le sud soudan, vers quel destin ?

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Nous autorisons la reproduction des articles de ce bulletin à condition d’en citer la source et de ne pas en modifier le contenu. BULLETIN EDITÉ PAR LE COMITÉ DE VIGILANCE POUR LES DROITS DE L’HOMME ET LES LIBERTÉS AU SOUDAN, 41, rue Poliveau – 75005 Paris – Tél. : 33 (0) 1 43 31 40 67 [email protected] – Présidente, directrice de la publication : Simone DUMOULIN Bulletin créé en1992 Comité de Vigilance pour les Droits de l’Homme et les Libertés au Soudan - N° 166 - juillet 2011 Le Sud-Soudan, vers quel destin ? L e 9 juillet, le Sud-Soudan a brièvement focalisé l’attention des media internationaux. Pour avoir été beaucoup sollicité ce jour-là pour expliquer le sens de cette indépendance, je m’interroge sur le décalage entre la compréhension que ces média peuvent en avoir et la réalité vécue par ceux qui en sont les bénéficiaires. Pour les media occidentaux, cette naissance évoque l’idée d’une victoire chèrement acquise, mais légitime et l’on s’en réjouit. L’idée sous-jacente est que des chrétiens sont libérés du joug de l’islam. On s’interroge en revanche sur la viabilité économique de ce nouvel acteur, et sur les intentions supposées belliqueuses de Khartoum : le perdant sera-t-il beau joueur ou tentera t-il de reprendre d’une main ce qu’il a concédé de l’autre ? Les media arabes sont eux, mieux informés mais affichent une attitude au moins circonspecte vis-à- vis d’une indépendance vue comme une défaite du monde arabe et musulman. Dans les deux camps, certains éléments de compréhension semblent manquer : L’indépendance n’était pas l’objectif du MLPS/A comme le prouve son acronyme : « Mouvement de Libération des Peuples du Soudan ». Et son manifeste fondateur en mai 1983 était clair : l’objectif de cette deuxième guerre de libération était d’obtenir l’égalité de tous les Soudanais au sein d’un Etat unitaire, indé- pendamment de leur origine ethnique ou de leur appartenance confessionnelle. Une utopie ? Le rêve d’un homme, John Garang. Ce rêve prit la forme du projet d’un « New Sudan » qui gagna sans doute plus d’adeptes au nord qu’au sud du pays, à commencer par la jeunesse urbaine des grandes villes. Celle-ci, forgée de métissages culturels, rejette la dictature raciste d'el Béchir et du Congrès National CN), qui a conduit le pays à la ruine, à l’isolement et à la désolation, pour le seul enrichissement d’une poignée de dirigeants corrompus et criminels. Le mouvement de rébellion s’étendit vite au Nord, où les peuples Nouba comme ceux du Nil Bleu, à la frontière éthiopienne, mosaïques de petits groupes autochtones, le rejoignirent et lui donnèrent ses meilleurs cadres et ses soldats les plus aguerris. Ces deux régions du Nord Soudan firent les plus grands sacrifices pour l’avènement d’un Etat soudanais où ils trouveraient leur place. Durant des siècles réservoirs d’esclaves, ces peuples refusaient la spoliation de leurs terres par le pouvoir central qui les réduisait au rôle de main d’œuvre bon marché. • En dépit des flonflons vite éteints de la fête à Juba, l’indépendance est-elle, pour le Sud- Soudan, une victoire ? L’accord global de paix en 2005 traçait les contours d’un Soudan où les deux protagonistes de la guerre, MLPS et Congrès National, se partageraient le pouvoir et les richesses, sous le regard approbateur des États- Unis et de l’Occident qui considéraient la prééminence accordée aux clivages religieux comme uniques fondements des identités nationales. L’identité ne se réduit pas à la religion, celle-ci ne peut être porteuse d’une idée nationale. La mort précipitée de John Garang a mis un terme à cette vision. Les sudistes sacrifiaient à leur indépendance les monts Nouba et le Nil Bleu. Aujourd’hui que cette indépendance est acquise, reste à en éprouver les avantages et à en braver les dangers. Dans l’immédiat, force est de constater que les six années écoulées ont été perdues par le MLPS, tout comme les vingt années de guerre qui les ont précédées: le Sud ne possède ni cadres compétents, ni institutions, ni administration civile, ni même sentiment d’unité nationale. Il ne dispose pas non plus d’infrastructures : ni routes, ni adduction d’eau, ni réseau d’électricité, ni écoles, ni hôpitaux. Le taux d’analphabétisme, pour autant qu’on puisse savoir, est supérieur à 90 % de la population. La faute en revient d’abord au colonisateur britannique, qui voulait conserver à cette région un rôle de « zoo humain ». Mais ils sont partis depuis plus d’un demi-siècle…Tout n’aurait pas pu être réalisé pendant la guerre, ni durant les années qui ont suivi. Mais la volonté politique a fait défaut et les habitudes prises durant la guerre de piller la population restaient. Le Sud-Soudan est sous la coupe d’une clique dominée par les officiers du mouvement rebelle, qui n’ont aucune compétence administrative ou technique, mais monopolisent titres et fonctions, dans l’idée que les sacrifices d’hier valent bien les récompenses d’aujourd’hui. Khartoum ne peut que se réjouir de cette situation : elle lui rend plus facile le retour à sa politique diviser pour régner. L’objectif final étant de tenir les dirigeants du Sud par la corruption et la menace de rebellions internes. Vider l’indépendance de son contenu, en continuant d’exploiter les ressources du Sud - celles du Nord étant proches du néant. Eviter l’implosion de ce qu’il reste du Soudan. Au sein de l’appareil d’Etat du Nord, se renforce un sentiment de frustration et de rancœur : cette paix américaine était inévitable au lendemain du 11 septembre, où le Soudan devait se dédouaner de sa participation à la déstabilisation de l’Occident. Les États-Unis sont désormais empêtrés en Irak et en Afghanistan. Ils se désintéressent du Soudan. Kartoum sait depuis le Darfour que les objurgations occidentales ne sont que vaines gesticulations. Le récent voyage en Chine du président Béchir sous mandat d’arrêt de la CPI, accueilli avec tous les honneurs, constitue un encouragement fort à l’écrasement de toutes les velléités régionalistes et toute revendication démocratique au Nord. • Il y a là, comme dans les faubourgs misérables de Khartoum où vivent des millions d’originaires du Sud, devenus du jour au lendemain des étrangers dans le pays où ils vivent et où souvent ils sont nés, les prémisses de conflits et de massacres. Les provinces septentrionales, Bahr el-Ghazal et Haut- Nil, continuent de regarder vers Khartoum, d’où parvient le ravitaillement, où les jeunes émigrent dans les plantations de la Gézira, du Nil Bleu ou sur les docks de Port-Soudan. Et dans l’armée nationale, 1/5 des soldats et de nombreux sous- officiers, sans compter quelques officiers supérieurs, sont originaires du Sud et doivent aujourd’hui quitter les rangs pour un avenir incertain. Conséquences de l’indépendance que l’on ne semble découvrir que maintenant. Les négociations se poursuivent entre les deux Etats, elles concernent essentiellement le partage des ressources pétrolières, pomme de discorde, mais sur fond d’intérêts partagés… Le pire n’est certes jamais sûr : il se peut que la puissance montante de l’Ethiopie, qui est très présente au Sud-Soudan, modère les ardeurs belliqueuses de Khartoum. La paix qui se profile n’est pas très rassurante pour la population, grande oubliée des projets de développement. Ceux-ci reposent sur le pétrole, mais plus durablement sur les multinationales de l’agrobusiness en quête de sécurité alimentaire au détriment des peuples du Sud-Soudan qui seront chassés de leur écosystème et rejoindront les ceintures de misère des grandes villes. Pour tous ceux qui s’intéressent sincèrement au sort de l’Afrique et d’une planète broyée par la mondialisation, le Sud-Soudan demeure un exemple des drames à venir, et contre lesquels il importe de se mobiliser en toute lucidité. Marc Lavergne Directeur du centre d'Etudes et de documentation économiques, juriduques et sociales Egypte/Soudan

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Nous autorisons la reproduction des articles de ce bulletin à condition d’en citer la source et de ne pas en modifier le contenu.BULLETIN EDITÉ PAR LE COMITÉ DE VIGILANCE POUR LES DROITS DE L’HOMME ET LES LIBERTÉS AU SOUDAN, 41, rue Poliveau – 75005 Paris – Tél. : 33 (0) 1 43 31 40 67

[email protected] – Présidente, directrice de la publication : Simone DUMOULIN

Bulletin créé en1992 Comité de Vigilance pour les Droits de l’Homme et les Libertés au Soudan - N° 166 - juillet 2011

Le Sud-Soudan, vers quel destin ?L e 9 juillet, le Sud-Soudan a brièvement focalisé

l’attention des media internationaux. Pour avoirété beaucoup sollicité ce jour-là pour expliquer lesens de cette indépendance, je m’interroge sur ledécalage entre la compréhension que ces médiapeuvent en avoir et la réalité vécue par ceux qui ensont les bénéficiaires.

Pour les media occidentaux, cette naissance évoquel’idée d’une victoire chèrement acquise, maislégitime et l’on s’en réjouit. L’idée sous-jacente estque des chrétiens sont libérés du joug de l’islam.On s’interroge en revanche sur la viabilitééconomique de ce nouvel acteur, et sur lesintentions supposées belliqueuses de Khartoum :le perdant sera-t-il beau joueur ou tentera t-il dereprendre d’une main ce qu’il a concédé de l’autre? Les media arabes sont eux, mieux informés maisaffichent une attitude au moins circonspecte vis-à-vis d’une indépendance vue comme une défaite dumonde arabe et musulman. Dans les deux camps,certains éléments de compréhensionsemblent manquer :

• L’indépendance n’était pas l’objectif duMLPS/A comme le prouve son acronyme :« Mouvement de Libération des Peuples duSoudan ». Et son manifeste fondateur en mai 1983était clair : l’objectif de cette deuxième guerre delibération était d’obtenir l’égalité de tous lesSoudanais au sein d’un Etat unitaire, indé-pendamment de leur origine ethnique ou de leurappartenance confessionnelle. Une utopie ? Le rêved’un homme, John Garang. Ce rêve prit la formedu projet d’un « New Sudan » qui gagna sansdoute plus d’adeptes au nord qu’au sud du pays, àcommencer par la jeunesse urbaine des grandesvilles. Celle-ci, forgée de métissages culturels,rejette la dictature raciste d'el Béchir et du CongrèsNational CN), qui a conduit le pays à la ruine, àl’isolement et à la désolation, pour le seulenrichissement d’une poignée de dirigeantscorrompus et criminels. Le mouvement de rébellions’étendit vite au Nord, où les peuples Noubacomme ceux du Nil Bleu, à la frontière éthiopienne,mosaïques de petits groupes autochtones, lerejoignirent et lui donnèrent ses meilleurs cadres etses soldats les plus aguerris. Ces deux régions duNord Soudan firent les plus grands sacrifices pourl’avènement d’un Etat soudanais où ils trouveraientleur place. Durant des siècles réservoirs d’esclaves,ces peuples refusaient la spoliation de leurs terrespar le pouvoir central qui les réduisait au rôle demain d’œuvre bon marché.

• En dépit des flonflons vite éteints de la fête àJuba, l’indépendance est-elle, pour le Sud-Soudan, une victoire ? L’accord global de paixen 2005 traçait les contours d’un Soudan où lesdeux protagonistes de la guerre, MLPS et CongrèsNational, se partageraient le pouvoir et lesrichesses, sous le regard approbateur des États-Unis et de l’Occident qui considéraient laprééminence accordée aux clivages religieuxcomme uniques fondements des identitésnationales. L’identité ne se réduit pas à la religion,celle-ci ne peut être porteuse d’une idée nationale.La mort précipitée de John Garang a mis un termeà cette vision. Les sudistes sacrifiaient à leurindépendance les monts Nouba et le Nil Bleu.

• Aujourd’hui que cette indépendance estacquise, reste à en éprouver les avantageset à en braver les dangers. Dans l’immédiat,force est de constater que les six années écouléesont été perdues par le MLPS, tout comme les vingtannées de guerre qui les ont précédées: le Sud nepossède ni cadres compétents, ni institutions, niadministration civile, ni même sentiment d’uniténationale. Il ne dispose pas non plusd’infrastructures : ni routes, ni adduction d’eau, niréseau d’électricité, ni écoles, ni hôpitaux. Le tauxd’analphabétisme, pour autant qu’on puisse savoir,est supérieur à 90 % de la population. La faute enrevient d’abord au colonisateur britannique, quivoulait conserver à cette région un rôle de « zoohumain ». Mais ils sont partis depuis plus d’undemi-siècle…Tout n’aurait pas pu être réalisépendant la guerre, ni durant les années qui ontsuivi. Mais la volonté politique a fait défaut et leshabitudes prises durant la guerre de piller lapopulation restaient. Le Sud-Soudan est sous lacoupe d’une clique dominée par les officiers dumouvement rebelle, qui n’ont aucune compétenceadministrative ou technique, mais monopolisenttitres et fonctions, dans l’idée que les sacrificesd’hier valent bien les récompenses d’aujourd’hui.

• Khartoum ne peut que se réjouir de cettesituation : elle lui rend plus facile le retour à sapolitique diviser pour régner. L’objectif final étantde tenir les dirigeants du Sud par la corruption et lamenace de rebellions internes. Vider l’indépendancede son contenu, en continuant d’exploiter lesressources du Sud - celles du Nord étant proches dunéant. Eviter l’implosion de ce qu’il reste duSoudan. Au sein de l’appareil d’Etat du Nord, serenforce un sentiment de frustration et derancœur : cette paix américaine était inévitable aulendemain du 11 septembre, où le Soudan devait se

dédouaner de sa participation à la déstabilisationde l’Occident. Les États-Unis sont désormaisempêtrés en Irak et en Afghanistan. Ils sedésintéressent du Soudan. Kartoum sait depuis leDarfour que les objurgations occidentales ne sontque vaines gesticulations. Le récent voyage enChine du président Béchir sous mandatd’arrêt de la CPI, accueilli avec tous les honneurs,constitue un encouragement fort à l’écrasement detoutes les velléités régionalistes et touterevendication démocratique au Nord.

• Il y a là, comme dans les faubourgs misérables deKhartoum où vivent des millions d’originaires duSud, devenus du jour au lendemain des étrangersdans le pays où ils vivent et où souvent ils sont nés,les prémisses de conflits et de massacres. Lesprovinces septentrionales, Bahr el-Ghazal et Haut-Nil, continuent de regarder vers Khartoum, d’oùparvient le ravitaillement, où les jeunes émigrentdans les plantations de la Gézira, du Nil Bleu ousur les docks de Port-Soudan. Et dans l’arméenationale, 1/5 des soldats et de nombreux sous-officiers, sans compter quelques officiers supérieurs,sont originaires du Sud et doivent aujourd’huiquitter les rangs pour un avenir incertain.Conséquences de l’indépendance que l’on nesemble découvrir que maintenant.

Les négociations se poursuivent entre les deux Etats,elles concernent essentiellement le partage desressources pétrolières, pomme de discorde, mais surfond d’intérêts partagés… Le pire n’est certesjamais sûr : il se peut que la puissance montante del’Ethiopie, qui est très présente au Sud-Soudan,modère les ardeurs belliqueuses de Khartoum. Lapaix qui se profile n’est pas très rassurantepour la population, grande oubliée des projetsde développement. Ceux-ci reposent sur le pétrole,mais plus durablement sur les multinationales del’agrobusiness en quête de sécurité alimentaire audétriment des peuples du Sud-Soudan qui serontchassés de leur écosystème et rejoindront lesceintures de misère des grandes villes.

• Pour tous ceux qui s’intéressentsincèrement au sort de l’Afrique et d’uneplanète broyée par la mondialisation, leSud-Soudan demeure un exemple desdrames à venir, et contre lesquels il importede se mobiliser en toute lucidité.

Marc Lavergne Directeur du centre d'Etudes et de documentation

économiques, juriduques et socialesEgypte/Soudan

ContexteL’accord de paix de 2005 (CPA), changeapeu la situation dans les Monts Nouba. Il neleur accorda pas l’autonomie et ne ditstrictement rien sur ce qui arrivera à l’ALPS,forte de 30000 hommes originaires de larégion. Les trois régions appeléescontestées le long de la frontière Nord Sud: Abyei, les Monts Nouba et le Nil Bleu, ontdes histoires particulières et des problèmesencore en suspens. Qui sont les Nouba ? Formés d’unecinquantaine de peuples, assez différents, ilsvivent comme agriculteurs ou/et pasteursdans des régions montagneuses. Ils sontchrétiens, musulmans ou suivent despratiques religieuses traditionnelles ets’entendent bien entre eux. Au cours desiècles, venus de diverses régions, ils se sontmis à l’abri dans les montagnes pouréchapper aux esclavagistes. Les arabes aussise sentent mal traités par Khartoum,cependant, moins que les Nouba.Maintenant le Sud Kordofan au Nord, Etatdont la majeure partie est occupée par lesMonts Nouba, est, avec 150 000 barils/jour,la première région pétrolière du pays. Est-ceune cause de la guerre ?Dans les années 90,un demi-million deNouba furent tués lors d’un long Jihad,organisé et dirigé par Ali Haroun.

Situation politiqueSix mois après le référendum, les combatsrecommencent aux Monts Nouba. C’est unconflit Nord/Nord, ce qui semble échapperà la communauté internationale. Béchir, recherché par la CPI pourgénocide au Darfour, recommence legénocide qu’il fit dans les Monts Noubadans les années 90. Cherche-t-il àaugmenter la superficie du Nord ? Veut-ilprotéger le pétrole ? Supprimer les non« arabes » de son pays ? Le 19 juin à Sinkat,dans les collines de la Mer Rouge oùrécemment il y eut aussi une guerre civile, ila traité les Nouba d‘ennemis ayantpratiqué la tricherie. Ils auront appris leurleçon, dit-il. Mais le 29 juin, le secteur norddu MLPS signa un accord avec Nafi’ AliNafi’, un faucon du gouvernement, sous lahoulette de Thabo Mbeki, ancien présidentde l’Afrique du Sud. Le MLPS acceptal’entrée de l’ALPS dans l’armée soudanaise,à la joie des NU. Dès le 7 juillet Béchir, sousl’influence des vrais faucons du CongrèsNational (CN), annulait cet accord. Déjà le1er juillet Béchir avait commandé à sonarmée de continuer la guerre jusqu’à ce queel Hélu, MLPS ancien assistant dugouverneur du Sud Kordofan, soit faitprisonnier. Il répéta ses propos à l’arméeune semaine avant de se rendre au Sud-Soudan assister à la célébration de son

indépendance. Trop d’accords sontviolés par Khartoum comme on lerépète depuis une trentaine d’annéesau Soudan.Réponse tiède de la communautéinternationale : Obama a fermementappelé à terminer le conflit. Il a peu demoyens avec les dures sanctions infligéesdéjà par les Etats-Unis au Soudan etl’impossibilité des occidentaux de se lancerdans une nouvelle guerre. La communautéinternationale avait prouvé sa bonnevolonté lorsqu’elle assura de rembourserelle-même les 38 millions de dollars dûs parKhartoum (en grande partie à cause de laguerre du Sud). Elle peut changer d’avis. Ense mobilisant si lourdement depuis 2005 surle conflit Nord-Sud, elle a sous estimé ladétermination des Nouba dont lescombattants ALPS sont très nombreux ettrès bien entraînés.

La guerreLa guerre a commencé le 5 juin.Brusquement des centaines de véhicules del’armée soudanaise ont fait irruption àKadugli, la capitale de l’Etat. Des milicesalliées de Khartoum, les ont suivis. Cettearmée tue..Jour après jour, des corps dans la rue, destravailleurs creusant des tombes de masse etdes hommes armés chassant les Nouba. Les

Zones contestées : GUERRE TOTALE au Sud-Kordofan/Monts Nouba

Vigilance Soudan - N° 166 - juillet 2011 2

Les Noubas sont désespérés de la partition du Soudan qui les laisse se faire dévorer par le Nord. Dans le dernier bulletin, nous parlionsdéjà du début d’une guerre du gouvernement contre eux. Avec des tricheries incroyables il y avait fait élire Ali Haroun. Il fut déjà chef deguerre, massacrant les Nouba dans les années 1990 avant d’être accusé de crimes contre l’humanité pour le Darfour par la Cour PénaleInternationale (CPI). Le gouvernement avait donné l’ordre à l’ALPS des Monts Nouba de retourner au Sud ou de rendre leurs armes. LesNouba furent hérissés de fureur. Le 5 juin, le gouvernement attaquait.Pendant ce temps nous n’avons que très peu de nouvelles des autres zones contestées. A Abyei les troupes éthiopiennes n’ontpas encore commencé les opérations. En une semaine les Dinka Ngok furent partis le plus souvent au Sud à Turalei et à Agok,tandis que Khartoum y faisait venir de nombreux Missserya pour gagner le référendum. Le gouverneur ALPS du Nil Bleu,Malik Hagar, conduit seul un chemin héroïque pour essayer de maintenir la paix dans sa région tout en négociant « l’accorddes deux zones contestées », violé par Béchir.

SUDKORDOFAN NIL

BLEU

Nyala

Kadugli

Gineina

Damazin

DARFOUROCCIDENTAL

DARFOURMÉRIDIONAL

Zoned’Abyei

Sud-Kordofanet Nil Bleuau Soudan du Nord

leaders religieux et les défenseurs des droitsde l’homme évoquent un génocide tandis queKhartoum prétend qu’il ne s’agit que dedésarmer des miliciens alliés à l’ALPS. John Ashworth, conseiller Soudan auprèsdes Eglises, collecte les informations desources au sol. Tout semble avoir étéplanifié. Le 19 juin, des images satellitesconfirment que l’artillerie de l’arméesoudanaise massée, contrôle la ville deKadugli, des immenses tombes de massessont pleines de morts et des milliers de civilsdéplacés. Selon de nombreux rapports, les églises sontbrûlées. De sources diverses, des actes detorture furent rapportés. Beaucoup de gensfurent tués « parce qu’ils étaient chrétiens,sans que l’on cherche à savoir s’ils étaientNouba ». Comme toujours, tueries extrajudiciaires. Les miliciens criaient « Allah ouAkbar » en les tuant ou brûlant des églises. L’Unmis fut sévèrement critiquée pour sesmanquements à la protection des civils. Elleaurait refusé d’évacuer des gens car samission ne le permettait pas. Les Egyptiensfurent particulièrement mis en cause. Dessoldats auraient violé des filles et desfemmes qui demandaient à avoir lapermission d’entrer dans leurs enceintespour ne pas être tuées. Les gardiens de lapaix n’arrivent même pas à se protéger eux-mêmes, disent-ils. Selon eux des agentssoudanais ont fait semblant d’être desmembres du Croissant rouge, ils purent ainsipousser les réfugiés à quitter un centre desNU. L’armée soudanaise a menacé dedétruire en vol les hélicoptères des NU.Deux mille Nouba ayant fui vers l’Etatd’Unité au Sud, celui-ci fut bombardé. Ceuxqui fuirent vers El Obeid, capitale du NordKordofan furent arrêtés. On ne sait ce qu’ilssont devenus. Le 18 juin, Al Helu, le chef de l’ALPS, ditcontrôler de grandes parties du Sud-Kordofan, Dallami, Haiban, Alburam, UmDorain; 60 autres garnisons dispersées dansl’Etat furent libérées. L’ALPS a célébré ladéfaite des forces du Nord avec sa prise deEl Hamra, ville sise à 40 km de Kadugli. Maisune piste d’atterrissage fut détruite, les ONGne pourront plus être approvisionnées.Khartoum menace de les expulser. « Ils ontdes yeux pour voir et des oreilles pourentendre ».Des rapports concordants disent que despersonnes déplacées furent obligées parl’Etat de rentrer chez elles, des régions àgrand risque, où il venait de faire poser desmines terrestres. Seule certitude maintenant,les régions libérées sont bombardéesquotidiennement, même les petits villages. Le MLPS a demandé d’urgence au conseilde sécurité une résolution qui impose uneinterdiction de survol au Sud-Kordofan. Cequi n’eut aucune influence au Darfour.

La guerre s’élargit. Le Mouvement pourla Justice et l’Egalité (MJE) du Darfour mènede opérations militaires conjointes avec lesrebelles. « Nous ne pouvions regarder nosfrères les mains attachées. » disent-ils. C’estla première fois que les deux mouvementss’unissent. Malik Hagar, gouverneur du NilBleu, chef du MLPS au Nord, dit que si lesclash continuent, la guerre s’étendra de lafrontière éthiopienne au Darfour. Pendantce temps, il s’insurge contre un amendementsur les Consultations Populaires, décidée parle cabinet le 18 juillet. « C’est une violationde l’accord de paix de 2005 », dit-il. « LeCabinet ne représente que lui ». Le chef desMJE a été arrêté par l’armée. Un rapport des NU demande au Conseilde Sécurité de faire appel à la CourInternationale de Justice (CPI) – Selon cerapport, les actes commis par l’arméesoudanaise et ses milices alliées au Sud-Kordofan peuvent être « des crimes de guerreet des crimes contre l’humanité » et arecommandé une enquête par la CPI. L’Unmisa rassemblé une grande quantité d’atrocités,oeuvre spécialement de l’armée, répétant avecbeaucoup de détails ce que nous disons plushaut. Si ce rapport était adopté par leConseil de Sécurité, ce sera la secondefois que la CPI aura affaire au Soudan.La première fois, déjà il avait accusé lePrésident Béchir et Ali Haroun, actuel-lement gouverneur du Sud Kordofan.

Ne nous trompons pasJohn Ashworth insiste sur le fait que le motrebelles, mis entre guillemets par SudanTribune mais pas par le New-York Times, leGuardian et autres médias, est inapproprié.L’ALPS et Abd el Aziz el Hélu ne sont pasdes rebelles. Ce dernier était assistantdu gouverneur du Sud Kordofan. LeMLPS faisait partie de la coalition aupouvoir avec le CN, même à Khartoum.Ils essayaient de faire appliquer le protocolesigné par les deux parties en 2005,constamment miné par le CN, et négligé par lacommunauté internationale centrée sur leSud. Ils devinrent « rebelles » quand ils sedéfendirent contre le gouvernement dont ilsétaient censés faire partie. Les Monts Noubane sont pas une « région située entre le Nordet le Sud du Soudan ». C’est une partie duNord Soudan. D’autres media disent que « lesNouba ont voté pour la sécession du Sud »,alors qu’ils ne sont pas sudistes et n’enavaient donc pas le droit. Les erreurs semultiplient comme nous l’écrivions dans notrebulletin de juin. John Ashworth rapporte aussi que selon dessources au sol, le chiffre de 70 000 déplacésest uniquement une estimation des NU,vieille de deux ou trois semaines (!). Lechiffre pourrait être de 400 000 à500 000 personnes déplacées.

Il souligne également que Yassir Arman, chefdu MLPS au Nord, parle d’une guerre qui ira« du Nil Bleu au Darfour ». Ce scénariodevient de plus en plus probable si le CNrefuse de prendre au sérieux les peuplesindigènes marginalisés et opprimés qui, auNord, recherchent la démocratie et la justiceet désirent maintenir leur identité face auxdéclarations du gouvernement. Selon cesdéclarations, il n’y aura pas de place pour ladiversité ethnique et culturelle dans lanouvelle nation du Nord. Khartoum espère-t-il avoir une guerre sur trois fronts au Nordcomme l’a dit Malik Hagar en s’attaquantégalement au Sud et avec en plus unerébellion du Front Est? Comment Béchir n’a-t-il pas donné sadémission en voyant son échec quandle Sud s’est séparé du Nord ?

Simone Dumoulin

Zones contestées : GUERRE TOTALE au Sud-Kordofan/Monts Nouba

Vigilance Soudan - N° 166 - juillet 2011 3

Le protocole de 2005montre sa force et ses faiblesses

Protocole, partie du CPA entre le gouverne-ment du Soudan et le MLPS sur les résolutionsdu conflit au Sud-Kordofan/Monts Nouba, etdans l’Etat du Nil Bleu à ce propos, signé parles deux parties (non appliqué).

SECTION 3 CONSULTATION POPULAIRE1. La consultation est un droit démocratiqueet un mécanisme pour s’assurer du droit deregard de deux Etats sur l’accord de paixatteint par les parties.

2. Cet accord de paix sera sujet à la volonté dupeuple de 2 Etats, par leurs législations éluesrespectivement et démocratiquement.

3. Le pouvoir législatif des 2 Etats établira unecommission parlementaire pour estimer etévaluer la mise en oeuvre de l’accord danschaque Etat. Les deux commissions soumet-tront ces rapports la 4ème année de lasignature du CPA.

4. Une commission indépendante sera établiepar la Présidence pour estimer et évaluer lamise en oeuvre de l’accord de paix (CPA) danschacun des 2 Etats. La commission soumettraces rapports au gouvernement national et auxgouvernements des 2 Etats qui (les) utiliserontpour rectifier toute procédure si nécessaire etassurer une mise en oeuvre fidèle de l’Accord.

5. Une fois que cet accord est approuvé par lespeuples, il devient définitif.

6. Si le pouvoir législatif d’un des 2 Etats déci-dait de corriger des clauses dans lesarrangements constitutionnels politique etadministratifs de l’accord, ce pouvoir législatifs’engagerait dans des négociations avec legouvernement national en vue de corriger cesclauses.

Vigilance Soudan - N° 166 - juillet 2011 4

C’est la question que se pose Ahmed El Zobeirdans Sudan Tribune. Un groupe semble êtreparfaitement heureux du départ du Sud-Soudan,c’est le just peace forum. La plupart des gensdu Nord sont tristes. Certains voient cetteséparation comme une destruction de leur pays,d’autres comme un grand échec du nationalismesoudanais. Les déclarations du ministre del’information le 4 juillet firent prendre conscienceà beaucoup de la taille de la perte : le Soudan aperdu 25 % de sa superficie, 80 % de ses forêts,75% de son pétrole et 20% de sa population. Unautre leur dit que le Soudan n’aura plus defrontières avec le Kenya, l’Ouganda, le Congo, etdes frontières beaucoup moins étendues avecl’Ethiopie et la RCA. Malgré l’Article 15 de ladéclaration universelle des droits de l’homme, leConseil des Ministres approuva une décisionrendant une grande part des Sudistes sansnationalité. Toutes les institutions gouver-nementales ont renvoyé leurs employés sudistes.L’engagement surprenant que Béchir avait pris il ya quelques mois d’une séparation pacifique entrele Nord et le Sud contraste de façon absolue avecla situation aujourd’hui. Béchir ayant chassé par lefer et le feu en mai les Dinka Ngok d’Abyei etattaqué désormais les Nouba, le Sud-Soudan est leseul à ne pas être surpris. A beau mentir qui vient de loin. Quelques quinzejours avant de se rendre au Sud pour la célébrationde son indépendance, Béchir déclara au chinoisXinhua que la guerre avec le Sud était

« probable ». Le MLPS, dit-il, « crée desproblèmes . Ils perdront. Ils en ont eu l’expérienceavec Abyei et le Sud Kordofan ». - c’est Khartoumqui attaqua dans les deux cas, une horreur absolue.-« Quand nous avons fermé les frontières pourseulement sept jours, le Sud souffrit beaucoup.Imaginez si la guerre éclatait et que les frontièresétaient totalement bloquées ». Béchir accusa leMLPS d’avoir « disloqué » le processus dedémarcation des frontières- alors que c’est luiqui l’a fait-. D’avoir empêché la tribu Misseryiade jouir de leur droit « hérité »de participer auréférendum – Ce droit ne fut JAMAIS hérité.De plus le CPA interdit au Sud aux nomades depassage de participer aux élections. Rappelons queles Misseryia ne restent que 4 mois àAbyei- . Il tint le MLPS responsable de laséparation du Sud car il a « violé » sonengagement de rendre l’unité avec le Nordattirante – ce que le Sud fit pendant 4 ans,jamais le Nord. Il répéta l’engagement de sonpays à coopérer avec le Sud sur le dossier dupétrole, mais répéta ses trois options : « continuerà partager les revenus pétroliers (50-50), payer lesdroits souverains du Sud sur son exportation par leNord (ou selon ce qu’il dit à Port-Soudan payerdes frais de transfert sur chaque baril exporté) oubien fermer l’oléoduc. » Le Sud avait déjàaccepté de régler les frais de transport.« Comment le Monde arabe perdit-il le SudSoudan ? », tel est le titre d’un article de ElJezeerah publié le 14 juillet. La naissance du

Soudan du Sud est tout d’abord un témoignagede l’échec de l’ordre arabe officiel, et des projets dumonde arabe de fournir des droits égaux auxminorités religieuses et ethniques. Le monde arabene peut expliquer la sécession comme un produitde la conspiration israëlo-occidentale, son excusehabituelle. Il ne devrait pas se réconforter enparlant de l’hypocrisie occidentale qui reconnaît lesdroits du Sud-Soudan, tout en bloquant un Etatpalestinien indépendant. Que les leaders du nouvelEtat se montrent moins répressifs et corrompusque le gouvernement de Khartoum est sansimportance si l’on considère ce que la sécessiondit sur le monde arabe. Ses soulèvements montrentla corruption des leaders arabes ainsi que l’absencede liberté et de justice. L’influence du nationalismepan-arabe a créé des attitudes chauvines etracistes qui ont empêché des condamnationssérieuses. L’intervention occidentale au Sud amobilisé les sentiments nationalistes du mondearabe contre ce qu’il considérait comme uneconspiration pour diviser le Soudan. L’oppositionresta totalement silencieuse sur les atrocités et lesdiscriminations pratiquées par le gouvernementsoudanais contre son propre peuple. L’impositionde la sharia bloqua le tout.

Mais les Sudistes ne sont pas arabes, l’idée que lemonde arabe les a perdus n’a pas de sens.

SD

CombatsUne centaine de miliciens ont effectué un raidcontre quatre villages Zaghawa près de ShangilTobaya le 1er juin, pillant habitations et bétail,selon l’ACJPS. Un groupe d’habitants qui avaitréussi à reprendre aux miliciens certains des ani-maux volés ont été interpellés par des militairesde l’armée régulière et des miliciens appuyés pardes avions de guerre au moment où ils rega-gnaient leurs villages. Dix-neuf des membres dela tribu Zaghawa ont été arrêtés et emmenésdans un village voisin où 16 d’entre eux ont étéexécutés par balles. Les trois autres ont étéconduits au camp militaire de Shangil Tobaya(AFP). Onze civils ont été tués dans une attaqued’un groupe rebelle. Des éléments rebelles armésont attaqué la zone de Shangil Tobaya, au sudd’El Fasher, capitale du Darfour Nord, faisant 11morts et plusieurs blessés. Le 17 juillet ,la Mi-nuad a confirmé des combats violents à ShangilTobaya, précisant avoir évacué 15 personnes versles hôpitaux d’El-Facher (AFP ).

Le Mouvement pour la Justice et l’Egalité,MJE, affirma avoir mené le 19 juillet desattaques en coopération avec les forcesantigouvernementales locales au Kordo-fan-Sud contre les positions de l’armée:“Dans une opération commune réalisée

aujourd’hui par les troupes du MJE et labranche nord de la l’ALPS, nous avons at-taqué les camps des FAS à Pisea, à 25 ki-lomètres au sud de Kadugli Kordofan- adéclaré à l’AFP Al-Tahir al-Fatih, un hautdirigeant du MJE (AFP) (Lire p. 4).

Négociations de paixLes 27 et 28 juin 2011, une Conférence sur l’eauau Darfour s’est déroulée à Khartoum. Cetteconférence initiée par le Ministère de l’irrigationet des ressources en eau du Soudan (Nord), laMinuad, les NU, l’Unicef le Pnue et l’Unesco, vi-sait à développer l’idée qu’une paix durable nepeut être possible que si la population a un accèsà l’eau potable dans cette région aride. Le gouvernement soudanais a signé, le 14juillet à Doha, un accord de paix avec legroupe rebelle le MJL, en présence d’el-Bé-chir et du chef d’Etat du Qatar. L’accord salué parla France et Jean Ping président de la Commis-sion de l’UA, doit mener à une solution politique.Ping a estimé qu’il pavait la voie à une solutionpolitique du conflit et a invité les autres groupesrebelles de la région à s’associer au processusde paix. Un porte-parole américain, Mark Tonera affirmé que son pays allait « continuer à met-tre la pression sur les autres factions armées qui

refusent de participer aux négociations - en par-ticulier le MLS d’Abdelwahid Nour et le groupedu chef Minni Minnawi - pour qu’elles s’enga-gent pleinement dans le processus de paix »(15 /07/2011 / elmoudjahid). On s’étonnequ’ils ne parlent pas du MJE. L’accord deDoha ne se faisant qu’avec un petit parti,plus ou moins déjà allié à Khartoum, in-firme totalenent son efficacité. Noussommes surpris de la satisfaction mon-trée, entre autres, par la France et parJean Ping. On peut craindre que l’organisation du ré-ferendum au Sud-Soudan n’ait permis àKhartoum de détourner l’attention pourmener de nouvelles attaques; Béchir a parle passé intensifié les attaques alors quedes négociations de paix avancaient sur leplan diplomatique ; les attaques dans le sudKordofan, celles dans le Darfour qui se mul-tiplient surtout contre les Zaghawas. Khar-toum, inquiet du passage des armes par leTchad , frappe-t-il particulièrement les Za-ghawas situés sur sa frontière ?Gambari, chef de l’Unamid, remplace au moinstemporairement Bassolé, devenu ministre des Af-faires étrangères du Burkina Faso

Diagne ChanelPrésidente du Comité Soudan

LE SOUDAN HEUREUX OU MALHEUREUX ?

DARFOUR / SIGNATURE DE LA PAIX AVEC LE MJL

FrontièresSoudan

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Zones hum

Zones agro-climatiq

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5

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Sud SoudanInvestissements de grande taille basés sur la terre

Carte du Norwegian People’s aid

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SAISIE DES TERRES (suite)

Le plus grand contrat au Sud-Soudan fut négociéentre une société de Dallas, Nile trading anddevelopment Inc, (NTD) et la coopérative deMukaya Payam (Equateur central) en mars 2008.La location de 600000 ha pendant 49 ans avecune possibilité de 400000 ha supplémentairespour à peu près 25000 $ donne au NTD lesdroits d’exploiter toutes les ressources naturelles,. le droit de développer, produire, exploiter, lesressources de la forêt et celui de développer lesindustries basées sur le bois. . le droit de commercer et profiter de tous lescrédits de carbone,

. le droit de s’engager dans des activitésagricoles, y compris celles de ressources en fuelbiologique, jatropha et huile de palme, . le droit de tout faire concernant le pétrole, legaz naturel et autres ressources, sur les marchéslocaux et internationaux, ainsi que pour lesautres minéraux et le droit de produire del’énergie, . le droit de sous louer une partie de la terre oud’accorder une sous-licence. De plus la coopérative coopérera avec la sociétédans tout effort pour obtenir plus deconcessions.

Implication de sociétés, individusmultiples et connexion texaneNTD est affilié à Kynietti development LLC unesociété texane dont le Directeur général estHoward Eugene Douglas qui fut ambassadeuraméricain sous Ronald Reagan, ChristopherWeiker Douglas, à l’époque au consulataméricain à Dusseldorf, est secrétaire général.Les deux hommes sont aussi directeurs d’uneautre société texane, Orbis associés LLC, et de lasociété enregistrée à Singapour, Orbis Orient Ltd.Ils sont aussi propriétaires d’une partie deKynietti Forestis, en partenariat avec un autre

Comprendre les investissements en terre d’AfriqueNile Trading and development, inc. au Sud Soudan

Oakland institute, juin 2011Traduit et résumé par SD

Frontières des États du Sud-Soudan

Rivière principale (Nil)

Réseau de drainage

Zones humides

Zones agro-climatiques

Ceinture aride

Plaines innondables

Ceinture verte

Plateau d’Ironstone

Collines et montagnes

Corridor du Nil et de Sobat

10001 - 22000

4001 - 10000

1701 - 4000

501 - 1700

0 - 500

D’après le Guardian, sous le titre « Universités américaines impliquées dans la saisie des terres », des institutions telles que Harvard et Vander-bilt et bien d’autres collèges américains auraient utilisé récemment leurs fonds pour acheter (louer) de la terre au Soudan, ce qui forcerait plu-sieurs milliers d’habitants à s’en aller. Une grande partie de l’argent, dit-on, transite par l’Emergent asset management basé à Londres quis’occupe d’un des principaux fonds d’acquisition de terres. Il est dirigé par JP Morgan et Goldman Sachs, spécialistes de longue date dans lesspéculations financières.Des chercheurs pensent que les américains ont pu investir jusqu’à 500 millions de dollars dans les terres les plus fertiles et s’attendent à 25 %de revenus. Une fois de plus, ils disent opérer de façon responsable, employer des soudanais, etc. , comme les chinois et les investisseurs duMoyen-Orient qui, en fait, cherchent à produire de la nourriture pour leurs peuples. Mais les fonds occidentaux sont derrière les affaires lesplus importantes. Personne ne croit que ces investisseurs sont là pour nourrir des africains mourant de faim. Ces accords ne rempliront pasleurs estomacs mais les poches de leaders et d’investisseurs étrangers puissants et corrompus. Le potentiel de déplacement de personnes esténorme tant pour leurs habitats que pour leurs activités agricoles, d’élevage, de puits. Des dizaines ou des centaines de milliers de personnessont concernées, elles qui souffrent déjà de pauvreté, de manque de sécurité, et de l’impact des conflits. D’après les renseignements que nousavons pu avoir,, aucun déplacement ne fut rapporté à ce jour.

Nous n’avons pas d’information sur le lieu exact des projets. L’emplacement sur cette carte implique un certain degré d’approximation.

Articles de l'accord de paix de 2005 concernant les terres Sud Kordofan et Nil BleuLiz Alden Willy, spécialiste indépendante des terres (suite)

Citons le protocole entre le gouvernement du Soudan et le MLPS sur lesrésolutions du conflit au Sud-Kordofan/Monts Nouba, et dans l'Etat duNil Bleu à ce propos, signé par les deux parties, Naîvasha 26 mai 2004.SECTION 5 : COMMISSION SUR LES TERRES DE L'ETAT9.1 La réglementation sur l'utilisation et les droits sur la terre sera unecompétence exercée concurremment par les gouvernements national etlocaux.9.2 Les droits sur la terre, propriété du gouvernement national, serontexercés par le niveau de gouvernement approprié ou désigné.9.3 Une commission sur la terre de l'Etat sera établie respectivement auSud-Kordofan/Monts Nouba et dans le Nil Bleu.9.4 (Cette) commission sera composée de personnes de l'Etat concerné.9.5 (Cette) commission exercera tous les pouvoirs de la commission dugouvernement national au niveau de l'Etat.9.6 (Elle) sera compétente pour revoir les locations des terre existanteset les contrats et pour examiner les critères relatifs aux allocations de

terre et pour recommander à l'autorité de l'Etat l'introduction deschangements nécessaires, y compris la restitution des droits sur la terreou d'une compensation.9.7 La commission nationale des terres et la commission des terres del'Etat coopéreront et coordonneront leurs activités de telle façon queleurs ressources soient utilisées de façon efficace. Sans limiter lesdomaines de coordination, la commission nationale et la commissiond'Etat peuvent se mettre d'accord comme suit :9.7.1 Echanger les informations et décisions de chaque commission,9.7.2 Certaines fonctions de la Commission nationale telles que lacollecte des renseignements et la recherche pourront être faites par lacommission d'Etat,9.7.3 De façon à ce que tout conflit entre les découvertes ou lesrecommandations de chaque commission puissent être résolues.9.8 En cas de conflit, entre les commissions (nationale et d'Etat), ….. etfaute de conciliation, le problème sera renvoyé à la Cour Constitutionnellepour l'adjudication.

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Sudan Tribune : Liberté et propriété de la terre saisie par des compatriotes Zachariah Manyok Byar, 8 juillet

Après des discours philosophiques savants, où il dé-clare « que les libérateurs pensent avoir droità tout », Zacharia explique que ce droit n'existepas. Il faut avoir du respect pour la dignité de toutun chacun.Ainsi, dit-il, « ceux qui prennent la terre desautres de force au nom de la libération nerespectent pas la dignité des autres. Ceuxqui jettent d'autres en-dehors de leurs mai-sons sans soutien légal clair manquent derespect à leur égard. Nous avons vu depuissix ans des gens être évincés de leur terre

et le nouveau propriétaire la vendre à unacheteur qui en propose plus, C'est seule-ment plus tard que l'on découvrira quecette terre a plusieurs propriétaires. La seulesolution pour la justice est de dire que leplus ancien propriétaire est le seul véritable.Pour moi, le nouveau est un saisisseur deterre, bien que nous entendions rarementles gens le définir ainsi. »« Les nombreux bruits sur la saisie desterres furent souvent dirigés contre desgens d'autres zones, même quand la saisie

de terre était pratiquée par des gens del'endroit, comme Juba, Bor, Nimule, où l'onrapporta souvent des plaintes contre la sai-sie des terres. La saga de la saisie des terresa mis de la haine parmi les différentes com-munautés dans ces régions quand, en réa-lité, les gens de ces régions saisissaient plusde terres que ceux de l'extérieur. »« Respecter les autres est la seule chose quel'on puisse faire dans la République du Sou-dan du Sud.»

texan, James Franklin. Cette équipe est liée àl’Exotic Timber Group, une autre société texanetravaillant le tek et le bois de rose au Sud-Soudan. Un co-fondateur de Kyniettidevelopment, Leonard Henry Thatcher, unAnglais qui travailla comme banquierd’investissement, joua un rôle majeur dans lanégociation du Contrat au Sud Soudan. LeonardThatcher est le signataire du contrat de locationde NTD en tant que son président.

Les plans de développement sontextensifs mais pas encore opérationnels« La coopérative reconnaît, elle est d’accordpour que la société puisse entreprendre touteautre activité permise par les lois du Sud-Soudansur la terre louée ». Cependant les plans exactsdu développement restent incertains. Une lettrede mai 2008 du président de NTD, Neimann,semble suggérer qu’ils sont axés sur le secteurdes agrocarburant, sans limite d’expansion dansles autres secteurs « ...de façon qu’ils puissentréinvestir une part significative des produits,dans l’Equateur Central et ailleurs au Sud-Soudan et ainsi aider à améliorer la qualité de lavie de son peuple. »En fait, Neimann semble être entré dans « une

alliance contractuelle » pour la productiond’agrocarburant au Sud-Soudan. De plus sonprojet de récolter des bois précieux a débuté fin2009 ; son bois est en vente sur des sites internetdepuis cette époque.

Une question : la connaissance par lepublic du contratL’élément le plus important de cet accord estl’identité du bailleur, la coopérative de MukayaPayam, le district de Mukaya. Le bail est signépar un chef au nom de la coopérative, deuxautres sont témoins, un juge et un avocat. Selonl’agence soudanaise pour les médiasindépendants, l’AIM, la coopérative de MukayaPayam est fictive. Elle comprend « un groupe depersonnes de ce district et des districts voisins.Ces personnes louèrent la terre à l’insu de toutela communauté ». Le rapport de l’AIM soutientque « les communautés ignorent largementcette coopérative, ne la comprennent pas. » Enréalité elle n’existe pas. Le processus de la distribution des locations deterre est aussi incertain. Le bail précise que toutprofit « généré par le NTD en respect de la terrelouée, sera, au début et jusqu’en 2012 compris,partagé à 60% entre la société et à 40 % pour

le district de Mukaya. avec des distributionséquitables jusqu’à un partage à 50% à partir de2033. »Le bail n’ayant été signé que par un chef dedistrict sur quatre, comment la coopérativeopérera-t-elle cette distribution, ou le fera-t-elle,et comment seront distribués les revenus du bail,tout cela est totalement inconnu.

Un futur incertainUn rapport de base établi par le Norwegianpeople’s aid en mars 2011, a établi que 9 % desterres du pays furent louées. Le chef de lacommission des terres du Sud-Soudan , RobertLadu Loki, dit qu’une enquête sera menée surtous les contrats, (comme nous l’avonssignalé en avril). Ainsi que le NPA le fait valoir,le contrat du NTD d’une taille trois fois plusgrande que celle du district de Layma, dont lapopulation compte 89315 habitants, suggèrequ’il s’agit d’une opération de spéculation.Même si la société ne devait pas investir d’unemanière qui requière le déplacement de lapopulation, un tel développement affecteraitl’accès à des terres utilisées par des dizaines oudes centaines de milliers de personnes.

PETROLE ET ECONOMIEPétroleLes revenus pétroliers se sont montés à plusd’un milliard de dollars en avril-mai 2011(ST 4 7). Le ministre du pétrole du Sud-Soudan accuse le ministre fédéral du pétroled’avoir vendu la moitié de la production dupétrole du Sud pour le mois de juillet,contrairement à l’accord de paix (ST 1 7, 37, 5 7). Il apparaît que les négociations entrele Nord et le Sud sur la future répartition desrevenus pétroliers est difficile, comme onpouvait l’attendre. Le Président Al-Bashir adécidé que les sudistes en poste auministère fédéral du pétrole ne doivent pasquitter leur poste, tant que le pétrole du Sudest exporté via la Nord (ST 6 7) ; il menacede fermer les oléducs évacuant le pétrole duSud vers Port-Soudan si les négociationsn’aboutissent pas en juillet (ST 21 6). Selonl’ONG Global Witness qui suit cesnégociations assez confidentielles, il est trèspeu vraisemblable que le futur accordcontienne des clauses de transparence, cequi conduirait à un manque de confiance età des conflits (ST 11 7). Une premièrecargaison de pétrole a été vendue par le Sudindépendant (Financial Times 18 7). Embargo du transport routier du carburantvers le Sud. L’armée du Nord Soudan bloquele transport routier du carburant à travers leSud Kordofan pour lutter contre les rebellesde cette région. Un transport fluvial a étémis en place entre Malakal dans le Haut-Nilet Bentiu Cela a permis un baisse du prix del’essence de 200 livres à 140 livres pour unjerrican de 20 litres (ST 14 7).La société d’Etat du Sud-Soudan Nilepet asigné un accord avec la société publiquesuisse Glencore International spécialiséedans la production pétrolière, afin d’aiderNilepet à développer ses activités (ST 13 7).Le gouvernement annonce qu’il veut réviserles concessions avec les sociétés étrangèresaccordées par l’Etat Fédéral. Cesconcessions doivent suivre la nouvellepolitique de développement du Sud-Soudan.Serait visée la concession de Total quin’aurait toujours pas commencé sesactivités. Cette société dit être confrontée àdes questions de sécurité (ST 5 7).

SoudanLe Nord et le Sud Soudan ont annoncé tousdeux la création de leurs nouvelles monnaiesnationales, abandonnant la livre soudanaisecommune. Cette livre a baissé sur le marchénoir à Khartoum passant de 3,47 à 4,20 US$. Le Sud avait demandé à conserver l’unitémonétaire avec le Nord. Certains parlent deguerre des monnaies. (ST 10 7, 12 7).

Sud-SoudanLe Président Kiir a lancé la nouvelle monnaiele 19 juillet. Le taux de change est de 1

contre 1. Les coupures n’indiquent pasl’année de leur fabrication. Manipulations(ST 19 7) ?La Banque Mondiale attribue un prêt de 75millions de dollars pour des services debase : vaccination des enfants, fourniture devitamine A, de vermifuges, et fournitures dequelques services pour les mères et enfantsen milieu rural. Le fonds doit fournir desopportunités d’emploi en améliorant lesroutes dans les zones à haut potentielagricole. Il doit aussi financer 200entreprises individuelles, dont dirigées pardes femmes et construire une base demicro-crédit pour 30 000 personnes.(ST 13 7).

Selon une enquête nationale faite en2009, 38 % de la population doitmarcher plus d’une heure pour avoir del’eau, 50 % utilise du bois ou des herbespour s’éclairer, 96 % emploie du bois oudu charbon de bois pour la cuisine, et 15% des ménages ont le téléphone – 59 %dans les zones urbaines et 8 % en zonerurale (ST 13 7).Un rapport de l’Unesco appelle lacommunauté internationale à apporterdavantage d’aide à l’éducation. Le paysest le dernier au monde pour les effectifsdans le secondaire pour lesquelles il n’y aque 5 écoles dans le pays. Seulement 8% des femmes savent lire. Depuis 2005des centaines d’écoles ont été construiteset le nombre d’écoliers a triplé. Le rapportde l’Unesco critique l’inertie desfinancements étrangers en la matière (ST 22 6).

Trou de 2 milliards de dollars dans lescomptes. L’Assemblée Législative enquêtesur le « scandale des céréales »: danschacun des 10 états ont été financés desmagasins de stockage de céréales pourassurer la sécurité alimentaire. Au total si onadditionne les silos non construits (86 sur132) et les céréales commandées et nonlivrées, on arrive au total à plus de 2milliards de dollars, soit plus que le budgetde l’Etat. Selon la commission, les magasinsconstruits ne seraient pas situés aux bonsendroits, ainsi 7 Etats sur 10 n’en ont pasbesoin. Les anciens ministres des finances etdes affaires juridiques en poste à l’époquedes contrats de construction vont êtreauditionnés par l’Assemblée législative, pourleur demander pourquoi les poursuitescontre des individus soupçonnés decorruption ont été reportées et pourquoi il ya une telle différence entre les magasinspayés et ceux construits. Le parlement lui-même ne peut pas poursuivre les personnessoupçonnées. Un député se demandepourquoi le parlement n’a pas donné ce

pouvoir à la commission anticorruption,alors qu’on voit que l’exécutif, qui doit lefaire, ne fait rien (ST 16 6).L’épidémie de fièvre de la côte est (EastCoast Fever ou thylieriasis, parasite transmispar des tiques) qui ravage cet Etat depuis2008, menace le bétail et les revenus dansl’Etat de Jonglei où 90 % de la populationtire sa subsistance de l’élevage. L’on craintque tout le bétail de l’Etat soit exterminéd’ici un an. Selon le ministre de l’élevage, ily a un médicament (parvaquone ou Clexon)efficace contre le parasite, s’il est bienadministré. Il est distribué gratuitement parl’Etat, mais les personnels des servicesvétérinaires d’Etat le vendent, cher selon leséleveurs, car ils sont payés en retard. Leministère veut mettre des quarantaines pourtraiter le bétail en déplacement. Il existe unvaccin, mis au point en Tanzanie avec l’aidede la Fondation Bill et Melinda Gates, maisil n’est ni enregistré ni utilisé au Sud-Soudan. La FAO pousse tous les pays de lasous-région à l’utiliser, car la vaccination estla meilleure méthode de lutte. La questionest difficile, car outre les difficultésd’organisation du nouvel Etat, le bétail estl’objet de conflits nombreux entreagriculteurs et éleveur (ST 19 7 voir aussi :http://www.lifethroughlivestock.org/4.htm). L’Etat de Jonglei va informatiser ses financesau cours du mois de juillet. Le système,acquis au Canada, permettra d’enregistrerles propriétés foncières, la perception desimpôts, les salaires des fonctionnaires. Lesimpôts perçus devraient passer de 5 à 28millions de dollars (ST 8 7). Des policiers deBor, capitale de l’Etat de Jonglei, ontmanifesté contre le retard de paiement deleurs salaires en pillant des commerçants dumarché. Selon un responsable policier, leretard est du à des problèmes administratifs,parce que, par exemple, certains policiersn’ont pas bien donné leur nom quand ilsfurent enregistrés (ST 5 7).Deux routes de 15 et 27 km ont étéinaugurées dans l’Etat d’Equatoriaocctdental et une route de 5 km dans l’Etatde Jonglei. Selon une entreprise participantaux travaux, ce chantier fut retardé par lemanque d’équipements, les mines, le solglaiseux, l’insécurité, et la résistance de lapopulation locale (ST 4 7).Pour la ministre de l’agriculture, le Sud-Soudan va faire passer sa productionalimentaire à 2millions de tonnes en 3 ans.Le rendement passerait de 3 à 12 sacs parfeddan (environ un demi hectare). Elle ne ditpas comment elle compte obtenir unecroissance aussi faramineuse ! Est-ce endonnant des terres à des capitalistesétrangers (ST 6 7) ?

Jérôme DumoulinDocteur en économie

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DROITS DE L’HOMME

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Statut militaire des NoubaD’après les Nations Unies, depuis janvier, lescombats entre l’ALPS et l’opposition armée ontcausé la mort de centaines de civils, dont desfemmes et des enfants. Ces combats ont déplacésplus de 10 000 personnes vers le Nil supérieur, lesEtats d’Unity et de Jonglei. L’arméegouvernementale et les milices sont tenuesresponsables de graves violations des droits del’Homme, parmi lesquelles la mort de nombreuxcivils et la destruction de maisons et de propriétésciviles.

Marginalisation des NoubaLe Sud Kordofan, qui est au sud du Soudan avecle Sud Soudan a été le lieu de graves violences.Comme beaucoup d’autres régions du Soudan, leSud Kordofan a souffert de marginalisation etd’exclusion politique. Cet état qui comprend deuxgroupes : un qui s’identifie en tant qu’arabe, enmajorité avec des ancêtres arabes , et un quis’identifie comme étant africain, les Nouba. Bienque les deux groupes aient connus des griefs, lesNoubas ont particulièrement souffert. Beaucoupd’observateurs sont ainsi d’accord pour parler d’unacte de génocide, au vu des atrocités commisescontre les Noubas et du dépeuplement qui en asuivi. Un cessez le feu avait été négocié en 2002,mais depuis les Noubas résident dans desterritoires du Nord et n’ont donc pas eu le droit devoter pour le référendum sur la sécession.

Campagne de désarmement du 5 Juin Le 5 Juin, les forces de réserve de l’arméesoudanaise sont entrées à Um Dorain,approximativement à 30 kilomètres au sud deKadugli avec environ 21 tanks. Des tirs ont débutéquand les forces de réserves ont tenté de désarmerles troupes de l’ALPS à la frontière établie en 1956.À 4 heures du matin le 6 Juin, les tirs ont débutédans Kadugli et des milices non identifiées,affiliées au CP ont commencé à piller lesinstallations militaires appartenant au départementdu DLLP (Department of Land Life and Protection).Des membres du MLPS sont ensuite arrivés àKadugli pour rencontrer la direction du CP, dontAhmed Haroun et avoir un cessez-le feu. Uneheure après le départ de Kadugli de Yasir Arman,leader du secteur nord du MLPS et Malik Aggar,gouverneur du Nil Bleu, les maisons de Abdel AzizAl-Hilu, de Ramdan Hamzan et autrespersonnalités du MLPS furent attaquées. Destémoins rapportent que les heurts ont étéengendrés par les milices du CP et la police. Lesrésidents de Kadugli, quant à eux se cachaientdans leur maison ou bien fuyaient la ville.

Le 7 Juin, les milices ont entamé une largecampagne de pillage à Kadugli, saccageanthabitations, commerces, bureaux, qui pour laplupart appartenaient aux membres du MLPS. Lemarché de Kadugli fût aussi pillé. Plus tard dans lajournée, Talodi, Heiban, Kwaleeb et Katcha furentaussi bombardés ainsi que Jau sur la frontière de1956. Beleinya, Tafarey, Daloka, Haj el-Mek etKoloko furent aussi bombardés. Le 8 Juin, les villesde Dellamy, Shat, Korongo, Talodi, Teisay Buram,

Um Dorain, Um Sirdiba, Sarah el-Jamoos et Silarafurent touchées par des bombardementshasardeux. Ces villes sont peuplées majo-ritairement par le groupe ethnique des Noubas.Quatre Antonov et des avions MIG de l’aéroportde el-Obeid ont été aperçus au-dessus de la ville,pendant que les forces de sécurité l’attaquaient ausol. Des tanks ont ouvert le feu à Haj al-Mozafeenet Alrdif, qui sont deux zones connues pour leursupport au MLPS.Le 9 Juin, Béchir déclarait que l’arméegouvernementale rejetait toute responsabilitéselon laquelle le CP avait déclenché les violences.Un résident de Kadugli déclarait qu’elle étaitdésormais une ville fantôme, chaotique, et qu’ellene serait plus jamais comme avant.Très peu d’informations sont disponibles quant aunombre de morts et à l’ampleur des mouvementsde populations à cause de l’accès restreint auxzones affectées. Des journalistes d’al Jazeera furentpar ailleurs détenus alors qu’ils étaient en routevers Kadugli, et certains furent soumis à des actesde torture. Une équipe d’al Jazeera fut aussi arrêtéealors qu’elle était en route vers Khartoum. Lesjournaux Al Sahafa et Ajras Alhurria furent aussiconfisqués avant de pouvoir être publiés.

Acharnement envers les Noubas Les milices à l’extérieur de Kadugli et celles quipatrouillent au sein de la ville ont dans leurcollimateur les Noubas (en particulier ceux qui sontéduqués) et ceux qui semblent être des membresdu MLPS du secteur nord ainsi que des membresdu MLPS répertoriés par les partisans du CP. Dessurvivants racontent que les miliciens et la policeportaient l’uniforme militaire armés deKalashnikovs et de fusils G3.D’autres civils furent arrêtés à Kadugli pour ne pasavoir voté pour les candidats du CP lors desélections d’avril 2010 et de mai 2011. Scandaleuxpuisque le gouvernement avait trafiqué lesrésultats pour gagner. Dans beaucoup de villageset de villes, les forces armées ont fait une largecampagne d’investigation en porte à porte,pendant laquelle plusieurs cas de torture,d’arrestations, de disparitions et de meurtres ontété documentés. Rien qu’à Kadugli environ 100Noubas furent arrêtés. Il semblerait que lesrecherches étaient préméditées, ciblant des leadersNoubas et des membres présumés du MLPS. Dansla plupart des cas, les forces armées leur tranchaitla gorge sur le seuil de leur porte. D’autres Noubaqui n’étaient pas listés furent aussi arrêtés. Labrutalité de ces crimes poussa beaucoup de Noubaà fuir la ville.

Populations éparpilléesLes Nations Unies estiment qu’au moins 73 000

personnes ont été déplacées à cause des attaquesdans le Sud Kordofan. (estimation du début desconflits; depuis on est entre 400 et 500 000personnes déplacées). La population requiert del’assistance humanitaire de toute urgence. Lesbombardements des forces armées ont traumatisébeaucoup d’enfants et certains présentent déjà dessymptômes de trouble de stress post traumatique.Certains sont dans l’incapacité de parler. Le

gouvernement tente de cacher tous signes de crisehumanitaire, refuse d’installer des refuges dans leSud Kordofan et empêche l’aide humanitaired’accéder à la zone. Dans les premiers jours de lacrise, on rapporte que l’aide humanitaire étaitassurée par les habitants d’El Obeid. Cependant,des restrictions ont été imposées, même sur cetteassistance locale (Conflict and ethniccleansing in Southern Kordofan ACJPS)

La persécution des Noubas, même endehors du Sud KordofanEn plus de la persécution des Noubas dans le SudKordofan, il est de plus en plus évident que lesétudiants Noubas activistes qui organisent descampagnes de solidarité et les membres du MLPSdans le secteur du nord qui soutiennent despolitiques Nouba soient aussi visés. Plusieurs casd’arrestations et d’intimidations, ainsi que des casde torture ont été documentés.

Sud SoudanA l’occasion de l’indépendance, AmnestyInternational et Human Rignts Watch ont pressé lanouvelle république de manifester sonengagement dans les droits de l’homme enmenant une action en priorité sur les 6 pointssuivants : -1 S’assurer que les soldats, les policierset d’autres forces de sécurité soient responsablesde leurs actes. - 2-Soutenir le droit à la libertéd’expression et d’association. 3.-Revoir la légalitéde toutes les détentions, en particulier des jeunes,- 4 Placer immédiatement un moratoire sur lapeine de mort, -5 Protéger et promouvoir les droitsdes femmes et des filles . - 6 Ratifier les traitésinternationaux de droits de l’homme.

Simon Inazuma

SOMMAIRELe Sud Soudan vers quel destin ? Marc Lavergne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.1

Guerre au Sud-Kordofan Simone Dumoulin . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 2, 3

Protocole CPA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3 et 6

Le Soudan heureuxou malheureux SD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4

DARFOURSignature de la paix avec le MJL Diagne Chanel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4

SAISIE DES TERRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5 et 6Comprendre les investissementsen terre d'AfriqueOakland InstitutePropriétés saisies par descompatriotesZachariah Manyok

PETROLE ET ECONOMIEJérôme Dumoulin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7

DROITS DE L’HOMMESimon Inazuma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8