutions

administratives publique et ce après l’évolution du management et les exigences du service

public

Trois autres hypothèses découlent de la principale :

Hypothèse « 1 » : l’émergence du concept de performance dans le secteur publique est le

résultat de l’évolution de la notion du service publique et les exigences des usagés

Hypothèse « 2 » : la mesure et l’évaluation de la performance peuvent être réalisé à l’appui

des méthodes scientifiques basées sur des objectifs et des indicateurs

Hypothèse « 3 » : la douane Algérienne est dans la mesure d’adopter la démarche de

performance dans ses programmes de modernisation a condition d’établir des objectifs précis

et des indicateurs fiables

Pour essayer de répondre a toutes ces questionnement, le plan proposé est scindé en

trois chapitres le premier est consacré à l’émergence conceptuelle de la performance pour

que le deuxième puisse palper le processus technique de pilotage de la performance, et en

dernier une étude empirique sera consacrée à l’administration des douanes algériennes et la

place de la performance dans ses projections de modernisation.

11

Chapitre premier : l’émergence doctrinale de la notion de

performance.

Introduction :

L’importance accordée au concept de performance illustre le processus de sa

généralisation comme « souci » commun au niveau des organisations quelque soit leur

appartenance, domaine d’intervention, aspect lucratif…etc.

BURLAUD et SIMON ont montré sa mise en avant par les entreprises contemporaines en

constatant que ce concept porte un sens, celui que les entreprises utilisent pour incarner leur idéal1.

Or, la performance est désormais présente dans la plupart des dimensions de la vie sociale2. Si elle

est mise en exergue dans le milieu de l'entreprise ou dans le sport de compétition, elle s'est aussi

glissée dans des sphères plus inattendues.

En effet, selon VAN DOOREN3, la performance constitue la principale promesse faite par

le secteur public depuis 1945, et devient le thème central de l’ensemble des réformes

administratives dans le monde4, c’est ainsi que la performance est devenu idéal vers lequel

l’administration tend.

Toutefois, au plan de la pratique, plusieurs recherches dressent un bilan nuancé

soulignant que la conformation des organisations au managérialisme n’est que partielle.

Tout d’abord, selon POLLITT5, il convient de distinguer des niveaux de conformation, étant

donné que les comportements organisationnels pouvant être déconnectés des discours organisationnels,

le recours aux mêmes concepts n’implique pas nécessairement des décisions, des pratiques et des

effets similaires.

1BURLAUD A. et SIMON C : Le contrôle de gestion, Ed la Découverte, Paris, 2006, 14

2HEILBRUNN B : La performance, une nouvelle idéologie ? Critiques et enjeux, Ed la Découverte, Paris, 2004

3VAN DOOREN W. : Performance Measurement in the Flemish Public Sector: a supply and demand approach, Thèse de

doctorat en Sciences de Gestion, Katholieke Universiteit Leuven, Belgique, 2006, cité dans : le management de laperformance publique locale, Marcel GUENOUN, thèse de doctorat en sciences de gestion, université Paul CEZANNE, Paris,20094

BOUCKAERT G. : Un nouvel examen de la mesure de la performance dans le secteur public, In Télescope, Vol. 12, n° 3,automne, 2006, pp. 12-25.5

POLLITT C. : Clarifying Convergence: Striking Similarities and Durable Differences in Public Management Reform, PublicManagement Review, Vol. 4, n° 1 cité dans : le management de la performance publique locale, OpCit

12

Ensuite, la polysémie des expressions utilisées donne de larges marges de manœuvres aux

acteurs pour en définir le contenu, qui s’éloigne bien souvent des acceptions initiales.

Ainsi, l’ambition de ce chapitre premier est de révéler les dynamiques complexes

engendrées par cette percussion public/privé, qui posent de nombreuses questions dont la

principale est de savoir si les particularités des organisations publiques se maintiennent ou

disparaissent en pratique (section 1), pour savoir éventuellement dans quelle mesure la

sphère publique a pu s’approprier le concept de performance et les déformations qui ont pu

se produire lors de ce processus (section 2).

13

Section 1 : l’ancrage théorique de la performance

L’identification de l’ancrage théorique de la performance nécessite indubitablement son

positionnement en regard des différents idéaux- types existants, tout en sachant que la performance

renvoie dans sa conception la plus simpliste aux idées d’un bon travail ou d’une bonne organisation.

Ce qui implique l’identification au préalable les cadres de référence sur lesquels elle s’appuie.

Toutefois, l’ambiguïté conceptuelle qui entoure tant le management que la performance

impose une démarche prudente et pertinente qui exige selon de nombreux auteurs un passage obligé

par le concept de management afin d’identifier théoriquement celui de la performance1.

En effet, de nombreux travaux2 ont tenté de remettre en cause la conception instrumentale

des outils de gestion selon laquelle, ils ne seraient que des moyens neutres en vue d’une fin à

atteindre.

Au contraire, les outils fournissent aux acteurs des «abrégés du bien et du vrai »3 et sont

donc porteurs d’une conception de la manière de résoudre les problèmes. Ils ont une dimension à la fois

technique et sociale et, ce faisant, peuvent organiser «des rapports sociaux spécifiques en fonction

des représentations et des significations dont ils sont porteurs »4

Dans cette perspective, interroger les acteurs sur les outils va permettre à la fois d’identifier

les outils utilisés, d’appréhender les conceptions de la performance et de comprendre comment une

multiplicité d’outils et de conceptions s’articulent. En effet, les organisations contemporaines

ont recours à une grande variété d’outils de gestion5. L’analyse de l’architecture globale d’un système

de management de la performance suppose donc de prendre en compte cette variété.

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Thèse de doctorat en sciences de gestion, université

Paul CEZANNE, Paris, 20092

DE VAUJANY F. : Introduction générale au cahier spécial. Les outils de gestion : vers de nouvelles perspectives théoriques,In Revue Management et Avenir, Vol. 3, n° 9, 2006, pp. 107-108.3

RIVELINE C. : Un point de vue d’ingénieur sur la gestion des organisations, Gérer et Comprendre, Annales des Mines, n°25, 1991, pp. 50-74.4

LASCOUMES P. et LE GALES P : Gouverner par les instruments, Presses de Sciences-po, Paris, 2004, p 13.5

DETCHESSAHAR M. et JOURNE B. : Une approche narrative des outils de gestion , Revue Française de Gestion, Vol. 33, n°174, 2007, pp. 77-92.

14

Sous section 1 : du management stratégique au management de performance

Au début du XIXème siècle, l'entreprise avait pour finalité la transformation optimale des

inputs en outputs. La firme se présentait comme une boite noire, c'est à dire une fonction de

production visant à transformer des flux d'entrée (matière première, capital, travail) en flux de

sortie (services, produits finis...)1.

Le manager de cette entreprise avait pour mission d'organiser, de fixer les objectifs, de

contrôler les résultats et de mesurer les écarts. Il est aussi le propriétaire, soit de façon directe ou

parce qu'il appartient à la famille fondatrice. Le manager se présente donc comme un homme

orchestre conduisant les affaires de la société vers une constellation d'intérêts et cherchant à

maximiser la création de valeur économique2.

A la fin du XIXème siècle, le développement des affaires, la mutation de l'environnement et

l'avancée technologique ont instauré de nouvelles règles d'organisation et de gestion. Dès lors il a

fallu restructurer de façon optimale la production en vue d'accroître la rentabilité et pour s'adapter

à l'évolution technologique3.

L'accroissement de la taille de l'entreprise suite à l'évolution des affaires et le recours des

entrepreneurs au financement extérieur, pour se payer de nouvelles structures de production,

entraîneront la disparition progressive de la firme capitaliste pure au profit de la firme managériale,

caractérisée par la séparation entre la propriété et le management.

La firme managériale est caractérisée par la dichotomie entre la propriété et le

management. En effet, J.K. GALBRAITH note que la répartition du capital des entreprises

entre un grand nombre d'actionnaires, dont chacun ne possède qu'une faible part du capital,

entraîne un renforcement du pouvoir des managers, ce qui est susceptible d'entraîner une

divergence d'intérêts, entre les actionnaires et les managers dans un premier lieu, et avec les autres

stakeholders4 dans un deuxième lieu5.

1Cité par LAHLOU. C : Gouvernance des entreprises, Actionnariat et performances, Alger, article publié sur Internet

2Idem

3Idem

4Parmi les stakeholders, on distingue principalement, les actionnaires, le dirigeant, les salariés, les clients et la collectivité;

et dans le cadre d'une vision plus élargie, on intègre aussi les fournisseurs, les créancier, bailleurs de fonds, les syndicats,l'Etat...5

MAATI. J : Le gouvernement d’entreprise, De Boeck Université, Bruxelles, 1999, p.7-8.

15

La firme managériale est composée de plusieurs stakeholders qu'on appelle aussi ayants

droits, parties prenantes ou requérants, il s'agit de tous les agents dont le bien être est affecté par

les actions engagées par la firme1.

La firme managériale devient un lieu de conflit pour la création et la répartition de la valeur

créée entre les stakeholders, puisque ces derniers disposent d'intérêts plus ou moins divergents

voire contradictoires. La question est comment rallier les intérêts et trouver un terrain d'entente,

d'où l'intérêt de la gouvernance d'entreprise.

Cette approche soulève la question du rôle joué par la gouvernance dans la réduction

potentielle du conflit cognitif entre dirigeant et administrateurs notamment.

La figure qui suit fait ressortir le concept de management comme un pivot autour duquel

gravitent un certains nombre de notions sous-jacentes qui en constituent les composantes essentielles

pour sa réussite et qui entretiennent entre elles une interaction définissant leur complémentarité.

Figure1 : Les composantes du management

Objectifs objectifsstratégiques personnels

Finalité PerformancesDe l’entreprise individuelles

PerforùanceRésultats collectives

PerformanceDe l’entreprise

1. transfert des méthodes de gestion de l’entreprise et la reconnaissance du

management public

1MAATI. J : Le gouvernement d'entreprise, OpCit.

16

L’administration a été très fortement influencée par l’entreprise, et l'application du

management dans l'administration obéissait à un principe simple, il faut gérer l’administration comme

on gère une entreprise1.

Il s'en est suivi un transfert mécanique de règles de gestion en vigueur dans l'entreprise vers

l'administration, notamment dans les domaines de la Gestion des ressources humaines ou de la

comptabilité analytique2. Néanmoins, l'exemple le plus célèbre reste la rationalisation des choix

budgétaires (RCB).

La tendance à vouloir rapprocher l’administration de l’entreprise alors que de grandes

différences les séparent s'est bien entendu traduite par un échec.

Ne pouvant gérer l’administration comme une entreprise, il a fallu rechercher les spécificités

de gestion propre aux organisations publiques pour pouvoir construire un objet scientifique propre, le

management public admettant le principe que l'efficacité des organisations ne passe pas nécessairement

par la mise en œuvre de principes ou de règles en vigueur dans le secteur marchand3.

Bien entendu, les frontières ne sont pas aussi étanches, il existe des emprunts réciproques,

notamment de l'entreprise vers l'administration.

Mais fondamentalement, le management public ne prend de sens que s’il est reconnu une

spécificité dans la gestion des organisations publiques, et plus particulièrement de l’administration4.

Cependant, le management public doit marquer également sa différence par rapport au mode

traditionnel de gestion de l’administration fortement marqué par le modèle bureaucratique et

étroitement encadré par le droit administratif. Le management apporte ainsi de sensibles changements

par rapport à la gestion traditionnelle tant dans son esprit que dans ses méthodes de gestion5 :

primauté de l’efficacité sur la légalité

primauté des objectifs sur les moyens

primauté des processus sur les procédures

primauté du particulier sur le général

primauté du futur sur le passé

primauté de l'usager et du citoyen sur l'administré

1MAS. F : Gérer les services publics comme des entreprises privées, Inter-Editions, Paris, 1989

2Voir à ce sujet, BURLAUD.R et LAUFER. A : Management public : gestion et légitimité, Ed. Dalloz, Paris, 1980.

3MAS. F : Gérer les services publics comme des entreprises privées, OpCit

4VIRIATO-MANUEL (S) et VERRIE (P-E), Le management public, PUF, QSJ ?, 1993, p.123

5Dr TAIB. E : Introduction au Management Public, cours dispensés aux élèves de l’Ecole Nationale d’Administration, Alger,

2007

17

primauté de la participation sur l'obéissance

Aller du fonctionnaire juriste vers le fonctionnaire gestionnaire et manager.

Selon LYNN1, l’expression «management public» recouvre à la fois :

- une pratique : consubstantielle à l’administration considérée comme réalité

organisationnelle. Les activités de planification, d’organisation, d’animation et de contrôle qui

composent le management y sont donc mises en œuvre de longue date, et peuvent affecter la prise en

charge des solutions nouvelles. Comme le souligne CAIDEN2, le management public vient du fond

des âges ;

- une idéologie: depuis les années 1970, l’administration cherche explicitement à importer

les techniques de management issues du secteur privé afin d’atteindre une plus grande performance.

Cette croyance en la supériorité du secteur privé est au cœur du mouvement du « New Public

Management». Cette acception du management public est la plus commentée ;

- une discipline de recherche : le management public (en tant que pratique et/ou

idéologie) fait l’objet d’une masse considérable de recherches, principalement dans trois disciplines :

sciences politiques, sociologie des organisations et sciences de gestion.

2. Le binôme stratégie-performance

La performance, la gestion par objectifs et les nouveaux modes de management sont

aujourd’hui une réalité au sein des organisations et institutions2. La définition même de la

conception stratégique passe par la mesure des résultats. Et avant tout par la fixation d’objectifs clairs.

Les organisations sont concernées aujourd’hui et depuis quelques années, par cette recherche

d’efficacité et l’atteinte des objectifs fixés qui constituent le fer de lance de la réforme constitutive de la

performance publique.

1GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, thèse de doctorat en sciences de gestion, université

Paul CEZANNE, Paris, 20092

CAIDEN G.E, Management 2000, In. International Journal of Public Administration, Vol. 17, n° 3-4, 1994, pp. 757-776.

18

La pensée en stratégie est ancrée «dans des problématiques étroitement liées aux enjeux de

contextes économiques et historiques donnés»1, alors même que l’environnement est en pleine mutation

et en complexification croissante.

Nous faisons alors le lien entre complexité et stratégie2 plutôt que de suivre

l’environnement, l’organisation doit tenter de le transformer, de modifier les règles du jeu.

Selon SAIAS et METAIS3 «le jeu concurrentiel n’est pas une donnée absolue et

inamovible, mais un construit sur lequel les entreprises peuvent exercer une influence».

Ainsi, selon ces auteurs, la fonction et les missions du manager requièrent à la fois une capacité

d’analyse et de choix stratégiques, une capacité à composer de manière durable et à prendre en compte

les multiples acteurs de la société, une prise en compte des valeurs et des enjeux organisationnels,

mais aussi une maîtrise totale des résultats atteints.

Pour autant, fixer ces objectifs n’est pas toujours chose aisée pour les décideurs. L’univers

de la décision dans toute sphère privée ou publique est complexe. Ses processus en deviennent parfois

incompréhensibles. La clarté de ces derniers est pourtant la meilleure garantie d’une démarche efficace4.

En d’autres termes, l’absence de visibilité au sein des processus décisionnels, constitue un

obstacle majeur dans la construction d’objectifs pertinents pour l’organisation.

Les travaux de BARTOLI5 avaient permis de fixer les déterminants de la performance de

ces processus, il s’agit d’une relation précise entre des objectifs clairs et partagés par l’ensemble des

acteurs, des moyens alloués avec pertinence, et une mesure cohérente des résultats.

La mise en œuvre de projets pose dès lors le problème de la coordination de ces trois

facteurs déterminants dans la recherche d’une efficacité et d’une efficience, en somme d’une

performance globale6

1GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, thèse de doctorat en sciences de gestion, université

Paul CEZANNE, Paris, 20092

MARTINET. A. C : Epistémologie et sciences de gestion, Ed Economica, Paris, 20013

Cité dans GUENOUN. M, Opcit4

EMERY. Y: La gestion par les résultats dans les organisations publiques : de l’idée aux défis de la réalisation, Télescope,Vol. 12, n° 3, automne, 2006, pp. 1-12.5

BARTOLI .A : Le management dans les organisations publiques, Ed Dunod, Paris, 19976

BOUCKAERT G. : Un nouvel examen de la mesure de la performance dans le secteur public, Op.cit.

19

Il faut donc veiller à ne pas concevoir des « objectifs à tiroir » ou des objectifs qui mélangent

finalités, buts, objectifs d’effets et objectifs d’actions, ce qui rendrait de fait l’évaluation de la

performance d’autant plus délicate.

La décision et l’action sont d’autant plus complexes qu’elles s’adressent à un public large, et la

pluralité d’acteurs dans la mise en œuvre et dont la performance dépend de l’adéquation entre un

output et les attentes de ces différentes parties prenantes. La performance « repose-t-elle sur des

préceptes de vision, mission, objectifs, valeurs, stratégies, structures, compétences, comportements ou

attentes des personnes, des groupes ou des sociétés? Doit-elle s’apprécier en termes d’intrants

(inputs), d’extrants (outputs) ou d’effets/impacts (outcomes), ou des trois à la fois ?» 1

Le processus stratégique, situé entre pensée et action, depuis la sphère politique jusqu’à

l’approche pragmatique de la gestion de l’événement, passe donc par une étape stratégique cruciale,

dont la relation entre les objectifs ciblés, les moyens alloués, et les résultats atteints, est l’élément

central de sa réussite.

Les relations sont inter-organisationnelles. Elles sont des « liens, nourris à la fois socialement

et économiquement entre organisations ; peut-être devrait-on dire entre individus agissant pour le compte

de leur organisation. De tels liens supposent donc que se noue un type d’échange qui déborde le cadre

de la simple transaction de marché »2.

Elles deviennent les composantes même du système et de sa gouvernance3 dont les finalités

appellent à définir une stratégie globale, coordonner l’ensemble des relations entre les acteurs,

contrôler la mise en œuvre des stratégies et la cohésion.

Le postulat qui fonde le management stratégique est simple .Les politiques sont mises en

œuvre dans un contexte et ce, sans aucune dichotomie entre une phase de conception qui serait à

dominante stratégique et une phase de réalisation à dominante « performance »

Toutefois, la cohérence stratégique ne peut être assurée que s’il existe une vision claire du

devenir de l’organisation à long terme, loin d’une simple extrapolation du présent. L’intention

stratégique4 permet à l’organisation de se projeter dans l’avenir, de penser à son futur souhaité, à ce

qu’elle aspire à devenir.

1MAZOUZ. B. et TARDIF. M : À propos de la performance. L’arlésienne de la sphère publique, Op.cit., P35.

2FORGUES et al. OpCit, 2006 p. 17-18

3STOKER, OpCit, 1998, p.22

4HAMEL, OpCit, 1991

20

Par ailleurs, l’intention stratégique va se heurter à une dualité entre l’action et le contexte1. La

présence d’une véritable intention stratégique reflète la volonté d’action, d’influence de la part des

décideurs. Ils ont alors la capacité de mettre en place un management en mobilisant les

compétences, les capacités organisationnelles..., en obtenant les résultats les plus satisfaisants au

regard des objectifs préalablement établis2.

Cette acception aussi simple qu’elle puisse paraitre est le fruit d’une évolution doctrinale pour

laquelle les auteurs distinguent quatre périodes3 :

1. Des années 1920 aux années 1950, très schématiquement, le concept de standard, pouvant

désigner aussi bien des unités physiques que des coûts, a structuré les outils de gestion autour de la

gestion de production.

2. A partir de la fin des années 1950, le marketing devient la préoccupation majeure dans

de nombreux secteurs d’activité. Les coûts partiels, les concepts de contribution, de marge, de point

mort, se développent. Ils viennent au premier rang des préoccupations des entreprises et des

consultants.

3. Les années 1980 sont marquées par la menace japonaise sur les industries américaine et

européenne et la concurrence par la qualité. Le contrôle de gestion se fait l’interprète de ces nouvelles

priorités en intégrant la mesure de la qualité dans les tableaux de bord, en revisitant le mode de calcul

du coût de la qualité grâce aux coûts cachés qui déplacent les règles d’arbitrage entre coût et qualité, en

intégrant le Total Quality Management (TQM).

4. Les années 1990 se caractérisent par l’importance des préoccupations financières et la

mise en vedette du concept de performance. Ce concept est plus large que la rentabilité. Il inclut la mise

sous tension des services administratifs ou, plus généralement, fonctionnels qui doivent participer à la

création de valeur.

Cette montée en puissance du concept de performance en contrôle de gestion et dans la société

en général peut être perçue comme l’avènement d’une société de l’audit ou orientée vers la

performance.

1HERNANDEZ, OpCit, 2006

2DIVAY et MAZOUZ, OpCit, 2008

3GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, thèse de doctorat en sciences de gestion, université

Paul CEZANNE, Paris, 2009

21

Les interactions sociales tendraient à y être organisées sur le mode du contrôle formel et des

champs sans cesse croissants de la vie sociale se verraient régentés par des valeurs d’efficience,

d’efficacité et de transparence, et ce, tel que le démontre schématiquement la figure ci-dessous.

Performance=Pertinence

STRATEGIE OBJECTIFS RESSOURCES RESULTATSSTRATEGIQUES MOBILISEES ATTEINTS

Performance =Adéquat

Figure 02 :la place de la performance dans l’entreprise

Sous section 2 : fondements théoriques de la performance

Il faudrait signaler d’emblé que le concept de performance a un sens très vague voire

confus au point que certains le considèrent indéfinissable1, ou soulignent qu’il n’a pas de contenu

intrinsèque2. Cela implique que sa définition repose toujours sur un choix conventionnel opéré entre

acteurs3.

*En sciences de gestion : les analystes s’assignent ici une finalité utilitaire et

opérationnelle d’accompagnement et de définition des préceptes permettant aux organisations

d’atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés avec le maximum d’efficacité, tout en prenant en

compte des particularismes propres aux organisations publiques.

*En sociologie des organisations et en sociologie de l’administration : partant du postulat

selon lequel le fonctionnement d’une organisation ne peut être saisi en tenant uniquement compte des

règles formelles, Les recherches analysent les motivations, comportements et stratégies.

*En science politique et science administrative : les analystes cherchent à comprendre les

enjeux de ce phénomène dans le cadre d’une analyse plus large portant sur trois thèmes :

- l’évolution des rapports entre l’administration et la société.

- La crise de l’État-nation et sa dilution dans un monde de plus en plus interdépendant.

1JACKSON. P: Public Sector Performance: The Unended Quest, Public Money and Management, cité par GUENOUN. M: le

management de la performance publique locale, Op.cit.2

BOURGUIGNON A. : Peut-on définir la performance ?, In Revue Française de Comptabilité, juillet- août, 1995, pp. 61-66.3

TALBOT. C : Les paradoxes de la réforme du management public : l’expérience britannique, In Revue Françaised’Administration Publique, Vol. 2-3, n° 115-116, 2003, pp. 11-24.

22

- L’évolution de la manière dont l’administration « instrumente » sa puissance et la

modification des représentations qui légitiment son action1. Le management public est analysé

principalement comme une idéologie.

Cette polysémie initiale peut être renforcée sur le terrain par le fait que les outils de gestion

qui incarnent et opérationnalisent la performance et le management sont en permanence

retravaillés et réinterprétés par les acteurs2 et ce jeu de reconfiguration dispose de sa propre

dynamique. Il peut contribuer à l’émergence d’effets inattendus, voire à l’émergence de contradictions

au sein du modèle qui le conduisent à changer et à intégrer des arguments précédemment perçus

comme alternatifs.

La reconnaissance progressive, au fur et à mesure de la diffusion des pratiques

managériales, d’une diversité de modèles de réforme va dans le même sens.

§ 1 : Origine et évolution du concept

L’origine du mot performance remonte au milieu du 19ème siècle dans la langue française. A

cette époque, il désignait à la fois les résultats obtenus par un cheval de course et le succès remporté

dans une course. Puis, il désigna les résultats et l’exploit sportif d’un athlète.

Son sens évolua au cours du 20ème siècle. Il indiquait de manière chiffrée les possibilités

d’une machine et désignait par extension un rendement exceptionnel. Ainsi, la performance dans sa

définition française est le résultat d’une action, voir le succès ou l’exploit. Contrairement à son sens

français, la performance en anglais «contient à la fois l’action, son résultat et éventuellement son

exceptionnel succès »3.

1. Étymologie & définition de la notion de performance :

Le concept de performance nous place d’emblé face à une ambiguïté. Issu de l’ancien Français

parformance, il y revient après avoir été adopté et modifié par l’Anglais4.

La « performance », substantif féminin de la fin du XVe siècle5 dérivée du terme anglais to

perform « réaliser, accomplir », issu de l'ancien français parformer, verbe d'action dérivé de former,

1CHEVALLIER. J, Science administrative, 3ème édition, Presses Universitaires de France, Paris, 2002.

2MAUGERI. S: Du politique dans les organisations. Sociologies des dispositifs de gestion, Ed l’Harmattan, Paris, 2003, P173

3BOURGUIGNON A. : Peut-on définir la performance ?, In Revue Française de Comptabilité, juillet- août, 1995, p.62

4Idem

5VERMEULEN. F : L’évaluation de la «performance»: en théorie et dans les pratiques de l’action publique, Strasbourg, 4

juillet 2008, Colloque organisé par la Société Française d'Evaluation en partenariat avec DeGEval

23

empruntée à l'ancien français parformance, dont l'usage est attesté en 1571 dans une lettre de Marie

Stuart.

Au début du XVIIIe siècle, le terme « performance » est synonyme d’« accomplissement,

réalisation, résultats réels », désignant également « l’exécution d'une œuvre littéraire ou artistique» et

par extension « exécution en public, représentation, spectacle »1.

Ce détour confère deux acceptions possibles au concept, la première le définit comme le

processus de formation de la perfection2, mot avec lequel il partage son préfixe « per », «formance»

renvoyant à l’idée de «processus en cours de formation ».

L’autre définition, plus étroite et inspirée de l’Anglais, renvoie à l’idée de conduire une action

jusqu’à son terme, de réaliser les objectifs3. La différence entre ces deux définitions repose sur la portée

normative ou non du concept4.

En plus de cette ambiguïté originelle, le concept de performance est l’objet d’un très grand

nombre de définitions

Selon AUBERT5, de l’idée initiale d’une perfection en train de s’accomplir, la notion de

performance est passée à celle d’un dépassement exceptionnel des résultats, suggérant une élévation

des exigences sociales et une mise sous pression continue des individus :

«l’exigence d’une performance toujours plus poussée semble ainsi devenue la norme absolue,

aussi bien pour les entreprises que pour les individus, elle est à la fois un impératif économique pour

des entreprises qui doivent se montrer toujours plus rentables, toujours plus compétitives dans le

contexte d’une concurrence mondiale effrénée, et une norme de comportement qui exige des individus

une certaine forme de rapport à soi, impliquant de dépasser sans cesse ses limites».

Pour EHRENBERG6, la «performance» est le terme symbole/symptôme d’une société

contemporaine mettant l’ensemble de ses composantes collectives et individuelles sous la pression de

l’injonction à réussir.

1Idem

2AUBERT. N : Hyperformance et combustion de soi, Études, n°10, Tome 405, 2006, pp. 339-351.

3LORINO. P : Méthodes et pratiques de la performance, 3ème édition, Ed d’Organisation, Paris, 2003

4La première acception lie la performance à la recherche de quelque chose que l’on ne peut améliorer, tandis que la

seconde renvoie à la simple réalisation d’un acte.5

Op.cit., P3406

EHRENBERG. A: Le culte de la performance, Ed Calmann-Lévy, Paris, 1991.

24

Si, au début du XXème siècle, la performance appartenait au champ lexical sportif, elle

appartient désormais tout autant au monde de l’entreprise comme l’indiquent les analyses des discours

tenus par les managers et les entreprises1.

Cette articulation de la notion avec le champ organisationnel révèle une évolution du contexte

économique des entreprises vers l’exigence d’une plus grande compétitivité.

Prolongeant ce constat, BURLAUD et SIMON2 montrent l’intériorisation du souci de

performance par les entreprises en retraçant sa montée en puissance au sein du contrôle de gestion et sa

diffusion à l’ensemble des services de l’organisation.

BOURGUIGNON3 constate que le concept est largement utilisé sans que sa définition fasse

l’unanimité, ce qui reflète la polysémie du mot. Il propose une définition intégratrice articulée autour

de trois sens primaires :

1. La performance est succès : Elle n'existe pas en soi et est fonction des représentations de la

réussite, variables selon les organisations et les acteurs. La performance ne peut pas se limiter

seulement à la productivité qui n'en décrit que sa dimension économique.

2. La performance est résultat de l'action : La mesure des performances est entendue ici

comme l'évaluation ex post des résultats obtenus.

3. La performance est action : Elle est un processus et non un résultat qui apparaît à un

moment donné.

Toutefois, DUBNICK4 considère que la performance est un terme vague et polysémique, qui

renvoie à l’intentionnalité d’une action.

Les deux définitions précédentes suggèrent que la performance a nécessairement une

dimension normative, ce dont l’existence d’une littérature consacrée à l’analyse de la signification

sociale du concept de performance était en soi un indice5.

1BOLTANSKI. L. et CHIAPELLO. E : Le Nouvel esprit du capitalisme, Ed Gallimard, Paris. 2002

2BURLAUD A. et SIMON C : Le contrôle de gestion, Ed la Découverte, Paris, 2006, 14-15

3BOURGUIGNON A : Peut-on définir la performance ?, Op.cit., pp. 61-66.

4DUBNICK M.J : Accountability and the Promise of Performance: In Search of Mechanisms, Public Performance and

Management Review, cité par GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Opcit« Of any specific context, performance can be associated with a range of actions from the simple and mundane act ofopening a car door, to the staging of an elaborate reenactment of the Broadway musical “Chicago”. In all these forms,performance stands in distinction from mere “behavior” in implying some degree of intent ».5

GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Idem

25

Certains auteurs font ainsi de la performance une valeur parmi d’autres, cependant, VAN

DOOREN souligne que « performance » et «valeurs» sont des notions indissociables mais distinctes.

Selon lui, la performance est relative à l’action intentionnelle, à ce qui doit être fait, tandis que les

valeurs sont ce à quoi les acteurs sont attachés, mais qui ne relèvent pas nécessairement de l’action,

étant le cadre de référence de l’évaluation de la performance qui n’existe pas sans un système de

valeurs.

Le constat de la normativité du concept de performance additionné à celui de son absorption

par le contrôle de gestion amène à considérer que la performance contribue à diffuser les hypothèses

implicites du contrôle de gestion, notamment celle d’une conception finalisée de l’action1.

2. Contenu de la notion de performance

La performance renvoie à quatre significations majeures :

- Les résultats de l'action : la performance correspond alors à un résultat mesuré

par des indicateurs et se situant par rapport à un référant qui peut être endogène ou exogène.

- Le succès : la performance renvoie à un résultat positif, et par la même aux

représentations de la réussite propres à chaque individu et à chaque établissement.

- L'action : la performance désigne simultanément les résultats et les actions mises en

œuvre pour les atteindre, c'est à dire un processus.

- La capacité : la performance renvoie alors au potentiel.

Toutefois, il est à constater que les principales définitions de la performance convergent

autour de deux concepts majeurs, à savoir l’efficacité et l’efficience. Ce consensus des théoriciens

peut se vérifier auprès de quelques uns entre eux, à citer :

- ALBANES: la performance est la raison des postes de gestion, elle implique l'efficience et

l'efficacité2.

- MILES: la performance est la capacité de l'organisation à réaliser une satisfaction

minimale des attentes de sa clientèle stratégique1.

1Idem

2PAYETTE. A: Efficacité des gestionnaires et des organisations, p. 157.

26

- CHANDLER: la performance est une association entre l'efficacité fonctionnelle et

l'efficacité stratégique. L'efficacité fonctionnelle consiste à améliorer les produits, les achats, les

processus de production, la fonction marketing et les relations humaines au sein de l'entreprise.

L'efficacité stratégique consiste à devancer les concurrents en se positionnant sur un marché en

croissance ou en se retirant d'un marché en phase de déclin 2.

- MACHESNAY: la performance de l'entreprise peut se définir comme le degré de

réalisation du but recherché3. L'analyse des buts fait apparaître trois mesures de la performance:

L'efficacité : le résultat obtenu par rapport au niveau du but recherché.

L'efficience : le résultat obtenu par rapport aux moyens mis en œuvre.

L'effectivité: le niveau de satisfaction obtenu par rapport au résultat obtenu.

S’agissant de l’efficience, SIMON met en avant l’idée de l’optimum en la considérant

comme le choix entre diverses options qui produit le meilleurs résultat pour l’application des

possibilités données4.

- LORINO: est performant dans l'entreprise tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à

améliorer le couple valeur - coût (à contrario, n'est pas forcément performance ce qui contribue à

diminuer le coût ou à augmenter la valeur isolément) 5.

Ces définitions démontrent que la performance est l’association de l'efficacité à

l’efficience, tel que le démontre le schéma

- L'efficacité est le rapport entre les résultats obtenus et les objectifs fixés.

- L'efficience est le rapport entre les moyens et les efforts totaux déployés ainsi que les

résultats obtenus.

1LEVIN. A.Y et MINTON J.W: Determinig organizationnal performance : another look, and an agenda for research , In

Management Science, Vol 32, n°5, 1986.2

CHANDLER A.D: Organisation et performance des entreprises, Tome1, Ed de l'organisation, Paris, 1992, p.213

MACHESNAY : Economie d'entreprise, Ed Eyrolles, 1991, p.38.4

Cité par MINTZBURG H, le management, 1990, p 4805

LORINO P.: Méthodes et pratiques de la performance, le guide du pilotage, Ed de l'organisation, 1997, p. 18

27

Figure 3 :Les composantes de la performance :

Certaines définitions de la performance intègrent d'autres variables tels que les résultats,

l'effort et le comportement. En ce sens la performance est définie comme l'aptitude à obtenir de

meilleurs résultats, en fournissant un minimum d'effort et en se comportant pertinemment afin

d'atteindre les objectifs escomptés, ce qui est appelé par certains pertinence ou encore

économie.1

§ 2: La performance, notion absorbée par le contrôle de gestion

Le concept de performance souvent appréhendé comme un ensemble de résultats rapportés aux

objectifs fixés et aux moyens employés, renvoie à l’idée que les ressources consommées représentent le

« coût » de l’action et la «valeur» renvoie à la satisfaction des besoins sociaux.

Dans cette perspective, LORINO2 définit la performance comme « le déploiement du couple

valeur-coût dans les activités de l’organisation ».

Figure 4 : La boucle du pilotage de la performance3

Déploiement Retour d’expérience

1LAHLOU. C : Gouvernance des entreprises, Actionnariat et performances, Alger, article publié sur Internet

2LORINO P : Méthodes et pratiques de la performance, 3ème édition, Ed d’Organisation, Paris, 2003

3GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

Objectifs Stratégiques

Opérations Activités

Performance

Efficience :

obtenir un

résultat en

minimisant le

cout des

ressources et

des processus

Efficacité :

Obtenir un

résultat

conformément

à un objectif

donnée

28

Une telle définition de la performance aboutit à la fondre entièrement dans le contrôle de

gestion1.

BURLAUD et SIMON considèrent le contrôle de gestion comme un système finalisé de

régulation des comportements qui s’appuie sur un ensemble de techniques qui ont en commun de

concourir à un contrôle à distance des comportements, sur la base d’indicateurs quantifiés (en unités

monétaires ou physiques), dans une optique contractuelle ou pseudo-contractuelle2.

Il y a un engagement préalable portant sur un résultat à atteindre, une explicitation des

modalités d’évaluation puis, à posteriori, l’évaluation ou la mesure de la performance (ou post-

évaluation).

Le contrôle de gestion implique donc que l’autorité qui le met en place dispose d’objectifs

qu’elle veut et peut communiquer.

La performance, même stricto-sensu, ne peut être isolée de la définition des valeurs

puisqu’elle suppose la définition des objectifs servant de support à l’appréciation des activités menées.

La définition d’un système de contrôle et de valorisation des activités n’est jamais neutre,

simple élaboration d’un miroir quantifié du réel. Au contraire, réduire le contrôle de gestion à l’activité

de mesure, revient en fait à accepter explicitement ou non une hypothèse selon laquelle la performance

est prédictible et que l’activité de l’organisation est stable dans le temps3.

Cette conception du contrôle est aujourd’hui en crise et plusieurs auteurs proposent de

concevoir le pilotage de l’organisation comme la construction permanente d’un système collectif

d’interprétation.

En effet, le simple acte de définir la performance dans une organisation influe sur la

construction de l’outil qui servira à la mesurer et au jugement qui en sera fait.

Toutefois, la définition de la performance est aussi l’aboutissement d’un processus où les

différentes parties prenantes internes et externes à l’organisation tentent d’inscrire leur vision de la

performance dans le système de mesure de l’organisation.

11GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

2BURLAUD A. et SIMON C, Op.cit., p20

3LORINO P, OpCit, 2003

29

Ces parties reconnues comme les plus légitimes à juger l’organisation, verront leurs

préoccupations intégrées dans les outils et processus de mesure, car la définition du système de mesure

de la performance reflète la légitimité de celui qui le construit, autrement, ce qui devient la vérité est en

fait le succès d’une conception1

Le déploiement du souci de performance dans l’organisation se traduit la plupart du temps par

le souci de quantifier et de mesurer les activités à chaque niveau de l’organisation (individuel, entité,

activité ou global).

Ainsi, le chiffrage de l’action est la manifestation la plus tangible de la recherche de

performance, si bien que certains auteurs en viennent à assimiler performance et mesure de la

performance2.

Comme le soulignent BOUCKAERT et HALLIGAN3, performance, mesure de la

performance et management de la performance renvoient à des niveaux de réalités distincts.

La non neutralité de la définition de la performance implique la non neutralité de sa mesure4

En effet, la mesure de la performance, qui consiste à sélectionner et collecter

systématiquement les données relatives aux problèmes et aux objectifs de performance, repose

nécessairement sur les conventions qui ont conduit à définir la performance.

La mesure de la performance repose toujours sur une théorie de la performance qu’elle soit

explicite ou implicite5. La mesure de la performance est une réduction car elle est un modèle, au sens

mathématique du terme, elle traduit des objectifs généraux parfois flous ou contradictoires en

indicateurs nécessairement limités pour pouvoir être lisibles, mais elle dépend de son modèle de base.

Ainsi, les indicateurs de performance «ne peuvent être assimilés à des outils désincarnés qui

n’interfèreraient pas dans le système qu’ils cherchent à apprécier. Au contraire, leur construction même

répond à une vision du fonctionnement de l’entreprise »6.

1CALLON M : What Does it Mean to Say that Economics is Performative? , Papiers de recherche du CSI, Centre de

Sociologie de l’Innovation, n° 005, 2006, cité par GUENOUN. M2

GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.3

BOUCKAERT. G et HALLIGAN. J : Managing performance. International comparisons, Routledge, London, 2008P 26, cité par GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.4

Idem, p 27.5

TALBOT C : Performance Management, 20056

LEVRATTO N. et PAULET E : Les indicateurs de performance par la création de valeur dérivent- ils d’une lectureidéologique de l’entreprise ? , Communication au colloque international « gouvernance d'entreprises », Université deMons-Hainau et HEC Montréal, 9 et 10 mai, 2005, p 17

30

Mais si les indicateurs reflètent au moins partiellement le modèle qui les conditionne, ces

derniers rendent le modèle opérant puisque c’est à travers eux que les comportements des acteurs sont

influencés et évalués et c’est sur eux que les décisions d’allocation de ressources se fondent.

Les indicateurs de performance sont le point de rencontre entre des objectifs stratégiques et

des activités opérationnelles et sont supposés « conduire le cours de l’action vers l’atteinte d’un objectif

ou devant lui permettre d’en évaluer le résultat »1.

De la performance à sa mesure, une série de traductions successives allant du qualitatif vers le

quantitatif opérationnalisent une vision du monde en même temps qu’elles la rendent plus influente ou

légitime. Plusieurs recherches ont en effet montré que la mise en forme chiffrée d’une interprétation de

la réalité conférait une image d’objectivité et de vraisemblance à cette interprétation2 et permet de la

naturaliser discrètement.

Sous section 3 : Les dimensions de la performance

La performance comme concept multidimensionnel et techniquement difficile à mesurer, peut

être aussi définie comme « l’agrégation des performances économiques, sociales et environnementales

…etc.»3. En effet, les dispositifs d’évaluation actuellement utilisés par les entreprises pour mesurer les

progrès réalisés n’apportent pas de réponses satisfaisantes.

Ne pas être capable d’évaluer les progrès réalisés empêche les entreprises de savoir où porter

leurs efforts d’amélioration.

Aujourd’hui, la difficulté pour les entreprises est de mesurer les interactions entre les

différentes dimensions de la performance. Ainsi, la problématique qui se pose pour chaque organisation

en quête de performance, est de savoir et définir la combinaison qui lui est adéquate des différents

« ingrédients » composant sa propre performance.

§ 1 : Les dimensions internes de la performance

La performance a longtemps été réduite à sa dimension financière qui consistait à réaliser la

rentabilité souhaitée par les actionnaires avec le chiffre d’affaires et la part de marché qui préservaient

la pérennité de l’entreprise4.

1LORINO. P, Opcit, p 142

2PARADEISE C. et LAUFER R : Le Prince Bureaucrate. Machiavel au Pays du Marketing, Ed Flammarion, Paris, 1983

3Baret P : L’évaluation contingente de la Performance Globale des Entreprises : Une méthode pour fonder un

management sociétalement responsable ?, 2ème journée de recherche du CEROS, 2006, pp. 1-24.4

LAHLOU, Opcit

31

Cependant et depuis quelques années, le constat établi indique le passage d’une représentation

financière de la performance à des approches plus globales incluant des dimensions sociale et

environnementale, sachant l’apparition de nouveaux acteurs (appelés parties prenantes) parallèlement

au fait que la notion de performance a connu un regain d’usage1.

A présent, la pérennité des entreprises ne dépend plus uniquement de l’aspect financier de

leurs activités, mais également de la manière dont elles se conduisent2.

Dès lors, la responsabilité des entreprises s’élargit et ne se limite plus aux seuls actionnaires,

mais intègre d’autres parties prenantes (associations, ONG, syndicats, clients, fournisseurs, ...).

Ces nouveaux acteurs exigent d’être entendus et cette écoute devient une cible vitale pour la

performance et la pérennité des entreprises.

1. L’approche Financière de la Performance

La performance d’entreprise est une notion centrale en sciences de gestion et de nombreux

chercheurs depuis les années 80, se sont attachés à la définir3 et plus récemment cette notion est

mobilisée dans la littérature managériale pour évaluer la mise en œuvre par l’entreprise des stratégies

annoncées de développement durable4

Ainsi la performance considérée « comme la réalisation des objectifs organisationnels, quelles

que soient la nature et la variété de ces objectifs. Cette réalisation peut se comprendre au sens strict

(résultat, aboutissement) ou au sens large du processus qui mène au résultat (action)....»

Pour LEBAS, la performance n’existe que si on peut la mesurer et cette mesure ne peut en

aucun cas se limiter à la connaissance d’un résultat. Alors, on évalue les résultats atteints en les

comparant aux résultats souhaités ou à des résultats étalons5 Dans ce contexte, l’évaluation de la

performance peut être assimilée au « benchmarking »6.

La performance étant définie, il convient à présent de s’intéresser à sa mesure. La logique

financière offre une solution mais qui est depuis longtemps problématique qu’on peut représenter d’une

manière générale selon le schéma suivant :

1LAHLOU, Opcit

2idem

3BOURGUIGNON A. : Peut-on définir la performance ?, In Revue Française de Comptabilité, juillet- août, 1995, pp. 61-66.

4CAPRON M., QUAIREL-LANOIZELEE F : Evaluer les stratégies de développement durable des entreprises : l’utopie

mobilisatrice de la performance globale , Journée Développement Durable- AIMS – IAE d’Aix-en¬Provence, 2005, pp.1 -225

LEBAS M: Oui, il faut définir la performance , In Revue Française de Comptabilité, juillet- août, 1995pp. 66-71.6

Technique de gestion et de marketing qui consiste à comparer son entreprise à une ou plusieurs autres entreprises quifont références dans un domaine spécifique.

32

Figure 05: la hiérarchie des résponsabilités dans l’entreprise

Responsabilités philanthropiques : ou « discrétionnaires » La société ne possède pas de

message clair, le comportement est a l’appréciation de chacun

Responsabilités éthiques : il s’agit de responsabilité supplémentaire « non codifiés dans des

lois » ces responsabilités sont attendus par la société et visent à respecter les droits des parties prenantes

Responsabilités juridiques : la société fixe le cadre légal dans lequel l’entreprise opère. Il est

de sa responsabilité d’obéir a ces lois « éthique imposée est codifiée »

Responsabilité économique : l’entreprise est institution dont l’objectif est de produire les

biens et les services que la société désire et de les vendre avec profit « besoin d’assurer sa survie et de

récompenser ses investisseurs

Responsabilités

Philanthropiques

Responsabilités éthiques

Responsabilités juridiques

Responsabilité économique

33

Selon ce schéma, l’économie consiste à se procurer les ressources au moindre coût ;

l’efficience est le fait de maximiser la quantité obtenue de produits ou de services à partir d’une

quantité donnée de ressources, la rentabilité (rapport d’un bénéfice à des capitaux investis) et la

productivité (rapport d’un volume obtenu à un volume consommé) sont deux exemples d’efficience.

Enfin, l’efficacité est le fait de réaliser les objectifs et finalités poursuivis. Mesurer la

performance revient à mesurer les trois dimensions qui la composent. Mais, il existe un certain nombre

de difficultés associées à ces mesures. Comment mesurer l’efficacité? Cette mesure fait face à deux

obstacles : l’identification des buts ou des objectifs et l’obtention d’un consensus relatif à la multiplicité

de ces buts.

Identifier les buts d’une organisation n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Dans certains cas, on

constate une pluralité d’objectifs, parfois contradictoires, ambigus et non explicites1.

L’autre dimension de la performance n’est pas exempte de difficultés. En général, l’efficience

se mesure par le ratio résultats-moyens. Que se passe t-il si la relation résultats-moyens est mal connue

ou mal maîtrisée ? C’est notamment le cas dans les activités de service où les activités discrétionnaires

(activités dans lesquelles le lien entre moyens et résultats est peu ou mal connu) sont fréquentes.

Les méthodes d’évaluation de l’efficience qui s’efforcent d’établir un lien entre moyens et

résultats (productivité : pourcentage de chiffre d’affaires dédié à la recherche) ne conviennent qu’à des

activités faiblement discrétionnaires. Pour les autres, les entreprises sont amenées à mettre en œuvre

des solutions leur permettant de contourner le problème de la mesure des résultats à posteriori2.

La perspective privilégiée dans cette logique, qui est une perspective gestionnaire et financière

à court terme3 , est remise en cause par KAPLAN et JOHNSON: « Les mesures à court terme devront

être remplacées par de multiples indicateurs non financiers qui constituent de meilleurs cibles et ont

une meilleure valeur prédictive quant aux objectifs de rentabilité à long terme de l’entreprise »4

La logique financière de la performance étant remise en cause, le débat sur la performance

invite les entreprises à compléter les critères de gestion exclusivement financiers et économiques par

des mesures décrivant d’autres aspects de leur fonctionnement. C’est dans ce contexte, que le débat sur

1LAHLOU, OpCit

2LÖNING H., MALLERET V., MERIC J., PESQUEUX Y., CHIAPELLO E., MICHEL D., SOLE A : Le contrôle de gestion :

organisation et mise en œuvre, Ed Dunod, 2ème édition, Paris, 2003, p 277.3

PESQUEUX Y : Organisations : modèles et représentations, Presses Universitaires de France, collection Gestion, Paris,2002, 397 p.4

LÖNING H et autres, Opcit

34

la performance s’enrichi, notamment, avec l’apparition des notions telles que la responsabilité

sociétale, les parties prenantes...1

2. L’approche Globale de la Performance

C’est au cours du 20ème siècle que la performance s’élargie pour prendre en compte la

«responsabilité sociale »2 ou responsabilité sociétale de l’entreprise vis-à-vis de ses parties prenantes.

Le concept de la performance globale émerge en Europe avec l’apparition du développement

durable, mais ses prémices se trouvent dans des concepts plus anciens tels que la responsabilité

sociétale (concept d’abord apparu aux États-Unis puis en Europe).

Ainsi, l’approche globale de la performance doit prendre en compte un certains nombre de

composante à des degrés qui divergent selon le type de l’organisation.

- La performance économique : La performance économique correspond aux résultats

présentés par la comptabilité. Il s'agit principalement des soldes intermédiaires de gestion et qui se

trouve étroitement liée à la performance financière 3.

- La performance sociale : Au niveau de l'organisation, la performance sociale est

souvent définie comme le rapport entre son effort social et l'attitude de ses salariés. Cependant

cette dimension de la performance est difficile à mesurer quantitativement. La performance

sociale est aussi définie comme le niveau de satisfaction atteint par l'individu participant à la

vie de l'organisation4. Ou encore l'intensité avec laquelle chaque individu adhère et collabore aux

propos et aux moyens de l'organisation.

Certains critères présentent le climat social et la satisfaction du personnel comme

principaux indicateurs de la performance sociale. Afin d'évaluer cette performance, les

critères suivants peuvent être utilisés5 :

- La nature des relations sociales et la qualité des prises de décisions collectives.

- Le niveau de satisfaction des salariés mesurés par les sondages et les enquêtes d`opinion.

1LAHLOU, Opcit

Igor ANSOFF propose la structure des objectifs compte tenu de la priorité accordée à l’objectif de nature economique, citépar MARMUSE.C, Politique Generale : Langage, Intelligence, Modeles et Choix Strategiuqes, 2

eedition, Ed Economica,

Paris, 1996, p 952

Les termes « responsabilité sociale de l’entreprise » proviennent de la Commission européenne. Dans l’acceptioneuropéenne, le terme « social » est traduit de l’anglais et doit être, en français, plutôt rapproché du terme « sociétal »lequel inclut le volet environnemental.3

LAHLOU, Opcit4

Tezenas DU MONCEL : Performance sociale et performance économique dans les PME industrielles, Annales duManagement, 1992, p.381, cité par Mohamed BAYED .5

MARMUSE.C : OpCit

35

- Le degré d'importance des conflits et des crises sociales (grèves, absentéisme,

accidents de travail...).

- Le taux de turnover, la participation aux manifestations et aux réunions d'entreprise, ainsi

que le dialogue avec les membres du comité d'entreprise.

- La performance humaine : La question de la performance humaine est une

préoccupation fondamentale de tous les acteurs de l'entreprise aujourd'hui. Elle est perçue, aussi bien

du coté des dirigeants d'entreprises que du côté des salariés, comme le facteur essentiel

contribuant à la performance économique de l'entreprise.

Alors qu'à l'ère de l'organisation taylorienne, on n'exigeait du salarié que sa force de

travail, on exige de lui aujourd'hui une implication directe, intellectuelle et psychologique dans

son travail.

Ceci se traduit au niveau des ressources humaines par des interrogations autour des

notions de motivation, d'autonomie et de responsabilisation . La performance humaine passe

alors par une redéfinition individuelle et collective des règles régulant les rapports entre les

salariés et l'entreprise1.

- La performance managériale : La performance managériale est définie comme la capacité

du manager et de l'équipe dirigeante à atteindre les objectifs fixés. Un certain nombre de critères

peuvent être utilisés pour évaluer la performance managériale 2 :

- L'entrepreneurship : efficacité, efficience, pro activité, utilisation diagnos tic des

concepts.

- Le leadership : confiance en soi, communication, logique de raisonnement,

capacité de conceptualisation.

- Gestion des ressources humaines: utilisation sociale du pouvoir, gestion des processus

et des groupes.

- Direction des subordonnés: développement, aide, support des autres, autorité,

spontanéité.

- Autres compétences: contrôle de soi, objectivité relative, énergie et capacité

d'adaptation...

1LAHLOU. C : Gouvernance des entreprises, Actionnariat et performances, OpCit

2BOYATIZIS, cité par A.PAYETTE « l `efficacité des gestionnaires et des organisations ».

36

La performance managériale peut aussi être appréhendée à travers la capacité du manager à

répartir son temps et à coordonner les trois éléments suivants 1:

- L'esprit de conception : orientation et ouverture d'horizon.

- L'habilité d'exécution : application pure et simple.

- La doigtée d'arrangement : conciliation et gestion des contradictions.

- Performance organisationnelle

La performance organisationnelle est définie par KALIKA comme « les mesures portant

directement sur la structure organisationnelle et non pas sur ses conséquences éventuelles de nature

sociale ou économique. Ces indicateurs sont intéressants dans la mesure où ils permettent de

discerner les difficultés organisationnelles au travers de leurs premières manifestations, avant que

les effets induits par celles-ci ne soient ressentis d'un point de vue économique2 ».

KALIKA avance quatre facteurs de l'efficacité organisationnelle :

- Le respect de la structure formelle : le non respect de la structure annoncée par la

direction, peut traduire un dysfonctionnement au sein de l'organisation.

- Les relations entre les services: la recherche de la minimisation des conflits reflète un

besoin de coordination nécessaire à l'efficacité.

- La qualité de la circulation de l'information : l'organisation doit développer des

systèmes d'information permettant l'obtention des informations fiables et exhaustives, indispensables

au bon fonctionnement de l'organisation.

- La flexibilité de la structure : l'aptitude de celle ci à changer est un facteur

déterminant d'adaptation aux contraintes de l'environnement.

- La performance technologique

La performance technologique peut être définie comme l'utilisation efficace des

ressources de l'entreprise, le degré d'innovation dans le système de gestion, le processus de

production ainsi que les biens et services produits par l'entreprise.

Elle peut être appréciée selon un certain nombre de critères3 :

- Veille technologique et bilans périodiques des innovations introduites dans les

projets, les stages d'information et de formation sur les innovations

1FRIOUI. M : Cours de Politique Générale et Stratégie de l'entreprise, DEA Management, FSEG Tunis, 2001.

2KALIKA. M : Structures d'entreprises, Réalités, déterminants et performances, Ed Economica, Paris, 1988, cité par

MARMUSE. C, OpCit, p 1113

LAHLOU. C : Gouvernance des entreprises, Actionnariat et performances, OpCit

37

- Bilans d'activité des équipes traitant les innovations et la m ise à disposition de «

briques de logiciels » produits pour les autres

- Ajustements périodiques de l'organisation, des procédures en fonction du

développement des projets et de l'entreprise

- Utilisation des modules e-learning et des résultats des tests d'acquisition de

compétences.

- La performance commerciale

La performance commerciale peut être définie comme la capacité de l'entreprise à

satisfaire sa clientèle en offrant des produits et des services de qualité répondant aux

attentes des consommateurs.

Les entreprises visant la performance commerciale doivent se soucier des besoins de leurs

clients, prendre en compte les stratégies de leurs concurrents afin de conserver, voire de développer

leurs parts de marché. Plusieurs indicateurs permettent de mesu rer la performance commerciale,

parmi les quels on cite1 :

- La part de marche ;

- La fidélisation de la clientèle ;

- L'attrait de nouveaux clients ;

- La satisfaction des clients ;

- La rentabilité par segment, par client, par produit, par marché...

- La performance Sociétale

La performance Sociétale d'une entreprise peut être définie comme un ajustement entre les

pressions sociales et les réponses apportées par l'entreprise.

Ces pressions sociales concernent :

- La protection et l'épanouissement du facteur humain au travail ;

- La préservation de l'environnement et des ressources naturelles ;

- La défense et promotion des intérêts du consommateur ;

- Le respect de l'éthique des affaires ;

1BARET P : Evaluation de la Performance Globale des Entreprises : Quid d’une approche économique ?, Colloque ADERSE,

IAE Lyon, Novembre 2005, pp 18-19.

38

- La protection des valeurs et des intérêts particuliers (minorités , groupes ethniques et

religieux).

La performance sociétale nous renvoie au concept de l'entreprise citoyenne : l'obligation de

répondre de ses actions, d'en justifier et d'en supporter les conséquences. Ainsi, une entreprise qui

assume ses responsabilités sociales, est celle qui :

- reconnaît, d'une part, les besoins et les priorités des intervenants de la société ;

- évalue les conséquences de ses actions sur le plan social afin d'améliorer le bien -être

de la population en général tout en protégeant les intérêts de son organisation et de ses

actionnaires1.

La performance sociétale se traduit par un certain nombre de critères :

- Une bonne image de marque ;

- Un accroissement de la part de marché

- Une Crédibilité et une confiance, accordées à l'organisation ;

- La reconnaissance du mérite2.

- La performance stratégique

La performance stratégique peut être aussi définie comme le maintien d'une distance

avec les concurrents, entretenue par une forte motivation (système d'incitation et de

récompense) de tous les membres de l'organisation et une focalisation sur le développement

durable.

La performance à long terme est associée à :

- La capacité à remettre en cause les avantages stratégiques acquis ;

- La définition d'un système de volontés visant le long terme ;

- La capacité de l'entreprise à développer un avantage compétitif durable ;

- La capacité de l'entreprise à trouver des sources de valeur créatrices de marge ;

- L'excellence à tous les niveaux de l'entreprise.3

1MERCIER. S : une typologie de la formalisation de l'éthique en entreprise : l'analyse de contenu de 50 documents , Papier

de recherche, FARGO/LATEC, Université de Bourgogne, 1998, p.7.2

MACHESNAY : Economie d'entreprise, OpCit, p.96.3

LAHLOU. C : Gouvernance des entreprises, Actionnariat et performances, OpCit

39

§ 2 : La performance publique :

Reprenant la définition de la performance comme réalisation d’une action jusqu’à son terme,

BARTOLI souligne explicitement la neutralité normative du concept: «cela semble signifier qu’il

s’agit avant tout d’entreprendre et de terminer cette action, sans qu’aucun à priori ne soit explicité sur la

nature ou le niveau du résultat à obtenir »1.

Une telle définition tire son apparente neutralité du fait de ne pas livrer les méthodes de

mesure de la performance, ni ses critères d’appréciation. Elle suggère pourtant qu’un résultat est «à

obtenir». Cette conception suppose donc qu’une action peut être jugée sur la base de sa conformité aux

objectifs qui lui étaient assignés, quels que soient ces objectifs. Cela implique que des objectifs sont

nécessairement assignés à l’action, et que ces objectifs constituent les critères d’appréciation de

l’action.

Or, même si l’on en reste à un niveau très abstrait, cette définition présume qu’une action est

mise en œuvre pour atteindre un but donné. Pourtant, d’autres formes de rationalités (axiologiques,

émotionnelles et traditionnelles) peuvent théoriquement justifier les actions entreprises, sans se soucier

du résultat obtenu2.

Souligner la neutralité de la notion de la performance équivaut à ne pas se soucier de sa nature

normative. Les organisations publiques ont, par exemple, pour particularité de ne pas être le lieu de

mise en œuvre d’une rationalité instrumentale exclusive, mais d’y mêler des finalités externes orientées

par des valeurs et des traditions3.

En effet, le simple fait de s’interroger sur la valeur des actions constitue un changement de

cadre cognitif dans les organisations publiques par rapport au passé4. Si la mise en correspondance d’un

coût et d’une valeur n’est pas nécessairement exclusivement quantitative, unidimensionnelle ou court-

termiste, elle n’en est pas moins une construction sociale. La performance n’est donc pas une évidence,

et son affirmation suppose une mise en compatibilité avec d’autres formes de raisonnement, ou leur

effacement.

A bien des égards la performance semble performatrice en ce sens que son énoncé construit

simultanément le cadre d’analyse et le processus d’agencement des pratiques et des représentations. La

1BARTOLI. A : Le management dans les organisations publiques, Dunod, Paris, 1997, p 78

2GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

3PADIOLEAU J-G : Les Arts pratiques de L’action publique ultramoderne, l’Harmattan, Paris, 2003

4UGHETTO. P : La dépense et la valeur : L’esprit économique de l'Etat, enjeu politique. Le cas des musées, In Revue de

l’IRES, Vol. 8, n° 4, 2004, pp. 1-26., p 10

40

performance construit la réalité sur laquelle elle prend appui, arguer de l’absence de normativité du

concept de performance, c’est naturaliser un phénomène1.

Dire qu’une conception finalisée de l’action est neutre parce qu’elle n’indique pas quelle

finalité doit être poursuivie contribue à faire oublier l’idée qu’une action n’est pas nécessairement

finalisée.

En conséquence, il semble que les discours et pratiques relatifs à la performance dans une

organisation publique gagnent à être analysés comme le processus de légitimation d’un système

d’interprétation. Cela implique méthodologiquement d’accorder une attention aux conceptions de la

performance portées par les différents acteurs dans une organisation.

Ce constat d’apparence, abstrait, trouve sa concrétisation au sein des réformes administratives

et les transformations qu’elles génèrent au sein des organisations publiques. Les débats visant, dans un

premier temps, à nourrir la recherche universitaire en management des organisations publiques en

données empiriques et pistes de réflexions portent sur des « spécificités inhérentes à la conception

bureaucratique, à la culture institutionnelle et aux traditions de gouvernance qui sont à la base des

appareils publics »2.

L’ambition de développer et enseigner des connaissances utiles au management des

organisations relavant du bien commun, de l’intérêt général et du service public, des paradoxes et des

spécificités sont à souligner, à documenter et à analyser en profondeur à tous les niveaux de l’action

publique: valeurs, missions, acteurs, systèmes, outils, structures, processus et performance.3.

A ce stade de la réflexion, un premier constat en faveur de la problématique portant sur

spécificités et paradoxes entourant le mangement de la performance dans la sphère publique ,

suggère l’examen en profondeur l’affirmation selon laquelle « le management de la performance des

organisations publiques ne se saurait advenir du simple fait d’une transposition d’outils et de

pratiques conçus et éprouvés dans l’entreprise privée, comme le laissent entendre certaines thèses

néolibérales faisant la promotion des New public management 4»

En effet, la recherche universitaire consacrée à la performance des organisations

publiques a été souvent liée à l’instrumentation managériale et organisationnelle que les mouvements de

réforme administrative voulaient instituer dans la sphère publique afin de remédier aux paradoxes que

1GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

2MAZOUZ. B (sous la direction de) : Le métier de gestionnaire public à l’aube de la gestion par résultats, Presses de

l’Université du Québec, 570 pages, Québec, 2008.3

MAZOUZ, B. et TARDIF. M: À propos de la performance. L’arlésienne de la sphère publique. Chapitre 2, In D. Proulx,Management des organisations publiques, 2e édition, Presses de l’Université du Québec, 20084

Idem

41

«posait un appareil public conçu pour servir la société et l’économie mais qui, au fil du temps, serait

devenu source d’appauvrissement collectif (dette publique), de rigidité structurelles, d’inefficacité

fonctionnelle et de gaspillage de deniers publics »1.

Or, sur le plan théorique il est démontré que la performance des organisations appartenant à

l’État ne peut être appréhendée de la même manière que celle de l’Entreprise2 «... la nature complexe

des missions et des valeurs à la base des configurations structurelles et des modes de fonctionnement

et de gestion des organisations publiques, est dictée par des soubassements idéologiques, juridiques et

sociopolitiques sous-jacents à la finalité publique elle-même... qui continuent à miner les fondements

économiques et l’utilité managériale de tout modèle qui voudrait réduire et expliquer la

performance de la sphère publique en faisant référence à l’efficience et à l’efficacité des systèmes3.

Par conséquent, il est peu probable de voir émerger une définition de la performance qui soit

universelle et applicable en même temps à l’Entreprise et aux organisations de l’État »4.

Ceci dit, il demeure nécessaire d’intégrer le management de la performance dans son contexte,

et dans ce cadre, BOUCKAERT et HALLIGAN5 considèrent que trois niveaux de réalités doivent être

pris en compte dans l’analyse du management de la performance : le modèle de management de la

performance adopté, son degré d’implémentation et enfin son cadre administratif national.

En effet, les traditions et cultures politico-administratives nationales sont encapsulées dans le

management de la performance6.

D’autre part, EMERY7 montrent que le lien entre performance et valeurs rend obligatoire la

prise en compte des représentations de la performance que se font les acteurs.

Selon eux, interroger les acteurs sur leur représentation de la performance permet d’identifier

les valeurs des organisations publiques mais également de cerner l’impact de ces perceptions en matière

de gestion publique, un indicateur est une donnée (nombre, cotation, évaluation...) permettant

d’objectiver une situation, d’en rendre les caractéristiques lisibles et interprétables.

1MAZOUZ. B et LECLERC. J : Gestion intégrée par résultats. Concevoir et gérer la performance dans l’Administration,

Presses universitaires du Québec, 2008.2

DRUCKER, 1989, Opcit.3

FOUCHET, 1998, Opcit4

MAZOUZ et TARDIF, Opcit.5

Opcit , p406

GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.7

EMERY. Y, WYSER. C, MARTIN. M et SANCHEZ. J: Swiss Public Servants’ Perceptions of Performance in a Fast-ChangingEnvironment, International Review of Administrative Sciences, Vol. 74, n° 2, 2007 cité par GUENOUN. M : le managementde la performance publique locale, Op.cit.

42

Enfin, une telle approche permet d’identifier le degré d’incorporation et d’usage des Systèmes

de Mesure et de Pilotage de la Performance censés produire une vision partagée des objectifs

stratégiques et des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. Interroger différents acteurs dans une

organisation sur leurs représentations de la performance permet de savoir s’ils partagent ou non une

même vision1.

Section 2 : l’appropriation publique du concept de performance

Le management public est l’objet de commentaires vivement contrastés, prenant parfois les

atours d’une guerre de religion2. D’un côté, certains prennent acte des finalités extraverties et des

principes de régulation spécifiques aux organisations publiques pour dénoncer l’importation en

leur sein de dispositifs inventés dans le secteur privé3.

De l’autre, certains insistent sur l’échec manifeste de la régulation bureaucratique et

prennent acte de la performance des organisations privées pour justifier la transposition de leurs

méthodes de gestion dans les organisations publiques.4

Selon MERRIEN5, ce duel doctrinal serait désormais terminé au profit de la seconde

posture. Les organisations publiques, à la légitimité limitée, se soumettraient aux injonctions du

New Public Management et seraient de fait dévorées par des outils de gestion transposés

passivement du secteur privé.

Il y a donc un point de départ qui est l’administration réputée en crise, un objectif finalisé

qui est la performance et un chemin à suivre à savoir, la réforme managériale. l’écart entre cet

objectif idéalisé et une représentation contemporaine dépréciée de l’administration, est rempli par le

management et ses dispositifs, censés amener l’administration vers cette performance désirée6.

1GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

2GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

3GIBERT. P : Management public, management de la puissance publique, In Politique et Management Publics, Vol. 4, n° 2,

Paris, 1988, pp. 89-123.4

CHEVALLIER. J : Science administrative, 3ème édition, Presses Universitaires de France, Paris., 2002.5

MERRIEN. F.X : La Nouvelle gestion publique : un concept mythique, Lien Social et Politiques, n° 41, Paris, 1999, pp. 96-103.6

LAUFER. R , Opcit.

43

C’est ce que suggèrent POLLITT et BOUCKAERT1 qui qualifient les réformes

managériales de «trajectoire» plutôt que de «mouvement» pour en souligner le caractère

intentionnel. Le recours au même idéal par les organisations publiques et privées signalerait donc la

managérialisation du secteur public.

En effet, de nombreux analystes considèrent le recours au concept de performance comme un

indice de la croyance par les responsables publics de la validité universelle des principes et outils de

gestion développés dans les entreprises.2

Si l’on s’en tient au discours politique et à la réalité des faits, nul ne peut contester un

consensus général qui s’est formé autour de la nécessité d’une meilleure gestion de l’administration de

la part des principaux acteurs à savoir, les gouvernants, les usagers, le fonctionnaire3.

Les causes sont connues depuis longtemps, qu’il s’agisse de bureaucratie, gaspillages,

détérioration de la qualité du service public, corruption, le citoyen et les partenaires de l'administration

sont forcément mécontents de ses prestations. Il s'ensuit une grave crise de légitimité de l’État.

Depuis 1988, de nombreux changements sont intervenus mais l’administration reste en deçà de

cette cadence même si elle est la première concernée du fait de sa position incontournable au sein de la

société, allant de la banale prestation de service aux grandes politiques publiques lancées sur le long

terme4.

Le management public peut être l’une des solutions qui peut contribuer à une modernisation de

l’administration pour améliorer sa gestion, sinon plus, pour lui donner davantage d'efficacité5, d’où

l’urgence à rattraper le retard accusé par rapport à sa rivale privée en s’appropriant de l’une de ses

quêtes les plus précieuses à s’avoir la performance comme objectif noble qu’il lui conviendrait de

convoiter.

Sous section 1 : Caractéristiques des organisations publiques : particularités ou

contraintes?

L'administration donne l'apparence d'un appareil compact et homogène, cependant, et pour

accomplir ses missions à l'échelle d'un territoire et dans des domaines extrêmement variés. Elle est

tenue de se doter d'une organisation appropriée et d'un régime juridique adéquat.

1Cité dans GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

2GUENOUN. M : le management de la performance publique locale, Op.cit.

3Dr TAIB. E, Opcit

4Idem

5Idem

44

§1 : Le cadre institutionnel et juridique

Sur le plan institutionnel, l'administration relève bien entendu du pouvoir exécutif. Aussi ,le

pouvoir exécutif est prééminent, par rapport aux pouvoirs législatif et judiciaire, justifié en cela à la fois

par l'héritage institutionnel colonial, l'instauration pendant plusieurs décennies du monopartisme et le

choix d'une voix socialiste de développement. Malgré la constitution libéralisante de 1989,

l'administration continue de garder de larges pouvoirs1.

L'organisation de l'administration algérienne se situe dans une configuration classique

composée :

- d'une administration centrale,

- de services extérieurs,

- de collectivités locales,

- d'établissements publics.

Néanmoins, il faut souligner l'apparition d'un nouveau type d'administration, inconnu jusque

là, né dans le sillage de la constitution de 1989, les autorités administratives indépendantes.

Déjà anciennes dans les pays développés, elles ont été créées pour intervenir dans des

domaines sensibles et que l'on veut faire échapper soit à l'emprise du pouvoir exécutif trop

politiquement marqué, soit à l'influence de groupes de pression : la protection des droits de l'homme, la

lutte contre la bureaucratie, la régulation économique.

Les autorités administratives indépendantes qui ont été mises en Algérie sont2 :

- Dans le domaine des libertés et des droits de l’Homme : le conseil supérieur de

l'information, l'observatoire national des droits de l'homme, le médiateur de la république. Tous trois

ont disparu et n'ont donc connu qu'une existence éphémère. L'observatoire national des droits de

l'homme a été remplacé par la commission nationale consultative de promotion et de protection des

droits de l'homme.

- Dans le domaine économique : le conseil de la monnaie et du crédit, la commission

bancaire, la commission d'organisation, de suivi et d'organisation des opérations de bourse, le conseil

de la concurrence, l'autorité de régulation indépendante des postes et télécommunications.

1Voir à ce sujet : ZOUAIMIA Rachid, Les autorités administratives indépendantes et la régulation économique en Algérie,

Edition HOUMA, Alger, 2005,

45

Ce sont des autorités en ce sens qu'elles peuvent disposer d'un pouvoir qui peut être suivant le

cas : revoir le sens de la phrase

- Réglementaire, quand elles peuvent prendre des règlements. Cas du conseil de la monnaie

et du crédit,

- de sanction quand les opérateurs économiques ne respectent pas la législation et la

réglementation, cas du conseil de la concurrence

- moral qui est conféré par leur légitimité, leur indépendance ou leur composante humaine.

Leur indépendance est nécessaire du fait qu'elles interviennent dans des domaines très

sensibles qui exigent impartialité et transparence. Leur indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif mais

aussi des partis politiques et des groupes de pression peut être assurée par :

- leur mode de création : constitution, loi ou règlement

- le mode de nomination des membres : nomination ou élection

- l'absence de contrôle par le pouvoir exécutif sur leur pouvoir réglementaire

- l'irrévocabilité pendant l'exercice du mandat,

- le non renouvellement des mandats,

- des ressources financières propres,

- la publication d'un rapport annuel.

Sur le plan juridique et en raison des missions qu'elle accomplit au sein de la société

(activités de souveraineté ou d'intérêt général), l'administration ne peut être assimilée à une

organisation ordinaire. Aussi, elle est soumise à un droit spécial, le droit administratif qui lui permet

de surmonter les obstacles mais aussi qui l'oblige à se soumettre à certaines sujétions de service public

pour éviter des risques d'arbitraire, toujours possibles conférés par la détention d'importants pouvoirs1.

Pour ne s'en tenir qu'au plan de la gestion, le droit administratif soumet à un strict contrôle les

ressources de l’administration, et ce dans leur différentes composantes2 :

- Les ressources humaines par un régime statutaire qui régit personnel de la fonction

publique étroitement encadré.

1Dr TAIB Essaid, OpCit

2BISSAAD Ali : Droit de la comptabilité publique, ed Houma, Alger, 2004

46

- Les biens de l'administration faisant l'objet d'une très forte protection.

- Les ressources financières aussi bien les recettes que les dépenses soumises à un

formalisme très pointilleux.

- Les marchés publics qui font l'objet d'une codification rigoureuse.

La rigidité des règles du droit administratif, outre les missions que poursuit l'administration,

s'expliquait par la nécessité d'exercer un strict contrôle sur l'utilisation des ressources de

l'administration et de ses moyens d'intervention.

Aujourd'hui, avec la nécessité de moderniser l'administration, le droit administratif est décrié

comme constituant l'un des principaux obstacles freinant ou empêchant l'introduction de changements

dans le service public1.

Néanmoins, toutes les activités de l'administration ne sont pas soumises intégralement au droit

administratif. Quand celle-ci exerce une activité marchande, que ce soit en la forme de l'établissement

public à caractère industriel et commercial, du centre de recherche et développement ou de l'entreprise

publique économique, elle se voit appliquer les règles du doit commun.

§ 2 : La prédominance des prérogatives de puissance publique

L'administration n'accomplit pas une mission ordinaire au sein de la société, qu'il s'agisse des

activités de souveraineté ou de service public.

En cela, elle se différencie fondamentalement d'une organisation privée car pour poursuivre

ses objectifs, elle dispose de prérogatives de puissance publique, moyens exorbitants de droit commun2.

1. Le pouvoir réglementaire

L'administration dispose du pouvoir réglementaire. Pour exécuter la loi ou réaliser ses

objectifs, l'administration peut prendre un acte réglementaire en la forme du décret ou de l'arrêté.

A la différence des relations entre particuliers où il est nécessaire de passer par le juge pour

obtenir un acte exécutoire, l'acte de l'administration est directement exécutoire car il bénéficie du

privilège du préalable et qu'il est frappé d'une présomption de légalité.

1Dr TAIB Essaid, OpCit

2Dr TAIB Essaid, OpCit

47

Le destinataire de l'acte est tenu de l'exécuter sans quoi il s'expose à une exécution forcée et à

des sanctions.

2. Le pouvoir fiscal

Le service public est une activité d'intérêt général, indivisible financé par le contribuable.

L'administration peut prélever l'impôt, imposer des taxes ou une contribution financière tout en

disposant des moyens contraignants pour recouvrer ses créances.

3. Les biens de l'administration

Pour acquérir ou utiliser des biens, l'administration peut user des mêmes procédés qu'un

particulier. Néanmoins, et pour des raisons d'utilité de service public, elle peut utiliser des moyens

dérogatoires de droit commun, tel que l'expropriation, la préemption, la réquisition.

Toutefois, les biens de l'administration, et particulièrement ceux qui font partie du domaine

public font l'objet d'une très forte protection1.

On le constate avec les difficultés des privatisations quand les biens de l'État sont assimilés

aux biens du peuple, et dans une certaine mesure, ils sont frappés de sacralité.

Et même quand les biens de l'administration ne sont pas incorporés au domaine public, leur

cession obéit à une procédure longue et complexe.

4. Les contrats de l'administration

En droit civil, un principe fondamental régit les relations contractuelles : l'égalité entre les

parties. Ce principe subit des contorsions quand il s'agit de relations contractuelles avec l'administration

et le seul droit auquel peut prétendre le cocontractant est celui de l'équilibre financier. Sinon,

l'administration peut user de son droit de modification unilatérale.

5. Le monopole

Dans certains cas l'administration se voit consentir un monopole d'activité, plus

particulièrement dans le contexte d'une économie socialiste. Il s'agit le plus souvent d'activités

sensibles, stratégiques ou trop coûteuses pour être prise en charge par le secteur privé2.

1Ils sont incessibles, inaliénables et imprescriptibles

2Le monopole peut être fonctionnel ou territorial. Les monopoles sont gérés soit directement par l'administration, soit par

des délégations qu'elles accordent à des opérateurs publics ou privés.

48

Les effets négatifs d'une gestion monopolistique sont connus même si par ailleurs ils se

traduisent, dans certains cas, par la gratuité de la prestation. Aujourd'hui, rares sont les monopoles qui

demeurent encore entre les mains de l'administration du fait du désengagement de l'État de nombreuses

activités ou de leur mise en concurrence avec le secteur privé ou entre opérateurs publics.

Ce sont les principales caractéristiques d'une administration que l'on pourrait qualifier de

régalienne. Dans la perspective d'une administration de plus en plus engagée dans une économie de

marché, soumise à des impératifs d'efficacité, voire de rentabilité, confrontée aux défis de la

mondialisation, les prérogatives de puissance publique constitue autant de contraintes. Sans aller

jusqu'à l'abandon pur et simple de ses prérogatives, l'administration est amenée à adopter d'autres

formes de gestion plus souples par la déréglementation, la contractualisation ou la délégation de service

public1.

§ 3 : le contrepoids des sujétions de service public

Les sujétions de service public contrebalancent en quelque sorte les pouvoirs exorbitants qui

sont confiés à l'administration à travers les prérogatives de puissance publique2.

1. Le principe de légalité

L'administration doit constamment agir conformément à la légalité selon une hiérarchie des

normes bien définie allant de la constitution, dans certains cas de traités internationaux, jusqu'au

règlement. Les procédures viennent préciser davantage le cadre d'intervention de l'administration.

Au demeurant, l'une des premières missions conférées à l'administration consiste à mettre en

œuvre la législation et la réglementation.

Ce principe de légalité est tellement important qu'il constitue dans la gestion classique un

critère d'appréciation de l'efficacité de gestion du service public, à coté de la consommation du budget.

Parfois le respect du principe de légalité est poussé tellement loin que la gestion de

l'administration tombe dans un formalisme excessif quand on assiste à une multiplication des

procédures de gestion, une consommation grandissante de dossiers et de paperasses, tout cela dans le

but de vouloir s'assurer un contrôle absolu sur l'action publique.

La tendance actuelle consiste à réduire les procédures, simplifier les formalités sans pour

autant vouloir supprimer le respect du principe de légalité. En somme, au lieu que la légalité soit perçue

1Dr TAIB Essaid, OpCit

2Dr TAIB Essaid, OpCit

49

comme étant une fin en foi, comme c'est le cas actuellement dans le modèle bureaucratique, elle

deviendra un moyen ou une ressource au service d'une finalité.

2. Le principe d'égalité

Principe constitutionnel, devenu principe général du droit, c'est-à-dire qu'il s'applique même

s'il n'est pas inscrit dans le droit positif. Les citoyens sont égaux devant la loi et le service public, en

droits et devoirs. Par conséquent l'administré, ou l'usager, ne doit faire l'objet d'aucune discrimination

pour quelque raison que ce soit.

3. L'absence de liberté

Si d'un coté, l'administration est ténue par le principe de légalité, les sujétions qui pèsent sur

elle sont plus lourdes quand elle ne dispose que d'une compétence liée, c'est-à-dire que les textes

législatifs ou réglementaires définissent de manière précise les conditions et les modalités de son

intervention et ne lui laissent par conséquent aucune possibilité de choix1.

4. Le principe de spécialité

Certaines administrations disposent d'une compétence à caractère général, comme c'est le cas

pour l'État, la wilaya ou la commune qualifiées de personnes morales administratives générales.

D'autres disposent d'une compétence à caractère spéciale comme c'est le cas pour les établissements

publics, qualifiés de personnes morales spécialisées qui ne peuvent intervenir que dans le domaine qui

leur est délimité par le texte de création.

Néanmoins, et pour ce qui concerne les établissements publics à caractère industriel et

commercial et les centres de recherche et développement (CRD), le législateur les autorise à diversifier

leurs activités, notamment par le biais de création de filiales.

Sous section 2 : La conception classique et les exigences modernes de la gestion

publique : la quête de performance

La question de l'efficacité du service public pose une problématique difficile à résoudre, du

moins partiellement, en tout les cas toujours d'une manière insatisfaisante; tenant essentiellement à

1Il en est ainsi en matière de recrutement quand elle est tenue d'organiser un concours; en matière de marchés publics

quand elle est tenue de faire appel à l'adjudication.

50

deux considérations, d'un coté l'irresponsabilité1 de l'administration, de l'autre la difficulté technique à

évaluer le résultat de l'action administrative.

L'administration n'est pas responsable. Elle ne détient pas la souveraineté, sinon de manière

dérivée. Ce sont les instances politiques ou élues qui sont comptables de l'action de l'administration en

tant qu'instrument d'exécution mis à leur disposition2.

La question est encore plus contraignante dans le cas de l'Algérie, ayant fonctionné pendant

longtemps selon la logique d'une régulation interne et intravertie, excluant de droit ou de fait toute

intrusion du corps social dans l'exercice du contrôle.

Le second aspect de la problématique, plus technique, tient à la difficulté d'évaluer les

prestations de l'administration qui sont le plus souvent abstraites, immatérielles, collectives, non

stockables et par conséquent difficilement mesurables3.

La raréfaction des ressources, la pression fiscale, l'incompressibilité de la demande sociale,

l'entrée dans l'économie de marché, la mondialisation, les mutations technologiques, la démocratisation

de la société, les exigences du citoyen imposent à l'administration d'être plus efficace. Tous les

processus de modernisation de l'administration s'engagent dans ce sens, du moins à l'état discursif. La

performance individuelle du fonctionnaire est de plus en plus évaluée à défaut de pouvoir 'évaluer

l'administration dans sa globalité.

Néanmoins, il est faux de dire que l'administration traditionnelle n'est pas soumise à une

évaluation, néanmoins elle se situe dans un contexte déterminé conformément à une logique qui lui est

propre.

§ 1 : les limites de la gestion publique classique

L'administration n'est pas une organisation ordinaire car elle poursuit une mission

extraordinaire, mission de service public ou de mise en œuvre de la puissance publique, à travers des

clauses exorbitantes de droit commun, les prérogatives de puissance publique, utilise des ressources

provenant des prélèvements obligatoires et est soumise à un droit spécial.

Il faudra veiller à ce que l'administration n'use pas de manière arbitraire des prérogatives de

puissance publique et qu'elle ne dilapide pas les deniers publics.

1La constitution algérienne ne prévoie que la responsabilité solidaire du gouvernement autant qu’un corpus politique

2Et même la responsabilité politique est inopérante en raison de la nature du mandat représentatif et de la durée du

mandat électoral, en moyenne cinq années, et dans la mesure où des bilans électoraux ne sont pas établis par rapport auxpromesses qui ont été faites. Seuls quelques pays pratiquent la démocratie directe.

3Dr TAIB E, Op.cit.

51

A. Le contrôle de légalité :

plus exactement ce contrôle, reposera sur une approche formelle de l'appréciation des résultats, le

contrôle de la légalité des actes selon une hiérarchie des normes qui peut remonter à la constitution où

la norme inférieure sera toujours conforme à la norme supérieure.

Pour éviter les risques d'arbitraire ou de dérapage, il s'agira de contrôler la manière dont

l'administration va user des prérogatives de puissance publique qui lui ont été confiées.

L'administration agit dans un cadre formel sans se préoccuper de l'opportunité de la décision ni

de ses effets.

B. La logique de l'évaluation :

Dans ce sens, l'administration sera considérée comme étant efficace même si cette forme

d'évaluation est formaliste et s'est considérablement bureaucratisée. L'administration traditionnelle

obéit à une rationalité de type juridique, sinon bureaucratique1.

Longtemps, et toujours, décriée par les lenteurs qu'elle générait, par les gaspillages qu'elle

induisait, la « médiocrité » de la qualité du produit administratif qu'elle offrait, ce type de rationalité

demeure toujours hégémonique, poussé dans ses ultimes limites dans l'administration algérienne.

Le droit étant mal appliqué et les dérives de toutes natures sont toujours possibles, à fortiori

dans un système de monopole qui connaît des pénuries chroniques. Il faudra augmenter le formalisme

et multiplier les organes de contrôle (hiérarchie, tutelle, inspections, organes juridictionnels) pour

pouvoir maîtriser le cercle vicieux bureaucratique qui fini par se nourrir de lui-même.

Dans l'hypothèse où le recours juridictionnel ayant abouti, se pose la redoutable question de

l'exécution des décisions de justice, sans ignorer d'autres problèmes qui se posent en amont tel que

compétence du juge, lourdeur, coûts.

Encore faudrait-il être en mesure de comprendre et d'interpréter la règle en raison de

l'interventionnisme croissant de l'État, ce qui génère automatiquement une inflation législative et

réglementaire, l'impréparation des fonctionnaires, voire des professionnels du droit qui ont du mal à

1Dr TAIB. E : Introduction au Management Public, cours dispensés aux élèves de l’Ecole Nationale d’Administration, Alger,

2007

52

maîtriser un corpus juridique de plus en dense, mouvant et complexe, la précision des textes au point où

des lois légifèrent dans le détail parfois en contradiction ou en inadéquation avec le réel1.

La loi perd sa capacité d'adaptation et ses vertus curatives et anticipatives et l'instabilité des

textes et, parfois, de la contradiction entre différentes dispositions.

L'administration, en d'autres termes la technocratie, joue un rôle décisif dans la préparation,

l'exécution et le contrôle de la règle.

Le formalisme bureaucratique fait perdre beaucoup de temps et se traduit par des coûts

financiers excessivement élevés, d'autant plus négligés qu'ils sont invisibles2.

C. Le contrôle de régularité

- Le contrôle de régularité comptable

Le financement du service public est effectué par le contribuable par le biais des prélèvements

obligatoires. Dés lors, les deniers publics acquièrent une dimension sacrée quand ils sont assimilés à

l'argent de la nation ou du peuple. Les assemblées élues, expression de la volonté populaire, votent le

budget et approuvent les comptes de gestion3.

De ce fait, le service public constitue une dépense dont il s'agit de contrôler le déroulement à

défaut de pouvoir évaluer son coût.

Les mécanismes de contrôle de la régularité des dépenses sont nombreux4 :

- la présentation du budget dans un document unique et sous une forme normalisée, obéissant à

des principes stricts (équilibre, annualité, spécialité, universalité, unité).

- L’autocontrôle par la séparation entre l'ordonnateur et le comptable,

- La multiplication des organes de contrôle : contrôleur financier, assemblée élue, inspection

des finances, cour des comptes, parlement, commission d'enquête parlementaire.

Toutefois, le contrôle de régularité se traduit par des pertes de temps et l'augmentation des

coûts, de plus, il n'est pas transparent car non porté à la connaissance du contribuable1.

1Voir à ce sujet, BOUVIER Michel et autres : Finances Publiques, ed LGDJ, Paris, 8

eed, 2007

2Dr TAIB Essaid, Idem

3Les dépenses publiques sont enfermées dans des procédures précises, rigoureuses et formalisées pour bien s'assurer que

les deniers publics ne sont pas gaspillés ou ne font pas l'objet de pratiques frauduleuses.4

BOUVIER, OpCit

53

Le budget est conçu comme une prévision et une autorisation des dépenses pour réaliser des

activités. L'efficacité du service public consistera donc à consommer les crédits alloués. En amont, les

ministères dépensiers, face au ministère des finances, axeront leur démarche sur une logique de

maximisation budgétaire.

Dans les deux cas, contrôle de légalité des actes et contrôle de régularité des dépenses, le

résultat n'est pas pris en compte. Non pas qu'il faille supprimer la légalité formelle ou budgétaire mais il

faudra l'alléger l'assouplir, la simplifier de sorte que la règle ne soit pas une fin en soi mais mise au

service d'une finalité.

Les expériences de déréglementation et de contractualisation se situent dans cette perspective.

§ 2 : les exigences du management public moderne

La bureaucratie devient de plus en plus insupportable car budgétivore, gaspilleuse,

chronophage et parfois irrespectueuse de la dignité du citoyen.

De plus l'usager devient de plus en plus exigeant en raison de la démocratisation de la société,

du développement du champ associatif ou de l'augmentation perpétuelle des contributions sans effets

tangibles sur la qualité du service.

A. L’efficacité et la qualité de service ou l’aspect objectif

L'inefficacité de l'administration met à mal la légitimité du politique. La crise de légitimité de

l'administration rejaillit incontestablement sur celle de l'État, et le politique est de plus en plus

controversé. Pour toutes ces raisons, l'administration se doit d'être efficace.

Il est évident que l'administration doit se moderniser, et l'une es dimensions de la

modernisation consiste à évaluer les performances du service public. Seulement, l'évaluation des

prestations de l'administration demeure une question ardue en raison, d'une part de la difficulté à

connaître précisément les besoins, d'autre part de la nature du produit administratif, et plus

particulièrement du service public, tant au regard de ses caractéristiques que de son éthique2.

L'efficacité consiste à atteindre les objectifs préalablement fixés, en exprimant exprime le

rapport entre les objectifs et les résultats. La légitimation de l'administration dans un État managérial

1La cour des comptes ne publie pas ses rapports, au moins pour instaurer un débat public et exercer une forme de

pression morale.

2Dr TAIB. E : Introduction au Management Public, cours dispensés aux élèves de l’Ecole Nationale d’Administration, Alger,

2007

54

passe par sa capacité à atteindre les objectifs, largement exprimé par un slogan en vogue, "le mieux

d'État".

Néanmoins, il faudrait que l'administration soit en mesure de se fixer des objectifs

quantifiables et mesurables dans des budgets programmes, de services ou d'objectifs. Ce qui n'est pas

toujours le cas en pratique. L'efficacité peut être mesurée à travers un certain nombre de critères, tel

que :

1. Le rendement

C'est le plus facile à définir car il repose sur un résultat physique matérialisé par une

production au sens industriel du terme, nombre de kilomètres de routes construits, volume et fréquence

de la distribution d'eau, fréquence du courrier distribué, nombre de lits dans un hôpital, nombres

d'activités culturelles 1.

2. La rentabilité

C'est un concept financier. L'administration est appelée à dégager un profit, du moins à

équilibrer ses comptes, ce qui est possible pour certaines activités et à condition d'y apporter les

modifications statutaires nécessaires.

Dans l'orthodoxie du service public, c'est un concept irrecevable. On voit mal comment parler

de rentabilité en matière de justice, de sécurité ou d'éducation. Et pourtant, la logique managériale

n'hésite pas à introduire ce concept dans l'administration, et plus particulièrement pour les activités

marchandes tel que les transports, électricité, eau, poste et télécommunications.

A défaut de payer le prix de revient, l'usager s'acquittera d'un tarif. C'est une démarche de plus

en courante par le biais de l'établissement public à caractère industriel et commercial ou de la

concession.

Néanmoins, il faudrait être en mesure de calculer les coûts. Cela est parfois difficile : quel est

le coût de l'heure d'enseignement à l'université, d'un formulaire, de la réglementation, d'une procédure.

Non seulement, dans certains cas, les dépenses sont partagées pour ce qui est des charges communes,

dans d'autres, il y a des coûts invisibles ou indirects, particulièrement quand il s'agit d'évaluer les pertes

de temps, l'absentéisme.

1Il existe des normes à respecter : nombre d'élèves par classe, couverture médicale pour une population donnée, nature

des routes à construire.

55

On parle de rentabilité des services fiscaux. Il ne s'agit pas d'un gain financier mais de la

performance réalisée pour le recouvrement de l'impôt. La rentabilité, ici, se rapproche de la notion de

rendement, et qui peut être augmenté par le recrutement, la modernisation, la formation ou la

rémunération personnalisée.

3. Les délais

C'est sans doute toute l'une des plus fortes critiques adressée à l'administration. De plus,

l'administration a une conception souveraine du temps : elle impose des délais à l'usager pour payer une

redevance ou déposer un dossier. Le contraire est rarement valable pour elle-même, et si c'était le cas,

elle ne respecte pas ses propres obligations quand des délais lui sont imposés (exemple :

investissement, permis de construire).

Plus grave encore quand il s'agit de gros projets dont les retards de réalisation génèrent des

surcoûts considérables, produisent des pertes de temps en cascade (absentéisme), créent des

désagréments durables pour la population, soulèvent des mécontentements parfois graves des citoyens,

a fortiori quand le besoin est pressant (route, hôpital, éducation, transport).

Le nombre de grands projets ayant connu d'énormes retards de réalisation, voire carrément à

l'arrêt est innombrable.

Enfin, c'est l'image de marque de l'administration, de l'État, qui est sérieusement édulcorée au

point où elle perd toute crédibilité, voire toute légitimité.

L'administration néglige ou est incompétente pour faire des prévisions, pour éviter d'affronter

aux problèmes de panière empirique, le plus souvent dans les conditions les plus mauvaises.

La planification, la prévision et encore plus la prospective sont des fonctions qui, pour

certaines, se perdent, pour d'autres sont inexistantes ou très faiblement développées. L'administration ne

maîtrise que difficilement, parfois pas du tout, les procédures administratives et le formalisme qu'elle

s'est imposée.

C'est toute la conception administrative du temps qu'il faudrait revoir, à fortiori quand elle

considère que le temps est une ressource gratuite alors que c'est la seule qui n'est pas renouvelable.

Enfin, la notion de temps reste déterminée par une conception philosophique selon les

catégories sociales, le niveau culturel et les secteurs d'activités. Dans le domaine économique, les pertes

sont très élevées pour les entreprises, d'autant plus que des ces deux secteurs n'ont pas la même

conception du temps : l'économique est tenu par la rapidité (investissement, marché financier,

56

concurrence), l'administration est "tenue" par la lenteur de son formalisme. Parfois, les conséquences

du temps sont dramatiques (erreur judiciaire, soins médicaux tardifs).

4. La qualité administrative1

La qualité administrative s'inspire pour une grande part de la qualité dans le secteur

économique, particulièrement pour les activités marchandes. Appliquée au service public, c'est une

notion encore plus difficile à définir. Si elle peut s'appréhender en relation avec les objectifs, elle est

néanmoins traversée par plusieurs dimensions.

* Les différents niveaux de la qualité administrative

La qualité se caractérise par différents niveaux dans les prestations que l'administration offre

au citoyen.

- La capacité à répondre à un besoin

Le besoin correspond à un sentiment de manque ou à un état d'insatisfaction. La notion de

besoin est également éminemment subjective tant est relative la notion de manque ou d'insatisfaction en

considération d'un ensemble de paramètres, si ce n'est que le besoin est parfois provoqué, notamment

par la publicité. Le besoin est caractérisé par la nécessité de combler précisément ce manque ou de

lever cette insatisfaction. Il y a une idée d'impérativité.

Il y a plusieurs manières de classer le besoin dont la plus célèbre est celle de MASLOW mais

qui n'est opérante qu'à l'échelle de l'individu. Celle de BRADSHAW convient mieux à l'administration

car il parle de besoin exprimé, latent, normatif ou comparatif.2

Sur le plan normatif, l'administratif fixe précisément dans de nombreux domaines le niveau de

satisfaction acceptable d'un besoin (éducation, santé, sécurité, construction).

Le premier niveau de la qualité administrative consiste précisément à répondre à un besoin ou,

en d'autres termes, satisfaire une demande (existence de moyens de transports, de compétences

médicales).

- Le degré de résolution d'un problème

L'administration offre des biens et des services. A ce niveau, le problème réside l'accessibilité

à ce bien ou à ce service, ce qui revient à poser d'une autre manière la question de la bureaucratie. Plus

le produit est facilement accessible, plus la qualité administrative est meilleure.

1Dr TAIB E, OpCit

2 Michel Darbelet, l’essentiel sur le management, Edition BERTI

57

Parfois, l'administration donne l'impression de vouloir "créer" délibérément des problèmes au

citoyen tel que l’absence d'informations, nombre de guichet insuffisants, multiplication des formulaires

à remplir, augmentation du nombre de procédures a suivre, dossiers à constituer, horaires inadéquats,

accueil exécrable, faible décentralisation.1

- Les conditions de consommation ou d'utilisation du produit administratif

C'est le dernier niveau de la qualité administrative. Non seulement l'administration satisfait un

besoin, permet d'y accéder facilement, il est, de plus, consommé dans de bonnes conditions.

- accueil : information, confort, respect,

- Hôpital : ambiance, sécurisation psychologique du malade

- Transport : abonnement, fréquence des dessertes, places assises, horaires précis.

* Les cinq zéros :

C'est une démarche inspiré des cercles de qualités telle que pratiquée dans l'entreprise.

Transposée dans l'administration, les cinq zéros sont les suivants et dont certains paramètres

d'évaluation ont été déjà évoqués2 :

Zéro panne

Il a déjà exprimé par un principe ancien et fort connu en droit administratif, la continuité du

service. L'administration doit offrir ses prestations de manière continue et éviter les

dysfonctionnements, même en l'absence de "clients". Les pannes devraient disparaître dans certains

services tels que la poste, les télécommunications, l'hôpital, les transports, la distribution d'eau.

Zero délai

C'est un problème qui est rituellement invoqué dans les politiques de modernisation de

l'administration tant celle-ci est connue pour sa lenteur. Les solutions consiste à alléger les formalités,

simplifier les procédures, décentraliser ou déconcentrer le pouvoir de décision, respecter les délais.

Zero défaut

1A ce titre, le décret 88-131 du 4 juillet 1988 organisant les rapports entre l'administration et les administrés (JORA n° 27)

impose de nombreuses obligations à l'administration qui ne sont malheureusement pas respectées.

2Dr TAIB E, OpCit

58

La question consiste à bien concevoir un produit administratif, par exemple un formulaire

administratif de façon à éviter les erreurs ou les rejets.

Zero incompréhension

L'administration produit un nombre considérables de règles. Aussi, elle doit mener des actions

actives d'information, d'accueil et de transparence.

Zero papier

L'administration est connue pour son formalisme abusif. Elle doit supprimer les papiers

inutiles et simplifier les papiers complexes, source de lourdeur, de lenteur, de gaspillage et de perte de

temps.

La qualité administrative dépasse la seule notion d'efficacité, prestation optimale, mais

englobe d'autres paramètres, y compris l'usage, l'esthétique ou le rapport qualité - prix.

Hormis sa finalité, qui est de produire un service de bonne qualité, la qualité constitue une

démarche (ou un état d'esprit) managérial où chacun est responsabilisé (de manière participative) pour à

la fois améliorer la qualité du produit et ses propres performances.

La qualité consiste à mieux répondre aux aspirations du citoyen dans un contexte de rigueur,

d'optimisation des ressources, d'efficacité et de productivité, tout en les soumettant à évaluation1.

La qualité est d'une démarche globale qui porte à la fois sur l'efficience et l'efficacité. Et c'est à

cet égard on parle de qualité totale.

5. L'efficacité selon la nature du service2

L'administration intervient dans des domaines extrêmement variés, allant d'une activité

marchande au noyau le plus dur du service public.

L'évaluation va changer, parfois radicalement, selon la nature de l'activité.

- Dans les services marchands

Ce sont ceux qui se prêtent le plus à l'application de critères d'évaluation comparables à ceux

en vigueur dans le secteur privé. D'abord , parce que les prestations sont le plus souvent matérielles.

Ensuite, parce qu'elles font l'objet d'une concurrence qui les soumet à un choix de la part du client.

Enfin, parce qu'elles peuvent aisément se prêter à une quantification.

1Dr TAIB E, OpCit

2Idem

59

Les services marchands sont appréciés à travers les critères suivants : rendement, rentabilité,

maîtrise des coûts, respect des délais, respect des normes techniques, qualité du produit, rapport qualité-

prix.

- Les services non marchands

Le noyau dur du service public demeure le plus souvent sous le monopole de l'État, y compris

dans les pays libéraux. Certains services non marchands reçoivent une clientèle particulière :

obligatoire dans le cas d'une école, involontaire dans le cas d'un hôpital. Ces services sont financés

directement ou indirectement par l'usager.

Ce sont les services les moins perméables à la notion d'efficacité ou de service, du fait qu'ils

exercent un monopole. Ce qui est d'autant plus déplorable que ce sont les services qui font appel aux

investissements les plus lourds.

Les critères d'évaluation sont multiples. certains quantifiables tel que le rendement ou le

respect des délais. D'autres critères sont difficilement quantifiables soit en raison de la nature du service

(éducation), soit en raison de la variété du public concerné pour mesurer le degré de satisfaction

L'efficacité peut être également mesurée par les normes et les objectifs qui sont fixés dans le

cahier de charges. Mais les aspects techniques et financiers prennent souvent le pas sur la qualité du

service et la satisfaction de l'usager.

L'évaluation peut se prêter à une concurrence entre le public et le privé. Certaines prestations

de l'administration sont d'ores et déjà soumises à concurrence depuis que de nombreux monopôles ont

été levés (formation professionnelle, transports, soins médicaux).

Quand il s'agit d'activités concurrentielles, le citoyen aura tendance à se détourner d'un service

public médiocre tarifé, voire gratuit, pour accepter de payer un service plus coûteux mais de meilleure

qualité.

Enfin, et c'est un aspect moins visible, il peut exister une concurrence entre services publics,

hôpitaux, universités, établissements publics ; ou entre collectivités locales pour attirer des investisseurs

ou des touristes.

La concurrence entre services publics est parfois tempérée par l'existence de monopoles

fonctionnels ou territoriaux mais aussi par le fait que la demande est de loin supérieure à l'offre.

60

- Les services de souveraineté

Ils concernent tout ce qui relève de l'exercice de la puissance publique, la justice, la sécurité, la

fiscalité, le pouvoir réglementaire, y compris dans les pays les plus libéraux. L'administration détient le

monopole sur ces activités.

L'efficacité est très difficile à apprécier Une "bonne" justice ne va pas s'apprécier à travers le

nombre de délinquants jugés, et la sécurité au nombre de rondes effectuées par la police. Néanmoins, il

est possible de prendre en considération le nombre de dossiers traités ou les délais de traitement, par

exemple pour ce qui est du fisc ou de la douane.

L'évaluation va porter essentiellement sur deux aspects qui se caractérisent nettement par leur

dimension relationnelle. D'un coté, la communication, ce type de service doit informer et expliquer

pour séduire, susciter l'adhésion, convaincre pour atteindre les objectifs et gagner en confiance et en

crédibilité.

D'un autre coté, l'éthique revêt une importance considérable en raison précisément des

pouvoirs qu'ils détiennent. L'égalité, l'honnêteté, l'impartialité, le respect, la transparence sont autant de

valeurs ou de comportements qui fondent et renforcent leur légitimité, et en définitive le civisme du

citoyen.

En plus de la réalisation de la mission qui leur est confiée, les prestations connexes occupent

une place primordiale dans les services de souveraineté: information, accueil, conseil (fisc, douane,

justice), secours, assistance (police, gendarmerie)

B. La satisfaction de l’usager ou l’aspect subjectif1

Donnée quasiment ignorée jusque là alors que, paradoxalement, l'administration est censée

être au service du public.

Deux contraintes majeures excluaient ce type d'évaluation. D'un coté, le contrôle était

introverti il’ est exercé par des organes internes ou par des élus mais qui ont été intégrés dans les

circuits bureaucratiques ou les réseaux nota biliaires.

D'un autre coté, l'administration ne connaît pas le pendant du marché ou la concurrence

viendrait sanctionner les organisations les plus inefficaces.

1Dr TAIB E, OpCit

61

Certes, l'administration a tenté de combler cette contrainte de type ontologique par

l'instauration de cahiers de doléances, mais qui ne sont pas toujours exploités.

D'autres possibilités existent mais que l'administration n’exploite pas également par

méconnaissance ou par négligence tel que les requêtes des citoyens ou les recours juridictionnels. Les

cas plus extrêmes du mécontentement du citoyen se manifestent par des pétitions, des grèves, des

manifestations de rue, voire par des émeutes. La gestion moderne de l'administration fait appel aux

techniques du marketing.

Enfin, la mesure du degré de satisfaction du public reste déterminée par les attentes du citoyen

en fonction de la segmentation du public par catégories sociales, niveaux d'instruction ou zones

géographiques.

Sous section 3 : encadrement juridique et institutionnel

Le secteur public n’échappe pas à ce raz de marée « performance ». Depuis une vingtaine

d’années, colloques, rapports et expertises, tant administratifs que scientifiques, s’accumulent 1 pour

tenter de définir la performance et indiquer le chemin à suivre pour l’atteindre.

Elle s’insère dans la propagande électorale et la communication institutionnelle des

administrations2 en étendant progressivement sa zone d'influence, allant des services publics

industriels et commerciaux vers les administrations régaliennes, les hôpitaux ou encore les

collectivités locales.

Enfin, elle s’institutionnalise, comme l’illustre l’adoption de la Loi Organique sur les Lois de

Finances LOLF par un vote unanime des deux assemblées et suscite l’intérêt des cercles de réflexion

dénommés les Think Tanks qui couvent eux-mêmes une opérationnalité notable dans l’objectif

performance.

§1 : La LOLF, occasion d’une remise en cause

1. Contours de la LOLF

Ainsi, la LOLF modifie radicalement les principes et les procédures des finances publiques

françaises, qui n’avaient pas sensiblement varié depuis les débuts de la Ve République.1

1BOUVIER.M et BRILARI. A : la LOLF et la nouvelle gouvernance financière de l’État, 3ème édition, Ed LGDJ, Paris, 2010

62

La nature de cette révolution mentale et technique a été souvent exposée par ses protagonistes,

qui sont, d’une part, les parlementaires Alain LAMBERT et Didier MIGAUD, lesquels conçurent et

défendirent la proposition de loi, et d’autre part, le ministre du Budget Jean-François COPE, auquel il

revint d’en superviser la première application dans la loi de finances 20061.

D’après les premiers commentaires, la LOLF entend faire passer le budget de l’État d’une

«logique de moyens » à une « logique de résultats », ou encore, suivant une autre expression

révélatrice, d’instaurer pour les finances publiques un «pilotage d’après les performances»2.

L’article 51 dispose plus précisément que les actions de l’État doivent être mises au regard

«des coûts associés, des objectifs poursuivis, des résultats obtenus et attendus pour les années à venir

mesurés au moyen d’indicateurs précis dont le choix est justifié ».

La démarche de performance initiée par la LOLF requiert une reforme multidimensionnelle

qui vise généralement :

-de passer d’une logique de moyens à une logique de résultats.

-les administrations sont pilotées en fonction des résultats attendus des programmes.

-la pertinence et la qualité des informations sur les performances sont contrôlées. 3

Cette logique comparative s’exprime dans le Projet Annuel de performance (PAP) et le

Rapport annuel de performance (RAP), qui articulent les objectifs et les indicateurs associés de deux

manières complémentaires 4 :

1. dans le PAP, les indicateurs permettent d’appréhender les tendances et de poser les

objectifs, qui prennent la forme de cibles différentielles par rapport à ces tendances ;

2. dans le RAP, ils servent à rapprocher les cibles des résultats, donc à faire savoir dans quelle

mesure les objectifs sont atteints.

Comme le RAP est le double rétrospectif du PAP, les deux documents doivent s’appuyer sur

les mêmes définitions des objectifs et des indicateurs5.

La LOLF incite à stabiliser ces définitions au-delà de l’année d’exercice, tant pour étendre les

comparaisons que pour instaurer une planification pluriannuelle des dépenses.

1BOUVIER.M et BRILARI. A, OpCit

2La démarche de performance : stratégie, objectifs, indicateurs, Guide méthodologique pour l’application de la loi

organique relative aux lois de finances du 1er août 2001, p103

Idem4

BOUVIER.M et BRILARI. A, OpCit5

Idem

63

Un chaînage vertueux entre projet annuel de performances et rapport annuel de performances

dès le débat d’orientation des finances publiques en juin, le Parlement dispose désormais de la liste des

objectifs et indicateurs envisagés, présentés en détail dans les annexes au projet de loi de finances.

Les projets annuels de performances, accompagnant le projet de loi de finances, prennent une

place nouvelle dans la discussion et le contrôle budgétaires.

La loi de règlement des comptes et rapport de gestion doit dorénavant donner lieu à un débat

documenté sur l’efficacité réelle de la dépense, puisqu’elle permet de comparer les résultats attendus et

les résultats obtenus.

Le rapport annuel de performances permet d’apprécier le bon usage qui a été fait de l’argent

public, c’est donc un document clé pour le contrôle de l’action publique et pour la préparation des

mesures correctrices1.

Le législateur distingue hiérarchiquement la mission, qu’il rattache à une «politique publique

définie », le programme, unité intermédiaire que surplombe la mission et qui domine l’action, celle-ci

représentant l’unité concrète de dépense publique.

Le Parlement discute le budget mission par mission, sans pouvoir en créer de nouvelles, mais

en modifiant s’il le souhaite les ressources allouées aux programmes au sein de l’une d’entre elles.

Le programme est une unité d’exécution budgétaire confiée à un responsable, qui peut, le

moment venu, modifier la répartition projetée des ressources entre les différentes actions. C’est au

niveau intermédiaire des programmes que s’énoncent les objectifs et leurs indicateurs.

Dans l’esprit de la LOLF, les indicateurs revêtent forcément la forme numérique, ils jouent un

double rôle en liaison avec la dualité précédente du PAP et du RAP; dans le détail, il apparaît que les

comparaisons qui les impliquent sont loin d’être élémentaires.

Les responsables s’engagent sur les cibles fixées dans le PAP et répondent de l’écart éventuel

que constate le RAP. Ainsi, la LOLF a fixé des règles non seulement de l’évaluation, mais de la

reddition de compte, ce qui en fait le point d’ancrage éventuel d’un système incitatif de l’État et de ses

agents2.

1Guide de la LOLF, Opcit

2Le Guide méthodologique pour l’application de la LOLF, en date de juin 2004, dit aussi Guide de la performance, élabore

ces considérations en les stylisant.

64

Il est à noter qu’une colossale doctrine a pris part aux festivités entourant la promulgation de la

LOLF, toutefois, si les auteurs jugeaient satisfaisante la notion concrète de performance qu’instaure la

LOLF, ils pouvaient s’en servir comme du répondant concret de leur travail analytique, dans le cas

contraire, ils la jugeaient théoriquement inadaptée, ils pouvaient le faire savoir en développant leurs

raisons.

À lire entre les lignes, on constate qu’ils jugent sévèrement les indicateurs de la LOLF, au

motif qu’ils ne seraient pas tous bien choisis (alors que la loi stipule qu’ils doivent être «pertinents», «

utiles », «solides», «vérifiables»), ensuite pour la raison qu’ils seraient exagérément «globaux» et, par

là, donneraient une image douteuse de la performance.

La première critique est évidente à faire. Elle peut très bien ne refléter qu’un état de choses

temporaire. La lecture de la loi de finances 2006 révèle des faiblesses dans le choix des indicateurs qui

seraient faciles à rectifier1.

Plus substantielle bien qu’obscure, la seconde critique se rapproche d’une objection véritable

contre le dispositif nouveau.

Il est en effet concevable que celui-ci échoue non seulement parce qu’il devrait conduire à des

sanctions et des incitations qui ne sont pas encore définies, mais aussi et plus gravement, parce qu’il ne

réussirait pas non plus sur le terrain limité de l’évaluation rétrospective2.

La loi de 2001 a la particularité d’instaurer l’évaluation des performances tout en liant son

déroulement à l’exercice contraint de l’activité budgétaire.

Cette liaison est à la fois une chance et un danger pour la réforme de l’État, car il y aurait lieu

d’espérer que le travail sur la performance étatique ne tombera pas dans l’insignifiance des essais

précédents, comme la rationalisation des choix budgétaires (RCB), dont l’une des annexes retrace

utilement l’échec; mais un danger aussi, parce que les concepts et les mesures se ressentent, dans leur

usage et même dans leur définition, de la structure bureaucratique à laquelle ils sont finalement

destinés3.

1BOUVIER.M et BRILARI. A, OpCit

2BARROT, J : Remarques générales sur la reforme, In RFFP, No 73, Paris, 2001

3Idem

65

2. La LOLF et la performance dans la gestion publique

Grâce à la mobilisation des services de l’État, la mise en place de la LOLF est aujourd’hui une

réalité. Cependant, les bénéfices attendus de la nouvelle gestion publique sont nombreux et d’ores et

déjà tangibles mais le bouleversement profond des pratiques qu’elle implique se fera dans la durée.

La nouvelle gestion publique fondée sur l’autonomie et la responsabilité redonne du sens à

l’action publique d’un triple point de vue1.

*Pour les agents de l’État

La démarche de performance invite les services à définir clairement leurs objectifs. En

redonnant du sens aux activités des administrations, elle enrichit les conditions d’exercice des

missions des agents et les conforte dans la réalisation de celles-ci.

Elle permet de décloisonner les services de l’État en les dotant de budgets globaux par

politique publique, en mettant la logique de résultats au premier plan et en développant le dialogue de

gestion, la LOLF conduit les administrations à travailler en commun pour mettre en œuvre des

priorités clairement identifiées.

Elle enrichit le dialogue social en permettant aux organisations syndicales de prendre part à la

discussion sur la répartition des moyens et à l’éventuel réemploi des marges dégagées. Les

organisations syndicales sont davantage associées à une gestion des ressources humaines rendue plus

dynamique grâce au pilotage de la masse salariale au niveau local.

*Pour les usagers du service public

La LOLF favorise l’amélioration de la qualité de service : en plaçant dans la démarche de

performance des objectifs de qualité de service, en donnant à l’administration une plus grande

souplesse pour s’adapter aux spécificités du terrain, la LOLF permet aux services de l’État de mieux

répondre aux demandes des usagers.

*Pour les contribuables

La LOLF permet de dépenser mieux en faisant confiance aux gestionnaires pour piloter leurs

services avec un souci constant de la performance, la nouvelle gestion publique incite à réaliser des

économies, des gains de productivité ou des redéploiements pour une meilleure efficacité de la dépense

publique.

1Memento sur les objectifs et les indicateurs de performance LOLF, annéxé à l’ouvrage BOUVIER.M et BRILARI. A, OpCit

66

§ 2 : Les THINK TANKS :

Depuis quelque temps en France, une nouvelle forme d’institution suscite curiosité, qualifiés

de « réservoir à penser », de « boîte à idées », de « laboratoire politique », de «prêts à penser des

décideurs », voir d’« officine d’intérêts », ces organisations, que l’on nomme « think tanks » en anglais,

n’appartiennent pas à la tradition politique.

Aucune traduction ne rend d’ailleurs compte complètement de la réalité que recouvre ce terme

et la méfiance que suscitent les think tanks en raison de leur influence supposée et de leur origine outre

atlantique1 est symptomatique de la réticence des français à cette nouvelle forme de participation à la

vie politique nationale, européenne et internationale.

Pour un « think tank », comme pour Auguste Comte, ce sont les idées qui gouvernent le

monde. Cette affirmation du philosophe souligne, selon Jacqueline Russ2, « la puissance redoutable de

ces forces spirituelles dont se nourrissent l’homme et l’humanité ».

L’émergence de ces organisations « productrices d’idées » dans le système institutionnel est

donc un enjeu essentiel pour la vie politique.

Étant donné que très peu de travaux ont été effectués jusqu’à présent sur les « think tanks»3,

les définitions et les analyses sont donc loin de réunir un consensus.

Nous nous attacherons donc dans le présent article à essayer de définir ce qu’est un « think

tank », pourquoi le besoin de telles organisations est croissant depuis quelques années et pourquoi leur

développement apparaît plus difficile en France et en Europe qu’aux Etats Unis.

1. le concept Think-Tank

Avant d’examiner les différentes définitions du « think tank » pour en dégager les points

communs, il convient de faire une remarque sur le vocabulaire. Créés aux États Unis et en Angleterre

1DERAI. Y : Les nouveaux laboratoires du Pouvoir , In Magazine L’Optimum , Paris, décembre 2004 du: « Pas assez d’avoir

envahi nos écrans, grands et petits,…l’Amérique est en train de nous apprendre à nous, Français, phare de la vieintellectuelle mondiale, à réfléchir ! Les « think tanks » sont entrés massivement dans Paris...»

2RUSS. J : Panorama des idées philosophiques, de Platon aux Contemporains, ed Armand Colin, Paris, 2000

3Les études sur les think tanks datent pour la plupart des années 1990 et sont d’origine américaine ou britannique et

portent sur ces pays; l’étude de STONE, DENHAM et GARNETT ainsi que celle d MC GANN font exception et s’intéressent àla place des think tanks dans différents pays de l’OCDE .

67

les « think tanks » ont été pensés en anglais et dans le contexte des systèmes politiques des Etats Unis

et de l’Angleterre1.

Les termes sont souvent difficiles à traduire car les réalités politiques et institutionnelles de ces

deux pays sont différentes de celles de la France et de la plupart des pays de l’Europe continentale.

C’est ainsi que l’on parle de recherche “policy oriented” (recherche opérationnelle) pour

participer au « decision-making » (formation de la décision publique), et que les « think tanks » font

travailler les différents « stakeholders » (parties prenantes) pour s’adresser aux « policy-makers »

(décideurs publics et privés)2.

Le vocable de « think tanks » est utilisé par des organisations très diverses. C’est ainsi qu’en

France des instituts de recherche publics, comme le CEPII, l’INRA ou le CNRS, sont parfois qualifiés

de « think tanks ».

Plus fréquemment, se qualifient de think tanks des instituts de recherche et de débat3, des

fondations politiques ou des groupes de réflexion et de défense d’une idée.

Ces organisations varient par leur taille et leur structure de fonctionnement. Certaines

défendent une idée ou une conception de la société, d’autres, au contraire, revendiquent leur

indépendance et leur non affiliation à un courant d’idées politiques ou sociales.

Certaines effectuent des recherches de type universitaire, d’autres travaillent sur la base de

groupes d’experts volontaires. Certaines ont une vocation généraliste, d’autres sont spécialisées

(l’OFCE, l’IDDRI ou la FRS)4.

Il n’est donc pas simple de définir ce qu’est un think tank à partir des institutions existantes et

de ce que ces institutions disent d’elles mêmes.

Une première définition est donnée par Diane STONE et Mark GARNETT dans leur ouvrage

collectif « Think Tanks across nations : a comparative approach »5, selon laquelle, les think tanks sont

des organisations relativement autonomes (au moins sur le plan intellectuel) qui essaient d’influencer

1LEPETIT. P: Le rôle des think tanks, Une étude de Notre Europe, études et recherches, document téléchargé d’internet

2Idem

3Comme Notre Europe, l’Institut Montaigne, l’Institut de l’Entreprise, l’Institut de recherches internationales et

stratégiques (IRIS), la Fondation pour la Recherche Stratégique, l’Institut Français des Relations Internationales ou l’Institutdu Développement Durable et des Relations Internationales(IDDRI)

4L’Europe et ses think tanks: un potentiel inaccompli, Une étude de Notre Europe, le think tank créé par Jacques DELORS,

sous la direction de Stephen BOUCHER, Paris, octobre 2004,5

Cité par LEPETIT. P : Le rôle des think tanks, Une étude de Notre Europe, études et recherches, document téléchargéd’internet

68

ou « d’informer » la politique grâce à des arguments intellectuels ou à des analyses plutôt que par du

lobbying direct.

Ce sont parfois des organisations d’intérêt général qui ont pour mission d’assister ceux qui

sont engagés dans la conception des politiques publiques et d’éduquer ou d’informer la communauté

des citoyens.

Pour distinguer les « think tanks », en France, des autres institutions intellectuelles, Catherine

FIESCHI et John GAFFNEY1 utilisent le concept de communauté épistémique2 , c’est à dire un

groupe d’intellectuels politiquement motivés cherchant à « informer » un domaine limité de politiques

publiques sur la base de leur expertise.

L’accent mis sur les valeurs et les croyances permet aux think tanks d’être à la fois

indépendant et idéologiquement engagés. De leur point de vue, les think tanks sont une « émanation

fascinante de conviction, d’expertise et d’interaction avec le monde des décideurs (policy making) à un

moment où un nombre croissant de domaines d’expertise deviennent, en raison de leur complexité,

inaccessibles à la classe politique3.

De son côté, l’étude dirigée par Stephen BOUCHER identifient neuf critères pour définir ce

qu’est un « think tank », étant :

- des organismes permanents,

- spécialisés dans la production de solutions de politique publique,

- qui ont leur propre équipe de recherche,

- proposent des idées, des analyses et des conseils,

- ont comme objectif principal de communiquer les résultats de leur recherche aux décideurs et

à l’opinion publique (et ont donc un site internet)

- ne sont pas responsables des actions du gouvernement,

- cherchent à maintenir leur liberté de recherche et à ne représenter aucun intérêt en particulier,

- ne donnent pas de diplômes et n’ont pas comme activité première la formation,

cherchent de façon explicite ou implicite, à agir dans l’intérêt général.

1Dans l’ouvrage dirigé par STONE, DENHAM et GARNETT

2L’épistèmê désigne l’activité scientifique qu’Edmund HUSSERL oppose à la Doxa, ensemble des croyances et des idées

non objectives.3

LEPETIT. P, OpCit

69

Ces approches se recoupent largement et soulignent les trois caractéristiques principales des «

think tanks ». La production de solutions de politique publique, l’interaction avec les décideurs et

l’indépendance vis à vis du gouvernement et des intérêts particuliers.

2. Les particularités justifiant l’existence des Think Tanks

Le nombre de think tanks n’est pas connu avec précision. Et ce, faute de méthodologie. Les

annuaires produisent des recensements peu pertinents1. Selon Mc GANN et WEAVER, en 1998, il y

avait 670 think tanks dans les 27 états membres de l’UE2.

Les think tanks sont généralement perçus comme des institutions spécifiquement américaines,

produits d’une démocratie pluraliste dans laquelle l’intérêt général est le résultat de la compétition des

intérêts particuliers.

Les think tanks seraient donc l’un des corps intermédiaires, dont parle TOCQUEVILLE,

créés pour servir de contrepoids au pouvoir de la majorité; contrepoids qui ont pour fonction d’éduquer

le peuple à la liberté politique et à l’égalité, qui ne sont pas des corps mais des instruments créés et

animés par des individus libres et égaux pour canaliser l’énergie de la société démocratique.L’objectif,

pour TOCQUEVILLE, est d’enraciner la démocratie dans des intérêts aisément perceptibles3.

Cette explication est cependant insuffisante pour rendre compte d’un phénomène qui dépasse

aujourd’hui largement les frontières des États Unis. Les premiers think tanks ont été créés au moment

de la première guerre mondiale lorsque l’État nation cherchait sa place à côté d’autres nations dans le

monde.

A cette époque, il s’agissait, avant tout, d’institutions nationales qui réfléchissaient sur la

meilleure façon d’organiser le concert des nations4.

Le développement des think tanks est lié au progrès de la démocratie à l ’Est comme à l’Ouest.

L’Etat nation a évolué, la société civile a pris une place croissante dans la formulation des politiques

publiques et l’évaluation de ces politiques est une pratique désormais admise. Les organisations non

1L’un des plus aboutis est le NIRA's World Directory of Think Tanks 2005,

http://homepage2.nifty.com/pubcom/nwdtt/nwdtt2005.html2

LEPETIT. P, OpCit3

RAYNAUD. P : Dictionnaire de Philosophie Politique, article sur Tocqueville, ed Armand Colin, Paris4

1910: Carnegie Endowment for International Peace, 1914: Kiel Institute for World Economics, 1916: Brookings Institution,1920: Royal Institute of International Affairs, 1921: Council on Foreign Relations, New York, 1922: Chicago Council onForeign Relations, 1928: Canadian Institute of International Affairs, 1936: le Centre d ’Etudes de Politique Etrangère –CEPE.

70

gouvernementales se sont multipliées et ont acquis une place dans le débat public. Les institutions

gouvernementales n’ont plus désormais le monopole de l’information et de l’expertise.

Les think tanks sont également une source d’expertise de plus en plus nécessaire pour traiter

des questions complexes qui allient les aspects techniques aux aspects économiques et politiques. La

réflexion en amont de la formulation des politiques publiques est devenue très insuffisante au regard

des enjeux.

C’est ainsi que des débats aussi importants que ceux sur le changement climatique ou sur la

directive européenne relative aux produits chimiques sont alimentés et conduits par des think tanks.

Enfin, l’accroissement des interdépendances et l’émergence de l’UE comme nouveau type

d’unité politique conduisent à redéfinir le périmètre des « biens publics » et à soumettre de plus en plus

les processus de décision à la coordination internationale. Là encore, les think tanks apportent une

expertise et une capacité de débat de niveau international.

Les think tanks peuvent être également à l’origine d’un changement de paradigme dans la

façon de conduire les affaires publiques.1

De façon plus modeste, ce sont souvent les think tanks qui conduisent la réflexion bien avant

même que le débat soit ouvert et qui trace les pistes de ce qui sera demain les termes d’une initiative

politique, d’une réforme ou d’une négociation internationale.

Il est donc tout à fait essentiel d’être présent dès le commencement de la réflexion si l’on veut

pouvoir introduire ses idées et leur donner une chance de prévaloir.

3. Éclosion des Think Tanks

De nombreuses raisons ont été évoquées pour expliquer la faiblesse relative des think tanks en

France et en Europe.

En premier lieu, dans le système politique français, l’État a une relation directe avec les

citoyens et toute intermédiation autre que celle des partis politiques est suspect, à fortiori lorsqu’il

s’agit d’instituts financés par des fonds privés. Le reproche le plus courant fait à l’administration est

qu’elle veut tout contrôler et qu’elle ne laisse aucune place au débat d’idées.

1C’est ainsi que la Heritage Foundation et la Hoover Foundation ont largement alimenté l’administration REAGAN, que Bill

CLINTON a été approvisionné en idées par le Progressive Policy Institute et que les think tanks néo-conservateurs ont dotél’administration BUSH d’une doctrine tant sur le plan intérieur qu’international.

71

Cette critique, comme toute critique globale, est en partie inexacte, si l’État continue à jouer

un rôle essentiel dans les affaires publiques, ses rapports avec les citoyens et les organisations de la

société civile ont évolué.

La société française présente cependant quelques caractéristiques qui sont autant d’obstacles

au développement d’une réflexion collective indépendante.

Tout d’abord une méfiance à l’égard du financement privé et de la culture de l’influence.

Toute initiative qui ne relève pas de l’imperium français financée sur fonds publics est classée dans la

catégorie des intérêts particuliers qui, par essence, font obstacle à l’intérêt général.

Ensuite, un débat politique en crise où le rôle central est joué par l’intellectuel généraliste qui

s’adresse seul à l’opinion publique, sans intermédiation et sans réflexion collective.

Enfin, comme le souligne LANCELOT1, la permanence du volontarisme révolutionnaire

diabolise le débat et interdit d’examiner de façon pragmatique et contradictoire les solutions

envisageables à un problème donné. L’absence de passerelles entre l’Université et la décision politique

est symptomatique du caractère idéologique que prennent tous les débats politiques en France.

En second lieu, les obstacles au développement des think tanks tiennent aux institutions elles

mêmes. La plupart des think tanks ont été créés par une personnalité qui souhaite rarement partagé le

pouvoir et qui, très fréquemment, assigne à l’institution des objectifs très personnels.

La force d’un think tank réside non dans les intérêts qu’il sert ou dans ses sources de

financement mais dans la cohérence de ses croyances et de son expertise. C’est de cette façon qu’il

acquiert un impact politique. Or, en France la mission que s’assignent les think tanks est souvent

confuse.2

De fait, il y a peu de think tanks qui soient de vrais institutions de recherche et de façon

complémentaire, il y très peu de chercheurs qui acceptent d’inscrire leurs travaux dans la perspective

d’une réponse à la demande.

Parallèlement, l’État et les entreprises ont une conception utilitariste de l’achat d’idées qui ne

favorisent pas l’investissement intellectuel sur les sujets d’avenir pour les politiques publiques.

La transparence financière est décisive dans la capacité des think tanks à établir une relation

saine et productive avec son environnement or celle-ci est faible. En France, très peu de think tanks

1Cité par LEPETIT. P, OpCit

2L’Europe et ses think tanks: un potentiel inaccompli, Op.cit

72

publient leurs comptes et ceux qui le font donnent des informations de comptabilité générale qui ne

rendent pas compte de la façon dont sont utilisés les fonds publics et privés qui sont recueillis.

Cette absence de culture de responsabilité financière, ajoutée à la méfiance instinctive des

français à l’égard du financement privé et à la pusillanimité de l’État dans sa politique de subvention.

donnent aux think tanks français des ressources très inférieures à celles dont disposent leurs

homologues non seulement aux États Unis mais également en Europe.

Les think tanks alimentent donc par leurs pratiques les soupçons qu’ils soulèvent d’être des «

sociétés secrètes » ou des réseaux d’influence au service d’intérêts dissimulés.

Par ailleurs, il y a encore trop peu de passerelles entre l’administration ou la politique et les

think tanks. Ceux-ci ont peu de moyens et ne sont donc pas en mesure d’offrir des situations attractives

à des cadres qui seraient disponibles et réciproquement ceux-ci, contrairement à ce qui se passe aux

Etats Unis, ne voient pas un passage dans un think tank comme une étape valorisante dans leur parcours

professionnel.

4. Les think tanks comme aspect opérationnel de la performance

Les Think Tanks, etant des réservoirs à idées et source d'influence, sont en principe

indépendants, parfois véritables créateurs d'opinion en politique étrangère, typiques des sociétés

contemporaines marquées par l'influence.

Reste à savoir ce que recouvre l’étiquette recherche pure, expertise indépendante, conseillers

du Prince, propagation d’idéologies via les élites et les médias, représentation de la société civile.

La particularité des Think Tanks, littéralement «réservoir de pensées», est leur aspect

opérationnel et performant qui se constitue d’une manière flexible en une organisation, en principe de

droit privé, indépendante, réunissant des experts, vouée à la recherche d’idées nouvelles, et cherchant à

peser sur les affaires publiques.1 Le Think Tank était une sorte de bunker où l’état-major faisait ses

plans.

La plupart des définitions des Think Tank convergent autour de leur coté fonctionnel sans

s’encombrer avec leur aspect organique et le formalisme régissant leur création, du fait qu’ils

fournissent des solutions relatives au bien commun, sans participer directement au pouvoir politique ni

tenter de le conquérir, leur fonction est donc d'inspiration et d'influence.

1L’expression provient du vocabulaire militaire

73

Ces entités ne sont, en principe, efficaces, performantes et puissantes que par leur séduction

intellectuelle et par la pertinence de leurs analyses.

74

Conclusion du chapitre premier

Cette première partie a permis d’introduire le thème de l’étude et d’expliquer sa problématique

afin de la placer dans le champs scientifique auquel elle appartient ou du moins, selon l’approche

choisie.

Toutefois, il a été établi la complexité du polysémique concept de « performance » qui a

émergé en milieux d’entreprises dans une tentative de remonter la barre en introduisant de nouvelles

exigences aux objectifs classiques de rentabilité et de concurrence dans le marché.

Ainsi, un tour d’horizon interrogeant les écrits scientifiques et académiques autours de la

question a identifié ses contours en voulant l’asseoir par rapport à son ancrage théorique étant une

notion émergente par excellence.

L’abondance de cette prospection s’est heurtée à un scenario contraire qui se limitait à une

insinuation subtile pour admettre l’appropriation publique de ce concept.

Évidemment, il est rare que la sphère publique puisse faire appel à son ultime rivale qui est la

sphère privé, cependant, une logique d’intérêt a béni ce passage clandestin.

La question qui a surgi aussitôt est le degré de survie de cette notion dont l’essence est libérale

et économiquement « égoïste » dans un milieu délibérément « généreux ».

Il s’agirait d’une forme de reconnaissance par le secteur public de la nécessité de non

seulement rationnaliser ses dépenses, mais encore d’acquérir un nouveau reflexe qui l’oblige à se

référer à l’impératif de performance.

Ainsi, et en passant en revue les différentes particularité du service publique, la complexité de

sa tache de même que sa spécificité fera l’objet de la parie deuxième.

75

Chapitre 2ème : la performance comme distinction de la nouvelle

gestion publique

Introduction :

A ce stade de la recherche, on peut considérer que la performance n’existe pas en soi,

étant fonction des conceptions de la réussite, variables selon les organisations et les acteurs.

La performance est appréhendée comme un moyen, un instrument pour avoir accès

aux conceptions, qu’ont les acteurs de ce que sont un bon travail, une bonne action, une

bonne organisation. L’analyse de la littérature doit permettre de recenser ces différentes

conceptions pour positionner et comprendre celles rencontrées sur le terrain.

Mais la performance n’est pas qu’affaire de valeurs. Elle revêt également une

dimension technique et instrumentale au travers des métriques et outils de gestion dont la

raison d’être est de conduire vers la performance.

Cette recherche vise à analyser conjointement les conceptions de la performance et

les techniques qui sont censées permettre de les atteindre.

Ce faisant, elle se positionne dans une approche organisationnelle de la performance

où il s’agit autant de décrire les outils développés que de comprendre leur impact sur

l’organisation et l’influence de cette dernière sur le devenir des outils.

Autrement dit, cette recherche ambitionne de comprendre la performance dans la

relation dynamique qui la lie à son contexte, la performance n’est pas isolée de son

environnement.

Ce qui implique une analyse attentive du contexte dans lequel prennent place les

outils de gestion.

Toutefois, et en guise de retour d’expérience, ce n’est pas en effet la première fois que

l’on cherche à introduire de l’efficacité dans notre gestion publique.

Le développement de la rationalisation des choix budgétaires (RCB) à la fin des

années soixante procédait de cette démarche. Et pouvait s’appuyer déjà sur des concepts

76

d’économie publique bien établis. Développés après-guerre, ceux-ci n’ont d’ailleurs pas

fondamentalement changé.

Certes, la RCB a alors été handicapée par l’absence de réforme de la procédure

budgétaire pour intégrer ces méthodes; et au niveau conceptuel, par une analyse économique

focalisée sur l’évaluation coûts-avantages des politiques dans une perspective de

planification, qui laissait de côté les problèmes d’organisation, dont l’analyse économique,

elle, n’était pas encore disponible.

Cependant les espoirs mis depuis dans le développement de systèmes de mesure de la

performance dans différents secteurs se sont révélés, souvent, tout aussi déçus.

L’examen de la situation des hôpitaux et de celle des universités apporte à cet égard des

éclairages complémentaires.

BOUSQUET et COULOMB estiment pourtant que le fait même de mesurer la

performance permet de l’améliorer, d’où l’urgence qu’il y a à disposer d’un instrument de

mesure de référence valide et fiable1.

L’introduction de la qualité dans le débat leur paraît un moyen puissant de renforcer

l’efficacité et l’équité du système. Personne ne peut en effet récuser cette dimension, dont le

contrôle est par ailleurs d’autant plus important que l’on développe des mécanismes de

rémunération forfaitisés visant à maîtriser les coûts.

Ces constatations trouvent un écho direct dans le monde universitaire. À cet égard

BELLOC2, ancien vice-président de la Conférence des présidents d’Université, estime en

effet, qu’en France « trop d’évaluation tue l’évaluation ».

Section 1 : La démarche de performance dans la sphère publique

Le développement de la démarche de performance s’inscrit dans une tendance commune, que

l’on rencontre aux États-Unis et au Royaume-Uni et plus généralement dans les pays de l’OCDE.

La mesure de la gestion publique bascule ainsi progressivement, et de manière irréversible, de

l’évaluation des moyens au coût des facteurs, vers celle de l’activité (au moins), l’objectif étant

progressivement d’appréhender des résultats (« outputs » et « outcomes »).

1BOUSQUET. F et COULOMB. A: Mesure de la performance et gestion hospitalière , Complément A, In Performance,

incitations et gestion publique, Rapport du CAE, n° 66, La Documentation française, Paris, 20072

BELLOC. B: Le système public d’enseignement supérieur californien : un véritable service public ? Quels enseignementspour la France ? », Fondation pour l’innovation politique, Paris, 2005

77

Le besoin d’objectivation de la performance publique est ainsi reconnu et se concrétise par la

mise en place d’un centre de mesure dédié. L’accent étant mis sur l’importance des comparaisons entre

l’évolution de la productivité publique et celle de l’ensemble de l’économie.

ATKINSON insiste, par ailleurs, sur la nécessité d’ajuster les indicateurs sur la qualité,

d’aller vers une couverture exhaustive des services et des disparités régionales, ainsi que de tenir

compte des complémentarités entre services publics et secteur privé, le rôle de l’intervention publique

étant souvent de fournir l’infrastructure matérielle (transports), immatérielle (éducation, recherche), ou

institutionnelle nécessaire à l’économie1.

Ces perspectives ne sauraient omettre le fait, cependant, que les indicateurs calculés à cette fin

demeurent très frustes. De plus, cette appréciation vaut non seulement pour le niveau très agrégé, mais

concerne en fait l’ensemble des systèmes de mesure de la performance publique

Les recherches académiques suggèrent que ces mesures de performances devraient donc être

utilisées seulement en tant qu’indicateurs, et non pas en tant qu’outils de gestion, ils rappellent que les

organismes publics existent justement parce qu’il y a des buts contradictoires parmi les parties

prenantes qu’ils représentent et qu’en conséquence il n’est pas raisonnable de penser qu’un seul

ensemble de mesures puisse résoudre leurs problèmes de gouvernance.2

Sous section 1 : La définition de la stratégie pour l’identification des objectifs

La définition d’une stratégie est une étape préalable à la définition des objectifs et indicateurs

car en l’absence de réflexion stratégique, il est difficile de définir des priorités, et donc de proposer un

nombre limité d’objectifs pertinents.

La présentation de la stratégie permet d’expliquer la cohérence globale des objectifs retenus et

de justifier leur choix.

La stratégie est élaborée au terme d’une réflexion approfondie et nécessite des travaux de

grande ampleur qui ne peuvent être répétés tous les ans, il s’agit dans la sphère publique d’une macro-

évaluation approfondie de la politique mise en œuvre, comparaisons internationales, concertation

1BUREAU. D et MOUGEOT. M : mesure de la performance et incitations dans la gestion publique, In Performance,

incitations et gestion publique, laDocumentationfrançaise, Rapport du CAE, n° 66, Paris,20072

Idem

78

poussée avec les services opérationnels sur leurs idées alternatives de modes d’action et

d’organisation…1.

Par conséquent, la stratégie s’inscrit dans une perspective pluriannuelle et le choix d’une

stratégie est structurant pour les politiques menées et les secteurs et les administrations concernées.

Il est donc important que celle-ci soit relativement stable dans le temps et que la réflexion

stratégique s’inscrive dans un cycle pluriannuel, en principe à horizon de 3 à 5 ans2

Les objectifs de performance sont des priorités choisies dans le cadre d’une réflexion

stratégique préalable, présentée en introduction des objectifs

La stratégie fonde le choix des priorités de l’action publique sur un diagnostic d’ensemble de

la situation du programme, tenant compte de ses finalités d’intérêt général, de son environnement,

notamment des autres programmes de la mission ou ayant des finalités proches, des attentes exprimées

et des moyens disponibles3

La réflexion stratégique est un élément fondamental de la gestion axée sur les résultats, moteur

de la planification, la réflexion stratégique permet aux gestionnaires de s’interroger sur les impacts des

programmes, de fixer les objectifs et les résultats attendus des programmes et d’organiser les activités

en conséquence4.

Le choix d’une stratégie revêt un caractère structurant et il est important que cette dernière soit

relativement stable dans le temps.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, banque internationale

pour la reconstruction et le développement des régions du Moyen-Orient, Afrique du Nord, département dudéveloppement économique et social, Novembre 20062

Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, projet demodernisation des systems budgetaires, Ministère des Finances, Alger, septembre 20063

Les concepts de la performance, DRB, 20054

Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

79

Figure 06 :l’analyse stratégique dans l’entreprise

Comme le démontre le schéma, l’analyse stratégique met en corrélation les ressources

prévisibles avec les orientations politiques en prenant en compte les marges de progrès internes ou les

ressources disponibles de même que les attentes des citoyens et usagers.

Cet exercice permet d’appréhender les enjeux lors de la définition des priorités pour

sélectionner les objectifs.

Toutefois, définir la stratégie et arrêter ses objectifs et indicateurs nécessite un certain nombre

de recommandations générales pour des projets annuels de performances l’importance d’une

implication forte du responsable de programme, associer les acteurs de terrain (services déconcentrés,

opérateurs) à l’élaboration de la stratégie, des objectifs et des indicateurs, coordonner stratégies de

performance, stratégies ministérielles de réforme et lois d’orientation et de programmation et s’appuyer

sur l’expertise des services d’études et de statistiques et des contrôleurs de gestion1

§ 1 : le panel des objectifs et les résultats du service public.

La présentation stratégique en introduction aux objectifs permet d’expliciter les liens qui

peuvent exister entre certains objectifs de performance et des objectifs politiques qui dépassent

l’échelle du programme envisagé, ainsi que l’articulation entre les différents objectifs proposés pour le

programme et ceux proposés pour d’autres programmes lorsqu’ils se situent dans des champs d’activité

proches voire identiques2

Toutefois, il y a lieu d’admettre que certaines activités du programme ne sont pas couvertes

par des objectifs de performance, en raison notamment de la difficulté ou l’impossibilité de trouver des

objectifs répondant aux critères méthodologiques ou choix de priorités.

Ceci dit, les objectifs correspondent à une notion relativement familière dans le secteur

privé et dans de nombreuses parties de l’action publique, ils ont toutefois tendance à se généraliser à

toutes les branches de l’action administrative.

Par leur intermédiaire, il ne s’agit plus seulement de savoir quels types de responsabilités

se voit confier chaque organisme public, ce qui ressort le plus souvent de ses textes constitutifs, mais

1Les concepts de la performance, Op.Cit

2Les concepts de la performance, Op.Cit

80

aussi et surtout de préciser le niveau quantitatif et qualitatif de ses prestations pour la période à

venir1.

Les objectifs constituent par conséquent une vision normative du futur proche de

l’organisme considéré. Ils découlent directement des réflexions stratégiques le concernant et ont à

s’articuler étroitement en corrélation avec les autres instruments d’encadrement mis en place,

notamment ceux qui organisent globalement l’action gouvernementale et son financement.

1. Les instruments stratégiques

La plupart des administrations se sont dotées d’instruments de cadrage stratégique afin de

se donner une ligne de conduite sur l’avenir, cohérente avec les grandes orientations du

gouvernement et détachée de la pression des événements au jour le jour.

Les instruments stratégiques peuvent se présenter sous différentes formes (plans, plans

stratégiques, plans d’action, stratégie sectorielle, etc.). Ils n’ont pas seulement un usage interne car

ils servent également à informer l’ensemble de la collectivité (élus, citoyens, contribuables) sur les

fondements de l’action publique.

Tous les ministères ne disposent cependant pas d’une stratégie clairement énoncée,

mais, il existe toujours de nombreux documents de référence (loi, plan, charte, discours,

communiqué de presse, etc.) à partir desquels le gouvernement et chaque département

ministériel est en mesure de définir des éléments, souvent partiels, de sa stratégie.

Il en va de même de la plupart des organismes publics et, également, des services

déconcentrés des ministères (tel que la Direction Générale des Douanes objet du cas pratique).

L’élaboration d’une stratégie s’appuie sur l’analyse de la situation actuelle, qui doit en

particulier faire ressortir les forces et les faiblesses du secteur, les contraintes auxquelles il est

confronté et les principaux défis qu’il a à relever, autrement dit une étude approfondie de

l’existant appelée communément un diagnostic.

Elle doit faire ressortir les éléments importants, structurants, sans se laisser emprisonner

dans la recherche du détail, ainsi que les principales orientations stratégiques du ministère pour les

prochaines années2.

1La démarche de performance :stratégie, objectifs, indicateurs, Guide méthodologique , Paris, Juin 2004

2La démarche de performance : stratégie, objectifs, indicateurs, OpCit

81

Au final, il s’agit d’aboutir à un document aussi synthétique que possible, susceptible d’être

compris facilement par les décideurs, par le public et par les agents concernés.

Ce document doit faire ressortir les axes prioritaires, c’est à dire les Domaines

Stratégiques de Résultats (DSR) mis en avant par le Gouvernement, par le ministère ou par

l’organisme considéré pour organiser et accentuer son action durant les années à venir1.

Ces Domaines Stratégiques de Résultats (DSR) expriment la volonté politique du

moment concernant les actions publiques à l’œuvre.

Veiller à la cohérence de la stratégie avec les orientations du Gouvernement, en matière

de politique générale, comme sur les aspects sectoriels.

S’assurer que la stratégie envisagée est compatible avec les ressources financières

mobilisables qui est un aspect est essentiel pour faire en sorte que la prévision stratégique soit

réaliste.

En effet, spontanément, l’analyse portant sur les services publics et l’usage qu’en font les

administrés fait ressortir de nombreuses demandes incompatibles avec les ressources disponibles. Des

choix devront être faits mais, pour cela, il est indispensable de connaître la contrainte de financement

global du secteur.

C’est dans ce but que plusieurs ministères se sont engagés dans la définition d’un Cadre

de Dépenses à Moyen Terme.

2. Le Cadre de Dépenses à Moyen terme

Le Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) situe la gestion budgétaire dans une

perspective pluriannuelle de trois ans.

Il vise plusieurs objectifs2 :

Renforcer la discipline budgétaire globale, notamment la pérennité des politiques budgétaires

et sectorielles, en s'assurant que l'impact budgétaire futur des politiques budgétaires est

compatible avec les possibilités financières de l’État et le cadre macroéconomique.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Idem

82

Renforcer l'efficacité de l'allocation intersectorielle des ressources, par le

développement d'outils et méthodes assurant le lien entre les stratégies et le budget.

Placer ainsi le budget dans une perspective pluriannuelle permet de définir le sentier de

réalisation progressive d'objectifs demandant souvent un effort continu de plusieurs années pour

être réalisés.

Améliorer la performance opérationnelle, c'est-à-dire l'efficience et l'efficacité dans la

fourniture de services publics, en donnant aux gestionnaires une meilleure prévisibilité pour

gérer leurs programmes et en fournissant un cadre pour le suivi de la performance.

Le Cadre de Dépenses à Moyen Terme CDMT ne se substitue ni au plan de développement

économique et social, ou autres documents stratégiques, ni au budget de l’État, et vise simplement à

établir le lien entre stratégies à moyen ou long terme et le budget annuel en définissant le

cheminement pour atteindre les objectifs des plans ou stratégies, et en encadrant les adaptations du

budget, nécessaires à leur mise en œuvre1.

Les travaux en amont du Cadre de Dépenses à Moyen Terme CDMT tels que la préparation

de stratégies et programmes à long terme sont particulièrement importants et l'examen des

stratégies et de la conformité des programmes de dépense à ces stratégies est donc une étape

essentielle de la préparation du CDMT2.

En Algérie, cette approche a été adoptée avec certains aménagements, étant donné que la

structure d’activités des ministères doit faire l’objet d’une approbation préalable par le ministère

des Finances et par le gouvernement afin de fixer la nomenclature budgétaire à l’échelle

gouvernementale3.

Cette approbation nécessite la production d’un mémoire de programmes (ou Exposé des

motifs) par chacun des ministères qui servira d’outil d’analyse et de validation par le ministère des

Finances et le gouvernement4.

3. Programmes, domaines stratégiques de résultats et objectifs

Les considérations sur la stratégie et les grandes missions d’une administration,

ministère, direction régionale ou autre, ainsi que la prise en compte des orientations qui lui sont

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Idem

3Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

4Idem

83

fixées, vont conduire à définir des indicateurs de résultat pour exprimer précisément les buts fixés et

mesurer les réalisations correspondantes.

Mais, en règle générale, les administrations présentent une certaine diversité de missions,

distribuées sur des services différents, plus ou moins en relations les uns avec les autres, dans

une structure d’organisation parfois complexe.

Dans ces conditions, comment et à qui imputer (le glossaire joint propose une définition

de l’imputabilité) les réussites ou les difficultés mises en évidence par le suivi de la performance ?

Pour cela, le suivi de la performance instaure un dialogue entre des responsables de

différents niveaux et entre ces responsables et les représentants du public (parlementaires), voire avec

le public lui-même (usagers, contribuables).

Comment désigner ces responsables ? Naturellement, les directeurs, chefs de mission ou

des services qui constituent l’administration considérée ont vocation à jouer ce rôle.

Ceci implique par conséquent qu’une analyse soit menée, portant simultanément sur

plusieurs dimensions1 :

- les missions de l’organisme considéré (définies par les textes) ;

- ses orientations (définies par les consignes gouvernementales) ;

- et, les services qui le constituent ;

Sachant que cette analyse doit s’étendre à l’intégralité de son budget, tant

d’investissement que de fonctionnement, et rester simple et opérationnelle.

Résoudre cette question est indispensable, également, pour définir le mode de

présentation des documents relatifs à la performance, de telle sorte qu’ils soient compris par leurs

nombreux destinataires.

Le document qui rendra compte de l’atteinte de ses résultats par un ministère et celui qui

fixera le niveau souhaité de ses résultats pour les années à venir doivent en effet s’organiser

logiquement en parties relativement autonomes, permettant au lecteur, pour chaque partie, de

comprendre aisément la fonction remplie.

1La démarche de performance : stratégie, objectifs, indicateurs, Guide méthodologique, Paris, Juin 2004, p

84

Pour ce faire, les pays qui ont entrepris de telles réformes introduisent alors la notion de

programme

Le programme1

Il constitue un ensemble homogène d’activités d’un organisme poursuivant une finalité générale

commune. Il n’est pas nécessairement constitué d’un seul service ou d’une seule direction, et peut ne

correspondre qu’à une partie de service.

En liaison avec la Direction du Budget, les ministères et, plus largement, tous les

organismes publics, auront à déterminer leur liste de programmes, sur la base des textes de création

qui définissent les grandes missions confiées à l’organisme, des documents stratégiques évoqués

ci-dessus. Ile donnent souvent une vision plus actuelle de l’action dans son ensemble et des priorités,

de la structure d’organisation mise en place pour accomplir les missions en détaillant les activités

précises de chaque service, de la nomenclature budgétaire et comptable.

A partir de ces documents, la liste des programmes devra être constituée en veillant à ce que

chaque programme corresponde à un ensemble homogène d’activités et de finalités, comme cela

est dit dans la définition; chaque programme dispose d’un centre de commandement unique

assurant la responsabilité des opérations; les importances respectives (par exemple en terme

budgétaire) des différents programmes ne soient pas trop dissemblables ; les programmes ne soient

pas trop nombreux (6 ou 7 par ministère).

Selon la reforme budgétaire entreprise en Algérie, la notion d’objectif revêt une portée

similaire avec des particularités quant’aux déclinaisons (tel que le démontre le schéma ci-dessous),

ainsi, l’objectif est un énoncé des résultats à atteindre au cours d’une période spécifique. ces

résultats à atteindre sont décrits en termes de cible (niveau du résultat) et sont mesurés à l’aide

d’indicateurs de performance2.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

85

Figure 07 :Politique sectorielle et programme

Compte rendu

Les objectifs associés au programme sont de nature stratégique. En nombre limité, ils

portent sur les impacts attendus des politiques publiques, la qualité des services publics et

l’efficience des moyens mis en œuvre par les gestionnaires1.

Les objectifs associés au sous-programme sont de nature opérationnelle. Également en

nombre limité, ils concernent les impacts attendus des différents champs d’intervention du

programme.

Les Domaines Stratégiques de Résultats (DSR)

Les DSR ont un caractère impératif, toutefois, pour un ministère et, par suite, pour une

direction régionale, du fait de leur statut de priorités, les DSR2 :

- ne couvrent le cas échéant qu’une partie des politiques publiques mises en œuvre,

1Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

Justice

Education

Santé

Politique séctorielle

Missions

Objectifs

Ministere

Autres

établissements

publiques

Portefeuille de programmes

Programm

ee

1

2

n

n

21

Sous

programme

86

- et sont susceptibles de se modifier assez rapidement.

Dans ces conditions, les DSR ne fournissent pas un cadre exhaustif et stable d’analyse de

l’action administrative pour la préparation budgétaire.

Cette analyse doit en effet s’étendre à la totalité des services de l’organisme, à l’intégralité

de son budget et, par sa stabilité, assurer un suivi régulier durant des années, afin de déceler les

dynamiques à l’œuvre et les changements qui y sont apportés.

Par conséquent, une articulation est à trouver entre les programmes et les DSR d’un

ministère, de façon que chacun des objectifs généraux introduits par les DSR se retrouve dans

un ou plusieurs programmes.

En principe, les programmes recouvrent et décrivent la totalité des activités et des

moyens du ministère ou de l’organisme considéré. Ils décrivent les grandes missions de

l’administration et ne devraient se modifier qu’à l’horizon du moyen terme1.

De leur côté, les DSR sont davantage liés aux défis auxquels le gouvernement doit faire

face et aux priorités qui en découlent. Ils peuvent évoluer un peu plus souvent, sans toutefois se

renouveler à tout coup chaque année.

Typiquement, les DSR peuvent exprimer une ambition relative à une mission donnée ou

encore, à une ambition relativement générale qui s’applique à plusieurs, voire à tous, les programmes

(et même à plusieurs ministères).

Si les DSR marquent une volonté de progrès transversale, ils ne concernent pas forcément

toute la production et tous les résultats de chacun des programmes. Il en découle que, surtout

attachés aux DSR, les objectifs et les indicateurs n’ont pas à décrire la totalité des champs d’activité

des services concernés2.

Les objectifs

Les objectifs susceptibles d’être retenus prennent en compte l’effet produit par l’action de

l’organisme mais pas seulement. D’autres notions sont introduites, relatives aux capacités mises en

place, à la qualité des services rendus, aux modalités de fonctionnement des unités (formation aux

méthodes de gestion), et même à la satisfaction des usagers3.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Idem

3COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R , Op.Cit

87

Ces notions correspondent aux concepts d’efficacité, d’efficience et d’économie,

repris dans les études spécialisée constituant ainsi les éléments clés de la performance.

Ces études insistent également sur une classification des objectifs distinguant d’un côté les

objectifs stratégiques, c'est-à-dire généraux, qui seraient plutôt ceux que se fixe l’échelon central

(gouvernement, ministre, directions générales) et, de l’autre, les objectifs opérationnels destinés à

orienter l’action dans un service de terrain.

Cette distinction est importante, non pas pour donner une valeur supérieure à un objectif par

rapport à un autre, mais surtout pour montrer qu’entre les différents niveaux de responsabilité une

articulation des objectifs va s’imposer1.

Par ailleurs, il est important de noter que cette démarche de recherche des objectifs et de

la performance s’applique à toutes les missions du secteur public.

A chaque objectif retenu dans le dispositif de performance doit correspondre un (ou

plusieurs) levier d’action (règlements adéquats, moyens redéployés, application des bonnes

technologies, développement de partenariats actifs, stimulations des agents, etc.) susceptible(s) d’être

employé par le responsable concerné pour aller dans le sens désiré et atteindre le but qui lui est fixé2.

La logique de la performance suppose en effet que les réussites ou les « ratages » soient

clairement imputés à un responsable et que celui-ci soit réellement responsable.

Cela signifie que, dans la logique du suivi de la performance, il n’est pas souhaitable de

retenir un objectif, pourtant socialement souhaitable, si le service et le responsable considérés ne

disposent pas de véritables possibilités de peser sur sa réalisation.

Par exemple, cette dernière situation s’observe lorsque l’objectif envisagé est presque

totalement sous l’influence de paramètres extérieurs que le service ne maîtrise pas.

Toutefois et à ce stade, les objectifs sont restés du domaine des mots, décrivant surtout des

intentions. Pour devenir de véritables objectifs, il reste à leur conférer les valeurs cibles, surtout

numériques ou éventuellement qualitatives, qu’ils devront atteindre pour les années à venir et qui

seront comparées, le moment venu, aux niveaux réellement atteints.

1Ainsi, une ambition décidée et exprimée par le ministre donné dans les documents centraux de performance de son

ministère devra recevoir sa contrepartie, sa déclinaison, dans les projets de performance des services déconcentrés, nonseulement pour indiquer sa traduction dans chaque zone de mise en œuvre, mais aussi pour l’assortir d’orientationspratiques détaillées, opérationnelles. Il en ira ainsi jusqu’aux objectifs contenus dans les projets des établissements.

2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

88

Pour cela, une étape importante est à franchir. Celle de la définition et de la mise en

place des indicateurs de performance.

En Algérie, l’approche de gestion axée sur des résultats est fondée comme le démontre le

schéma, sur des résultats mesurables répondant aux objectifs et aux cibles définis préalablement en

fonction des initiatives à mener ou des services à fournir. Elle s’exerce dans un contexte de

transparence, de responsabilisation et de souplesse quant aux moyens utilisés pour atteindre les

objectifs et les résultats attendus1.

La gestion axée sur les résultats améliore l’efficacité et la responsabilité de la gestion en

faisant participer les principaux intervenants à toutes les étapes du processus2.

Figure 08 : Element de la Gestion Axée sur les Résultats

§ 2 : la détermination des objectifs

Afin d’assurer une certaine cohérence gouvernementale dans la déclinaison des objectifs, il

apparaît nécessaire de limiter la portée de ces derniers. Ainsi, tous les indicateurs gouvernementaux

adoptés dans le cas de l’Algérie, sont définis en fonction de trois déclinaisons3:

- Attentes des citoyens

Les objectifs répondant aux attentes du citoyen indiquent l’impact des initiatives

gouvernementales sur la société. Ils visent à modifier l’environnement économique, social, sanitaire,

culturel, etc.

- Attentes des usagers

1Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

2Idem

3Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

89

Les objectifs répondant aux attentes de l’usager s’expriment en termes de qualité de service.

Ils concernent directement les clientèles du programme ou du sous-programme.

- Impératifs de bonne gestion

Les objectifs d’efficience de la gestion visent la production de services publics au coût le plus

faible possible. Ils répondent aux impératifs de bonne gestion des finances publiques.

En conséquence, tout objectif est associé à un résultat attendu est un changement souhaité dans

le futur, ce qui implique qu’une action doit être menée, action qui sera la cause du changement et

entraînera un résultat.

Le résultat attendu correspond à une mesure de référence qui sert de base de comparaison pour

valider le résultat obtenu, il est donc nécessaire de fixer une cible à atteindre.

1. les caractéristiques d’ensemble des objectifs retenus

- Une sélection resserrée d’objectifs.

Les objectifs doivent concrétiser les priorités de l’action publique. Ils doivent rester en nombre

limité pour garantir la lisibilité globale de la loi de finances et l’efficacité de la conduite des politiques

de l’État. Leur nombre ne doit pas, dans l’idéal, excéder la demi-douzaine pour un programme.1

- Les objectifs stratégiques ne couvrent donc pas nécessairement la totalité du champ

d’un programme.

Les activités non couvertes sont suivies, au niveau opérationnel, par des objectifs

complémentaires de ceux présentés dans les projets annuels de performances2 .

- Un choix d’objectifs, représentatif des aspects essentiels du programme.

Les objectifs stratégiques retenus s’appliquent aux éléments qui paraissent essentiels dans la

conduite du programme. Ils concernent les actions les plus consommatrices de crédits ou bien celles qui

présentent les enjeux de politique publique jugés les plus importants3.

Enfin, il est nécessaire d’intégrer dans la réflexion l’ensemble des leviers d’action placés sous

la responsabilité du programme1.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Idem

3Certains objectifs se rattachent au programme, d’autres à une action en particulier du programme.

90

De même, il peut être utile de retenir un objectif concernant une activité en partie financée par

d’autres acteurs, mais à condition que l’État joue un rôle déterminant dans le domaine.

Enfin, des objectifs peuvent concerner, au-delà des crédits budgétaires, des dépenses fiscales

lorsqu’elles ont une incidence importante sur les finalités du programme.

- Un choix d’objectifs équilibré, correspondant aux attentes des citoyens, des usagers et

des contribuables.

Le choix d’objectifs effectué doit permettre de traduire, de manière équilibrée, trois

dimensions de la performance :

- Les objectifs d’efficacité socio-économique répondant aux attentes du citoyen, et qui visent

à modifier l’environnement économique, social, écologique, sanitaire, culturel, etc. Ils indiquent non

pas ce que fait l’administration (ses produits), mais l’impact de ce qu’elle fait (ses résultats socio-

économiques) ;

- Les objectifs de qualité de service intéressant l’usager, qui peut être un usager externe

(utilisateur d’un service public) ou, dans le cas de programmes de fonctions de soutien (fonctions d’état

major et de gestion des moyens), un usager interne (les services des programmes soutenus) ;

- Les objectifs d’efficience de la gestion intéressant le contribuable, et qui tendent, pour un

même niveau de ressources, à accroître les produits des activités publiques ou, pour un même niveau

d‘activité, à nécessiter moins de moyens.

Il est indispensable de rechercher un équilibre entre les trois catégories d’objectifs. Ceci est

d’autant plus nécessaire que les attentes respectives des citoyens, des usagers et des contribuables ne

convergent pas toujours spontanément. Si les trois points de vue sont concernés par les finalités d’un

même programme, il est donc indispensable que le Parlement, garant de l’intérêt général, valide pour

chacun d’eux les objectifs poursuivis.

Ne pas le faire pourrait conduire à des effets non souhaités. Ainsi, il serait possible, pour un

niveau donné de moyens, que l’augmentation de l’efficacité socioéconomique se fasse au détriment de

la qualité du service offert.2

1Par exemple, le fait que le programme fasse appel à des opérateurs, personnes morales distinctes de l’État, ne s’oppose

pas à la définition d’objectifs stratégiques exclusivement ou essentiellement réalisés par eux, dès lors que ces opérateursse situent dans la mouvance de l’État.

2Il est naturel toutefois qu’un programme d’intervention se voit fixer des objectifs d’efficacité socio-économique

intéressant le citoyen, mais aucun objectif de qualité de service lorsqu’il n’a pas à proprement parler d’usagers. De même,

91

- Un choix d’objectifs cohérents avec ceux des programmes connexes.

La coordination des objectifs de programmes appartenant à une même mission ou relevant

d’une même politique transversale débouche sur le choix d’objectifs identiques, complémentaires ou

communs1.

2. les caractéristiques intrinsèques de chaque objectif

Un objectif clair dans son énoncé doit être simple, précise et facile à comprendre, et dont la

réalisation dépend de façon déterminante des activités du programme.

La réalisation de l’objectif est imputable, à titre exclusif ou principal, aux activités du

programme auquel il est attaché. La formulation de l’objectif et les explications qui l’accompagnent

dans le projet annuel de performances doivent être l’occasion de mieux faire comprendre le rapport

entre les activités des administrations et les résultats qui en sont attendus2.

Sont, donc, à écarter les objectifs dont la réalisation dépend trop fortement de l’évolution de

l’environnement socio-économique, de même qu’un objectif visant un impact trop éloigné ou obéissant

à d’autres causes que l’action du programme ne doit pas être retenue.

Un objectif est précis et concret, il indique les résultats attendus des actions entreprises en vue

d’accomplir les finalités du programme. Un objectif doit donc être mesurable. Il est accompagné d’un,

voire de deux indicateurs chiffrés, renseignés pour le passé et pour l’avenir (cibles de résultats).

Les indicateurs doivent être chiffrés y compris lorsqu’ils se rapportent à des phénomènes

qualitatifs…3

un programme de fonctions de soutien peut se voir fixer des objectifs d’efficience de la gestion, voire de qualité deservice, mais plus rarement des objectifs d’efficacité socio-économique.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Les principaux leviers d’action envisagés et les résultats obtenus dans le passé doivent être expliqués.

3COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

92

Figure 09 :Sélection des priorités du programme

……………………………………..

« * » Biens produits, Services délivrés….

« ** » Modification de la réalité économique, sociale, environnementale, culturelle, sanitaire…

Les résultats sont imputable à un responsable de programme par les retombées.

Ainsi, le schéma ci-dessus synthétise la démarche à suivre, et qui doit être entamée par la

Sélection des priorités du programme, qui découlent de l’analyse stratégique et qui ne peut dépasser

cinq 5 à six 6 objectifs maximum par programme qui se décline eux-mêmes en deux (2) indicateurs en

moyenne par objectif1

Les objectifs doivent, donc, attester l’amélioration de l’efficacité de la dépense et d’améliorer

l’efficacité des politiques publiques ou la qualité des services publics, au moindre coût, et ce en

s’assurant de l’équilibre des dimensions suivantes2:

- L’efficacité socio-économique (point de vue du citoyen) : objectifs d’amélioration de la

réalité économique, sociale, environnementale, culturelle, sanitaire … dans laquelle vivent les citoyens

1Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

2Les concepts de la performance, Op.Cit

Activités Produits

« * »

Retombées

« ** »Résultat

« ** »

Objectifs généraux :

Impacts socioéconomiques

dépondant de nombreux

facteurs ,Ex : taux de chomage

Moyens

Bénéfice pour les

usagés : qualité

de serviceBénéfice pour les

citoyens :efficacité

socioéconomique

Bénéfice pour les

contribuables : efficience

de la gestion des moyens

93

- La qualité de service (point de vue de l’usager) : objectifs d’amélioration de la qualité de

service rendue à l’usager, de l’aptitude du service à satisfaire son bénéficiaire, usager au sens strict ou

assujetti (usager interne pour les fonctions de soutien)

- L’efficience de la gestion (point de vue du contribuable) : objectifs d’optimisation des

moyens employés, qui rapportent les produits obtenus (ou l’activité) aux ressources consommées

Ces objectifs doivent couvrir une certaine souplesse leur permettant d’être modulés selon la

nature des programmes

De même, l’énoncé d’un objectif doit traduire toutes les dimensions de la performance

mesurées par les indicateurs qui lui sont associés

Sous section 2 : Le choix des indicateurs de performance

L’indicateur est une translation chiffrée qui mesure la réalisation de l’objectif et permet

d’apprécier l’atteinte d’une performance le plus objectivement possible et sa valeur cible peut être

fixée à une échéance de 1 à 5 ans1

§ 1 : La notion d’indicateur

1. Définition

La définition donnée dans le Guide de gestion budgétaire axée sur les résultats2 : « Un

indicateur est une variable ayant pour objet de mesurer, de décrire ou d’apprécier totalement

ou partiellement un état, une situation et/ou l’évolution d’une activité ou d’un programme» ;

en y ajoutant qu’il doit permettre de :

fixer des cibles traduisant les objectifs ;

mesurer les réalisations par rapport à ces cibles ; a supprimé

comprendre et analyser ces réalisations ;

orienter les décisions des gestionnaires dans le but d’améliore la performance ;

nourrir le dialogue de gestion entre les différents niveaux hiérarchiques.

2. les types de résultats mesurés par les indicateurs

1Les concepts de la performance, Op.Cit

2Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

94

La performance est suivie à partir d’indicateurs de moyens, de produits (ou prestations) et

de résultats, et ce dans le détail qui suit1 :

Les indicateurs de moyens décrivent le volume (unités physiques) ou le coût des

moyens mis en œuvre. Il s’agit de quantifier la disponibilité du personnel, du matériel (nombre de

véhicules spécialisés, de machines, d’ordinateurs, d’imprimantes), des locaux (mètres carrés), les

dépenses du parc automobile, sont les indicateurs de moyen les plus courants.

Ces indicateurs fournissent également une vision de la manière dont le service est organisé

(nombre d’établissements scolaires, d’ambassades, de bureaux d’accueil) et de la manière dont la

population ou le territoire sont desservis (effectif moyen de la population cible par implantation,

accessibilité géographique).

Les indicateurs de produits décrivent l’ensemble des productions d’une administration

ou d’un service (nombre de dossiers traités, nombre de formations dispensées, nombre de

personnes accueillies, nombre de contrôles effectués, enquêtes réalisées, textes réglementaires

élaborés). 2

Les indicateurs de résultats (« outcome ») se définissent par rapport aux objectifs du

programme. Ainsi, deux sortes de résultats peuvent être distingués, les résultats intermédiaires

qui concernent les changements directement imputables au programme, et qui correspondent à ses

objectifs spécifiques (par exemple, le taux d’utilisation de la ceinture de sécurité, les élèves formés,

les associations suivies, les agriculteurs conseillés), et les résultats finals ou d’impacts qui concernent

les changements qui ne peuvent être entièrement attribuables à un seul programme.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Cette idée peut etre affiner en distinguant les indicateurs d’activité (heures d’enseignement) et les indicateurs de

produits (nombre de diplômes délivrés).

95

Tableau n°01 :La chaîne des indicateurs

OBJECTIFS MOYENS PRODUITS RÉSULTATS

But déterminéd’une action.

L’atteinte d’unobjectif estmesurée par unou plusieursindicateurs

Les ressourceshumaines,organisationnelleset physiquesutilisées par leprogramme

Ensemble desproductionsd’unprogramme

Résultatsintermédiairesdirectementimputables auprogramme.

Résultats finals(ou impacts)Non entièrementattribuable au

programme

La combinaison des indicateurs de moyens et de produits permet d’apprécier

l’efficience dans la conduite des activités1 et se résume dans la chaine des indicateurs synthétisé

dans le tableau ci-dessus.

C’est une mesure de la « productivité » de l’activité administrative, autrement dit du

rapport entre les ressources consommées (« input ») et l’activité réalisée (« ouput »).

La comparaison des indicateurs de résultats (« outcome ») aux objectifs initiaux et aux

résultats attendus permet d’apprécier l’efficacité de l’activité administrative.

Les documents budgétaires relatifs à la performance n’ont évidemment pas vocation à

comporter l’ensemble des indicateurs décrivant une politique ou un service public. Ils doivent

privilégier les résultats, c'est-à-dire ce qui intéresse le public et non les moyens ou le processus pour

les atteindre, qui relèvent de la responsabilité des services de l’administration2.

3. Le choix des indicateurs en fonction des objectifs

D’emblé, il y a lieu d’admettre qu’il n’existe pas de secteur d’activité publique auquel ne

correspondrait pas d’indicateur de performance.

Le passage de l’objectif à l’indicateur ou aux indicateurs associés est une étape essentielle

qui doit obéir à certaines conditions desquelles dépendrait la pertinence du choix de l’indicateur.

1Ce qui représente la réponse à la question suivante : « est-ce que des prestations de qualité sont fournies au moindre

coût ? »2

COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit« On privilégiera le suivi des indicateurs de produits (« output ») et de résultats intermédiaires («outcome ») quipermettent plus aisément d’identifier les mesures visant à améliorer la performance, plutôt que le suivi d’indicateursd’impact, dont l’évolution dépend en partie de facteurs étrangers au programme. »

96

Ce passage s’effectue principalement par la prise en compte de deux questions parfois

contradictoires1:

- Comment traduire l’objectif dans une notion, en principe mesurable, qui lui est

directement ou assez directement reliée de telle sorte qu’une variation de l’indicateur

correspondant révèle bien une variation dans l’atteinte de l’objectif ?

- La notion considérée est-elle effectivement mesurée par un dispositif en place ou encore

susceptible de le devenir ?

A chaque objectif doivent être associés un ou plusieurs indicateurs, permettant

d’apprécier les résultats de l’action ou du programme considéré. Comme il est impossible de tout

suivre dans tous les détails, il faut être très sélectif dans le choix des indicateurs, et ne retenir que

ceux qui représentent un enjeu important pour l’atteinte de l’objectif visé2.

Il est toujours préférable de se focaliser sur les points jugés les plus cruciaux pour améliorer

la performance plutôt que d’éparpiller l’attention sur un nombre excessif d’indicateurs auxquels

personne ne prête attention.

En particulier, les objectifs retenus à un moment donné par les autorités au titre des axes

stratégiques d’un programme peuvent concerner le niveau qualitatif des prestations fournies

plutôt que le volume de ces prestations.

Les indicateurs doivent alors retracer la performance qualitative (délai de traitement

d’une demande, ...) tout en fournissant de manière résumée les données générales permettant de

suivre l’évolution du programme.

A ce stade, il est nécessaire de mettre en garde contre un effet pervers que pourrait

présenter la caractérisation de l’activité d’un service sur un seul critère choisi comme indicateur.

Si l’on n’y prend pas garde, concentrer l’attention sur ce critère pourrait orienter les

comportements des services et des agents en vue de « faire du chiffre » sur ce point précis, au risque

de négliger tout le reste de leur mission3.

En définitive, les indicateurs doivent1 :

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

3Idem

97

1. * permettre de formuler un jugement

Principe Préconisation

L’indicateur doit avoir un lien logique

avec l’objectif

Retenir un indicateur qui mesure effectivement la

réalisation de l’objectif

L’indicateur doit être représentatif par

rapport à l’objectif

Notamment, quand un objectif comporte plusieurs

dimensions (efficacité socio-économique, qualité de

service …), un indicateur doit mesurer chacune des

dimensions de l’objectif

L’indicateur ne doit pas être porteur

d’effets pervers importants

- Neutraliser le contexte

- préférer les indicateurs de dispersion aux valeurs

moyennes2

- en matière de délais, mesurer l’ancienneté des stocks

2.* Immédiatement interprétables:

- indicateur compréhensible ou clairement expliqué

- précisions méthodologiques : source des données, construction de l’indicateur (ratio :

indiquer numérateur et dénominateur ; indicateur en valeur moyenne : préciser les règles

de pondération éventuelle …)

3*. Robustes et élaborés à un coût raisonnable

4*. les indicateurs qui doivent être documentés pour diverses utilisations :

• Externe : Parlement, Cour des comptes…

• Interne : explicitation d’éléments nécessaires à la gestion interne du dispositif de

performance (répartition des tâches, fiabilisation et harmonisation des modes de

calcul …)

• Définir des valeurs cibles pour les indicateurs

1Les concepts de la performance, Op.Cit

2Ex : plutôt que l’indicateur « délai moyen de réponse » , retenir l’indicateur : « pourcentage de réponses délivrées dans

un délai supérieur à x jours »

98

Figure 10 :les element de l’indicateur Dans le projet de loi de finances

§ 2 : la translation chiffrée de l’objectif en indicateur.

1. Spécification des indicateurs : nécessité d’une référence

Lorsqu’un indicateur est exprimé en valeur absolue, il doit être associé à une échelle de

valeur1. Mais, elle n’a « revoir » vraiment de signification que si on la situe par rapport à une ou

plusieurs valeurs de référence. On retient spontanément de celle de la période passée. 2

En fait, il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans le temps pour obtenir un

renseignement précieux sur l’évolution de la grandeur considérée.

Une série chronologique portant sur les 4 ou 5 dernières années peut être suffisante pour

situer la valeur de l’indicateur dans le temps et mieux interpréter le sens des projections, à savoir s’il

s’agit d’une simple prolongation de la tendance passée, ou d’une rupture de tendance ?

Pour ce faire, il est bien évidemment nécessaire de disposer de données qui soient

comparables dans le temps, ce qui signifie qu’il faut éviter de modifier trop fréquemment la

méthodologie de construction de l’indicateur de manière à disposer d’une série chronologique

uniforme.

Si une modification de méthodologie intervient, il faut s’efforcer, si possible, de reconstituer

la série sur le passé à partir de la nouvelle méthodologie, de manière à éviter la rupture de la série3.

1La valeur absolue d’un indicateur chiffré a peu d’intérêt en elle-même, elle est à bannir.

2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

3Idem

99

Une autre façon de situer et d’interpréter la valeur prise par un indicateur consiste à

comparer cette valeur pour la région étudiée avec celle d’une région voisine, ou d’une région

comparable, ce qui suppose que la méthode de construction soit identique dans les régions

comparées.

En réalité, le plus souvent, cette méthode est la même pour l’ensemble du territoire

national, ce qui autorise toutes les comparaisons interrégionales ainsi que le calcul du total ou de la

moyenne nationale.

De même, la comparaison avec le niveau atteint dans d’autres pays peut apporter de très

utiles renseignements, cependant, il convient de vérifier la validité de la comparaison, par exemple en

s’assurant que la méthodologie employée est conforme aux standards internationaux1.

Plus généralement, toutes les recommandations concernant cet aspect des indicateurs,

préconise de privilégier si possible l’usage d’indicateurs exprimés en proportion de la cible à

atteindre2. Souvent, la comparaison de la valeur absolue d’un indicateur brut s’effectue par

rapprochement avec un autre indicateur et par le calcul d’un rapport3

A lui seul, ce nombre ne permet donc pas d’apprécier l’efficacité de l’enseignement. Pour

neutraliser cet éventuel effet, on calcule habituellement le taux de diplômés : nombre de diplômés

divisé par le nombre de candidats.

Toutefois, la qualité de tels indicateurs dépend de celle de tous leurs constituants. Il est

par conséquent important de s’assurer que la donnée servant de référence, celle que l’on met au

dénominateur, dispose d’une fiabilité satisfaisante.

Il faut privilégier l’usage d’indicateurs simples et éviter les indicateurs complexes, ceux

par exemple obtenus en pondérant différentes variables, et proscrire ceux reposant sur des

constructions sophistiquées, difficilement interprétables.

2. La fiche d’identité de l’indicateur

1Il faut citer également l’existence de références fournies par des « normes » telles que les normes sanitaires (taux

maximum de polluants, taille et poids de l’enfant selon son âge,....), les normes météorologiques, ou encore telles que lesnormes consensuelles (on considère qu’un délai de 6 mois ou plus est inadmissible pour l’instruction d’un dossier).2

La valeur cible fixée en tant que niveau à atteindre pour réaliser l’objectif retenu constitue la référence naturelle denombreux indicateurs, Dans les cas de ce type, il est nécessaire de préciser le terme auquel l’atteinte de la cible estprévue.3

Par exemple : effectif de la population atteinte par le programme, divisé par l’effectif de la population visée, pourdéterminer le taux d’acuité ou le taux de desserte.

100

Il est essentiel que les indicateurs soient bien documentés, de manière à permettre

d’analyser et d’interpréter leur signification en toute connaissance de cause. Chaque indicateur

doit faire l’objet d’une fiche signalétique explicitant ses conditions d’élaboration (mode de

collecte des données de base, mode de calcul de l’indicateur, clés de lecture,...) et désignant

l’organisme en charge de la collecte et de la centralisation des données1.

Les limites ou les biais de l’indicateur doivent être impérativement signalés. Lorsque

les indicateurs sont issus de données d’enquêtes, la méthodologie doit être explicitée (nature du

questionnaire, échantillonnage,...).

3. Les qualités d’un indicateur

Les qualités d’un indicateur sont abondamment décrites dans les études ayant pour objet

la performance mais qui peuvent être résumés selon trois qualificatifs, pertinent, pratique,

quantifiable2.

Un indicateur doit être pertinent.

Un indicateur doit être spécifique, c’est à dire se rapporter à un objectif et seulement à cet

objectif. Il doit permettre de mesurer les résultats réellement obtenus en relation avec l’objectif

auquel il se réfère. Pour cela, il doit y avoir un lien logique entre l’indicateur et l’objectif qu’il est

censé illustrer.

Un indicateur doit être représentatif, autrement dit, il doit rendre compte de manière

substantielle du résultat attendu. Associé aux autres indicateurs, il doit parvenir à couvrir l’essentiel

de l’objectif visé.

Toutefois, il est à prendre en considération le fait que les interventions de l’administration

sont complexes, qu’elles reposent sur de nombreuses variables interactives qu’il n’est pas toujours

aisé de représenter à travers un très petit nombre d’indicateurs quantitatifs.

Il faut donc accepter le principe qu’un nombre limité d’indicateurs ne puisse pas parvenir à

donner une image totalement exhaustive de la situation décrite.

Un indicateur doit être pratique.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, Op.Cit

2Idem

101

Un indicateur doit être compris par tous, y compris par les non spécialistes, ce qui

signifie qu’il doit être énoncé clairement, dans un langage simple et compréhensible.

Il convient de choisir des indicateurs pour lesquels les données sont directement

disponibles ou, sinon, faciles à obtenir.

Un indicateur doit être agrégeable, pour être consolidé au niveau régional et national, afin

d’être disponible au moins annuellement, de manière à assurer un pilotage en cohérence avec le

principe de l’annualité budgétaire. Exceptionnellement, il peut être renseigné à intervalles plus

espacés lorsqu’il est tiré d’une enquête lourde, qui ne peut être reproduite chaque année.

Il doit également être produit à temps, c’est-à-dire que le temps requis pour recueillir les

données doit être compatible avec le calendrier annuel de suivi de la performance.

Un indicateur doit être produit à un coût raisonnable, c'est-à-dire compatible avec les

bénéfices qu’on attend de son usage. Son élaboration doit tenir compte des moyens disponibles,

et ne pas se faire au détriment de la qualité des prestations fournies par les services.

Un indicateur doit être quantifiable.

De préférence, un indicateur doit être chiffré, fiable et vérifiable. Il peut parfois être

souhaitable de définir des indicateurs permettant d’apprécier non seulement la quantité mais aussi la

qualité des prestations fournies. Dans ce cas, l’indicateur peut être exprimé à travers une échelle de

valeur.

Les indicateurs sont considérés comme :

- objectifs, lorsqu’ils relatent des faits mesurés ou observés sans laisser place à

l’interprétation humaine1.

- subjectifs, lorsqu’ils retracent des faits décrits par un observateur à travers son propre

filtre subjectif.

C’est notamment le cas des données déclaratives collectées dans les enquêtes portant sur les

opinions, les attitudes, les comportements et les représentations des personnes interrogées.

Un indicateur doit être précis

1En principe, dans un dispositif objectif, deux faits identiques observés séparément sont notés de la même manière

102

La qualité des données doit garantir que les informations obtenues sur les performances sont

significatives et valides.

L’indicateur doit être précis, avec une marge d’incertitude aussi réduite que possible, et

suffisamment sensible pour que les évolutions de sa valeur d’une année sur l’autre soient considérées

comme significatives.

Il doit être prévisible, c'est-à-dire qu’il doit être possible d’estimer, même en ordre de

grandeur, sa valeur au cours des prochaines années.

Un indicateur ne doit pas être manipulable, pour cela, il doit être bien défini, et sa

méthodologie de construction et de production doit être clairement énoncée, et connue de tous, de

manière à pouvoir l’analyser et l’interpréter en toute connaissance de cause. Chaque indicateur doit

être soigneusement documenté, et faire l’objet d’une fiche signalétique explicitant ses conditions

d’élaboration.

Un indicateur doit être auditable, ce qui signifie que les services producteurs disposent

d’une documentation à jour sur les méthodes, les procédures, les traitements et les contrôles mis en

place pour la collecte, la synthèse et la présentation des informations, de manière à pouvoir les

fournir aux auditeurs qui seront amenés à certifier la sincérité de l’indicateur ou bien à réaliser un

audit d’ensemble du programme.

Remarque générale :

Comme toute nouvelle initiative ou encore tentative pour ajouter de la clarté, la mise en

place des indicateurs de performance ne va pas sans déclencher des critiques plus ou moins

fondées.

Parmi ces critiques, figure en bonne place celle du caractère imparfait de l’indicateur qui

ne décrit jamais de manière absolument complète la réalité qu’il recouvre et qui, de ce fait, serait

techniquement contestable, difficile à interpréter, inapplicable, voire même dangereux.

Cependant et combien même le système des indicateurs connaît des limites et des

imprécisions, il est de toute façon préférable à l’absence de mesure de la performance

103

Toutefois, la présentation de l’indicateur quantitatif et l’écriture ne doit pas donner une

idée erronée de la précision1.

§ 3 : les indicateurs à l’épreuve de la pratique

1. Les indicateurs de la LOLF française

Grâce à la LOLF, trois innovations majeures sont venues améliorer de façon sensible le

pilotage du budget de l’État2 :

- la limitation des possibilités de reports de crédits, désormais plafonnés à 3 % des dotations

initiales (sauf exception) a permis d’accompagner et de pérenniser la baisse du montant des reports de

crédits. Elle facilite en outre le respect en exécution de la cible de dépenses votée par le Parlement;

- la mise en réserve de crédits au stade de la présentation du projet de loi de finances donne

très tôt aux gestionnaires la visibilité nécessaire sur leurs crédits (en distinguant une « tranche ferme »

et une « tranche conditionnelle ») ;

- la règle de comportement relative à l’utilisation des surplus de recettes garantit que le

Gouvernement et le Parlement se poseront en amont,

Toutefois, des études empiriques telle que l’étude de LACAZE3 qui examine l’application de

la LOLF au cas du management de la force publique, souligne la complexité de la tâche4 :

L’étude constate que la LOLF a permis un effort de formulation des missions, et que la

définition des actions les reflète assez fidèlement.

En revanche, l’analyse est beaucoup plus critique sur les objectifs et indicateurs, qui pour

l’auteur :

• constituent une réduction et une parcellisation du champ des actions, et ne rendent donc pas

compte entièrement des missions effectivement réalisées ;

1par exemple, l’indicateur est calculé à 1 pour 1000 près, compte tenu de l’incertitude inhérente à son mode de

production et est exprimé en pourcentage, il est recommandé de l’écrire sous la forme 55,2% en arrondissant au millièmesignificatif, plutôt que 55,27%, où le denier chiffre n’a pas de véritable signification.2

Guide pratique de la LOLF, fevrier 20103

GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Opcit4

« Comment évaluer, en effet, la performance des services de sécurité alors que l’effet recherché est atteint lorsquecertains actes délictueux sont déjoués et que, in fine, il ne se passe rien ? »

104

• préjugent des moyens adaptés à mettre en œuvre pour accomplir une action. L’optimisation

de la capacité opérationnelle, par exemple, n’est qu’un moyen parmi d’autres de maîtriser les troubles

de l’ordre public ;

• focalisent excessivement la mesure, l’indice de disponibilité des forces et le taux

d’encadrement ne constituant qu’une approche partielle de cette optimisation, si l’on poursuit

l’exemple précédent.

LACAZE pointe alors la possibilité d’effets pervers si les gestionnaires ne sont jugés que sur

ces indicateurs partiels. Ils risquent, notamment, de délaisser les tâches qui nécessitent une coordination

entre services1.

Par ailleurs, il signale que le jugement sera inéquitable si l’évolution de l’indicateur dépend

trop de facteurs externes d’environnement, ou si le gestionnaire est soumis à des contraintes (y compris

administratives ou statutaires) qui font qu’il n’a de prise que sur une partie de l’indicateur.

De manière générale, il émet beaucoup de réserves vis-à-vis de l’accent mis sur la

performance quantifiable, et souligne l’importance des questions de valeurs et de déontologie.

Cependant, il considère que ces effets pervers pourraient être limités, en élargissant

notamment la gamme des indicateurs.

Ainsi, le souci de développer les systèmes d’information internes, pour disposer d’indicateurs

chiffrés, conduit sans doute à être trop restrictif, et la panoplie des systèmes de mesure, pourrait être

élargie dans au moins deux dimensions :

• les approches en termes de « certification » type ISO 9000, qui permettent d’assurer un

contrôle qualité des procédures et par là des services ;

• le recours périodique à des enquêtes auprès du public et des usagers, étant rappelé que

celles-ci doivent être conçues rigoureusement pour que les réponses reflètent bien leurs préférences.

Ce qui est en effet suggéré au fond, c’est que les systèmes mis en place relèvent parfois plus

du suivi d’un plan d’action que de la mesure économique de la performance1.

1BUREAU. D et MOUGEOT. M : mesure de la performance et incitations dans la gestion publique, In Performance,

incitations et gestion publique, laDocumentationfrançaise, Rapport du CAE, n° 66, Paris,20072idem

105

Bien évidemment ceci ne diminue en rien à l’importance de tels plans d’action, qui sont

déterminants pour faire évoluer l’administration, mais la gestion publique doit considérer à la fois

l’agenda gouvernemental immédiat, et des horizons plus longs.

Du point de vue économique, ces questions sont au cœur de l’analyse en termes « multitâches

et multi-mandants » qui suit.

La mesure de la performance publique ne peut ignorer ces différentes dimensions, même

lorsque celles-ci ne sont pas véritablement contradictoires.

En effet, toute faiblesse à cet égard a des conséquences immédiates, au travers des

modifications de comportement des agents qu’elles induisent.

Certes, la multiplicité des tâches ou des mandants est souvent exagérée, ou mise en avant par

ceux qui souhaitent échapper aux contraintes de performance.1

2. L’interprétation de la LOLF en Algérie

La réforme budgétaire en Algérie a été entamé en 2000 dans l’espoir de défléchir le terrain

lors de l’avènement d’une Loi Organique des Lois de Finances (LOLF) à l’instar de son

homologue française et dont le projet est finalisé.

Ainsi, le Loi de Finances pour 2000 a exigé aux gestionnaires publics d’obéir à une

nouvelle démarche qui consiste en la rupture avec la bonhomie qui a marqué leurs actes quotidiens,

en introduisant de nouveaux paramètres dans leur jargon tel que le programme, la mission et

évidemment l’indicateur.

Cette reforme, comporte deux importants volets étroitement liés. Un volet budgétaire à

caractère technique (classification des dépenses par natures, enveloppes budgétaires, intégration des

budgets de fonctionnement et d’équipement, etc.) et un volet lié à la responsabilité de gestion des

dépenses publiques.

La réforme budgétaire a pour ambition première d’orienter la gestion des dépenses de l’État

en fonction de résultats à atteindre, c’est-à-dire de passer d’une logique de moyens à une logique de

résultats.

1BUREAU. D et MOUGEOT. M : mesure de la performance et incitations dans la gestion publique, In Performance,

incitations et gestion publique, laDocumentationfrançaise, Rapport du CAE, n° 66, Paris,2007

106

Cette démarche de gestion axée sur les résultats signifie que la présentation des programmes

et des sous- programmes des ministères se concentrera sur les objectifs poursuivis, sur les résultats

attendus mesurés au moyen d’indicateurs ainsi que sur les coûts afférents des initiatives publiques1.

La participation active des autorités ministérielles et des éventuels gestionnaires de

programme est un élément essentiel pour assurer la réussite de cette démarche.

En ce qui concerne le projet du gouvernement algérien de modernisation budgétaire,

l’indicateur de performance est un concept central car il mesure la réalisation de l’objectif et

l’atteinte des résultats2. A cet effet, il doit être :

Pertinent, en présentant un lien logique fort avec l’objectif fixé. Il doit permettre de

mesurer la réalisation de l’objectif.

Utile, en permettant d’apprécier l’amélioration ou la détérioration de la situation.

Solide, en étant disponible à intervalle régulier et permettre d’effectuer des comparaisons

dans le temps.

Vérifiable et fiable, son unité de mesure est facilement vérifiable avec les informations

reconnues.

Les résultats mesurés par l'indicateur sont conformes à la réalité et ne comportent pas

d'erreurs.

Section 2 : le pilotage de la performance dans la sphère publique.

Si le pilotage de la performance est la thématique centrale du contrôle managérial dans

l’entreprise, ayant pour objectif de guider l’atteinte des résultats des activités, s’informer des

résultats réellement obtenus, et prendre les actions correctives si nécessaire3, il est devenu une

préoccupation essentielle dans la sphère publique.

Cette question implique le fait d’instaurer un dialogue de gestion qui représente un pilotage

et une gestion concertés des politiques publiques

À travers le dialogue de gestion, les responsables à tous les niveaux s’entendent sur la

déclinaison des objectifs, des moyens disponibles et des modes de pilotage.

1La stratégie actuelle de mise en œuvre de la réforme prévoit que ce volet doit être pris en charge par la cellule

stratégique créée au sein de chaque ministère.2

Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, OpCit

3DELMOND M.H : Pilotage de la performance et modes de contrôle de la Direction

107

Le dialogue de gestion se déroule entre le responsable de programme et les directeurs des

affaires financières, des ressources humaines, le responsable de programme et le responsable de

budget opérationnel de programme ainsi qu’entre le responsable de budget opérationnel et ses unités

opérationnelles1.

Ce nouvel intrus dans la gestion publique classique, à savoir le pilotage est un élément

important représentant une nouvelle approche pour le suivi de la démarche de performance qualifiée

d’impératif et la préservation de ses effets positifs.

Sous section 1 : Le suivi de la démarche de performance

Le suivi de la démarche de performance est le maillon central de la nouvelle gestion

publique et à la charnière entre responsabilité politique et responsabilité de gestion.

Cette tache est confiée en premier lieu aux responsable placé directement sous l’autorité du

ministre, et doivent participer à l’élaboration des objectifs stratégiques du programme dont ils ont

la charge pour devenir ensuit garants de sa mise en œuvre opérationnelle et s’engagent sur la

réalisation des objectifs associés2.

En contrepartie, ils sont désormais dotés d’une enveloppe de crédits globale, afin de

disposer d’une large autonomie dans les choix de gestion par l’affectation des moyens financiers et

humains mis à leur disposition pour remplir les objectifs.

Le ministre et le responsable de programme s’engagent, donc, sur des objectifs et

indicateurs réunis dans les projets annuels de performances et pour garantir une action publique au

plus près de la réalité des citoyens, des usagers et des territoires, les objectifs nationaux sont déclinés

et adaptés dans chaque service de l’État, ce qui fournie une souplesse supplémentaire dans l’action

du gestionnaire.

Par conséquent, une nouvelle de responsabilité engagée sur la performance s’est créée sur

laquelle s’appui la nouvelle gestion publique .Elle garantit un engagement sur la performance à tous

les niveaux3.

1Idem

2Le guide de la LOLF, OpCit

3Idem

108

Ce nouvel engagement dans la relation hiérarchique classique se concrétise par des chartes

de gestion qui concernent à la fois le ministère, ses programmes et leur déclinaison opérationnelle et

déterminent les règles de fonctionnement entre les responsables de programme et les différents

acteurs ministériels ayant des fonctions transversales

§ 1 : La performance dans les rapports contractuels, la gestion et l’amélioration du

service public

La finalité ultime du dispositif de suivi de la performance dans les services de l’État est

d’optimiser la dépense consentie pour satisfaire les besoins de la collectivité par des prestations de

meilleures qualité et au moindre coût.

Pour réaliser cette ambition, des instruments nouveaux sont à mettre en place, des concepts

à développer et des informations pertinentes à collecter.

Mais, pour se concrétiser véritablement, ce dispositif doit s’enraciner largement dans le

milieu administratif et y trouver ses éléments moteurs. C’est pour cela que la question surgie d’un

mode rénové de commandement et d’action dans les services publics, fondé sur la prise en compte

collective des objectifs et des résultats dans des accords de confiance, à savoir les contrats de

performance1.

1. la notion de responsabilité liée a la performance, nature et modalités de la

contractualisation

Le suivi de la performance organise la négociation et la décision budgétaires entre les

services régionaux, les administrations centrales, la direction du budget et le Parlement, en portant

l’attention à la fois sur les moyens et sur les résultats.

Il doit ainsi contribuer à affiner les choix opérés et indiquer les secteurs pour lesquels des

progrès peuvent être accomplis dans le service rendu à la population.

Ce suivi n’est pas seulement un instrument de nature plutôt globale, c'est-à-dire surtout

utilisé aux niveaux centralisés. Il doit servir à renseigner les unités administratives de base ainsi que

les partenaires du service public sur les objectifs retenus par les ministères.2

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

2Idem

109

En effet, c’est justement dans les services à caractère opérationnels, au contact du public,

que se détermine la performance, que se joue la qualité du service public et que se réalise la

satisfaction ou l’insatisfaction des besoins.

Ceci signifie que le potentiel d’amélioration de la performance des services réside tout

autant, sinon beaucoup plus, dans les services déconcentrés et dans les divers intervenants,

entreprises publiques, offices, associations, établissements publics, qui participent au service public.

On a coutume de représenter le dispositif administratif sous la forme d’une pyramide :

Figure 11 : représentation du dispositif administratif dans le suivi de la performance.

Cette représentation schématise l’importance de la base de la pyramide, en nombre

d’unités, en variété de spécialités et de professionnels au contact direct des usagers.

Face à ces tendances, le suivi de la performance ne peut pas rester isolé car il ne fonctionnera

pas correctement, s’il reste un exercice sans accroche sur la partie active du dispositif public. Il doit,

par conséquent, irriguer toutes les branches du dispositif et, en même temps, bénéficier des

améliorations acquises d’ores et déjà par les services innovants.

La diffusion de la culture de la performance et la recherche d’un meilleur service, plus

efficace, plus efficient, plus économe et de meilleure qualité s’imposent au sein de toutes les unités.

110

Ceci passe notamment par1 :

- la pratique de la contractualisation, pour introduire naturellement cette préoccupation

de la performance dans les relations qu’entretiennent entre eux les niveaux administratifs, ou que les

services administratifs entretiennent avec les organismes sous tutelle et avec les partenaires,

- le développement du contrôle de gestion, pour le pilotage rapproché.

La définition retenue du contrat de performance est « un acte écrit, non juridique, passé

entre deux (ou plusieurs) parties, fixant les objectifs et les obligations de chacune d’entre elles

pour la période à venir ». Le contrat est signé par chacune des parties, effectivement ou bien

tacitement, après qu’un accord explicite soit intervenu à son sujet2.

Comme cela a été exposé, passé entre l’administration centrale (Ministre ou Secrétaire

Général) et une direction déconcentrée, le Contrat Objectifs/Moyens est annuel, et il détaille les

objectifs généraux, traduit ces objectifs en objectifs opérationnels, et met en face les pouvoirs et les

moyens fournis à la direction considérée pour atteindre la performance convenue.

En retour, l’ensemble des contrats concernant toutes les directions déconcentrées du

ministère alimente le Plan Annuel de Performance soumis au Parlement3.

Le mode de relation contractuel diffère du mode traditionnel en vigueur anciennement dans

les administrations car il instaure une véritable parité entre les parties. Ainsi, l’attribution

discrétionnaire de moyens ne devrait plus être l’unique manière de répartir le budget, et le service

utilisateur de ces moyens n’est plus seulement considéré comme un service dépensier, il devient aussi

un producteur de satisfaction du public.

A ce titre et de son côté, le service ne se considère plus seulement comme le détenteur de

moyens, d’une fonction et de « pouvoirs », dont il use un peu à sa guise., il est naturellement

chargé d’améliorer sa performance. Par ailleurs, le contrat ressort d’un dialogue et constitue un

accord, un « consensus ».

Il fait en sorte que les parties concernées adoptent une attitude positive et ne restent pas figées

sur leurs divergences ou leur opposition.

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

2 2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

3Entre chaque direction déconcentrée et les services qui la constituent, la contractualisation fonctionne de manière

analogue.

111

Le contrat de performance contribue à réduire la dissymétrie de l’information existant

généralement entre le service actif et le service chargé de sa tutelle ou de son encadrement

hiérarchique1.

Naturellement, le premier service dispose de la totalité et de la variété des renseignements

de base, alors que celui de tutelle est largement dépendant du premier pour observer.

Les experts du domaine administratif parlent même parfois de la capture de la tutelle par le

service actif, en ce sens que la tutelle ne fait qu’adhérer aux thèses et défendre la position du

service actif, faute de la possibilité ou de la volonté de rechercher sa propre voie.

Par la transparence et par le partage qu’il instaure et par le rôle qu’il oblige chacun des acteurs à

jouer, le contrat de performance fait évoluer les situations de ce genre. Pour autant, il ne s’agit pas de

tomber dans l’excès inverse qui ferait remonter de la base des informations trop détaillées, trop

nombreuses, privant le service actif de sa responsabilité de régulation interne.

Le contrat de performance doit trouver un équilibre judicieux entre ces préoccupations et se

concentrer sur les aspects importants.

La négociation se déroule souvent avec, au départ, des points de vues différents,

antagonistes. Elle a pour but de formuler une analyse partagée pour aboutir à une vision commune

sur ce qu’il est possible de faire, au mieux, de sorte que chaque partie estime y avoir gagné. Le contrat

s’appuie sur l’expérience acquise et sur l’observation des périodes passées.

Il n’en constitue pas moins une projection pour l’avenir, qui doit être compatible avec les

engagements contractuels souscrits par ailleurs par les parties

Il se peut qu’au cours de la phase de réalisation les prévisions ne soient plus valides, en

particulier, les moyens d’actions envisagés initialement peuvent faire défaut ou ne pas atteindre le

niveau convenu.2. Comme cela a été précisé par la définition du contrat, le contrat de performance

constitue un engagement réciproque de confiance.

Pour des raisons précisées dans la partie précédente, les contrats mis en place entre les

directions régionales et les administrations centrales et entre les ministères et la collectivité ont des

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

2 2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit

Dans ce cas, le contrat devrait être renégocié et modifié par un avenant explicite

112

formes définies au préalable. Il n’en va pas de même en ce qui concerne les contrats susceptibles d’être

conclus entre les directions régionales et les services placés sous leur responsabilité.1

En toute rigueur, le contrat souscrit par une unité administrative doit contenir des

engagements financiers et relatifs au personnel strictement compatibles avec les autorisations des

lois de finances. Les services budgétaires des ministères et la direction du budget peuvent être

consultés pour apporter leur validation.

Afin de participer pleinement à la diffusion et à la recherche de la performance et sauf cas

particulier, le contrat est un document commenté et disponible à l’intérieur des services

cocontractants. Il peut, le cas échéant, être communiqué aux supérieurs hiérarchiques des parties

impliquées, Ministre, Directeurs, ainsi qu’à l’Inspection Générale du ministère et à l’initiative de tous

les acteurs concernés, le contrat peut être rendu public (site Internet).

L’encadré ci-dessous propose un plan de contrat, qui ne constitue toutefois qu’une des

formes possibles (adapté à partir du « Guide Méthodologique de la Contractualisation », site du

ministère de la Fonction Publique, France) :

Un contenu possible de contrat :

- les parties, le champ, la durée du contrat,

- la présentation succincte du contexte général,

- l’état des lieux,

- les objectifs à atteindre retenus en commun,

- selon quel plan d’action,

- les moyens pour y aboutir, nature, volume et provenance, - la procédure de suivi de

l’exécution du contrat,

- les clauses de révision,

- les mesures à prendre en cas de non respect ou de dépassement (« sanctions négatives ou

positives»),

- le cas échéant, des annexes (tableaux récapitulatifs, textes, ...) - le mode de

renouvellement.

En Algérie, la budgétisation par programme introduit la notion de gestionnaire responsable,

cela implique l’identification, pour chacun des programmes du ministère, d’un gestionnaire qui doit

choisir les initiatives les plus appropriées pour atteindre les objectifs fixés et les résultats attendus pour

1De nombreuses formes de contrats existent (par exemple avec les établissements scolaires, les universités, les offices, les

hôpitaux, ...) et prennent la forme de : contrats de plan, contrats d’objectifs, conventions d’objectifs, etc.

113

élaborer, en collaboration avec les services financiers de son ministère, le budget des dépenses

nécessaires pour mener ces initiatives, et ce, dans le respect de l’enveloppe budgétaire allouée.

Chaque gestionnaire devra assumer ses responsabilités en vue d’atteindre un rendement qui est

fonction d’attentes qui ont été convenues au préalable, en étant responsable de mener les initiatives

choisies pour atteindre les résultats attendus.

De plus, chaque gestionnaire devra rendre des comptes sur les résultats atteints de son

programme (sous-programme, action) en étant en mesure d’expliquer les écarts entre les résultats

obtenus par rapport aux résultats attendus1.

§ 2 : l’utilisation du suivi de la performance

Une fois les procédures à mettre en place pour que les programmes, leurs objectifs et leurs

réalisations reflètent fidèlement les politiques mises en œuvre dans les ministères et aboutissent à des

décisions pertinentes, déterminés, il reste à définir le « mode d’emploi » du suivi de la performance.

En effet, la mise en place d’un système de suivi de la performance va permettre à

l’administration de rendre des comptes sur la qualité de sa gestion, et qui doit être utilisé avant tout

pour améliorer les prestations de l’administration

1. Importance d’une utilisation intense des résultats du système de suivi.

Le suivi de la performance est le fruit d’un travail collectif, qui doit être approprié par tous les

acteurs, car il existe de multiples contributions à la construction et au fonctionnement du dispositif,

celles des agents d’exécution, des chefs de service à tous les niveaux, des directeurs centraux ou de

services déconcentrés, des unités statistiques, des inspections générales, des services d’étude, d’analyse

et de stratégie, des services budgétaires et financiers, des Ministres, du Parlement2.

Autant que la pertinence méthodologique, c’est la pratique du dialogue et le croisement des

points de vue qui progressivement affineront la capacité du suivi à retracer le plus correctement possible

la réalité des missions remplies.

1Note methodologique pour la conception de programme et l’utilisation de la gestion par les resultants, Opcit

2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

114

Le suivi de la performance doit servir à enrichir le dialogue entre les différents acteurs1.

Encore faut-il que ce dialogue ait lieu, que la négociation se déroule. Chaque partie doit se sentir liée, à

travers un engagement réciproque. L’une à conférer des moyens et une certaine autonomie à la seconde,

la seconde à réaliser les objectifs convenus en commun.

Les rapports de suivi de la performance ne sont pas unilatéraux, ce n’est pas une contrainte

supplémentaire que l’un fait peser sur l’autre, sans contrepartie, c’est un échange équilibré auquel

chacun contribue.

En particulier, lorsque le Compte Rendu régional ou le RAP font apparaître des écarts entre

prévisions et réalisations, chaque partie prenante doit faire connaître ses conclusions et sa position pour

la suite.

2. Appui à la préparation budgétaire

Le système de suivi de la performance offre un immense avantage pour les différentes parties

prenantes dans la négociation budgétaire2.

Pour les ministères présentant leurs requêtes, l’existence de stratégies appuyées par des

indicateurs et des résultats de performance permet d’étayer et de justifier les demandes. Pour les

décideurs budgétaires, il est avantageux de mieux comprendre ce que fait l’unité considérée et quelle est

sa performance.

Il est donc indispensable que les documents de suivi de la performance soient, avec les

documents budgétaires proprement dits, partie intégrante de la discussion budgétaire, dans les

propositions initiales des ministères, dans les conférences budgétaires et, bien entendu dans la

présentation à l’Assemblée Nationale.

Le suivi de la performance va jouer un rôle central dans les relations entre les administrations

et, surtout, entre ces administrations et le citoyen, à travers la représentation parlementaire car de

nombreuses personnes prendront part au débat qui va animer la préparation de la loi de finances et la

négociation des contrats annuels.

Les agents des services concernés auront la possibilité de s’informer grâce aux documents

produits ou même de contribuer à leur élaboration.

1Une instance centrale – le Parlement, une administration centrale, par exemple – et un organisme recevant des pouvoirs

et des moyens - respectivement, un ministère, une direction régionale2

COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

115

Plus largement, un vaste public pourra y avoir accès : usagers, associations, presse, ... Peu de

ces personnes seront des spécialistes des finances publiques, connaisseurs du monde administratif et de

son langage. Aussi, faut-il que le système de suivi de la performance soit peu complexe, le plus neutre

et le plus objectif possible1, ce qui signifie que les informations qu’il contient doivent retracer

simplement et fidèlement la réalité.

A cette double exigence de simplicité et de neutralité du système de suivi de la performance

s’en ajoute la sincérité. En effet, parfois, lors des négociations budgétaires portant sur la performance,

des polémiques peuvent se dérouler sur les indicateurs et, plus précisément, sur leur sincérité.

Les reproches relatifs au manque de précision de l’information paralysent la discussion et

empêchent une vision commune pour retomber dans le système ancien, où certains imposent et d’autres

subissent.

La réponse à toutes ces exigences se construit, s’affirme et s’améliore, grâce au travail

quotidien des administrations concernées, grâce aux remarques des interlocuteurs (parlementaires,

budgétaires, partenaires, ...) amenés à prendre en compte les éléments suivis, mais aussi par le biais

de la procédure de certification.

Toutefois, la certification du Rapport Annuel de Performance vise à éviter les polémiques

stériles, et se traduit par un document joint au RAP attestant de la sincérité des informations

relatives à la performance contenues dans le rapport et reprise dans le PAP2.

Cette certification du RAP suppose un travail de relecture critique et d’investigations

ponctuelles sur la chaîne de production des données, visant à rechercher et signaler les éventuelles

inexactitudes.

La certification du RAP de l’année N-1 devra intervenir dans un délai serré, durant l’année N,

de sorte que le RAP puisse servir pour l’élaboration du PAP N+1, dès le début des conférences

budgétaires concernant le budget de l’année N+1. Entre la collecte et la synthèse des données N-1,

une fois cette année révolue, et le début des conférences, les personnes chargées de la certification

auront peu de temps pour procéder à la certification.

Elles devront par conséquent se préparer à l’avance en procédant au préalable aux

investigations souhaitables.

1Idem

2COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

116

Il est envisagé que l’Inspection Générale (IG) de chaque ministère se charge d’effectuer ce

travail de certification. Pour ce faire, l’IG sera naturellement amenée à se pencher sur les Comptes

rendus fournis par les directions régionales. Elle agit en liaison avec les services producteurs des

informations qui tiennent à sa disposition les documents détaillés organisant la collecte et la synthèse

des informations de base, son avis aura donc un aspect contradictoire.

3. Le tableau de bord

Le suivi de la performance passe, donc, par la mise en place de contrats de performance qui

portent sur l’année à venir et sur les années suivantes, pour qu’une évaluation commune aux parties

concernées intervient à leur sujet, après chaque année révolue et entre ces deux termes. Le suivi

détaillé des activités s’effectue grâce au tableau de bord.

Le tableau de bord est un élément important du suivi de la performance qui permet au

responsable de connaître l’état d’avancement du programme dont il a la charge et pour lequel il s’est

engagé à atteindre un ou plusieurs objectifs annuels.

Destiné à suivre pas à pas les réalisations et à effectuer les adaptations nécessaires au fur et

à mesure des événements, le tableau de bord est centré sur les points-clés des processus à l’œuvre.

C’est-à-dire sur la réalisation des objectifs; les points critiques susceptibles de freiner ou de perturber

l’activité et, par là, la réalisation des objectifs et l’état des leviers de commande disponibles pour,

éventuellement, réorienter l’action ou faire face à une situation particulière1.

Pour ce faire, le tableau de bord n’a pas à fournir une vision complète et détaillée du

dispositif en place car les états comptables, les comptes rendus et les rapports d’activité

remplissent déjà cette mission. Il ne doit pas non plus être assimilé à un rapport statistique ou un rapport

d’inspection.

Un tableau de bord doit être concis, imagé, rapidement lisible, et dont les principaux

éléments sont2 :

- Le titre, le champ couvert, la période, le destinataire, l’émetteur, les sources, la date ;

- Les indicateurs de performance relatifs aux objectifs, issus du contrat de gestion, mesurés

pour la période considérée et accompagnés de pictogrammes servant de «clignotants» ;

1COLLANGE.G, DEMANGEL. P, POINSARD. R : Guide Méthodologique du Suivi de la Performance, op.cit.

2Idem

117

- Un graphique montrant l’évolution de l’activité, du taux d’engagement des crédits, des

moyens utilisés, .... , et comparant cette évolution avec le cheminement théorique ou bien avec

l’évolution constatée durant l’année de référence ;

- Les illustrations éventuelles ;

- Le commentaire clair et précis de l’émetteur sur la situation, l’atteinte des objectifs, les

menaces, les mesures à envisager.

Souvent, ce commentaire peut se résumer à une mention rapide du genre « RAS » (Rien A

Signaler) indiquant que le programme suit son cours, normalement. Parfois, lorsque la situation le

commande, le commentaire adopte un ton moins neutre.

La production du tableau de bord doit s’effectuer selon une périodicité correspondant au

rythme des événements susceptibles d’influer sur les objectifs, et à la vitesse des décisions

d’ajustement à prendre1.

Elaboré par un service pour rendre compte de la marche vers ses objectifs, le tableau de bord

constitue un instrument d’information et d’alerte dans ce service. Au titre du dialogue de gestion, il

est transmis au niveau de responsabilité supérieur pour informer ou pour alerter. et le cas échéant,

enclencher le processus de décision permettant de faire face à un aléa défavorable.

Lorsque le tableau de bord ne prévoit pas d’alerte particulière, il n’appelle pas de réponse.

En revanche, lorsqu’un risque est signalé menaçant la réalisation des objectifs et demandant une

réaction, l’autorité destinataire et détentrice d’un pouvoir de décision s’oblige à faire connaître son

avis et à réagir.

Faute de cette réaction, c’est tout l’édifice du tableau de bord qui perd de sa crédibilité. La

confiance mutuelle, indispensable dans l’établissement du contrat et dans le dialogue de gestion, peut

alors disparaître2.

Sous section 2 : L’évaluation des résultats

1Ce rythme peut être trimestriel, mensuel, ou même hebdomadaire. Naturellement, plus la fréquence est élevée, plus le

délai de production des informations est court.

2Remarque générale

Un responsable peut être destinataire de plusieurs tableaux de bord émanant d’unités ayant des fonctions différentes, ou

d’unités identiques intervenant sur des zones différentes.

Dans ce dernier cas, il peut s’avérer utile que les indicateurs de performance des tableaux de bord correspondantspuissent être agrégés afin d’alimenter le tableau de bord général

118

L'évaluation est depuis longtemps au cœur du processus de décision de l'entreprise, tant dans

sa gestion quotidienne que dans le cadre d'opérations particulières d'extension ou de vente d'actifs

(audits d'acquisition ou de cession).

Elle est pour l'entreprise le moyen de disposer, au travers de méthodes rigoureuses et

d'experts les maîtrisant, des éléments d'informations nécessaires et suffisants aptes à dégager les

risques, avantages et inconvénients des différentes opportunités qui s'offrent à elle et à dégager ainsi

la solution optimale à retenir.

Les Anglo-saxons ont été les premiers, dans les années soixante, à développer

l'enseignement des nombreuses méthodes d'évaluation et à les appliquer au monde de l'entreprise.

Cette véritable culture s'est imposée depuis les années quatre-vingt impliquant pour l'entreprise une

véritable révolution et le développement de nouvelles ressources tant en interne qu'en externe

(recours à des cabinets d'audit, de conseil stratégique ou opérationnel, d'avocats).

Dépassant le monde de l'entreprise, c'est à présent toute la sphère publique qui se trouve

touchée par le besoin impérieux d'évaluation. En effet, le développement de politiques publiques

d'envergure, la recherche d'optimisation des moyens engagés et de maîtrise budgétaire comme le

souci de plus grande transparence font de l'évaluation un enjeu essentiel de démocratie et d'efficacité

de l'action1, et ce, tel que le démontre le schéma suivant :

Figure 12: Evaluation et Mesure de la performance

§ 1 : La mesure de la performance :

1BERTRAND. A : Évaluer et accompagner la performance publique, conférence de méthode, Master affaires publiques

119

Malgré la variété des modalités envisageables pour appréhender la performance, son

absorption par le contrôle de gestion conduit à recenser trois modèles principaux qui irriguent la

littérature professionnelle et académique 1:

- Le modèle des « EEE » : Economie, Efficience, Efficacité,

- le modèle « IOO » : Inputs, Outputs, Outcomes,

- le modèle du Balanced Scorecard.

1 - Le modèle EEE

Toute organisation vise à être performante et s’attache à remplir sa mission en gérant au mieux

ses ressources. La performance peut être représentée par le triptyque Objectifs-Moyens-Résultats.

C’est dans la relation entre les trois pôles de ce triangle que se jouent l’économie, l’efficience et

l’efficacité de l’organisation tel que le schématise la figure qui suit.

Ainsi, on parle d’économie pour qualifier la relation entre les objectifs et les moyens¬

d’efficacité pour la relation entre objectifs et résultats et d’efficience pour qualifier la relation entre les

moyens et les résultats2

Figure 13 : Le triangle de la performance

- Le premier E : L’économie rapproche les objectifs des moyens et renvoie au suivi du

1BOYNE. G.A : Concepts and Indicators of Local Authority Performance: An Evaluation of the Statutory Frameworks in

England and Wales , Public Money and Management, Vol. 22, n° 2, 2002, pp.17 cité par GUENOUN. M: le management dela performance publique locale, Opcit

2DEMEESTERE.R: Le Contrôle de gestion dans le secteur public, 2ème édition, Ed LGDJ, Paris, 2005

120

coût des facteurs de production d’un service particulier sans prise en compte du résultat1. Il représente la

dimension la moins contestée de la performance.

Elle correspond à la définition des moyens nécessaires à réunir pour atteindre les objectifs

fixés et son analyse est axée sur la budgétisation, la définition de plans d’action et l’identification des

leviers de gestion. Elle mesure également, à posteriori, l’écart entre les objectifs annoncés et les moyens

mobilisés et s’associe souvent à économie pour souligner que son point focal est le coût des moyens

mobilisés.

2. Le deuxième E : L’efficacité rapproche les résultats des objectifs et le contrôle de gestion

analysera les résultats obtenus au regard des objectifs que l’organisation s’était fixés.

Les axes d’analyse visent à constater et expliquer les écarts entre le prévu et le réalisé.

Après analyse des résultats, le contrôle de gestion peut aider à définir des actions correctives pour

mieux atteindre les objectifs en fixant des seuils d’alerte ou en re-planifiant les activités.

- Le troisième E : L’efficience met en relation résultats et moyens et les finalités de

l’action sont laissées de côté. Il s’agit de savoir si l’atteinte des résultats s’est faite de manière

optimale, c’est-à-dire sans gaspillages, et l’analyse des résultats peut inciter à redimensionner les

moyens utilisés, compte tenu des résultats obtenus2.

Les axes d’analyse consistent à jouer sur la flexibilité du budget, envisager le

redéploiement du personnel ou la réorganisation des services.

2 - Le modèle Inputs-Outputs-Outcomes

Le modèle Inputs-Outputs-Outcomes fournit une gamme plus large de critères d’évaluation

de la performance organisationnelle avec une principale différence par rapport au modèle précédent

qui est la distinction entre outputs (produits, livrables) et outcomes (impacts, effets).

En effet, ce modèle décompose le résultat de l’action en deux « sous-résultats », les outcomes

sont mesurés par des indicateurs non financiers représentant les bénéfices sociaux apportés par l’action,

1BARTOLI. A : Le management dans les organisations publiques, Ed Dunod, Paris, 1997, p 82

2L’efficience est définie par les économistes de deux manières, l’efficience technique, qui renvoie au coût par unité

produites (la collecte d’une tonne de déchet, l’heure d’enseignement dans le secondaire...) et L’efficience allocative, quirenvoie au degré d’alignement des services sur les préférences des usagers. La première définition est la pluscommunément admise.

121

Les outputs désignent des niveaux d’activité sans que l’on puisse affirmer que ces productions

conduiront à des résultats de type outcome1.

Ce modèle intègre les trois éléments du modèle précédent, l’économie est incluse dans les

inputs. L’efficience est le ratio entre outputs et inputs, Les outcomes incluent l’efficacité, ainsi, ce

modèle rend explicites des dimensions de la performance qui sont au mieux implicites dans le modèle

EEE2.

Figure :14 :Le modèle Inputs-Outputs-Outcomes

Les deux modèles précédents, autorisent en principe de mêler les trois principales dimensions

théoriques de la performance3 :

1. Une approche économique, centrée sur la notion d’objectifs énoncés principalement en termes

financiers et économiques et fixés par les propriétaires et dirigeants. Cette approche

économique de la performance est la plus influente dans les organisations privées et

se traduit par la popularisation d’indicateurs mesurant principalement la valeur financière

crée pour l’actionnaire

2. Une approche sociale, qui intègre les activités nécessaires au maintien de

l’organisation. Le postulat de cette approche est que l’atteinte des objectifs sociaux permet

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

2BOYNE. G.A , Opcit

3MORIN E.M., SAVOIE A. et BEAUDIN G : L’efficacité de l’organisation. Théories, représentations et mesures, Gaëtan

Morin Éditeur, Montréal. 1994

122

d’atteindre les objectifs économiques et financiers.

3. Une approche systémique qui met l’accent sur la conciliation des approches

précédentes et insiste sur la nécessité pour l’organisation de remplir ses objectifs sans

obérer ses moyens et ressources et sans mettre une pression indue sur ses membres

Ces deux dernières approches mettent l’accent sur les ressources internes de l’organisation et

considèrent que les employés, les compétences tangibles et intangibles contribuent aux avantages

compétitifs de l’organisation et donc indirectement à sa performance financière.

En pratique néanmoins, les organisations privilégient le plus souvent les mesures

économiques, financières et d’outputs .celles-ci sont les plus faciles à produire (Malleret, 1999). Elles

reposent sur la collecte de données présentes dans les systèmes d’informations mêmes les plus

sommaires de l’organisation. En sus de cette facilité d’accès aux informations comptables et productives,

la montée en puissance du capitalisme financier a conduit les dirigeants à se polariser principalement

ou exclusivement sur la performance financière de l’entreprise.

En réaction à ces réductions de la notion de performance, certains auteurs insistent sur la

nécessité pour l’organisation de définir une véritable politique de la mesure de performance et de tenter «

d’équilibrer » leur système de description d’activités entre les types de mesures plutôt que d’affecter

des ressources très importantes à certaines mesures en négligeant les autres1.

C’est dans ce contexte qu’émerge le troisième modèle d’analyse de la performance, le

Balanced Scorecard développé par KAPLAN et NORTON. 2

3 – Le model Balanced Scorecard

Fort médiatisé depuis la parution de leur article publié en 1992 dans la Harvard Business

Review, l’argument fondamental de KAPLAN et NORTON consiste à affirmer que les mesures

financières ne reflètent pas la performance globale de l’entreprise et que ces mesures doivent être

complétées par d’autres types de mesures2.

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

2Idem

3 idem

123

Il ne s’agit pas d’une remise en cause du profit comme finalité de l’entreprise, mais

plutôt de la suggestion que la performance financière résulte du pilotage des différentes dimensions

de la performance.

L’autre argument fort de Kaplan et Norton, progressivement formulé, consiste à resserrer

les liens entre théorie de la performance et mesure de la performance.

En effet, voulant transformer leur outil de représentation de la performance

multidimensionnelle en dispositif global de gestion, Kaplan et Norton invitent les responsables à

développer une réflexion explicite sur les liens entre mesure et management.

En effet, les différents axes de performance doivent être articulés au sein d’une chaîne de

causalité et servent à identifier les leviers d’action qui influenceront la performance financière.

L’objectif est donc de rééquilibrer l’approche traditionnelle de la performance en

ajoutant, à l’axe de la performance financière, trois autres axes qui rendent compte des autres

dimensions de la performance1 :

- un axe « clients » : avec 5 mesures génériques, la part de marché, la satisfaction et la

fidélité des clients, le nombre de nouveaux clients ou encore le taux de rentabilité par segment

- un axe « processus internes » : dont l’objectif est de prendre en compte l’ensemble des

processus internes avec une attention particulière pour l’innovation, le service après-vente et la

production.

- un axe « apprentissage organisationnel » : considéré comme l’axe des moyens qui

permettent d’atteindre les objectifs des trois axes précédents, il est l’axe sur lequel les systèmes de

pilotage sont les plus sommaires.

Kaplan et Norton proposent de mesurer la satisfaction et la motivation des salariés, la

productivité du travail en mesurant la part de chiffre d’affaire par salarié, la fidélité des salariés en

mesurant le turnover, la capacité des systèmes d’information.

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

124

Ce modèle a connu un succès rapide et spectaculaire tant auprès des organisations publiques

que privées, dans le secteur public Le BSC est très utilisé dans les pays nordiques, mais aussi au

Canada ou aux États- Unis où près de 60 % des administrations sont concernées 1.

Les différents modèles présentés se distinguent donc de deux manières.D’une part, sur

l’importance accordée aux effets de l’action D’autre part sur la volonté active ou non d’atténuer

l’influence des approches financière ou budgétaire de la performance.

Après avoir présenté ces modèles, il convient d’interroger comment le concept de performance

et les dispositifs qui l’accompagnent s’acclimatent au secteur public.

§ 2 : La mesure de la performance dans le secteur public

La performance constituant un changement dans lequel la valeur des actions publiques et

de leurs effets pouvait désormais être mise en correspondance avec les dépenses engagées, et

correspond à la diffusion d’un mode de direction finalisé, orienté vers l’atteinte des résultats, qui

constitue une révolution pour des organisations traditionnellement régulées sur la base de leur

conformité aux normes juridiques.2

Cependant, l’émergence d’une promesse de performance dans le secteur public signale

l’affaiblissement de la frontière public/privé et la perte de singularité des organisati ons publiques

désormais soumises aux mêmes principes de gestion finalisée.

Pourtant, si le concept de performance et les outils qui l’accompagnent dérivent effectivement

de la sphère marchande vers la sphère publique, leur consécration au sein de cet envi ronnement est aussi

l’occasion de revendiquer des exigences spécifiques peu prises en compte dans la sphère privée.

Ainsi, une conception élargie de la performance prévaut dans le secteur public et implique

une adaptation des modèles de mesure.

1. Les problèmes spécifiques à la mesure de performance dans le secteur public

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

2TALBOT. C: Les paradoxes de la réforme du management public : l’expérience britannique , Revue Française

d’Administration Publique, Vol. 2-3, n° 115-116, 2003 pp. 11-24.

125

Les Systèmes de Mesure et de Pilotage de la Performance SMPP dans le secteur public ont

été très commentés. Ces discussions gravitent autour d’une question cruciale posée, celle de savoir si

les modèles développés dans le secteur privé sont transposables dans le secteur public .

Cette question génère des attitudes très contrastées allant des commentaires les plus

enthousiastes faisant du pilotage de la performance la seule solution pour la pérennité du secteur

public déjà considéré à l’unanimité en crise, aux critiques dénonçant non seulement les effets pervers

ou induits de ces dispositifs mais plus largement la philosophie libérale et l’obsession du chiffrage

que ces systèmes véhiculent fatalement.

- Les arguments favorables à la mesure de performance dans le secteur public

Deux sortes d’arguments sont généralement avancés pour justifier le recours à la mesure de

performance dans le secteur public, certains mettent en avant les qualités génériques des Systèmes de

Mesure et de Pilotage de la Performance SMPP, d’autres font ressortir des avantages particuliers des

SMPP pour le secteur public1.

Quatre qualités génériques des SMPP sont mises en avant pour justifier leur utilisation dans le

secteur public :

1) la clarification gestionnaire que permet la mesure de performance accroitre

mécaniquement la performance et les importants bénéfices provoqués par la mesure de la

performance dans le secteur privé peuvent aisément être obtenus dans le secteur public, ainsi :

- Si on ne mesure pas ses résultats, il est impossible de distinguer un succès d'un échec.

- Si vous ne pouvez identifier un succès, vous ne pouvez pas le récompenser.

- Si vous ne pouvez récompenser un succès, vous récompensez très probablement un

échec.

- Si vous ne pouvez identifier un échec, vous ne pouvez pas le corriger.

- Si vous pouvez présenter vos résultats, vous pouvez conquérir l'adhésion des usagers.

Ainsi, l’utilisation des indicateurs de performance dans le secteur public est justifiée par le

simple constat que les organisations privées utilisent des indicateurs de performance et sont plus

efficientes que les organisations publiques, et que ces dernières doivent donc y recourir.

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

126

2) la mesure de performance est censée favoriser l’apprentissage au sein de l’organisation

car elle indique ce qui fonctionne ou non et ce qui peut être amélioré.

3) La mesure de performance est censée encourager la motivation des employés en leur

donnant des incitations à être plus performant.

4) Enfin la mesure de performance est supposée favoriser l’autonomie de l’organisation (De

Bruijn, 2002).

Certains auteurs font ressortir des arguments spécifiques au secteur public pour justifier la

mesure des performances.

L’argument fondamental est la dimension démocratique de la mesure de la performance

permettant aux représentants des citoyens en renforçant les pouvoir du parlement en matière budgétaire

et de mettre sous pression les organisations publiques et de donner un droit à l’information aux citoyens.

Dans cette perspective, la mesure de la performance est censée améliorer les choix des

consommateurs de services publics ou son usager ce qui permet l’émergence d’une nouvelle notion

qui était méconnue au sein du service public qui est la qualité.

À contrario, si les SMPP centrés sur les extrants peuvent conduire à des effets pervers, la

renonciation à la mesure de la performance induirait le retour à une logique bureaucratique centrée sur

les moyens et tout aussi inattentive aux effets des actions menées.

Le recours à des justifications tantôt génériques, tantôt spécifiques à la mesure des

performances dans le secteur public peut fournir des indices sur le degré de prégnance du modèle de

l’entreprise sur les responsables du secteur public.

- Les arguments défavorables à la mesure des performances dans le secteur public

Deux sortes d’arguments défavorables au développement de la mesure de la performance dans

le secteur public sont avancées.Certains relatifs aux organisations publiques elles-mêmes. D’autres

relatifs aux Systèmes de Mesure et de Pilotage de la Performance SMPP.

Tout d’abord, la complexité des organisations publiques limiterait la capacité à produire et

exploiter les informations relatives à la performance, Cette complexité s’enracine dans la grande taille

127

des organisations publiques, leurs finalités multiples, le caractère non répétitif des tâches (d’où une

complexité de variété), les problèmes de qualification de la main d’œuvre, le poids déterminant

de la main d’œuvre parmi les ressources organisationnelles et le caractère essentiellement indirect

des coûts1.

Parmi cette liste de caractéristiques propres aux organisations publiques qui impactent la

performance des SMPP, deux éléments sont considérés comme particulièrement importants. on peut

citer les finalités multiples des organisations publiques et la variété de leur parties prenantes.

A l’inverse du secteur privé, le secteur public ne recherche pas seulement le profit mais plus

largement à préserver le bien-être de la population, autrement dit, l’utilité publique.

Cette finalité se situe donc à l’extérieur de l’organisation et doit couvrir l’ensemble des intérêts de

la population. Or, ces intérêts sont très différenciés et impliquent une grande variété d’objectifs que les

valorisations actionnariales ou commerciales ne permettent pas d’apprécier correctement.

A cette complexité s’ajoutent les éléments d’histoire et de culture administrative.

L’utilisation des informations sur le rendement dans les administrations est marquée par une culture

du centralisme, voulant qu’une large partie du temps de traitement et d’analyse des informations fût

dédiée par les managers opérationnels à la rédaction de rapports à l’intention des organismes

centraux non opérationnels. Le management de la performance dans le secteur public accuse cinq

principales critiques:

1° le management de la performance est théoriquement intéressant, mais difficile à mettre en

œuvre.

2° La croyance que l’attention portée à la performance conduit à une meilleure

performance repose sur une hypothèse où la qualité des informations détermine la qualité

décisionnelle.

3° La variété de concepts associés à la mesure de la performance cumulée à leur variété

sémantique provoque une confusion sur ce qu’est la mesure de la performance.

4° L’absence de consensus sur les critères de mesure de la performance la confusion

sémantique est renforcée par l’absence de consensus sur la méthode à adopter pour mesurer la

1BURLAUD. A : Les méthodes et les outils du contrôle de gestion à l’épreuve de la diversité des organisations, Séminaire

CEFAG-FNEGE. 1995

128

performance.

5° Les effets inattendus et la rationalité limitée du management de la performance car les

indicateurs de performance ne peuvent refléter la variété et la complexité des activités

publiques, voire, la quantité d’indicateurs produits rendrait l’information illisible.

Les principaux effets pervers recensés dans la mesure de performance sont1 :

- Un comportement paradoxal : l’organisation se comporte en fonction de ce qui est

mesuré plutôt qu’en fonction de ce qui est important, car ces données collectées servent à l’allocation de

ressources administratives (en personnel et financières) et à la récompense individuelle des

fonctionnaires.

- Un frein à l’innovation : une organisation publique n’a qu’à optimiser la production

des éléments mesurés pour recueillir les récompenses.

- L’écrémage ou la sélection : l’organisme sélectionne soigneusement les intrants les plus

aptes à accroître sa performance sur le plan des « extrants ».

- Le camouflage de la performance réelle: à mesure que l’information sur la

performance gravit les échelons d’une organisation, on la regroupe et on établit des moyennes.

Cette façon de procéder peut faire en sorte que la performance réelle n’atteigne pas la haute

direction.

- Le « mythe » de la fiabilité: plus l’écart entre le moment où l’information est collectée et

celui où elle est utilisée est important, plus l’utilisateur se fiera à cette information

- La disparition de la responsabilité: les produits et les services publics supposent des

compromis entre différentes valeurs qualitatives et quantitatives. Le danger de trop mettre l’emphase

sur les mesures quantitatives comme indicateurs des valeurs qualitatives existe.

- La reconstruction de structures traditionnelles: quand une organisation ou une partie

d’une organisation est en concurrence avec d’autres organisations pour cueillir les fruits de la haute

performance, elle a tendance à éviter les relations de collaboration.

- La manipulation de la réalité : les organisations performantes sont dotées de structures

qui leur permettent justement de collecter de l’information probante.

1HUGHES. M : Mesurer la performance des services publics, In Télescope, Vol. 12, n°3, automne, 2006, pp. 55-72.

129

Cette forme de logique circulaire est présente dans le processus d’évaluation approfondie de

la performance. A ce titre, on peut s’attendre à ce que les concepts et modèles d’analyse développés

opèrent une transposition simple du privé vers le public. Or la réalité est plus subtile, dans la mesure

où la transposition des modèles d’analyses de la performance à été l’occasion d’une modification

de ces modèles.

2 - L’adaptation des modèles de mesure

Afin de faciliter l’insertion et l’appropriation des systèmes de mesure et de management de la

performance explicitement dérivés du secteur privé, leurs promoteurs ont paradoxalement insisté sur

la nécessité d’élargir les critères d’analyse de la performance dans le secteur public.

Cet élargissement des critères d’analyses repose principalement sur :

- l’importance accordée à la mesure de la qualité des produits ou services délivrés,

- l’alignement des mesures de performance sur les objectifs de multiples parties prenantes,

- la prise en compte des finalités spécifiques au secteur public, de ses divergences culturelles

et structurelles.

- L’adaptation du modèle EEE

Ce modèle décompose la performance en trois composantes complémentaires, économie,

efficience et efficacité. Deux formes d’adaptation du modèle sont identifiables. D’une part, une

réadaptation des composantes de la performance. D’autre part, son intégration dans un modèle plus

large.

- La réadaptation des composantes de la performance passe principalement par la substitution

de la pertinence à l’économie. En effet, la recherche d’économies est le premier facteur explicatif

du développement de systèmes de mesure et de management de la performance dans le secteur

public.

En effet, dans un contexte de crise des finances publiques, il apparaît difficile de critiquer

une tentative de diminution du coût des facteurs de production.1.

Plus généralement, le niveau de dépenses permet difficilement d’apprécier la performance

d’une organisation puisqu’un niveau de dépense faible ou élevé n’indique rien sur le niveau de qualité

du service1.

1ROCHET. C : Une seule flèche pour deux cibles : le pari ambitieux de la réforme budgétaire en France , Management

International, Vol. 9, n° 1, 2004, pp. 85-98.

130

Ainsi, une solution pour faciliter l’acceptation des systèmes de mesure et de pilotage de la

performance a consisté à mettre en retrait la dimension économique de la performance pour insister

sur l’analyse de la pertinence des actions menées2.

La pertinence est un concept plus large que celui d’économie et, si les deux concepts ont en

commun de promouvoir une logique d’optimisation des moyens utilisés en vue des objectifs

recherchés, la pertinence renvoie à une conception plus organisationnelle de la performance, tandis

que l’économie renvoie à une conception plus financière ou comptable3.

- L’autre aménagement du modèle EEE, consiste à le considérer comme une composante

d’un modèle plus large de la performance publique. Cela suggère que l’intégration de ce modèle

dans le secteur public suppose justement d’ajouter un axe public à l’analyse de la performance4.

L’intégration de cet axe articule la démarche de contrôle de gestion à celle de l’évaluation

des politiques publiques et vise à intégrer les finalités externes des organisations publiques dans

l’appréciation de la performance publique.

Ce modèle suppose donc de mesurer le degré de cohérence entre les objectifs formulés par les

décideurs publics et les attentes du public (axe 1) et de mesurer la satisfaction du public quant aux

résultats des actions publiques (axe 2).

Figure : 15 Contrôle de gestion et évaluation des politiques publiques

1Idem

2HUGHES. M, Op.cit.

3 3HUGHES. M, Op.cit.

4DUPUIS. J : Le contrôle de gestion dans les organisations publiques, Presses Universitaires de France, Paris, 1991.

131

Légende :1 Attente 2 Satisfaction 3 Efficience 4 Pertinence 5 Efficacité 6 Cohérence - - - - Limitede zone

Une particularité supplémentaire est constituée par la complexité du concept de « public» des

organisations publiques. L’acteur avec lequel interagissent les organisations publiques est porteur de

différentes rationalités porteuses de conceptions différentes de la valeur produite par les organisations

publiques1.

L’acteur selon qu’il se considère (ou qu’il soit définit par l’organisation) comme client,

usager, électeur, administré, citoyen, contribuable, a des critères de performance différenciés et

implique la production d’informations différentes.

En définitive, les adaptations apportées au modèle EEE dans le secteur public consistent à

relativiser l’importance de la dimension économique et à le situer dans un ensemble plus large où la

prise en compte des attentes et perceptions du public constitue en soi une dimension de la performance.

- L’adaptation du modèle I-O-O

1VILLENEUVE. J-P: Citizen’s Conceptual Expectations and Organisational Performance », Communication à la Conférence

Annuelle de l ’EGPA, Madrid, Espagne, 19-22 septembre 2007, cité par GUENOUN. M: le management de la performancepublique locale, Op.cit.

132

Le modèle Inputs-Outputs-Outcomes est le principal modèle utilisé par les administrations

publiques des pays anglo-saxons1 et son adaptation consiste principalement à préciser la notion

d’Outcomes.

Les Outcomes renvoient aux impacts, effets ou plus globalement aux résultats finaux de l’action

publique sur son environnement, par opposition à ce qu’elle produit (outputs).

Concrètement, la notion d’outcomes renvoie à la distinction des deux fonctions des

organisations publiques La première transforme des entrants (personnel, matériel, budget, système

d’information) en réalisations (délivrance de prestations publiques). La seconde qui combine ces

réalisations et subit des effets externes pour donner naissance à l'impact2.

Ainsi, l’évaluation des effets de la production sur le contexte est un impératif, du fait que

l’essence même de l’organisation publique est d’aménager l’environnement dans l’intérêt des

citoyens.

Toutefois, cette approche a été critiquée par la présentation de quatre facteurs :

- L'impact est pluridimensionnel car une même réalisation a des impacts dans des domaines

très différents.

- L’impact est complexe car il est difficile d'attribuer aux effets des réalisations et aux

effets externes leurs parts respectives.

- L'impact ne peut se mesurer par rapport à un état neutre, car celui- ci est inconnu.

- L'impact est dilué dans le temps car l'effet ne peut être isolé d'une réalisation.

Dans cette perspective, les différents modèles d’analyse de la performance publique, qu’ils

soient issus de la pratique professionnelle ou de la recherche académique préconisent d’ajouter des

indicateurs de résultat final direct ou indirect3.

En fait, la distinction outputs/outcomes renvoie à une autre ligne de partage entre secteurs

public et privé. Il s’agit celle de l’importance accordée respectivement à la quantification et à la

1TALBOT. C, Op.cit., p 507

2Idem

3À ce titre, on peut citer l’exemple de la LOLF française car elle affiche dans son texte le même souci en promouvant le

développement d’indicateurs mesurant non pas ce que fait l’administration (ses produits), mais l’impact socio-économique de ce qu’elle fait (ses résultats) et d’indicateurs mesurant l'aptitude du service à satisfaire son bénéficiaire.

133

qualification, sachant que les cadres du secteur privé ont une grande capacité à produire des chiffres, à

les mettre en rapport et les « faire parler » ; tandis que, pour les cadres du public, la capacité à

s'interroger sur les missions, leur chaînage, les effets qualitatifs, à jouer sur le verbe est manifeste1.

La distinction entre outputs et outcomes étant acceptée, la question centrale devient celle de

leur articulation, et le paradoxe posé repose sur le fait que production et finalités sont tous deux

constitutifs de la valeur publique, et que la focalisation sur un seul de ces aspects peut conduire à des

dysfonctionnements.

En conclusion des adaptations du modèle IOO au secteur public, il convient de présenter le

modèle proposé par BOUCKAERT2 qui étend remarquablement le modèle IOO pour y intégrer la

complexité de la performance du secteur public. Ce modèle permet d’intégrer les modèles EEE et IOO,

tout en mettant en avant les spécificités du secteur public.

Tout d’abord, la notion d’outcomes y est précisée de manière originale . Il distingue les effets des

actions publiques et la confiance envers le secteur public et ces deux types d’outcomes (effets et

confiance) fondent la complexité de la mesure de la performance dans le secteur public3. D’une part, ils

sont le fruit des activités complémentaires de plusieurs organismes et sont difficiles à mesurer au niveau

d’une organisation, et d’autre part, une grande quantité de facteurs politiques, sociologiques et

environnementaux influencent tant les effets des actions publiques que la confiance envers le secteur public,

ce qui perturbe l’analyse des relations entre outputs et outcomes.

- L’adaptation du BSC

La plupart des traits distinctifs du BSC vis-à-vis des autres modèles d’analyses de la

performance semble le rendre très compatible avec les spécificités du secteur public.

L’importance accordée à l’articulation d’indicateurs financiers et non financiers est très

compatible avec le principe selon lequel les organisations publiques ne recherchent pas

principalement le profit.

1GIBERT. P : Mesure sur Mesure , In Politique et Management Publics, Vol. 18, n° 4, 2000, p. 63.

2GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

3GUENOUN. M, Op.cit.

134

D’autre part, son ambition d’aligner les indicateurs sur les intérêts de plusieurs parties prenantes

(clients, actionnaires et employés) correspond à la multiplicité des bénéficiaires de l’action publique.

Ainsi, le BSC a pu être considéré comme une concession minimale des organisations

publiques à l’injonction de mesurer leur performance.

Néanmoins, deux caractéristiques du BSC limitent sa transposition dans le secteur public, sa

faible flexibilité et l’absence de prise en compte de la dimension politique.

Concernant la flexibilité du BSC, sa structure standard en quatre parties permet la prise en

compte d’objectifs stratégiques spécifiques1. Ainsi, soit le modèle du BSC évince la stratégie de

l’organisation, soit les objectifs stratégiques doivent déterminer la charpente du BSC.

Aujourd'hui, la tendance va vers l’idée que les organisations publiques devraient placer au

sommet de leur BSC un objectif global qui représente leurs objectifs à long terme ce qui amène un

assouplissement du modèle du BSC.

Concernant l’absence de prise en compte de la dimension politique, plusieurs critiques

indiquent que l’arborescence causes-effets supposée est irréalisable dans le secteur public, en raison

de la complexité de ses objectifs2.

Ainsi, afin de faciliter la transposition du BSC dans le secteur public, certains auteurs

proposent des aménagements plus profonds tel que MOULLIN qui développe un Public Sector

Scorecard (PSS) spécifique au secteur public censé donner un cadre global de mesure de la

performance et d’amélioration du service, adaptant le BSC à la culture et aux valeurs des secteurs

public3.

L’adaptation du modèle consiste à ajouter une nouvelle dimension de la performance, l’axe

« usagers/parties prenantes » qui suppose de mesurer la perception du service par les usagers et leur

satisfaction, par conséquent, le PSS comprend donc 5 axes.

1LORINO. P: Méthodes et pratiques de la performance, 3

èmeédition, Ed d’Organisation, Paris, 2003, p. 146.

2LORINO. P: Méthodes et pratiques de la performance, 3

èmeédition, Ed d’Organisation, Paris, 2003, p. 146.

3 LORINO. P: Méthodes et pratiques de la performance, 3ème

édition, Ed d’Organisation, Paris, 2003, p. 146.

135

L’élément clé de ce modèle est d’intégrer les usagers ou parties prenantes dans le processus

de formulation des objectifs.

L’objectif est d’aligner stratégie, processus et mesure de la performance sur les besoins et

attentes des usagers directs des autres parties prenantes, alors que le BSC traditionnel cherche seulement

à assurer la cohérence entre les différents axes de performance. Le PSS entend transcender les

frontières de l’organisation en invitant les représentants d’autres organisations partenaires, et d’autres

groupes de référence au sein du comité de pilotage du PSS.

La carte stratégique élaborée dans le cadre du PSS est également sensiblement différente

du BSC générique dans la mesure où les participants sont invités à réfléchir aux effets désirés de

l’action et à identifier les principaux facteurs de risque. Ainsi, l’élargissement du BSC en 5 axes repose

sur l’idée de s’en servir comme support de la relation aux parties prenantes se retrouvent dans la

plupart des adaptations du BSC au secteur public.

Le postulat commun de ces adaptations est donc que les frontières entre organisations

publiques et environnement doivent s’effacer et que la participation des parties prenantes à la conception

des indicateurs et un moyen de construire ces liens1.

Conclusion du chapitre 2

En conclusion, il est important de revenir sur la nature et l’ampleur du mouvement en cours

visant à instaurer le suivi de la performance des services publics en liaison avec le système budgétaire.

D’abord, sous des formes diverses et avec des libellés variables, mais à partir de fondements

remarquablement identiques, ce mouvement s’observe aujourd’hui dans de nombreux pays. Depuis une

vingtaine d’années, l’augmentation de la contrainte budgétaire a conduit plus des deux-tiers des pays

membres de l’OCDE à mesurer la performance de l’action publique et à introduire dans leurs

documents budgétaires des objectifs et indicateurs de résultats cherchant à évaluer l’efficacité des

actions financées et de leurs services publics.

Ainsi, le besoin d’améliorer le volume et la qualité des services publics tout en maîtrisant la

ressource consommée s’est fait ressentir presque partout, au sein des organisations gouvernementales,

au sein des organismes autonomes travaillant pour le service public, comme au sein des gouvernements

locaux (États, régions, villes).

1GUENOUN. M: le management de la performance publique locale, Op.cit.

136

De la même façon, on observe dans un grand nombre de pays hors OCDE des programmes de

réforme budgétaire privilégiant la logique de résultats sur la logique de moyens.

Les principes de base de cette évolution sont simples à énoncer :

examiner le service rendu avant de raisonner sur les moyens à consommer ;

responsabiliser (tous) les acteurs (du service) en fixant avec eux les cibles à atteindre, en

quantité, en qualité et en gestion économe des ressources, tout en leur laissant une autonomie

d’initiative et de gestion plus large ;

échanger les informations sur le résultat atteint et le résultat visé avec les autorités

compétentes, avec les agents concernés et avec un large public ;

mesurer l’écart entre le résultat atteint et le résultat prévu ;

par ce moyen, éclairer les décisions stratégiques et budgétaires ;

piloter l’action au jour le jour en fonction de la performance à atteindre.

La mise en place de ces réformes dispose déjà d’un peu de recul, ce qui autorise à tirer des

leçons encourageantes. Ainsi, diriger le service en terme de performance, amène un regard fort sur

l’avenir du service, clarifie ce qui est important pour lui et, par suite, clarifie ce qui l’est moins ;

améliore effectivement la performance des programmes, déjà par l’abandon des activités qui ne

contribuent pas à la réalisation des objectifs fixés, également par des gains de productivité et, aussi, par

la diffusion des innovations (grâce au benchmarking) et participe, par le recentrage, à la simplification

des dispositifs administratifs ;

Aussi, il contribue à une ouverture vers l’extérieur et à l’écoute de la population à servir, à

l’écoute de l’usager en suscitant un dialogue positif (non plus en terme de rapport de forces) entre les

instances concernées par une même mission. Ceci implique les multiples « niveaux » administratifs,

depuis le terrain, depuis l’établissement, jusqu’aux décideurs politiques ;

De même, il répond aux demandes du public visant à mieux connaître et comprendre le

fonctionnement et l’apport des administrations. Il justifie de manière plus convaincante les ressources

qui sont prélevées sur les contribuables et permet aux agents engagés dans l’action de se situer

personnellement par rapport aux buts et aux objectifs de leur organisme en apportant aux décideurs

politiques et aux législateurs, une connaissance plus équilibrée de la réalité sur laquelle ils

interviennent.

137

Au passage, les difficultés sont identifiées. L’ampleur des changements à réaliser impose de

procéder de manière progressive. Il s’agit de tenir compte de la capacité du vaste milieu impliqué dans

de telles réformes à supporter un véritable bouleversement de sa culture administrative.

Le dialogue et la négociation constituent aussi des points de passage obligés, de sorte que le

suivi de la performance s’installe sur la base d’une large adhésion de tous ceux qui le font fonctionner

et l’utilisent.

138

Chapitre 3 : La douane algérienne et l’impératif de performance

Introduction :

Au terme des transformations économiques qu’a connu l’Algérie au début des années 90, le

pays s'est retrouvé dans un état tel qu'il n'a eu d'autre choix que de traiter avec le FMI et les bailleurs de

fonds afin de re-profiler la dette extérieure, mais aussi d'ouvrir le pays au marché international et

d'adhérer à l'Organisation Mondiale du commerce (OMC), ce qui implique, naturellement, d'en

respecter les règles.

Cette libéralisation a eu d'énormes conséquences, tant pour les entreprises privées - contraintes

d'accroître considérablement leur compétitivité - que pour le secteur public, la douane en particulier -

condamné à se restructurer.

A la croisée des chemins, la douane risquerait la marginalisation si elle ne remplissait pas un

certain nombre de conditions qui se rapportent à son rôle économique en accompagnant les entreprises

et les investisseurs par des mesures de facilitations de la réglementation, des procédures et des pratiques

douanières, par la participation à la sécurité de la santé humaine et animale, au contrôle de la qualité et

des normes de fabrication, à la protection de l’environnement.

La douane devait également garantir à l’État de disposer d’un système d’information

performant lui permettant, ainsi qu’aux opérateurs et investisseurs, une prise de décision sans risque, de

veiller à la neutralité des mécanismes douaniers et fiscaux et d’assurer la transparence dans son action.

C’est ainsi que le programme de réforme et de modernisation a été élaboré. Le programme

vise l’adaptation des moyens de toutes natures et des missions de l’institution douanière, la révision des

méthodes de gestion et de l'ensemble des mécanismes d'action et de contrôle douanier en rapport avec

le nouvel environnement tout en tenant compte de la complexité et de la célérité qui caractérisent de

plus en plus les opérations du commerce international.

En effet, devant les évolutions intervenues dans la sphère économique au niveau international

et particulièrement celles subies au niveau national, l’administration des douanes, consciente des défis

et enjeux, s’est proposée de lancer un programme ambitieux de modernisation 2007-2010 en vue de lui

garantir à terme le succès grâce à des systèmes modernes de gestion et de pilotage. Ce choix est

commandé par le souci majeur de remédier définitivement aux dysfonctionnements qui handicapent son

évolution.

A cet effet, la douane ouvrira de nouveaux chantiers qui sont à la fois prioritaires et

structurants constituant la feuille de route de l’administration des douanes et permettront l’élaboration

d’un panel d’indices de performance, et plus tard des cahiers de charges à mettre à la charge des

responsables des services extérieurs.

139

L’administration des douanes vise à travers ces programmes à concilier la facilitation

douanière et le contrôle efficace et efficient des opérations du commerce extérieur. Pour ce faire, il est

nécessaire qu’une politique de conduite des changements soit envisagée. Celle-ci peut être élaborée en

interne, et consolidée par l’expertise internationale.

Aussi le recours à la réalisation d’actions ciblées par des entités externalisées est un gage de

réussite et d’efficacité.

La mise en œuvre du cadre des normes après avoir remplis les prés requis y afférents, et la

promotion de plateforme de concertation avec les entreprises constituent des axes importants qui

inspirent les changements.

Cependant, les actions stratégiques de modernisation nécessitent le soutien des pouvoirs

publics par l’allocation à l’administration des douanes des moyens matériels et financiers1nécessaires ;

de même qu’une meilleure collaboration avec les différents intervenants en matière du commerce

international et de lutte contre la fraude.

Ce chapitre du travail qualifié donc de pratique par rapport a ce qui a précédé, se penchera sur

la démarche « performance » considérée dans le discours public de la douane algérienne comme le

noyau autour duquel a été construit le chantier de reformes et le nouvel impératif du label d’excellence.

D’un point de vu académique, et ce en, identifiant les outils théoriques adoptés ou adaptés lors de cette

démarche et la rigueur méthodologique accompagnant ce processus nous pouvons construire les

jugements scientifiques quant aux résultats obtenus et communiqués par cette institution.

Cependant, cette prospection académique nécessite de se familiariser avec son objet technique

(Section 1) pour suivre les pas de cette ambitieuse démarche mettant en avant la consécration de

l’impératif de performance (Section 2) et en consolider les résultats (Section 3).

1Evaluation statistique des budgets d’équipement et de fonctionnement de la douane par rapport à ses ressources budgétaires

(période de 2001 à 2006) reprise en annexe I au présent programme.

140

Section 1 : la douane : administration publique à vocation économique

Le phénomène douanier est fortement lié au développement des structures de l'État dont la

politique douanière est traditionnellement une des missions régaliennes, au même titre que la politique

étrangère, ce qui témoigne de l'universalité du phénomène douanier.

Sous section 1 : le champ d’intervention de la douane

Toute politique douanière repose sur un parti pris économique sous-jacent. Ces conceptions

ont subi une évolution radicale au cours de l'Histoire, marquée par des phases de protectionnisme plus

ou moins aigu et aboutissant à une généralisation du libre échange.

Actuellement, la politique douanière des États et autres entités participant au commerce

mondial est étroitement encadrée par des organisations internationales et régionales1.

§ 1 : l’environnement de la douane

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, il a été indispensable de reconstruire les

relations économiques internationales sur des bases nouvelles, fondées sur la coopération

internationale. Sous l'impulsion des États-Unis et sous l'égide de l'ONU, diverses organisations

internationales sont donc mises en place dans les domaines financier et économique2.

Au plan douanier, en revanche, c'est le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT),

négocié en dehors des Nations Unies, et signé le 30 octobre 1947, qui va concrétiser la volonté

d'inscrire les échanges internationaux de marchandises dans une perspective libérale.

*Les organisations internationales

La douane algérienne agit dans un environnement caractérisé par l’existence d’un certain

nombre d’organisations internationales qui fixent les règles du jeu du commerce international et en

définissent la portée.

1Dr. NATAREL Elizabeth : le rôle de la douane dans les relations commerciales internationales, coll Droit Douanier, Ed

ITCIS, Alger, 20072

Fonds Monétaire International (FMI), Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD),Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), Organisation de Coopération et deDéveloppement Économique (OCDE), les instruments d'un nouvel ordre économique institutionnalisent la recherche d'unéquilibre entre les pays membres et l'élargissement du commerce mondial sur une base multilatérale et nondiscriminatoire.

141

Il s’agit principalement de l’OMC qui représente un acteur capital du commerce mondial

même pour un pays qui n’en est pas encore membre comme l’Algérie et qui agit activement dans ce

sens.

-L'Organisation Mondiale des Douanes

L'Organisation Mondiale des Douanes est une organisation internationale dont la mission

essentielle consiste à encourager la coopération entre les administrations des Etats signataires en

matière de commerce international. Elle œuvre notamment à l'harmonisation des systèmes et

procédures douanières des 170 pays membres dont l’Algérie depuis 1966

L'apport de cette instance, qui compte à son actif l'élaboration et la gestion des multiples

conventions indispensables à la pacification et au développement harmonieux du commerce mondial,

n'est plus à démontrer.

Parmi ces conventions qui permettent aux différents partenaires commerciaux de parler une

sorte de langage commun, il y a lieu de citer par ordre d’importance :

- la Convention internationale sur le Système Harmonisé de désignation et de codification des

marchandises (SH), système de codification numérique qui s'efforce de classer, à des fins douanières,

que l’Algérie a adopté le 24 octobre 1991 pour sa mise en œuvre en 1992 en veillant à la mise à jour de

son tarif national (décliné) selon ses amendements périodiques.

- la Convention de Kyoto pour la simplification et l'harmonisation des procédures

douanières, signée le 18 mai 1973 et entrée en vigueur le 25 septembre 1974. Elle encourage la

facilitation des échanges et l'efficacité des contrôles grâce à l'adoption de dispositions légales claires,

détaillées et simples en matière de régimes douaniers et que l’Algérie a ratifié même sa version révisée

en 2000 .

Même si leurs approches sont différentes, OMC et OMD poursuivent chacune des objectifs

dont la finalité est douanière. Leur action, complémentaire, les conduit donc à travailler en

collaboration. C'est ainsi que l'OMD peut se voir confier la gestion de certains accords négociés dans le

cadre du GATT/OMC1, tel est le cas, par exemple, de la convention sur l'évaluation en douane,

convention capitale pour la détermination de l'assiette des droits de douane et fondée sur la valeur

transactionnelle des marchandises importées2.

1Dr. NATAREL Elizabeth, OpCit

2Adopté par la legislation algerienne en vertu de l’artcile 16 du code des douanes algerien.

142

Sans souci d'exhaustivité, il convient néanmoins de citer d'autres institutions internationales,

dont l'objet n'est pas spécifiquement douanier, mais qui participent cependant à la définition et à

l'élaboration des règles du commerce mondial.

C'est dans le cadre de la CNUCED, organe subsidiaire des Nations-Unies prônant l'idée d'un

nouvel ordre économique mondial fondé sur des relations plus équitables, qu'a été conçu le système dit

des « Préférences généralisées », abaissement unilatéral des droits de douane sur certains produits

originaires de pays en développement.

Enfin et bien qu'elle soit une institution de coopération régionale, on mentionnera également la

Commission économique pour l'Europe des Nations Unies pour son rôle dans la facilitation des

échanges. C'est à elle que l'on doit notamment l'importante convention sur le Transit International

Routier permettant l'allégement des contrôles douaniers lors du passage des frontières.

Dans le même temps que s'institutionnalisait la progression vers le libre-échange,

l'élargissement du commerce mondial sur la base du multilatéralisme et de la non-discrimination

relançait les phénomènes de regroupement économique régional1.

- Les organisations d'intégration régionale

Dans le système du GATT, l'intégration économique régionale, en ce qu'elle implique

l'instauration de liens préférentiels entre les États qui la composent, devrait théoriquement être

proscrite. Tel n’est évidemment pas le cas. L'Accord Général admet, et même encourage, ces

intégrations pour autant qu'elles aient pour objet « de faciliter le commerce entre les territoires

constitutifs et non d'opposer des obstacles au commerce d'autres parties contractantes avec ces

territoires »2 (art. XXIV, §4).

Pour être valablement qualifié d'union douanière, au sens du droit de l'OMC, un accord

commercial doit donc satisfaire à deux critères. Sur le plan interne, il doit prévoir l'élimination des

droits de douane et autres réglementations commerciales restrictives et, sur le plan externe, l'intégration

doit se traduire par l'élaboration d'un tarif extérieur commun et d'une politique commerciale commune à

l'égard des pays tiers. Pour le cas de l’Algérie, elle est partie prenante dans l’accord de l’Union du

Maghreb Arabe UMA qui se trouve gelé pour des raisons politico-sécuritaires.Celle-ci ne comporte

1Dr. NATAREL Elizabeth, op cit

2Cependant, cette dérogation au principe de la clause de la nation la plus favorisée ne peut se concevoir que sous réserve

de remplir certaines conditions et de revêtir l'une des deux formes licites : l'union douanière ou la zone de libre-échange.L'article XXIV en fournit, pour la première fois, une définition juridique très précise.

143

donc qu'un volet interne, ce qui est valable pour la Grande Zone Arabe de Libre Échange entrée en

vigueur en Algérie le 1er janvier 2009

§ 2 : les missions de la douane

De même que la spécificité de son environnement, la douane se caractérise par un

particularisme dans ses missions qui peut devenir contraignant pour une étude de management public

au sens restreint, nécessitant ainsi une largeur d’esprit et un chercheur averti par rapport à cette donnée.

Administration fiscale, la Douane est en effet, avant tout, chargée du recouvrement des

impositions de toutes sortes qui frappent les marchandises, notamment des droits de douane,

instruments privilégiés de cette protection.

A côté de cette mission fiscale, ses politiques douanières ont, d'autre part, toujours cherché à

faciliter le développement des activités économiques et commerciales. C'est pourquoi la douane dispose

de mécanismes spécialement conçus pour encourager les opérations liées au commerce international.

La modernisation de ces régimes économiques permet aujourd'hui à la douane d'affirmer sa

vocation de promotion des échanges internationaux, parallèlement à sa mission de surveillance.

A. La protection de l’espace économique ou la mission originelle de la douane

1. La taxation douanière

Le droit de douane représente l'outil le plus ancien de régulation des échanges économiques

internationaux. Dans son principe, il vise à combler l'écart de prix entre la production nationale et les

produits étrangers, atténuant ainsi le jeu normal de la concurrence. La taxation s'effectue lors du

dédouanement de la marchandise et le taux des droits dus est fonction de certaines caractéristiques de la

marchandise et du niveau de protection que l'on souhaite garantir.

Des travaux récents, et particulièrement ceux conduits par le Centre d'Etudes Prospectives et

d'Informations Internationales (CEPII) montrent qu’en 2001, le droit de douane moyen appliqué au

niveau mondial s'établit à 5,6% et est environ cinq fois plus élevé dans l'agriculture que dans l'industrie.

L'Inde (33,5 % de droit moyen), la Tunisie et le Maroc (plus de 20%) comptent parmi les plus

protectionnistes.

Pour le cas de l’Algérie, une prise de conscience a eu lieu dès 1992, année de la reforme

fiscale et l’adoption du système de la TVA.

144

2. La protection non tarifaire

Dans le cadre du système économique libéral issu du GATT, l'objectif poursuivi est de

parvenir à une libéralisation aussi complète que possible des échanges internationaux. Toute forme de

protectionnisme est donc, par principe, sinon prohibée du moins condamnable et le maintien de droits

de douane, seule forme licite de protection ne peut être que transitoire, la perspective demeurant un

désarmement tarifaire.

Des régimes économiques diversifiés, adaptés aux besoins des entreprises, et dont la forme la

plus libérale réside dans l'instauration de zones franches, artificiellement exclues du territoire douanier,

ont donc été imaginés puis sans cesse adaptés et perfectionnés.

*. Les régimes économiques douaniers

Cette préoccupation, prise en compte dans les techniques douanières dès le Moyen Age, s'est

traduite par l'élaboration de régimes dits « suspensifs » permettant d'échapper à la taxation douanière

dès lors que la marchandise n'était pas destinée à demeurer sur le territoire.

*. Les zones franches

Avec l'instauration des zones franches, espace clos considéré comme hors du territoire

douanier, la fiction juridique atteint son apogée. Elles représentent également, au moins en apparence,

la forme la plus aboutie du libéralisme douanier.

Sous section 2 : les moyens disponibles à l’action douanière

Devant la complexité et la diversité des acteurs qui définissent son environnement ainsi que la

particularité de ses missions, la douane algérienne se dote de moyens divers afin d’accomplir ses tache

fixées par son régime juridique interne et de répondre aux défis imposés par ses interlocuteurs externes.

La direction générale des douanes a adapté l’organisation structurelle et fonctionnelle de ses

services dès décembre 1993. Il a été procédé à la déconcentration des prérogatives de gestion douanière

et l’autonomie de gestion du budget de fonctionnement des services extérieurs territoriaux et

spécialisés.

Ainsi, un renforcement structurel a permis la création d’une école nationale des douanes,

actuellement Centre national de formation douanière, et d’une direction centrale de la formation, la

création du Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) pour le développement et la

généralisation de l’informatique, la création du Centre national d’information et de documentation

145

(CNID), la revalorisation des missions du contrôle douanier et la création d’une inspection générale des

douanes pour promouvoir le contrôle interne1.

L’organisation et l’implantation territoriales des services extérieurs ont été, quant à elles,

adaptées aux objectifs d’accompagnement du développement des collectivités territoriales, des

facilitations aux opérateurs (création de deux « ports secs » dans la wilaya d’Alger) et de la lutte contre

la contrebande.

L'organisation fonctionnelle, a permis de passer à l'étape de l'instrumentation de gestion à

travers l'élaboration et la diffusion d'un ensemble de documents de travail et de guides et manuels se

rapportant aussi bien à la gestion administrative qu'à l'acte douanier.

De nouvelles méthodes de gestion de l'institution faisant appel au management stratégique

public ont été introduites et adoptées par l'encadrement de l'administration des douanes.

- Le code des douanes et la loi tarifaire :

L’actuelle législation accorde une plus grande protection et une meilleure sécurisation pour les

intérêts et les droits des usagers et des opérateurs économiques2. La transparence, la prévisibilité des

règlements douaniers et la multiplication des voies de recours constituent, en effet, un aspect non

négligeable dans l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et d'une façon générale, du climat

d'investissement de notre pays3.

La réforme tarifaire intervenue en 2001 a mis fin à l’incohérence et à l’instabilité qui ont

caractérisé cet instrument en raison des multiples modifications intervenues depuis de longues années.

Il s’agit donc de rechercher l’harmonisation de la structure tarifaire en fonction, comme cela se

pratique ailleurs, du degré d’ouvraison des produits, de rendre plus transparent le système permettant

ainsi la prévisibilité des opérations de commerce et de diminuer les risques de fraude sur l’espèce des

marchandises.

- Les ressources humaines et la formation :

1Cf. Decret Executif No 08-63 du 24/02/2008 portant organisation et attribution de la Direction Générale des Douanes et

le Decret Executif No 08-64 du 24/02 /2008 portant organisation et attributions de l’Inspection Generale des Douanes2

Le code des douanes algrerien en phase de refonte.3

Dans cet esprit, le nouveau code des douanes revisé selon les normes internationales sera soumis prochainement àl’approbation parlementaire, et ce, apres son expertise.

146

Les actions d’assainissement de la gestion des carrières des agents des douanes qui étaient

figées pendant une très longue période et la révision des dispositions du statut particulier1 et la mise en

œuvre d'autres dispositions statutaires, ont permis à la douane de renforcer son encadrement par le

recrutement, d’un nombre très important de cadres, tous profils confondus issus des universités et des

grandes écoles.

Cet apport externe massif a permis ainsi non seulement de relever le taux d'encadrement2 mais

aussi d'opérer une régénération et une redéfinition des profils en adéquation avec l'occupation des

postes de responsabilité et de décision au sein de l'institution douanière.

Par ailleurs, le dispositif scolaire limité à la seule école de Annaba a été renforcé depuis 1994

par l'ouverture de quatre (4) écoles dotées de moyens didactiques nécessaires (deux à Ouargla, une à

Batna et une autre à Tlemcen) et la réception, en 2003, de l’Ecole supérieur d’Oran chargée de la

formation initiale, du recyclage et du perfectionnement des cadres supérieurs des douanes3.

L'administration des douanes, consciente du déterminisme existant entre l'intégrité de ses

fonctionnaires et sa crédibilité en tant qu'institution au service de l'usager, des opérateurs et de

l'économie nationale, a engagé des actions pour la réhabilitation de son crédit et de son image de

marque de service public qui passe nécessairement par un raffermissement de son action

d'assainissement interne.

Cependant, la lutte contre la corruption, ne doit pas se limiter à des actions répressives ou

ponctuelles nécessitant de s'attaquer aux causes profondes et aux facteurs favorisants.

-L’impact de nouvelles technique de gestion

En matière de moyens modernes de contrôle des marchandises, des scanners mobiles sont

actuellement utilisés dans les ports de commerce le plus important. La douane a engagé un programme

spécial pour les années 2002 et 2003 pour l’acquisition de quelques scanners mobiles pour les grands et

petits colis et de scanners pour la détection de particules (stupéfiants et explosifs).

1Cf. Decret Executif No 10-286 du 14/11/2010 portant staut particulier des fonctionnaires du coprs specifique de la

douane2

Il faut signaler que le taux d’encadrement à fin 2003 n’était que de 5,35%. Ce taux ne comprenait que 1,5%d’universitaires, y compris ceux des fonctionnaires qui ont pu suivre des études universitaires au cours de leurs carrières.Le taux d’encadrement a augmenté jusqu’à 10.34 à fin 2003.3

La création d’une section spécialisée à l’ENA et à l’IEDF a permis jusqu’à fin 2005 à a DGD de disposer de près de 300inspecteurs principaux énarques et de 83 diplômés de l’IEDF.

147

Concernant la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants, outre les scanners de détection de

particules de stupéfiants, la douane dispose de quelques chiens-renifleurs au niveau de certains postes

sensibles grâce à la coopération bilatérale, notamment avec la Libye et la France.

Il est utile de signaler que la douane ne dispose pas encore de moyens de surveillance

aérienne, qui sont loin d’être un luxe pour contrôler les zones immenses du Grand-Sud Algérien.

Toutefois, la douane a souffert depuis 1995 des limites sévères imposées par les pouvoirs

publics en matière de dotation de crédits de paiement de crédits budgétaires. La conséquence en a été le

gel des actions de développement programmées. L’évolution du budget général de la direction générale

des douanes, services extérieurs compris, est très faible1.

Analyser la conduite des réformes au sein de la douane offre un point de vue intéressant pour

observer la douane aujourd’hui : ses atouts, ses défis, ses contradictions, tel que le fameux paradoxe

budgétaire : « Il faut réformer pour économiser, mais il faut dépenser pour réformer ».

Dès lors, toute initiative de modernisation doit être soutenue politiquement comme un

engagement continuel et incontournable de sorte qu’il garantisse l’achèvement des opérations et le

soutien financier indispensable à la réalisation des programmes de réforme et de modernisation et

également la mobilisation des ressources humaines nécessaires à la conduite de ces programmes.

Ainsi, le succès des programmes de modernisation dépend étroitement des ressources

humaines et des ressources financières allouées à ces programmes. La continuité de la disponibilité de

ces ressources constitue également une condition de succès.

Jusqu’à l’année 1993, le taux d'encadrement était de 3,5 % dont 1,5 % seulement

d'universitaires, concentrés par ailleurs, essentiellement dans les régions du nord. Il est à préciser

qu’une partie de cet encadrement était en situation de préretraite, ce qui nécessitait la prise en charge

d’actions de relève au niveau des structures. Des déséquilibres flagrants des effectifs existaient

également au niveau de la pyramide des âges et des grades.

La direction générale des douanes a entrepris, dès l’année 1992, l’étude de cette

problématique et procédé à l’ouverture d’une section douane au niveau de l’ENA en vue de recruter des

1Le budget de fonctionnement concerne les dépenses du personnel et les dépenses de fonctionnement des services. Le

budget d’équipement concerne la formation (infrastructures et équipement), l’habitat, infrastructures et équipement etl’informatique (infrastructure et équipements). Si l’on exclut les effets de l’inflation et de la dépréciation du dinar qui aperdu, dans le cadre de la politique de l’ajustement structurelle, 40% de sa valeur dans la seule année 1994, cette faibleaugmentation du budget général de la douane n’a pour cause que cela, car ce n’est qu’une augmentation monétaire,l’augmentation réelle n’a pas eu lieu pratiquement.

148

universitaires en plus de l’apport de l’Institut algéro-tunisien d'économie douanière et fiscale (créé en

1983)1.

Cela a permis non seulement de relever sensiblement le taux d'encadrement de 3,5 % à plus de

12 %, mais aussi d'opérer une régénération et une redéfinition des profils en adéquation avec

l'occupation des postes de responsabilité et de décision au sein de l'institution douanière.

Les tableaux ci-après font ressortir la situation actuelle en termes des effectifs de

l’administration douanière :

Tableau :02 : répartion du personnel des Douanes par : Sex/Age/Niveau

d’instruction/Niveau de résponsabilité.

Tranche d’âge 20-30 31-40 41-50 51-60 et plus Total

Effectifs 2679 5690 2990 1622 12981

Pourcentage 20,64 43,83 23,03 12,50 100

Répartition par sexe Administration

centrale

(y compris l’IGD)

Centres

nationaux

Services

extérieurs

déconcentrés

Total

Masculin 727 770 9471 10968

Féminin 279 166 1568 2013

Total 1006 936 11039 12981

Niveau

d’instruction

Post-graduation

et plus

Universitaire Secondaire Autres Total

Effectifs 35 2557 7791 2598 12981

Pourcentage 0,27 19,70 60,02 20,01 100

Niveau de

responsabilité

Encadrement Maîtrise Exécution Total

1Programme de Modernisation de la Douane Algérienne PMDA, DGD, 2007, p 41

149

Effectifs 1248 5224 6509 12981

Pourcentage 9,61 40,24 50,14 100

Dès l'année 1995, la douane algérienne a procédé à la mise en place d'un système intégré

d'information et de gestion automatisée (SIGAD) après la réalisation du centre national de

l'informatique et des statistiques (CNIS), en remplacement du système existant depuis avril 1986 mais

qui était très peu performant car limités dans ses applications (dédouanement à l’importation pour

la mise à la consommation) et dans son implantation géographique (port et aéroport d’Alger). Le

SIGAD s’étend actuellement sur 25 sites déportés1, dirigé par le site central du CNIS.

Le système SIGAD est constitué de bases de données organisées en sous-systèmes, le tarif

intégré, le code des douanes et ses textes d’application, le système de dédouanement des marchandises,

le système de suivi des importations temporaires, le système de gestion des risques, le système

contentieux, le système statistiques du commerce extérieur, le système de contrôle interne et l’accord

d’association Algérie-UE.

Le système de dédouanement à distance, phase supérieure du SIGAD, a bénéficié jusqu'à

présent aux administrations d'autorités (MDN et DGSN), aux entreprises économiques, publiques et

privées performantes ayant affiché clairement leur volonté de s'intégrer au système informatique des

douanes.

La réalisation de ce réseau informatique qui traite l'essentiel du commerce extérieur algérien.

permet aujourd'hui aux pouvoirs publics de disposer de statistiques en temps réel, permettant de suivre

de près l'évolution de nos échanges commerciaux ou d'éclairer la décision

économique.L'informatisation des activités douanières a permis de :

limiter au minimum les relations directes entre les opérateurs et les fonctionnaires des

douanes, ce qui tend à supprimer leur subjectivisme et leur pouvoir discrétionnaire ;

garantir une réelle uniformisation dans l'application des lois et règlements, renforçant ainsi

les principes de la neutralité des mécanismes douaniers et de l'égalité des opérateurs et des citoyens

devant la loi douanière ;

1A savoir : Alger-Commerce, Alger-Régimes particuliers, Alger-Pins Maritimes, Aéroport Houari Boumédiène, Ports secs de

Rouiba-Réghaïa (2) (Alger-Ain Taya), Oran-Port, Béjaïa-Port, Jijel, Skikda, Annaba-Port, El-Hadjar, El-Aïoun, El-Haddada,Bouchebka, Hassi-Messaoud, Arzew, Mostaganem, Akid Lotfi, Ghazaouat, Tipasa, Blida, Boumerdès, Tizi-Ouzou, In-Aménaset Deb-Deb.

150

accélérer les procédures de dédouanement et de réduire leurs délais et leur coût financier ;

améliorer la qualité du contrôle et de la lutte contre la fraude qui sera de plus en plus réalisé

a posteriori sur la base de critères de sélection préalablement établis, comme c'est la règle dans les pays

avancés.

Cependant, et en raison d'un certain nombre de contraintes, notamment financières ou liées à la

non performance du réseau de télécommunications des PTT (lignes insuffisantes et débits trop faibles)

pour la transmission de données informatiques, le système d'information et de gestion automatisée de la

douane voit son extension et son développement freinés :

Pour son extension géographique en vue de la connexion de tous les services des douanes ;

Pour la connexion des institutions et des organismes intéressés par les banques de données

du SIGAD (seule l'administration des impôts est à l'heure actuelle connectée pour les besoins de

contrôle fiscal) ;

Pour la généralisation du dédouanement à domicile des opérateurs économiques dont

l’activité est importante ;

Pour la réalisation d'un réseau de transmission de données propre à la douane qui soit fiable

et sécurisé.

Section 2 : le rôle prépondérant de la performance dans la modernisation de la douane

algérienne

La double vocation économique et fiscale de l’institution douanière fait que les

réglementations et les méthodes de travail doivent s’adapter aux nécessités de la concurrence

internationale et aux besoins de la compétitivité des entreprises, dans le but d’aboutir à l’insertion de

l’économie algérienne à l’économie mondiale et son intégration dans la division internationale du

travail et mettre au diapason des standards universels de l’économie.

A ce titre, les différents rounds de négociations commerciales multilatérales entamés avec

l’Organisation Mondiale du Commerce qui prône l’élimination des contingents, la diminution des

droits de douane et la lutte contre toutes les formes de protectionnisme ainsi que le respect de la

concurrence loyale, débouchent sur la fixation de nouvelles règles que les administrations douanières

sont chargées de faire appliquer.

Par ailleurs, les engagements pris par l’Algérie dans le cadre des perspectives d’accession à

l’OMC et la ratification de l’accord d’association avec l’Union européenne, entré en vigueur à partir du

151

1er septembre 2005, apportent des profonds changements dans les modalités d’intervention de

l’administration douanière.

Partant des acquis positifs des actions menées depuis le début des années 1990,

l’administration des douanes se propose aujourd’hui de mener des actions correctrices d’une part et

d’autre part arrêter des actions stratégiques.

Ainsi, le programme de modernisation de la douane algérienne PMDA, vise essentiellement à

concilier deux volets apparemment contradictoires à savoir, d’une part la facilitation douanière et

d’autre part le contrôle efficace et efficient des opérations du commerce extérieur.

En d’autres termes, l’administration des douanes s’est engagée , à affiner sa vocation de levier

économique au service de l’État, par la mise en place des mécanismes de facilitation et de contrôle

rigoureux des opérations de commerce extérieur.

Dans cette démarche, un concept clé apparait comme leader des reformes Il s’agit de la

performance qui a été fixée comme impératif ou finalité exigé de ce processus. Il y a lieu d’en apprécier

la portée par rapport aux dogmes théoriques instaurant ce concept.

Sous section 1 : contours du Programme de Modernisation de la Douane Algérienne

Le programme de modernisation de l’administration douanière PMDA, s’étalant sur la période

2007-2010, est élaboré sur la base du diagnostic établi par les différentes structures de l’administration

douanière ; des visites de travail et d’inspection organisées par le Directeur général des douanes sur le

terrain durant le deuxième semestre de l’année 2006 et le début de l’année 2007 ; des recommandations

des experts internationaux dans le cadre du programme de modernisation et d’appui aux réformes

administratives1.

Aussi, l’assistance technique du Fonds monétaire international suite à la mission d’audit

effectuée au mois de février 2007 a bénéficié de ce programme de même que celle de l’Organisation

Mondiale des Douanes OMD suite à la mission de diagnostic dans le cadre du renforcement des

capacités, effectuée au mois de mars 20072.

Le PMDA a été conçu sous forme d’un document scindé en deux (2) parties. La première est à

caractère introductif et traite de façon succincte de l’objectif recherché, l’énoncé et les outils de la

stratégie globale.

1Programme de Modernisation et d’Appui aux Réformes Administratives ( MARA )

2Programme de Modernisation de la Douane Algerienne PMDA, Direction générale des Douanes, Alger, 2007, p 7

152

La deuxième quant à elle, plus détaillée, a été consacrée à l’évaluation globale et au

programme d’actions.

§ 1 : Le contenu de la stratégie globale :

La libéralisation du commerce extérieur et les engagements internationaux de l’Algérie

imposent à l’administration des douanes de poursuivre et consolider sa modernisation.

Sur la base d’une évaluation globale du système douanier, l’administration des douanes s’est

appuyée sur un programme faisant ressortir les grands axes de sa stratégie durant la période 2007-2010.

Ce programme de modernisation vise l’adaptation des moyens de toutes natures et des

missions de l’institution douanière, la révision des méthodes de gestion et de l'ensemble des

mécanismes d'action et de contrôle douanier en rapport avec le nouvel environnement, tout en tenant

compte de la complexité et de la célérité qui caractérisent de plus en plus les opérations du commerce

international.

La stratégie de modernisation de la douane obéit à la préoccupation de l’adaptation

permanente aux évolutions constatées ou prévisibles des contextes national et international.

La méthodologique adoptée par la douane lors de la préparation de son programme de

modernisation obéit à une démarche cohérente par référence aux écrits scientifiques et aux

recommandations théoriques annoncées dans les deux chapitres précédents de ce travail.

Ainsi, le document intitulé programme de modernisation n’a pas omis de tracer la stratégie

globale et la politique générale de modernisation pour identifier un ensemble d’objectifs précis et

spécifiques à la matière douanière reconnue par sa haute technicité.

Ces objectifs ont été présenté comme suit:

1- Finalité du programme de modernisation de l’administration douanière.

Le programme de modernisation a pour finalité l’adaptation de l’administration des douanes

aux différentes mutations nationales et internationales, ainsi que l’amélioration des performances du

service public douanier par une législation et une réglementation douanières plus neutres dans leurs

effets, plus souples et plus transparentes dans leur application et par l’efficacité et l’adaptabilité du

processus du changement1.

1Programme de Modernisation de la Douane Algerienne PMDA, Direction générale des Douanes, Alger, 2007, 4 et 5

153

Techniquement parlant, ces finalités peuvent être déclinées comme suit :

- la Neutralité : Les procédures et mesures douanières doivent être appliquées sans égard à la

qualité des personnes1

- la Simplicité et transparence : La simplicité est indispensable pour garantir la lisibilité et la

transparence des procédures douanières et en faciliter l’application.

Elle permet aux opérateurs économiques de décrypter aisément les signaux émis par le

système d’incitation et de réagir en conséquence. La transparence évite la prise de décisions

discrétionnaires et décourage de facto les comportements de recherche de rentes.

- l’Efficacité et l’adaptabilité : une efficacité dans la gestion des opérations de

dédouanement en réduisant les délais et donc les coûts, efficacité aussi dans la collecte de l’impôt ; ce

devra s’accomplir en tenant compte du fait que notre administration subit de manière frontale les

évolutions que connaît la sphère du commerce international et cela induit une adaptabilité constante.

A travers les finalités stratégiques ci-dessus indiquées, le programme de modernisation a

privilégié la concrétisation, sur une période de quatre (4) ans, des objectifs fondamentaux2,

interdépendants et structurants suivants :

- le développement du rôle économique et de partenariat de la douane ;

- la réhabilitation et la crédibilisation de l’institution et la consolidation de l’éthique

douanière ;

- le développement des ressources humaines et de la formation ;

- la sécurisation des recettes douanières et l’efficacité de lutte contre la fraude ;

- la modernisation des moyens de travail et des méthodes de gestion de l’institution.

2- Les Paramètres essentiels de la stratégie de modernisation.

La modernisation de l’administration douanière exige de profonds changements, aussi bien des

conditions de travail de cette institution que de la manière dont elle aborde l’accomplissement de sa

mission, ces changements doivent porter selon le PMDA sur les quatre volets suivants :

- Mettre en place une réglementation appropriée à la politique de l’État en matière du

commerce extérieur

- Adopter des procédures modernes, simples, écrites et automatisées

1cf. articles 4 et 4 bis du code des douanes.

2PMDA, Idem

154

- Recourir davantage aux contrôles à posteriori par rapport aux contrôles concomitants

au dédouanement (immédiats)

- Améliorer le système de formation et consolider l’éthique professionnelle en douane

- Renforcer les capacités d’action et d’intervention de l’administration douanière

- Introduire des moyens modernes de gestion et de contrôle

3- Outils de la stratégie de modernisation.

Dès lors que les objectifs stratégiques sont arrêtés, il devient question de prévoir une

quantification de ces objectifs en dérivant les indicateurs adéquats pouvant rendre ces objectifs plus

parlant, mathématiquement mesurables mais encore facilement exploitables et utilisables comme outils

de gestion moderne.

Ainsi, la reforme ou la quête de modernisation menée par la douane algérienne s’est inscrite

dans le cadre des nouvelles méthodes de management public connu par le management participatif qui

nécessite une interactivité avec la ressource humaine et l’optimisation de la ressource financière et

matérielle.

Cependant, cette résolution implique l’utilisation d’instrument de gestion basé sur des

informations fiable et chiffrées ou encore pondérées et non absolues, ce qui se traduit par les

indicateurs de performance que la doctrine prescrit pour toute démarche similaire.

A. Méthodes modernes de gestion :

- Le management participatif :

L’administration douanière s’est donnée pour objectif à l’aide de la démarche dite

de management participatif d’être performante (efficace et efficiente) dans son action tout en prenant

en charge sa ressource humaine.

La démarche consiste à donner le maximum d’intérêt à la tâche confiée à chaque structure

(organe de décision) en vue de sa réalisation dans le cadre du respect de la législation et de la

réglementation en vigueur (efficacité) d’une part, et d’accorder le maximum d’importance à la

ressource humaine ayant participé à sa réalisation, d’autre part1.

Pour ce faire, il est impératif de décrire la démarche sur un certain nombre de volet :

1PMDA

155

* celui de la tâche :

- de prendre des décisions collégiales en associant l’ensemble des services de l’administration

des douanes, les départements ministériels agissant dans le commerce international, le secteur privé et

au besoin des experts spécialisés ;

- d’assurer une large diffusion des textes réglementaires émanant de l’institution douanière aux

usagers du service public douanier par voie d’affichage, de séminaires, de guides et de l’Internet. Il

demeure entendu qu’il est impossible d’appliquer des mesures réglementaires méconnues par les

usagers ;

- de multiplier les réunions de travail à tous les niveaux en vue de garantir une meilleure

concertation possible ;

- d’assurer pleinement la mission de contrôle interne de l’institution douanière ;

- de rationaliser l’utilisation des moyens de toute nature mis à la disposition des services.

* celui du plan de la ressource humaine :

- de récompenser les fonctionnaires ayant accompli leurs missions convenablement (prime de

rendement, stimulation par des mesures de garantie pour l’évolution de la carrière, …) ;

-d’organiser des cycles de recyclage et de perfectionnement au profit de l’ensemble des

douaniers ;

-d’instituer un système d’évaluation objectif et permanent ;

-d’écouter les doléances des fonctionnaires et d’apporter, dans le cadre des dispositions

législatives et réglementaires en vigueur, des solutions concrètes à leurs problèmes ;

-d’associer le partenaire social (le syndicat) ;

-d’améliorer en permanence les conditions de vie et de travail des fonctionnaires (œuvres

sociales, mutuelle, …).

Par ailleurs, il est à souligner qu’il ne faut aucunement maintenir une seule et unique position

(parmi celles indiquées ci-dessus) dans tous les cas. D’où la nécessité de moduler la démarche

managériale selon les situations (urgence, crise, dérive, ….).

L’énoncé de la performance selon le PMDA coïncide avec la définition théorique

contemporaine de cette notion car elle met en interaction les principales composantes de la

performance, à savoir l’efficacité et l’efficience sachant que certaines définitions de la performance

intègrent d'autres variables tels que les résultats, l'effort et le comportement pertinent afin

156

d'atteindre les objectifs escomptés, ce qui est appelé par certains pertinence tel que le schéma ci-

dessous ou encore économie.1

Figure 17 : Efficacité/Efficience/pertinence

*celui de la démarche « par objectifs » ou les indices de performance :

Sur la base des principes et directives énoncés dans ce programme de modernisation, chaque

structure (aux niveaux central et régional) fixe et/ou exprime annuellement, dans le cadre d’un

programme d’actions les objectifs à réaliser ; les moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs et

la nomenclature des décisions à prendre pour la résolution des problèmes constatés ou soulevés.

En fin d’année, chaque structure dresse un bilan comparatif « Objectifs / Résultats », dégage et

interprète les écarts éventuels. Quoi qu’il en soit, les résultats ne doivent aucunement être en dessous de

80 % des objectifs fixés.

A défaut, l’action initialement prévue sera reportée sur le programme d’action de l’exercice

suivant, à condition toutefois que le report soit motivé et que la durée de réalisation de l’action reportée

ne dépasse pas deux (2) mois.

1LAHLOU. C : Gouvernance des entreprises, Actionnariat et performances, Alger, article publié sur Internet

157

B. Normalisation des moyens matériels et financiers : La nécessaire mutation.

La mobilisation des ressources financières et matérielles adéquates constitue une priorité

fondamentale pour mener à bien le processus de modernisation de l’administration douanière.

Il était question à ce niveau de normaliser les dotations des services en moyens matériels et

financiers en tenant compte des paramètres suivants :

- volume de travail du service et résultats de son action ;

- effectifs de la structure ;

- rationalité dans l’utilisation des moyens mis à la disposition du service.

En outre, les besoins en matière de moyens matériels et financiers doivent être évalués sur la

base d’une gestion prévisionnelle permettant un suivi efficace et permanent de leur utilisation.

L’affectation de moyens doit être liée à la réalisation de résultats satisfaisants par rapport aux

objectifs préétablis. Ainsi des indices de performance seront conçus sur la base de la manière dont les

moyens sont utilisés.

Ainsi, ces actions stratégiques s’inscrivant dans les paramètres essentiels de modernisation,

devaient permettre l’élaboration de programmes d’actions annuels par structure et par domaine

d’intervention sur la période de modernisation 2007-2010.

§ 2 : évaluation globale et programme d’actions 2007-2010

La direction générale des douanes a, sur la base d’une évaluation globale, dégagé des

perspectives d’actions pour la période allant jusqu’à 2010.

158

Il s’agit d’un apport intéressant pour entamer une reforme qui peut mieux réussir en démarrant

d’un état des lieux rigoureusement établis afin d’identifier et diagnostiquer les lacunes afin d’y

remédier efficacement. Ce travail peut s’inscrire dans le cadre du ciblage et de la sélection finales des

objectifs de la démarche de performance.

Ces perspectives s’articulent essentiellement autour des axes suivants1 :

- Le droit douanier et l’organisation ;

- La technique douanière et le contrôle ;

- Le système d’information ;

- Les ressources.

1 – Le droit douanier et l’organisation :

A. Droit douanier2 :

- Diagnostic

Sur le plan juridique, plusieurs aspects liés à l’activité douanière ne sont pas ou sont mal

encadrés. Le diagnostic du dispositif et des questions connexes fait ressortir essentiellement les constats

suivants :

- le code des douanes en vigueur n’est pas totalement adapté à la situation du marché issue

des diverses mutations que connaît l’économie mondiale et le marché national3.

- l’insuffisance du dispositif douanier réprimant la contrefaçon, le blanchiment d’argent et

d’une manière générale, le crime organisé ;

- les procédures douanières ne sont pas écrites dans certains domaines et s’exercent avec

beaucoup de divergence d’un bureau de douane à un autre mettant en jeu ainsi le caractère

uniforme du droit de douane;

- la méconnaissance des usagers des différentes règles et procédures régissant leurs affaires

liées au commerce extérieur.

- Actions inscrites :

Pour pallier à ces dysfonctionnements, il a été jugé nécessaire l’adaptation du code des

douanes notamment dans les domaines du contentieux, des facilitations douanières pour les producteurs

et les investisseurs, du recouvrement fiscal, de la lutte contre la contrefaçon et de la police maritime.

1Pour ces quatre axes et par souci de clarté et de pertinence, la démarche méthodologique retenue dans le consiste à

établir d’abord des diagnostics respectifs, d’en arrêter ensuite les actions envisagées y afférentes et, le cas échéant,préciser le mode opératoire à mettre en œuvre pour la concrétisation des actions.2

PMDA3

En outre, le code des douanes actuel datant de 1979, a été modifié et complété à plusieurs reprises. Une mise à jour aété déjà effectuée, mais reste au stade de projet;

159

Une fois le code des douanes promulgué, certains de ses articles feront l’objet de textes

réglementaires fixant les modalités pratiques de leur application1 D’autre part, il a été retenu

l’élaboration et diffusion des manuels de procédures douanières ainsi que la révision et le renforcement

de la procédure de recouvrement du contentieux afin d’apurer les comptes des receveurs et mettre en

place un procédé plus simple et plus efficace.

- Mode opératoire :

L’atteinte des objectifs fixés devait passer par une démarche collégiale associant les

partenaires économiques, à travers, notamment leurs associations professionnelles, d’autres institutions

et de manière générale les intervenants dans la chaine logistique pour l’adaptation du code des douanes

et mettre en place des cercles de concertation.

B. Organisation des services :

Le schéma structurel et géographique des services douaniers a nécessité des réaménagements

sur la base d'un nouvel ordre de priorités qui tient compte des évolutions en matière du volume

d'activités et surtout de la lutte contre les grands courants de fraude, notamment la contrebande et le

trafic illicite des stupéfiants.

L’administration des douanes a inscrit en perspective des actions consistant en des

réaménagements de son schéma structurel et organisationnel. Ces réaménagements visent l’adaptation

de l’administration des douanes aux réformes institutionnelles et économiques, le renforcement de son

rôle économique, l’élimination des conflits de compétences existants actuellement et l’allègement des

structures centrales par la déconcentration des prérogatives de gestion au profit des centres nationaux et

des services territoriaux.

Le projet de réorganisation de l’administration des douanes vise également le renforcement de

la fonction de contrôle interne et le développement des techniques nouvelles d’information et de

communication2.

Aussi, y a-t-il lieu de mettre en place une nouvelle structure organisationnelle de la Direction

générale des douanes en adoptant le principe général de séparation des responsabilités fonctionnelles et

les responsabilités opérationnelles déconcentrées.

1Estimation des marchandises et vente aux enchères publiques des marchandises, transaction douanière en matière de

change, paiements échelonnés et remise de solidarité, pourvoi en cassation, etc..

2Cf. Decret Executif No 08-64 OpCit

160

Par ailleurs, il est impératif d’adopter une approche de gestion basée sur les résultats de

l’organisation et de ses services d’une part, et de mettre en place d’autre part, l’approche du contrat de

rendement individuel1 de chacun des cadres décisionnels.

Concernant la réorganisation des services extérieurs déconcentrés, le projet en question tend à

moduler l’organisation territoriale en fonction de la spécificité de la région et de l’importance de

l’activité douanière et de séparer les fonctions d’administration et de coordination confiées au directeur

régional des fonctions opérationnelles relevant des responsables locaux.

Enfin, le rapprochement des usagers et des opérateurs économiques des centres de décision et

de recours constitue le fil conducteur du projet de réorganisation des services extérieurs de

l’administration des douanes2.

C. Facilitations douanières :

Les résultats atteints en matière de facilitations douanières ont été jugés en deçà des attentes

des opérateurs économiques professionnels et des exigences de performance de service public3.

La sous utilisation des régimes douaniers économiques due au manque de leur vulgarisation, à

la méconnaissance et à la réticence des entreprises économiques et à la faiblesse du tissu industriel ont

fait que cet outil stratégique de facilitation douanière est timidement exploité, atténuant la compétitivité

commerciale des entreprises4.

2. la technique douanière et le contrôle :

A. Maîtrise des éléments de taxation et du contrôle des avantages fiscaux 5:

a- les éléments de taxation :

- La valeur en douane :

Bien qu’intégré dans le code des douanes depuis 19981, le nouveau système d’évaluation et les

différentes méthodes décrites ne sont pas parfaitement maîtrisés par la douane.

1Contrats de performance conclus avec les reponsables regionnaux

2A noter que lors de la preparation du PMDA, le projet de réorganisation etait en phase de finalisation, le projet de décret

exécutif portant création d’une école supérieure des douanes etait déjà transmis aux autorités compétentes et les projetsde réorganisations de l’administration centrale et de l’inspection générale etaient déjà finalisés.3

PMDA4

A titre indicatif, en 2006, seulement 3,65 % des déclarations sont traitées au niveau des ports secs et 5,7 % desdéclarations au niveau des entrepôts sous douane.

5PMDA

161

L’étude de la problématique de la valeur en douane a été confiée à une commission en 2003,

laquelle dans un rapport a adopté des recommandations dont les principales sont, soient déjà prises en

charge soit en cours de traitement.

- L’espèce tarifaire : Dans ce domaine, il est constaté un défaut de maitrise de cet élément de

taxation, notamment par les services extérieurs déconcentrés et que le tarif douanier dans le système

d’information et de gestion automatisée des douanes (SIGAD) n’est pas totalement intégré.

- L’origine des marchandises : La notion d’origine revêt une importance capitale dans

l’exercice de la politique douanière et commerciale d’un pays. Les règles d’origine peuvent également

servir d’instrument dans la réalisation de l’intégration régionale.

Pour consolider les actions relatives à la bonne prise en charge du contrôle douanier des

éléments de taxation, il a été jugé urgent :

- d’élaborer un fichier de valeurs références, pour les produits représentant l’essentiel des

recettes. Pour ce faire, une commission ad hoc a été mise en place fin 2003 et redynamisée en juillet

2006. Elle est chargée essentiellement de l’établissement de valeurs fourchettes pour certains produits

sensibles à la fraude2, d’analyser les statistiques relatives à la fraude en matière de valeur en douane et

les exploiter au sein du système de sélection des contrôles et de gestion des risques pour atteindre un

meilleur rendement fiscal.

- de mettre à jour en permanence, au niveau du SIGAD, le tarif douanier en fonction des

changements intervenant dans le cadre des lois de Finances et les différents textes législatifs et

réglementaires instituant des formalités administratives particulières ;

- de vulgariser le nouveau tarif douanier issu de l’amendement de la nomenclature du

Système harmonisé SH 2007 ;

- d’élaborer un recueil de décisions de classement tarifaire émanant de l’administration

centrale de la direction générale des douanes et susceptible de constituer une doctrine administrative en

matière tarifaire.A ce niveau et par rapport à ces décisions de classement tarifaire, il sera possible

1Article 16 du Code des Douanes algerien

2L’aspect relatif à la valeur en douane est déjà pris en charge par :

- l’institution par la loi de finances complémentaire pour 2006 d’une déclaration des éléments de la valeur endouane. La mise en œuvre de cette mesure interviendra par un arrêté du Ministre des finances, actuellementen cours de finalisation.

- la révision de l’article 16 du code des douanes pour mieux contrôler les fausses déclarations de valeur et ce,par référence à la décision 6.1 de l’OMC.

- la création de bureaux locaux chargés de la valeur en douane (au niveau des inspections divisionnaires desdouanes).

-

162

d’évaluer l’incidence des fausses déclarations d’espèce tarifaire1 sur les recouvrements budgétaires

réalisés par la douane.

- de mettre en place une procédure réglementaire sur le renseignement en matière de l’origine

des marchandises à l’instar de celle existante en matière du tarif douanier ;

- de vulgariser les notions de la valeur transactionnelle, des valeurs de référence et des règles

de l’origine préférentielle au profit des inspecteurs vérificateurs de marchandises et des usagers ;

- de développer des modules de formation intensive en matière de la valeur en douane, du

tarif douanier et de l’origine des marchandises, en collaboration avec l’OMD et les douanes étrangères.

b- Sur les avantages fiscaux :

Entre autres principales insuffisances, il y a lieu de noter l’absence de réflexion sur

l’évaluation et le suivi de l’ensemble des avantages fiscaux (ANDI, ANSEJ, CNAC, secteur pétrolier,

secteur minier, …); et de recueil spécifique réunissant tous les dispositifs législatifs et réglementaires

inhérents aux avantages fiscaux à même de faciliter l’administration de ceux-ci

Pour une meilleure maitrise du contrôle des exonérations et des régimes suspensifs, il y a

lieu d’encourager au sein de l’administration centrale de la Direction générale des douanes une

réflexion sur l’évaluation et le suivi de l’ensemble des avantages fiscaux et de rassembler en une

fonction spécifique les contrôles d’utilisation des marchandises ;

B. Mise en place d’un système performant de lutte contre la fraude2 :

En matière de lutte contre la fraude, les insuffisances enregistrées ont trait à ce qui suit :

- manque de concertation avec les autres autorités et institutions chargées de la lutte contre

la fraude et les autres partenaires (impôts, commerce, banque, CNRC, services de

sécurité,…) ;

- manque de qualification des personnels chargés des enquêtes a posteriori de lutte contre la

fraude ;

- défaut d’un système d’information et absence d’un véritable système de ciblage, d’analyse

et de gestion des risques ;

- inadaptation de l’organisation et du fonctionnement des services chargés de la lutte contre

la fraude ;

- faiblesse du taux des opérations admises au circuit vert (pas plus de 10 % de déclarations

traitées en circuit vert à l’échelle nationale, en 2006) ;

1851 fausses déclarations d’espèce tarifaire ont été constatées par les services des douanes durant l’année 2005

2PMDA

163

- absence de contrôles a posteriori.

La lutte contre les fraudes commerciales et douanières nécessite la concrétisation des actions

suivantes :

- former le personnel des enquêtes en matière de contrôle a posteriori ;

- créer des passerelles informationnelles et coordination des actions des intervenants dans la

chaine logistique du commerce international par l’accès aux bases de données des banques,

du commerce, des impôts et des services de sécurité cette action se concrétisera

particulièrement par la signature de protocoles d’accord.1

- créer une véritable cellule d’analyse de risque et d’intervention pour les contrôles immédiat

et a posteriori ;

- assainir le corps des commissionnaires en douanes2 ;

- la révision et la redynamisation du fonctionnement des brigades mixtes (Douane, Impôts,

Commerce) ;

- le système de gestion des risques et de sélection des contrôles doit avoir comme objectif

d’atteindre, à échéance 2010, 80 % d’opérations en circuits vert et orange.

C. Lutte contre la contrebande3 :

En dépit de la motivation des agents des douanes dans la lutte contre la contrebande et du

trafic illicite des stupéfiants, des cigarettes, du carburant, du cheptel, des alcools, des métaux précieux,

des armes et munitions et des substances pyrotechniques et du renforcement de leurs moyens roulants

d’intervention, les contrebandiers continuent d’agir avec une grande aisance4.

En effet, l’étendue de nos frontières notamment Sud rend la mission de surveillance douanière

extrêmement rude, voire, même périlleuse pour les brigades mobiles des douanes chargées de la

recherche et de la répression de la contrebande.

Aux conditions climatiques rigoureuses, s’ajoutent les difficultés liées à la topographie

particulière des régions du Hoggar et du Tassili, des grands ergs oriental et occidental, de l’erg Echech

et du désert du Tanezrouft.

1A cet effet, plusieurs rencontres ont déjà été organisées avec ces institutions et organisations sur initiative de

l’administration des douanes.2

A ce titre, 2224 commissionnaire sont agréés et 450 suspendus dont 250 depuis juillet 20063

PMDA4

791 infractions de contrebande (à l’importation et à l’exportation) ont été constatées, durant l’année 2006, par lesservices des douanes à l’échelle nationale outre celle qui sont constatées par d’autres services (ceux de sécurité).

164

Malgré une collaboration franche et soutenue entre l’ensemble des services de l’État dans ces

régions, les résultats obtenus restent bien en deçà des attentes de l’administration des douanes, à savoir

l’élimination totale de la contrebande ou, du moins, renverser le rapport gain/risque en défaveur des

contrebandiers.

D. Lutte contre la contrefaçon :

Le phénomène de la contrefaçon a connu une évolution très importante ses dernières années et

le dispositif douanier de lutte contre ce phénomène reste très insuffisant.

Pour asseoir convenablement l’activité douanière de lutte contre la contrefaçon, les actions

suivantes sont envisagées :

- créer une structure spécifique (sous-direction) chargée de la lutte contre la contrefaçon ;

- multiplier les conventions avec les propriétaires de marques (BCR, Unilever, l’Oréal,

Protect&Gamble, Peugeot, Valeo, …).

E. Coopération internationale et bilatérale :

L'action de l'administration des douanes en matière de coopération internationale a connu, ces

dernières années, un développement important né des besoins d'accroître l'efficacité du contrôle

douanier et de suivre de près l'évolution des instruments internationaux.

En matière d'assistance administrative mutuelle, la douane algérienne a renforcé et a intensifié

ses relations de collaboration par la conclusion de conventions en vue de prévenir, de rechercher et de

réprimer les infractions douanières avec l'Égypte (1997), la Jordanie (1997), la Syrie (1997), le Niger

(1998), l’Afrique du Sud (1998), la Turquie (2001) et le Nigeria (2003)1.

D'autres accords sont en cours de négociation avec notamment les États Unis d’Amérique,

l’Iran, le Pakistan, la Chine, l’Ukraine, et les Émirats Arabes Unis.

3. Le Système d’information2 :

Après dix années de fonctionnement, et dans le but d’optimiser le fonctionnement du SIGAD,

plusieurs expertises informatiques ont été menées par des spécialistes nationaux et étrangers.

Le développement fonctionnel et géographique du SIGAD s’est trouvé confronté aux

contraintes suivantes :

1Ces conventions viennent s’ajouter à celles déjà signées avec l’Espagne (1970), la Tunisie (1981), le Mali (1981), la France

(1985), l'Italie (1986), la Libye (1989), la Mauritanie (1991) et le Maroc (1991).

2PMDA

165

- inadaptation de la structure organisationnelle et fonctionnelle actuelle du CNIS due à

l’évolution rapide des missions de l’administration des douanes et aux mutations de son

environnement national et international ;

- instabilité de la composante humaine du CNIS due à la démission de plusieurs

informaticiens et aux problèmes socioprofessionnels non pris en charge ;

- utilisation irrationnelle et inadéquate de l’outil informatique (applications de contrôle) par

les services extérieurs déconcentrés ;

- absence d’un réseau fiable de transmission de données.

La levée des contraintes sus-indiquées nécessitent la réalisation des actions stratégiques

suivantes :

- la réorganisation du CNIS « centre national d’informatique et des statistiques » ;

- la mise en place d’un réseau privé de transmission de données, fiable et sécurisé ;

- la refonte du schéma directeur informatique, avec recours à une maîtrise d’ouvrage

préalable au lancement d’un cahier de charges pour la refonte du SIGAD par des entreprises

spécialisées et reconnues ;

- la réalisation de connexions avec les autres intervenants dans la chaîne logistique du

commerce international et ce, pour un meilleur encadrement et contrôle du commerce

extérieur (consignataires, banques, impôts, Ports, CNRC, commissionnaires en douanes, …) ;

- la prise en charge informatique d’autres mesures de facilitation et de simplification des

procédures de dédouanement à travers la gestion automatisée des admissions temporaires, des

entrepôts et du transit national et international, et plus tard par l’introduction de la déclaration

électronique ;

- la généralisation de l’utilisation du SIGAD par les cadres comme un outil de gestion ;

- la connexion de la structure centrale chargée du contentieux ainsi que des recettes

contentieuses au SIGAD et le développement d’applications informatiques destinées à la

gestion de l’activité contentieuse ;

- la migration du SIGAD vers une architecture trois tiers, un acte inscrit dans le programme

MARA et qui est étroitement lié à la mise en place de réseau des transmissions des douanes ;

- l’engagement d’un processus de dématérialisation de production des documents à l’appui

de la déclaration en détail en partenariat avec tous les ministères et administrations concernés

pour permettre aux opérateurs de dématérialiser certains documents via le SIGAD en

contrepartie d’une caution;

166

- la mise en place d’un programme de formation sur le fonctionnement du SIGAD aussi bien

pour les douaniers que pour les commissionnaires en douane ;

- la mise en place d’un Plan de Développement Informatique pour mettre en œuvre la notion

d’opérateur économique agrée et assurer ainsi la traçabilité des marchandises ;

Enfin, il y a lieu de lutter contre la conviction selon laquelle l’informatique résout tous les

problèmes. En effet, il faut analyser suffisamment le rôle de l’informatique, et mettre à profit les

informations générées par le système informatique pour contrôler effectivement les opérations des

services douaniers.

4. Les ressources humaines1 :

A. Gestion du potentiel humain : Une GRH moderne et dynamique :

C'est en partant du principe que l'efficacité de tout système d'organisation ne vaut que par la

qualité des hommes qui le mettent en œuvre que la stratégie de modernisation de la douane a privilégié

le développement des ressources humaines.

Le diagnostic actuel révèle une situation particulièrement inquiétante au plan des ressources

humaines, qui se caractérise par :

- l’insuffisance quantitative en termes d’agents de contrôle, d’officiers de brigades,

d’officiers de contrôle, de techniciens supérieurs et d’ingénieurs (informatique, statistique,

labo maintenance et électronique).

- l’absence de stratégie et de visibilité en matière de gestion des ressources humaines à

laquelle il faut rajouter des pesanteurs induites par une centralisation excessive de la gestion

des carrières ;

- la gestion traditionnelle du personnel, démunie d’outils favorisant l’équité et l’éthique

professionnelle ;

- l’inexistence de manuel de gestion de la ressource humaine et de normes bien établies en

matière de gestion des brigades ;

- l’informatisation parcellaire et fragmentaire de la ressource humaine ne pouvant se hisser

au point d’intégrer l’ensemble des préoccupations en matière de gestion des compétences et

de gestion des carrières ;

1PMDA, p 42

167

- des textes internes régissant la mise en compétition des postes de responsabilité et la

mobilité des fonctionnaires en déphasage par rapport aux préoccupations actuelles de la

douane en matière d’éthique et de transparence.

Au-delà de l’apport en ressources, l'enjeu essentiel est de lutter contre les formes de

conservatisme qui favorisent l'esprit carriériste et le phénomène bureaucratique dont la caractéristique

essentielle est sa résistance au changement face aux nouveaux défis.

La gestion des ressources humaines gagnerait à être accompagnée de mesures valorisant

l’éthique et la déontologie compte tenu de la symbiose entre l’intégrité des fonctionnaires et la

crédibilité de l’institution. C’est dans cet objectif que l’administration des douanes a intégré dans son

programme de modernisation 2007-2010 les actions structurantes se résumant comme suit :

- introduire les techniques modernes de gestion des ressources humaines par la généralisation

de l'informatique qui permet de garantir le développement des normes de gestion et une

meilleure organisation du travail. A cet effet, une évaluation et une réflexion approfondies

doivent être engagées avec la participation de l’ensemble de l’encadrement de

l’administration centrale et des services extérieurs ainsi qu’au besoin d’experts en la matière ;

- élaborer des référentiels métiers et compétences pour les métiers de la douane (receveurs,

vérificateurs, poursuivants, …) ;

- engager un processus de déconcentration de la GRH et formation des cadres de

l’administration douanière en la matière ;

- assainir et actualiser la base de données informatique de gestion du personnel des douanes ;

- mettre en place un système de gestion des procédures en matière de la GRH ;

- mettre en place un fichier informatique de gestion de la commission d’emploi et de la carte

professionnelle ;

- mettre en place des indicateurs de gestion en matière de la ressource humaine ;

- réviser la réglementation relative au port de l’uniforme et aux attributs de l’administration

douanière en vue de généraliser le port de la tenue ;

- mettre en place et organiser le dispositif sanitaire des agents des douanes au niveau

national ;

- élaborer un manuel de procédures en matière de GRH ;

- définir les normes de désignation des fonctionnaires des douanes aux postes supérieurs des

services des extérieurs déconcentrés des douanes ;

- mettre en place une nouvelle politique d’évaluation des cadres et ce au moyen de la gestion

par objectifs, de l’évaluation individualisée annuelle, et donc de déroulement de carrière ;

168

- préparer des mouvements périodiques des cadres occupant des fonctions ou postes

supérieurs au niveau des services extérieurs déconcentrés ;

- assurer l’intégration graduelle des agents du corps commun dans le corps spécifique des

douanes ;

- récompenser les agents des douanes ayant accompli des actes de bravoure ou ayant fait

preuve d’un rendement exceptionnel.

B. La formation en douane :

La formation en douane revoir… revêt un caractère particulièrement stratégique par

rapport aux missions évolutives de l’administration des douanes.

Concernant la formation initiale, les écoles des douanes ont formé depuis 1994 au premier

semestre de l’année en cours 4298 agents de contrôle, 855 officiers de brigades et 413 officiers de

contrôle.

Le diagnostic actuel de la formation initiale et continue en douane fait ressortir les

insuffisances résumées ci-après :

- manque flagrant de qualification professionnelle des personnels des douanes ;

- absence de schéma préétabli de pilotage en matière de formation ;

- manque de formateurs spécialisés au niveau des écoles des douanes ;

- déficit flagrant de recyclage et perfectionnement, au niveau des services déconcentrés, dans

les domaines névralgiques suivants tel que le gestion des risques ; le contrôle à posteriori ;

les procédures et formalités de dédouanement ; la gestion des recettes des douanes et gestion

de l’activité des brigades.

- inadaptation des programmes de formation initiale dispensée au niveau des écoles des

douanes aux besoins de l’administration.

- les formations dispensées s’inscrivent dans une mécanique bureaucratique consistant à

décerner aux apprenants des grades sans pour autant leur faire acquérir des qualifications et

des métiers.

Pour remédier à ces lacunes et par conséquent professionnaliser le métier du douanier,

l’administration des douanes a inscrit dans son programme de modernisation 2007-2010 les actions

stratégiques suivantes :

- développer une stratégie de la formation qui sera orientée vers la formation des formateurs

de façon prioritaire (permanents et occasionnels) puis en favorisant la révision et

l’actualisation des programmes de formation afin qu’ils puissent être en phase avec

l’évolution souhaitée ;

169

- lancer dès 2007, des formations en matière de contrôle interne ;

- former, recycler et perfectionner les receveurs des douanes : la gestion des recettes des

douanes est un métier capital et complexe touchant à la fois à la fiscalité douanière, à la

comptabilité publique, à la législation et la réglementation douanières et au contentieux

douanier. La formation et la spécialisation en matière des recettes constituent une des mesures

urgentes à l’effet de préparer la relève et de préserver les intérêts du trésor public ;

- former les inspecteurs vérificateurs : la mission de vérification des marchandises, est des

plus délicates et nécessite une parfaite maîtrise des transactions commerciales. Ce métier met

les douaniers en difficulté face à des règles du marché international en perpétuel changement.

C- Contrôle interne : consolider l’éthique professionnelle en douane.

Actuellement, il est constaté l’absence totale de contrôle hiérarchique interne, notamment au

niveau des services extérieurs déconcentrés. Cette situation a engendré des défaillances en matière de

gestion et des dysfonctionnements majeurs.

Les actions relatives à l’organisation du contrôle interne au sein de l’administration des

douanes porteront notamment sur :

l’élaboration de programmes annuels de contrôle interne. Il demeure entendu, que les

contrôles inopinés sont indispensables et doivent être exercés à chaque fois que de besoin ;

la formation et la spécialisation des cadres universitaires exerçant au sein de l’inspection

générale des douanes ;

l’élaboration de normes de contrôle, de canevas et de tableaux de bord informatisés et

intégrés dans le SIGAD ;

la mise à la charge des responsables hiérarchiques de la mission de contrôle interne en tant

qu’indice de performance ;

la précision dans des instruments de gestion des prérogatives de chaque organe de décision ;

la soumission des nouvelles recrues à des enquêtes d’habilitation et de moralité ;

l’assainissement du corps des douanes par la révocation et/ou les poursuites judiciaires à

l’encontre des fonctionnaires auteurs de fautes professionnelles graves.

Sous section 2 : la mise en œuvre du PMDA

Pour appuyer la mise en œuvre de la stratégie de modernisation, il a été nécessaire de

réaménager le système informatique, l’organisation et la gestion de l’administration douanière, ainsi

170

que sa politique de recrutement et de formation. Un effort concerté visant à opérer des changements

importants dans tous ces domaines s’est traduit par un nouveau mode de fonctionnement.

Pour être efficace, l’administration douanière doit percevoir les droits et taxes sur les

importations conformément à la législation en vigueur, par des techniques efficientes et en étant à l’abri

de la corruption et de toute ingérence.

Il est à signaler que cette modernisation approfondie doit être mise en œuvre par étapes. Au

moment même où d’importantes modifications sont programmées et appliquées, l’administration

douanière doit continuer à fonctionner normalement.

Par ailleurs, les solutions novatrices contenues dans ce programme de modernisation

permettront à l’administration douanière de réformer, de moderniser et de transformer ses opérations.

La démarche de la performance en douane trouvant ses fondements dans le programme de

modernisation 2007-2010 reprend la démarche (par objectifs) parmi les méthodes modernes de

gestions.

§ 1 : mise en place du dispositif d’évaluation des performances ou genèse du dispositif

performance en douane1

Le PMDA, document de politique général, a été consolidé par un ensemble de notes internes

donnant instructions sous forme technique et pratique définissant le rôle de chaque acteur dans

l’atteinte de la performance.

Dans une première étape, l’objectif était de définir l’approche, la démarche, l’organisation, la

gestion et le suivi du dispositif d’évaluation des performances des services extérieurs déconcentrés de

la direction générale des douanes.

Ainsi, sur la base des principes et directives énoncés dans le PMDA, chaque structure (aux

niveaux central et régional) fixait et/ou devait exprimer annuellement, dans le cadre d’un programme

d’actions:

- les objectifs à réaliser;

- les moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs;

1 Note N° 1061/DGD/SP/DE.400 du 27 juillet 2008 adressée à messieurs, les directeurs régionaux des douanes ; les chefsdes inspections divisionnaires des douanes portant sur la mise en place du dispositif d’évaluation des performances desservices extérieurs déconcentrés de la direction générale des douanes.

171

- la nomenclature des décisions à prendre pour la résolution des problèmes constatés ou

soulevés.

A défaut, l’action initialement prévue sera reportée sur le programme d’actions de l’exercice

suivant, à condition toutefois que le report soit motivé et que la durée de réalisation de l’action reportée

ne dépasse pas deux (2) mois.

1. Définitions des outils et jargon technique :

Les interlocuteurs du PMDA, devant assurer sa mise en œuvre chacun en ce qui le concernait

selon son emplacement hiérarchique, avaient besoin dans un premier temps de parler un langage

commun, ce qui a été pris en charge dans les détails suivants :

A- Objectif : un but précis à atteindre, sinon, un point ciblé par l’action de l’administration

douanière.

L’objectif est un terme synthétique désignant l’atteinte des buts de l’administration dans la

réalisation d’un programme donné.

Il est à préciser que la déclinaison des objectifs stratégiques en objectifs opérationnels

emprunte trois (3) voies :

- objectifs stratégiques déclinés ;

- objectifs intermédiaires ;

- objectifs complémentaires.

Les objectifs quels qu’ils soient doivent être spécifiques, mesurables, accessibles, réalisables et

temporels.

B- Performance : la performance de la gestion publique se définit notamment selon trois

axes:

- l’impact ou le résultat final de l’action publique (efficacité) ;

- la qualité du service apporté à l’usager ;

- l’efficience exprimée par l’amélioration du rapport entre les moyens consommés et les

réalisations.

C- Action : Une action est la composante d'un programme défini dans le cadre d’une stratégie.

Elle est formulée en cible, objectif, ressources nécessaires (humaines et matérielles), budget et délai.

D- Mission : ensemble de tâches et attributions dévolues à l’administration des douanes par

les textes législatifs et réglementaires en vigueur.

E- Contrôle interne hiérarchique : ensemble des dispositifs organisés, formalisés et

permanents, mis en œuvre par les responsables à tous les niveaux pour maîtriser le fonctionnement de

leurs activités.

172

F- Indicateurs de performance : Les indicateurs sont des outils de vérification du bon

fonctionnement des services. Ils sont utilisés par les responsables pour le pilotage en continu.

L'indicateur mesure la réalisation de l'objectif et permet d'apprécier l'atteinte d'une performance le plus

objectivement possible. Il doit donc être quantifié. Il porte une valeur prévisionnelle pour une échéance

et fait objet d’une évaluation à l’effet d’apprécier la réalisation par rapport à la valeur fixée

initialement.

Les indicateurs de performance sont de trois natures :

- Indicateurs de métier : multiples paramètres techniques de l’activité douanière, indicateurs

d’efficacité opérationnelle, de non conformité, qualité des processus, … ;

- Indicateurs de gestion : mesurer la performance managériale de l’entité opérationnelle, la

contribution du maillon de la chaine de valeurs au résultat global, … ;

- Indicateurs de pilotage stratégique : permettant de mesurer le succès de nouvelles actions

stratégiques et le degré d’avancement et de réussite du déploiement de la démarche stratégique, …

G- Tableau de bord : système, sinon, outil de mesure des performances de l’action douanière.

Il comporte les indicateurs de performance les plus pertinents tant bien de métier, de gestion que de

pilotage stratégique (quintessence des indicateurs considérés particulièrement sensibles).

2- l’approche contractuelle et la responsabilisation des centres de décision :

L’administration des douanes s’est engagée dans la mise en œuvre d’un programme ambitieux

de modernisation en vue de lui garantir à moyen terme une véritable performance grâce à un modèle

moderne de management, permettant le passage d’une logique de moyens à une logique de résultats.

Ainsi, est-il annoncé dans le programme de modernisation, au niveau du titre 2 du chapitre1

« paramètres essentiels de la stratégie de modernisation », l’institution d’un dispositif d’évaluation des

services sur la base de contrats de performance. Les termes des contrats de performance portent sur la

réalisation d’objectifs arrêtés au préalable et réévalués de façon périodique.

Il est à préciser qu’il sera adopté, dans le cadre de la démarche de performance, une approche

séquentielle pour la mise en place des indicateurs de performance en allant progressivement des

indicateurs de métiers puis, de gestion et enfin, de pilotage stratégique.

173

La définition d’objectifs, notamment au niveau opérationnel favorisera la mobilisation des

appuis d’amélioration de la performance. Cela permet de :

- se mobiliser autour de priorités et orienter l’activité des agents ;

- définir des mesures correctrices, si les résultats ne sont pas atteints ;

- révéler et diffuser les meilleures pratiques, par comparaison des résultats entre services ayant

des activités comparables.

La démarche méthodique1 d’usage retenue pour l’élaboration des indicateurs de performance

passe schématiquement par les cinq (5) étapes suivantes :

1- la description de l’environnement et du fonctionnement du service ;

2- la détermination des objectifs prioritaires ;

3- la construction des tableaux de bord et des indicateurs de performance ;

4- la mise en place et le suivi du système ;

5- l’audit et l’actualisation des indicateurs de performance.

Néanmoins, compte tenu de la nouveauté de ce dispositif et des recommandations issues des

actes des deux (2) premières conférences nationales des cadres des douanes, les indicateurs de

performance ont été mis en place d’une manière progressive assortie d’une période d’essai consacrée

spécialement à l’installation des indicateurs.

La période d’essai correspondait au 2ème semestre 2008, engageant les directeurs régionaux et

les chefs des inspections divisionnaires des douanes, sur la base de lettres de mission de six (6) mois

signées et diffusées aux directeurs régionaux, (voir ANNEXE 2).

Les indicateurs à mettre en place se rapportent aux missions essentielles suivantes :

- la mission fiscale et parafiscale ;

- la mission économique ;

- la mission de protection ;

- la mission de soutien.

1Note N° 1061/DGD/SP/DE.400 du 27 juillet 2008 adressée à messieurs, les directeurs régionaux des douanes ; les chefs

des inspections divisionnaires des douanes portant sur la mise en place du dispositif d’évaluation des performances desservices extérieurs déconcentrés de la direction générale des douanes.

174

Par la suite, il a été institué un deuxième panel d’indicateurs plus élaboré et ce, au fur et à

mesure de la mise en œuvre du programme de modernisation de l’administration douanière.

Les lettres de mission déjà engagées doivent permettre de disposer en fin de période

(décembre 2008) d’indicateurs chiffrés sur la base desquels un contrat de performance a été

définitivement appliqué pour l’ensemble des services extérieurs, à partir de janvier 2009. Le dispositif

de l’évaluation de la performance a été géré, au niveau extérieur, par les directeurs régionaux et les

chefs des inspections divisionnaires.

La signature du contrat de performance par le directeur régional constitue un engagement de

garantir la mise en place effective du dispositif ainsi que son suivi périodique et régulier.

La tâche du suivi nécessite l’efficacité des actions de contrôle interne hiérarchique et de

l’animation des services.

Pour les activités douanières assurées au niveau local (bureaux de douane, brigades et postes

de douanes), les directeurs régionaux des douanes doivent, chacun en ce qui le concerne, répercuter les

contrats de performance négociés aux chefs des inspections divisionnaires des douanes, de façon

individualisée et sur la base de contrats de délégation. Ces derniers doivent assurer le suivi du

dispositif d’évaluation et d’en rendre compte aux directeurs régionaux, afin de leur permettre la

consolidation des résultats obtenus à leur niveau.

Enfin, l’agrégation nationale des résultats est opérée en fin de période de contrat par le biais

d’un tableau de bord qui sera conçu à cet effet sous la responsabilité d’une cellule rattachée au

directeur d’études chargé de l’organisation et de la modernisation des services.

Considérant l’inéluctable mise en œuvre des changements stratégiques adoptés dans le cadre

du programme de modernisation de l’administration douanière 2007-2010, il est impératif de susciter

l’adhésion de toute la corporation douanière pour la réussite de la mise en place du dispositif

d’évaluation des performances.

Ainsi, les contrats de performance, négociés et signés par les directeurs régionaux avec le

Directeur général des douanes sont répercutés aux chefs des inspections divisionnaires et aux

différents responsables des services opérationnels, de façon individualisée et sur la base de contrats de

délégation.

La négociation et la signature des contrats de performance et des contrats de délégation sus

indiqués et la détermination des indicateurs de performance de métiers, jugés pertinents, sont

175

subordonnées à la description de l'environnement et du fonctionnement du service concerné ainsi

qu'à la détermination des objectifs prioritaires.

Les responsables locaux doivent se mobiliser, autant que faire ce peut, pour susciter l'adhésion

et l'implication de l'ensemble du personnel autour du projet de la performance afin de garantir sa réussite.

Il va sans dire que la réussite de la démarche de performance en question dépend, dans une

large mesure, des travaux de proximité, de vulgarisation et de communication, lato sensu du terme,

que doivent conduire les responsables locaux auprès des services concernés.

En outre, le système d'information doit pouvoir fournir les éléments permettant d'obtenir les

indicateurs de métiers, en temps réel, garantissant par la même un suivi effectif et donc préventif.

§ 2: le suivi de la performance dans l’administration douaniere

Toutefois et pour des raisons propres à l’administration douanière, il a été décidé de suivre en

priorité les indicateurs de métiers étant les permettre clés de l’appréciation de la qualité de la prestation

douanière ayant un impact direct sur son environnement externe.

Ces indicateurs ont été défini et de mis en place dans le cadre de la démarche de performance

adoptée et prévue par le dispositif d'évaluation des services extérieurs déconcentrés de la direction

générale des douanes1.

1. le choix des indicateurs objet de suivi :

Les indicateurs de métiers qui concernent les structures opérationnelles des services des

douanes, consistent, de manière générale, en de multiples paramètres techniques de l'activité douanière,

indicateurs d'efficacité opérationnelle, non- conformité et de qualité des processus.

Comme outil de vérification du bon fonctionnement des services opérationnels, les indicateurs

de métiers sont utilisés par les responsables hiérarchiques locaux pour le pilotage en continu des actions

douanières.

Les indicateurs de métiers mis en place, sont ceux jugés plus pertinents au regard de l'action

douanière de chaque structure concernée. Ils ont été fixés, individualisés et validés, par les

1Note N°707/DGD/SP/DE.400/09 du 5 mai 2009 adressée aux directeurs régionaux ; les chefs des inspections

divisionnaires ; et les chefs des services régionaux de la lutte contre la fraude.

176

directeurs régionaux, chacun en ce qui le concerne, dans le cadre des contrats de performance,

déclinés à leur tour en contrat de délégation au niveau des chefs des inspections divisionnaires.

Par ailleurs, les indicateurs de métiers sont scindés en trois (3) types et ce, en fonction des

missions essentielles dévolues à l'administration des douanes, notamment les services

déconcentrés1.

Ainsi, y a-t-il lieu de citer les types d'indicateurs ci-après :

- les indicateurs de métiers se rapportant à la mission fiscale et parafiscale, désignés par

l'initiale «F »;

- les indicateurs de métiers inhérents à la mission économique, désignés par l'initiale « E »;

- les indicateurs de métiers relatifs à la mission de protection, désignés par l'initiale « P».

Compte tenu du niveau de maturité du dispositif d 'évaluation de la performance,

considéré comme primaire, et en guise de première étape, il a été procédé à la fixation de la liste des

indicateurs de métiers jugés pertinents ( voir ANNEXE 4).

La liste des indicateurs de métiers ainsi que leurs objectifs, le service concerné, les sous

indicateurs, la méthodologie et la périodicité d'élaboration de chaque indicateur, ont été

communiqués aux services opérationnelles concernés assortis d’un certain nombre d’indications

destinées aux responsables locaux qui devaient procéder, chacun en ce qui le concerne, a des audits

réguliers et ce, en vue de dégager les voles d'amélioration.

Par ailleurs, la pertinence des indicateurs de métiers (référentiel métier) devait être

régulièrement vérifiée. Cela revient à dire que le référentiel métier devait faire l'objet d'actualisation

et ce, en fonction de révolution du niveau de maturité du dispositif de performance et donc adopter

de nouvelles versions en tant que de besoin.

Outre le fait qu'ils doivent appliquer rigoureusement ces indications, les chefs hiérarchiques

locaux étaient tenus, chacun en ce qui le concernait, de s'efforcer à enrichir le dispositif de la

performance en général et le référentiel métier en particulier, et soulever, en temps opportun, toutes

difficultés rencontrées dans l’application ; formuler toute proposition susceptible de contribuer au

progrès permanent.

1Idem .

177

Aussi, ils avaient la tache de communiquer et adopter les meilleures pratiques ; mobiliser le

personnel par la mise en place d'un système de motivation et récompenser, les agents participant

activement au progrès permanent du dispositif de la performance.

Les indicateurs de métiers ont été donc arrêté dans le détail qui suit(voir annexe 4) 1

Le choix de ces indicateurs par l’administration douanière révèle sa propre conception de la

performance, ce qui coïncide avec la latitude exprimée par les théoriciens à cet égard et leur désaccord

quant’ à la notion de performance dans un service public.

Toutefois, quelques repères ne doivent en aucun cas être occultés, du moins par rapport au

respect des objectifs stratégiques exprimés par le programme de politique général PMDA.

Dans cette optique, il y a lieu d’exprimer quelques remarques de formes et ce par référence à

la partie théorique pour passer ensuite aux remarques de fonds exprimés par rapport aux exigences de la

fonction douane dans la chaine logistique internationale.

Certaines remarques sont liées au choix d’un indicateur de performance dans le sens ou il doit

obéir à certaine conditions garantes de sa pertinence en ce qui concerne la clarté et sa prédisposition à

être quantifié et mesuré ainsi que la facilité d’interprétation, ainsi, la liste d’indicateurs de métier met

en évidence un dilemme théorique entre l’objectif et l’indicateur qui doit le représenter et mesurer son

atteinte.

Ainsi, une première lecture permet de constater que la mission fiscale a pris une part

importante des indicateurs par rapport à la mission économique et celle de protection (en omettant celle

du soutien).

Cependant, les théoriciens reconnaissent eux-mêmes que certains objectifs sont difficilement

quantifiables ce qui justifierait à notre sens ce déséquilibre.

Aussi, la source de l’information est les sévices opérationnels eux-mêmes sans aucune

référence à la possibilité de recoupement avec le système informatique central CNIS.

D’autres remarques que l’on pourrait attribuer à une surcharge supplémentaire a été affligée à

l’un des postes les plus sensibles au sein de la douane algérienne, celui d’inspecteur principal aux

opérations commerciales2, IPOC par abréviation, dont la désignation revient souvent comme source

d’information pour un bon nombre d’indicateurs de performance.

Ainsi, les erreurs dues au dépassement ou à la négligence pour le suivi de ces indicateurs sont

fortement probables sachant qu’ils ne sont pas directement parties prenantes dans les contrats de

performance conclus entre le Directeur Général et les Directeurs Régionaux.

1Annexe II de la note N°707/DGD/SP/DE.400/09 du 5 mai 2009 adressée aux directeurs régionaux ; les chefs des

inspections divisionnaires ; et les chefs des services régionaux de la lutte contre la fraude.

2Il s’agit du responsable hierarchique direct des inspecteurs liquidateurs dependant d’une circonscription douaniere

donnée (Port, aeroport…) et qui doit assurer le suivi de tous les dossiers liquidés par ces derniers comme autorité decontrôle.

178

Aussi, les indicateurs mettent en exergue une conception de rendement individuel apprécié par

agent qui peut constituer un intéressant outil de gestion.

Toutefois, il aurait été mieux indiqué de prévoir des indicateurs de performance de l’action

douanière dans sa globalité par la comparaison des chiffres recueillis par rapport à ceux disponibles au

sein des différentes institutions (corps sécuritaires) et organes (centres, instituts…) dont le domaines

d’activité coïncident avec ceux de la douane tel que la lutte contre la contrebande, la corruption, la

toxicomanie…etc.

A cet effet, quelques propositions ont lieu d’être selon chaque groupe d’indicateurs :

Premier type : le recouvrement

Ce groupe d’indicateurs pourrait être revu en décortiquant les étapes de l’opération de

dédouanement avec toutes les possibilités qui donnent naissance à la dette douanière :

-Le paiement des droits et taxes dans les délais

-Les pénalités dues au retard de dédouanement

-Les infractions par type de fraude et l’aboutissement des contentieux

-L’efficacité des solutions transactionnelles en matière de recouvrement et non pas comme

simple taux

-Le constat des infractions par type de contrôle afin d’apprécier l’efficacité en recouvrement du

contrôle physique source de retard et désagrément des opérateurs

Deuxième type : la mission économique

Ce type devait être celui dont les indicateurs sont les plus riches en informations afin de

répondre et concrétiser la politique de facilitation, d’incitation et de partenariat.

Cependant, il n’est représenté que par deux indicateurs qui doivent être consolidés par des

indicateurs concernant tous les types de facilitations et les régimes dérogatoires dont bénéficient les

operateurs tel que :

-Le dédouanement sur site ou à distance

-Les déclaration anticipées ou provisoires

-Le passage par le circuit vert

-Le bénéfice des régimes douaniers économique par fonction (stockage, transit et transformation)

Troisième type : la mission de protection

Ce groupe inclu une redondance dans la méthode de calcul et dont l’exploitation ne rentre pas

dans les prérogatives directes de la douane.

179

Ainsi, ces indicateurs devraient être réduits en nombre afin de rester fidele à la mission de la

douane qui est l’assistance aux autres corps sécuritaires pour la lutte contre quelques phénomènes.

2. Le pilotage par tableaux de bord

Pour assurer une meilleure prise en charge et un suivi indéfectible du dispositif de la

performance, il est institué un tableau de bord, reprenant les principaux indicateurs de métiers.

Le tableau de bord, outil de mesure des performances de l'action douanière comporte neuf

(9) rubriques désignées ci- après1 :

la 1ère rubrique : le numéro d'ordre de l'indicateur de métier.

la 2ème rubrique : l'intitulé de l'indicateur ;

la 3ème rubrique : la périodicité ;

la 4ème rubrique : la structure concernée ;

la 5ème rubrique : la structure impliquée ;

la 6ème rubrique : le référentiel (objectif) à atteindre, négocié, signé et validé ;

la 7ème rubrique : le résultat obtenu (réalisé) ;

la 8ème rubrique : l'écart qui exprime la différence entre le résultat réalisé et l'objectif fixé ;

la 9ème rubrique : le plan d'actions correctives (PAC), elle même scindée en deux sous-

rubriques :

la 1ère concerne les actions correctives prévues pour réduire notamment les écarts

négatifs ;

la 2ème quant indique l'échéance fixée pour apporter les correctifs, qui doit, en tout état de

cause, être dans la limite de la périodicité de l'indicateur en question.

Par ailleurs, la pertinence des indicateurs de métiers (référentiel métier) doit régulièrement être

vérifiée. Cela revient à dire que le référentiel métier doit faire l'objet d'actualisation et ce, en

fonction de l'évolution du niveau de maturité du dispositif de performance et donc adopter de

nouvelles versions en tant que de besoin.

Cette démarche s'inscrit dans la logique du progrès permanent consacrée par le programme de

modernisation de l'administration douanière 2007-2010.

1Note N°707/DGD/SP/DE.400/09 du 5 mai 2009 adressée aux directeurs régionaux ; les chefs des inspections

divisionnaires ; et les chefs des services régionaux de la lutte contre la fraude.

F6-3 Taux d’appel 3 mois ≤ 3 mois

F6-4

Taux derecouvrement despénalités surcommandement àpayer.

3 mois ≤ 3 mois

F6-5Taux d’affairesrégléesinstantanément

3 mois ≤ 3 mois

N° Indicateurs PériodicitéStructure

responsableStructureimpliquée

Objectif RéaliséEcart

PAC

Actions Echéance

F1Montant des droits ettaxes redressés

1 mois ≤ 1 mois

F2

Part desconstatationsd’infraction à forteincidence fiscale

1 mois ≤ 1 mois

F3

Moyenne desredressementsfiscaux des enquêteset contrôles aposteriori

3 mois ≤ 3 mois

F4Taux des pénalitésinfligées

3 mois ≤ 3 mois

F5-1

Taux derecouvrement desdroits et taxesredressés

3 mois ≤ 3 mois

F5-2Taux derecouvrement despénalités

3 mois ≤ 3 mois

F6-1Taux de dépôt deplainte

1 mois ≤ 1 mois

F6-2Taux dedéboutement

3 mois ≤ 3 mois

F6-6Taux d’accord detransaction

1 mois ≤ 1 mois

F7 Moyenne d’enquête 3 mois ≤ 3 mois

F8Taux deredressement surcontrôle physique.

3 mois ≤ 3 mois

E 1

Délai moyen detraitement desdéclarations en détaildans le délai légal

1 mois ≤ 1 mois

E2

Indice dedématérialisation desprocédures dedédouanement

3 mois ≤ 3 mois

A l’évidence, le tableau de bord et ses rubriques permet d’identifier, même par

élimination, la méthode d’évaluation de la performance adoptée.

Ainsi, il apparait que la méthode adoptée est la méthode EEE (efficacité, efficience,

économie) qui se limite aux composantes de la performance adoptée par le programme de

modernisation en douanes algériennes.

Aussi, il s’agit de la méthode la plus simple et la plus adaptée aux institutions

publiques ou les indicateurs financiers sont méthodologiquement insignifiants et

inappropriés (rendement, bénéfice, concurrence, part de marché..etc.), et ce, tel que

reconnaissent les théoriciens eux-mêmes.

De même, cette évaluation n’a pas été assortie d’une étude d’impacte comme la

méthode input-output-outcome le préconise

Ainsi, il était question d’agréger les résultats obtenus par chaque indicateur dont la

portée est elle-même technique et spécifiques aux besoins du métier douanier.

Section 3 : Consolidation du PMDA

La modernisation est, par définition, une action de courte durée qui doit être atteinte

comme obligation de résultat et non de moyen, c’est ainsi qu’en terme de ’échéance allouée au

PMDA, l’objectif de modernisation devait être atteint et sa mission accomplie.

A cet effet, les résultats accomplis par le PMDA devaient être valorisés avec une meilleure

visibilité qui ne peut être assurée que par une critique interne et externe en sollicitant l’assistance

des principaux interlocuteurs et partenaires de l’administration douanière.

Sous section 1 : Expertise interne du PMDA

L’expertise des résultats atteints par le PMDA a été dans une première étape à un niveau

interne et ce par l’adoption d’une méthode simple et efficace selon un modèle du cadre du

diagnostic enrichi, suite aux différentes réunions d’information tenues avec les différentes structures

centrales de la DGD 1.

A cette fin, la durée de la tâche relative à l’établissement d’un diagnostic précis de la

situation actuelle (tâche A) est de quinze (15) jours ouvrables.

Cette tâche devait être finalisée au plus tard le 15 novembre 2010.

Cette étape A consiste en l’établissement, en collaboration avec les services extérieurs

déconcentrés, d’un diagnostic précis de la situation actuelle, cette étape se décline à son tour en

deux phases, les suivantes :

AA- les actions réalisées et le reste à faire, par structure, dans le cadre du programme

2007-2010 ;

AB- les changements internes et externes intervenus durant la période 2007-2010, non

totalement pris en charge par l’ancien programme.

A cette fin, les directeurs des structures centrales de la Direction Generale des Douanes ont

été instruits à l’effet de servir le caneva ci-dessous afin de renseigner en information l’etape A de

l’evaluation du PMDA.

1Note N° 244/DGD/DE.400/10 du 21 octobre 2010 adressée a M

meet Messieurs l’inspecteur général des douanes ; les

directeurs d’études et les directeurs centraux et les directeurs des centres nationaux intitulée « Appui à lamodernisation douanière : Programme 2011 – 2015. »

Actions

inscrites dans

le PMDA

2007-2010

(1)

RÉALISATIONS

Reste à

faire

(5)

Changements intervenus et non

pris en charge par le PMDA 2007-

2010

(6)

Réalisée

(2)

Partiellement

réalisée

(3)

Non

réalisée

(4)

Description du

changement

Actions à

inscrire dans

le

programme

2011-2015

.

.

.

.

.

.

Le canevas a été assorti des directives suivantes :

(1)Reprendre, par structure, les actions inscrites dans le PMDA 2007-2010 ;

(2)Cocher la case lorsque l’action est complètement réalisée ;

(3) C’est le cas, par exemple, des actions permanentes ou à long terme (ou souffrant d’un

glissement de planning) ;

(4) Préciser, en dehors du tableau, les motifs de la non réalisation de l’action et ce, pour

permettre de cerner les contraintes objectives ;

(5) Reliquat d’actions à réaliser induit par les actions partiellement réalisées et celles qui ne

sont pas du tout réalisées. Vérifier la pertinence du reste à faire.

(6) Indiquer les actions « hors programme » engagées suite aux changements de

l’environnement.

Dans le cas où le changement n’est pas pris en charge, prévoir, d’ores et déjà, des actions à

inscrire dans le programme 2011-2015.

En ce qui concerne les indicateurs de performance, les premiers chiffres ont été assez

mitigés et en deçà des attentes (voir ANNEXE 4), mais une lecture plus approfondie fait état des

principaux points de force et de faiblesse du dispositif recencés et reconnus par l’autorité douanière,

à savoir1 :

Forces du dispositif:

Instauration d’une nouvelle culture de gestion qui est la gestion par objectifs et la

nécessité d’une vision à long terme.

Prise de conscience et responsabilisation du personnel.

Renforcement du contrôle interne, du suivi et de l’évaluation permanente.

Diagnostic et mise en œuvre des Programme et actions complémentaires que font

ressortir les PAC.

Matérialisation d’un travail administratif qui a été toujours abstrait en chiffres (concret)

et établissement d’un rapport entre le résultat et la période dont il a été réalisé.

Encrage d’une nouvelle tradition de travail basée sur l’esprit d’initiative et de

compétition dans l’espoir de créer une concurrence interservices, inter-divisions et inter-

régions ….

Communication et échanges par le biais de réunions mensuelles d’évaluation et de

coordination.

L’adoption des Indicateurs de performance comme éléments d’appréciation objective du

personnel.

Faiblesses du dispositif:

Nouveauté de la démarche de performance et le passage obligé par une période

d’adaptation.

Les limites dues à la nécessité d’une vulgarisation des indicateurs pour une exécution

uniforme et correcte.

1Berdjoudj H : Rappel des principes du dispositif de la performance, cellule centrale de gestion et de suivi du

dispositif de la performance, Conference Nationale des cadres de la Douane, Mai 2010

Les problématiques liées à l’impossibilité de quantification de certains indicateurs.

Les limites constatées quant’à la pertinence de certains indicateurs lors de leur

sélection, négociation et validation.

Le calcul manuel des indicateurs qui ne permet pas la vérification de la fiabilité des

chiffres.

L’absence de système d’information permettant l’obtention des informations requises en

temps réel

En ce qui concerne la maturité de la démarche de performance, le dispositif a suscité

l’adhésion du personnel des services extérieurs déconcentrés.

Étant en sa première expérience, le dispositif a nécessité une longue période d’adaptation

(vulgarisation, encadrement et plus de fédération).

Sous section 2 : la réflexion au Programme d’appui au PMDA

La démarche d’élaboration du projet de programme d’appui à la modernisation douanière

2011-20151 s’étalant sur une période de 140 jours ouvrables, a nécessite l’exécution des tâches ci-

après :

A- l’établissement, en collaboration avec les services extérieurs déconcentrés, d’un

diagnostic précis de la situation actuelle, appelée dans la partie précédente expertise interne et qui

récence les actions réalisées et le reste à faire, par structure, dans le cadre du programme 2007-

2010 ; de même que les changements internes et externes intervenus durant la période 2007- 2010,

non totalement pris en charge par l’ancien programme.

B- les projections (propositions), par structure et en concertation avec les services

extérieurs, sur la période 2011-2015 ;

C- le recoupement des axes clés dégagés (vision) de la douane avec ceux des autres

1N° 229/DGD/DE.400/1 0 du 3 octobre 2010 adressée à Mme et Messieurs l’inspecteur général des douanes ; les

directeurs d’études et les directeurs centraux ; les directeurs des centres nationaux et les directeurs régionaux desdouanes portant sur le programme d’appui à la modernisation douanière : Programme 2011 – 2015. Une nouvellestratégie pour plus d’efficacité

intervenants dans la chaine du commerce international pour la prise en charge de l’environnement

externe à la douane ;

D- le réajustement des perspectives douanières en prenant en compte

l’environnement externe ;

E- la consolidation, dans un document unique, du diagnostic et des perspectives

d’évolution avec fixation des échéances de réalisation ;

F- réunion du conseil de direction pour une première lecture du document consolidé et

recueil des avis et enrichissements éventuels ;

G- examen externe (expertise /consultation) de l’avant projet de programme ;

H- validation du projet par Monsieur le Directeur général des douanes ;

I- soumission du projet à l’approbation des pouvoirs publics ;

J- finalisation, édition et diffusion du programme.

Ensuite, les étapes A, B et C ont été exécutées par chaque responsable central, chacun

en ce qui le concerne, durant deux (2) mois.

L’étape D sera exécutée dans une durée de 15 jours.

La consolidation, dans un document unique, du diagnostic et des perspectives

d’évolution avec fixation des échéances de réalisation (étape E) est exécutée par le la structure

de pilotage durant un (1) mois.

Un conseil de direction (étape F) a été programmé pour l’examen des questions

complexes pour y être examinées et tranchées durant cinq (5) jours. Par ailleurs, un examen

interne avec du recul pourrait être programmé à la fin de l’étape F

L’étape G exécutée durant 10 jours et l’accomplissement des étapes H et I(validation et

approbation du projet de programme) sera proposé durant les 20 jours qui suivent

l’accomplissement de l’étape F. et une fois les étapes A à I sont dûment réalisées, l’étape J sera

entamée, sans délai.

Le tableau PERT1 ci-après, reprend la durée globale du projet, les dates de début et de fin

au plus tôt et au plus tard (DTO, DTA, FTO et FTA) ainsi que le chemin critique du projet.

Échéances d’élaboration d’un projet de programme 2011-20152.

Tâches Durée Dépendances DTO FTO DTA FTA Marge

A0 15 - 0 15 0 15 0

Aa 15 - 15 30 15 30 0

Ab 15 A0 0 15 15 30 15

B 30 Aa et Ab 30 60 110 140 80

C 30 Aa et Ab 30 60 30 60 0

D 15 C 60 75 60 75 0

E 30 D 75 105 75 105 0

F 5 E 105 110 105 110 0

G 10 F 110 120 110 120 0

H 5 G 120 125 120 125 0

I 15 G 120 135 125 140 5

J 15 I 125 140 125 140 0

Légende

J : jours ouvrables ; FTO : fin au plus tôt ; DTA : début au plus tard ;

DTO : début au plus tôt ; FTA : fin au plus tard,

Ainsi, la préparation du programme d’appui au PMDA a été scindée selon un échéancier

dont la souplesse et les glissements de programme sont tributaires de la criticité de la tache.

Autrement dit, une tâche jugée critique est une tâche sur laquelle aucun retard n’est toléré

au risque de retarder tout le projet.

Ce constat est renforcé par la Marge d’interférence fixée dans le programme, lorsque

cette dernière est égale à 0, la tâche est dite critique.

Aussi, le tableau attire l’attention de son utilisateur sur des passerelles fonctionnelles entre

les taches qui peuvent être dans certains cas dépendantes l’une de l’autre étant donné que pour

d’autres elles peuvent être concomitante ce qui permet d’avoir des délais plus larges.

1PERT : Program Evaluation and Review Technique (ou encore Pour Eviter les Retards Traditionnels)

2Voir ANNEXE 5

188

Sous section 3 : l’expérience française : enseignements et recommandations

L’expérience française encadrant l’impératif de performance est plus globale et structurée

étant inscrite dans un pacte sociale appelé « la charte Marianne » qui est le principal outil de

promotion de la culture de l'accueil et de la qualité de service dans l'État.

§ 1 : la charte Marianne

Document partagé entre toutes les administrations et établi en relation avec

les représentants d'usagers, la charte Marianne traduit la volonté du Gouvernement de

simplifier la vie des Français et de leur assurer le meilleur service dans leurs relations avec

l'État.

Elle vise ainsi à garantir la qualité de l’accueil sous toutes ses formes (physique,

téléphonique, électronique, courrier). Elle promet des valeurs telles que la courtoisie,

l’accessibilité, la rapidité, la clarté des réponses mais aussi un esprit d’écoute, de rigueur et

de transparence.

1. La charte Marianne comme cadre général de la performance du service public

La charte Marianne a pour objectif de faire de la qualité de l’accueil un enjeu partagé par

tous les services de l'État et de développer une démarche d’amélioration continue qui puisse à la

fois encourager les administrations déjà avancées à continuer de progresser et inciter les autres à

les rejoindre.

La charte Marianne se fonde sur 5 séries d'engagements1 :

- Faciliter l’accès des usagers dans les services ;

- Accueillir les usagers de manière attentive et courtoise ;

- Répondre de manière compréhensible et dans un délai annoncé ;

- Traiter systématiquement la réclamation ;

- Recueillir les propositions des usagers pour améliorer la qualité du service public.

Chacune de ces rubriques comporte des engagements obligatoires et des engagements

optionnels. Des engagements spécifiques relatifs à certaines prestations ou à certaines

catégories de personnes (personnes handicapées par exemple) peuvent être ajoutés. Certains

ministères ont également complété ces rubriques par exemple en associant à certains engagements

des standards de qualité plus exigeants.

1La charte Marianne, DGME, document receuilli sur internet,

189

Sous l’autorité du ministre délégué au budget et à la réforme de l’État, porte-parole du

Gouvernement, le service de la qualité et de la simplification de la direction générale de la

modernisation de l’État (DGME) du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie

assure la mise en place et le suivi de la charte Marianne.

Il s'appuie sur un réseau de correspondants ministériels et un réseau de chefs de projet

départementaux désignés par les préfets. La mise en place et le déploiement de la charte Marianne

ont demandé un effort important de concertation, d’accompagnement et l’implication de milliers

de personnes.

Généralisée en janvier 2005 à tout le territoire, la charte Marianne est aujourd'hui appliquée

par 2.115 services de l'État avec une moyenne de 16 services ou juridictions par

département (24 services par département chef-lieu de région). L'ensemble des services de

l’État est concerné : préfectures et sous-préfectures, juridictions, directions

départementales et régionales des différents ministères, inspections d’académie et rectorats, etc.

Chaque administration a décliné les engagements qu'elle souhaitait prendre dans le cadre de

l'application de la charte Marianne, ainsi :

- 70 % s’engagent à répondre aux courriers postaux en moins d'un mois ;

- 45 % s’engagent à répondre aux courriers électroniques en moins d'une

semaine ;

- 59 % s’engagent sur l’accessibilité de leurs locaux aux personnes à mobilité

réduite;

- 83 % s’engagent à aider les usagers à constituer leurs dossiers ;

- 82 % s’engagent à répondre à tous les appels téléphoniques ;

- 36 % s’engagent à avoir un conciliateur.

Une enquête qualitative conduite à l'automne 2005 a montré que, dans 60 départements, les

services de l'État évaluaient et suivaient régulièrement la perception des usagers sur la qualité

du service rendu parallèlement à l'application de la charte Marianne1.

La charte Marianne est également appliquée par les administrations centrales de certains

ministères. Elle a vocation de s’étendre aux réseaux de protection sociale, à l’ANPE et aux hôpitaux.

Enfin, d'autres collectivités ont repris la charte Marianne dans le cadre de leur propre démarche

qualité. Par exemple :

1Dans 41 départements, un suivi systématique des réclamations a été mis en place.

190

- la charte Marianne de La Poste a été lancée à Nice le 3 mai 2005. Aujourd’hui, tous

les bureaux de La Poste affichent et appliquent une version de la charte adaptée à leurs missions ;

- des collectivités locales s’en inspirent fortement pour l’amélioration de leur accueil

2. La transcription douanière de la charte Marianne (le guide de l’usager)

La charte Marianne, fut traduite et adoptée par la douane française dans son contrat

pluriannuel de performance 2009-2011 dont la porté est de fixer le cadre d’évolution de la

direction générale des douanes et droits indirects pour les prochaines années, en précisant les

chantiers qui seront à conduire.

C’est à partir des effets de la mondialisation des échanges et des préoccupations

légitimes qui les accompagnent qu’une demande de régulation des échanges est formulée. Seule

une administration régalienne intégrée, organisée autour de la marchandise en mouvement, est en

capacité d’y répondre.

Ainsi, c’est la mission de la douane que de répondre aux besoins de service public

désormais mis en évidence, et ce, selon des plusieurs priorités ainsi définies1 :

Première priorité : continuer à accompagner le développement des échanges :

L’accroissement des échanges s’est construit sur une baisse des coûts et des temps de transport, et

sur une explosion des flux logistiques.

Maillon de la chaîne logistique, délivrant un « passeport » aux marchandises, la douane

doit mettre les entreprises en état d’acheminer leurs approvisionnements et productions dans les

meilleures conditions, et partant d’aider à la compétitivité de la France dans un contexte de

concurrence accrue entre pays, entre plateformes logistiques, entre entreprises.

Cette priorité retrouve écho en ce qi concerne la douane algérienne soucieuse de son image

d’administration souple accordant toute facilitation nécessaire à la fluidification des échanges.

Deuxième priorité : protéger les échanges licites : La douane se doit de veiller à ce que

le territoire national et les citoyens français, mais aussi les acteurs économiques, ainsi que les

1Le contrat pluriannuel de performance de la DGDDI( 2009-2011), document publié sur internet

191

collectivités publiques qui perçoivent des ressources liées aux marchandises, ne soient pas placés en

situation de risque du fait du non-respect des réglementations existantes1.

Administration de régulation des échanges et de perception de droits, la douane doit

assurer le meilleur niveau de protection sur le commerce déclaré et favoriser une harmonisation

européenne des contrôles.

Cette priorité pourrait toutefois acquérir une importante ampleur pour la douane algérienne

dans l’hypothèse d’une mise en ouvre d’une démarche d’intégration régionale effective dans sa

dimension arabe ou magrébine.

Troisième priorité : se donner les moyens de lutter efficacement contre les fraudes :

Il revient concrètement à la douane de se doter des outils de renseignement et de coopération ainsi que

des moyens opérationnels afin d’empêcher, selon le cas, l’entrée, la circulation ou la sortie du

territoire national de marchandises prohibées, ne faisant pas l’objet d’échanges identifiés2.

Administration de protection du territoire et notamment de ses points d’entrée et de

sortie, la douane doit prévenir du mieux possible ces mouvements occultes et empêcher que des

réseaux criminels ou terroristes n’en tirent profit.

Cependant, cette priorité est pleinement partagée par la douane algérienne qui lutte

quotidiennement contre les nouvelles formes de fraude qui ne menagent aucun moyen pour

detourner sa vigilence.

Quatrième priorité : participer au financement des collectivités publiques :

L’action de la douane en ce domaine consiste à prélever une fiscalité spécifique assise sur les

marchandises ou perçue à l’occasion des échanges extérieurs. Administration fiscale spécialisée, la

douane doit accompagner la montée en puissance de la fiscalité environnementale et assurer la

meilleure efficacité à son intervention.

Cette dernière priorité n’a pa lieu d’être pour la douane algérienne dont les recettes fiscale

sont directement versées au budget général de l’état et dont la capacité contributive n’est pas aussi

importante que d’autre forme de fiscalité.

1Cette vigilance doit porter sur les normes techniques ou sanitaires, sur les dispositions fiscales, sur les droits de la

propriété intellectuelle, et plus généralement sur l’ensemble des règles édictées en France et au niveaucommunautaire, qui à l’occasion de la circulation officielle d’une marchandise peuvent être ignorées ou contournées.

2Il peut s’agir d’armes, de stupéfiants, d’espèces menacées, de contrefaçons, mais aussi de ressources issues du

blanchiment d’activités illicites, de matériels proliférants, de déchets, de marchandises ne respectant pas unembargo...

192

Ce sont ces chantiers, nécessaires à l’atteinte du plus haut degré de performance dans

chaque secteur du service public régalien rendu par la douane, qui forment les axes du présent

contrat pluriannuel de performance.

Ils sont regroupés au sein de quatre engagements : engagement au service des

entreprises et des consommateurs (facilitation et sécurisation de la chaîne logistique),

engagement au service des citoyens (protection du territoire et lutte contre la criminalité),

engagement au service des collectivités publiques (une fiscalité moderne, adaptée aux enjeux et

respectée), engagement au service des agents et de la performance interne (attention apportée aux

personnels et capacité d’adaptation de l’administration douanière).

Ces axes constituent le cœur du service que l’administration des douanes doit offrir à la

collectivité nationale. Ils ne sont pas pour autant figés. La facilitation des échanges, le

recouvrement de la fiscalité liée à la marchandise et la protection du territoire sont mêlés et

forment un équilibre lui-même soumis en permanence aux évolutions de la mondialisation et au

poids relatif des préoccupations de nos concitoyens. En cela, la mission de la douane est en

constante adaptation et cette adaptabilité fait partie de son savoir-faire.

3. Recommandation pour la douane algérienne

Pour satisfaire pleinement aux demandes de ses interlocuteurs et aux nouveau défis que

lui afflige son environnement, la douane algérienne doit agir dans le cadre d’un compromis qui

lui permet d’atteindre ses objectifs tout en étant consciente des contraintes qui peuvent

l’enfreindre tel que le reconnait le model français.

Il faudrait donc prendre en compte plusieurs impératifs qui constituent un cadre mais

surtout une opportunité pour développer l’action de la douane.

Le premier impératif est celui de l’optimisation des ressources publiques

Le second impératif tient à la nécessité de prendre en compte le caractère international

du cadre d’action douanier.

Il résulte de l’intégration de plus en plus forte des stratégies et des actions de la douane dans un

cadre régional voire mondial (programme de sécurisation des chaînes logistiques, lutte contre la

contrefaçon,...).

Le troisième impératif est lié à la généralisation ou à l’irruption de technologies et outils

nouveaux qui dématérialisent les échanges d’information, améliorent la relation entre la douane et les

193

opérateurs économiques, permettent une surveillance et une analyse des flux de plus en plus

efficaces et systématiques, et offrent des possibilités de suivi en temps réel et d’identification des

moyens de transport et des marchandises.

Le quatrième impératif est celui de la formation et de l’adhésion des personnels. Le

maintien et l’accroissement des savoir-faire existants doivent se doubler d’un effort majeur pour

guider et former les agents, enrichir leurs tâches, notamment en matière d’analyse et d’innovation,

les accompagner vers les nouveaux métiers et technologies, mais aussi face aux risques auxquels ils

sont confrontés.

Ainsi, le visage futur attendu de la douane est celui d’une administration en prise directe

avec la chaîne logistique des opérateurs et les mouvements de marchandises au travers de flux

d’information entièrement dématérialisés, connus par anticipation et réconciliés en temps réel.

Pour cela, elle s’appuie sur un fonctionnement en réseau de l’ensemble des fonctions de

contrôle, sur des bases de données puissantes, sur une connaissance préalable des opérateurs

et un renforcement des capacités de renseignement, notamment au travers de sources humaines ou

de coopérations avec d’autres institutions nationales et étrangères.

La modernisation implique une performance dans sa capacité de veille, de surveillance et

d’intervention sur l’ensemble du territoire, y compris maritime, garantissant la réalisation de

contrôles dans des délais rapides et dans des conditions de sécurité optimales pour ses agents, tout

en étant capable de poursuivre enquêtes et investigations sous la forme la plus appropriée au

démantèlement des réseaux de fraude et à leurs multiples facettes.

Ce visage, dont l’esquisse se dessine déjà, recouvre au fond celui d’une administration

fière de son rôle, confiante dans ses capacités et tournée vers l’avenir.

§ 2 : la démarche des trois S

Amorcée en 2005, avec la mise en œuvre de la Charte Marianne pour un meilleur accueil

de ses usagers, l’administration des douanes et des droits indirects a engagé, depuis 2006 une

démarche visant à améliorer et à faire reconnaitre la qualité de ses services en matière de

dédouanement, unique prestation qu’elle fournit.

194

Cette démarche s’est traduite par un pacte de confiance que la douane s’engage à honorer

avec ses usagés, appelé par abréviation le dédouanement en 3S (Service, Simplicité, Sécurité)1

Ces trois S ont été détaillés comme suit :

Service :

Des conseils personnalisés grâce aux pôles régionaux d’action économique et leur

cellule conseil aux entreprises ;

Un guichet unique pour les grandes entreprises ;

Une charte des contrôles douaniers.

Simplicité

Des procédures simplifiés et adaptées aux besoins des entreprises ;

Un portail internet dédié aux professionnels rassemblant tous les téléservices douaniers ;

Des teléservices performants pour simplifier la gestion et en alléger le cout.

Sécurité

Une nouvelle relation à l’entreprise fondée sur la confiance grâce au statut d’Opérateur

Économique Agréé ;

Une qualité de service en matière de dédouanement certifiée pour la première fois en

Europe : le renseignement tarifaire contraignant ;

Une meilleur protection des marchandises contre la contrefaçon en déposant une

demande d’intervention gratuite auprès de la douane.

Toutefois, ces résolutions ont été encadrés par un dispositif organisationnel donnant lieu à

son tour à une forme contractuelle que la douane s’est volontairement engagée vis-à-vis de ces

partenaires.

1. La démarche « qualité » et son encadrement organisationnel

En 2007, l’obtention de la certification de service AFAQ-AFNOR par le bureau chargé de

délivrer le Renseignement Tarifaire Contraignant (RTC) a contribué au lancement de la nouvelle

démarche Qualité, intitulée le dédouanement en 3S.

1Guide du referentiel 3S, la demarche qualité en matiere de dedouanement, DGDDI, version 1

erjanivier 2010

195

Destinée à accompagner le processus de modernisation du dédouanement, la démarche

qualité 3S a commencé à être mise en œuvre en avril 2008.

Cependant, ce résultat a été le couronnement de plusieurs étapes nécessitant un

encadrement institutionnel1.

Première étape : la mise en œuvre de structures de pilotage

Il s’agit du comité de pilotage stratégique, présidé par le Directeur Général dont la tache

est la validation des orientations stratégiques de la démarche.

Aussi, un comité de pilotage opérationnel présidé par le chef de service a été chargé de

définir les modalités techniques et pratiques de mise en œuvre. Et ce en collaboration avec des

bureaux techniques (A3, 3, C3, D2) et d’autres bureaux de la direction générale associés à la

démarche en tant que besoin2.

Deuxième étape : l’écoute des usagers

Un dispositif d’écoute des usagers, permettant de recueillir leurs attentes, a été mis en

place et ce à l’aide de trois comité d’usagers, qui se sont déroulés en mai et juin 2008.

Ainsi, il a été demandé aux professionnels de dédouanement, aux PME et aux grandes

entreprises d’exprimer leurs attentes vis-à-vis du dédouanement autours des cinq principales étapes

de dédouanement recensés comme suit : accueil, source d’information disponible, formalités

préalables au dédouanement, formalité de dédouanement et utilisation des teléprocédures et

contrôles douaniers.

Troisième étape : l’élaboration de dix projets d’engagements de service

A partir des résultats obtenus lors de ces trois (03) comités d’usagers, le recensement des

points à améliorer en priorité a permis d’élaborer dix projets d’engagements de service.

Ces engagements de services, au nombre volontairement limité, permettent de caractériser

le service qui doit être rendu au cours du dédouanement, tout en tenant compte des contraintes de

moyens et de faisabilité technique.

Ils sont assortis d’un dispositif de mesure permettant de suivre le respect des engagements

de service.

1Brigitte CHAPLAIN-POUCH : cellule « qualité » relation avec les usagers, fiche DGDDI, juin 2009

212 directions referentes (sites pilotes) representatives de diffrentes situations de dedouanement sont associés aux

travaux de ces structures.

196

Quatrième étape : phase d’expérimentation au niveau des sites pilotes

L’expérimentation des dix projets d’engagements de service par les bureaux pilotes

désignés par douze directions (régionales) référents a eu lieu du 24 novembre au 12 décembre

2008.1

L’exploitation des résultats de cette expérimentation empirique a permis de corriger les

engagements, ce qui a permis sa généralisation en 2009.

Cinquième étape : la phase de la généralisation de la démarche

L’exploitation des résultats obtenus lors de l’étape précédente permettant la généralisation

de l’expérimentation a eu lieu une fois les dix engagements définitivement et clairement identifiés.

Aussi, un plan d’action pour chaque engagement permettant de détailler les engagements

attendus par les usagers, a été prévu pour faciliter le respect et le suivi de 3S par les bureaux de

douane.

2. Le pacte de confiance

Le pacte de confiance de la démarche de qualité en trois S s’étale sur dix engagements

arrêtés comme il a été expliqué. Ces engagement s’articulent autour de cinq axes principaux qui

chapotent deux engagements chacun2.

1er axe : Accueil :

Engagement No 1 : nous vous orientons vers le bon interlocuteur douanier lors de vos

appels téléphoniques.

Engagement No 2 : nous répondons à vos demandes écrites d’informations dans un délai

de 5 jours ouvres pour les courriels et de 15 jours ouvrés pour les courriers postaux.

2eme axe : Sources d’information :

Engagement No 3 : nous veillons à vous faciliter l’accès aux informations utiles à vos

opérations de dédouanement.

1Une grille d’auto-evaluation a été annexée à la note de lancement et qui devait permettre au bureau pilote de

restituer les resultats de l’experimentation, en mentionnant les difficultés rencontrées2

Le pacte de confiance, Service, Qualité, Securité, Fiche BIC-CQS, Octobre 2009

197

Engagement No 4 : nous nous engageons à assurer la lisibilité des informations

disponibles sur nos publications et sur nos sites internet

3eme axe :Démarches préalables :

Engagement No 5 : nous vous simplifions les démarches préalables au dédouanement,

notamment, en ne vous demandons les documents nécessaires qu’une seule fois.

Engagement No 6 : nous vous facilitons l’accomplissement de vos formalités de

dédouanement par la dématérialisation des déclarations en douane.

4eme axe : Dédouanement :

Engagement No 7 : nous vous facilitons l’utilisation des télé-procédures de

dédouanement, notamment, en désignant un interlocuteur unique au sein d’un bureau de

douane principal.

Engagement No 8 : nous vous garantissons un taux de disponibilité élevé des télé-

procédures.

5 eme axe : Contrôles douaniers :

Engagement No 9 : nous nous engageons à libérer immédiatement les déclarations qui ne

sont pas mises sous contrôle

Engagement No 10 : nous nous engageons à vous informer des cas ou les contrôles font

l’objet d’expertises complémentaires.

Ces engagements d’une simplicité et d’une clarté remarquables restent néanmoins très

significatifs pour l’usager de la douane qui ne cesse de se plaindre de l’opacité et le manque

d’information de même que la complexité des procédures et les retard quant’à l’enlèvement des

marchandises.

3. La dimension humaine occultée par la conception de la douane algérienne de la

performance

Le principal enseignement qui peut profiter à la douane algérienne afin d’atteindre une vision

complète dans son projet de modernisation et sa quête de performance, réside dans l’impératif

d’extériorisation envers son environnement aussi complexe et hétéroclite qu’il puisse être.

198

Il est évident que les acteurs de la sphère du commerce international peuvent exprimer des

intérêts contradictoires et diverses attentes de la douane, ainsi, il est du rôle de la douane de

concilier ces intérêts en offrant un panel de facilitations de dédouanement tout se gardant un droit

de regard discret et peu encombrant sur le commerce extérieur afin de le réguler sans l’étouffer.

Cependant, la démarche extravertie telle que prévu par le programme d’appui à la

modernisation reste trop restreinte car elle n’envisage que la concertation avec les autorités de

régulation du commerce extérieur et les organismes professionnels.

Ainsi, une vision globale demande une écoute des operateurs du commerce extérieur ce qui

implique l’existence de canaux de communication permanent et proches des centres de décision afin

de garantir la rapidité dans la réaction.

199

Conclusion du chapitre 3:

Cette partie représentant l’analyse pratique du thème abordé, a permis de tester

empiriquement la notion de performance et ses contours théoriques que les académiciens ont

tracé pour, bien qu’elle soit en phase d’émergence dans la sphère publique.

La question à laquelle elle devait répondre, est de savoir dans quelle mesure cette

notion est prépondérante dans le projet de reforme et de modernisation de la douane algérienne.

Il est évident que dans une entité administrative qui affiche la vocation économique et

dont l’environnement est réputé complexe et opportuniste, la réalité des actions peut être en

décalage par rapport au discours officiel adressé aussi bien aux opérateurs locaux qu’aux

partenaires étrangers qui ne cessent de se plaindre de la lenteur et la mauvaise qualité du service

rendu.

Cependant, le constat de près démontre objectivement qu’une volonté conjuguée au

déploiement de moyens importants sont mis à la disposition du défi de la performance.

Toutefois, quelques maladresses méthodologiques ont été soulevées dans la démarche

adoptée par la douane algérienne pouvant résulter de la technocratie qui prime pour les

interlocuteurs ou encore, il s’agit d’un choix délibéré afin d’adapter cette démarche avec la

particularité de la matière douanière.

Parallèlement et d’un œil pratique et critique, une tentative de benchmarking a été

effectué en comparaison avec le traditionnel modèle français, dans le but d’étudier sa faisabilité

pour le cas de la douane algérienne et en proposer les éléments qui risquent de garantir la

réussite au nouveau cadre d’appui à la modernisation.

Il s’agirait principalement de généraliser cet objectif comme souci de tous les services

publics en le traduisant en un ensemble de principes clairs et concis versés dans un ancrage

normatif solide garantissant son opposabilité et sa vulgarisation.

Par conséquent, l’administration douanier ne constituerait qu’un maillon d’une longue

chaine d’institutions étatiques qui convoitent le même objectif en adoptant une démarche

similaire et préétabli ne laissant place à aucune improvisation étant donné qu’il s’agirait d’une

stratégie construite autour d’un but suprême qui est l’optimisation lors de l’utilisation des

deniers publics en assurant la satisfaction de l’usager.

200

Conclusion générale

En conclusion, il y a lieu de signaler que le principal apport de ce mémoire réside dans

le recensement des doctrines managériales autour du concept de performance en visant un

objectif théorique et opérationnel.

Au plan théorique, il s’agit de démontrer que le management, notamment, public est

marqué par la coexistence de multiples théories qui dessinent les contours de la performance ce

qui permet d’avancer dans la recherche dans un esprit de relativisation et d’autre part,

interdisant les jugements de valeur et les idées préétablies.

Au plan opérationnel, ce recensement permet d’identifier un cadre d’interprétation pour

situer les pratiques managériales rencontrées lors de l’étude de cas.

Ainsi, l’étude a été entamée par les outils conceptuels qui régissent le concept de

performance en les développant pour analyser les managements publics en pratique dans le

cadre de la réforme de l’État, étant donné les différents niveaux d’action publique qui sont en

interaction.

Toutefois, le constat a été établi que la volonté de moderniser le secteur public ne vise

pas à une conversion radicale de l’administration au modèle de l’entreprise, mais à une

articulation entre des valeurs étatistes et l’emprunt partiel et précautionneux aux solutions du

management public moderne.

Il ressort aussi qu’une rupture symbolique et matérielle opérée par la politique de

renouveau du service public, formule une doctrine globale de réforme, marquée par la

consécration des valeurs étatiques, l’absence de restrictions budgétaires et l’ouverture aux

dispositifs de gestion issus de l’entreprise.

Cela ouvre la voie à une forte institutionnalisation de la politique de réforme,

caractérisée par la multiplication des dispositifs contractuels et de fixation d’objectifs,

synthétisés et systématisés dont l’objectif est d’atteindre la performance.

Une fois l’irréductible normativité des concepts et mesures de la performance

soulignée, trois principaux modèles de mesure sont recensés puis transposés, le modèle

Économie-Efficience-Efficacité, le modèle Inputs-Outputs-Outcomes et le modèle du Balanced

Scorecard, qui se distinguent par rapport à l’importance accordée aux effets de l’action et à la

volonté de limiter l’influence de l’approche exclusivement financière de la performance.

201

Enfin, le cadre théorique pour l’analyse de la performance a été présenté Il a été

question d’appréhender le concept de service public douanier comme un assemblage d’outils de

gestion de diverses natures, ainsi qu’un ensemble de particularités pouvant être contraignantes

afin d’en proposer une description à la fois technique et organisationnelle.

La présentation de l’approche par les outils de gestion alerte quant à la nécessité

d’interroger les acteurs sur les finalités de l’outil, son mode de mise en œuvre, les modalités de

sa conception, la participation d’acteurs extérieurs (consultants, best practices), le nombre de

participants à la conception, l’intégration des utilisateurs dans la conception, le degré de

précision de l’outil, le degré d’ouverture de l’outil aux usages imprévus et les effets obtenus par

l’outil.

Cette approche invite le chercheur également à récolter des informations sur les outils

auprès de répondants à des niveaux de responsabilité variés et au sein de directions ou services

différenciés.

Une fois les outils décrits et leur usage explicité, il y avait lieu d’interpréter ces

informations pour qualifier et comprendre le mode de management de la performance en

vigueur dans l’institution douanière.

Ainsi, les recommandations qui se sont imposées démarrent d’un principe fondamental

qui considère que l’objectif de performance ne se conçoit pas sans vision stratégique de l’avenir

de la douane à moyen terme, c’est-à dire sans mise en perspective des évolutions souhaitées au

regard de son identité, de ses missions et de ses modes de fonctionnement.

Les enjeux d’avenir de la douane s’inscrivent dans un contexte mondial d’accroissement et

de diversification des flux commerciaux, quelles que soient les évolutions de court terme qui peuvent

résulter d’une crise économique, la mondialisation des flux économiques, et notamment des échanges

de biens, est désormais une réalité.

C’est sur cette mondialisation que s’est appuyée la croissance mondiale au cours des

dernières années qui s’est accompagnée de l’ouverture économique et de l’émergence culturelle et

politique de zones géographiques nouvelles, mais qui peut comporter des risques et doit être

régulée, et ce pour diverses raisons.

En premier lieu, la diversité des partenaires économiques nécessite une vigilance car les

échanges ont lieu entre des pays présentant différents niveaux de développement, de protection

du consommateur, de préoccupation environnementale, de régimes fiscaux et de sanctions.

202

En second lieu, le développement des échanges peut engendrer de nouvelles fraudes car la

croissance du commerce mondial et les nouvelles technologies de communication sont des facteurs

de développement de la fraude. Profitant de ces nouvelles opportunités, la criminalité, et tout

particulièrement la criminalité organisée, trouve de nouveaux modes d’action et de nouvelles

possibilités d’écouler des volumes croissants de produits prohibés, de blanchir les revenus de ses

trafics et de constituer une menace accrue.

Enfin, de nouvelles menaces apparaissent comme celles liées par exemple à la pérennité et

à la protection de l’environnement, des espèces et des espaces naturels, ou celles liées aux épizooties

et aux pandémies1.

Par conséquent, la tache de l’institution douanière ne cesse d’être plus complexe et les

exigences dont elle fait l’objet plus diverses et pointues ce qui l’oblige de poursuivre l’objectif de

performance dans toutes ses actions, afin de satisfaire son usager et accomplir sa tache originelle

fiscale ou protectionniste, mais aussi de répondre aux nouveaux défis de son environnement

internationale qui lui exige désormais de surpasser la performance et d’atteindre l’excellence.2

1Grippe aviaire, grippe porcine, SRAS…etc

2Voir à ce sujet, OMD

203

Annexe 1 : model d’un contrat de performance

DECISION N° /DGD/SP/DE.400 DU PORTANT CONTRAT DEPERFORMANCE POUR LA DIRECTION REGIONALE DE ……………………..

________________________

Le directeur général des douanes,

Vu le décret exécutif n° 91-76 du 16 mars 1991, modifié et complété, portantorganisation et fonctionnement des services extérieurs de l’administration desdouanes ;

Vu l’arrêté du 1er safar 1428 correspondant au 19 février 2007 fixant l’implantation et

la compétence territoriale des directions régionales et des inspections divisionnaires

des douanes ;

Vu la note n° /DGD/SP/DE.400 du relative à la mise en place d’undispositif d’évaluation des performances des services extérieurs déconcentrés de laDGD ;

Sur la base du programme de modernisation de l’administration douanière 2007-

2010 ;

Décide :

Article 1er. – La présente décision fixe les objectifs pour la direction régionale des

douanes de ………………………….pour l’année ……………………

Art. 2.- Les objectifs sont fixés conformément à l’annexe à la présente décision.

Art.3.- Les objectifs assignés peuvent être révisés au cours de la période sus-

indiquée sur proposition motivée d’une direction centrale ou sur demande motivée du

directeur régional.

Fait à Alger, le

Lu et approuvé ; Le Directeur général des douanes

Le directeur régional

des douanes de ……………

204

Annexe 2: liste des indicateurs de performance categorie metiers

RéférenceIndicateur Échéance

H Montant des droits et taxes redressés 1 mois

F2 Part des constatations d'infraction à forte incidence fiscale1 mois

F3 Moyenne des redressements fiscaux des enquêtes et contrôles a 3 mois

F4 Taux des pénalités infligées3 mois

F5-1 Taux de recouvrement des droits et taxes redressés 3 mois

F5-2 Taux de recouvrement des pénalités 3 mois

F6-1 Taux de dépôt de plainte 1 mois

F6-2 Taux de déboutement 3 mois

F6-3 Taux d'appel 3 mois

F6-4 Taux de recouvrement des pénalités sur commandement à payer. 3 mois

F6-5 Taux d'affaires réglées instantanément 3 mois

F6-6 Taux d'accord de transactions 1 mois

F7 Moyenne d'enquête 3 mois

F8 Taux de redressement sur contrôle physique 3 mois

H Délai moyen de traitement des déclarations en détail dans le délai 1 mois

E2 Indice de dématérialisation des procédures de dédouanement 3 mois

Pl Taux de rendement des saisies de stupéfiants par agent. 3 mois

P2 Taux de rendement des saisies de produits tabagiques par agent. 3 mois

P3 Taux de rendement des saisies d'alcools par agent. 3 mois

P4 Taux de rendement des saisies de carburants par agent. 3 mois

P5 Taux de rendement des saisies de cheptel par agent. 3 mois

P6 Montant des saisies de contrefaçon 3 mois

P7 Montant des sommes et matières aurifères saisies 3 mois

P8 Nombre d'armes saisies. 3 mois

P9 Protection du consommateur 3 mois

P10 Nombre de filières démantelées 3 mois

Pll Moyenne de PV par agent des douanes 3 mois

205

ANNEXE 3 : PERT avec échéances tenant compte du calendrier.

Tâches

Durées

(j) Dépendances DTO FTO DTA FTA

Structures

responsables (*)

A0 15 - 03/10/10 21/10/10 03/10/10 21/10/10

Toutes les

structures

Aa 15 - 24/10/10 15/11/10 24/10/10 15/11/10

Ab 15 A0 03/10/10 21/10/10 24/10/10 15/11/10

B 30 Aa et Ab 15/11/10 27/12/10 07/03/11 18/04/11

C 30 Aa et Ab 15/11/10 27/12/10 15/11/10 27/12/10

D 15 C 27/12/10 17/01/11 27/12/10 17/01/11

E 30 D 17/01/11 28/02/11 17/01/11 18/02/11 DE.400

F 5 E 28/02/11 07/03/11 28/02/11 07/03/11 Toutes les

structures

G 10 F 07/03/11 21/03/11 07/03/11 21/03/11 DE.300 &

DE.400

H 5 G 21/03/11 28/03/11 21/03/11 28/03/11 DE.400

I 15 G 21/03/11 11/04/11 28/03/11 18/04/11 DE.400

J 15 I 28/03/11 18/04/11 28/03/11 18/04/11 DE.400 & DRPI

206

annexe 4 : la liste des indicateurs de métiers jugés pertinents

Indicateur Fl : Montant des droits et taxes redresses

ObjectifCet indicateur constitue l'un des éléments d'appréciation globale de

l'efficacité des contrôles dans le domaine fiscal. II met en exergue

l'enjeu fiscal qu'il résulterait d'une fausse déclaration. L'indicateur

est présenté en pourcentage.

Services concernés Inspection Principale aux Opérations Commerciales IPOC.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration

Numérateur : le montant total des droits et taxes redressés ;

Dénominateur : le montant total des droits et taxes normalement dus.

II est calculé mensuellement par IPCOC, par inspection

divisionnaire, par direction régionale et agrège au niveau national.

Sont exclues du calcul de cet indicateur les affaires de contrebande.

Indicateur F2 : Part des constatations d'infractions à forte incidence fiscale

Objectif

Cet indicateur est calcule sur la base de données retenue dans le

périmètre de calcul de Fl.

A travers la structure des résultats et l'identification des contentieux

fiscaux les plus importants, il constitue l'un des éléments de mesure

d'efficience des contrôles dans le domaine fiscal.

Services concernés IPOC.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration

Cet indicateur est un ratio dont le numérateur et le dénominateur

sont fixes en nombre de contentieux.

Numérateur : nombre total des constations d'infractions de nature

fiscale dont le montant est supérieur a 300.000 DZD.

Dénominateur : nombre total des constations des infractions

redressées retenu pour le calcul de Fl.

L'indicateur est calcule mensuellement par IPCOC, inspection

divisionnaire, direction régionale et agrège au niveau national.

Indicateur F3 : Moyenne des redressements fiscaux des enquêtes et contrôlesa posteriori

207

Objectif

Cet indicateur vise à mesurer efficacité des contrôles à posteriori

dans le domaine fiscal.

II rapporte le montant total des droits et taxes redressés identifiés

au nombre d'enquêtes réalisées.

Services concernés II concerne exclusivement les services d'enquêtes à posteriori.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration

Numérateur : Montant total des droits et taxes redresses,

identifies, toutes catégories de taxes et d'impositions fiscales

confondues.

Dénominateur : Nombre total des enquêtes du contrôle a

posteriori réalisées par les services charges du contrôle a posteriori.

II est calculé trimestriellement par secteur d'activité de lutte contre

la fraude, par service régional de lutte contre la fraude et agrège au

niveau national.

Indicateur F4 : Taux des pénalités infligées

Objectif

Cet indicateur rend compte de l’effet dissuasif des contrôles

douaniers et de révolution de la politique de sanction de la direction

générale des douanes.

Le ratio est calculé à partir des contentieux pour lesquelles des droits

redresses ont été identifies.

Services concernés Recettes et Inspections Divisionnaires des Douanes IDD.

La date du prononcé des sanctions pourrait varier, notamment dans

le cas de traitement judiciaire d'une affaire, la référence retenue

pour le calcul de cet indicateur est la date de clôture du dossier

(jugement définitif) qui coïncide avec l'exigibilité des pénalités (et

non la date de la constatation).

Methodologies etperiodicited'elaboration

Numérateur : montant des pénalités infligées

Dénominateur : montant total des droits et taxes redresses du

contentieux correspondant à l'indicateur Fl.

II est calculé trimestriellement par recette, par inspection

divisionnaire, par direction régionale et agrégé au niveau national.

Indicateur F5 : Taux de recouvrement des pénalités douanières

208

Cet indicateur rend compte de l 'efficacité de l 'activité de

recouvrement contentieux, entre la date de constatation (dossiers

clos au plan contentieux en n-2) et la période de référence (année

n).

II rapporte pour l'ensemble des affaires closes pour lesquelles les

droits et taxes redresses ainsi que les pénalités sont devenues

Objectif exigibles dans l’année n-2, le montant des droits et taxes et les

pénalités recouvrés à l'issue de la période de référence au montant des

droits et taxes redresses et les pénalités infligées.

II est décliné en 2 sous indicateurs :

- Taux de recouvrement des droits et taxes redresses.

- Taux de recouvrement des pénalités.

Services concernés Recettes, IDD et Directions Régionales DRD.

F5.1 : Taux de recouvrement des droits et taxes redresses

Numérateur : Les droits et taxes redresses et recouvres

Dénominateur : les droits et taxes redresses

F5.2 : Taux de recouvrement des pénalités

Méthodologie et

périodicité

d'élaboration

Numérateur : les pénalités recouvrées

Dénominateur : Les pénalités infligées notifiées

Sont exclus du périmètre de calcul, les dossiers contentieux dont la

date de constatation et de clôture au plan contentieux, n'est pas

comprise entre le lei janvier et le 31 décembre de l’année n-2

Ces indicateurs sont calcules trimestriellement par recette, par

inspection divisionnaire, par direction régionale et agrège au niveau

national.

Indicateur F6 : Taux de suivi des affaires contentieuses

Objectif

Cet indicateur rend compte de l'efficacité de l'activité du contentieux,

entre la date de constatation, de poursuite et de recouvrement sur

une période de référence.

II rapporte pour l'ensemble des affaires pour lesquelles les droits et

taxes redresses ainsi que les pénalités sont devenus exigibles dans

l’année n, la performance du suivi des affaires judiciaires, la

célérité de l'exécution des décisions de justice ainsi que leur

recouvrement à l'issue de la période de référence au montant

des pénalités légalement encourues.

Services concernés Recettes, IDD et DRD.

209

Sous indicateursMéthodologie etpériodicitéd'élaboration.

F6.1 Taux de dépôt de plainte

Numérateur : Nombre de plaintes déposées en N

Dénominateur : nombre d'affaires constatées en N.

N= Un mois.

F6.2 Taux de déboutement

Numérateur : nombre d'affaires jugées à la défaveur de la douane en

N.

Dénominateur : nombre d'affaires portées en justice en N.N = Trois mois

F6.3 Taux d'appel

Numérateur : Nombre d'affaires faisant ('objet d'appel en N

Dénominateur : Nombre d'affaires portées en justice en N

N = Trois moisF6.4 Taux de recouvrement des pénalités sur commandement a payé

Numérateur : Montant des pénalités recouvrées sur commandements a

payer en N

Dénominateur : montant des pénalités encourues sur affaires jugées

définitivement en N. N = Trois mois.

F6.5 Taux d'affaires réglées instantanément

Numérateur : Nombre d'affaires réglées instantanément en NDénominateur : Nombre d 'af fai res constatées en NN = Trois mois

F6.6 Taux d'accord de transactions

Numérateur : Nombre d'accords émanant de la commission

régionale en N

Dénominateur : Nombre de demandes de transactions en N.N = Un mois

Indicateur F7 : Moyenne d'enquête

Cet indicateur mesure l'intensité de l'activité des enquêtes douanières

des services déconcentrés de la lutte contre la fraude.Objectif

II peut être rapproche avec l'indicateur F4 pour montrer une

appréciation plus complète sur l'efficacité globale de ces services.

Services concernés II concerne exclusivement les services d'enquêtes.

L'indicateur est un ratio entre le nombre d'enquêtes effectuées et le

nombre d'enquêteurs relevant des services opérationnels de la lutte

contre la fraude.

Numérateur : nombre d'enquêtes closes en n.

210

Méthodologie et Dénominateur : nombre total des effectifs de chacun de ces services

périodicitéd'élaboration

seuil est calculé trimestriellement par secteur de lutte contre la fraude,

par service régional de lutte contre la fraude et agrégé au niveau

national.

Sont exclus du périmètre de l'indicateur les demandes de contrôle aux

autorités étrangères.

Indicateur F8 : Taux de redressement sur contrôle physique.

ObjectifCet indicateur permet d'apprécier la présence de la douane sur

l'ensemble des opérations d'importation soumises à son contrôle,

toutes procédures d'importation confondues.

Services concernes IPOC et Inspections Principales aux Brigades.

Methodologie etperiodicited'elaboration

Numérateur : nombre de contrôles physiques sur dédouanement a

('importation ayant abouti au redressement.

Dénominateur : nombre de contrôles physiques sur dédouanement a

('importation.

Periodicite : 3 mois

Indicateur El : Délai moyen de traitement des déclarations en détail dans le délailégal

L'indicateur évalue l'ampleur de la perturbation qu'induisent les

contrôles douaniers dans la circulation des marchandises.

Objectif. Le délai d'immobilisation chez les autres prestataires de service n’est

pas comptabilise.

L'indicateur inclut les opérations de dédouanement de droit

commun réalisées par le SIGAD.

Services concernés IPOC et recettes.

Numérateur : ensemble des délais (allant de la date

d'enregistrement de la déclaration en détail a la date de

délivrance de BAE) correspondant aux déclarations établies dans le

délai légal de 21 jours en N.

Méthodologie Dénominateur : nombre total des déclarations établies dans le

et périodicitéd'élaboration.

délai légal de 21 jours en N.

211

L'indicateur, exprimé en nombre de jours, est calcule

mensuellement par inspection divisionnaire, direction régionale et

agrégé au niveau national.

Indicateur E.2. Indice de dématérialisation des procédures de

dédouanement.

Dans le cadre de la mission économique, I’ accroissement de la dématérialisation

des procédures de dédouanement adaptées au contexte économique

des entreprises professionnelles s'inscrit dans I'objectif d'amélioration

de la qualité du service rendu aux operateurs du commerce extérieur.

Objectif.L'indicateur mesure la part des déclarations dématérialisées ou numérisées

dans l'ensemble des déclarations de dédouanement traitées par les services.

II constitue un élément du schéma global de dématérialisation de

l'ensemble de la chaine de dédouanement.

Services concernés. IPOC.

M é t h o d o l o g i e et

périodicité

d'élaboration.

Numérateur : nombre de déclarations en détail

dématérialisées

Dénominateur : nombre total des déclarations traitées.

Périodicité : 3 mois

Indicateur P1 : Taux de rendement des saisies de stupéfiants par agent.

Objectif.Cet indicateur mesure de façon exhaustive, les résultats obtenus dansle domaine des saisies de stupéfiants par agent pour l'ensemble desservices opérationnels de la DGD.

Servicesconcernes.

Tous les services opérationnels de la DGD.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration.

Numérateur : quantité de saisie des stupéfiants exprimée en kg.

Dénominateur : nombre total des effectifs opérationnels dans le

domaine de lutte contre les stupéfiants.

L'unité de mesure de l'indicateur est le kilogramme /agent.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement. Par

l’inspection divisionnaireau niveau de la direction régionale et

agrégé au niveau national.

212

IndicateurP2 : Taux de rendement des saisies de produits tabagiques par agent.

Objectif.Cet indicateur mesure de façon exhaustive, les résultats obtenus dansle domaine des saisies des produits tabagiques par agent pourl'ensemble des services opérationnels de la DGD.

Servicesconcernes.

Tous les services opérationnels de la DGD.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration.

Numérateur : quantité de saisies des produits tabagiques exprimée en

unité selon la nature du tabac.

Dénominateur : nombre total des effectifs opérationnels dans le

domaine de lutte contre la contrebande.

L'unité de mesure de l'indicateur est le nombre d'unité /agent.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement, par

inspection divisionnaire, par direction régionale et agrégé au niveau

national.

Indicateur P3 : Taux de rendement des saisies d'alcools par agent.

Objectif.Cet indicateur mesure de façon exhaustive, les résultats obtenus dansle domaine des saisies d'alcools par agent pour l'ensemble des servicesopérationnels de la DGD.

Services

concernes.

Tous les services opérationnels de la DGD.

Méthodologie et

périodicité

d'élaboration.

Numérateur : quantité de saisie d'alcools exprimée en bouteille

et/ou en litre.

Dénominateur : nombre total des effectifs opérationnels dans le

domaine de lutte contre la contrebande.

L'unité de mesure de l'indicateur est le nombre de bouteille et/ou

litre /agent.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement, par

inspection divisionnaire, par direction régionale et agrégé au niveau

national.

Indicateur P4 : Taux de rendement des saisies de carburants par agent.

Objectif.Cet indicateur mesure de façon exhaustive, les résultats obtenus dansle domaine des saisies de carburants par agent pour l'ensemble desservices opérationnels de la DGD.

Services

concernés.

Tous les services opérationnels de la DGD.

213

Méthodologie et

périodicité

d'élaboration.

Numérateur : quantité de saisie des carburants exprime en litre.

Dénominateur : nombre total des effectifs opérationnels dans le

domaine de lutte contre la contrebande.

L'unité de mesure de l'indicateur est le litre /agent.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement, par

inspection divisionnaire, direction régionale et agrégé au niveau

national.

Indicateur P5 : Taux de rendement des saisies de cheptel par agent.

Objectif.Cet indicateur mesure de façon exhaustive, les résultats obtenus dansle domaine des saisies de cheptel par agent pour ('ensemble desservices opérationnels de la DGD.

Servicesconcernes.

Tous les services opérationnels de la DGD.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration.

Numérateur : quantité de saisie de cheptel exprimée en nombre de

tète.

Dénominateur : nombre total des effectifs opérationnels dans le

domaine de lutte contre la contrebande.

L'unité de mesure de I’ indicateur est le nombre de tète /agent.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement, par

inspection divisionnaire, direction régionale et agrégé au niveau

national.

Indicateur P6 : Montant des saisies de contrefaçon (en DA)

L'indicateur traduit ('impact économique et financier de ('action de laDirection Générale des Douanes en matière de la lutte contre la

contrefaçon.Objectif

II mesure de façon exhaustive des résultats obtenus dans ledomaine des saisies de contrefaçons par ('ensemble des services de laGenerale des Douanes.

Services concernés Tous les services opérationnels de la DGD sont concernés.

Le montant des saisies est obtenu en multipliant le nombre

d'articles contrefaits saisis par la valeur marchande du produit

authentique correspondant.

Methodologies etperiodicite

Le prix à retenir est celui du produit authentique (prix de revente sur

le marché national) au moment de la constatation.

214

d'elaborationL'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement, par

inspection divisionnaire, par direction régionale et agrégé au niveau

national.

Indicateur P7 : Montant des sommes et matières aurifères saisies

Objectif

L'indicateur rend compte de l'efficacité globale en matière de

lutte contre les mouvements illicites de capitaux de et vers

l'étranger.

Cette action constitue un élément important de la lutte contre le

blanchiment d'argent ou la grande fraude douanière est appréhendée

sous l'angle de son financement.

Services concernésIPB et services de lutte contre la fraude.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration

L'indicateur additionne le montant total des sommes et

matières aurifères saisies.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement

par l'ensemble des services extérieurs.

Indicateur P8: Nombre d'armes saisies

ObjectifL'indicateur reprend de manière exhaustive le nombre d'armes(y compris les engins explosifs et parties d'engins et articlespyrotechniques) saisies par les services extérieurs.

Servicesconcernés

IPB et services de lutte contre la fraude.

Methodologies etperiodicited'elaboration

L'indicateur est calculé sur la base des quantités saisies par catégorie

d'armes, explosifs et produits pyrotechniques.

L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement, par

('ensemble des services extérieurs concernes et agrégé au niveau

national.

Indicateur P9 : Protection du consommateur.

215

Objectif

Cet indicateur reprend l'ensemble des contentieux relatifs à la

protection des consommateurs.

II reprend des infractions aux normes techniques, sanitaires, et

phytosanitaires.

Servicesconcernes.

IPB

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration

Numérateur : nombre d'affaires contentieuses relatives aux infractions

constatées en matière de prescriptions techniques et normes

(sanitaires, vétérinaires, phytosanitaires, phytoveterinaires,

qualité...) en N.

Dénominateur : nombre total des affaires contentieuses en N.

N : Trois mois.

Indicateur P10 : Nombre de filières démantelées

Objectif

L'indicateur rend compte de l'efficacité des services de la DGD dans le

démantèlement des filières criminelles (stupéfiant, contrebande,

contrefaçon, arme, alcool, capitaux, bijoux, cheptel, carburant...).

II recense le nombre total de filières de fraude démantelées par les

services des douanes.

Services concernes Tous les services operationnels.

L'unité de calcul de l'indicateur est la filière de fraude démantelée :

Trois (3) critères doivent être satisfaits :

- secteurs de fraude.

Méthodologie etpériodicitéd'élaboration

- chiffre d'affaire important (à déterminer).

- le critère organisationnel : au moins trois (3) personnes physiques

et/ou morales appartenant au même groupe et jouant un rôle

significatif dans la filière (donneur d'ordre, vendeur, acheteur,

transporteur, financier ou intermédiaire) sont identifiées ou mises en

cause.L'indicateur est calculé trimestriellement et annuellement.

Indicateur P11: Moyenne de PV par agent des douanes

ObjectifL'objectif de cet indicateur est d'apprécier l'efficience des services des

douanes en s'appuyant sur le nombre de procès-verbaux établis par lesagents relevant des services opérationnels.

216

Services concernés Tous les services opérationnels.

Méthodologie et

périodicité

d'élaboration

Numérateur : le nombre total des procès-verbaux établis en N.

Dénominateur : le nombre d'agents en poste en N.

N : Trois mois.

L'indicateur est calculé trimestriellement par inspection

divisionnaire, par services régional de lutte contre la fraude, par

direction régionale et agrégé au niveau national.

217

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224

TABLE DES MATIERES

PageIntroduction générale 1

Chapitre 1 : l’émergence doctrinale de la notion de performance 6

Section 1 : l’ancrage théorique de la performance 8Sous- section 1 : du management stratégique au management de performance 9Sous-section 2 : fondements théoriques de la performance 16

1. Origine et évolution du concept 172. La performance, notion absorbée par le contrôle de gestion 22

Sous-section 3 : Les dimensions de la performance 251. Les dimensions internes de la performance 252. La performance publique 34

Section 2 : l’appropriation publique du concept de performance 37Sous-section 1 : Caractéristiques des organisations publiques :

particularités ou contraintes? 381. Le cadre institutionnel et juridique 392. La prédominance des prérogatives de puissance publique 413. le contrepoids des sujétions de service public 43

Sous-section 2: La conception classique et les exigences modernes de la gestionpublique : la quête de performance 44

1. les limites de la gestion publique classique 452. les exigences du management public moderne 48

Sous-section 3 : encadrement juridique et institutionnel 561. La LOLF, occasion d’une remise en cause 562. Les THINK TANKS 61

Conclusion du chapitre premier 69

Chapitre 2ème : la performance comme distinction de la nouvelle gestion publique 70

Section 1 : La démarche de performance dans la sphère publique 71Sous section 1 : La définition de la stratégie pour l’identification des objectifs 72

1. le panel des objectifs et les résultats du service public. 742. la détermination des objectifs 83

Sous section 2 : Le choix des indicateurs de performance 881. La notion d’indicateur 882. la translation chiffrée de l’objectif en indicateur 933. les indicateurs à l’épreuve de la pratique 98

Section 2 : le pilotage de la performance dans la sphère publique 101

Sous section 1 : Le suivi de la démarche de performance 1021. La performance dans les rapports contractuels, la gestion et l’amélioration

225

du service public 1032. l’utilisation du suivi de la performance 108

Sous section 2 : L’évaluation des résultats 1121. La mesure de la performance 1132. La mesure de la performance dans le secteur public 119

Conclusion du chapitre 2 130

Chapitre 3 : La douane algérienne et l’impératif de performance 133

Section 1 : la douane : administration publique à vocation économique 135Sous section 1 : le champ d’intervention de la douane 135

1. l’environnement de la douane 1352. les missions de la douane 138

Sous section 2 : les moyens disponibles à l’action douanière 139

Section 2 : le rôle prépondérant de la performance dans la modernisationde la douane algérienne 145

Sous section 1: contours du Programme de Modernisation de la DouaneAlgérienne PMDA 146

1. Le contenu de la stratégie globale 1472. évaluation globale et programme d’actions 2007-2010 152

Sous section 2 : la mise en œuvre du PMDA 1641. mise en place du dispositif d’évaluation des performances ou genèse

du dispositif performance en douane1 1652. le suivi de la performance dans l’administration douaniere 169

Section 3 : La Consolidation du PMDA 188Sous section 1 : Expertise interne du PMDA 188Sous section 2 : la réflexion au Programme d’appui au PMDA 191Sous section 3 : l’expérience française : enseignements et recommandations 194

1. la charte Marianne 1942. la démarche des trois S 199

Conclusion du chapitre 3 205

Conclusion générale 206

Résumé :

Le concept de la performance est indubitablement polysémique qui nécessite

de revoir la production théorique effectuée autour de lui dont l’objectif est de

préciser le sens accordé au concept de performance et l’approche retenue pour

l’appréhender.

En retraçant l’émergence du management, l’analyse de la littérature présente

son contenu conceptuel et identifie ses effets

Mais la performance n’est pas qu’affaire de valeurs.Elle revêt également une

dimension technique et instrumentale au travers des métriques et outils de gestion

dont la raison d’être est de conduire vers la performance.

Etudier la performance dans une administration telle que la douane revient à

étudier la diffusion d’un concept et de ses outils dans un environnement spécifique

qui est le secteur public, sachant que les organisations publiques se sont

historiquement constituées comme alternatives aux organisations privées en raison

de finalités différenciées.

Les recommandations qui se sont imposées démarrent d’un principe fondamental

qui considère que l’objectif de performance ne se conçoit pas sans vision stratégique de

l’avenir de la douane à moyen terme, c’est-àdire sans mise en perspective des évolutions

souhaitées au regard de son identité, de ses missions et de ses modes de fonctionnement.

Les 10 mots clés :

Efficacité, efficience, performance, qualité de service, publique, rationalité, douanes,

indicateur, contrôle, évaluation.

Résumé :

Le Concept de la performance est indubitablement polysémique qui

nécessite de revoir la production théorique effectuée autour de lui dont l’objectif est

de préciser le sens accordé au concept de performance et l’approche retenue pour

l’appréhender.

En retraçant l’émergence du management, l’analyse de la littérature présente

son contenu conceptuel et identifie ses effets

Mais la performance n’est pas qu’affaire de valeurs.Elle revêt également une

dimension technique et instrumentale au travers des métriques et outils de gestion

dont la raison d’être est de conduire vers la performance.

Etudier la performance dans une administration telle que la douane revient à

étudier la diffusion d’un concept et de ses outils dans un environnement spécifique

qui est le secteur public, sachant que les organisations publiques se sont

historiquement constituées comme alternatives aux organisations privées en raison

de finalités différenciées.

Les recommandations qui se sont imposées démarrent d’un principe fondamental

qui considère que l’objectif de performance ne se conçoit pas sans vision stratégique de

l’avenir de la douane à moyen terme, c’est-àdire sans mise en perspective des évolutions

souhaitées au regard de son identité, de ses missions et de ses modes de fonctionnement.

Mots Clés:

Efficacité; Efficience; Performance; Qualité De Service; Publique; Rationalité; Douanes;

Indicateur; Contrôle; Evaluation.