réponses précoces aux expressions faciales maternelles : une étude longitudinale

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Réponses précoces aux expressions faciales maternelles : une étude longitudinale Marie-Christine LAVALLÉE 1 , Louise COSSETTE 1 , Amélie SEIDAH et Jean BÉGIN RÉSUMÉ Pour tenter de mieux cerner le développement de la reconnaissance des expressions faciales d’émotion, nous avons analysé les expressions faciales que produisent 25 nourrissons en réaction aux expressions faciales de leur mère lors de séances d’interaction face à face. Les bébés sont âgés de 1 mois lors de la première séance et de 2,5 mois, 6 mois et 9 mois lors des séances suivantes. Leurs expressions faciales et celles de leur mère sont encodées à l’aide du système Max. La direction du regard des bébés est aussi notée. Dès l’âge de 1 mois, les nourrissons réagissent aux expressions faciales de leur mère en modifiant leurs propres expressions dans un intervalle d’au plus 1 seconde. Leurs réponses faciales se font plus différenciées à 6 mois et plus nombreuses à 9 mois. Les bébés sont donc très tôt sensibles aux expressions faciales de leur mère et ils en saisissent sans doute peu à peu la signification affective. MOTS CLÉS : RECONNAISSANCE DES EXPRESSIONS FACIALES, EXPRESSION FACIALE, ÉMOTION, NOURRISSON Université du Québec à Montréal 1 Correspondance : L. Cossette, département de psychologie, UQAM, C.P. 8888, Succ. Centre-Ville, Montréal, Québec, Canada, H3C 3P8, [email protected]. mclavallee@ sympatico.ca. nfance n 2/2011 | pp. 163-178

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Réponses précoces aux expressions facialesmaternelles : une étude longitudinale

Marie-Christine LAVALLÉE1, Louise COSSETTE1,Amélie SEIDAH et Jean BÉGIN

RÉSUMÉ

Pour tenter de mieux cerner le développement de la reconnaissance desexpressions faciales d’émotion, nous avons analysé les expressions faciales queproduisent 25 nourrissons en réaction aux expressions faciales de leur mère lorsde séances d’interaction face à face. Les bébés sont âgés de 1 mois lors de lapremière séance et de 2,5 mois, 6 mois et 9 mois lors des séances suivantes.Leurs expressions faciales et celles de leur mère sont encodées à l’aide du systèmeMax. La direction du regard des bébés est aussi notée. Dès l’âge de 1 mois,les nourrissons réagissent aux expressions faciales de leur mère en modifiantleurs propres expressions dans un intervalle d’au plus 1 seconde. Leurs réponsesfaciales se font plus différenciées à 6 mois et plus nombreuses à 9 mois. Les bébéssont donc très tôt sensibles aux expressions faciales de leur mère et ils en saisissentsans doute peu à peu la signification affective.MOTS CLÉS : RECONNAISSANCE DES EXPRESSIONS FACIALES, EXPRESSION FACIALE,

ÉMOTION, NOURRISSON

Université du Québec à Montréal1Correspondance : L. Cossette, département de psychologie, UQAM, C.P. 8888, Succ.

Centre-Ville, Montréal, Québec, Canada, H3C 3P8, [email protected]. [email protected].

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ABSTRACT

The development of the recognition of facial expressions ofemotion: a longitudinal study of infants’ facial responses to theirmother’s facial expressions

To further investigate the recognition of facial expressions of emotion in infancy,we analyzed infants’ facial responses to their mother’s facial expressions duringface-to-face interaction. Twenty-five infants were observed with their motherat 1 month, 2.5 months, 6 months, and 9 months of age. Facial expressionswere coded using Max. Infant gaze direction was also coded. From 1 monthonwards, infants reacted to changes in maternal facial expressions by changingtheir own expressions within a 1 seconde interval. Their facial responses weremore differentiated at 6 months and more frequent at 9 months. Infants appearto be particularly sensitive to their mother’s facial expressions and they probablyunderstand progressively the affective meaning of these expressions.KEY-WORDS: FACIAL EXPRESSIONS RECOGNITION, FACIAL EXPRESSION, EMOTION,,

INFANT

Reconnaissance des expressions faciales 165

Les expressions faciales d’émotion fournissent des informations essentielles dansnos interactions avec les autres et le nourrisson doit progressivement apprendreà les reconnaître, c’est-à-dire en saisir la signification (Leppänen & Nelson, 2006 ;Nelson & de Haan, 1997 ; Saarni, Campos, Camras, & Whiterington, 2006 ;Walker-Andrews, 1997, 2008 ; Widen & Russell, 2008). Cette compréhension sedévelopperait en grande partie grâce aux interactions du bébé avec son entourage.Selon Montague et Walker-Andrews (2002), l’exposition répétée aux expressionsfaciales de ses proches permettrait au nourrisson de les discriminer puis deles associer peu à peu à des événements significatifs. Les sourires maternelsseraient, par exemple, progressivement associés à des interactions positives etles expressions négatives à des événements déplaisants. Le but de la présenterecherche est de mieux cerner ces premières étapes du développement de lareconnaissance des expressions faciales d’émotion.

Deux indices comportementaux sont généralement utilisés pour évaluerles habiletés de discrimination des expressions faciales d’émotion des bébés :leurs réponses visuelles et leurs réponses faciales. Les études portant sur lesréponses visuelles ont recours pour la plupart à une procédure d’habituationou de préférence visuelle au cours de laquelle on présente diverses expressionsfaciales sur photographie ou sur écran. L’analyse de la durée de leurs fixationsvisuelles montre que les bébés peuvent discriminer très tôt des expressionsfaciales d’émotions variées, c’est-à-dire qu’ils sont capables de percevoir lescaractéristiques faciales qui les distinguent (Leppänen & Nelson, 2006 ;Nelson & de Haan, 1997 ; Walker-Andrews, 1997, 2008 ; Widen & Russell,2008).

Ainsi, dès les premiers jours suivant leur naissance, les bébés peuventdiscriminer des expressions de joie et de peur (Farroni, Menon, Rigato, &Johnson, 2007). Ils sont, par contre, incapables de distinguer une expression depeur d’une expression neutre. Des nourrissons de 3 mois peuvent aussi discernerle sourire, qui caractérise la joie, d’un froncement de sourcils, un indice de colère(Barrera & Maurer, 1981). D’autres études réalisées avec des bébés de 4 à 7 moisprésentent des résultats similaires (Bornstein & Arterberry, 2003 ; LaBarbera,Izard, Vietze, & Parisi, 1976 ; Nelson & Dolgin, 1985 ; Schwartz, Izard, & Ansul,1985 ; Serrano, Iglesias, & Loeches, 1992, 1995). Les nourrissons manifestent, enoutre, de meilleures habiletés de discrimination lorsque les expressions facialessont accompagnées d’indices auditifs (Caron, Caron, & Mac Lean, 1988 ; Flom &Bahrick, 2007 ; Kahana-Kalman & Walker-Andrews, 2001 ; Soken & Pick, 1999).

La plupart des auteurs sont cependant d’avis que le jeune nourrisson necomprend pas la signification des expressions faciales qu’il observe (Caron et al.,1988 ; Caron, Caron, & Myers, 1982, 1985 ; Leppänen & Nelson, 2006 ; Nelson& de Haan, 1997 ; Walker-Andrews, 1997, 2008 ; Widen & Russell, 2008). Aucours de leurs premiers mois, par exemple, les bébés réagissent souvent à uneexpression familière présentée par un nouveau visage comme s’il s’agissait d’unenouvelle expression (Caron et al., 1982). Même à 9 mois, ils peuvent confondre

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des expressions de joie et de colère lorsque la bouche est ouverte et les dentsvisibles (Caron et al., 1985).

Le nourrisson aurait néanmoins acquis une meilleure compréhension desexpressions faciales d’émotion d’autrui vers l’âge de 9 mois. C’est ce que semblentconfirmer les travaux sur la communication référentielle. Le bébé peut, à cettepériode, avoir recours à l’expression faciale d’émotion de sa mère ou d’un procheet moduler ses réactions selon l’expression observée en présence d’un jouetnouveau, d’une personne étrangère ou d’un événement menaçant (Desrochers,Ricard, Décarie, & Allard, 1994 ; Klinnert, 1984 ; Klinnert, Emde, Butterfield,& Campos, 1986 ; Mumme, Fernald, & Herrera, 1996 ; Walden & Ogan,1988).

Des chercheurs qui se sont attachés à décrire les réponses faciales desbébés aux expressions d’émotion d’autrui leur prêtent toutefois des capacités dediscrimination beaucoup plus précoces. Ainsi, des nouveau-nés âgés de 36 heuresesquissent un sourire lorsqu’une expérimentatrice affiche une expression de joiedans une procédure d’habituation, ils contractent les lèvres lorsqu’elle montrede la tristesse et arrondissent la bouche et les yeux à la vue d’une expressionde surprise (Field, Woodson, Greenberg, & Cohen, 1982). D’autres chercheursn’ont, par contre, observé aucune réponse de ce type chez des nouveau-nés(Anisfeld, 1991, 1996 ; Anisfeld et al., 2001 ; Kaitz, Meschulach-Sarfaty, Auerbach,& Eidelman, 1988 ; Rogers, 2006).

Des réactions similaires à celles relevées par Field et al. (1982) sont cependantrapportées chez des bébés plus âgés. Des nourrissons de 10 semaines répondentainsi par une expression de joie ou d’intérêt aux sourires de leur mère et montrentune expression neutre ou de colère lorsqu’elle affiche de la colère (Haviland& Lelwica, 1987). De même, des bébés de 5 mois réagissent en souriant auxexpressions de joie d’une expérimentatrice alors que leurs sourires se font plusrares lorsqu’elle exprime de la tristesse (D’Entremont & Muir, 1999). Montagueet Walker-Andrews (2001) notent aussi des réactions faciales différenciées chezdes bébés de 4 mois auxquels on présente des expressions faciales d’émotionsdistinctes, mais peu d’imitations des expressions observées.

Il faut souligner ici que, malgré l’importance accordée aux interactions face àface entre le nourrisson et ses proches pour son développement social et affectif(entre autres, Fogel et al., 1992 ; Lavelli & Fogel, 2002, 2005 ; Nelson & De Haan,1997 ; Sroufe, 1996 ; Walker-Andrews, 1997, 2008), aucune des études recenséesn’a été réalisée dans un contexte d’interaction libre face à face. Divers auteurs fontpourtant remarquer que les expressions affectives ne sont pas des objets maisdes événements liés à un contexte (Gibson, 1979 ; Gibson & Pick, 2000 ; Smith& Muir, 2003 ; Walker-Andrews, 2008). Analyser les réactions des bébés à desexpressions faciales statiques, comme le font la plupart des études expérimentales,ne donnerait qu’un aperçu très limité de leurs capacités.

Pour tenter de mieux cerner les premières étapes du développement dela reconnaissance des expressions faciales d’émotion, nous avons observé les

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expressions faciales que produisent des nourrissons en réaction aux expressionsfaciales de leur mère lors de séances d’interaction libre face à face au cours de lapremière année, soit à l’âge de 1 mois, 2,5 mois, 6 mois et 9 mois. Selon notrehypothèse, les expressions faciales de leur mère devraient susciter de plus en plusde réponses faciales chez les nourrissons au cours de la première année et cesréponses devraient progressivement se différencier.

MÉTHODE

Participants et participantesVingt-cinq nourrissons (15 filles) et leur mère participent à la recherche. Lesbébés sont en bonne santé et nés à terme. Ils sont recrutés par l’intermédiairedu Service de référence de la ville de Montréal afin de participer à unerecherche sur le développement des émotions. Les parents reçoivent une lettre lesinformant des objectifs de l’étude. Une assistante les joint ensuite par téléphone.Parmi les familles répondant aux critères de l’étude, 56 % ont accepté d’yparticiper.

Les nourrissons sont âgés de 1 mois lors de la première séance (M = 32,5jours, ÉT = 2,8) et de 2,5 mois (M = 73,4, ÉT = 4,5), 6 mois (M = 185,6, ÉT

= 6,2) et 9 mois (M = 272,6, ÉT = 7,5) lors des séances suivantes. La plupartdes parents sont issus de milieux socio-économiques moyens. Les mères ont, enmoyenne, 14 années de scolarité et les pères, 14,8. Parmi eux, neuf mères et 13pères ont une formation universitaire. L’âge moyen des mères est 28,3 ans, celuides pères 31,8 ans.

L’échantillon initial comprenait 47 dyades mère-nourrisson. Sept d’entre ellesn’ont pu participer aux quatre séances en raison de problèmes de santé, dedisponibilité ou du désintérêt des mères. Onze autres dyades ont été retirées del’échantillon car le visage de la mère ou de l’enfant n’était pas suffisamment visibleou parce que les bébés ont à peine regardé le visage de leur mère pendant l’unedes séances. Enfin, quatre dyades n’ont pu compléter toutes les séances en raisonde problèmes techniques ou des pleurs de l’enfant.

DéroulementLes séances d’interaction se déroulent en laboratoire. Le bébé est assis dans unsiège posé sur une table à une distance de 40 à 60 cm de sa mère lors des troispremières séances et dans un siège fixé au rebord de la table à une distance de60 à 75 cm de sa mère à la dernière. Deux étudiantes en psychologie accueillentmère et bébé. L’une d’elles demande à la mère de jouer avec son enfant commeelle le ferait à la maison pendant 2 minutes. Elle peut toucher son bébé mais nedoit pas le sortir de son siège. Aucun jouet n’est mis à sa disposition. La séanceprend fin si le bébé devient agité ou pleure de façon persistante.

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Les interactions sont enregistrées à l’aide de deux caméras, l’une filmant levisage de la mère, l’autre celui du bébé. Les caméras, dont seules les lentilles sontvisibles, sont reliées à un magnétoscope et à un générateur d’effets spéciaux defaçon à obtenir les deux images sur un même écran. Une horloge numériqueindiquant les heures, minutes, secondes et dixièmes de seconde paraît égalementà l’écran.

MesuresLe système Max (Izard, 1983) sert à l’encodage des expressions faciales desnourrissons et des mères. Max permet d’identifier les mouvements faciauxassociés aux émotions d’intérêt, de joie, de surprise, de tristesse, de colère, depeur, de dégoût et de mépris. Il sert aussi à noter les expressions mixtes (ex. :intérêt/joie) ainsi que les expressions neutres, ou l’absence de mouvementfacial. Bien qu’il ait d’abord été conçu pour les bébés, Max sert aussi àl’encodage des expressions faciales des mères lorsqu’elles interagissent avec leurnourrisson (entre autres, Léveillé, Cossette, Blanchette, & Gaudreau, 2001 ;Malatesta, Grigoryev, Lamb, Albin, & Culver, 1986 ; Malatesta & Haviland,1982).

Les observatrices notent les temps de début et de fin de chaque mouvementfacial au dixième de seconde près. Le pourcentage moyen d’accords entreobservatrices, calculé sur 20 % des séances, est 84 % pour le type et la durée desexpressions faciales des nourrissons et 83 % pour celles des mères. Il s’obtient ennotant, à chaque dixième de seconde, s’il y a accord sur le type de mouvementobservé. Le pourcentage d’accords est ensuite calculé pour la durée totale dechaque séance. La direction et la durée des regards des bébés sont aussi notées.Le pourcentage moyen d’accords pour les regards est 88 %.

Un fichier informatique regroupant les données sur la direction du regarddes bébés, sur leurs expressions faciales et sur celles des mères sert à l’encodagedes réponses faciales des nourrissons. Est ainsi notée, suite à chaque expressionfaciale produite par la mère et observée par son bébé, l’expression faciale dunourrisson en précisant s’il s’agit d’une nouvelle expression ou de l’expressionqu’il affichait avant le changement d’expression de sa mère. Seules les nouvellesexpressions sont comptabilisées comme réponses faciales et retenues pour lesanalyses.

Notons que, lorsqu’elles interagissent face à face avec leur bébé, les mèresrépondent généralement à ses changements d’expressions faciales en modifiantleurs propres expressions faciales dans un intervalle d’au plus une seconde(Léveillé et al., 2001 ; Malatesta et al., 1986 ; Malatesta & Haviland, 1982). Nousavons opté pour un intervalle de 5 secondes de façon à comparer le nombrede réponses des nourrissons dans des intervalles de 0,1 à 1 seconde et de 1,1à 5 secondes L’expression de la mère, la réponse faciale de l’enfant ainsi quel’intervalle temporel entre l’apparition des deux expressions sont notés. Lesexpressions dont il était impossible de déterminer le temps de début sont exclues.

Reconnaissance des expressions faciales 169

Des vérifications effectuées sur 10 % des séances révèlent un taux d’erreurinférieur à 2 %.

RÉSULTATS

Les résultats des analyses séquentielles révèlent que les changementsd’expressions faciales observés chez les nourrissons suivant un changementd’expression chez leur mère surviennent à l’intérieur d’un intervalle d’uneseconde dans une proportion variant de 54 % à 66 % selon l’âge (1 mois :54 % ; 2,5 mois : 60 % ; 6 mois : 59 % ; 9 mois : 66 %). Les analyses subséquentesportent sur les réponses produites dans cet intervalle.

Le pourcentage d’expressions faciales des mères qui suscitent une réponsefaciale chez leur nourrisson dans un intervalle d’une seconde atteint 20,4 % à 1mois, 28,4 % à 2,5 mois, 25 % à 6 mois et 33,2 % à 9 mois. Un test de Cochranindique que la fréquence de ces réponses varie avec l’âge, χ 2 (3, N = 1 687) =16,38, p < 0,001. Elle est inférieure à la fréquence théorique à 1 mois, z = −2,35,et supérieure à la fréquence théorique à 9 mois, z = 2,31. Notons que les testsstatistiques comportant plus d’un degré de liberté ont été décomposés à l’aide detests a posteriori, des cotes z ajustées, afin de préciser les effets significatifs.

Tableau 1.

Fréquence en pourcentage des expressions faciales des mères lorsque leur nourrissonles regarde

1 mois 2,5 mois 6 mois 9 mois

Expression faciale desmères (en %)

Sourire 43,6 41,8 43,9 47,6

Haussement de sourcils +sourire

23,4 30,6 27,3 25,5

Expression neutre 20,1 12,1 15,5 14,3

Haussement de sourcils 9,9 9,6 6,2 7,3

Bouche arrondie 0,7 1,5 2,1 1,9

Expression négative 0,0 1,1 0,8 1,9

Léger froncement de sourcils 1,9 1,7 0,6 0,9

Léger froncement desourcils + sourire

0,0 1,1 3,0 0,3

Mouvement négatif dessourcils + sourire

0,0 0,0 0,2 0,0

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Des tests de khi-carré servent ensuite à comparer à chacun des âges lafréquence des réponses faciales des bébés selon le type d’expression de leurmère, soit ses sourires, ses haussements de sourcils accompagnés d’un sourire,ses expressions neutres, ses haussements de sourcils et ses autres expressions(qui regroupent les expressions plus rares). Les fréquences, en pourcentage, desexpressions maternelles sont présentées dans le Tableau 1. Rappelons que seulesles expressions maternelles observées par les bébés sont retenues. La fréquencedes réponses faciales des nourrissons ne varie pas selon le type d’expression deleur mère.

Tableau 2.

Fréquence et pourcentage des diverses réponses faciales des nourrissons suivantun changement d’expression faciale chez leur mère

1 mois 2,5 mois 6 mois 9 mois

Expression facialedes mères (en %) N % N % N % N %

Expression neutre 36 43,9 52 35,8 34 ↓ 29,3 37 35,5

Sourire 4 4,8 27 18,6 36 ↑ 31 27 25,9

Haussement desourcils

18 21,9 25 17,2 20 17,2 22 21,1

Léger froncementde sourcils

13 15,8 22 15,1 12 10,3 4 3,8

Expression négative 9 10,9 8 5,5 4 3,4 6 5,7

Haussement desourcils + sourire

1 1,2 8 5,5 9 7,7 5 4,8

Autres expressions 1 1,2 3 2 1 0,8 3 2,8

Note. Les flèches indiquent des fréquences significativement supérieures (↑) ou inférieures (↓) aux fréquencesthéoriques.

Un examen des diverses réponses faciales des nourrissons suivant unchangement d’expression faciale chez leur mère montre que les expressionsneutres dominent, suivies des sourires et des haussements de sourcils (Tableau 2).On note aussi des variations dans la fréquence de ces réponses selon l’âge. Afin dedéterminer si les bébés produisent des réponses faciales différenciées, c’est-à-direqui se distinguent des autres expressions faciales observées chez eux pendanttoute la durée des séances d’interaction, des tests de khi-carré sont utilisés pouren comparer les fréquences à chaque âge.

Le Tableau 3 présente la fréquence des diverses expressions facialesproduites par les bébés à chaque âge. Des différences significatives apparaissent

Reconnaissance des expressions faciales 171

Tableau 3.

Fréquence et pourcentage des expressions faciales des nourrissons pendant lesséances d’interaction

1 mois 2,5 mois 6 mois 9 mois

Expression faciale desnourrissons (en %) N % N % N % N %

Expression neutre 207 45,7 261 37,2 225 42,1 204 39,8

Sourire 10 2,2 136 19,4 118 22,1 150 29,3

Haussement de sourcils 95 21 121 17,3 104 19,4 78 15,2

Léger froncement desourcils

84 18,5 100 14,3 41 7,7 23 4,5

Expression négative 52 11,5 35 5 22 4,1 15 2,9

Haussement de sourcils +sourire

4 0,9 33 4,7 20 3,7 39 7,6

Léger froncement desourcils + sourire

0 0 12 1,7 5 0,9 2 0,4

Autres expressions 1 0,2 2 0,3 0 0 1 0,2

uniquement à 6 mois, χ 2 (3, N = 488) = 13,06, p < 0,01. La fréquence desréponses faciales neutres est inférieure à la fréquence théorique, z ==C−2,91, alorsque celle des sourires est supérieure à la fréquence théorique, z = =C2,95.

Les diverses réponses faciales des bébés aux expressions maternelles lesplus fréquentes, soit les sourires et les haussements de sourcils accompagnésd’un sourire, ont aussi été analysées. Les réponses aux sourires maternels sontprésentées dans le Tableau 4, et les réponses aux haussements de sourcilsaccompagnés d’un sourire, dans le Tableau 5.

Des tests de khi-carré servent ensuite à comparer la fréquence de ces réponsesà celle des autres expressions produites par les bébés pendant les séancesd’interaction à chaque âge. Encore une fois, les résultats s’avèrent significatifsuniquement à 6 mois : sourires, χ 2 (2, N = 447) = 7,41, p < 0,05 ; haussementsde sourcils accompagnés d’un sourire, χ 2 (2, N = 447) = 8,64, p < 0,01. Lesbébés produisent moins d’expressions neutres, z = −2,45, et plus de sourires,z = 2,42, en réaction aux sourires maternels et aussi moins d’expressions neutres,z = =C−1,99, et plus de sourires, z = =C2,93, en réponse aux haussements desourcils accompagnés d’un sourire de leur mère.

DISCUSSION

Les nourrissons réagissent très tôt aux expressions faciales de leur mère enmodifiant leurs propres expressions faciales. Leurs réponses apparaissent pour la

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Tableau 4.

Fréquence et pourcentage des diverses réponses faciales des nourrissons aux souriresde leur mère

1 mois 2,5 mois 6 mois 9 mois

Expression faciale desnourrissons (en %) N % N % N % N %

Expression neutre 16 45,7 21 38,8 14 ↓ 27,4 13 30,2

Sourire 0 0 10 18,5 18 ↑ 35,2 12 27,9

Haussement de sourcils 7 20 10 18,5 11 21,5 9 20,9

Léger froncement desourcils

8 22,8 8 14,8 3 5,8 2 4,6

Expression négative 4 11,4 2 3,7 0 0 3 6,9

Autres expressions 0 0 3 5,5 5 9,8 4 9,2

Note. Les flèches indiquent des fréquences significativement supérieures (↑) ou inférieures (↓) aux fréquences théoriques.

Tableau 5.

Fréquence et pourcentage des diverses réponses faciales des nourrissonsaux haussements de sourcils accompagnés d’un sourire de leur mère

1 mois 2,5 mois 6 mois 9 mois

Expression faciale desnourrissons (en %) N % N % N % N %

Expression neutre 7 38,8 20 37,7 9 ↓ 23,6 12 38,7

Sourire 4 22,2 13 24,5 14 ↑ 36,8 7 22,5

Haussement de sourcils 4 22,2 5 9,4 5 13,1 7 22,5

Léger froncementde sourcils

1 5,5 9 16,9 3 7,8 0 0

Expression négative 1 5,5 1 1,8 2 5,2 1 3,2

Haussement desourcils + sourire

1 5,5 4 7,5 4 10,5 3 9,6

Autres expressions 0 0 1 1,8 1 2,6 1 3,2

Note. Les flèches indiquent des fréquences significativement supérieures (↑) ou inférieures (↓) aux fréquences théoriques.

plupart dans un intervalle de temps très court, soit une seconde ou moins suivantun changement d’expression chez leur mère. Dès l’âge de 1 mois, 20,4 % desexpressions faciales des mères suscitent une réponse dans cet intervalle alors qu’à9 mois, ce pourcentage atteint 33,2 %, soit le tiers des expressions maternelles.

Reconnaissance des expressions faciales 173

La fréquence des réponses faciales des nourrissons augmente donc avec l’âge etne varie pas selon l’expression de leur mère.

À notre connaissance, aucune autre étude n’a documenté les délais deproduction des réponses faciales des nourrissons. Tronick (1989) rapporte queles bébés de 3 mois réagissent rapidement aux expressions affectives de leur mèreen modifiant leurs propres expressions sans préciser la latence de ces réponses, nile type de réponses produites. Tronick et Cohn (1989) font aussi remarquer queles mères et leur nourrisson se répondent mutuellement en modifiant tour à tourleurs expressions affectives dans un intervalle de quelques secondes, sans plus deprécision.

Rappelons que l’intervalle temporel observé dans notre étude est semblableà celui noté chez les mères lorsqu’elles interagissent face à face avec leur bébé(Léveillé et al., 2001 ; Malatesta & Haviland, 1982). Mais les mères ne réagissentpas seulement aux expressions faciales de leur nourrisson dans un intervalle d’uneseconde, leurs réponses varient selon l’expression de leur bébé. Elles sourientgénéralement à ses sourires, haussent les sourcils en réaction à ses haussementsde sourcil et répondent à ses expressions négatives par une expression neutre ouun haussement de sourcil (Léveillé et al., 2001).

Contrairement à ce que l’on observe chez les mères, l’analyse détailléedes réponses faciales des bébés révèle que la plupart d’entre elles sont desexpressions neutres, surtout à 1 mois. En d’autres termes, lorsqu’ils observentun changement d’expression faciale chez leur mère, les nourrissons adoptentsouvent un visage neutre. Ils peuvent, par exemple, cesser de froncer les sourcilsou de sourire. Selon Ruff et Rothbart (1996), une expression neutre peut êtrel’indice d’une attention soutenue lorsqu’elle s’accompagne d’intenses fixationsvisuelles. Ces réactions semblent indiquer que les bébés perçoivent bien leschangements d’expression chez leur mère, même s’ils n’en saisissent sans doutepas la signification. L’attention portée aux expressions faciales maternelles leurpermettrait néanmoins de les comprendre peu à peu.

Les bébés produisent aussi d’autres réponses faciales, des haussements desourcils, de légers froncements de sourcils, des expressions négatives et dessourires, plus fréquents à compter de 2,5 mois. Cependant, lorsque l’on examineleurs réactions aux sourires et aux haussements de sourcil accompagnés d’unsourire de leur mère à 1 mois et 2,5 mois, il est difficile d’en dégager unpatron de réponses clairement différencié. Nos observations se démarquent doncsensiblement de celles de Field et al. (1982) et de Haviland et Lelwica (1987)qui rapportent des imitations d’expressions faciales chez des nouveau-nés et desbébés de 10 semaines.

Les réactions des nourrissons apparaissent plus différenciées à 6 mois. Uneproportion significative de leurs sourires se produit en réaction aux simplessourires de leur mère et à ses sourires accompagnés d’un haussement de sourcils.Les réponses faciales neutres sont aussi moins fréquentes. Mais, curieusement, à9 mois, bien que les bébés produisent, en proportion, plus de réponses faciales,leurs réponses semblent peu différenciées et les expressions neutres dominent.

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Les nombreuses études sur la communication référentielle montrent pourtantqu’ils ont acquis à cet âge une meilleure compréhension des expressions facialesd’autrui. L’émergence de la communication référentielle vers 9 mois marqued’ailleurs, selon Saarni et al. (2006), une phase cruciale du développement dela communication émotionnelle. Il est donc difficile d’expliquer pourquoi lesréactions des nourrissons à 9 mois sont à peine plus différenciées que celles qu’ilsprésentaient à 1 mois et 2,5 mois.

On peut se demander si les réactions observées à 9 mois ne résultent pasd’une réorganisation de la façon dont les bébés appréhendent le visage maternel.Cohen et Cashon (2006) font remarquer qu’au cours de la seconde moitié deleur première année, les nourrissons saisissent mieux la complexité du visagehumain et sa signification sociale, ce qui a pour effet d’entraîner une surchargeprovisoire de leur capacité de traitement de l’information. La fréquence élevéedes réponses faciales et la recrudescence des réponses neutres à 9 mois pourraientdonc traduire à la fois l’intérêt des bébés pour les expressions faciales de leur mèreet l’effort accru consenti pour en saisir la signification.

Nos résultats semblent, en partie, confirmer ceux de Lavelli et Fogel (2005).Leur observation de nourrissons lorsqu’ils interagissent avec leur mère au coursdes deux premiers mois révèle essentiellement des expressions faciales neutres. Àcompter de 2 mois, les expressions d’intérêt et les sourires se font plus fréquents.Les réactions des bébés aux expressions faciales de leur mère n’ont cependantpas fait l’objet d’analyses. L’apparition des premiers sourires sociaux au coursdu deuxième mois est, par ailleurs, bien documentée (entre autres, Messinger &Fogel, 2007 ; Sroufe, 1979, 1996). La plupart des auteurs sont néanmoins d’avisque si les nourrissons commencent à comprendre à cet âge la fonction socialedes sourires, ils n’en saisissent que plus tard la signification affective (Fogel et al.,1992 ; Leppänen & Nelson, 2006 ; Nelson & de Haan, 1997 ; Saarni et al., 2006 ;Sroufe, 1996).

En somme, dès l’âge de 1 mois, les expressions faciales de leur mère suscitentchez les nourrissons une réaction faciale. Bien que la plupart de leurs réponsessoient des expressions neutres, l’intérêt porté à cet âge aux expressions duvisage maternel est évident. On remarque des réactions plus différenciées à 6mois alors que les bébés sourient aux simples sourires de leur mère et à sessourires accompagnés d’un haussement de sourcil. Par contre, à 9 mois, lesréponses faciales, quoique plus nombreuses, sont moins différenciées, ce quipeut surprendre compte tenu des nouvelles compétences acquises à cet âge. Ladifférenciation des réponses faciales semble donc s’accentuer avec l’âge, mais nonpas d’une manière linéaire.

Soulignons, enfin, que nous n’avons pu examiner les réactions des nourrissonsà des expressions négatives en raison de leur rareté chez les mères. Les mèresmontraient essentiellement des expressions neutres et positives, ce qui concordeavec les résultats des recherches réalisées dans le même contexte (entre autres,Lavelli & Fogel, 2005 ; Léveillé et al., 2001 ; Malatesta et al., 1986 ; Malatesta &

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Haviland, 1982). Par ailleurs, les mères pouvaient librement parler, se mouvoir,toucher leur bébé pendant l’interaction. Leurs gestes, l’intonation, le rythme deleur voix ont pu susciter des réactions affectives chez les nourrissons. Néanmoins,la rapidité des réponses faciales observées et la nature de ces réponses montrentclairement que les bébés sont particulièrement sensibles aux expressions facialesde leur mère lors d’interactions face à face et qu’ils y réagissent très tôt.

RemerciementsCette recherche s’inscrit dans le cadre d’un projet subventionné par le conseil derecherches en sciences humaines du Canada (CRSH)

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