néo et post-modernisme : la mode architecturale comme discours public réaménag

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Christophe Gibout Néo et post-modernisme : la mode architecturale comme discours public réaménagé In: Quaderni. N. 35, Printemps 1998. Les publics : généalogie de l'audience télévisuelle. pp. 7-20. Citer ce document / Cite this document : Gibout Christophe. Néo et post-modernisme : la mode architecturale comme discours public réaménagé. In: Quaderni. N. 35, Printemps 1998. Les publics : généalogie de l'audience télévisuelle. pp. 7-20. doi : 10.3406/quad.1998.1337 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1998_num_35_1_1337

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Christophe Gibout

Néo et post-modernisme : la mode architecturale commediscours public réaménagéIn: Quaderni. N. 35, Printemps 1998. Les publics : généalogie de l'audience télévisuelle. pp. 7-20.

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Gibout Christophe. Néo et post-modernisme : la mode architecturale comme discours public réaménagé. In: Quaderni. N. 35,Printemps 1998. Les publics : généalogie de l'audience télévisuelle. pp. 7-20.

doi : 10.3406/quad.1998.1337

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1998_num_35_1_1337

Politique

NEO ET POST-MODERNISME :

LA MODE ARCHITECTURALE COMME

DISCOURS PUBLIC RÉAMÉNAGÉ

CHRISTOPHE GIBOUT

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A

Docteur en Sociologie, Chargé de cours, Université de Poitiers

ucune ville importante ne peut se passer de monuments qui spécifient son identité, de monuments qui soient le totem de la ville... Des monuments, par conséquent, des monuments qui symbolisent la ville et des monuments, si possible, porteurs de sens... Les monuments sont une des composantes de l'esthétique urbaine, et c'est à eux que l'on pense le plus souvent quand on pense à une ville" (1). Jean Rivero pointe ici l'ambition de nos édiles : la volonté de marquer leur cité d'empreintes indélébiles, et, si possible, y faire associer leur nom. Des césars d'hier aux élus d'aujourd'hui, tous parent les lieux où s'exercent leurs pouvoirs. Ils veulent, pour paraphraser Marc Auge (2), constituer un centre monumental qui tout à la fois matérialise et symbolise leur aspiration à être centre d'une région de dimension variable. Si les choix opérés lors de cette constitution sont politiques, ils n'en concernent pas moins l'organisation spatiale de la cité ainsi que sa vision esthétique. Trois domaines sont donc ici intimement liés: le politique, l'architecture et l'esthétisme. Cette collusion est d'ailleurs quasi ancestrale dans notre pays. Ainsi que le notait Philippe Genestier (3), il existe, partant des XVIIème et XVIIIème siècles une "tradition monarchique française" qui vise à "raviver la magnificence" de notre architecture, à "défïnir le bon goût", et dont "le dernier avatar serait représenté par les grands projets du Pré-

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sident". Il serait, cependant, fort injuste d'oublier nos "potentats locaux", maires, présidents de conseil général ou régional, qui, de Montpellier à Lille, de Lyon à Tours ou à Nîmes, ont ou ont eu, eux aussi, leurs "grands projets" (4). De quelque couleur politique qu'ils soient, de quelque taille fût la collectivité locale dont, comme élus du peuple, ils ont la responsabilité temporaire, les édiles ne semblent que difficilement résister à cette tentation d'inscrire leur nom à l'histoire du patrimoine local ou national.

Depuis quelque temps, de la presse spécialisée aux propos tenus çà et là dans la presse généraliste ou au cours des campagnes électorales, des réflexions sur le regain architectural se font jour dans la société française. Les profanes, à l'occasion de projets importants faisant l'objet de couverture médiatique (Très Grande Bibliothèque, Stade de France, Grand Louvre...), ne comprennent pas toujours les luttes ou les différences qui se font jour entre les différents concepteurs. Depuis quelque temps, la littérature spécialisée étrangère (5) s'extasie devant les réalisations de créateurs français formés dans la mouvance de mai 1968, du stade Charléty version Gaudin aux mythiques studios de Babelsberg reconstruits par Valode et Pistre ou encore de l'Opéra de Shanghai édifié par Charpentier à la Grande Galerie du Muséum d'Histoire Naturelle repensée par

le duo Chemotov-Huidobro. Aussi, les esthètes s'étonnent, par-delà le trio de choc révélé par les grands travaux mitterrandiens (Nouvel, de Portzamparc, Perrault), de ce succès remporté, un peu partout autour de la planète, par la nouvelle génération architecturale française. De même, les curieux s'interrogent quant à savoir ce qui, avec un cahier des charges souvent précis voire pointilleux, différentie véritablement les projets concurrents et quelles conceptions du bâtiment public, et plus globalement de la ville, sourdent des plans et autres maquettes. Les citoyens, principalement en raison du coût de ces nouvelles constructions, parfois au vu de l'esthétique qui est retenue, veulent légitimement savoir sur quels critères la décision repose et quelles raisons obscures se cachent derrière la nouvelle hystérie monumentaliste française. Les politiques, obligés de trancher dans les multiples propositions qui leur sont faites lorsqu'ils lancent des appels d'offres veulent connaître, au-delà des querelles de personnes ou d'écoles professionnelles, quelles luttes profondes émergent des projets et réalisations des architectes de notre temps. Les professionnels de l'architecture, confrontés à la mondialisation de la concurrence sur les projets les plus importants et les plus à même de leur apporter notoriété et reconnaissance, désirent trouver des arguments supplémentaires pour les aider, à l'instar

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d'Odile Decq, de Raffy, de Jourda et Perraudin, à accélérer leur implantation sur les différents marchés du monde (6). Autant de questions qui rendent plus que nécessaire un nouvel essai de réflexions sur le sens à donner tant à cet évident renouveau bâtisseur qu'à cette plus surprenante renaissance architecturale française.

Néo-modernistes contre post-modernistes

Loin d'être unitaire, l'architecture française contemporaine se divise, dans les faits, en deux tendances très distinctes "selon le principe schématique qui oppose les "transparents", étiquetés comme indifférents à la ville (Nouvel, Perrault, Soler...) et les "urbains" (Ciriani, Gaudin, Grumbach, de Portzamparc...)" (7). Alors que les premiers voient d'abord dans la ville une construction des Hommes pour les Hommes, les seconds la comprennent avant tout comme un lieu de production et d'expression artistiques. Pour les uns, la ville est avant tout "humaine", pour les autres, elle demeure "esthétique". De fait, cette distinction trouve sa première expression au cours des années 1960 avec le débat, impliquant autour des professionnels tout un ensemble d'élus nationaux et des grands commis de l'État, autour de l'idée de patrimoine. Cette dernière notion triompha avec la promulgation, en 1962, de la loi dite "Malraux" sur les secteurs

dés. Il y a dès lors, et jusqu'à aujourd'hui, une cassure dans le comportement de deux types d'architectes, "l'un manifeste une totale indifférence à la dimension historique du lieu, il raisonne en termes de projet et non de continuité, c'est-à-dire qu'il part d'un point zéro pour s'orienter vers un futur lui même non conçu comme historique. L'autre accumule les justifications historiques comme des strates successives et s'efforce d'en révéler l'existence, ce qui bien souvent le conduit à fabriquer artificiellement l'histoire" (8).

Cette division entre deux types d'architectes et deux conceptions de l'architecture renvoie pratiquement à celle des modernes et post-modernes. David Harvey (9) situait la première coupure radicale, dès l' entredeux-guerres, entre ces deux tendances dans "la manière de regarder et d'appréhender l'espace. Alors que les modernistes voient l'espace comme quelque chose devant être mise en cause dans des buts sociaux, les post-modernistes voient l'espace comme quelque chose d'indépendant et autonome, devant être formé en accord avec des principes esthétiques, lesquels n'ont nécessairement rien à voir avec un quelconque objet social prépondérant". Juxtaposant ces derniers, propos, nous pouvons suggérer l'assimilation des "urbains" aux post-modernistes, et la qualification de "néo-

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modernistes" (10) aux "transparents". En effet, les "transparents" renouvellent la famille des architectes modernistes dans la mesure où ils expriment dans leurs productions une innovation récurrente et une nécessaire fonctionnalité. Par opposition, ainsi que l'amontré Charles Jenks dès 1965 apropos d'un groupe d'architectes rassemblant des "bâtisseurs" tels que Rossi, Graves, Centiori, Hollein ou Bofill, les "urbains" sont post-modernes car ils "réclament le droit de tourner le dos à l'innovation systématique et, dans une certaine mesure, au fonctionnalisme dépouillé...", faisant émerger "...un genre d'architecture composite et truffé de références au passé" (11). Mais cette différence d'approche entre ces deux tendances architecturales cache également une distinction idéologique majeure. Derrière l'esthétique différenciée et l'antagonisme des définitions du "bon goût" est mis à jour un appareil politique définissant à la fois un ensemble de valeurs référentielles et une vision de la ville.

Choisis par les représentants publics, les projets architecturaux impriment une volonté de bâtisseur, mais expriment également par leur allure, leurs formes, un sens, une idée, une orientation que d'aucun pourrait analyser comme politiques. Diderot et Rousseau (12) font de l'homme un acteur jouant un rôle, et de la ville un théâtre. Les élus en

plantent les décors. Par leurs choix, ils orientent les actes de leurs concitoyens. La ville, fruit de l'architecte, devient plus qu'un espace, un territoire, un lieu chargé de symbolique et d' immatériel tout autant que de concret et de palpable, dans lequel l'individu agit et réagit, situe et se situe. Ordonnée, "sensifiée", la cité influence les pratiques sociales de ceux qui sont amenés à s'y trouver de manière temporaire ou définitive. En effet, habillant la ville, l'architecte agence l'espace dont il dispose selon des principes préétablis dans son esprit, principes techniques, d'objectifs et d'esthétisme. Par ailleurs, choisissant ou non tel ou tel projet pour parer la cité, le politique retient une uvre pour son esthétisme, mais aussi pour l'explication, le sens, la vision du monde qu'elle est supposée porter en elle et donc qu'elle supporte. Janet Wolff rappelait d'ailleurs que "les valeurs esthétiques impliquent nécessairement d'autres valeurs extra-esthétiques... le choix dans l'art, selon des critères esthétiques est aussi, bien sûr, un choix politique... La valeur politique et esthétique d'une uvre est presque évidente" (13). Aussi, l'architecture, mode artistique contemporaine, apparaît-elle d'abord comme réflexion idéologique ou politique, comme forme achevée possible de discours public. Pour résumer en une formule lapidaire : l'architecture est habillement, l'habillement est sens.

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Le parallèle vestimentaire ne s'arrête d'ailleurs pas là. Nous pouvons établir des ponts entre la mode révolutionnaire et l'urbanisme contemporain, comme si, en deux siècles, le sens idéologique avait glissé du vêtement humain vers l'habillage urbain. En effet, au risque de décevoir, de vexer ou de surprendre, les néo-modernistes ne seraient que les successeurs des sans-culottes jacobins à la mode de Saint- Just. Quant aux post-modernistes, ils apparaissent comme les disciples des "inc'oyables" et autres descendants directs des "me'veilleuses". Développons maintenant un peu cette comparaison entre la mode architecturale française de ces dernières années et le style vestimentaire de la fin du XVIIIème siècle.

L'objet d'un Peï ou d'un Nouvel s'exprime assez largement à l'identique au langage du corps des années 1793-1795. Tous deux veulent permettre à "la nature spontanée" de s'épanouir en public. Elizabeth Buris-Meyer (14) ou Richard Sennett (15) notent que la mode de la Terreur symbolise "la société en route vers l'égalité", l'absence de barrières sociales. La désexualisation du vêtement, l'absence de fantaisie, de remarquable ou d'attractif rendent le corps neutre, autorisent les citoyens libérés à se rencontrer sans intrusion de facteurs externes, à s'aborder sans qu'entrent enjeu les symboles les plus immédiatement visibles et discriminants

d'une distinction sociale.

À l'identique, les volumes nets - du cube à la pyramide, du parallélépipède rectangle à la sphère - recouverts de matériaux lisses, uniformes et froids (verre, marbre, métal), affichent une pureté parfaite, mêlant effet de masse et rigueur simple. La rectitude des plans et la simplicité des formes n'ont pas pour objet l'émotion ou le changement. L'épure a pour fin de dégager l'esprit, de l'affranchir de son environnement. Ainsi elle tranquillise, rassure, apaise les individus et les libère pour la rencontre et le débat. À l'image des uvres des architectes révolutionnaires Ledoux ou Boullée dans les an- nées 1780-1790, la majorité des grands travaux présidentiels mitterrandiens (Très Grande Bibliothèque, Grande Arche de la Défense, Opéra Bastille, projet avorté du Centre de Congrès du Quai Branly) exprime cette idée forte d'égalité. Pareillement, le projet d'une "tour sans fin" sur le parvis de la Défense, l'Espace Vinci voulu par Jean Royer, ancien maire de Tours, ou encore le Carré d'Arts, désir nîmois du précédent premier magistrat Jean Bousquet, tous rentrent dans une logique similaire. Ils sont d'abord voulus, et pensés, comme des lieux de rencontre et de communion des foules. Ils ont un aspect plébéien, ils s'affichent populaires, populistes même disent certains détracteurs (16). Allégories à la gloire du Peuple,

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de la Raison et de l'Égalité, leurs instigateurs en ont fait des véhicules idéologiques originaux et forts.

De la même manière, un glissement peut s'opérer de la mode thermidorienne vers les projets contemporains d'un Gaudin ou d'un Castro. Aussitôt après la chute de Robespierre et de sa clique, le vêtement évolue dans un sens radicalement opposé à celui de la période précédente. Richard Sennett ( 1 7) et François Boucher (18) décrivent les parures et coiffures de Mesdames Tallien et Hamelin et de leurs amis comme le rejet d'une érosion du corps, le retour d'un habillement fortement différentiateur et le renouveau de l'audace et de l'excentricité. La nudité se montre, on fait appel aux tissus arabes et aux draperies persanes, l'inspiration antique, grecque et surtout romaine, est présente jusque dans la coiffure. La mode est parodie, exagération, récupération, profusion, assimilation, ou accumulation. L'objectif des "inc'oyables" et des "me'veilleuses" est bel et bien d'être vus, d'être remarquables, et remarqués. C'est en cela qu'ils pensent et espèrent s'approcher de la "liberté vraie". C'est cette même valeur de liberté, ce même ensemble de caractéristiques qui trouvent à s'exprimer dans les réalisations montpelliéraines de Ricardo Bofîll (quartier Antigone par exemple), ou d'une autre manière dans celles de

tian de Portzamparc comme la Cité de la Musique à la Villette, ou la Tour Crédit Lyonnais d'Euralille. Plaisir très sensuel et très physique des espaces d'abord perçus comme infinis, inspirations antiques ou étrangères, richesse des formes, noblesse des matériaux, profusion des sens, charge émotionnelle, élan irrésistible vers un esthétisme "parfait", affranchi de contraintes physiques, matérielles ou financières. L' immodération se retrouve dans le choix des matériaux de construction, la concentration et la diversité des formes et des influences, l'audace des proportions, le refus de la simplicité dépouillée au profit de la création de grands espaces "comme des décors de théâtre" (19). Ici, le grain de folie est encouragé, la nature est domestiquée dans un but esthétique absolu, l'esprit est ouvert et libre. Dans les choix monumentaux de Georges Frêche à Montpellier, Pierre Mauroy dans la cité du Nord, ou Michel Noir, premier élu de Lyon lors de la décision de rénovation de l'Opéra, s'inscrit en filigrane ce bagage idéologique. Les valeurs qui y sont mises en exergue sont l'esprit, la fantaisie et la liberté.

Deux conceptions de l'espace public

Mais ce parallèle entre deux formes de modes ne s'arrête pas là. Derrière les choix formels se profilent des discours politiques sur

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une notion essentielle pour ceux qui s'intéressent au monde urbain, celle d'espace public. En effet, si nous ne pouvons plus faire l'économie d'une nouvelle réflexion sur l' interrelation des formes urbaines et des dynamiques sociales (20), nous ne pouvons non plus oublier que, ainsi que le remarquait Bernard Lepetit dans une réflexion sur les temps de la ville, que "les vides résistent mieux que les pleins" (21). Dès lors, notre réflexion sur les bâtiments publics ne doit pas se limiter à une recherche sur la structure physique dans son unicité mais bien proposer tant une étude de cette construction dans son rapport à son environnement bâti, mais aussi non bâti, qu'une analyse de la relation que le monument entretient avec ses praticiens les plus ordinaires et quotidiens (22). L'architecte apparaît d'abord comme un sculpteur du vide. Il le modèle dans sa façon de le meubler, de le combler ou non. Ceci doit conduire notre réflexion sur la définition même de l'espace public (23). Nous montrerons, dès lors, que les deux logiques architecturales majeures mises en uvre dans les projets monumentaux contemporains français (24) à la fois reposent sur et expriment deux pôles radicalement différents de l'espace public.

Les néo-modernistes s'inscrivent, comme leur nom peut le laisser supposer, dans la logique des architectes et designers

nistes. Ils cherchent à exprimer, dans le choix d'une symbolique appropriée, les idées de rationalité, fonctionnalité et scientificité (en opposition implicite ou explicite avec des valeurs de tradition, décorum et religion). Ils exposent, dans les discours d'accompagnement de leurs projets mais aussi par les matériaux retenus pour ériger les bâtiments publics, une foi dans le pouvoir de la machine, de la technique et de l'esprit humain créateur et ingénieux pour améliorer les conditions de vie des urbains, les désaliéner en leur proposant des espaces publics ouverts et libérés. La pression formelle des espaces publics créés s'estompe au profit d'une possibilité commune d'une part d'accès à la Lumière (25) et à une possibilité d'appropriation personnelle du site par les urbains qui le fréquentent. Les lieux sont impersonnels ; ils sont donc à tous car à personne. L'individu est ainsi débarrassé des contingences, des contraintes matérielles et des apparences qui l'entourent et pourraient le submerger. En le plaçant en situation d'égalité avec l'autre, l'espace bâti lui offre et l'Égalité et la Liberté de participation. Le citoyen est partout chez lui, dans l'égalité avec l'autre qui permet alors secondairement l'avènement de la liberté dans son acception rousseauiste. L'espace public que ces architectes se proposent de bâtir se doit, par sa "transparence", d'être celui qui permet l'apparition de la "liberté des an-

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ciens" (26). Il doit être un lieu qui permet de mettre un problème sur la place publique pour le résoudre. Il manifeste encore sa conviction et son engagement envers la délibération comme débat puis décision. Il doit être enfin ce lieu intensément politique, où s'expriment à la fois l'idéal de la liberté de participation de tous et la primauté du public sur le privé.

Les architectes "urbains", par opposition aux architectes "transparents", s'inscrivent dans la logique d'un discours sur l'avènement d'un monde post-moderne ou post- fordiste (27). Selon eux, l'architecture doit s'adapter à l'éclatement d'une logique fordiste de production et de consommation de masse. Elle doit, de manière concomitante, répondre à l'émergence de nouvelles caractéristiques sociales propres au monde "post-moderne" et aussi participer de l'avènement de ce "nouveau monde social". Si nous en croyons Scott Lash et John Urry (28), ce qui caractériserait la société post-moderne serait l'association des caractères sociaux suivants : diversification des formes de consommation, individualisme récurent, impopularité du phénomène bureaucratique, effacement de la lutte des classes au profit d'antagonismes plus instables et plus éphémères entre groupes sociaux (culturels, ethniques, cultuels...), déplacement d'une économie de production de biens vers

une économie d'échanges, de services et d'informations qui favorise l'émergence de nouvelles classes de services ayant des habiletés face aux nouveaux objets de la société des technologies de l'information et de la communication. L'architecture inspirée de ces constats et de cette idéologie vise alors à la fois à les accompagner et à les faciliter. Elle doit permettre l'expression des désirs profonds de chaque individu et plus encore doit lui permettre de retrouver partout ce qu'il recherche, un mélange de ses attentes les plus prégnantes, de ses désirs les plus éphémères et de ses envies de découverte et d'échange. Les projets des architectes les plus post-modernes expriment ce désir de créer ces lieux "disloqués" (29) et "surmodernes" (30) où l'individu puisse faire l'expérience de l'altérité. Les monuments publics doivent faciliter l'expression d'une liberté des "modernes" (3 1), à savoir d'abord une liberté de l'individu, une liberté de choix de l'individu. L'espace public créé ne repose plus sur la croyance en la délibération, mais au contraire son efficacité, du moins son utilité, est jugée à l'aune de sa capacité à maximaliser l'agrégation des choix individuels. Le lieu que ces architectes entendent créer a un caractère politique résiduel et un caractère marchand omniprésent. "Les espaces publics de l'ère post-moderne sont d'abord des places désignées entre toutes pour l'expérience sociale de la con-

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sommation" (32). Plus généralement encore cet espace public post-moderne permet et facilite, au-delà de l'ouverture à l'Autre, l'expression d'une liberté de jouissances privées.

Interdépendance entre mode architecturale, espace public et pratiques sociales

Sans vouloir en tirer de conclusions trop hâtives ni savoir exactement l'incidence effective des choix de constructions, l'observation, de visu et in situ, de quelques-unes des plus symptomatiques de ces nouvelles constructions semble pouvoir partiellement conforter cette relation esquissée entre productions architecturales et occupation sociale des espaces. Il serait certainement plus prudent de parler d'interdépendance des deux phénomènes, l'architecture induisant ou du moins renforçant des pratiques sociales ; elles-mêmes, peut-être partiellement préexistantes, encourageant à certains choix de bâtiments pour les abriter. Néanmoins, ces quelques observations, de la place de la gare à Tours au parvis de la grande Arche de la Défense, des environs du Carré d'Art à Nîmes au quartier Antigone de Montpellier, confortent singulièrement nos propos. Ainsi les espaces les plus représentatifs de la mouvance néo-moderne sont souvent des lieux où les individus se retrouvent et se rencontrent. Les jeunes s'y retrouvent

préférentiellement en groupes, y développent une sociabilité importante, faite de confrontations mutuelles et de jeux, d'échanges et de rites (33). Parce que dégagé et offrant une bonne visibilité, nombre de personnes s'y donnent rendez-vous, soit pour y rester et y échanger, soit comme point de repos ou de rencontre avant d'autres lieux de sociabilité. Sans doute parce que le lieu est perçu comme leur appartenant à tous, les pratiques de dégradation ou de réappropriation (34) s'y font moins nombreuses ou plus discrètes. À l'opposé, les espaces publics inspirés d'une conception architecturale postmoderne paraissent imposer ou du moins encourager des pratiques culturelles différentes. Nous y notons une utilisation des lieux plus individuelle et hédoniste. Malgré l'éventuelle présence de bâtiments que le baladin peut contempler, l'espace public est avant tout pensé non comme un lieu de stationnement mais au contraire comme un point de passage divertissant l'il du promeneur. De plus en plus souvent, il est ce moment conçu pour la respiration et le divertissement du consommateur. Ce dernier y est d'abord pour épuiser son rôle de chaland. L'environnement par sa profusion l'incite à l'émerveillement et au plaisir égoïste. Les individus semblent donc s'y croiser plutôt que s'y rencontrer. Si ces premiers examens des pratiques publiques de l'espace bâti sont encore trop

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imparfaits (35), la direction qu'ils indiquent va bel et bien vers la mise en évidence d'un lien d'interdépendance prégnante entre mode architecturale, conceptions de l'espace public et pratiques sociales afférentes.

Comprise comme système stigmatique médiatisant notre rapport au monde, la ville s'intègre donc indubitablement dans les choix et décisions politiques des représentants publics. Le retour des édiles bâtisseurs refait du monument urbain un enjeu essentiel et quotidien pour l'ensemble des citadins et leur vie sociale dans la cité. Plus qu'un territoire, il redevient un véritable espace public où se confrontent et s'agitent les valeurs de notre temps, où s'exercent les pressions et tensions les plus diverses. Traditionnel lieu de la lutte de pouvoir, la ville retrouve aujourd'hui, dans l'architecture, un diffuseur original, constant, discret et efficace tant d'une vision de l'espace public que des grandes idées - liberté(s), égalité, esprit, raison, peuple - qui alimentent de manière inépuisable et irréductible les grands débats nationaux. Qui eut cru que nous pouvions passer par le si étrange et si heureux détour de l'architecture pour raviver la flamme polémiste de nos politiques et intellectuels ?

N 0

1 . L 'esthétique urbaine, annales du colloque, Université Droit et Science Politique, Aix-Mar- seille, LITEC, 1991, p. 155. 2. Non-lieux : introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, 1992, p.84. 3. "Grands projets ou médiocres desseins" in Le Débat n° 70, janvier/février 1992, p.86. 4. Cf. François Chaslin, L 'architecture et les pouvoirs locaux, Universalia 1991, Paris, Encyclopaedia Universalis éditeur, p.207-210. 5. "Architectural Design" ou "Architectural Review" en Grande-Bretagne, "Architectural Record" aux États-Unis, "Abitare" ou "Area Plus" en Italie... 6. Il faut effectivement reconnaître que si les projets d'architectes ou d'urbanistes français sont nombreux dans les concours internationaux d'envergure, nous y retrouvons souvent les mêmes noms. Ainsi seuls Nouvel et de Portzamparc ont concouru pour la réalisation d'un centre culturel à Tokyo. Cependant, comme le réalisateur a besoin d'un producteur pour percer, l'architecte doit pouvoir s'appuyer, pour des projets à l'étranger qui mettent souvent en jeu des budgets considérables, sur un entrepreneur solide. Or, l'architecte attend encore trop souvent qu'on lui donne les moyens d'exporter ses modèles et son savoir-faire. Il est ainsi fort symptomatique que de Portzamparc, pourtant lauréat 1994 du

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prix Pritzker, véritable Nobel de la profession, connaisse un évident succès d'estime qui, malgré de notables réussites et victoires, ne dépasse que trop peu encore le stade de la curiosité. 7. Frédéric Edelmann, "La ville réinventée" in Le Monde, 03 mai 1994, p. 17. 8. François Loyer, "Formes Urbaines et dynamiques sociales" in Genèses (sciences sociales et histoire), n° 27, Paris, Belin, 1997, p. 129. 9. David Harvey, Condition of postmodernity, Londres, blackwell, 1989, p.66. 10. Nous avons choisi de poser le préfixe "néo" au qualificatif "modernistes" dans la mesure où si une filiation nous paraît évidente, ainsi que nous le montrons dans cet article, une évolution est néanmoins très perceptible. Alors que les modernistes furent marqués par une vision très égalitaire de la société, où l'égalité est un but en soi, les néo-modernistes voient autant dans cette recherche d'égalité un moyen d'accéder à une liberté politique. De plus plusieurs des représentants de cette tendance rejettent explicitement cette filiation. 11. Nicolas Jouret, "Qu'est-ce que la post

modernité ?" in Sciences Humaines, n° 73, juin 1997, p.22. 12. Cf. "Le paradoxe de l'acteur" de Diderot et la "Lettre à Monsieur d'Alembert sur les spectacles" de Rousseau. Plusieurs éditions. 13. Aesthetics and the sociology of arts, Londres, Allen and Unwin, 1983, p. 48 à 56. 14. This is fashion, New- York, Harper, 1943, p.91 à 135.

15. The fall of public man, Cambridge, Cambridge University Press, 1976, p. 184 et 185. . 16. Cf. les propos répertoriés par Michael Rustin dans "Postmodernism and antimodernism in contemporary british architecture" in Assemblage, n° 8, 1989, p. 89-90 ; Voir également, Ri* cardo Bofill, en collaboration avec Jean-Louis André, Espaces d'une vie, Éditions Odile Jacob, Paris, 1989, rééd. Coll. Point, Seuil, Paris, 1992. 17. The fall of public man, Cambridge, Cambridge University Press, 1976, p. 184 et 185. * 18. 20 000 years of fashions, New- York, Viking, 1974, p. 188, 189 et 343. 19. "Nouvelles couleurs mais aussi nouvelles dimensions. Déchirures vers l'au-delà... j'aime bâtir des monuments de démesure. J'ai peu de goût pour les petits objets...", Ricardo Bofill, en collaboration avec Jean-Louis ANDRE, Espaces d'une vie, Éditions Odile Jacob, Paris, 1989, rééd. Coll..Point, Seuil, Paris, 1992, p.30-3 1. 20. Pour en savoir plus sur cette interrelation et son mode de traitement, voir Donatella Calabi et François Loyer, "Formes urbaines et dynamiques sociales" in Genèses (sciences sociales et histoire), n° 27, pp. 124 à 146, Paris, Belin, 1997. 21. Bernard Lepetit, "Le temps des villes", Conférence d'ouverture du second colloque international d'histoire urbaine, Strasbourg, septembre 1994, reproduite dans "Villes, histoire et cul

ture", les Cahiers du Centre de Recherches Historiques sur la Ville, Université des Sciences Humaines de Strasbourg, N° 1, décembre 1994, pp. 7 à 17.

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22. Il s'agit d'ailleurs bien là d'une différence majeure avec l'essentiel des travaux des sociologues de la postmodernité, même si nous y faisons parfois référence. Notre approche, pour infiniment modeste et rapide qu'elle fût, n'en est pas moins fondée empiriquement. C'est l'observation in situ des espaces publics précités, l'analyse des productions discursives à leur égard et des pratiques sociales afférentes qui motivent et inspirent nos propos. Situé plus dans la logique des travaux de Colin Campbell (The Romantic ethic and the spirit of modern consumerism, Londres, Blackwell, 1987) ou de David Harvey, que dans celle d'un Toffler {The third wave, Londres, Pan books, 1983), d'un Lipovetsky (L 'empire de l'éphémère, Paris, Gallimard, 1987) ou du trio Crook, Palulski et Waters {Postmodernization, change in advanced society, Londres, Sage, 1992), notre travail revendique une part ethnographique d'observation inventive des réalités sociales et refuse aussi bien le commentaire de commentaires que les généralités factuelles ou absconses et les élans déréalisés et déréalisateurs. 23. Sur l'espace public contemporain, voir particulièrement les interventions de Peter Hall, David Harvey et Martyn J. Rustin dans le catalogue de la XVIIème triennale International Exhibition on World Cities and the Future of the Metropolis, Milan, 1988, ainsi que l'ouvrage dirigé par Isabelle Paillait, L 'espace public et l 'emprise de la communication (Grenoble, Ellug, 1995) et bien entendu le collectif Public/privé

(Paris, P.U.F., 1995). 24. Notre travail ayant pris appui sur des réalisations architecturales françaises, cette analyse en terme d'espaces publics s'applique évidemment prioritairement à ce pays. Néanmoins, confronté aux productions d'autres pays, particulièrement celles d'outre-Manche, nous pensons que cette bipolarité de définition des espaces publics dépasse le cadre architectural professionnel français. 25. Bien évidemment, il convient d'envisager ici d'une part l'évident accès à la lumière physique, mais aussi celui, symboliquement suggéré, aux Lumières des esprits. Dans un sens proche de celui des philosophes des Lumières du XVIIIème siècle, l'accès à la Lumière peut se comprendre comme une possibilité tant d'accéder à une vision plus éclairée du monde social que de participer, par sa propre réflexion, à l'édification d'un monde avec plus de justice sociale. 26. Benjamin Constant appelle "liberté des Anciens", cette croyance dans la "res publica" pour faire émerger un problème et ensuite le résoudre. Voir Benjamin Constant, De la liberté chez les modernes, M. Gauchet éd., Le Livre de Poche, Paris, 1980. 27. Le discours d'un passage d'un monde fordiste à un monde postfordiste peut se trouver particulièrement éclairé par les lectures suivantes : A. Gramsci, Cahiers de prison, rééd. Paris, Gallimard, 1983 ; A. Lipietz, Miracles and Mirages, Londres, Verso, 1987, M. Aglietta, A theory of capitalist regulation, Londres, Verso, 1977 ; M.

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Maffesoli, Le temps des tribus (Le déclin de l'individualisme dans les sociétés de masses), Paris, Méridiens, 1988, rééd. Livre de Poche, 1991 ; M.J. Piore et F. Sabel, The second industrial divide, New York, Basic Books, 1984 ; A. Tou- raine, Critique de la modernité, Paris, Fayard, 1992. 28. S. Lash et J. Urry, The end of organised capitalism, Londres, Polity Press, 1987 ; J. Urry, "Cultural change and contemporary holiday making" in Theory, Culture and Society, n° 5/1, février 1988, S. Lash, Sociology of postmodernism, Londres, Routledge, 1990. 29. Dans un ouvrage dirigé par Chris Younes et Michel Mangematin (cf. Lieux contemporains, Paris, Descartes, 1997), architectes, philosophes et sociologues, dans une tonalité très post-moderniste, explorent les notions de lieux pour y trouver des réponses aux bouleversements que connaissent l'espace urbain et la notion d'urbanité. Ils mettent en relief le concept de "dislocation", qui, appliqué aux espaces urbains, désigne un nouveau mode d'organisation de l'espace apte à satisfaire le souci contradictoire du citadin moderne d'enracinement et d'ouverture sur d'autres lieux. 30. À la suite des travaux de Michel de Certeau (Cf. L 'invention du quotidien, vol 1 Les arts de Faire, réed Paris, Gallimard, 1 990), Marc Auge a proposé une anthropologie des non-lieux de la sur-modernité (autoroutes, aéroports, itinéraires touristiques...) qui expriment cette épreuve de l'altérité. (Cf. Auge Marc, Non-lieux

tion à une Anthropologie de la Surmodernité, Paris, Seuil, 1992). 3 1 . Sur cette idée de liberté moderne, nous consulterons utilement trois auteurs : Benjamin Constant, De la liberté chez les modernes, M. Gauchet éd., Le Livre de Poche, Paris, 1980; John Stuart Mill, "Quatre essais sur la Liberté", in F. Trévoux, J.S. Mill, Textes Choisis, Paris, Dalloz, 1953; Alexis de Tocqueville, Égalité sociale et liberté politique, une introduction à l 'uvre de Tocqueville, textes choisis et présentés par P. Guilbert, introduction de R. Remond, Paris, Aubier-Montaigne, 1977. 32. Cf. Michael Rustin, "Postmodernism and antimodernism in contemporary british architecture" m Assemblage, n° 8, 1989, p. 91. L'article, dans sa totalité, pp. 89 à 103, fut une précieuse source tant référentielle que conceptuelle. 33. Cf. O. Galland, Sociologie de la jeunesse, l'entrée dans la vie, Paris, A. Colin, 1991; M. Fize, Les bandes ("l'entre soi" adolescent), Paris, épi/Desclée de Brouwer, 1993; A. Giudicelli, La caillera, Paris, J.Bertoin éditeur, 1991; A. Jazouli, Les années banlieues, Paris, Seuil, 1992. 34. Nous pensons aux graffitis et en particulier aux tags qui sont d'authentiques actes d'appropriation de l'espace et de revendication sociale. Cf. F. Chenoune et J.F. Poirier, "Rap et Tag : l'esthétique des banlieues sur la place publique" in Universalia 1993, Paris, Encyclopaedia Universalis éditeur, p.347-35 1; A. Vulbeau, Du tag au tag, Paris, Institut de l'Enfance et de la Famille, 1990.

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35. Ainsi que nous l'avons déjà écrit, ce travail repose d'abord sur une analyse empirique des productions architecturales et des discours qui les accompagnent. Mais, une première étude de terrain fut faite par l'observation de certains sites. Cette dernière recherche appelle bien évidemment de plus amples développements pour prétendre risquer une vraie systématisation de notre propos.

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