«perdu dans les alpes». la réforme bibliographique de herbert haviland field

17
103 PATRICK KUPPER « PERDU DANS LES ALPES » La réforme bibliographique de Herbert Haviland Field

Upload: uibk

Post on 05-Dec-2023

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

103

Patrick kuPPer « Perdu daNs Les aLPes » La réforme bibliographique de Herbert Haviland Field

104

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

Voici une histoire de scientifiques qui, à la fin du XIXe siècle, quit-tèrent leur pays pour créer le meilleur de tous les mondes scienti-fiques. Un zoologue américain, Herbert Haviland Field (1868-1921), en est le personnage clé. Dans sa jeunesse, ce dernier avait abandonné ses propres recherches scientifiques pour se dédier exclusivement à un projet grâce auquel il voulait jeter de nou-velles bases pour la gestion des références bibliographiques scien-tifiques. Sa « réforme bibliographique » devait permettre aux cher-cheurs de maîtriser la profusion exponentielle de publications, et notamment d’accéder de manière efficace aux sources documen-taires. Il s’agissait, en effet, de garantir que l’accumulation de sa-voirs puisse se poursuivre sans problème, en dépit du rythme tou-jours plus rapide de la recherche scientifique – et ce, pour le plus grand bien des sciences, mais aussi de l’humanité. C’est pour cela que Field fondera le Concilium Bibliographicum à Zurich, en 1895. L’histoire de cette institution est étroitement liée à la biographie du savant américain ainsi qu’aux grands thèmes qui ont préoccu-pé son époque, à savoir la globalisation du monde moderne et l’internationalisation des sciences, l’universalisme et le patrio-tisme, enfin, la position de la Suisse comme place scientifique.

un amériCain en europeMais qui était ce zoologue américain ? Herbert Haviland Field est né en 1868 dans une famille de Quakers et de commerçants an-glais qui s’étaient installés à New York, dans le quartier de Brook-lyn, où ils avaient peu à peu acquis une certaine aisance.1 Après le lycée, Field s’inscrit à la Harvard University, où il obtient son diplôme de Bachelor of Art, puis de Master of Art. En 1891, il passe son doctorat sous la direction du zoologue E. L. Mark, avec une thèse sur la morphologie des amphibiens. Il s’embarque la même année pour l’Europe afin d’y poursuivre ses études, ce qui était chose courante pour les jeunes naturalistes américains ambitieux de cette époque. En matière scientifique, les Etats-Unis ne jouaient alors qu’un rôle secondaire. C’est en Angleterre, en Alle-magne et en France, mais aussi en Russie, en Hollande et en Italie qu’étudiaient ou enseignaient les scientifiques les plus re-nommés. Ces pays hébergeaient les instituts et les laboratoires les plus prestigieux. Field se rendra tout d’abord en Allemagne. Il commence par faire des recherches auprès d’August Weismann et de Robert Wiedesheim, à Fribourg-en-Brisgau, puis dans le labo-ratoire de Rudolf Leuckart, à Leipzig. C’est dans cette ville qu’il rencontre Julius Viktor Carus. En Allemagne, le directeur de l’Institut zoologique de l’Université de Leipzig était considéré comme une sommité dans le domaine de la bibliographie scienti-

105

Ill. 1: Le catalogue sur fiches de la bibliothèque de l’EPF de Zurich, en 1950.

Ill. 2: Herbert Haviland Field.

106

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

fique. Au cours des années suivantes, il deviendra le principal mentor de Field et un précieux allié. En 1894, ce dernier rejoint Alphonse Milne-Edward à Paris, au célèbre Muséum d’histoire naturelle ; il y nouera des contacts importants.

Durant ses années de formation et de pérégrinations, Field publie assidûment dans des revues allemandes et françaises des articles sur son sujet de prédilection, les amphibiens. Mais son at-tention est de plus en plus absorbée par un autre problème qui l’intéressait déjà à Harvard : comment faciliter la tâche des scienti-fiques confrontés aux difficultés de la recherche bibliographique. Selon ses propres informations, Field se rendra au cours de ces années-là dans presque tous les pays européens, afin de discuter de ses idées en la matière avec d’autres spécialistes. Ses connaissances linguistiques lui furent certainement utiles. Outre l’anglais, il par-lait couramment l’allemand, le français, l’italien, le hollandais et le russe.2 Après avoir publié quelques articles plus modestes sur le sujet, c’est à Paris, au printemps 1894, qu’il rédige son essai pro-grammatique « La réforme bibliographique ».3 Le fait qu’il soit aus-sitôt publié dans une revue française et une revue allemande montre combien ce thème intéressait le monde scientifique. Pour Field, il constitue le défi majeur que doit relever tout scientifique : « Parmi les nombreuses questions qui intéressent ces derniers temps le monde biologique, il n’y en a sans doute aucune qui ait une importance plus profonde pour l’avenir de notre science que celle de la réforme bibliographique », souligne-t-il dans son essai où il esquisse les contours possibles d’une telle réforme.4

La priorité que Field accordait à la bibliographie se fondait, avant tout, sur ses propres expériences. Dans ses recherches sur la morphologie des amphibiens, il avait pu constater combien il était difficile d’avoir une première vue d’ensemble de la littérature existant sur le sujet. Mais ce n’était pas tout. Pour ne pas passer à côté de nouvelles découvertes importantes, il fallait garder un œil sur les publications les plus récentes. Cette tâche s’avérait de plus en plus fastidieuse, car, non seulement le nombre des travaux publiés augmentait chaque année, mais des essais dignes d’atten-tion étaient publiés dans toujours plus de lieux et toujours plus de langues. C’est ainsi qu’à la fin du XIXe siècle, rien que dans le domaine de la zoologie, environ 8000 articles paraîtront dans 1500 revues en 20 langues différentes.5 La cadence à laquelle les résultats de recherches étaient publiés s’était fortement accélérée au cours des décennies précédentes, une dynamique qui, à son tour, dénote un changement profond de la culture scientifique : la réputation d’un naturaliste dépendait de plus en plus des articles qu’il publiait dans les revues scientifiques, tandis que son rôle crucial, mais plutôt informel, au sein de cercles d’érudits et de réseaux de correspondants, qui avait permis à des scientifiques comme Albrecht von Haller, Alexander von Humboldt ou Charles

107

Ill. 3: L’Index Scientiae, clé de l’Arbre de la con nais sance.

Darwin de se distinguer, perdait de son importance. Quiconque était le premier à décrire officiellement un phénomène ou à en apporter une meilleure explication décrochait les palmes acadé-miques.6 Publier rapidement les résultats de recherches était donc une priorité, et la forme brève des articles de revues était beaucoup mieux appropriée que les coûteuses monographies. Si le livre restait le principal support (sous forme de manuel péda-gogique) pour la diffusion de théories académiques et de traités spécialisés plus vastes, les résultats de recherches récentes étaient désormais publiés dans les périodiques dont le nombre ne cessait de s’accroître.7

Vers la fin du XIXe siècle, beaucoup de scientifiques étaient convaincus qu’à ce rythme, la situation serait bientôt intenable. Alors que la disciplinarisation progressive rendait les échanges de plus en plus en plus difficiles au sein des cercles de savants, la recherche de littérature spécialisée s’avérait toujours plus com-pliquée. Les collections systématiques de références, telle que la Bibliographia zoologiæ et geologiæ en quatre tomes, publiée à Har-vard par Louis Agassiz au milieu du XIXe siècle, ou la « bibliogra-phie zoologique » compilée en 1862 par Julius Viktor Carus, que nous avons mentionné plus haut, apporteront un certain soula-gement. Toutefois, ces ouvrages étaient vite obsolètes. Carus dé-cide donc de sortir des sentiers battus en créant une revue, le Zoologischer Anzeiger, en 1878. Chaque numéro était accompagné de bibliographies classées par sujets. Elles étaient reliées à la fin de l’année et publiées sous le titre de Bibliographia Zoologica. Le Zoological Record, qui paraissait en Angleterre depuis 1864, et les « rapports zoologiques annuels » publiés depuis 1879 par la Sta-tion zoologique de Naples offraient des services un peu diffé-rents. Non seulement ils publiaient les données bibliographiques

108

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

classées par sujets, mais ils demandaient aussi à des rédacteurs spécialisés de commenter les ouvrages ou articles récemment pa-rus. Si ce traitement des données leur donnait plus de valeur, il y avait néanmoins un revers à la médaille. Outre des connaissances spécialisées, cette tâche nécessitait du temps, ce qui était diffici-lement compatible avec l’exigence d’actualité requise. Anticipant cette critique, Anton Dohrn, fondateur de la Station zoologique de Naples, écrit dans la préface à la première édition des Rap­ports annuels : « Il est assez facile d’insister sur le fait qu’un rap-port annuel doit être exhaustif et ne pas se faire attendre trop longtemps. De tels postulats sont aussi vieux que les rapports eux-mêmes. »8

Complet et actuel, clair et aisément accessible – aucun des ouvrages bibliographiques des années 1890 ne remplissait ce ca-talogue de critères. Durant cette décennie, plusieurs initiatives seront lancées pour remédier à ce problème. Mais elles seront, pour la plupart, éphémères. Beaucoup n’arriveront pas à surmon-ter les difficultés financières, d’autres se retireront en faveur d’autres projets ou s’y associeront. Il ne restera bientôt plus que deux camps en présence, qui n’auraient pas pu être plus diffé-rents l’un de l’autre et qui se retrouvèrent bientôt « à couteaux tirés » : d’un côté, une alliance européenne continentale hétéro-gène, dans laquelle le Concilium Bibliographicum de Field jouait un rôle clé ; de l’autre, un projet anglais sous l’égide de la société scientifique la plus renommée et la plus influente de cette époque, la Royal Society.

le ConCilium bibliographiCum à ZuriChAvant d’évoquer ce conflit, nous aimerions dire quelques mots sur les idées de Field et leur réalisation. Dans la « Réforme biblio-graphique », il proposait de saisir les données bibliographiques sur des fiches, puis de les collectionner et de les classer dans un catalogue de fiches central, modulable et flexible. Comme il était possible d’imprimer ces fiches, et donc de les « reproduire indéfi-niment », les institutions scientifiques pourraient elles-mêmes se charger entièrement de ce catalogue. Mais ces institutions ainsi que les chercheurs étaient aussi libres de ne se procurer que les fiches qui étaient pour eux d’un intérêt spécifique. Field pré-voyait de créer un « bureau central international » pour l’élabora-tion du catalogue principal et pour la production et l’exploitation des fiches.9

Quelques mois plus tard, ces propositions allaient se concré-tiser. A l’hiver 1894/95, Field se rend à la Station zoologique de Naples où Dohrn lui garantit son soutien pour les cinq premières années, à condition que Field lui-même en prenne la direction. Ce dernier saisit l’occasion et met immédiatement au point un programme avec l’éditeur des Rapports zoologiques annuels, Paul

109

Mayer. Un voyage aux Etats-Unis lui permet de collecter des fonds et, à Paris, Field apprendra que la Société zoologique fran-çaise lui accorde son soutien.10 A sa demande, le troisième Congrès international des zoologues à Leyde (NL), en septembre 1895, ap-prouvera le projet, lui assurant ainsi un vaste appui international.11

Zurich devient alors le siège du bureau central. Field s’était décidé pour cette ville après une procédure d’élimination presque scientifique. Quelques années plus tard, il écrira à ce sujet : « Une liste des lieux de publication de travaux zoologiques établit de façon concluante que le bureau central devait être situé en Eu-rope, afin de travailler le plus efficacement possible. Pour déter-miner quel pays conviendrait, les critères suivants furent pris en compte : situation centrale ; internationalité au sens d’une ab-sence de parti pris politique ; langue et économie ; possibilité de bénéficier de fonds publics et de locaux appropriés. »12 En raison des relations étroites existant déjà, la Station zoologique de Naples était d’abord arrivée en tête, mais le poids des facteurs susmentionnés avait bientôt limité le choix à la Suisse, à la Hol-lande et à la Belgique. « Tout bien considéré, la Suisse semblait le pays qui convenait le mieux. »13

Dans un contexte politique marqué par une concurrence toujours plus âpre entre des entités de plus en plus organisées au niveau des Etats, la neutralité suisse était une qualité très recher-chée sur la scène internationale.14 En garantissant une équidis-tance par rapport aux grandes puissances, elle offrait une protec-tion contre une récupération politique unilatérale. La situation de la Suisse entre les antagonistes, à savoir l’Allemagne et la France, et son plurilinguisme constituaient des atouts supplé-mentaires, en particulier pour les questions linguistiques déli-cates, notamment les publications scientifiques. Tandis que les sciences naturelles s’efforçaient de produire un savoir universel, au XIXe siècle, les organisations qui les représentaient – sociétés, académies et universités – dépendaient totalement des structures institutionnelles.15 Les articles et les livres étaient surtout publiés dans la langue du pays, et seuls les ouvrages importants étaient traduits.16 Si, désormais, les écrits scientifiques devaient être ré-pertoriés globalement, le risque était grand que l’institution qui en serait chargée ne traite de manière différente les revues scien-tifiques, selon leur région linguistique, et qu’ainsi, certaines lan-gues, et donc des systèmes scientifiques nationaux soient privilé-giés au détriment des autres.

La position de la Suisse au cœur de l’Europe et l’existence de réseaux économiques internationaux plaidaient en outre en sa faveur – et, plus spécialement pour Zurich, en raison des presta-tions offertes par les bibliothèques de la ville, en particulier celle de la section zurichoise de la Société des sciences naturelles, ain-si que le soutien accordé par les entreprises sur place. C’est grâce

110

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

à Arnold Lang, professeur de zoologie à l’Université de Zurich et au Polytechnikum fédéral, la future EPF de Zurich, que Field bénéficiera de leur appui. A l’été 1895, Arnold Lang organise une subvention annuelle de 2000 francs, supportée à moitié par le Polytechnikum et par la Ville et le Canton de Zurich.17 Après avoir reçu l’accord de Leyde, Field emménage à la mi-novembre 1895 dans deux locaux du quartier universitaire de Zurich et en-gage Marie Rühl comme secrétaire. Celle-ci allait devenir sa main droite pendant un quart de siècle.

C’est également à la fin de l’automne 1895 que Field pren-dra une décision lourde de conséquences. Après avoir testé plu-sieurs méthodes de classification, il opte pour le système déci-mal mis au point par le bibliothécaire américain Melvil Dewey. Ce dernier attribuait à chaque champ thématique un chiffre qui pouvait être complété à volonté en ajoutant d’autres décimales. Le 5 était ainsi assigné aux sciences naturelles, le 59 à la zoologie, le 597 aux poissons, le 5975 aux téléostéens ou aux poissons à squelette osseux, et ainsi de suite.18 Dewey avait récemment révo-lutionné la bibliothéconomie américaine grâce à sa classification décimale.19 Field était parfaitement au courant de cette méthode, car la bibliothèque de Harvard avait été l’une des premières à l’adopter. En Europe, elle était encore largement inconnue, ce qui allait changer bientôt, notamment grâce à Field. En accord avec Dewey, il affine la classification des domaines importants pour le Concilium Bibliographicum – la paléontologie se voit alors attri-buer le chiffre 56, la biologie générale, microscopie incluse, le 57, et la zoologie le 59.20

La deuxième innovation par rapport aux périodiques bi-bliographiques existants sera l’utilisation des fiches bristol. Pour chaque publication, une fiche est établie, qui, outre les données bibliographiques exactes, comprend le numéro de classification attribué. Ce numéro est décisif pour l’archivage de la carte dans le « catalogue sur fiches analytique ». Une nouvelle carte ou « fiche » parmi celles existantes se voyait ainsi attribuer un même numéro de classification, ce qui permettait de regrouper au fur et à mesure les travaux thématiquement apparentés dans le cata-logue sur fiches. Sa structure modulaire en faisait un instrument flexible. Tout comme le système décimal de Dewey, le catalogue de Field était extensible à volonté et à n’importe quel endroit. Dans un premier temps, il dut aussi déterminer la taille des fiches. Là encore, Field se décidera pour le format standard de 3×5 in-ches, utilisé dans les bibliothèques américaines.

Les cartes étaient perforées dans leur partie inférieure (au centre), afin que l’on puisse les enfiler dans une tringle fixée dans le tiroir de la cartothèque. La perforation était le pendant matériel d’une autre idée fondamentale de la réforme bibliogra-phique de Field : promouvoir une répartition du travail efficace.

111

Les cartes étaient conçues de telle manière, souligne Field d’emblée, « qu’elles pouvaient être classées sans problème dans un catalogue thématique par une personne peu versée dans la zoo-logie »21 et la gestion ultérieure du catalogue être confiée à des assistants-bibliothécaires. Grâce au mode de fixation des cartes, les usagers pouvaient l’utiliser sans que l’on doive craindre qu’ils ne mettent du désordre dans la cartothèque.

La production des cartes était aussi une entreprise basée sur le principe du partage des tâches. Après avoir déterminé les pério-diques devant être catalogués et souscrit un abonnement corres-pondant – en 1907, on comptait 2575 revues des quatre coins du monde22 –, ils devaient d’abord être « mis à nu », comme on le di-sait alors dans le jargon professionnel. Au cours de cette première étape, les données bibliographiques étaient saisies, et l’on procé-dait à leur classification en fonction du contenu. La valeur du ca-talogue sur fiches dépendait de la qualité de cette classification. Elle nécessitait un vaste savoir professionnel, et c’est pourquoi Field avait confié ce travail à des docteurs en biologie. Ensuite, des typographes composaient le texte sur les cartes bristol et les repro-duisaient à l’imprimerie du Concilium. Finalement, des employés triaient les cartes imprimées, les groupaient selon le désir du client ou de l’abonné, les emballaient et les expédiaient. En 1907, le personnel comprenait le directeur, trois assistants, deux secré-taires, deux typographes, trois trieuses de fiches et un coursier.23

Ill. 4: Une carte bristol publiée par le Concilium portant le numéro de clas-sification 59755 pour l’ordre des Physostomes auquel appartient la truite. Là où l’on voit le petit cercle (en bas au milieu), la carte était perforée afin de pouvoir être fixée dans le tiroir au moyen d’une tringle.

112

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

alliés et adversairesLorsqu’il concrétisera son idée, Field se fera des amis, mais aussi des ennemis. Il trouvera de fidèles alliés à l’Institut international de bibliographie, géré par les socialistes et pacifistes Paul Otlet et Henri La Fontaine. Fondé à Bruxelles en 1895, la même année que le Concilium, l’Institut ambitionnait de mettre au point une bibliographie exhaustive de la littérature mondiale.24 Comme Field, les Bruxellois misaient sur le système décimal. De plus, il saura les convaincre des avantages du format des fiches améri-caines, ce qui permettra d’intégrer sans problème les fiches du Concilium dans la Bibliographie internationale.25 Sur les cartes fabriquées à Zurich, on pouvait lire l’inscription suivante : In Bi­bliographia Universali – edidit Concilium Bibliographicum. Les deux instituts publieront également plusieurs ouvrages ensemble.26

Dans le camp opposé, on trouvait l’International Catalogue of Scientific Literature (ICSL), mis en place par la Royal Society.27 Celle-ci avait fait connaître officiellement ses plans au printemps 1895, tout juste un an après la publication de l’essai de Field, « La réforme bibliographique ». L’objectif fixé était le même : il s’agis-sait de répertorier de manière exhaustive les articles sur les tra-vaux de recherche récemment parus et de les rendre accessibles aux scientifiques en les classant par thèmes. Mais, rapidement, de nettes différences se font jour. Alors que Field, faisant cavalier seul, parcourait l’Europe et se rendit même en Amérique pour promouvoir son projet, la Royal Society invite à plusieurs reprises les responsables des bibliothèques et des institutions scientifiques à des conférences à Londres au cours des années suivantes. Tan-dis que Field s’était décidé pour Zurich à cause de la neutralité helvétique, la Royal Society mise sur la puissance de la capitale de l’Empire britannique. Jusqu’en 1900, elle réussira à convaincre plusieurs gouvernements de participer à cette entreprise, et donc de financer l’ICSL, sans devoir faire trop de concessions quant à ses propres conceptions. C’est ainsi qu’elle imposera un système de classification s’orientant sur les modèles britanniques. Il ré-partissait les sciences naturelles en 17 catégories, de A, les mathé-matiques, à R, la bactériologie.28 Otlet et La Fontaine plaideront pour le système décimal à Londres, mais en vain : seuls les délé-gués suisses se prononceront en faveur de l’adoption du système du Concilium.29 L’argument selon lequel il n’était pas approprié, car il ne reposait pas sur la structure logique des sciences, s’avéra décisif. Field taxera cette objection de « sornettes » : « Nous savons que ce système n’est pas scientifique », mais cela n’est pas non plus nécessaire, car, en définitive, il a été « uniquement conçu pour son côté pratique ».30

Ainsi, l’ICSL n’était pas compatible avec la Bibliographie in­ternationale et le catalogue sur fiches du Concilium. Les tenta-tives visant à trouver un terrain d’entente échoueront rapidement

113

à cause de la question de la classification et les deux entreprises se développeront dans un climat de concurrence acharnée. En 1899, Victor Carus critique sévèrement les procédés de l’ICSL dans le magazine Science. Le comité responsable « ignore pure-ment et simplement toutes les classifications et méthodes de no-menclature courantes. Sa seule intention était de créer quelque chose qui se distingue de ce qui existe déjà. »31 Et quelques nu-méros plus tard, Field renchérit : « Le Concilium Bibliographi-cum n’a été consulté pour aucune décision. Pire, lors des confé-rences, il n’a même pas été mentionné qu’il existait déjà une organisation qui publie un tiers du volume de cartes prévu, et les méthodes qui ont fourni des résultats aussi probants ont été reje-tées sans avoir été examinées. A leur place, on propose désormais des méthodes que le Concilium a testées et rejetées, et on élabore des plans qui laissent craindre un vrai désastre. »32 Au contraire de la Bibliographie internationale et du Concilium, l’ICSL tenait à une publication annuelle sous forme de livre. Les premiers volumes paraîtront en 1902. Comme d’autres pays, la Suisse participera à leur réalisation en fournissant une contribution financière et en ouvrant un bureau régional à la Bibliothèque nationale suisse, à Berne.33

savoir et marChéD’un point de vue entrepreneurial, le Concilium Bibliographi-cum suivait la logique du marché capitaliste : une production de masse basée sur le partage des tâches et la distribution mondiale d’un produit standardisé que le client pouvait adapter à ses be-soins individuels. L’offre et les tarifs étaient subtilement différen-ciés, répondant ainsi à la promesse de modularité et de flexibilité. En même temps, le Concilium proposait un service clés en main, qui incluait le « matériel » sous forme de meubles et tiroirs à fi-chiers – une approche que l’on peut considérer comme une ten-tative d’intégration verticale de la chaîne de marchandises.34 Mais pour qu’une telle stratégie réussisse sur le plan entrepre-neurial, une intégration horizontale, qui impliquait la mise en œuvre des normes définies, et donc, une position dominante sur le marché, était absolument nécessaire. Certes, il s’agissait d’un marché mondial, mais restreint et peu segmenté. Les entreprises bibliographiques de Londres et de Bruxelles/Zurich se faisaient par conséquent concurrence, aussi bien sur le plan des abonnés que de la recherche de subventions privées et publiques. Ainsi, Field apprendra que la Royal Society faisait pression sur les uni-versités anglaises pour que celles-ci ne recourent pas aux services du Concilium.35 De fait, par rapport aux autres pays et au nombre de clients anglais ayant commandé des sets complets, le nombre des universités abonnées – autrement dit, des clients institutionnels – restera singulièrement faible.36 Les Etats-Unis,

114

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

d’où provenaient environ 40 % des clients à l’apogée du nombre d’abonnés, en 1909, allaient devenir, de loin, le principal marché du Concilium : ils représentaient 69 abonnés à part entière sur 160, et 206 abonnés partiels sur 534.

La situation financière du Concilium s’avéra précaire dès le début, notamment parce que les recettes restaient inférieures aux dépenses. Il fallut procéder à des investissements considé-rables avant que le produit ne soit suffisamment attrayant pour trouver des clients prêts à payer. Malgré plusieurs coups de pouce financiers et les subventions annuelles promises par la Confédération ainsi que la Ville et le Canton de Zurich, et bien que Field y ait investi sa propre fortune et ait renoncé, en un premier temps, à percevoir un honoraire, le Concilium accumu-lera rapidement les dettes.37 En 1900, au bout de la phase initiale de cinq ans, l’Institut est au bord de la faillite. Le salut viendra des rangs de la Société helvétique des sciences naturelles (SHSN), qui obtiendra de la Confédération le quintuplement de la subven-tion annuelle de 1000 francs, qui passe alors à 5000 francs. En contrepartie, la SHSN s’engageait à contrôler l’utilisation appro-priée des moyens financiers accordés – pratique alors courante au niveau de la politique scientifique fédérale.38 Les cinq années sui-vantes, l’équilibre financier étant rétabli, la production de fiches quadruplera, passant de 740 000 (1896-1900) à plus de 10 mil-lions (1901-1905).39 Les difficultés de départ étaient surmontées, le nombre des abonnés augmentait, et bientôt, les associés du Concilium afficheront un optimisme prudent. De nouvelles pu-blications, notamment un périodique annuel intitulé Annotationes seront alors lancées et l’on entreprit de construire un bâtiment répondant aux besoins de l’entreprise. En 1907, le Concilium emménage dans cet édifice magnifiquement situé, à proximité des hautes écoles. Désormais, les comptes sont même positifs : en 1907, on enregistre des recettes de presque 39 000 francs (dont 7000 francs de subventions) et des dépenses à hauteur de tout juste 33 000 francs. Mais cet excédent de 6000 francs ne pesait pas lourd face à des dettes d’environ 120 000 francs, dont 50 000 imputables au nouveau siège de l’Institut.40 Suivra une phase de consolidation. Pour s’affranchir de la dépendance envers Field, en 1909, on donne à l’Institut la forme juridique d’une coopéra-tive.41 Le nombre des abonnés se stabilisera, mais les dettes sub-sisteront. Jusqu’à la fin de 1913, le Concilium avait produit 500 000 fiches et en avait imprimé environ 43 millions.42

« perdu dans les alpes »La situation allait dramatiquement empirer avec le déclenchement de la guerre à la fin de l’été 1914 : d’un seul coup, un tiers des souscripteurs à part entière résilient leur abonnement, tandis que la Confédération menace de mettre un terme à ses subventions.

115

Ill. 5: Liste des prix en 1905. Ils diminuent sui-vant la quantité comman-dée. Les rabais n’étaient toutefois accordés que si le client commandait à partir de rubriques qui se succédaient dans l’index.

Ill. 6: Meuble et tiroirs à fichiers qui pouvaient être commandés auprès du Concilium.

116

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

Le Concilium réduit alors ses activités. Les Annotationes cessent de paraître et le nombre de nouvelles fiches publiées chute sé-rieusement. Vers la fin de la guerre, la production est suspen-due.43 Au printemps 1915, Field adresse une longue requête à son ancien collègue de New York, Melvil Dewey. Les difficultés rencontrées par le Concilium seraient, selon lui, dues aux condi-tions locales : « Notre brave institut américain ‹était perdu dans les Alpes›. S’il avait été créé à New York, le patriotisme local au-rait joué et les moyens financiers nécessaires auraient pu être assurés – comme on me l’a toujours confirmé. »44 Dans cette crise qui s’aggravera rapidement en raison de la guerre, l’Améri-cain espérait pouvoir compter sur la solidarité de ses compa-triotes. Les scientifiques de son pays profitaient en effet du Concilium. « Pour que l’Amérique puisse bénéficier de notre tra-vail, nous devions être présents en Europe. En Amérique, le tra-vail peut continuer sans nous, mais nous sommes beaucoup plus utiles en attirant l’attention des chercheurs américains sur les travaux réalisés à l’étranger. C’est une sorte de consulat et il souffre des mêmes difficultés. » Parallèlement, Field portait haut le drapeau de l’internationalisme. « Je n’accepte pas que la guerre montre l’absurdité de l’internationalisme. Elle prouve au contraire combien il est nécessaire, et tout institut sauvé est un bénéfice pour l’humanité. J’ai parcouru les pays en guerre et j’ai été témoin de cette horreur ; j’ai entendu le bruit assourdissant des canons, observé comment les avions larguaient leurs bombes et traversé les champs de mines de la mer du Nord. Un homme qui, aujourd’hui, ne prône pas la paix, est à mon avis un reliquat de la barbarie. »45 Field lui-même transposera ses paroles en actes et s’engagera personnellement pour la paix pendant la guerre et après.46

La Première Guerre mondiale fut un coup dur pour les sciences. Les institutions internationales, comme les entreprises bibliographiques que nous avons étudiées ici, seront particulière-ment touchées. La guerre signifiera l’arrêt de mort pour l’ICSL de la Royal Society.47 L’équipe de la Bibliographie internationale à Bruxelles devra fuir l’occupant allemand. L’Institut sera toute-fois reconstruit après la guerre et il existe encore aujourd’hui.48 Quant au Concilium Bibliographicum, il sera effectivement, une nouvelle fois, assaini au moyen de fonds américains dans les an-nées 1920. Grâce à l’intermédiaire du National Research Coun-cil, la Fondation Rockefeller fera un don de 70 000 dollars qui permettra de résorber les dettes et de reprendre la production. Field, qui avait été l’artisan de ce soutien, ne verra toutefois pas le résultat. Il meurt dans son sommeil au printemps 1921.49 L’œuvre de sa vie se retrouvera en difficulté quelques années plus tard. La Fondation Rockefeller met fin à son aide en 1927 ; elle soutiendra désormais les Biological abstracts, produits aux Etats-

117

Ill. 7: Le nouveau bâtiment du Concilium à la Hof-strasse, sur le Zürichberg. La maison construite en 1907 existe toujours.

118

Patrick Kupper. « Perdu dans les Alpes »

Unis. Les subventions de différents pays européens qui avaient été accordées en substitution cessent également, et le nombre des abonnés s’effondre, dans le sillage de la crise économique des années 1930. De nouveau, le Concilium doit restreindre ses acti-vités. Cette fois, c’est la faillite. En 1939, la maison du Zürichberg sera vendue, et les effectifs restants s’installeront dans des locaux loués. « Ainsi le Concilium est-il revenu aux dimensions modestes de ses débuts et affronte-t-il sa liquidation définitive. »50 Celle-ci aura finalement lieu en 1942. Les fonds restants qui n’avaient pas été vendus seront offerts à des institutions.51

Ill. 1 : ETH-Bibliothek, Zurich, Archives photographiques, cote Ans_00353

Ill. 2 : Hescheler, Karl : « Dr. phil. Herbert Haviland Field. 1868-1921 », in : Actes de la SHSN 102 (1921), p. 20

Ill. 3 : Annotationes Concilii Bibliographici 4 (1908), Zurich, Paris, Bruxelles, p. 5

Ill. 4 : Lang, Arnold : « Bericht und Gutachten des Centralcomi-tés über das vom bibliographischen Centralburau für Zoo-logie, Anatomie und Physiologie in Zürich an das h. Eidg. Department des Innern gerichtete Subventionsgesuch und Antrag an die Hauptversammlung », in : Actes de la SHSN 83 (1900), p. 29, version remaniée

Ill. 5 : Annotationes Concilii Bibliographici 1 (1905), pp. 13-15 Ill. 6 : Annotationes Concilii Bibliographici 6 (1910), pp. 19-21 Ill. 7 : Annotationes Concilii Bibliographici 4 (1908)

1 Sur la biographie de Field, voir Hesche-ler, Karl : « Dr. phil. Herbert Haviland Field. 1868-1921 », in : Actes de la SHSN 102 (1921), pp. 20-32. Burke, Colin B., 2014 : Information and intrigue. From index cards to Dewey decimals to Alger Hiss, Cambridge, n’a pu être pris en consi dération. Je remercie Markos P. Care los d’avoir fait des recherches sur ce texte.

2 Et il marquait une prédilection pour le latin. Doolittle, Gladys, 1929 : A History of the « Concilium Bibliographi­cum », Zurich, New York (Columbia University, thèse de MA), p. 9.

3 Field, Herbert H. : « Die bibliographische Reform », in : Biologisches Zentralblatt 14, n° 7 (1894a), pp. 270-272. Field, Her-bert H. : « La Réforme bibliographique », in : Mémoires de la Société Zoologique de France 7 (1894b), pp. 259-263. Field, Herbert H., 1907 : « A Brief Account of the Foundation of the Concilium Bi-bliographicum », in : Annotationes Conci­lii Bibliographici 3 (1907), p. 1.

4 Field 1894a, p. 270. 5 Lang, Arnold : « Bericht und Gutachten

des Centralcomités über das vom bi bliographischen Centralbureau für Zoologie, Anatomie und Physiologie in Zürich an das h. Eidg. Departement des Innern gerichtete Subventionsgesuch und Antrag an die Hauptversammlung », in : Actes de la SHSN 83 (1900), p. 28.

6 Voir également : Field, Herbert H. : « The Date of Publication » in the Light of the Law of Priority », in : Science, New Series 2, n° 36 (1895b), p. 304.

7 Siehe Csiszar, Alex : « Seriality and the Search for Order : Scientific Print and Its Problems during the Late Nineteen-th Century », in : History of Science 48 (2010), pp. 399-434.

8 Zoologischer Jahresbericht für 1879. Publié par la Station zoologique de Naples, Leipzig 1880, p. iv.

9 Field 1894a. 10 Field 1907, 1-3. Field, Herbert H. :

« The New Bibliographical Bureau for Zoology », in : Science, New Series 2, n° 34 (1895a), pp. 234-236. L’annonce de l’ouverture le 1er janvier 1895, au lieu de 1896, est une erreur d’impression.

11 « The Third International Zoölogical Congress, Leyden, Sept. 16-21, 1895 », in : Science, New Series 2, n° 44 (1895), p. 570. Le Congrès institua aussi une commission de sept membres chargée de superviser les travaux du bureau bibliographique. L’un des sièges fut attribué à Arnold Lang.

12 Field 1907, p. 3. Lang fournit une explication similaire en 1900, p. 27.

13 Field 1907, p. 3. 14 Herren, Madeleine, 2000 : Hintertüren

zur Macht. Internationalismus und modernisierungsorientierte Aussenpolitik in Belgien, der Schweiz und den USA 1865­1914, Munich.

15 Jessen, Ralph ; Vogel, Jakob (éd.) 2002 : Wissenschaft und Nation in der euro­päischen Geschichte, Francfort-sur-le-Main ; Charle, Christophe ; Schriewer, Jürgen ; Wagner, Peter (éd.) 2004 : Transnational intellectual networks. Forms of academic knowledge and the search for

cultural identities, Francfort-sur-le-Main ; Rayward, W. B. (éd.) 2008 : European modernism and the information society. Informing the present, understanding the past, Hampshire.

16 Voir l’article de Bernhard C. Schär. 17 ETH-Bibliothek, Archives, SR2 :

Schulratsprotokolle, 1895, Miss. 252, 395, Actes 302. « Pour dédommager les trois subventionnaires, le bureau s’en-gageait à leur céder gracieusement des traités scientifiques et des magazines qu’il avait nouvellement reçus. » Lang 1900, p. 27. Sur Lang, voir Amodio, Camillo R., 1997 : Der Zoologe Arnold Lang, 1855­1914, Dietikon.

18 Exemple tiré de Lang 1900, pp. 30-32, qui décrit clairement, à l’attention de l’Assemblée générale de la SHSN, comment le système fonctionne.

19 Krajewski, Markus, 2002 : Zettel wirt­schaft. Die Geburt der Kartei aus dem Geiste der Bibliothek, Berlin.

20 Concilium bibliographicum (éd.) 1898 : Conspectus methodicus et alphabeticus numerorum systematis decimalis, Turici, plusieurs nouvelles éditions. Selon Field, l’enthousiasme de Carus pour le système décimal qui lui était inconnu fit pencher la balance en faveur de « Dewey ». Field 1907, p. 2s. Sur Carus, voir également : « On the International Catalogue », in : Science, New Series 9, n° 223 (1899), pp. 825-835.

21 Field 1895a, p. 236. 22 Doolittle 1929, Appendix E. Annotationes

1907, pp. 13-84, donne la liste de tous les périodiques.

23 Annotationes 1907, p. 91. Le directeur, les assistants et les secrétaires étaient nommément cités. Des trois « assistants », deux étaient des femmes – outre la col laboratrice de longue date « Mlle » Marie Rühl, Dr. Marie Daiber. Le troi sième assistant était le Dr. Jean Strohl, qui succédera à Field comme directeur en 1921.

24 Voir Rayward 1975 : The Universe of Information. The Work of Paul Otlet for Documentation and International Orga­nisation, Moscou.

25 Rayward 1975, p. 68s. 26 Par exemple, les Annotationes ou les

index bibliographiques. 27 Fuchs, Eckhardt : « The International

Catalogue of Scientific Literature as a Mode of Intellectual Transfer. Promises and Pitfalls of International Scientific Co-operation before 1914 », in : Charle et al. 2004, pp. 165-193.

28 « Report of the Proceedings at the Third International Conference on a Catalo-gue of Scientific Literature », Londres 1900. Cf. Lang 1900, p. 26s. Sur les discussions à Londres, voir Fuchs 2004.

29 Fuchs 2004, p. 181. 30 Field, Herbert H. : « The Work of the

Concilium Bibliographicum », in : The American Naturalist 32, n° 384 (1898), p. 927.

31 Carus 1899, 829. Cf. également p. 832. 32 Field, Herbert H. : « The International

Catalogue of Scientific Literature », in : Science, New Series 10, n° 240 (1899), p. 142.

33 Le Conseil fédéral lui alloua 1000 fr. par an ; la Landesbibliothek était res-ponsable du bureau régional. Report of the Proceedings at the Third International Conference on a Catalogue of Scientific Literature, Londres 1900, p. 4. Cf. Fuchs 2004, p. 185.

34 Les essais visant à intégrer les auteurs et les revues dans la catégorisation des écrits vont dans cette direction. Sur ces efforts, voir Doolittle 1929, p. 46s.

35 Doolittle 1929, p. 40. 36 Voir la statistique dans Doolittle 1929,

app. J. 37 Lang 1900, p. 38. Des projets similaires

étaient confrontés aux mêmes problè-mes financiers qui les faisaient rapide-ment échouer. Pour des exemples de cet te époque en France, voir Csiszar 2010.

38 La SHSN engagera pour cela une com-mission présidée par Lang.

39 « Concilium Bibliographicum Jahresbe-richt für 1905 », in : Annotationes Concilii Bibliographici 2 (1906), pp. 1-8. « Bericht der Kommission für das Concilium bibliographicum für das Jahr 1905/06 », in : Actes de la SHSN 89 (1906), p. 496.

40 « Bericht Komm. Conc. bib. 1907 », in : Actes de la SHSN 91 (1908), p. 84s. Outre la Confédération (5000 francs suisses), le Canton et la Ville de Zurich (1000, resp. 550 francs suisses), des institutions américaines versaient de temps à autre des contributions. En 1907, l’American Association for the Advancement of Science versera à nouveau 500 francs.

41 « Bericht Komm. Conc. bib. 1909/10 », in : Actes de la SHSN 93 (1910), p. 87.

42 Annotationes Concilii Bibliographici 8 (1912), p. 39. « Bericht Komm. Conc. bib. 1913/14 », in : Actes de la SHSN 97 (1914), p. 135. Environ 30 000 fiches étaient épuisées à la fin 1912.

43 Les chiffres sont rassemblés dans Doolittle 1929, app. B.

44 Bibliothèque de la bourgeoisie de Berne, GA SCNAT, boîte 586, lettre de Field à Dewey, 27 mars 1915.

45 Ibid., 3. 46 Sur la vie mouvementée de son fils,

Noel Field, qui aida des réfugiés pen-dant la 2e Guerre mondiale et fut vic-time des purges staliniennes, voir Schwei zer, Werner ; Barth, Bernd-Rai-ner (éd.) 2003-2005 : Der Fall Noel Field. Schlüsselfigur der Schauprozesse in Ost­euro pa, Berlin.

47 Fuchs 2004, pp. 187-189. 48 Rayward 1975, p. 203s. www.munda-

neum.org. 49 Hescheler 1921, 30. Field fera don à la

SHSN de ses parts dans le Concilium. 50 « Bericht Komm. Conc. bib. 1939 », in :

Actes de la SHSN 120 (1939), p. 310. 51 Ainsi, 2500 volumes de revues scienti-

fiques allèrent à la bibliothèque de l’EPF de Zurich. ETH-Bibliothek, Archives, SR2 : Décision du président n° 241 du 25 mars 1942, p. 241. Les sets de cartes furent également mis en vente aux Etats-Unis : « The Concilium Biblio-graphicum », in : Science, New Series 92, n° 2380 (1940), p. 122. Sur la liquida-tion : « Bericht Komm. Conc. bib. 1941 », in : Actes de la SHSN 122 (1942), p. 235.