quaternary geomorphological evolution of the high elqui cordillera
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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
ÉCOLE DOCTORALE VII
UMR 8185 CNRS ENeC - Espaces, Nature et Culture
T H È S E
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
Discipline : Géographie
Spécialité : Géomorphologie – relief, dynamique de la surface, risques naturels
Présentée et soutenue par :
Anthony HOUBART
le vendredi 21 novembre 2014 de 9h à 13h en salle D323 de la Maison de la Recherche,
Université Paris-Sorbonne
Evolution géomorphologique quaternaire de la
haute vallée de l’Elqui Répartition spatio-temporelle des formes, modelés sédimentaires et
interprétation paléoenvironnementale
cordillère de l’Elqui (Chili semi-aride, Norte-Chico)
Thèse dirigée par Jean-Pierre Peulvast et encadrée par Christian Giusti, préparée au sein de
l'école doctorale de géographie de Paris, ED7.
Thèse soutenue à Paris le 21-11-2014 devant le jury composé de :
M. Marc CALVET, Université de Perpignan Via Domitia (Président, Rapporteur)
M. Yanni GUNNELL, Université Lumière Lyon 2 (Rapporteur)
M. Vincent REGARD, Université Paul Sabatier Toulouse 3 (Examinateur)
M. Jean-Pierre PEULVAST, Université Paris-Sorbonne (Directeur scientifique)
M. Christian GIUSTI, Université Paris-Sorbonne (Directeur administratif)
REMERCIEMENTS
C’est au moment de mettre un point final à cette thèse, qu’il me semble nécessaire de
rappeler aux lecteurs, le parcours suivi ainsi que les personnes rencontrées durant mon cursus
universitaire.
Passionné depuis toujours par la géographie physique, c’est à l’Université d’Artois à
Arras, en première année de Licence, que j’ai rencontré Monsieur Marc Gallochet qui, à travers
ses enseignements sur la biogéographie, m’a conforté dans mon envie de poursuivre dans cette
direction. Ce fut chose faite en venant à l’Université de Paris 4-Sorbonne, où dès l’année de
Licence je fus comblé par les enseignements et les connaissances de Madame Micheline Hotyat.
Denis Mercier pour lequel j’avais énormément d’admiration pour ses travaux sur le Spitzberg
me suivit d’ailleurs pour mon mémoire de Master 1 sur l’impact du réchauffement climatique en
Mer de Beaufort et Monique Fort qui, à partir du Master 2, n’a fait que stimuler ma soif
d’apprendre avec ses enseignements sur les Siwaliks et sur la vallée de la Kali Gandaki.
L’apothéose arriva avec les enseignements de Monsieur Jean-Pierre Peulvast auquel je voue
une profonde admiration et un profond respect. Les enseignements en comité restreint sur la
naissance et la disparition des orogènes de notre planète resteront à tout jamais parmi mes
meilleurs souvenirs d’étudiant. On se plaint parfois du manque d’illustrations lors de cours un
peu trop abstraits mais Jean–Pierre PEULVAST a toujours le cliché permettant d’illustrer ses
propos et ce, que ce soit à travers le hublot d’un avion, la vitre d’un autocar ou encore lors de
déplacements personnels. Je lui dois sans aucun doute ma passion pour la géomorphologie et je
le remercie vivement pour ses conseils d’homme de terrain et son œil aguerri qui m’ont permis de
répondre à certaines de mes interrogations. Malgré les nombreux imprévus qui ont parfois
retardé nos rendez-vous, ceux-ci ont toujours été riches d’enseignements. Un grand merci à Mr
GIUSTI qui a accepté de prendre le relais de Mr PEULVAST quant au suivi de ce travail et
à son engagement à lever les obstacles administratifs rencontrés.
Vient à présent le temps de remercier les personnes qui ont contribué directement ou
indirectement à la réalisation de ce travail par leurs connaissances. Je voudrais tout d’abord
remercier François Bétard pour ses conseils, ses astuces et sa réactivité à diverses interrogations
que j’ai pu lui soumettre pour l’utilisation d’Arc Gis. Marie Chenet pour ses explications
précises sur l’utilisation du télémètre nécessaire à l’obtention de mesures sur le terrain ;
Francisco Hervé (Professeur de géologie à la Faculté des Sciences Physiques et Mathématiques
de l’Université du Chili) pour sa gentillesse à mon égard et ses lettres de recommandation aux
autorités Chiliennes destinées à me faciliter le passage quotidien de la frontière pour me rendre
sur le terrain ; en reconnaissance, je lui ferai parvenir une copie de ce travail. Mes
remerciements à Alexandre Adam (Economiste statisticien) pour son aide précieuse sur les
calculs statistiques liés à la significativité des coefficients de corrélation.
Je ne pourrai terminer ces pages sans remercier du fond du cœur mes proches qui m’ont
soutenu tout au long de ce travail.
Je pense en premier lieu aux amis Franco-Chiliens : André Ringard et Veronica Vicente
présents à Santiago du Chili sans lesquels je n’aurai probablement jamais visité ce pays durant
mes études. Je les remercie pour l’aide logistique apportée lors de nos déplacements, les milliers
de kilomètres effectués pour nous acheminer sur le lieu d’étude ainsi que pour tout le travail en
amont de chacune de nos visites : réservation de véhicule, du logement, achat de cartes
géologiques, de photos aériennes et évidemment pour leur rôle de traducteur.
C’est ensuite à mes beaux-parents qui m’ont permis dès l’obtention du Baccalauréat
d’entrer dans la vie active me permettant de pallier pour partie aux dépenses inhérentes à mes
études que j’aimerais adresser mes plus sincères remerciements. Conscients des passages parfois
tumultueux engendrés par une situation d’attente précaire, je vous en serai à tout jamais
reconnaissant.
Papa, Maman et Mamie, les mots ne suffiront certainement pas pour vous remercier
pour votre soutien durant ces années. Je pense tout particulièrement aux efforts financiers
réalisés pour financer les allers-retours entre le Pas-de-Calais et l’Université de Paris 4 et ce,
durant trois années. Mes déplacements en Amérique du Sud, ainsi que le coût du traitement des
échantillons n’auraient jamais pu être financés sans votre aide. Vous avez su durant mon
parcours universitaire être présents aux bons moments et l’aboutissement de ce travail de
Doctorat est pour moi la meilleure façon de vous remercier.
MERCI et encore MERCI
Le mot final de cette partie sentimentale ira tout naturellement à ma femme Amélie qui,
lors de notre rencontre à l’Université, ne pensait peut-être pas que le chemin serait aussi long et
parfois plus compliqué que prévu. Conscient d’avoir retardé bon nombre de nos projets, j’espère
que ce travail final sera le point de départ d’une nouvelle vie. La relecture de nombreux
passages de la thèse parfois fastidieux de par leur caractère technique et spécialisé a comblé le
peu de temps libre que tu avais, je t’en suis donc reconnaissant.
Les mots me manquant, je te dis : « Je t’aime » et je te dédie cette thèse.
1
RESUME
Par sa situation de charnière entre climat aride du nord et méditerranéen au sud, le
Chili semi-aride communément appelé Norte-Chico constitue une zone tampon ayant
enregistrée les fluctuations climatiques quaternaires. L’orientation des principales unités
structurales de la vallée de l’Elqui offre certaines caractéristiques que l’on ne retrouve nulle
part au Chili. Ces facteurs, couplés au climat semi-aride actuel favorable à la conservation des
modelés et des formes présents dans la cordillère de l’Elqui, en font une zone d’étude
géomorphologique riche, susceptible d’offrir de nombreuses réponses aux hypothèses émises
sur le calendrier climatique quaternaire de la région. La fraîcheur des modelés et des formes
présents dans la haute cordillère de l’Elqui, couplée à la présence de matière organique
datable, va nous permettre de tenter d’expliquer le calendrier de mise en place des éléments
du relief. Les indices géomorphologiques relevés sur le terrain nous permettent de mettre en
évidence un enchaînement de processus faisant intervenir la notion de relais et de zones
tampons dans le transit sédimentaire. Les crises morphogéniques à l’origine des formations de
versant et de fond de vallée actuellement visibles résultent d’une réponse plus ou moins
directe de l’orogène Andin aux épisodes climatiques ; par conséquent, les résultats obtenus
sont confrontés aux résultats d’autres études et dans des sites proches ou non de notre lieu
d’étude afin d’apporter des exemples et des arguments aux hypothèses actuelles sur
l’évolution des conditions climatiques quaternaires du Norte-Chico et ce de façon
multiscalaire. La complexité de la mise en place des éléments du relief nécessite cependant en
premier lieu une explication des différentes phases orogéniques ainsi que des évolutions
morphoclimatiques ayant abouti à la mise en place progressive des conditions actuelles.
Ensuite, la méthodologie nécessaire au travail de terrain et à l’obtention de résultats cohérents
est définie et expliquée. Une dernière partie est consacrée à la synthèse de l’enchaînement de
mise en place des formations de fond de vallée ; les résultats de cette étude sont également
replacés dans un débat scientifique plus large permettant d’appréhender les potentialités
apportées par la géomorphologie dans l’étude des paléoenvironnements quaternaires dans le
Norte-Chico comme à l’échelle planétaire.
Mots clés : Norte-Chico, climat semi-aride, géomorphologie, formes, modelés,
Quaternaire, transit sédimentaire, crises morphogéniques, paléoenvironnements, Chili.
Résumé 2
Debido a su ubicación como puente entre el norte árido y el sur al sur con el clima
mediterráneo, semiáridas Chile comúnmente llamado Norte Chico ofrece una zona de
amortiguamiento que registra las fluctuaciones climáticas del Cuaternario. La orientación de
las principales unidades estructurales del Valle de Elqui ofrece algunas características que no
se encuentran en cualquier parte de Chile. Estos factores, junto con el actual clima semiárido
favorable a la conservación de las formas modeladas y presentes en la Cordillera de Elqui,
hacen un área de estudio geomorfológico ricos pueden ofrecer muchas respuestas a las
hipótesis planteadas en cuaternario climático calendario de la región. La frescura de la
elaboración de modelos y formas presentes en la alta cordillera de Elqui, junto con la
presencia de materia orgánica fechable, nos permitirá tratar de explicar el calendario de
aplicación de la forma de relieve. Evidencia geomorfológica que se encuentra en el campo nos
permite destacar una secuencia de procesos que involucran el concepto de formación de
puentes y zonas de amortiguamiento en el transporte de sedimentos. Morfogénica
originalmente formaciones pendiente y el valle inferior de las convulsiones actualmente
visibles como resultado una respuesta más o menos directa a la orogenia andina a los eventos
climáticos ; Por lo tanto, los resultados obtenidos se comparan con los resultados de otros
estudios y los sitios cercanos o no nuestro lugar de estudio para proporcionar ejemplos y
argumentos que las hipótesis actuales sobre la evolución de las condiciones climáticas del
Cuaternario Norte- Chico y modo multi-escala. La complejidad de la aplicación de los
elementos del relieve, sin embargo, requiere en primer lugar una explicación de las diferentes
fases, así como la evolución morfoclimáticas orogénicos que dieron lugar a la aplicación
gradual de las condiciones actuales. Entonces la metodología necesaria para el trabajo de
campo y consistentes resultados se define y se explica. En la última sección está dedicada a la
síntesis de la secuencia de la creación de formaciones en el fondo del valle; Los resultados de
este estudio también se colocan en un debate científico más amplio para aprehender el
potencial ofrecido por la geomorfología en el estudio de los paleoambientes del Cuaternario
en el Norte Chico como a nivel mundial.
Keys words: Norte-Chico, clima semiárido, geomorfología, formas, modelado,
tránsito sedimentario cuaternario, crisis morfogenéticas, paleoambiental, Chile.
3
SOMMAIRE
Remerciements _______________________________________________________ 6
Résumé _____________________________________________________________ 1
Introduction générale __________________________________________________ 6
Première partie ______________________________________________________ 14
Physiographie de la cordillère des Andes de l’Elqui _________________________ 14
Introduction de la première partie _________________________________________________ 14
Chapitre 1 ______________________________________________________________ 15
Morphostructure et paléogéographie _______________________________________ 15
1.1 Présentation du cadre général des Andes _____________________________________ 16
1.2 Le cadre morphostructural et physiographique de la haute cordillère de l’Elqui _______ 23
1.3 Description des affleurements rocheux de la haute cordillère de l’Elqui _____________ 39
1.4 Synthèse des connaissances sur l’évolution paléotectonique ______________________ 48
Reconstruction paléotectonique d’une marge active ___________________________________ 48
Chapitre 2 ______________________________________________________________ 55
Analyse climatique _______________________________________________________ 55
2.1 Présentation du climat actuel _______________________________________________ 56
2.2 Présentation des connaissances actuelles sur l’évolution du climat au cours du
Quaternaire au Chili et en Amérique du sud _________________________________________________ 65
Conclusion de la première partie ___________________________________________________ 71
Deuxième partie _____________________________________________________ 73
Etude géomorphologique de la haute cordillère de l’Elqui ____________________ 73
Introduction ___________________________________________________________________ 73
de la deuxième partie ___________________________________________________________ 73
Chapitre 3 ______________________________________________________________ 75
Une approche méthodologique ____________________________________________ 75
3.1 Méthodes de détermination des processus de versant ___________________________ 76
3.2 Méthodes d'analyse des formations alluviales __________________________________ 89
3.3 Acquisition des données et caractéristiques topographiques ______________________ 99
Chapitre 4 _____________________________________________________________ 109
Le cours amont du Rio Elqui ______________________________________________ 109
4.1 Extension du modelé glaciaire ______________________________________________ 110
4
4.2 Les processus paraglaciaires _______________________________________________ 137
Chapitre 5 _____________________________________________________________ 157
Le cours moyen du Rio Elqui entre Juntas et Rivadavia _________________________ 157
5.1 Les formes et formations témoins de conditions passées ________________________ 158
5.2 Les dynamiques actives ___________________________________________________ 195
Conclusion de la deuxième partie _________________________________________________ 207
Troisième partie ____________________________________________________ 209
Chronologie des événements morphogènes Quaternaires de la haute cordillère de
l’Elqui ___________________________________________________________________ 209
Introduction de la troisième partie ________________________________________________ 209
Chapitre 6 _____________________________________________________________ 210
CALAGE ET MISE EN PERSPECTIVE DES RESULTATS ____________________________ 210
6.1 Reconstitution des événements ____________________________________________ 210
6.2 Confrontation des résultats obtenus avec la littérature actuelle __________________ 218
Chapitre 7 _____________________________________________________________ 238
Conclusion et perspectives _______________________________________________ 238
7.1 Le cycle paraglaciaire dans la cordillère de l’Elqui ______________________________ 239
7.2 Variabilité climatique et adaptabilité ________________________________________ 242
7.3 Discussion et perspectives _________________________________________________ 249
Conclusion générale _________________________________________________ 254
Table des figures ____________________________________________________ 258
Table des photographies _____________________________________________ 263
Table des tableaux __________________________________________________ 266
Bibliographie _______________________________________________________ 267
Annexes ___________________________________________________________ 286
Table des matières __________________________________________________ 320
| Introduction générale 6
INTRODUCTION GENERALE
Pays de la démesure, paradis du géographe, le Chili offre une gamme de paysages et
de climats exceptionnels. Le Chili semi-aride, compris entre 30° et 33° de latitude sud, est
communément appelé Norte-Chico. Région de tous les contrastes, elle a su à la fois profiter de
l’ensoleillement et pallier au manque d’eau. Le relief escarpé ne constitue plus une barrière à
l’agriculture basée pratiquement exclusivement sur la culture de la vigne destinée à la
fabrication du Pisco, apéritif très prisé au Chili et au Pérou. La vallée du Rio Elqui, orientée
Est-ouest dans sa partie aval, devient plus conforme à l’agencement des unités du relief plus à
l’amont (haute cordillère). Cette organisation du relief constitue une des nombreuses
caractéristiques du Norte-Chico. En effet, la dépression longitudinale délimitant ailleurs une
cordillère littorale à l’Ouest et une cordillère principale à l’Est, n’existe pas ici. Autre
originalité de cette région et qui est d’ailleurs une des conséquences de l’absence de
dépression centrale, est l’absence de manifestations volcaniques quaternaires. Cette région
riche du point de vue des connaissances géologiques, reste néanmoins énigmatique quant à
l’origine de ses formes et modelés. Sa localisation en fait une zone de transition ayant
enregistré les fluctuations climatiques quaternaires mais celles-ci demeurent mal connues et
font l’objet depuis quelques années d’hypothèses étayées par des études encore trop peu
nombreuses.
« Mes enquêtes me permettent de proposer un schéma d’ensemble qui pourra servir de
base pour des recherches plus détaillées sur l’évolution du relief dans le Chili semi-aride »
(Paskoff, 1970, p. 11). C’est en lisant cette proposition écrite par Paskoff (1970), dans sa
thèse sur le Chili semi-aride, que m’est venue l’idée d’approfondir ce travail unique et de
référence en géomorphologie sur le Norte-Chico. Les espaces couverts par Paskoff (1970)
étant considérables, il ne m’était pas possible de couvrir de façon pertinente et efficace de
telles superficies, c’est pourquoi il a été nécessaire de définir de façon précise notre zone
d’étude à l’intérieur même du bassin versant du Rio Elqui. Une méthodologie de terrain
adaptée à notre problématique ainsi qu’au relief s’imposait donc, afin de répondre aux
objectifs fixés. C’est ce schéma de réflexion que nous proposons d’exposer ci-dessous.
A-Un Norte-Chico de contrastes, vaste mais peu connu
La vallée du Rio Elqui que nous avons décidé de retenir, en raison de la fraîcheur des
formes, des modelés et des affleurements présents en fond de vallée et aux pieds des versants,
présente un contraste saisissant entre un fond de vallée irrigué et verdoyant et des versants
arides. Il est frappant, lorsque l’on remonte la vallée du Rio Elqui à partir de la ville de La
| Introduction générale 7
Serena, située à l’embouchure du Rio Elqui, de constater avec quelle aisance l’homme a
colonisé les bas de versants ainsi que les cônes de déjection à des fins agricoles. Les surfaces
riches en limons et les plus accessibles sont celles situées au débouché des ravins pentus
adjacents appelés quebrada. Elles ont été entièrement artificialisées par chenalisation du drain
principal qui entaille le cône de déjection. Il existe sur ces espaces de faible superficie un réel
risque de réactivation du transport sédimentaire par coulées de débris en cas de forte pluie, la
réponse des bassins versants pouvant être extrêmement rapide. Les préjudices financiers
pourraient alors énormes au regard du prix de l’hectare de vigne dans la région. Cependant, le
relief escarpé ne laissant que peu de terres cultivables, les cultures de vigne avancent chaque
année vers l’amont de la vallée. La superficie du bassin versant du Rio Elqui est de 9700 km2
(Cabezas et al., 2007) et s’étend entre 29°27’-30°34’S et 71°22’-69°52’W. Cette très grande
superficie nécessitait une délimitation d’une zone d’étude plus réduite. En effet, une approche
tentant de prendre en considération la totalité du bassin versant aurait été irréalisable au
regard du temps disponible sur le terrain. Il était important de définir une zone plus restreinte
représentative des processus agissant sur l’ensemble du bassin versant. De plus, le réseau
routier était en cours de réfection et l’accès à la partie amont de notre vallée nécessitait le
passage quotidien d’un poste de douane ce qui ralentissait notre progression à l’aller comme
au retour.
L’espace ainsi délimité possède tous les éléments permettant une étude géomorphologi
que pluridisciplinaire et multiscalaire, intégrant les relais de processus de l’amont vers l’aval
sans par ailleurs s'affranchir des informations obtenues à l’échelle régionale.
| Introduction générale 8
Fig. 1- Croquis de localisation du bassin versant du Rio Elqui
Photo. 1- Coupe-vent sur culture viticole dans la vallée du Rio Claro et mouvement de masse à
l’arrière plan. (30°00’09’’ S 70°31’49’’W) (alt. 960m). Cliché. Houbart. A (orientation. Ouest)
| Introduction générale 9
B- Objectifs scientifiques de l’étude
Notre objectif est d’ordre général puisqu’il s’agit de contraindre chronologiquement le
scénario de mise en place des formes et modelés de la haute cordillère de l’Elqui dans un
contexte paraglaciaire. Les interrogations portées sur l’évolution future du climat ont renforcé
l’intérêt des scientifiques pour la compréhension des paléoenvironnements. Ils ont en effet
cherché à retracer l’évolution environnementale passée pour tenter d’en déduire des scénarii
d’évolution future. En tant que science tentant de comprendre l’évolution du relief, la
géomorphologie peut en proposant des modèles d’évolution temporelle des systèmes
morphogéniques, émettre des hypothèses concernant l’évolution des paléoenvironnements.
Le concept « paraglaciaire » a été défini il y a plus de trente ans pour mettre en
évidence les conséquences d’une déglaciation sur l’évolution des systèmes morphogéniques.
Après une première phase de recherche et d’identification des processus intervenant en
contexte paraglaciaire est apparue la nécessité de synthétiser et d’organiser les connaissances
par un paradigme unificateur. Ce travail a été amorcé, montrant que ces processus
s’organisent en relais spatio-temporels au sein d’un système cascade, occasionnant la
libération de sédiments à partir des marges désenglacées puis leur transfert vers des réservoirs
sédimentaires durables (Cossart, 2005). Nous avons donc axé notre travail sur la
reconstitution du déclenchement des agents morphogéniques durant le Quaternaire ainsi que
la reconstitution des relais de processus qui interviennent dans l’espace et dans le temps. Les
finalités sont notamment : (1) d’estimer les limites d’englacement maximal atteintes par les
masses glaciaires de la cordillère ce qui permettra de valider ou non les hypothèses émises par
Paskoff (1970) puis (2), de caler de façon absolue ou relative le cas échéant les formations
observées en profitant d’une accessibilité améliorée depuis les travaux de Paskoff (1970).
Finalement (3), il s’agit de déterminer des repères chronologiques dans la reconstitution des
relais de processus spatio-temporels et de comparer les phases de leur déclenchement avec les
grandes phases climatiques et morphogéniques connues à ce jour dans la littérature
scientifique en Amérique du Sud et au Chili en particulier.
Les études sur les variations climatiques quaternaires en Amérique du Sud sont
aujourd’hui nombreuses. Les Andes font également l’objet de publications à propos des
paléoenvironnements. Mais ce sont les Andes du nord (Bolivie et Chili) et du sud (Patagonie)
qui sont les mieux étudiées à cet égard. Il existe cependant un début de prise de conscience de
l’intérêt des régions situées à des latitudes intermédiaires. En effet, la région du Norte-Chico
avec son climat semi-aride, offre des perspectives scientifiques sur la connaissance des
variations des milieux de haute montagne face aux variations climatiques intéressantes. La
bonne conservation des formes et des modelés ainsi que la présence de matière organique
dans les dépôts, assez rare à cette latitude, offrent un terrain d’étude riche d’informations. La
haute cordillère de l’Elqui avec ses versants raides, ses parois rocheuses et son matériel
facilement mobilisable par les agents de transport, a enregistré les vicissitudes climatiques
| Introduction générale 10
quaternaires. C’est à ce titre, que le Norte-Chico constitue un élément clé dans le programme
international PAGES (Past Global Changes) initié par l’ICSU (International Council for
Scientific Unions). En effet, l’objectif de ce programme est de reconstituer les
paléoenvironnements et les paléoclimats le long de trois transects (PEP) Pole-Equator-Pole
dont l’un est le transect Américain (Markgraf et al., 2000 ; Zech, 2006a).
Une telle richesse d’enregistrement morphosédimentaires nous invite à s’interroger sur
la manière et à quelle échelle de temps s’est mis en place le relief ? Quelles ont été les phases
de crises morphogéniques et celles de stabilité ? Quel a été l’enchaînement des processus de
mobilisation des sédiments des versants vers les fonds de vallées ? La répartition spatio-
temporelle des formes et modelés du relief s’inscrit-elle dans une logique paléoclimatique
correspondant à ce qui est connu aujourd’hui ? Si oui, est-ce à l’échelle locale, régionale,
nationale ? En résumé, peut-on traduire l’emboîtement des unités du relief de la haute
cordillère de l’Elqui en tant qu’éléments représentatifs de variations environnementales
quaternaires et a fortiori climatiques ? Comment les sédiments provenant des marges
déglacées ont été remaniés et selon quelles temporalités ? Ces interrogations s’intègrent dans
une période de prise de conscience de l’intérêt des Andes centrales du sud pour la
compréhension des grandes phases climatiques et morphogéniques quaternaires d’Amérique
du Sud. Certaines phases plus sèches ou humides sont aujourd’hui identifiées, mais toutes les
études aujourd’hui parues ne parviennent à les délimiter de façon précise.
Les multiples pistes de réflexion proposées par Paskoff (1970) se sont heurtées aux
limites scientifiques de l’époque : connaissance des paléoenvironnements, méthodes de
datation, accès à l’imagerie entre autres. L’approche minutieuse du terrain, favorisée par ses
écrits, nécessite néanmoins de prendre un certain recul par rapport aux descriptions et aux
hypothèses d’évolution du relief. En effet, certains concepts ou mécanismes n’étaient alors
pas connus ou ne l’étaient que peu ; cela nécessite de notre part, une analyse critique des
observations faites dans son travail de recherche et des propositions d’enchaînement des
crises morphogéniques.
C- Le choix du secteur étudié
Une approche géomorphologique du transit sédimentaire en contexte de déglaciation
nécessite de travailler dans un secteur où le recul des glaces est suffisamment ample pour
engendrer des réajustements marqués. La haute cordillère de l’Elqui répond à ce critère et se
caractérise par la qualité des modelés et des formations en raison d’un climat semi-aride,
favorable à leur conservation. Elle se caractérise également par une triple dissymétrie :
topographique, géologique et climatique.
| Introduction générale 11
- dissymétrie d’ordre topographique, entre les reliefs de la cordillère principale orientale
culminant à plus de 6000 mètres d’altitude et la cordillère principale orientale ne dépassant
que ponctuellement les 4000 mètres ;
- dissymétrie d’ordre litho-structural avec une cordillère principale orientale composée
d’une couverture de roches sédimentaire et volcaniques d’âge meso-cénozoïque et une
cordillère principale occidentale constituée de roches plutoniques d’âge paléozoïque.
- dissymétrie climatique de par l’étagement climatique engendré par le relief, mais également
de par la situation charnière de cette partie de la cordillère des Andes, située à proximité de la
diagonale aride au nord de laquelle, le système de circulation atmosphérique est dit tropical
avec des advections d’air provenant du bassin amazonien et celles affectées par la circulation
atmosphérique extratropicale, au sud de celle-ci, sous l’influence des vents du Pacifique venus
de l’Ouest appelés Westerlies. Cette localisation faisait du Norte-Chico, une région d’étude
susceptible d’avoir enregistré les variations des apports d’humidité des Westerlies durant le
Quaternaire.
Au commencement de ce travail, il n’existait que deux publications à caractère
géomorphologique sur ce secteur de la cordillère du Norte-Chico, celle de Paskoff (1970) et
celle de Ginot et al., (2006). De nombreuses hypothèses et enchaînements de processus
restaient alors à comprendre et surtout à dater, d’autant plus que l’accès au-delà de 2100
mètres d’altitude avait été facilité par l’élargissement et la consolidation de la route
transfrontalière permettant ainsi d’accéder, en relative sécurité jusqu’à l’amont de notre
terrain d’étude à plus de 4000 mètres d’altitude.
D- Plan de l’étude
Afin de répondre aux interrogations émises ci-dessus, notre réflexion s’articulera
autour des trois parties suivantes :
Première partie : nous aborderons la géologie de la zone d’étude pour ensuite définir la
morphostructure et le relief qui en résulte. Notre méthodologie d’approche du terrain d’étude
et de sa délimitation est expliquée. L’analyse de la chronologie de mise en place des grandes
unités du relief de la cordillère de l’Elqui depuis le cycle pré-andin jusqu’à la mise en place
des éléments constitutifs de la structure géologique actuelle est proposée afin de synthétiser
l’état des connaissances actuelles sur l’évolution tectonique de la région. L’analyse des
éléments physiques du paysage proposée dans cette partie n’aurait pas été complète si nous
n’avions présenté et expliqué les divers agents atmosphériques qui sont à l’origine des
conditions actuelles dans le cordillère et des conséquences sur le milieu, provoquée par la
barrière orogénique andine. Une tentative d’estimation de la contribution de la fonte des
neiges et des précipitations liquides dans le bilan hydrologique de la partie du bassin versant
sélectionnée y est effectuée.
| Introduction générale 12
Deuxième partie : Nos choix des sites d’observation, d’échantillonnage et de mesures
ont été influencés par les conditions du milieu, les limites inhérentes au travail de terrain et
par les réponses auxquelles nous voulions répondre. Ces choix et les méthodes employées
sont présentés et l’identification des formes et modelés qui en découlent est abordée en
suivant une logique amont –aval.
La troisième partie de cette étude présente les modes de transfert des sédiments dans
un bassin versant, en appuyant sur les phases actives et de stabilité. L’enchaînement des
processus morphogéniques dont l’organisation restait hypothétique est présenté et les résultats
obtenus ainsi que leur cohérence ou non avec les connaissances actuelles sont comparés. Nous
proposerons finalement, des bases de discussion sur l’apport de la géomorphologie à l’étude
des paléoenvironnements ainsi que des opportunités qu’offre le Norte-Chico pour l’étude des
capacités d’adaptation des populations aux changements globaux et en particulier au
réchauffement climatique.
14
PREMIERE PARTIE
PHYSIOGRAPHIE DE LA CORDILLERE DES ANDES DE L’ELQUI
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
La relation entre les facteurs tectoniques et climatiques détermine les manières et les
mécanismes de transfert de matière sur la surface terrestre. Ainsi, la variabilité de ces facteurs
explique les changements dans la vitesse et dans les mécanismes d'érosion, de transport et de
dépôt des sédiments.
Dans cette première partie, la physiographie de la région d’étude sera présentée en
suivant une logique spatio-temporelle à travers deux chapitres :
Le premier chapitre, s’attachera à présenter la structure et la géologie de la cordillère
des Andes, en insistant sur le caractère original de la morphostructure de notre zone d’étude.
Une synthèse des connaissances actuelles sur l’évolution tectonique de la région est proposée
afin de comprendre la mise en place des unités actuelles du relief.
Le deuxième chapitre consiste en une analyse bioclimatique définissant le climat
actuel et les mécanismes qui le régissent. Le relief induisant inévitablement un effet de
« barrière », la distribution des écosystèmes est affectée, c’est pourquoi nous présenterons la
distribution altitudinale des étagements morphoclimatiques. La référence dans cette étude à
de nombreuses phases climatiques quaternaires, nécessite afin d’avoir une vision synthétique
mais claire de leurs évolutions, de réaliser une synthèse des connaissances actuelles sur ces
phases.
15
CHAPITRE 1
MORPHOSTRUCTURE ET PALEOGEOGRAPHIE
La topographie de la haute cordillère étant l’expression en surface d’un agencement
spatial d’unités géologiques et d’une structure interne, il convient de présenter les relations
existantes. De plus, il est nécessaire de préciser les processus qui en sont à l’origine. Ce
premier chapitre vise donc à exposer la structure interne de la cordillère des Andes à très
petite échelle, son expression de surface qu’est le relief, et le niveau de compréhension sur
son évolution afin de pouvoir comprendre la structure de la cordillère de l’Elqui.
L’organisation se fera de la manière suivante :
- présentation du cadre général des Andes et de la topographie de la haute cordillère
de l’Elqui
- présentation du cadre géologique et morphostructural de la haute cordillère de
l’Elqui et du relief qui en résulte
- présentation des connaissances actuelles sur l’évolution tectonique.
Cette présentation du milieu facilitera la compréhension de l’organisation des unités
du relief, telle que nous la connaissons aujourd’hui et permettra une explication des facteurs à
l’origine des originalités de cette région du Chili central.
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1.1 PRESENTATION DU CADRE GENERAL DES ANDES
Plus longue chaîne de montagne du monde (8000 km), elle s’étend sur près de 66° en
latitude le long de la façade du continent Sud-Américain. Chaîne liminaire de subduction, elle
est liée au passage par subduction des plaques Nazca, Cocos et Antarctique sous la plaque
Amérique du Sud. Elle est constituée d’une zone d’avant arc le long de la côte pacifique, la
chaîne proprement dite et d’une zone d’arrière arc (bassins amazonien et argentin). La
cordillère des Andes est traditionnellement divisée en trois grands domaines :
Le premier : Celui des Andes dites septentrionales (12°N-4°S) qui englobe le domaine
des caraïbes et l’isthme de Panama qui se situe au-dessus de la zone de subduction de la
plaque de Nazca et de Cocos.
Le deuxième : Celui des Andes dites Centrales (4°-35°S) se situe au-dessus de la zone
de subduction de la plaque Nazca.
Le troisième : Celui des Andes dites Australes (35°-55°S), lié au passage en
subduction de la dorsale du Chili et de la plaque Antarctique sous la plaque d’Amérique du
Sud.
Les taux de raccourcissement les plus élevés ne se situent pas là où la cordillère est la
moins large mais là où elle s’étend sur plus de 800 km dans sa partie centrale en Bolivie
(Baby et al., 1990). La croûte continentale y atteint localement une épaisseur de 80 km
(Wigger et al., 1994). Cet épaississement est compensé par une anomalie topographique
positive majeure, le haut plateau de l’Altiplano Puna (~ 4000m). En tenant compte de la fosse
océanique du Pérou Chili (profonde de 8025 m au large du Chili septentrional) qui correspond
à lʹinterface entre les deux plaques, les Andes constituent le plus important relief au monde
situé au dessus d’une zone de subduction (Saillard, 2008).
La structuration et la configuration morphologique actuelle des Andes sont, d’une part,
liées à différents processus tectoniques associés à la subduction de la plaque océanique Nazca
(Farallon) qui plonge sous la plaque continentale Amérique du Sud depuis l’Albien (Jaillard
& Soler, 1996), et d’autre part, aux variations climatiques spatiales et temporelles le long de
la chaîne et donc aux interactions entre climat et érosion (Lamb & Davis, 2003). De même,
l’acquisition du relief à travers les Andes ne s’est probablement pas faite de manière
symétrique et les processus qui ont accommodé le soulèvement sur le flanc Ouest demeurent
mal connus et discutés (Isacks, 1988 ; Farias et al., 2005), notamment dans le nord de
l’Orocline bolivien, pour la partie Péruvienne. Pour certains auteurs, les taux de soulèvement
ont énormément ralenti depuis 5 Ma (Victor et al., 2004)
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A/ CONVERGENCE RELATIVE ENTRE PLAQUE DE NAZCA ET AMERIQUE DU SUD
Le vecteur de convergence actuel entre ces deux plaques a une orientation quasi
constante le long de la limite entre celles-ci à savoir N 75°E + /- 5° ; la vitesse correspondante
varie entre 78 mm/an au Nord et 84 mm/an au Sud d’après le modèle Nuvel (Demedts et al.,
1990 ; Norabuena et al., 1994). Une vitesse de 68 mm/an et 62 mm/an orientée N 76°E est
proposée par Bevis et al., (2001) d’après l’analyse de données GPS.
Depuis 49 Ma, on observe un important changement dans l’orientation du vecteur de
convergence (Pilger, 1984 ; Pardo-Casas et Molnar, 1987) ; celui-ci a varié, et deux épisodes
de convergence rapide caractérisés par une convergence moyenne supérieure à 10 cm/an sont
enregistrés. Le premier se produit entre 49 et 42 Ma (15 cm/an à 10°S) et le second entre 25 et
Fig. 2- Localisation des trois domaines des Andes (Saillard, 2008)
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10 Ma (15 à 20 cm/an). Ce dernier serait lié à la fragmentation de la plaque Farallon en deux
plaques, Cocos et Nazca, il y a 26 Ma. Le contrôle exercé par la vitesse de convergence entre
les deux plaques sur la structuration de la chaîne andine semble prépondérant ; les périodes de
convergence rapide augmentent le niveau des contraintes compressives, ce qui favorise le
développement de phases tectoniques compressives à l’intérieur de la chaîne Andine
(Riquelme, 2003).
B/SEGMENTATION DES ANDES ENTRE 27°ET 33°S
La segmentation des Andes centrales entre (27°-33°S), se manifeste par l’absence de
dépression centrale et reflète en partie la segmentation géométrique du plan de subduction de
la plaque Nazca sous la plaque continentale (Isacks, 1988 ; Riquelme, 2003). Ainsi, il est
vraisemblable que l’évolution des Andes soit fortement contrôlée par des facteurs liés à la
géométrie de la plaque océanique subductée :
- variation latérale du pendage du plan de Wadatti-Bénioff (Jordan et al., 1983) ;
- variations de largeur et d’épaisseur du biseau asthénosphérique sous la lithosphère
continentale (Isacks, 1988).
Ces hypothèses ont été corroborées par diverses études séismotectoniques.
Fig. 3- Carte de localisation des vitesses de convergence entre plaque de Nazca et plaque
Sud Américaine
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Les travaux de Pardo et al., (2002) ont permis d’apporter de nouvelles précisions sur la
segmentation de la plaque de Nazca et en particulier sur l’alternance selon la latitude à
laquelle on se trouve, de sa géométrie et de son angle de subduction sous la plaque
d’Amérique du Sud. Cette segmentation mise en avant par l’étude de la distribution de
séismes de profondeur intermédiaire permet de délimiter à l’échelle des Andes centrales
quatre segments principaux.
La présence de segments de subduction horizontale est généralement expliquée par
trois phénomènes différents : 1/ le passage en subduction d’anomalies bathymétriques
(aspérité, ride asismique, plateau océanique), comme la ride de Nazca et celle de Juan
Fernandez (Gutscher et al., 2000) ; 2/ la convergence rapide et la jeunesse relative de la
plaque Nazca (Barazangi & Isacks, 1979 ; Cross & Pilger, 1982 ; Cahill & Isacks, 1992 ;
Saillard, 2008) et 3/ le mouvement absolu de l’Amérique du Sud au‐dessus de la plaque
plongeante (Scholz & Campos, 1994 ; Silver et al., 1998).
Les transitions latérales entre les segments subhorizontaux et inclinés se localisent au
sud du Pérou (13-15°S), dans le nord (24-28°S) et le centre du Chili (32-34°S) ; la transition
située au Nord du Chili marquant le début de la subduction subhorizontale du Norte-Chico est
progressive (Cahill & Isacks, 1992) et débute vers 28°S. Cette transition coïncide avec la
subduction de la ride Juan Fernandez (Fig.3), ce qui suggère une relation de causalité entre
subduction de la ride et un plan subhorizontal de la plaque océanique (Yañes et al., 2001 ;
Yañes, 2002) mais aussi entre longueur de ride subduite et subduction horizontale de la
plaque océanique (Espurt, 2008). En effet, la subduction horizontale résulte de la plus grande
flottabilité de la plaque plongeante, au niveau de la ride, qui passe plus difficilement en
subduction (Saillard, 2008).
A plus grande échelle, c'est-à-dire entre 27° et 33°S, il est encore possible d’affiner
cette segmentation en trois zones.
C/ SEGMENTATION VOLCANIQUE
La présence ou l’absence de volcanisme actif durant l’évolution géomorphologique du
Norte-Chico est étroitement liée à la géométrie de la plaque Nazca. En effet, les zones de
subduction subhorizontale ne présentent pas de trace de volcanisme actif (Fig.3) ; un modèle
chronologique d’évolution de la géométrie du plan de subduction entre 28 et 33°S a été
proposé à partir d’études pétrologiques et géochimiques des roches volcaniques de
l’Oligocène-Miocène (Kay et al., 1991). Entre 25 et 20 Ma, la fusion du biseau
asthénosphérique présent sous la lithosphère continentale produit la déshydratation de la
plaque océanique et permet la génération de magmas émis dans la cordillère principale. A
20
partir de 20 Ma, la subhorizontalité de la plaque océanique débute et induit une expansion de
l’arc volcanique en direction de la Précordillère argentine. Il est par conséquent possible de
connaître l’évolution et l’âge des segments à subduction subhorizontale en fonction du
volcanisme. Au Pérou et au Chili central, la subduction des rides de Nazca et de Juan
Fernandez a débuté il y a ~12‐11 Ma (Yañez et al., 2001 ; Hampel, 2002). Les données du
volcanisme de l’avant‐arc péruvien montrent que l’horizontalisation de la plaque plongeante
est apparue il y a ~ 4 Ma sous le Pérou. Le même délai (~7‐8 Ma) est observé au Chili, suite à
la subduction du segment Nord-sud de la ride de Juan Fernandez et de l’arrêt du volcanisme il
y a 4,7 Ma (Soler & Bonhomme, 1990). Ainsi, le processus d’horizontalisation de la plaque
plongeante est un phénomène long, nécessitant plusieurs millions d’années pour compenser la
densité de la lithosphère océanique et la subduction de plusieurs centaines de kilomètres de
plateau océanique (Espurt et al., 2008). Dans le nord du Chili, le passage de la ride d’Iquique
est à l’origine d’un volcanisme actif (Rosenbaum et al., 2005) tout comme en Equateur ou le
processus d’horizontalisation lié à la subduction de la ride de Carnégie est en cours, ce qui
induit également un volcanisme actif (Lonsdale & Klitgord, 1978).
Il y a 10 Ma, le volcanisme actif cesse dans la cordillère Principale et se déplace vers l’Est
pour atteindre les Sierras Pampeanas il y a 7 Ma. Finalement, le volcanisme disparaît il y a
4,7 Ma, quand la plaque en subduction devient complètement subhorizontale.
D/ MORPHOSTRUCTURE DES ANDES CENTRALES
Une certaine homogénéité existe dans l’orientation des unités morphostructurales des
Andes centrales. En effet, la migration de l’arc volcanique de l’Ouest vers l’Est a eu pour
conséquence la mise en place d’unités discontinues et parallèles à la fosse océanique (Fig.4).
Cette fosse océanique fait partie intégrante du système des grandes morphostructures que l’on
rencontre dans les zones de subduction, à savoir : l’avant‐arc, l’arc volcanique et l’arrière‐arc.
L’arc volcanique a migré depuis le Jurassique jusqu’à sa position actuelle, acquise à la fin du
Néogène, il y a 10 Ma (Coira et al., 1982 ; Allmendinger et al.,1997 ; Riquelme, 2003).
Dans la branche nord de l’orocline bolivien, dans le Sud du Pérou, trois unités
morphostructurales majeures, formées lors de la structuration des Andes centrales au
Méso‐Cénozoïque, se succèdent parallèlement à la fosse, avec d’Ouest en Est : l’avant‐arc
andin, la haute cordillère des Andes et le piémont amazonien (Sébrier et al., 1988; Jaillard et
al., 2000).
Dans la branche Sud de l’orocline bolivien, à partir de 25°S dans le centre nord du
Chili, la dépression centrale disparaît et la partie émergée de l’avant‐arc n’est plus constituée
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que de la cordillère de la Côte. Le domaine de l’arc volcanique comprend la Précordillère et la
cordillère Principale ou frontale et enfin, l’arrière arc comprend la Précordillère argentine et
les Sierras Pampeanas (Saillard, 2008).
CC : cordillère de la côte ; DC : Dépression Centrale ; PC :
Précordillère Argentine ; P : Puna ; CF : cordillère Frontale ; SP :
Sierras Pampeanas ; SD : Dépression des salars ; Cocc : cordillère
Occidentale ; A : Altiplano ; Cor : cordillère orientale
Fig. 4- Morphostructures des Andes centrales, modifié
d’après Mpodozis & Ramos, (1989)
23
1.2 LE CADRE MORPHOSTRUCTURAL ET PHYSIOGRAPHIQUE DE LA HAUTE
CORDILLERE DE L’ELQU I
1.2.1 PRESENTATION DU RELIEF DE LA CORDILLERE DE L’ELQUI
La configuration de la plupart des paysages est largement contrôlée par la structure, et
le modelé morphoclimatique, souvent surestimé (Twidale & Lageat, 1994), est généralement
subordonné au relief structural, en partie pour des raisons d’échelle (Tricart, 1968). La
répartition et l’aspect des formes d’érosion dépendent toujours plus ou moins des lithologies
rencontrées, qu’elles soient façonnées dans le substratum (le « bedrock » des Anglo-Saxons)
ou dans des formations superficielles (alluvions, moraine, etc.) (Campy & Macaire, 1989). Il
nous est donc nécessaire de présenter les relations entre le style géomorphologique de la haute
cordillère de l’Elqui et les paysages rencontrés, ces derniers étant étroitement liés aux régimes
tectoniques locaux.
A/ ANALYSE TOPOGRAPHIQUE DU BASSIN VERSANT DU RIO ELQUI ET DE SES AFFLUENTS
Dans le cadre de notre étude basée sur l’analyse des modelés liés à un système
morphodynamique particulier, l’analyse morphostructurale qui vise à confronter des données
topographiques et géologiques, évalue les rôles respectifs de la tectonique et de l’érosion
différentielle dans la genèse des reliefs. Cette analyse se réalise le plus souvent en trois
étapes : la première étape permet de définir les formes structurales en s’appuyant sur l’étude
des relations géométriques entre le relief et l’ensemble des données stratigraphiques,
lithologiques et tectoniques. Vient ensuite les phases d’explication de la formation du relief et
de reconstitution de sa mise en place (Peulvast & Vanney, 2001).
24
- PROFILS TRANSVERSAUX
A environ 30°S, le Chili est large d’environ 150 km. La cordillère de l’Elqui est
délimitée sur sa bordure occidentale par la faille de Vicuña, accident majeur de la région. De
direction méridienne, cet accident majeur délimite à l’Est, la haute cordillère (cordillère
principale ou de l’Elqui) et à l’Ouest, la moyenne montagne (cordillère littorale) (Fig.6). A
l’est de cette faille majeure se succèdent une série de failles inverses au pendage élevé et de
direction Nord-sud. Ces failles traversent les unités du Carbonifère-Trias et les séquences
volcaniques du Permo-Trias dominant la cordillère Principale. A 50-60 km- à l’Est de la faille
Vicuña se situe la faille baños del toro dont le rôle dans le soulèvement et la dénudation de la
cordillère principale aurait été important (Cembrano et al., 2003). En effet, des traces de
fission dans les apatites allant de 34 à 9 Ma semblent confirmer une phase de taux élevés de
dénudation durant l’Oligocène-Miocène. A contrario, les traces de fission dans la cordillère de
la côte attestent d’un soulèvement et d’une dénudation modérés. La haute cordillère se
distingue ainsi très nettement de la moyenne montagne par ses sommets aux arêtes plus
fraîches et surtout par des sommets qui dépassent souvent les 5000 mètres dont deux d’entre
eux dépassent les 6000 mètres, le Cerro Olivares qui s’élève à 6252 m et le Cerro Las
Tortolas, point culminant de la région avec 6332 mètres. Aucun col frontalier ne se fait à
moins de 4000 mètres, en témoigne le passage de la frontière Argentino-Chilienne qui se fait
au Paso Agua Negra à 4775 mètres. C’est dans cette partie de la haute cordillère que notre
zone d’étude s’étend (Fig.7). Large d’une soixantaine de kilomètres d’Est en Ouest, la haute
cordillère se manifeste par sa hauteur et sa massiveté (Paskoff, 1970). En effet, l’altitude de
notre terrain d’investigation est comprise entre 724 m à l’extrême Ouest près du village de
Rivadavia en fond de vallée et 6632 m au sommet du Cerro Las Tortolas (Fig.7).
Fig. 6- les grandes unités du relief du bassin versant du Rio Elqui Réalisation : Houbart. A
25
Les altitudes maximales de la haute cordillère suivent un gradient Ouest-est ; ce
gradient existe également et de façon plus marquée à l’échelle régionale puisque l’on passe du
niveau de l’océan Pacifique à plus de 4000 m d’altitude en un peu plus de 130 km (Fig.7 et 8).
Fig. 7- MNT du bassin versant du Rio Elqui et profil longitudinal. Le MNT est tiré de la base de
données de l’institut géographique militaire Chilien.
Fig. 8- MNT de notre zone d’étude dans la haute cordillère de l’Elqui, réalisation sous ArcGis 9.2 à
partir de fichiers rasters source : (CEAZAMET)
26
- LES VERSANTS
L’aspect général de la haute cordillère est massif, seuls de nombreux cirques
surplombant de petites quebradas viennent altérer cette homogénéité. Les lignes de crêtes sont
partout adoucies par les mécanismes périglaciaires qui agissent toute l’année (Paskoff, 1970).
Les parois des cirques aujourd’hui dépourvus de neige, sont tapissées de roches bien calibrées
par l’action combinée de la gélifraction et de la thermoclastie. La descente du matériau par
reptation, chute ou coulées sèches donne aux versants de ces anciennes auges glaciaires,
surtout au-dessus de 3000 mètres dans la vallée du Rio Colorado un aspect voilé. Leur
polychromie issue des différences de lithologie et de l’altération hydrothermale permet dans
certains cas de suivre très facilement le cheminement des fragments rocheux.
Cette partie de la cordillère située à plus de 3000 m d’altitude connaît également des
conditions favorables à l’ajustement des versants, on y trouve donc de nombreux versants
réglés en totalité ou en partie. Leur évolution est tributaire de nombreuses variables
géographiques regroupant tous les paramètres qui varient dans l’espace, qu’il s’agisse des
propriétés intrinsèques des matériaux (facteurs internes) ou encore des paramètres reliés à
l’environnement dans lequel se déroule l’éboulisation (facteurs externes). Le couple corniche-
éboulis que l’on considère comme un système morphogénique, cesse de fonctionner et
disparaît même en certains endroits au-dessus de 3000 m dans la cordillère de l’Elqui. En
effet, l’enchaînement des processus liés à ce système débute par la fragmentation en paroi
puis par la mobilisation (détachement du fragment de la paroi). Le rôle prédominant de la
gélifraction à ces altitudes a permis une couverture quasi-totale des versants en de nombreux
endroits et la disparition des corniches ou affleurements rocheux. Ce rôle dominant de la
gélifraction même s’il est communément admis, ne doit pas faire oublier le rôle tout aussi
important de plusieurs autres paramètres qu’il est possible de regrouper en trois catégories :
- l’influence de la géologie (lithologie, préparation tectonique, altération préalable,
sismicité) ;
- les conséquences de la déglaciation ;
- l’influence du climat, incluant le régime des pluies ainsi que les phénomènes
d’étagement et d’exposition (opposition adret-ubac) ;
Ces paramètres ne sont pas les mêmes plus en aval, même dans les parties amont des
bassins versants adjacents à la vallée du Rio Turbio et du Rio La Laguna. Les affleurements
rocheux sont beaucoup plus développés ce qui donne naissance à de très nombreux cônes
d’éboulis et à des talus d’éboulis n’ayant pas encore atteint leur phase de maturité. La largeur
disponible en fond de vallée augmente au fur et à mesure que l’on se dirige vers l’aval laissant
aux formations torrentielles quaternaires la possibilité de se développer et de construire des
cônes de déjection polymorphes remaniés sur leur front par le Rio.
27
L’ensemble de ces facteurs sont à combiner avec une donnée morphométrique de base
qu’est la pente du relief. Cette donnée peut être la résultante d’une conjonction de facteurs
climatiques et tectoniques et être associée à la formation et la dégradation d’un relief.
Des paysages au relief marqué par des pentes de faible valeur mettent en évidence la
prédominance de superficies de faible énergie faiblement incisées par les systèmes fluviaux.
Ces paysages sub-planaires peuvent être à priori associés à des régimes tectoniques stables et
à des régimes climatiques arides qui limitent l’érosion des surfaces. Par opposition, les
paysages aux valeurs de pente élevées indiquent un relief escarpé modelé par le contrôle
tectonique et la réponse érosive à un climat plus humide sur une période donnée.
Par opposition au relief de la cordillère de la côte largement façonnée par les
variations eustatiques quaternaires, le relief de la cordillère principale (cordillère de l’Elqui)
se manifeste par des valeurs de pentes plus importantes.
- HYPSOMETRIE DU BASSIN VERSANT
La courbe hypsométrique est une fonction continue qui rattache l'aire à l'altitude d'un
bassin versant. La courbe hypsométrique est obtenue après avoir tracé la relation entre l'aire
d'une courbe de niveau et la hauteur du bassin sur ou sous la dite courbe (Fig.10). La
normalisation des valeurs d'altitude et d'aire permet de comparer des bassins de tailles et
d'altitudes différentes ; elles sont d'une grande utilité étant donné qu’elles représentent une
information tridimensionnelle dans un support de deux dimensions. L'aire sous la courbe
hypsométrique ou hypsométrique intégrale, donne une valeur numérique pour l'analyse
hypsométrique ; de basses valeurs de l'intégrale hypsométrique indiquent des courbes
concaves, alors que de hautes valeurs indiquent des courbes convexes.
Strahler (1952), a interprété ces intégrales hypsométriques en terme de maturité du
relief, en définissant trois phases principales dans l’évolution de celui-ci. Les courbes
concaves avec une valeur intégrale basse (30%) indiqueraient un relief arrivé à maturité en
phase de pénéplanation ; une courbe sigmoïdale avec une valeur intégrale intermédiaire (30-
60%) indiquerait un relief au système fluvial arrivé à maturité ; une courbe convexe avec une
valeur intégrale élevée serait caractéristique d’un relief relativement jeune soumis à des
déséquilibres géomorphologiques.
28
Les courbes hypsométriques des bassins des rivières Copiapó, Huasco et Elqui ont une
forme sigmoïdale à convexe et leur intégration donne une valeur comprise entre 46 et 41 %
(Fig.10), avec une tendance à la diminution de l'intégrale hypsométrique vers le sud. Au
contraire, les courbes hypsométriques des bassins des rivières Limarí et Choapa ont une forme
concave et leurs intégrations délivrent des valeurs comprises entre 35 et 31 % (Fig.10).
L'hypsométrie des bassins des rivières Copiapó, Huasco et Elqui indique quelques
déséquilibres et une adaptation des cours d’eau au relief encore en cours. Au contraire,
l'hypsométrie des bassins du Limarí et du Choapa attestent d’une adaptation de ces cours
d’eau au relief traversé plus abouti. Dans son étude Aguilar Martorell, (2010) démontre que
les variations longitudinales des valeurs de l'intégrale hypsométrique, permettent de
différencier des reliefs caractéristiques des unités morphostructurales d’avant-arc, et d'évaluer
la distribution de l'incision dans celui-ci. Par ailleurs, la variation latitudinale de l'intégrale
hypsométrique permet d'évaluer l'évolution de la maturité relative du relief le long des unités
morphostructurales des Andes semi-arides.
Fig. 9- graphique représentant la relation entre
pentes moyennes et altitudes minimales par
rapport à l’exutoire (m.s.n.m) pour les bassins
versants tributaires d’ordre 2 selon la
classification de Strahler d’après (Aguilar
Martorell, 2010).
Fig. 10- courbes hypsométriques de trois
bassin-versants. A gauche : courbes
hypsométriques et à droite : courbes
moyennes hypsométriques des bassins
versants ayant un ordre de 2 selon la
classification de Strahler avec en bleu les
courbes de la cordillère littorale, en rouge
celles de la cordillère occidentale et en vert
celle de la cordillère orientale.
29
- LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE
Le réseau hydrographique faisant partie intégrante du dispositif morphostructurale, il
nous est nécessaire de présenter les caractéristiques de celui-ci. Cette présentation est d’autant
plus nécessaire que ce réseau hydrographique est à l’origine des formations et modelés que
nous décriront dans ce travail.
Le Rio Turbio prend le nom de Rio Elqui à partir de son union avec le Rio Claro ou
Derecho, immédiatement en aval de Rivadavia. En amont, entre Rivadavia et Juntas, il porte
le nom de Rio Turbio (Fig.13). En amont de Juntas, il se subdivise en deux affluents, le Rio
Toro et le Rio La Laguna dont le nom de ce dernier devient Rio Colorado au-dessus de 3200
m d’altitude. Son tracé en baïonnette est marqué par des coudes brusques en remontant vers
l’amont comme, par exemple, à la jonction avec la Quebrada du Calvario ou encore à la
rencontre avec le Rio Las Terneras. Ce tracé capricieux (en baïonnette) traduit une
superposition de l’érosion sur les plans de faiblesse mécanique du bâti rocheux, ce qui génère
deux vallées de lignes de faille dans l’amont de notre zone d’étude. En effet, l’orientation
méridienne des deux vallées à l’amont de la confluence de Juntas (Nord-sud pour le Rio
Colorado et Sud-nord pour le Rio La Laguna) contraste avec l’orientation Est-ouest du tracé
du Rio Turbio dans sa partie avale. Ce parallélisme relatif entre ces deux vallées correspond à
la délimitation d’un horst, caractéristique d’une structure cassante par deux failles inverses,
celle de La Laguna et celle du Colorado.
La vallée du Rio Turbio sous 2100 m est profondément encaissée et toujours bien
calibrée. Les versants souvent très raides sur une hauteur de plusieurs centaines de mètres,
évoluent surtout là où ils sont lacérés par des couloirs d’éboulis. La largeur de la vallée sur ce
tronçon augmente progressivement vers l’aval sans toutefois jamais dépasser 500 m. Il faut
noter que la vallée s’évase brusquement après la ville de Vicuña, au-delà de l’accident
régional majeur qu’est la faille de Vicuña (Fig. 6) séparant la haute cordillère de l’Elqui de la
moyenne montagne ; la largeur atteint ici environ 2 km pour rétrécir plus en aval mais tout en
gardant une largeur moyenne comprise entre 0.7 et 1 km.
Les pentes des versants de la vallée du Rio Turbio sont relativement égales de part et
d’autre du Rio ; il en est autrement dans la vallée du Rio La Laguna et du Rio Colorado où les
profils transversaux réalisés révèlent une dichotomie entre les versants Est et Ouest. Cette
différence notable dans l’agencement du relief trouve son explication par l’orientation du
réseau hydrographique au sein de la structure de la cordillère de l’Elqui mais également par de
nombreux paramètres, qu’ils soient d’origine interne ou externe.
Le Rio Elqui correspond aux écoulements transversaux caractéristiques du Chili
central du nord (25°-33°S). Son régime de type nivo-pluvial, et son bassin versant couvrant
une superficie de 9600 km2, est alimenté par deux affluents principaux que sont : le Rio
Turbio, avec un bassin versant de 3895 km2
drainant la haute cordillère située à l’amont du
30
bassin versant du Rio Elqui et dont le débit moyen annuel est de 6.48 m3/s et le Rio Claro qui
draine une superficie de 1515 km2 située au sud du bassin versant du Rio Elqui et dont le
débit moyen annuel est de 3.9 m3/s.
L’écoulement actuel s’établit en un chenal principal depuis la base du glacier El
Tapado jusqu’à hauteur du village de Huanta où un système en tresse se développe lorsque la
largeur de la vallée le permet. Le nombre de chenaux ne dépasse que très rarement 3 ou 4. Les
photographies aériennes permettent d’observer une multitude d’anciens chenaux totalement
inactifs situés dans la bande active et même sur les vestiges d’une terrasse alluviale que nous
présenterons ultérieurement. Ces multiples avulsions témoignent d’une variabilité journalière,
saisonnière voir pluriannuelle dans le régime des eaux. Les appareils glaciaires, les
précipitations liquides, solides et les glaciers rocheux sont autant d’entités susceptibles
d’impacter et de faire fluctuer le débit en réponse à des variations de conditions climatiques.
Le profil hydrographique du Rio Turbio et de La Laguna est caractéristique d’un
torrent de haute montagne avec un profil concave et des pourcentages de pente de plus en plus
élevés au fur et à mesure que l’on remonte vers l’amont. Le profil hydrographique que nous
avons réalisé prend fin à 3200 m d’altitude à l’Embalse La Laguna puisque celle-ci a ennoyé
le fond de la vallée du Rio La Laguna et engendré une accumulation sédimentaire à l’amont.
Les pentes moyennes du lit sont comprises entre 52 ‰ à proximité du barrage de La Laguna à
3100 m d’altitude et 14 ‰ de Huanta à Rivadavia (Fig.11) dans la vallée du Rio Turbio. La
zone de confluence entre le Rio La Laguna et le Rio Toro est affectée par une pente d’environ
24 ‰.
Les trois stations hydrographiques présentes dans notre zone d’étude : La Laguna
(3130 m), Juntas (1195 m) et Huanta (860 m) (Fig.13) nous permettront de mieux comprendre
la part respective occupée par les corps glaciaires couverts ou non et des précipitations dans le
régime nivo-pluvial. En effet, les débits maximums sont atteints durant la période estivale
(Fig.12), là où les apports d’eau liés à la fonte des neiges et des glaces des glaciers rocheux,
couverts ou non sont à leur maximum.
Fig. 11- profil hydrographique du Rio Turbio et La Laguna
31
Fig. 12- Courbes des variations saisonnières du débit du Rio Turbio. Localité :
station hydrographique de Huanta (860 m)
Fig. 13- Carte du réseau hydrographique de la haute cordillère de l’Elqui. Réalisation HoubartA
32
- L’OUEST DE LA HAUTE CORDILLERE DE L’ELQUI
Délimitée à l’Est par la faille Baños del Toro, cette partie de la zone d’étude se
caractérise par un aspect massif et homogène. A plus petite échelle, on peut étendre ce
descriptif à toute la cordillère comprise entre la faille Baños del Toro et la faille de Vicuña qui
est l’accident majeur régional. Dominée par une succession de cônes de déjections au
débouché des quebradas, la vallée se resserre au fur et à mesure que l’on se dirige vers
l’amont. Il n’est pas rare d’observer certains cônes de déjection obstruer en quasi-totalité, le
fond de vallée forçant le Rio Turbio à dévier son cours. Si la largeur du fond de vallée
diminue avec l’altitude, la superficie des cônes de déjection, elle, diminue également et leur
exploitation cesse à hauteur de Huanta (Fig.13). Il est à noter que certains cônes de déjection
sont totalement inactifs et témoignent de périodes aux conditions climatiques différentes
d’aujourd’hui, c’est le cas au débouché de la quebrada en amont du village de Varillar à 960
m d’altitude (extrême Sud-ouest de la zone d’étude) (Photo.2).
Les sommets ne dépassent pas les 4000 mètres, l’érosion y est intermittente et se
produit principalement dans les quebradas lorsque de fortes pluies mobilisent les débris
accumulés. La vigueur de leur activation peut entraîner l’obturation de la vallée comme cela
s’est produit en mai 1934 d’après des témoins oculaires à quelques kilomètres à l’Ouest de la
zone d’étude avec la quebrada la Hormigar (Jones, 1953). Des apports torrentiels ont barré le
Rio Elqui sur une hauteur de 8 à 10 mètres, la digue naturelle n’a pas cédé immédiatement, ce
n’est qu’après dix jours qu’une brèche s’ouvrit mais il aura fallu attendre neuf années, c'est-à-
dire l’été 1943 pour qu’une crue du Rio Elqui provoquée par une brusque fusion des neiges de
la haute cordillère disperse ce qui subsistait de l’accumulation (Paskoff, 1970) (photo.3).
Photo. 2 - dépôts torrentiels du cône de
déjection de la quebrada la Hormigar plaqués
sur le versant opposé, Rio Elqui. Cliché : Houbart. A,
Orientation : Ouest, altitude : 785 m
Photo. 3- cône de déjection inactif,
quebrada à hauteur du village de Varillar.
Vallée du Rio Turbio. Cliché : Houbart. A, Orientation
Sud-est altitude : 960 m
33
- L’EST DE LA CORDILLERE DE L’ELQUI
C’est à la confluence entre le Rio Toro venant du Nord et le Rio La Laguna venant du
Sud que prend naissance le Rio Turbio à 2200 mètres d’altitude et que le relief s’élève et
devient plus escarpé. En effet, la faille Baños del Toro qui passe à l’endroit de la confluence
délimite à l’Est la haute cordillère de l’Elqui. Celle-ci se distingue très nettement de la
moyenne montagne par ses sommets aux arêtes plus fraîches, des systèmes corniche-éboulis
(photo.4) et surtout par des sommets qui dépassent souvent les 5000 mètres. L’aspect général
de la haute cordillère est massif, seuls de nombreux cirques surplombant de petites quebradas
viennent altérer cette homogénéité. Les lignes de crêtes sont partout adoucies par les
mécanismes périglaciaires qui agissent toute l’année. Les parois des cirques aujourd’hui
dépourvus de neige, sont tapissées de roches bien calibrées par l’action combinée de la
gélifraction et de la thermoclastie. La descente des débris par reptation, chutes ou coulées
sèches ,donne aux versants, (surtout au-dessus de 3000 mètres dans la vallée du Rio
Colorado), un aspect voilé. La polychromie issue des différences de lithologie et de
l’altération hydrothermale est également caractéristique de cette partie de la haute cordillère.
1.2.2 MORPHOSTRUCTURE DE LA HAUTE CORDILLERE
L’analyse sera menée à deux échelles, la première, au niveau régional afin de
développer les caractéristiques du Norte-Chico qui font de cette région une zone d’étude
privilégiée des tectoniciens et la deuxième, au niveau local au travers de coupes géologiques
transversales à notre zone d’étude.
Photo. 4- Talus d’éboulis sous corniche sur le versant Ouest
de la vallée de La Laguna. Cliché. Houbart. A Orientation : Ouest,
altitude : 3050 m
GPS : 30°10’42.59’’S 70°02’52.09’’W
34
A/ ORIGINALITES DU NORTE-CHICO
Si l’unité de la cordillère andine s’impose à l’échelle continentale, ne serait-ce que par
sa position « liminaire » et son style orogénique, on n’y discerne pas moins plusieurs
domaines structuraux. Comme dans la grande majorité des orogènes de subduction, on
distingue dans les Andes centrales (10-35°S) un domaine d’avant-arc situé entre l’arc
magmatique et la fosse de subduction, un domaine d’arc magmatique ainsi qu’un domaine
d’arrière arc. Cet agencement de domaines définit différentes unités morphostructurales
parallèles à la fosse océanique.
Dans le domaine d’avant-arc du nord du Chili, les unités longitudinales discontinues
(cordillère de la côte, dépression centrale, cordillère Principale) reflètent plus ou moins le
déplacement de l’Ouest vers l’Est de l’arc magmatique depuis le Jurassique jusqu’à sa
position actuelle acquise à la fin du Néogène, il y a 10 Ma (Coira et al., 1982 ; Allmendinger
et al., 1983). Le triptyque, cordillère de la côte, dépression centrale et cordillère, largement
représenté au Chili, ne l’est pas dans la région du Norte-Chico entre 27° et 33°S (Fig.14)
L’épaisseur de la zone sismique à moyenne profondeur (100-200 km) sur le segment 2
qui est celui qui traverse notre zone d’étude est d’environ 50 km alors qu’elle est de 30 km
pour le segment 1 et 3 (Pardo et al., 2002). Ceci induit donc la présence d’une croûte
océanique plongeante plus épaisse au niveau de la zone de subduction de la ride asismique
Juan Fernandez. Cette anomalie pourrait être associée à un métamorphisme thermal lors du
passage de la plaque océanique au-dessus du point chaud qui est à l’origine de l’archipel Juan
Fernandez et qui pourrait engendrer une compensation isostatique (Pardo et al., 2002).
Une relation de cause à effet existe entre tectonique et dispositif morphostructural le
long de la cordillère, de telle sorte que toute modification des conditions du régime de
subduction entraîne un changement de l’ossature morphotectonique et par conséquent
paysagère.
Ce sont l’ensemble de ces arguments qui permet d’expliquer en partie l’absence de
dépression centrale dans le Norte-Chico. Il convient cependant de préciser qu’il n’existe pas à
contrario de consensus scientifique pour expliquer le développement de la dépression centrale
présente dans les autres régions Chiliennes.
35
Fig. 14- Profils transversaux des Andes à 29° et 35°S. Réalisation. Houbart. A à
l’aide de l’application World Wind Java (Nasa) http://worldwind.arc.nasa.gov/java/demos/
Fig. 15- Localisation des épicentres des secousses ressenties dans la région grâce à la procédure
(JHD) (Joint hypocenter determination method) cercles noirs et les données locales non réajustées
par rapport aux données des agences internationales, cercles blancs. (Pardo et al., 2002)
36
B/ LES UNITES MORPHOSTRUCTURALES DE LA CORDILLERE DE
L’ELQUI ET LEUR EXPRESSION DE SURFACE
La haute cordillère de l’Elqui présente un style structural de type « thick skinned »
(Mpodozis & Cornejo, 1988), caractérisé par la déformation du socle en une multitude
d’antiformes et de synformes ; d’une couverture méso-cénozoïque conforme à l’Est et par la
présence de failles inverses. Ce style se manifeste par la présence de horsts et de grabens dans
la couverture céno-mésozoïque.
La figure n°16, présente les principaux domaines structuraux que l’on peut identifier
dans la haute cordillère de l’Elqui, les coupes géologiques transversales permettent
d’identifier deux zones distinctes ayant chacune une lithologie et un mode de mise en place
spécifique.
- LE BATHOLITE ELQUI-LIMARI
Dans cette région, les unités mises en place offrent un aspect massif et homogène. En
raison de la prédominance des roches plutoniques, les déformations y sont rares. La faille
Baños del Toro (Profil A-B), qui est l’accident majeur de la zone d’étude, constitue la limite
entre le batholite Elqui-Limari à l’Ouest et les formations volcaniques tertiaires de la vallée de
La Laguna à l’Est. La faille Vicuña, qui n’apparaît pas sur les profils géologiques, délimite ce
batholite sur sa partie occidentale et limite son extension à une cinquantaine de kilomètres. La
faille Baños del Toro d’orientation NNE-NS et de regard 60-80°S, est affectée d’un
déplacement relatif de deux kilomètres près du lieu dit Juntas (Mpodozis & Cornejo, 1988).
- LA ZONE ORIENTALE OU SECTEUR DU RIO LA LAGUNA
Cette région de la cordillère constitue la partie méridionale du graben El Indio, formé
dans les roches tertiaires. La partie aval du Rio Colorado (Profil E-F), c'est-à-dire celle située
entre la faille de La Laguna et celle du Rio Colorado, est typique d’une structure cassante
inverse avec présence d’un horst dont le point culminant est le Cerro Tapado (5700 m) et à
l’Est, le graben du Rio Colorado qui est lui délimité par la faille du Rio Colorado et de
l’Olivares. Ce système de failles inverses qui affecte la partie amont de la zone d’étude, date
de moins de 18 Ma (Mpodozis & Cornejo, 1988). L’une d’entre-elles, celle du Rio Colorado
affecte la formation Cerro Las Tortolas (Miocène inférieur). Il est difficile d’estimer les
mouvements relatifs de cette faille étant donné la faible extension des affleurements de la
formation volcanique Cerro Las Tortolas. Il est tout autant difficile d’affirmer la période du
début de l’activité de cette faille puisqu’il se pourrait qu’elle soit synsédimentaire ou encore
postérieure à la mise en place de l’affleurement de la Formation Cerro Las Tortolas. La
37
formation Vallecito (Miocène Supérieur), ne semble pas affectée par cette activité tectonique
Néogène.
Les formations Cerro Las Tortolas et Vallecito, au pendage horizontal et sans indices
de déformation, laissent supposer un âge de mise en place postérieur à l’activité de ces failles
inverses.
Les unités en place ayant été présentées, il est nécessaire de rappeler de façon
synthétique, les modalités de leur mise en place, et ce, grâce aux connaissances sur l’évolution
tectonique de la cordillère de l’Elqui
Fig. 16- profils transversaux et structures sous-jacentes des vallées du Rio Colorado, La
Laguna et de la confluence entre le Rio La Laguna et le Rio Toro (Juntas)
30 km
39
1.3 DESCRIPTION DES AFFLEUREMENTS ROCHEUX DE LA HAUTE CORDILLERE
DE L’ELQUI
1.3.1 LE SOCLE (PALEOZOÏQUE-TRIAS INFERIEUR), UNITE CENTRALE DU
DISPOSITIF GEOLOGIQUE REGIONAL.
Les roches appartenant au socle d’âge Paléozoïque à Trias inférieur constituent l’unité
centrale du dispositif géologique régional et de notre zone d’étude. Les unités attribuées à
celui-ci, couvrent environ 80% de la haute cordillère de l’Elqui.
A/ LE COMPLEXE METAMORPHIQUE EL CEPO
Les roches de ce complexe métamorphique offrent une grande variété lithologique,
allant de protolithes sédimentaires constitués d’esquisses aréno-pelitiques, aux cornéennes.
Elles affleurent à la manière de « roof-pendants » dans des granites paléozoïques et sont
reconnaissables par leur couleur gris foncé à brun-jaunâtre. Un seul affleurement est visible
sur la rive droite le long de la quebrada Balala à l’aval de la confluence entre le Rio Turbio
et le Rio Las Terneras (Fig.18). Dans ces roches à structure orientée prédominent les effets
d’un métamorphisme régional responsable du développement de la foliation caractérisant
ces roches. L’âge de cette unité est estimé par datation au Potassium-Argon (K-Ar) sur
biotite à 240 +/- 3 Ma (Mpodozis & Cornejo, 1988). Ce complexe est recouvert en
discordance angulaire par les roches volcaniques acides du Paléozoïque supérieur-Trias
inférieur.
B/ LES FORMATIONS SEDIMENTAIRES ET VOLCANIQUES (PALEOZOÏQUE
SUPERIEUR-TRIAS INFERIEUR)
Dans la région frontalière avec l’Argentine, que nous appellerons région du rio La
Laguna et Paso Agua Negra, affleurent des laves, des roches pyroclastiques acides et des
rhyolites, appartenant à la Formation Pastos Blancos (Fig.18). Le principal affleurement dans
la haute cordillère se situe dans la partie orientale de notre zone d’étude. La quebrada Sin Fin,
d’orientation Nord-sud et au tracé pratiquement rectiligne, conflue avec le Rio Colorado à
l’endroit où la vallée du Rio Colorado effectue un large coude pour passer d’une orientation
Nord-Sud à une orientation Sud-nord. L’affleurement est délimité de part et d’autre par deux
40
failles inverses, celle de la Laguna sur sa partie occidentale et celle du Rio Colorado sur sa
partie orientale. Le versant Nord-ouest du Cerro Olivares, point culminant de la région à 6216
m est composé de rhyolites appartenant à cette formation.
C/ LES ROCHES INTRUSIVES DU PALEOZOÏQUE SUPERIEUR-TRIAS
Les batholites du Paléozoïque supérieur-Trias couvrent environ 60 % de la zone
d’étude. La cordillère frontale du Norte-Chico (28-31°S) est constituée de trois unités
intrusives, mais seul le grand batholite Elqui-Limari affleure dans la haute cordillère de
l’Elqui. Large d’une soixantaine de kilomètres entre la localité de Rivadavia et la vallée du
Rio La Laguna, il se compose d’une centaine de plutons, classés en deux super unités
appelées, super unité Elqui et Ingaguás.
La super unité Elqui, correspond à un groupement de plutons de grandes dimensions
(une dizaine de kilomètres) localisé dans la partie occidentale du batholite Elqui-Limari. Les
roches la composant sont des granitoïdes leucocrates à mésocrates, à grains moyens, infiltrés
par un réseau de dykes basiques (Photo.5). Les affleurements les plus représentatifs de cette
unité sont situés à proximité du village de Huanta où l’on y trouve des roches leucocrates à
grains moyen ou gros, de couleur verdâtre à gris-blanchâtre, cette unité est appelée unité
Huanta. Elle est absente de la haute cordillère proprement dite, c'est-à-dire dans le Rio Toro et
le Rio la Laguna. Il est à noter que la quasi-totalité de l’incision du Rio Turbio s’effectue dans
cet affleurement.
-
Photo. 5- Dyke affectant l’unité Huanta, Rio Turbio. Cliché. Houbart. A, Orientation Nord-ouest
41
- L’UNITE COCHIGUAS
Composée d’un ensemble de plutons leucocrates à grains moyens et gros composés de
granodiorites et de monzogranites à biotite et à muscovite, elle n’affleure qu’à hauteur de la
confluence du Rio Turbio avec le Rio San Andres, au lieu dit Las Terneras. Il n’y a aucun
affleurement de cette unité dans la partie orientale de la cordillère.
A l’Ouest de la super unité Elqui, affleure la super unité Ingaguás ; les plutons qui la
composent sont hololeucrates et parmi les quatre unités de roches intrusives y appartenant,
trois sont présentes dans la haute cordillère de l’Elqui.
- LES GABBROS DE LA LAGUNA
D’extension très limitée, ils ne dépassent pas la centaine de mètres de diamètre et
n’affleurent que dans la vallée de La Laguna, à la confluence de la quebrada El Tapado avec
le Rio La Laguna.
- L’UNITÉ EL LEÓN
Elle n’affleure que sur de petites surfaces, au sommet des versants de la vallée du Rio
La Laguna, orientés à l’Est ainsi que dans la vallée du Rio Colorado où le pluton qui lui est
associé, a intrudé la formation Pastos Blancos.
- L’UNITÉ EL COLORADO
Unité la plus récente de la super unité Ingaguás, elle doit son nom à la vallée du Rio
Turbio où elle affleure. Le versant Ouest de la vallée de La Laguna est composé dans sa partie
distale de cette unité de nature monzogranitique et syenogranitique à grain grossier.
1.3.2 LA COUVERTURE MESOZOÏQUE ET CENOZOÏQUE
Les unités de roches Mésozoïques et Cénozoïques couvrent près de 20% de notre zone
d’étude. Les roches d’âge Paléozoïque-Trias inférieur représentant près de 80% des
affleurements, nous avons là, les deux principaux ensembles géologiques de la haute
cordillère de l’Elqui. Correspondant à des roches à la stratification bien marquée, leur phase
de mise en place couvre une période allant du Trias moyen au Pléistocène.
42
A/ LA FORMATION LAS BREAS
Elle se définit comme une séquence sédimentaire continentale constituée d’arénites, de
conglomérats et de lutites carbonatées. Affleurant à l’Ouest de la faille Baños del Toro, elle
est visible dans la partie aval de la quebrada El Calvario mais son affleurement le plus
représentatif se situe à deux kilomètres au Sud-ouest de Rivadavia, sur le versant Ouest de la
vallée du Rio Elqui (Limite Sud-ouest de la zone d’étude).
B/ LES STRATES DU RIO SECO
Elles ont une origine volcanique datée du Trias supérieur-Lias par stratigraphie.
Composées d’andésites, elles n’affleurent qu’à l’Ouest de la faille Baños del Toro à plus de
3000 mètres d’altitude et ne sont que très peu visibles depuis le fond de la vallée du Rio La
Laguna. Recouvrant la formation Pastos Blancos, elles sont elles-mêmes recouvertes par des
roches sédimentaires d’origine marine « strates de la quebrada El Tapado ». Ces
affleurements constituent la partie méridionale d’un affleurement longiligne discontinue de
roches volcaniques très bien développé entre 27°et 30°S.
A partir du Silurien et jusqu’au Bajocien, s’est développé dans la haute cordillère, un
cycle de sédimentation marine représenté par des dépôts principalement carbonatés et en
partie terrigènes. L’unité lithostratigraphique équivalente présente dans la haute cordillère de
l’Elqui est appelée « estratos de quebrada El Tapado ».
C/ LA FORMATION ESTRATOS DE QUEBRADA EL TAPADO (LIAS-DOGGER
INFERIEUR)
Il s’agit d’une séquence marine d’une épaisseur allant de 50 à 300 mètres, constituée
d’arénites calcaires, volcaniques, intercalées de limonites. Les biofaciès et lithofaciès
correspondent à une sédimentation de plate-forme continentale peu profonde (Nasi et al.,
1990).
Après la régression marine du Bajocien dans la haute cordillère de l’Elqui, débute un
cycle de sédimentation continentale, accompagnée d’une réactivation et d’une expansion de
l’activité volcanique andésitique.
43
D/ LA FORMATION BAÑOS DEL TORO
Les roches volcaniques et sédimentaires du Dogger-Malm affleurent très largement au
Nord-est de la haute cordillère et uniquement à l’Ouest de la faille Baños del Toro. La
formation Baños del Toro qui en est l’unique représentant affleure très largement à l’aval de
la vallée de la Laguna à proximité du lieu dit Juntas et domine sur les versants Est du Rio
Toro le long desquels l’altération hydrothermale y est développée, on y trouve également des
coulées de gypse (Photo.6).
Fig. 18- Affleurement de la formation Pastos Blancos dans la zone du Rio La Laguna et Paso
Agua Negra
Photo. 6- Coulée de gypse à l’aval d’un affleurement de la formation Baños del Toro, versant Est du
Rio Toro, Localisation : 29°57’19.8’’S 70°04’41.6’’W Altitude : 2244 m. Cliché. Houbart. A, Orientation : Est
Coulée de gypse Formation baños del toro
44
1.3.3 LES FORMATIONS VOLCANIQUES DE L’OLIGOCENE SUPERIEUR-MIOCENE
Durant l’Oligocène et le Miocène, l’axe de l’activité volcanique se déplace vers le
bord oriental du batholite Elqui-Limari. Les roches contemporaines de cette période affleurent
majoritairement dans le secteur du Rio Colorado et du Paso Agua Negra. Au nombre de trois,
elles se répartissent par ordre chronologique de mise en place par :
A/ LA FORMATION DOÑA ANA
Constituée de rhyolites et de tufs ignimbritiques, elle affleure à l’Est de la faille Baños
del Toro. Celle-ci est divisée en deux formations appelées Miembro Tilito (Tufs
ignimbritiques, rhyolites) et Miembro Escabroso (laves andésitiques et basaltiques). Au
Nord-est de notre zone d’étude, dans le secteur du Cerro de Las Tortolas (6130 m), la
Formation Doña Ana a une épaisseur de 800 à 1250 mètres et est disposée de façon
discordante sur la Formation Pastos Blancos. Les versants Ouest de la partie avale de la vallée
de La Laguna se sont formés dans les affleurements du Miembro Tilito alors que la partie
amont s’est développée dans le Miembro Escabroso.
Photo. 7- Affleurement du Miembro Tilito sur
le versant Est de la vallée du Rio La Laguna
(3150 m). Cliché : Houbart. A, Orientation : Est
Photo. 8- Cerro Las Tortolas (6130
m). Cliché : Houbart. A, Orientation : Nord-est
45
B/ LA FORMATION CERRO DE LAS TORTOLAS
Désignée ainsi par la localisation de ses affleurements (Cordon limitrophe Argentino-
Chilien) et par la présence du Cerro Las Tortolas, deuxième point le plus haut de la haute
cordillère de l’Elqui avec 6130 m (Photo.8), elle n’a fait l’objet d’aucune prospection de
terrain en raison de sa difficulté d’accés. Son âge est estimé entre 16 Ma (Miocène inférieur)
et 11 Ma (Miocène moyen-supérieur) (Nasi et al., 1990).
C/ LA FORMATION VALLECITO
D’âge Miocène supérieur, elle n’est visible que très localement à l’Est de la vallée du
RioToro. Correspondant à une séquence de brèches males consolidées, de sédiments lacustres,
de gypse et d’ignimbrites rhyolitiques, elle atteint une épaisseur de 200 m environ dans la
quebrada Las Animas au Nord-est de Juntas (Photo.9).
Outre l’ensemble de ces formations constituant le substratum rocheux de la haute
cordillère, il existe de nombreuses manifestations d’altérations affectant ces entités
géologiques à l’origine de la polychromie des versants rencontrés dans la zone d’étude.
D/ ALTERATION HYDROTHERMALE ET MINERALISATION
Ce n’est qu’à partir de 3000 mètres d’altitude environ que l’on commence à observer
des zones d’altération hydrothermale tapissant les versants. D’âge Néogène, elles sont
concentrées dans le secteur Rio Colorado et Paso Agua Negra (Fig.19).
En plus du gypse, de l’alunite, de l’anhydrite et de la jarosite, il n’est pas rare de
trouver également des dépôts de soufre dans la partie supérieure des zones d’altération
(Mpodozis & Cornejo, 1988).
Photo. 9- Affleurement de la Formation Vallecito dans la quebrada Las Animas, vallée
du Rio Toro. Localisation : 29°55’41.7’’ S ; 70°04’00.2’’ W. Cliché : Houbart. A, Orientation : Est
46
Le type d’altération dominant dans ces zones est une argilitisation généralisée des
roches volcaniques. Ces zones ont fait l’objet de prospections minières poussées ces dernières
années. Parmi les multiples zones, six zones majeures sont directement observables depuis le
fond de vallée (Photo.8). Cette altération affecte les formations de Doña Rosa et de Baños del
Toro, elle présente généralement des contacts abrupts avec les roches non altérées voisines.
Cette altération est due à l’hydrolyse de grands volumes de roches provoquée par un
flux hydrothermal profond (Maksaev et al., 1984).
Photo. 10- Zone d’altération, versant Ouest du Rio Colorado. Orientation du Cliché Nord. Cliché : Houbart. A
Fig. 19- Localisation des zones d’altération hydrothermales dans la partie amont de la zone
d’étude.
47
Fig. 20- Schématisation de l’organisation stratigraphique présente dans la haute cordillère de l’Elqui
48
1.4 SYNTHESE DES CONNAISSANCES SUR L’EVOLUTION PALEOTECTONIQUE
RECONSTRUCTION PALEOTECTONIQUE D’UNE MARGE ACTIVE
La marge Ouest du continent Sud-Américain a fonctionné durant une grande partie de
son existence de façon active. Du Protérozoïque supérieur au Paléozoïque supérieur, son
évolution a été ponctuée par l’accrétion localisée et ponctuelle de panneaux lithosphériques
ainsi que par la migration vers l’Ouest d’arcs magmatiques, ce qui conduit à dénommer cette
période : période de collision « collisional history » (Charrier et al., 2007). L’évolution post-
triasique se caractérise par une contraction vers l’ouest de la marge continentale, conséquence
de l’emboîtement successif de panneaux de croûte ainsi que d’une migration vers l’Ouest
d’arcs magmatiques et de phénomènes de subsidence en avant de la chaîne pré-Andine, et
ceci, en relation avec la surcharge engendrée par le poids du prisme d’accrétion. Certains
auteurs qualifient cette période d’érosive. La phase intermédiaire comprise entre le Permien
supérieur et le trias correspond à un épisode de faible vitesse de subduction voire
probablement d’un blocage (Charrier et al., 2007) ce qui se traduit par une géographie des
grandes unités structurales, et par voie de conséquence topographiques totalement différentes
de celles que l’on retrouve au Chili au Quaternaire.
Il est possible de différencier différentes phases dans l’évolution tectonostratigra-
-phique des Andes Chiliennes que l’on peut résumer par l’évolution du super continent
Gondwana avec, (1) une dislocation de la Pangée, (2) la formation du Gondwana par
accrétion et (3), la dislocation du Gondwana. Ces trois phases se subdivisent en divers cycles
orogéniques de durée limitée, séparés les uns des autres par des discontinuités régionales ou
changements paléogéographiques traduisant certaines évolutions majeures de cette marge
active.
49
1.4.1 LE CYCLE OROGENIQUE PRE-ANDIN (PERMIEN SUPERIEUR-JURASSIQUE
INFERIEUR)
Le terme de Pré-andin est utilisé pour le cycle orogénique postérieur à la phase finale
d’assemblage du supercontinent Gondwana et antérieur au développement de l’arc
magmatique du Jurassique inférieur qui constitue l’ossature du relief actuel. Il nous a paru
judicieux d’écarter cette période dans cette présentation.
A/ DEVELOPPEMENT D’UN REGIME EXTENSIF
Ce cycle se différencie du précédent et du suivant (respectivement du Gondwana et de
l’Andin) par des conditions géotectoniques le long de la marge active complètement
différentes ; le début de ce cycle tectonique se caractérise par une situation de subduction
normale qui induit la formation progressive d’un prisme d’accrétion le long de la cordillère
côtière du Carbonifère supérieur au Trias supérieur (Fig. 21). La seconde partie de ce cycle se
manifeste par un ralentissement voire un arrêt de la subduction. Cet arrêt est couplé à une
immobilisation du Gondwana (conclusion du paléomagnétisme) (Vilas & Valencio, 1978), ce
qui a pour effet notable l’accumulation de chaleur dans la partie supérieure du manteau, la
fonte de la croûte inférieure et la production de grandes quantités de magma le long de la côte
nord Chilienne (Mpodozis & Kay, 1990 ; Llambias, 1999 ; Llambias, 2001). L’amincissement
crustal en résultant induit le développement d’un régime extensif favorisant à son tour la
formation de bassins d’extension d’orientation NNW-SSE (Charrier, 1979 ; Mpodozis &
Ramos, 1989 ; Stipanicic, 2001). Favorables à la sédimentation, ces bassins sont à l’origine
dans le Norte-Chico de la formation continentale Tres Cruces que l’on trouve à plus de 3000
mètres d’altitude dans les Quebradas du Rio Seco et El Tapado. Cette formation correspond
au stade le plus tardif de la sédimentation qui s’est mise en place sur la plate-forme
continentale (Charrier et al., 2007); elle consiste en une succession de congloméras, de grès et
de limons micritiques. Les dépôts volcaniques surincombants représentent dans cette région
des dépôts d’un arc distal répondant à une reprise progressive de la subduction prémice du
cycle orogénique suivant (Andin).
50
B/ AMINCISSEMENT CRUSTAL ET VOLCANISME
En marge des dépôts volcaniques cités ci-dessus, d’autres dépôts de même nature sont
reportés et ont fait l’objet de nombreuses publications depuis (Thiele, 1964). Ces corps
intrusifs affleurent entre 24°S et 31°S (Mpodozys & Forsythe, 1983 ; Nasi et al., 1990) et
d’après Mpodozis & Kays (1990), entre 27°S et 31°S, ils forment une ceinture granitique
continue dont la pétrographie et la géochimie traduisent une origine liée aux conditions
d’amincissement crustal et de fonte partielle du manteau inférieur. L’activité magmatique est
principalement représentée par le groupe rhyolitique Choiyoi présent dans la cordillère
Frontale du Chili et de l’Argentine entre 27° et 34°S bien que le volcanisme se soit développé
de 20° à 42°S (Fig.22). Les roches volcaniques du groupe Choiyoi sont associées à des roches
plutoniques superficielles de composition rhyolitique à dacitique. Les roches plutoniques du
Batholite Elqui-Limari qui affleurent dans notre zone d’étude ont été subdivisées en deux
complexes : celui de l’Elqui (Carbonifère supérieur-Permien) et celui d’Inguagas (Permien-
Trias supérieur). Le complexe d’Inguagas qui est de la même période que le groupe Pastos
Blancos comprend trois unités que sont : El leon, El Colorado et La Laguna. Ces unités sont
Fig. 21- Profils transversaux schématiques de la marge Sud Américaine entre 29° et 33° S
durant le Carbonifère et le Jurassique inférieur d’après (Nasi et al., 1990)
51
composées essentiellement de granodiorites à biotites-hornblende ainsi que de monzogranites
à l’exception des gabbros de La Laguna.
La reprise progressive de la subduction au Jurassique inférieur marque la fin de la
phase dite Pré-Andine et le début du cycle tectonique Andin.
1.4.2 LE CYCLE OROGENIQUE ANDIN (JURASSIQUE INFERIEUR A AUJOURD’HUI)
C’est manifestement durant cette période que l’organisation des grandes unités
structurales du Chili actuel (au nord de 27°S et au sud de 33°S) s’est mise en place.
A/ ACQUISITION PROGRESSIVE DE L’ORGANISATION STRUCTURELLE ACTUELLE
Le commencement de ce nouveau cycle est caractérisé au nord du 39°S par le
développement d’un arc magmatique parallèle à la marge Ouest du Gondwana couplé à un
bassin d’arrière arc sur son flanc Est. Durant la période allant du Crétacé supérieur au
Cénozoïque, le relief s’organise de la façon suivante : un arc magmatique qui tend à se
déplacer vers l’Est et le développement de bassins d’avant-pays sur le flanc Est de cet arc.
Chacune de ces entités du relief correspond à une période majeure que l’on appelle
« précoce » pour la première et « tardive pour la seconde (Coira et al., 1982).
Chacune de ces phases peut également être subdivisée en de plus petites phases se
différenciant les unes des autres par des changements paléogéographiques. Ces changements
sont la conséquence de modifications dans les propriétés de la convergence et de la
subduction.
Afin de simplifier l’explication de cette phase tectonique, il est possible de la résumer
en trois périodes : (1), Jurassique inférieur-Crétacé supérieur ; (2), Crétacé supérieur-
Paléogène inférieur et (3), Paléogène supérieur-Aujourd’hui. Certaines de ces phases ont été
elles-mêmes subdivisées.
Les conditions extensives prévalaient durant la première phase du cycle orogénique
Andin (Fig.22) comme le démontrent les données géochimiques et une importante épaisseur
de dépôts volcaniques. Dans ce contexte tectonique, des déformations crustales se sont
produites à la fois dans l’arc magmatique et dans la région d’arrière-arc plus à l’Est. Un terme
a été mis à cette première phase par une déformation liée à une phase compressive au
52
Jurassique supérieur, laquelle, a eu pour incidence le basculement du bassin d’arrière-arc
jusqu’à une inversion et provoqué une discordance majeure à l’échelle régionale.
La deuxième phase (Crétacé supérieur-Paléogène inférieur), voit certaines interactions
entre les plaques tectoniques se développer le long de la marge continentale du continent Sud-
Américain. Ces changements sont imputés d’après (Larson, 1991) à une réduction de l’angle
de subduction sous la croûte continentale. La paléogéographie se met alors à changer, l’arc
magmatique migre vers l’Est de façon significative, la subduction se réalise de façon oblique
induisant la formation de contraintes à l’origine de décrochements dextres liés à des
phénomènes de transtension. Une ultime phase compressive que l’on nomme (phase Incaïque)
marque la fin de cette deuxième phase (Eocène) et engendre la formation d’une cordillère
appelée Incaïque.
La troisième et dernière phase (Paléogène supérieur-Aujourd’hui), correspond à la
période durant laquelle l’orogène Andin va acquérir sa configuration actuelle. C’est à ce
moment là que le soulèvement va réellement se mettre en place, l’arc volcanique acquiert sa
position actuelle. Au Miocène inférieur, la ride asismique Juan Fernandez entre en collision
avec la marge continentale au sud du Pérou et le nord du Chili. En raison de l’orientation Est-
Ouest de la subduction depuis 26 millions d’années environ, le point d’impact a migré vers le
sud à une vitesse de 200 km par million d’année (Yanez et al., 2002). La déformation des
dépôts de la phase précédente a eu lieu à l’Eocène, à la fin d’une période de convergence
rapide (atteignant plus de 10 cm/an entre 49.5 Ma et 42 Ma) (Pilger, 1984). Après cette
période au taux de convergence rapide, le déplacement relatif de la croûte océanique et de la
croûte continentale s’effectuait presque parallèlement à la marge continentale et le taux de
convergence s’est peu à peu mis à diminuer et ce, jusqu’à 26 Ma.
L’inversion et le soulèvement résultant de la formation de la cordillère Incaïque ont pu
se mettre en place le long de faisceaux de failles d’orientation NNE-SSO à vergence Est et
Ouest. Les sédiments issus de l’érosion de cet orogène se sont par conséquent retrouvés
piégés au fond de bassins situés de part et d’autre de l’unité soulevée. Il est frappant de
remarquer que la totalité des unités mises en place de l’Eocène à aujourd’hui affleurent dans
toutes les unités morphostructurales de notre zone d’étude mais, paradoxalement, la
répartition des dépôts est quant à elle tributaire de l’une des caractéristiques du Norte-Chico à
savoir l’absence de dépression centrale.
Le volume montagneux actuel et sa mise en place reste largement discuté et les études
se focalisent sur le soulèvement Oligocène-Miocène avec des taux atteignant les 2.5 -+ 1.0 km
entre 10 et 6 Ma (Ehlers & Poulsen, 2009). Il existe des traces évidentes que l’avant-arc des
53
Andes Centrales avait une altimétrie inférieur d’environ 1000 m durant le Miocène moyen
comme le démontrent les nombreuses terrasses marines situées à environ 1000 m amsl qu’il
est possible d’observer le long du littoral Chilien au dessus de 30°S. L’incision résultant de
ce soulèvement s’est également accélérée et il semble que le travail d’incision des cours d’eau
ait connu une phase active jusqu’à la fin du Pliocène et que la grande partie de l’incision
aujourd’hui visible soit à imputer à cette période (Schildgen et al., 2009 ; Regard et al., 2010).
Les surfaces d’abrasion marines suggèrent cependant que le soulèvement de l’avant-arc était
relativement continu durant le Quaternaire supérieur à l’exception des péninsules et des
régions affectées par la subduction de la Ride de Nazca. En effet, elles attestent d’une reprise
du soulèvement depuis au moins 400 ka suite à une période de subsidence au Pliocène
(Regard et al., 2010) Cette reprise récente du soulèvement induit inévitablement des
répercussions dans la cordillère Principale en termes de sismicité, d’évolution et de stabilité
des versants pourvoyeurs de matériel. La réponse érosive au soulèvement se manifeste
également dans la propagation en amont du knickpoint « knickpoint retreat » depuis la
bordure de la surface soulevée à une vitesse comprise entre 10 et 40 mm a-1
dans les Andes
centrales Chiliennes (33°-35°S) (Farías et al., 2008).
Morphostructure et géologie étant étroitement liées, cette présentation du cadre
structural était nécessaire afin de mieux comprendre l’agencement spatial des affleurements
rocheux de la zone d’étude.
54
Fig. 22- Différents régimes tectoniques dans les Andes centrales (30°S) ; passage d’un régime extensif à un
régime compressif au Crétacé moyen. Source : Réalisé et adapté d’après (Ramos & Aleman, 2000).
55
CHAPITRE 2
ANALYSE CLIMATIQUE
La présente étude géomorphologique de la cordillère de l’Elqui ne serait complète sans
une présentation et une explication des éléments climatiques à l’origine des traits paysagers de
la zone d’étude, de la préservation des formes et de leur évolution actuelle. Ce chapitre 2
propose également une clé de compréhension aux diverses fluctuations climatiques ayant
affecté cette région du Chili durant le Quaternaire. Deux temps seront proposés dans la
présentation :
- Présentation du climat actuel, des mécanismes climatiques à l’origine des
caractéristiques du climat semi-aride actuel et de l’impact du relief sur le zonage
climatique.
- Présentation des connaissances actuelles sur l’évolution climatique quaternaire à
l’échelle nationale et continentale et de son influence sur le relief.
Ce chapitre permettra de poser les bases à la compréhension de la réponse du relief
aux variations environnementales quaternaires, question centrale de cette étude.
56
2.1 PRESENTATION DU CLIMAT ACTUEL
2.1.1 LES MECANISMES CLIMATIQUES ACTUELS
Les masses d’air se définissent par leur lieu d’origine ainsi que par les modifications
qu’elles connaissent au cours de leurs déplacements. Deux types de masses d’air agissant sur
le climat du Norte-Chico sont identifiables : la masse d’air polaire et tropicale. Leur
déplacement est conditionné par le positionnement de zones anticycloniques et
dépressionnaires ainsi que par certains obstacles dont font parti les orogènes (Fig.23).
A/ DESCRIPTION SYNOPTIQUE
La vallée de l’Elqui est influencée par une cellule de hautes pressions subtropicales
située face à la côte du Chili et qui varie en latitude selon les saisons. Cet anticyclone
explique en grande partie la sécheresse en raison de la subsidence et de la stabilité de l’air,
mais aussi parce qu’il met à l’abri la région des influences marines apportées par les centres
d’actions dépressionnaires venus du Sud-ouest (Fig.23). Il faut en effet, noter la quasi absence
de centres anticycloniques au sud du 45-50°S. Cette zonalité prévaut en général pour
Fig. 23- Schématisation de la circulation atmosphérique sur le Chili et du courant de Humboldt.
Réalisation : Houbart. A, (fond de carte Google map)
57
l’ensemble de l’hémisphère sud. Les hautes pressions dominent en été (décembre à mars)
lorsque l’anticyclone gagne en latitude, rejetant vers le sud la zone des Westerlies. Sa position
hivernale (Juin à septembre) plus septentrionale permet de temps à autre la remontée du front
polaire dont les dépressions peuvent arriver jusque dans le Chili semi-aride (Paskoff, 1970).
Les deux principales masses d’air qui intéressent le Norte Chico sont : l’air tropical et
l’air polaire. L’air tropical est apporté par l’anticyclone du Pacifique sud qui apporte un taux
d’humidité absolue faible par le Sud-ouest. Le temps stable et ensoleillé qui en résulte peut-
être altéré en hiver (Mai-août) par l’arrivée d’air polaire maritime, frais et humide. Cette
situation prévaut lorsque les conditions anticycloniques sont brièvement interrompues en
raison de la remontée vers le nord de l’anticyclone.
Le front polaire du Pacifique Sud qui est à l’origine des perturbations que l’on
rencontre dans le Sud du Chili peut parfois affecter le Norte-Chico lorsque sa position est
suffisamment septentrionale. Cette situation peut se produire l’hiver et perdurer quelques
jours (Paskoff, 1970).
Cette distribution des dynamiques atmosphériques engendre sur le Norte-Chico, un
climat de type semi-aride qui reçoit annuellement 150 à 400 mm de pluie. Cette pluie répond
à une double irrégularité dans le temps, à la fois annuelle et interannuelle, caractéristique des
zones de dégradation aride du climat méditerranéen (Paskoff, 1970). En effet, les mois de
Mai, Juin, Juillet et Août reçoivent environ 85 % des précipitations annuelles. Novembre,
décembre et janvier, février et mars ne reçoivent pratiquement pas d’eau, environ 3% du total
annuel (Fig. 25).
La Serena, par exemple, a une moyenne pluviométrique annuelle de 127,1 mm. Elle
a cependant reçu 411,6 mm en 1888 mais seulement 7 mm en 1920 (Paskoff, 1970). Il est
intéressant de noter que dans le Norte-Chico, tous les mois de l’année peuvent avoir une
pluviométrie nulle.
- IMPACT DES COURANTS MARINS
Les températures dans la région du Chili semi-aride sont largement influencées par la
circulation marine et en particulier par le courant de Humboldt (Fig.23) qui est une pièce
majeur dans la circulation océanique de l’Océan Pacifique. Pour preuve, une anomalie
thermique de - 3,7 °C est enregistrée à Coquimbo (29° 55’S) par rapport à sa latitude. La
faible diminution des températures d’hiver en remontant la vallée de l’Elqui est également à
58
mettre à l’actif de l’influence du courant de Humboldt. Vicuña, par exemple, située à 610 m
d’altitude et à 50 km de l’Océan possède une moyenne de juillet inférieure de 0,2°C
seulement à celle de La Serena, station côtière située au niveau de la mer (Paskoff ,1970).
Il existe également dans cette partie du Chili, un très fort contraste entre la bande
côtière baignée par le courant de Humboldt, nuageuse et brumeuse jusqu’en début de matinée
et cela sur une bande de 10 à 20 km et l’intérieur fortement ensoleillé et peu humide. Le
brouillard persistant de début de journée et de fin d’après-midi sur le littoral est appelé au
Chili, (Camanchaca). Il n’est pas rare de voir cette brume avancer depuis la ville de La Serena
jusqu’à la ville de Rivadavia située à l’extrême Sud-ouest de la zone d’étude. Ce phénomène
naturel lié à la saturation de l’air en humidité en relation avec le fort contraste thermique
existant entre l’air et l’eau, explique pour partie, la présence d’un vestige de forêt luxuriante
(Parc national Bosques de Fray Jorge) (30°40’19’’S) composée d’espèces xérophiles et de
plantes qui ne poussent habituellement que sous les latitudes tropicales.
- EFFETS D’EL-NIÑO
Ce phénomène couplé océan-atmosphère est aussi connu sous les initiales ENSO de
l’expression anglo-saxonne El-Niño Southern-Oscillation. El-Niño, désigne la composante
océanique du phénomène ; ce nom vient de la fête de Noël, période de l’année où débute
souvent ce phénomène : en espagnol, El-Niño désigne le petit garçon. Le long des côtes de
l’Equateur, du Pérou et du nord du Chili, durant l’été austral, les températures des eaux de
surface sont plus élevées que le reste de l’année. Ce phénomène se produit de façon cyclique,
mais certaines années, le différentiel de pression est plus marqué et l’accroissement des
températures dans l’est de l’océan est plus important (4 à 6°C de plus que les autres années) et
cette anomalie peut durer plus longtemps. Les scientifiques réservent l’expression ENOA (ou
ENSO) à ces événements (Beltrando, 2004).
Le plus souvent, sous les basses latitudes, la pression est plus élevée sur la partie
centrale et orientale du Pacifique que sur la partie occidentale. Les alizés soufflent de l’Est
vers l’Ouest de l’océan, ce qui a pour effet de pousser l’eau chaude superficielle de l’est et du
centre vers l’ouest. La thermocline a une profondeur d’environ 200 mètres à l’ouest de
l’océan et d’environ 50 mètres à l’est, où des eaux froides remontent des couches profondes
de l’océan (upwelling). Dans ces cas-là, la surface de l’océan est plus élevée à l’ouest, près
des côtes asiatiques, qu’à l’est près des côtes sud américaines (Fig.24). Alors qu’il pleut
beaucoup moins que les autres années dans l’Est du Pacifique, l’air est très humide et les
orages sont fréquents dans l’Ouest de l’océan. Dans le cas extrême, la surface de l’océan est
encore plus élevée à l’Ouest, et la pente de la thermocline s’accentue encore plus ; Philader
(1975) a appelé cette situation La Niña.
59
Lorsqu’un événement ENOA se produit, la différence de pression diminue entre l’est
et l’ouest du Pacifique, les alizés sont donc moins forts (les vents peuvent même être de sens
opposé dans les cas extrêmes). La thermocline est moins profonde à l’Ouest et plus profonde
à l’Est de l’océan, les eaux chaudes superficielles limitent fortement les remontées d’eaux
froides à l’est de l’océan. Dans le centre et l’Est de l’océan, l’atmosphère se réchauffe et
devient plus instable. Dans les situations extrêmes comme en 1982-83, la pression finit par de
venir plus faible dans l’Est que dans l’Ouest, et les vents de surface changent de direction.
L’eau chaude accumulée à l’Ouest (sous l’action des alizés) reflue alors vers l’Amérique du
Sud et engendre une évaporation à l’origine de précipitations importantes (Beltrando, 2004).
L’origine de ce phénomène demeure mal connue et reste discutée ; plusieurs théories
faisant intervenir des rétroactions thermiques et dynamiques ont été avancées pour tenter
d’expliquer ce phénomène. Certains pensent que le phénomène trouve son explication dans
l’océan Pacifique, pour d’autres des facteurs externes à ce bassin peuvent expliquer des
phénomènes océano-atmosphériques du Pacifique (Beltrando, 2004).
Un tel phénomène d’ampleur hémisphérique ne pouvait être mis à l’écart de la
présentation climatique globale de cette région du Chili à la fois parce qu’il fait partie
intégrante du système couplé Océan-Atmosphère, qui régule le climat général de la région,
mais également en raison du rôle qu’il peut jouer sur le relief par son action morphogène liée
au développement de périodes pluvieuses.
Fig. 24- Schématisation du phénomène
El-Niño (Brahic et al., 2006)
60
- IMPACT OROGRAPHIQUE SUR L’AÉROLOGIE
Il est frappant de constater la différence de vitesse d’écoulement de l’air entre le
littoral et la haute cordillère de l’Elqui. En effet, à la réduction du volume offert à
l’écoulement de l’air provoquée par l’orogène, s’ajoute une circulation d’origine
thermodynamique. Le réchauffement par l’insolation matinale affecte d’abord les hauts
versants. L’air réchauffé subit une expansion vers le haut, ce phénomène est qualifié de brise
de montagne ou adiabatique. Le déclenchement des brises montantes à l’échelle d’une grande
vallée telle que celle de l’Elqui provoque un appel d’air que vient combler une advection
venue de l’aval (Vigneau, 2000). Au cours de la matinée, s’installe donc une brise de vallée,
en direction de l’amont. Les cultures viticoles sont protégées de ce phénomène quotidien par
des parts-vents (Photo.1).
2.2.2 LE CLIMAT LOCAL ET SES INFLUENCES
A/ LE COMPORTEMENT CLIMATIQUE DANS LA HAUTE CORDILLERE DE L’ELQUI
La faible nébulosité ainsi que l’altitude élevée de la cordillère, engendrent une
radiation effective élevée l’été, avec une moyenne annuelle de 210 à 220 kcal/cm. Celle-ci
augmente de 70-75 kcal/cm l’été et ne diminue que de 35-40 kcal/cm l’hiver. La moyenne
annuelle de l’évaporation réelle oscille entre 100 et 200 mm, avec une évaporation potentielle
>1300 mm. La température moyenne est à son plus bas entre les mois de mai et août et au
plus haut durant les mois de Janvier et Février (Fig.25) et les vents oscillent entre 5.5 et 32.5
m/s (Cepeda, 2008).
La pluviométrie annuelle est d’environ 200 mm et les précipitations neigeuses
représentent près de 96% du total. La zone de l’étude la plus affectée par ces précipitations est
celle du Rio Colorado et du Paso Agua Negra, située à plus de 3000 m d’altitude. Les
variations thermiques annuelles sont importantes, un exemple, sur la période 1981-2007, la
station nivo-météorologique de la compagnie minière El Indio (3750 m) a enregistré un
extrême positif à 23.6 °C et un extrême minimal de -21.4°C (Cepeda, 2008). A des altitudes
plus basses (<1000 m), les précipitations se font plus rares, à Huanta, petit village situé dans
la vallée du Rio Turbio, la moyenne annuelle y est de 73.9 mm (Fig.25)
61
0
5
10
15
20
25
0
10
20
30
40
50
J A S O N D J F M A M J
diagramme ombrothermique (Huanta)
précipitations en mm températures en °C
C°
Fig. 25- Diagramme ombrothermique, secteur du Rio Turbio, localité de Huanta d’après les données
de Cepeda, (2008).
Fig. 26- Variation mensuelle de la température de l’air (a) ; de l’humidité relative (b) ; des
précipitations totales (c) sur la période 1981-2007.
(Station nivo-météorologique de la compagnie minière El Indio) altitude : 3750 m
pré
cip
itat
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62
- PRECIPITATIONS OROGRAPHIQUES
L’une des caractéristiques des Andes du Chili semi-aride est le contraste Ouest-est
entre les précipitations annuelles relativement peu abondantes dans la cordillère de la côte et
celles de la cordillère principale orientale. Ce gradient Ouest-est indique une dépendance
prononcée des précipitations des Andes semi-arides au facteur orographique. C’est entre
28°30' et 30°30'S que le contraste est le plus important avec un rapport de 1 à 4. Cette zone
couvre le bassin versant des Rivières Elqui et Huasco.
Deux facteurs additionnels aux précipitations engendrées par des flux frontaux
provenant de l’Océan Pacifique renforcent cette dépendance orographique. Premièrement,
l’effet d’obstacle provoqué par la cordillère force les masses d’air à s’élever et à condenser,
les taux de précipitation sont donc plus élevés dans la cordillère principale que dans la
cordillère littorale. Deuxièmement, des masses d’air provenant du bassin amazonien brésilien
apportent sur les versants de la cordillère principale orientale, chaleur et humidité.
La station météorologique située au barrage de La Laguna à 3160 mètres d’altitude
permet de connaître les taux de précipitation dans la cordillère principale orientale et de les
comparer aux données observées dans les zones les plus basses du bassin du Rio Elqui. Les
valeurs dépassent ainsi les 160 mm/an dans la cordillère principale orientale et sont
inférieures à 110 mm/ an plus à l’Ouest. Les données météorologiques recueillies de mars
1998 à février 1999 sur le glacier El Tapado par (Begert, 1999) indiquent une humidité
supérieure durant les mois de Décembre et Janvier (été austral) qu’entre les mois de Juillet et
Octobre (hiver austral). Cet auteur a également démontré que la part des précipitations
convectives dans le total des précipitations annuelles du bassin versant du Rio Elqui
augmentait l’été avec l’altitude. Cependant, la courte période sur laquelle a porté l’analyse
ainsi que les fortes variations interannuelles des taux d’humidité ne nous permettent pas
d’extrapoler ce résultat sur le long terme (Aguilar Martorell, 2010).
Ce gradient pluviométrique s’accompagne également d’autres gradients contrôlés par
l’effet barrière du relief. Il s’agit des gradients thermiques, radiatifs et édaphiques verticaux
qui engendrent inévitablement un étagement des éléments physiques du milieu que l’on
schématise en étages morphoclimatiques.
63
B/ L’ETAGEMENT MORPHOCLIMATIQUE A L’ECHELLE LOCALE
Quatre étages morphoclimatiques sont identifiés dans la haute cordillère de l’Elqui :
- L’ETAGE PRE-ANDIN
Avec 2700 m environ comme limite supérieure dans la zone d’étude. L’érosion y est
intermittente et se produit principalement dans les quebrada et les cônes d’accumulation aux
pieds des versants sont l’œuvre de l’accumulation de débris issus des parois rocheuses. La
neige n’intervient que très rarement dans la redistribution des éléments sur les versants et les
quebrada. Une végétation de type arbustive (Prosopis Chilensis) (photo.11), clairsemée et
tapissée de façon sporadique par Atriplex deserticola, (plante tapissante) caractérise cet
espace. Il n’est pas rare d’observer des formations arbustives plus développées en fonds de
vallée (Zavala & Trigos) dans (Cepeda, 2008,).
- L’ETAGE SUBANDIN : (2700-3500 M)
Cet étage est caractérisé par des gelées nocturnes quasi quotidiennes, les lithosols sont
la règle et la végétation arbustive ne dépasse pas 1.5 m de hauteur. Les espèces typiques
rencontrées sont Adesmia hystrix et Ephedra breana accompagnées par les herbes dites
pérennes Stipa chrysophylla ou (coirón).
- L’ETAGE ANDIN INFERIEUR : (3500-4250 M)
En proie à une gélifraction poussée ainsi qu’à des déplacements de terrain par
gélifluction, cryoturbation, la végétation y est dominée par les mousses et certaines espèces
subarbustives, Adesmia subterranea, Calceolaria pinifolia, Azorella cryptantha, Adesmia
aegiceras, Adesmia echinus et Cristaria andicola (photo.11).
- L’ETAGE ANDIN SUPERIEUR : (4250-4450 M)
Les espèces y sont rares, elles correspondent à de petites herbes annuelles comme la
Chaetanthera sphaeroidalis. Cette raréfaction est liée à la présente d’un pergélisol, de
températures nocturnes très basses, d’un vent parfois violent et d’une radiation en ultra-violets
importante.
64
Prosopis chilensis Adesmia hystrix Adesmia
Photo. 11- Principaux végétaux présents dans la haute cordillère de l’Elqui. Source : utilisation des
photographies avec l’autorisation du laboratoire de botanique UMS 2925 CNRS UJF de la Station Alpine Joseph Fourier (France)
Après avoir présenté les processus climatiques et leurs influences à l’échelle régionale
puis locale, il nous est à présent nécessaire de présenter un état des lieux des connaissances
scientifiques actuelles, sur l’évolution de ce climat durant le Quaternaire. Celles-ci,
permettront ou non, une meilleure compréhension du calendrier de mise en place des formes
et modelés de la haute cordillère de l’Elqui à condition bien entendu que celles-ci soient liées
à des éléments déclencheurs d’origine climatique.
Fig. 27- Carte des étages morphoclimatiques avec les isohyètes de la haute cordillère de l’Elqui Réalisation.
Houbart. A
65
2.2 PRESENTATION DES CONNAISSANCES ACTUELLES SUR L’EVOLUTION DU
CLIMAT AU COURS DU QUATERNAIRE AU CHILI ET EN AMERIQUE DU SUD
Les Andes centrales arides d’Amérique du sud sont une zone clé pour l’étude des
variations climatiques du Quaternaire, en raison de leur situation entre les régions affectées
par le système de circulation atmosphérique tropical au nord de la diagonale aride et celles
affectées par la circulation atmosphérique extratropicale, au sud de celle-ci (Zech, 2006a).
Certaines études récentes commencent à apporter certains éléments de réponse sur les
variations climatiques qui ont affectée le Norte-Chico mais les résultats demeurent
parcellaires et peuvent aboutir à certaines contradictions.
2.2.1 EVOLUTION QUATERNAIRE DU CHILI
A/ AU NORD :
L’altiplano, favorable au développement de lacs (lagunas) endoréiques, permet par
l’étude des sédiments lacustres, de mettre en évidence des phases climatiques avec plus ou
moins de précision (variation d’humidité, températures plus ou moins élevées…). L’étude de
Grosjean et al., (1997), par l’analyse de la composition chimique et des faciès sédimentaires
des dépôts lacustres de la Laguna del Negro Francisco, située à 27°28’S/69°14’W, 4125 m
d’altitude, révèle l’histoire paléoclimatique de l’Holocène moyen et supérieur du sud de
l’Altiplano Chilien. On peut en déduire qu’une phase d’aridité a existé à l’Holocène moyen,
entre 6 ka B.P et 3,8 ka B.P et que les taux de précipitation étaient sensiblement moins élevés
qu’aujourd’hui d’environ 250 mm/ an.
Cette phase sèche a été interrompue à deux reprises avec une cyclicité de 200 ans
environ. L’humidité augmenta après 3800 B.P pour atteindre un maximum entre 3 ka et 2.6 ka
B.P, une deuxième phase eu lieu entre 2200 et 1800 B.P avec des taux d’humidité plus élevés
qu’actuellement. Cette humidité semblerait provenir d’apports océaniques Pacifiques.
(Betancourt et al., 2000) ont également conclus leur étude des sédiments du Désert d’Atacama
par la mise en évidence d’une augmentation de l’humidité après 3 ka B.P.
66
B/ NORTE-CHICO :
Plusieurs études permettent de dégager une évolution des conditions climatiques
durant le Quaternaire aux moyennes latitudes et dans le Norte-Chico (Lamy et al., 1998 ;
Grosjean et al., 1998 ; Lamy et al., 1999 ; Ginot et al., 2006 ; Zech et al., 2007). L’étude de
carottages réalisés sur la plateforme continentale au large des côtes Chiliennes à 33°S (Lamy
et al., 1999) propose grâce à l’étude de la distribution des minéraux argileux, de leur nature et
de la taille des grains, un enregistrement des fluctuations climatiques pendant 28 000 ans. La
période glaciaire comprise dans l’hémisphère sud entre 28 ka et 18 ka cal B.P fût marquée par
des conditions froides et humides avec une phase intermédiaire froide et sèche entre 26 et 22
ka cal B.P.
Il existe pour l’explication des conditions climatiques durant le maximum glaciaire,
deux thèses : la première, postule pour la remontée vers des latitudes plus basses (>5°) des
Westerlies, apportant davantage d’humidité sur les Andes centrales. La deuxième préfère
parler de conditions arides et froides à l’exception d’une bande comprise entre 43° et 45°S.
Durant l’Holocène moyen (8-4 ka cal B.P), les conditions climatiques ont été plus
stables et l’installation progressive de conditions arides sur la cordillère du littoral semble
s’être produite. Les résultats d’une analyse des sédiments lacustres de la Laguna Aculeo
(34°S) (Bettina et al., 2002) vont également dans cette direction, proposant une période aride
entre 9500 et 5700 cal B.P. Maldonado & Villagran (2002) à travers une étude palynologique
à Nague (31°50’S ; 71°28'W) ont également mis en avant une phase plus aride comprise entre
6.2 et 4.2 ka cal B.P.
L’Holocène supérieur (4 ka - 0 cal B.P) a été marqué par des conditions moins stables
et surtout plus humides. L’alternance de phases humides et arides durant l’Holocène supérieur
est également attestée par les résultats de (Lamy et al., 1998) qui ont analysé les sédiments
hémipelagiques présents à 27.5 °S sur le talus continental. Certains épisodes sporadiques et de
très forte intensité (flash-flood) semblent s’être produits lors de cette période. Il semblerait
d’après (Bettina et al., 2002) que les conditions prévalant aujourd’hui se soient mises en place
et stabilisées vers 3.2 ka cal B.P.
L’Holocène supérieur a très certainement connu une intensification des précipitations
comme l’a démontré (Veit, 1996) d’après une étude géomorphologique et pédologique dans le
Norte-Chico. (Grosjean et al., 1998) ont mis en évidence grâce à la datation de matière
organique présente sous un système morainique dans la vallée Encierro à 29°S, une avancée
67
glaciaire datant de moins de 2.6 ka B.P. Cette avancée a permis au glacier d’atteindre 60% de
sa superficie maximale atteinte durant le Pléistocène supérieur. (Ginot et al., 2006) en arrivent
à la même conclusion, le glacier El Tapado, situé à l’extrême amont de notre zone d’étude,
face du Paso Agua Negra se serait développé après l’Holocène moyen puisqu’il n’aurait pas
pu supporter les conditions arides de cette période. Nous reviendrons sur cette interprétation
ultérieurement.
C/ AU SUD :
Les carottages effectués à 41°S mettent en évidence une augmentation des
températures des eaux de surface ainsi que de la salinité, ce qui coïncide avec une baisse de la
productivité de matière organique entre 8000 et 4000 B.P. Les apports d’eau continentale
diminuent également durant cette période (Kaiser et al., 2005) ce qui vient corroborer les
résultats de l’étude réalisée à 33°S (Lamy et al., 1999) proposant une diminution des
précipitations durant l’Holocène moyen. Après 4 ka cal B.P, les températures des eaux de
surface baissent et les apports d’eau continentale augmentent validant une intensification des
apports d’humidité.
2.2.2 EVOLUTION QUATERNAIRE A L’ECHELLE CONTINENTALE
A une plus petite échelle, les études paléoenvironnementales en Amérique du sud se
multiplient (Sylvestre et al., 1997 ; Francou et al., 2000 ; Francisco et al., 2006 ; Jomelli et
al., 2009). Les principales régions étudiées sont les Andes Boliviano-Péruviennes, les Andes
côté Argentin et les conditions paléoenvironnementales au Brésil.
A/ DANS LES ANDES TROPICALES
Dans la cordillère de l’Est au Pérou et en Bolivie, la reconstruction de l’histoire
glaciaire demeure controversée, que ce soit pour l’avancée correspondant au dernier
maximum glaciaire ou à la dernière avancée des glaces post-maximum glaciaire. Cependant,
certaines périodes se distinguent plus précisément ; (Kleine, 1999; Heine, 2004 ; Smith et al.,
2005) déduisent de leurs travaux que les glaciers avaient atteint leur extension maximale vers
68
34 ka B.P et se seraient retirés à partir de 21 ka B.P. Ces résultats suggèrent que le contrôle
des masses d’aire tropicales sur les volumes de glace était asynchrone avec ceux de
l’hémisphère nord.
Sur les deux derniers millénaires, l’étude des fluctuations glaciaires de la Bolivie, du
Pérou, de la Colombie, de l’Equateur ainsi que du Venezuela, basée sur l’utilisation de la
lichénométrie, de datations radiocarbone, de documents historiques, permet d’affiner le
calendrier des variations climatiques de l’Holocène supérieur (Jomelli et al., 2007, 2009). Les
premières avancées glaciaires sont datées à 1200-1350 AD. L’extension glaciaire maximale
post- maximum glaciaire est datée à 1630-1680 AD en Bolivie et au Pérou et à 1730 AD en
Equateur, Colombie et Venezuela. Une estimation quantitative est également proposée afin
d’expliquer l’évolution de ces glaciers.
Au Venezuela, sur la période 1250-1820, les températures moyennes annuelles étaient
de 3.2°C+/- 1.4°C inférieures et les précipitations 22% plus élevées qu’aujourd’hui.
En Equateur, les températures étaient inférieures de 0.8 à 1.1°C et les précipitations
entre 25 et 35% plus élevées qu’aujourd’hui durant le 18ème
siècle.
En Bolivie, l’avancée maximale post maximum glaciaire pourrait être une
conséquence d’une diminution de 1.1 à 1.2 °C des températures moyennes annuelles et d’une
augmentation des précipitations comprise entre 20 et 30%.
B/ EN ARGENTINE ET AU BRESIL
Les études des speleothèmes du Sud-est du Brésil (Cruz et al., 2005) révèlent une
circulation atmosphérique tropicale moins prononcée durant le dernier maximum glaciaire (20
ka B.P) que vers (17 -11 ka B.P). En effet, les faibles taux de croissance des stalagmites ainsi
qu’une concentration élevée de 13
C permettent de mettre en avant une phase d’intensité
maximale d’apports d’humidité et d’air plus froid en lien avec une intensification de la
circulation des masses d’air extratropicales entre (17 -11 ka B.P). La concentration de 13
C
chute ensuite brutalement après 19 ka B.P ce qui correspond au début de la phase de
déglaciation.
69
Au Nord-ouest de l’Argentine, Kull et al., (2003) ont mis en exergue sur la base d’un
modèle climatique glaciaire, l’évidence d’un refroidissement durant le dernier maximum
glaciaire (25-18 ka B.P) à 22°S. D’après ce modèle, la baisse de température nécessaire à
l’avancée maximale du glacier étudié devait être comprise entre 4.5 et 8°C par rapport à
aujourd’hui alors que dans le même temps, les précipitations ont dû être multipliées par un
facteur de 2 voir 4. Il semblerait également que les glaciers situés sur les versants Est des
Andes aient été plus sensibles aux variations de température qu’à celles des précipitations
(Stute et al., 1995 ; Klein et al., 1999). Par conséquent, l’extension maximale des glaciers des
versants Est s’est très probablement produite durant la dernière phase de poussée glaciaire
(12-10 Ka B.P) (Kull et al., 2003).
Il ressort de ces études, un maximum glaciaire (25-18 ka B.P) durant lequel, les
températures plus basses en moyenne de 4.5 à 8 °C, et des moyennes de précipitations
doublées voire quadruplées par rapport à aujourd’hui ont permis le développement des
glaciers du versant Ouest des Andes. La dernière phase d’avancée glaciaire proposée est (12-
10 ka B.P) ; favorable au développement des glaciers des versants Est des Andes, elle est la
dernière période connaissant des apports océaniques abondants avant l’Holocène moyen et
l’apparition d’une phase plus aride (8-4 ka B.P). Après 3800 B.P, les précipitations
augmentent à nouveau et les conditions telles que nous les connaissons aujourd’hui, semblent
s’être mises en place vers 3200 B.P.
Même si deux thèses dominent les débats scientifiques sur les causes des variations
d’humidité durant le Quaternaire, celle qui prévaut dans la majorité des études est celle d’une
remontée vers le nord de l’anticyclone subtropical, facilitant la remontée d’air polaire vers des
latitudes plus basses.
71
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Les modalités de mise en place du relief de la cordillère de l’Elqui ont été esquissées
au chapitre n°1. L’articulation de ce chapitre en deux sous parties, répond à la nécessité à la
fois de présenter le terrain d’étude mais également, l’état d’avancement des connaissances
scientifiques contemporain que requiert ce genre d’étude. Il est possible d’en retenir les
éléments suivants :
L’accident majeur affectant notre zone d’étude est la faille Baños del Toro. Elle
délimite le batholite Elqui-Limari à l’Ouest et les formations volcaniques tertiaires de la
vallée de La Laguna à l’Est. Cet agencement des unités géologiques répond à plus petite
échelle, à certaines caractéristiques telles qu’un plan de Wadatti-Bénioff moins prononcé,
l’absence de dépression centrale ou encore l’absence de volcanisme quaternaire.
Les connaissances sur l’évolution paléotectonique de cette marge active permettent de
dégager certaines phases d’activité morphogènes. La première, appelée cycle tectonique pré-
andin (Permien supérieur-Jurassique inférieur) se caractérise par une subduction normale dans
un premier temps puis par un ralentissement voire un arrêt dans un second. Un régime
extensif favorable à la sédimentation se développe en conséquence.
L’acquisition de la structure telle que nous la connaissons aujourd’hui se met en place
durant le cycle orogénique andin (Jurassique inférieur à aujourd’hui).
Le chapitre n°2 reprend également une réflexion en deux temps, nécessaire à la
compréhension des enjeux géomorphologiques et paléoenvironnementales de cette région.
- une présentation des conditions climatiques actuelles et des facteurs
atmosphériques et océaniques qui sont à l’origine de ces conditions semi-arides. Les divers
effets induits par l’orogène Andin sur la circulation de l’air et la répartition des végétaux sont
également développés.
Une synthèse des connaissances actuelles de l’évolution des conditions climatiques
durant le Quaternaire permet de mettre en avant un maximum glaciaire compris entre 28 et 18
ka cal B.P ainsi qu’une seconde et dernière phase d’avancée des glaciers entre 12 et 10 ka
B.P. Cette période étant la dernière à avoir connue des apports d’humidité conséquents.
L’Holocène moyen (8-4 ka B.P) se caractérise par des conditions climatiques relativement
stables et une aridité de plus en plus importante ; l’Holocène supérieur connaît des conditions
plus humides et moins stables et ce n’est qu’à partir de 3200 cal B.P que les conditions
actuelles semblent s’être mises en place.
73
DEUXIEME PARTIE
ETUDE GEOMORPHOLOGIQUE DE LA HAUTE CORDILLERE DE L’ELQUI
INTRODUCTION
DE LA DEUXIEME PARTIE
Le cadre physique de la cordillère ayant été présenté, il est à présent nécessaire
d’agrandir notre échelle de travail afin de pouvoir répondre à notre problématique. L’étude
des modelés et des formes nécessaire à la définition d’un enchaînement des processus
morphogéniques nécessite avant toute chose, une méthodologie adaptée au terrain. La
deuxième partie sera donc organisée de la façon suivante :
Le troisième chapitre proposera une explication des méthodes utilisées sur le terrain.
Les difficultés rencontrées sur le terrain ont parfois été levées par l’utilisation de moyens
modernes d’imagerie et de calculs. Les résultats obtenus permettent sans faire intervenir pour
le moment l’aspect paléoclimatique, de mieux comprendre la réponse du relief aux agents
exogènes actuels.
Le quatrième chapitre, permettra la description, l’analyse et l’interprétation des
formations sédimentaires présentes dans la vallée du Rio Turbio, La Laguna et Rio Colorado.
Elles permettront de dégager une chronologie des évènements morphogéniques de la haute
cordillère de l’Elqui.
75
CHAPITRE 3
UNE APPROCHE METHODOLOGIQUE
Le présent chapitre présente les méthodes utilisées sur le terrain afin d’étudier les
processus morphogéniques et mieux comprendre leur mise en place. Pour répondre à cette
attente, une méthodologie est proposée, alliant observations de terrain, méthodes de
quantification et datation des formes sédimentaires. Les méthodes employées doivent être à la
fois adaptées aux conditions du terrain et de recherche, en termes de temps, de faisabilité et de
coût. Les méthodes de travail sont proposées en fonction des éléments du relief à appréhender
et des limites citées ci-dessus.
Tout d’abord, il est proposé une méthode d’analyse des processus de versants afin de
comprendre leurs modes de mise en place Une méthode de quantification des vitesses de
retrait de parois rocheuses est développée.
Ensuite sont présentées nos méthodes de travail quant à la restitution et l’interprétation
des formations sédimentaires de fonds de vallées (lithostratigraphie, dépôts fluvio-lacustres,
analyses granulométriques) ainsi qu’à l’estimation de l’apport de la cryosphère au bilan
hydrologique.
Finalement, les cônes de déjection étant très bien développés dans la haute cordillère
de l’Elqui et présents à quelques exceptions près au débouché de chaque quebrada, il était
nécessaire de comprendre les variables des bassins versants et des fonds de vallée pouvant
influencer leur développement.
76
3.1 METHODES DE DETERMINATION DES PROCESSUS DE VERSANT
Les processus façonnant les versants de la haute cordillère de l’Elqui sont dans un
premier temps identifiés au travers des dépôts de pente avant d’être intégrés dans une analyse
où l’évolution des versants dans leur ensemble est caractérisée.
3.1.1 L’ANALYSE DES DEPOTS DE PENTE
La logique de transit sédimentaire le long des versants induit la formation de formes
d’érosion principalement dans leurs parties supérieures, par conséquent, seuls les dépôts de
bas de versants ont été analysés. L’étude de ces dépôts le long de transects topo-
sédimentologiques est une méthode très largement utilisée pour les milieux montagnards,
reprise d’après les travaux de (Francou, 1988). Cette méthode, préconise la mesure des
valeurs moyennes des pentes des dépôts d’accumulation et l’échantillonnage de particules
prédéfini sur une surface donnée afin de déterminer le mode de mise en place de ce dépôt
(Francou & Hétu, 1989 ; Francou & Manté, 1990).
A/ LES PROFILS TOPOGRAPHIQUES
Pour les dépôts de taille relativement modeste, les profils longitudinaux ont été
réalisés sur le terrain à l’aide d’un clinomètre d’une précision de 1°. Pour les dépôts de plus
grande taille, les profils ont été dérivés d’après le modèle numérique de terrain (MNT) et
certains d’entre-eux ont été réalisés grâce à l’application (World Wind Java), qui permet
d’obtenir un profil où que l’on se trouve à la surface du globe. Le drapage des photos
aériennes sur le MNT a également permis la réalisation de ces profils (Fig.29 et 30). Les
profils longitudinaux permettent notamment de déterminer l’indice C de concavité distale
(Jomelli, 1997, 1999). Compris entre 0 et 1, cet indice renseigne sur l’influence des processus
avalancheux dans l’édification des cônes (Jomelli & Francou, 2000). Il consiste à additionner
les différences de pente entre chaque segment (généralement de 20 m) de la zone distale et de
diviser le tout par le nombre de segments du profil. Exemple, pour un profil divisé en 10
segments, C = [∑ ( α10- α9) + ... + ( α2- α1)] /10. Cet indice C a été principalement utilisé dans la
partie amont de notre zone d’étude, au-dessus de 3000 mètres d’altitude, la largeur de la
vallée en amont du réservoir de La Laguna (3100 m) permettant aux éboulis de s’étaler et de
ne pas être affectés par le versant opposé.
77
B/ L’ANALYSE DES FABRIQUES
Le terme fabrique désigne la manière dont sont disposés les débris au sein du dépôt
(Bertran et al., 2004). De nombreux travaux ont montré que des fabriques spécifiques se
développent en fonction des mécanismes sédimentaires mis en jeu. Sur le terrain, il est
possible de distinguer quatre types de disposition des débris : 1/ une disposition désordonnée
(isotrope), 2/ une disposition à plat sur le plan de stratification, 3/ une orientation
préférentielle des éléments allongés selon une direction particulière et 4/ une imbrication ou
disposition en tuiles, c'est-à-dire une disposition relevante par rapport au plan de stratification
(Bertran et al., 2004).
Fig. 29- Photographie aérienne drapée sur le
MNT (Vallée du Rio La Laguna) Réalisation ; Houbart.
A (ArcGis)
Fig. 30- Profil transversal au Rio Colorado à l’aide
de World Wind Java. Réalisation.Houbart.A
78
C/ L’ANALYSE DE LA STRATIFICATION
De la capacité à identifier les stratifications des dépôts de pente, dépend
l’interprétation en termes de dynamique sédimentaire. Les grands types de stratification dans
les dépôts de pente sont les suivants :
- dépôt massif : le dépôt apparaît comme un matériel homogène, sans stratification
nette.
- stratification rudimentaire : des strates marquées par de faibles variations de la
texture ou de la couleur apparaissent au sein du dépôt.
- stratification irrégulière ou lenticulaire : les variations granulométriques tranchées
s’organisent en lits discontinus.
- stratification (plane) régulière : les lits sont parallèles et continus sur plusieurs
mètres.
- stratification entrecroisée : les lits forment des auges qui se recoupent.
D/ ANALYSE DU GRANOCLASSEMENT
Le granoclassement est qualifié de normal lorsque la taille des particules décroît de la
base vers le sommet du lit, inverse dans le cas contraire ou composite lorsque les deux types
précédents se trouvent en superposition (Bertran et al., 2004). Il se peut que l’on observe
parfois une augmentation ou une diminution globale de la taille moyenne des grains de bas en
haut, se superposant à des variations granulométriques intra lit et ce, dans une séquence
composée de plusieurs lits empilés. On parle alors de dérive granulométrique et de séquence
granocroissante ou granodécroissante selon le cas.
3.1.2 METHODES D’ANALYSE DES VERSANTS
A/ UTILISATION DES SIG
L’analyse des pentes des versants a été rendue possible grâce à l’élaboration d’un
MNT avec le logiciel ArcGis. Il aurait été possible d’utiliser un MNT de type SRTM ou
ASTER mais les bases de données nécessaires à son élaboration étaient disponibles sous
forme de fichiers directement numérisés au format .shp (Fig.31), évitant ainsi de devoir
numériser manuellement les courbes de niveau. De plus, la définition du MNT (10 m) et la
variation de son rendu en fonction des méthodes d’interpolation utilisées n’aurait pu être
réalisé. La superficie du terrain étant importante, cinq fichiers ont été nécessaires afin réaliser
79
ce MNT. Il est à noter que les courbes de niveau et les fichiers numérisés couvrant la vallée
du Rio Colorado et le Glacier El Tapado n’étaient pas disponibles pour cause de défense
nationale. Le MNT ainsi créé ne couvre donc pas l’extrême amont de notre zone d’étude.
La représentation numérique de surface à partir des courbes de niveau est rendue
possible grâce à trois types d’interpolations numériques. Le choix de la méthode à utiliser
dépend de la finesse de restitution que l’on désire obtenir.
- La méthode des moyennes pondérées, interpole la valeur de l’altitude en un
point en calculant la valeur moyenne pondérée des altitudes dans son voisinage. Elle nécessite
un semis de points d’altitudes très dense et bien réparti et est peu adaptée à des reliefs peu
contrastés. Le principal avantage de cette méthode est de donner des courbes relativement
« lisses ».
- Les méthodes d’interpolation polynomiales, consistent à calculer des
équations de courbes qui s’ajustent à un petit nombre de données tout en assurant la continuité
de la surface.
- Les fonctions Spline, ont pour caractéristique le fait que la courbe est
construite, non pas à l’aide d’une seule équation, mais à l’aide d’un système de deux
équations qui ont un paramètre commun qui varie de 1 à 0 (ex. x(t) = a + bt + ct2 + dt3 ; y(t) =
e + ft + gt2 + ht3 ; z(t) = i + jt + kt2 + lt3). Cette méthode a tendance à minimiser la courbure
générale de la surface, elle aboutit à une surface lisse qui passe exactement par les points
entrés.
- Le Krigeage fait intervenir des méthodes de géostatistique. Il consiste à
définir une fonction qui détermine la valeur d’un point à partir de valeurs connues du plan.
Fig. 31- Visualisation 3D sous ArcMap de la vallée du Rio Turbio à partir des courbes de
niveau. Réalisation Houbart. A
80
Cette approche repose sur le degré de similarité entre les points connus, c’est-à-dire sur la
covariance entre les points en fonction de la distance entre ces points (Armstrong & Carignan,
1997). L’interpolation se fait en deux étapes : la caractérisation du comportement de l’altitude
à partir de points connus (représenté sous forme de variogramme) et le calcul des
pondérateurs et l’estimation de l’altitude. C’est cette dernière méthode d’interpolation qui a
été utilisée dans le cadre de cette étude.
B/ LA COUVERTURE DETRITIQUE
Il est possible à l’aide du calcul d’un rapport Ho/Hi mis au point par Ballantyne et
Harris (1994), d’exprimer la relation entre la hauteur d’un versant et sa couverture détritique :
Hi désigne le dénivelé du versant et Ho représente le dénivelé de la surface détritique. Plus le
résultat du rapport Ho/Hi est proche de 1, plus la couverture détritique couvre une superficie
importante. Un rapport de 1 correspond donc à un versant réglé. Cette technique a pu être
utilisée grâce aux images aériennes drapées sur le MNT mais également à Google Earth
permettant de naviguer très facilement dans la vallée et d’orienter les prises de vue à souhait.
C/ ANALYSE DES PENTES
Les caractéristiques des pentes conditionnent en grande partie les processus qui se
développeront dessus. En effet, plus la pente sera accentuée et plus les mécanismes gravitaires
de redistribution du matériel seront importants. C’est également le granoclassement qui est
conditionné en partie par le degré d’inclinaison des pentes. Afin de visualiser de façon
synoptique et calculer l’inclinaison de la totalité des versants couvrant notre MNT, la fonction
Spatial Analyst a été utilisée.
Fig. 32- MNT de la vallée du Rio Turbio
et de la confluence entre le Rio Toro et le
Rio La Laguna (Juntas), obtenu après
Krigeage. Réalisation: Houbart. A (ArcGis)
81
D/ RESTITUTION SOUS FORME DE CARTE GEOMORPHOLOGIQUE
La carte géomorphologique de synthèse sera présentée à la fin de cette étude. Pour sa
réalisation ont été utilisés, un jeu de photographies aériennes (Servicio aerofotogrametrico)
datées de 2000 ; trois cartes géologiques au 1/250000 ; l’utilisation de Google Earth a
également permis d’affiner avec précision les contours des glaciers rocheux et des espaces
non couverts par les photographies aériennes ; les relevés GPS réalisés sur le terrain au cours
de trois missions de terrain (2007, 2008 et 2009) ont également permis une meilleure
localisation des formations sédimentaires de fond de vallée. Le rendu final de la carte a été
réalisé à l’aide du logiciel Adobe Illustrator.
3.1.3 METHODES DE QUANTIFICATION DES PROCESSUS
Une fois la phase d’identification terminée, il est possible de tenter une estimation des
quantités produites par les parois et les corniches, et accumulées en pieds de versant.
A/ LA MESURE DES PROCESSUS PONCTUELS
Afin de pouvoir comparer les amas rocheux entre-eux (Photo.10), une méthode de
mesure relative a été adoptée, d’après (Chenet, 2008). Les dépôts (hors cônes d’éboulis)
pouvant être complexes (imbrication, chevauchement), seuls les 10 plus gros blocs de chaque
dépôt ont été mesurés. Chacun des blocs ainsi définis est mesuré à partir de la mesure in situ
des axes a (axe le plus long), b (axe intermédiaire, le plus long et perpendiculaire à l’axe a) et
c (axe le plus petit). Il est alors possible de calculer le « diamètre nominal » du bloc (Bunte &
Abt, 2001). Le diamètre nominal consiste en une approche tri-dimensionnelle et se définit
comme le diamètre qu’une particule aurait si son volume était équivalent à celui d’une sphère.
Il se calcule selon la formule :
Dn = (a.b.c)1/3
L’obtention du diamètre nominal permet le calcul du volume du bloc VD :
VD = (n/6)(a.b.c)
Ces calculs permettent une approche de quantification des apports sédimentaires dans
la mesure où ils sont rapportés à une période.
82
B/ ESTIMATION DES TAUX DE RECUL DES PAROIS ROCHEUSES
De nombreuses méthodes existent et sont utilisées afin de quantifier les rythmes de
démantèlement des parois rocheuses, nous reviendrons sur ce sujet.
Dans notre étude, nous utiliserons la méthode des mesures de volume de matériel
accumulé depuis un moment connu, dans la mesure où cette méthode donne de très bons
résultats du retrait global depuis l’évènement servant de jalon, tout comme celle de la mesure
directe du retrait de la paroi par rapport à un « encaissant » de nature lithologique plus
résistante. Toute fois, le défaut de ces deux méthodes et par conséquent de celle utilisée pour
notre étude est de devoir effectuer les mesures sur une accumulation n’ayant subi aucun
remaniement depuis le début de son accumulation (Chenet, 2008). Les mesures sont donc
réalisées sur des accumulations de pieds de parois situées sur une terrasse alluviale dont la
mise en place est datée.
Afin de minimiser le risque de remaniement (utilisation anthropique, chute par recul
progressif du rebord de la terrasse), il a été décidé de ne garder que les sites dont le bloc le
plus éloigné de la zone source était situé à moins de la moitié de la largeur de la terrasse et là
où aucun accès en véhicule n’était possible.
La technique de mesure directe du retrait de la paroi par rapport à un « encaissant » de
nature lithologique plus résistante n’a pas été retenue puisque notre zone d’étude ne se prêtait
Photo. 12- Chute de blocs sur une terrasse alluviale sur le versant Sud de la vallée du Rio Turbio
GPS : 29°58'02,21'' S 70°12'33,92'' W
83
pas à cette méthode, les affleurements rocheux étant massifs et ne présentant que très peu
d’inclusions et/ou veines susceptibles de servir de jalon.
C/ CHOIX DU MATERIEL
Dans un souci de facilité de manipulation, de transport et d’adaptabilité au terrain, il
nous est paru judicieux d’utiliser un télémètre laser. L’appareil utilisé est un télémètre Laser
Tech, il a été monté sur trépied afin de faciliter la prise des mesures et une plus grande
précision dans la visée. Une boussole nécessaire à l’orientation des points mesurés par rapport
au nord à été fixée sur celui-ci. Ce type de télémètre permet d’acquérir quatre types de
mesures pour un seul point : la distance horizontale, la distance verticale, la distance du point
visé et l’inclinaison de l’appareil (Fig.33)
A partir des données recueillies, il a été possible de réaliser une modélisation
numérique de la surface des dépôts.
D/ METHODE DE MODELISATION DES SURFACES D’EBOULIS ET CALCUL DES VOLUMES
Cette méthode est reprise du travail de Chenet (2008) dans lequel elle propose un calcul
du rythme de démantèlement des parois rocheuses du Sud-est de l’Islande en réponse aux
fluctuations glaciaires. Chaque point mesuré à été introduit dans un fichier Excel, enregistré
au format .txt et exporté dans ArcGis afin de l’intégrer dans un système géométrique à trois
dimensions non géoréférencé. Les trois axes de ce système sont définis de la manière
suivante : x, l’axe du Nord, y, la perpendiculaire à l’axe des x à l’endroit du télémètre et z,
l’axe des altitudes. Le télémètre a pour coordonnées (0 ; 0 ; 0) et constitue le point de repère
du système. Les valeurs x et y sont obtenues à partir du cosinus de l’angle donné par la
boussole (converti en radian) et de la valeur HD, la distance horizontale entre le télémètre et
le point mesuré. La valeur z est donnée directement par la valeur VD (distance verticale entre
le télémètre et le point), à laquelle on ajoute la valeur absolue de la valeur minimale, pour ne
pas obtenir de valeurs négatives. En effet, certains points mesurés peuvent en fonction des
conditions topographiques, se trouver sous le niveau du télémètre.
Fig. 33- Schéma des mesures réalisées au télémètre
d’après (Chenet, 2008)
84
On obtient donc pour le point de coordonnées (x1 ; y1 ; z1)
x1 = cos 1.HD1
y1 = cos 1
z1 = VD1 + IVDminI
Un MNT a ensuite été réalisé à partir de ces données importées et le volume a été
calculé grâce à une application du logiciel ArcGis. Ce calcul du volume prend en compte le
volume compris entre le plan horizontal passant par le point le plus bas et la surface du cône
en elle-même (Chenet, 2008), quelques ajustements ont donc dû être réalisés. Il est à noter
que lorsqu’il s’agit de cônes de débris avec présence de gros blocs au pied de celui-ci, nous
avons cumulé le volume calculé grâce au télémètre avec celui issu du calcul du « diamètre
nominal des blocs ».
Afin d’estimer au mieux le volume des accumulations mesurées, il serait préférable de
réduire deux marges d’erreurs inhérentes au terrain que sont la forme de la paroi rocheuse
présente sous l’accumulation et la porosité au sein du dépôt. Cependant, en raison de la
diversité et de l’aspect parfois chaotique de certaines parois, seule la porosité du dépôt a été
soustraite du volume total calculé.
Le démantèlement des parois et/ou du taux d’accrétion des formations d’accumulation
peut être étudié de multiples façons. L’estimation du rythme de démantèlement d’une paroi
implique la mesure de volumes de matériel rapportés à une surface productrice et à une
période d’activité.
Cela nécessite donc de mettre au point des méthodes de mesures de surface et de
volume, associées à des méthodes de datation, qui sont adaptées aux problématiques, mais
aussi aux terrains d’investigation. Krautblatter & Dikau, (2007) ont recensé les techniques
qui ont été utilisées depuis les années 1950. Les méthodes d’estimation de taux de retrait de
paroi (Tab. 7) se regroupent en quatre types : (1) la mesure de volume de matériel accumulé
depuis un moment connu (généralement le départ du glacier) ; (2) l’estimation de la fréquence
de processus susceptibles de produire une quantité connue de matériel ; (3) la mesure directe
du retrait de la paroi par rapport à un “encaissant” de nature lithologique plus résistante ; (4)
la mesure du volume de matériel collecté pendant un certain temps. Chaque type de méthode
considère des volumes témoins par défaut (les fines ne sont pas prises en compte) et renseigne
de façon différente sur les rythmes de retrait de paroi (Chenet, 2008). Nous avons choisi de
choisir la méthode se rapportant à la mesure du volume de matériel accumulé depuis un
moment connu. Disposant d’un point de calage chronologique grâce à la connaissance de la
85
date de mise en place de la terrasse alluviale de La Laguna (1270-1060 cal B.P), il nous est
dorénavant possible d’estimer les taux de retrait des versants de la cordillère de l’Elqui situés
sous 3100 mètres d’altitude. Cette méthode suppose que le matériel mesuré n’ait subi aucun
processus de remaniement depuis le début de l’accumulation. Si cela peut être vrai sur des pas
de temps courts, à un pas de temps Holocène, la mesure va conduire à une sous-estimation
très probable des taux de retrait (Chenet, 2008).
- L’ESTIMATION DU VOLUME DES DEBRIS
Nous avions pris soin de ne sélectionner que les débris accumulés en forme de cônes
bien individualisés ou de talus d’éboulis, rejetant ainsi les cônes emboîtés susceptibles de
venir fausser nos résultats. La méthodologie choisie a été adaptée aux 7 accumulations de
débris sélectionnées. La modélisation de la surface des éboulis a été élaborée au moyen d’un
télémètre laser dont les données ont été traitées avec le logiciel ArcGis. Selon la taille des
cônes, entre 14 et 50 points de mesure ont été réalisés sur chaque forme à modéliser. Pour
chaque point, la distance horizontale et la distance verticale par rapport au télémètre ont été
relevées, ainsi que l’orientation de l’appareil par rapport au Nord. Ces points de mesure ont
ensuite fait l’objet d’un calcul trigonométrique afin de les représenter dans un système de
coordonnées à trois dimensions.
Parmi les sites sélectionnés, deux ont dû faire l’objet d’un calcul du diamètre
« nominal » des plus gros blocs accumulés afin de quantifier le volume accumulé ou venir
compléter le calcul par modélisation.
- CALCUL DE LA POROSITE AU SEIN DES DEPOTS
L’aspect compact des dépôts laisse en réalité place à des interstices qu’il est difficile
d’appréhender. En effet, contrairement à la porosité de surface, facilement calculable avec des
quadrats, cela est moins évident pour la porosité au sein de la structure (Chenet, 2008). M.F.
André (1993, 1997), dans ses travaux sur les taux de retrait des parois au Svalbard, suit les
recommandations d’A. Rapp et considère la porosité d’un cône d’éboulis à 33 % et précise
que cela aboutit à une légère surestimation. Même si cette valeur est à prendre en
considération, il faut toute fois ne pas perdre de vue que les conditions climatiques du Norte-
Chico ne sont pas celles du Svalbard, et que la gélifraction, même si elle existe de façon
quotidienne à l’amont de notre zone d’étude, est quasi inexistante sous 2500 m, là où ont été
réalisées les mesures. L’aspect des angles des débris étant saillants et la structure ouverte, il
86
est probable que le colmatage par les sédiments fins ne soit pas total. Nous avons donc choisi
d’appliquer une soustraction systématique aux volumes calculés de 30%. Si les accumulations
mesurées avaient été des cônes de déjection, il est probable que ce chiffre aurait été trop
élevé.
87
Méthode Nature de la mesure Références
Observations et estimation de la taille
des accumulations
Fréquence d’accumulation
en réponse à des modèles
journaliers, mensuels et annuels
(Dürr, 1970 ; Francou,1982 ; Åkerman,
1984 Gardner, 1983)
Observations et estimation de la taille
des accumulations
Valeurs absolues de fourniture
sédimentaires
(Gardner, 1970 ; Hinchliffe & Ballantyne,
1999 ; Curry & Morris, 2004)
Datation lichénométrique Fréquence d’accumulation
en réponse à des modèles
climatiques décennaux et multi-décennaux
(Boelhouwers, 1993 ; Bull et al., 1994 ;
McCaroll et al., 1998 ; Bajgier-Kowalska,
2002 ; Bull, 2003)
Datation lichénométrique et
estimation de la taille des talus
Valeurs de retrait de paroi (André, 1997)
Méthodes dendrogéomorphologiques Fréquence d’accumulation en réponse à des
modèles climatiques décennaux et multi-
décennaux
(Stoffel et al., 2005 ; Perret et al., 2006 ;
Stoffel et al., 2006)
Différence de hauteur entre des
veines de quartz
Taux de retrait holocène (Dahl, 1967 ; André, 1997)
Mesure d’accumulation sur
couverture neigeuse
Valeurs intégrales de fourniture
sédimentaire hivernale
(Caine, 1969 ; Gardner, 1970 ; Gray, 1972 ;
Sommerhoff, 1977 ; Nyberg, 1991)
Parois peintes Fréquence et magnitude d’accumulation à
partir d’une surface rocheuse restreinte
(Matsuoka, 1990 ; Matsuoka et Sakai, 1999 ;
Prick, 2003)
Collecte intégrale et mesure du
matériel
Dépôt saisonnier ou annuel (Nyberg, 1991 ; Becht, 1995)
Collecte occasionnelle
et mesure du matériel
Taux d’accumulation à court-terme en
réponse à certains événements
(Douglas, 1980 ; Krautblatter, 2003 ; Sass
2005)
Scanner Laser Mesure volumétrique de détail
d’accumulation de petite à moyenne taille
(Rosser et al., 2005)
Ouverture de fissures Datation du retrait (Matsuoka, 2001)
Inventaires sur routes Taux d’accumulation (Hungr et al., 1999)
Tab. 1- Synthèse des méthodes utilisées pour la mesure du retrait des parois et des taux de production
sédimentaire d’après (Krautblatter & Dikau, 2007) dans (Chenet, 2008).
88
Lors de la délimitation des zones sources, nous avons été attentifs à prendre en
compte les surfaces enfouies sous les débris. Le calcul des volumes ne prend cependant pas en
con sidération la forme de la paroi. Les résultats obtenus par Chenet (2008) montrent un écart
entre les volumes modélisés et les volumes « réels » très faible, puisqu’il est de 0.61 %
maximum. La forme est donc considérée comme négligeable d’autant plus que les cônes
sélectionnés sont de petite taille. Le travail de Chenet (2008) avait mis en avant un écart un
peu plus conséquent pour les cônes avec un volume dépassant le millier de mètres cube. Au
regard de ces résultats, il ne nous est pas paru nécessaire de devoir intégrer la forme des
parois dans nos calculs.
- CALCUL DE LA SURFACE DES BASSINS VERSANTS
Bien qu’il soit possible de réaliser automatiquement le calcul des surfaces de bassins
versants sous ArcGis, la résolution de notre MNT (10 m) ne permettait pas de délimiter avec
précision les contours de ceux-ci. Nous avons donc délimité les bassins versants sur
photographies aériennes, drapées sur le MNT ; Google Earth nous a également permis
d’affiner les contours lorsque les zones sources étaient de trop petites taille pour être
délimitées précisément à partir des photographies aériennes. Il est ainsi possible sur la base
des résultats obtenus, de définir des volumes de sédiments par surface de paroi rocheuse
depuis l’évènement morphogénique ayant permis la mise en place de la terrasse alluviale sur
laquelle ont été mesurés les cônes de débris.
- CORRELATION ENTRE MORPHOMETRIE DES BASSINS
VERSANTS ET DEVELOPPEMENT DES CONES DE DEJECTION
Les cônes de déjection existent dans différentes régions climatiques avec des
caractéristiques spécifiques qui les distinguent d’autres environnements sédimentaires
(Harvey, 1992 ; Blair & McPherson, 1994). Eléments typiques du paysage dans de
nombreuses vallées et sous la très grande majorité des zones climatiques, ils sont très bien
développés dans la vallée du Rio Elqui depuis l’aval jusqu’à l’amont. Recherchés pour
l’agriculture, ils sont largement anthropisés, ce qui n’est pas sans risque vis-à-vis des aléas de
crue, laves torrentielles, coulées de débris. L’apport des sédiments nécessite également une
attention particulière puisqu’une gestion doit être mise en place afin d’éviter les débordements
du chenal principal et la divagation de celui-ci sur les parties cultivées (Photo.13 et 14)
89
3.2 METHODES D'ANALYSE DES FORMATIONS ALLUVIALES
3.2.1 DESCRIPTION LITHOSTRATIGRAPHIQUE DES DEPOTS FLUVIO-LACUSTRES
A/ DEFINITION
Les formations alluviales s’organisent le long d’un gradient amont/aval en fonction de
l’énergie en jeu dans le système fluvial, de l’intensité et de la granulométrie des entrées
sédimentaires, et enfin des espaces de stockage disponibles (Bourrié & Dewolf, 2008). Lors
de son dépôt, le matériel s’organise en fonction de son mode de transport, de la vitesse et de la
puissance de celui-ci. Il est alors possible lorsque les conditions de terrain le permettent de
réaliser une analyse lithostratigraphique basée sur la succession verticale de couches décrites
en fonction de leur faciès : caractéristiques sédimentologiques (granulométrie, minéralogie,
géochimie), de leurs limites supérieures et inférieures. Le terme faciès est défini comme étant
un corps sédimentaire montrant une lithologie et des structures sédimentaires différentes de
celles du faciès se trouvant au-dessus, au-dessous ou adjacent. Un assemblage de faciès
regroupe des faciès qui sont génétiquement liés l'un à l'autre, et qui ont une signification
environnementale particulière (Walker, 1992). Ces structures sédimentaires dites primaires
car acquises au moment ou peu de temps après le dépôt et avant la consolidation, fournissent
une information très utile sur les caractéristiques hydrodynamiques du milieu de
sédimentation (Cojan & Renard, 2006).
Photo. 13- Chenal principal d’un cône de
déjection totalement artificialisé. Cliché : Houbart. A,
Orientation Nord, GPS : 29°50’42’’S 70°44’12’’W
Photo. 14- Cône de déjection cultivé faisant l’objet
d’une gestion de l’écoulement aval. Versant Sud du Rio
Turbio. Cliché : Houbart. A, Orientation Sud-est
90
B/ METHODOLOGIE
L’observation et la classification des lithofaciès sont aujourd’hui largement répandues
dans les méthodologies d’analyse des faciès des roches sédimentaires. Miall (1990) estime
que l’échelle d’une unité de lithofaciès individuelle définit dépend du degré de détail présent
dans sa définition. De nombreux chercheurs ont élaboré leur propre classification fondée sur
des observations locales. Miall (1977) propose une classification simple, basée sur une
codification à deux lettres afin de faciliter l’identification sur le terrain, en laboratoire ou dans
une documentation. La reprise de ce schéma d’identification dans de multiples travaux a
permis de le valider sur d’autres styles que celui des rivières tressées. Dans une publication
ultérieure, Miall (1978) a développé sa codification en y ajoutant quelques types de
lithofaciès. Cette dernière est aujourd’hui devenue une méthodologie standard pour l’analyse
des dépôts fluviatiles. Les lettres en majuscule indiquent la dimension des grains
prépondérante (G : galets à graviers grossiers, S= sables grossiers à fins, F: sables très fins,
limons, argiles.
Chaque unité de lithofaciès est délimitée par une surface de contact supérieure et
inférieure plus ou moins prononcée qui permet de comprendre les variations de la vitesse de
sédimentation et d’orientation du flux hydrique.
Le regroupement en assemblage de faciès s’est appuyé sur les travaux de Miall (1985),
dont la figure n°34 résume les différents assemblages ainsi que les faciès qui leurs sont
associés.
- CONSTRUCTION DES PROFILES VERTICAUX
La méthode de reconstitution architecturale des coupes observées est basée sur
l’observation et la schématisation d’affleurements qui se doivent d’être les plus larges
possibles afin de pouvoir apprécier au mieux les éventuels enchaînements de faciès et de
structures. Dans notre cas, il nous a été nécessaire de séquencer les affleurements, leurs tailles
et les conditions de terrain rendant difficiles la représentation graphique. Les annotations
utilisées ainsi que les figures sont tirées de la classification des faciès modifiée d’après Miall
(1978) (Fig. 34).
La démarche suivie pour établir les reconstructions de faciès et les interprétations
environnementales qui en découlent varie selon les milieux. L’identification d’un
environnement de dépôt n’est que rarement une démarche univoque. Les structures
sédimentaires ne sont pas, la plupart du temps, suffisamment discriminantes pour permettre
91
un diagnostic certain. De plus, l’enregistrement sédimentaire produit par un milieu donné est
contrôlé non seulement par les paramètres hydrodynamiques et chimiques propres au milieu
et agissant au cours de la sédimentation, mais il est également influencé par des phénomènes
extérieurs au système sédimentaire, régime tectonique du bassin, changements climatiques par
exemple (Cojan & Renard, 2006).
Les rivières constituent à la fois un agent d’érosion, de transport mais également
d’accumulation, permettant de prendre en charge le matériau érodé et de l’évacuer jusqu’aux
océans. Une partie des sédiments produite par l’altération des roches n’aboutit pas à l’océan et
se retrouve piégée sur le continent, en découle alors l’édification de structures primaires
fournissant une information utile sur les caractéristiques des modes de mise en place.
Dans cette analyse, nous nous attacherons d’abord à la stratification qui traduit les
différents types d’organisations verticales le long de l’affleurement et qui est produit par
l’agencement des structures élémentaires. Ensuite, nous définirons les structures
sédimentaires dont les spécificités d’agencement traduisent un mode de mise en place
particulier.
93
3.2.2 ANALYSES GRANULOMETRIQUES DES TERRASSES ALLUVIALES
A/ METHODE DE WOLMAN
Cinq sites ont été choisis pour réaliser les analyses granulométriques et les
observations morphométriques. Les sites situés en secteurs de confluence, de rives concaves
ou convexes ont volontairement été délaissés afin de ne pas fausser les résultats par
d’éventuelles conditions de mise en place induites par la topographie locale.
Nous avons pour cela utilisé une méthodologie d’échantillonnage granulométrique
classique, appelée méthode de Wolman. Le principe est de recueillir une particule sous
Macroforme Symbole Principaux faciès
associés
Géométrie
Chenal CH Toute combinaison Lentille, feuille et doigt, base
érosive concave.
Barre graveleuse GB Gm, Gp, Gt lentille, stratiforme ; corps
tabulaires souvent interstratifiés
avec SB
Lit sableux SB St, Sp, Sh, SI, Sr, Se,
S
lentille, feuille, stratiforme, sous
forme de remplissage de chenaux,
de crevasse et de petites barres
Macroforme
d’accrétion aval
DA St, Sp, Sh, SI, Sr, Se,
S
lentille sur surface plane ou
chenalisée
Macroforme
d’accrétion
latérale
LA St, Sp, Sh, SI, Ss,
moins fréquemment
Gm, Gt, G
arrête, feuille, lobe ; caractérisé par
une accrétion latérale interne
Sédiments
d’écoulement
gravitaire
SG Gm, Gm lobe, feuille interstratifiée avec GB
Feuilles de sable
laminé
LS Sh, SI; faciès mineur
Sp, S
feuille, stratiforme
Particules fines
d’inondation
OF Fm, F couche fine à épaisse,
communément interstratifiée avec
SB, remplissage de chenaux
abandonnés
Tab. 2 - organisation des faciès fluviatiles en éléments architecturaux (Miall, 1985)
94
chaque nœud d’une grille de dimension d’un mètre sur un mètre. Le prélèvement des
particules a été réalisé verticalement afin d’éviter le recueil de particules tombées sur le
sommet des terrasses depuis les versants adjacents. La hauteur de prélèvement est de 3 mètres
au-dessus du niveau du lit mineur du Rio La Laguna et du Rio Turbio.
La méthodologie de l’automatisation de l’échantillonnage granulométrique par
photographie n’a pas été retenue, le nombre d’échantillons à traiter n’étant pas assez
important pour en justifier l’utilisation.
Une fois l’échantillon récolté, nous passons les particules dans une colonne à tamis
dont les mailles sont : 0.05, 0.2 ; 0.5 ; 2 ; 5 et 10 mm. Il est alors possible de calculer le poids
de chaque fraction granulométrique et d’en déduire la fréquence d’occurrence. Grâce à un
tableur Excel, il est ensuite possible de calculer les indices les plus usités, à savoir, le mode, la
médiane, le Quartile 1 (25%) représentant le premier quartile de la distribution, le Quartile 3
(75%) représentant le troisième quartile de la distribution. Ceux-ci permettent de calculer
l’indice de classement (sorting index), le coefficient de dissymétrie (Sk-Skewness) ainsi que
le coefficient d’acuité (K- kurtosis).
B/ LES INDICES GRANULOMETRIQUES
- La dissymétrie (Sk-skewness)
La distribution « normale » ou théorique d’un échantillon est symétrique autour de sa
valeur moyenne. La représentation graphique de cet indice n’est alors ni déformée vers la
gauche ni vers la droite. Dans le cas d’une asymétrie positive comme c’est le cas pour
l’ensemble de nos échantillons, les distributions sont déformées vers le début des distributions
(courbe déformée vers la droite) (Fig.35).
Fig. 35 - Typologie des représentations graphiques d’une distribution normale symétrique, positive et
négative d’après (Bunte & Abt, 2001)
95
Ce paramètre de dissymétrie est souvent présenté comme un indicateur de
l’environnement. Dans le cas de sédiments fluviatiles, les fractions fines seront souvent bien
représentées avec un SK généralement compris entre -0.4 et 1.6.
Pour les cinq échantillons analysés, la distribution granulométrique est positive. En
unité Ø, on obtient les relations suivantes :
Valeur du coefficient d’asymétrie
Description en terme de
Unité Ø Distribution associée -1 à -0,3 très asymétrique négativement très penchée vers la partie fine -0,3 à -0,1 Asymétrique négativement penchée vers la partie fine -0,1 à 0,1 presque symétrique presque symétrique 0,1 à 0,3 asymétrique positivement penchée vers la partie grossière 0,3 à 1 très asymétrique positivement près penchée vers la partie grossière
Tab. 3 - Classification des valeurs d’asymétrie d’après Folk & Ward, (1957) ; extrait de Bunte & Abt, (2001)
- Le coefficient d’acuité (K-Kurtosis)
Le coefficient d’aplatissement indique le caractère « pointu » ou « aplati », c'est-à-
dire la forme de la courbe granulométrique d’une distribution par rapport à une
distribution normale. Il mesure hors effet de dispersion, la concentration des valeurs
autour de leur centre: il est positif lorsque la concentration est élevée, négatif dans le cas
contraire (Chapuis, 2008).
- Paramètre de classement de Trask
Cet indice nous indique la qualité du classement (l’indice décroît avec le classement).
S= 0.50 S= 0.35
S= 1 S= 2
Fig. 36 - Estimation visuelle de la dispersion de plusieurs échantillons de sédiments ayant le
même D50 d’après (Bunte & Abt, 2001)
96
L'indice de classement So est d'autant plus élevé que la population est plus étalée. Il
mesure la déviation de la taille des particules par rapport à une population de référence. La
dispersion des valeurs de la distribution autour de la tendance centrale traduit le bon ou le
mauvais classement du sédiment : elle exprime la constance ou l'irrégularité du niveau
énergétique de l'agent de transport et permet de rendre compte des conditions
hydrodynamiques de transport.
Au travers de ces paramètres, on a longtemps cherché à retrouver une marque du mode
de transport. Ce type d’interprétation des résultats doit toutefois être nuancé, car une partie
des éléments entrant dans la définition de ces paramètres est héritée ou ne traduit que le
dernier mode de transport qui a précédé le dépôt (Cojan & Renard, 2006).
3.2.3 CONTRIBUTION DES APPAREILS GLACIAIRES AU REGIME HYDROLOGIQUE
A/ TRAITEMENT DES DONNEES
Il est également important de comprendre dans quelles proportions, les masses
glaciaires (glaciers non couverts, glaciers rocheux) interviennent au-dessus de 3000 mètres
d’altitude dans le régime hydrologique de la haute cordillère. En effet, cette étude s’appuie sur
le concept de transfert sédimentologique pour expliquer en partie l’histoire géomorphologique
de la cordillère selon lequel les stocks de matériaux disponibles en amont peuvent être
mobilisés par l’eau et venir s’accumuler en aval. Nous avons donc pour cela, utilisé les
relevés de trois stations hydrologiques, quatre pluviomètres et les données accessibles sur le
glacier El Tapado (Fig.37, Tab4).
Les données récoltées proviennent de la Direccion de Aguas (DGA) et de l’institut
météorologique (Direccion Meteorologica de Chile DMC). Il est important de notifier que ces
résultats ne sont que très peu affectés par le pompage lié à l’irrigation intensive plus en aval
dans la vallée du Rio Elqui en raison de l’altitude des stations comprise entre 850 et 3130 m.
Il était également nécessaire de délimiter les glaciers, les glaciers rocheux et les zones
couvertes de neige avec précision ainsi que leurs limites inférieurs.
Pour notre zone d’étude, il est possible de calculer le bilan hydrologique de la façon
suivante :
Q = (- Bg - Eg + Pg) - Sg – Brg - Srg + Png- (S-Sg) – Eng -(S-Sg) – G + δ [m3a
-1] (1)
97
Où Q représente le débit annuel à la sortie du bassin versant ou de la zone d’étude
considérée ; Bg le bilan de masse du glacier en m a-1
; Brg le bilan de masse des glaciers
rocheux, Pg et Png représentent les précipitations au-dessus de la zone étudiée. Eg et Eng
l’évaporation annuelle ; S, Sg et Srg correspondent respectivement à la surface du bassin
versant étudié, des glaciers non couverts et des glaciers rocheux ; G est le ruissellement
moyen édaphique et δ représente les autres paramètres pouvant entrer dans ce bilan tel que le
bilan hydrique des neiges semi-permanentes dont le cycle est supérieur au cycle annuel.
Afin d’estimer le taux de précipitation moyen au-dessus de notre zone d’étude, nous
avons utilisé la formule suivante :
–P = D = Sg (-Bg-Eg)-Srg* Brg-Erg*(S-Sg)-G+e [mm a
-1]
S
Avec D le déficit hydrique (Pouyaud et al., 2005). Une valeur de D positive indique un
apport autre que les précipitations, comme la fonte des glaces par exemple.
B/ APPORTS EVENTUELS A LA COMPREHENSION DU COMPORTEMENT DE LA
CRYOSPHERE EN MILIEU SEMI-ARIDE
Ce travail s’intégrant dans une logique d’amélioration de la compréhension de la
réaction du milieu montagneux aux variations climatiques dans leur ensemble, il est
nécessaire de pouvoir caractériser le fonctionnement hydrologique actuel de la haute
cordillère de l’Elqui dans l’objectif de comprendre la réponse du système lors des variations
climatiques Quaternaire. A terme, il sera possible d’anticiper et de gérer les réactions du
système à des scénarii de changement climatique et/ou d’utilisation des sols.
Le changement climatique que nous connaissons actuellement ne peut se résumer à
une diminution des précipitations et par conséquent à une baisse du débit puisque tout
changement du régime pluvial en milieu de haute montagne s’accompagne de modifications
du régime thermique. Dans un bassin versant montagneux semi-aride, les interactions de
nombreux processus (fonte des neiges, sublimation, écoulement de surface, écoulement
édaphique, évapotranspiration…) et réservoirs (glaciers couverts, non couverts, glaciers
rocheux, névés, nappes phréatiques …) rendent la réponse du bassin à une modification du
régime de forçage plus complexe qu’un simple constat de diminution.
Il est possible de dégager trois caractéristiques hydrologiques des zones de montagne :
98
- Un effet neige : le régime hydro-nival est fréquent en région montagneuse.
- Une réponse rapide du fait de la conjugaison des facteurs sols (peu évolués en
raison de la température), végétation (peu abondante) et pentes (fortes).
- Une très forte variabilité spatio-temporelle due aux effets d’altitude (effet de
température sur la partition pluie/ neige) et de relief (effet orographique augmentant l’apport
en précipitations, variabilité accrue par l’existence d’orages convectifs violents et localisés et
par les effets d’expositions).
En milieu semi-aride le cycle hydrologique présente des spécificités importantes. Il se
caractérise par un régime pluviométrique de type convectif avec des phénomènes de courte
durée, de forte intensité et spatialement hétérogènes.
L’évapotranspiration y représente une composante majoritaire du cycle hydrologique
(Hernandez, 2000). Pilgrim et al. (1988) rapportent que l’évapotranspiration recycle 80% des
précipitations en milieu semi aride et 95% en région aride. L’évaporation du sol nu a souvent
un poids supérieur à la transpiration des plantes du fait de la large portion de sol nu et d’une
couverture végétale souvent discontinue et peu abondante. L’évapotranspiration joue donc un
rôle majeur et ne peut pas être négligée sous ce type de climat.
Le ruissellement de surface très rapide en milieu semi-aride contribue de façon
importante eu débit. Il l’est d’autant plus qu’à l’absence de couvert végétal et donc de
systèmes racinaires susceptibles de le ralentir, s’ajoute dans les milieux de haute montagne,
des pentes très prononcées qui accélèrent le temps de réponse du bassin versant à l’évènement
pluvieux.
A la différence des régions semi-arides de faible altitude ou de moyenne montagne, il
nous est nécessaire d’intégrer le paramètre du gel et du stockage de l’eau sous forme solide
dans la cordillère de l’Elqui. Cette composante de la cryosphère rend encore plus délicate la
compréhension et l’anticipation de la réaction du bassin versant tant les phases de stockage
temporaire sont difficilement quantifiables. La superposition de la moyenne annuelle des
précipitations sur une période considérée avec le déficit de ruissellement nous permettra
d’attester du rôle joué par la cryosphère sur le régime hydrologique du bassin versant du Rio
Elqui dans la haute cordillère de l’Elqui.
99
3.3 ACQUISITION DES DONNEES ET CARACTERISTIQUES TOPOGRAPHIQUES
3.3.1 ETUDE DES BASSINS VERSANTS ET DES CONES DE DEJECTION
Notre échantillon se compose de 23 cônes de déjection et d’autant de bassins versants
(Fig.37). Afin d’éviter toute valeur susceptible de fausser les éventuelles corrélations entre
morphométrie des bassins versants de la haute cordillère de l’Elqui et la morphologie des
cônes de déjection, les zones soumises à des processus de convergence ou de surimposition
ont été écartées. Les cônes de déjection associés n’ont donc pas été retenus. L’altitude des
cônes varie de 930 m dans la vallée du Rio Turbio à 3886 m dans la vallée du Rio Colorado
(Fig.37).
A/ CALCUL DES SURFACES DES BASSINS VERSANTS
Les surfaces des bassins versants ont été calculées en utilisant ArcGis et Google Earth.
Ce dernier a été d’une très grande utilité pour l’estimation des multiples données altitudinales
nécessaires à cette analyse. Les caractéristiques morphométriques des bassins versants ont été
traduites par des paramètres simples :
- la superficie du bassin versant
- la dénivelée spécifique, un indice de pente calculé de la manière suivante
Fig. 37- carte de localisation des cônes de déjection étudiés (trois cônes n’ont pu être localisés sur la carte en
raison de l’échelle)
100
Ds = [Hmax-Hmin / 1000] / Ad0.5
avec Hmax (m), l’élévation du point le plus élevé du bassin versant, Hmin (m), l’élévation du
point le plus bas du bassin versant et par conséquent le plus élevé du cône de déjection Ad et
la superficie du bassin versant en km2.
B/ CALCUL DES SUPERFICIES POUR LES CONES DE DEJECTION
Les paramètres déterminés pour chaque cône de déjection sont la superficie (km2), la
pente moyenne mesurée le long d’une bissectrice, qui correspond à la tangente de l’angle
d’inclinaison, et la longueur (m) le long de la bissectrice (Tab.1). Les conditions
topographiques du fond des vallées principales où se trouvent les cônes de déjection ont été
exprimées par la largeur disponible Lav (m), mesurée à partir du sommet du cône de déjection
jusqu’au côté opposé de la vallée ou à
d’autres obstacles qui s’opposent à
l’extension du cône (Fig.38).
Fig. 38- Croquis de la méthode de calcul de
la bissectrice des cônes de déjection étudiés
et de la largeur disponible en fond de vallée
(Rio Turbio) à l’aide de Google Earth
Tab. 4 - Données morphométriques relevées dans les bassins versants et les cônes de déjection
101
C/ CORRELATION ENTRE LES VARIABLES MORPHOMETRIQUES
- RECUEIL DES DONNEES
Les cônes de déjection choisis ont été sélectionnés sur le terrain en fonction de leur
localisation et de leur stade de développement. Leurs superficies ont été calculées grâce à
Google Earth tout comme celle des bassins versants. Le logiciel ArcGis n’a pas permis de
réaliser cette opération sur l’ensemble des bassins versants, certains bassins versants ayant des
superficies trop petites. Suivant les indications bibliographiques (Bull, 1964 ; Melton,
1965) ainsi que la méthodologie employée par (Brochot & Lorenzo, 2004), les
caractéristiques morphométriques des bassins versants ont été traduites par des paramètres
simples, à savoir la superficie du bassin versant et la dénivelée spécifique.
Ds, un indice de pente calculé comme :
Ds = [Hmax-Hmin / 1000] / Ad0.5
où :
Hmax (m) : élévation du point le plus élevé du bassin ;
Hmin (m) : élévation du sommet du cône de déjection ;
Ad (km2) : superficie du bassin versant.
La dénivelée spécifique correspond au coefficient de rugosité proposé par M. Melton
(1965) dans son étude sur les cônes de déjection de l’Arizona aux Etats Unis (Brochot &
Lorenzo, 2004).
Les paramètres déterminés pour chaque cône de déjection sont la superficie Af (km2),
la pente moyenne mesurée le long de la bissectrice Sf (-), qui correspond à la tangente de
l’angle d’inclinaison, et la longueur Lf (m) le long de la bissectrice (Annexe 2). Les
conditions topographiques du fond des vallées principales où se trouvent les cônes de
déjection ont été exprimées par la largeur disponible Lav (m), mesurée à partir du sommet du
cône de déjection jusqu’au côté opposé de la vallée ou à d’autres obstacles qui s’opposent à
l’extension du cône (Fig.39).
Fig. 39- Topographie simplifiée d’un cône de déjection
dans le fond d’une vallée. Lf : longueur du cône de
déjection. Lav : largeur disponible dans la vallée
principale d’après (Brochot & Lorenzo, 2004)
102
3.3.3 UTILISATION DE LA MORPHOMETRIE DES GLACIRS ROCHEUX
Le développement de ces unités périglaciaires étant variable d’un bassin versant à un
autre, notre démarche a été de rechercher des conditions locales particulières pouvant
expliquer les variations de ligne d’équilibre glaciaire (LEG) et l’altitude minimale atteinte lors
de leur extension maximale. Ce sont les quatre bassins versants situés à l’aval de la vallée du
Rio Colorado qui vont nous fournir les variables morphométriques susceptibles d’expliquer
les différences de développement entre ces glaciers rocheux voisins.
. Il est communément admis dans la littérature que les appareils glaciaires d’un même
secteur peuvent réagir de façon très variée selon leur exposition et leur altitude. Pour la
variable altitude, les auteurs (Evans & Cox, 1995) utilisent surtout le plus haut sommet
encadrant le glacier et l’altitude du fond du cirque.
L’adaptation de cette méthode aux glaciers rocheux induit certains inconvénients dans
la mesure où il ne nous est pas possible de mesurer l’altitude du fond du cirque puisque les
glaciers rocheux occupent cet espace et qu’il est très difficile d’estimer leur épaisseur. Seule
l’altitude du plus haut sommet est donc retenue. Le pouvoir différenciateur du dénivelé et de
la pente des parois des cirques glaciaires est mis en avant par (Evans & Cox, 1995 ; Evans,
1999 ; Garcia-Ruiz et al., 2000). Ces variables peuvent également être prises en compte dans
le cas de glaciers rocheux puisque déterminant les modalités d’accumulation de neige. Pour
calculer la pente moyenne des parois des cirques, nous avons choisi de mesurer la pente des
parois le long de trois axes, l’un dans la longueur du cirque puis les deux autres dans la
largeur, et de retenir la moyenne des trois valeurs obtenues (Fig.40) (Cossart, 2005).
Pour compléter cet ensemble de variables, il convient de prendre en compte la forme
générale du cirque : celle-ci conditionne le degré de concentration de la neige au fond du
cirque (Cossart, 2001). En effet, plus le cirque est « compact » et présente une forme proche
d’un entonnoir, plus la neige est susceptible de venir s’y accumuler au fond par le biais des
avalanches. Plus l’aire du fond du cirque est petite par rapport à l’impluvium, plus la quantité
de neige accumulée sera importante. Pour calculer ce rapport entre l’aire de l’impluvium et
l’aire du fond du cirque, il est possible d’utiliser un « indice morphométrique de compacité »
(Allen, 1998). On peut estimer cette « compacité » grâce à l’équation suivante (Cossart,
2001) :
I = Lc * lc
LF*lf
103
avec Lc, la longueur du cirque, lc la largeur du cirque, LF la longueur du fond du cirque et lf,
la largeur du fond du cirque. Plus ce rapport augmente, plus l’aire de l’impluvium est
importante par rapport à l’aire du fond du cirque et plus l’épaisseur de la neige susceptible de
venir s’accumuler sera grande, favorisant son maintien, sa transformation et l’alimentation du
glacier rocheux (Fig.40).
Ces masses glaciaires contribuent ainsi au régime hydrologique nivo-pluvial de la
cordillère de l’Elqui dans un pas de temps différent des masses glaciaires libres de couverture
sédimentaire. La quantification de leur contribution au bilan hydrologique même si elle est de
faible ampleur, se doit être prise en considération.
105
3.3.3 CHOIX DE LA METHODE DE DATATION
Le choix d’une méthode de datation s’effectue en fonction du cadre physique,
notamment en fonction de la nature du matériau à dater, de l’échelle de temps considérée et de
la problématique (Cossart, 2005). Dans notre cas, il s’avère nécessaire de justifier dans un
premier temps l’utilisation de notre méthode de datation.
A/ UNE METHODE DE DATATION JUSTIFIEE
En milieu de montagne, les datations absolues sont le plus souvent problématiques : la
rareté de la matière organique ou d’organismes paléontologiques gêne le recours à des
méthodes de datation classiques comme le 14
C ou la biochronologie (Veit, 1996 ; Fort, 2004 ;
Cossart, 2005 ; Zech, 2006a, Zech et al., 2007). L’établissement d’un cadre chronologique
bien défini constitue l’un des objectifs principaux de notre travail en vue de reconstituer le
calendrier de mise en place des éléments de fond de vallée de la cordillère de l’Elqui. La
présence de matière organique dans les formations alluviales de notre terrain d’étude nous a
permis de pallier au coût induit par l’utilisation de techniques comme la thermoluminescence
ou la technique reposant sur l’estimation des durées d’exposition aux rayons cosmiques
(Cosmic Ray Exposure) souvent utilisées en milieu semi-aride montagnard.
B/ PRINCIPE DE LA METHODE DE DATATION PAR AMS 14C
Parmi les trois principaux isotopes de carbone présents à l’état naturel (12
C, 13
C et 14
C), le 14
C est le plus rare, il ne représente que 0.00000000010% du carbone présent dans
l’atmosphère (Aguilar Martorell, 2010). Le carbone 14 (14
C) ou radiocarbone est un isotope
radioactif du carbone dont la période radioactive (ou demi-vie) est égale à 5730 ans.
Un organisme vivant assimile le carbone sans distinction isotopique, la proportion de 14
C par rapport au carbone total (12
C, 13
C et 14
C) étant la même que celle existant dans
l'atmosphère du moment.
La datation du 14
C se fonde ainsi sur la présence, dans tout organisme vivant, de
radiocarbone en infime proportion (de l'ordre de 10-12 pour le rapport 14
C /C total). A partir
de l'instant où meurt un organisme, les échanges avec l’extérieur cessant, la quantité de
radiocarbone qu'il contient décroît au cours du temps selon une loi exponentielle connue
106
(désintégration naturelle des atomes de carbone 14). Un échantillon de matière organique issu
de cet organisme peut donc être daté en mesurant le rapport 14
C /C total.
La technique dite AMS (accelerator mass spectrometers) que nous avons utilisée
nécessite la réduction de l’échantillon de carbone en graphite (100% C) afin de pouvoir le
positionner dans le spectromètre accélérateur de masse et calculer la quantité de 14
C. Le
principal intérêt de cette méthode AMS est de permettre la datation d’échantillons de matière
organique de très petite taille. Elle a été utilisée sur l’ensemble des échantillons en raison de la
difficulté à échantillonner des quantités substantielles. Cette technique est néanmoins plus
onéreuse, elle doit donc être utilisée à bon escient et après analyse des sédiments adjacents.
Le résultat obtenu doit ensuite être corrigé par un calibrage prenant en considération
les variations de la concentration du 14C dans l’atmosphère au cours du temps.
- AGE CONVENTIONNEL ET AGE CALIBRE
L'âge 14
C conventionnel d'un échantillon de matière organique, exprimé en années
(B.P) « before present », est calculé en considérant les deux éléments suivants :
- la période de désintégration du 14
C a été mesurée vers 1950 par Libby à 5568
ans (Libby, 1955) ; or, depuis, des expériences plus précises ont été réalisées et donnent une
période de 5730 ans ;
- la date de référence à partir de laquelle est mesuré le temps écoulé depuis la
mort de l’organisme a été fixée à 1950 par Libby.
Par ailleurs, dès le début des années 1960, certaines divergences systématiques ont été
observées, sur les mêmes échantillons, entre l'âge issu de la datation au carbone 14 et celui
estimé par l'archéologie ou la dendrochronologie.
En effet, il s’avère que suite aux variations du champ magnétique terrestre, le taux de
production du radiocarbone naturel a varié au cours du temps. Les changements climatiques
ainsi que le rejet massif de carbone fossile dans l’atmosphère par l’industrie et les transports
ont également modifié la teneur totale de carbone, donc de 14
C. De plus, durant les années
1950 et 1960, les essais nucléaires ont presque doublé la quantité de radiocarbone dans
l’atmosphère. Par conséquent, les conventions choisies par Libby n’étant pas satisfaisantes, et
la quantité globale de 14
C total dans la biosphère n'étant pas constante dans le temps, il est
devenu nécessaire de construire des courbes de calibration en confrontant les datations
obtenues par 14
C et celles données par d’autres méthodes telles que la dendrochronologie.
Ainsi, on transforme via ces courbes, l’âge BP en âge calibré ou calendaire exprimé sous
107
forme d’intervalles chronologiques associés à un pourcentage de probabilité
(http://www.ciram-art.com/cariboost_files/ciram_c14_expertise.pdf)
Lorsque les restes de matière organique sont rapidement recouverts de sédiments qui
empêchent sa décomposition, le matériel organique sera préservé sous forme d’un charbon
intercalé dans les couches sédimentaires. L’échantillonnage et la mesure de la concentration
en 14
C indique alors l’âge du dépôt du matériel organique à condition que l’âge de la mort de
l’organisme corresponde à celle de son dépôt. Pour notre étude, 5 échantillons de matière
organique piégée dans des sédiments fluvio-lacustres ont été prélevés.
La procédure utilisée par le laboratoire Beta Analitics Inc de Miami (USA) avec lequel
nous avons travaillé est la suivante : 1/ isoler la matière organique ; 2/ préparation chimique
de l’échantillon et 3/ mesure de la concentration en 14C de l’échantillon. Selon la description
méthodologique décrite par le laboratoire (http://www.radiocarbon.com/analytic.htm),
l’isolation de la matière organique passe par une étape de prétraitement identifiée sur la fiche
de résultat de chaque datation (cf. Annexes).
C/ THERMOLUMINESCENCE ET RADIONUCLEIDES COSMOGENIQUES : DES METHODES
UTILISABLES
.
L’utilisation de la thermoluminescence pour dater la mise en place des cônes de
déjection avait été envisagée mais le nombre relativement élevé de datations nécessaires afin
d’obtenir un résultat probant, ainsi que la difficulté à échantillonner des dépôts non remaniés
et non remis à la lumière nous en a dissuadés. Cette technique demeure cependant la plus
appropriée au calage de la période favorable au développement des cônes de déjection et par
conséquent des multiples obturations ayant affecté les fonds de vallée durant le Quaternaire.
En effet, les dépôts alluviaux et les colluvions potentiellement piégés lors des obturations
pourraient être datés avec cette méthode, là où les couches de matière organique ne permettent
pas un échantillonnage.
Une discussion orale avec Roland Zech de l’Université de Bern nous a également
éclairés sur la difficulté d’utiliser la datation par calcul de la concentration en radionucléides
cosmogéniques à l’amont de notre zone d’étude en raison de l’absence de surfaces rocheuses
datables. Les repérages sur le terrain nous ont permis de constater ces observations. En effet,
l’intensité de la gélifraction au-dessus de 3000 mètres d’altitude ne laisse que peu de blocs
susceptibles de faire l’objet d’échantillonnages. Son intérêt pourrait être tout autre dans la
datation des cônes de déjection et des coulées de débris que l’on rencontre tout au long du
108
bassin versant du Rio Elqui. Un détail de taille est cependant à prendre en considération dans
l’interprétation des résultats qui pourraient être obtenus puisqu’il est nécessaire de prendre en
considération la notion d’héritage dans les résultats. Il est compliqué d’estimer le temps
d’exposition de l’échantillon avant son enfouissement d’autant plus que des effets de stockage
temporaires et de remaniements des sédiments peuvent avoir eu lieu en amont à plusieurs
reprises (Hallet, 1994). Il existe néanmoins aujourd’hui des méthodes d’intégration de cette
notion d’héritage afin d’éviter les multiples échantillonnages nécessaires à la compensation de
la nature stochastique du transport des sédiments (Anderson et al., 1996). Il existe donc sur
notre terrain d’étude et au-delà jusqu’à l’embouchure du Rio Elqui une opportunité de
recherche qui trouverait une complémentarité avec ce travail.
109
CHAPITRE 4
LE COURS AMONT DU RIO ELQUI
La hiérarchisation spatiale ne peut être transposée à la temporalité nécessaire à la mise
en place de ces unités du relief, tant le transit sédimentaire a été remanié à de multiples
reprises. Les formes et modelés situés en amont de Juntas (vallée du Rio La Laguna, Rio
Colorado et Rio Toro) peuvent néanmoins être classés sous deux thématiques que sont le
modelé glaciaire et les processus paraglaciaires. En effet, ce n’est qu’à partir de 3100 mètres
d’altitude qu’il est possible d’observer les formes d’accumulation d’origine glaciaire
permettant de délimiter l’extension des glaciers rocheux et du glacier El Tapado. Cette
délimitation donnera lieu à une discussion avec les extensions proposées par les études
antérieures.
Ce chapitre s’attachera donc tout d’abord à détailler le plus précisément les limites de
l’englacement quaternaire d’après les modelés et les formations de terrain observés avant de
décrire et localiser les processus paraglaciaires de prise en charge et de transport des stocks
sédimentaires disponibles depuis ces zones source vers l’aval.
110
4.1 EXTENSION DU MODELE GLACIAIRE
La haute cordillère (cordillère principale orientale) se distingue très nettement de la
moyenne montagne (cordillère principale occidentale) par ses sommets aux arêtes plus
fraîches et surtout par des sommets qui dépassent souvent les 5000 mètres et dont deux
d’entre eux dépassent les 6000 mètres, le Cerro Olivares qui s’élève à 6252 m (Photo.15) et le
Cerro Las Tortolas, point culminant de la région avec 6332 mètres. Aucun col frontalier ne se
fait à moins de 4000 mètres, en témoigne le passage de la frontière Argentino-Chilienne qui
se fait au Paso Agua Negra à 4775 mètres. Englacée durant les dernières phases froides du
Pléistocène, aucune trace des glaciations précédentes ne sont aujourd’hui observables. La
ligne d’équilibre glaciaire actuelle approche les 5000 mètres d’altitude selon Ginot et al.,
(2006), ce qui explique les très faibles étendues couvertes par l’eau à l’état solide. On devine
de-ci de-là, quelques plaques de glace et de névé d’ampleur insignifiante (Paskoff, 1970).
Seul subsiste, dans cette région du Chili semi-aride, un petit glacier résiduel auquel Paskoff
(1970), avait donné le nom de glacier du Tapado en raison du sommet du même nom tout
proche (photo.16). Il est orienté vers le Sud-est-ce qui explique sa conservation.
Fig. 41- localisation de la zone intitulée cours amont du rio Elqui
111
Photo. 16- Glacier El Tapado (5536 m) Cliché: Houbart. A, Orientation: Nord-ouest
Photo. 15- Le Cerro Olivares, point culminant de notre zone d’étude (6332 m)
Cliché : Houbart. A, Orientation : Est
112
4.1.1 LE GLACIER EL TAPADO
Ce glacier constitue l’unique archive glaciaire pour la reconstruction paléoclimatique
du Norte-Chico. La langue glaciaire descend du Cerro El Tapado culminant à 5536 m et
atteint l’altitude minimale de 4600 m environ. Certains sommets aussi hauts voire davantage,
tel que le Cerro Olivares 6252 m sont totalement libres de glace, ce qui suggère que la
présence de ce glacier El Tapado est atypique pour cette région. En effet, les causes de son
développement semblent liées à une accumulation des conditions particulières telles qu’un
excès local de précipitation, un apport d’humidité atmosphérique par les vents ou encore le
rôle de la topographie (Kull et al., 2002).
Ginot et al., (2006), ont réalisé un carottage de 36 mètres de profondeur dans le glacier
afin de reconstruire l’évolution de la masse de celui-ci. Ce genre de carottage permet
d’identifier les conditions météorologiques passées, les changements climatiques et
l’évolution de la composition atmosphérique. Durant les deux dernières décennies, des
carottages ont été réalisés sur les glaciers du Quelccaya (Pérou), Huascarán (Pérou), Sajama
(Bolivie) (Thompson et al., 1998) et Illimani (Bolivie) (Knüsel, 2003) afin d’en déduire leurs
variations.
Précipitations d,f
(mm/an
-1)
Températures a,f
(°C)
Radiations a,f
(kwh m
-2 j
-1)
Vent a,b,c
(m.s
-1)
Humidité relative
a,b,c
(%)
Nébulosité e
(%)
moyenne annuelle
400 -0.4 5.62 4.36 28 15
amplitude annuelle
100 mm en été
6 2.1 2 3 5
amplitude journalière gradient
thermique / 100m
12
8
-0.68 (été) -0.71 (hiver)
0.04
0.08
0.09
0.84
Tab. 5- Conditions climatiques modernes sur le site du glacier El Tapado à 4000 m (Kull et al., 2002)
a Tapado 4215 m (30°08’S / 69°55’W ; 1998-1999)
b El Laco 4400 m (23° 50’S / 67°29’W ; 1990-1994)
c El Laco 5000 m (23° 50’S / 67°29’W ; 1990-1994)
d (Minetti et al., 1986)
e (Amman, 1996) f Vuille (1996)
113
Les 1901 échantillons prélevés dans la carotte glaciaire ont fait l’objet d’une analyse
de la concentration des ions suivants : Na+, K
+, Mg
2+, Ca
2+, NH4
+, SO4
2-, NO3
-, Cl
-, CH3SO3
-,
C2O42-
, le pH, la conductivité ainsi que les isotopes stables : δ2H et δ
18O. Le comptage des
couches estivales et hivernales permet d’estimer l’accumulation nette annuelle moyenne sur la
période 1963-1999 à 316 mm weq. Les données varient de 102 mm weq en 1980 à 1032 mm
weq en 1966.
Le processus de sublimation engendre la concentration des ions Cl-, SO4
2-, K
+ (Ginot
et al., 2006). Le chlore semble être le meilleur traceur pour estimer les quantités d’eaux
perdues par sublimation et son analyse a permis de définir les conditions climatiques
suivantes :
A/ RECONSTRUCTION DES PARAMETRES CLIMATIQUES POUR LA PERIODE
MODERNE 1920-1999
Les paramètres annuels de la masse glaciaire ont été comparés au Southern Oscillation
Index (SOI) et avec le taux de précipitation extrapolé. 70% des valeurs moyennes annuelles
d’accumulation nette sur la période 1962-1999 correspondent à une phase humide El-Niño. A
l’opposé, seulement 50% des valeurs de sublimation correspondent à des phases sèches. Ces
résultats viennent renforcer l’hypothèse que les conditions climatiques de la région du Cerro
Tapado sont liées aux apports d’humidité des Westerlies durant les phases El-Niño et que
durant les phases sèches (La-Niña), les apports d’humidité venus de l’Est ainsi que la
nébulosité sont à l’origine d’une diminution de la sublimation. L’extrapolation des données
des précipitations annuelles de la Serena a été réalisée en appliquant un gradient de 4.3
mm/100m. Sur la période 1962-1999, la moyenne des précipitations devrait être d’environ
315 mm, ce qui est inférieur aux 539 mm déduits de l’analyse de la carotte glaciaire. L’une
des explications pourrait être le développement de précipitations convectives venant de l’Est
et observées dans la vallée de l’Elqui (Begert, 1999).
B/ RECONSTRUCTION DES PARAMETRES PALEOCLIMATIQUES
L’analyse de la partie inférieure de la carotte comprise entre 23.5 m et 36 m de
profondeur permet d’estimer les conditions climatiques contemporaines du dépôt. Ainsi, une
moyenne des températures inférieure de 3°C (+ /- 1.5°C) par rapport à aujourd’hui et une
moyenne des précipitations annuelles supérieure de 290 mm (+/- 150 mm) pour la période
antérieur à 1920 ressortent de cette étude (Ginot et al., 2006) (Tab.5).
114
Tab. 6 - Reconstruction des conditions climatiques à partir de l’analyse du carottage couplée au mass
balance model de (Kull & Grosjean, 2000 ; Ginot et al., 2006)
Kull & Grosjean, (2000) ont estimé qu’il faudrait une cinquantaine d’années de
sécheresse extrême afin de faire disparaître complètement le glacier. Se pose alors la question
de la période durant laquelle ce glacier a pu se développer sachant qu’il est vulnérable à la
sécheresse. L’observation effectuée par (Brackebusch, 1892) sur le glacier Agua Negra situé
côté argentin à quelques kilomètres du glacier El Tapado, met en avant une extension plus
conséquente que l’actuelle vers 1890 A.D et le décrit comme un « glacier-ami » « glacier
friendly » au glacier El Tapado. Ceci nous permet donc de savoir que le glacier El Tapado
existait déjà à cette période mais paradoxalement, les conditions de sécheresse prévalant
durant l’Holocène moyen comme nous l’avons déjà montré, n’auraient pas permis au glacier
de se développer. Après l’Holocène moyen (< 2600 B.P), des avancées prononcées sont
observées à 30°S (Grosjean et al., 1998). Des moraines sont également observables dans la
vallée du Rio Colorado, attestant d’une position plus an aval du glacier El Tapado mais datant
du dernier maximum glaciaire selon Paskoff (1970) (Photo.17 et 18).
Paramètres 1998/1999
1920/1999
23.5 m-sommet différence
Mesurés ou modélisés
Moyenne moderne Paléo-conditions Paléo/moderne
Température
annuelle moyenne
(°C)
-11.5 -12.4 ± 0.2
-15 ± 1.5 -3 ± 1.5
Accumulation
totale (mm/an)
750 540 ± 45 830 ± 50 290 ± 150
Accumulation
d’hiver (mm)
500 310 ± 45 780 ± 50 470 ± 100
Accumulation
d’été (mm)
250 230 ± 45 50 ± 50 -180 ± 100
Sublimation
(mm/an)
490 240 620 380
Accumulation net 260 300 210 -80
115
Fig. 42- Croquis géomorphologique de l’extrême amont de la vallée du Rio Colorado, modifié d’après
Paskoff (1970)
116
4.1.2 LES GLACIERS ROCHEUX
Le gel permanent du sol, lorsqu’il permet la création de glace au sein des
accumulations détritiques de versant, est à l’origine de formes typiques des milieux alpins, les
plus emblématiques étant les glaciers rocheux (Bodin, 2007). Les glaciers rocheux sont des
systèmes dynamiques complexes, où débris rocheux plus ou moins anguleux et à structure
plus ou moins ouverte sont emballés dans une matrice de glace et ce dans des proportions plus
ou moins importantes.
Bien que leurs réserves hydriques soient moindres que celles disponibles dans les
glaciers, leurs répartitions et leurs superficies plus importantes leurs confèrent une grande
importance dans le cycle hydrologique. En remontant la vallée du Rio Colorado, c’est sur le
versant Ouest que se développent ces glaciers rocheux (Fig.43) ainsi qu’aux abords du glacier
El Tapado où Milana & Güelle (2008) ont identifié par réfraction sismique, deux types de
glaciers rocheux. Le premier type est appelé glacier rocheux cryogène ; modelé périglaciaire,
ce type de glacier rocheux doit son existence à la présence d’un pergélisol et de lentilles de
glaces favorisant son déplacement (Fig.44). Ils se forment par l’accumulation très localisée de
neige ou d’avalanches provenant des versants, corniches d’un cirque par exemple. La
structure interne s’organise avec une alternance de lentilles de glaces et de débris. Le
deuxième type « glacigénique », doit son existence au passage progressif d’un glacier
conventionnel à un glacier couvert puis à un glacier rocheux. Son noyau de glace est plus
massif que pour les glaciers rocheux cryogéniques (Milana & Güell, 2008).
117
Fig. 43- Carte de localisation des masses glaciaires et des glaciers rocheux dans la vallée du
Rio Colorado. Carte modifiée d’après (Milana & Güell, 2008)
119
A/ RELATION ENTRE INDICES MORPHOMETRIQUES ET EXTENSION : RESULTATS
Il n’y a pas, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, de relation évidente entre
l’indice de compacité élevé et l’extension des glaciers rocheux. En effet, ce n’est pas dans les
cirques glaciaires ayant les indices de compacité les plus élevés que l’on trouve les glaciers
rocheux les plus développés. La fourchette des indices de compacité varie de 7.31 à 51.33
alors que la pente moyenne des cirques est relativement homogène, variant de 52 à 67 %. Les
quatre glaciers rocheux étudiés semblent être davantage sensibles à la superficie
d’accumulation possible qu’à la pente moyenne et qu’au dénivelé moyen. En effet, seul le
glacier rocheux identifié comme n°2 sur la figure n°40 a durant le maximum glaciaire atteint
le fond de la vallée du Rio Colorado ; en témoigne sur le terrain un vestige de lobe frontal à
3500 m. Malgré un indice de compacité relativement faible de 12.63, il est le plus étendu et la
superficie de son cirque est de 3.13 km2 contre respectivement 2.46, 0.95 et 3.14 pour les
n°1,3 et 4.
Si les variables morphométriques décrites ci-dessus n’ont que peut d’impact sur les
modalités d’évolution des glaciers rocheux de la vallée du Rio Colorado, il faut cependant
noter que l’englacement quaternaire y est très localisé ce qui traduit davantage une
dépendance aux facteurs climatiques et à l’orientation qu’à la morphologie des bassins
versants.
B/ L’INFLUENCE DE L’ORIENTATION
Les glaciers et névés, lorsqu’ils existent, sont tous localisés dans la partie Nord-ouest
des cirques et par conséquent face au sud-est, exposition la plus favorable dans l’hémisphère
austral au maintien d’un couvert neigeux. Cette dissymétrie aujourd’hui bien présente et
facilement observable depuis le fond de la vallée, fut légèrement modifiée lors du dernier
maximum glaciaire en raison d’un accroissement de l’humidité et de la baisse des
températures moyennes. En effet, dans la vallée du Rio Colorado, neuf vallées suspendues du
versant Ouest abritaient des glaciers dont la longueur variait entre 2.5 et 4 kilomètres. Parmi
ces glaciers, seuls quatre provenant de ce versant occidental ont atteint le talweg et seul celui
d’Allende a obstrué complètement le fond de la vallée. Le versant oriental quant à lui, ne
possédant pas l’exposition nécessaire à l’extension d’un glacier ou glacier-rocheux, ne montre
qu’un complexe morainique en situation perchée à dix kilomètres en amont de la moraine
Allende. Dans la Quebrada Sin Fin, perpendiculaire à la vallée du Rio Colorado là où elle
effectue un coude, on peut observer dans la partie supérieure du bassin versant, un glacier
rocheux face à l’Est et un autre venant du Nord.
120
Il existe cependant, dans la quebrada El Tapado dont l’arête sommitale est recouverte
par le glacier El Tapado, des glaciers rocheux dont l’orientation vers l’Ouest infirme ce que
nous venons de présenter à l’échelle locale. Il en est de même sur le versant Est de la vallée de
la Laguna, à l’aval du barrage artificiel actuel dit de « La Laguna » à 3100 mètres d’altitude,
où un dépôt de pente glissé ou mouvement de masse présente certains indices de fluage
caractéristiques des glaciers rocheux.
Des conditions plus favorables au développement de masses glaciaires et de glaciers
rocheux ont donc existé durant le Quaternaire et sont à l’origine de formations ayant obstrué
sur des pas de temps variables le talweg de la vallée du Rio Colorado et du Rio La Laguna
induisant un arrêt momentané du transit sédimentaire. Nous reviendrons sur l’impact de ces
obturations sur le façonnement du relief de fond de vallée durant le Quaternaire (cf. Chapitre
5).
4.1.3 L’APPORT DE LA CRYOSPHERE AU BILAN HYDROLOGIQUE
A/ GLACIERS NON COUVERTS ET GLACIERS ROCHEUX
Les résultats obtenus à partir de la station de La Laguna, située à 3130 m d’altitude,
démontrent une bonne corrélation entre le débit annuel mesuré à La Laguna et le débit annuel
mesuré sur le Rio Turbio à 960 m d’altitude avec un coefficient de corrélation de R= 0.91.
Les précipitations annuelles mesurées à La Laguna ont une corrélation moins importante avec
les précipitations annuelles mesurées à Varillar (960 m) avec R= 0.78.
Le coefficient de ruissellement (Pouyaud et al., 2005) et le déficit de ruissellement ont
dû être calculés et, bien que les pluviomètres ne soient pas uniformément répartis sur
l’ensemble de la zone d’étude, il n’a pas été nécessaire de réaliser d’interpolation puisque
ceux-ci enregistrent les données pluviométriques provenant du même bassin versant.
Le coefficient de ruissellement de notre zone d’étude est de 83% pour la zone située à
au dessus de 3100 m, de 42% pour le bassin versant du Rio Toro et de 67% pour la partie du
bassin versant de notre zone d’étude comprise entre la station de La Laguna (3130 m) et celle
de Varillar (960 m) (Fig.45). Pour les déficits de ruissellement, on obtient respectivement -31,
-110 et -147 mm w.e a-1
. Le bassin versant du Rio Toro n’a certes pas été prospecté dans sa
totalité en raison des très grandes superficies à couvrir mais l’analyse hydrologique lui a tout
de même été appliquée puisque connecté au réseau hydrographique de notre zone d’étude dès
sa confluence avec le Rio La Laguna à hauteur de Juntas, à 2200 m d’altitude (Fig.44).
121
Le faible déficit de ruissellement pour la partie amont de notre zone d’étude -31 mm
w.e.a-1
signifie que l’écoulement à la station de La Laguna est pratiquement équivalent à
l’apport des précipitations.
Afin de déterminer la part que représente l’apport de la cryosphère dans le bilan
hydrologique, il a été nécessaire de dénombrer et de délimiter les glaciers et glaciers rocheux.
Les surfaces en glace libres de couverture détritique représentent 3.8 km2 et les glaciers
rocheux ou glaciers couverts, représentent environ 10 km2.
Le cumul de ces surfaces représente entre 1 et 2 % de la superficie du bassin versant.
Dans ces calculs, il a fallu prendre en considération la perte de masse de ces unités glaciaires
et pour cela, nous avons utilisé les estimations disponibles dans la littérature et notamment le
travail de (Rivera et al., 2002) sur le glacier Tronquitos (28°32’S, 69°43’W). Ses observations
ont permis de calculer la fonte moyenne des glaciers du Norte-Chico entre 1945 et 1996. Le
taux d’ablation oscille entre 0.7 et 1.4 m.a-1
sur les glaciers étudiés. Ce taux a été appliqué a
notre zone d’étude afin de pouvoir estimer la part que représente la fonte des glaces dans le
bilan hydrologique à la station La Laguna.
(Krainer & Mostler, 2002) ont mis en évidence dans les Alpes Autrichiennes, un
apport hydrique des glaciers rocheux inférieur de deux à trois fois celles des glaciers non
couverts. Rapportée à notre zone d’étude, nous pouvons estimer la contribution des glaciers
non couverts et des glaciers rocheux à environ 200 L s-1. D’après les données disponibles sur
Fig. 45- Coefficients de ruissellement et déficit de ruissellement dans la haute cordillère
de l’Elqui. Réalisation, Houbart. A
122
la période (1966-2008), cette valeur correspond à environ 10 % du débit moyen annuel
enregistré à la station La Laguna.
B/ APPORT DE LE FONTE DE LA COUVERTURE NEIGEUSE
Même si l’apport des eaux de fonte glaciaires est non négligeable, il est néanmoins
assez faible, par conséquent, la fonte des neiges constitue sans nul doute la part la plus
importante de l’apport en eau. Pour vérifier ce point, il faut appréhender le taux de couverture
neigeuse sur cette partie du bassin versant. Le coût financier ne nous permettant pas l’achat
d’une multitude de photos aériennes sur plusieurs saisons et plusieurs années, les données sur
la durée de l’enneigement et sur la surface enneigée dans la haute cordillère ont été obtenues
grâce à la Direccion General de Aguas (DGA). Ainsi, la durée moyenne d’enneigement dans
la partie amont de la haute cordillère est de quatre mois et la neige couvre 80% de cette partie
du bassin versant. A 3000 mètres d’altitude, le manteau neigeux se maintient en moyenne un
mois de moins qu’à 5000 mètres et l’intégralité de la couverture neigeuse a disparu un à deux
mois après les dernières précipitations neigeuses.
Lorsque l’on superpose la moyenne annuelle des précipitations sur une période allant
de 1966 à 2008 (tout en considérant que les précipitations mesurées à la station La Laguna
sont représentatives des précipitations de l’ensemble du bassin versant), au déficit de
ruissellement sur la même période, on s’aperçoit que celui-ci est fortement négatif lors des
périodes extrêmement pluvieuses (Fig.46). A contrario, durant les périodes où les
précipitations ont été plus faibles, le déficit de ruissellement est légèrement négatif, voire
positif, ce qui signifie que le débit en eau est supérieur aux apports d’eau par précipitation. La
contribution de la fonte des neiges et de la glace est par conséquent significative avec une
contribution plus importante issue de la fonte des neiges.
La sublimation n’a pas été intégrée dans les calculs en raison de la difficulté liée à sa
prise en compte et à son application au couvert neigeux. Les données sur la sublimation dans
le Norte-Chico sont parcellaires ; cependant, deux études ont permis d’obtenir des
informations précises journalières et annuelles mais uniquement sur glacier. En effet, (Stichler
et al., 2001) ont enregistré entre le 11 février 1999 et le 16 février 1999, un taux de
sublimation compris entre 2 et 4 mm w.e. j-1
sur le glacier El Tapado et (Ginot et al., 2006)
ont obtenu un taux de sublimation annuelle moyenne de 327 mm w.e a-1 sur la période (1962-
1999).
123
N° identification
Rivière Station Altitude Latitude Longitude Superficie drainée Km
2
Période
R10 La Laguna Embalse La Laguna
3130 m 30°12'S 70°02'O 560 1966-2008
R11 El Toro Juntas 2150 m 29°58'S 70°06'O 468 1990-1998
R14 Turbio Varillar 960 m 29°57'S 70'32'O 4148 1990-1998
N° identification
Rivière Station Altitude Latitude Longitude Précipitations par an (mm)
Période
P15 La Laguna
Embalse La Laguna
3100 m 30°12'S 70°02'O 161 1954-2008
P16 La Laguna
Juntas 2155 m 29°58'S 70°06'O 110 1990-2008
P21 Turbio Huanta 1240 m 29°50'S 70°23'O 65 1990-2008
P23 Turbio Rivadavia 850 m 29°58'S 70°34'O 104 1954-2008
Tab. 7 - Stations hydrologiques et pluviomètres utilisés pour l’étude
Fig. 46- Coefficients de ruissellement et déficit de
ruissellement dans la haute cordillère de l’Elqui.
124
4.1.4 LES FORMES D’ACCUMULATION
Les moraines sont des amoncellements de matériaux dus à l’action des glaciers
(Tricart & Cailleux, 1961 ; Flint, 1957). Nous utiliserons ici le terme de « moraine » réservé à
la forme du dépôt et non pas le terme de « till » désignant les dépôts et les sédiments
amorphes (Ben et Evans, 1998). La localisation de ces moraines permet de reconstituer les
limites du glacier El Tapado qui les a façonnées mais également de délimiter les zones
d’extension des glaciers rocheux. Les trois familles de formes et de formations utiles dans ce
genre d’exercice, sont :
- les traces de raclage glaciaire ;
- les traces de l’abrasion glaciaire dans la partie amont du bassin versant ;
- les édifices juxtaglaciaires et frontaux
révèlent la géométrie et la dynamique du paléo-glacier dans sa partie aval et amont. Nous
nous attacherons uniquement aux traces d’ablation et aux édifices juxtaglaciaires et frontaux
dans la mesure où les traces de raclage glaciaire ont pratiquement disparu sous les dépôts de
pieds de pente.
A/ LES EDIFICES MORAINIQUES
La forme des moraines s’explique en grande partie par la configuration topographique
du glacier et plus particulièrement de sa position par rapport aux versants. Le glacier El
Tapado a, lors de son retrait, laissé de chaque côté de la vallée du Rio Colorado plusieurs
moraines latérales de retrait. La route internationale permettant le passage du Col Agua Negra
emprunte pour partie ces édifices sur le versant Ouest, ce qui permet d’observer les moraines
présentes au pied du versant Est.
Les moraines latéro-frontales étant d’une grande variabilité sédimentologique et
morphologique, il convient d’en rappeler ici les grands types (Fig.47).
Les moraines latérales observées sur le versant Est présentent une face interne (au
contact du glacier) plus raide que la face externe en raison de l’effet de pression exercé par le
glacier contre la paroi et par l’accumulation de matériau tombés du versant (remblaiement
latéral) type 3 de la figure n°46. Les terrasses juxtaglaciaires sont aussi fréquemment
observées sur les marges d’un glacier de vallée. Le versant supra-glaciaire alimente en débris
et en eaux de fonte la surface située entre le glacier et le pied de paroi et contribue au
125
colmatage de cet espace. Observées par Paskoff (1970) et décrites comme terrasses de kame,
ces formes révèlent une abondance des eaux de fusion glaciaire en contexte de recul
glaciaire ; par conséquent, elles se distinguent des moraines frontales, représentatives d’une
avance maximale d’un glacier.
Ces terrasses se localisent préférentiellement dans la vallée du Rio Colorado au
débouché de vallées secondaires appelées quebradas. Cet emplacement est propice à leur
développement puisque le glacier secondaire recule plus rapidement et un réseau
hydrographique peut se mettre en place alors que le glacier principal toujours en place, exerce
une retenue favorable au comblement.
L’étude de terrain n’a pas permis de relever de matière organique sous ces moraines,
susceptible de servir de datation. Même si des traces de matière organique ont été observées
dans les dépôts fluvio-lacustres présents en amont de la moraine frontale (Fig.43), leur
difficulté d’échantillonnage et l’incertitude existante sur leur qualité ne nous ont permis de
réaliser de datation de ce comblement. Nous aurions ainsi pu affiner les premiers résultats
obtenus dans la région. En effet, une étude de (Zech, 2006a) a mis en évidence un maximum
glaciaire dans la région à 32 ka B.P et plusieurs phases de réavancées entre 14,7 /- 1,5 ka B.P
et 11,6 +/-1,2 ka B.P ; la fourchette ainsi proposée pour la période d’extension maximale du
glacier El Tapado demeure assez large (entre 32 Ka et 11,6 +/-1,2 ka B.P). Les tentatives de
datation par radionucléides cosmogéniques n’ont rien donné (Roland Zech, oral), les roches
étant trop altérées par la gélifraction.
A 3500 m d’altitude, le système sédimentaire Allende constitue un niveau de base
local créant un phénomène de barrage pour le transit sédimentaire. Avant d’avoir pu créer une
entaille entre le versant Ouest et le système sédimentaire, à gauche sur la photo n°13, le Rio
Colorado a créé une vaste topographie plane appelée Llanos, large de 300 mètres environ et
longue de 4 kilomètres, sur les bords de laquelle viennent s’accumuler les débris de pieds de
parois. Nous reviendrons sur les caractéristiques de ce dépôt qui présente de nombreuses
similitudes avec un autre dépôt sédimentaire situé à 3100 m d’altitude dans la vallée du Rio
La Laguna.
127
Dans le cadre de notre problématique de compréhension de l’enchaînement des
processus et de mise en place des formes quaternaires dans la haute cordillère de l’Elqui, la
connaissance de l’extension maximale du glacier El Tapado, de ses probables poussées
ultérieures et de l’orientation préférentielle des glaciers rocheux va nous permettre de détailler
notre argumentation sur la mise en place des éléments du relief plus en aval.
Photo. 17- Moraines latérales du dernier maximum glaciaire. Cliché : Houbart. A, Orientation Sud-
ouest
Photo. 18- Moraines latérales en pieds de versants Est (vallée du Rio Colorado, 3900
m). Cliché : Houbart. A, Orientation Sud-est
128
LE DEPOT DE LA LAGUNA : ANALYSE ET INTERPRETATIONS
Ce dépôt se situe à 3100 mètres d’altitude, immédiatement à l’aval du barrage artificiel
permettant de réguler le débit du Rio La Laguna. L’ampleur de ce dépôt rend paradoxalement
délicate sa délimitation depuis le fond de vallée ; c’est pourquoi il nous a été nécessaire
d’utiliser une photographie aérienne afin de pouvoir délimiter son extension le plus
précisément possible.
Paskoff (1970) a durant ses prospections de terrain dans la vallée du Rio Turbio puis
de La Laguna décrit une succession de systèmes morainiques situés respectivement à 3500 et
3100 m. La moraine frontale du glacier rocheux « Allende » présente à 3500 m d’altitude fut à
juste titre décrite comme une « formation chaotique, crevée en surface par des dépressions
fermées plus ou moins circulaires et se terminant par un talus frontal marqué. Elle représente
le matériel laissé sur place par un glacier rocheux qui correspondait, après la dernière époque
glaciaire, à la forme résiduelle d’un « glacier blanc disparu avec le réchauffement » (Paskoff,
1970). Il est troublant de constater l’interprétation faite par Paskoff (1970) sur la mise en
place du dépôt de la Laguna à 3100 m d’altitude alors que l’aspect et la structure du dépôt est
sensiblement identique à celui situé à 3500 m. C’est à ce titre qu’il nous a paru essentiel de
reconsidérer cette analyse afin de mieux comprendre l’impact de cette obturation sur le fond
Fig. 48- Localisation d’un dépôt de pente identifié comme étant un système de glaciers rocheux
inactifs, versant Est de la vallée de La Laguna, photographie aérienne 1/50000 Geotec, Vicuña,
secteur 28, n°016514.
129
de la vallée, puisque c’est à partir de ce dépôt que prend forme un système de terrasses
alluviales (Fig.49), que l’on retrouve depuis 3100 m jusqu’à Rivadavia 900 m.
Fig. 49- Contexte géomorphologique du système sédimentaire de La Laguna (Rio La Laguna, 3100
m) Capture de Google Earth
130
Paskoff a vu dans ce dépôt terminal, l’héritage d’une phase froide récente
contemporaine du Würm-Wisconsin de l’hémisphère nord qu’il nomme « glaciation de La
Laguna » en se basant sur la netteté et la fraîcheur de son matériel. Il en est venu à la
conclusion que le dépôt était une moraine frontale mise en place par un glacier de vallée de
type alpin ce qui sous-entend un glacier d’environ 40 km si l’on considère le glacier El
Tapado comme étant l’élément morphogène. Les observations de terrain ne vont pas en ce
sens et c’est ce que nous allons à présent développer.
Dans le cas du système sédimentaire de La Laguna à 3100 m d’altitude, le dépôt a
obstrué la quebrada Laguna Escondida provenant du versant Ouest, donnant naissance à une
petite lagune encore visible aujourd’hui (Fig.49). Si un glacier de vallée avait été à l’origine
de l’accumulation sédimentaire de La Laguna, le dépôt morainique se serait développé de part
et d’autre de la vallée du Rio La Laguna et sa morphologie aurait été convexe vers l’aval et
non vers le versant ouest de la vallée comme c’est ici le cas.
L’interprétation des photographies aériennes ne fait que confirmer l’origine locale du
dépôt de La Laguna, à savoir le versant Est. Il nous est aujourd’hui difficile de pouvoir
attester de l’activité de ce glacier rocheux ne pouvant y accéder. Les photographies aériennes
nous permettent cependant d’apercevoir des talus latéro-frontaux, des sillons longitudinaux et
transversaux au matériel en proie à la gélifraction très active à cette altitude. Deux bassins
versants adjacents sont affectés par ces formations et leur orientation (Est-ouest) est un des
critères qui a orienté notre hypothèse sur le rôle joué par ces deux glaciers rocheux dans la
formation du dépôt sédimentaire de La Laguna.
Fig. 50- Croquis du système sédimentaire de La
Laguna, d’après (Paskoff, 1970)
Photo.19- Système sédimentaire de La Laguna. Cliché :
Houbart. A, Orientation Sud
131
Dans son interprétation des formes observées dans la vallée de La Laguna Paskoff
(1970), y voyait deux glaciations puissantes :
- la « glaciation du Tapado » (Riss) avec un vestige morainique décrit à 2500 m
d’altitude, à une quinzaine de kilomètres en aval du système morainique de La Laguna, ce qui
sous entendrait que le glacier rocheux El Tapado ait atteint une longueur de 53 km.
- la « glaciation La Lagunienne » (Würm) avec le vestige décrit à 3100 m
d’altitude correspondant à un glacier d’une longueur de 38 km.
La taille supposée du glacier étant à l’origine des deux formations morainiques citées
ci-dessus est complètement disproportionnée par rapport aux glaciers ayant existé dans les
vallées étudiées dans la région. La vallée Encierro étudiée par Zech, (2006a) présente des
moraines frontales à 3600 mètres d’altitude datées par radionucléides cosmogéniques à 24 ka
B.P +/- 0.9. La langue glaciaire ainsi délimitée avait une longueur de 15 km environ et une
ligne d’équilibre glaciaire à environ 4000 mètres d’altitude. L’altitude atteinte par les glaces
dans cette vallée est bien supérieure à celle des dépôts rencontrés par Paskoff (1970) dans la
vallée de La Laguna malgré des altitudes du bassin versant dépassant les 5000 m. Nous
n’avons d’ailleurs pas réussi à repérer une telle accumulation à 2500 mètres d’altitude. Il est
par conséquent improbable que le glacier ait pu non seulement atteindre une longueur de 53
km pour la glaciation correspondant au Riss, 38 km pour le Würm et respectivement 18 et 4
kilomètres avec une orientation plein nord.
En utilisant la méthode AAR (Accumulation Ablation Ratio), il est possible de
calculer approximativement la ligne d’équilibre glaciaire atteinte par le glacier El Tapado lors
de son extension maximale jusque 3700 m. Pour pouvoir atteindre une telle altitude, le glacier
a dû connaître une phase d’augmentation de son volume en raison d’une partie amont (zone
d’accumulation) au moins égale à deux tiers de la superficie totale du glacier. Le tiers restant
étant caractérisé par la zone d’ablation. La ligne d’équilibre glaciaire était donc de 4070 m
environ. Le Cerro Potro (28°23’S-69°38’W) est couvert par un glacier de 11km2
dont la ligne
d’équilibre glaciaire est estimée à 4350 m durant le dernier maximum glaciaire ce qui
corrobore notre résultat pour le glacier El Tapado (Ammann, 2001).
- SIMILITUDE ENTRE LE DEPOT DE LA LAGUNA ET CELUI D’ALLENDE
Le dépôt morainique Allende a une extension moins importante que les dépôts de La
Laguna malgré une altitude plus élevée. La raison n’est pas liée à la superficie de leurs bassins
versants-3.88 km2 pour celui des moraines d’Allende contre 6.6 km
2 pour le bassin versant
ayant donné naissance aux dépôts de La Laguna. L’une des explications vient certainement de
132
la nature des roches dans lesquelles ces formations se sont développées. Les moraines
d’Allende se sont développées essentiellement dans des monzogranites délivrant peu de
matériel, réduisant ainsi le recouvrement de la glace en mouvement et laissant la sublimation
amincir la langue de glace. Le cadre topographique doit également être pris en considération
au regard de leur différence d’exposition ; en effet, ces bassins d’alimentation sont exposés
différemment puisque celui des moraines Allende est exposé à l’Est et celui des moraines de
la Laguna à l’Ouest ce qui est logiquement dans l’hémisphère Sud défavorable au
développement d’un tel appareil glaciaire. Cependant, leur morphologie est identique, avec
une dissymétrie entre les dépôts plaqués sur le versant opposé et ceux plus proches du versant
principal. Leur forme arquée ne laisse aucun doute sur le sens de direction de l’agent
morphogène provenant dans les deux cas de la poussée de glaciers rocheux aujourd’hui
déconnectés du fond de vallée. En effet, la poussée exercée par le glacier rocheux ou le
glacier non couvert a forcé le matériel à s’élever sur le versant opposé. Dans le cas du système
sédimentaire de La Laguna à 3100 m d’altitude, le dépôt a obstrué la quebrada Laguna
Escondida provenant du versant Ouest, donnant naissance à une petite lagune encore visible
aujourd’hui (Fig.49). Si un glacier de vallée avait été à l’origine de l’accumulation
sédimentaire de La Laguna, le dépôt morainique se serait développé de part et d’autre de la
vallée du Rio La Laguna et sa morphologie aurait été convexe vers l’aval et non vers le
versant ouest de la vallée comme c’est ici le cas.
Photo. 20- Moraine Allende, vallée du Rio Colorado (3500 m). Cliché : Houbart. A, Orientation Nord
133
- L’ABSENCE DE CALIBRAGE GLACIAIRE PROBANT
Un glacier ayant atteint une telle longueur aurait calibré la vallée du Rio Colorado puis
du Rio La Laguna d’une façon bien plus prononcée qu’on ne peut l’observer aujourd’hui. Il
existe certes, entre le front actuel du glacier El Tapado situé à 4650 m d’altitude et 3700 m,
des traces de polis glaciaires (Photo.21) mais aucune trace du passage d’un glacier n’est
présente en-dessous de cette altitude. En effet, la partie amont du Rio La Laguna est exempte
de tout placage morainique sur les versants et les quebradas affluentes sur la rive gauche du
lac artificiel de La Laguna ne présentent aucune trace d’obturation alors que celle de la
quebrada Laguna Escondida située à seulement 2 km du barrage actuel de La Laguna est
encore très bien préservée.
Entre 3700 m et 3100 m d’altitude, aucune trace de remblaiement n’est observable, le
long des quebradas affluentes, alors qu’un glacier d’une telle ampleur aurait engendré des
accumulations sédimentaires de plusieurs mètres d’épaisseurs que nous devrions retrouver. Le
calibrage en auge de la vallée du Rio La Laguna et du Rio Colorado n’existe en réalité qu’au
dessus de 3500 m d’altitude. Ce calibrage reste cependant fruste puisque de nombreux
resserrements sont présents et que les versants Est et Ouest ne sont que très peu marqués par
le passage des glaces. Le seul élargissement significatif rencontré se situe immédiatement en
amont du dépôt Allende, que l’on nomme (Llanos de las Liebres) en raison de sa topographie
relativement plane induite par le comblement du fond de vallée. Entre le tronçon de la vallée
du Rio Colorado et celui de la vallée du Rio La Laguna ayant tout deux une orientation Nord-
sud, le Rio Colorado traverse les laves et les brèches de la formation Pastos Blancos du horst
de La Laguna dans une vallée étroite d’une longueur de plus de cinq kilomètres, accidentée
par de nombreux coudes marqués, sans aucun indice permettant d’attester du passage des
glaces.
La proximité de la moraine frontale du glacier El Tapado (4 km) avec le dépôt
sédimentaire Allende a permis l’apport de matériel et d’eaux de fonte nécessaires au
comblement de ce fond de vallée que Paskoff (1970) définit comme une « pseudo-auge ». Ce
mécanisme d’obturation s’est reproduit en l’aval à 3100 m d’altitude avec un comblement à
l’arrière du dépôt sédimentaire de La Laguna ayant obturé la vallée de La Laguna. Cette partie
de la vallée située entre le niveau maximal atteint par les eaux du lac artificiel et l’endroit où
le Rio La Laguna prend une orientation Ouest-est, est affectée par un réseau hydrographique
en tresses évoluant au gré de la fusion des glaces et de la neige au printemps.
134
Photo.21- Paroi entièrement polie par l’action des glaces du glacier El Tapado à 3800 m d’altitude
Vallée du Rio Colorado, Cliché. Houbart. A, Orientation : Est
Photo. 22- Coupe transversale dans le dépôt diamictique de La Laguna sur le versant Ouest.
Cliché. Houbart. A, GPS : 30°11’33.28’’S 70°02’52.64’’W, Alt : 3048 m
135
L’étude du dépôt de La Laguna, rendue possible par la présence de coupes fraîches
réalisées par les engins de terrassement, nous a permis d’observer la composition,
l’orientation et la texture de ce dépôt. L’analyse morphométrique du dépôt révèle une matrice
fine dans laquelle on trouve des éléments anguleux dont l’émoussé est très faible. La faiblesse
de l’émoussé vient une fois encore contredire l’analyse de Paskoff sur l’origine de ce dépôt
puisqu’une moraine terminale ayant pour agent morphogène un glacier de 38 km de long
aurait eu pour conséquence un broyage du matériel transporté bien plus prononcé que celui
que nous pouvons observer à 3100 m d’altitude.
La lithologie du dépôt va également en ce sens puisque l’étude d’un échantillon
prélevé à 3048 m d’altitude dans la coupe transversale ci-contre (Photo.22) révèle que 65 %
des fragments rocheux dont l’axe principal dépasse un centimètre, sont des ignimbrites de
composition dacitique et/ou rhyolitique, ce qui correspond à la Formation Escabroso (Fig.51).
Le reste du matériel échantillonné répondant au même critère de dimension cité ci-dessus,
correspond à des fragments de brèches appartenant à la formation Pastos Blancos qui affleure
dans la partie amont du versant d’où provient le matériel étudié. L’origine locale semble donc
d’autant plus incontestable que nous n’avons trouvé dans la partie supérieure du dépôt
(correspondant à l’arc externe décrit par Paskoff) aucune trace de monzogranite leucocrate de
couleur rosée caractéristique de la Formation El Léon affleurant dans la vallée du Rio
Colorado. Cette coloration rosée à brun violacé donne aux dépôts de fond de vallée en amont
du barrage de La Laguna une teinte particulière que l’on retrouve également tout au long du
Rio La Laguna et du Rio Turbio dans les nappes alluviales.
L’ensemble de ces arguments nous permettent donc de valider l’hypothèse de départ
que nous avions émise, à savoir la mise en place du dépôt de La Laguna, non pas par le
glacier du Tapado, aujourd’hui situé à 38 km en amont mais par la mise en mouvement d’une
quantité considérable de matériel sur le versant Est forcé à remonter et à épouser la forme du
versant Ouest. Les principales incidences de ce dépôt sont l’obturation de la Quebrada
affluente à 2 km en aval du barrage artificiel actuel de La Laguna et la formation d’une
« plaine » d’accumulation immédiatement en amont, actuellement inondée par la retenue
d’eau artificielle créée par le barrage.
136
MORAINE FRONTALE DU GLACIER EL TAPADO
Les indices morphologiques de terrain attestent d’une occupation totale du fond de
vallée durant le maximum glaciaire et ce jusqu’à 3700 m d’altitude où l’on trouve un édifice
morainique déjà identifié par Paskoff, (1970) (Fig.52). L’édifice morainique présent en fond
de vallée à 3700 m d’altitude est situé à 4.3 km de la moraine Allende (3500 m). Cette
moraine frontale se situe à 8 km du front actuel du glacier El Tapado et dépasse de près de 50
mètres le cours actuel du Rio Colorado. D’une longueur approximative de 450 mètres, elle a
donné naissance par effet de barrage à une accumulation sédimentaire dont la hauteur dépasse
la dizaine de mètres et est reconnaissable par l’alternance de couches composées de limons et
d’argiles. Des traces de matière organique sont également présentes, nous en reparlerons
ultérieurement.
Depuis la fin de l’extension maximale du glacier El Tapado, celui-ci est dans une
phase globale de bilan de masse déficitaire. Cela a pour principale conséquence de perturber
les modalités de production et de transit des sédiments depuis son front. La modification du
mode de mobilisation des sédiments depuis les sources sédimentaires, essentiellement par
ravinement des moraines dans notre cas, a favorisé l’alimentation en matériel du Rio
Colorado et du Rio La Laguna. Les dynamiques transversales ont également joué un rôle
important dans ce contexte paraglaciaire puisqu’elles sont à l’origine de piégeages
sédimentaires de fond de vallée.
Fig. 51- Profil transversal du Rio La Laguna à 3100 m d’altitude. Réalisation : Houbart. A
137
4.2 LES PROCESSUS PARAGLACIAIRES
4.2.1 LES ACTIONS PROGLACIAIRES DE TEMPS LONG
A/ L’EPANDAGE PROGLACIAIRE
Les vallums morainiques ont joué un rôle de blocage dans l’évacuation du matériel en
entravant l’écoulement de fond de vallée. Le profil longitudinal de la vallée est marqué par
une succession de segments à faible pente où la bande active s’élargit, et de segments à fortes
pentes particulièrement étroits. La moraine frontale du glacier El Tapado, même si elle ne
segmente pas le profil longitudinal à l’aval et en amont comme pour les deux exemples cités
précédemment, a joué un rôle de piégeage que des travaux récents ont permis de dater.
L’élargissement de la bande active entre la moraine frontale (3700 m) et le système
morainique Allende (3500 m) d’une part et entre cette moraine Allende et le système
morainique de La Laguna (3100 m), est le lieu d’un style fluvial dominé par le ruissellement
en tresse voir anastomosé sur certaines portions (Photo.23). Ces plaines d’épandage
proglaciaire appelées également Llanos au Chili en raison de leur topographie relativement
plane ont pu se développer grâce à la constitution de niveaux de base locaux crées par les
Fig.52- Moraine frontale du glacier El Tapado à 3700 m d’altitude. Réalisation : Houbart. A
138
systèmes morainiques. Elles constituent une source sédimentaire mobilisable pour le cours
d’eau.
Fig. 53- rupture de pente dans le profil en long du fond de la vallée Colorado
Fig. 54- rupture de pente dans le profil en long du fond de la vallée La Laguna
Photo.23- Ecoulement en tresses en amont de la retenue d’eau artificielle de La Laguna. Alt : 3300 m,
Cliché : Houbart. A, Orientation : Sud
139
B/ LES PSEUDO-AUGES
La proximité de la moraine frontale du glacier El Tapado (4 km) avec le dépôt
sédimentaire Allende a permis l’apport de matériel et d’eaux de fonte nécessaires au
comblement de ce fond de vallée que Paskoff (1970) définit comme une « pseudo-auge ». Ce
llanos de Las Lliebres intrigue par son extrême largeur et sa topographie plane dans une vallée
aux caractéristiques d’une vallée en auge. Il ne serait pas impossible que cette vallée à
plancher alluvial tout du moins jusque 3700 mètres d’altitude, soit en fait une vallée en V
fluviale dont le fond est comblé par une accumulation de cailloux roulés (Paskoff, 1970).
Photo. 24- Llanos de las Lliebres à l’amont de la moraine Allende, vallée du Rio Colorado (3550 m).
Cliché : Houbart. A, Orientation Nord-est
Photo.25- Llanos végétalisé de la vallée du Rio Toro GPS: 29°58’01’’S 70°05’10’’W, Cliché: Houbart. A, Alt : 2160m
140
4.2.2 LES ACTION PROGLACIAIRES DE TEMPS COURT
Parmi les mécanismes de réajustement du système sédimentaire, les événements de
faible occurrence mais de forte énergie sont capables de modifier profondément et sur des
distances importantes, la physionomie d’un fond de vallée. Le caractère brutal qu’ils ont eu
dans la cordillère de l’Elqui a permis la mise en place de formations d’une telle ampleur
qu’elles ont joué un rôle tampon dans le transit sédimentaire. Ces actions torrentielles se sont
déclenchées depuis les vallées affluentes avec pour conséquence la mise en place de cônes de
déjection au débouché de celles-ci dont nous parlerons dans l’étude de la vallée du Rio Turbio
entre Juntas et Rivadavia, mais également depuis la vallée principale de La Laguna depuis le
système morainique avec pour conséquence la mise en place d’un système de terrasses
emboîtées puis unique sur la totalité de notre terrain d’étude.
A/ LE SYSTEME DE TERRASSES ALLUVIALES DE LA LAGUNA
- DEFINITION
Une terrasse alluviale (fluvial terrace) désigne un niveau topographique relativement
plan suspendu au dessus du lit actuel du cours d’eau par l’intermédiaire d’un talus plus ou
moins marqué. Ce talus (rebord de terrasses) domine une terrasse plus récente ou la plaine
alluviale moderne. Elles constituent des formes héritées de conditions hydrodynamiques
différentes de celles régissant actuellement le cours d’eau. Présentes sous toutes les latitudes
et sous tous les types de climats, les terrasses fluviales sont des formes azonales (Bourrié &
Dewolf, 2008).
Morphologiquement, les terrasses alluviales sont des surfaces peu inclinées, entourées
de pentes plus déclives. Elles sont des marqueurs hydrodynamiques attestant de l’évolution du
fond de vallée aux apports sédimentaires extrêmes, à la surrection des orogènes les plus
répandus le long des rivières ainsi qu’à la capacité du cours d’eau d’inciser son propre lit.
On divise classiquement les terrasses alluviales en deux classes génétiques : les
terrasses de comblement (fill-terraces) et les terrasses rocheuses (strath-terraces). Une terrasse
de comblement est un corps sédimentaire mis en place au cours d’une période d’aggradation
ayant abouti à l’ensevelissement d’une vallée. La surface de dépôt est abandonnée lorsque
débute une nouvelle phase d’incision.
Une terrasse rocheuse est constituée d’une surface rocheuse nivelée par une rivière,
fréquemment recouverte de dépôts alluviaux peu épais (quelques mètres). Ce type de terrasse
enregistre beaucoup plus simplement l’incision du substrat rocheux que les terrasses de
comblement (Brocard, 2003). Le temps de formation et d’abandon d’une terrasse est
généralement court par rapport à l’âge de la terrasse. On considère donc usuellement que
141
l’évènement qui produit la terrasse est instantané. Cependant, certains modes d’abandon
peuvent invalider cette notion de rapidité de mise en place, il est donc nécessaire de vérifier
cela puisque des cas de diachronisme peuvent exister.
En effet, un diachronisme vertical peut exister dans un système de terrasses alluviales
d’une même vallée et peut rendre le calcul des vitesses d’incision délicate. Des emboîtements
peuvent se développer au débouché des quebradas affluentes à la faveur du développement de
cônes de déjection sur les terrasses abandonnées par le courant. Cette phase d’accumulation
latérale sur les terrasses est transitoire puisque les profils en long des affluents vont peu à peu
tendre à s’ajuster à la localisation du nouveau lit du cours d’eau principal. Ces emboîtements
existent à la fois dans la vallée du Rio La Laguna et du Rio Turbio.
Un diachronisme latéral peut également être observé lorsque les terrasses se forment
de façon aléatoire au gré des divagations du cours d’eau, on parle alors de terrasses
« impaires ». Lorsque les terrasses sont abandonnées en même temps le long d’une rivière à
l’occasion d’un changement majeur de dynamique fluviale, on parle de terrasses « paires ».
Nous verrons qu’il n’existe pas de terrasses « impaires » le long de notre zone d’étude en
raison de l’occupation par la terrasse de La Laguna et de ses modalités de mise en place.
De manière générale, l’augmentation du flux hydrique du fait des confluences et la
diminution de la charge solide vers l’aval par stockage temporaire dans le chenal ou dans les
lits majeurs ou mineurs, se traduisent par une diminution de la pente du cours d’eau
nécessaire à l’évacuation des flux solides. Il en découle un profil d’allure exponentielle
(Carozza & Delcaillau, 1999). Le profil longitudinal du Rio La Laguna et du Rio Turbio,
répond parfaitement à cette caractéristique.
Les nappes alluviales, pour des raisons génétiques, représentent des paléo-talwegs qui
matérialisent l’état d’équilibre dynamique du système fluvial. Cette géométrie est sous le
contrôle de paramètres exogènes (niveau de base local, eustatisme, climat, charge solide,
vitesse de déformation tectonique et contrôles géomorphologiques) (Merrits et al., 1994), qui
induisent une réponse adaptative de la géométrie du ou des chenaux par ajustements de leurs
variables morphométriques (Schumm, 1977).
L’étude de la géométrie actuelle des profils en long des terrasses alluviales par
extraction sur modèle numérique de terrain (MNT) n’a pu être réalisée en raison d’une
précision horizontale et verticale médiocre. Le relevé a donc été effectué à l’aide d’un
télémètre.
142
- SON ORIGINE
Les observations de terrain ne laissent aucun doute sur le lien qui existe entre le dépôt
sédimentaire de La Laguna et le système de terrasses alluviales que l’on retrouve
immédiatement en aval de celui-ci. En effet, sur le versant Est du Rio La Laguna, sous les
parois rocheuses composées de rhyolites et d’ignimbrites (Formation Escabroso), un vestige
de terrasse subsiste (Fig.55). Son altitude par rapport au sommet du système sédimentaire et
son inclinaison de 25% attestent d’une formation rapide, en réponse à la perte brutale
d’énergie du courant une fois le bouchon morainique incisé. Sous cette terrasse supérieure se
distinguent très nettement trois autres terrasses ; les deux plus basses ne sont visibles que sur
un peu plus de deux kilomètres vers l’aval alors que la troisième dont la hauteur par rapport
au Rio La Laguna est de 29 mètres se retrouve tout au long de la vallée du Rio La Laguna,
puis du Rio Turbio avec une hauteur relative qui tend à diminuer. Par commodité, nous lui
donnerons le nom de terrasse de La Laguna.
La stratification inexistante dans le cône de transition (dénomination employée par
Paskoff) se précise au fur et à mesure que l’on s’éloigne vers l’aval du système sédimentaire
de la Laguna jusqu’à atteindre à plusieurs kilomètres en aval, une esquisse de litage.
Le cône de transition du système sédimentaire de La Laguna se raccorde à la terrasse
située immédiatement à l’aval de cette formation sédimentaire ; c’est ce qui a poussé Paskoff
(1970) à imputer l’origine de cette formation à la période d’avancée glaciaire responsable de
l’édification de la moraine dite de « La Laguna » et que nous appelons système sédimentaire.
Fig. 55- Vestige du cône de transition de La Laguna (Rio La Laguna, 3100 m)
143
Il lui a donc donné le nom de terrasse de La Laguna et dans un souci de clarté, je me permets
de reprendre cette dénomination. L’arrangement du matériel de ce dépôt, c'est-à-dire
l’abondance relative clastes-matrice est de type colmaté en raison d’une porosité très réduite,
les vides interstitiels étant colmatés par de la matrice (diamicton à support matriciel). Les
éléments grossiers de ce dépôt sont jointifs les uns aux autres (clastes jointifs) et l’orientation
de ceux-ci est de type « préférentielle » (relevés vers l’amont). Cette orientation préférentielle
tend à s’accentuer au fur et à mesure que l’on se dirige vers l’aval de notre zone d’étude ;
l’hétérométrie demeure mais l’émoussé progresse (Fig.60). Il n’est pas rare d’observer des
éléments de plus d’un mètre de diamètre à proximité du système sédimentaire. Durant les
premiers kilomètres en aval du système sédimentaire de La Laguna, l’organisation interne du
dépôt évolue en passant d’une absence quasi complète de stratification à une superposition de
diamictons à support matriciel (principalement des argiles, du sable fin et grossier) dont la
taille dépasse parfois la dizaine de mètres de large sur 20 à 50 cm d’épaisseur sans qu’aucun
contact érosif n’ait pu être détecté. Le commandement de la terrasse de La Laguna, conservée
sous forme de lambeaux tout le long de la vallée de La Laguna et du Rio Turbio est de 29
mètres à 3100 mètres d’altitude, il diminue progressivement vers l’aval pour atteindre 5
mètres environ au Sud-est de la zone d’étude.
Dans son acception moderne, le terme de faciès désigne l’aspect global d’un dépôt tel
qu’il est perçu sur le terrain (Walker, 1992). Dans la mesure où nous nous limiterons à la
description des paramètres lithologiques, nous parlerons de lithofaciès. Un faciès n’a pas
d’implication génétique précise ; cependant les études menées dans les environnements
actuels permettent de proposer une relation entre faciès et dynamique sédimentaire. Ces
relations ne sont pas univoques, une même dynamique pouvant donner naissance à des faciès
différents. A l’inverse, un même faciès peut avoir été généré par des processus différents
(Bertran et al., 2004). Afin de pouvoir apprécier au mieux le développement spatial des
différentes strates et de pouvoir en caractériser les milieux de sédimentation, les coupes ayant
servi à l’étude ont été choisies en fonction de leur fraîcheur et de la visibilité de leur base par
rapport au lit majeur actuel.
- DISPOSITION DES TERRASSES ALLUVIALES
Les terrasses alluviales s’observent depuis les têtes de bassin versant jusqu’à proximité
des plaines côtières. Dans notre cas, nous retrouvons effectivement la terrasse de La Laguna
de 3100 mètres d’altitude jusqu’à l’embouchure du Rio Elqui (nom donné au Rio Turbio
après sa confluence avec le Rio Claro situé à l’extrême Sud-ouest de notre zone d’étude.
L’idée selon laquelle le discontinuum longitudinal des terrasses quaternaires est lié à l’activité
érosive des cours d’eau durant le Quaternaire, ne trouve pas ou peu son équivalent dans notre
144
zone d’étude puisque le système de terrasse de la Laguna est visible sur la quasi-totalité des
vallées du Rio La Laguna et du Rio Turbio (Fig.56 et 57)
Fig.56- Croquis du système de terrasses alluviales depuis l’arc externe de la moraine de La
Laguna. Cliché. Houbart. A, Orientation. : Nord-est
145
Fig. 57- Schématisation du lithofaciès de la terrasse alluviale dite de La Laguna, Alt : 1250 m
De part et d’autre du fond de vallée, la terrasse de La Laguna se trouve à des cotes
sensiblement équivalentes ; on parlera donc de terrasses appariées (matched terrace). Cette
dernière est cependant absente des rives concaves en raison de l’action érosive trop
importante lors de la phase de dépôt ou a posteriori. L’absence de terrasse appariée sur
certains segments de notre fond de vallée peut également s’expliquer par la migration
graduelle du cours d’eau vers une seule rive.
Les vestiges de la terrasse de La Laguna se retrouvent de chaque côté du lit actuel du
Rio entre (980 m et 3100 m d’altitude). L’aspect massif de celle-ci dans les premiers
kilomètres à l’aval de la moraine de La Laguna suppose une mise en place lors d’un
évènement de forte énergie avec une période de mise en place assez courte dont il conviendra
d’en estimer l’âge. Il n’a pas été observé de granoclassement inverse avec les clastes les plus
grossiers rejetés au sommet des séquences « floating clast ». L’écoulement à l’origine de la
formation de cette terrasse, même s’il disposait de la puissance nécessaire au déplacement des
rochers de plusieurs mètres cubes de volume, ne possédait pas les caractéristiques d’un
écoulement hyper concentré comme on peut en rencontrer dans les vallées glaciaires à la suite
d’une vidange brutale d’une poche d’eau sous-glaciaire ou d’une intensification de la fonte
glaciaire. La matrice alors principalement constituée de farine glaciaire fait augmenter la
capacité de prise en charge de matériel de la lame d’eau s’écoulant. Rien de tel dans la haute
cordillère de l’Elqui puisque la libération brutale de l’eau engendrée par la rupture du
146
bouchon créé par le système morainique de La Laguna n’aurait pu donner l’ébauche de
stratification à quelques centaines de mètres de la rupture.
En nous basant sur l’analyse lithostratigraphique, il semblerait que près des deux tiers
de la vallée du Rio La Laguna ait été le lieu du déclenchement de laves torrentielles chargées
en matériel morainique avec une mise en place brutale. Ce n’est que quelques kilomètres en
amont du lieu dit Juntas que le faciès de ce dépôt présente des caractéristiques de
remaniement fluvial avec des figures de comblement de chenal et une alternance de bancs de
sable grossier, signe d’une perte d’énergie de l’écoulement depuis le système morainique de
La Laguna.
Le recul nécessaire à l’observation d’indices géomorphologiques permettant de mettre
en avant un éventuel contrôle de la néotectonique sur la morphologie, la sédimentation et la
préservation de cette nappe alluviale quaternaire est impossible à obtenir sur le terrain, c’est
pourquoi, seule une représentation des hauteurs relatives de la terrasse de La Laguna par
rapport au lit actuel du Rio La Laguna et du Rio Turbio nous permettait de pallier à ce
problème. S’il ne fait nul doute que l’inclinaison de la nappe à proximité du barrage de La
Laguna doit son origine à la brusque perte de capacité de prise en charge et de débit lors de la
rupture du dépôt morainique de La Laguna, force est de constater que la morphologie de la
nappe alluvial dans son profil longitudinal ne subit aucune influence notoire de la part de la
néotectonique.
- RESULTATS DES ECHANTILLONNAGES DE TERRAIN
La figure n°57 représente l’évolution du D50 des terrasses en fonction de leur distance
au système sédimentaire de la Laguna. La diminution générale de la taille des grains d’amont
en aval est illustrée par une régression significative avec R²= 0,837 (Fig.58). Ce phénomène
de terrain correspond à l’évolution théorique de la granulométrie le long d’un linéaire de
cours d’eau. Il est à noter qu’en théorie, les résultats peuvent être perturbés par des apports
latéraux.
147
y = -0,1751x + 30,321 R² = 0,8372
0
5
10
15
20
25
30
35
0 20 40 60 80
D5
0 e
n m
m
Distance des échantillons/système sédimentaire de la laguna en km
D50
Linéaire (D50)
Fig. 58 - Evolution du D50 des terrasses en fonction de leur distance à la moraine de la Laguna
Echantillons 1 2 3 4 5
Distance/système sédimentaire de La
Laguna km
1,7 13,1 24,2 42,2 70,5
%fines 27,5 31 10,9 26,8 22,7
D25 19,57 16,09 14,44 15,08 11,8
D50 32,89 26,27 23,8 23,26 18,82
D75 56,41 39,87 42,37 40,04 35,93
So 1,22 0,93 1,16 0,96 1,09
Skewness 0,17 0,06 0,27 0,14 0,27
Kurtosis 1,03 0,92 1,06 0,88 0,92
Tab. 8 - Tableau des résultats granulométriques issus des échantillonnages sur les terrasses
148
Dans le cas présent, le résultat ne permet pas de mettre en évidence les apports
latéraux bien que ceux-ci existent tout le long de la vallée du Rio La Laguna. Nous expliquons
ceci par la localisation des échantillonnages, qui ont été volontairement relevés à la verticale
par rapport au sommet des terrasses. Un échantillonnage réalisé à plat et au sommet des
terrasses aurait très certainement mis en évidence ces apports qui sont ici essentiellement liés
à la thermoclastie.
Contrairement à l’évolution du D50, il n’y a pas d’évolution clairement identifiée pour
le classement. Certes, l’échantillon numéro 1, situé à 1.7 km à l’aval du dépôt de La Laguna a
un sorting index de 1.22 (Tab.8), ce qui suggère un spectre granulométrique varié et bien
étalé, mais les résultats des échantillonnages réalisés plus en aval ne mettent pas en évidence
un tri granulométrique préférentiel.
Le faciès d’accumulation torrentielle se maintient tout au long de la vallée du Rio La
Laguna et du Rio Turbio mais l’usure observée des galets venus de l’amont progresse, les
blocs sont de moins en moins gros, moins nombreux et les lits ou lentilles de sables occupent
une place plus importante. Une courbe granulométrique d’un échantillon de ces sables, établie
par Paskoff (1970) en accumulation rétrograde (Fig.59), recueilli près de Rivadavia à
l’extrême Sud-ouest de notre zone d’étude, révèle une accumulation forcée. La perte
d’énergie du flux ayant entraîné la formation de cette terrasse a provoqué l’immobilisation de
la fraction la moins fine (sables supérieurs à 0.43 mm). L’analyse morphoscopique s’accorde
bien avec cette interprétation : elle montre des grains subémoussés mats dans une proportion
qui, selon les tailles, oscille entre 75% et 100 % ; la catégorie des émoussés n’est pas
représentée (Paskoff, 1970).
Afin de vérifier cette évolution, nous avons analysé les échantillons prélevés pour
l’analyse granulométrique afin d’estimer leur degré d’émoussé, et ce, sur les particules
comprises entre 2 et 15 cm. Plusieurs méthodes d’étude de l’émoussé des cailloux existent
dont celle proposée en 1947 par Cailleux. Cette mesure de l’émoussé qui s’est imposée dans
les pays francophones peut être calculée par le rapport entre le plus petit rayon de courbure r1
(trouvé dans le plan défini par la plus grande longueur mesurable et la plus grande largeur
perpendiculaire au grand axe) et la plus grande longueur mesurable L, le tout multiplié par
2000, soit :
(Cailleux, 1947).
Wadell en 1932 propose une autre méthode de calcule de l’émoussé portant son nom.
Pour chaque caillou, il s’agit de mesurer dans trois plans orthogonaux les rayons de courbure
de tous les angles, c'est-à-dire de toutes les parties du contour dont le rayon de courbure est
égal ou moindre que le rayon du plus grand cercle inscriptible (Pissart et al., 1998). Bien que
très précis, elle demande un temps très long de mesure, c’est pourquoi elle n’a pas été retenue
dans cette étude. En 1941, Krumbein créa un nouvel indice d’émoussé : l’indice d’arrondi qui
porte son nom. Cette méthode a l’avantage de réduire considérablement le temps de mesure
149
grâce à une échelle visuelle présentant différentes images de galets mesurés par la méthode de
Wadell. La mesure d’arrondi de Krumbein résulte d’une simple comparaison du galet avec
des images standards d’émoussé de galets connus. La valeur de l’image d’émoussé la plus
ressemblante lui est attribuée. Cette méthode s’appuyant en partie sur celle de Wadell, il nous
a été nécessaire de définir le plan le plus large possible, la forme générale ainsi que les
irrégularités du contour.
Même s’il paraît évident que les mesures de la longueur et du plus petit rayon de
courbure, qu’implique la méthode préconisée par Cailleux (1947), sont précises et, en tout
cas, meilleures qu’une estimation de ressemblance entre un caillou considéré et une forme
donnée sur une figure. De nombreuses mesures réalisées par des groupes d’étudiants ont
permis de mettre en avant le fait que les valeurs obtenues par différents expérimentateurs, se
rapprochent beaucoup plus les unes des autres que celles que les mêmes personnes trouvaient
par la mesure de Cailleux (Pissart et al., 1998).
La valeur finale de l’émoussé de la formation est représentée par la moyenne des
valeurs obtenues par tous les cailloux. Les résultats sont donnés figure n°59. L’indice
d’émoussé augmente très rapidement depuis le barrage de La Laguna jusqu’à la confluence
entre le Rio La Laguna et le Rio Toro (Juntas). En effet, celui-ci passe de 0.13 (Ech n°5) à
0.48 (Ech n°3) avec une faible évolution de la part des éléments anguleux dans les
échantillons sélectionnés. Sur les 15 premiers kilomètres à l’aval du barrage de La Laguna,
celle-ci passe de 87% à 75% ; la fraction granulométrique ayant obtenu la classification de
sub-arrondis suit la même évolution avec un passage de 0% à 16%. Il faut attendre
l’échantillon n°3 pour observer les éléments granulométriques classés dans la catégorie des
arrondis de façon conséquente, avec une part de 26%. Il est à noter que les éléments anguleux
ne disparaissent pas complètement des échantillons puisqu’ils sont présents dans l’échantillon
n°1. Ceci peut s’expliquer à la fois par les apports de débris de versants remaniés soit par des
coulées sèches, des coulées de débris ou simplement par chute depuis le lieu de détachement,
mais également par les apports alluviaux des quebradas adjacentes.
Fig.59- Courbe des fréquences cumulées d’un échantillon
de la terrasse alluviale La Laguna (Paskoff, 1970)
150
Fig. 60- Localisation des échantillons ayant servis au calcul de l’émoussé selon la méthode de Krumbein
151
Même si cette terrasse de La Laguna est la mieux préservée des terrasses alluviales
que nous avons pu observer dans la cordillère de l’Elqui, celle présente dans le Rio Toro
présente en certains endroits des figures de déformation témoignant d’une activité plus intense
qu’aujourd’hui et tout aussi bien préservée.
B/ LA TERRASSE ALLUVIALE DU RIO TORO
D’orientation Nord-est, Sud-ouest, le Rio Toro a une bande active beaucoup moins
large que celle du Rio Laguna ou du Rio Turbio. Son cours est marqué par de brusques
coudes dans sa partie aval. Les rétrécissements sont nombreux et donnent naissance à la
formation de Llanos ou plaines d’épandage dont la faible inclinaison favorise le maintien
d’une certaine humidité et dans les parties les plus étroites de la vallée, il n’est pas rare
d’observer des cônes d’éboulis modifiant le cours du Rio.
Le fond de cette vallée est périodiquement façonné par les crues qui se déclenchent au
début de l’été lors de la phase de fonte des neiges. En effet, durant notre mission de terrain en
février 2009 nous avons pu observer des dépôts alluviaux caractéristiques d’une mise en place
par un écoulement en tresse. Cette formation s’est développée au débouché d’une portion de
la vallée du Rio Toro étroite. L’écoulement rencontrant une largeur plus conséquente peut
s’étaler et avulsionner au gré des apports hydriques fluctuants (Photo. 26). C’est à l’amont de
la confluence entre la vallée du Rio Toro et la vallée de Vacas Heladas qu’il est possible
d’observer les vestiges d’une terrasse alluviale dont la hauteur moyenne par rapport au cours
d’eau actuel est de 6 mètres environ. Elle présente un degré d’émoussé important dans son
ensemble et un granoclassement inverse uniquement visible sur les rares coupes franches
(Photo. 27).
152
C’est également immédiatement à l’amont de la confluence entre la vallée du Rio Toro
et celle de Vacas Heladas qu’il nous a été possible d’observer une coupe sur le versant Est
composée de sédiments fluvio-lacustres (photo.29).
Photo. 26- dépôts alluviaux mis en place au début de l’été 2008. Le versant affecté par l’altération
hydrothermale a été lessivé et les colluvions ont été piégés dans les dépressions créées par les avulsions du
cours d’eau vers sa position actuelle sur la photo. GPS: 29°57’06.25’’ S 70°04’36.02’’ W, Cliché: Houbart A, Alt:
2230m
Photo. 27- Terrasse alluviale du Rio Toro marquée par un granoclassement inverse. Cliché : Houbart. A
153
La très faible proportion de sables grossiers et de graviers permet d’attester d’une mise
en place dans des conditions de faible énergie. Ces conditions de mise en place ont pu exister
lors de la mise en place du cône alluvial du Rio Vacas Heladas que l’on distingue sur la droite
de la photo n° 28. Ce type d’obturation s’est au moins produit à deux reprises puisque nous
avons pu observer une deuxième séquence plus en amont (Fig.61). Cette dernière est affectée
par un système de micro décrochements provoqués par l’arrivée brutale de matériel alluvial
dont la traduction en termes de réponse à un éventuel changement de conditions climatiques
est difficile à appréhender. De la matière organique était présente mais en raison de la
difficulté d’échantillonner une quantité suffisante sans contamination, nous avons décidé de
ne pas tenter de datation, le coût inhérent étant trop important. Il aurait alors été possible de
déterminer approximativement l’âge de cette brusque augmentation du débit du Rio Toro et
ensuite de le transposer au calendrier paléoenvironnemental connu dans la région. Nous
aurions pu également attester ou nom de la contemporanéité de cet apport avec la mise en
place de la terrasse de La Laguna.
La déformation de cette séquence aurait très bien pu se produire après la mise en place
du matériel alluvial suite à une secousse sismique mais l’absence de déformation dans le
matériel alluvial atteste d’une déformation au moment de la surimposition. Ce dépôt pourra
sans nul doute apporter des résultats intéressants dans le cadre d’une étude pouvant prendre le
risque d’une datation peu fiable. Ces zones d’accumulation sédimentaire du Rio Toro ne sont
pas les seules de notre zone d’étude puisque de nombreux affleurements sont visibles dans la
vallée du Rio Turbio plus en aval.
154
Photo.28- élargissement du fond de vallée à la sortie d’un coude et présence du cône alluvial du Rio Vacas
Heladas sur la droite. Prise de vue vers le Nord. Cliché Houbart. A
Photo.29- dépôts fluvio-lacustres sur la rive Est du Rio Toro. GPS: 29°55’50’’ S 70°04’04’’ W Cliché: Houbart. A, alt: 2351
m
157
CHAPITRE 5
LE COURS MOYEN DU RIO ELQUI ENTRE JUNTAS ET RIVADAVIA
Depuis Juntas, confluence entre le Rio Toro venu du Nord, Nord-est et le Rio La
Laguna venu du Sud, prend naissance le Rio Turbio d’orientation Nord, Nord-ouest. Ce site
de jonction revêt un intérêt tout particulier de part la présence de formes et de dépôts dont
l’analyse permet d’affiner la chronologie du transit sédimentaire depuis la transition
Pléistocène-Holocène. On y trouve également au débouché des quebradas affluentes, des
cônes de déjection très bien développés et parfaitement conservés. Leur ampleur significative
est à l’origine de phénomènes de blocage plus ou moins temporaires ayant donné naissance à
des accumulations sédimentaires en amont que nous allons étudier et tenter de caler
chronologiquement. Cette portion de vallée est caractérisée par une adaptation du lit de la
rivière aux accidents cassants ce qui sur le terrain se manifeste par des coudes brusques.
L’encaissement est important et les versants très raides sont le lieu de dynamiques gravitaires
très bien développées en certains endroits, le long de couloirs d’éboulis qui participent à
l’évolution et au recul des versants. Les parois rocheuses connaissent également un recul, plus
lent certes qu’il nous été possible de quantifier.
Ce chapitre s’attachera donc à analyser les formes et les formations déconnectées des
conditions environnementales actuelles et par conséquent, témoins des vicissitudes
quaternaires avant de développer et quantifier les dynamiques actives. La description et la
datation des dépôts permettront de proposer un scénario d’évolution du relief, et ce, de façon
synchrone ou asynchrone avec les phases climatiques plus ou moins bien délimitées par les
études existantes.
158
5.1 LES FORMES ET FORMATIONS TEMOINS DE CONDITIONS PASSEES
5.1.1 LES CONES DE DEJECTION
« Quiconque suit le cours d’eau a le regard immédiatement attiré par de grandes constructions qui
encombrent le couloir fluvial au débouché des quebradas » (Paskoff, 1970, p. 161)
Nous entendons par cône de déjection, une accumulation détritique en forme
d’éventail déposée par un torrent ou une rivière torrentielle au pied des reliefs, dans une vallée
ou un bassin. En raison de la diminution de la pente, de la réduction consécutive de la vitesse
des écoulements et de la possibilité qu’a le lit de divaguer latéralement, la puissance des
écoulements chute brutalement et les matériaux transportés sédimentent (Bertran et al., 2004).
Bien que communs dans les régions montagneuses arides (Harvey, 1997), on les
retrouve sous toutes les latitudes, en arctique (Boothroyd & Nummedal, 1978), en milieu
Fig. 62- localisation de la zone intitulée cours moyen du rio Elqui
159
tempéré (Kochel, 1987) ainsi que dans les environnements tropicaux humides (Kesel &
Spicer, 1985). Essentiellement édifiées de manière spasmodique, par des événements
sédimentaires de temps de retour élevé séparés par des périodes de faible activité pendant
lesquelles la morphologie évolue peu. En effet, d’imposants corps sédimentaires inactifs pour
la plupart d’entre eux, jalonnent les vallées du Rio Turbio, de la Laguna et du Rio Colorado
mais c’est dans la vallée du Rio Turbio sous 2100 mètres d’altitude qu’ils sont les plus
développés et qu’ils ont joué un rôle primordial dans la cascade sédimentaire que nous tentons
de reconstituer. Ils se rencontrent également plus en aval de notre terrain d’étude puisqu’on
les retrouve jusqu’à l’embouchure du Rio Elqui située à La Serena.
Leur variabilité morphologique est importante et reflète leur adaptation aux variations
des facteurs qui les contrôlent. Leurs tailles et leurs morphologies nous amènent à s’interroger
sur leurs relations avec les bassins de réception en amont pourvoyeurs de matériel.
A/ ETROITE CORRELATION AVEC LEURS BASSINS VERSANTS
La grande variabilité dans la superficie des bassins versants, de leur pente, de la
lithologie et de l’espace disponible en fond de vallée et nécessaire à leur extension nous ont
conduits à émettre certaines hypothèses sur d’éventuelles relations entre les facteurs
d’évolution intrinsèque et la morphométrie des cônes observés. Pour ce faire, les
caractéristiques des bassins versants et de leurs bassins versants ont été confrontées.
Les bassins versants étudiés ont des superficies très variables, entre 0.8 et 54.76 km2.
Leurs altitudes à l’exutoire varient de 975 à 3942 m et les altitudes maximales atteintes sont
comprises entre 2021 et 5961 m. De telles fluctuations des facteurs intrinsèques engendrent
inévitablement des modifications dans la construction du cône de déjection situé à l’exutoire.
Notre échantillon se compose de 21 cônes de déjection et par conséquent d’autant de
bassins versants.
Plusieurs travaux ont exploré les relations entre les caractéristiques morphologiques du
bassin de réception et celles du cône de déjection (Bull, 1964 ; Harvey, 1989 ; Lecce, 1991 ;
Brochot & Lorenzo, 2004). Afin d’étudier ces relations dans la haute cordillère de l’Elqui, il
nous a été nécessaire de réaliser une matrice des corrélations linéaires entre les variables
considérées (Tab.9).
Il en ressort une corrélation approximativement linéaire de la surface des cônes étudiés
avec celle des bassins de réception. La corrélation est ici de 70%, ce qui correspond à une
relation classique entre ces deux variables. Même si cette relation est significative, sa
faiblesse « relative » trouve son explication par le fait que la largeur disponible dans le cas de
la haute cordillère de l’Elqui, paramètre indépendant de la morphologie des bassins versants,
limite dans plusieurs cas, l’expansion des cônes.
160
La pente moyenne des cônes de déjection montre une corrélation négative (-49%) avec
la superficie des bassins versants et une corrélation positive avec la dénivelée spécifique
(54%).
La largeur disponible en fond de vallée montre une corrélation négative (-49%) avec la
pente moyenne des cônes de déjection. Cela peut s’expliquer par le fait que la totalité des
cônes de déjection de la cordillère de l’Elqui étudiés ont été sapés par le ruissellement ;
affectant en premier les parties avales des cônes, là où la pente est la plus faible ce qui
pourrait engendrer une augmentation des pentes moyennes. La corrélation atteint les (66%)
entre la largeur disponible en fond de vallée et la superficie des cônes de déjection. Le test de
significativité donne un résultat de 3.87 ce qui est significatif. L’explication est à trouver
également dans l’action morphogène des cours d’eau des vallées principales. La corrélation
est excellente entre la longueur de la bissectrice des cônes de déjection et la largeur disponible
en fond de vallée (96%) ce qui révèle que dans de nombreux cas, les cônes de déjection
occupent pratiquement la totalité de l’espace disponible de fond de vallée (Fig.63).
Des études précédentes (Jackson et al., 1987, Marchi et al., 1993) ont montré que de
simples indices morphométriques qui expriment la pente du cône de déjection et du bassin
versant peuvent donner d’utiles indications sur la typologie des processus torrentiels (laves
torrentielles, transport solide par charriage) à l’exutoire des bassins versants de montagne
(Brochot & Lorenzo, 2004).
Nous allons maintenant étudier la relation entre la dénivelée spécifique des bassins
versants et la pente des cônes de déjection. Jackson et al., (1987) dans trois zones d’étude
dans les Montagnes Rocheuses du Canada sont parvenus à une classification des cônes de
déjection en deux classes (cônes à charriage et à laves torrentielles) sur la base des
observations géomorphologiques et sédimentologiques et ont observé que ces deux groupes
occupaient des zones différentes dans un graphique qui représentait la pente du cône de
déjection en fonction de la dénivelée spécifique du bassin versant (Brochot & Lorenzo,
2004).. Nous allons tenter de réaliser la même démarche sur les cônes de déjection de la haute
cordillère de l’Elqui.
Les 21 cônes de déjection étudiés sont représentés graphiquement par un nuage de
points suivant la relation, pente moyenne des cônes de déjection en fonction de la dénivelée
spécifique (Fig.64). La répartition des cônes sur le graphique met en avant deux ensembles
assez bien distincts que sont les cônes de déjection qui sont ou ont été soumis à des
dynamiques de coulées de débris dont la dénivelée spécifique de leurs bassins versants est
généralement inférieure à celle des bassins versants où domine une dynamique de coulées de
slush au-dessus de 3000 m. Notons le coefficient de corrélation de 0.81 entre la pente
moyenne des cônes et la dénivelée spécifique de leurs bassins versants.
161
La pente moyenne des cônes de déjection affectés par les coulées de slush est de 29°
contre 24° pour ceux situés sous 3000 m d’altitude. Malgré l’éloignement géographique des
deux populations échantillonnées et de la différence notable de la largeur disponible en fond
de vallée (1048 m dans la vallée du Rio Turbio contre 359 m dans celle du Rio Colorado), la
différence de pente moyenne des cônes n’est pas marquée entre les deux populations. Cette
caractéristique permet de mettre en avant la signature géomorphologique des coulées de slush
sur les cônes présents dans la vallée du rio Colorado.
La détermination des processus en œuvre ou ayant affecté les divers cônes de déjection
étudiés s’est faite sur le terrain par observations géomorphologiques et sédimentaires et ont
été réalisées a posteriori.
Nous pouvons tirer comme enseignements de cette étude, que la faible corrélation
(toute relative, 70%) entre la superficie des cônes de déjection et celle des bassins versants
s’explique par les contraintes topographiques dues à la largeur des vallées principales, qui est
souvent faible et contraint l’expansion des cônes de déjection. L’utilisation de la superficie du
cône de déjection comme indicateur d’érosion et de la production de sédiments du bassin
amont s’avère par conséquent difficile.
163
R² = 0,8154
0
10
20
30
40
50
60
70
80
0 0,5 1 1,5 2
pe
nte
mo
yen
ne
cô
ne
s
Dénivelée spécifique
Coulées de débris
Coulées de slush
Linéaire (Coulées de débris)
.
y = 1,0539x + 105,03 R² = 0,9303
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
0 500 1000 1500 2000
Larg
eu
r d
isp
on
ible
(m
)
Longueur bissectrice (m)
Fig. 63- Nuage de points reflétant la relation largeur disponible en fonction de la longueur
de la bissectrice des cônes
Fig. 64- Graphique en nuage de points reflétant la relation pente moyenne des cônes de déjection
avec la dénivelée spécifique de leurs bassins versants
164
B/ L’IMPACT DU CLIMAT SUR LES CONES DE DEJECTION
De nombreuses études ont démontré que les variations climatiques jouent un rôle
majeur dans l’évolution des cônes de déjection, dans la mesure où elles agissent à la fois sur
la production de débris au niveau du bassin versant et sur les écoulements par le biais des
précipitations. Ce rôle permet notamment d’expliquer le synchronisme des principales phases
de morphogenèse observées sur des cônes situés dans des régions éloignées les unes des
autres. On attribue ainsi l’incision quasi-générale des cônes de déjection pléistocènes sous les
moyennes latitudes de l’hémisphère nord au passage vers 13 000 ans B.P du climat
périglaciaire relativement aride qui régnait jusqu’alors au climat tempéré actuel, changement
qui a entraîné une diminution drastique de la production détritique sur le bassin versant
(Bertran et al., 2004). Par contre, à une échelle de temps inférieure à quelques siècles, la mise
en évidence des variations du climat dans l’édification des cônes de déjection reste difficile à
déterminer sans ambiguïté. En effet, les événements qui jouent un rôle morphogénique
important ont généralement un temps de récurrence élevé ; distinguer ce qui relève de la
statistique de la distribution dans le temps de ces événements, de ce qui revient aux
fluctuations climatiques est alors un exercice périlleux lorsqu’on ne considère l’évolution
d’un cône que sur une courte durée (Bertran et al., 2004).
Dans l’hémisphère sud et en particulier dans la région du Norte-Chico, c’est à partir de
11,6 +/- 1,2 ka B.P que commence le recul rapide des glaciers de la région (Zech, 2006b), une
phase moins froide et plus humide s’installe alors et devient favorable au développement des
cônes de déjection que nous venons de décrire (Veit, 1996). En se référant à la datation
relative de la mise en place du cône de déjection El Calvario que nous avons réalisée
précédemment et que nous avons estimée à environ 10900 ans B.P, notre résultat semble en
cohérence avec la période décrite par Veit (1996). A l’exception des cônes présents dans la
vallée du Rio Colorado et qui sont encore actifs, les grands cônes de déjection de la vallée du
Rio Turbio sont contemporains de cette période.
165
5.1.2 LE CONE DE DEJECTION EL CALVARIO
Paskoff (1970) a émis l’hypothèse d’une obturation totale de la vallée du Rio Turbio
ayant provoqué la formation d’une accumulation fluvio-lacustre en amont et ce, sur plusieurs
kilomètres. Cette idée n’est restée qu’à l’état d’hypothèse, c’est pourquoi il nous est apparu
nécessaire d’étayer ces propos afin de valider ou non un tel scénario.
A/ ANALYSE GRANULOMETRIQUE
L’analyse granulométrique du dépôt révèle une très grande proportion d’éléments
anguleux de taille supérieure ou égale à 20 mm de diamètre puisqu’ils représentent
pratiquement 40 % de l’échantillon prélevé. L’absence de classement particulier, d’orientation
préférentielle du matériel dans le dépôt et un aspect massif avec une intercalation de lits
argileux sont autant d’éléments nous permettant de qualifier ces dépôts comme étant la
résultante de laves torrentielles. Les résultats sont exprimés en pourcentage sur 100 % de la
fraction inférieure à 20 mm. Cette limite de 20 mm peut paraître arbitraire, car elle ne prend
pas en compte la charge grossière. Toutefois, les études sur la rhéologie des laves torrentielles
montrent que le comportement des écoulements est majoritairement guidé par la matrice et
non par les débris ou blocs qu’elles transportent (Remaître et al., 2002). Lors du
déclenchement et de la propagation d’une lave torrentielle, deux zones particulières
Photo. 30- Cône de déjection El Calvario à l’origine de l’obturation de la vallée du Rio Turbio.
Emboîtement d’un second cône de déjection à la sortie du chenal creusé par le cours d’eau dans un
affleurement rocheux. Cliché : Houbart. A, Alt : 1860 m
166
s’individualisent de l’amont vers l’aval du bassin versant. Ces zones libèrent l’essentiel des
éléments qui alimentent la lave : la (ou les) zone(s) de départ où le phénomène se déclenche,
et la (ou les) zone(s) de contribution qui fournit du matériel supplémentaire pendant la
propagation (Remaître et al., 2002). Il est couramment admis que les laves torrentielles se
produisent à la suite de la remobilisation par le torrent, de terrains déstabilisés provenant
majoritairement des berges, du lit et des versants adjacents (Takahashi, 1991) dans (Remaître
et al., 2002).
Selon la constitution granulométrique de la matrice de la lave (éléments inférieurs à 20
mm), il est possible de distinguer clairement deux grands types d’écoulements : les laves à
matrice cohésive et les laves à matrice granulaire (Bonnet-Staub, 1998). Le faible taux de
limons (éléments inférieurs à 0.1 mm) 11% du poids total de l’échantillon atteste dans le cas
présent d’une mise en place par écoulement de laves torrentielles à matrice granulaire.
L’absence de zones source parfaitement délimitables et les indices de terrain sont favorables
au développement d’un scénario d’une accumulation du matériel par éboulisation ou coulées
sèches dans le fond de vallée. La mise en mouvement et le transport de ce matériel
provisoirement stocké se produit par la survenance d’un élément perturbateur.
L’observation des coupes stratigraphiques réalisées sur le front du cône de déjection El
Calvario nous permet d’apprécier la succession verticale qu’il est possible de deviner malgré
l’aspect chaotique général mais également la distribution latérale des dépôts situés dans la
partie distale (photo.31).
De chaque côté du chenal central actuel, les coupes transversales mises à nue par
l’action de sapement du Rio Turbio, laissent apparaître une succession verticale de laves
torrentielles. Chaque strate Gms (conglomérat massif) est délimitée de la suivante par une
zone de transition composée de graviers, de sables et de limons au tri plus développé, mise en
place par un charriage torrentiel. Leur couleur plus claire permet la visualisation de leur
inclinaison de part et d’autre du chenal central incisé dans un affleurement rocheux granitique
(Photo.30). Il est rare d’observer sur les coupes disponibles, le recoupement de deux niveaux
alluvionnaires qui pourrait marquer la délimitation latérale de l’extension d’une lave
torrentielle. Par conséquent, les laves torrentielles étaient assez puissantes pour s’étaler sur
des épaisseurs supérieures au mètre et se développer latéralement sur des distances au moins
égales à la moitié de la largeur du cône originel. Il nous est possible par contre d’observer ici
comme sur la grande majorité des cônes de déjection, des lentilles diamictiques planes
d’extension plurimétrique formées par les lobes frontaux, dont l’épaisseur va de quelques
centimètres à plus d’un mètre dans le cas présent. La stratification se matérialise par des
variations verticales de la concentration en cailloux, qui reflètent l’empilement de coulées
distinctes et partiellement fusionnées ou éventuellement une succession de bouffées plus ou
moins chargées au cours d’un même évènement.
167
Photo. 31- vue de profil du front du cône de déjection El Calvario. Variations de teintes entre chaque
coulée attestant d’apports moins chargés en matériel en fin d’écoulement. GPS : 29°57’15’’S 70°11’11’’W.
Cliché : Houbart. A, Orientation : Nord-est
Fig.65- Courbe des fréquences cumulées de l’échantillon (ElcaldepV)
Fig. 66- Refus de la colonne à tamis de l’échantillon (ElcaldepV)
168
B/ HYPOTHESE DE MISE EN PLACE
Comme nous l’avons déjà dit, la quebrada El Calvario, d’orientation Nord-sud, a sa
confluence perpendiculaire avec le Rio Turbio. Au débouché de celle-ci, un cône de déjection
d’une hauteur de 32 mètres par rapport au lit mineur actuel s’est développé et a effectivement
obturé la vallée puisqu’il est possible de distinguer sur le versant opposé à la quebrada El
Calvario, des vestiges de dépôt identiques dans leurs caractéristiques à ceux du corps
principal du cône. Ces dépôts sont perchés à une hauteur de 17 mètres au-dessus de la terrasse
alluviale La Laguna (photo.32). La terrasse alluviale se trouvant à une hauteur de 15 mètres
au dessus du lit mineur actuel, il nous est possible d’estimer la hauteur atteinte par le cône de
déjection lorsqu’il est venu obturer complètement la vallée du Rio Turbio à environ 35 mètres
(Fig.67).
Photo.32- dépôt du cône de déjection
El Calvario plaqué contre le versant sud
opposé à la quebrada El Calvario. Cliché
pris depuis la terrasse fluvio-glaciaire de la Laguna.
Houbart. A, Orientation Est.
Fig. 67- Profil transversal de la vallée du
Rio Turbio à 1860 m d’altitude. Cliché tiré
de Google Earth.
169
Afin de déterminer le mode de mise en place de ce cône de déjection, nous nous
sommes rendus en amont de celui-ci en remontant les quelques centaines de mètres
accessibles dans la quebrada El Calvario. L’utilisation des photographies aériennes et de
Google Earth nous laissait penser à une mise en place liée à un effet chasse-d’eau à la suite de
la rupture d’un bouchon sédimentaire constitué au pied d’un système de couloirs d’éboulis
favorable à une telle concentration de matériel. Les observations de terrain ne vont pas en ce
sens dans la mesure où nous n’avons pu identifier d’anciennes cicatrices de point de départ du
matériel accumulé.
La pente moyenne de ce bassin versant est de 29.5 % ce qui dans le cadre d’une
accumulation en amont d’un bouchon sédimentaire aurait engendré la rupture de celui-ci
avant même que les débris provenant des versants aient eu le temps de s’accumuler jusqu’à
combler la totalité du fond du chenal jusqu’à une altitude de 3000 mètres environ. Le
comblement ne s’est produit que dans un seul chenal du bassin versant El Calvario dans
lequel les affleurements de la formation Pastos Blancos, composés principalement de brèches
sont plus sensibles à la gélifraction et à la thermoclastie que les affleurements présents dans le
chenal Est du bassin versant El Calvario composés de granodiorites et de monzogranites à
biotite et à muscovite appartenant à la formation Cochiguás. En effet, aucune trace de
comblement ayant abouti à la formation d’une banquette ou terrasse après remobilisation et
incision lors de l’évacuation du matériel n’est visible sur les photographies aériennes (Fig.66).
A contrario, le chenal Ouest de la Quebrada El Calvario comporte de nombreux
vestiges de terrasses correspond au niveau maximal atteint par l’épaisseur de dépôt, et ce, sur
les deux tiers de sa longueur (Fig.69).
Le versant ouest du bassin versant El Calvario où la dynamique d’acheminement des
matériaux s’effectue par éboulisation le long de couloirs d’éboulis à l’origine de cônes
coalescents en amont du bassin versant. Cette accumulation sédimentaire a ensuite été
remobilisée lors de l’événement morphogénique à l’origine des terrasses.
170
Fig. 69- Amont du cône de déjection El Calvario. Notons que le cours du Rio venant du Nord-est a été
détourné lors de la mise en mouvement du matériel évacué puisque l’arrête sommitale rocheuse délimitant
les deux chenaux principaux de ce bassin hydrographique peu hiérarchisé s’enfonce sous le matériel
remobilisé qui lors de son dépôt, a comblé l’ancienne confluence probable en édifiant un niveau de base
dans la continuité de l’arrête. La confluence est ainsi repoussée d’environ 800 mètres. Le Rio venant du
Nord-est ayant un faible débit, il n’a encore pu inciser entièrement la terrasse mise en place afin de
retrouver son niveau de base originel.
Fig. 68- extrait de la photographie aérienne n°016468 sector 23, SAF 2000 GEOTEC Vicuña 1/50000 sur
laquelle il est possible d’apercevoir les couloirs de coulées de débris très bien développés ainsi que les
banquetttes de comblement en fond de vallée
171
5.1.3 LES DEPOTS FLUVIO-LACUSTRES
Nous avons pu observer certains dépôts fluvio-lacustres qui n’avaient pas été décrits
par Paskoff (1970). Plus localisés que les dépôts d’origine fluviatile que l’on rencontre de
chaque côté de la bande active depuis l’extrême Nord-ouest de notre zone d’étude jusqu’à
3100 mètres d’altitude, ces dépôts se situent dans la vallée du Rio Turbio entre La Quebrada
El Calvario et le lieu dit Juntas (Fig.70).
Les dépôts décrits par Paskoff (1970) apparaissent sous forme de vestiges plaqués sur
les versants à quelques mètres de hauteur par rapport au niveau du lit mineur actuel, et ce,
immédiatement en amont de la Quebrada El Calvario (Photo.33). Ceux-ci sont observables
jusqu’à Juntas. Les travaux de la route transfrontalière ont amené les engins de terrassement à
utiliser les dépôts de pente comme remblais, ce qui a abouti à la mise à l’affleurement des
dépôts fluvio-lacustres mieux conservés que ceux présents sous forme de lambeaux isolés.
A / CHOIX DES SITES
Cinq sites sont observables depuis la route transfrontalière, immédiatement à l’amont
du cône de déjection de la Quebrada El Calvario. Chacun de ces sites est recouvert en partie
par les débris de versants, ce qui rend difficile l’estimation de la distance entre la coupe et le
pied de versant originel. Ces sites seront nommés : site n°1, 2, 3, 4 et n°5 dans le sens aval-
amont mais seuls les sites n°1 et 2 ont fait l’objet d’une analyse lithostratigraphique (Fig.70).
En effet, les sites n°3,4 et 5 étant en grande partie recouverts de dépôts de pente, ils ne
pouvaient faire l’objet d’une analyse et d’une interprétation représentative des conditions de
mise en place de ces dépôts. Le site n°4 avait été échantillonné par Oyarzun et al., (2003) afin
d’en estimer l’âge, il s’agissait jusqu’à ce que nous obtenions les premiers résultats de la
première datation au 14
C dans la vallée. En ce qui concerne le site n°5, celui situé le plus en
amont du cône de déjection El Calvario, il a pu faire l’objet d’un échantillonnage pour
datation dans une strate très riche en matière organique.
La hauteur relative du sommet de ces affleurements par rapport au lit actuel du Rio
Turbio est source d’enseignement sur les modalités de leur mise en place. En effet, leurs
hauteurs diminuent de l’aval vers l’amont, passant de 33.20 m pour le site n°1 à 17.30 m pour
le n°2. Ces mesures permettront de conforter notre interprétation sur les modalités de leur
mise en place.
172
Photo. 33- Vestiges fluvio-lacustres plaqués sur le versant Nord du Rio Turbio, au-dessus du niveau actuel du
Rio Turbio (15m). Cliché : Houbart. A Alt : 1850 m
Fig. 70- Localisation des séquences fluvio-lacustres rencontrées le long du Rio Turbio entre la Quebrada El
Calvario et Juntas. Il est à noter que ces séquences sont visibles grâce au déblaiement anthropique et qu’il
demeure des dépôts encore piégés sous les dépôts de pente.
173
B/ ANALYSE ET INTERPRETATION DU SITE FLUVIO-LACUSTRE N°1
Le site n°1 se situe immédiatement en amont du cône de déjection formé à la sortie de
la Quebrada El Calvario (Fig.70). Cet affleurement est visible sur une hauteur de 26 mètres si
l’on prend comme base la route nous permettant d’y accéder. Cette dernière se situe à 7.50
mètre au-dessus du lit actuel du Rio Turbio, la hauteur totale du dépôt est donc d’environ 33
mètres. Les écoulements provenant de la quebrada dans laquelle nous nous trouvons ont
permis l’incision de ce dépôts et par voix de conséquence, la mise à nue d’affleurements de
façon longitudinale par rapport à la quebrada. L’orientation de cette quebrada étant Sud-nord,
les coupes observées sont perpendiculaires à la vallée du Rio Turbio. Les conditions de terrain
ne nous ont pas permis d’observer et d’analyser la séquence en une seule unité ; trois
séquences ont pu être délimitées, chacune d’elle étant séparée de l’autre par un replat. Le
décalage dans l’observation de ces séquences est illustré sur la figure n°71.
174
Photo.34- Base du dépôt, (Site n°1), présence facilement observable de matière organique par sa
couleur noirâtre. Cliché : Houbart. A, Orientation : Sud-ouest
Photo.35- Sommet du dépôt fluvio-lacustre n°1 depuis le sommet du cône de déjection El Calvario.
Cliché : Houbart. A, Orientation : Sud-est.
176
Aucune inclinaison notable n’a pu être mesurée, en effet, cette séquence se caractérise
par une stratification parallèle sur la quasi-totalité de sa hauteur. Nous parlerons ici de
laminations parallèles pour les strates inférieures de la séquence puisque constituées
principalement d’argiles et de sables fins. Ce site est constitué d’une alternance d’unités mises
en place dans un environnement calme, favorable à la décantation. Des rythmites
reconnaissables par leur épaisseur inférieure au millimètre et par leur alternance de couleur
clair à foncée sont observées. Parmi les rythmites saisonnières, les varves déposées en milieu
lacustre sous des conditions périglaciaires sont le plus souvent contrôlées par la fonte des
glaciers, leur origine est donc très certainement similaire ici. Ces strates Fl ou Fsm sont
intercalées par des accumulations de matière organique. Les surfaces limites (discontinuités)
sont franches ce qui traduit un arrêt et une reprise assez rapide des conditions de
sédimentation.
La partie basse de la séquence est composée d’une succession de lits plans sur plus
d’un mètre de hauteur dans lesquels aucune trace de système racinaire ni de figure de
surcharge n’est visible. Le passage à l’unité surincombante est matérialisé par la présence
d’une strate noirâtre de plus de 3 centimètres d’épaisseur composée de matière organique
(présence de morceaux de bois). C’est dans cette strate que nous avons effectué un
prélèvement afin de dater ce dépôt (Fig.71). Sur plus de 80 cm, se sont superposées plusieurs
couches très riches en matière organique, signe d’une interruption ou d’un ralentissement
durable des apports argilo limoneux en lien avec une période plus sèche ayant limité les
précipitations. Cette alternance de strates Mo (Matière organique) et de Fm, Fsm se poursuit
de façon plus régulière dans la partie supérieure de la séquence et se termine par une strate
Mo dans laquelle nous avons également réalisé un échantillonnage pour tenter de dater ce
dépôt et ainsi pouvoir estimer au mieux les dernières phases de sédimentation à l’arrière du
cône de déjection El Calvario.
La séquence est interrompue à cinq reprises par l’intercalation de strates identifiées
Gms en raison de son aspect massif contenant des débris anguleux et de la rapidité de leur
mise en place attestée par le contact brutal observé avec les strates sous-jacentes. Le matériel
d’origine autochtone est composé de diorites et granodiorites à gros grains appartenant à la
formation Huanta. Il n’existe aucun doute sur l’origine de ces dépôts que nous identifions
comme des débris flows provenant de la quebrada elle-même.
Le sommet de la séquence comporte une strate composée de sables moyens à fins sans
aucun agencement particulier mais d’une très bonne homogénéité granulométrique,
correspondant en tout point aux dépôts éoliens que l’on rencontre le long de la vallée du Rio
Turbio. Le vent violent durant la journée est en effet favorable au transport des éléments les
plus fins ; leur accumulation se fait ensuite dans des sites où la perte d’énergie du flux éolien
permet leur accumulation. L’encaissement et la situation de proximité d’un coude réalisé par
177
le Rio Turbio est favorable à l’accumulation de ces sédiments. Il est à noter que cette
accumulation située à plus de 28 mètres au-dessus du niveau actuel du Rio Turbio, est
intercalée entre deux coulées de débris dont celle supérieure a une inclinaison d’environ 15 °
(Fig.71). Cette dernière est venue recouvrir le dépôt éolien sous-jacent en épousant sa
terminaison en biseau. Elle constitue également la strate supérieure de cette séquence fluvio-
lacustre et par conséquent, l’arrêt de la sédimentation.
Cette localisation du site et l’absence de toute trace d’une telle accumulation plus en
aval nous amène à nous poser la question de cette mise en place.
- DATATION DU DEPOT
La datation de la séquence fluvio-lacustre de ce site n°1 est fondamentale afin de
pouvoir délimiter le plus précisément possible la période durant laquelle la vallée du Rio
Turbio s’est ennoyée et comblée. Une datation au 14
C réalisée par (Oyarzun et al., 2003), dans
les dépôts du site n°4 (Fig.70) donne un âge de 9640 ans B.P +/- 40 ans. Oyarzun et al.,
(2003) ont également attesté de la présence d’une forte concentration d’arsenic dans ce dépôt
par rapport aux concentrations trouvées dans les sédiments alluviaux contemporains. Ceci
peut s’expliquer de deux manières :
- le comblement en amont du cône de déjection El Calvario et la sédimentation en
résultant ont été propices à l’accumulation de l’arsenic dans les dépôts ne bénéficiant plus du
courant suffisant à son transport.
- Probable période plus humide ayant favorisé l’apparition de précipitations sur la
partie Nord-est de notre zone d’étude, là où la présence d’arsenic d’origine naturelle est
aujourd’hui combinée avec des rejets liés à l’exploitation minière. Les précipitations ont pu
favoriser le drainage des zones d’altération hydrothermale et ainsi engendrer une
accumulation.
Nos deux échantillonnages ont été réalisés à la base et au sommet de la séquence
fluvio-lacustre afin d’estimer la vitesse de comblement de la plaine alluviale Llanos. Le
premier échantillon donne un âge de 9600 +/- 50 BP (11170 à 10740 cal B.P) (cf. Annexe
n°1) et le second qui déterminera approximativement l’arrêt de la sédimentation révèle un âge
de 2600 +/- 40 B.P (2770 à 2710 cal B.P) (cf. Annexe n°2). Ces datations sont cohérentes
avec l’unique datation connue dans la vallée obtenue sur le site n°4, 9640 ans B.P +/- 40 ans,
(Oyarzun et al., 2003).
Nous avons donc une période de sédimentation qui a duré plus de 7000 ans dans la
mesure où l’échantillon réalisé à la base du dépôt n°1 ne correspond pas au niveau de base du
178
comblement mais uniquement à la base de la partie visible d’une séquence fluvio-lacustre qui
se situe actuellement à 17 mètres au-dessus du cours actuel du Rio Turbio. La dénivellation
entre les deux datations réalisées étant de 53.20 mètres, nous pouvons estimer la vitesse
moyenne de comblement à 1.31 cm/an. Il s’agit là d’une moyenne, le taux à pu augmenter lors
d’apports sédimentaires plus importants et inversement, diminuer voir être nul lors de la
réduction des apports sédimentaires induite par l’apparition de conditions climatiques moins
favorables à la libération de matériau. La base du dépôt n°1 se situant à 17 mètres au-dessus
du niveau actuel du Rio Turbio ; si l’on rapporte la vitesse de comblement obtenue d’après les
datations réalisées sur la partie visible de l’affleurement à ces 17 mètres, nous atteignons une
période de sédimentation d’environ 1300 années. Il nous est ainsi possible d’estimer
approximativement la durée pendant laquelle le comblement du lac d’obturation présent à
l’amont du cône de déjection El Calvario s’est réalisé, à 8300 ans.
Les cinq principaux affleurements visibles le long du cours actuel du Rio permettent
également, outre la possibilité de dater et d’attester de leur contemporanéité avec la phase
d’obturation du Rio Turbio, d’interpréter les modes de mise en place des sédiments, grâce à la
fraîcheur des coupes et aux possibilités de terrain qui nous sont données pour la description
des faciès et de leur agencement. D’ailleurs, un échantillonnage dans un lit de matière
organique très bien préservée à mi-séquence du site fluvio-lacustre n°5 (Fig. 70) est venu
confirmer la corrélation de cet affleurement avec la phase d’obturation de la vallée du Rio
Turbio puisque le résultat de la datation (Emosite5ech2) nous donne un âge de 5970 + /- 60
B.P (11130 à 10660 cal B.P).
C/ ANALYSE ET INTERPRETATION DU SITE FLUVIO-LACUSTRE N°2
Comme c’est le cas pour tous les affleurements fluvio-lacustres le long du Rio Turbio,
le site n°2 est recouvert en grande partie par des dépôts de pente qui ont rendu impossible
toute observation jusqu’à l’utilisation des sédiments pour cause de réfection de la route
transfrontalière. La figure n°72 illustre l’ampleur, la qualité de l’affleurement observé et son
caractère évolutif en raison du sapement réalisé par les engins de chantier. Il n’est d’ailleurs
pas certain que cet affleurement soit encore aujourd’hui visible.
180
- IDENTIFICATION DES STRUCTURES SÉDIMENTAIRES
Même si les conditions de terrain ne nous ont pas permis de lever une coupe verticale
lithostratigraphique complète, la longueur de l’affleurement dans le sens d’écoulement actuel
du Rio Turbio a néanmoins mis en exergue certaines structures particulières caractéristiques
des cours d’eau torrentiels de forte énergie. En effet, les séquences caillouteuses formées de
lentilles à matériel bien trié alternent en plusieurs endroits avec des revêtements sableux,
voire argilo-limoneux minces déposés par les crues ou par une diminution progressive de la
capacité de prise en charge du matériel. Lorsque la capacité de transport torrentiel est
inférieure aux apports sédimentaires (situation d’excès de charge), le cours d’eau développe
un style fluvial à chenaux multiples ; c’est le style en tresses.
Ce style, caractérisé par une dynamique hydraulique particulière a engendré la
formation de figures sédimentaires corrélatives. Leur étude permet de relier un état
d’écoulement des eaux avec une forme d’accumulation sédimentaire et une granulométrie du
matériel (Bourrié et Dewolf, 2008). L’une des figures les plus utilisées est le diagramme de
Hjulström qui fait intervenir la vitesse du courant sur le fond à 1 mètre de profondeur, et la
taille des grains mesurée par tamis (Fig.73). Il est également possible de reconstituer les
conditions de mise en place des dépôts grâce à des représentations schématiques des relations
entre les différents types de constructions, la granulométrie et la puissance d’écoulement
(Fig.74).
Fig. 73- Diagramme de Hjulström
181
Les figures d’érosion et de dépôt (« stratifications obliques », cross bedding), vont
nous permettre de mieux comprendre le mode de mise en place des dépôts. Les rides et dunes
hydrauliques se forment dans le sens du courant ; ces formes sont observables dans les bancs
argilo-limoneux avec en grande majorité des rides (ripple marks) de 1 à 3 cm d’amplitude et
de 10 à 15 cm de longueur d’onde (Photo. 36).
Ces rides s’intègrent dans une structure générale qui est caractérisée par une
lamination parallèle et que l’on retrouve dans le premier tiers inférieur de l’affleurement.
Cette unité est subdivisée en une alternance de dépôts de décantation sans réelle organisation
du matériau et de bancs argileux d’une épaisseur de quelques centimètres et de couleur
jaunâtre à blanchâtre. Les rares accumulations de matière organique représentatives de
conditions favorables à l’apparition et au développement de végétaux ne mesurent pas plus de
3 cm d’épaisseur. Il n’est pas rare de trouver des cristaux de gypse dans ces horizons
noirâtres, associés à des dépôts de soufre (Photo. 37).
Le gypse est un minerai sédimentaire typique d’origine chimique, il se forme dans un
environnement évaporitique par précipitation directe des eaux mères. La présence de soufre
s’explique par une teneur des eaux du Rio Turbio en sulfates comprise entre 142 mg/L et
1.099 mg/L (Gobierno de Chile, 2004). L’origine de ces sulfates est mixte : ils proviennent à
la fois des activités minières situées en amont, où le drainage minier des minerais provoque la
décomposition de la pyrite présente dans les corps de minerai de la « ceinture du cuivre »
(copper belt), mais également du ruissellement le long des versants affectées par les zones
d’altération hydrothermale riches en sulfates. Il est également classique de trouver du gypse et
du soufre à proximité l’un de l’autre, le gypse étant un minerai du soufre.
Fig.74- Champs d’apparition des différentes figures sédimentaires en fonction de la vitesse du
courant et de la profondeur moyenne de l’écoulement, pour un lit constitué de sables fins et de
sables grossiers d’après Middleton & Southard, (1984)
182
La formation de ces cristaux et la présence de matière organique peuvent s’expliquer
par des conditions de mise en place de type milieu lagunaire avec présence d’une lame d’eau
superficielle mince soumise à un fort ensoleillement favorable à l’évaporation et à la
précipitation du gypse et de sa cristallisation. Les traces de souffre les plus en amont se situent
sur le site fluvio-lacustre n°5, soit 3.5 km en amont du cône de déjection El-Calvario environ.
Photo. 36- ripple marks dans un banc argilo-limoneux à la base de l’affleurement du site n°2 (Rio
Turbio) Cliché. Houbart.A
Photo. 37- rosette de gypse à la surface d’un banc riche en matière organique et présentant des traces
de dépôts de soufre. Site fluvio-lacustre n°5 Cliché : Houbart. A
183
La même unité sédimentaire, caractérisée par une structure tabulaire et un faciès
général concordant avec des conditions de mise en place dans un milieu de faible à très faible
énergie se retrouve sur le tiers supérieur de l’affleurement. Ces deux parties de l’affleurement
sont séparées par une unité sédimentaire aux conditions de mise en place plus rapides : en
témoignent les bancs de graviers fins à grossiers et de galets (Fig.72). Leur imbrication de
type « relevé vers l’amont » nous permet de savoir que la coupe rafraîchie par les engins
motorisés est longitudinale au paléo-courant du Rio Turbio. Une dizaine de mètres plus en
aval, apparaît très clairement un corps sédimentaire d’une longueur d’environ 15 mètres et
d’une hauteur de 2 mètres environ que nous avons interprété comme résultant du comblement
d’un creux d’érosion (sand waves, sand bars) (Fig.72). L’orientation et l’inclinaison des
lamines, constituées de sables et de graviers, donnent ici des figures complexes ressemblant à
de véritables petits dépôts de talus deltaïques.
La disposition des lamines dépend des paramètres de l’écoulement (force de traction)
et du rapport de la tranche d’eau sur la crête à celle au creux de la structure. Si la force de
traction est faible, les grains dans leur majorité roulent le long de la pente sous le courant et le
contact de la lamine avec le substratum est angulaire ; avec l’augmentation de la force
tractrice, de plus en plus de grains sont pris dans le courant turbulent de retour et les lamines
deviennent tangentielles et concaves vers le haut (Cojan & Renard, 2006). Nous préférons
interpréter cette formation sédimentaire comme le résultat d’un comblement d’un creux
d’érosion puisqu’il n’existe pas à la base de lamines de matériel plus grossier habituellement
caractéristique d’un fond de chenal. Dans le cas présent, la succession de lamines
tangentielles, angulaires puis concaves traduit l’approfondissement puis la diminution de la
tranche d’eau. Les lamines forment un talus deltaïque (giant foreset) et leur parallélisme est
interprété par l’avancée d’un banc longitudinal progradant (sand bar, sand wave).
- STYLE FLUVIAL
La séquence reflète donc un environnement de sédimentation ayant alterné phases
relativement calmes (tiers inférieur et supérieur de l’affleurement) avec un écoulement plus
puissant et un apport de matériaux plus important (milieu de l’affleurement). Le style fluvial
était donc probablement de type rivière à chenaux en tresse (braided) à sinuosité faible lors
des phases actives, en témoigne la figure sédimentaire que nous venons de décrire, l’absence
de plaine d’inondation qui est également l’une de leurs caractéristiques ainsi que
l’impossibilité du développement d’un style fluvial à chenal rectiligne dans une dynamique de
comblement. Le style fluvial à chenaux méandrisants n’est quant à lui pas du tout adapté aux
conditions topographiques, la pente devant être inférieure à celles que nous rencontrons dans
la cordillère de l’Elqui. Un tel style aurait d’ailleurs donné lieu à la formation de dépôts
184
sédimentaires de point bar avec un granoclassement vertical qui reflète les phases de dépôt en
fond de chenal, d’abandon progressif et de colmatage, mais il n’en est rien. Ce style fluvial a
donc varié en réponse aux modifications climatiques et au régime fluvial, alternant chenaux
en tresse à faible sinuosité avec des conditions de type lagunaires. Cette adaptation du style
fluvial s’est donc produite entre 11170 et 2170 cal B.P et traduit une adaptation à un
changement environnemental que nous ne pouvons dater plus précisément.
Nous pouvons d’après ces indices et certaines similitudes avec les conditions de
comblement à l’origine de la plaine d’épandage fluvio-glaciaire en amont du barrage de la
Laguna , émettre l’hypothèse d’une similarité entre ce que nous pouvons observer aujourd’hui
à la surface de ces dépôts sédimentaires et ce qu’il devait être possible d’observer lors du
comblement à l’arrière du cône de déjection El Calvario.
5.1.4 DATATION DE LATERRASSE FLUVIO-GLACIAIRE DE LA LAGUNA
A/ DATATION DE LA TERRASSE DE LA LAGUNA
L’objectif principal de notre travail étant de définir le plus précisément possible la
chronologie de mise en place des formations quaternaires de la haute cordillère de l’Elqui, la
datation de la terrasse alluviale de La Laguna revêt un intérêt tout particulier. En effet, et nous
l’avons déjà précisé précédemment, la rareté de la matière organique à cette latitude sous
climat semi-aride ne fait qu’augmenter l’intérêt suscité par la découverte de dépôts organiques
piégés dans les formations rencontrées. De plus, la datation de la terrasse de La Laguna
permettrait de venir affiner le calendrier des évènements morphogènes quaternaires. En effet,
nous connaissons maintenant la période de mise en place du cône de déjection El Calvario et
de la phase de comblement en amont qui en a découlé, ainsi que celle de la mise en place du
dépôt lacustre « ancien » du complexe de Juntas.
Notre hypothèse de travail était celle d’une terrasse alluviale formée par un apport
hydrique important et brutal ayant pour origine, la rupture du dépôt sédimentaire accumulé en
fond de vallée de La Laguna à 3100 m d’altitude. L’absence de matière organique datable
durant nos deux premières prospections de terrain, nous avait obligé à chercher des indices
géomorphologiques susceptibles de nous aider à reconstituer sa mise en place.
185
- LES INDICES GEOMORPHOLOGIQUES
Ils sont au nombre de deux ; le premier peut être observé à l’amont du cône de
déjection El Calvario, sur le site fluvio-lacustre n°1 (Fig.70). Une coupe transversale du dépôt
fluvio-lacustre nous a permis de visualiser un contact net avec la terrasse alluviale de La
Laguna (Fig.75). Après l’arrêt de la sédimentation à l’amont du cône El Calvario, le Rio a
incisé le dépôt puis lors de la décharge de La Laguna, le matériel est venu se plaquer et
indurer le matériel fluvio-lacustre encore présent sur les bords de la vallée. Le ravinement des
dépôts le long du Rio Turbio par la terrasse alluviale ne laisse aucun doute sur la postériorité
de la mise en place de celle-ci. La datation du sommet de la séquence fluvio-lacustre n°1
ayant donné un résultat compris entre (2770 à 2710 cal B.P), la période durant laquelle avait
eu lieu la décharge devait s’être produite après cette date. Ce n’est que lors de notre troisième
prospection de terrain, qu’il nous a été possible d’observer le deuxième indice à la faveur
d’une coupe longitudinale de la terrasse de la Laguna ravinant un horizon de matière
organique visible d’une une tranchée réalisée pour la réfection de la route transfrontalière,
(Photo. 38).
Fig.75- contact franc entre les dépôts fluvio-glaciaires de la terrasse de La Laguna et les sédiments
fluvio-lacustres du site fluvio-lacustre du site n°1
186
L’échantillon a été prélevé en aval du cône de déjection, à une hauteur de 1.5 m au
dessus du cours actuel du Rio Turbio. Nous avons été attentifs à ne pas contaminer
l’échantillonnage avec les systèmes racinaires des végétaux développés sur la terrasse. Le
résultat nous donne un âge compris entre (1270 et 1060 cal B.P), ce qui est bien postérieur à
la fin du comblement à l’amont du cône El Calvario.
B/ INTERPRETATION DE MISE EN PLACE
Ce résultat vient ainsi corroborer notre hypothèse de départ à savoir la postériorité de
la mise en place de la terrasse alluviale de La Laguna par rapport à l’obturation de la vallée du
Rio Turbio mais permet également de prouver que le flux de la décharge de La Laguna a été
dévié par le dépôt lacustre « ancien » de Juntas et a ainsi pu créer le courant de retour à
l’origine du dépôt lacustre « récent » que nous avions évoqué précédemment.
Nous venons de réaliser la description et l’identification des formes et modelés
présents dans la haute cordillère de l’Elqui en écartant volontairement les formations qui sont
encore actives puisque celles-ci et nous le verrons dans le paragraphe suivant, vont nous
permettre de comprendre l’évolution des versants et des bassins versants durant le Quaternaire
et ce, grâce à la datation des phases de mise en place des éléments de fond de vallée.
Les calages chronologiques étant connus
pour le cône de déjection El Calvario et la terrasse
fluvio-glaciaire de La Laguna, nous avons pu
quantifier la vitesse d’incision du cours d’eau. Cette
vitesse d’incision permet d’obtenir une indication
sur la vitesse du remaniement des stocks
sédimentaires accumulés.
Grâce à la mesure de l’incision brute (en mètres) entre la surface du cône de déjection
El Calvario et le talweg actuel et le rapport avec l’âge de mise en place, nous avons obtenu les
résultats suivants (tab.10).
Photo. 38- matière organique échantillonnée pour la
datation de la mise en place de la terrasse alluviale de La
Laguna. Cliché: Houbart GPS: 29° 58’14.74’’ S 70°13’11.21’’ W alt: 1730
m
187
Tab. 10 - Estimation de la vitesse d’incision des dépôts du cône de déjection El Calvario et de la terrasse fluvio-
glaciaire La Laguna
Les résultats de la vitesse d’incision de la terrasse de La Laguna varient fortement en
raison de la grande amplitude de la hauteur de la terrasse de La Laguna entre 3100 mètres et
900 mètres d’altitude. Une certaine correspondance existe cependant entre la vitesse
d’incision minimale de la terrasse fluvioglaciaire et celle du cône de déjection ; la nature
sensiblement identique des formations accumulées (matériel meuble) rend plus facile
l’incision par le cours d’eau. Le profil en long du fond de la vallée Colorado révèle que le
cours d’eau n’a pas réussi à rétablir son profil d’équilibre depuis l’obturation du fond de
vallée par le dépôt morainique. Il en est de même pour le dépôt diamictique de La Laguna à
3100 m d’altitude. Les sédiments remaniés sont donc ceux du dépôt à l’origine de l’obturation
et non ceux accumulés après obturation, il y a donc encore un effet de barrage qui perdure
actuellement. Cet effet de barrage encore présent dans la partie amont du bassin versant ne
l’est plus à l’aval dans le Rio Turbio. En effet, contrairement au rio Colorado, le rio Turbio a
réussi à rétablir son profil d’équilibre en incisant les dépôts fluvio-lacustres. Il n’en demeure
pas moins des volumes sédimentaires importants de part et d’autre du lit majeur du rio.
5.1.5 LE « COMPLEXE DE JUNTAS »
« L’endroit est remarquable par un ensemble de formes et de dépôts dont l’étude
permet de mieux comprendre les vicissitudes qu’ont connues ces cours d’eau pendant le
Quaternaire. » (Paskoff, 1970, p. 153).
Située à 2200 mètres d’altitude, la confluence entre le Rio Toro d’orientation Nord-
sud avec le Rio La Laguna d’orientation Sud-nord, donne naissance au Rio Turbio au lieu-dit
« Juntas » (Fig.76). Paskoff (1970) a classé les formes et les dépôts de ce site en trois
catégories : formes et dépôts torrentiels, formes et dépôts lacustres, formations de pente. La
présence de ces dépôts lacustres et torrentiels induit nécessairement une logique
d’enchaînement des évènements morphogènes bien spécifique qu’il va falloir éclaircir tant
l’agencement des formes y est subtile.
Date de mise en place
(âge B.P)
Incision (m) Vitesse d’incision
(mm.an-1)
El Calvario 12470 45 3.6
Terrasse La Laguna 1170 5 à 29 4.3 à 24.8
188
Fig. 76- Localisation du complexe de Juntas
Fig. 77- Croquis de localisation des formations du complexe de Juntas, adapté d’après (Paskoff, 1970, p. 155)
189
A/ FORMES ET DEPOTS TORRENTIELS
Parmi ces dépôts, il est possible d’observer un témoin de la terrasse alluviale de La
Laguna que sa couleur brun violacé rend facilement identifiable à environ 8 mètres au-dessus
du lit majeur. Il existe également « sur la rive droite du Rio Toro un lambeau de terrasse dont
on retrouve d’autres exemplaires plus en amont qui présente non seulement un
commandement semblable mais aussi des caractères sédimentologiques identiques : matériel
hétérométrique, éléments peu usés, accumulation en vrac. Cependant les tufs liparitiques,
pratiquement inconnus dans la vallée du Rio La Laguna, interviennent ici dans le spectre
pétrographique ; ils sont responsables d’une matrice fine plus abondante et de la teinte
d’ensemble de la nappe qui présente une couleur jaune clair. Des phénomènes de cimentation
d’origine non calcaire apparaissent çà et là » (Paskoff, 1970, p. 154).
Il est possible d’observer un vestige de terrasse alluviale perché à environ 25 mètres
au-dessus du cours actuel du Rio Toro et du Rio La Laguna, et dont « la surface disparaît
presque totalement sous les éboulis de pente. » Même si effectivement, les éléments présents
dans celle-ci semblent être de taille supérieure à ceux présents dans la terrasse alluviale de La
Laguna, son inaccessibilité ne nous a pas permis de pouvoir le quantifier. De plus, le
rattachement de cette terrasse aux formations morainiques dites de l’avant-dernière période
glaciaire ou « glaciation du Tapado » reste très difficile à prouver de par le peu de vestiges
encore observables. L’hypothèse d’une débâcle de plus grande ampleur que celle de La
Laguna a été avancée par Paskoff (1970). Cette hypothèse si elle s’avérait être exacte
impliquerait que le dépôt sédimentaire de La Laguna (3100 m), eut été suffisamment actif et
bien alimenté pour pouvoir revenir occuper la totalité du fond de la vallée du Rio Laguna
après avoir été incisé une première fois. Même si le scénario est probable et que les indices
géomorphologiques relevés sur le terrain semblent permettre une telle interprétation, il n’en
demeure pas moins hypothétique.
B/ FORMES ET DEPOTS LACUSTRE
Paskoff (1970) a également identifié deux formations lacustres, l’une dite « récente »
et l’autre dite « ancienne ». La première « domine le lit majeur des cours d’eau d’une
quinzaine de mètres », « il s’agit d’un dépôt brun violacé, très bien classé et très bien
stratifié : sables grossiers et granules anguleux, disposés en lits horizontaux, excluent
pratiquement toute autre classe granulométrique » (Paskoff, 1970, p. 155) (Photo.39).
La datation relative faite par (Paskoff, 1970), basée sur l’analyse des minéraux lourds
dans la fraction inférieure à 50 microns et de celle comprise entre 50 et 500 microns fait
apparaître de l’olivine, du pyroxène, de l’hypersthène, de l’augite gris-vert et brune, de la
190
hornblende brune et verte, du grenat, de l’épidote et de l’apatite. Une assez bonne
conservation des minéraux mêmes les plus fragiles, tout comme dans l’échantillon analysé
dans la moraine de La Laguna lui faisait suggérer un âge sensiblement voisin.
Un échantillon a été prélevé afin d’y réaliser une analyse granulométrique. La
technique utilisée a été celle du tamisage à sec à l’aide d’une double colonne. Les paramètres
de Trask qui sont des paramètres de position donnant une valeur dimensionnelle de certains
points repères des courbes ont été calculés ainsi que les indices nécessaires à l’identification
du mode de mise en place terminal.
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
Juntdou 2 2,20 4,00 0,800 2,236 1,600 0,661
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
100
0,01 0,1 1 10
Fré
qu
en
ces
cum
ulé
es
en
%
Taille des tamis en mm
EchJuntdou
Photo. 39- Coupe longitudinale dans le dépôt sédimentaire situé à l’arrière du poste de
douane de Juntas. GPS : 29°58’31’’S 70°05’37’’W. Cliché : HOUBART.A, Alt: 2097m
Fig.78- courbe granulométrique en
fréquences cumulées sur échelle semi-logarithmique
de l’échantillon (EchJuntdou).
GPS: 29°58’31’’S 70°05’37’’W. Cliché: Houbart. A,
Alt: 2097m
191
L’analyse granulométrique nous donne une médiane de 2.20 mm, l’indice Qdphi est de
1,600 (Qdphi>1) ce qui généralement témoigne d’un mauvais tri dans le matériel. Le
coefficient de classement de Trask (Q3/Q1)1/2
So est de 2.236, ce dépôt est donc considéré
comme mal classé (1.87<So<2,75) ; l’indice de skewness de 0,661. Son faciès est de type
sigmoïde ce qui reflète la sélection du matériel lors du transport, certains sédiments de trop
petite ou de trop grande taille n’ayant pu atteindre le lieu de sédimentation. La mise en place
du sédiment est donc libre et sélective sans effet d’obstacle. Le sommet de la séquence met en
évidence le passage progressif d’un dépôt homogène sans agencement particulier à une
stratification oblique alternant sables grossiers et galets dépassant les cinq centimètres
attestant d’une phase d’apport de colluvions. Cette accumulation sédimentaire est scellée par
la présence à son sommet d’un vestige d’une coulée boueuse, riche en matrice argilo-
limoneuse et pauvre en éléments anguleux. Son inclinaison et son contact avec le versant ne
laisse aucun doute sur l’origine colluvionnaire de ce dépôt. La nature minéralogique des
dépôts de cette formation lacustre dite « récente » permettent d’attribuer l’origine des dépôts à
la vallée du Rio La Laguna.
Le site de confluence qu’est Juntas a pu être favorable au développement de courants
de retour circulaires lors d’un apport hydrique intensif en raison de l’angle droit qu’effectue le
Rio La Laguna avant de prendre le nom de Rio Turbio. Le courant perdant de l’énergie et par
conséquent sa capacité de transport, les conditions favorables au dépôt d’une certaine classe
granulométrique ont pu être présentes. Ce scénario s’il est probable ne pourrait être validé que
si la deuxième formation lacustre dite « ancienne » (Fig.77) est bien antérieure au dépôt
sédimentaire présent derrière le poste de douane, c’est ce que nous allons essayer de
démontrer.
193
La deuxième formation lacustre présente sur le site de Juntas est considérée par
Paskoff (1970) comme plus ancienne que celle que nous venons de décrire. Cette antériorité si
elle est avérée nous permettrait de corroborer le scénario à l’origine de la mise en place du
dépôt sédimentaire dit « récent ». En effet, située entre « un piton rocheux, au sud duquel
passe aujourd’hui le Rio Turbio et le versant droit de la vallée, s’est conservé un lambeau de
formation, lui aussi d’origine lacustre, qui mure un ancien passage » du Rio (Paskoff, 1970, p.
155) (Fig.79). Cette accumulation tranche dans le paysage par sa couleur jaune clair et
domine le cours actuel du Rio Turbio de 32 mètres environ. De petits témoins isolés entre
Juntas et la Quebrada El Calvario ont été attribués à cette même formation par Paskoff (1970)
mais les observations de terrain n’ont pas permis d’observer de vestiges appartenant à cette
même formation. Les seuls lambeaux de dépôts lacustres encore visibles à l’aval de Juntas
sont ceux liés à l’obturation du Rio Turbio par le cône de déjection El Calvario.
Les argiles compactées ont dû être éclatés à l’aide d’un marteau afin de pouvoir en
extraire d’éventuelles traces de matière organique. D’infimes morceaux de bois ont été
échantillonnés à 5m70 de la base du dépôt afin d’être datés. Le résultat de la datation nous
donne un âge calibré compris entre 15310 et 16030 cal B.P (annexe 1).
C/ORIGINE DU DEPOT LACUSTRE « ANCIEN » DU COMPLEXE DE JUNTAS
L’interprétation des faits que réalise Paskoff (1970) est basée sur une obturation de la
vallée du Rio Turbio à au moins deux reprises dû aux apports torrentiels de la Quebrada El
Calvario. La différence dans la nature sédimentaire et la structure du dépôt de Juntas ne
permet d’expliquer cette mise en place à cet endroit. L’observation minutieuse des dépôts de
versant et l’utilisation des photographies aériennes nous ont permis de localiser une formation
dont l’aspect est massif, sans aucune stratification, aux éléments anguleux emballés dans une
matrice polychrome semblable à celle composant le dépôt de La Laguna et dont on retrouve
des vestiges plaqués contre le versant Sud de la vallée (Photo. 40 et 41).
Située à 1.1 km du complexe de Juntas, le dépôt a toutes les caractéristiques d’un
mouvement de masse, il a obturé entièrement la vallée du Rio Turbio et a dévié sur sa gauche
le Rio Turbio le forçant à contourner un piton rocheux. Sa position permettrait d’expliquer la
mise en place du dépôt lacustre « ancien ».
194
Photo. 40- mouvement de masse
situé à 1.1 km de Juntas,
photographie aérienne. GPS :
29°58’18.56’’ S 70°06’27.46’’ W, alt.: 2064
A noter la présence d’un
mouvement de masse plus
ancien présent à 600 m en aval
du premier.
La partie sommitale du dépôt est constituée
d’un replat et l’ancienneté du dépôt est à
l’origine de mécanismes de cimentation ce
qui lui donne un aspect massif et compact.
Photo. 41- placage sur le versant Sud
GPS : 29°58’18.56’’ S 70°06’27.46’‘ W, Cliché :
Houbart. A
Photo. 42- fond de chenal
raviné par le dépôt. GPS :
29°58’18.56’’ S 70°06’27.46’’ W,
Cliché : Houbart. A
195
5.2 LES DYNAMIQUES ACTIVES
5.2.1 LES PROCESSUS ASSOCIES
Le soulèvement global du volume montagneux et la réponse du réseau hydrographique
par incision engendre une déstabilisation des versants. Ce réajustement permanent nécessite
l’évacuation du matériel depuis les parties apicales des versants vers les parties distales par
une mise en mouvement dont les caractéristiques dépendent à la fois des propriétés
intrinsèques du matériel mais également des conditions environnementales. Ce matériel
mobilisé ne représente qu’une part minime des enregistrements sédimentaires continentaux de
par leur caractère local et transitoire. Cependant, la haute cordillère de l’Elqui offre de
nombreuses possibilités d’études concernant ces dépôts, les affleurements étant facilement
accessibles dans la plupart des cas et bien conservés par les conditions climatiques semi-
arides.
Nous l’avons déjà dit, les versants de la haute cordillère de l’Elqui sont affectés par
des processus de dilatation-contraction (thermoclastie) en raison des écarts importants de
températures entre le jour et la nuit. La gélifraction intervient principalement dans l’étage
andin inférieur (3500-4250 m), où les déplacements du matériel sur les versants peuvent se
réaliser par gélifluction ou cryoturbation. Les coulées de débris (debris flows) se déclenchent
également sur la majorité de notre terrain d’étude et sont à l’origine de nombreux cônes de
déjection qui jalonnent la vallée du Rio Turbio, La Laguna et du Rio Colorado.
Ils surviennent également sur les versants en cours d’ajustement, là où le rapport
Ho/Hi mis au point par Ballantyne & Harris (1994), exprimant la relation entre la hauteur
d’un versant et sa couverture détritique se rapproche de 1.
A/ LES COULEES DE DEBRIS OU DEBRIS FLOWS
Le debris flow est un mouvement de masse rapide composé d'un mélange d'eau et de
débris hétérométriques, affectant les versants en pentes fortes (Decaulne, 2001) et caractérisé
par la création d'une morphologie typique, associant le plus souvent trois parties distinctes :
- Une zone d'incision dans la partie sommitale, dont la profondeur est très
variable selon l'ampleur du debris flow.
- Dans la partie centrale fonctionnent des dynamiques d'érosion et
d'accumulation, le chenal étant bordé de deux levées de débris parallèles, d’épaisseur et de
hauteur variables.
196
- La zone terminale correspond à un secteur d'accumulation exclusif, un ou des
lobes frontaux délimitant l'extension maximale de la coulée sont précédés de levées encadrant
un chenal central non incisé, l'écoulement se faisant à la surface du sol, sans perturber ce
dernier (Decaulne, 2001).
La pente est le facteur principal qui autorise la mise en mouvement du matériel
mobilisé une fois que le matériel a perdu toute cohésion. Elle lui permet de prendre de la
vitesse et lui confère son caractère érosif sur un substrat souvent fragilisé par la faiblesse ou
l’absence d’un couvert végétal protecteur, ce qui est notre cas dans la haute cordillère de
l’Elqui. Les debris flows se déclenchent toujours sur des pentes fortes (supérieure à 25°), dont
la valeur est toutefois très variable, mais peuvent parcourir de longues distances sur des pentes
très faibles (Decaulne, 2001). Nous avons pu observer en Février 2009, les dépôts d’une
coulée de débris au débouché de la Quebrada La Hormiga qui s’était déclenchée durant le
mois d’Août de l’année précédente (hiver austral); ce dépôt avait complètement recouvert la
route (communication orale d’un habitant) suite à une pluie de forte intensité ayant durée à
peine 10 minutes (communication orale). Le cône de déjection étant complètement
artificialisé et couvert de vignes, son chenal axial est chenalisé ce qui favorise l’accélération
du flux de débris. A la sortie de ce chenal principal, là où le cône de déjection a été sapé afin
d’y faire passer la route transfrontalière, nous avons pu observer le chenal de la coulée de
débris avec la morphologie typique présente en partie centrale d’écoulement (Fig.80).
Fig. 80- coulée de débris dans sa partie centrale avec son chenal bordé de deux bourrelets latéraux
parallèles mais asymétriques. GPS: 29°50’45.23’’ S 70°24’12.70’’ W, Cliché: Houbart. A, Alt: 1206 m
197
Les fronts des cônes de déjection rafraîchis par le sapement du Rio Turbio et de La
Laguna plus en amont, permettent de visualiser la superposition des coulées de débris à
l’origine de leur développement (Fig.81).
A noter dans le cas présent, la forte capacité de prise en charge du matériel par les
coulées successives au regard des éléments anguleux déposés dépassant parfois les 70 cm de
longueur. Chaque coulée est séparée de la précédente et de la suivante par un lit composé de
limons et de sables fins à grossiers marquant la phase terminale de mise en place de chaque
coulée de débris par le recouvrement des éléments les plus grossiers issus de la coulée
précédente par le front de la coulée suivante composé des éléments les plus fins. L’étalement
latéral et basal qui en découle est étroitement lié aux paramètres physiques de la zone source
(le bassin versant) et de la zone d’accumulation (le fond de vallée) comme nous l’avons
démontré.
La relation entre variations d’activités des coulées de débris et variations climatiques
est très subtile à mettre en avant tant le caractère ubiquiste de celles-ci oblige à prendre en
considération le contexte géomorphologique de façon détaillée afin de pouvoir utiliser les
coulées de débris comme indicateurs climatiques. Dans le cadre de la haute cordillère de
l’Elqui, largement affectée par les cônes de coulées de débris, la datation de celles-ci demeure
un obstacle important afin de pouvoir mettre en avant toute corrélation. Il semblerait
cependant, que plusieurs obturation de la vallée du Rio Turbio ce soit produites et ce, en aval
du cône de déjection El Calvario responsable de l’obturation majeure au Pléistocène
Fig.81- coupe transversale d’un cône de déjection matérialisé par la succession de coulées de débris inclinées
vers l’amont de la vallée du Rio Turbio. GPS : 29°55’16’’ S 70°18’11’’ W, Cliché: Houbart. A, Alt : 1458 m
198
supérieur, en témoigne les accumulations sédimentaires en amont du cône de déjection de la
quebrada La Hormiga (Photo.43)
Ce dernier torrent a provoqué, en mai 1934, selon des témoins oculaires et rapporté par
Jones (1953), des apports torrentiels qui ont barré le Rio sur 8 à 10 m de hauteur. Malgré
débit du Rio ait été d’environ 15m3/s, la digue naturelle n’a pas cédé immédiatement, les eaux
ainsi retenues s’infiltraient à travers elle ou au-dessous d’elle ; après dix jours, une brèche
s’ouvrit mais c’est seulement au bout de neuf ans, pendant l’été 1943, qu’une crue provoquée
par une brusque fusion des neiges en haute cordillère dispersa ce qui subsistait de
l’accumulation (Paskoff, 1970).
L’absence de matière organique en quantité suffisante n’a permis de corréler une
éventuelle phase humide favorable au déclenchement de coulées.
D’autres écoulements le long des versants ont également pu être observés lors de notre
dernière prospection, attestant d’un épisode pluvieux temporaire intense que l’on peut très
certainement rattacher à celui qui est à l’origine de la coulée de débris déclenchée durant
l’hiver austral 2008. Parmi les versants les plus évolués, dont le rapport Ho/Hi est supérieur à
0.80 (27 au total identifiés), nous avons pu observer que 24 avaient été affectés soit par une ou
des coulées de débris à forte concentration volumétrique de débris ou par des coulées de
débris contenant une fraction argileuse importante (Photo.44).
Il est un processus que l’on retrouve sur les cônes de débris et les talus d’éboulis dont
les pentes sont toutes supérieures à 35 °, il s’agit des coulées sèches. A la différence des
coulées de débris, le fluide interstitiel n’est pas de l’eau mais de l’air (Pearson & Costa, 1987 ;
Bertran et al., 2004).
Photo. 43- partie amont du cône de déjection de la quebrada La Hormiga. Intercalation des coulées
torrentielles avec des dépôts de décantation. Cliché : Houbart. A, GPS : 29°50’43.15’’ S 70°23’53.19’’ W, Alt : 1194 m,
199
B/ LES COULEES SECHES
Les coulées sèches se déclenchent sur les talus de matériaux granulaires lorsque la
pente dépasse l’angle de stabilité maximal φm, qui est généralement compris entre 38 et 43 °
(Bertran et al., 2004). Elles sont observées sous tous les types de climat. Même si les éboulis
stratifiés qui en résultent n’ont aucune signification paléoclimatique précise, plusieurs
variables contrôlent l’apparition de coulées sèches sur un talus :
- une forte production détritique. La dégradation des parois rocheuses est
généralement favorisée par un climat périglaciaire (Hétu et al., 1995) mais elle peut
également aussi résulter d’autres facteurs tels que la thermoclastie dans le cas de climats
semi-arides également favorables à la détérioration du matériel en éléments fins favorables au
développement d’une semelle sablo-limoneuse sur laquelle le matériel plus grossier va se
déplacer (Fig.79).
- Le maintien d’une pente raide sur le talus peut également être un facteur
favorable au déclenchement de coulées sèches. Sur la figure n°82, la zone source correspond à
un front transversal au talus d’éboulis qui se développe par érosion régressive.
- La morphologie et la granulométrie des débris libérés par la paroi est
également déterminante. Les débris bien calibrés et de forme aplatie ont tendance à
s’accumuler au sommet des talus et à transiter vers l’aval par l’intermédiaire de coulées
Photo. 44- coulée de boue dans sa partie basale, la zone source n’est distante que d’une cinquantaine de
mètres et les éléments les plus grossiers ont été abandonnés dans la partie apicale, faute de courant
suffisant. Cliché : Houbart. A, Rio Turbio, Alt : 1850 m.
200
sèches. Des coulées sèches ont pu être observées sur des cônes d’éboulis situés à plus de 2500
mètres d’altitude dans la vallée de La Laguna (Fig.80), là où la gélifraction est favorable au
débit du matériel en plaquette. Ils sont cependant largement représentés sous 2000 mètres
d’altitude en raison d’un degré de maturité des versants moindre qu’à l’amont de notre zone
d’étude où les versants réglés sont nombreux.
- FACIES DES DEPOTS
Les versants de la haute cordillère de l’Elqui ont très certainement connu durant la
dernier maximum glaciaire, des conditions climatiques favorables à la libération de matériel
mobilisable sur les pentes des versants en raison d’une baisse significative des températures
moyennes annuelles comme le démontrent certains modèles climatiques déduits des masses
glaciaires (Kull et al., 2003). L’érosion régressive naturelle ou provoquée par les activités
humaines (besoin de remblaiement, terrassement pour cultiver le Pisco), permettent
d’observer la structure de ces dépôts qui sont caractérisés par une stratification généralement
bien développée. Les couches de débris ouvertes ou faiblement colmatées dominent. Leur
épaisseur est comprise entre quelques centimètres et plus d’un mètre suivant la taille des
débris impliqués (Bertran et al., 2004) (Fig.80). Le faciès de dépôt que nous avons rencontré
le plus souvent est un granoclassement inverse résultant du tri qui se produit pendant
l’écoulement par autotamisage. Sur les coulées de plus faible épaisseur, des granoclassements
Fig. 82- granoclassement longitudinal le long d’un cône d’éboulis dominé par les coulées sèches. Rio
La Laguna. Cliché : Houbart. A, Orientation : Sud-est
201
normaux ont été observés, correspondant à la partie arrière des coulées, à texture plus fine que
le lobe frontal.
L’extension longitudinale des couches de débris en coupe atteint ici plus de 5 mètres
et correspond à la juxtaposition de nombreux lobes caillouteux successifs. Des lits limono-
sableux à support matriciel, d’une épaisseur de plusieurs dizaines de centimètres, sont
interstratifiés dans les matériaux grossiers.
Cette dynamique de versant se retrouve donc sur la totalité de notre zone d’étude et a
très largement contribué au développement des versants ainsi qu’à leur régularisation, en
atteste les épaisseurs pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres qu’il est possible
d’observer tout au long de la vallée du Rio Turbio en amont du village de Rivadavia (Fig.84).
D’autres modelés présents au débouché des vallées (quebradas) secondaires de notre
zone d’étude se sont très largement développés au cours du Quaternaire et sont encore actifs
pour certains d’entre eux, il s’agit des cônes de déjection.
Fig. 83- stratigraphie de dépôts de coulées sèches le long d’un profil longitudinal sur le versant Nord-
ouest de la vallée du Rio Turbio à 954 m d’altitude.
202
Fig
. 84-
stratigraphie de dépôts de coulées sèches le long d’un profil longitudinal sur le versant Nord
-ou
est
de
la v
allé
e d
u R
io
Turb
io à
95
4 m
d’altitude.
Fig. 84- stratigraphie de dépôts de coulées sèches le long d’un profil longitudinal sur le versant Nord-
ouest de la vallée du Rio Turbio à 954 m d’altitude.
203
D/ LES PAROIS ROCHEUSES
- ESTIMATION DU TAUX DE RETRAIT DES PAROIS
L’estimation des volumes de débris en pieds de parois avec la méthode présentée au
chapitre 3 nous permet de présenter les résultats ci-dessous.
Notre élément de calage chronologique étant la formation de la terrasse alluviale de la
Laguna (1270-1060 cal B.P), il nous est à présent possible d’estimer approximativement le
taux de retrait des parois des versants de la haute cordillère de l’Elqui sous 3100 m d’altitude
puisqu’aucune accumulation détritique n’a été sélectionnée au-dessus de cette altitude, faute
de repère chronologique. Pour cela, nous divisons le volume de débris calculé par la surface
de la zone source (paroi, petit bassin versant) rapporté sur une période de 1270 ans. Nous
obtenons des taux de retrait compris entre 0.015 et 0.17 mm. ka-1
avec une moyenne de 0.065
mm. ka-1
(Tab.11).
Les valeurs les plus élevées sont obtenues sur les accumulations situées au pied de
parois ou petits bassins versants composés de brèches et de laves andésitiques probablement
plus sensibles à la thermoclastie et à la gélifraction (Paroi 1, 6 et 7). Là où dominent les
affleurements de Granodiorites (Unité Huanta et Cochiguas), les valeurs sont comprises entre
0.15 et 0.22 (paroi 3 et 4). Des taux de retrait bien plus faibles ont été obtenus dans des
monzogranites leucocrates appartenant à l’unité El Léon.
Fig. 85 – carte de localisation des parois étudiées.
204
Le gradient aval-amont n’est pas visible dans les résultats, preuve que la nature
lithologique des parois au sein desquelles se développent les zones sources joue un rôle
primordial dans le mode d’évolution des versants de la cordillère de l’Elqui.
MISE EN PERSPECTIVE
Comme la plupart des études sur les taux de retrait de parois l’indiquent, la grande
variabilité des résultats obtenus provient de la multiplicité des conditions climatiques,
topographiques et géologiques dans lesquelles ces études sont réalisées. Les nombreux
paramètres qui affectent l’évolution des parois et des versants rend difficile l’identification de
facteurs prédominants. La majorité des résultats connus ne sont pas associés à un type de
processus mais se réfère à une combinaison de mécanismes (André, 1997).
La multiplication des techniques de quantification et la grande variabilité des milieux
dans lesquels les travaux sur cette thématique sont réalisés rend difficile les comparaisons
même si de grandes tendances se dégagent. En effet, il est possible aujourd’hui de quantifier
la part respective de l’activité biogénique, de la thermoclastie et/ou gélifraction et de la
décompression postglaciaire dans le recul d’une paroi.
L’amplitude de nos résultats (0.015 à 1.3 mm.a-1) est en adéquation avec ce que l’on
peut trouver dans la littérature sur des parois de même composition lithologique en région de
haute montagne, avec des taux variant de 0.1 à 1 mm.a-1
(Hoffman & Schrott, 2002 ; Hales &
Roering, 2005 ; Berthling & Etzelmüller, 2007 ; Sass, 2007). Moore et al., (2009) ont
obtenus sur les parois du parc Yosemite en Californie, des résultats sensiblement identiques
aux nôtres avec pour des parois composées de diorites des taux allant de 0.02 à 0.24 mm.a-1
.
LIMITES DE LA METHODE
L’estimation des vitesses de recul des parois, même si elle fait appel à des techniques
modernes et plus ou moins précises, demeure approximative puisque l’accumulation de pied
de versant constitue en elle-même une zone d’accumulation transitoire entre la zone source et
le fond de vallée dont la fréquence de remaniement peut être très variable. Les accumulations
avaient été choisies en partie en fonction de la largeur de la terrasse alluviale de la Laguna,
réduisant ainsi le risque de ne pas prendre en considération dans le calcul des volumes, des
débris tombés au-delà du rebord actuel et emportés par le Rio.
Cet aspect transitoire du bilan sédimentaire est également vrai à l’amont des zones
d’accumulation quantifiées puisque l’intégralité des débris reste plus ou moins longtemps
piégée par les irrégularités du relief. Les accumulations que nous avons étudiées ne
représentent donc qu’un stock partiel de la fourniture détritique en provenance de la paroi
rocheuse à un instant t. Il est donc nécessaire de prendre ces résultats avec du recul et de
multiplier les études afin de pouvoir en dégager une moyenne plus ou moins fiable. Nous
205
n’avons pu réaliser les mêmes mesures au-dessus de 3100 mètres en raison de l’absence de
zones source facilement identifiable et de repères chronologiques. Les affleurements rocheux
y sont rares tant l’action de la gélifraction y est marquée (Photo.45).
GPS Lithologie Volume (
(m3)
superficie zone de débris
Volume calculé au télémètre
Superficie zone source
(m2)
Taux de retrait depuis la formation
de la terrasse alluviale de la
laguna en m.ka-1
Taux de retrait en
m.ka-1
Vitesse de recul des parois en
mm.a-1
Paroi 1
29°58'08,67'' S 70°13'05,55'' W
Laves et brèches
andésitiques
265,25 absence de données
265,25 1171,5 0,17 0,13 1,3
Paroi 2
29°58'02,21'' S 70°12'33,92'' W
Granodiorites et diorites
28,82 212,7 46,42 1850 0,019 0,015 0,15
Paroi 3
29°58'31,65'' S 70°06'00,85'' W
Granodiorites et diorites
2,17 8,23 2,19 60,45 0,028 0,022 0,22
Paroi 4
29°96'89'' S 71°21'84'' W
Monzogranites 33,48 139,62 33,48 19200 0,0019 0,0015 0,015
Paroi 5
29°54'43,17'' S 70°17'54,92'' W
Monzogranites 45,91 234,04 45,91 7534 0,005 0,0039 0,039
Paroi 6
29°58'36,77'' S 70°05'44,24'' W
Laves et brèches
andésitiques
20,11 127,97 20,11 150 0,11 0,09 0,9
Paroi 7
30°10'41,75'' S 70°02'52,24'' W
Laves et brèches
andésitiques
54,13 326,63 54,13 350 0,121 0,095 0,95
Tab. 11 - tableau des vitesses de recul des parois de la cordillère de l’Elqui d’après l’estimation des volumes de
débris accumulés.
Photo. 45- bloc d’ignimbrite gélifracté
appartenant à la formation Tilito (tertiaire) Rio
Colorado, Cliché : Houbart. A, Alt : 4200 m.
207
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Nous avons développé dans cette partie, les méthodes utilisées afin de répondre au
mieux aux conditions de travail sur le terrain et aux questions auxquelles nous souhaitions
répondre. Certaines méthodes ont été reprises de travaux antérieurs et adaptées à notre zone
d’étude. Les chapitres 4 et 5 qui constituent le noyau de notre travail, ont permis la
description et l’analyse des formes, modelés et formations de la haute cordillère.
Les méthodologies employées, les observations de terrain couplées aux datations ont
permis de dégager une ébauche de calendrier de mise en place des formations de la haute
cordillère de l’Elqui et de vérifier ou non les hypothèses émises par Paskoff (1970). La
chronologie s’inscrit dans une logique amont-aval respectant le transit sédimentaire, le
principe des relais de processus et de zones tampons mettant en relation hauts sommets
englacés, bassins versants, parois et fonds de vallées. Il nous faut à présent présenter cette
succession de phases morphogènes dans son enchaînement global à l’échelle du Quaternaire
dans la partie suivante et permettre de comparer notre scénario avec les résultats connus dans
la littérature scientifique du Chili semi-aride.
209
TROISIEME PARTIE
CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS MORPHOGENES QUATERNAIRES DE LA HAUTE
CORDILLERE DE L’ELQUI
INTRODUCTION DE LA TROISIEME PARTIE
Cette troisième partie sera consacrée à proposer dans un chapitre n°6, un calendrier de
mise en place des formations de la haute cordillère de l’Elqui dans son ensemble, depuis
l’amont de notre zone d’étude (le glacier El Tapado) jusqu’à Rivadavia située à l’aval. Ce
calendrier sera mis en comparaison avec les résultats actuellement connus dans la littérature
scientifique du Chili-semi-aride.
Dans un chapitre n°7, une discussion sera proposée sur l’apport de la géomorphologie
dans la connaissance des paléoenvironnements tant au niveau régional que global afin
d’intégrer ce travail dans une approche pluridisciplinaire.
210
CHAPITRE 6
CALAGE ET MISE EN PERSPECTIVE DES RESULTATS
6.1 RECONSTITUTION DES EVENEMENTS
Le maximum glaciaire se limite à la période comprise entre (25-18 ka B.P) (Grosjean
et al., 1998 ; Kull et Grosjean, 2000 ; Kull et al., 2003) dans le Norte-Chico. La période
glaciaire pour l’hémisphère sud peut être étendue entre (28-18 ka cal B.P) et fût marquée par
des conditions froides et humides incluant une phase intermédiaire froide et sèche entre 26000
et 22000 cal B.P. Durant cette phase climatique, les températures étaient plus basses en
moyenne de 4.5 à 8 °C, et des moyennes de précipitations doublées voir quadruplées par
rapport à aujourd’hui ont permis le développement des glaciers du versant Ouest des Andes
(Stute et al., 1995). C’est à la fin de cette période que s’est mise en place la formation lacustre
dite « ancienne » au lieu dit Juntas et que Paskoff (1970) attribuait à la même phase
d’obturation du Rio Turbio.
6.1.1 L’ANTERIORITE DU DEPOT « ANCIEN » PAR RAPPORT A
L’OBTURATION DU RIO TURBIO
L’antériorité de la séquence lacustre « ancienne » par rapport à l’obturation de la
vallée du Rio Turbio a été prouvée grâce à la datation au C14
de matière organique piégée
dans le dépôt. Le résultat donnant un âge compris entre 15310 et 16030 cal B.P, elle est la
première formation encore visible de fond de vallée à s’être mise en place durant le
Quaternaire. La formation lacustre « ancienne » s’est donc mise en place dans des conditions
autres que celles liées au comblement à l’amont du cône de déjection El Calvario, en atteste sa
composition et l’étude de sa stratigraphie. En effet, l’analyse sédimentologique réalisée au
Coulter bass laser portant sur l’analyse de 116 classes granulométriques de la distribution de
taille (Fig.86) et l’observation de l’affleurement, révèle un dépôt homogène, sans réelle
stratification mis à part quelques apports latéraux composés de sables grossiers et de cailloux
au sommet de l’accumulation, témoins sans doute d’apports de crues. De nombreux cristaux
211
de gypse sont observables à la surface du dépôt « ce qui laisse penser à des conditions de type
lagunaire » (Paskoff, 1970). Ces conditions de décantation ont été rendues possibles grâce à
l’obturation de la vallée du Rio Turbio immédiatement en aval du lieu dit Juntas par un
mouvement de masse clairement identifiable sur photographie aérienne (cf. Photo.40).
Les résultats de nos datations au C14
sur les matières organiques prélevées dans les
dépôts fluvio-lacustres du Rio Turbio localisés à l’amont du cône de déjection et à l’aval de
Juntas nous ont permis d’estimer la durée de la période de comblement sédimentaire à
l’arrière du cône de déjection El Calvario à 8300 ans environ. La base du dépôt datée à
(11170-10740 cal B.P) et le sommet à (2770-2710 cal B.P) couvrent bien une période
postérieure à la mise en place du dépôt lacustre « ancien » de Juntas.
Fig. 86- Courbes granulométriques en fréquences simples de l’échantillon (Base Juntas n°1) et (base site 3)
(deux analyses ont été réalisées pour chacun des échantillons ce qui explique la superposition des courbes).
Notons la différence de composition granulométrique des dépôts lacustres échantillonnés à l’amont du cône de
déjection El Calvario et ceux du dépôt de Juntas.
6.1.2 UNE PERIODE FAVORABLE AUX OBTURATIONS (TRANSITION
PLEISTOCENE-HOLOCENE)
Ces résultats nous ont permis de dater de façon relative la mise en place du cône de
déjection El Calvario. Celle-ci, qu’elle soit d’origine endogée ou exogée est dépendante de la
212
présence d’eau dans des conditions nécessaires à la mise en mouvement du matériel. Plusieurs
possibilités existent quant au mode de déclenchement des laves torrentielles de la Quebrada El
Calvario.
Il est possible qu’une fonte accélérée des névés présents à la fin du maximum glaciaire
sur les sommets du bassin versant, soit à l’origine d’un apport d’eau exceptionnel ayant pu
évacuer les dépôts de fond de chenal. Comme nous l’avons déjà précisé (cf. Chap n°4), 70%
des valeurs moyennes annuelles d’accumulation nette du glacier El Tapado sur la période
1962-1999 correspondent à une phase humide El-Niño. Il n’est donc pas exclu qu’un
événement El-Niño soit également à l’origine de pluies ayant déclenché ces laves
torrentielles. L’activité tectonique aurait également pu déclencher le départ du matériel
préalablement déstabilisé par une concentration en eau importante.
Une fois son déclenchement effectué, la lave torrentielle a incorporé des matériaux
supplémentaires par son action érosive directe (érosion des berges et reprise des matériaux du
lit essentiellement) (Remaître et al., 2002). Une fois arrivées dans la vallée principale, la perte
d’énergie du flux liée à l’élargissement de l’espace disponible ainsi qu’une diminution de la
pente moyenne a engendré un étalement de celles-ci, formant le cône de déjection.
L’observation des coupes transversales du front du cône nous permettent d’écarter
une mise en place brutale en un seul événement qui aurait obturé la vallée du Rio Turbio.
Cette obturation s’est manifestée par une succession de bouffées de laves torrentielles dont la
durée totale de mise en place a été suffisamment rapide pour pouvoir compenser l’élévation
de la plaine d’accumulation sédimentaire (ou Llanos) située en amont.
La mise en place du cône de déjection étant datée de façon relative à 12470 ans B.P,
nous avons démontré que cette période était favorable au déclenchement de processus
morphogéniques importants par un excès d’humidité ayant permis la mise en mouvement
d’une quantité importante de matériel accumulé en amont pendant le maximum glaciaire.
Paskoff (1970) avait attribué la formation des grands cônes de déjection présents de part et
d’autre du Rio Elqui depuis La Serena à l’embouchure, jusque dans la vallée du Rio La
Laguna, à la dernière période glaciaire, favorable à leur développement. Il semblerait donc
qu’ils se soient développés ultérieurement dans des conditions moins froides ou durant une
période de transition propice à la mise en mouvement de matériels considérables. Cette phase
humide serait à confirmer par une tentative de datation des cônes de déjection de la cordillère
de l’Elqui afin de corroborer ou non leur contemporanéité avec le cône El Calvario.
La fin du comblement de la vallée du Rio Turbio s’est produite vers (2770-2710 cal
B.P). Le cours d’eau a donc débuté une phase d’incision du matériel accumulé à l’amont du
213
cône de déjection, cette incision a permis le dégagement de coupes longitudinales que nous
avons décrites.
6.1.3 UN RUISSELLEMENT EN TRESSE
La sédimentation en amont du cône El Calvario a duré approximativement 8300 ans au
rythme des apports sédimentaires annuels et saisonniers.
Les séquences étudiées reflètent un environnement de sédimentation ayant alterné
phases relativement calmes et phases plus actives avec un écoulement plus puissant et un
apport de matériau plus important. Le style fluvial à chenaux méandrisants n’aurait pu se
développer dans les conditions topographiques rencontrées, la pente devant être inférieure à
celles que nous rencontrons dans la cordillère de l’Elqui. Un tel style aurait d’ailleurs donné
lieu à la formation de dépôts sédimentaires de points bar avec un granoclassement vertical qui
reflète les phases de dépôt en fond de chenal, d’abandon progressif et de colmatage, mais il
n’en est rien. Le style fluvial était donc de type rivière à chenaux en tresse (braided) à
sinuosité faible (Fig. 87) ; l’absence de plaine d’inondation, l’impossibilité du développement
d’un style fluvial à chenal rectiligne dans une dynamique de comblement ainsi que l’absence
de sédimentation caractéristique de points bars nous permet de l’affirmer.
Nous pouvons d’après ces indices et certaines similitudes avec les conditions de
comblement à l’origine du Llanos en amont de la moraine Allende (Rio Colorado et de celles
à l’origine de la plaine d’épandage fluvio-glaciaire en amont du barrage de la Laguna
(Photo.32), émettre l’hypothèse d’une similarité entre ce que nous pouvons observer
aujourd’hui à la surface de ces dépôts sédimentaires et ce qu’il devait être possible d’observer
lors du comblement à l’arrière du cône de déjection El Calvario.
Les coupes franches dans ces dépôts nous ont permis de comprendre l’enchaînement
des divers apports sédimentaires qui ont façonné le lit du Rio Turbio et notamment d’attester
de la postériorité de la terrasse de La Laguna par rapport au comblement du lac d’obturation à
l’amont du cône de déjection El-Calvario.
Fig. 87- Schéma d’un cours d’eau au style tressé à faible sinuosité
(Google image)
214
6.1.4 LA DECHARGE DE LA LAGUNA DURANT L’HOLOCENE SUPERIEUR
La terrasse alluviale visible de chaque côté de la vallée du Rio Turbio et de la Laguna
se rattache et nous l’avons démontré, au bouchon sédimentaire situé à 3100 m d’altitude
formé par un mouvement de masse venu du versant Est. L’échantillonnage de matière
organique sous la terrasse en aval du cône de déjection El Calvario nous a permis de dater sa
mise en place et ainsi vérifier notre hypothèse de départ qui était celle d’une décharge plus
récente que le dépôt lacustre « ancien » de Juntas mais postérieure à la fin du comblement lié
à l’obturation de la vallée du Rio Turbio. L’âge de (1270 - 1060 cal B.P) obtenu coïncide
parfaitement avec le scénario envisagé et permet également de corroborer notre hypothèse
selon laquelle, la séquence lacustre « récente » de Juntas était contemporaine de la décharge
de La Laguna et même liée. L’absence de corrélation parfaitement identifiable entre la
période glaciaire dite de « La Laguna » contemporaine du Würm de l’Hémisphère nord à
l’origine d’une avancée maximale du glacier El Tapado et l’édification du dépôt situé à 3100
m d’altitude, laisse une certaine largesse quant à l’interprétation et le calage de la mise en
place de ce bouchon sédimentaire.
Les indices de terrain nous ont permis d’infirmer l’hypothèse d’une mise en place du
dépôt de La Laguna par la poussée d’un émissaire glaciaire long de plus de 53 km pour la
glaciation correspondant au Riss « glaciation du Tapado » et 38 km pour le Würm « glaciation
La Laguna ». L’exposition défavorable ainsi que l’altitude trop basse du dépôt terminal si l’on
compare aux altitudes et aux orientations des glaciers rocheux situés dans les vallées voisines
sont des indices qui nous ont permis d’expliquer la formation de la terrasse de décharge de La
Laguna par la rupture de l’accumulation sédimentaire ayant obturé le fond de la vallée du Rio
La Laguna. La plaine d’accumulation proglaciaire située à l’amont du barrage actuel de La
Laguna a pu se combler rapidement, favorisée par une alimentation sédimentaire importante
liée à une phase de recul du glacier El Tapado dont les moraines de retrait ou terrasses de
kame en sont les vestiges.
Après l’Holocène moyen (<2600 B.P), des avancées glaciaires prononcées sont
observées à 30°S (Grosjean et al., 1998) mais il nous est aujourd’hui impossible de corréler
les vestiges morainiques existants dan la vallée du Rio Colorado avec cette phase. Partant du
postulat que le glacier El Tapado a connu la même évolution que les glaciers environnant, il
est possible de penser que ce dernier soit en phase de recul global depuis cette période
permettant au matériel abandonné sur ces divers fronts d’être remobilisé.
La rupture du dépôt de La Laguna à 3100 mètres d’altitude peut trouver son
explication dans un apport hydrique supérieur à la moyenne de façon subite en réponse à des
215
précipitations plus importantes ou à un brusque réchauffement ayant favorisé la fonte des
glaciers, des glaciers rocheux et des neiges. Entre ces deux scénarii, c’est ce dernier qui est le
plus probable au regard de ce que nous avons mis en évidence (cf. Chap n°4). En effet, il
apparaît que le déficit de ruissellement est fortement négatif lors des périodes extrêmement
pluvieuses. A contrario, durant les périodes où les précipitations ont été plus faibles, le déficit
de ruissellement est légèrement négatif voir positif ce qui signifie que la décharge en eau est
supérieur aux apports d’eau par précipitation signifiant la part relativement significative jouée
par la fonte des glaciers et des neiges. Un brusque réchauffement a donc pu avoir lieu vers
(1270 - 1060 cal B.P).
6.1.5 LES APPORTS LATERAUX
A/ LES CONES DE DEJECTION
Les dynamiques de versants dans la haute cordillère de l’Elqui sont multiples ; elles se
déclenchent sur des pas de temps variables avec plus ou moins d’énergie.
Les nombreux bassins versants adjacents aux vallées principales de notre étude sont
autant de zones sources de matériel au débouché desquels se sont développés des cônes de
déjection plus ou moins bien développés. Ils ont été dominés par les coulées de débris, en
atteste les coupes frontales rafraîchies par le sapement des cours d’eau à leur base. La
majorité d’entre-eux sont aujourd’hui inactifs ce qui sous entend une mise en place dans des
conditions environnementales différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. Nous
l’avons dit, la contemporanéité de leur formation avec celle du cône El Calvario n’est toujours
pas prouvée mais une étude d’envergure tentant de dater leur mise en place pourrait être
réalisée en examinant les dépôts accumulés en amont lors des obturations qui ont touché le
fond de la vallée du Rio Turbio.
Nos résultats ont mis en évidence une relation classique entre superficie des cônes de
déjection et superficie du bassin versant même si la largeur disponible en fond de vallée dans
la haute cordillère de l’Elqui est un facteur limitant au développement total des cônes de
déjection. L’action de sapement des cônes de déjection par le ruissellement des Rio est à
l’origine d’une corrélation négative (- 49%) entre la largeur disponible en fond de vallée et la
pente moyenne des cônes de déjection.
Nous avons également mis en évidence qu’il était possible de distinguer les cônes de
déjection à dynamique de coulées de slush et ceux à coulées de débris d’après leur répartition
216
dans un nuage de points mettant en relation dénivelé spécifique des bassins versants et pente
moyenne des cônes de déjection.
Ces apports latéraux des quebrada adjacentes ne sont pas les seuls apports disponibles
puisque les parois rocheuses et les systèmes corniches-éboulis sont également un énorme
pourvoyeur de matériel, en atteste les débris couvrant les terrasses alluviales.
B/ LES CONES D’EBOULIS ET TALUS D’EBOULIS
Ces formations sont communes aux reliefs de haute montagne du monde entier et
témoignent de l’évolution du relief soumis aux aléas exogés et endogés. Ils ont joué un rôle
important dans l’évolution géomorphologique de la haute cordillère de l’Elqui dans la mesure
où ils ont été à certains moments les unités sources des accumulations de matériel mobilisés
lors des multiples obturations qu’a connu la haute cordillère. La Quebrada El Calvario a ainsi
connu une phase d’accumulation de matériel dans sa partie amont probablement par action
combinée des talus d’éboulis et des cônes d’éboulis. Les cônes d’éboulis présents dans la
vallée du Rio Colorado ont également fourni du matériel lors du retrait des glaces et de
l’augmentation des eaux de ruissellement. Le transport de ce matériel est parfois soumis à des
périodes de stockage plus ou moins longues dans des milieux que nous appelons des zones
tampons. Durant le Quaternaire, la cordillère de l’Elqui a connu et connaît toujours cette
particularité du concept de transfert sédimentaire commun à tout relief. En effet, le système
morainique Allende situé dans la vallée du Rio Colorado, mis en place par un glacier rocheux
a engendré un comblement amont et donné naissance au Llano de las liebres. Situé en aval de
la marge déglacée de la vallée du Rio Colorado, cette accumulation s’intègre dans un système
complexe de relais de processus depuis la marge déglacée jusqu’au système fluvial.
Une deuxième zone tampon s’est développée plus en aval à l’arrière de la formation
sédimentaire ayant obstrué la vallée de La Laguna à 3100 mètres d’altitude. Cette zone est
aujourd’hui recouverte par la retenue d’eau artificielle de l’Embalse La Laguna. Dans la
vallée du Rio Turbio, c’est à l’amont du cône de déjection El Calvario qu’une autre zone
tampon a fonctionné durant plus de 8000 ans, d’ailleurs, la totalité des sédiments piégés n’ont
toujours pas été remaniés par l’action du Rio puisqu’ils affleurent toujours sous forme de
séquences sous les éboulis de pente. Ces plaines, en laissant libre cours aux divagations et aux
extensions des cours d’eau, en diminuant leur pente, constituent ou ont constitué de véritables
réservoirs sédimentaires.
Ces apports latéraux ont pu être en partie être quantifiés puisque nous disposons d’un
calage chronologique (terrasse alluviale de La Laguna) nous permettant de reporter une durée
217
d’accumulation à une superficie. La chronologie des événements morphogènes de la haute
cordillère de l’Elqui que nous venons de résumer est synthétisée dans la figure n° 88.
Fig. 88- Chronologie des formations de fond de vallée de la haute cordillère de l’Elqui
218
6.2 CONFRONTATION DES RESULTATS OBTENUS AVEC LA LITTERATURE
ACTUELLE
L’impact du changement climatique actuel (Global Warming) en Amérique du sud ne
peut être pris en considération dans toute sa complexité et complètement compris qu’à travers
les connaissances fiables et les interprétations des changements globaux du passé (IPCC,
2001). Certaines études récentes commencent à apporter certains éléments de réponse sur les
variations climatiques qui ont affecté le Norte-Chico, mais les résultats demeurent spartiates à
tel point que les résultats obtenus pour certaines périodes sont controversés (Veit, 1996). La
montée en puissance de la datation par les radionucléides cosmogéniques pourrait venir
pallier ces incertitudes qui découlent plus ou moins directement du manque de matériel
organique datable, nous l’avons déjà signalé. Les deux principales études menées à l’heure
actuelle utilisant cette nouvelle méthode et apportant des éléments nouveaux à la
compréhension de l’évolution paléoenvironnementale régionale, sont les études réalisées par
Roland Zech dans deux anciennes vallées glaciaires au Nord et au Sud de notre zone d’étude,
ce qui nous permet de comparer nos résultats et d’affiner l’explication de leur mise en place.
Dans cette partie, nous allons donc comparer l’évolution des modelés et des formations
quaternaires que nous venons de mettre en avant, avec les résultats et interprétations obtenues
dans les études récentes, locales et régionales.
6.2.1 RESULTATS OBTENUS POUR LES ANDES CENTRALES DU CHILI
A/ RESULTATS DE LA VALLEE ENCIERRO
(Zech, 2006a) avaient comme objectif pour leur étude localisée dans la vallée
Encierro (Fig.89) de reconstruire l’histoire climatique du Pléistocène supérieur à l’aide de la
méthode de datation absolue basée sur le taux de production de radionucléides cosmogéniques
dans les roches échantillonnées sur les moraines.
Les résultats obtenus permettent de proposer la chronologie glaciaire suivante :
- La phase glaciaire la plus importante et la mieux conservée (Large moraine
latérale LM et la moraine frontale M-II B) est datée à 14 000 +/- 1400 B.P.
219
- Vers 11.6 ka +/- 1200 B.P, une phase de recul a eu lieu dont la moraine M-V
en est le témoin.
- C’est entre 10,4 +/- 1,0 ka B.P (EE22) et 9,3 +/- 0,9 Ka B.P (EE63) qu’à du
avoir lieu la phase de fonte des dernières glaces et de la stabilisation des formes.
- Basé sur une seule datation, l’auteur suggère une avancée glaciaire un peu plus
importante que celle de 14,0 ka B.P datée à 24,1 +/- 2,4 ka B.P (EE71).
Les datations obtenues dans cette étude suggèrent une augmentation de l’humidité
ainsi qu’une avancée glaciaire majeure vers 25 000 ans B.P et vers 14 000 ans B.P. La
modélisation à partir d’un modèle (glacier-climat) proposé par (Kull et al., 2002) indique une
moyenne des températures annuelles inférieure de 5,5°C et un total des précipitations de 550
mm/an contre 300 mm/an actuellement pour la phase glaciaire correspondant à la moraine M-
II (Fig.89).
Il n’est pas exclu dans ce modèle que des précipitations en été se soient produites en
raison d’advections de masses d’air humides provenant de l’Est des Andes. Le modèle ne
permet de définir la saisonnalité des précipitations dans cette vallée, mais des résultats
obtenus dans la cordillère de l’Ouest entre 18°S et 23°S indiquent clairement un passé
climatique très humide, favorable au déclenchement de précipitations durant l’été (Zech,
2006a).
Fig. 89- carte de localisation des datations réalisées dans la
vallée Encierro d’après (Zech et al., 2006a)
220
B/ RESULTATS DE LA CORDILLERE DE DONA ROSA
Située à environ 200 km au sud de la vallée Encierro, elle se caractérise comme la
zone d’étude précédente, par l’absence de glacier malgré des altitudes avoisinant les 4500
mètres. De larges moraines latérales s’étendent jusqu’à des altitudes inférieures à 3000 mètres
où elles rejoignent la vallée du Rio Los Moles. Les signes d’une glaciation puissante se
retrouvent même sous les 2000 mètres d’altitude.
Les résultats viennent corroborer ceux obtenus dans la vallée Encierro (Zech, 2006a).
En effet, entre 14,7 +/- 1,5 ka B.P et 11,6 +/-1,2 ka B.P plusieurs avancées glaciaires se sont
produites ; il n’existe néanmoins aucune trace de moraines contemporaines du dernier
maximum glaciaire. Par contre, une avancée plus ancienne est datée à 32 ka B.P, cette période
pourrait être mise en relation avec une remontée vers l’équateur des Westerlies en raison de
l’extension de l’inlandsis Antarctique et coïnciderait avec le minimum d’insolation connu
sous les hautes latitudes de l’hémisphère sud. En effet, il a été démontré que vers 32 ka B.P et
entre 14 700 -11 600 B.P, l’insolation durant l’été austral était faible ; les faibles températures
ainsi que la faible sublimation ont certainement permis la croissance des émissaires
glaciaires. Cette phase est également confirmée par les analyses palynologiques de la série
rodent middens à 25°S, lesquelles indiquent une augmentation des précipitations d’été entre
17 000 et 11 000 B.P (Maldonado et al., 2005).
6.2.2 LES RESULTATS A L’ECHELLE NATIONALE ET CONTINENTALE
(Amman et al., 2001) ont révélé l’absence de dépôts glaciaires entre 25°S et 27°S dans
le centre de la diagonale aride étayant leur hypothèse selon laquelle, les avancées du nord et
du sud de la diagonale aride n’ont pas été synchrones (Kull, 1999 ; Kull et Grosjean, 2000).
La dernière phase d’avancée des glaciers datée à environ 14 ka B.P que ce soit dans la vallée
Encierro ou dans la cordillère De Dona Rosa est corroborée par les résultats obtenus à partir
de sédiments lacustres dans la région de l’altiplano mettant en avant une augmentation de
l’humidité (Grosjean et al., 2001).
Les études des speleothèmes du Sud-est du Brésil (Cruz et al., 2006) ainsi que les
études des rivages lacustres de l’Altiplano (Placzeck et al., 2006) révèlent une circulation
atmosphérique tropicale moins prononcée durant le dernier maximum glaciaire (20 ka B.P)
que vers (17-11 ka B.P). Ceci explique très certainement l’absence de vestiges morainiques
datant de cette période.
222
6.2.3 COMPARAISON DU CALENDRIER MORPHOGENE DE LA HAUTE
CORDILLERE DE L’ELQUI AVEC LA LITTERATURE SCIENTIFIQUE
La totalité des formations sédimentaires décrites dans ce travail s’est mise en place
après le dernier maximum glaciaire communément estimé dans l’hémisphère sud entre 28 et
18 ka cal B.P. Il nous est possible de confronter nos résultats et le scénario d’enchaînement
des grandes phases morphogènes que nous avons définit avec les résultats que nous venons de
citer.
A/ LES PULSATIONS GLACIAIRES
Ginot et al., (2006) défendent l’idée, nous l’avons développée, selon laquelle le glacier
El Tapado n’aurait pu se développer sous les conditions de l’Holocène moyen (8000-4000 cal
B.P). Il est néanmoins peu probable que le glacier ait pu se développer sur 13 km environ
durant le dernier maximum glaciaire, puis qu’il est disparu lors de l’Holocène moyen pour
enfin se développer de nouveau durant l’Holocène supérieur. Il est cependant tout à fait
plausible que le glacier ait connu une phase de retrait durant l’Holocène moyen sans
disparaître totalement. Si nous appliquons à la moraine frontale située à 3700 mètres
d’altitude dans la vallée du Rio Colorado, l’âge de l’avancée maximale proposée par (Zech,
2006a) à savoir 24,1 +/- 2400 B.P, l’estimation de la vitesse de recul du glacier El Tapado sur
la base de son front actuel aurait été de 0.53 m/an et de 1.12 m/an en appliquant l’âge de 11.6
ka B.P, ce qui est tout à fait acceptable.
Les phases d’extension maximale des glaces attestées à 24 ka B.P et entre 14.7 et 11.6
ka B.P délimitent une période de recul des glaces. Cette période coïncide avec la mise en
place du dépôt fluvio-lacustre « ancien » de Juntas, daté entre 15310 et 16030 cal B.P. La
composition argilo-limoneuse de ce dépôt peut donc s’expliquer non seulement par les
conditions de dépôts que nous avons développées mais également par le remaniement de la
farine glaciaire par les eaux de fonte du glacier El Tapado et des neiges.
Les moraines de retrait et les terrasses de kame situées en amont de la vallée du Rio
Colorado (3900 mètres d’altitude) correspondent à la phase de retrait régionale mise en
évidence dans la vallée Encierro et dans la cordillère Dona Rosa.
B/ DEVELOPPEMENT DES CONES DE DEJECTION ET DES OBTURATIONS
Les investigations géomorphologiques et pédologiques de H. Veit (1996) ont permis
de dégager une évolution climatique holocène du Norte-Chico. Une intensification de
223
l’influence des Westerlies eu lieu avant 7300 ans B.P, entre 5000 - 3700 ans B.P, 3000-1800
ans B.P et vers 270 ans B.P. Il met également en avant le fait que la période de transition
Pléistocène/Holocène (10 000 B.P) a été favorable au développement des cônes de déjection
et au développement des sols.
Une séquence fluvio-lacustre datée dans la vallée du Rio Copiapo (27°50’S) par H.
Veit (1996) (Base du dépôt : 5035 +/- 95 ka B.P, sommet : 3860 +/- 60 ka B.P) s’est mise en
place tout comme celle à l’amont du cône de déjection El Calvario par un phénomène de
blocage du ruissellement par des apports latéraux conséquents. Le calage chronologique avec
la période durant laquelle se sont mis en place les dépôts fluvio-lacustres du Rio Turbio est
donc synchrone (11170-10740 cal B.P et 2770-2710 cal B.P). La période comprise entre
8000 cal B.P et 4000 cal B.P (Holocène moyen) est caractérisée par une aridité plus marquée
que l’Holocène inférieur (Lamy et al., 1999 ; Bettina et al., 2002 ; Kaiser et al., 2005). Cette
diminution des apports d’humidité coïncide en partie avec la période de comblement du lac
d’obturation de la vallée du Rio Turbio et pourrait expliquer l’évolution des faciès observés
sur la coupe du site n°2. En effet, nous avions détaillé le passage d’une séquence basale
caractérisée par des accumulations planes à alternance d’argiles, limons et de matière
organique caractéristique d’une mise en place dans un environnement de faible énergie, à une
partie supérieure de la séquence caractérisée par des accumulations successives de matériel
emboîté plus grossier de type (gravier-galet), signe d’apports hydriques plus importants et
énergiques.
La structure tabulaire et le faciès général des séquences fluvio-lacustres du Rio Turbio
concordent avec des conditions de mise en place de milieu de faible à très faible énergie, voir
certaines périodes d’évaporation intense. Leur mise en place sous forme de deux séquences
distinctes délimitées par une unité sédimentaire mise en place dans des conditions
hydrodynamiques plus rapides et une tranche d’eau plus importante, nous permet donc
d’attester d’une certaine variabilité des apports hydriques en réponse à des apports d’humidité
au sein même d’une période caractérisée par des conditions climatiques plus arides
qu’actuellement.
Aguillar Martorell (2010) a analysé dans la vallée du Rio El Transito, principal
affluent du Rio Huasco, la même typologie de formations sédimentaires rencontrées dans la
cordillère de l’Elqui. En effet, il existe dans cette vallée des dépôts alluviaux que l’on trouve
sous forme de terrasse avec une hauteur relative comprise entre 5 et 20 m par rapport au
niveau actuel du Rio. Principalement constituée de graviers, son aspect est massif avec des
éléments pouvant atteindre 1 m de diamètre. On peut y observer des intercalations de sables et
de limons avec des niveaux aux conglomérats plus fins (Fig.91 et 92).
224
La présence de cônes de déjection est également attestée, essentiellement sur le versant
Nord de la vallée du Rio El Transito où l’on peut observer jusqu’à trois générations de cônes
emboîtés. Ceux-ci sont soit incisés par le cours actuel du Rio ou par les cônes plus récents et
peuvent s’élever jusqu’à 70 m au-dessus du cours actuel du Rio pour les plus anciens. La
présence de sédiments fins à l’amont de ceux-ci atteste de périodes d’obturation totale de la
vallée comme dans la cordillère de l’Elqui. Constitués par la succession de coulées de débris,
leur stratification est massive avec une gradation inverse. G.A. Aguilar Martorell, (2010)
déduit de cette présence de gradation inverse dans un contexte de forte pente, le
déclenchement de coulées à forte viscosité.
Six écroulements sont également présents dans cette vallée, couvrant des superficies
allant de 1 à 6 km2.
Comme dans la cordillère de l’Elqui, il y a présence de dépôts paraglaciaires qui ont
été datés par 14
C. Ces dépôts ressemblent en de nombreux points à ceux que nous avons
analysés dans le Rio Turbio et s’étendent sur près de 5 km en aval des anciennes marges
glaciaires (Fig.89). Ceux-ci se composent de couches d’épaisseur centimétrique composées de
limons de couleur brune jaunâtre, d'argiles et de sables. Des contacts irréguliers sont relevés
avec plis et des ondulations, des unités lenticulaires (10 centimètres de largeur) sont
également présentes et une stratification parallèle à la base et au sommet de la séquence est
présente même si en certaines occasions une stratification croisée se révèle. De fines couches
de matière organique de quelques millimètres d’épaisseur peuvent être échantillonnées.
Les résultats de cette étude sont en cohérence avec les nôtres puisque les résultats des
datations des sédiments fluviaux sont compris entre 14.7 et 2.3 ka B.P et que l’âge de
l’écroulement cité précédemment est compris entre 14.7 et 14.1 ka B.P. Les résultats des
datations de la matière organique présente dans les sédiments paraglaciaires sont compris
Fig. 91- photographie de l’écroulement (A) et des dépôts lacustres accumulés suite à l’obturation de la
vallée El Transito (B). Clichés : Aguillar Martorell
225
entre 11.2 et 4.4 ka B.P ; cette période couvre l’intégralité de notre période de comblement à
l’amont du cône de déjection El Calvario. A noter que des apports fluviaux plus marqués sont
datés entre 11.1 et 4.8 ka B.P.
Fig. 92- coupe lithostratigraphique et photographies de la terrasse paraglaciaire de la vallée
El Transito 1/ argile 2/ limons 3/ sables violets 4/ sables jaunâtres 5/ conglomérats 6/ flux de
détritus 7/ bioturbation 8/ stratifications entrecroisées 9/ ondulations et plis 10/ couches de
limonites 11/ couches de charbon Réalisation : AGUILLAR MARTORELL
226
C/ L’HOLOCENE SUPERIEUR
Les résultats sur les conditions paléoclimatiques de l’Holocène supérieur attestent
d’une augmentation des apports d’humidité et de conditions plus instables que durant
l’Holocène moyen. En effet, c’est à partir de 4000 B.P qu’un changement s’opère que ce soit
dans le Norte-Chico (Lamy et al., 1998) ; dans le nord (désert d’Atacama) (Betancourt et al.,
2000) ou dans le sud où l’apport des eaux continentales augmente sensiblement (Kaiser et al.,
2005).
La fin de la sédimentation du lac d’obturation du Rio Turbio que nous avons datée à
moins de 2770-2710 cal B.P est également synchrone avec les résultats que nous venons de
citer. Les indices géomorphologiques et les datations nous ont permis d’attester de la
postériorité de la terrasse fluvio-glaciaire de la Laguna par rapport à la période de
sédimentation du lac d’obturation. La mise en place de ce dépôt fluvial, directement rattachée
au bouchon sédimentaire de La Laguna situé à 3100 mètres d’altitude et que nous avons datée
à 1270 - 1060 Cal B.P pourrait correspondre aux événements de type « flash-flood » évoqués
par (Lamy et al., 1998) dont les traces ont été retrouvées dans sédiments hémipelagiques
présents à 27.5 °S sur le talus continental. (Betancourt et al., 2000) ont mis en évidence deux
phases durant l’Holocène supérieur dans le désert d’Atacama pendant lesquelles, les apports
d’humidité ont été à leur maximum, il s’agit des périodes comprises entre 3000 -2600 B.P et
2200-1800 B.P. H. Veit (1996) parle également d’une intensification de l’influence des
Westerlies sur la période comprise entre 3000 et 1800 B.P. Une avancée glaciaire est
d’ailleurs attestée par la datation de matière organique sous une moraine dans la vallée
Encierro 29°S après 2600 B.P. La mobilisation brutale des sédiments fluvio-glaciaires de La
Laguna pourrait donc correspondre à la phase morphogène finale d’une période soumise à une
influence accrue des Westerlies accompagnée d’une augmentation des précipitations sur la
cordillère de l’Elqui.
Nous n’avons pu affirmer que la terrasse alluviale de La Laguna était à l’origine de la
rupture du cône de déjection El Calvario, signant ainsi la fin de la sédimentation du lac
d’obturation mais il est dorénavant certain qu’elle constitue la dernière phase morphogène
majeure du fond de vallée de la cordillère de l’Elqui. Le ravinement des dépôts fluvio-
lacustres de Juntas, du Rio Turbio ainsi que des débris de cônes de déjection à proximité de
Rivadavia l’attestent (Fig.93) (Paskoff, 1970).
227
D/ ETUDE DE L’HISTOIRE SEDIMENTAIRE PARAGLACIAIRE ET FLUVIALE DANS
LA VALLEE DU RIO TURBIO (PLEISTOCENE SUPERIEUR- HOLOCENE INFERIEUR)
D’APRES (RIQUELME ET AL., 2011) : ENTRE COMPLEMENTARITE ET DISCUSSION
C’est en mettant un point final à notre calendrier de mise en place des formations
fluvio-glaciaires et lacustres de la cordillère de l’Elqui que nous avons pris connaissance de la
publication d’un article sur l’étude de l’histoire sédimentaire paraglaciaire et fluviale de la
vallée du Rio Turbio durant l’année 2011. Cette étude menée par Riquelme Rodrigo de
l’université catholique du nord d’Antofagasta au Chili en partenariat avec le laboratoire des
mécanismes et transfert en Géologie de l’Université de Toulouse, s’attache tout comme notre
étude à comprendre les enregistrements géomorphologiques présents dans la cordillère
principale (cordillère de l’Elqui).
A la lecture de cet article, force est de constater que nous avions observé et analysé les
mêmes affleurements sédimentaires et tenté de comprendre les mêmes enchaînements de
dépôts. C’est en cela que cet article est complémentaire de notre étude puisqu’il permet de
corroborer un certain nombre de résultats que nous avions obtenus ; néanmoins, certaines
interprétations ou propositions de calage chronologique peuvent être discutées dans la mesure
où notre étude apporte des éléments complémentaires et met en avant certains indices de
terrain rendant discutables certaines hypothèses de mise en place des sédiments fluvio-
glaciaire de la cordillère.
Fig. 93- ravinement des déjections torrentielles par la terrasse alluviale.
Coupe observée à Rivadavia d’après (Paskoff, 1970).
228
- METHODOLOGIE
La méthodologie employée dans l’étude de Riquelme est sensiblement la même que la
notre avec l’utilisation de photographies aériennes et de modèles numériques de terrain afin
de cartographier précisément les dépôts glaciaires, fluvio-glaciaires et les formations
fluviales. Quatorze échantillons ont été prélevés dans des couches riches en matière organique
contre cinq pour notre étude et la méthode de datation au 14
C a également été utilisée. Les
procédures de calibration utilisées par le laboratoire Beta Analytics Radiocarbon Dating
Laboratory (Miami, USA) étant les mêmes, nos résultats peuvent être comparés (cf. tableau
n°9).
- COMPLEMENTARITE DES DEUX ETUDES
Le coût inhérent aux datations nous avait conduits à ne sélectionner que les
échantillons de matière organique dont la qualité permettait de limiter les risques de
contamination. C’est pourquoi nous ne disposons de résultats sur la période de mise en place
du système morainique frontal situé à 3700 m d’altitude dans la vallée du Rio Colorado.
(Riquelme et al., 2011) apportent donc un élément permettant d’affiner le calendrier de mise
en place des formations sédimentaires quaternaires de la cordillère grâce à trois datations
réalisées sur des sédiments organiques et de la tourbe en amont de la moraine frontale (Photo.
42).
La fourchette que nous avions proposée pour la mise en place de la moraine frontale
était comprise entre 32 ka et 11,6 +/-1,2 ka B.P (cf. chapitre 4). La datation proposée par
(Riquelme et al., 2011) située entre 16.7 ka B.P et 14.9 ka B.P permet donc de caler cette
phase d’avancée glaciaire maximale du glacier El Tapado avec une période climatique
Photo. 42- localisation des datations réalisées par (Riquelme et al., 2011) dans la vallée du Rio Colorado.
Alt : 3700 m orientation de la prise de vue : ouest
229
caractérisée par une augmentation des précipitations d’été entre 17 ka et 11 ka B.P qui avait
été identifiée par (Maldonado et al., 2005). Selon nos estimations, le taux de recul moyen du
glacier El Tapado est donc de 0.90 m/an environ.
Il est intéressant de constater que cette phase d’avancée glaciaire correspond à la
période de mise en place du dépôt « ancien » de Juntas que nous avons datée entre 16 ka et
15.3 ka cal B.P. Les dépôts argilo-limoneux de ce dépôt se sont mis en place dans un
environnement très calme propice à la décantation. Cette accumulation a été rendue possible
par un apport en sédiment du Rio La Laguna riche en matériau très fin et par l’obturation de la
vallée du Rio Turbio à l’aval par un mouvement de masse que nous avons identifié sur le
terrain et par photographie aérienne. En se basant sur nos résultats de l’apport des masses
glaciaires et neigeuses dans le système hydrologique de la cordillère, la faible capacité de
prise en charge par le Rio La Laguna durant cette période peut s’expliquer par un coefficient
de ruissellement négatif durant les périodes pluvieuses comme nous l’avons démontré (cf.
chap.4). De plus, contrairement à une phase de fonte des glaces et de recul des glaciers, la
phase d’avancée n’est pas propice à l’évacuation de sédiments vers l’aval.
Cette étude vient également confirmer nos résultats sur la période de comblement du
lac d’obturation en amont du cône de déjection El Calvario. En effet, trois datations réalisées
sur les affleurements fluvio-lacustres le long du Rio Turbio corroborent une phase de
sédimentation favorisée par un apport de sédiments dont les zones sources sont l’extrême
amont du bassin versant, là où les glaciers ont favorisé la production de matériel. La lithologie
de ces dépôts confirme d’ailleurs cette provenance.
L’âge le plus ancien obtenu par Riquelme et al., (2011) pour les sédiments fluvio-
lacustres est de 9820 +/- 70 B.P ; dans notre étude, l’âge le plus ancien est estimé à 11170
cal B.P avec un échantillon prélevé sur le site n°1 que Riquelme et al., (2011) n’ont ni décrit
ni analysés. Sur ce même site, nous avions également pu dater une couche de matière
organique située pratiquement au sommet de l’accumulation sédimentaire nous donnant
l’opportunité de dater approximativement l’arrêt de la sédimentation à 2710 cal B.P. Nous
avons donc pu de part notre étude affiner le calendrier de mise en place de cette phase
d’accumulation.
Là où l’étude de Riquelme apporte une donnée nouvelle, c’est sur le site que nous
avions dénommé site n°2 avec une datation réalisée au sommet de la séquence sous une
séquence alluviale caractérisée par un matériel plus grossier qui marque un changement dans
le style fluvial. Le résultat de cette datation nous donne un âge de 6850 +/- 60 B.P. Nous ne
disposions pas de cette datation lorsque nous avions mis en avant un changement de la nature
et de la composition de l’enchaînement lithostratigraphique de l’affleurement.
230
- Développement des cônes de déjection
Les cônes de déjection présents de part et d’autre de la vallée du Rio Turbio et du Rio
Elqui plus en aval, présentent à de nombreux endroits des affleurements qui nous ont permis
d’attester de leur antériorité par rapport à la terrasse alluviale de La Laguna. Paskoff parlait de
la transition Pléistocène-Holocène comme une période favorable à leur construction. Après
avoir daté de façon relative la mise en place du cône de déjection El Calvario (12470 B.P),
nous aurions souhaité pouvoir calibrer plus précisément la période favorable au
développement de ces cônes de déjection mais encore une fois, l’absence de matière
organique clairement identifiable a été un frein. Riquelme et al., (2011) ont néanmoins réussi
à dater de façon « absolue » trois cônes de déjection entre le cône de déjection El Calvario et
la confluence entre le Rio Turbio et le Rio Claro à l’extrême Nord-ouest de notre zone
d’étude. Il ressort de leurs résultats une période de mise en place de ces cônes comprise entre
11080-10520 cal B.P et 5920-5660 cal B.P. L’âge de 11080 cal B.P a été obtenu dans un
échantillon prélevé entre les débris d’un cône de déjection et l’accumulation de sédiments
fluvio-lacustres jointive. Cet exemple de comblement que nous avions déjà décris et qui s’est
produit sur d’autres sites de la cordillère de l’Elqui vient confirmer notre datation relative de
la mise en place du cône El Calvario situé à environ 15 kilomètres en amont. Il semblerait
donc qu’entre 12470 et 11080 cal B.P les conditions climatiques aient été réunies pour
provoquer le déclenchement de coulées de débris successives et ce jusque 5920 – 5660 cal
B.P au moins.
La majorité de nos résultats est donc complémentaire, à la fois sur la période de mise
en place des cônes de déjection et sur la phase de sédimentation à l’amont de ceux-ci. Il est
cependant étonnant que l’étude de Riquelme et al., (2011) ne fasse à aucun moment mention
du lien entre ces formations fluvio-lacustres et les phénomènes d’obturation, ce contentant de
détailler les accumulations rencontrées. Il y a pourtant ici tous les indices de zones tampons
dans le schéma de relais des sédiments de la cordillère.
Cette complémentarité laisse cependant la place à la discussion, certains indices de
terrain et certaines interprétations faisant l’objet de divergences.
231
- DIVERGENCES
Le principal point de divergence dans l’explication de la mise en place des modelés
rencontrés dans la cordillère principale est celui sur l’origine et l’âge du dépôt sédimentaire
que nous avons appelé dépôt de La Laguna situé à 3100 m d’altitude. En effet, Riquelme et
al., (2011) identifient à cet endroit trois modelés glaciaires qu’ils définissent comme la
résultante d’un front glaciaire. Ces modelés sont interprétés comme étant deux arcs
morainiques latéraux (ML1 et ML2) et un dépôt diamictique non stratifié à la morphologie de
surface de type hummock (Fig.94). Paskoff (1970) avait vu dans ce dépôt terminal, l’héritage
d’une phase froide récente contemporaine du Würm-Wisconsin de l’hémisphère nord qu’il
nomme « glaciation de La Laguna » en se basant sur la netteté et la fraîcheur de son matériel.
Il en est venu à la conclusion que le dépôt était une moraine frontale mise en place par un
glacier de vallée de type alpin. Nous avons démontré que ce dépôt ne pouvait correspondre à
une moraine frontale en raison de son altitude, de sa position par rapport au glacier El Tapado
actuel, à sa composition et à l’absence d’indices de terrain attestant de la présence des glaces à
l’aval de la moraine frontale située à 3700 mètres d’altitude.
Dans leur étude Riquelme et al., (2011) citent néanmoins Abele (1984) qui avait
identifié cette accumulation comme un dépôt de till remanié par un glissement de terrain après
le retrait des glaces. En se référant aux études menées dans la vallée Encierro au nord (29°S)
(Grosjean et al., 1998) et dans la cordillère Doña Rosa au sud (31°S) (Zech et al., 2007,
2008), l’étude de Riquelme estime que la distance des arcs morainiques de La Laguna par
rapport à leurs cirques glaciaires d’origine est équivalente aux systèmes morainiques plus
anciens (37 – 17 ka B.P) datés aux abords de notre région d’étude soit, 14 km environ. Il est
surprenant de remarquer qu’aucun cirque situé à 14 km des « arcs morainiques » ne laisse à
penser qu’un quelconque englacement puissant ait été susceptible de former un arc
morainique situé à 250 mètres au-dessus du niveau actuel du Rio La Laguna. Il est d’ailleurs
surprenant de constater que la localisation des zones sources susceptibles d’avoir alimenté un
tel glacier n’est pas mentionnée. Ces zones d’alimentation à l’origine des arcs morainiques
décrits comme tels par Riquelme et al., (2011) étant différentes de celles du glacier El Tapado
à l’origine de la moraine frontale située à 3700 m d’altitude, cela remet en cause l’hypothèse
d’un glacier de 40 km de long.
Un deuxième argument proposé par Riquelme et al., (2011) et que nous avions
également mis en avant, permet de définitivement écarter l’hypothèse d’un agent morphogène
d’une longueur de 40 km. En effet, le Rio Colorado et la partie supérieure du Rio La Laguna
se caractérisent par une orientation Nord-sud influencée par la morphostructure. Ces deux
232
sections sont jointes par un large coude effectué par le Rio Colorado d’une longueur
d’environ 4 km avec une orientation Est-ouest et dont le calibrage en V et accidenté exclu
toute possibilité de développement d’un émissaire glaciaire.
Riquelme et al., (2011) estiment donc la période de mise en place du dépôt de La
Laguna entre 17 et 12 ka B.P. L’âge des arcs morainiques de La Laguna serait donc
équivalent à celui de la moraine frontale située 20 km en amont à 3700 m.
Bien qu’ayant utilisé les photographie aériennes, il n’est fait aucune allusion aux
dépôts flués situés sur le versant Est de la vallée de La Laguna et dont la délimitation est
parfaitement concordante avec celle du dépôt sédimentaire de fond de vallée. Ceci est
d’autant plus surprenant que la photographie ci-dessous a été prise depuis ce dépôt.
La méthodologie basée en partie sur la comparaison des datations des moraines
connues dans les vallées toutes proches de notre zone d’étude a conduit les auteurs à proposer
un calendrier de mise en place des dépôts sans prendre en considération tous les indices de
terrain. Ces éléments de terrain sont l’explication de la complémentarité de notre étude.
- APPORTS DE NOTRE ETUDE
Nous avons pu démontrer l’origine du dépôt sédimentaire de La Laguna mais
également proposer des explications sur la mise en place de certains dépôts et en particulier
ceux situés à la confluence du Rio Toro et du Rio La Laguna, au lieu dit Juntas. Notre étude
sur la réponse du réseau hydrographique aux apports pluviométriques dans la cordillère nous
a permis d’ébaucher quelques hypothèses de mise en place même si celle-ci restent
difficilement vérifiables a posteriori.
Fig. 94- délimitation des modelés glaciaires repérés par Riquelme et al., (2011) à 3150 mètres
d’altitude dans la vallée du Rio La Laguna. Réalisation (Riquelme et al., 2011)
233
Ni le dépôt lacustre « ancien » que nous avons analysé et daté, ni le dépôt « récent » ne
sont mentionnés dans l’étude de Riquelme. L’âge de la mise en place du dépôt « ancien » est
estimé entre 16030 et 153010 cal B.P. Ce résultat permet de valider l’hypothèse de Paskoff
selon laquelle, la vallée du Rio Turbio avait été obturée au moins à deux reprises en raison de
la présence de ce dépôt mais également des dépôts fluvio-lacustres que nous avons analysés
en aval tout le long du Rio Turbio. Cette double obturation ne s’est pas produite au même
endroit, en atteste le dépôt encore visible à 1.1 km en aval du complexe de Juntas que nous
avons identifié depuis le fond de vallée puis par photographie aérienne. Le déclenchement de
ce mouvement de masse date si l’on se base sur notre datation à 16 ka cal B.P environ, au
début de la phase d’avancées glaciaires identifiée dans les Andes-semi-arides 17-12 ka B.P
(Zech et al., 2006, 2007). Rappelons que nous avons estimé l’âge de mise en place du cône de
déjection El Calvario à 12470 B.P. Les conditions climatiques du Pléistocène supérieur et de
l’Holocène inférieur ont donc était un facteur primordial à l’évolution du relief de la cordillère
de l’Elqui que se soit en fond de vallée ou sur les versants par la fourniture en matériel.
L’étude de Riquelme atteste également du ravinement des dépôts fluvio-lacustres de
façon discordante par les dépôts fluvio-glaciaires de la terrasse de La Laguna. Cette
discordance a été démontrée sur le site n°1 dans la vallée du Rio Turbio. Nous en avions
déduit la postériorité de la mise en place de la terrasse fluvio-glaciaire de La Laguna. Cette
postériorité a pu être validée par la datation (entre 1270 et 1060 cal B.P) d’une couche de
matière organique piégée à la base de la terrasse de La Laguna immédiatement à l’aval du
cône de déjection El Calvario. Non loin du village de Huanta, dans la vallée du Rio Turbio,
Riquelme et al., (2010) ont pu observer des dépôts de cette terrasse fluvio-glaciaire incrustés
dans les dépôts d’un cône de déjection ce qui les a amenés à en déduire un âge de mise en
place de cette terrasse postérieur à la mise en place de ce même cône de déjection. Nous
n’avons pas observé de telles incrustations dans quelque cône de déjection que ce soit ; nous
ne connaissons d’ailleurs pas la localisation précise du cône décrit par Riquelme. Aux abords
de Huanta, le seul cône de déjection présentant une alternance de coulées de débris et de
sédiments fluvio-lacustres est illustré photo n°37 mais il s’agit là de dépôts consécutifs à une
obturation. La période de mise en place de la terrasse de la Laguna est estimée entre 7820-
7580 cal B.P et 5920/5660 cal B.P d’après Riquelme et al., (2010). Cette estimation est basée
sur l’âge le plus récent obtenu pour les dépôts lacustres à l’amont du cône de déjection El
Calvario sans disposer d’une datation de l’arrêt du comblement. Cette datation, nous avons
réussi à l’obtenir sur l’affleurement du site fluvio-lacustre n°1 (2770-2710 cal B.P). Notre
résultat apporte donc une première contradiction au résultat proposé par cette étude ; un
deuxième résultat corrobore notre datation et remet donc en question l’estimation de l’âge de
la terrasse fluvio-glaciaire de La Laguna proposée par l’étude. En effet, l’échantillonnage que
nous avons pu effectuer et dater sous la terrasse fluvio-glaciaire nous donne un âge de (1270-
234
1060 cal B.P). Il y a donc bien postériorité de cette terrasse par rapport au comblement à
l’amont du cône de déjection El Calvario déjà mise en avant par le contact présenté figure
n°76 mais également postériorité par rapport à l’arrêt de la sédimentation.
Le remaniement du matériel du dépôt diamictique de La Laguna (3100 m) s’est donc
bien fait sur une période assez courte comme Paskoff et nous même l’avons proposé. Il n’y a
par contre pas eu de mise en place de la terrasse fluvio-glaciaire de La Laguna par un
phénomène de type chasse d’eau suite à la rupture du système morainique de La Laguna à
3100 m d’altitude. La sédimentation du fond de vallée de la cordillère de l’Elqui entre La
Laguna à 3100m et la confluence entre le Rio Turbio et le Rio Claro au Nord-ouest de notre
zone d’étude s’est faite en deux phases, chacune d’elle correspondant à une adaptation aux
modifications climatiques.
Photo. 46- dépôts d’obturation intercalés avec des coulées de débris sur la partie amont du cône (par
rapport au fond de vallée). Cliché: Houbart A, GPS : 29°50’41.62’’S 70°24’01.11’’W Alt: 1209 m
236
Fig. 95- carte géomorphologique de la haute cordillère de l’Elqui – seuls les formations et les modelés d’ampleur significative ont été illustrés.
237
Fig. 96- synthèse des résultats des études citées dans ce travail. Répartition chronologique des phases
climatiques marquées par des conditions d’ensemble caractéristiques.
238
CHAPITRE 7
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
La chronologie d’enchaînement des événements morphogènes de la haute cordillère de
l’Elqui que nous avons établit, s’intègre au cadre général d’évolution des conditions
climatiques décrit par les études auxquelles nous avons fait référence tout au long de ce
travail. Nous avons ainsi pu montrer tout au long de ce travail l’importance jouée par les relais
de processus dans un cadre spatio-temporel caractéristique des milieux paraglaciaires de haute
montagne. Bon nombre d’incertitudes demeurent encore sur le réel impact joué par les
Westerlies sur la variabilité climatique ayant affectée le Quaternaire et le Norte-Chico. La
Région du Norte-Chico et la haute cordillère de l’Elqui de part leur position charnière et les
divers aspects qui nous ont conduits à faire le choix de ce terrain d’étude, est, et restera une
région propice aux études géomorphologiques, tant les enseignements qu’il est possible
d’obtenir à partir de la compréhension de l’enchaînement des processus morphogènes et de
leur interprétation en terme de conditions paléoenvironnementales sont multiples. Les
possibilités offertes aux paléoenvironnementalistes et aux géomorphologues par la cordillère
des Andes sont considérables et les perspectives sur la compréhension entre évolution
climatiques et réponse du relief sont prometteuses.
Le propre des études paléoenvironnementales étant de comprendre les ajustements
passés pour mieux comprendre et anticiper les réponses futures aux fluctuations climatiques,
il conviendra aux scientifiques de continuer à appréhender ces ajustements afin de pouvoir
s’adapter au mieux aux nouvelles conditions environnementales créées par le réchauffement
climatique auquel le Chili doit d’ores et déjà faire face.
239
7.1 LE CYCLE PARAGLACIAIRE DANS LA CORDILLERE DE L’ELQUI
Le maximum glaciaire dans les Andes qui est estimé entre 28 et 18 ka cal B.P a laissé
place à une période marquée par le recul des glaces et des glaciers rocheux entrecoupée de
pulsations plus ou moins marquées. La cordillère de l’Elqui n’a pas échappé à cette règle et a
enregistré les fluctuations des conditions climatiques au travers de son transit sédimentaire.
Les modifications enregistrées dans le style fluvial que nous avons pu analyser et dater, sont
caractéristiques d’un régime paraglaciaire dont la principale caractéristique est une adaptation
aux nouvelles conditions climatiques. En effet, les variations des apports hydriques et une
augmentation de la capacité de remaniement des dépôts glaciaires sont les principaux facteurs
de déclenchement de ce cycle d’adaptation. Phase d’aggradation puis d’incision des cours
d’eau sont deux dynamiques indissociables de ce régime. Cette dynamique paraglaciaire n’est
évidemment pas propre à la cordillère des Andes puisqu’on la retrouve dans de nombreux
bassins versants de par le monde.
7.1.1 DE LA DEGLACIATION AU SYSTEME PARAGLACIAIRE
Le recul des glaces dans la cordillère de l’Elqui a perturbé les modalités de production
de matériel et de transit sédimentaire. Les différentes sources sédimentaires (parois rocheuses,
moraines, éboulis, etc.) ont joué un rôle sur des pas de temps et à des vitesses différentes. Les
différents processus qui interviennent en contexte paraglaciaire sont bien connus (Evans &
Clague, 1994 ; Ballantyne, 2002a, 2002b). Le remaniement qu’ils engendrent peut-être divisé
en deux sous-systèmes qualifiés de « paraglaciaire primaire » et « paraglaciaire secondaire »
d’après Ballantyme (2002a).
La mobilisation des sédiments depuis des sources directement héritées de la glaciation
passée est la caractéristique du premier sous-système et la première des modalités de transfert
sédimentaire primaire est la mobilisation sédimentaire depuis les parois rocheuses par des
dynamiques gravitaires. La seconde est le remaniement des sédiments d’origine glaciaire par
des coulées de débris, avalanches, ruissellement (Curry & Ballantyne, 1999). Le matériel
transporté s’accumule alors dans des « réservoirs sédimentaires paraglaciaires » (Cossart,
2005).
La cordillère de l’Elqui et nous l’avons montré est actuellement le lieu de dynamiques
de versants gravitaires, en attestent les nombreux talus d’éboulis et cônes d’éboulis.
Cependant, les parois rocheuses libérées des glaces ayant joué un rôle d’approvisionnement
240
en matériel ne se trouvent que dans l’extrême amont de notre zone d’étude à savoir de part et
d’autre des glaciers rocheux actifs prolongeant le glacier El Tapado. D’après les limites
d’englacement que nous avons pu définir, seuls les versants de la vallée du Rio Colorado ont
pu jouer un rôle dans la fourniture en matériel par décompression postglaciaire. Cette
dynamique gravitaire n’est actuellement plus décelable dans la vallée du Rio Colorado en
raison du recouvrement de ces parois par les talus et les cônes d’éboulis. Les affleurements de
roches nues sont donc limités dans la haute cordillère et ce n’est qu’en dessous de 3000
mètres que leurs apports aux hydrosystèmes sont parfaitement visibles avec les cônes
d’éboulis que nous avons pu mesurer.
Le remaniement des sédiments d’origine glaciaire par les coulées de débris et
ruissellement a été très actif dans la cordillère de l’Elqui et l’est toujours dans une moindre
mesure. En effet, la mise en place des cônes de déjection que nous avons étudiés s’est faite
par la surimposition de coulées de débris chargées en matériel temporairement stocké dans les
bassins versants secondaires. Le ruissellement du drain principal continu d’exporter vers
l’exutoire le matériel accumulé au pied des versants. Notons que le barrage artificiel de La
Laguna construit à 3100 mètres d’altitude constitue dorénavant une zone de stockage du
matériel réduisant les possibilités d’apport en aval. Les réservoirs sédimentaires paraglaciaires
qu’ont été les dépôts fluvio-lacustres à l’amont des multiples obturations le long du Rio
Turbio ainsi que les dépôts de fond de quebrada ont été incisés et exportés pour partie vers
l’exutoire du Rio Elqui. Cette phase d’incision correspond à l’activité paraglaciaire secondaire
qui exporte les sédiments depuis ces « réservoirs sédimentaires paraglaciaires » vers une zone
de piégeage durable (Cossart, 2005).
Les ajustements spatio-temporels dans les relais de processus de la cordillère de
l’Elqui durant le Quaternaire se sont donc manifestés de façon saccadée par la libération
massive de sédiments à plusieurs reprises qui ont eu pour effet des stockages sédimentaires
plus ou moins temporaires. Rappelons que nous avons estimé le comblement à l’arrière du
cône de déjection à 8300 ans environ. Dans la cordillère, la surimposition de coulées de
débris, les mouvements de masses ainsi que le dépôt diamictique de la Laguna, témoignent de
l’importance du rôle des apports transversaux dans les volumes de sédiments exportés. En
effet, la relation entre les dynamiques de versants et la dynamique fluviale ou glaciaire permet
de comprendre l’évolution géomorphologique actuelle des secteurs de haute-montagne
(Cossart, 2005). La mobilisation de sédiments depuis les sources sédimentaires paraglaciaires,
par décohésion, ravinement de moraines ou de bouchons sédimentaires a favorisé dans la
cordillère de l’Elqui l’alimentation en matériel du cours d’eau de fond de vallée favorisant
une modification du style fluviale.
241
7.1.2 DEUX PHASES DISCTINCTES
Bien que la notion de paraglaciaire ait été conceptualisée à l’origine pour les régions
dotées d’un couvert végétal conséquent, il n’en demeure pas moins que les principaux
paramètres qui influencent ce cycle d’aggradation-incision dans le Norte-Chico sont
également le ruissellement et les apports sédimentaires. La tectonique, le relief et les zones
englacées jouent un rôle secondaire, favorisant la création et la préservation des
enregistrements fluviaux en réponse aux changements climatiques (Macklin et al., 2002).
Une végétation de type arbustive (Prosopis Chilensis), clairsemée et tapissée de façon
sporadique par Atriplex deserticola (plante tapissante) caractérise aujourd’hui l’étage pré-
andin avec comme limite supérieure approximative 2700 m (cf. Chap 2). L’influence de ce
couvert végétal n’a pu être que limitée au regard des superficies actuelles couvertes même si
un recul de celle-ci a très probablement eu lieu en réponse à la période plus aride que nous
avons démontrée durant l’Holocène inférieur. Le rôle atténuateur de la végétation n’a donc pu
jouer de façon prépondérante dans la cordillère de l’Elqui ; néanmoins, les versants
granitiques de la cordillère de l’Elqui n’ont pas été à l’origine des principaux apports de
matériel en fond de vallée depuis le début de la phase de retrait glaciaire que nous estimons
dans la cordillère de l’Elqui à 14.9 ka B.P. En effet, la couleur gris violacé provenant des
affleurements rocheux tertiaires à l’extrême amont de notre zone d’étude contrastent avec la
couleur gris blanchâtre des affleurements granitiques du paléozoïque à l’Ouest de la faille
Baños del Toro ne laissant aucun doute sur les zones sources de ce matériel.
L’évolution du style fluvial de la cordillère s’est donc manifestée par la remobilisation
de dépôts glaciaires le long de la vallée du Rio La Laguna et du Rio Turbio durant deux
phases distinctes.
La première, dont les limites fixées sont entre 12470 B.P et 5920 – 5660 cal B.P a été
marquée par de multiples obturations. Les sédiments piégés se sont accumulés avec des
conditions de transport relativement calmes jusqu’à 6850 +/- 60 B.P (datation obtenue par
Riquelme et al., 2011). Ce n’est qu’à partir de cette date que des apports hydriques
substantiels ont permis la mise en place de structures au faciès fluvial caractéristique.
La deuxième, comprise entre 6850 +/- B.P et 2770-2710 cal B.P, est marquée dans un
premier temps par une augmentation du débit du cours d’eau avant de retrouver des
conditions de sédimentation plus calmes. La fin de cette période d’aggradation et le
déclenchement d’un épisode ultime de remaniement des sédiments proglaciaires par la mise
en place rapide de la terrasse fluvio-glaciaire de La Laguna est estimée entre 2770-2710 et
1270-1060 cal B.P ; s’en est suivi une incision du matériel de ce même dépôt fluvio-glaciaire
et des dépôts fluvio-lacustres en raison de la réduction des apports en sédiment et/ou de
242
changements climatiques ayant entraîné une augmentation du ruissellement. Le type de
conditions climatiques ayant entraîné cette phase d’incision n’est pas communément admis
par les auteurs. En effet, Grosjean et al., (1997) proposent une aridification des conditions
atmosphériques durant l’Holocène moyen (7-3 ka B.P) dans le désert d’Atacama alors que
(Betancourt et al., 2000) proposent un scénario plus humide pour cette période.
Les conditions plus humides engendrées par ce changement climatique ne remettent
pas en question le caractère estival des pluies durant cette période. En effet, et nous l’avons
déjà précisé, les apports d’humidité dans le Norte-Chico et dans le désert d’Atacama durant
l’Holocène moyen ont la particularité de se produire durant l’été et d’être localisés dans les
vallées principales qui drainent les bassins versants les plus élevés alors que des épisodes
pluvieux sporadiques mais de forte intensité peuvent se déclencher dans les bassins versants
secondaires à de plus faibles altitudes. Cela pourrait expliquer le déclenchement des coulées
de débris à l’origine du développement des cônes de déjection situés sous les 2000 mètres
d’altitude. L’incision ultérieure de ces mêmes cônes de déjection s’est produite après l’arrêt
du comblement à l’amont du cône de déjection El Calvario que nous avons daté à 2710 cal
B.P. Divers enregistrements paléoclimatiques entre 33.1°S et 41 °S (Lamy et al., 1999 ;
Bettina et al., 2002 ; Kaiser et al., 2005) attestent de la mise en place d’une période plus
humide durant l’Holocène supérieur. H. Veit, (1996) (entre 27° et 33°S) propose même un
calendrier plus précis avec une intensification des westerlies et par conséquent des apports
d’humidité entre 3 et 1.8 ka B.P.
7.2 VARIABILITE CLIMATIQUE ET ADAPTABILITE
Selon le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC, 2007) le changement climatique est une réalité et le fait que l’homme ait des effets sur
celui-ci est indéniable. L’impact réel est encore difficile à quantifier en raison du très grand
nombre d’incertitudes et de variables qui influence son évolution. Pour le Chili, le modèle
CGCM propose une baisse des précipitations accompagnée d’une augmentation des
températures deux facteurs importants pour l’agriculture (Christensen et al. 2007),
Ce changement climatique engendre et continuera d’engendrer des modifications
environnementales qu’il faudra pallier au niveau national par le développement de politiques
publiques adaptées. De plus, l’augmentation de températures, associée à une baisse des
précipitations impactera les bassins versants de haute altitude encore occupés par des glaciers
ou des glaciers rocheux et la notion de risque inhérente à une éventuelle fonte des corps de
glace sera à prendre en considération.
243
7.2.1 IMPACT DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR LES REGIONS SEMI-
ARIDES DU NORTE-CHICO
A/ LES VARIATIONS D’ORIGINE NATURELLE
Les bassins versants des régions semi-arides sont très sensibles aux changements
climatiques puisque leur régime hydrologique dépend à la fois des précipitations et des
températures (Barnett et al., 2005). L’eau y étant rare par définition, elle fait l’objet de
pressions qui sont alors exacerbées. Au sud de notre bassin versant se trouve le bassin versant
du Limari, dont les altitudes sont sensiblement identiques à celles rencontrées dans la
cordillère de l’Elqui. Stewart et al., (2005) ont émis l’hypothèse d’une réponse du réseau
hydrographique de ce bassin versant à la réduction des précipitations par une réduction du
débit moyen annuel et à l’augmentation des températures par un déplacement du centroïde de
l’hydrographe plus tôt dans la saison.
Afin de modéliser au mieux les changements éventuels dans le bassin du Limari,
Stewart et al., (2005) ont utilisé un modèle climatique régional mis en place dans le cadre du
programme, Providing Regional Climate for Impact Studies (Jones et al., 2004). Il a la
particularité de modéliser à partir de grilles horizontales de 25 km de côté au lieu des 200 km
habituellement. Trois simulations ont pu être réalisées de 18° à 57°S et de 85° à 62°W
(Fuenzalida et al., 2007). Il en ressort une modification des périodes de débits maximums
pour chaque sous bassin versant en fonction de leurs altitudes moyennes. L’élévation des
températures pour la fin du 21ème
siècle devraient varier entre 3 et 4 °C et une baisse des
précipitations comprise entre 10 et 30 % par rapport à celles observées aujourd’hui. L’impact
direct sur le réseau hydrographique se fera sentir par une réduction du débit en été. Cette
diminution ne devrait pas être comblée par les précipitations en raison de l’augmentation de
l’évapotranspiration causée par l’augmentation des températures. Autre conséquence de cette
augmentation, la remontée plus en altitude de la limite atteinte par les neiges durant l’hiver
ainsi qu’une fonte plus précoce et rapide de celle-ci durant le printemps.
Ces résultats qui sont d’ordre général à l’échelle d’un bassin versant peuvent varier en
fonction des sous-unités surfaciques étudiées. En effet, dans le cadre du bassin versant du
Limari, Barnett et al.,(2005) ont pu mettre en évidence qu’une augmentation des températures
n’engendrerait pas une réduction du ruissellement sur la totalité du bassin versant malgré une
augmentation de l’évapotranspiration. Notons que le potentiel d’évapotranspiration a un cycle
annuel marqué d’un maximum en été et d’un minimum en hiver. De là, pour les bassins
versants de plus faible altitude, une augmentation des températures induirait des apports d’eau
supplémentaires durant l’hiver (et donc d’humidité dans les sols) alors même que
244
l’évapotranspiration serait à son minimum. Il en résulterait alors une augmentation des
surfaces de ruissellement (Barnett et al., 2005).
Pour le bassin versant du Rio Elqui, il y a également un autre facteur qui devra être
pris en considération, il s’agit de la faible perméabilité des eaux de pluie en raison de la
présence de roches métamorphiques, volcaniques et plutoniques du paléozoïque dans l’amont
du bassin versant (Fiebig-Wittmaack, 2008). Il existe néanmoins des nappes phréatiques avec
des écoulements Ouest-est à 45 mètres de profondeur à proximité de Rivadavia à l’extrémité
Nord-ouest de notre zone d’étude, Sud-nord sous le Rio Claro dont la confluence donne
naissance à proximité de Rivadavia au Rio Elqui. Les eaux phréatiques s’écoulent ensuite vers
l’embouchure du Rio Elqui située à La Serena à une profondeur comprise entre 3 et 17 mètres
dans des dépôts non consolidés. Un dernier aquifère de direction Nord-sud s’écoule
parallèlement à la cordillère de la côte dans des roches volcaniques du Tertiaire. Les modèles
devront donc pouvoir intégrer ses paramètres.
Toutes ces variations des conditions physiques de terrain ne doivent en aucun cas
occulter l’impact des infrastructures hydriques anthropiques sur le milieu.
B/ IMPACT DES OUVRAGES HYDRAULIQUES
Le bassin versant du Rio Elqui dispose de deux retenues d’eau dont les impacts sur le
milieu ne sont pas négligeables. En effet, ces deux entités paysagères représentent des zones
tampons à la fois dans le régime hydrologique mais également dans le transport sédimentaire.
D’une capacité de retenue de 40 millions de m3, le barrage de Laguna à 3100 m d’altitude fût
construit dans les années 40 afin de permettre une meilleure régulation du débit du Rio Elqui
et la mise en valeur de 24 000 hectares supplémentaire dans la vallée de l’Elqui. Ce n’est
qu’en 1999 que fût crée le barrage de Puclaro dans la vallée du Rio Elqui à l’aval de
Rivadavia (hors zone d’étude). Situé à 46 km de l’embouchure du Rio Elqui, sa capacité peut
atteindre 200 millions de m3 pour une superficie d’environ 790 hectares. A noter qu’il existe
également un réseau de canaux de faible capacité dans la vallée du Rio Elqui avec seulement
neuf canaux pouvant supporter un débit supérieur à 500 litres/seconde.
Outre l’impact sur le régime d’écoulement et des correctifs à appliquer dans l’étude
des débits à la sortie de ces infrastructures en raison de lâchés d’eau, ces réservoirs peuvent
avoir un impact à une échelle locale. Les variations dans le bilan radiatif et énergétique induit
par le changement d’albédo d’une surface aussi importante et leurs conséquences ont été
modélisées à l’aide du modèle mathématique de Bischoff-Gauss et al., (2006). Les
conclusions de leur travail sont les suivantes :
245
- Modification durant l’été et l’hiver du régime des vents sur une distance qui
n’excède pas 4 km au-delà de la surface en eau en se dirigeant vers l’amont.
- Une influence sur le régime des vents plus marquée durant les nuits d’été que
durant l’hiver.
- La température et l’humidité sont également sensiblement différentes de celles
enregistrées dans l’environnement proche du réservoir et ce, sur environ 300
mètres à la verticale.
- L’évaporation des eaux du lac est propice au développement de brouillards. Ce
brouillard est transporté en hiver vers l’aval en raison de l’intensification des vents
orographiques provenant des sommets.
Cette étude démontre un impact réel du lac sur son environnement immédiat mais
relativement limité puisque ne dépassant pas les 4 km à l’intérieur des terres et avec une zone
d’impact limitée à un axe Est-ouest (Fiebig-Wittmaack et al., 2008). Ceci ne doit pas faire
oublier que ces petites modifications viennent en réalité s’ajouter à de nombreuses autres,
telles que la régulation du débit, la chenalisation du lit des rivières et des quebradas affluentes.
C’est au débouché de celles-ci que les cônes de déjection, particulièrement appréciés
des viticulteurs pour leur fertilité font l’objet d’une énorme pression anthropique avec une
mise en culture sur la quasi-totalité de leurs superficies. Cet aménagement s’opère le plus
souvent à la faveur d’une canalisation du chenal principal qui induit inévitablement une
accélération des écoulements et du pouvoir érosif des coulées de débris et des ruissellements
hyper-concentrés qui peuvent se déclencher après des épisodes pluvieux sporadiques ou une
brusque fonte des neiges au printemps. On trouve ainsi sur ces espaces restreints une notion
de risque très présente tant les éventuels préjudices créés par la survenance de l’aléa coulée de
débris sont considérables. La seule limite au jour d’aujourd’hui dans l’extension de ces
cultures est la limite des techniques d’irrigation sur des pentes de plus en plus abruptes.
Nous nous trouvons là dans une situation où le facteur limitant au développement des
activités agricoles de la région n’est pas la rareté de la ressource en eau mais l’ingéniosité des
hommes à cultiver des sols de plus en plus pauvres et difficiles d’accès.
Les résultats des modélisations que nous venons de citer doivent évidemment être
affinés mais il est déjà acquis que la pression sur la ressource en eau sera l’impact majeur du
réchauffement climatique à l’échelle du Norte-Chico et que sa raréfaction induira
nécessairement des modifications sur l’agriculture largement représentée dans cette partie du
Chili semi-aride, ainsi que part une prise de conscience des pouvoirs publics et de la
population.
246
7.2.2 ADAPTATION DES POUVOIRS PUBLICS
Face à la perspective de ce nouveau phénomène du changement climatique, la
Commission Nationale de l'environnement (CONAMA), a présenté son plan d'action National
(2009), qui se concentre sur la réalisation d’une base d’informations sur les divers scénarios
d’impact du réchauffement climatique sur les principales activités économiques et des
mesures d’adaptabilité et compensatoires nécessaires. C’est dans le cadre de ce plan qu’a été
créé en 2008 le Conseil du changement climatique et agricole afin de répondre aux
préoccupations du monde sylvicole et forestier face au changement climatique. En ce sens,
l'une des principales fonctions de cet organe est de présenter les enjeux et les priorités lors de
la définition d'un programme d’adaptation au changement climatique dans le secteur de
l'agriculture et de la sylviculture. Il a également pour but de travailler sur la vulnérabilité des
différentes cultures aux variations climatiques, au stress hydrique et à l'introduction d'espèces
et de variétés résistantes à cette sécheresse édaphique (MINAGRI, 2008).
A l’échelle internationale, d’autres pays plus développés et aux conditions climatiques
similaires tels que l’Australie, l’Espagne ou les Etats-Unis d’Amérique ont commencé à
travailler sur ces mêmes problématiques. Il en ressort la volonté de développer des systèmes
d’information à très grande capacité d’actualisation et de diffusion. De plus, ils voient la
nécessité d'établir une coordination entre les différentes organisations et leurs programmes, et
la création d’outils pour évaluer les impacts au niveau régional. Ainsi, il est nécessaire de
créer une politique qui considère ces stratégies internationales et qui intègre la notion de
réchauffement climatique dans ses programmes de renforcement de l’irrigation actuelle
(Guillermo et al., 2010).
A/ UNE GOUVERNANCE ADAPTEE
Du 26 au 30 mars 2012 s’est tenue la trente-deuxième conférence régionale de la FAO
(Food and Agriculture Organization) pour l’Amérique latine et les Caraïbes avec pour
thématique l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets en vue de
réduire la vulnérabilité des populations et des secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la
pêche et des forêts. Cette Conférence régionale a permis de proposer certaines positions
stratégiques en matière d’adaptation au changement climatique en proposant une
Gouvernance et une coopération régionale en matière de changement climatique. Celle-ci
s’articulerait autour de trois grands axes qui seraient :
- promouvoir la concertation et faciliter la tenue de réunions régionales visant à
définir des positions communes sur l'agriculture et le changement climatique en Amérique
latine et dans les Caraïbes ;
247
- coordonner des plates-formes de partage des connaissances;
- appuyer la création d'une plate-forme de financement.
Elle propose également un renforcement des capacités institutionnelles face aux défis
du changement climatique avec :
- La mise en place et le renforcement des capacités nationales pour l'élaboration
de cadres d'action et de planification sectorielle en matière de changement climatique ;
- Une accentuation de l'évaluation économique et sociale des incidences de la
variabilité et de l'évolution du climat dans les sous-secteurs de l'agriculture, de l'élevage, de la
pêche et des forêts ;
- Une collaboration dans l'élaboration de programmes de recherche et
d'innovation en matière de changement climatique.
La troisième position stratégique proposée est la promotion d'une agriculture
intelligente face aux modifications du climat capable d’apporter un soutien aux producteurs
agricoles plus vulnérables pour les aider à augmenter leur production dans des conditions
climatiques extrêmes; et réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de
serre dans le secteur agricole (FAO, 2012).
Il est à noter que certains pays ont pris l’initiative de constituer des commissions
sectorielles dans le cadre institutionnel du secteur agricole afin de répondre à ce besoin
d’adaptation et le Chili en fait partie.
B/ LES PROPOSITIONS
Le concept principal derrière cette stratégie d’adaptation est de prévoir l'intégration de
l'analyse de l'incertitude dans les protocoles et les objectifs d’évaluation des projets
d'irrigation du pays. En effet, pour une bonne planification et évaluation des investissements
qui seront effectués par les diverses institutions gouvernementales, les programmes sont tenus
d'inclure dans l'analyse, les scénarios possibles et leurs effets sur les réseaux hydrographiques
concernés. Les propositions seront ensuite intégrées soit comme un outil de complémentarité
aux programmes impliquant des ressources en eau ou comme un outil de planification
permettant de prendre les décisions les plus pertinentes.
- LA FAISABILITE ECONOMIQUE DES PROPOSITIONS
Le développement des stratégies d’adaptation demeure compliqué en raison des
facteurs d’incertitude existants. Il n’en demeure pas moins possible d’apporter des conseils au
ministère de l’agriculture dans les choix qu’il devra réaliser face à ce changement. Les
248
scientifiques devront pour cela pouvoir développer un modèle hydrologique prenant en
considération l’impact du réchauffement climatique sur le fonctionnement de l’irrigation avec
une capacité d’ajustement permanente avec un niveau d’efficacité élevé pour un coût
raisonnable. Il sera alors possible d’intégrer les marges d’incertitudes existantes sur
l’évolution des conditions climatiques dans l’orientation des politiques publiques. De la
fiabilité de ces modèles dépendra la finesse des propositions à mettre en place ; cette fiabilité
est cependant impactée par le coût induit par le développement de modèles performants. Il
pourrait donc y avoir là un frein à la faisabilité de cette politique d’adaptation. Il est par
conséquent nécessaire de créer de meilleurs systèmes d’informations et des processus de
surveillance comme le Chili est en train de la faire au sein de sa Stratégie nationale des
bassins versants (Estrategia Nacional de Cuencas) (Guillermo et al., 2010).
C/ L’INTEGRATION PAR LA POPULATION AU NIVEAU LOCAL
Les conséquences des changements climatiques induisent des impacts porteurs
d’inégalités. En effet, d’une part, les responsabilités « historiques » et actuelles dans la
responsabilité des phénomènes sont inégales, et d’autre part, les effets des changements
climatiques, actuels et à venir, sur les territoires sont et seront complètement déconnectés des
causes (Bertrand, 2007).
Notons que sur la période (1900-1999), l’Amérique centrale et du sud ne sont
responsables que de 3.8% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. C’est là que le
phénomène est inéquitable dans la mesure où tout le monde ne sera pas exposé de façon
identique aux effets du changement climatique. Outre la localisation des populations affectées
par ces changements, il y a inégalité de moyens face aux changements à venir puisque la
capacité de se prémunir, d’anticiper ou de réparer (résilience) diffère considérablement entre
pays.
La «décarbonisation» de l'économie suppose de modifier les comportements de
consommation et les choix technologiques. Si certains choix majeurs ne se décident guère aux
niveaux infra-nationaux, la mise en œuvre d’une politique « Climat » est cependant fortement
liée à la capacité à intégrer des effets globaux dans les pratiques locales collectives et
individuelles, tant il est clair que la maîtrise de l'effet de serre passera aussi par une
modification des comportements quotidiens. Les collectivités territoriales apparaissent alors
comme des relais privilégiés pour étendre et diffuser les politiques climatiques auprès des
citoyens, dans le quotidien des territoires.
Cette prise de conscience de la nécessité d’un effort partagé peut être plus ou moins
difficile à relayer selon les pays, leur degré de dépendance aux énergies fossiles, leur niveau
de développement mais également en fonction du niveau social des individus auxquels
249
l’information est relayée. Il peut être d’autant plus difficile de faire comprendre la nécessité
de modifier les comportements quotidiens de certaines populations que les effets du
réchauffement climatique ne sont pas uniquement négatifs. Ces effets étant variables dans le
temps et suivant l’échelle d’analyse retenue, c’est la question de l’appréhension de la
dimension territoriale du changement climatique qui se pose. Une véritable prise de
conscience est alors nécessaire afin de pouvoir mettre en place une coopération inter-niveaux
permettant la mise en place de mesures acceptables dans les territoires susceptibles de
connaître des effets positifs envers les territoires susceptibles de souffrir d’impacts négatifs
(Bertrand, 2007).
Ces diverses difficultés auxquelles sont confrontés les acteurs de la vie publique et les
scientifiques illustrent parfaitement l’étroite complémentarité parfois difficile à appréhender
pour les non initiés entre études paléoenvironnementales et connaissance des changements
globaux futurs. Il existe pourtant une nécessité de connaissance des calages chronologiques
des évolutions paléoenvironnementales afin de pouvoir caractériser au mieux les milieux et
les facteurs qui les influent. En dépend la connaissance des grands changements à venir en
réponse au changement climatique.
7.3 DISCUSSION ET PERSPECTIVES
La compréhension de la capacité de résilience, d’adaptation, d’évolution des milieux
environnementaux mais aussi celle des conséquences des forçages anthropiques sur ce qu’il
est convenu d’appeler les anthroposystèmes, dépend de notre capacité à évaluer le poids
relatif, l’échelle d’action et les seuils d’efficience des divers facteurs de contrôle (forçages)
intervenant dans le fonctionnement de ces systèmes complexes et d’en déterminer les seuils
de rupture. La discontinuité spatio-temporelle des archives morpho-sédimentaires, leur
hétérogénéité de faciès et de résolution sont des freins récurrents à la représentativité spatiale
des données permettant d’accéder à une caractérisation des milieux.
7.3.1 DU LOCAL AU GLOBAL
Les apports des approches sédimentologiques, géomorphologiques et paléontologiques
dans la compréhension des paléoenvironnements locaux et régionaux sont nombreux et
durables ; l’étude des séquences glaciaires a plus récemment permis de renouveler la
compréhension du cadre de ces paléoenvironnements par la précision de tendances globales.
Notre travail s’intègre dans une approche dynamique de la géomorphologie, apportant des
éléments d’explication aux types de réponse du relief aux fluctuations environnementales du
250
Pléistocène et de l’Holocène. Nous avons cité durant ce travail de nombreux travaux basés sur
l’étude de séquences morpho-sédimentaires basées sur des critères de localisation, de
conditions de mise en place et d’évolution, sur la quasi-totalité du territoire Chilien. Les
études fondées sur une approche paléoécologique (signatures physico-chimiques, bio-
marqueurs…) également citées dans ce travail permettent d’affiner considérablement la
connaissance des environnements locaux. Les reconstitutions paléoclimatiques à haute
fréquence sont alors susceptibles d’être replacés dans le contexte des changements globaux.
Nous avons là une complémentarité de méthodologies et d’objets d’étude favorable à
une amélioration des connaissances des variations plus ou moins lentes du Quaternaire le long
de la cordillère des Andes. Il serait réducteur et dénué de tout sens que de tenter d’expliquer
ces variations sans croiser ces résultats avec ceux des études qui se multiplient sur le continent
sud Américain, tant les relations complexes existantes entre les composantes des divers
domaines morpho-bio-climatiques sont interdépendantes. La combinaison de ces études
nécessitera une phase de réflexion sur la spatio-temporalité des indicateurs utilisés et
utilisables, de leurs différences et de leur complémentarité.
La superposition des tendances globales aux variabilités locales permet de définir de
grands ensembles morpho-bio-climatiques identifiables par l’étude de milieux propices aux
études paléoenvironnementales.
A/ LES MILIEUX DE HAUTE MONTAGNE PROPICES AUX ETUDES QUATERNAIRES
L’intérêt porté aux milieux de haute montagne par les études paléoenvironnementales
et plus particulièrement par les études quaternaires s’explique par leur sensibilité aux
changements environnementaux. En effet, l’étagement climatique, des milieux, des formes et
des paysages sont autant de possibilités de compartimentage du relief et de création de niches
et de refuges qui compliquent la compréhension, dans un cadre global, des logiques spatio-
temporelles des fluctuations environnementales locales reconnues. La cordillère des Andes et
en particulier celle des régions climatiques charnières entre climat aride et méditerranéen sont
et continueront d’être un terrain d’étude riche d’enseignement tant les séquences morpho-
sédimentaires y sont bien préservées et encore peu remaniées par les activités anthropiques.
La spécificité de ces milieux du point de vue des possibilités de développement et de
conservation des archives morpho-sédimentaires et paléo-écologiques est avérée. Cette
préservation des modelés nous a permis de reconstituer le calendrier de mise en place des
principales accumulations sédimentaires de la cordillère de l’Elqui malgré des altitudes
parfois très élevées, lesquelles auraient engendré sous des latitudes plus hautes des conditions
moins propices à leur préservation. La nature, la qualité, la variété et le degré de continuité
spatio-temporelle de ces dernières ont conditionné la reconstitution des contextes
251
paléoenvironnementaux et la compréhension de leur variabilité spatio-temporelle aux diverses
échelles au sein du Pléistocène et de l’Holocène. De plus, les milieux de haute montagne
n’étant pas des milieux clos, ils sont en perpétuel interaction avec les domaines du pourtour
en raison de leur situation amont dans les transferts sédimentaire et de l’eau. Ils ne peuvent
être dissociés d’un cadre régional tant les domaines avals sont conditionnés par les
changements d’état du milieu montagnard. Les exemples pour notre zone d’étude sont les
dépôts alluviaux exportés depuis les zones sources des versants de la haute cordillère vers les
fonds de vallées puis dans les réservoirs sédimentaires temporaires avant d’être redistribués à
l’aval hors des limites de notre zone d’étude jusqu’à l’embouchure et le plateau-continental.
Les systèmes de terrasses alluviales présentes sur les rives du Rio Elqui à son embouchure ne
peuvent s’expliquer qu’en y intégrant l’évolution des conditions environnementales de la
cordillère.
B/ LES LIMITES DE CE MILIEU
L’intérêt indiscutable des milieux de haute montagne dans l’acquisition des
connaissances des variations environnementales quaternaires est avéré mais souffre
néanmoins de certaines lacunes comparé à d’autres milieux. En effet, tous les milieux
n’offrent pas le même potentiel, tant en terme d’arguments chronologiques (éléments
datables) qu’en terme de possibilités de déroulement du temps (finesse et longueur des
enregistrements morpho-sédimentaires). La cordillère des Andes du Norte-chico a la
particularité d’être pauvre en matériel organique dès que l’on s’enfonce dans la cordillère
principale. Il s’agit là d’une résultante du climat semi-aride. Roland Zech avait tenté de pallier
à cette problématique en échantillonnant les roches de la vallée du Rio Colorado afin
d’utiliser la datation par radionucléides cosmogéniques mais sans succès (communication
orale). Ce n’est que lorsque nous nous sommes rendus sur le terrain et que les affleurements
fluvio-lacustres présents dans le Rio Turbio, le Rio Toro et le Rio Colorado nous ont livré les
premières couches de matière organique que nous nous sommes aperçus qu’il y avait là une
originalité locale à exploiter.
La répartition spatiale et la continuité des enregistrements morpho-sédimentaires
peuvent également être lacunaires en haute montagne. Les dépôts sédimentaires marins se
distinguent à ce titre des dépôts continentaux. La variété de ces derniers et la rareté des
longues séquences continentales de référence renforcent la difficulté des reconstitutions
chronologiques fines. Il existe cependant dans la cordillère et en particulier dans l’altiplano la
possibilité de trouver des séquences lacustres couvrant des périodes relativement longues et
donc très intéressantes d’un point de vue paléoenvironnemental (Grosjean et al., 1997).
252
L’hétérogénéité des enregistrements passés liée à la variabilité spatiale des milieux, à
la quantité et à la qualité des enregistrements n’est pas une caractéristique propre aux milieux
de haute montagne. Se pose alors la question : comment comparer sur la base de cette absence
de continuité, les évolutions (d’un lieu à l’autre, du local au global, d’une période à l’autre, du
temps long au temps court) et reconstituer la continuité du temps et la cohérence de l’espace ?
Comment juger de cette continuité ou de la valeur et de l’ampleur des changements, des crises
ou des ruptures, et dans quelles limites la connaissance acquise peut-elle être mise au service
de l’estimation de la valeur des changements en cours ?
Ces questions ont fait parti d’une réflexion sur la variabilité spatiale des
environnements quaternaires lors du colloque international de l’AFEQ à Clermont-Ferrand du
26 février au 2 mars 2012.
7.3.2 PERSPECTIVES
Nous avons relevé tout au long de ce travail certaines analyses qui auraient pu être
réalisées avec des moyens financiers plus conséquents notamment en ce qui concerne les
datations. Il ne fait nul doute qu’il sera possible pour quiconque aura la possibilité de mettre
en place un protocole d’échantillonnage et de datation par la méthode des radionucléides
cosmogéniques et/ou par thermoluminescence, d’affiner les résultats apportés dans ce travail
et dans celui de Riquelme et al., (2011). Nous avons décrit l’obturation de la quebrada
Escondida sur le versant Ouest du Rio La Laguna par les dépôts sédimentaires d’un
mouvement de masse à l’origine de l’obturation du Rio La Laguna à 3100 mètres d’altitude
(Fig. 45). Cette petite lagune qui est soumise à une évaporation et une infiltration importante
doit très certainement avoir enregistré les alternances dans les apports de matière en
suspension du ruisseau qui l’alimente. Un carottage réalisé en période estival pourrait
permettre de retracer les phases du comblement partiel de cette petite dépression et ainsi dater
approximativement l’âge du dépôt qui est à l’origine de sa formation. Le résultat viendrait
corroborer ou non notre scénario de mise en place des événements morphogènes de la haute
cordillère de l’Elqui et donner raison ou non à l’hypothèse de Riquelme et al., (2011) selon
laquelle cette formation qu’il attribue à une moraine frontale serait du même âge que la
moraine frontale du glacier El Tapado située 20 km en amont à 3700 mètres d’altitude.
La localisation et la persistance du glacier El Tapado, premier vestige glaciaire au sud
de la diagonale aride demeure une énigme même si quelques explications ont été formulées.
Les glaciers rocheux dont nous avons démontré la sensibilité aux superficies possibles
d’accumulation pourraient également faire l’objet d’investigations poussées afin de
253
comprendre leur dynamique actuelle et passée, aucune vitesse de fluage n’étant connue à ce
jour.
De nombreuses vallées et quebradas restent également à étudier au nord et au sud de
notre zone d’étude et pourront apporter des indices cruciaux sur les modalités du transit
sédimentaires Quaternaire suite au recul des glaces. La compréhension des variations
latitudinales des Westerlies et de leurs apports en humidité sera affinée et participera à la
caractérisation de seuils de rupture à partir desquels il sera possible d’anticiper les futurs
ajustements des milieux de haute montagne.
254
CONCLUSION GENERALE
« Je n’ai pas la prétention de présenter dans les pages qui vont suivre une
étude géomorphologique exhaustive du Chili semi-aride. Il s’agit plus
modestement de recherches qui n’ont été poussées, en dehors de la côte, que
dans certains secteurs particulièrement intéressants. De vastes régions de
l’intérieur n’ont fait l’objet que d’itinéraires de reconnaissance ou seulement
d’une interprétation des photographies aériennes avec des vérifications partielles
sur le terrain. Il ne pouvait être question de procéder autrement sur un vaste
territoire mal desservi par les voies de communication et aussi peu défriché du
point de vue de la géographie physique. Du moins mes enquêtes me permettent-
elles de proposer un schéma d’ensemble qui pourra servir de base pour des
recherches plus détaillées sur l’évolution du relief dans le Chili semi-aride. »
(Paskoff, 1970,p. 11)
La lecture des recherches géomorphologiques de Roland Paskoff sur le Chili semi-
aride a nourri et exacerbé mon attrait pour ce terrain d’étude et il ne fait nul doute que Paskoff
aurait apporté son regard éclairé et critique sur les observations, analyses et déductions
apportées par notre travail.
Notre objectif qui était celui de tenter de reconstituer le calendrier de mise en place des
formations de la cordillère de l’Elqui durant le Quaternaire ainsi que la reconstitution des
relais de processus dans un cadre spatio-temporel le plus précisément possible, nous a permis
d’apporter certaines réponses aux hypothèses jadis émises par ses travaux. Nous avons
également pu réaliser une analyse critique du travail de Riquelme et al., (2011) dont les
résultats ont été publiés durant la rédaction de ce travail et qui de ce fait viennent l’enrichir.
Il apparaît clairement dans celui-ci que la répartition spatiale des modelés et des
enregistrements morpho-sédimentaires reflète une réponse temporelle du relief de la cordillère
à des variations des conditions climatiques durant le Quaternaire. Cette relation s’exprime sur
le terrain par des variations des agents morphogènes dont les signatures lithostratigraphiques
et sédimentaires nous permettent d’en déterminer la nature. Leur identification a permis de
délimiter plusieurs phases que nous avons pu dater plus ou moins précisément grâce aux
datations au 14C. Chacune d’entre elle se délimite de sa précédente et de la suivante par un
changement dans les conditions de transport et de dépôt du matériel.
Le début du retrait des glaces dans la cordillère de l’Elqui est estimé à 14.9 ka B.P
(Riquelme et al., 2010). Le matériel issu des moraines frontales et des versants soumis à la
255
décompression postglaciaire a été remanié avec un enchaînement caractéristique d’un milieu
de haute montagne affecté par des processus paraglaciaires. En effet, durant la période
comprise entre 12470 B.P et 5920-5660 cal B.P, le matériel transporté depuis les marges
désenglacées s’est accumulé de façon hétérogène à la faveur d’un style fluvial de type tressé.
L’hétérogénéité spatiale des dépôts contemporains de cette période est la conséquence d’un
stockage sédimentaire dans des zones tampons périodiques favorisées par le déclenchement
d’au moins trois obturations dans la vallée du Rio La Laguna et du Rio Turbio. La plus
ancienne des obturations, dont les dépôts corrélatifs sont encore visibles, est datée à plus de
16000 cal B.P ; le mouvement de masse, qui en est la cause, est encore visible. Il nous a
permis d’expliquer la position, la nature et l’âge du dépôt lacustre « ancien » au lieu dit
Juntas. Paskoff n’avait pas identifié cette accumulation responsable du comblement du fond
du Rio Turbio probablement en raison d’un tracé de la route transfrontalière différent de celui
actuel. La seconde créée par le cône de déjection El Calvario a engendré une interruption du
transit sédimentaire durant 8300 ans environ. Il n’est possible au jour d’aujourd’hui d’attester
de l’antériorité ou de la postériorité, du dépôt diamictique de La Laguna responsable de
l’obturation du Rio La Laguna, par rapport aux dépôts cités précédemment en l’absence de
datation absolue.
Les conditions de sédimentation relativement calmes ont été interrompues vers 6850
+/- 50 B.P avec des apports hydriques plus conséquents, signe d’une réponse du réseau
hydrographique à une variation des précipitations ou à une augmentation des températures
ayant accéléré la fonte des glaces et des glaciers rocheux. Nous avons mis en évidence le
comportement du réseau hydrographique de la cordillère de l’Elqui caractérisé par des apports
en eau provenant des glaciers et des glaciers rocheux significatifs durant les périodes
relativement sèches et inversement lors de périodes plus humides. Il est difficile de pouvoir
attester de ce même comportement durant l’ Holocène moyen mais les faciès des dépôts
fluvio-lacustres caractéristiques d’une mise en place dans des conditions de type lagunaire
avec une forte évaporation semblent donner raison à un Holocène moyen relativement sec. Ce
point demeure discutable dans la mesure où il est difficile d’attester avec certitude de
conditions climatiques générales à partir d’affleurements très localisés et qu’il est
extrêmement délicat d’apporter davantage de crédit à l’interprétation brute des enchainements
de faciès par rapport au mode de réponse du système hydrologique que nous avons mis en
avant.
Entre 2770-2710 cal B.P et 1270-1060 cal B.P la cordillère de l’Elqui a connu une
phase d’incision rapide qui perdure aujourd’hui après la remobilisation du matériel
proglaciaire issu en partie du dépôt de La Laguna ayant donné naissance à la terrasse
proglaciaire La Laguna. L’âge de ce dépôt est sensiblement différent entre l’étude de
Riquelme et al., (2010) et la notre en raison de l’absence de coupes observées et datées,
postérieures à 5920-5660 cal B.P. Il s’avère que la zone tampon créée par le cône El Calvario
256
a encore fonctionné pendant environ 3000 ans puisque nous avons pu observer et dater l’arrêt
de la sédimentation à 2770-2710 cal B.P.
Les apports latéraux ont été substantiels; dominés par des coulées de débris et des
phénomènes essentiellement gravitaires le long des versants, ils sont facilement observables
de part et d’autre de la route transfrontalière. Une grande partie de notre zone d’étude est
affectée par une régularisation des profils des versants par l’intermédiaire de coulées sèches
successives dont les dépôts stables sont régulièrement refaçonnés par l’érosion régressive. Les
apports directs par chute de blocs ou de fragments rocheux l’ont été davantage par les brèches
et laves que par les monzogranites, en attestent les taux de recul des parois rocheuses obtenus.
La cordillère de l’Elqui est un terrain d’étude absolument passionnant et qui d’un point
de vue de la connaissance sur les modalités de réponse d’un orogène aux agents érosifs et aux
relais de processus spatio-temporels en contexte paraglaciaire promet encore de belles
perspectives. Un prolongement à ce travail pourrait avoir lieu avec la quantification des
budgets sédimentaires en amont des obturations et à l’exutoire des quebrada principales,
pourvoyeuses de matériel. L’amélioration de la technique par radionucléides cosmogéniques
ainsi qu’une mission dotée de financements plus conséquents que celui dont nous disposions
pour ce travail permettrait également de dater le dépôt fluvio-lacustre affecté par un système
de micro décrochement dans le Rio Toro. Il serait alors possible de vérifier la concordance ou
non de la réponse d’un bassin versant dépourvu de glaciers non couverts avec celle du haut
bassin versant du Rio Elqui et de vérifier si la mise en place des dépôts fluvio-lacustres de
cette vallée coïncide avec la période transitoire Pléistocène/Holocène, favorable aux
obturations.
La disposition spatio-temporelle des enregistrements morphosédimentaires de la haute
cordillère de l’Elqui s’intègre donc au niveau régional aux conditions climatiques
caractérisées par les études citées dans ce travail, même si, il nous est forcé de constater que
les relations que nous avons établies souffrent d’un manque de comparaisons évident (nombre
restreint de datations, nécessité de connecter ce travail avec l’aval du bassin versant du Rio
Elqui jusqu’à l’embouchure entre autre). La mise en place d’un travail collaboratif avec les
auteurs cités dans ce travail sera donc primordiale afin qu’il puisse venir alimenter les
données de terrain acquises par ces derniers et constituer une base de travail scientifiquement
enrichissante.
258
TABLE DES FIGURES
Fig. 1- Croquis de localisation du bassin versant du Rio Elqui ............................................................................. 8
Fig. 2- Localisation des trois domaines des Andes (Saillard, 2008) .....................................................................17
Fig. 3- Carte de localisation des vitesses de convergence entre plaque de Nazca et plaque Sud Américaine ......18
Fig. 4- Morphostructures des Andes centrales, modifié d’après Mpodozis & Ramos, (1989) ..............................21
Fig. 5- Carte de délimitation de notre zone d’étude ..............................................................................................22
Fig. 6- les grandes unités du relief du bassin versant du Rio Elqui Réalisation : Houbart. A ..............................24
Fig. 7- MNT du bassin versant du Rio Elqui et profil longitudinal. Le MNT est tiré de la base de données de
l’institut géographique militaire Chilien. ...............................................................................................................25
Fig. 8- MNT de notre zone d’étude dans la haute cordillère de l’Elqui, réalisation sous ArcGis 9.2 à partir de
fichiers rasters source : (CEAZAMET) ..................................................................................................................25
Fig. 9- graphique représentant la relation entre pentes moyennes et altitudes minimales par rapport à l’exutoire
(m.s.n.m) pour les bassins versants tributaires d’ordre 2 selon la classification de Strahler d’après (Aguilar
Martorell, 2010). ....................................................................................................................................................28
Fig. 10- courbes hypsométriques de trois bassin-versants. ...................................................................................28
Fig. 11- profil hydrographique du Rio Turbio et La Laguna .................................................................................30
Fig. 12- Courbes des variations saisonnières du débit du Rio Turbio. Localité : station hydrographique de
Huanta (860 m) ......................................................................................................................................................31
Fig. 13- Carte du réseau hydrographique de la haute cordillère de l’Elqui. Réalisation HoubartA ....................31
Fig. 14- Profils transversaux des Andes à 29° et 35°S. Réalisation. Houbart. A .................................................35
Fig. 15- Localisation des épicentres des secousses ressenties dans la région grâce à la procédure (JHD) .........35
Fig. 16- profils transversaux et structures sous-jacentes des vallées du Rio Colorado, La Laguna et de la
confluence entre le Rio La Laguna et le Rio Toro (Juntas) ...................................................................................37
Fig. 17- Coupes géologiques transversales à la haute cordillère de l’Elqui .........................................................38
Fig. 18- Affleurement de la formation Pastos Blancos dans la zone du Rio La Laguna et Paso Agua Negra ......43
Fig. 19- Localisation des zones d’altération hydrothermales dans la partie amont de la zone d’étude. ...............46
Fig. 20- Schématisation de l’organisation stratigraphique présente dans la haute cordillère de l’Elqui .............47
259
Fig. 21- Profils transversaux schématiques de la marge Sud Américaine entre 29° et 33° S durant le Carbonifère
et le Jurassique inférieur d’après (Nasi et al., 1990) .............................................................................................50
Fig. 22- Différents régimes tectoniques dans les Andes centrales (30°S) ; passage d’un régime extensif à un
régime compressif au Crétacé moyen. Source : Réalisé et adapté d’après (Ramos & Aleman, 2000). .................54
Fig. 23- Schématisation de la circulation atmosphérique sur le Chili et du courant de Humboldt. Réalisation :
Houbart.A, (fond de carte Google map) ................................................................................................................56
Fig. 24- Schématisation du phénomène El-Niño (Brahic et al., 2006) ..................................................................59
Fig. 25- Diagramme ombrothermique, secteur du Rio Turbio, localité de Huanta d’après les données de Cepeda,
(2008). ....................................................................................................................................................................61
Fig. 26- Variation mensuelle de la température de l’aire (a) ; de l’humidité relative (b) ; des précipitations
totales (c) sur la période 1981-2007. .....................................................................................................................61
Fig. 27- Carte des étages morphoclimatiques avec les isohyètes de la haute cordillère de l’Elqui Réalisation.
Houbart. A..............................................................................................................................................................64
Fig. 28- Localisation des études paléoenvironnementales citées ...........................................................................70
Fig. 29- Photographie aérienne drapée sur le MNT (Vallée du Rio La Laguna) Réalisation ; Houbart. A
(ArcGis) .................................................................................................................................................................77
Fig. 30- Profil transversal au Rio Colorado à l’aide de World Wind Java. Réalisation.Houbart.A .....................77
Fig. 31- Visualisation 3D sous ArcMap de la vallée du Rio Turbio à partir des courbes de niveau. Réalisation
Houbart. A..............................................................................................................................................................79
Fig. 32- MNT de la vallée du Rio Turbio et de la confluence entre le Rio Toro et le Rio La Laguna (Juntas),
obtenu après Krigeage. Réalisation: Houbart. A (ArcGis) ....................................................................................80
Fig. 33- Schéma des mesures réalisées au télémètre d’après (Chenet, 2008) .......................................................83
Fig. 34 - Classification des faciès, modifiée d’après Miall, (1985) .......................................................................92
Fig. 35 - Typologie des représentations graphiques d’une distribution normale symétrique, positive et négative
d’après (Bunte & Abt, 2001) ..................................................................................................................................94
Fig. 36 - Estimation visuelle de la dispersion de plusieurs échantillons de sédiments ayant le même D50 d’après
(Bunte & Abt, 2001) ...............................................................................................................................................95
Fig. 37- carte de localisation des cônes de déjection étudiés (trois cônes n’ont pu être localisés sur la carte en
raison de l’échelle).................................................................................................................................................99
Fig. 38- Croquis de la méthode de calcul de la bissectrice des cônes de déjection étudiés et de la largeur
disponible en fond de vallée (Rio Turbio) à l’aide de Google Earth ...................................................................100
Fig. 39- Topographie simplifiée d’un cône de déjection dans le fond d’une vallée. Lf : longueur du cône de
déjection. Lav : largeur disponible dans la vallée principale d’après (Brochot & Lorenzo, 2004) ....................101
Fig. 40 - Méthode de calcul des variables morphométriques, adapté d’après Cossart, (2001) ..........................104
260
Fig. 41- localisation de la zone intitulée cours amont du rio Elqui .....................................................................110
Fig. 42- Croquis géomorphologique de l’extrême amont de la vallée du Rio Colorado, modifié d’après Paskoff
(1970) ...................................................................................................................................................................115
Fig. 43- Carte de localisation des masses glaciaires et des glaciers rocheux dans la vallée du Rio Colorado.
Carte modifiée d’après (Milana & Güell, 2008) ..................................................................................................117
Fig. 44- Système de glaciers rocheux en aval du glacier El Tapado. ..................................................................118
Fig. 45- Coefficients de ruissellement et déficit de ruissellement dans la haute cordillère de l’Elqui. Réalisation,
Houbart. A............................................................................................................................................................121
Fig. 46- Coefficients de ruissellement et déficit de ruissellement dans la haute cordillère de l’Elqui. ...............123
Fig. 47- Genèse des grands types de moraines latéro-frontales (Vivian, 1976) ..................................................126
Fig. 48- Localisation d’un dépôt de pente identifié comme étant un système de glaciers rocheux inactifs, versant
Est de la vallée de La Laguna, photographie aérienne 1/50000 Geotec, Vicuña, secteur 28, n°016514. ...........128
Fig. 49- Contexte géomorphologique du système sédimentaire de La Laguna (Rio La Laguna, 3100 m) Capture
de Google Earth ...................................................................................................................................................129
Fig. 50- Croquis du système sédimentaire de La Laguna, d’après (Paskoff, 1970) ............................................130
Fig. 51- Profil transversal du Rio La Laguna à 3100 m d’altitude. Réalisation : Houbart. A ............................136
Fig.52- Moraine frontale du glacier El Tapado à 3700 m d’altitude. Réalisation : Houbart. A .........................137
Fig. 53- rupture de pente dans le profil en long du fond de la vallée Colorado ..................................................138
Fig. 54- rupture de pente dans le profil en long du fond de la vallée La Laguna ................................................138
Fig. 55- Vestige du cône de transition de La Laguna (Rio La Laguna, 3100 m) .................................................142
Fig.56- Croquis du système de terrasses alluviales depuis l’arc externe de la moraine de La Laguna. Cliché.
Houbart. A, Orientation. : Nord-est .....................................................................................................................144
Fig. 57- Schématisation du lithofaciès de la terrasse alluviale dite de La Laguna, Alt : 1250 m .......................145
Fig. 58 - Evolution du D50 des terrasses en fonction de leur distance à la moraine de la Laguna ....................147
Fig.59- Courbe des fréquences cumulées d’un échantillon de la terrasse alluviale La Laguna (Paskoff, 1970) 149
Fig. 60- Localisation des échantillons ayant servis au calcul de l’émoussé selon la méthode de Krumbein ......150
Fig. 61- coupes longitudinales dans un dépôt fluvio-lacustre du Rio Toro .........................................................155
Fig. 62- localisation de la zone intitulée cours moyen du rio Elqui ....................................................................158
Fig. 63- Nuage de points reflétant la relation largeur disponible en fonction de la longueur de la bissectrice des
cônes ....................................................................................................................................................................163
261
Fig. 64- Graphique en nuage de points reflétant la relation pente moyenne des cônes de déjection avec la
dénivelée spécifique de leurs bassins versants .....................................................................................................163
Fig.65- Courbe des fréquences cumulées de l’échantillon (ElcaldepV) ..............................................................167
Fig. 66- Refus de la colonne à tamis de l’échantillon (ElcaldepV) .....................................................................167
Fig. 67- Profil transversal de la vallée du Rio Turbio à 1860 m d’altitude. Cliché tiré de Google Earth. .........168
Fig. 68- extrait de la photographie aérienne n°016468 sector 23, SAF 2000 .....................................................170
Fig. 69- Amont du cône de déjection El Calvario. ...............................................................................................170
Fig. 70- Localisation des séquences fluvio-lacustres rencontrées le long du Rio Turbio entre la Quebrada El
Calvario et Juntas. ...............................................................................................................................................172
Fig. 71- Coupes lithostratigraphiques du site fluvio-lacustre n°1 .......................................................................175
Fig. 72- analyse lithostratigraphique de l’affleurement n°2 (Rio Turbio) ...........................................................179
Fig. 73- Diagramme de Hjulström .......................................................................................................................180
Fig.74- Champs d’apparition des différentes figures sédimentaires en fonction de la vitesse du courant et de la
profondeur moyenne de l’écoulement, pour un lit constitué de sables fins et de sables grossiers d’après
Middleton & Southard, (1984) .............................................................................................................................181
Fig.75- contact franc entre les dépôts fluvio-glaciaires de la terrasse de La Laguna et les sédiments fluvio-
lacustres du site fluvio-lacustre du site n°1 .........................................................................................................185
Fig. 76- Localisation du complexe de Juntas.......................................................................................................188
Fig. 77- Croquis de localisation des formations du complexe de Juntas, adapté d’après (Paskoff, 1970, p. 155)
.............................................................................................................................................................................188
Fig.78- courbe granulométrique en fréquences cumulées sur échelle semi-logarithmique de l’échantillon
(EchJuntdou). .......................................................................................................................................................190
Fig.79- Panoramique du complexe de Juntas ......................................................................................................192
Fig. 80- coulée de débris dans sa partie centrale avec son chenal bordé de deux bourrelets latéraux parallèles
mais asymétriques. GPS: 29°50’45.23’’ S 70°24’12.70’’ W, Cliché: Houbart. A, Alt: 1206 m ..........................196
Fig.81- coupe transversale d’un cône de déjection matérialisé par la succession de coulées de débris inclinées
vers l’amont de la vallée du Rio Turbio. GPS : 29°55’16’’ S 70°18’11’’ W, Cliché: Houbart. A, Alt : 1458 m
.............................................................................................................................................................................197
Fig. 82- granoclassement longitudinal le long d’un cône d’éboulis dominé par les coulées sèches. Rio La
Laguna. Cliché : Houbart. A, Orientation : Sud-est ............................................................................................200
Fig. 83- stratigraphie de dépôts de coulées sèches le long d’un profil longitudinal sur le versant Nord-ouest de
la vallée du Rio Turbio à 954 m d’altitude. .........................................................................................................201
262
Fig. 84- stratigraphie de dépôts de coulées sèches le long d’un profil longitudinal sur le versant Nord-ouest de
la vallée du Rio Turbio à 954 m d’altitude. .........................................................................................................202
Fig. 85 – carte de localisation des parois étudiées. .............................................................................................203
Fig. 86- Courbes granulométriques en fréquences simples de l’échantillon (Base Juntas n°1) et (base site 3) 211
Fig. 87- Schéma d’un cours d’eau au style tressé à faible sinuosité (Google image) .........................................213
Fig. 88- Chronologie des formations de fond de vallée de la haute cordillère de l’Elqui ...................................217
Fig. 89- carte de localisation des datations réalisées dans la vallée Encierro d’après (Zech et al., 2006a) ......219
Fig. 90- synthèse des sites et interprétations cites dans le texte pour le Chili .....................................................221
Fig. 91- photographie de l’écroulement (A) et des dépôts lacustres accumulés suite à l’obturation de la vallée El
Transito (B). Clichés : Aguillar Martorell ...........................................................................................................224
Fig. 92- coupe lithostratigraphique et photographies de la terrasse paraglaciaire de la vallée El Transito .....225
Fig. 93- ravinement des déjections torrentielles par la terrasse alluviale. Coupe observée à Rivadavia d’après
(Paskoff, 1970). ....................................................................................................................................................227
Fig. 94- délimitation des modelés glaciaires repérés par Riquelme et al., (2011) à 3150 mètres d’altitude dans la
vallée du Rio La Laguna. Réalisation (Riquelme et al., 2011) .............................................................................232
Fig. 95- carte géomorphologique de la haute cordillère de l’Elqui – seuls les formations et les modelés
d’ampleur significative ont été illustrés. ..............................................................................................................236
Fig. 96- synthèse des résultats des études citées dans ce travail. Répartition chronologique des phases
climatiques marquées par des conditions d’ensemble caractéristiques. ..............................................................237
263
TABLE DES PHOTOGRAPHIES
Photo. 1- Coupe-vent sur culture viticole dans la vallée du Rio Claro et mouvement de masse à l’arrière plan .
(30°00’09’’ S 70°31’49’’W) (alt. 960m). Cliché. Houbart. A (orientation Ouest) .................................................. 8
Photo. 2 - dépôts torrentiels du cône de déjection de la quebrada la Hormigar plaqués sur le versant opposé, Rio
Elqui. Cliché : Houbart. A, Orientation : Ouest, altitude : 785 m ............................................................................32
Photo. 3- cône de déjection inactif, quebrada à hauteur du village de Varillar. Vallée du Rio Turbio. Cliché :
Houbart. A, Orientation Sud-est altitude : 960 m....................................................................................................32
Photo. 4- Talus d’éboulis sous corniche sur le versant Ouest de la vallée de La Laguna. Cliché. Houbart. A
Orientation : Ouest, altitude : 3050 m ......................................................................................................................33
Photo. 5- Dyke affectant l’unité Huanta, Rio Turbio. Cliché. Houbart. A, Orientation Nord-ouest ........................40
Photo. 6- Coulée de gypse à l’aval d’un affleurement de la formation Baños del Toro, versant Est du Rio Toro,
Localisation : 29°57’19.8’’S 70°04’41.6’’W Altitude : 2244 m. Cliché. Houbart. A, Orientation : Est ..................43
Photo. 7- Affleurement du Miembro Tilito sur le versant Est de la vallée du Rio La Laguna (3150 m). Cliché :
Houbart. A, Orientation : Est ...................................................................................................................................44
Photo. 8- Cerro Las Tortolas (6130 m). Cliché : Houbart. A, Orientation : Nord-est .............................................44
Photo. 9- Affleurement de la Formation Vallecito dans la quebrada Las Animas, vallée du Rio Toro. Localisation :
29°55’41.7’’ S ; 70°04’00.2’’ W. Cliché : Houbart. A, Orientation : Est ................................................................45
Photo. 10- Zone d’altération, versant Ouest du Rio Colorado. Orientation du Cliché Nord. Cliché : Houbart. A .46
Photo. 11- Principaux végétaux présents dans la haute cordillère de l’Elqui. Source : utilisation des
photographies avec l’autorisation du laboratoire de botanique UMS 2925 CNRS UJF de la Station Alpine Joseph
Fourier (France) .......................................................................................................................................................64
Photo. 12- Chute de blocs sur une terrasse alluviale sur le versant Sud de la vallée du Rio Turbio GPS :
29°58'02,21'' S 70°12'33,92'' W ................................................................................................................................82
Photo. 13- Chenal principal d’un cône de déjection totalement artificialisé. Cliché : Houbart. A, Orientation
Nord, GPS : 29°50’42’’S 70°44’12’’W ..................................................................................................................89
Photo. 14- Cône de déjection cultivé faisant l’objet d’une gestion de l’écoulement aval. Versant Sud du Rio
Turbio. Cliché : Houbart. A, Orientation Sud-est .....................................................................................................89
Photo. 15- Le Cerro Olivares, point culminant de notre zone d’étude (6332 m) Cliché : Houbart. A, Orientation :
Est ...........................................................................................................................................................................111
Photo. 16- Glacier El Tapado (5536 m) Cliché: Houbart. A, Orientation: Nord-ouest .........................................111
Photo. 17- Moraines latérales du dernier maximum glaciaire. Cliché : Houbart. A, Orientation Sud-ouest ........127
264
Photo. 18- Moraines latérales en pieds de versants Est (vallée du Rio Colorado, 3900 m). Cliché : Houbart. A,
Orientation Sud-est .................................................................................................................................................127
Photo.19- Système sédimentaire de La Laguna. Cliché : Houbart. A, Orientation Sud .........................................130
Photo. 20- Moraine Allende, vallée du Rio Colorado (3500 m). Cliché : Houbart. A, Orientation Nord ..............132
Photo.21- Paroi entièrement polie par l’action des glaces du glacier El Tapado à 3800 m d’altitude Vallée du Rio
Colorado, Cliché. Houbart. A, Orientation : Est ....................................................................................................134
Photo. 22- Coupe transversale dans le dépôt diamictique de La Laguna sur le versant Ouest. Cliché. Houbart. A,
GPS : 30°11’33.28’’S 70°02’52.64’’W, Alt : 3048 m .............................................................................................134
Photo.23- Ecoulement en tresses en amont de la retenue d’eau artificielle de La Laguna. Alt : 3300 m, Cliché :
Houbart. A, Orientation : Sud .................................................................................................................................138
Photo. 24- Llanos de las Lliebres à l’amont de la moraine Allende, vallée du Rio Colorado (3550 m). Cliché :
Houbart. A, Orientation Nord-est ...........................................................................................................................139
Photo.25- Llanos végétalisé de la vallée du Rio Toro GPS: 29°58’01’’S 70°05’10’’W, Cliché: Houbart. A, Alt :
2160m .....................................................................................................................................................................139
Photo. 26- dépôts alluviaux mis en place au début de l’été 2008. Le versant affecté par l’altération hydrothermale
a été lessivé et les colluvions ont été piégés dans les dépressions créées par les avulsions du cours d’eau vers sa
position actuelle sur la photo. GPS: 29°57’06.25’’ S 70°04’36.02’’ W, Cliché: Houbart A, Alt: 2230m ..............152
Photo. 27- Terrasse alluviale du Rio Toro marquée par un granoclassement inverse. Cliché : Houbart. A .........152
Photo.28- élargissement du fond de vallée à la sortie d’un coude et présence du cône alluvial du Rio Vacas
Heladas sur la droite. Prise de vue vers le Nord. Cliché Houbart. A .....................................................................154
Photo.29- dépôts fluvio-lacustres sur la rive Est du Rio Toro. GPS: 29°55’50’’ S 70°04’04’’ W Cliché: Houbart.
A, alt: 2351 m .........................................................................................................................................................154
Photo. 30- Cône de déjection El Calvario à l’origine de l’obturation de la vallée du Rio Turbio. Emboîtement d’un
second cône de déjection à la sortie du chenal creusé par le cours d’eau dans un affleurement rocheux. Cliché :
Houbart. A, Alt : 1860 m .........................................................................................................................................165
Photo. 31- vue de profil du front du cône de déjection El Calvario. Variations de teintes entre chaque coulée
attestant d’apports moins chargés en matériel en fin d’écoulement. GPS : 29°57’15’’S 70°11’11’’W. Cliché :
Houbart. A, Orientation : Nord-est .........................................................................................................................167
Photo.32- dépôt du cône de déjection El Calvario plaqué contre le versant sud opposé à la quebrada El Calvario.
Cliché pris depuis la terrasse fluvio-glaciaire de la Laguna. Houbart. A, Orientation Est. ..................................168
Photo. 33- Vestiges fluvio-lacustres plaqués sur le versant Nord du Rio Turbio, au-dessus du niveau actuel du Rio
Turbio (15m). Cliché : Houbart. A Alt : 1850 m .....................................................................................................172
Photo.34- Base du dépôt, (Site n°1), présence facilement observable de matière organique par sa couleur
noirâtre. Cliché : Houbart. A, Orientation : Sud-ouest ..........................................................................................174
265
Photo.35- Sommet du dépôt fluvio-lacustre n°1 depuis le sommet du cône de déjection El Calvario. Cliché :
Houbart. A, Orientation : Sud-est. ..........................................................................................................................174
Photo. 36- ripple marks dans un banc argilo-limoneux à la base de l’affleurement du site n°2 (Rio Turbio) Cliché.
Houbart.A ...............................................................................................................................................................182
Photo. 37- rosette de gypse à la surface d’un banc riche en matière organique et présentant des traces de dépôts
de soufre. Site fluvio-lacustre n°5 Cliché : Houbart. A ..........................................................................................182
Photo. 38- matière organique échantillonnée pour la datation de la mise en place de la terrasse alluviale de La
Laguna. Cliché: Houbart GPS: 29° 58’14.74’’ S 70°13’11.21’’ W alt: 1730 m ..................................................186
Photo. 39- Coupe longitudinale dans le dépôt sédimentaire situé à l’arrière du poste de douane de Juntas. GPS :
29°58’31’’S 70°05’37’’W. Cliché : HOUBART.A, Alt: 2097m ............................................................................190
Photo. 40- mouvement de masse situé à 1.1 km de Juntas, photographie aérienne. GPS : 29°58’18.56’’ S
70°06’27.46’’ W, alt.: 2064 ....................................................................................................................................194
Photo. 41- placage sur le versant Sud GPS : 29°58’18.56’’ S 70°06’27.46’‘ W, Cliché : Houbart. A ..............194
Photo. 42- fond de chenal raviné par le dépôt. GPS : 29°58’18.56’’ S 70°06’27.46’’ W, Cliché : Houbart. A ....194
Photo. 43- partie amont du cône de déjection de la quebrada La Hormiga. Intercalation des coulées torrentielles
avec des dépôts de décantation. Cliché : Houbart. A, GPS : 29°50’43.15’’ S 70°23’53.19’’ W, Alt : 1194 m, .....198
Photo. 44- coulée de boue dans sa partie basale, la zone source n’est distante que d’une cinquantaine de mètres et
les éléments les plus grossiers ont été abandonnés dans la partie apicale, faute de courant suffisant. Cliché :
Houbart. A, Rio Turbio, Alt : 1850 m. ....................................................................................................................199
Photo. 45- bloc d’ignimbrite gélifracté appartenant à la formation Tilito (tertiaire) Rio Colorado, Cliché :
Houbart. A, Alt : 4200 m. ........................................................................................................................................205
Photo. 46- dépôts d’obturation intercalés avec des coulées de débris sur la partie amont du cône (par rapport au
fond de vallée). Cliché: Houbart A, GPS : 29°50’41.62’’S 70°24’01.11’’W Alt: 1209 m .....................................234
266
TABLE DES TABLEAUX
Tab. 1- Synthèse des méthodes utilisées pour la mesure du retrait des parois et des taux de production
sédimentaire d’après (Krautblatter & Dikau, 2007) dans (Chenet, 2008). ..............................................................87
Tab. 2 - organisation des faciès fluviatiles en éléments architecturaux (Miall, 1985) .............................................93
Tab. 3 - Classification des valeurs d’asymétrie d’après Folk & Ward, (1957) ; extrait de Bunte & Abt, (2001) ..95
Tab. 4 - Données morphométriques relevées dans les bassins versants et les cônes de déjection .........................100
Tab. 5- Conditions climatiques modernes sur le site du glacier El Tapado à 4000 m (Kull et al., 2002) ..............112
Tab. 6 - Reconstruction des conditions climatiques à partir de l’analyse du carottage couplée au mass balance
model de (Kull & Grosjean, 2000 ; Ginot et al., 2006) ..........................................................................................114
Tab. 7 - Stations hydrologiques et pluviomètres utilisés pour l’étude ....................................................................123
Tab. 8 - Tableau des résultats granulométriques issus des échantillonnages sur les terrasses .............................147
Tab. 9 - matrice des corrélations linéaires entre les variables considérées dans l’étude. .....................................162
Tab. 10 - Estimation de la vitesse d’incision des dépôts du cône de déjection El Calvario et de la terrasse fluvio-
glaciaire La Laguna ................................................................................................................................................187
Tab. 11 - tableau des vitesses de recul des parois de la cordillère de l’Elqui d’après l’estimation des volumes de
débris accumulés.....................................................................................................................................................205
Tab. 12 – comparaison des résultats ......................................................................................................................235
267
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299
0
10
20
30
40
50
60
20 10 5 2 0,5 0,2 0,05 inf 0,05
20,04
55,46
19,96
3,17 0,74 0,3 0,2 0,13
% bruts EchCSToro
Histogramme des refus de la colonne à tamis
maille des tamis (mm)
% bruts
Annexe 3
Analyse granulométrique de l’échantillon : EchCStoro
GPS: 29°58’25.54’’S 70°05’31.56’’ W Alt: 2116m
mailles des tamis (mm)
Fréquences cumulées
(%)
20 20,04
10 75,5
5 95,46
2 98,63
0,5 99,37
0,2 99,67
0,05 99,87
inf 0,05 100
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
AR1 10 15,00 18,00 10,000 1,342 4,000 0,800
Chapitre 7 | Annexes 300
Annexe 4
Analyse granulométrique de l’échantillon EchCSlagu
GPS : 39°08’27.5’’ S 70°03’47.3’’ W
Alt: 2720 m
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
EchCSlagu 0,5 3,50 8,00 1,500 2,309 3,250 0,980
maille des
tamis
en mm 20 10 5 2 0,5 0,2 0,05 inf50
% brut EchCSlagu 10,37 9,5 17,9 28,16 34,01 0,02 0,00 0,03
% cumulé EchCSlagu 100 99,97 99,97 99,95 65,94 37,78 19,88 10,39
10,39 19,88
37,78
65,94
99,95 99,97 99,97 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
100 110
0,01 0,1 1 10
Taille des tamis en mm
Fré
qu
ance
s cu
mu
lées
en
%
Chapitre 7 | Annexes 301
100 98,47 90,4
70
42,3
21,9
8,48 2,86 0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0,01 0,1 1 10
Fré
qu
en
ces
cum
ulé
es
en
%
Taille des tamis en mm
Annexe 5
Analyse granulométrique de l’échantillon
Echbaselacn°3
GPS : 29°57’05’’S – 70°10’13’’W
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
Echbaselacn°3 0,5 1,40 4,00 0,400 3,162 1,800 0,816
maille de tamis (mm)
fréquences cumulées (%)
20 2,86
10 8,48
5 21,9
2 42,3
0,5 70
0,2 90,4
0,05 98,47
inf 0,05 100
Chapitre 7 | Annexes 302
0 0 0,87 8,35
68,63
97,3 99,92 100
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0,01 0,1 1 10
Fré
qu
en
ces
cum
ulé
es
en
%
Taille des tamis en mm
Annexe 6
Analyse granulométrique de l’échantillon
Ech_tb_site_so1
GPS : 29°57’16’’S - 70°10’54’’W
Alt : 1885m
maille des
tamis (mm)
Fréquences
cumulées (%)
20 0
10 0
5 0,87
2 8,35
0,5 68,63
0,2 97,3
0,05 99,92
0,01 100
Chapitre 7 | Annexes 303
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0,01 0,1 1 10
Fré
qu
en
ces
cum
ulé
es
en
%
Taille des tamis en mm
Ech_t_eol
Annexe 7
Analyse granulométrique de l’échantillon
Ech_t_eol
GPS : 29°57’16’’S - 70°10’54’’W
Alt : 1895 m
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
Ech_t_eol 0,5 0,70 1,80 0,300 2,449 0,750 1,102
maille des tamis (mm)
Fréquences cumulées
(%)
20 0
10 0,69
5 2,81
2 20,81
0,5 58,36
0,2 83,96
0,05 99,34
0,01 100
Chapitre 7 | Annexes 304
0 2,83
13,4
52,51
82,59
94,1 99,23 100
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0,01 0,1 1 10
Fré
qu
en
ces
cum
ulé
es
en
%
Taille des tamis en mm
EchJuntdou
Annexe 8
Analyse granulométrique de l’échantillon
EchJuntdou
GPS : 29°58’31’’S - 70°05’37’’W
Alt : 2098 m
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
EchJuntdou 2 2,20 4,00 0,800 2,236 1,600 0,661
maille des tamis (mm)
Fréquences cumulées
(%)
20 0
10 2,83
5 13,4
2 52,51
0,5 82,59
0,2 94,1
0,05 99,23
0,01 100
Chapitre 7 | Annexes 305
39,44
50,69 56,84
66,22
77,72
88,51
99,4 100
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0,01 0,1 1 10
Fré
qu
en
ces
culu
lée
s e
n %
Taille des tamis en mm
EchElcaldepV
Annexe 9
Analyse granulométrique de l’échantillon
Ech_ElcaldepV
GPS : 29°57’15’’S 70°10’58’’W
Alt : 1879 m
mailles des tamis (mm)
% cumulés
20 39,44
10 50,69
5 56,84
2 66,22
0,5 77,72
0,2 88,51
0,05 99,4
0,01 100
Chapitre 7 | Annexes 306
0
10
20
30
40
50
20 10 5 2 0,5 0,2 0,05 inf 0,05
0 0
7,68
16,89
48,03
20,3
5,55 1,55
Histogramme des refus de la colonne à tamis
EchCsinterToro
Taille des tamis en mm
Annexe 10
Analyse granulométrique de l’échantillon
EchCSinterToro
GPS : 29°58’14’’S 70°05’22’’W
Alt : 2146 m
mailles des tamis (en mm)
% cumulés
20 0
10 0
5 7,68
2 24,57
0,5 72,6
0,2 92,9
0,05 98,45
0,01 100
Echantillon Mode Méd Q1 Q3 Trask Qdphi SK
EchCSinterToro 0,5 1,00 2,00 0,450 2,108 0,775 0,900
Chapitre 7 | Annexes 307
Annexe 11
mesures des débris accumulés en pieds de paroi 29°98’16’’S 70°23’22’’W
Grand axe (m) axe b (m) axe c (m)
Dn= (a*b*c)/3 Vd= (n/6)*(a*b*c)
2,4 1,5 1 1,2 1,44
0,53 0,49 0,47 0,040686333 0,001655378
0,8 0,8 0,8 0,170666667 0,029127111
0,96 0,8 0,7 0,1792 0,03211264
0,56 0,43 0,32 0,025685333 0,000659736
1,25 0,8 0,4 0,133333333 0,017777778
0,77 0,55 0,47 0,066348333 0,004402101
2,39 1,3 1,1 1,139233333 1,297852588
2,66 1,2 1 1,064 1,132096
0,85 0,83 0,7 0,164616667 0,027098647
2 1,4 1,1 1,026666667 1,054044444
2,13 1,9 1,35 1,82115 3,316587323
0,68 0,35 0,3 0,0238 0,00056644
1,43 0,9 0,75 0,32175 0,103523063
1,9 1,1 0,63 0,4389 0,19263321
3,6 2,5 2,3 6,9 47,61
2,03 1,4 1,25 1,184166667 1,402250694
3 2 1,6 3,2 10,24
1,95 1,1 0,8 0,572 0,327184
0,95 0,41 0,24 0,03116 0,000970946
0,84 0,7 0,4 0,0784 0,00614656
0,52 0,48 0,37 0,030784 0,000947655
Chapitre 7 | Annexes 308
0,7 0,5 0,41 0,047833333 0,002288028
0,35 0,2 0,19 0,004433333 1,96544
0,9 0,36 0,3 0,0324 0,00104976
0,8 0,57 0,35 0,0532 0,00283024
1,13 0,92 0,52 0,180197333 0,032471079
0,85 0,56 0,33 0,05236 0,00274157
0,94 0,53 0,33 0,054802 0,003003259
2,8 1,74 1,2 1,9488 3,79782144
1,88 1,25 0,92 0,720666667 0,519360444
1,4 0,97 0,84 0,38024 0,144582458
1,13 0,72 0,65 0,17628 0,031074638
5,8 3,12 2,3 13,8736 192,476777
Superficie de la paroi
1171,5 m2 Volume total m3 265,2516558
Chapitre 7 | Annexes 309
Annexe 12
Eude Télémètre laser 29°58’28’’S 70°13’38’’W
Alt : 1736 m
distance horizontale (m)
distance verticale (m)
Orientation (°)
Cos=Y1 X1 cos anglex1*HD
Z1
88,4 49 240 0,325781306 28,79906741 49
62,6 29,7 240 0,325781306 20,39390973 29,7
47,7 19,2 240 0,325781306 15,53976827 19,2
40 13,7 240 0,325781306 13,03125222 13,7
20,6 2,9 240 0,325781306 6,711094894 2,9
17 2,1 240 0,325781306 5,538282194 2,1
10,1 -0,3 240 0,325781306 3,290391186 0
51,01 24 230 -0,787695942 -40,18036998 24
42 14,5 230 -0,787695942 -33,08322955 14,5
33 8,7 230 -0,787695942 -25,99396607 8,7
23,9 3,6 230 -0,787695942 -18,82593301 3,6
22,6 3 230 -0,787695942 -17,80192828 3
11,4 8 230 -0,787695942 -8,979733735 8
10,1 0 230 -0,787695942 -7,955729011 0
51,1 17,3 220 0,996085171 50,89995223 17,3
41,8 13,4 220 0,996085171 41,63636014 13,4
31,1 6,9 220 0,996085171 30,97824881 6,9
23,5 2,6 220 0,996085171 23,40800152 2,6
13 0,8 220 0,996085171 12,94910722 0,8
8,9 -0,2 220 0,996085171 8,865158021 0
40,7 13,9 210 -0,883877473 -35,97381316 13,9
Chapitre 7 | Annexes 310
41,3 5 205 -0,699229257 -28,8781683 5
26 1,5 205 -0,699229257 -18,17996067 1,5
8,5 0 205 -0,699229257 -5,943448682 0
64,2 29,3 250 0,240988305 15,4714492 29,3
50,1 10,1 250 0,240988305 12,07351409 10,1
38,5 11,7 250 0,240988305 9,278049753 11,7
32,1 8,2 250 0,240988305 7,7357246 8,2
21,4 4,1 250 0,240988305 5,157149733 4,1
11,9 2,1 250 0,240988305 2,867760833 2,1
9,1 -0,8 250 0,240988305 2,192993578 0
48,5 15 260 -0,730194157 -35,41441662 15
37,5 11,8 260 -0,730194157 -27,38228089 11,8
45,6 13,2 70 0,633319203 28,87935566 13,2
Chapitre 7 | Annexes 311
Annexe 13
Mesures des débris accumulés sur cône de déjection 29°58’02’’S 70°12’33’’W
Alt : 1786 m
Dn= (a*b*c)/3 Vd= (n/6)(a*b*c)
Grand axe A (m)
Axe b (m)
Axe C (m)
0,9 0,4 0,22 0,0264 0,00034848
0,93 0,47 0,43 0,062651 0,001962574
0,68 0,3 0,26 0,01768 0,000156291
0,46 0,41 0,34 0,021374667 0,000228438
0,39 0,19 0,17 0,004199 8,8158E-06
0,39 0,24 0,1 0,00312 4,8672E-06
0,68 0,48 0,21 0,022848 0,000261016
0,23 0,21 0,18 0,002898 4,1992E-06
1,02 0,75 0,57 0,14535 0,010563311
0,53 0,22 0,9 0,03498 0,0006118
0,92 0,35 0,29 0,031126667 0,000484435
0,83 0,6 0,52 0,08632 0,003725571
0,64 0,35 0,9 0,0672 0,00225792
0,020617718
Chapitre 7 | Annexes 312
Annexe 14
Etude télémètre laser 29°58’02’’S 70°12’69’’W
Alt : 1786 m
distance horizontale (m)
distance verticale (m)
Orientation (°)
Cos=Y1 X1 Z1
8,7 2,4 337 -0,66029407 -0,70095962 2,4
7,5 1,02
337 -0,66029407 -0,08859388 1,02
6,1 0,7 337 -0,66029407 0,45501742 0,7
4,1 0,3 337 -0,66029407 0,82490196 0,3
7,5 1,3 342 -0,90745945 0,11017752 1,3
6,5 0,8 342 -0,90745945 0,31760021 0,8
5,5 0,5 342 -0,90745945 -0,68659614 0,5
3,7 -0,3 342 -0,90745945 -0,78886313 0
6,6 0,7 354 -0,54032767 0,58579615 0,7
5,7 0,2 342 -0,90745945 -0,04174631 0,2
8,2 1,6 330 -0,99119882 -0,46361521 1,6
6,9 0,5 320 0,90370511 -0,85789604 0,5
6,2 0,3 318 -0,76539465 0,24799483 0,3
6,6 0,8 327 0,9625977 -0,99725192 0,8
5 0,1 327 0,9625977 0,19766583 0,1
Chapitre 7 | Annexes 313
Annexe 15
étude télémètre laser 29°96’67’’S 70°12’96’’W
distance horizontale (m)
distance verticale (m)
Orientation (°)
X1 Y1 Z1
82,4 28,5 330 -0,0551851 -0,99119882 28,5
75,5 23,8 330 -0,56419729 -0,99119882 23,8
65,4 14,5 330 0,73743592 -0,99119882 14,5
57 9 330 -0,2821298 -0,99119882 9
45,7 2,1 330 0,21386867 -0,99119882 2,1
79,8 24,8 338 0,25347666 0,27519232 24,8
70,3 18,6 338 -0,03602763 0,27519232 18,6
61,2 13,1 338 0,21513256 0,27519232 13,1
55 10,4 338 -0,36583293 0,27519232 10,4
46,6 2,5 338 0,41253143 0,27519232 2,5
69,1 12,8 352 0,54896078 0,98998824 12,8
59,2 6,3 352 -0,97677783 0,98998824 6,3
50 1,9 352 0,69817254 0,98998824 1,9
61,7 1,8 10 0,31737153 -0,83907153 1,8
72,7 18,4 310 0,70689554 -0,52534764 18,4
57,7 10,4 310 0,33558558 -0,52534764 10,4
53,4 6 310 -0,58305836 -0,52534764 6
68 19,2 322 0,62098662 0,01324661 19,2
72,6 24 300 -0,78884596 -0,02209662 24
59,9 12,1 300 0,9959508 -0,02209662 12,1
48,9 4,5 300 0,32697804 -0,02209662 4,5
76,7 13 317 -0,4406678 -0,95508258 13
Chapitre 7 | Annexes 314
56,6 8,2 317 -0,84493358 -0,95508258 8,2
45,1 2,6 317 -0,77241182 -0,95508258 2,6
61,7 11 297 -0,99995052 -0,11921006 11
71,9 20,5 297 -0,62572668 -0,11921006 20,5
57 3,5 280 0,7588051 -0,92173958 3,5
60,5 8,5 292 -0,67891765 -0,98590163 8,5
67,2 6,2 284 -0,93037183 0,30899406 6,2
67,4 4,4 74 0,31614416 0,17171734 4,4
64,3 14,1 312 0,81925494 -0,55508823 14,1
59 5 310 0,93853697 -0,52534764 5
46,4 4,1 294 0,69332881 0,25813076 4,1
Chapitre 7 | Annexes 315
Annexe 16
étude télémètre laser Juntas 29°58’36’’S 70° 05’40’’W
altitude : 2093 m
distance horizontale (m)
distance verticale (m)
Orientation (°)
X1 Y1 Z1
102,6 53,7 90 -0,653050274 -0,448073616 53,7
86,8 20,8 90 -0,416749769 -0,448073616 20,8
66,9 11,3 90 -0,137244841 -0,448073616 11,3
98,6 35,3 80 -0,858143763 -0,110387244 35,3
78 29,3 80 0,698862813 -0,110387244 29,3
73 17,9 80 -0,97573503 -0,110387244 17,9
54,8 14,7 80 -0,092416026 -0,110387244 14,7
97,1 41,4 70 0,163555838 0,633319203 41,4
82,5 25,7 70 0,729843932 0,633319203 25,7
64,7 12,9 70 0,384060297 0,633319203 12,9
54,6 9,1 70 -0,249861202 0,633319203 9,1
96,9 30,5 66 0,635112083 -0,999647456 30,5
85,2 24,9 66 0,968701797 -0,999647456 24,9
61 13,1 66 0,048994802 -0,999647456 13,1
95,7 20,2 55 -0,236236695 0,022126756 20,2
84 15,1 55 -0,284037944 0,022126756 15,1
65,1 11,7 55 0,609295032 0,022126756 11,7
93,1 22,2 48 0,115292771 -0,640144339 22,2
66,1 12,6 48 0,978325916 -0,640144339 12,6
84,9 20,4 112 -0,696015992 0,455969104 20,4
74 17,9 112 0,887649833 0,455969104 17,9
61,7 12,3 112 0,450172427 0,455969104 12,3
Chapitre 7 | Annexes 316
101,1 38 100 0,937701831 0,862318872 38
85,1 31,5 100 -0,839464889 0,862318872 31,5
79 17,8 100 -0,448666394 0,862318872 17,8
64,1 9,5 100 0,407586639 0,862318872 9,5
54,1 13,1 100 0,984296927 0,862318872 13,1
100,6 38,4 70 0,119778704 0,633319203 38,4
98,7 38,1 98 -0,934558401 -0,819288245 38,1
106,3 37,2 82 -0,248549636 0,949677698 37,2
96,5 36,7 82 -0,782643869 0,949677698 36,7
96,6 26,1 64 0,967828997 0,39185723 26,1
Chapitre 7 | Annexes 317
Annexe 17
étude télémètre laser GPS 03993033 6660054
distance horizontale (m)
distance verticale (m)
Orientation (°)
X1 Y1 z1
43,5 14,8 64 0,853094308 0,39185723 14,8
35,6 8,2 64 -0,734866745 0,39185723 8,2
29,8 2,6 64 -0,96810092 0,39185723 2,6
24,2 0,8 64 -0,999986593 0,39185723 0,8
43,7 13,4 50 0,022307578 0,964966028 13,4
35,1 16,4 50 -0,408219658 0,964966028 16,4
30,1 2,7 50 -0,984355405 0,964966028 2,7
23 -1,4 50 0,984360716 0,964966028 0
44,2 10,4 30 0,969429788 0,15425145 10,4
35,8 3,8 30 0,911167527 0,15425145 3,8
25,7 -0,2 30 -0,258043389 0,15425145 0
36,2 2,9 15 -0,879717261 -0,759687913 2,9
31,5 -0,1 32 -0,899906267 0,834223361 0
46,2 11,4 32 -0,276986508 0,834223361 11,4
32,8 11,2 70 -0,875546856 0,633319203 11,2
34 7,5 70 0,241163837 0,633319203 7,5
31,3 4,8 70 -0,257926894 0,633319203 4,8
22,4 0,7 70 -0,940985507 0,633319203 0,7
35,1 6,7 74 -0,766691459 0,171717342 6,7
25,4 1,5 74 0,599761625 0,171717342 1,5
41,2 13,5 80 -0,891882203 -0,110387244 13,5
43,2 14,2 80 0,969385393 -0,110387244 14,2
36,1 7,9 80 -0,639959053 -0,110387244 7,9
30 1,9 80 0,984413775 -0,110387244 1,9
20,3 1,6 80 -0,979385054 -0,110387244 1,6
42,4 10,6 90 -0,510462205 -0,448073616 10,6
Chapitre 7 | Annexes 318
36 10 90 -0,52509112 -0,448073616 10
32,6 2,4 90 0,969518482 -0,448073616 2,4
29,2 -0,8 90 -0,057713185 -0,448073616 0
26,3 -0,8 90 -0,188922214 -0,448073616 0
48,3 15,5 97 -0,55256852 -0,925147537 15,5
39,4 7,2 97 -0,052512743 -0,925147537 7,2
34,3 6,4 97 -0,988260353 -0,925147537 6,4
30,5 2,9 97 0,636935558 -0,925147537 2,9
25,4 -0,6 97 0,702878879 -0,925147537 0
20,3 -1,2 97 -0,778456158 -0,925147537 0
48 11 100 0,938140962 0,862318872 11
40,2 5,5 100 0,326123282 0,862318872 5,5
34,1 2,4 100 -0,197518078 0,862318872 2,4
30 2,4 100 -0,9756822 0,862318872 2,4
29,1 0,9 100 0,633132557 0,862318872 0,9
46,1 11,4 104 0,946168447 -0,946868011 11,4
42,1 8 104 0,556890404 -0,946868011 8
39,3 4,6 104 -0,999927492 -0,946868011 4,6
32,2 2,3 104 0,99052489 -0,946868011 2,3
28,7 0,7 104 0,959103338 -0,946868011 0,7
56,7 16,9 110 -0,590932045 -0,999020813 16,9
50,2 11 110 0,605911638 -0,999020813 11
44,7 1,5 110 -0,918115616 -0,999020813 1,5
40 2,4 110 -0,198168145 -0,999020813 2,4
Chapitre 7 | Annexes 319
Annexe 18
étude télémètre laser 29°58’21’’S
70°06’28’’ W Alt : 2068 m
distance horizontale (m)
distance verticale (m)
Orientation (°)
X1 Y1 z1
147,8 48,3 100 -0,36846861 0,86231887 48,3
131 37,1 100 0,90416921 0,86231887 37,1
105,8 17,5 100 0,6340188 0,86231887 17,5
89,6 7,2 100 0,98424367 0,86231887 7,2
77,2 2,3 100 -0,44748064 0,86231887 2,3
153,1 51,5 90 0,99967798 -0,44807362 51,5
130,5 48,3 90 -0,15523423 -0,44807362 48,3
111,3 18,2 90 -0,03181866 -0,44807362 18,2
77,9 1,8 90 0,51069548 -0,44807362 1,8
126,7 31,4 70 -0,95995944 0,6333192 31,4
102,2 12,4 70 -0,8289728 0,6333192 12,4
85 4,6 70 0,98446674 0,6333192 4,6
74,7 1,2 70 0,17998569 0,6333192 1,2
92,2 -0,2 65 0,40045494 -0,56245385 0
147,1 44,7 104 0,40279945 -0,94686801 44,7
122,4 30,8 104 0,9911111 -0,94686801 30,8
101,2 13,9 104 0,89399617 -0,94686801 13,9
78,2 4,9 104 -0,7085323 -0,94686801 4,9
142,2 39,7 110 -0,99994821 -0,99902081 39,7
121,7 31 110 -0,78151675 -0,99902081 31
84,1 2,9 110 -0,54838482 -0,99902081 2,9
125,5 29,2 120 0,70015532 0,81418097 29,2
107,4 10,7 120 0,3745036 0,81418097 10,7
65,3 3,5 124 -0,25230795 -0,0927762 3,5
Chapitre 7 | Table des matières 320
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements _______________________________________________________ 6
Résumé _____________________________________________________________ 1
Introduction générale __________________________________________________ 6
Première partie ______________________________________________________ 14
Physiographie de la cordillère des Andes de l’Elqui _________________________ 14
Introduction de la première partie _________________________________________________ 14
Chapitre 1 ______________________________________________________________ 15
Morphostructure et paléogéographie _______________________________________ 15
1.1 Présentation du cadre général des Andes _____________________________________ 16
A/ Convergence relative entre plaque de Nazca et Amérique du Sud ________________ 17
B/ Segmentation des Andes entre 27°et 33°S ___________________________________ 18
C/ Segmentation volcanique ________________________________________________ 19
D/ Morphostructure des Andes Centrales _____________________________________ 20
1.2 Le cadre morphostructural et physiographique de la haute cordillère de l’Elqui _______ 23
1.2.1 Présentation du relief de la cordillère de l’Elqui ______________________________ 23
A/ Analyse topographique du bassin versant du Rio Elqui et de ses affluents _________ 23
1.2.2 Morphostructure de la haute cordillère _____________________________________ 33
A/ Originalités du Norte-Chico ______________________________________________ 34
B/ Les unités morphostructurales de la cordillère de l’Elqui et leur expression de surface
36
1.3 Description des affleurements rocheux de la haute cordillère de l’Elqui _____________ 39
1.3.1 Le socle (Paléozoïque-Trias inférieur), unité centrale du dispositif géologique régional.
39
A/ Le complexe métamorphique El Cepo ______________________________________ 39
B/ Les formations sédimentaires et volcaniques (Paléozoïque supérieur-Trias inférieur) 39
C/ Les roches intrusives du Paléozoïque supérieur-Trias __________________________ 40
1.3.2 La couverture Mésozoïque et Cénozoïque ___________________________________ 41
A/ La Formation Las Breas __________________________________________________ 42
B/ Les strates du Rio Seco __________________________________________________ 42
C/ La Formation estratos de quebrada El Tapado (Lias-Dogger inférieur) ____________ 42
D/ La Formation Baños del Toro _____________________________________________ 43
1.3.3 Les formations volcaniques de l’Oligocène supérieur-Miocène __________________ 44
A/ La Formation Doña Ana _________________________________________________ 44
B/ La Formation Cerro de Las Tortolas ________________________________________ 45
Chapitre 7 | Table des matières 321
C/ La Formation Vallecito __________________________________________________ 45
D/ Altération hydrothermale et minéralisation _________________________________ 45
1.4 Synthèse des connaissances sur l’évolution paléotectonique ______________________ 48
Reconstruction paléotectonique d’une marge active ___________________________________ 48
1.4.1 Le cycle orogénique pré-andin (Permien supérieur-Jurassique inférieur) __________ 49
A/ Développement d’un régime extensif ______________________________________ 49
B/ Amincissement crustal et volcanisme ______________________________________ 50
1.4.2 Le cycle orogénique Andin (Jurassique inférieur à Aujourd’hui) __________________ 51
A/ Acquisition progressive de l’organisation structurelle actuelle ____________________ 51
Chapitre 2 ______________________________________________________________ 55
Analyse climatique _______________________________________________________ 55
2.1 Présentation du climat actuel _______________________________________________ 56
2.1.1 Les mécanismes climatiques actuels _______________________________________ 56
A/ Description synoptique __________________________________________________ 56
2.2.2 Le climat local et ses influences ___________________________________________ 60
A/ Le comportement climatique dans la haute cordillère de l’Elqui ___________________ 60
B/ L’étagement morphoclimatique à l’échelle locale _____________________________ 63
2.2 Présentation des connaissances actuelles sur l’évolution du climat au cours du
Quaternaire au Chili et en Amérique du sud _________________________________________________ 65
2.2.1 Evolution Quaternaire du Chili ____________________________________________ 65
A/ Au nord : _____________________________________________________________ 65
B/ Norte-Chico : __________________________________________________________ 66
C/ Au sud : ______________________________________________________________ 67
2.2.2 Evolution Quaternaire à l’échelle continentale _______________________________ 67
A/ Dans les Andes Tropicales ________________________________________________ 67
B/ En Argentine et au Brésil ________________________________________________ 68
CONCLUSION DE la première partie ________________________________________________ 71
Deuxième partie _____________________________________________________ 73
Etude géomorphologique de la haute cordillère de l’Elqui ____________________ 73
Introduction ___________________________________________________________________ 73
de la deuxième partie ___________________________________________________________ 73
Chapitre 3 ______________________________________________________________ 75
Une approche méthodologique ____________________________________________ 75
3.1 Méthodes de détermination des processus de versant ___________________________ 76
3.1.1 L’analyse des dépôts de pente ____________________________________________ 76
A/ Les profils topographiques _______________________________________________ 76
B/ L’analyse des fabriques __________________________________________________ 77
C/ L’analyse de la stratification ______________________________________________ 78
Chapitre 7 | Table des matières 322
D/ Analyse du granoclassement _____________________________________________ 78
3.1.2 Méthodes d’analyse des versants _________________________________________ 78
A/ Utilisation des SIG ______________________________________________________ 78
B/ La couverture détritique _________________________________________________ 80
C/ Analyse des pentes _____________________________________________________ 80
D/ Restitution sous forme de carte géomorphologique ___________________________ 81
3.1.3 Méthodes de quantification des processus __________________________________ 81
A/ La mesure des processus ponctuels __________________________________________ 81
B/ Estimation des taux de recul des parois rocheuses ______________________________ 82
c/ Choix du matériel ________________________________________________________ 83
D/ Méthode de modélisation des surfaces d’éboulis et calcul des volumes ____________ 83
3.2 Méthodes d'analyse des formations alluviales __________________________________ 89
3.2.1 Description lithostratigraphique des dépôts fluvio-lacustres ______________________ 89
A/ Définition _____________________________________________________________ 89
B/ Méthodologie _________________________________________________________ 90
3.2.2 analyses granulométriques des terrasses alluviales ___________________________ 93
A/ Méthode de Wolman _____________________________________________________ 93
B/ les indices granulométriques _______________________________________________ 94
3.2.3 contribution des appareils glaciaires au régime hydrologique ___________________ 96
A/ traitement des données ___________________________________________________ 96
B/ Apports éventuels à la compréhension du comportement de la cryosphère en milieu
semi-aride 97
3.3 Acquisition des données et caractéristiques topographiques ______________________ 99
3.3.1 Etude des bassins versants et des cônes de déjection _________________________ 99
A/ Calcul des surfaces des bassins versants ____________________________________ 99
B/ Calcul des superficies pour les cônes de déjection ___________________________ 100
C/ correlation entre les variables morphométriques ______________________________ 101
3.3.3 utilisation de la morphométrie des glacirs rocheux ___________________________ 102
3.3.3 Choix de la méthode de datation _________________________________________ 105
A/ Une méthode de datation justifiée _______________________________________ 105
B/ principe de la méthode de datation par AMS 14
C ____________________________ 105
C/ Thermoluminescence et radionucléides cosmogéniques : des méthodes utilisables __ 107
Chapitre 4 _____________________________________________________________ 109
Le cours amont du Rio Elqui ______________________________________________ 109
4.1 Extension du modelé glaciaire ______________________________________________ 110
4.1.1 Le glacier El Tapado ____________________________________________________ 112
A/ Reconstruction des paramètres climatiques pour la période moderne 1920-1999 __ 113
B/ Reconstruction des paramètres paléoclimatiques ___________________________ 113
4.1.2 les glaciers rocheux ____________________________________________________ 116
A/ relation entre indices morphométriques et extension : resultats _______________ 119
B/ L’influence de l’orientation ______________________________________________ 119
Chapitre 7 | Table des matières 323
4.1.3 L’apport de la cryosphère au bilan hydrologique ____________________________ 120
A/ glaciers non couverts et glaciers rocheux ____________________________________ 120
B/ apport de le fonte de la couverture neigeuse _______________________________ 122
4.1.4 Les formes d’accumulation _____________________________________________ 124
A/ Les édifices morainiques _______________________________________________ 124
4.2 Les processus paraglaciaires _______________________________________________ 137
4.2.1 les actions proglaciaires de temps long ____________________________________ 137
A/ l’épandage proglaciaire _________________________________________________ 137
B/ les pseudo-auges __________________________________________________________ 139
4.2.2 Les action proglaciaires de temps court ____________________________________ 140
A/ Le système de terrasses alluviales de La Laguna _____________________________ 140
B/ La terrasse alluviale du Rio Toro ___________________________________________ 151
Chapitre 5 _____________________________________________________________ 157
Le cours moyen du Rio Elqui entre Juntas et Rivadavia _________________________ 157
5.1 Les formes et formations témoins de conditions passées ________________________ 158
5.1.1 Les cônes de déjection _________________________________________________ 158
A/ étroite corrélation avec leurs bassins versants ______________________________ 159
5.1.2 Le cône de déjection El Calvario __________________________________________ 165
A/ Analyse granulométrique _______________________________________________ 165
B/ hypothèse de mise en place _______________________________________________ 168
5.1.3 Les dépôts fluvio-lacustres ______________________________________________ 171
A / CHOIX des sites ________________________________________________________ 171
B/ Analyse et interprétation du site fluvio-lacustre n°1 __________________________ 173
C/ Analyse et interprétation du site fluvio-lacustre n°2 __________________________ 178
5.1.4 Datation de laterrasse fluvio-glaciaire de La Laguna __________________________ 184
A/ Datation de la terrasse de La Laguna ______________________________________ 184
B/ interprétation de mise en place __________________________________________ 186
5.1.5 Le « complexe de Juntas » ______________________________________________ 187
A/ Formes et dépôts torrentiels ____________________________________________ 189
B/ Formes et dépôts lacustre ______________________________________________ 189
C/Origine du dépôt lacustre « ancien » du complexe de Juntas _____________________ 193
5.2 Les dynamiques actives ______________________________________________________ 195
5.2.1 Les processus associés _________________________________________________ 195
A/ Les coulées de débris ou debris flows _____________________________________ 195
B/ Les coulées sèches ____________________________________________________ 199
D/ Les parois rocheuses ___________________________________________________ 203
Conclusion de la deuxième partie _________________________________________________ 207
Chapitre 7 | Table des matières 324
Troisième partie ____________________________________________________ 209
Chronologie des événements morphogènes Quaternaires de la haute cordillère de
l’Elqui ___________________________________________________________________ 209
Introduction de la troisième partie ________________________________________________ 209
Chapitre 6 _____________________________________________________________ 210
CALAGE ET MISE EN PERSPECTIVE DES RESULTATS ____________________________ 210
6.1 Reconstitution des événements _______________________________________________ 210
6.1.1 L’antériorité du dépôt « ancien » par rapport à l’obturation du Rio Turbio ________ 210
6.1.2 Une période favorable aux obturations (transition pléistocène-holocène) ________ 211
6.1.3 Un Ruissellement en tresse _____________________________________________ 213
6.1.4 La décharge de La Laguna durant l’holocène supérieur _______________________ 214
6.1.5 Les apports latéraux ___________________________________________________ 215
A/ Les cônes de déjection _________________________________________________ 215
B/ Les cônes d’éboulis et talus d’éboulis _____________________________________ 216
6.2 Confrontation des résultats obtenus avec la littérature actuelle __________________ 218
6.2.1 Résultats obtenus pour les Andes centrales du Chili____________________________ 218
A/ Résultats de la vallée Encierro ___________________________________________ 218
B/ Résultats de la cordillère De Dona Rosa ____________________________________ 220
6.2.2 Les résultats à l’échelle nationale et continentale _____________________________ 220
6.2.3 Comparaison du calendrier morphogène de la haute cordillère de l’Elqui avec la
littérature scientifique _______________________________________________________________ 222
A/ Les pulsations glaciaires ________________________________________________ 222
B/ Développement des cônes de déjection et des obturations ___________________ 222
C/ L’holocène supérieur __________________________________________________ 226
D/ Etude de l’histoire sédimentaire paraglaciaire et fluviale dans la vallée du Rio Turbio
(Pléistocène supérieur- Holocène inférieur) d’après (Riquelme et al., 2011) : entre complémentarité
et discussion 227
Chapitre 7 _____________________________________________________________ 238
Conclusion et perspectives _______________________________________________ 238
7.1 le cycle paraglaciaire dans la cordillère de l’Elqui __________________________________ 239
7.1.1 de la déglaciation au système paraglaciaire __________________________________ 239
7.1.2 deux phases disctinctes __________________________________________________ 241
7.2 variabilité climatique et adaptabilité ________________________________________ 242
7.2.1 impact du réchauffement climatique sur les régions semi-arides du Norte-Chico __ 243
A/ les variations d’origine naturelle ___________________________________________ 243
B/ Impact des ouvrages hydrauliques _________________________________________ 244
7.2.2 adaptation des pouvoirs publics __________________________________________ 246
Chapitre 7 | Table des matières 325
A/ une gouvernance adaptée ______________________________________________ 246
B/ Les propositions ______________________________________________________ 247
C/ l’intégration par la population au niveau local ______________________________ 248
7.3 Discussion et perspectives _________________________________________________ 249
7.3.1 Du local au global _____________________________________________________ 249
A/ Les milieux de haute montagne propices aux études Quaternaires _______________ 250
B/ Les limites de ce milieu ___________________________________________________ 251
7.3.2 Perspectives __________________________________________________________ 252
Conclusion générale _________________________________________________ 254
Table des figures ____________________________________________________ 258
Table des photographies _____________________________________________ 263
Table des tableaux __________________________________________________ 266
Bibliographie _______________________________________________________ 267
Annexes ___________________________________________________________ 286
Table des matières __________________________________________________ 320
Mots-clés : Norte-Chico ; climat semi-aride ; géomorphologie ; formes ; modelés ;
Quaternaire ; transit sédimentaire ; crises morphogéniques ; paléoenvironnements ; Chili.
________________________________________________________________________ 326
Keywords : Norte-Chico ; semi-arid climate ; geomorphology ; landforms ;
Quaternary ; sediment transport ; morphogenic crises ; paleoenvironments ; Chile. ____ 326
Evolution géomorphologique quaternaire de la haute vallée de l’Elqui
Résumé
Le Norte-Chico constitue une zone tampon ayant enregistrée les fluctuations climatiques quaternaires.
La fraîcheur des modelés et des formes présents dans la haute cordillère de l’Elqui, va nous permettre de tenter
d’expliquer le calendrier de mise en place des éléments du relief. Les indices de terrain nous permettent de
mettre en évidence un enchaînement de processus faisant intervenir la notion de relais et de zones tampons
dans le transit sédimentaire. Les crises morphogéniques à l’origine des formations de versant et de fond de
vallée actuellement visibles résultent d’une réponse plus ou moins directe de l’orogène Andin aux épisodes
climatiques ; par conséquent, les résultats obtenus sont confrontés aux résultats d’autres études et dans des sites
proches ou non de notre lieu d’étude afin d’apporter des exemples et des arguments aux hypothèses actuelles
sur l’évolution des conditions climatiques quaternaires du Norte-Chico. La complexité de la mise en place des
éléments du relief nécessite en premier lieu une explication des différentes phases orogéniques ainsi que des
évolutions morphoclimatiques ayant abouti à la mise en place des conditions actuelles. Ensuite, la
méthodologie nécessaire au travail de terrain et à l’obtention de résultats cohérents est définie et expliquée.
Une dernière partie est consacrée à la synthèse de l’enchaînement de mise en place des formations de fond de
vallée ; les résultats de cette étude sont également replacés dans un débat scientifique plus large permettant
d’appréhender les potentialités apportées par la géomorphologie dans l’étude des paléoenvironnements
quaternaires dans le Norte-Chico comme à l’échelle planétaire.
Mots-clés : Norte-Chico ; climat semi-aride ; géomorphologie ; formes ; modelés ; Quaternaire ; transit
sédimentaire ; crises morphogéniques ; paléoenvironnements ; Chili.
Quaternary geomorphological evolution of the high Elqui cordillera
Summary
Norte Chico is a buffer zone having registered Quaternary climatic fluctuations. The preservation of
landforms and relief present in the Elqui cordillera, make it a rich geomorphological study area, which may
provide answers to many of the assumptions Quaternary calendar climate of the region. Freshness and modeled
forms present in the high Andes of Elqui, coupled with the presence of datable organic matter, will allow us to
to explain the timing of implementation of the elements of relief. Field indices surveys allow us to highlight a
series of processes involving the notion of relay and buffer zones in the sediment transport. Morphogenic crises
originally training slope and valley floor currently visible result of a more or less direct answer of the Andean
orogen to climatic events, so the results are compared with the results of other studies and in sites close or not
our place of study to provide examples and arguments to current hypotheses on the evolution of the Quaternary
climatic Norte Chico and multiscale way. The complexity of the implementation of the relief units, requires
firstly an explanation of the different orogenic phases and developments morphoclimatic leading to the gradual
development of current conditions. Second, the methodology necessary fieldwork and consistent results is
defined and explained. A final section presents the synthesis of the series of training implementation valley
bottom; the results of this study are also viewed in a broader scientific debate to apprehend the potential
provided by the geomorphology in the Quaternary paleoenvironmental study of the Norte Chico as globally.
Keywords : Norte-Chico ; semi-arid climate ; geomorphology ; landforms ; Quaternary ; sediment transport ;
morphogenic crises ; paleoenvironments ; Chile.
UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE 7 : ED434 - Espaces, sociétés et aménagement
191, rue Saint Jacques 75005 Paris